- Speaker #0
Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast le lundi de bonheur. Je suis ravie d'être en présence aujourd'hui d'Axel Gauthier, qui est un expert des sujets liés aux arrêts de travail, aux maladies professionnelles, aux arrêts maladie, ce que je considère un petit peu comme le cauchemar des entreprises, des directions ou alors des services RH. Et donc ce matin, on va parler du cauchemar. Bonjour Axel, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.
- Speaker #1
Bonjour Réli, merci de m'avoir invité dans cette émission et ça va être un plaisir de pouvoir répondre à toutes ces questions.
- Speaker #0
Plaisir partagé. Alors avant de commencer, est-ce que tu peux nous dire Axel qui tu es, ce que tu fais et qu'est-ce qui t'anime quand tu te lèves le lundi matin de bonne heure ou pas d'ailleurs ?
- Speaker #1
Pour me présenter, tout d'abord j'ai été pendant 18 ans à la CPAM. à Montpellier, c'est le plan M2Lero. J'ai passé les 15 dernières années en qualité d'inspecteur accident du travail et maladie professionnelle, ainsi qu'à faire du contrôle à domicile sur les arrêts maladie. Dès le début que j'ai eu ce poste, j'étais en contact avec les employeurs. J'ai vu qu'il y avait manque de connaissances ou un petit peu de flou dans tout ce qui est lien entre la CPAM et l'entreprise. Donc au fil des années, j'ai réfléchi comment je pouvais porter mon savoir au niveau des entreprises. Et c'est comme ça qu'en 2020, j'ai créé Accel Expert. pour venir en aide aux entreprises. L'idée, c'est de leur faire comprendre que le pré-contentieux, c'est-à-dire la partie d'échange entre la CPAM et l'entreprise, est hyper importante et de ne pas les laisser attendre que la décision soit prise pour aller en contentieux, contester une décision. OK.
- Speaker #0
Et du coup, quand tu te lèves le lundi matin,
- Speaker #1
qu'est-ce qui t'anime ?
- Speaker #0
Parce que ce sujet, il n'est quand même pas super...
- Speaker #1
passionnant ? Si, si, parce qu'en réalité, on s'aperçoit qu'à travers ces sujets, on peut faire de la prévention. On va se servir de ce dossier-là Et plus que ça arrive, on va se servir de ce dossier-là pour monter en compétence les personnes qui traitent ces sujets-là, donc service administratif ou service RH, ainsi de suite. Et surtout, l'impression d'apporter quelque chose au niveau du client. C'est-à-dire l'employeur est content parce qu'enfin, il comprend le raisonnement, la législation et pourquoi jusqu'à maintenant, tout ce qu'il a pu faire n'aboutissait pas. De ce côté-là, si c'est gratifiant et c'est assez agréable. Maintenant, le lundi matin, c'est comme tous les autres matins, c'est plus je me lève tôt, plus je suis heureux. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt et c'est une réalité parce que souvent, je pars à 6h du matin faire mon petit footing. Et là, aujourd'hui, j'ai sorti la frontale pour la première fois parce qu'à 6h, il fait encore nuit. Eh oui,
- Speaker #0
ça y est. Très bien, merci beaucoup pour cette présentation. Axelle, tu le sais, ce podcast a pour ambition de parler du monde du travail. Par rapport à ton expérience, est-ce que tu peux nous dire les erreurs les plus courantes que font les entreprises quand elles gèrent un accident du travail ou alors une maladie professionnelle ?
