- Speaker #0
Allow me to reintroduce my soul, my name is OV OV OV OV OV OV OV OV OV OV OV Hello,
- Speaker #1
hello les incroyaux, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien, bienvenue dans un nouvel épisode du OV Show. Merci à toutes les personnes qui s'abonnent, qui nous écoutent sur les plateformes d'écoute. et qui nous regardent sur YouTube. Et aujourd'hui, dans ce nouvel épisode du Hove Show, je reçois une femme d'écriture, une femme qui fait bouger la société, une femme qui a du caractère. Je reçois
- Speaker #0
Kalissa Sy dans le Hove Show ! Wow, je n'ai jamais eu une entrée aussi magistrale dans ma vie.
- Speaker #1
Bienvenue Kalissa !
- Speaker #0
Thank you !
- Speaker #1
Comment vas-tu ?
- Speaker #0
Oh bien.
- Speaker #1
En forme ? Oui. Bien installée, bien assise ?
- Speaker #0
Oui, en sécurité.
- Speaker #1
Alors, pour vous dire petit secret, j'ai réussi à la convaincre. Elle ne voulait pas venir au début. Elle ne voulait pas venir. J'ai tout fait. Je lui ai dit, Calista, s'il te plaît, viens nous partager ton histoire. Là, elle est là avec nous. Donc, j'ai fermé la porte à clé. Elle ne veut plus sortir. Donc, tu vas bien ?
- Speaker #0
Oui, et toi ?
- Speaker #1
Ça va très, très bien. Merci d'avoir pris le temps de venir aujourd'hui. En plus, c'est un jour férié aujourd'hui. Donc, tu as pris le temps de venir pour t'asseoir avec moi. J'apprécie. énormément. Alors, Calista, la première chose que je demande à tous mes invités quand je les reçois, c'est, aujourd'hui, comment te présentes-tu quand tu rencontres quelqu'un ?
- Speaker #0
J'ai du mal. Généralement, je ne me présente jamais. Je pense que j'arrive en mode... Je pense que j'utilise réellement le fait de dire que je suis Calista.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Voilà, ça dépend. Si je suis en zone sécurisée... Je fais mon show.
- Speaker #1
Parce que j'avoue que tu as un prénom qui est quand même assez rare. Donc, quand tu dois dire Calista, tout de suite, les gens doivent dire qu'ils savent qui tu es.
- Speaker #0
En général, parce qu'ils n'arrivent pas à associer le nom et la personne. Je pense qu'ils se disent que si elle s'appelle Calista, elle doit être sulfureuse, dométicale, et moi, j'arrive toujours à taper un mot de... Et je suis aussi unconventional, c'est-à-dire que... Quand je suis à l'aise, j'arrive en mode, je rigole. Et les gens, ils ont toujours ça. Ah,
- Speaker #1
c'est elle.
- Speaker #0
C'est toi. Et j'aime bien ça. J'aime bien le fait que les gens aient du mal à vraiment associer le nom et la personne. J'adore ça.
- Speaker #1
OK. Donc, Calista, aujourd'hui, toi, tu es née où ?
- Speaker #0
Moi, je suis née à Dakar, Colobane, à Clinique Nian. Et voilà, 4,5 kilos, précisé.
- Speaker #1
Voilà. Ok.
- Speaker #0
Très belle petite fille, toute rose. C'est ce que ma mère dit et que j'étais belle.
- Speaker #1
Tu es la première.
- Speaker #0
Je suis l'aînée.
- Speaker #1
Tu es l'aînée.
- Speaker #0
C'est d'une famille de quatre enfants. Oui. Et je pense qu'on m'a attendue. J'ai été aimée par tout le monde, par mes grands-parents, par mes parents, par toute ma famille.
- Speaker #1
Masha'Allah.
- Speaker #0
Voilà. Famille Numbelad. Super. Une très grande famille.
- Speaker #1
Très grande famille, soudée.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
Et comment a été l'enfance de Kalista à Dakar ?
- Speaker #0
Franchement, pas forcément beaucoup de souvenirs. Mes parents ont divorcé très tôt. C'est une enfance où j'ai quand même un peu tourné en rond entre deux familles, entre chez mon père, chez ma mère. Et à un moment donné, j'ai dû retourner vivre avec mes petits frères et autres chez ma mère. D'accord. Donc j'ai eu une enfance quand même très partagée, très difficile sur certains bords. J'ai eu aussi une enfance où ma mère, comme on était dans un quartier populaire, elle ne voulait pas forcément qu'on se mélange. D'accord. D'où le fait aujourd'hui qu'on nous mettait quelque part et qu'on nous donnait beaucoup de livres. J'ai lu des livres en étant jeune, j'ai lu tous les livres de la terre. Tous les livres et les magazines qu'on pouvait trouver. Ma mère, elle voulait vraiment nous inculquer à autre chose. Pas cette vie de quartier où on traînait, où on n'avait pas quelque chose à faire. Donc j'ai eu une enfance quand même très heureuse avec ma mère qui n'avait rien et qui nous a toujours tout donné.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Et c'est beaucoup privé pour nous. Et c'est beaucoup battu pour nous. Et je pense que quelque part, le fait de nous avoir lui a donné envie de devenir une meilleure version d'elle. Parce qu'elle avait trois filles et un garçon. et qu'elle savait qu'elle devait porter le rôle de mère et de père. Aujourd'hui, on parle beaucoup de famille monoparentale, mais moi j'ai vécu avec ma mère qui a... eu cette image de mère et de père. Moi, j'appelle mon papa monsieur, monsieur-ci, parce que quelque part, je n'ai pas cette approche. Oui,
- Speaker #1
tu as un certain détachement.
