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Lait'Change #19 - Le Roquefort AOP avec François DURAND producteur de lait de brebis

Lait'Change #19 - Le Roquefort AOP avec François DURAND producteur de lait de brebis

24min |26/05/2025
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Lait'Change #19 - Le Roquefort AOP avec François DURAND producteur de lait de brebis

Lait'Change #19 - Le Roquefort AOP avec François DURAND producteur de lait de brebis

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Description

Cette année, le Roquefort célèbre ses 100 ans d'Appellation d'Origine Protégé !

À cette occasion, Lait’Change consacre une série exceptionnelle à ce fromage mythique, reconnu dans le monde entier pour sa puissance, son onctuosité… et ses caves légendaires.

Dans ce premier volet, nous partons à la rencontre de François Durand, éleveur de brebis laitières dans le petit village de Durenc, à l’ouest de Millau. Depuis plus de 40 ans, il élève ses brebis de race Lacaune sur les collines appelées « puèchs », dans un paysage aussi rude qu’attachant.


Avec passion et lucidité, François nous ouvre les portes de son quotidien : la traite à l’aube, l’équilibre des rations, les défis de la sécheresse, le lien avec sa laiterie… Mais aussi l’émotion d’avoir transmis l’exploitation à ses enfants, Maxime et Clémence, tout juste installée. Un témoignage vibrant et sincère, qui montre que derrière chaque bouchée de Roquefort, il y a des histoires de famille, de territoire et de transmission. À écouter pour mieux comprendre ce que veut dire produire du lait sous AOP Roquefort, à 800 mètres d’altitude, au rythme des brebis, du climat et de la passion.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Romain LE GAL

    Bienvenue sur Lait'Change, le podcast qui donne la parole aux actrices et aux acteurs de la filière laitière et fromagère. Je suis Romain LE GAL et nous allons démarrer un épisode un peu spécial. Cette année, nous allons fêter les 100 ans de la plus vieille appellation d'origine de France. Je parle évidemment du Roquefort. A cette occasion, nous allons vous proposer une série de deux épisodes sur ce fromage connu et reconnu dans le monde entier. Pour comprendre ce qui se cache... derrière chacune des bouchées de roquefort que nous mangeons, aujourd'hui nous partons à la rencontre de celles et ceux qui rendent cette magie possible, les éleveurs. Je suis parti à la fraîche ce matin pour rejoindre le petit village de Durenc à une heure à l'ouest de Millau, dans ce pays qui revêt un manteau verdoyant creusé de vallées occupées par des moulins à eau, des puèches, appelées également collines, et des boris. Les prairies y sont bordées d'eau bépine, de murier, de houe. Un beau cage entrecoupé de bois et de forêts essentiellement constituées de hêtres et de chênes, parmi lesquelles s'insèrent des plantations de conifères. Notre invité du jour, François Durand, du GAEC des Sonailles, va partager avec nous son quotidien d'éleveur de brebis laitières. Entre passion, tradition et défi, il nous dévoilera les coulisses de son métier, son lien avec son terroir et l'importance du lait dans la fabrication de ce romage emblématique. Bonjour François.

  • François DURAND

    Bonjour Romain.

  • Romain LE GAL

    Comment vas-tu ce matin ?

  • François DURAND

    Très bien.

  • Romain LE GAL

    Donc on est avec toi depuis quelques temps maintenant, ça fait plusieurs heures, on est arrivé vers 6h30 ce matin, au moment de la traite. François, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • François DURAND

    J'ai 58 ans, ça fait 40 ans que je suis spot-on sur la ferme de Père Bencousse. Ma grande fierté c'est d'avoir mes enfants avec moi depuis quelques temps, Maxime depuis 2016 et Clémence depuis janvier, début janvier.

  • Romain LE GAL

    Donc janvier 2025, nous citer C'est tout récent.

  • François DURAND

    C'est tout récent.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, l'exploitation, si tu peux la définir, la décrire en quelques mots.

  • François DURAND

    C'est une exploitation située à 800 mètres d'altitude, avec beaucoup de pâturage, quelques céréales pour le troupeau. C'est un terrain assez maigre puisqu'on est sur des pueches, ce qu'on appelle ici des pueches, des collines.

  • Romain LE GAL

    Je l'ai bien prononcé tout à l'heure ? Oui. À peu près ?

  • François DURAND

    Oui, très bien.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, tu fais de la brebis laitière ?

  • François DURAND

    billetière et on a quelques bovins bien pour les parcelles qui sont Pas adapté aux brebis laitières.

  • Romain LE GAL

    On reviendra sur les brebis laitières un petit peu plus tard. Et avant, toi, sur cette exploitation, c'était une exploitation familiale ?

  • François DURAND

    Oui, familiale. Mon père avait repris la propriété après-guerre, en 1946. Comme toutes les fermes à l'époque, Beauvins, Auvin, Cochon.

  • Romain LE GAL

    Et il l'avait reprise aussi de ses parents ?

  • François DURAND

    Il l'avait reprise de ses parents,

  • Romain LE GAL

    oui. Donc ici, il y a des durants depuis...

  • François DURAND

    Depuis 1922.

  • Romain LE GAL

    D'accord. Donc ça fait plus de 100 ans.

  • François DURAND

    Oui, c'est pas très long pour une exploitation familiale.

  • Romain LE GAL

    C'est déjà pas mal. Oui. Un siècle. Comme le Roquefort, finalement. Ben voilà. Et du coup, aujourd'hui, est-ce que tu pourrais nous décrire un peu ton quotidien d'éleveur ? Éleveur de brebis laitière.

  • François DURAND

    Oui, éleveur de brebis laitière, oui. Le quotidien hivernal, c'est... Ben, t'as bien vu, ce matin, on commence par la traite le matin à 6h45. La fourrache, je mens après. Une petite période de la journée où on est tranquille, où on se pose. Et on rataque l'après-midi sur les coups de 4h. avec de nouveau de l'affouragement et la traite à 5h moins le quart et à 7h.

  • Romain LE GAL

    Donc ça, c'est le rythme d'hiver ? Ça,

  • François DURAND

    c'est le rythme hivernal.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, après, ça évolue en fonction des périodes de l'année ? Oui,

  • François DURAND

    après, dès que tu arrives en février, il y a les travails extérieurs qui arrivent. Ici, on travaille beaucoup avec les effluents d'élevage, fumier, compost. On chole beaucoup puisqu'on a des terrains très acides.

  • Romain LE GAL

    Tu pourrais nous expliquer, c'est quoi choler pour ceux qui nous écoutent ?

  • François DURAND

    Mais on a des terrains acides donc qui manquent du calcium. On est obligé d'apporter du calcium si on veut avoir des prairies à base de luzerne et qu'elles durent dans le temps. Annuellement, on porte pour 75 hectares approximativement 30 tonnes de calcium, ce qui fait des 800 kg à 900 kg hectares. On passe à peu près l'ensemble de la propriété tous les deux ans.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, après, donc là on est en février, c'est quoi le reste des grandes... période de l'année ?

  • François DURAND

    Après, c'est les récoltes qui commencent fin avril, début mai. Depuis deux ans, des années pluvieuses, on a l'impression de faire que ça tout l'été. Du printemps au septembre, ça fait deux ans qu'on récolte sans arrêt. Ce n'est pas toujours le cas puisqu'on est des périodes, on est des terrains qui sont très peu profonds et dès qu'il fait sec, on est vraiment impacté par la sécheresse.

  • Romain LE GAL

    Et cette brebis, elle est très... toute l'année ? Comment fonctionne une brebis laitière ?

  • François DURAND

    La brebis laitière, elle est nôtre, elle met bas fin septembre. Elle reste avec leurs agneaux 5 semaines à peu près. On sèvre à ce moment-là les agnelles de renouvellement, les petites femelles. qui vont arriver dans un an pour la production laitière. Tous les mâles seront vendus à un petit ingresseur. Les autres femelles de renouvellement seront vendues pour la repro. Et la traite commencera effectivement au 1er novembre, puisque la laiterie ouvrera au 1er novembre.

  • Romain LE GAL

    Le temps de gestation d'une brebis, c'est combien de temps ?

  • François DURAND

    5 mois moins 8 jours.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, comment vous gérez la partie reproduction ?

  • François DURAND

    Alors la repro, ça se fait début mai ici, par insémination artificielle. Sur l'ensemble du troupeau, adultes et jeunes, les jeunes de Nant, tout le même jour, 400 et quelques brebis à l'insémination artificielle.

  • Romain LE GAL

    Et après, vous introduisez des béliers ?

  • François DURAND

    Oui, dix jours après, on introduit les béliers. Et après, tout se fera par monte naturelle.

  • Romain LE GAL

    Aujourd'hui, pour faire du lait pour le Roquefort, vous utilisez une race particulière. La lacone. La lacone. Est-ce que tu peux décrire un petit peu cette brebis, ses grandes caractéristiques ?

  • François DURAND

    Je pense que c'est une brebis qui s'adapte très bien au territoire. qui s'adaptent aussi bien à la sécheresse qu'aux zones un peu plus humides. Elles ne crèment pas trop le mauvais temps. Nous, on les a rendues peut-être un peu plus délicates maintenant, puisque on a des brebis qui produisent beaucoup plus qu'il y a 20 ans ou 30 ans.

  • Romain LE GAL

    Tu as vu l'évolution ?

  • François DURAND

    Oui, on a des brebis qui sont peut-être un peu moins rustiques, mais elles sont toujours rustiques. C'est une race qui s'adapte partout. On voit qu'on les porte un petit peu partout dans les pays limitrophes, Espagne, Italie, Grèce. C'est bien une brebis qui s'adapte un petit peu à tout type de... de climat et de sol.

  • Romain LE GAL

    Et aujourd'hui, une brebis, elle produit combien sur une saison ?

  • François DURAND

    Nous, on est à 450 litres l'année dernière, par brebis laitière.

  • Romain LE GAL

    Et si tu reviens, quand tu t'es installé ?

  • François DURAND

    Quand je me suis installé, on était à 160 litres en 1984.

  • Romain LE GAL

    Ah oui, donc il y a un sacré delta.

  • François DURAND

    Oui, il y a eu une évolution.

  • Romain LE GAL

    Quasiment fois trois.

  • François DURAND

    Oui, mais c'est général. Oui,

  • Romain LE GAL

    c'est général, mais c'est général. Et comment on fait ? Merci. C'est par rapport à l'alimentation ?

  • François DURAND

    L'alimentation joue beaucoup, puis la génétique aussi.

  • Romain LE GAL

    Et qu'est-ce qu'on donne à manger à nos brebis ? Donc en été, elles doivent aller dehors, elles vont en pâture ?

  • François DURAND

    Elles pâturent à partir du mois, fin mars, on met nos brebis dehors. On essaie de les faire pâturer un minimum de 4 heures pour dire que c'est un impact au niveau de la production laitière. Parce que l'herbe, c'est l'aliment, c'est le summum au niveau de la production laitière. C'est ce qu'il y a de mieux, qui revient le moins cher. après sa peinture ici il y en a pas mal de prairies naturelles puisqu'on a beaucoup de pentes. Ce n'est pas l'herbe qu'elles préfèrent. Elles préfèrent un bon riz granglé avec du trèfle blanc. Mais bon, elles n'ont pas le choix. Il faut qu'elles pâturent les prairies qui ne sont pas destinées à la fauche et qu'on ne peut pas mécaniser.

  • Romain LE GAL

    Et sur la partie hiver, du coup ?

  • François DURAND

    Sur la partie hiver, jusqu'à il y a 5-6 ans, on était en sec, on ne mangeait que du foin. Puis en ayant augmenté un peu les effectifs, Et il n'y a pas les bâtiments dimensionnés pour les effectifs qu'on a augmentés. On donne un petit peu d'enrubanage et un peu d'ensilage de maïs.

  • Romain LE GAL

    Donc les aliments fermentés sont autorisés dans le cahier des charges de l'AOP Roquefort. Et un petit peu de maïs et après ?

  • François DURAND

    Tout ce qui est ration à base d'orge, bouchons de luzerne. Puisqu'il faut bien savoir que pour qu'une brebis produise 450 litres, elle a une capacité d'ingestion assez limitée. Donc, il faut trouver des aliments qui sont un peu plus concentrés. C'est pour ça qu'on a de la ration orge, bouchon de luzerne, dredge de maïs.

  • Romain LE GAL

    Et aujourd'hui, par rapport au cahier des charges AOP, il y a des notions d'autonomie, d'autonomie fourragère. Est-ce que tu peux nous les donner ?

  • François DURAND

    Il ne faut pas dépasser les 200 kilos d'achat de concentré. Il faut acheter sur le rayon.

  • Romain LE GAL

    De la zone ?

  • François DURAND

    De la zone, pour ce qui est fourrage grossier, je pense. C'est tellement machinal que je crois que le cahier des charges, je ne l'ai pas intégré.

  • Romain LE GAL

    Tu le fais naturellement depuis tellement d'années. Oui,

  • François DURAND

    oui, oui.

  • Romain LE GAL

    Ton papa faisait aussi du lait qui était transformé en Roquefort ?

  • François DURAND

    Oui, oui. Depuis, on est entré chez Vernière depuis les origines, je pensais.

  • Romain LE GAL

    D'accord. Donc, toi, tu as toujours travaillé. Oui. Alors là, on va en revenir après avec une laiterie. Oui, oui. Aujourd'hui, toi, tu es ramassé par Vernière, mais on en parlera un peu plus tard. un petit peu plus tard. Et pour ceux qui ne connaissent pas la région, comment tu pourrais décrire ton terroir ?

  • François DURAND

    C'est toujours le meilleur, le plus beau. On a deux régions ici. On a du Ségala et du Lévesou. Le Ségala, ce sont des zones avec des terrains assez profonds. Et le Lévesou, c'est plus aride,

  • Romain LE GAL

    un peu plus froid,

  • François DURAND

    des terrains plus légers, plus pauvres. Et ici, on est vraiment sur la limite. On a des terres en bas de communes qui sont...

  • Romain LE GAL

    Qui sont pratiques pour l'éculture.

  • François DURAND

    Qui sont pratiques pour l'éculture. Et sur le haut, c'est pratique pour la peinture.

  • Romain LE GAL

    Donc, c'est pratique pour les brebis. Donc, idéalement, c'est...

  • François DURAND

    et situation. Pas le mot que je dirais, puisque l'idéal, ce serait d'avoir des terres à la bourrable un petit peu partout et pas avoir des cailloux à ramasser. Mais ce n'est pas le cas, on s'adapte.

  • Romain LE GAL

    Est-ce que dans ta vie d'éleveur, tu as eu, depuis que tu t'es installé, des événements marquants, que ce soit positifs ou que ce soit des événements négatifs qui ont marqué ta vie d'éleveur ?

  • François DURAND

    En 40 ans, j'ai vu pas mal d'évolutions. quand j'ai démarré euh... Mon papa avait 68 ans, donc c'était l'ancienne génération. On travaillait comme dans les années 70. Il a fallu évoluer.

  • Romain LE GAL

    Toi, ton côté d'apport, finalement, positif ? Oui,

  • François DURAND

    mais c'est allé très doucement puisqu'on n'avait pas les moyens. En 1984, je crois qu'on produisait dans les 360 hectolitres. C'était une misère. Tu sortais un salaire, mais il ne fallait pas aller au-delà.

  • Romain LE GAL

    Finalement au début c'était dur parce que... Oui,

  • François DURAND

    pas de bâtiment adapté à l'époque. J'ai fait ma bergerie en 1993. Après là du coup, tout décolle. La production décolle, les brebis sont mieux dans le bâtiment. Puis le problème c'est la production. On ne pouvait pas produire. On avait le bâtiment mais on ne pouvait pas produire.

  • Romain LE GAL

    C'est-à-dire ? Explique-nous.

  • François DURAND

    Le Roquefort a mis des références dans les années 87. Ils avaient pris la moyenne des trois dernières meilleures années je crois. Du coup, on était plafonnés. Je crois que j'avais 560 hectolitres.

  • Romain LE GAL

    Pour que tout le monde comprenne, tu avais un quota ?

  • François DURAND

    J'avais un quota avec trois prix de lait.

  • Romain LE GAL

    D'accord.

  • François DURAND

    Un prix Roquefort, un prix diversification et après un prix poudre de lait. C'était une misère. C'était 40 centimes. Plus tu faisais de poudre de lait, plus ton prix du lait baissait. Du coup, tu essayais d'en faire le moins possible, mais tu ne pouvais pas évoluer au niveau production.

  • Romain LE GAL

    Et ce système de quotas, ça a duré jusqu'à quand ?

  • François DURAND

    Jusqu'en 2015. 2016, Roquefort un peu implosé. Des nouvelles laiteries sont arrivées sur le territoire, ce qui a fait monter le prix du lait. Notre laiterie nous a donné des droits à produire. Un prix du lait un peu revalorisé, petit à petit. Et du coup, on est passé, je crois, de 900 hectolitres en 2016 à l'année dernière, 1900. Ce qui a permis à Maxime de s'installer et maintenant à Clémence.

