- Speaker #0
Musique Bienvenue sur le podcast du Lab'ONCORIF, je suis Pascal Gendron, responsable du pôle projet au sein d'ONCORIF, le dispositif spécifique régional du cancer en Ile-de-France. J'anime aujourd'hui ce podcast de notre série « Thrombose et cancer, parlons-en !» . La thrombose associée au cancer nécessite une prise en charge multidisciplinaire et pluriprofessionnelle en ville comme à l'hôpital. C'est de cette coopération dont nous allons parler aujourd'hui en immersion au sein de l'hôpital de jour de médecine vasculaire de l'hôpital Avicenne, avec madame MERABET, coordinatrice, madame COELHO, infirmière de pratique avancée, docteur DAVOINE, pharmacien hospitalier, docteur DATCHANAMOURTY, médecin généraliste ville-hôpital, et docteur LEJEUNE, spécialiste en médecine interne et vasculaire. Madame MERABET, parlez-nous de l'articulation entre la ville et l'hôpital pour la prise en charge d'un patient atteint de cancer avec une thrombose.
- Speaker #1
J'ai un rôle majeur de coordination projet ville-hôpital. Mon but est de réaliser une collaboration entre professionnels de santé et structure en ville. En fonction du patient, trouver la meilleure solution pour que son parcours soit le plus fluide, permettre de diminuer les patients perdus de vue, améliorer la prise en charge et la satisfaction du patient. Point de vue économie éviter les doublons d'examen, apporter une réelle harmonie entre la ville et l'hôpital avec les coordinatrices CPTS, organiser des soirées à thème pour pouvoir créer des rencontres entre professionnels hospitaliers et de la ville, pouvoir collaborer ensemble dans la meilleure entente.
- Speaker #0
Docteur DATCHANAMOURTY, quel rôle peut jouer le médecin généraliste dans ce parcours ?
- Speaker #2
Donc le médecin généraliste a un rôle clairement important dans le suivi en ville de ce parcours, il va permettre au patient qui a été perdu de vue de se remettre dans la boucle, permettre de dépister un cancer chez un patient qui a présenté une thrombose veineuse profonde non provoquée. Il a la chance de connaître le vécu personnel du patient sur plusieurs années ou encore connaître sa famille et permettre de s'adapter au mieux au patient dans ce parcours. Il a également un rôle de lien avec plusieurs CPTS, qui est une communauté pluriprofessionnelle de santé, qui regroupe différents professionnels de santé de ville et qui a un rôle majeur dans la coordination en ville et dans ce parcours. Il va permettre finalement d'avoir un lien avec les pharmaciens d'officine, les infirmières de ville ou encore les médecins traitants. Finalement, une collaboration entre cette CPTS et l'hôpital va permettre... D'avoir un parcours bien organisé entre différents professionnels, de diminuer du coup le risque de complications chez les patients, diminuer les perdues de vue, améliorer leur prise en charge ou encore la satisfaction de ces patients et bien sûr... avoir un intérêt économique.
- Speaker #0
Madame COELHO, vous êtes infirmière de pratique avancée. Concrètement, pouvez-vous nous décrire le parcours d'un patient atteint de thrombose et d'un cancer ?
- Speaker #3
J'interviens au sein de l'hôpital de jour en tant que coordinatrice de l'éducation thérapeutique pour tous les patients, y compris ceux atteints d'un cancer avec un traitement anticoagulant AOD ou AVK. J'évalue la tolérance et l'adhésion au traitement anticoagulant afin d'en améliorer le bon usage. Je fais le lien entre les services de médecine de l'hôpital de jour, des médecins de ville, des officines et des laboratoires de ville afin d'en assurer un suivi qualitatif partagé entre la ville et l'hôpital. Pour m'aider à faire cette coordination, j'utilise une plateforme qui est Santé Lien. Je revois les patients en consultation à un mois et à trois mois pour un suivi thérapeutique et pour évaluer leur satisfaction.
- Speaker #0
Docteur DATCHANAMOURTY, quels sont les bénéfices de ce parcours pour les patients avec un cancer sous anticoagulant?
