Eveil musical : comment une crèche stimule le développement des tout-petits par le son cover
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La petite musique du cerveau

Eveil musical : comment une crèche stimule le développement des tout-petits par le son

Eveil musical : comment une crèche stimule le développement des tout-petits par le son

18min |02/10/2020
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La petite musique du cerveau

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18min |02/10/2020
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Description

La Crèche musicale Cap Enfant a un projet pédagogique unique : la musique est au centre de l’éveil des petits. 

Quels sont ses bénéfices pour les enfants dès leur plus jeune âge, réponse avec Claudia Kespy-Yahi, directrice, Ruth Jornod, musicologue et Pierre Lemarquis, neurologue.


Pour en savoir plus :
Claudia Kespy-Yahi : Petite enfance : de la musique avant toute chose !, Edition Dunod
Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Editions Odile Jacob
Hervé Platel : Le cerveau musicien, Editions De Boeck Supérieur


Un podcast de Sacem Université et France Musique - 2021 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Sacem Université présente La petite musique du cerveau.

  • Speaker #1

    Bon alors on arrive, on est à Argenteuil. On arrive devant une des crèches musicales Cap Enfant. On va sonner à la porte. Bonjour, c'est Susanna et Nicolas pour le reportage. On ouvre la porte et on est dans le hall d'entrée où on voit un piano, un demi-queue. Ça annonce la couleur. On va entrer. Bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour, bienvenue à la crèche.

  • Speaker #1

    Au premier abord, la crèche Euclide à Argenteuil ressemble à n'importe quelle crèche d'entreprise à l'heure de l'accueil des enfants. Le doudou, la tétine, un bisou et à ce soir, les parents déposent tour à tour les bébés avant de repartir travailler. Et pourtant, cette crèche partage avec cinq autres crèches en région parisienne un projet pédagogique bien particulier. La musique est au centre des activités d'éveil des enfants. Ce matin-là, c'est le récital d'une soprano et d'un pianiste qui ouvre la journée. Un vrai petit concert, à cette différence près que les spectateurs et les spectatrices sont assis par terre ou allongés sur les genoux des puricultrices et que leur moyenne d'âge ne dépasse pas deux ans. Nous retrouvons dans la salle la directrice Claudia Kespy-Yahi et la musicologue Ruth Jornod qui accompagnent la mise en place du projet musical de la crèche.

  • Speaker #2

    Le fait de voir, d'entendre, de sentir à la fois une chanteuse et puis le piano aussi parce qu'après ils peuvent toucher le piano, sentir les vibrations etc. C'est un moment qui est très fort et dont ils parlent ensuite énormément en crèche. Les enfants répètent très longtemps.

  • Speaker #1

    Ils ont la possibilité d'écouter de la musique tous les jours ?

  • Speaker #2

    Oui, ils écoutent de la musique tous les jours au sein de la crèche, dans la bulle musicale et autour. Mais aussi, le piano est à disposition, est mis à disposition par le Festival d'Auvers. parents et il y a aussi des professionnels qui jouent tous les jours et donc on a des petits groupes d'enfants qui assistent à ces représentations musicales quotidiennement.

  • Speaker #1

    Combien de temps peuvent rester les tout-petits à écouter de la musique comme ça ?

  • Speaker #2

    Et bien là ça fait une demi-heure qu'ils sont là, ça peut varier mais en fait ils ont une capacité d'attention qui est absolument... décuplé de ce qui est normal. Normalement c'est cinq minutes mais là ils sont là depuis une demi-heure et vous voyez les enfants sont encore sagement assis, ils commencent un petit peu à bouger mais ils restent très centrés, très concentrés, très intéressés.

  • Speaker #0

    Ils ont besoin par le corps de vivre la musique. Donc un enfant qui se lève en plein milieu d'un concert ou d'un moment musical ça veut pas dire forcément qu'il en a marre. peut-être dire qu'il est en train de vivre une émotion et qu'il l'exprime par son corps en se levant ou parce qu'il sent du rythme et donc ça le fait bouger ça peut être d'aller chercher un copain parce qu'il vit quelque chose et qu'il a envie de le partager et c'est aussi peut-être qu'ils ont envie d'aller toucher le piano là et qu'il y a une grosse tentation d'aller essayer soi-même les touches du piano. Et puis dans leur cerveau, tout ce qu'ils emmagasinent comme nouveauté il y a beaucoup de choses qui Merci. qui se passent et donc ils ont besoin de temps. Et à cet âge-là, ils ont besoin de beaucoup plus de temps que ce qu'on imagine des fois. Et leur laisser le temps de vivre ces moments-là sans nous se précipiter à changer, ça leur donne la possibilité d'intégrer, de mémoriser, d'apprécier, d'y revenir, etc. C'est un va-et-vient interne.

  • Speaker #1

    Petit retour en arrière. C'est en 2005, à Gennevilliers, que la première crèche musicale Cap Enfant voit le jour. Lorsqu'elle imagine le projet, Claudia Kespi-Aï veut transmettre aux enfants sa propre expérience. Elle est franco-autrichienne, elle a grandi dans un environnement bilingue. Elle en a gardé une grande facilité à apprendre les langues étrangères et une richesse qu'elle veut inscrire dans son projet pédagogique. Intuitivement, elle a choisi la musique et elle explique pourquoi.

  • Speaker #2

    L'idée à la base de cette de cette pédagogie il y a dix ans, c'était de préparer les enfants au monde international, ça l'est toujours d'ailleurs, et d'utiliser la musique comme le langage universel pour permettre à l'enfant qui arrive avec une oreille excellente quand il naît, conserver au maximum ses capacités auditives et rester dans une bande de fréquences extrêmement large de capacités auditives. on sait que vers 8-10 mois le cerveau et l'oreille s'adaptent. Ensuite, il y a plusieurs paliers, notamment entre 18 mois et 3 ans. Puis, il y a un autre palier à 7 ans. Et plus l'enfant... On sait aussi, enfin, c'est un peu classique, Donc on dit que quand on a l'oreille musicale, on entend. on entend plus de choses et on comprend, on entend plus les langues et du coup on est en capacité de reproduire plus facilement les accents. Je me suis dit que la musique c'était neutre dans le sens où les parents n'allaient pas imaginer que les enfants allaient être bilingues à la sortie de la crèche ou qu'au contraire ils allaient tout mélanger, le français avec d'autres langues. Mais par contre on développait cette capacité auditive, cette concentration aussi, cette mémorisation, puis après Au cours des dix années, avec l'apparition des résultats des neurosciences, on s'est aperçu que la musique avait un impact direct sur le langage.

  • Speaker #1

    Quel est le lien entre la musique et le langage dont nous parle Claudia ? Dans son essai « Du son au sens » , dans l'ouvrage collectif « Préparer les petits à la maternelle » publié chez Odile Jacob, le neurologue Pierre Lemarquis explique qu'un nouveau-né perçoit sa langue maternelle comme une musique. Il est déjà sensibilisé aux variations de la hauteur et du timbre, mais surtout aux structures rythmiques sur lesquelles il va s'appuyer pour progressivement apprendre à parler.

  • Speaker #3

    On a plein d'éléments qui nous montrent qu'on chante avant de parler, et puis on apprend à parler grâce au rythme et puis à la mélodie d'une langue. On est déjà musicien avant que de parler, quand notre cerveau est câblé pour la musique, et c'est justement parce qu'on est plus câblé pour la musique qu'on va apprendre le langage avec ça. On a bien montré maintenant que le bébé va d'abord être sensibilisé au rythme. On n'entend pas autant de choses que ça, paraît-il, dans l'utérus, mais on entend le battement cardiaque, la respiration, les rythmes en musique qui sont complètement anthropomorphes. Ça suit vraiment les battements du cœur. Donc il y a déjà un rythme, et puis le bébé entend le rythme de la langue maternelle. Donc, le rythme en premier, oui, on a montré qu'un bébé va pleurer dans la langue de sa mère, il va crier dans la langue de sa mère, c'est-à-dire que si elle est allemande, ça a écrit « descendant » , et français, ça a écrit « ascendant » , et ça correspond… Le babyle des enfants, il aura l'accent de la langue maternelle, la langue dans laquelle il est immergé, donc on est complètement influencé.

  • Speaker #1

    Donc, par rapport à cette idée d'introduire la musique, Claudia a fait ça d'une façon complètement intuitive. Comment un neurologue peut expliquer l'importance ou la bonne idée d'exposer les enfants très tôt ?

  • Speaker #3

    C'est une superbe idée. On a montré que quand on écoute de la musique, ça développe le lobe temporal, celui qui est derrière l'oreille, celui qui permet de déchiffrer les sons. C'est une surspéciation de ce lobe temporal qui permet de déchiffrer le langage. Ça prépare vraiment au langage. Et puis dès que ce lobe se met en marche, il y a tout de suite le lobe frontal, notre beau lobe frontal qui nous distingue de l'animal, qui nous permet d'agir sur le monde, qui se met en route. Alors ce lobe frontal, dedans, il y a notamment la mémoire immédiate, la mémoire de travail. On a montré qu'un enfant... Stimulé par... Stimulé, tout de suite, tout de suite, parce que quand vous écoutez une musique, vous prenez du plaisir si vous vous souvenez un peu de ce que vous venez d'entendre. Soit elle vous réconforte, vous attendiez ça, vous êtes content, soit elles sont différentes, ça vous réveille. Les berceuses maternelles sont faites comme ça. Les mamans répètent, donc le bébé est en sécurité, il dort tranquillement, mais s'ils ne font que ça, il ne va pas se développer. Donc, une fois de temps en temps, dans le monde entier, le module, ça réveille le bébé. Et puis après, elles reprennent ces couplets-refreins. Quand il y a le refrain, ça rassure, mais il faut le couplet pour aller un peu plus loin, pour que ce ne soit pas monotone.