  • Romain LE GAL

    Donc ça, on reviendra un petit peu à la partie de transition tout à l'heure. Et ça tombe bien, tu fais la transition avec le sujet qu'on va aborder maintenant. Aujourd'hui, tu as quelqu'un qui te collègue, donc une laiterie. Comment ça s'organise pour la relation avec la laiterie ? Comment ça fonctionne ?

  • François DURAND

    Après, je pense que depuis qu'on a les organisations de producteurs, on se retrouve assez régulièrement avec les producteurs en réunion.

  • Romain LE GAL

    Vous avez une organisation de producteurs, vous êtes combien de producteurs sur cette liste ?

  • François DURAND

    On est 53 dans la laiterie. Je pense qu'il y en a rien qu'un ou deux qui n'ont pas adhéré peut-être au...

  • Romain LE GAL

    Ok, donc en gros, c'est votre organisation de producteurs, c'est tous les producteurs qui livrent la laiterie, là aujourd'hui, Vernière. Aujourd'hui, toi, en tant que producteur, tu as des relations régulières avec Vernière ?

  • François DURAND

    La littorie, ça se limite souvent avec Adeline.

  • Romain LE GAL

    Adeline qui nous accompagne ce matin.

  • François DURAND

    Qui nous accompagne ce matin.

  • Romain LE GAL

    Alors tu as dit, Adeline, elle t'a souvent au téléphone. Pourquoi tu as Adeline au téléphone ?

  • François DURAND

    Parce que c'est elle qui suit un peu l'évolution de notre production en qualité.

  • Romain LE GAL

    Oui. Et donc, quand elle t'a appelé pour que je vienne te voir ce matin,

  • François DURAND

    Ah ouais, j'avais un gros souci, je me suis dit,

  • Romain LE GAL

    oh là là. Il y a eu un petit coup de stress.

  • François DURAND

    Ouais, salmonelle, butyrique, coliforme, voilà.

  • Romain LE GAL

    C'est ce qui était venu à l'esprit.

  • François DURAND

    Et puis finalement,

  • Romain LE GAL

    c'était que moi.

  • François DURAND

    Ouais, ouais.

  • Romain LE GAL

    Donc, c'était une bonne nouvelle.

  • François DURAND

    C'était bon, ouais.

  • Romain LE GAL

    Final, c'était un ascenseur émotionnel.

  • François DURAND

    Voilà.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, c'est elle, toi, principale. Oui, c'est la principale interlocutrice. Ouais, ouais. Et donc la laiterie, elle te ramasse... Tous les jours ?

  • François DURAND

    Quotidiennement, oui.

  • Romain LE GAL

    Pour ensuite transformer ton lait sur Bill Fringe Panna. Aujourd'hui, tu as des objectifs. Justement, tu parlais de qualité du lait. C'est quoi les objectifs de qualité du lait pour transformer en Roquefort ?

  • François DURAND

    Il faut savoir qu'on a une grille qualité. Si on est bon partout, on a une plus-value.

  • Romain LE GAL

    Et qu'est-ce qu'ils vous demandent, par exemple, pour avoir la plus-value ?

  • François DURAND

    Je crois que les critères, je ne les ai pas. Moi, j'essaie d'être assez bon. Il faut être bon. Il y a plusieurs germes dans le lait. Il y a les cellules somatiques, il y a les coliformes, il y a les butyriques. Ça se venduit souvent par les aliments humides, un rubanage ou un silage. Puis après, pour les qualités des litières aussi.

  • Romain LE GAL

    En ce moment, on le voyait ce matin, vous payez le matin et le soir pour que les gens...

  • François DURAND

    Pour prévenir, oui.

  • Romain LE GAL

    Pour que les brebis soient bien aussi en termes de bien-être animal. Est-ce que toi déjà, tu as visité la laiterie ou les caves d'affinage ?

  • François DURAND

    On a eu l'occasion, mais moi, je n'étais pas disponible le jour où ça s'est fait. Les caves d'affinerie, à part le bureau, je pense que je ne suis jamais rentré là où ils transforment.

  • Romain LE GAL

    Je pense que Jean-François ou Adeline qui nous entend, te proposons prochainement d'aller visiter et les caves d'affinage et la laiterie. Comme ça, ça permettra. Et toi, aujourd'hui, quand tu pars en vacances, tu prends un petit peu de vacances quand même ?

  • François DURAND

    Oui, on essaie de partir quelques jours,

  • Romain LE GAL

    oui. C'est l'avantage d'avoir les enfants aussi qui peuvent prendre, maintenant qu'ils sont même dans le projet.

  • François DURAND

    Même quand ils étaient petits, on essayait de partir. J'avais les voisins qui venaient faire le boulot.

  • Romain LE GAL

    Et c'est quoi ton sentiment quand tu vas voir un crémier fromager ou quand tu vois du Roquefort vernière dans d'autres régions ?

  • François DURAND

    Déjà, quand on va chez un fromager, on voit du vernière.

  • Romain LE GAL

    C'est déjà la première chose. On sort tout de suite ?

  • François DURAND

    Non, on ne sort pas tout de suite. Non, parce qu'on essaie quand même de... d'apprécier ce qui se fait sur le local, mais on regarde si on bat notre produit.

  • Romain LE GAL

    Dans l'avenir, ça va être quoi les plus gros enjeux ? C'est quoi les défis qui arrivent dans l'avenir par rapport à toi ? Comment tu as vu évoluer le métier ? Comment tu as vu évoluer aussi tout ce qui gravite autour ? On parle souvent de météo, on parle souvent...

  • François DURAND

    Nous, des défis, on en a un gros là. Et puisque, avec l'installation de Clémence, on redélocalise tous nos bâtiments. Et là-dessus se greffe, oui, le souci au niveau climatique. Parce qu'on s'aperçoit qu'on a des périodes très sèches, où ici c'est compliqué de faire du stock. Des périodes très pluvieuses, où c'est compliqué de faire de la qualité. Même avec un séchage, c'est très compliqué de faire de la qualité. Un fourrage, quand il pleut, on va croire que ça se fait tout seul. Mais oui, je pense que le plus gros défi, ce sera de s'adapter aux défis climatiques.

  • Romain LE GAL

    Pour toi, c'est... Ah ouais.

  • François DURAND

    C'est ce que j'appréhende le plus.

  • Romain LE GAL

    Est-ce que toi, tu as vu un peu la topographie changer dans le paysage sur ces 40 dernières années, justement par rapport à, on parle de réchauffement climatique, aujourd'hui dans la région, est-ce que tu as vu évoluer ?

  • François DURAND

    Ici, oui, parce qu'on était vraiment à la limite, on avait tout le temps de la neige. Ici, il y a 30 ans, on passait un mois sous la neige, maintenant c'est fini.

  • Romain LE GAL

    Aujourd'hui, on est début janvier.

  • François DURAND

    Ça a blanchi un matin, mais c'est tout. On n'a pas vu de neige encore.

  • Romain LE GAL

    Donc des hivers beaucoup moins rudes.

  • François DURAND

    Beaucoup moins rudes, beaucoup plus pluvieux.

  • Romain LE GAL

    Et ça a impacté quoi sur ta production ?

  • François DURAND

    Ça n'impacte pas grand-chose, si tu veux, pour le moment. C'est simplement que ça change. Tu te dis que le midi est très sec. Est-ce que dans 20 ans, ce ne sera pas le cas ici ? On se demande, on investit, mais on a toujours cette arrière-pensée. Est-ce qu'on vivra toujours un entrantant comme on vit aujourd'hui ? Est-ce qu'il ne faudra pas aller chercher des entrants plus loin ? Peut-être que ça peut être l'inverse. On peut avoir un climat très pluvieux comme on l'a eu. On ne sait pas trop.

  • Romain LE GAL

    Il y a des variations qui sont très changeantes.

  • François DURAND

    Très changeantes, oui.

  • Romain LE GAL

    On n'a plus de grandes règles. Non. C'est un sujet sur lequel j'échange souvent avec les producteurs. Maintenant, on n'a plus réellement les quatre saisons. Non, non. On en a deux. Voilà. On a l'hiver et on a l'été. Il n'y a plus la transition à l'été. Très soudaine, très brusque. Très vite, oui. Et puis on peut avoir un retour en arrière aussi rapide.

  • François DURAND

    Voilà, c'est ça.

  • Romain LE GAL

    Donc là, toi, tu as la chance d'avoir une nouvelle génération qui arrive. Comment tu accompagnes tes enfants dans cette transmission ? Est-ce que ça a toujours été un projet qui te rejoigne sur l'exploitation ?

  • François DURAND

    Moi, ça a toujours été dans mes attentes, que mes enfants s'intéressent à l'agriculture. Moi, je suis très agricole, très éleveur.

  • Romain LE GAL

    Très éleveur ?

  • François DURAND

    Pas très matériel, très éleveur.

  • Romain LE GAL

    Donc finalement, tu les as incités à venir ?

  • François DURAND

    Incités, mais je pense que ça s'est fait tout seul, puisque mon petit, déjà, il suivait le mouvement.

  • Romain LE GAL

    Et qu'est-ce que tu peux leur souhaiter ? Parce que là, toi, tu vas les accompagner, tu n'es pas encore à la retraite ? Non. Ton papa, tu me disais qu'il t'a accompagné sur l'exploitation, jusqu'à quel âge ?

  • François DURAND

    Jusqu'à 85 ans.

  • Romain LE GAL

    Donc, tu as encore un petit peu de temps à travailler ? Oui, oui.

  • François DURAND

    Oui, oui. Après ça, moi, de toute façon, je m'ennuierais ici si je ne fais rien.

  • Romain LE GAL

    Tu ne te vois pas arrêté ? De toute façon, tu es né avec les brebis. Tu ne te vois pas, et pour toi, il n'y a pas de question réellement de retraite ?

  • François DURAND

    Non, je ne pense pas, non. Je trouverais d'autres occupations, peut-être, mais bon...

  • Romain LE GAL

    Faire du bois ?

  • François DURAND

    Le bois, le jardinage, la rigueur.

  • Romain LE GAL

    Et toi, cette reprise, elle est dans un cadre familial ? Aujourd'hui, est-ce que dans la région, il y a des reprises qui sont faites hors cadre familial ? Est-ce que finalement, il y a des possibilités pour des jeunes de venir, s'ils sont passionnés, s'investir ?

  • François DURAND

    Je pense qu'il y aura des possibilités, puisque on s'aperçoit qu'au niveau agricole, il y a beaucoup de fils agriculteurs qui ne reprennent pas. Il y a des exploitations vacantes et il y a des jeunes hors cadre qui ont vraiment le goût de l'élevage et de l'agriculture. Et si les sédans sont assez favorables à installer des jeunes hors cadre, s'ils leur font des faveurs, qu'ils essayent de les accompagner, ça se fera. Mais il ne faut pas être trop gourmand.

  • Romain LE GAL

    Toi, comment tu pourrais motiver s'il y a des gens qui nous écoutent, des jeunes ? Qu'est-ce que tu pourrais leur dire pour les motiver à rejoindre ce métier d'éleveur ?

  • François DURAND

    Déjà, pour connaître, il faut s'impliquer, soit faire des stages.

  • Romain LE GAL

    S'il y a quelqu'un qui est intéressé, il peut te contacter pour venir faire un stage ?

  • François DURAND

    Là, on a un jeune stagiaire, on en avait eu un l'année dernière. C'est le troisième qu'on prend. Moi, je n'étais pas très stagiaire à l'époque. Quand j'étais tout seul, c'était compliqué d'accompagner quelqu'un. Bon, maintenant, c'est différent. On est plusieurs. on arriva Ça m'occupait, parce que quand tu as quelqu'un sur une exploitation, tu es obligé de passer du temps, de lui montrer.

  • Romain LE GAL

    Tu as fait aussi partie du rôle d'un maître d'étage, de justement transmettre. Là, tu as parlé de transmission. Donc aujourd'hui, tu penses que la clé, c'est par la transmission.

  • François DURAND

    C'est par la transmission, oui.

  • Romain LE GAL

    Et par la passion.

  • François DURAND

    Et la passion aussi. Enfin, un jeune qui a la passion des animaux, déjà... Mais il faut la passion de l'élevage. Pour faire des brebis laitiens, il faut la passion de l'élevage. Tu ne vas pas venir sur une propriété si tu aimes conduire que le tracteur.

  • Romain LE GAL

    Sur ce type de propriété, non. Sur ce type de propriété,

  • François DURAND

    il faut rester leveur.

  • Romain LE GAL

    Ce n'est pas la bonne région. Et toi, si tu devais donner un symbole de ton attachement à ton métier, ça serait quoi ?

  • François DURAND

    Tu me poses une école.

  • Romain LE GAL

    Qu'est-ce qui fait que tu es attaché à ce métier ?

  • François DURAND

    Déjà, c'est la liberté de faire ce que je veux.

  • Romain LE GAL

    On ne t'embête pas ?

  • François DURAND

    On ne m'embête pas, oui. On a des contraintes au niveau réglementation, mais je fais ce que je veux.

  • Romain LE GAL

    Tu es chez toi, tu es le patron et tu fais ce que tu veux.

  • François DURAND

    Si je vais aller faire la sieste, je vais faire la sieste.

  • Romain LE GAL

    La gestion du temps.

  • François DURAND

    La gestion du temps, oui.

  • Romain LE GAL

    Ça, c'est une liberté qui est importante.

  • François DURAND

    Il y a des contraintes du boulot, ça c'est sûr. Mais après la journée, si on veut se poser, si on va aller se promener, on peut.

  • Romain LE GAL

    Si tu devais garder un seul moment de ta vie d'éleveur, ça serait lequel ?

  • François DURAND

    Je pense que c'est le jour où mes enfants sont rentrés sur le Gaïc.

  • Romain LE GAL

    Donc finalement, la deuxième plus grande fête, c'était il n'y a pas si longtemps que ça.

  • François DURAND

    Pour la transmission de mon père. Mon père, c'était...

  • Romain LE GAL

    C'était ? C'était quelque chose qui tenait à cœur de vraiment revenir sur l'exploitation. On va pleurer tous les deux, François. Si tu pleures, je pleure. Bon, et toi, comment tu dégustes le Roquefort ? Parce que t'en manges deux fois par jour, mais tu le dégustes comment ?

  • François DURAND

    Je le déguste... Alors, il y en a beaucoup qui mettent de la confiture, moi non. Moi, c'est un bon pain de campagne.

  • Romain LE GAL

    Et du Roquefort.

  • François DURAND

    Et du Roquefort.

  • Romain LE GAL

    Tu ne manges pas le roquefort tout seul ? Tu l'accompagnes forcément ?

  • François DURAND

    Ah, il faut du pain.

  • Romain LE GAL

    Et dans la région, on le consomme comment majoritairement, le roquefort ?

  • François DURAND

    Le roquefort, c'est ça, ça veut dire du bon pain de campagne. Après, les érudits, peut-être, prennent de la confiture, de mûres ou de broseilles.

  • Romain LE GAL

    Les érudits, complètement, les érudits.

  • François DURAND

    Mais bon, moi non, moi je suis... C'est terroir, c'est pain de campagne et une bonne couche de roquefort. Il y en a qui rajoutent du beurre, mais bon, non.

  • Romain LE GAL

    Pour finir sur une question bonus, François, c'est quoi ta pizza préférée ?

  • François DURAND

    Bon, moi, je dis pizza, mais je ne suis pas très pizza.

  • Romain LE GAL

    Et si tu devais en choisir une ?

  • François DURAND

    Magritte canard.

  • Romain LE GAL

    Une pizza au magritte canard. D'accord.

  • François DURAND

    Parce qu'on a une pizza YOLO qui vient sur du Rhin, qui fait de bonnes pizzas avec du magritte canard.

  • Romain LE GAL

    Donc, du coup, c'est ta pizza préférée ?

  • François DURAND

    Oui, c'est ma pizza préférée, oui.

  • Romain LE GAL

    Merci beaucoup d'avoir pris le temps.

  • François DURAND

    Merci à toi d'être venu.

  • Romain LE GAL

    Merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous accueillir ce matin. Merci à vous de nous avoir écoutés. J'espère que cet épisode vous a plu. On se retrouve dès la semaine prochaine pour un nouvel épisode sur cette série spéciale consacrée au Roquefort. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires, à partager cet épisode et à nous mettre plein d'étoiles sur les plateformes d'écoute. Je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode de l'Échange.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de François DURAND

    01:26

  • Le métier d'éleveur de Brebis laitière

    02:59

  • Comment fonctionne une Brebis laitière ?

    04:44

  • Les Brebis de race Lacaune

    05:43

  • Que mangent les Brebis ?

    06:59

  • Comment décrire la région ?

    09:22

  • Les grands événements de sa vie d'éleveur

    10:20

  • Comment s'organise la relation avec une laiterie ?

    12:35

  • Les enjeux de demain ?

    16:01

  • Les effets du réchauffement climatique

    16:54

  • La transmission du savoir

    18:20

  • S'implanter en tant que producteur de lait de brebis ?