- Speaker #0
Oui, voilà, un certain détachement. Et je pense qu'en voyant les douleurs de ma mère, j'ai su que je devais être forte. Il y a ce syndrome du fils aîné et de la fille aînée. On n'en parle pas beaucoup, mais pour moi, c'est quelque chose qui doit être mis en avant. Quand on est le premier ou la première née, on porte beaucoup de responsabilités, surtout dans la société africaine sénégalaise. Et je savais que je n'avais pas le droit aujourd'hui de ne pas être comme il faut. Parce qu'il y avait mes petits frères et autres et je devais toujours donner le bon exemple. C'est quelque chose de très puissant, en fait. Et je pense qu'aujourd'hui, quand ma petite sœur rigole, elle me dit, tu fais ta crise d'ado parce que tu n'as pas eu le temps de faire. Elle est forte. Quand elle me dit ça, je suis tout le temps choquée. Quand je revendique, elle me dit, Ouais, tu as ta crise d'ABIO.
- Speaker #1
C'est mignon.
- Speaker #0
C'est fou. Je pense que j'ai toujours fait en sorte de bien faire les choses. Et ça m'a beaucoup suivie dans ma vie. Et c'est récemment, quand j'ai eu un moment assez compliqué, qu'on m'a parlé du mot lâcher prise Et j'étais choquée. Parce que c'est un mot que je connais, mais que je ne connaissais pas. Et quand on me l'a dit, ça a résonné en moi et j'étais choquée. Et je me suis rendue compte que moi, je vivais le futur et non le présent. Et c'est compliqué, en fait. Surtout dans le métier où je suis. C'est hyper compliqué, en fait.
- Speaker #1
Donc, tu dis que tu as une enfance où tu lis beaucoup. Oui. Donc, forcément, ton imagination... C'est important. Finalement, tu as tes prémices de créativité, de... de créer des scénarios dans ta tête et tout ça. Et puis en même temps, ça me fait réagir ce que tu dis, parce que tu vois, je ne savais pas que tes parents étaient séparés et tout. Donc forcément, tu es déjà aussi confronté à des réalités de la société sénégalaise, à des difficultés de la société sénégalaise. Parce que pour les gens qui nous écoutent et qui ne sont pas sénégalais, ou même qui ne sont pas africains du tout, j'imagine qu'à cette époque-là, parce qu'on ne parle pas de l'époque de maintenant où le divorce... Je vais dire un peu plus banal, entre guillemets, un peu plus fréquent. C'est sûr qu'il y a le regard des autres, il y a le jugement, il y a les autres à l'école et tu regardes tout ça. Donc forcément, tu as déjà aussi cette complexité de vie à gérer, à digérer et à comprendre, surtout en étant une jeune fille. Et la première, c'est toi aussi qui dois protéger. Tu as des petits frères, des petites sœurs derrière qui arrivent derrière.
- Speaker #0
Plus ma mère. Moi, je voulais plus protéger ma mère. Parce qu'elle a divorcé. Elle n'avait pas encore 40 ans. Elle avait 33 ans, avec 4 enfants. Jeune, belle. Et j'ai vu comment la société pouvait être très, très, très violente envers les femmes.
- Speaker #1
Tu arrives déjà à l'analyser à cet âge-là ? Oui,
- Speaker #0
je l'ai de facto analysé. Et je garde beaucoup de souvenirs de ce moment de séparation où un jour, elle était venue... pour nous rendre visite et on avait fermé la porte pour lui interdire de nous voir. Et ce qui est choquant, c'est que quand je lui raconte ça, elle est choquée parce qu'elle ne comprend pas qu'à six ans, que je puisse détailler en fait ce moment-là parce que c'est des moments qui m'ont marquée. C'est des moments où, petite, je me comportais déjà comme une mère, comme un petit frère. Et j'ai vu comment la société pouvait être vraiment bestiale, je vais dire, envers les femmes. Non seulement... tu retires à une femme son foyer, parce que quelque part, on divorçait à l'époque parce qu'on brisait nos foyers. Parce que soit les parents n'étaient pas d'accord, ou il y avait des problèmes, mais hors problèmes de couple. C'est le mot juste. C'est le lot jusqu'à présent des femmes. C'est pas parce que elles n'aiment pas leur mari ou pas, mais il y a la société autour et c'est plus difficile. Non seulement tu fais ça, mais tu retires à ces femmes ses enfants alors qu'elles étaient enceintes. Tu leur retires ses enfants. Et en même temps, elle doit se débrouiller.
- Speaker #1
Il faut survivre tous les jours.
- Speaker #0
Il faut survivre. Et moi, j'ai vu ça. Et à ce moment-là, j'ai compris comment la société pouvait être cruelle envers les femmes. Et aujourd'hui, avec le recul, je suis très contente d'être née femme. Parce que je me dis que je suis née pour raconter quand même les souffrances de ma mère. Et en racontant les souffrances de ma mère, je me raconte en tant que femme. Je raconte aussi. Ma soeur, ma nièce, mes amis et toutes les femmes que je connais. Bien sûr. Donc c'est parti de là, je pense, quelque part, parce que petite, je voulais devenir avocate.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Je pense que j'ai toujours eu ce truc de vouloir défendre des causes et je suis une balance. D'accord.
- Speaker #1
La justice, l'équilibre, effectivement. Oui, oui.
- Speaker #0
Bien, vous savez. Naturellement, j'ai toujours eu à coeur de porter les femmes.
- Speaker #1
De défendre la cause et de...
- Speaker #0
Aujourd'hui, je ne suis même plus à un stade de défendre. Je suis à un stade de montrer les faits et de laisser les gens voir ce qui existe. D'accord. Donc, je n'arrive pas à un mode je défends. J'arrive à un mode c'est ça.
- Speaker #1
Voilà ce qu'il y a. Voilà ce qui se passe.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
À vous de faire vos décisions et autres. C'est ça. Voilà, ok. Et donc, tu... Ton parcours scolaire, est-ce que tu... Parce qu'aujourd'hui, tu es dans un métier d'écriture, dans un métier très littéraire, on dirait, entre guillemets. Est-ce que déjà, à l'école, tu t'orientes vers ce côté littérature, tout ou pas du tout ?