  • Speaker #1

    Si le rythme permet au nouveau-né d'accéder au sens, son oreille à la naissance est ouverte à toutes les langues. Petite leçon de psycho-acoustique avec Claudia Kispi-Aï.

  • Speaker #2

    On sait globalement que l'oreille est constituée de cils qui réagissent chacun à une fréquence. Donc ça, je le savais il y a dix ans aussi, je l'avais compris. Et que ces cils, que l'oreille est absolue quasiment quand l'enfant naît, et ensuite ça s'adapte. à l'environnement dans lequel l'enfant, enfin, aux sons dans lesquels l'enfant évolue. Et donc, plus il entend de sons qui sont en dehors d'un spectre qui est plus ou moins large, plus l'enfant aura une capacité à entendre des sons différents. Et s'il, donc, il entend des sons différents, il entendra plus facilement les sons des langues étrangères et donc les accents des langues étrangères, et donc... il va être en capacité à les répéter. Fort de ça, on utilise la musique, parce que c'est un spectre de sons, de fréquences sonores extrêmement larges et extrêmement variées. On utilise la musique. Elle diminue de fait, mais elle va diminuer. moins rapidement, puis on garde quand même une forme d'ouverture.

  • Speaker #1

    L'éveil à la musique développe chez les enfants à la fois l'orée musicale et l'attention soutenue aux différentes sonorités. Claudia en a profité pour imaginer un dispositif où les enfants pourront être acteurs dans la découverte sonore. Retour à la crèche Cap Enfant à Argenteuil.

  • Speaker #2

    La musique, c'est la langue universelle, c'est la langue de tous les pays. Donc on a pris la musique de chacun des pays, et les musiques sont tellement différentes. Et on a pris cette musique et du coup, on a créé des environnements sonores. Alors ces environnements sonores, on s'est dit, ce serait bien que les enfants entendent bien sûr des comptines, mais aussi la musique telle qu'ils l'entendraient s'ils étaient adultes dans ce pays-là. Qu'ils entendent des comptines, mais aussi des paroles d'adultes. Qu'ils entendent les ambiances là-bas. On va entendre les vélos en Chine, mais comme on va entendre le décollage d'une fusée ou comme on va entendre le bruit de la mer ou ce genre de choses. Et puis, les sons d'animaux, parce que les enfants, ils aiment bien aussi les sons d'animaux, puis ils sont tellement variés. Donc, on a défini comme ça des thématiques larges, et puis on les a catégorisées par voyage, par région. Du coup, on a créé des gammes d'images sonores que vous allez découvrir. Et en fait, on voulait aussi que les enfants les découvrent, et surtout que les enfants les découvrent en étant acteurs, c'est-à-dire que ce ne soit pas nous qui décidons, on appuie sur un bouton et puis ça diffuse une forme de musique et l'enfant est d'accord, il n'est pas d'accord, il a subi la musique. Alors que si c'est lui qui choisit, il est acteur, ça crée du plaisir, c'est beaucoup plus favorable pour attirer son attention, pour sa concentration et puis pour son apprentissage. Et donc, on a réfléchi, j'ai réfléchi à un endroit, j'avais fait un appel d'offre auprès de plusieurs architectes et puis il y a quelqu'un qui est arrivé avec une idée d'un igloo et j'ai trouvé cette idée assez super.

  • Speaker #1

    Alors on arrive à la bulle musicale, on cherche l'entrée. Il va falloir se faufiler Nicolas.

  • Speaker #2

    Coucou.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui va se passer ici ? Est-ce que vous pouvez déjà me décrire l'endroit où on se trouve ?

  • Speaker #0

    Alors on est dans la bulle musicale, qui est l'outil pédagogique de Cap Enfant. Donc on a créé, breveté. Donc là il y a un groupe dansant avec des claves qui sont en train de chanter, faire du rythme. et chanter toutes les comptines qu'ils connaissent. Donc la bulle c'est un endroit musical,

  • Speaker #1

    ça ressemble à un igloo en fait,

  • Speaker #0

    une sorte de demi-sphère, un igloo dans lequel ils viennent, tapis au sol, les parois sont matelassées, donc il y a vraiment ce côté cocon très agréable. Et dans les parois de la bulle, il y a des zones tactiles sur lesquelles les enfants vont appuyer pour déclencher des sons et une image qui est associée au son. Et en fait les enfants eux-mêmes viennent chercher de la musique, déclencher des sons quand ils ont envie d'en écouter, quand ils ont envie de danser, quand ils ont envie de se raconter des histoires, etc. Et dans la bulle, on a plein d'instruments de musique de plein de pays différents. Donc peut-être ceux qu'on connaît, nous, au niveau occidental, mais aussi on va entendre des flûtes, une balalaïka qui vient de Russie.

  • Speaker #1

    En fait, ce qu'on voit, on entend le son de la balalaïka, mais on voit aussi sur l'écran qui est dans la bulle la représentation de l'instrument de musique.

  • Speaker #0

    Et donc là, c'est la petite fille qui est là. qui a appuyé sur le capteur et qui a déclenché ce son. Donc là, hop, il y en a un autre qui va y aller. Et donc là, voilà, ils partent à la découverte des sons et des images associées qu'on peut mettre, qu'on peut retirer pour faire plein de jeux différents où ils vont pouvoir mémoriser les sons. les retranscrire, soit pour les plus grands qui ont la parole, donner le nom, ou alors imiter, mimer comment est-ce qu'on joue de l'instrument. Certains instruments de percussion donnent envie de danser, d'autres, des fois, on les voit qui s'allongent parce que c'est une flûte qui est toute douce, et on les voit qui réagissent aux différents sons en fonction de ce qu'ils ressentent et de ce qu'ils ont mémorisé, parce que ces sons sont utilisés aussi dans des histoires. Et du coup, les enfants, ce qu'ils vivent ici, ils l'emmènent dans leur section, ils l'emmènent avec eux dans d'autres activités.

  • Speaker #1

    Pour le dixième anniversaire du projet, Claudia a décidé d'impliquer les neurosciences. Avec la psycholinguiste Chantal Karachi, elle a entrepris une étude sur 50 enfants qui ont passé au moins 4 jours par semaine pendant 2 ans dans une des crèches Cap-Enfant. Les enfants, âgés aujourd'hui de 3 à 10 ans, venaient pour moitié de famille de cadre et pour moitié d'employés et ont tous passé les tests liés à l'expression orale, résolution des problèmes, mémoire et concentration.

  • Speaker #2

    Nous sommes aperçus que les enfants apprenaient beaucoup mieux le français, avaient plus de vocabulaire. avaient des notions abstraites, une réflexion abstraite, concentration mémoire plus développée. Et l'autre partie, de façon empirique, on s'apercevait de leur faculté de socialisation, de leur adaptation à leur environnement. Donc deux éléments, socialisation et acquisition du langage. Et donc logiquement, j'ai voulu savoir pourquoi ces enfants avaient ces facultés beaucoup plus développées, puisque les résultats de la recherche ont montré que les enfants avaient quasiment le double du vocabulaire de la moyenne nationale. Et il s'avère qu'effectivement, il n'y a pas d'effet milieu. Ça veut dire que les enfants, quel que soit leur arrière-plan, leur origine et leur origine sociale, il n'y a pas de différence sur les résultats. Et donc, on a cherché. Et en fait, je me suis aperçue de beaucoup de choses qui sont connues par les scientifiques, mais qui restent encore assez ancrées dans les laboratoires. En fait, les enfants naissent avec un cerveau musical, un cerveau câblé musicalement. Ça veut dire que quand ils naissent, ils vont détecter les sons et les rythmes et tout ça avec leur oreille musicale. Et c'est comme ça qu'ils vont apprendre le langage. Donc quand nous, dans nos crèches musicales, nous permettons à ces enfants d'entendre une multitude de sons, nous permettons à ces enfants qui, entre 0 et 1 an particulièrement, semblent ne pas interagir, En réalité, ils sont en train de se préparer à tout. à toutes ces gymnastiques d'association, de combinaison de sons, de mots, de rythmes qui les préparent à l'acquisition du langage. Donc ça, c'est une explication pour laquelle les enfants ont plus de vocabulaire. L'autre partie qui m'a encore plus étonnée, encore plus enthousiasmée, c'est cette histoire de socialisation. En fait, le rythme prépare à la socialisation. Pourquoi ? Parce que le rythme apprend l'enfant à se synchroniser. Et en se synchronisant, on rentre dans la relation humaine, dans l'interactivité de façon synchronisée. Là, vous m'écoutez, je parle. Après, vous allez parler, je vais vous écouter. Tous ces rapports-là, l'enfant est préparé à ça in utero. Donc, son et rythme, c'est de la musique. Et effectivement, la musique, c'est une fondation extraordinaire pour les enfants entre 0 et 3 ans, parce qu'on sait que ça a énormément d'impact cognitif. émotionnel et moteur.

  • Speaker #1

    C'était La Petite Musique du Cerveau, un podcast de SACEM Université. Merci à Claudia Kespy-Yahi, Ruth Jornod, Pierre Lemarquis et à tous les petits bouts de chou que nous avons rencontrés à la crèche Cap-Enfant. Merci aussi à Studio Time pour la prise de son et la réalisation. Dans le prochain épisode, on dansera le tango. A bientôt !