    19:41

  • Le secret de l'attachement au métier ?

    21:34

  • Ton plus beau jour en tant qu'éleveur ?

    22:03

  • Comment mange-t-on le Roquefort AOP ?

    22:40

  • LA dernière question !

    23:17

  • Conclusion

    23:38

Description

Cette année, le Roquefort célèbre ses 100 ans d'Appellation d'Origine Protégé !

À cette occasion, Lait’Change consacre une série exceptionnelle à ce fromage mythique, reconnu dans le monde entier pour sa puissance, son onctuosité… et ses caves légendaires.

Dans ce premier volet, nous partons à la rencontre de François Durand, éleveur de brebis laitières dans le petit village de Durenc, à l’ouest de Millau. Depuis plus de 40 ans, il élève ses brebis de race Lacaune sur les collines appelées « puèchs », dans un paysage aussi rude qu’attachant.


Avec passion et lucidité, François nous ouvre les portes de son quotidien : la traite à l’aube, l’équilibre des rations, les défis de la sécheresse, le lien avec sa laiterie… Mais aussi l’émotion d’avoir transmis l’exploitation à ses enfants, Maxime et Clémence, tout juste installée. Un témoignage vibrant et sincère, qui montre que derrière chaque bouchée de Roquefort, il y a des histoires de famille, de territoire et de transmission. À écouter pour mieux comprendre ce que veut dire produire du lait sous AOP Roquefort, à 800 mètres d’altitude, au rythme des brebis, du climat et de la passion.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Romain LE GAL

    Bienvenue sur Lait'Change, le podcast qui donne la parole aux actrices et aux acteurs de la filière laitière et fromagère. Je suis Romain LE GAL et nous allons démarrer un épisode un peu spécial. Cette année, nous allons fêter les 100 ans de la plus vieille appellation d'origine de France. Je parle évidemment du Roquefort. A cette occasion, nous allons vous proposer une série de deux épisodes sur ce fromage connu et reconnu dans le monde entier. Pour comprendre ce qui se cache... derrière chacune des bouchées de roquefort que nous mangeons, aujourd'hui nous partons à la rencontre de celles et ceux qui rendent cette magie possible, les éleveurs. Je suis parti à la fraîche ce matin pour rejoindre le petit village de Durenc à une heure à l'ouest de Millau, dans ce pays qui revêt un manteau verdoyant creusé de vallées occupées par des moulins à eau, des puèches, appelées également collines, et des boris. Les prairies y sont bordées d'eau bépine, de murier, de houe. Un beau cage entrecoupé de bois et de forêts essentiellement constituées de hêtres et de chênes, parmi lesquelles s'insèrent des plantations de conifères. Notre invité du jour, François Durand, du GAEC des Sonailles, va partager avec nous son quotidien d'éleveur de brebis laitières. Entre passion, tradition et défi, il nous dévoilera les coulisses de son métier, son lien avec son terroir et l'importance du lait dans la fabrication de ce romage emblématique. Bonjour François.

  • François DURAND

    Bonjour Romain.

  • Romain LE GAL

    Comment vas-tu ce matin ?

  • François DURAND

    Très bien.

  • Romain LE GAL

    Donc on est avec toi depuis quelques temps maintenant, ça fait plusieurs heures, on est arrivé vers 6h30 ce matin, au moment de la traite. François, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • François DURAND

    J'ai 58 ans, ça fait 40 ans que je suis spot-on sur la ferme de Père Bencousse. Ma grande fierté c'est d'avoir mes enfants avec moi depuis quelques temps, Maxime depuis 2016 et Clémence depuis janvier, début janvier.

  • Romain LE GAL

    Donc janvier 2025, nous citer C'est tout récent.

  • François DURAND

    C'est tout récent.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, l'exploitation, si tu peux la définir, la décrire en quelques mots.

  • François DURAND

    C'est une exploitation située à 800 mètres d'altitude, avec beaucoup de pâturage, quelques céréales pour le troupeau. C'est un terrain assez maigre puisqu'on est sur des pueches, ce qu'on appelle ici des pueches, des collines.

  • Romain LE GAL

    Je l'ai bien prononcé tout à l'heure ? Oui. À peu près ?

  • François DURAND

    Oui, très bien.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, tu fais de la brebis laitière ?

  • François DURAND

    billetière et on a quelques bovins bien pour les parcelles qui sont Pas adapté aux brebis laitières.

  • Romain LE GAL

    On reviendra sur les brebis laitières un petit peu plus tard. Et avant, toi, sur cette exploitation, c'était une exploitation familiale ?

  • François DURAND

    Oui, familiale. Mon père avait repris la propriété après-guerre, en 1946. Comme toutes les fermes à l'époque, Beauvins, Auvin, Cochon.

  • Romain LE GAL

    Et il l'avait reprise aussi de ses parents ?

  • François DURAND

    Il l'avait reprise de ses parents,

  • Romain LE GAL

    oui. Donc ici, il y a des durants depuis...

  • François DURAND

    Depuis 1922.

  • Romain LE GAL

    D'accord. Donc ça fait plus de 100 ans.

  • François DURAND

    Oui, c'est pas très long pour une exploitation familiale.

  • Romain LE GAL

    C'est déjà pas mal. Oui. Un siècle. Comme le Roquefort, finalement. Ben voilà. Et du coup, aujourd'hui, est-ce que tu pourrais nous décrire un peu ton quotidien d'éleveur ? Éleveur de brebis laitière.

  • François DURAND

    Oui, éleveur de brebis laitière, oui. Le quotidien hivernal, c'est... Ben, t'as bien vu, ce matin, on commence par la traite le matin à 6h45. La fourrache, je mens après. Une petite période de la journée où on est tranquille, où on se pose. Et on rataque l'après-midi sur les coups de 4h. avec de nouveau de l'affouragement et la traite à 5h moins le quart et à 7h.

  • Romain LE GAL

    Donc ça, c'est le rythme d'hiver ? Ça,

  • François DURAND

    c'est le rythme hivernal.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, après, ça évolue en fonction des périodes de l'année ? Oui,

  • François DURAND

    après, dès que tu arrives en février, il y a les travails extérieurs qui arrivent. Ici, on travaille beaucoup avec les effluents d'élevage, fumier, compost. On chole beaucoup puisqu'on a des terrains très acides.

  • Romain LE GAL

    Tu pourrais nous expliquer, c'est quoi choler pour ceux qui nous écoutent ?

  • François DURAND

    Mais on a des terrains acides donc qui manquent du calcium. On est obligé d'apporter du calcium si on veut avoir des prairies à base de luzerne et qu'elles durent dans le temps. Annuellement, on porte pour 75 hectares approximativement 30 tonnes de calcium, ce qui fait des 800 kg à 900 kg hectares. On passe à peu près l'ensemble de la propriété tous les deux ans.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, après, donc là on est en février, c'est quoi le reste des grandes... période de l'année ?

  • François DURAND

    Après, c'est les récoltes qui commencent fin avril, début mai. Depuis deux ans, des années pluvieuses, on a l'impression de faire que ça tout l'été. Du printemps au septembre, ça fait deux ans qu'on récolte sans arrêt. Ce n'est pas toujours le cas puisqu'on est des périodes, on est des terrains qui sont très peu profonds et dès qu'il fait sec, on est vraiment impacté par la sécheresse.

  • Romain LE GAL

    Et cette brebis, elle est très... toute l'année ? Comment fonctionne une brebis laitière ?

  • François DURAND

    La brebis laitière, elle est nôtre, elle met bas fin septembre. Elle reste avec leurs agneaux 5 semaines à peu près. On sèvre à ce moment-là les agnelles de renouvellement, les petites femelles. qui vont arriver dans un an pour la production laitière. Tous les mâles seront vendus à un petit ingresseur. Les autres femelles de renouvellement seront vendues pour la repro. Et la traite commencera effectivement au 1er novembre, puisque la laiterie ouvrera au 1er novembre.

  • Romain LE GAL

    Le temps de gestation d'une brebis, c'est combien de temps ?

  • François DURAND

    5 mois moins 8 jours.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, comment vous gérez la partie reproduction ?

  • François DURAND

    Alors la repro, ça se fait début mai ici, par insémination artificielle. Sur l'ensemble du troupeau, adultes et jeunes, les jeunes de Nant, tout le même jour, 400 et quelques brebis à l'insémination artificielle.

  • Romain LE GAL

    Et après, vous introduisez des béliers ?

  • François DURAND

    Oui, dix jours après, on introduit les béliers. Et après, tout se fera par monte naturelle.

  • Romain LE GAL

    Aujourd'hui, pour faire du lait pour le Roquefort, vous utilisez une race particulière. La lacone. La lacone. Est-ce que tu peux décrire un petit peu cette brebis, ses grandes caractéristiques ?

  • François DURAND

    Je pense que c'est une brebis qui s'adapte très bien au territoire. qui s'adaptent aussi bien à la sécheresse qu'aux zones un peu plus humides. Elles ne crèment pas trop le mauvais temps. Nous, on les a rendues peut-être un peu plus délicates maintenant, puisque on a des brebis qui produisent beaucoup plus qu'il y a 20 ans ou 30 ans.

  • Romain LE GAL

    Tu as vu l'évolution ?

  • François DURAND

    Oui, on a des brebis qui sont peut-être un peu moins rustiques, mais elles sont toujours rustiques. C'est une race qui s'adapte partout. On voit qu'on les porte un petit peu partout dans les pays limitrophes, Espagne, Italie, Grèce. C'est bien une brebis qui s'adapte un petit peu à tout type de... de climat et de sol.

  • Romain LE GAL

    Et aujourd'hui, une brebis, elle produit combien sur une saison ?

  • François DURAND

    Nous, on est à 450 litres l'année dernière, par brebis laitière.

  • Romain LE GAL

    Et si tu reviens, quand tu t'es installé ?

  • François DURAND

    Quand je me suis installé, on était à 160 litres en 1984.

  • Romain LE GAL

    Ah oui, donc il y a un sacré delta.

  • François DURAND

    Oui, il y a eu une évolution.

  • Romain LE GAL

    Quasiment fois trois.

  • François DURAND

    Oui, mais c'est général. Oui,

  • Romain LE GAL

    c'est général, mais c'est général. Et comment on fait ? Merci. C'est par rapport à l'alimentation ?

  • François DURAND

    L'alimentation joue beaucoup, puis la génétique aussi.

  • Romain LE GAL

    Et qu'est-ce qu'on donne à manger à nos brebis ? Donc en été, elles doivent aller dehors, elles vont en pâture ?

  • François DURAND

    Elles pâturent à partir du mois, fin mars, on met nos brebis dehors. On essaie de les faire pâturer un minimum de 4 heures pour dire que c'est un impact au niveau de la production laitière. Parce que l'herbe, c'est l'aliment, c'est le summum au niveau de la production laitière. C'est ce qu'il y a de mieux, qui revient le moins cher. après sa peinture ici il y en a pas mal de prairies naturelles puisqu'on a beaucoup de pentes. Ce n'est pas l'herbe qu'elles préfèrent. Elles préfèrent un bon riz granglé avec du trèfle blanc. Mais bon, elles n'ont pas le choix. Il faut qu'elles pâturent les prairies qui ne sont pas destinées à la fauche et qu'on ne peut pas mécaniser.

  • Romain LE GAL

    Et sur la partie hiver, du coup ?

  • François DURAND

    Sur la partie hiver, jusqu'à il y a 5-6 ans, on était en sec, on ne mangeait que du foin. Puis en ayant augmenté un peu les effectifs, Et il n'y a pas les bâtiments dimensionnés pour les effectifs qu'on a augmentés. On donne un petit peu d'enrubanage et un peu d'ensilage de maïs.

  • Romain LE GAL

    Donc les aliments fermentés sont autorisés dans le cahier des charges de l'AOP Roquefort. Et un petit peu de maïs et après ?

  • François DURAND

    Tout ce qui est ration à base d'orge, bouchons de luzerne. Puisqu'il faut bien savoir que pour qu'une brebis produise 450 litres, elle a une capacité d'ingestion assez limitée. Donc, il faut trouver des aliments qui sont un peu plus concentrés. C'est pour ça qu'on a de la ration orge, bouchon de luzerne, dredge de maïs.

  • Romain LE GAL

    Et aujourd'hui, par rapport au cahier des charges AOP, il y a des notions d'autonomie, d'autonomie fourragère. Est-ce que tu peux nous les donner ?

  • François DURAND

    Il ne faut pas dépasser les 200 kilos d'achat de concentré. Il faut acheter sur le rayon.

  • Romain LE GAL

    De la zone ?

  • François DURAND

    De la zone, pour ce qui est fourrage grossier, je pense. C'est tellement machinal que je crois que le cahier des charges, je ne l'ai pas intégré.

  • Romain LE GAL

    Tu le fais naturellement depuis tellement d'années. Oui,

  • François DURAND

    oui, oui.

  • Romain LE GAL

    Ton papa faisait aussi du lait qui était transformé en Roquefort ?

  • François DURAND

    Oui, oui. Depuis, on est entré chez Vernière depuis les origines, je pensais.

  • Romain LE GAL

    D'accord. Donc, toi, tu as toujours travaillé. Oui. Alors là, on va en revenir après avec une laiterie. Oui, oui. Aujourd'hui, toi, tu es ramassé par Vernière, mais on en parlera un peu plus tard. un petit peu plus tard. Et pour ceux qui ne connaissent pas la région, comment tu pourrais décrire ton terroir ?

  • François DURAND

    C'est toujours le meilleur, le plus beau. On a deux régions ici. On a du Ségala et du Lévesou. Le Ségala, ce sont des zones avec des terrains assez profonds. Et le Lévesou, c'est plus aride,

  • Romain LE GAL

    un peu plus froid,

  • François DURAND

    des terrains plus légers, plus pauvres. Et ici, on est vraiment sur la limite. On a des terres en bas de communes qui sont...

  • Romain LE GAL

    Qui sont pratiques pour l'éculture.

  • François DURAND

    Qui sont pratiques pour l'éculture. Et sur le haut, c'est pratique pour la peinture.

  • Romain LE GAL

    Donc, c'est pratique pour les brebis. Donc, idéalement, c'est...

  • François DURAND

    et situation. Pas le mot que je dirais, puisque l'idéal, ce serait d'avoir des terres à la bourrable un petit peu partout et pas avoir des cailloux à ramasser. Mais ce n'est pas le cas, on s'adapte.

  • Romain LE GAL

    Est-ce que dans ta vie d'éleveur, tu as eu, depuis que tu t'es installé, des événements marquants, que ce soit positifs ou que ce soit des événements négatifs qui ont marqué ta vie d'éleveur ?

  • François DURAND

    En 40 ans, j'ai vu pas mal d'évolutions. quand j'ai démarré euh... Mon papa avait 68 ans, donc c'était l'ancienne génération. On travaillait comme dans les années 70. Il a fallu évoluer.

  • Romain LE GAL

    Toi, ton côté d'apport, finalement, positif ? Oui,

  • François DURAND

    mais c'est allé très doucement puisqu'on n'avait pas les moyens. En 1984, je crois qu'on produisait dans les 360 hectolitres. C'était une misère. Tu sortais un salaire, mais il ne fallait pas aller au-delà.

  • Romain LE GAL

    Finalement au début c'était dur parce que... Oui,

  • François DURAND

    pas de bâtiment adapté à l'époque. J'ai fait ma bergerie en 1993. Après là du coup, tout décolle. La production décolle, les brebis sont mieux dans le bâtiment. Puis le problème c'est la production. On ne pouvait pas produire. On avait le bâtiment mais on ne pouvait pas produire.

  • Romain LE GAL

    C'est-à-dire ? Explique-nous.

  • François DURAND

    Le Roquefort a mis des références dans les années 87. Ils avaient pris la moyenne des trois dernières meilleures années je crois. Du coup, on était plafonnés. Je crois que j'avais 560 hectolitres.

  • Romain LE GAL

    Pour que tout le monde comprenne, tu avais un quota ?

  • François DURAND

    J'avais un quota avec trois prix de lait.

  • Romain LE GAL

    D'accord.

  • François DURAND

    Un prix Roquefort, un prix diversification et après un prix poudre de lait. C'était une misère. C'était 40 centimes. Plus tu faisais de poudre de lait, plus ton prix du lait baissait. Du coup, tu essayais d'en faire le moins possible, mais tu ne pouvais pas évoluer au niveau production.

  • Romain LE GAL

    Et ce système de quotas, ça a duré jusqu'à quand ?

  • François DURAND

    Jusqu'en 2015. 2016, Roquefort un peu implosé. Des nouvelles laiteries sont arrivées sur le territoire, ce qui a fait monter le prix du lait. Notre laiterie nous a donné des droits à produire. Un prix du lait un peu revalorisé, petit à petit. Et du coup, on est passé, je crois, de 900 hectolitres en 2016 à l'année dernière, 1900. Ce qui a permis à Maxime de s'installer et maintenant à Clémence.