- Speaker #0
Pas du tout. Je sais juste que je faisais les meilleures rédactions. J'avais quelque part les meilleures notes en français. J'étais ébréante, mais très... brillante. J'arrivais à être sur les cinq premières, les trois, les cinq. Et à un moment donné, j'ai basculé pour être sur les cinq dernières. Parce que je pense que quand je suis arrivée au collège, je me suis rendue compte que de mon environnement familial, de toutes les difficultés que j'avais au sein de ma famille, c'était vraiment très compliqué pour moi et je me suis perdue en fait. Je n'avais plus aucun intérêt pour les études. J'avais quand même un réel intérêt pour la lecture et pour l'écriture. Et c'est là où le système éducatif fait défaut. Parce que quand tu as un enfant qui brille et qui d'un jour à l'autre sombre, il faut se poser les bonnes questions. Moi j'ai eu par contre, durant ce moment-là, j'ai eu de la violence en fait, physique et verbale. Et je me souviens mon père un jour il m'a dit, écoute, toi je compte pas sur toi. Tu vois, je n'attends vraiment rien du tout de toi. Et j'avais besoin... d'être compris, j'avais besoin de qu'on parle, j'avais besoin quand même de repères, mais je n'en avais pas forcément. Il y avait ma mère avec ses souffrances, bon mon père lui c'est vraiment l'homme sénégalais hyper autoritaire, rigide, il a eu cette éducation-là, tu sais, on ne donne que ce qu'on a eu.
- Speaker #1
C'est ça,
- Speaker #0
effectivement. Voilà, c'est ce qu'il avait eu, et moi je pense que j'ai été sauvée par l'écriture et la lecture. D'accord. Moi, je dis que je n'ai pas de passion. C'est ce que je disais avant. Je disais, moi, mes passions, ce sont mes métiers. Lire et écrire, ce sont mes métiers. Et je pense que les gens me disaient que j'écrivais bien. Je me souviens quand j'avais énormément de cahiers, de carnets, de notes où j'écrivais, de journaux intimes. J'en avais beaucoup. Ah oui, énormément. C'était vraiment, j'avais toujours un journal intime.
- Speaker #1
Et déjà toujours ?
- Speaker #0
Je ne sais pas. Il y a eu un moment dans ma vie où j'ai... tout brûlé. Et aujourd'hui, c'est un énorme regret pour moi.
- Speaker #1
Pourquoi je te pose la question ? Parce que j'imagine que tu aurais pu puiser des sources d'inspiration pour des scénarios et des choses comme ça.
- Speaker #0
J'ai un journal intime. J'en ai sur iPhone, tu sais iPhone. Il y a l'application où j'écris toujours. Et j'ai toujours avec moi un journal où j'écris. J'aime écrire. Et un jour, mais tu sais comment l'écriture m'est venue, mais c'est un truc de dingue. Je sortais avec un gars.
- Speaker #1
Toujours eux ?
- Speaker #0
Toujours eux. Mais tu as parfaitement raison. On a rompu et j'avais écrit dix chapitres. En faisant sur chaque chapitre, j'avais mis une chanson. Et quand j'ai écrit ça, je lui ai balancé ça comme ça.
- Speaker #1
Tu avais mis une chanson, c'est-à-dire que tu avais écrit les paroles d'une chanson qui existait ?
- Speaker #0
Non, le titre d'une chanson.
- Speaker #1
Pour le chapitre ?
- Speaker #0
Voilà. Et à deux heures de ma trois, il m'appelle. Ça sonne, tu vois les téléphones de la questionnaire. Je décroche, il me dit je suis en bas de chez toi. Je dis en bas de chez moi. Tu descends tout de suite. Je dis tu descends. Deux heures. Je dis ah il va me tuer. Bon après j'ai pris mon courage à deux mains. Moi j'ai jamais peur. Je suis descendue et il m'a dit mais comment tu as pu écrire ça. Je lui ai dit écris quoi. Il m'a dit mais tu m'as envoyé des trucs. Non c'est pas ça. Il s'est justifié, il a expliqué. Et je ne l'ai pas.
- Speaker #1
Attends, attends, attends. Parce que moi il faut que tu m'expliques. Parce que le titre des chapitres, c'est des chansons. Mais tu écris quoi dans les chapitres ?
- Speaker #0
Je pense que j'ai écrit toute la douleur que j'ai eue et tout ce qu'il m'a fait. J'ai raconté notre histoire. Je l'ai raconté de mon point de vue. Tout ce qui s'est passé. Parce qu'il m'avait trompée à l'époque, en fait. J'ai tout raconté. Et je pense que quand il l'a lu et qu'il a vu le jugement que j'avais sur lui, il a essayé de m'expliquer sa life. Il n'a pas compris.
- Speaker #1
Parce qu'en fait, finalement, tu as mis des mots. sur la douleur qu'il t'a créée, et peut-être qu'il a pris conscience de tout ce qu'il a créé en lisant.
- Speaker #0
Et quand j'ai vu sa réaction, où il essayait, mais avec toute son énergie, de m'expliquer le comment de pourquoi, quand je suis remontée, je me suis dit, mais attends, je peux en faire une chronique ? Et je l'ai balancé dans un groupe de femmes, mes livres, juste comme ça.
- Speaker #1
Ah oui, tu as posté ça tout de suite ? Tout de suite.
- Speaker #0
Et le lendemain, je l'ai posté. Et le truc a pris. Ça a pris, hein ? Dix chapitres, ça a pris. Et un jour, une fille qui s'appelle Didi, elle m'invite au restaurant. Elle me paye à manger. Et durant... Mais durant tout le moment qu'on a passé ensemble, elle essaye de me convaincre de créer une page pour mettre les dix chapitres et continuer là. Je me suis dit, mais cette fille, elle est folle. Elle m'invite à manger pour que je... En fait,
- Speaker #1
tu as créé ta première série.