Chapters

  • Introduction à la crèche musicale Cap Enfant

    00:11

  • L'importance de la musique dans l'éveil des enfants

    00:39

  • Origine et philosophie de la crèche musicale

    03:49

  • Lien entre musique et langage selon les neurosciences

    05:40

  • La bulle musicale : un outil pédagogique innovant

    10:18

  • Étude sur l'impact de la musique sur le développement des enfants

    14:23

Description

La Crèche musicale Cap Enfant a un projet pédagogique unique : la musique est au centre de l’éveil des petits. 

Quels sont ses bénéfices pour les enfants dès leur plus jeune âge, réponse avec Claudia Kespy-Yahi, directrice, Ruth Jornod, musicologue et Pierre Lemarquis, neurologue.


Pour en savoir plus :
Claudia Kespy-Yahi : Petite enfance : de la musique avant toute chose !, Edition Dunod
Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Editions Odile Jacob
Hervé Platel : Le cerveau musicien, Editions De Boeck Supérieur


Un podcast de Sacem Université et France Musique - 2021 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Sacem Université présente La petite musique du cerveau.

  • Speaker #1

    Bon alors on arrive, on est à Argenteuil. On arrive devant une des crèches musicales Cap Enfant. On va sonner à la porte. Bonjour, c'est Susanna et Nicolas pour le reportage. On ouvre la porte et on est dans le hall d'entrée où on voit un piano, un demi-queue. Ça annonce la couleur. On va entrer. Bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour, bienvenue à la crèche.

  • Speaker #1

    Au premier abord, la crèche Euclide à Argenteuil ressemble à n'importe quelle crèche d'entreprise à l'heure de l'accueil des enfants. Le doudou, la tétine, un bisou et à ce soir, les parents déposent tour à tour les bébés avant de repartir travailler. Et pourtant, cette crèche partage avec cinq autres crèches en région parisienne un projet pédagogique bien particulier. La musique est au centre des activités d'éveil des enfants. Ce matin-là, c'est le récital d'une soprano et d'un pianiste qui ouvre la journée. Un vrai petit concert, à cette différence près que les spectateurs et les spectatrices sont assis par terre ou allongés sur les genoux des puricultrices et que leur moyenne d'âge ne dépasse pas deux ans. Nous retrouvons dans la salle la directrice Claudia Kespy-Yahi et la musicologue Ruth Jornod qui accompagnent la mise en place du projet musical de la crèche.

  • Speaker #2

    Le fait de voir, d'entendre, de sentir à la fois une chanteuse et puis le piano aussi parce qu'après ils peuvent toucher le piano, sentir les vibrations etc. C'est un moment qui est très fort et dont ils parlent ensuite énormément en crèche. Les enfants répètent très longtemps.

  • Speaker #1

    Ils ont la possibilité d'écouter de la musique tous les jours ?

  • Speaker #2

    Oui, ils écoutent de la musique tous les jours au sein de la crèche, dans la bulle musicale et autour. Mais aussi, le piano est à disposition, est mis à disposition par le Festival d'Auvers. parents et il y a aussi des professionnels qui jouent tous les jours et donc on a des petits groupes d'enfants qui assistent à ces représentations musicales quotidiennement.

  • Speaker #1

    Combien de temps peuvent rester les tout-petits à écouter de la musique comme ça ?

  • Speaker #2

    Et bien là ça fait une demi-heure qu'ils sont là, ça peut varier mais en fait ils ont une capacité d'attention qui est absolument... décuplé de ce qui est normal. Normalement c'est cinq minutes mais là ils sont là depuis une demi-heure et vous voyez les enfants sont encore sagement assis, ils commencent un petit peu à bouger mais ils restent très centrés, très concentrés, très intéressés.

  • Speaker #0

    Ils ont besoin par le corps de vivre la musique. Donc un enfant qui se lève en plein milieu d'un concert ou d'un moment musical ça veut pas dire forcément qu'il en a marre. peut-être dire qu'il est en train de vivre une émotion et qu'il l'exprime par son corps en se levant ou parce qu'il sent du rythme et donc ça le fait bouger ça peut être d'aller chercher un copain parce qu'il vit quelque chose et qu'il a envie de le partager et c'est aussi peut-être qu'ils ont envie d'aller toucher le piano là et qu'il y a une grosse tentation d'aller essayer soi-même les touches du piano. Et puis dans leur cerveau, tout ce qu'ils emmagasinent comme nouveauté il y a beaucoup de choses qui Merci. qui se passent et donc ils ont besoin de temps. Et à cet âge-là, ils ont besoin de beaucoup plus de temps que ce qu'on imagine des fois. Et leur laisser le temps de vivre ces moments-là sans nous se précipiter à changer, ça leur donne la possibilité d'intégrer, de mémoriser, d'apprécier, d'y revenir, etc. C'est un va-et-vient interne.

  • Speaker #1

    Petit retour en arrière. C'est en 2005, à Gennevilliers, que la première crèche musicale Cap Enfant voit le jour. Lorsqu'elle imagine le projet, Claudia Kespi-Aï veut transmettre aux enfants sa propre expérience. Elle est franco-autrichienne, elle a grandi dans un environnement bilingue. Elle en a gardé une grande facilité à apprendre les langues étrangères et une richesse qu'elle veut inscrire dans son projet pédagogique. Intuitivement, elle a choisi la musique et elle explique pourquoi.

  • Speaker #2

    L'idée à la base de cette de cette pédagogie il y a dix ans, c'était de préparer les enfants au monde international, ça l'est toujours d'ailleurs, et d'utiliser la musique comme le langage universel pour permettre à l'enfant qui arrive avec une oreille excellente quand il naît, conserver au maximum ses capacités auditives et rester dans une bande de fréquences extrêmement large de capacités auditives. on sait que vers 8-10 mois le cerveau et l'oreille s'adaptent. Ensuite, il y a plusieurs paliers, notamment entre 18 mois et 3 ans. Puis, il y a un autre palier à 7 ans. Et plus l'enfant... On sait aussi, enfin, c'est un peu classique, Donc on dit que quand on a l'oreille musicale, on entend. on entend plus de choses et on comprend, on entend plus les langues et du coup on est en capacité de reproduire plus facilement les accents. Je me suis dit que la musique c'était neutre dans le sens où les parents n'allaient pas imaginer que les enfants allaient être bilingues à la sortie de la crèche ou qu'au contraire ils allaient tout mélanger, le français avec d'autres langues. Mais par contre on développait cette capacité auditive, cette concentration aussi, cette mémorisation, puis après Au cours des dix années, avec l'apparition des résultats des neurosciences, on s'est aperçu que la musique avait un impact direct sur le langage.

  • Speaker #1

    Quel est le lien entre la musique et le langage dont nous parle Claudia ? Dans son essai « Du son au sens » , dans l'ouvrage collectif « Préparer les petits à la maternelle » publié chez Odile Jacob, le neurologue Pierre Lemarquis explique qu'un nouveau-né perçoit sa langue maternelle comme une musique. Il est déjà sensibilisé aux variations de la hauteur et du timbre, mais surtout aux structures rythmiques sur lesquelles il va s'appuyer pour progressivement apprendre à parler.

  • Speaker #3

    On a plein d'éléments qui nous montrent qu'on chante avant de parler, et puis on apprend à parler grâce au rythme et puis à la mélodie d'une langue. On est déjà musicien avant que de parler, quand notre cerveau est câblé pour la musique, et c'est justement parce qu'on est plus câblé pour la musique qu'on va apprendre le langage avec ça. On a bien montré maintenant que le bébé va d'abord être sensibilisé au rythme. On n'entend pas autant de choses que ça, paraît-il, dans l'utérus, mais on entend le battement cardiaque, la respiration, les rythmes en musique qui sont complètement anthropomorphes. Ça suit vraiment les battements du cœur. Donc il y a déjà un rythme, et puis le bébé entend le rythme de la langue maternelle. Donc, le rythme en premier, oui, on a montré qu'un bébé va pleurer dans la langue de sa mère, il va crier dans la langue de sa mère, c'est-à-dire que si elle est allemande, ça a écrit « descendant » , et français, ça a écrit « ascendant » , et ça correspond… Le babyle des enfants, il aura l'accent de la langue maternelle, la langue dans laquelle il est immergé, donc on est complètement influencé.

  • Speaker #1

    Donc, par rapport à cette idée d'introduire la musique, Claudia a fait ça d'une façon complètement intuitive. Comment un neurologue peut expliquer l'importance ou la bonne idée d'exposer les enfants très tôt ?

  • Speaker #3

    C'est une superbe idée. On a montré que quand on écoute de la musique, ça développe le lobe temporal, celui qui est derrière l'oreille, celui qui permet de déchiffrer les sons. C'est une surspéciation de ce lobe temporal qui permet de déchiffrer le langage. Ça prépare vraiment au langage. Et puis dès que ce lobe se met en marche, il y a tout de suite le lobe frontal, notre beau lobe frontal qui nous distingue de l'animal, qui nous permet d'agir sur le monde, qui se met en route. Alors ce lobe frontal, dedans, il y a notamment la mémoire immédiate, la mémoire de travail. On a montré qu'un enfant... Stimulé par... Stimulé, tout de suite, tout de suite, parce que quand vous écoutez une musique, vous prenez du plaisir si vous vous souvenez un peu de ce que vous venez d'entendre. Soit elle vous réconforte, vous attendiez ça, vous êtes content, soit elles sont différentes, ça vous réveille. Les berceuses maternelles sont faites comme ça. Les mamans répètent, donc le bébé est en sécurité, il dort tranquillement, mais s'ils ne font que ça, il ne va pas se développer. Donc, une fois de temps en temps, dans le monde entier, le module, ça réveille le bébé. Et puis après, elles reprennent ces couplets-refreins. Quand il y a le refrain, ça rassure, mais il faut le couplet pour aller un peu plus loin, pour que ce ne soit pas monotone.