- Speaker #1
L'erreur la plus courante, c'est d'avoir des procédures compliquées, c'est-à-dire d'avoir des procédures qui ne puissent pas être applicables à tous les salariés de la même manière. Ça, je dirais que c'est vraiment la principale. Par exemple, le vendredi après-midi, vous avez sur un chantier un accident du travail, sauf que dans les bureaux, personne ne travaille. Le mardi matin, un certificat médical arrive à l'entreprise. Le service administratif découvre l'arrêt de travail en accident de travail, s'interroge et va remplir dans son coin la déclaration d'accident de travail sans poser de question ce qui s'est passé sur le chantier à l'agent de maîtrise. ou conducteur de travaux. Du coup, des réserves vont être émises, alors qu'il n'y a pas lieu, parce que tout simplement, il suffisait de demander au conducteur de travaux qu'est-ce qui s'était passé le vendredi, et il aurait dit, effectivement, il est tombé, il a trébuché, il s'est fait mal, il est parti se faire guérir. Donc, des procédures qui ne sont pas adaptables à tout le monde. Vous pouvez aussi avoir des managers qui ne sont pas formés. Du coup, on ne sait pas ce qu'on fait, c'est toujours pareil. Est-ce qu'on en déclare ? On ne déclare pas. Le petit rappel, c'est qu'on déclare tout. Mais on émet des réserves. Ensuite, le meilleur réflexe à avoir quand il y a une information, ça semble... logique, mais on mène une petite enquête. C'est-à-dire, si on reprend l'exemple de tout à l'heure, la secrétaire qui a reçu l'arrêt de travail peut téléphoner à l'agent de maîtrise, au conducteur de travail ou carrément au chef d'équipe, encore plus proche des salariés, pour savoir ce qui s'est passé. Et c'est du temps de gagner parce que derrière, il ne faut pas oublier c'est que si vous émettez des réserves, la CPA va enclencher des investigations et à partir de là, ça va être du temps perdu au niveau de l'entreprise à répondre des questionnaires. L'agent enquêteur qui va téléphoner ou qui va se déplacer, qui va rencontrer plusieurs personnes. Derrière, il va y avoir la période d'observation. Donc tous ces éléments-là qui ont un coût indirect sont chiffrés dans l'entreprise. Donc autant avoir l'info de suite et savoir ce qu'on en fait. Ensuite, rédiger des réserves motivées. Donc ça, c'est la suite logique de l'enquête. Est-ce que j'ai des éléments ou pas pour contester ce dossier ? Ça fait aussi gagner du temps. Vérifier tout ce qui est médical. On a connaissance d'antécédents au niveau de ce salarié. Est-ce qu'on a fait un aménagement post-régulier ? Est-ce qu'on a évolué son poste de travail aussi ? Et vérifier ce que le médecin traitant. Ce qui est très important, c'est que vous n'avez pas de secret médical en accident du travail. sur un certificat médical initial, l'employeur sait quelle est la pathologie, contrairement à un arrêt maladie. Ensuite, le plus important, c'est toujours pareil, c'est la communication. Bienveillante avec le salarié parce qu'un salarié en confiance livrera clairement et simplement à son employeur ce qui s'est passé en toute transparence grâce à cette communication bienveillante. Ça je dirais que c'est le point numéro un à mettre en place sur le long terme. Et le dernier point ce serait d'analyser chaque événement pour pouvoir faire la prévention. On se sert du dossier pour pouvoir voir à quel moment il y a eu souci et que ça ne se reproduise pas. Voilà un petit peu les erreurs que l'on peut retrouver, les plus fréquentes.
- Speaker #0
Donc ce qui est bien, c'est que tu nous as non seulement listé les erreurs les plus courantes, tu nous donnes les pistes pour transformer ces situations qui peuvent être compliquées en opportunités d'amélioration. C'est exactement ça. Est-ce que tu as une idée du goût indirect qui peut être générée par ces situations qui ne sont pas prises en compte suffisamment tôt ou qui sont mal prises en charge pour une entreprise ?
- Speaker #1
Un dossier qui sera pris en charge par la caisse, mais qui est mal géré et du coup tout le temps perdu ? Oui,
- Speaker #0
par exemple.