  • Romain LE GAL

    Donc ça, on reviendra un petit peu à la partie de transition tout à l'heure. Et ça tombe bien, tu fais la transition avec le sujet qu'on va aborder maintenant. Aujourd'hui, tu as quelqu'un qui te collègue, donc une laiterie. Comment ça s'organise pour la relation avec la laiterie ? Comment ça fonctionne ?

  • François DURAND

    Après, je pense que depuis qu'on a les organisations de producteurs, on se retrouve assez régulièrement avec les producteurs en réunion.

  • Romain LE GAL

    Vous avez une organisation de producteurs, vous êtes combien de producteurs sur cette liste ?

  • François DURAND

    On est 53 dans la laiterie. Je pense qu'il y en a rien qu'un ou deux qui n'ont pas adhéré peut-être au...

  • Romain LE GAL

    Ok, donc en gros, c'est votre organisation de producteurs, c'est tous les producteurs qui livrent la laiterie, là aujourd'hui, Vernière. Aujourd'hui, toi, en tant que producteur, tu as des relations régulières avec Vernière ?

  • François DURAND

    La littorie, ça se limite souvent avec Adeline.

  • Romain LE GAL

    Adeline qui nous accompagne ce matin.

  • François DURAND

    Qui nous accompagne ce matin.

  • Romain LE GAL

    Alors tu as dit, Adeline, elle t'a souvent au téléphone. Pourquoi tu as Adeline au téléphone ?

  • François DURAND

    Parce que c'est elle qui suit un peu l'évolution de notre production en qualité.

  • Romain LE GAL

    Oui. Et donc, quand elle t'a appelé pour que je vienne te voir ce matin,

  • François DURAND

    Ah ouais, j'avais un gros souci, je me suis dit,

  • Romain LE GAL

    oh là là. Il y a eu un petit coup de stress.

  • François DURAND

    Ouais, salmonelle, butyrique, coliforme, voilà.

  • Romain LE GAL

    C'est ce qui était venu à l'esprit.

  • François DURAND

    Et puis finalement,

  • Romain LE GAL

    c'était que moi.

  • François DURAND

    Ouais, ouais.

  • Romain LE GAL

    Donc, c'était une bonne nouvelle.

  • François DURAND

    C'était bon, ouais.

  • Romain LE GAL

    Final, c'était un ascenseur émotionnel.

  • François DURAND

    Voilà.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, c'est elle, toi, principale. Oui, c'est la principale interlocutrice. Ouais, ouais. Et donc la laiterie, elle te ramasse... Tous les jours ?

  • François DURAND

    Quotidiennement, oui.

  • Romain LE GAL

    Pour ensuite transformer ton lait sur Bill Fringe Panna. Aujourd'hui, tu as des objectifs. Justement, tu parlais de qualité du lait. C'est quoi les objectifs de qualité du lait pour transformer en Roquefort ?

  • François DURAND

    Il faut savoir qu'on a une grille qualité. Si on est bon partout, on a une plus-value.

  • Romain LE GAL

    Et qu'est-ce qu'ils vous demandent, par exemple, pour avoir la plus-value ?

  • François DURAND

    Je crois que les critères, je ne les ai pas. Moi, j'essaie d'être assez bon. Il faut être bon. Il y a plusieurs germes dans le lait. Il y a les cellules somatiques, il y a les coliformes, il y a les butyriques. Ça se venduit souvent par les aliments humides, un rubanage ou un silage. Puis après, pour les qualités des litières aussi.

  • Romain LE GAL

    En ce moment, on le voyait ce matin, vous payez le matin et le soir pour que les gens...

  • François DURAND

    Pour prévenir, oui.

  • Romain LE GAL

    Pour que les brebis soient bien aussi en termes de bien-être animal. Est-ce que toi déjà, tu as visité la laiterie ou les caves d'affinage ?

  • François DURAND

    On a eu l'occasion, mais moi, je n'étais pas disponible le jour où ça s'est fait. Les caves d'affinerie, à part le bureau, je pense que je ne suis jamais rentré là où ils transforment.

  • Romain LE GAL

    Je pense que Jean-François ou Adeline qui nous entend, te proposons prochainement d'aller visiter et les caves d'affinage et la laiterie. Comme ça, ça permettra. Et toi, aujourd'hui, quand tu pars en vacances, tu prends un petit peu de vacances quand même ?

  • François DURAND

    Oui, on essaie de partir quelques jours,

  • Romain LE GAL

    oui. C'est l'avantage d'avoir les enfants aussi qui peuvent prendre, maintenant qu'ils sont même dans le projet.

  • François DURAND

    Même quand ils étaient petits, on essayait de partir. J'avais les voisins qui venaient faire le boulot.

  • Romain LE GAL

    Et c'est quoi ton sentiment quand tu vas voir un crémier fromager ou quand tu vois du Roquefort vernière dans d'autres régions ?

  • François DURAND

    Déjà, quand on va chez un fromager, on voit du vernière.

  • Romain LE GAL

    C'est déjà la première chose. On sort tout de suite ?

  • François DURAND

    Non, on ne sort pas tout de suite. Non, parce qu'on essaie quand même de... d'apprécier ce qui se fait sur le local, mais on regarde si on bat notre produit.

  • Romain LE GAL

    Dans l'avenir, ça va être quoi les plus gros enjeux ? C'est quoi les défis qui arrivent dans l'avenir par rapport à toi ? Comment tu as vu évoluer le métier ? Comment tu as vu évoluer aussi tout ce qui gravite autour ? On parle souvent de météo, on parle souvent...

  • François DURAND

    Nous, des défis, on en a un gros là. Et puisque, avec l'installation de Clémence, on redélocalise tous nos bâtiments. Et là-dessus se greffe, oui, le souci au niveau climatique. Parce qu'on s'aperçoit qu'on a des périodes très sèches, où ici c'est compliqué de faire du stock. Des périodes très pluvieuses, où c'est compliqué de faire de la qualité. Même avec un séchage, c'est très compliqué de faire de la qualité. Un fourrage, quand il pleut, on va croire que ça se fait tout seul. Mais oui, je pense que le plus gros défi, ce sera de s'adapter aux défis climatiques.

  • Romain LE GAL

    Pour toi, c'est... Ah ouais.

  • François DURAND

    C'est ce que j'appréhende le plus.

  • Romain LE GAL

    Est-ce que toi, tu as vu un peu la topographie changer dans le paysage sur ces 40 dernières années, justement par rapport à, on parle de réchauffement climatique, aujourd'hui dans la région, est-ce que tu as vu évoluer ?

  • François DURAND

    Ici, oui, parce qu'on était vraiment à la limite, on avait tout le temps de la neige. Ici, il y a 30 ans, on passait un mois sous la neige, maintenant c'est fini.

  • Romain LE GAL

    Aujourd'hui, on est début janvier.

  • François DURAND

    Ça a blanchi un matin, mais c'est tout. On n'a pas vu de neige encore.

  • Romain LE GAL

    Donc des hivers beaucoup moins rudes.

  • François DURAND

    Beaucoup moins rudes, beaucoup plus pluvieux.

  • Romain LE GAL

    Et ça a impacté quoi sur ta production ?

  • François DURAND

    Ça n'impacte pas grand-chose, si tu veux, pour le moment. C'est simplement que ça change. Tu te dis que le midi est très sec. Est-ce que dans 20 ans, ce ne sera pas le cas ici ? On se demande, on investit, mais on a toujours cette arrière-pensée. Est-ce qu'on vivra toujours un entrantant comme on vit aujourd'hui ? Est-ce qu'il ne faudra pas aller chercher des entrants plus loin ? Peut-être que ça peut être l'inverse. On peut avoir un climat très pluvieux comme on l'a eu. On ne sait pas trop.

  • Romain LE GAL

    Il y a des variations qui sont très changeantes.

  • François DURAND

    Très changeantes, oui.

  • Romain LE GAL

    On n'a plus de grandes règles. Non. C'est un sujet sur lequel j'échange souvent avec les producteurs. Maintenant, on n'a plus réellement les quatre saisons. Non, non. On en a deux. Voilà. On a l'hiver et on a l'été. Il n'y a plus la transition à l'été. Très soudaine, très brusque. Très vite, oui. Et puis on peut avoir un retour en arrière aussi rapide.

  • François DURAND

    Voilà, c'est ça.

  • Romain LE GAL

    Donc là, toi, tu as la chance d'avoir une nouvelle génération qui arrive. Comment tu accompagnes tes enfants dans cette transmission ? Est-ce que ça a toujours été un projet qui te rejoigne sur l'exploitation ?

  • François DURAND

    Moi, ça a toujours été dans mes attentes, que mes enfants s'intéressent à l'agriculture. Moi, je suis très agricole, très éleveur.

  • Romain LE GAL

    Très éleveur ?

  • François DURAND

    Pas très matériel, très éleveur.

  • Romain LE GAL

    Donc finalement, tu les as incités à venir ?

  • François DURAND

    Incités, mais je pense que ça s'est fait tout seul, puisque mon petit, déjà, il suivait le mouvement.

  • Romain LE GAL

    Et qu'est-ce que tu peux leur souhaiter ? Parce que là, toi, tu vas les accompagner, tu n'es pas encore à la retraite ? Non. Ton papa, tu me disais qu'il t'a accompagné sur l'exploitation, jusqu'à quel âge ?

  • François DURAND

    Jusqu'à 85 ans.

  • Romain LE GAL

    Donc, tu as encore un petit peu de temps à travailler ? Oui, oui.

  • François DURAND

    Oui, oui. Après ça, moi, de toute façon, je m'ennuierais ici si je ne fais rien.

  • Romain LE GAL

    Tu ne te vois pas arrêté ? De toute façon, tu es né avec les brebis. Tu ne te vois pas, et pour toi, il n'y a pas de question réellement de retraite ?

  • François DURAND

    Non, je ne pense pas, non. Je trouverais d'autres occupations, peut-être, mais bon...

  • Romain LE GAL

    Faire du bois ?

  • François DURAND

    Le bois, le jardinage, la rigueur.

  • Romain LE GAL

    Et toi, cette reprise, elle est dans un cadre familial ? Aujourd'hui, est-ce que dans la région, il y a des reprises qui sont faites hors cadre familial ? Est-ce que finalement, il y a des possibilités pour des jeunes de venir, s'ils sont passionnés, s'investir ?

  • François DURAND

    Je pense qu'il y aura des possibilités, puisque on s'aperçoit qu'au niveau agricole, il y a beaucoup de fils agriculteurs qui ne reprennent pas. Il y a des exploitations vacantes et il y a des jeunes hors cadre qui ont vraiment le goût de l'élevage et de l'agriculture. Et si les sédans sont assez favorables à installer des jeunes hors cadre, s'ils leur font des faveurs, qu'ils essayent de les accompagner, ça se fera. Mais il ne faut pas être trop gourmand.

  • Romain LE GAL

    Toi, comment tu pourrais motiver s'il y a des gens qui nous écoutent, des jeunes ? Qu'est-ce que tu pourrais leur dire pour les motiver à rejoindre ce métier d'éleveur ?

  • François DURAND

    Déjà, pour connaître, il faut s'impliquer, soit faire des stages.

  • Romain LE GAL

    S'il y a quelqu'un qui est intéressé, il peut te contacter pour venir faire un stage ?

  • François DURAND

    Là, on a un jeune stagiaire, on en avait eu un l'année dernière. C'est le troisième qu'on prend. Moi, je n'étais pas très stagiaire à l'époque. Quand j'étais tout seul, c'était compliqué d'accompagner quelqu'un. Bon, maintenant, c'est différent. On est plusieurs. on arriva Ça m'occupait, parce que quand tu as quelqu'un sur une exploitation, tu es obligé de passer du temps, de lui montrer.

  • Romain LE GAL

    Tu as fait aussi partie du rôle d'un maître d'étage, de justement transmettre. Là, tu as parlé de transmission. Donc aujourd'hui, tu penses que la clé, c'est par la transmission.

  • François DURAND

    C'est par la transmission, oui.

  • Romain LE GAL

    Et par la passion.

  • François DURAND

    Et la passion aussi. Enfin, un jeune qui a la passion des animaux, déjà... Mais il faut la passion de l'élevage. Pour faire des brebis laitiens, il faut la passion de l'élevage. Tu ne vas pas venir sur une propriété si tu aimes conduire que le tracteur.

  • Romain LE GAL

    Sur ce type de propriété, non. Sur ce type de propriété,

  • François DURAND

    il faut rester leveur.

  • Romain LE GAL

    Ce n'est pas la bonne région. Et toi, si tu devais donner un symbole de ton attachement à ton métier, ça serait quoi ?

  • François DURAND

    Tu me poses une école.

  • Romain LE GAL

    Qu'est-ce qui fait que tu es attaché à ce métier ?

  • François DURAND

    Déjà, c'est la liberté de faire ce que je veux.

  • Romain LE GAL

    On ne t'embête pas ?

  • François DURAND

    On ne m'embête pas, oui. On a des contraintes au niveau réglementation, mais je fais ce que je veux.

  • Romain LE GAL

    Tu es chez toi, tu es le patron et tu fais ce que tu veux.

  • François DURAND

    Si je vais aller faire la sieste, je vais faire la sieste.

  • Romain LE GAL

    La gestion du temps.

  • François DURAND

    La gestion du temps, oui.

  • Romain LE GAL

    Ça, c'est une liberté qui est importante.

  • François DURAND

    Il y a des contraintes du boulot, ça c'est sûr. Mais après la journée, si on veut se poser, si on va aller se promener, on peut.

  • Romain LE GAL

    Si tu devais garder un seul moment de ta vie d'éleveur, ça serait lequel ?

  • François DURAND

    Je pense que c'est le jour où mes enfants sont rentrés sur le Gaïc.

  • Romain LE GAL

    Donc finalement, la deuxième plus grande fête, c'était il n'y a pas si longtemps que ça.

  • François DURAND

    Pour la transmission de mon père. Mon père, c'était...

  • Romain LE GAL

    C'était ? C'était quelque chose qui tenait à cœur de vraiment revenir sur l'exploitation. On va pleurer tous les deux, François. Si tu pleures, je pleure. Bon, et toi, comment tu dégustes le Roquefort ? Parce que t'en manges deux fois par jour, mais tu le dégustes comment ?

  • François DURAND

    Je le déguste... Alors, il y en a beaucoup qui mettent de la confiture, moi non. Moi, c'est un bon pain de campagne.

  • Romain LE GAL

    Et du Roquefort.

  • François DURAND

    Et du Roquefort.

  • Romain LE GAL

    Tu ne manges pas le roquefort tout seul ? Tu l'accompagnes forcément ?

  • François DURAND

    Ah, il faut du pain.

  • Romain LE GAL

    Et dans la région, on le consomme comment majoritairement, le roquefort ?

  • François DURAND

    Le roquefort, c'est ça, ça veut dire du bon pain de campagne. Après, les érudits, peut-être, prennent de la confiture, de mûres ou de broseilles.

  • Romain LE GAL

    Les érudits, complètement, les érudits.

  • François DURAND

    Mais bon, moi non, moi je suis... C'est terroir, c'est pain de campagne et une bonne couche de roquefort. Il y en a qui rajoutent du beurre, mais bon, non.

  • Romain LE GAL

    Pour finir sur une question bonus, François, c'est quoi ta pizza préférée ?

  • François DURAND

    Bon, moi, je dis pizza, mais je ne suis pas très pizza.

  • Romain LE GAL

    Et si tu devais en choisir une ?

  • François DURAND

    Magritte canard.

  • Romain LE GAL

    Une pizza au magritte canard. D'accord.

  • François DURAND

    Parce qu'on a une pizza YOLO qui vient sur du Rhin, qui fait de bonnes pizzas avec du magritte canard.

  • Romain LE GAL

    Donc, du coup, c'est ta pizza préférée ?

  • François DURAND

    Oui, c'est ma pizza préférée, oui.

  • Romain LE GAL

    Merci beaucoup d'avoir pris le temps.

  • François DURAND

    Merci à toi d'être venu.

  • Romain LE GAL

    Merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous accueillir ce matin. Merci à vous de nous avoir écoutés. J'espère que cet épisode vous a plu. On se retrouve dès la semaine prochaine pour un nouvel épisode sur cette série spéciale consacrée au Roquefort. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires, à partager cet épisode et à nous mettre plein d'étoiles sur les plateformes d'écoute. Je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode de l'Échange.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de François DURAND

    01:26

  • Le métier d'éleveur de Brebis laitière

    02:59

  • Comment fonctionne une Brebis laitière ?

    04:44

  • Les Brebis de race Lacaune

    05:43

  • Que mangent les Brebis ?

    06:59

  • Comment décrire la région ?

    09:22

  • Les grands événements de sa vie d'éleveur

    10:20

  • Comment s'organise la relation avec une laiterie ?

    12:35

  • Les enjeux de demain ?

    16:01

  • Les effets du réchauffement climatique

    16:54

  • La transmission du savoir

    18:20

  • S'implanter en tant que producteur de lait de brebis ?

    19:41

  • Le secret de l'attachement au métier ?

    21:34

  • Ton plus beau jour en tant qu'éleveur ?