  • Speaker #1

    Si le rythme permet au nouveau-né d'accéder au sens, son oreille à la naissance est ouverte à toutes les langues. Petite leçon de psycho-acoustique avec Claudia Kispi-Aï.

  • Speaker #2

    On sait globalement que l'oreille est constituée de cils qui réagissent chacun à une fréquence. Donc ça, je le savais il y a dix ans aussi, je l'avais compris. Et que ces cils, que l'oreille est absolue quasiment quand l'enfant naît, et ensuite ça s'adapte. à l'environnement dans lequel l'enfant, enfin, aux sons dans lesquels l'enfant évolue. Et donc, plus il entend de sons qui sont en dehors d'un spectre qui est plus ou moins large, plus l'enfant aura une capacité à entendre des sons différents. Et s'il, donc, il entend des sons différents, il entendra plus facilement les sons des langues étrangères et donc les accents des langues étrangères, et donc... il va être en capacité à les répéter. Fort de ça, on utilise la musique, parce que c'est un spectre de sons, de fréquences sonores extrêmement larges et extrêmement variées. On utilise la musique. Elle diminue de fait, mais elle va diminuer. moins rapidement, puis on garde quand même une forme d'ouverture.

  • Speaker #1

    L'éveil à la musique développe chez les enfants à la fois l'orée musicale et l'attention soutenue aux différentes sonorités. Claudia en a profité pour imaginer un dispositif où les enfants pourront être acteurs dans la découverte sonore. Retour à la crèche Cap Enfant à Argenteuil.

  • Speaker #2

    La musique, c'est la langue universelle, c'est la langue de tous les pays. Donc on a pris la musique de chacun des pays, et les musiques sont tellement différentes. Et on a pris cette musique et du coup, on a créé des environnements sonores. Alors ces environnements sonores, on s'est dit, ce serait bien que les enfants entendent bien sûr des comptines, mais aussi la musique telle qu'ils l'entendraient s'ils étaient adultes dans ce pays-là. Qu'ils entendent des comptines, mais aussi des paroles d'adultes. Qu'ils entendent les ambiances là-bas. On va entendre les vélos en Chine, mais comme on va entendre le décollage d'une fusée ou comme on va entendre le bruit de la mer ou ce genre de choses. Et puis, les sons d'animaux, parce que les enfants, ils aiment bien aussi les sons d'animaux, puis ils sont tellement variés. Donc, on a défini comme ça des thématiques larges, et puis on les a catégorisées par voyage, par région. Du coup, on a créé des gammes d'images sonores que vous allez découvrir. Et en fait, on voulait aussi que les enfants les découvrent, et surtout que les enfants les découvrent en étant acteurs, c'est-à-dire que ce ne soit pas nous qui décidons, on appuie sur un bouton et puis ça diffuse une forme de musique et l'enfant est d'accord, il n'est pas d'accord, il a subi la musique. Alors que si c'est lui qui choisit, il est acteur, ça crée du plaisir, c'est beaucoup plus favorable pour attirer son attention, pour sa concentration et puis pour son apprentissage. Et donc, on a réfléchi, j'ai réfléchi à un endroit, j'avais fait un appel d'offre auprès de plusieurs architectes et puis il y a quelqu'un qui est arrivé avec une idée d'un igloo et j'ai trouvé cette idée assez super.

  • Speaker #1

    Alors on arrive à la bulle musicale, on cherche l'entrée. Il va falloir se faufiler Nicolas.

  • Speaker #2

    Coucou.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui va se passer ici ? Est-ce que vous pouvez déjà me décrire l'endroit où on se trouve ?

  • Speaker #0

    Alors on est dans la bulle musicale, qui est l'outil pédagogique de Cap Enfant. Donc on a créé, breveté. Donc là il y a un groupe dansant avec des claves qui sont en train de chanter, faire du rythme. et chanter toutes les comptines qu'ils connaissent. Donc la bulle c'est un endroit musical,

  • Speaker #1

    ça ressemble à un igloo en fait,

  • Speaker #0

    une sorte de demi-sphère, un igloo dans lequel ils viennent, tapis au sol, les parois sont matelassées, donc il y a vraiment ce côté cocon très agréable. Et dans les parois de la bulle, il y a des zones tactiles sur lesquelles les enfants vont appuyer pour déclencher des sons et une image qui est associée au son. Et en fait les enfants eux-mêmes viennent chercher de la musique, déclencher des sons quand ils ont envie d'en écouter, quand ils ont envie de danser, quand ils ont envie de se raconter des histoires, etc. Et dans la bulle, on a plein d'instruments de musique de plein de pays différents. Donc peut-être ceux qu'on connaît, nous, au niveau occidental, mais aussi on va entendre des flûtes, une balalaïka qui vient de Russie.

  • Speaker #1

    En fait, ce qu'on voit, on entend le son de la balalaïka, mais on voit aussi sur l'écran qui est dans la bulle la représentation de l'instrument de musique.

  • Speaker #0

    Et donc là, c'est la petite fille qui est là. qui a appuyé sur le capteur et qui a déclenché ce son. Donc là, hop, il y en a un autre qui va y aller. Et donc là, voilà, ils partent à la découverte des sons et des images associées qu'on peut mettre, qu'on peut retirer pour faire plein de jeux différents où ils vont pouvoir mémoriser les sons. les retranscrire, soit pour les plus grands qui ont la parole, donner le nom, ou alors imiter, mimer comment est-ce qu'on joue de l'instrument. Certains instruments de percussion donnent envie de danser, d'autres, des fois, on les voit qui s'allongent parce que c'est une flûte qui est toute douce, et on les voit qui réagissent aux différents sons en fonction de ce qu'ils ressentent et de ce qu'ils ont mémorisé, parce que ces sons sont utilisés aussi dans des histoires. Et du coup, les enfants, ce qu'ils vivent ici, ils l'emmènent dans leur section, ils l'emmènent avec eux dans d'autres activités.

  • Speaker #1

    Pour le dixième anniversaire du projet, Claudia a décidé d'impliquer les neurosciences. Avec la psycholinguiste Chantal Karachi, elle a entrepris une étude sur 50 enfants qui ont passé au moins 4 jours par semaine pendant 2 ans dans une des crèches Cap-Enfant. Les enfants, âgés aujourd'hui de 3 à 10 ans, venaient pour moitié de famille de cadre et pour moitié d'employés et ont tous passé les tests liés à l'expression orale, résolution des problèmes, mémoire et concentration.

  • Speaker #2

    Nous sommes aperçus que les enfants apprenaient beaucoup mieux le français, avaient plus de vocabulaire. avaient des notions abstraites, une réflexion abstraite, concentration mémoire plus développée. Et l'autre partie, de façon empirique, on s'apercevait de leur faculté de socialisation, de leur adaptation à leur environnement. Donc deux éléments, socialisation et acquisition du langage. Et donc logiquement, j'ai voulu savoir pourquoi ces enfants avaient ces facultés beaucoup plus développées, puisque les résultats de la recherche ont montré que les enfants avaient quasiment le double du vocabulaire de la moyenne nationale. Et il s'avère qu'effectivement, il n'y a pas d'effet milieu. Ça veut dire que les enfants, quel que soit leur arrière-plan, leur origine et leur origine sociale, il n'y a pas de différence sur les résultats. Et donc, on a cherché. Et en fait, je me suis aperçue de beaucoup de choses qui sont connues par les scientifiques, mais qui restent encore assez ancrées dans les laboratoires. En fait, les enfants naissent avec un cerveau musical, un cerveau câblé musicalement. Ça veut dire que quand ils naissent, ils vont détecter les sons et les rythmes et tout ça avec leur oreille musicale. Et c'est comme ça qu'ils vont apprendre le langage. Donc quand nous, dans nos crèches musicales, nous permettons à ces enfants d'entendre une multitude de sons, nous permettons à ces enfants qui, entre 0 et 1 an particulièrement, semblent ne pas interagir, En réalité, ils sont en train de se préparer à tout. à toutes ces gymnastiques d'association, de combinaison de sons, de mots, de rythmes qui les préparent à l'acquisition du langage. Donc ça, c'est une explication pour laquelle les enfants ont plus de vocabulaire. L'autre partie qui m'a encore plus étonnée, encore plus enthousiasmée, c'est cette histoire de socialisation. En fait, le rythme prépare à la socialisation. Pourquoi ? Parce que le rythme apprend l'enfant à se synchroniser. Et en se synchronisant, on rentre dans la relation humaine, dans l'interactivité de façon synchronisée. Là, vous m'écoutez, je parle. Après, vous allez parler, je vais vous écouter. Tous ces rapports-là, l'enfant est préparé à ça in utero. Donc, son et rythme, c'est de la musique. Et effectivement, la musique, c'est une fondation extraordinaire pour les enfants entre 0 et 3 ans, parce qu'on sait que ça a énormément d'impact cognitif. émotionnel et moteur.

  • Speaker #1

    C'était La Petite Musique du Cerveau, un podcast de SACEM Université. Merci à Claudia Kespy-Yahi, Ruth Jornod, Pierre Lemarquis et à tous les petits bouts de chou que nous avons rencontrés à la crèche Cap-Enfant. Merci aussi à Studio Time pour la prise de son et la réalisation. Dans le prochain épisode, on dansera le tango. A bientôt !