- Speaker #0
Oui, et moi, je ne savais pas. Parce que le personnage principal, c'était moi, une fille ronde, en fait. Très sénégalaise dans son approche et tout. Et la fille m'a convaincue. À un moment donné, je lui ai dit, crée ça. Et elle est rentrée, elle a créé, elle a mis les 10 chapitres.
- Speaker #1
Les 10 chapitres en ligne.
- Speaker #0
Elle m'a convaincue d'écrire. Et de 10 chapitres, je suis passée à 100 chapitres.
- Speaker #1
100 ? Mais attends, c'était publié où ? Sur Facebook ?
- Speaker #0
Oui, à l'époque, je faisais ça. Ok. J'avais pas Wattpat et tout, mais tout le monde. Et je rencontrais des femmes parce que j'avais mis mon pseudo. Ouais. Et je connaissais l'ensemble des femmes sénégalaises qui venaient sur mon profil.
- Speaker #1
Bien sûr, bien sûr.
- Speaker #0
Qui me racontaient leurs histoires. Il y en a même qui, dans leur bureau là, on avait restreint quelque part.
- Speaker #1
Pour pas qu'elles lisent.
- Speaker #0
Pour pas qu'elles lisent.
- Speaker #1
Mais toi, t'avais quel âge à cette époque là ?
- Speaker #0
Ben quoi ? Je devais avoir la vingtaine. Mais moi, à l'époque, pour moi, c'était des lols en fait.
- Speaker #1
Bien sûr, toi, tu prends ça pour de la rigolade. Bah oui. mais tu vois c'est marrant parce que, excuse-moi de t'interrompre mais Karel m'a fait, m'a montré il y a quelques semaines une américaine qui avait fait une série de vidéos sur TikTok elle a signé exactement un deal pour raconter, où elle racontait comment le gars avec qui elle sortait c'était un mythomane qui l'avait inventé tout de suite, mais en fait toi s'il y avait eu TikTok,
- Speaker #0
t'avais raconté tes chapitres comme ça t'allais exploser mais à l'époque c'était sur Facebook et moi c'est le groupe Mes Livres qui a lancé ma carrière.
- Speaker #1
Il existe toujours le groupe ? Oui. Il est toujours en ligne ? Toujours. Il s'appelle comment, si on peut ?
- Speaker #0
Le groupe s'appelle Mélire. Ah ah. Sexe. Ah ah. Cuisine. Bien-être. Ok,
- Speaker #1
d'accord.
- Speaker #0
Ça a été créé par Farinaou.
- Speaker #1
C'est un groupe privé ? Oui. Ah mais oui, je me rappelle de ce groupe.
- Speaker #0
Bah oui, à l'époque, je voulais être là-bas.
- Speaker #1
Car elle m'en avait parlé à l'époque.
- Speaker #0
Je voulais être là-bas. Bien sûr.
- Speaker #1
Et c'est Farine, bien sûr. C'est Farine. Bien sûr.
- Speaker #0
Et moi, ça m'a lancée, mais en même temps, ça m'a fait peur.
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #0
Parce que les gens...
- Speaker #1
T'as 20 ans, t'es pas prête à...
- Speaker #0
Quand elle me raconte... quand elles me rencontraient, elles me parlaient de leurs histoires. Et j'en ai connu beaucoup qui jusqu'à présent sont dans ma vie. Et c'était la belle époque et tout. Et au moment de faire ma deuxième chronique maîtresse, je me suis dit, je ne vais pas me mettre en avant. Je ne voulais pas me mettre en avant. Et j'avais choisi une copine pour quel poste pour moi. Je ne voulais vraiment pas parce que... Moi je veux beaucoup me détacher en fait. J'aime pas être sur le devant de la scène, j'ai toujours peur.
- Speaker #1
Toi c'est tes personnages que tu veux qu'ils soient au devant de la scène, pas forcément toi.
- Speaker #0
Pas moi. Et quand il a commencé à poster Maîtresse, à un moment donné je lui ai dit écoute, ça, ça va être une série. Elle m'a dit quoi ? J'ai dit on arrête de poster, ça, ça va devenir une série. Mais à l'époque elle me disait mais une série comment ça ? Mais ça, ça va jamais le faire.
- Speaker #1
Quand même, je suis en train de penser à un truc. J'aimerais bien recevoir le gars qui t'a fait les dix chapitres dans le podcast pour qu'il nous raconte la nuit là, parce que vraiment le pauvre, j'aimerais bien savoir qu'est-ce qu'il a pensé quand il a lu ça, le regard sur lui-même de se dire ouais Je ne sais même pas qu'est-ce qu'il en a pensé. Non, la vérité, je te dis, il a dû lire et se dire ah ouais, j'ai vraiment été un bâtard Non, il faut que j'aille lui demander pardon. Après,
- Speaker #0
aujourd'hui, avec le recul,
- Speaker #1
comme je dis,
- Speaker #0
il le fallait, parce que si je n'avais pas vécu ça… Je ne serais pas devenue Calista.
- Speaker #1
Bah oui, tu n'aurais peut-être pas écrit...
- Speaker #0
Jamais, je ne serais jamais devenue Calista.
- Speaker #1
Peut-être que tu aurais écrit 10 chapitres d'amour.
- Speaker #0
Je pense que moi, ma créativité, elle n'a de sens que quand je vis une grosse douleur. C'est-à-dire que je n'arrive pas à créer dans de bonnes conditions. Je ne crée que quand j'ai mal.
- Speaker #1
Quand il y a un peu de chaos. Oui,
- Speaker #0
beaucoup de chaos. Pas un peu, mais beaucoup. Donc je suis maîtresse. Durant quatre ans, je cherche un producteur. Et j'ai toqué plein de portes.