    22:03

  • Comment mange-t-on le Roquefort AOP ?

    22:40

  • LA dernière question !

    23:17

  • Conclusion

    23:38

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Description

Cette année, le Roquefort célèbre ses 100 ans d'Appellation d'Origine Protégé !

À cette occasion, Lait’Change consacre une série exceptionnelle à ce fromage mythique, reconnu dans le monde entier pour sa puissance, son onctuosité… et ses caves légendaires.

Dans ce premier volet, nous partons à la rencontre de François Durand, éleveur de brebis laitières dans le petit village de Durenc, à l’ouest de Millau. Depuis plus de 40 ans, il élève ses brebis de race Lacaune sur les collines appelées « puèchs », dans un paysage aussi rude qu’attachant.


Avec passion et lucidité, François nous ouvre les portes de son quotidien : la traite à l’aube, l’équilibre des rations, les défis de la sécheresse, le lien avec sa laiterie… Mais aussi l’émotion d’avoir transmis l’exploitation à ses enfants, Maxime et Clémence, tout juste installée. Un témoignage vibrant et sincère, qui montre que derrière chaque bouchée de Roquefort, il y a des histoires de famille, de territoire et de transmission. À écouter pour mieux comprendre ce que veut dire produire du lait sous AOP Roquefort, à 800 mètres d’altitude, au rythme des brebis, du climat et de la passion.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Romain LE GAL

    Bienvenue sur Lait'Change, le podcast qui donne la parole aux actrices et aux acteurs de la filière laitière et fromagère. Je suis Romain LE GAL et nous allons démarrer un épisode un peu spécial. Cette année, nous allons fêter les 100 ans de la plus vieille appellation d'origine de France. Je parle évidemment du Roquefort. A cette occasion, nous allons vous proposer une série de deux épisodes sur ce fromage connu et reconnu dans le monde entier. Pour comprendre ce qui se cache... derrière chacune des bouchées de roquefort que nous mangeons, aujourd'hui nous partons à la rencontre de celles et ceux qui rendent cette magie possible, les éleveurs. Je suis parti à la fraîche ce matin pour rejoindre le petit village de Durenc à une heure à l'ouest de Millau, dans ce pays qui revêt un manteau verdoyant creusé de vallées occupées par des moulins à eau, des puèches, appelées également collines, et des boris. Les prairies y sont bordées d'eau bépine, de murier, de houe. Un beau cage entrecoupé de bois et de forêts essentiellement constituées de hêtres et de chênes, parmi lesquelles s'insèrent des plantations de conifères. Notre invité du jour, François Durand, du GAEC des Sonailles, va partager avec nous son quotidien d'éleveur de brebis laitières. Entre passion, tradition et défi, il nous dévoilera les coulisses de son métier, son lien avec son terroir et l'importance du lait dans la fabrication de ce romage emblématique. Bonjour François.

  • François DURAND

    Bonjour Romain.

  • Romain LE GAL

    Comment vas-tu ce matin ?

  • François DURAND

    Très bien.

  • Romain LE GAL

    Donc on est avec toi depuis quelques temps maintenant, ça fait plusieurs heures, on est arrivé vers 6h30 ce matin, au moment de la traite. François, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • François DURAND

    J'ai 58 ans, ça fait 40 ans que je suis spot-on sur la ferme de Père Bencousse. Ma grande fierté c'est d'avoir mes enfants avec moi depuis quelques temps, Maxime depuis 2016 et Clémence depuis janvier, début janvier.

  • Romain LE GAL

    Donc janvier 2025, nous citer C'est tout récent.

  • François DURAND

    C'est tout récent.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, l'exploitation, si tu peux la définir, la décrire en quelques mots.

  • François DURAND

    C'est une exploitation située à 800 mètres d'altitude, avec beaucoup de pâturage, quelques céréales pour le troupeau. C'est un terrain assez maigre puisqu'on est sur des pueches, ce qu'on appelle ici des pueches, des collines.

  • Romain LE GAL

    Je l'ai bien prononcé tout à l'heure ? Oui. À peu près ?

  • François DURAND

    Oui, très bien.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, tu fais de la brebis laitière ?

  • François DURAND

    billetière et on a quelques bovins bien pour les parcelles qui sont Pas adapté aux brebis laitières.

  • Romain LE GAL

    On reviendra sur les brebis laitières un petit peu plus tard. Et avant, toi, sur cette exploitation, c'était une exploitation familiale ?

  • François DURAND

    Oui, familiale. Mon père avait repris la propriété après-guerre, en 1946. Comme toutes les fermes à l'époque, Beauvins, Auvin, Cochon.

  • Romain LE GAL

    Et il l'avait reprise aussi de ses parents ?

  • François DURAND

    Il l'avait reprise de ses parents,

  • Romain LE GAL

    oui. Donc ici, il y a des durants depuis...

  • François DURAND

    Depuis 1922.

  • Romain LE GAL

    D'accord. Donc ça fait plus de 100 ans.

  • François DURAND

    Oui, c'est pas très long pour une exploitation familiale.

  • Romain LE GAL

    C'est déjà pas mal. Oui. Un siècle. Comme le Roquefort, finalement. Ben voilà. Et du coup, aujourd'hui, est-ce que tu pourrais nous décrire un peu ton quotidien d'éleveur ? Éleveur de brebis laitière.

  • François DURAND

    Oui, éleveur de brebis laitière, oui. Le quotidien hivernal, c'est... Ben, t'as bien vu, ce matin, on commence par la traite le matin à 6h45. La fourrache, je mens après. Une petite période de la journée où on est tranquille, où on se pose. Et on rataque l'après-midi sur les coups de 4h. avec de nouveau de l'affouragement et la traite à 5h moins le quart et à 7h.

  • Romain LE GAL

    Donc ça, c'est le rythme d'hiver ? Ça,

  • François DURAND

    c'est le rythme hivernal.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, après, ça évolue en fonction des périodes de l'année ? Oui,

  • François DURAND

    après, dès que tu arrives en février, il y a les travails extérieurs qui arrivent. Ici, on travaille beaucoup avec les effluents d'élevage, fumier, compost. On chole beaucoup puisqu'on a des terrains très acides.

  • Romain LE GAL

    Tu pourrais nous expliquer, c'est quoi choler pour ceux qui nous écoutent ?

  • François DURAND

    Mais on a des terrains acides donc qui manquent du calcium. On est obligé d'apporter du calcium si on veut avoir des prairies à base de luzerne et qu'elles durent dans le temps. Annuellement, on porte pour 75 hectares approximativement 30 tonnes de calcium, ce qui fait des 800 kg à 900 kg hectares. On passe à peu près l'ensemble de la propriété tous les deux ans.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, après, donc là on est en février, c'est quoi le reste des grandes... période de l'année ?

  • François DURAND

    Après, c'est les récoltes qui commencent fin avril, début mai. Depuis deux ans, des années pluvieuses, on a l'impression de faire que ça tout l'été. Du printemps au septembre, ça fait deux ans qu'on récolte sans arrêt. Ce n'est pas toujours le cas puisqu'on est des périodes, on est des terrains qui sont très peu profonds et dès qu'il fait sec, on est vraiment impacté par la sécheresse.

  • Romain LE GAL

    Et cette brebis, elle est très... toute l'année ? Comment fonctionne une brebis laitière ?

  • François DURAND

    La brebis laitière, elle est nôtre, elle met bas fin septembre. Elle reste avec leurs agneaux 5 semaines à peu près. On sèvre à ce moment-là les agnelles de renouvellement, les petites femelles. qui vont arriver dans un an pour la production laitière. Tous les mâles seront vendus à un petit ingresseur. Les autres femelles de renouvellement seront vendues pour la repro. Et la traite commencera effectivement au 1er novembre, puisque la laiterie ouvrera au 1er novembre.

  • Romain LE GAL

    Le temps de gestation d'une brebis, c'est combien de temps ?

  • François DURAND

    5 mois moins 8 jours.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, comment vous gérez la partie reproduction ?

  • François DURAND

    Alors la repro, ça se fait début mai ici, par insémination artificielle. Sur l'ensemble du troupeau, adultes et jeunes, les jeunes de Nant, tout le même jour, 400 et quelques brebis à l'insémination artificielle.

  • Romain LE GAL

    Et après, vous introduisez des béliers ?

  • François DURAND

    Oui, dix jours après, on introduit les béliers. Et après, tout se fera par monte naturelle.

  • Romain LE GAL

    Aujourd'hui, pour faire du lait pour le Roquefort, vous utilisez une race particulière. La lacone. La lacone. Est-ce que tu peux décrire un petit peu cette brebis, ses grandes caractéristiques ?

  • François DURAND

    Je pense que c'est une brebis qui s'adapte très bien au territoire. qui s'adaptent aussi bien à la sécheresse qu'aux zones un peu plus humides. Elles ne crèment pas trop le mauvais temps. Nous, on les a rendues peut-être un peu plus délicates maintenant, puisque on a des brebis qui produisent beaucoup plus qu'il y a 20 ans ou 30 ans.

  • Romain LE GAL

    Tu as vu l'évolution ?

  • François DURAND

    Oui, on a des brebis qui sont peut-être un peu moins rustiques, mais elles sont toujours rustiques. C'est une race qui s'adapte partout. On voit qu'on les porte un petit peu partout dans les pays limitrophes, Espagne, Italie, Grèce. C'est bien une brebis qui s'adapte un petit peu à tout type de... de climat et de sol.

  • Romain LE GAL

    Et aujourd'hui, une brebis, elle produit combien sur une saison ?

  • François DURAND

    Nous, on est à 450 litres l'année dernière, par brebis laitière.

  • Romain LE GAL

    Et si tu reviens, quand tu t'es installé ?

  • François DURAND

    Quand je me suis installé, on était à 160 litres en 1984.

  • Romain LE GAL

    Ah oui, donc il y a un sacré delta.

  • François DURAND

    Oui, il y a eu une évolution.

  • Romain LE GAL

    Quasiment fois trois.

  • François DURAND

    Oui, mais c'est général. Oui,

  • Romain LE GAL

    c'est général, mais c'est général. Et comment on fait ? Merci. C'est par rapport à l'alimentation ?

  • François DURAND

    L'alimentation joue beaucoup, puis la génétique aussi.

  • Romain LE GAL

    Et qu'est-ce qu'on donne à manger à nos brebis ? Donc en été, elles doivent aller dehors, elles vont en pâture ?

  • François DURAND

    Elles pâturent à partir du mois, fin mars, on met nos brebis dehors. On essaie de les faire pâturer un minimum de 4 heures pour dire que c'est un impact au niveau de la production laitière. Parce que l'herbe, c'est l'aliment, c'est le summum au niveau de la production laitière. C'est ce qu'il y a de mieux, qui revient le moins cher. après sa peinture ici il y en a pas mal de prairies naturelles puisqu'on a beaucoup de pentes. Ce n'est pas l'herbe qu'elles préfèrent. Elles préfèrent un bon riz granglé avec du trèfle blanc. Mais bon, elles n'ont pas le choix. Il faut qu'elles pâturent les prairies qui ne sont pas destinées à la fauche et qu'on ne peut pas mécaniser.

  • Romain LE GAL

    Et sur la partie hiver, du coup ?

  • François DURAND

    Sur la partie hiver, jusqu'à il y a 5-6 ans, on était en sec, on ne mangeait que du foin. Puis en ayant augmenté un peu les effectifs, Et il n'y a pas les bâtiments dimensionnés pour les effectifs qu'on a augmentés. On donne un petit peu d'enrubanage et un peu d'ensilage de maïs.

  • Romain LE GAL

    Donc les aliments fermentés sont autorisés dans le cahier des charges de l'AOP Roquefort. Et un petit peu de maïs et après ?

  • François DURAND

    Tout ce qui est ration à base d'orge, bouchons de luzerne. Puisqu'il faut bien savoir que pour qu'une brebis produise 450 litres, elle a une capacité d'ingestion assez limitée. Donc, il faut trouver des aliments qui sont un peu plus concentrés. C'est pour ça qu'on a de la ration orge, bouchon de luzerne, dredge de maïs.

  • Romain LE GAL

    Et aujourd'hui, par rapport au cahier des charges AOP, il y a des notions d'autonomie, d'autonomie fourragère. Est-ce que tu peux nous les donner ?

  • François DURAND

    Il ne faut pas dépasser les 200 kilos d'achat de concentré. Il faut acheter sur le rayon.

  • Romain LE GAL

    De la zone ?

  • François DURAND

    De la zone, pour ce qui est fourrage grossier, je pense. C'est tellement machinal que je crois que le cahier des charges, je ne l'ai pas intégré.

  • Romain LE GAL

    Tu le fais naturellement depuis tellement d'années. Oui,

  • François DURAND

    oui, oui.

  • Romain LE GAL

    Ton papa faisait aussi du lait qui était transformé en Roquefort ?

  • François DURAND

    Oui, oui. Depuis, on est entré chez Vernière depuis les origines, je pensais.

  • Romain LE GAL

    D'accord. Donc, toi, tu as toujours travaillé. Oui. Alors là, on va en revenir après avec une laiterie. Oui, oui. Aujourd'hui, toi, tu es ramassé par Vernière, mais on en parlera un peu plus tard. un petit peu plus tard. Et pour ceux qui ne connaissent pas la région, comment tu pourrais décrire ton terroir ?

  • François DURAND

    C'est toujours le meilleur, le plus beau. On a deux régions ici. On a du Ségala et du Lévesou. Le Ségala, ce sont des zones avec des terrains assez profonds. Et le Lévesou, c'est plus aride,

  • Romain LE GAL

    un peu plus froid,

  • François DURAND

    des terrains plus légers, plus pauvres. Et ici, on est vraiment sur la limite. On a des terres en bas de communes qui sont...

  • Romain LE GAL

    Qui sont pratiques pour l'éculture.

  • François DURAND

    Qui sont pratiques pour l'éculture. Et sur le haut, c'est pratique pour la peinture.

  • Romain LE GAL

    Donc, c'est pratique pour les brebis. Donc, idéalement, c'est...

  • François DURAND

    et situation. Pas le mot que je dirais, puisque l'idéal, ce serait d'avoir des terres à la bourrable un petit peu partout et pas avoir des cailloux à ramasser. Mais ce n'est pas le cas, on s'adapte.

  • Romain LE GAL

    Est-ce que dans ta vie d'éleveur, tu as eu, depuis que tu t'es installé, des événements marquants, que ce soit positifs ou que ce soit des événements négatifs qui ont marqué ta vie d'éleveur ?

  • François DURAND

    En 40 ans, j'ai vu pas mal d'évolutions. quand j'ai démarré euh... Mon papa avait 68 ans, donc c'était l'ancienne génération. On travaillait comme dans les années 70. Il a fallu évoluer.

  • Romain LE GAL

    Toi, ton côté d'apport, finalement, positif ? Oui,

  • François DURAND

    mais c'est allé très doucement puisqu'on n'avait pas les moyens. En 1984, je crois qu'on produisait dans les 360 hectolitres. C'était une misère. Tu sortais un salaire, mais il ne fallait pas aller au-delà.

  • Romain LE GAL

    Finalement au début c'était dur parce que... Oui,

  • François DURAND

    pas de bâtiment adapté à l'époque. J'ai fait ma bergerie en 1993. Après là du coup, tout décolle. La production décolle, les brebis sont mieux dans le bâtiment. Puis le problème c'est la production. On ne pouvait pas produire. On avait le bâtiment mais on ne pouvait pas produire.

  • Romain LE GAL

    C'est-à-dire ? Explique-nous.

  • François DURAND

    Le Roquefort a mis des références dans les années 87. Ils avaient pris la moyenne des trois dernières meilleures années je crois. Du coup, on était plafonnés. Je crois que j'avais 560 hectolitres.

  • Romain LE GAL

    Pour que tout le monde comprenne, tu avais un quota ?

  • François DURAND

    J'avais un quota avec trois prix de lait.

  • Romain LE GAL

    D'accord.

  • François DURAND

    Un prix Roquefort, un prix diversification et après un prix poudre de lait. C'était une misère. C'était 40 centimes. Plus tu faisais de poudre de lait, plus ton prix du lait baissait. Du coup, tu essayais d'en faire le moins possible, mais tu ne pouvais pas évoluer au niveau production.

  • Romain LE GAL

    Et ce système de quotas, ça a duré jusqu'à quand ?

  • François DURAND

    Jusqu'en 2015. 2016, Roquefort un peu implosé. Des nouvelles laiteries sont arrivées sur le territoire, ce qui a fait monter le prix du lait. Notre laiterie nous a donné des droits à produire. Un prix du lait un peu revalorisé, petit à petit. Et du coup, on est passé, je crois, de 900 hectolitres en 2016 à l'année dernière, 1900. Ce qui a permis à Maxime de s'installer et maintenant à Clémence.

  • Romain LE GAL

    Donc ça, on reviendra un petit peu à la partie de transition tout à l'heure. Et ça tombe bien, tu fais la transition avec le sujet qu'on va aborder maintenant. Aujourd'hui, tu as quelqu'un qui te collègue, donc une laiterie. Comment ça s'organise pour la relation avec la laiterie ? Comment ça fonctionne ?