Chapters

  • Introduction à la crèche musicale Cap Enfant

    00:11

  • L'importance de la musique dans l'éveil des enfants

    00:39

  • Origine et philosophie de la crèche musicale

    03:49

  • Lien entre musique et langage selon les neurosciences

    05:40

  • La bulle musicale : un outil pédagogique innovant

    10:18

  • Étude sur l'impact de la musique sur le développement des enfants

    14:23

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Description

La Crèche musicale Cap Enfant a un projet pédagogique unique : la musique est au centre de l’éveil des petits. 

Quels sont ses bénéfices pour les enfants dès leur plus jeune âge, réponse avec Claudia Kespy-Yahi, directrice, Ruth Jornod, musicologue et Pierre Lemarquis, neurologue.


Pour en savoir plus :
Claudia Kespy-Yahi : Petite enfance : de la musique avant toute chose !, Edition Dunod
Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Editions Odile Jacob
Hervé Platel : Le cerveau musicien, Editions De Boeck Supérieur


Un podcast de Sacem Université et France Musique - 2021 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Sacem Université présente La petite musique du cerveau.

  • Speaker #1

    Bon alors on arrive, on est à Argenteuil. On arrive devant une des crèches musicales Cap Enfant. On va sonner à la porte. Bonjour, c'est Susanna et Nicolas pour le reportage. On ouvre la porte et on est dans le hall d'entrée où on voit un piano, un demi-queue. Ça annonce la couleur. On va entrer. Bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour, bienvenue à la crèche.

  • Speaker #1

    Au premier abord, la crèche Euclide à Argenteuil ressemble à n'importe quelle crèche d'entreprise à l'heure de l'accueil des enfants. Le doudou, la tétine, un bisou et à ce soir, les parents déposent tour à tour les bébés avant de repartir travailler. Et pourtant, cette crèche partage avec cinq autres crèches en région parisienne un projet pédagogique bien particulier. La musique est au centre des activités d'éveil des enfants. Ce matin-là, c'est le récital d'une soprano et d'un pianiste qui ouvre la journée. Un vrai petit concert, à cette différence près que les spectateurs et les spectatrices sont assis par terre ou allongés sur les genoux des puricultrices et que leur moyenne d'âge ne dépasse pas deux ans. Nous retrouvons dans la salle la directrice Claudia Kespy-Yahi et la musicologue Ruth Jornod qui accompagnent la mise en place du projet musical de la crèche.

  • Speaker #2

    Le fait de voir, d'entendre, de sentir à la fois une chanteuse et puis le piano aussi parce qu'après ils peuvent toucher le piano, sentir les vibrations etc. C'est un moment qui est très fort et dont ils parlent ensuite énormément en crèche. Les enfants répètent très longtemps.

  • Speaker #1

    Ils ont la possibilité d'écouter de la musique tous les jours ?

  • Speaker #2

    Oui, ils écoutent de la musique tous les jours au sein de la crèche, dans la bulle musicale et autour. Mais aussi, le piano est à disposition, est mis à disposition par le Festival d'Auvers. parents et il y a aussi des professionnels qui jouent tous les jours et donc on a des petits groupes d'enfants qui assistent à ces représentations musicales quotidiennement.

  • Speaker #1

    Combien de temps peuvent rester les tout-petits à écouter de la musique comme ça ?

  • Speaker #2

    Et bien là ça fait une demi-heure qu'ils sont là, ça peut varier mais en fait ils ont une capacité d'attention qui est absolument... décuplé de ce qui est normal. Normalement c'est cinq minutes mais là ils sont là depuis une demi-heure et vous voyez les enfants sont encore sagement assis, ils commencent un petit peu à bouger mais ils restent très centrés, très concentrés, très intéressés.

  • Speaker #0

    Ils ont besoin par le corps de vivre la musique. Donc un enfant qui se lève en plein milieu d'un concert ou d'un moment musical ça veut pas dire forcément qu'il en a marre. peut-être dire qu'il est en train de vivre une émotion et qu'il l'exprime par son corps en se levant ou parce qu'il sent du rythme et donc ça le fait bouger ça peut être d'aller chercher un copain parce qu'il vit quelque chose et qu'il a envie de le partager et c'est aussi peut-être qu'ils ont envie d'aller toucher le piano là et qu'il y a une grosse tentation d'aller essayer soi-même les touches du piano. Et puis dans leur cerveau, tout ce qu'ils emmagasinent comme nouveauté il y a beaucoup de choses qui Merci. qui se passent et donc ils ont besoin de temps. Et à cet âge-là, ils ont besoin de beaucoup plus de temps que ce qu'on imagine des fois. Et leur laisser le temps de vivre ces moments-là sans nous se précipiter à changer, ça leur donne la possibilité d'intégrer, de mémoriser, d'apprécier, d'y revenir, etc. C'est un va-et-vient interne.

  • Speaker #1

    Petit retour en arrière. C'est en 2005, à Gennevilliers, que la première crèche musicale Cap Enfant voit le jour. Lorsqu'elle imagine le projet, Claudia Kespi-Aï veut transmettre aux enfants sa propre expérience. Elle est franco-autrichienne, elle a grandi dans un environnement bilingue. Elle en a gardé une grande facilité à apprendre les langues étrangères et une richesse qu'elle veut inscrire dans son projet pédagogique. Intuitivement, elle a choisi la musique et elle explique pourquoi.

  • Speaker #2

    L'idée à la base de cette de cette pédagogie il y a dix ans, c'était de préparer les enfants au monde international, ça l'est toujours d'ailleurs, et d'utiliser la musique comme le langage universel pour permettre à l'enfant qui arrive avec une oreille excellente quand il naît, conserver au maximum ses capacités auditives et rester dans une bande de fréquences extrêmement large de capacités auditives. on sait que vers 8-10 mois le cerveau et l'oreille s'adaptent. Ensuite, il y a plusieurs paliers, notamment entre 18 mois et 3 ans. Puis, il y a un autre palier à 7 ans. Et plus l'enfant... On sait aussi, enfin, c'est un peu classique, Donc on dit que quand on a l'oreille musicale, on entend. on entend plus de choses et on comprend, on entend plus les langues et du coup on est en capacité de reproduire plus facilement les accents. Je me suis dit que la musique c'était neutre dans le sens où les parents n'allaient pas imaginer que les enfants allaient être bilingues à la sortie de la crèche ou qu'au contraire ils allaient tout mélanger, le français avec d'autres langues. Mais par contre on développait cette capacité auditive, cette concentration aussi, cette mémorisation, puis après Au cours des dix années, avec l'apparition des résultats des neurosciences, on s'est aperçu que la musique avait un impact direct sur le langage.

  • Speaker #1

    Quel est le lien entre la musique et le langage dont nous parle Claudia ? Dans son essai « Du son au sens » , dans l'ouvrage collectif « Préparer les petits à la maternelle » publié chez Odile Jacob, le neurologue Pierre Lemarquis explique qu'un nouveau-né perçoit sa langue maternelle comme une musique. Il est déjà sensibilisé aux variations de la hauteur et du timbre, mais surtout aux structures rythmiques sur lesquelles il va s'appuyer pour progressivement apprendre à parler.

  • Speaker #3

    On a plein d'éléments qui nous montrent qu'on chante avant de parler, et puis on apprend à parler grâce au rythme et puis à la mélodie d'une langue. On est déjà musicien avant que de parler, quand notre cerveau est câblé pour la musique, et c'est justement parce qu'on est plus câblé pour la musique qu'on va apprendre le langage avec ça. On a bien montré maintenant que le bébé va d'abord être sensibilisé au rythme. On n'entend pas autant de choses que ça, paraît-il, dans l'utérus, mais on entend le battement cardiaque, la respiration, les rythmes en musique qui sont complètement anthropomorphes. Ça suit vraiment les battements du cœur. Donc il y a déjà un rythme, et puis le bébé entend le rythme de la langue maternelle. Donc, le rythme en premier, oui, on a montré qu'un bébé va pleurer dans la langue de sa mère, il va crier dans la langue de sa mère, c'est-à-dire que si elle est allemande, ça a écrit « descendant » , et français, ça a écrit « ascendant » , et ça correspond… Le babyle des enfants, il aura l'accent de la langue maternelle, la langue dans laquelle il est immergé, donc on est complètement influencé.

  • Speaker #1

    Donc, par rapport à cette idée d'introduire la musique, Claudia a fait ça d'une façon complètement intuitive. Comment un neurologue peut expliquer l'importance ou la bonne idée d'exposer les enfants très tôt ?

  • Speaker #3

    C'est une superbe idée. On a montré que quand on écoute de la musique, ça développe le lobe temporal, celui qui est derrière l'oreille, celui qui permet de déchiffrer les sons. C'est une surspéciation de ce lobe temporal qui permet de déchiffrer le langage. Ça prépare vraiment au langage. Et puis dès que ce lobe se met en marche, il y a tout de suite le lobe frontal, notre beau lobe frontal qui nous distingue de l'animal, qui nous permet d'agir sur le monde, qui se met en route. Alors ce lobe frontal, dedans, il y a notamment la mémoire immédiate, la mémoire de travail. On a montré qu'un enfant... Stimulé par... Stimulé, tout de suite, tout de suite, parce que quand vous écoutez une musique, vous prenez du plaisir si vous vous souvenez un peu de ce que vous venez d'entendre. Soit elle vous réconforte, vous attendiez ça, vous êtes content, soit elles sont différentes, ça vous réveille. Les berceuses maternelles sont faites comme ça. Les mamans répètent, donc le bébé est en sécurité, il dort tranquillement, mais s'ils ne font que ça, il ne va pas se développer. Donc, une fois de temps en temps, dans le monde entier, le module, ça réveille le bébé. Et puis après, elles reprennent ces couplets-refreins. Quand il y a le refrain, ça rassure, mais il faut le couplet pour aller un peu plus loin, pour que ce ne soit pas monotone.