- Speaker #1
Juste pour reprendre parce que comme je t'ai interrompu, tu commences à écrire maîtresse, tu devends une amie à toi de commencer à publier et finalement tu sens qu'il y a un potentiel plus gros que juste publier sur Facebook. Tu dis, attends, ça on le garde, on va faire une série. Et donc là, pendant quatre ans, tu cherches quelqu'un pour produire ça. Oui. Ok.
- Speaker #0
Et j'ai toqué à plein de portes. Et tu sais l'expression de quand on te dit non, il faut toujours attendre le oui. D'accord. Il y aura toujours des noms, peu importe la situation, ce que tu veux. Ne te dis pas que forcément, moi, Olivier, demain je veux créer une marque, j'aurais que dit oui. Dis-toi que tu auras 99 noms.
- Speaker #1
Mais il y en aura un.
- Speaker #0
J'avais juste besoin de ce un. Et ce un, il est venu parce que j'avais une personne que je connaissais, je voulais vraiment qu'elle soit le personnage. principale de Lala, mais à un moment donné, elle a eu un producteur. Elle a intéressé ce producteur-là pour jouer un grand rôle dans une série qui a beaucoup cartonné, la série Adja. Il s'agit de Adja la personne. Et Adja, quand elle a été à Marodi où elle a fait la série, elle m'a présenté Hamas pour que je lui présente le projet. Et j'ai présenté à Hamas le projet, il a été intéressé. Mais au début, j'ai eu quand même cette peur. Parce que quand on se dit dans la tête qu'on a quelque chose qui marche et qu'on est en face d'une personne qui peut concrétiser, on a toujours des doutes en se demandant est-ce que ça va le faire. Et je pense que ce qui m'a le plus mise à l'aise, c'est qu'il m'a dit vas-y, amuse-toi. Et je pense que la première saison de maîtresse, moi je prenais ça pour un jeu en fait. Parce que sur le fait, il n'y avait rien de concret en fait. Ce qu'il y avait de concret, c'est que moi, j'allais voir mes écrits passer de l'écriture à la réalité et je m'en tenais à ça. Et ça a été une énorme expérience avec tout, tout compris dedans, comme je dis.
- Speaker #1
Mais c'est marrant parce que finalement, tu commences maîtresse, mais tu n'as pas d'expérience de réalisatrice.
- Speaker #0
Zéro.
- Speaker #1
Donc, comment tu fais pour gérer des équipes ? Ne serait-ce que gérer tes acteurs, comment tu fais pour mettre toute cette machine-là ? Parce que finalement, c'est toi la réalisatrice, c'est toi qui dois tout mettre en place.
- Speaker #0
Alors, j'étais showrunner en fait de ma presse. Quand on est showrunner, on arrive à la tête de l'équipe et on a le réalisateur et toute l'équipe technique qui arrive. D'accord. Donc, j'étais censée porter toute la vision parce que je savais où je voulais aller. Et j'arrive, quand même, je travaille avec des gens que je connaissais avant. Ce n'était pas des inconnus. Et c'était des personnes aussi qui en étaient à une étape de leur vie où ils avaient besoin d'évoluer. Et je pense que, comme je leur disais toujours, on était une équipe de football et quand on arrivait sur le terrain, il fallait qu'on s'amuse. Et que la victoire, elle était importante, mais ce n'était pas l'essentiel en fait. Et je pense que ça a été compliqué dans la mise en place de tout, parce que je n'étais plus juste l'amie qu'on connaissait. Je devais porter un rôle qui était plus grand que moi, où je ne savais pas vraiment quoi faire ou comment faire. Tu vois, c'est ça le plus compliqué en fait, quand on sait qu'on porte tout et qu'on doit bien faire les choses, mais que quelque part on peut faire du mal à des gens en voulant bien faire les choses, parce qu'on sait où est-ce qu'on va. Et c'est là où je me suis rendue compte que dans le travail, il n'y avait pas d'émotionnel en fait, et que switcher en étant la fille... Quand on est rechuchée pour devenir la fille qui a des objectifs, c'est très difficile à porter en fait. Et je n'étais pas préparée à ça. Et ça a été compliqué de gérer. On a eu de super bons moments, je me rappelle. On dansait beaucoup, on rigolait beaucoup. On était vraiment une famille. Il y avait cette bonne énergie. Je pense que maîtresse a marché parce qu'on n'était pas... conscient de ce qui allait se faire. On n'avait pas cette conscience-là, en fait. Et le succès, je ne l'ai jamais vécu. Je n'ai jamais vécu le succès d'un maîtresse. Je pense que ça m'a fait développer un syndrome de l'imposteur énorme. Et je ne pouvais pas forcément, quelque part, assumer le fait d'avoir fait cette série. C'est fou, hein ? Et aujourd'hui, je me dis, alhamdoulilah. Parce que si je n'avais pas eu ce syndrome de l'imposteur, peut-être j'aurais vrillé et que je n'aurais pas pu faire une carrière. Après, je serais restée juste. Ah ouais, tu te connais, j'ai fait maîtresse d'un barrière. On est là.