  • François DURAND

    Après, je pense que depuis qu'on a les organisations de producteurs, on se retrouve assez régulièrement avec les producteurs en réunion.

  • Romain LE GAL

    Vous avez une organisation de producteurs, vous êtes combien de producteurs sur cette liste ?

  • François DURAND

    On est 53 dans la laiterie. Je pense qu'il y en a rien qu'un ou deux qui n'ont pas adhéré peut-être au...

  • Romain LE GAL

    Ok, donc en gros, c'est votre organisation de producteurs, c'est tous les producteurs qui livrent la laiterie, là aujourd'hui, Vernière. Aujourd'hui, toi, en tant que producteur, tu as des relations régulières avec Vernière ?

  • François DURAND

    La littorie, ça se limite souvent avec Adeline.

  • Romain LE GAL

    Adeline qui nous accompagne ce matin.

  • François DURAND

    Qui nous accompagne ce matin.

  • Romain LE GAL

    Alors tu as dit, Adeline, elle t'a souvent au téléphone. Pourquoi tu as Adeline au téléphone ?

  • François DURAND

    Parce que c'est elle qui suit un peu l'évolution de notre production en qualité.

  • Romain LE GAL

    Oui. Et donc, quand elle t'a appelé pour que je vienne te voir ce matin,

  • François DURAND

    Ah ouais, j'avais un gros souci, je me suis dit,

  • Romain LE GAL

    oh là là. Il y a eu un petit coup de stress.

  • François DURAND

    Ouais, salmonelle, butyrique, coliforme, voilà.

  • Romain LE GAL

    C'est ce qui était venu à l'esprit.

  • François DURAND

    Et puis finalement,

  • Romain LE GAL

    c'était que moi.

  • François DURAND

    Ouais, ouais.

  • Romain LE GAL

    Donc, c'était une bonne nouvelle.

  • François DURAND

    C'était bon, ouais.

  • Romain LE GAL

    Final, c'était un ascenseur émotionnel.

  • François DURAND

    Voilà.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, c'est elle, toi, principale. Oui, c'est la principale interlocutrice. Ouais, ouais. Et donc la laiterie, elle te ramasse... Tous les jours ?

  • François DURAND

    Quotidiennement, oui.

  • Romain LE GAL

    Pour ensuite transformer ton lait sur Bill Fringe Panna. Aujourd'hui, tu as des objectifs. Justement, tu parlais de qualité du lait. C'est quoi les objectifs de qualité du lait pour transformer en Roquefort ?

  • François DURAND

    Il faut savoir qu'on a une grille qualité. Si on est bon partout, on a une plus-value.

  • Romain LE GAL

    Et qu'est-ce qu'ils vous demandent, par exemple, pour avoir la plus-value ?

  • François DURAND

    Je crois que les critères, je ne les ai pas. Moi, j'essaie d'être assez bon. Il faut être bon. Il y a plusieurs germes dans le lait. Il y a les cellules somatiques, il y a les coliformes, il y a les butyriques. Ça se venduit souvent par les aliments humides, un rubanage ou un silage. Puis après, pour les qualités des litières aussi.

  • Romain LE GAL

    En ce moment, on le voyait ce matin, vous payez le matin et le soir pour que les gens...

  • François DURAND

    Pour prévenir, oui.

  • Romain LE GAL

    Pour que les brebis soient bien aussi en termes de bien-être animal. Est-ce que toi déjà, tu as visité la laiterie ou les caves d'affinage ?

  • François DURAND

    On a eu l'occasion, mais moi, je n'étais pas disponible le jour où ça s'est fait. Les caves d'affinerie, à part le bureau, je pense que je ne suis jamais rentré là où ils transforment.

  • Romain LE GAL

    Je pense que Jean-François ou Adeline qui nous entend, te proposons prochainement d'aller visiter et les caves d'affinage et la laiterie. Comme ça, ça permettra. Et toi, aujourd'hui, quand tu pars en vacances, tu prends un petit peu de vacances quand même ?

  • François DURAND

    Oui, on essaie de partir quelques jours,

  • Romain LE GAL

    oui. C'est l'avantage d'avoir les enfants aussi qui peuvent prendre, maintenant qu'ils sont même dans le projet.

  • François DURAND

    Même quand ils étaient petits, on essayait de partir. J'avais les voisins qui venaient faire le boulot.

  • Romain LE GAL

    Et c'est quoi ton sentiment quand tu vas voir un crémier fromager ou quand tu vois du Roquefort vernière dans d'autres régions ?

  • François DURAND

    Déjà, quand on va chez un fromager, on voit du vernière.

  • Romain LE GAL

    C'est déjà la première chose. On sort tout de suite ?

  • François DURAND

    Non, on ne sort pas tout de suite. Non, parce qu'on essaie quand même de... d'apprécier ce qui se fait sur le local, mais on regarde si on bat notre produit.

  • Romain LE GAL

    Dans l'avenir, ça va être quoi les plus gros enjeux ? C'est quoi les défis qui arrivent dans l'avenir par rapport à toi ? Comment tu as vu évoluer le métier ? Comment tu as vu évoluer aussi tout ce qui gravite autour ? On parle souvent de météo, on parle souvent...

  • François DURAND

    Nous, des défis, on en a un gros là. Et puisque, avec l'installation de Clémence, on redélocalise tous nos bâtiments. Et là-dessus se greffe, oui, le souci au niveau climatique. Parce qu'on s'aperçoit qu'on a des périodes très sèches, où ici c'est compliqué de faire du stock. Des périodes très pluvieuses, où c'est compliqué de faire de la qualité. Même avec un séchage, c'est très compliqué de faire de la qualité. Un fourrage, quand il pleut, on va croire que ça se fait tout seul. Mais oui, je pense que le plus gros défi, ce sera de s'adapter aux défis climatiques.

  • Romain LE GAL

    Pour toi, c'est... Ah ouais.

  • François DURAND

    C'est ce que j'appréhende le plus.

  • Romain LE GAL

    Est-ce que toi, tu as vu un peu la topographie changer dans le paysage sur ces 40 dernières années, justement par rapport à, on parle de réchauffement climatique, aujourd'hui dans la région, est-ce que tu as vu évoluer ?

  • François DURAND

    Ici, oui, parce qu'on était vraiment à la limite, on avait tout le temps de la neige. Ici, il y a 30 ans, on passait un mois sous la neige, maintenant c'est fini.

  • Romain LE GAL

    Aujourd'hui, on est début janvier.

  • François DURAND

    Ça a blanchi un matin, mais c'est tout. On n'a pas vu de neige encore.

  • Romain LE GAL

    Donc des hivers beaucoup moins rudes.

  • François DURAND

    Beaucoup moins rudes, beaucoup plus pluvieux.

  • Romain LE GAL

    Et ça a impacté quoi sur ta production ?

  • François DURAND

    Ça n'impacte pas grand-chose, si tu veux, pour le moment. C'est simplement que ça change. Tu te dis que le midi est très sec. Est-ce que dans 20 ans, ce ne sera pas le cas ici ? On se demande, on investit, mais on a toujours cette arrière-pensée. Est-ce qu'on vivra toujours un entrantant comme on vit aujourd'hui ? Est-ce qu'il ne faudra pas aller chercher des entrants plus loin ? Peut-être que ça peut être l'inverse. On peut avoir un climat très pluvieux comme on l'a eu. On ne sait pas trop.

  • Romain LE GAL

    Il y a des variations qui sont très changeantes.

  • François DURAND

    Très changeantes, oui.

  • Romain LE GAL

    On n'a plus de grandes règles. Non. C'est un sujet sur lequel j'échange souvent avec les producteurs. Maintenant, on n'a plus réellement les quatre saisons. Non, non. On en a deux. Voilà. On a l'hiver et on a l'été. Il n'y a plus la transition à l'été. Très soudaine, très brusque. Très vite, oui. Et puis on peut avoir un retour en arrière aussi rapide.

  • François DURAND

    Voilà, c'est ça.

  • Romain LE GAL

    Donc là, toi, tu as la chance d'avoir une nouvelle génération qui arrive. Comment tu accompagnes tes enfants dans cette transmission ? Est-ce que ça a toujours été un projet qui te rejoigne sur l'exploitation ?

  • François DURAND

    Moi, ça a toujours été dans mes attentes, que mes enfants s'intéressent à l'agriculture. Moi, je suis très agricole, très éleveur.

  • Romain LE GAL

    Très éleveur ?

  • François DURAND

    Pas très matériel, très éleveur.

  • Romain LE GAL

    Donc finalement, tu les as incités à venir ?

  • François DURAND

    Incités, mais je pense que ça s'est fait tout seul, puisque mon petit, déjà, il suivait le mouvement.

  • Romain LE GAL

    Et qu'est-ce que tu peux leur souhaiter ? Parce que là, toi, tu vas les accompagner, tu n'es pas encore à la retraite ? Non. Ton papa, tu me disais qu'il t'a accompagné sur l'exploitation, jusqu'à quel âge ?

  • François DURAND

    Jusqu'à 85 ans.

  • Romain LE GAL

    Donc, tu as encore un petit peu de temps à travailler ? Oui, oui.

  • François DURAND

    Oui, oui. Après ça, moi, de toute façon, je m'ennuierais ici si je ne fais rien.

  • Romain LE GAL

    Tu ne te vois pas arrêté ? De toute façon, tu es né avec les brebis. Tu ne te vois pas, et pour toi, il n'y a pas de question réellement de retraite ?

  • François DURAND

    Non, je ne pense pas, non. Je trouverais d'autres occupations, peut-être, mais bon...

  • Romain LE GAL

    Faire du bois ?

  • François DURAND

    Le bois, le jardinage, la rigueur.

  • Romain LE GAL

    Et toi, cette reprise, elle est dans un cadre familial ? Aujourd'hui, est-ce que dans la région, il y a des reprises qui sont faites hors cadre familial ? Est-ce que finalement, il y a des possibilités pour des jeunes de venir, s'ils sont passionnés, s'investir ?

  • François DURAND

    Je pense qu'il y aura des possibilités, puisque on s'aperçoit qu'au niveau agricole, il y a beaucoup de fils agriculteurs qui ne reprennent pas. Il y a des exploitations vacantes et il y a des jeunes hors cadre qui ont vraiment le goût de l'élevage et de l'agriculture. Et si les sédans sont assez favorables à installer des jeunes hors cadre, s'ils leur font des faveurs, qu'ils essayent de les accompagner, ça se fera. Mais il ne faut pas être trop gourmand.

  • Romain LE GAL

    Toi, comment tu pourrais motiver s'il y a des gens qui nous écoutent, des jeunes ? Qu'est-ce que tu pourrais leur dire pour les motiver à rejoindre ce métier d'éleveur ?

  • François DURAND

    Déjà, pour connaître, il faut s'impliquer, soit faire des stages.

  • Romain LE GAL

    S'il y a quelqu'un qui est intéressé, il peut te contacter pour venir faire un stage ?

  • François DURAND

    Là, on a un jeune stagiaire, on en avait eu un l'année dernière. C'est le troisième qu'on prend. Moi, je n'étais pas très stagiaire à l'époque. Quand j'étais tout seul, c'était compliqué d'accompagner quelqu'un. Bon, maintenant, c'est différent. On est plusieurs. on arriva Ça m'occupait, parce que quand tu as quelqu'un sur une exploitation, tu es obligé de passer du temps, de lui montrer.

  • Romain LE GAL

    Tu as fait aussi partie du rôle d'un maître d'étage, de justement transmettre. Là, tu as parlé de transmission. Donc aujourd'hui, tu penses que la clé, c'est par la transmission.

  • François DURAND

    C'est par la transmission, oui.

  • Romain LE GAL

    Et par la passion.

  • François DURAND

    Et la passion aussi. Enfin, un jeune qui a la passion des animaux, déjà... Mais il faut la passion de l'élevage. Pour faire des brebis laitiens, il faut la passion de l'élevage. Tu ne vas pas venir sur une propriété si tu aimes conduire que le tracteur.

  • Romain LE GAL

    Sur ce type de propriété, non. Sur ce type de propriété,

  • François DURAND

    il faut rester leveur.

  • Romain LE GAL

    Ce n'est pas la bonne région. Et toi, si tu devais donner un symbole de ton attachement à ton métier, ça serait quoi ?

  • François DURAND

    Tu me poses une école.

  • Romain LE GAL

    Qu'est-ce qui fait que tu es attaché à ce métier ?

  • François DURAND

    Déjà, c'est la liberté de faire ce que je veux.

  • Romain LE GAL

    On ne t'embête pas ?

  • François DURAND

    On ne m'embête pas, oui. On a des contraintes au niveau réglementation, mais je fais ce que je veux.

  • Romain LE GAL

    Tu es chez toi, tu es le patron et tu fais ce que tu veux.

  • François DURAND

    Si je vais aller faire la sieste, je vais faire la sieste.

  • Romain LE GAL

    La gestion du temps.

  • François DURAND

    La gestion du temps, oui.

  • Romain LE GAL

    Ça, c'est une liberté qui est importante.

  • François DURAND

    Il y a des contraintes du boulot, ça c'est sûr. Mais après la journée, si on veut se poser, si on va aller se promener, on peut.

  • Romain LE GAL

    Si tu devais garder un seul moment de ta vie d'éleveur, ça serait lequel ?

  • François DURAND

    Je pense que c'est le jour où mes enfants sont rentrés sur le Gaïc.

  • Romain LE GAL

    Donc finalement, la deuxième plus grande fête, c'était il n'y a pas si longtemps que ça.

  • François DURAND

    Pour la transmission de mon père. Mon père, c'était...

  • Romain LE GAL

    C'était ? C'était quelque chose qui tenait à cœur de vraiment revenir sur l'exploitation. On va pleurer tous les deux, François. Si tu pleures, je pleure. Bon, et toi, comment tu dégustes le Roquefort ? Parce que t'en manges deux fois par jour, mais tu le dégustes comment ?

  • François DURAND

    Je le déguste... Alors, il y en a beaucoup qui mettent de la confiture, moi non. Moi, c'est un bon pain de campagne.

  • Romain LE GAL

    Et du Roquefort.

  • François DURAND

    Et du Roquefort.

  • Romain LE GAL

    Tu ne manges pas le roquefort tout seul ? Tu l'accompagnes forcément ?

  • François DURAND

    Ah, il faut du pain.

  • Romain LE GAL

    Et dans la région, on le consomme comment majoritairement, le roquefort ?

  • François DURAND

    Le roquefort, c'est ça, ça veut dire du bon pain de campagne. Après, les érudits, peut-être, prennent de la confiture, de mûres ou de broseilles.

  • Romain LE GAL

    Les érudits, complètement, les érudits.

  • François DURAND

    Mais bon, moi non, moi je suis... C'est terroir, c'est pain de campagne et une bonne couche de roquefort. Il y en a qui rajoutent du beurre, mais bon, non.

  • Romain LE GAL

    Pour finir sur une question bonus, François, c'est quoi ta pizza préférée ?

  • François DURAND

    Bon, moi, je dis pizza, mais je ne suis pas très pizza.

  • Romain LE GAL

    Et si tu devais en choisir une ?

  • François DURAND

    Magritte canard.

  • Romain LE GAL

    Une pizza au magritte canard. D'accord.

  • François DURAND

    Parce qu'on a une pizza YOLO qui vient sur du Rhin, qui fait de bonnes pizzas avec du magritte canard.

  • Romain LE GAL

    Donc, du coup, c'est ta pizza préférée ?

  • François DURAND

    Oui, c'est ma pizza préférée, oui.

  • Romain LE GAL

    Merci beaucoup d'avoir pris le temps.

  • François DURAND

    Merci à toi d'être venu.

  • Romain LE GAL

    Merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous accueillir ce matin. Merci à vous de nous avoir écoutés. J'espère que cet épisode vous a plu. On se retrouve dès la semaine prochaine pour un nouvel épisode sur cette série spéciale consacrée au Roquefort. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires, à partager cet épisode et à nous mettre plein d'étoiles sur les plateformes d'écoute. Je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode de l'Échange.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de François DURAND

    01:26

  • Le métier d'éleveur de Brebis laitière

    02:59

  • Comment fonctionne une Brebis laitière ?

    04:44

  • Les Brebis de race Lacaune

    05:43

  • Que mangent les Brebis ?

    06:59

  • Comment décrire la région ?

    09:22

  • Les grands événements de sa vie d'éleveur

    10:20

  • Comment s'organise la relation avec une laiterie ?

    12:35

  • Les enjeux de demain ?

    16:01

  • Les effets du réchauffement climatique

    16:54

  • La transmission du savoir

    18:20

  • S'implanter en tant que producteur de lait de brebis ?

    19:41

  • Le secret de l'attachement au métier ?

    21:34

  • Ton plus beau jour en tant qu'éleveur ?

    22:03

  • Comment mange-t-on le Roquefort AOP ?