  • Speaker #1

    Si le rythme permet au nouveau-né d'accéder au sens, son oreille à la naissance est ouverte à toutes les langues. Petite leçon de psycho-acoustique avec Claudia Kispi-Aï.

  • Speaker #2

    On sait globalement que l'oreille est constituée de cils qui réagissent chacun à une fréquence. Donc ça, je le savais il y a dix ans aussi, je l'avais compris. Et que ces cils, que l'oreille est absolue quasiment quand l'enfant naît, et ensuite ça s'adapte. à l'environnement dans lequel l'enfant, enfin, aux sons dans lesquels l'enfant évolue. Et donc, plus il entend de sons qui sont en dehors d'un spectre qui est plus ou moins large, plus l'enfant aura une capacité à entendre des sons différents. Et s'il, donc, il entend des sons différents, il entendra plus facilement les sons des langues étrangères et donc les accents des langues étrangères, et donc... il va être en capacité à les répéter. Fort de ça, on utilise la musique, parce que c'est un spectre de sons, de fréquences sonores extrêmement larges et extrêmement variées. On utilise la musique. Elle diminue de fait, mais elle va diminuer. moins rapidement, puis on garde quand même une forme d'ouverture.

  • Speaker #1

    L'éveil à la musique développe chez les enfants à la fois l'orée musicale et l'attention soutenue aux différentes sonorités. Claudia en a profité pour imaginer un dispositif où les enfants pourront être acteurs dans la découverte sonore. Retour à la crèche Cap Enfant à Argenteuil.

  • Speaker #2

    La musique, c'est la langue universelle, c'est la langue de tous les pays. Donc on a pris la musique de chacun des pays, et les musiques sont tellement différentes. Et on a pris cette musique et du coup, on a créé des environnements sonores. Alors ces environnements sonores, on s'est dit, ce serait bien que les enfants entendent bien sûr des comptines, mais aussi la musique telle qu'ils l'entendraient s'ils étaient adultes dans ce pays-là. Qu'ils entendent des comptines, mais aussi des paroles d'adultes. Qu'ils entendent les ambiances là-bas. On va entendre les vélos en Chine, mais comme on va entendre le décollage d'une fusée ou comme on va entendre le bruit de la mer ou ce genre de choses. Et puis, les sons d'animaux, parce que les enfants, ils aiment bien aussi les sons d'animaux, puis ils sont tellement variés. Donc, on a défini comme ça des thématiques larges, et puis on les a catégorisées par voyage, par région. Du coup, on a créé des gammes d'images sonores que vous allez découvrir. Et en fait, on voulait aussi que les enfants les découvrent, et surtout que les enfants les découvrent en étant acteurs, c'est-à-dire que ce ne soit pas nous qui décidons, on appuie sur un bouton et puis ça diffuse une forme de musique et l'enfant est d'accord, il n'est pas d'accord, il a subi la musique. Alors que si c'est lui qui choisit, il est acteur, ça crée du plaisir, c'est beaucoup plus favorable pour attirer son attention, pour sa concentration et puis pour son apprentissage. Et donc, on a réfléchi, j'ai réfléchi à un endroit, j'avais fait un appel d'offre auprès de plusieurs architectes et puis il y a quelqu'un qui est arrivé avec une idée d'un igloo et j'ai trouvé cette idée assez super.

  • Speaker #1

    Alors on arrive à la bulle musicale, on cherche l'entrée. Il va falloir se faufiler Nicolas.

  • Speaker #2

    Coucou.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui va se passer ici ? Est-ce que vous pouvez déjà me décrire l'endroit où on se trouve ?

  • Speaker #0

    Alors on est dans la bulle musicale, qui est l'outil pédagogique de Cap Enfant. Donc on a créé, breveté. Donc là il y a un groupe dansant avec des claves qui sont en train de chanter, faire du rythme. et chanter toutes les comptines qu'ils connaissent. Donc la bulle c'est un endroit musical,

  • Speaker #1

    ça ressemble à un igloo en fait,

  • Speaker #0

    une sorte de demi-sphère, un igloo dans lequel ils viennent, tapis au sol, les parois sont matelassées, donc il y a vraiment ce côté cocon très agréable. Et dans les parois de la bulle, il y a des zones tactiles sur lesquelles les enfants vont appuyer pour déclencher des sons et une image qui est associée au son. Et en fait les enfants eux-mêmes viennent chercher de la musique, déclencher des sons quand ils ont envie d'en écouter, quand ils ont envie de danser, quand ils ont envie de se raconter des histoires, etc. Et dans la bulle, on a plein d'instruments de musique de plein de pays différents. Donc peut-être ceux qu'on connaît, nous, au niveau occidental, mais aussi on va entendre des flûtes, une balalaïka qui vient de Russie.

  • Speaker #1

    En fait, ce qu'on voit, on entend le son de la balalaïka, mais on voit aussi sur l'écran qui est dans la bulle la représentation de l'instrument de musique.

  • Speaker #0

    Et donc là, c'est la petite fille qui est là. qui a appuyé sur le capteur et qui a déclenché ce son. Donc là, hop, il y en a un autre qui va y aller. Et donc là, voilà, ils partent à la découverte des sons et des images associées qu'on peut mettre, qu'on peut retirer pour faire plein de jeux différents où ils vont pouvoir mémoriser les sons. les retranscrire, soit pour les plus grands qui ont la parole, donner le nom, ou alors imiter, mimer comment est-ce qu'on joue de l'instrument. Certains instruments de percussion donnent envie de danser, d'autres, des fois, on les voit qui s'allongent parce que c'est une flûte qui est toute douce, et on les voit qui réagissent aux différents sons en fonction de ce qu'ils ressentent et de ce qu'ils ont mémorisé, parce que ces sons sont utilisés aussi dans des histoires. Et du coup, les enfants, ce qu'ils vivent ici, ils l'emmènent dans leur section, ils l'emmènent avec eux dans d'autres activités.

  • Speaker #1

    Pour le dixième anniversaire du projet, Claudia a décidé d'impliquer les neurosciences. Avec la psycholinguiste Chantal Karachi, elle a entrepris une étude sur 50 enfants qui ont passé au moins 4 jours par semaine pendant 2 ans dans une des crèches Cap-Enfant. Les enfants, âgés aujourd'hui de 3 à 10 ans, venaient pour moitié de famille de cadre et pour moitié d'employés et ont tous passé les tests liés à l'expression orale, résolution des problèmes, mémoire et concentration.

  • Speaker #2

    Nous sommes aperçus que les enfants apprenaient beaucoup mieux le français, avaient plus de vocabulaire. avaient des notions abstraites, une réflexion abstraite, concentration mémoire plus développée. Et l'autre partie, de façon empirique, on s'apercevait de leur faculté de socialisation, de leur adaptation à leur environnement. Donc deux éléments, socialisation et acquisition du langage. Et donc logiquement, j'ai voulu savoir pourquoi ces enfants avaient ces facultés beaucoup plus développées, puisque les résultats de la recherche ont montré que les enfants avaient quasiment le double du vocabulaire de la moyenne nationale. Et il s'avère qu'effectivement, il n'y a pas d'effet milieu. Ça veut dire que les enfants, quel que soit leur arrière-plan, leur origine et leur origine sociale, il n'y a pas de différence sur les résultats. Et donc, on a cherché. Et en fait, je me suis aperçue de beaucoup de choses qui sont connues par les scientifiques, mais qui restent encore assez ancrées dans les laboratoires. En fait, les enfants naissent avec un cerveau musical, un cerveau câblé musicalement. Ça veut dire que quand ils naissent, ils vont détecter les sons et les rythmes et tout ça avec leur oreille musicale. Et c'est comme ça qu'ils vont apprendre le langage. Donc quand nous, dans nos crèches musicales, nous permettons à ces enfants d'entendre une multitude de sons, nous permettons à ces enfants qui, entre 0 et 1 an particulièrement, semblent ne pas interagir, En réalité, ils sont en train de se préparer à tout. à toutes ces gymnastiques d'association, de combinaison de sons, de mots, de rythmes qui les préparent à l'acquisition du langage. Donc ça, c'est une explication pour laquelle les enfants ont plus de vocabulaire. L'autre partie qui m'a encore plus étonnée, encore plus enthousiasmée, c'est cette histoire de socialisation. En fait, le rythme prépare à la socialisation. Pourquoi ? Parce que le rythme apprend l'enfant à se synchroniser. Et en se synchronisant, on rentre dans la relation humaine, dans l'interactivité de façon synchronisée. Là, vous m'écoutez, je parle. Après, vous allez parler, je vais vous écouter. Tous ces rapports-là, l'enfant est préparé à ça in utero. Donc, son et rythme, c'est de la musique. Et effectivement, la musique, c'est une fondation extraordinaire pour les enfants entre 0 et 3 ans, parce qu'on sait que ça a énormément d'impact cognitif. émotionnel et moteur.

  • Speaker #1

    C'était La Petite Musique du Cerveau, un podcast de SACEM Université. Merci à Claudia Kespy-Yahi, Ruth Jornod, Pierre Lemarquis et à tous les petits bouts de chou que nous avons rencontrés à la crèche Cap-Enfant. Merci aussi à Studio Time pour la prise de son et la réalisation. Dans le prochain épisode, on dansera le tango. A bientôt !

Chapters

  • Introduction à la crèche musicale Cap Enfant

    00:11

  • L'importance de la musique dans l'éveil des enfants

    00:39

  • Origine et philosophie de la crèche musicale

    03:49

  • Lien entre musique et langage selon les neurosciences

    05:40

  • La bulle musicale : un outil pédagogique innovant

    10:18

  • Étude sur l'impact de la musique sur le développement des enfants

    14:23

Description

La Crèche musicale Cap Enfant a un projet pédagogique unique : la musique est au centre de l’éveil des petits. 