- Speaker #1
Alors moi, de t'écouter, ça me fait avoir deux, voire trois questions. La première question que je te poserai, c'est d'abord, comment ta mère réagit quand tu rentres à la maison en disant que, OK, maman, tu sais, j'ai écrit ça. Et maintenant, je vais le mettre en image, je vais le diffuser. Alors, parce que, comme tu dis, tu avais ces quatre ans où tu essayes de mettre ce projet en place, mais est-ce que tu as déjà un pied dans la production ? Est-ce que tu es déjà sur des tournages ? Est-ce que tu vois un petit peu comment ça se passe ou pas du tout ? Est-ce que finalement, les gens dans ta famille savent que tu veux te diriger vers ça ou pas du tout ? Donc, est-ce que c'est une surprise d'abord dans ta famille de te voir faire ça ? Et la deuxième question, quand tu dis... que tu as le syndrome de l'imposteur, c'est ça. J'aurais aimé que tu développes un petit peu pour que les gens comprennent pourquoi tu dis que tu as ce syndrome de l'imposteur. Parce que, tu vois, effectivement, la plupart des gens auraient été Oui, c'est moi qui ai réalisé ça, c'est ma fierté, c'est moi qui suis derrière tout ça, etc. et que toi, au contraire... Quand il y a cette explosion, parce que si jamais il y a des gens qui n'ont pas suivi mes traces d'un homme marié qui nous écoute ou nous regarde, ça a été un raz-de-marée, ça a été un bouleversement cette série. Un point de vue planétaire, on peut le dire, parce que que ce soit des Africains aux États-Unis, au Canada, en Chine, en Australie, quasiment tout le monde regardait cette série. C'est un truc de fou. Moi, je n'ai jamais vécu ça. Donc voilà, c'était mes deux questions. Donc la première, ça c'est...
- Speaker #0
Ma mère ?
- Speaker #1
Ouais, comment réagit ta famille ? Parce que finalement, tu n'as pas de pied dans la réalisation. Non. Et tu arrives quand même avec un sujet où tu sais que les gens vont parler. Tu vois ? Est-ce que tu leur dis tout de suite de quoi va parler la série ? Ou tu leur dis juste, je vais faire une série, vous allez voir ?
- Speaker #0
Quand j'ai commencé à... Parce que quand j'ai discuté avec Max, j'ai commencé à rajouter d'autres personnages dans la série. Parce que dans la chronique de base, il n'y avait que Marème et Lala, ainsi que leurs anges.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Donc, quand j'ai... terminer l'écriture quand même des dix premiers épisodes j'ai commencé à imprimer et à donner ça à des gens qui étaient très proches de moi pour avoir le retour d'accord et je me souviens j'étais allé voir la petite soeur de ma mère qui est ma meilleure amie j'étais allé à son travail sous le chaud soleil pour lui donner ça et elle me l'a raconté là récemment elle m'a dit quand je suis sortie elle a eu pitié de moi parce qu'elle se disait mais elle est journaliste quand même à gagner sa vie. Elle arrive ici avec un scénario pour me dire qu'elle veut faire une série. Je ne comprends pas. Elle m'a dit qu'elle a pris le scénario et qu'elle l'a mis à la poubelle. Ma mère, je me souviens, à l'époque où j'ai quitté mon travail alimentaire de journaliste, elle prenait mon CV qu'elle imprimait et qu'elle allait déposer dans des boîtes pour me trouver du travail. Je pense que quand je suis arrivée, parce que je n'avais pas de travail, j'essayais de monter une petite boîte et tout, c'était très difficile. J'arrivais à avoir un client un jour sur mille. Et ma mère, quand je lui ai dit que je voulais faire une série de choses du genre, je pense qu'elle a été déçue en fait, parce qu'elle se disait Tu vois cette fille à qui j'ai inculqué beaucoup de choses, pour qui je me suis battue. Parce que quelque part, on est quand même des sortes de revanche sociale pour nos parents. Ma mère, une femme divorcée, voulait que j'aie un travail noble, que je réussisse pour quelque part dire à tous ces détracteurs. Voilà.
- Speaker #1
J'ai éduqué ma fille, je l'ai amenée jusqu'à ce qu'elle obtienne son diplôme et voilà ce qu'elle fait aujourd'hui.
- Speaker #0
Et moi, j'arrivais en mode, je vais faire une série. Alors que j'étais très introvertie à l'époque, très effacée, très introvertie. Elle a très mal pleuré, très, très mal. Et je me souviens, la saison 1 de Maîtresse, au moment où ça cartonnait. Ma mère était blessée quelque part. Elle n'avait pas cette fierté de dire Ah, ma fille faisait... Elle était blessée parce qu'un, elle ne comprenait pas. Deux, elle ne savait pas où ça allait mener. Trois, il y avait un scandale autour du projet. Donc, un scandale qui voulait quelque part dire que sa fille n'était pas polie, éduquée, tu vois, bien comme il faut, parce qu'il y avait un religieux qui était en train de dire... que j'étais en train de détruire la société, alors que moi je viens d'une famille halpolaire, très très additionnaliste. Le soutien, je l'ai eu de la part de ma grand-mère maternelle, paternelle plutôt, ma grand-mère paternelle. Je me souviens à l'époque, elle m'avait appelée au téléphone pour me dire que peu importe ce qui arrive, je suis avec toi et tu fais bien les choses parce que tu racontes la réalité. On n'est pas de la même génération, mais ce que tu racontes, ma génération aussi de femmes l'a vécu.
- Speaker #1
Et ça, ça doit te rassurer forcément.
- Speaker #0
Ça ne m'avait pas rassurée à l'époque. Puisque, il faut se dire, à l'époque, je m'étais quand même un peu rebellée. Parce que pour une fois dans ma vie, je faisais quelque chose que j'aimais. Et j'avais l'impression au moment où je voulais faire ça, que tout était mis en marche pour que je ne le fasse pas. Avec toute cette polémique autour de la série, qui non seulement n'était pas forcément une polémique autour de la série, mais sur ma personne quelque part. sur mon éducation, sur mes mœurs, sur ma façon d'être ou autre. Et j'ai automatiquement enclenché le mode rébellion en me disant je vais faire les choses. Et je me souviens à l'époque quand on a été convoqués pour parler un peu de la série avec tout ce qui est Scénéra et autres, je me souviens à l'époque je disais oui mais ok.
- Speaker #1
C'est quoi Scénéra ?
- Speaker #0
Je pense que c'est pour réguler l'audiovisuel.