    22:40

  • LA dernière question !

    23:17

  • Conclusion

    23:38

Description

Cette année, le Roquefort célèbre ses 100 ans d'Appellation d'Origine Protégé !

À cette occasion, Lait’Change consacre une série exceptionnelle à ce fromage mythique, reconnu dans le monde entier pour sa puissance, son onctuosité… et ses caves légendaires.

Dans ce premier volet, nous partons à la rencontre de François Durand, éleveur de brebis laitières dans le petit village de Durenc, à l’ouest de Millau. Depuis plus de 40 ans, il élève ses brebis de race Lacaune sur les collines appelées « puèchs », dans un paysage aussi rude qu’attachant.


Avec passion et lucidité, François nous ouvre les portes de son quotidien : la traite à l’aube, l’équilibre des rations, les défis de la sécheresse, le lien avec sa laiterie… Mais aussi l’émotion d’avoir transmis l’exploitation à ses enfants, Maxime et Clémence, tout juste installée. Un témoignage vibrant et sincère, qui montre que derrière chaque bouchée de Roquefort, il y a des histoires de famille, de territoire et de transmission. À écouter pour mieux comprendre ce que veut dire produire du lait sous AOP Roquefort, à 800 mètres d’altitude, au rythme des brebis, du climat et de la passion.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Romain LE GAL

    Bienvenue sur Lait'Change, le podcast qui donne la parole aux actrices et aux acteurs de la filière laitière et fromagère. Je suis Romain LE GAL et nous allons démarrer un épisode un peu spécial. Cette année, nous allons fêter les 100 ans de la plus vieille appellation d'origine de France. Je parle évidemment du Roquefort. A cette occasion, nous allons vous proposer une série de deux épisodes sur ce fromage connu et reconnu dans le monde entier. Pour comprendre ce qui se cache... derrière chacune des bouchées de roquefort que nous mangeons, aujourd'hui nous partons à la rencontre de celles et ceux qui rendent cette magie possible, les éleveurs. Je suis parti à la fraîche ce matin pour rejoindre le petit village de Durenc à une heure à l'ouest de Millau, dans ce pays qui revêt un manteau verdoyant creusé de vallées occupées par des moulins à eau, des puèches, appelées également collines, et des boris. Les prairies y sont bordées d'eau bépine, de murier, de houe. Un beau cage entrecoupé de bois et de forêts essentiellement constituées de hêtres et de chênes, parmi lesquelles s'insèrent des plantations de conifères. Notre invité du jour, François Durand, du GAEC des Sonailles, va partager avec nous son quotidien d'éleveur de brebis laitières. Entre passion, tradition et défi, il nous dévoilera les coulisses de son métier, son lien avec son terroir et l'importance du lait dans la fabrication de ce romage emblématique. Bonjour François.

  • François DURAND

    Bonjour Romain.

  • Romain LE GAL

    Comment vas-tu ce matin ?

  • François DURAND

    Très bien.

  • Romain LE GAL

    Donc on est avec toi depuis quelques temps maintenant, ça fait plusieurs heures, on est arrivé vers 6h30 ce matin, au moment de la traite. François, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • François DURAND

    J'ai 58 ans, ça fait 40 ans que je suis spot-on sur la ferme de Père Bencousse. Ma grande fierté c'est d'avoir mes enfants avec moi depuis quelques temps, Maxime depuis 2016 et Clémence depuis janvier, début janvier.

  • Romain LE GAL

    Donc janvier 2025, nous citer C'est tout récent.

  • François DURAND

    C'est tout récent.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, l'exploitation, si tu peux la définir, la décrire en quelques mots.

  • François DURAND

    C'est une exploitation située à 800 mètres d'altitude, avec beaucoup de pâturage, quelques céréales pour le troupeau. C'est un terrain assez maigre puisqu'on est sur des pueches, ce qu'on appelle ici des pueches, des collines.

  • Romain LE GAL

    Je l'ai bien prononcé tout à l'heure ? Oui. À peu près ?

  • François DURAND

    Oui, très bien.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, tu fais de la brebis laitière ?

  • François DURAND

    billetière et on a quelques bovins bien pour les parcelles qui sont Pas adapté aux brebis laitières.

  • Romain LE GAL

    On reviendra sur les brebis laitières un petit peu plus tard. Et avant, toi, sur cette exploitation, c'était une exploitation familiale ?

  • François DURAND

    Oui, familiale. Mon père avait repris la propriété après-guerre, en 1946. Comme toutes les fermes à l'époque, Beauvins, Auvin, Cochon.

  • Romain LE GAL

    Et il l'avait reprise aussi de ses parents ?

  • François DURAND

    Il l'avait reprise de ses parents,

  • Romain LE GAL

    oui. Donc ici, il y a des durants depuis...

  • François DURAND

    Depuis 1922.

  • Romain LE GAL

    D'accord. Donc ça fait plus de 100 ans.

  • François DURAND

    Oui, c'est pas très long pour une exploitation familiale.

  • Romain LE GAL

    C'est déjà pas mal. Oui. Un siècle. Comme le Roquefort, finalement. Ben voilà. Et du coup, aujourd'hui, est-ce que tu pourrais nous décrire un peu ton quotidien d'éleveur ? Éleveur de brebis laitière.

  • François DURAND

    Oui, éleveur de brebis laitière, oui. Le quotidien hivernal, c'est... Ben, t'as bien vu, ce matin, on commence par la traite le matin à 6h45. La fourrache, je mens après. Une petite période de la journée où on est tranquille, où on se pose. Et on rataque l'après-midi sur les coups de 4h. avec de nouveau de l'affouragement et la traite à 5h moins le quart et à 7h.

  • Romain LE GAL

    Donc ça, c'est le rythme d'hiver ? Ça,

  • François DURAND

    c'est le rythme hivernal.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, après, ça évolue en fonction des périodes de l'année ? Oui,

  • François DURAND

    après, dès que tu arrives en février, il y a les travails extérieurs qui arrivent. Ici, on travaille beaucoup avec les effluents d'élevage, fumier, compost. On chole beaucoup puisqu'on a des terrains très acides.

  • Romain LE GAL

    Tu pourrais nous expliquer, c'est quoi choler pour ceux qui nous écoutent ?

  • François DURAND

    Mais on a des terrains acides donc qui manquent du calcium. On est obligé d'apporter du calcium si on veut avoir des prairies à base de luzerne et qu'elles durent dans le temps. Annuellement, on porte pour 75 hectares approximativement 30 tonnes de calcium, ce qui fait des 800 kg à 900 kg hectares. On passe à peu près l'ensemble de la propriété tous les deux ans.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, après, donc là on est en février, c'est quoi le reste des grandes... période de l'année ?

  • François DURAND

    Après, c'est les récoltes qui commencent fin avril, début mai. Depuis deux ans, des années pluvieuses, on a l'impression de faire que ça tout l'été. Du printemps au septembre, ça fait deux ans qu'on récolte sans arrêt. Ce n'est pas toujours le cas puisqu'on est des périodes, on est des terrains qui sont très peu profonds et dès qu'il fait sec, on est vraiment impacté par la sécheresse.

  • Romain LE GAL

    Et cette brebis, elle est très... toute l'année ? Comment fonctionne une brebis laitière ?

  • François DURAND

    La brebis laitière, elle est nôtre, elle met bas fin septembre. Elle reste avec leurs agneaux 5 semaines à peu près. On sèvre à ce moment-là les agnelles de renouvellement, les petites femelles. qui vont arriver dans un an pour la production laitière. Tous les mâles seront vendus à un petit ingresseur. Les autres femelles de renouvellement seront vendues pour la repro. Et la traite commencera effectivement au 1er novembre, puisque la laiterie ouvrera au 1er novembre.

  • Romain LE GAL

    Le temps de gestation d'une brebis, c'est combien de temps ?

  • François DURAND

    5 mois moins 8 jours.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, comment vous gérez la partie reproduction ?

  • François DURAND

    Alors la repro, ça se fait début mai ici, par insémination artificielle. Sur l'ensemble du troupeau, adultes et jeunes, les jeunes de Nant, tout le même jour, 400 et quelques brebis à l'insémination artificielle.

  • Romain LE GAL

    Et après, vous introduisez des béliers ?

  • François DURAND

    Oui, dix jours après, on introduit les béliers. Et après, tout se fera par monte naturelle.

  • Romain LE GAL

    Aujourd'hui, pour faire du lait pour le Roquefort, vous utilisez une race particulière. La lacone. La lacone. Est-ce que tu peux décrire un petit peu cette brebis, ses grandes caractéristiques ?

  • François DURAND

    Je pense que c'est une brebis qui s'adapte très bien au territoire. qui s'adaptent aussi bien à la sécheresse qu'aux zones un peu plus humides. Elles ne crèment pas trop le mauvais temps. Nous, on les a rendues peut-être un peu plus délicates maintenant, puisque on a des brebis qui produisent beaucoup plus qu'il y a 20 ans ou 30 ans.

  • Romain LE GAL

    Tu as vu l'évolution ?

  • François DURAND

    Oui, on a des brebis qui sont peut-être un peu moins rustiques, mais elles sont toujours rustiques. C'est une race qui s'adapte partout. On voit qu'on les porte un petit peu partout dans les pays limitrophes, Espagne, Italie, Grèce. C'est bien une brebis qui s'adapte un petit peu à tout type de... de climat et de sol.

  • Romain LE GAL

    Et aujourd'hui, une brebis, elle produit combien sur une saison ?

  • François DURAND

    Nous, on est à 450 litres l'année dernière, par brebis laitière.

  • Romain LE GAL

    Et si tu reviens, quand tu t'es installé ?

  • François DURAND

    Quand je me suis installé, on était à 160 litres en 1984.

  • Romain LE GAL

    Ah oui, donc il y a un sacré delta.

  • François DURAND

    Oui, il y a eu une évolution.

  • Romain LE GAL

    Quasiment fois trois.

  • François DURAND

    Oui, mais c'est général. Oui,

  • Romain LE GAL

    c'est général, mais c'est général. Et comment on fait ? Merci. C'est par rapport à l'alimentation ?

  • François DURAND

    L'alimentation joue beaucoup, puis la génétique aussi.

  • Romain LE GAL

    Et qu'est-ce qu'on donne à manger à nos brebis ? Donc en été, elles doivent aller dehors, elles vont en pâture ?

  • François DURAND

    Elles pâturent à partir du mois, fin mars, on met nos brebis dehors. On essaie de les faire pâturer un minimum de 4 heures pour dire que c'est un impact au niveau de la production laitière. Parce que l'herbe, c'est l'aliment, c'est le summum au niveau de la production laitière. C'est ce qu'il y a de mieux, qui revient le moins cher. après sa peinture ici il y en a pas mal de prairies naturelles puisqu'on a beaucoup de pentes. Ce n'est pas l'herbe qu'elles préfèrent. Elles préfèrent un bon riz granglé avec du trèfle blanc. Mais bon, elles n'ont pas le choix. Il faut qu'elles pâturent les prairies qui ne sont pas destinées à la fauche et qu'on ne peut pas mécaniser.

  • Romain LE GAL

    Et sur la partie hiver, du coup ?

  • François DURAND

    Sur la partie hiver, jusqu'à il y a 5-6 ans, on était en sec, on ne mangeait que du foin. Puis en ayant augmenté un peu les effectifs, Et il n'y a pas les bâtiments dimensionnés pour les effectifs qu'on a augmentés. On donne un petit peu d'enrubanage et un peu d'ensilage de maïs.

  • Romain LE GAL

    Donc les aliments fermentés sont autorisés dans le cahier des charges de l'AOP Roquefort. Et un petit peu de maïs et après ?

  • François DURAND

    Tout ce qui est ration à base d'orge, bouchons de luzerne. Puisqu'il faut bien savoir que pour qu'une brebis produise 450 litres, elle a une capacité d'ingestion assez limitée. Donc, il faut trouver des aliments qui sont un peu plus concentrés. C'est pour ça qu'on a de la ration orge, bouchon de luzerne, dredge de maïs.

  • Romain LE GAL

    Et aujourd'hui, par rapport au cahier des charges AOP, il y a des notions d'autonomie, d'autonomie fourragère. Est-ce que tu peux nous les donner ?

  • François DURAND

    Il ne faut pas dépasser les 200 kilos d'achat de concentré. Il faut acheter sur le rayon.

  • Romain LE GAL

    De la zone ?

  • François DURAND

    De la zone, pour ce qui est fourrage grossier, je pense. C'est tellement machinal que je crois que le cahier des charges, je ne l'ai pas intégré.

  • Romain LE GAL

    Tu le fais naturellement depuis tellement d'années. Oui,

  • François DURAND

    oui, oui.

  • Romain LE GAL

    Ton papa faisait aussi du lait qui était transformé en Roquefort ?

  • François DURAND

    Oui, oui. Depuis, on est entré chez Vernière depuis les origines, je pensais.

  • Romain LE GAL

    D'accord. Donc, toi, tu as toujours travaillé. Oui. Alors là, on va en revenir après avec une laiterie. Oui, oui. Aujourd'hui, toi, tu es ramassé par Vernière, mais on en parlera un peu plus tard. un petit peu plus tard. Et pour ceux qui ne connaissent pas la région, comment tu pourrais décrire ton terroir ?

  • François DURAND

    C'est toujours le meilleur, le plus beau. On a deux régions ici. On a du Ségala et du Lévesou. Le Ségala, ce sont des zones avec des terrains assez profonds. Et le Lévesou, c'est plus aride,

  • Romain LE GAL

    un peu plus froid,

  • François DURAND

    des terrains plus légers, plus pauvres. Et ici, on est vraiment sur la limite. On a des terres en bas de communes qui sont...

  • Romain LE GAL

    Qui sont pratiques pour l'éculture.

  • François DURAND

    Qui sont pratiques pour l'éculture. Et sur le haut, c'est pratique pour la peinture.

  • Romain LE GAL

    Donc, c'est pratique pour les brebis. Donc, idéalement, c'est...

  • François DURAND

    et situation. Pas le mot que je dirais, puisque l'idéal, ce serait d'avoir des terres à la bourrable un petit peu partout et pas avoir des cailloux à ramasser. Mais ce n'est pas le cas, on s'adapte.

  • Romain LE GAL

    Est-ce que dans ta vie d'éleveur, tu as eu, depuis que tu t'es installé, des événements marquants, que ce soit positifs ou que ce soit des événements négatifs qui ont marqué ta vie d'éleveur ?

  • François DURAND

    En 40 ans, j'ai vu pas mal d'évolutions. quand j'ai démarré euh... Mon papa avait 68 ans, donc c'était l'ancienne génération. On travaillait comme dans les années 70. Il a fallu évoluer.

  • Romain LE GAL

    Toi, ton côté d'apport, finalement, positif ? Oui,

  • François DURAND

    mais c'est allé très doucement puisqu'on n'avait pas les moyens. En 1984, je crois qu'on produisait dans les 360 hectolitres. C'était une misère. Tu sortais un salaire, mais il ne fallait pas aller au-delà.

  • Romain LE GAL

    Finalement au début c'était dur parce que... Oui,

  • François DURAND

    pas de bâtiment adapté à l'époque. J'ai fait ma bergerie en 1993. Après là du coup, tout décolle. La production décolle, les brebis sont mieux dans le bâtiment. Puis le problème c'est la production. On ne pouvait pas produire. On avait le bâtiment mais on ne pouvait pas produire.

  • Romain LE GAL

    C'est-à-dire ? Explique-nous.

  • François DURAND

    Le Roquefort a mis des références dans les années 87. Ils avaient pris la moyenne des trois dernières meilleures années je crois. Du coup, on était plafonnés. Je crois que j'avais 560 hectolitres.

  • Romain LE GAL

    Pour que tout le monde comprenne, tu avais un quota ?

  • François DURAND

    J'avais un quota avec trois prix de lait.

  • Romain LE GAL

    D'accord.

  • François DURAND

    Un prix Roquefort, un prix diversification et après un prix poudre de lait. C'était une misère. C'était 40 centimes. Plus tu faisais de poudre de lait, plus ton prix du lait baissait. Du coup, tu essayais d'en faire le moins possible, mais tu ne pouvais pas évoluer au niveau production.

  • Romain LE GAL

    Et ce système de quotas, ça a duré jusqu'à quand ?

  • François DURAND

    Jusqu'en 2015. 2016, Roquefort un peu implosé. Des nouvelles laiteries sont arrivées sur le territoire, ce qui a fait monter le prix du lait. Notre laiterie nous a donné des droits à produire. Un prix du lait un peu revalorisé, petit à petit. Et du coup, on est passé, je crois, de 900 hectolitres en 2016 à l'année dernière, 1900. Ce qui a permis à Maxime de s'installer et maintenant à Clémence.

  • Romain LE GAL

    Donc ça, on reviendra un petit peu à la partie de transition tout à l'heure. Et ça tombe bien, tu fais la transition avec le sujet qu'on va aborder maintenant. Aujourd'hui, tu as quelqu'un qui te collègue, donc une laiterie. Comment ça s'organise pour la relation avec la laiterie ? Comment ça fonctionne ?