Quels sont ses bénéfices pour les enfants dès leur plus jeune âge, réponse avec Claudia Kespy-Yahi, directrice, Ruth Jornod, musicologue et Pierre Lemarquis, neurologue.


Pour en savoir plus :
Claudia Kespy-Yahi : Petite enfance : de la musique avant toute chose !, Edition Dunod
Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Editions Odile Jacob
Hervé Platel : Le cerveau musicien, Editions De Boeck Supérieur


Un podcast de Sacem Université et France Musique - 2021 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Sacem Université présente La petite musique du cerveau.

  • Speaker #1

    Bon alors on arrive, on est à Argenteuil. On arrive devant une des crèches musicales Cap Enfant. On va sonner à la porte. Bonjour, c'est Susanna et Nicolas pour le reportage. On ouvre la porte et on est dans le hall d'entrée où on voit un piano, un demi-queue. Ça annonce la couleur. On va entrer. Bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour, bienvenue à la crèche.

  • Speaker #1

    Au premier abord, la crèche Euclide à Argenteuil ressemble à n'importe quelle crèche d'entreprise à l'heure de l'accueil des enfants. Le doudou, la tétine, un bisou et à ce soir, les parents déposent tour à tour les bébés avant de repartir travailler. Et pourtant, cette crèche partage avec cinq autres crèches en région parisienne un projet pédagogique bien particulier. La musique est au centre des activités d'éveil des enfants. Ce matin-là, c'est le récital d'une soprano et d'un pianiste qui ouvre la journée. Un vrai petit concert, à cette différence près que les spectateurs et les spectatrices sont assis par terre ou allongés sur les genoux des puricultrices et que leur moyenne d'âge ne dépasse pas deux ans. Nous retrouvons dans la salle la directrice Claudia Kespy-Yahi et la musicologue Ruth Jornod qui accompagnent la mise en place du projet musical de la crèche.

  • Speaker #2

    Le fait de voir, d'entendre, de sentir à la fois une chanteuse et puis le piano aussi parce qu'après ils peuvent toucher le piano, sentir les vibrations etc. C'est un moment qui est très fort et dont ils parlent ensuite énormément en crèche. Les enfants répètent très longtemps.

  • Speaker #1

    Ils ont la possibilité d'écouter de la musique tous les jours ?

  • Speaker #2

    Oui, ils écoutent de la musique tous les jours au sein de la crèche, dans la bulle musicale et autour. Mais aussi, le piano est à disposition, est mis à disposition par le Festival d'Auvers. parents et il y a aussi des professionnels qui jouent tous les jours et donc on a des petits groupes d'enfants qui assistent à ces représentations musicales quotidiennement.

  • Speaker #1

    Combien de temps peuvent rester les tout-petits à écouter de la musique comme ça ?

  • Speaker #2

    Et bien là ça fait une demi-heure qu'ils sont là, ça peut varier mais en fait ils ont une capacité d'attention qui est absolument... décuplé de ce qui est normal. Normalement c'est cinq minutes mais là ils sont là depuis une demi-heure et vous voyez les enfants sont encore sagement assis, ils commencent un petit peu à bouger mais ils restent très centrés, très concentrés, très intéressés.

  • Speaker #0

    Ils ont besoin par le corps de vivre la musique. Donc un enfant qui se lève en plein milieu d'un concert ou d'un moment musical ça veut pas dire forcément qu'il en a marre. peut-être dire qu'il est en train de vivre une émotion et qu'il l'exprime par son corps en se levant ou parce qu'il sent du rythme et donc ça le fait bouger ça peut être d'aller chercher un copain parce qu'il vit quelque chose et qu'il a envie de le partager et c'est aussi peut-être qu'ils ont envie d'aller toucher le piano là et qu'il y a une grosse tentation d'aller essayer soi-même les touches du piano. Et puis dans leur cerveau, tout ce qu'ils emmagasinent comme nouveauté il y a beaucoup de choses qui Merci. qui se passent et donc ils ont besoin de temps. Et à cet âge-là, ils ont besoin de beaucoup plus de temps que ce qu'on imagine des fois. Et leur laisser le temps de vivre ces moments-là sans nous se précipiter à changer, ça leur donne la possibilité d'intégrer, de mémoriser, d'apprécier, d'y revenir, etc. C'est un va-et-vient interne.

  • Speaker #1

    Petit retour en arrière. C'est en 2005, à Gennevilliers, que la première crèche musicale Cap Enfant voit le jour. Lorsqu'elle imagine le projet, Claudia Kespi-Aï veut transmettre aux enfants sa propre expérience. Elle est franco-autrichienne, elle a grandi dans un environnement bilingue. Elle en a gardé une grande facilité à apprendre les langues étrangères et une richesse qu'elle veut inscrire dans son projet pédagogique. Intuitivement, elle a choisi la musique et elle explique pourquoi.

  • Speaker #2

    L'idée à la base de cette de cette pédagogie il y a dix ans, c'était de préparer les enfants au monde international, ça l'est toujours d'ailleurs, et d'utiliser la musique comme le langage universel pour permettre à l'enfant qui arrive avec une oreille excellente quand il naît, conserver au maximum ses capacités auditives et rester dans une bande de fréquences extrêmement large de capacités auditives. on sait que vers 8-10 mois le cerveau et l'oreille s'adaptent. Ensuite, il y a plusieurs paliers, notamment entre 18 mois et 3 ans. Puis, il y a un autre palier à 7 ans. Et plus l'enfant... On sait aussi, enfin, c'est un peu classique, Donc on dit que quand on a l'oreille musicale, on entend. on entend plus de choses et on comprend, on entend plus les langues et du coup on est en capacité de reproduire plus facilement les accents. Je me suis dit que la musique c'était neutre dans le sens où les parents n'allaient pas imaginer que les enfants allaient être bilingues à la sortie de la crèche ou qu'au contraire ils allaient tout mélanger, le français avec d'autres langues. Mais par contre on développait cette capacité auditive, cette concentration aussi, cette mémorisation, puis après Au cours des dix années, avec l'apparition des résultats des neurosciences, on s'est aperçu que la musique avait un impact direct sur le langage.

  • Speaker #1

    Quel est le lien entre la musique et le langage dont nous parle Claudia ? Dans son essai « Du son au sens » , dans l'ouvrage collectif « Préparer les petits à la maternelle » publié chez Odile Jacob, le neurologue Pierre Lemarquis explique qu'un nouveau-né perçoit sa langue maternelle comme une musique. Il est déjà sensibilisé aux variations de la hauteur et du timbre, mais surtout aux structures rythmiques sur lesquelles il va s'appuyer pour progressivement apprendre à parler.

  • Speaker #3

    On a plein d'éléments qui nous montrent qu'on chante avant de parler, et puis on apprend à parler grâce au rythme et puis à la mélodie d'une langue. On est déjà musicien avant que de parler, quand notre cerveau est câblé pour la musique, et c'est justement parce qu'on est plus câblé pour la musique qu'on va apprendre le langage avec ça. On a bien montré maintenant que le bébé va d'abord être sensibilisé au rythme. On n'entend pas autant de choses que ça, paraît-il, dans l'utérus, mais on entend le battement cardiaque, la respiration, les rythmes en musique qui sont complètement anthropomorphes. Ça suit vraiment les battements du cœur. Donc il y a déjà un rythme, et puis le bébé entend le rythme de la langue maternelle. Donc, le rythme en premier, oui, on a montré qu'un bébé va pleurer dans la langue de sa mère, il va crier dans la langue de sa mère, c'est-à-dire que si elle est allemande, ça a écrit « descendant » , et français, ça a écrit « ascendant » , et ça correspond… Le babyle des enfants, il aura l'accent de la langue maternelle, la langue dans laquelle il est immergé, donc on est complètement influencé.

  • Speaker #1

    Donc, par rapport à cette idée d'introduire la musique, Claudia a fait ça d'une façon complètement intuitive. Comment un neurologue peut expliquer l'importance ou la bonne idée d'exposer les enfants très tôt ?

  • Speaker #3

    C'est une superbe idée. On a montré que quand on écoute de la musique, ça développe le lobe temporal, celui qui est derrière l'oreille, celui qui permet de déchiffrer les sons. C'est une surspéciation de ce lobe temporal qui permet de déchiffrer le langage. Ça prépare vraiment au langage. Et puis dès que ce lobe se met en marche, il y a tout de suite le lobe frontal, notre beau lobe frontal qui nous distingue de l'animal, qui nous permet d'agir sur le monde, qui se met en route. Alors ce lobe frontal, dedans, il y a notamment la mémoire immédiate, la mémoire de travail. On a montré qu'un enfant... Stimulé par... Stimulé, tout de suite, tout de suite, parce que quand vous écoutez une musique, vous prenez du plaisir si vous vous souvenez un peu de ce que vous venez d'entendre. Soit elle vous réconforte, vous attendiez ça, vous êtes content, soit elles sont différentes, ça vous réveille. Les berceuses maternelles sont faites comme ça. Les mamans répètent, donc le bébé est en sécurité, il dort tranquillement, mais s'ils ne font que ça, il ne va pas se développer. Donc, une fois de temps en temps, dans le monde entier, le module, ça réveille le bébé. Et puis après, elles reprennent ces couplets-refreins. Quand il y a le refrain, ça rassure, mais il faut le couplet pour aller un peu plus loin, pour que ce ne soit pas monotone.