- Speaker #1
Au sens large du terme ? Oui. Au-delà du temps perdu, on peut rajouter beaucoup d'éléments qui sont les services administratifs qui vont devoir intervenir à plusieurs niveaux dans la cité. On peut aussi avoir les équipes avec des intérimaires pour remplacer le salarié absent. On peut aussi avoir le matériel qui a été cassé, donc il faut le réparer ou il faut le changer. Si on est sur une équipe de poseurs de cuisine, par exemple, qui doit se rendre chez un client, on a l'image de marque d'entreprise qui peut être touchée. C'est quand même très large. Les cités, c'est très compliqué. Il y en a sur Internet qui disent que c'est x4. où sont les sources, là je laisse chacun mettre c'est difficile à estimer mais il faut avoir en tête que voilà c'est pas que l'accident lui seul qui a un coût il y a tout ce qui est à côté et vous pouvez aussi avoir 2-3 accidents dans le même service derrière c'est une piste pour dire bah si eux le font, nous aussi on peut le faire donc on peut avoir d'autres salariés qui vont faire exactement la même chose parce qu'ils s'engouffrent dedans, c'est facile et se mettre en arrêt.
- Speaker #0
Après, tu voyais aussi ce qui est invisible. Là, j'ai l'impression, j'ai la sensation qu'on a parlé d'arrêt de travail ou de maladie professionnelle ou d'arrêt maladie suite à un événement visible.
- Speaker #1
Oui, j'ai fait exprès. Tu as fait exprès ? J'ai fait exprès de répondre dans ce sens parce qu'en réalité, dans la tête de tout le monde, tout ce qui va être sanglant, c'est-à-dire qu'il y a une blessure avec du sang, ne posera pas de problème pour l'assimiler à un accident de travail avec arrêt de travail. En revanche, ce qui aujourd'hui pose le plus de problèmes au niveau des entreprises, Ça va être les arrêts au niveau psychologique, mal de dos, parce que cela, on ne le voit pas. C'est ça. Et de suite, on ne sait pas est-ce que c'est vrai ou pas vrai. Tout à fait. Et on ne sait pas l'évaluer et le déceler. On le constate avec un arrêt de travail, une demande de maladie professionnelle ou un accident de travail. Et là, suspicion en première ligne, qu'est-ce qu'on fait ?
- Speaker #0
Eh oui, c'est bien là le souci. Donc, c'est difficile à prévenir et c'est difficile à gérer quand ça arrive en fait.
- Speaker #1
Et en revanche, vous verrez que plus l'accident est grave, Au moins, si on y passe de temps dessus. Parce que dès le départ, tout le monde est d'accord pour dire que c'est un accident de crise. En revanche, si on prend le choc psychologique, si on prend les risques psychosociaux, on va passer beaucoup de temps dessus, parce qu'il va falloir comprendre comment on en est arrivé là. Donc il va falloir remonter aux sources, refaire l'historique à l'envers, et voir quel a été le bascule qui a fait qu'on en arrive à cette situation-là. Comment faire pour que ça ne se reproduise pas parce qu'on est sur le facteur humain ?
- Speaker #0
Bien sûr. Et ça, ce n'est pas légiféré, ce n'est pas dans une grille, il n'y a pas de case pour dire, j'exagère, c'est la case santé mentale, c'est la case risques psychosociaux.
- Speaker #1
C'est la case maladie professionnelle hors tableau. Donc qui dit hors tableau, on y met tout dedans. Avec quand même une condition, et c'est ça qu'il faut faire attention, c'est qu'il y a une condition d'un taux d'IPP supérieur à 25% pour pouvoir y rentrer. Donc si on sait qu'un décès c'est 100%, 25% c'est quand même un quart.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Là c'est une donnée qui est purement médicale entre médecin traitant, médecin conseil. On peut avoir un dossier... qui semble très solide, mais si médicalement le médecin conseil estime qu'on n'a pas ce taux-là, on parle du signe maladie professionnelle préhensile.
- Speaker #0
Vaste sujet, en tout cas. Merci beaucoup, Axel, de nous avoir orientés, aiguillés et améliorés nos connaissances sur ce sujet-là. J'aime bien qu'on finisse l'épisode en musique. C'est quoi la musique qui te met la patate ? Rocky IV. On se quitte en musique. Merci beaucoup, Axel. Prends soin de toi et à très bientôt.
- Speaker #1
Salut !