  • François DURAND

    Après, je pense que depuis qu'on a les organisations de producteurs, on se retrouve assez régulièrement avec les producteurs en réunion.

  • Romain LE GAL

    Vous avez une organisation de producteurs, vous êtes combien de producteurs sur cette liste ?

  • François DURAND

    On est 53 dans la laiterie. Je pense qu'il y en a rien qu'un ou deux qui n'ont pas adhéré peut-être au...

  • Romain LE GAL

    Ok, donc en gros, c'est votre organisation de producteurs, c'est tous les producteurs qui livrent la laiterie, là aujourd'hui, Vernière. Aujourd'hui, toi, en tant que producteur, tu as des relations régulières avec Vernière ?

  • François DURAND

    La littorie, ça se limite souvent avec Adeline.

  • Romain LE GAL

    Adeline qui nous accompagne ce matin.

  • François DURAND

    Qui nous accompagne ce matin.

  • Romain LE GAL

    Alors tu as dit, Adeline, elle t'a souvent au téléphone. Pourquoi tu as Adeline au téléphone ?

  • François DURAND

    Parce que c'est elle qui suit un peu l'évolution de notre production en qualité.

  • Romain LE GAL

    Oui. Et donc, quand elle t'a appelé pour que je vienne te voir ce matin,

  • François DURAND

    Ah ouais, j'avais un gros souci, je me suis dit,

  • Romain LE GAL

    oh là là. Il y a eu un petit coup de stress.

  • François DURAND

    Ouais, salmonelle, butyrique, coliforme, voilà.

  • Romain LE GAL

    C'est ce qui était venu à l'esprit.

  • François DURAND

    Et puis finalement,

  • Romain LE GAL

    c'était que moi.

  • François DURAND

    Ouais, ouais.

  • Romain LE GAL

    Donc, c'était une bonne nouvelle.

  • François DURAND

    C'était bon, ouais.

  • Romain LE GAL

    Final, c'était un ascenseur émotionnel.

  • François DURAND

    Voilà.

  • Romain LE GAL

    Et du coup, c'est elle, toi, principale. Oui, c'est la principale interlocutrice. Ouais, ouais. Et donc la laiterie, elle te ramasse... Tous les jours ?

  • François DURAND

    Quotidiennement, oui.

  • Romain LE GAL

    Pour ensuite transformer ton lait sur Bill Fringe Panna. Aujourd'hui, tu as des objectifs. Justement, tu parlais de qualité du lait. C'est quoi les objectifs de qualité du lait pour transformer en Roquefort ?

  • François DURAND

    Il faut savoir qu'on a une grille qualité. Si on est bon partout, on a une plus-value.

  • Romain LE GAL

    Et qu'est-ce qu'ils vous demandent, par exemple, pour avoir la plus-value ?

  • François DURAND

    Je crois que les critères, je ne les ai pas. Moi, j'essaie d'être assez bon. Il faut être bon. Il y a plusieurs germes dans le lait. Il y a les cellules somatiques, il y a les coliformes, il y a les butyriques. Ça se venduit souvent par les aliments humides, un rubanage ou un silage. Puis après, pour les qualités des litières aussi.

  • Romain LE GAL

    En ce moment, on le voyait ce matin, vous payez le matin et le soir pour que les gens...

  • François DURAND

    Pour prévenir, oui.

  • Romain LE GAL

    Pour que les brebis soient bien aussi en termes de bien-être animal. Est-ce que toi déjà, tu as visité la laiterie ou les caves d'affinage ?

  • François DURAND

    On a eu l'occasion, mais moi, je n'étais pas disponible le jour où ça s'est fait. Les caves d'affinerie, à part le bureau, je pense que je ne suis jamais rentré là où ils transforment.

  • Romain LE GAL

    Je pense que Jean-François ou Adeline qui nous entend, te proposons prochainement d'aller visiter et les caves d'affinage et la laiterie. Comme ça, ça permettra. Et toi, aujourd'hui, quand tu pars en vacances, tu prends un petit peu de vacances quand même ?

  • François DURAND

    Oui, on essaie de partir quelques jours,

  • Romain LE GAL

    oui. C'est l'avantage d'avoir les enfants aussi qui peuvent prendre, maintenant qu'ils sont même dans le projet.

  • François DURAND

    Même quand ils étaient petits, on essayait de partir. J'avais les voisins qui venaient faire le boulot.

  • Romain LE GAL

    Et c'est quoi ton sentiment quand tu vas voir un crémier fromager ou quand tu vois du Roquefort vernière dans d'autres régions ?

  • François DURAND

    Déjà, quand on va chez un fromager, on voit du vernière.

  • Romain LE GAL

    C'est déjà la première chose. On sort tout de suite ?

  • François DURAND

    Non, on ne sort pas tout de suite. Non, parce qu'on essaie quand même de... d'apprécier ce qui se fait sur le local, mais on regarde si on bat notre produit.

  • Romain LE GAL

    Dans l'avenir, ça va être quoi les plus gros enjeux ? C'est quoi les défis qui arrivent dans l'avenir par rapport à toi ? Comment tu as vu évoluer le métier ? Comment tu as vu évoluer aussi tout ce qui gravite autour ? On parle souvent de météo, on parle souvent...

  • François DURAND

    Nous, des défis, on en a un gros là. Et puisque, avec l'installation de Clémence, on redélocalise tous nos bâtiments. Et là-dessus se greffe, oui, le souci au niveau climatique. Parce qu'on s'aperçoit qu'on a des périodes très sèches, où ici c'est compliqué de faire du stock. Des périodes très pluvieuses, où c'est compliqué de faire de la qualité. Même avec un séchage, c'est très compliqué de faire de la qualité. Un fourrage, quand il pleut, on va croire que ça se fait tout seul. Mais oui, je pense que le plus gros défi, ce sera de s'adapter aux défis climatiques.

  • Romain LE GAL

    Pour toi, c'est... Ah ouais.

  • François DURAND

    C'est ce que j'appréhende le plus.

  • Romain LE GAL

    Est-ce que toi, tu as vu un peu la topographie changer dans le paysage sur ces 40 dernières années, justement par rapport à, on parle de réchauffement climatique, aujourd'hui dans la région, est-ce que tu as vu évoluer ?

  • François DURAND

    Ici, oui, parce qu'on était vraiment à la limite, on avait tout le temps de la neige. Ici, il y a 30 ans, on passait un mois sous la neige, maintenant c'est fini.

  • Romain LE GAL

    Aujourd'hui, on est début janvier.

  • François DURAND

    Ça a blanchi un matin, mais c'est tout. On n'a pas vu de neige encore.

  • Romain LE GAL

    Donc des hivers beaucoup moins rudes.

  • François DURAND

    Beaucoup moins rudes, beaucoup plus pluvieux.

  • Romain LE GAL

    Et ça a impacté quoi sur ta production ?

  • François DURAND

    Ça n'impacte pas grand-chose, si tu veux, pour le moment. C'est simplement que ça change. Tu te dis que le midi est très sec. Est-ce que dans 20 ans, ce ne sera pas le cas ici ? On se demande, on investit, mais on a toujours cette arrière-pensée. Est-ce qu'on vivra toujours un entrantant comme on vit aujourd'hui ? Est-ce qu'il ne faudra pas aller chercher des entrants plus loin ? Peut-être que ça peut être l'inverse. On peut avoir un climat très pluvieux comme on l'a eu. On ne sait pas trop.

  • Romain LE GAL

    Il y a des variations qui sont très changeantes.

  • François DURAND

    Très changeantes, oui.

  • Romain LE GAL

    On n'a plus de grandes règles. Non. C'est un sujet sur lequel j'échange souvent avec les producteurs. Maintenant, on n'a plus réellement les quatre saisons. Non, non. On en a deux. Voilà. On a l'hiver et on a l'été. Il n'y a plus la transition à l'été. Très soudaine, très brusque. Très vite, oui. Et puis on peut avoir un retour en arrière aussi rapide.

  • François DURAND

    Voilà, c'est ça.

  • Romain LE GAL

    Donc là, toi, tu as la chance d'avoir une nouvelle génération qui arrive. Comment tu accompagnes tes enfants dans cette transmission ? Est-ce que ça a toujours été un projet qui te rejoigne sur l'exploitation ?

  • François DURAND

    Moi, ça a toujours été dans mes attentes, que mes enfants s'intéressent à l'agriculture. Moi, je suis très agricole, très éleveur.

  • Romain LE GAL

    Très éleveur ?

  • François DURAND

    Pas très matériel, très éleveur.

  • Romain LE GAL

    Donc finalement, tu les as incités à venir ?

  • François DURAND

    Incités, mais je pense que ça s'est fait tout seul, puisque mon petit, déjà, il suivait le mouvement.

  • Romain LE GAL

    Et qu'est-ce que tu peux leur souhaiter ? Parce que là, toi, tu vas les accompagner, tu n'es pas encore à la retraite ? Non. Ton papa, tu me disais qu'il t'a accompagné sur l'exploitation, jusqu'à quel âge ?

  • François DURAND

    Jusqu'à 85 ans.

  • Romain LE GAL

    Donc, tu as encore un petit peu de temps à travailler ? Oui, oui.

  • François DURAND

    Oui, oui. Après ça, moi, de toute façon, je m'ennuierais ici si je ne fais rien.

  • Romain LE GAL

    Tu ne te vois pas arrêté ? De toute façon, tu es né avec les brebis. Tu ne te vois pas, et pour toi, il n'y a pas de question réellement de retraite ?

  • François DURAND

    Non, je ne pense pas, non. Je trouverais d'autres occupations, peut-être, mais bon...

  • Romain LE GAL

    Faire du bois ?

  • François DURAND

    Le bois, le jardinage, la rigueur.

  • Romain LE GAL

    Et toi, cette reprise, elle est dans un cadre familial ? Aujourd'hui, est-ce que dans la région, il y a des reprises qui sont faites hors cadre familial ? Est-ce que finalement, il y a des possibilités pour des jeunes de venir, s'ils sont passionnés, s'investir ?

  • François DURAND

    Je pense qu'il y aura des possibilités, puisque on s'aperçoit qu'au niveau agricole, il y a beaucoup de fils agriculteurs qui ne reprennent pas. Il y a des exploitations vacantes et il y a des jeunes hors cadre qui ont vraiment le goût de l'élevage et de l'agriculture. Et si les sédans sont assez favorables à installer des jeunes hors cadre, s'ils leur font des faveurs, qu'ils essayent de les accompagner, ça se fera. Mais il ne faut pas être trop gourmand.

  • Romain LE GAL

    Toi, comment tu pourrais motiver s'il y a des gens qui nous écoutent, des jeunes ? Qu'est-ce que tu pourrais leur dire pour les motiver à rejoindre ce métier d'éleveur ?

  • François DURAND

    Déjà, pour connaître, il faut s'impliquer, soit faire des stages.

  • Romain LE GAL

    S'il y a quelqu'un qui est intéressé, il peut te contacter pour venir faire un stage ?

  • François DURAND

    Là, on a un jeune stagiaire, on en avait eu un l'année dernière. C'est le troisième qu'on prend. Moi, je n'étais pas très stagiaire à l'époque. Quand j'étais tout seul, c'était compliqué d'accompagner quelqu'un. Bon, maintenant, c'est différent. On est plusieurs. on arriva Ça m'occupait, parce que quand tu as quelqu'un sur une exploitation, tu es obligé de passer du temps, de lui montrer.

  • Romain LE GAL

    Tu as fait aussi partie du rôle d'un maître d'étage, de justement transmettre. Là, tu as parlé de transmission. Donc aujourd'hui, tu penses que la clé, c'est par la transmission.

  • François DURAND

    C'est par la transmission, oui.

  • Romain LE GAL

    Et par la passion.

  • François DURAND

    Et la passion aussi. Enfin, un jeune qui a la passion des animaux, déjà... Mais il faut la passion de l'élevage. Pour faire des brebis laitiens, il faut la passion de l'élevage. Tu ne vas pas venir sur une propriété si tu aimes conduire que le tracteur.

  • Romain LE GAL

    Sur ce type de propriété, non. Sur ce type de propriété,

  • François DURAND

    il faut rester leveur.

  • Romain LE GAL

    Ce n'est pas la bonne région. Et toi, si tu devais donner un symbole de ton attachement à ton métier, ça serait quoi ?

  • François DURAND

    Tu me poses une école.

  • Romain LE GAL

    Qu'est-ce qui fait que tu es attaché à ce métier ?

  • François DURAND

    Déjà, c'est la liberté de faire ce que je veux.

  • Romain LE GAL

    On ne t'embête pas ?

  • François DURAND

    On ne m'embête pas, oui. On a des contraintes au niveau réglementation, mais je fais ce que je veux.

  • Romain LE GAL

    Tu es chez toi, tu es le patron et tu fais ce que tu veux.

  • François DURAND

    Si je vais aller faire la sieste, je vais faire la sieste.

  • Romain LE GAL

    La gestion du temps.

  • François DURAND

    La gestion du temps, oui.

  • Romain LE GAL

    Ça, c'est une liberté qui est importante.

  • François DURAND

    Il y a des contraintes du boulot, ça c'est sûr. Mais après la journée, si on veut se poser, si on va aller se promener, on peut.

  • Romain LE GAL

    Si tu devais garder un seul moment de ta vie d'éleveur, ça serait lequel ?

  • François DURAND

    Je pense que c'est le jour où mes enfants sont rentrés sur le Gaïc.

  • Romain LE GAL

    Donc finalement, la deuxième plus grande fête, c'était il n'y a pas si longtemps que ça.

  • François DURAND

    Pour la transmission de mon père. Mon père, c'était...

  • Romain LE GAL

    C'était ? C'était quelque chose qui tenait à cœur de vraiment revenir sur l'exploitation. On va pleurer tous les deux, François. Si tu pleures, je pleure. Bon, et toi, comment tu dégustes le Roquefort ? Parce que t'en manges deux fois par jour, mais tu le dégustes comment ?

  • François DURAND

    Je le déguste... Alors, il y en a beaucoup qui mettent de la confiture, moi non. Moi, c'est un bon pain de campagne.

  • Romain LE GAL

    Et du Roquefort.

  • François DURAND

    Et du Roquefort.

  • Romain LE GAL

    Tu ne manges pas le roquefort tout seul ? Tu l'accompagnes forcément ?

  • François DURAND

    Ah, il faut du pain.

  • Romain LE GAL

    Et dans la région, on le consomme comment majoritairement, le roquefort ?

  • François DURAND

    Le roquefort, c'est ça, ça veut dire du bon pain de campagne. Après, les érudits, peut-être, prennent de la confiture, de mûres ou de broseilles.

  • Romain LE GAL

    Les érudits, complètement, les érudits.

  • François DURAND

    Mais bon, moi non, moi je suis... C'est terroir, c'est pain de campagne et une bonne couche de roquefort. Il y en a qui rajoutent du beurre, mais bon, non.

  • Romain LE GAL

    Pour finir sur une question bonus, François, c'est quoi ta pizza préférée ?

  • François DURAND

    Bon, moi, je dis pizza, mais je ne suis pas très pizza.

  • Romain LE GAL

    Et si tu devais en choisir une ?

  • François DURAND

    Magritte canard.

  • Romain LE GAL

    Une pizza au magritte canard. D'accord.

  • François DURAND

    Parce qu'on a une pizza YOLO qui vient sur du Rhin, qui fait de bonnes pizzas avec du magritte canard.

  • Romain LE GAL

    Donc, du coup, c'est ta pizza préférée ?

  • François DURAND

    Oui, c'est ma pizza préférée, oui.

  • Romain LE GAL

    Merci beaucoup d'avoir pris le temps.

  • François DURAND

    Merci à toi d'être venu.

  • Romain LE GAL

    Merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous accueillir ce matin. Merci à vous de nous avoir écoutés. J'espère que cet épisode vous a plu. On se retrouve dès la semaine prochaine pour un nouvel épisode sur cette série spéciale consacrée au Roquefort. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires, à partager cet épisode et à nous mettre plein d'étoiles sur les plateformes d'écoute. Je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode de l'Échange.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de François DURAND

    01:26

  • Le métier d'éleveur de Brebis laitière

    02:59

  • Comment fonctionne une Brebis laitière ?

    04:44

  • Les Brebis de race Lacaune

    05:43

  • Que mangent les Brebis ?

    06:59

  • Comment décrire la région ?

    09:22

  • Les grands événements de sa vie d'éleveur

    10:20

  • Comment s'organise la relation avec une laiterie ?

    12:35

  • Les enjeux de demain ?

    16:01

  • Les effets du réchauffement climatique

    16:54

  • La transmission du savoir

    18:20

  • S'implanter en tant que producteur de lait de brebis ?

    19:41

  • Le secret de l'attachement au métier ?

    21:34

  • Ton plus beau jour en tant qu'éleveur ?

    22:03

  • Comment mange-t-on le Roquefort AOP ?

    22:40

  • LA dernière question !

    23:17

  • Conclusion

    23:38

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