- Speaker #1
C'est comme un conseil de l'audiovisuel ?
- Speaker #0
C'est juste ça.
- Speaker #1
C'est pour que les gens qui nous suivent comprennent exactement.
- Speaker #0
C'est juste ça.
- Speaker #1
Ah, tu as été convoquée carrément ?
- Speaker #0
Oui. Wow ! Et je me souviens, on me disait que oui par rapport à la maîtresse et tout. Et autour de la table, il y avait une personne qui me disait Moi, j'ai fait je ne sais plus tel truc en 1984. Bon, je n'étais pas née, donc je ne savais pas ce que j'appelais. Moi je venais en fin de 84, donc je ne savais pas ce que ça voulait dire. Et quand j'ai dit ok, vous êtes là à me dire que c'est contraire au Mars et tout, mais comment ? Parce qu'il n'y a aucune scène de nudité, il n'y a rien qui soit dans de la nudité. Et c'est des histoires réelles de femmes que je raconte et j'assume le fait de raconter ces histoires de femmes. Et à l'époque on m'a dit, ah non non Calista, ici on n'assume pas, on n'assume pas. Tu ne peux pas venir t'asseoir devant nous et nous dire que tu assumes ce que tu fais. Et j'ai pris une claque, une grosse claque.
- Speaker #1
Et ce conseil, j'imagine qu'il n'y avait que des hommes ?
- Speaker #0
Oui, que des hommes, je m'en souviens. Peut-être s'il y avait des femmes, elles devaient être très minimales. Et j'étais choquée. Et quand je suis sortie de là-bas, j'avais plus la niaque.
- Speaker #1
Oui, tu avais la rage.
- Speaker #0
En me disant, voilà, moi, je vais continuer à faire ce que j'ai à faire. Et je ne vais pas m'excuser de faire ce que j'ai à faire. Je ne voyais pas. Pourquoi je devais m'excuser de faire les choses ? Dès l'instant où je respecte l'éthique, qui est de ne pas... Et ça, c'est des valeurs qui me sont personnelles. Ce ne sont pas des valeurs que des gens m'ont données. Ce sont mes valeurs. De ne pas mettre des femmes dans des positions dégradantes, humiliantes, qui peuvent les fragiliser. Ça, c'est mes valeurs personnelles. Personne ne me les a inculquées. Et voir des gens me demander de taire des histoires de femmes, je ne comprenais pas. Et j'ai continué à faire ce que j'avais à faire. Parce que pour moi, dès que je suis en phase avec quelque chose, là, j'enclenche le monde têtu. Je suis très têtu.
- Speaker #1
Et on a besoin de gens têtu. Et on me rappelle ça tout le temps.
- Speaker #0
On ne passe pas sa vie à me dire, Oh bébé, tu es têtu !
- Speaker #1
Mais on a besoin que tu sois têtu.
- Speaker #0
C'est un automatisme de défense, en fait. Quand on n'a jamais été écouté, et qu'on ne nous a jamais pris la main pour nous montrer ce qu'on devait faire ou accompagner dans ce qu'on voulait faire, à un moment donné, je pense qu'on est cette personne-là pour soi. Moi, je me tiens à ma main, je me guide, je m'accompagne, je me porte. Donc, c'est d'où le fait que je sois têtu. Parce que je me dis que je vais faire les choses toute seule.
- Speaker #1
Pour revenir sur ta maman, sa réaction, moi, je la comprends. Je la comprends parce que je me dis déjà, comme tu dis, vous êtes une famille qui n'est pas forcément une famille publique. Donc déjà, d'avoir tout ce regard sur ta famille, elle veut te protéger. Elle, c'est ça en fait. À la base, elle ne veut pas te mettre des bâtons dans les roues. Elle veut plus te protéger. Surtout que nos parents n'ont pas l'habitude.
- Speaker #0
C'est son instinct de peur. Elle avait peur. Tout le monde l'appelait. Tout le monde lui parlait de sa fille. Et la fille qu'elle connaissait chez elle, on ne lui parlait pas de cette fille-là.
- Speaker #1
on lui parlait d'une autre fille qu'elle-même ne connaissait pas on lui peint une fille excuse-moi comme tu choques les mœurs on la peint comme un démon des trucs comme ça et c'est ça et aujourd'hui j'imagine que son regard qu'elle a aujourd'hui sur le travail que tu fais n'est plus le même je sais pas je lui ai jamais posé la question moi j'en suis sûr aujourd'hui je suis sûr qu'elle doit être faudrait que je fasse ça je lui ai jamais posé la question je
- Speaker #0
sais juste qu'elle dit à tout le monde parce que souvent quand il est sollicité par des gens Un monde, mais nous, en rapport avec ta fille, elle leur dit, écoutez, ma fille, elle, dans son travail, elle ne fait intervenir personne. C'est-à-dire, il n'y a pas de papa, il n'y a pas de maman, il n'y a pas de famille. C'est une personne qui sait ce qu'elle veut faire. Elle n'aime pas mélanger les choses.
- Speaker #1
Le côté famille et professionnel.
- Speaker #0
Le côté famille et professionnel. Elle le dit et ça me choque. Et quand je lui dis, mon père et ma mère ont toujours ce discours. Mais quand je lui dis, mais pourquoi vous faites ça ? Ils me disent, mais tu es comme ça. Tu nous mélanges et tu veux que nous on mélange. Tu sais mettre les choses là où il faut. Donc, je ne me vois pas t'appeler pour te dire, prends telle personne ou telle autre, parce que tu n'es pas comme ça. Et je sais qu'il y a beaucoup de respect entre nous. Et c'est des gens qui me supportent, peu importe ce qui arrive. Je me rappelle un jour, je ne savais plus, j'avais un souci avec une personne, je ne savais plus ce que c'était. Et j'ai appelé mon père, parce que moi, je ne fais rien sans en parler à mon père ou à ma mère avant. Et je leur ai dit, mais comment je fais ? Et ma mère m'a dit, peu importe ce que tu fais,
- Speaker #1
on est avec toi.
