Speaker #1Il y a des jours où être parent ressemble à une performance de funambule sur un fil tendu entre deux immeubles. Imaginez, vous avancez, les bras en équilibre, essayant de ne pas tomber, tout en vous demandant pourquoi personne ne vous a prévenu que le vent votre panel émotionnel si différent de celui de votre vie d'avant pouvait souffler tellement fort et surtout de façon totalement imprévue. Et puis il y a votre enfant, qui joue allègrement avec le balancier du fil au gré de ses propres émotions, sans vraiment se rendre compte qu'il pourrait bien provoquer une chute collective. Bienvenue dans l'univers fascinant et parfois chaotique de la co-régulation émotionnelle. D'ailleurs, elle n'est pas présente que dans la sphère familiale. Nous connaissons tous cette personne qui est capable de totalement modifier l'atmosphère d'une pièce juste en passant le seuil de la porte, que ce soit au travail ou dans notre cercle privé. La différence majeure entre ces deux situations est en l'âge des protagonistes. Même si certains adultes ont reçu une éducation émotionnelle tellement défaillante qu'ils se régulent à peu près aussi bien qu'un gamin de 5 ans. Commençons par comprendre pourquoi nos émotions d'adultes impactent nos enfants Et quel est le processus subtil et essentiel dans lequel parents, et enfants doivent apprendre ensemble à naviguer dans les eaux tumultueuses des émotions. Imaginez maintenant une journée typique. Vous rentrez chez vous après une réunion désastreuse au travail, stressé par les embouteillages, agacé par la réflexion de votre collègue et peut-être même légèrement affamé après avoir avalé un sandwich triangle entre deux rendez-vous pour seul repas de la journée. Juste après avoir passé le seuil de la porte et avant même d'avoir eu le temps de vous déchausser, vous êtes accueilli par votre enfant qui, plein d'enthousiasme, vous saute dessus en hurlant « Papa, maman, devine quoi ? J'ai refait la décoration de ma chambre avec des nouveaux feutres ! » Si vous avez déjà vécu cette scène, vous savez qu'il n'y a pas de bouton magique pour transformer instantanément votre humeur. Votre réaction, un mélange de surprise, d'exaspération et peut-être même de résignation quand cela ne part pas directement sur de la colère, est inévitablement influencée par votre propre émotionnel, lui-même en lien avec les événements précédemment cités de la journée. Les enfants sont comme des radars hypersensibles aux émotions des adultes. Selon l'expression consacrée, ils sont des éponges, ce à quoi je rajouterais qu'ils ne sont néanmoins pas pratiques du tout pour faire la vaisselle. Cela signifie bien qu'il y a une réelle connexion, et qu'elle peut être aussi bénéfique que délétère. Qui n'a pas déjà remarqué que les soirées sont particulièrement difficiles après une journée parentale bien pourrie ? Objectivement, et avec un minimum de recul, Nos enfants n'étaient pas pires que d'habitude ce soir-là. Mais comme nous n'avons pas travaillé sur notre propre seuil de tolérance, et surtout accepté qu'il est fluctuant, nous allons tout mettre en œuvre, malgré nous, pour que la soirée tourne au cauchemar. Alors que prendre ne serait-ce que quelques minutes pour s'apaiser, avant de retrouver ses enfants, peut vraiment tout changer. Chose dont nous reparlerons. Nos enfants perçoivent donc notre stress, notre fatigue ou notre colère avant même que nous ayons eu le temps de dire bonjour. Et c'est là que l'impact commence. Lorsque nous sommes submergés par nos propres émotions, nous avons tendance à répondre de manière disproportionnée ou inadaptée au comportement de nos enfants. Ce qui aurait pu être un moment d'apprentissage, non chérie, les feutres indélébiles et la peinture des murs de ta chambre ne sont pas compatibles, devient rapidement une tempête émotionnelle familiale. Qui plus est, leur système de défense va activer le bouton « j'en fais des caisses pour détendre mon parent en faisant des trucs rigolos » , alors que nous, nous percevons cette stratégie comme le seau qui fait déborder le puits. Mais rassurez-vous, ce n'est pas une fatalité. Comprendre que nos émotions imprègnent l'atmosphère familiale est le premier pas vers une meilleure corrégulation. Après tout, si nous voulons que nos enfants apprennent à réguler leurs émotions, nous devons d'abord leur montrer comment faire. Et c'est possible dès le plus jeune âge en les éduquant aux émotions au même titre que tout autre apprentissage. Sujet dont nous reparlerons en détail dans une prochaine chronique. Alors comment aller vers un écosystème familial harmonieux ? La co-régulation émotionnelle est un véritable partenariat, une collaboration. Elle implique que parents et enfants travaillent ensemble pour créer un espace où chacun se sent compris, soutenu et en sécurité de façon équitable. Accepter que nos émotions en tant qu'adultes ont un impact direct sur nos enfants, ça oui. Mais tout en reconnaissant que prendre soin de soi en tant qu'individu, et non en tant que parent, n'est pas un luxe. C'est même une priorité absolue. Comprendre que la clé pour aider nos enfants à mieux gérer leurs émotions repose sur notre propre capacité à rester calme et connecté, même dans les moments les plus difficiles, est la première marche de l'escalier. Accepter que ce n'est pas toujours possible, et assumer pleinement autant qu'exprimer ce que l'on ressent auprès d'eux, est la seconde. A l'impossible, nul n'est tenu. Et même si vous êtes le capitaine de ce navire familial, il est normal que la traversée soit parfois mouvementée. Vous avez besoin d'une boîte à outes bien remplie pour atteindre le port en toute sécurité. Et comme toujours, vous pouvez compter sur moi pour la remplir. Au plaisir de vous retrouver lors de la prochaine chronique du coin des parents, dans laquelle je vous partagerai ma certitude qu'il est aujourd'hui essentiel de remettre le parent au cœur de l'écosystème familial, en vous proposant surtout des solutions pour y parvenir, bien évidemment. D'ici là, surfez sur la vague de la parentalité, entre houle, crête et creux, en visant le tube, et si vous vous retrouvez dans une bahie, Rejoignez la communauté des parents parobos sur les réseaux.