  • Speaker #1

    Si le rythme permet au nouveau-né d'accéder au sens, son oreille à la naissance est ouverte à toutes les langues. Petite leçon de psycho-acoustique avec Claudia Kispi-Aï.

  • Speaker #2

    On sait globalement que l'oreille est constituée de cils qui réagissent chacun à une fréquence. Donc ça, je le savais il y a dix ans aussi, je l'avais compris. Et que ces cils, que l'oreille est absolue quasiment quand l'enfant naît, et ensuite ça s'adapte. à l'environnement dans lequel l'enfant, enfin, aux sons dans lesquels l'enfant évolue. Et donc, plus il entend de sons qui sont en dehors d'un spectre qui est plus ou moins large, plus l'enfant aura une capacité à entendre des sons différents. Et s'il, donc, il entend des sons différents, il entendra plus facilement les sons des langues étrangères et donc les accents des langues étrangères, et donc... il va être en capacité à les répéter. Fort de ça, on utilise la musique, parce que c'est un spectre de sons, de fréquences sonores extrêmement larges et extrêmement variées. On utilise la musique. Elle diminue de fait, mais elle va diminuer. moins rapidement, puis on garde quand même une forme d'ouverture.

  • Speaker #1

    L'éveil à la musique développe chez les enfants à la fois l'orée musicale et l'attention soutenue aux différentes sonorités. Claudia en a profité pour imaginer un dispositif où les enfants pourront être acteurs dans la découverte sonore. Retour à la crèche Cap Enfant à Argenteuil.

  • Speaker #2

    La musique, c'est la langue universelle, c'est la langue de tous les pays. Donc on a pris la musique de chacun des pays, et les musiques sont tellement différentes. Et on a pris cette musique et du coup, on a créé des environnements sonores. Alors ces environnements sonores, on s'est dit, ce serait bien que les enfants entendent bien sûr des comptines, mais aussi la musique telle qu'ils l'entendraient s'ils étaient adultes dans ce pays-là. Qu'ils entendent des comptines, mais aussi des paroles d'adultes. Qu'ils entendent les ambiances là-bas. On va entendre les vélos en Chine, mais comme on va entendre le décollage d'une fusée ou comme on va entendre le bruit de la mer ou ce genre de choses. Et puis, les sons d'animaux, parce que les enfants, ils aiment bien aussi les sons d'animaux, puis ils sont tellement variés. Donc, on a défini comme ça des thématiques larges, et puis on les a catégorisées par voyage, par région. Du coup, on a créé des gammes d'images sonores que vous allez découvrir. Et en fait, on voulait aussi que les enfants les découvrent, et surtout que les enfants les découvrent en étant acteurs, c'est-à-dire que ce ne soit pas nous qui décidons, on appuie sur un bouton et puis ça diffuse une forme de musique et l'enfant est d'accord, il n'est pas d'accord, il a subi la musique. Alors que si c'est lui qui choisit, il est acteur, ça crée du plaisir, c'est beaucoup plus favorable pour attirer son attention, pour sa concentration et puis pour son apprentissage. Et donc, on a réfléchi, j'ai réfléchi à un endroit, j'avais fait un appel d'offre auprès de plusieurs architectes et puis il y a quelqu'un qui est arrivé avec une idée d'un igloo et j'ai trouvé cette idée assez super.

  • Speaker #1

    Alors on arrive à la bulle musicale, on cherche l'entrée. Il va falloir se faufiler Nicolas.

  • Speaker #2

    Coucou.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui va se passer ici ? Est-ce que vous pouvez déjà me décrire l'endroit où on se trouve ?

  • Speaker #0

    Alors on est dans la bulle musicale, qui est l'outil pédagogique de Cap Enfant. Donc on a créé, breveté. Donc là il y a un groupe dansant avec des claves qui sont en train de chanter, faire du rythme. et chanter toutes les comptines qu'ils connaissent. Donc la bulle c'est un endroit musical,

  • Speaker #1

    ça ressemble à un igloo en fait,

  • Speaker #0

    une sorte de demi-sphère, un igloo dans lequel ils viennent, tapis au sol, les parois sont matelassées, donc il y a vraiment ce côté cocon très agréable. Et dans les parois de la bulle, il y a des zones tactiles sur lesquelles les enfants vont appuyer pour déclencher des sons et une image qui est associée au son. Et en fait les enfants eux-mêmes viennent chercher de la musique, déclencher des sons quand ils ont envie d'en écouter, quand ils ont envie de danser, quand ils ont envie de se raconter des histoires, etc. Et dans la bulle, on a plein d'instruments de musique de plein de pays différents. Donc peut-être ceux qu'on connaît, nous, au niveau occidental, mais aussi on va entendre des flûtes, une balalaïka qui vient de Russie.

  • Speaker #1

    En fait, ce qu'on voit, on entend le son de la balalaïka, mais on voit aussi sur l'écran qui est dans la bulle la représentation de l'instrument de musique.

  • Speaker #0

    Et donc là, c'est la petite fille qui est là. qui a appuyé sur le capteur et qui a déclenché ce son. Donc là, hop, il y en a un autre qui va y aller. Et donc là, voilà, ils partent à la découverte des sons et des images associées qu'on peut mettre, qu'on peut retirer pour faire plein de jeux différents où ils vont pouvoir mémoriser les sons. les retranscrire, soit pour les plus grands qui ont la parole, donner le nom, ou alors imiter, mimer comment est-ce qu'on joue de l'instrument. Certains instruments de percussion donnent envie de danser, d'autres, des fois, on les voit qui s'allongent parce que c'est une flûte qui est toute douce, et on les voit qui réagissent aux différents sons en fonction de ce qu'ils ressentent et de ce qu'ils ont mémorisé, parce que ces sons sont utilisés aussi dans des histoires. Et du coup, les enfants, ce qu'ils vivent ici, ils l'emmènent dans leur section, ils l'emmènent avec eux dans d'autres activités.

  • Speaker #1

    Pour le dixième anniversaire du projet, Claudia a décidé d'impliquer les neurosciences. Avec la psycholinguiste Chantal Karachi, elle a entrepris une étude sur 50 enfants qui ont passé au moins 4 jours par semaine pendant 2 ans dans une des crèches Cap-Enfant. Les enfants, âgés aujourd'hui de 3 à 10 ans, venaient pour moitié de famille de cadre et pour moitié d'employés et ont tous passé les tests liés à l'expression orale, résolution des problèmes, mémoire et concentration.

  • Speaker #2

    Nous sommes aperçus que les enfants apprenaient beaucoup mieux le français, avaient plus de vocabulaire. avaient des notions abstraites, une réflexion abstraite, concentration mémoire plus développée. Et l'autre partie, de façon empirique, on s'apercevait de leur faculté de socialisation, de leur adaptation à leur environnement. Donc deux éléments, socialisation et acquisition du langage. Et donc logiquement, j'ai voulu savoir pourquoi ces enfants avaient ces facultés beaucoup plus développées, puisque les résultats de la recherche ont montré que les enfants avaient quasiment le double du vocabulaire de la moyenne nationale. Et il s'avère qu'effectivement, il n'y a pas d'effet milieu. Ça veut dire que les enfants, quel que soit leur arrière-plan, leur origine et leur origine sociale, il n'y a pas de différence sur les résultats. Et donc, on a cherché. Et en fait, je me suis aperçue de beaucoup de choses qui sont connues par les scientifiques, mais qui restent encore assez ancrées dans les laboratoires. En fait, les enfants naissent avec un cerveau musical, un cerveau câblé musicalement. Ça veut dire que quand ils naissent, ils vont détecter les sons et les rythmes et tout ça avec leur oreille musicale. Et c'est comme ça qu'ils vont apprendre le langage. Donc quand nous, dans nos crèches musicales, nous permettons à ces enfants d'entendre une multitude de sons, nous permettons à ces enfants qui, entre 0 et 1 an particulièrement, semblent ne pas interagir, En réalité, ils sont en train de se préparer à tout. à toutes ces gymnastiques d'association, de combinaison de sons, de mots, de rythmes qui les préparent à l'acquisition du langage. Donc ça, c'est une explication pour laquelle les enfants ont plus de vocabulaire. L'autre partie qui m'a encore plus étonnée, encore plus enthousiasmée, c'est cette histoire de socialisation. En fait, le rythme prépare à la socialisation. Pourquoi ? Parce que le rythme apprend l'enfant à se synchroniser. Et en se synchronisant, on rentre dans la relation humaine, dans l'interactivité de façon synchronisée. Là, vous m'écoutez, je parle. Après, vous allez parler, je vais vous écouter. Tous ces rapports-là, l'enfant est préparé à ça in utero. Donc, son et rythme, c'est de la musique. Et effectivement, la musique, c'est une fondation extraordinaire pour les enfants entre 0 et 3 ans, parce qu'on sait que ça a énormément d'impact cognitif. émotionnel et moteur.

  • Speaker #1

    C'était La Petite Musique du Cerveau, un podcast de SACEM Université. Merci à Claudia Kespy-Yahi, Ruth Jornod, Pierre Lemarquis et à tous les petits bouts de chou que nous avons rencontrés à la crèche Cap-Enfant. Merci aussi à Studio Time pour la prise de son et la réalisation. Dans le prochain épisode, on dansera le tango. A bientôt !

Chapters

  • Introduction à la crèche musicale Cap Enfant

    00:11

  • L'importance de la musique dans l'éveil des enfants

    00:39

  • Origine et philosophie de la crèche musicale

    03:49

  • Lien entre musique et langage selon les neurosciences

    05:40

  • La bulle musicale : un outil pédagogique innovant

    10:18

  • Étude sur l'impact de la musique sur le développement des enfants

    14:23

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