- Speaker #2
Donc nous avons finalement un bénéfice clair grâce à cette collaboration entre les différentes CPTS et l'hôpital. Cela va permettre aux patients ayant une anticoagulation et un cancer de diminuer le risque de complications, de diminuer les perdus de vue, d'améliorer la satisfaction de ces patients-là.
- Speaker #0
Docteur DAVOINE, vous êtes pharmacien hospitalier. En pratique, comment intervenez-vous dans la prise en charge des patients atteints de thrombose et cancer ?
- Speaker #4
En effet, j'exerce essentiellement mes missions de pharmacien hospitalier en oncologie, où je rencontre des patients sous thérapie orale ou injectable, pour veiller au bon usage de ces traitements. Un certain nombre de ces patients est également suivi pour une maladie thromboembolique qui peut nécessiter un anticoagulant oral. Mon rôle en tant que pharmacien est de réaliser un bilan de médication ou une conciliation médicamenteuse afin de recueillir tous les traitements et les thérapies complémentaires qui peuvent comporter des compléments à base de plantes prises par le patient et d'analyser les interactions possibles entre le traitement anticancéreux et l'anticoagulant oral. En cas d'interaction, on peut proposer une alternative à l'oncologue, toujours en lien avec le service de médecine vasculaire, afin de promouvoir le lien entre les deux équipes. Si nécessaire, on peut également proposer un dosage pharmacologique de la thérapie orale ou de l'anticoagulant pour quantifier l'impact de l'un ou de l'autre. Si une interaction est détectée, on suggère alors un ajustement thérapeutique ou une modification du traitement. L'objectif est de prendre en charge les patients de manière sécurisée en tenant compte des effets combinés de ces médicaments pour minimiser leur impact.
- Speaker #0
Docteur LEJEUNE, on vient d'entendre différents professionnels de santé de l'hôpital. Pourriez-vous nous dire, selon vous, quelle est la clé du succès d'un parcours patient et de l'hôpital optimal ?
- Speaker #5
Oui, je pense qu'on l'a vu au travers de ces différentes interventions, je pense d'abord le rôle très important de la coordination du parcours de soins. Il faut absolument identifier un professionnel de santé qui va être capable de... de coordonner le parcours ville-hôpital pour le fluidifier avec,on l'a vu, un intérêt à la fois pour les patients et pour les soignants. Un autre élément clé, je pense, c'est le côté pluridisciplinaire des équipes. Les patients thrombose et cancer ont souvent des situations cliniques qui sont complexes et les décisions doivent souvent faire appel à des expertises spécifiques. Cette coopération interprofessionnelle permet justement de pouvoir discuter entre soignants et de pouvoir prendre les meilleures décisions pour le patient. D'ailleurs, plusieurs études ont montré que ce côté pluridisciplinaire permettait de réduire la mortalité dans le parcours de soins de ces patients. D'ailleurs, cette décision pluridisciplinaire, elle peut probablement être prise initialement au cours d'une réunion de concertation pluridisciplinaire, à proprement parler, ce qui n'est pas vraiment une décision thérapeutique individualisée, et notamment de permettre d'impliquer les oncologues, en plus des médecins vasculaires et des différents intervenants, comme les pharmaciens, comme on l'a vu tout à l'heure, dans cette décision thérapeutique. Et je pense aussi que d'emblée, il faut réfléchir à un outil de coordination. Il est important de pouvoir faire circuler de façon sécurisée l'information entre les différents professionnels de santé. Ça peut être des outils papiers, mais je pense que les outils de télémédecine à l'avenir vont prendre un essor, je pense, très important pour ce type de parcours.
- Speaker #0
Merci beaucoup Madame MERABET, Madame COELHO, Dr DAVOINE, Dr DATCHANAMOURTY et Dr LEJEUNE d'avoir répondu à nos questions. La mission d'ONCORIF, c'est de vous donner de l'information. Alors, on se retrouve très bientôt pour un prochain épisode de notre série « Thrombose et cancer, parlons-en ! » de notre podcast « Le Lab' ONCORIF » .