Speaker #1Avant tout, la première chose à avoir en tête est que ce que je préfère nommer des débordements plutôt que des crises sont des étapes incontournables du développement chez les jeunes enfants et leur maturation. Non, ce n'est pas contre vous. Et non, votre enfant n'a pas décidé d'avoir votre peau. Entre le terrible tout, le three-nager, le furious four dans sa version politiquement correcte, et même la petite adolescence des six ans, sans oublier un petit quelque chose vers cinq ans, Ces périodes souvent décrites comme ingérable marque en réalité une évolution psychologique cruciale. Et pour les parents, c'est parfois un parcours du combattant. Mais rassurez-vous, craquer n'est pas un drame, c'est même totalement humain et tout à fait récupérable. Faisons maintenant ensemble un tour d'horizon déculpabilisant de ces fameuses crises. Si chaque enfant est unique, certaines phases critiques se retrouvent assez systématiquement autour de certains âges. Commençons par le fameux terrible tout. qui débute aux environs de 24 mois, mais parfois même déjà vers 18 mois, et qui peut durer jusqu'à presque 3 ans. Oui, donc jusqu'à la crise suivante en réalité. L'enfant commence à prendre conscience de lui-même comme individu distinct. Il dit non à tout, explose pour un rien, et veut tout faire tout seul. Vient ensuite le 3-nager vers 3 ans. L'imaginaire s'éveille, les émotions deviennent plus complexes, et l'enfant apprend à naviguer entre frustration, désir de socialisation et quête de reconnaissance. Le mot d'ordre ? Je veux tout, maintenant, et exactement comme je veux. Il oscille entre besoin de sécurité et envie de contrôle, avec une capacité incroyable à transformer un simple changement de pyjama ou de course au supermarché en bataille rangée. Prêt pour la suite ? Je vous présente le Furious Four vers 4 ans. Si vous pensiez que ça allait s'arranger, détrompez-vous. À cet âge-là, l'enfant développe sa moralité, teste les limites et adore jouer Ausha et à la souris avec l'autorité parentale. Il devient stratège dans la manipulation affective et expert en chantage émotionnel. Vous êtes toujours en vie ? Allez, on passe au Fighting Five, vers 5 ans. Cet âge marque un tournant subtil. L'enfant grandit, comprend mieux les règles sociales, mais il reste très centré sur lui-même. Il peut devenir hyper compétitif, avoir une vision noire ou blanche du monde, et réagir violemment face à l'injustice perçue. C'est aussi l'âge où il commence à mentir stratégiquement, à vouloir tout contrôler. et à remettre en question absolument tout ce que vous dites. Sans oublier que c'est aussi une période des questions les plus diverses. Pourquoi le ciel est bleu ? Pourquoi on dort ? Pourquoi tu m'aimes ? Voir même totalement improbable. Me concernant, j'ai à peine eu le temps de me remettre de « Maman, est-ce que les pingouins ont des genoux ? » pour numéro 1, avant que numéro 10 n'enchaîne sur « Maman, comment se forment les trous noirs ? » Je vais vous répondre tout de suite pour la première question parce que sinon je vais vous perdre. Oui, les pingouins ont des genoux et ils ont même des coudes. Pour celles sur les trous noirs, on verra ça un petit peu plus tard. Et pour finir en beauté, la fameuse petite adolescence des 6 ans. A cet âge, l'enfant entre à la grande école, découvre les dynamiques du groupe et confronte ses idées à celles des autres. C'est un mélange d'excitation, de fatigue chronique, surtout après l'école, de caprices incompréhensibles et de moments de tendresse inattendus. Parfois, il agit comme un atule de miniature et deux minutes plus tard, il fait pipi dans sa culotte en rigolant. Bref, c'est encore un chantier. Voyons maintenant pourquoi ces crises sont nécessaires, parce que mieux les comprendre aidera toujours à mieux les traverser ou supporter. Ces moments de tension ne sont pas des caprices gratuits, même si cela n'existe pas. ou des tentatives conscientes de rendre les parents fous, même s'ils y ressemblent parfois. Ils correspondent à des bons impressionnants dans le développement cognitif, émotionnel et social de l'enfant. Concernant le développement cognitif, l'enfant explore les limites, construit sa pensée logique et découvre les conséquences de ses actes. Sur le plan du développement émotionnel, il apprend à identifier, exprimer et réguler ses émotions, mais sans savoir encore comment le faire, ni les mots pour le dire. La chronique sur l'éducation aux émotions vous apportera d'ailleurs des informations très intéressantes sur ce sujet. Il nous reste le développement social. L'enfant teste les relations aux autres, affirme son identité et cherche à exercer un pouvoir sur son environnement. Autrement dit, chaque crise est un signe de progrès. Si si, je vous assure. Un enfant qui résiste, c'est un enfant qui grandit. Les crises du développement, c'est un peu comme une série en plusieurs saisons. Chaque âge apporte son lot d'émotions, de rebondissements et de dialogues absurdes. Non, je ne veux pas de glace, je veux un croissant. Mais pas celui-là, un autre. C'est fatigant, parfois incompréhensible. Mais c'est aussi ce qui rend l'aventure parentale si intense. Alors si vous craquez, hurlez dans un coussin. Envoyez un message désespéré à votre partenaire ou à votre meilleur ami maman ou faites semblant de parler Ausha pour évacuer le stress. Personne ne vous jugera. Enfin si, peut-être votre enfant avec son regard mi-choqué, mi-amusé. Mais c'est ça être parent. C'est apprendre à rire de la situation, même quand on est en pyjama à 14h avec des morceaux de biscuits plein les cheveux. Et souvenez-vous, un jour votre enfant cessera de hurler parce que ses chaussettes sont trop serrées pour se mettre à vous dire « Maman, Papa, tu me stresses grave ! » Alors vous comprendrez que les crises évoluent. mais qu'elles ne disparaissent jamais vraiment. En attendant, respirer, buvez un café, froid, mais c'est déjà ça, et gardez en tête que derrière chaque enfant turbulent se cache un adulte en construction. Et derrière chaque parent dépassé, un héros masqué, souvent armé d'un biberon, et d'une dose de déni. Au plaisir de vous retrouver lors de la prochaine chronique du Coin des parents, dans laquelle je vous donnerai des tips pratico-pratiques pour survivre à toutes ces étapes en préservant votre santé mentale. D'ici là, surfez sur la vague de la parentalité, entre houle, crête et creux, en visant le tube, et si vous vous retrouvez dans une bahine, rejoignez la communauté des parents parobos sur les réseaux.