Speaker #1Le docteur Daniel Siegel, l'un des experts mondiaux du cerveau de l'enfant, nous dit la chose suivante. En grandissant, le cerveau de l'enfant se construit en miroir de celui de ses parents. Si les parents gagnent en équilibre émotionnel, les enfants récoltent les fruits et évoluent eux aussi vers davantage d'équilibre. Cela signifie qu'intégrer et cultiver votre propre cerveau est le plus beau des cadeaux que vous puissiez faire à votre enfant. Devenir parent est souvent perçu comme un virage radical dans une vie. Et ce, à juste titre. On passe d'individu autonome à pilier central d'un nouvel écosystème, celui de la famille nucléaire. Ce changement, bien qu'enthousiasmant, peut aussi être déstabilisant si nous oublions que, avant d'être parents, nous étions des êtres humains, avec leurs propres besoins, désirs et aspirations. Pour comprendre cette dynamique, il est utile de revenir à la pyramide de Maslow qui décrit fondamentaux de tout individu. A la base, on trouve les besoins physiologiques manger, dormir et de sécurité, suivi par les besoins d'appartenance, d'estime de soi et enfin d'accomplissement personnel. Lorsque nous devenons parents, il est facile de négliger ces derniers niveaux, ceux qui concernent notre identité et notre épanouissement, au profit des premiers dédiés aux enfants. Cependant, sacrifier nos propres besoins n'est pas sans conséquences. Cela affecte notre bien-être et paraît que celui de toute notre famille. En devenant parents, nous ne sommes pas transformés en robots programmés pour répondre aux moindres besoins de nos minis humains. Nous restons des individus complexes, porteurs d'émotions, de rêves et surtout de limites. Or, nombreux sont ceux qui tombent dans le piège de cette suradaptation. Ils se mettent en mode sacrifice permanent, pensant que c'est ce que la parentalité exige. Mais à trop donner sans se ressourcer, on risque le burn-out parental. Les enfants, même très jeunes, ressentent cette tension invisible et s'en nourrissent inconsciemment. Un parent épuisé ou frustré transmet inévitablement son mal-être, même si ses intentions sont bonnes. La clé est donc de retrouver cet équilibre entre attention portée aux enfants et attention portée à soi-même. Cela signifie accepter que prendre du temps pour soi n'est ni égoïste, ni superflu, mais une condition sine qua non pour être un parent équilibré et bienveillant. Mais concrètement, que signifie prendre du temps pour soi ? Il ne s'agit pas seulement de quelques heures volées ici et là pour regarder une série ou scroller sur les réseaux sociaux. Prendre soin de soi, c'est cultiver des moments où l'on revient à soi, où l'on se reconnecte avec ses besoins profonds, ses passions, sa créativité. Une méthode simple pour y parvenir, que j'applique déjà depuis un bon moment, est de bloquer chaque jour un rendez-vous avec soi-même dans son agenda. Tout comme vous mettriez une réunion, un rendez-vous médical, ou un déjeuner avec un ami auquel vous ne dérogeriez pas. Et pour vous assurer d'y parvenir, définissez un temps dont vous savez qu'il sera respectable. Que ce soit 10, 20 ou 30 minutes n'est pas ce qui compte. Ce qui importe, c'est ce que vous choisissez d'en faire. Cela peut être de la méditation, une séance de sport ou de yoga, une promenade en forêt ou même un café savouré tranquillement avec un livre. Ce moment doit être sacré, totalement non négociable. En faisant cela, vous envoyez un message fort à votre entourage. Je compte aussi. et mes besoins sont légitimes. Avec le temps, ces pauses régulières deviennent des bouées de sauvetage dans la course effrénée du quotidien. Et croyez-moi, elles sont une aide absolument inestimable pour maintenir le cap sans se perdre soi-même. Au-delà du temps physique que l'on peut s'accorder, travailler sur ses émotions est tout aussi crucial. Il est facile de se définir uniquement par son rôle de parent. D'oublier qu'on est aussi un homme ou une femme, avec ses blessures, ses joies et ses ombres. Explorer ces parties de soi permet de mieux comprendre comprendre pourquoi certains comportements parentaux nous font réagir plus vivement que d'autres. Par exemple, une frustration excessive face à un enfant dit « capricieux » pourrait résonner avec une insatisfaction personnelle refoulée. Pour cela, des outils comme l'EFT, Emotional Freedom Technique, également appelé tapping, peuvent être précieux. Cette technique combine des stimulations corporelles légères avec une verbalisation des émotions pour libérer les blocages émotionnels. De même, les thérapies brèves offrent des solutions rapides et efficaces pour gérer le stress et améliorer la communication familiale. Ces approches rappellent que prendre soin de soi, c'est aussi prendre soin de son mental. En conclusion, remettre le parent au centre de l'écosystème familial n'est pas un acte d'égoïsme, mais une démarche réellement essentielle pour maintenir un équilibre harmonieux. En honorant nos besoins fondamentaux, en prenant soin de notre corps et de notre esprit, nous devenons des parents plus présents, plus patients et surtout plus heureux. Nos enfants, loin d'être privés de quelque chose, bénéficient alors d'un modèle authentique de bienveillance envers soi et les autres. Alors aujourd'hui, posez-vous cette question. Quand ai-je pris du vrai temps de qualité pour moi ? Si la réponse est floue, peut-être est-il temps de commencer dès maintenant. Au plaisir de vous retrouver lors de la prochaine chronique du Coin des Parents, dans laquelle nous aborderons l'importance d'éduquer nos enfants aux émotions, et ce, dès le plus jeune âge. D'ici là, surfez sur la vague de la parentalité, entre houle crête et creux, en visant le tube, et si vous vous retrouvez dans une bahine, rejoignez la communauté des parents par robot sur les réseaux.