- Speaker #0
Et ils ont ce message de me dire, peu importe, on est avec toi. Et ça me donne des ailes et ça me permet de faire des choses. Parce que je sais qu'ils me disent, tant que tu fais les choses comme il faut, on est avec toi.
- Speaker #1
C'est important de savoir que tu as un soutien comme ça derrière toi et surtout dans... Surtout à ce moment-là, quand tu lances des choses qui sont innovantes et choquantes pour le grand public. Et la question que je voulais te poser, donc, tu lances Maîtresse, il y a cet engouement, ce débordement. C'est ça, c'est comment toi, santé mentale, comment toi tu le vis ? Parce que déjà, ça prend combien de temps entre le moment où vous sortez Maîtresse et le moment où ça explose ? Ça prend combien d'épisodes avant que... où là vous vous sentez, vous vous regardez, vous vous dites ok, là il y a un truc qui est en train de se passer, on dirait que ça va beaucoup plus loin que ce qu'on imaginait.
- Speaker #0
Je ne sais pas pourquoi, mais moi j'ai la mémoire qui est un peu je ne sais pas, endormie, partiellement effacée, ou je ne sais pas, mais je n'ai jamais jamais eu ce déclic de me dire que les choses marchent, ou que les choses prennent de l'ampleur, ou que les choses... Jamais. Je me souviens à l'époque je prenais le taxi, le taxi Boccalate. les Ndiagandha et les Klandos.
- Speaker #1
J'étais toujours dans cette... Oui, toi, tu vivais ta vie simplement.
- Speaker #0
Voilà, je vivais. Et quand les gens m'approchaient pour me parler de la série, j'étais choquée. Parce que moi, j'ai un détachement énorme. Dès que je termine un truc, mon cerveau passe directement à la prochaine étape. Voilà. Et à chaque fois que j'avais ce truc qu'on me renvoyait, que les gens revenaient vers moi pour leur frustration, je me souviens à l'époque, mon ami, un jour, c'est vrai, mon ami m'a appelé et m'a dit, toi, il faut qu'on se voit. Je suis arrivée, elle m'a dit, tu m'arrêtes ce que tu fais. Tu es sur les murs des gens en train de répondre aux critiques qu'on te fait. Tu vas inboxer les gens pour leur répondre. Tu donnes des rendez-vous aux gens pour te battre avec eux parce qu'ils t'ont mal parlé. Voilà, c'est ce que je faisais.
- Speaker #1
Tu donnais des rendez-vous.
- Speaker #0
Je te donne mon numéro et je te dis, voilà ce que tu as dit là. Appelle-moi, redis-le-moi, je te trouve là où tu es. Elle, c'était folleur. Je lui ai donné mon numéro. Tu me dis un truc, je te donne mon numéro en inbox. Je te dis, appelle-moi, tu me redis ça en direct et je te trouve là où tu es. Mon numéro, c'était faux, non ? Et elle m'a dit, il y a deux trucs. Soit tu es au Zankaita, je m'excuse, ou tu prends le téléphone des gens pour répondre. Oui. Ou tu es Yousou Ndour. Oui. Et je suis devenue...
- Speaker #1
Yousou.
- Speaker #0
Yousou.
- Speaker #1
de toute façon c'est vrai que c'est le début pour toi donc tu n'as pas l'habitude de tous ces avis, ces opinions sur ton travail et donc forcément c'est sûr que c'est tu le vivais mal nous ça fait, je pense avec Carèle, ça fait 8 ans 9 ans qu'on est dans ce domaine du digital même moi jusqu'à présent quand je vois un commentaire qui me plaît pas j'ai envie de répondre j'ai envie de dire quelque chose je ne regarde même plus c'est dur de se détacher parce que tu peux avoir... Sans commentaires qui sont positifs, tu en as un.
- Speaker #0
Ah non, moi j'avais 100 commentaires qui étaient négatifs. Moi je me souviens à l'époque d'une dame qui m'avait écrit dans un groupe qui m'avait mentionné. Je n'avais pas répondu. Elle vient, elle écrit dans mes commentaires sur mon mur. Je n'avais pas répondu. Elle me fait un inbox.
- Speaker #1
Pour te dire, regarde ce que je t'ai écrit.
- Speaker #0
Oui. Et je lui ai dit, Madame, dès l'instant où vous me faites un inbox et que vous voulez que je vous réponde en fait. Vous me dites que vous souffrez du fait que vous devez regarder Maîtresse avec votre fille et que vous avez honte. Mais madame, prenez votre télécommande et zappez. Ne vous forcez pas à regarder. Moi, je ne vous connais pas, mais vous, vous allez vous fatiguer. Parce que je vais vous dire une chose. Peu importe où vous allez, Maîtresse va vous trouver là-bas. Donc, vous allez souffrir de m'entendre et de me voir faire les choses. Sur ce, essayez de boire, mais un truc bien sucré. Parce que moi, tu vois, tu vois.
- Speaker #1
Essaye de boire un truc bien sucré.
- Speaker #0
Moi, les répartis dans mes dialogues, je suis comme ça.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. C'est-à-dire,
- Speaker #0
moi, je suis comme ça. Moi, j'ai les répartis. Si je ne veux pas te répondre, dis Dieu merci. Elle ne veut pas.
- Speaker #1
Moi, déjà, quelqu'un qui t'attaque, sachant que tu es réalisatrice, que tu écris tout ce qu'il voit, la truc là.
- Speaker #0
Je suis dialoguiste. Les dialogues, c'est les meilleures des choses que je fais.
- Speaker #1
Ils sont courageux.
- Speaker #0
C'est-à-dire, moi, dans la vie, si je te respecte vraiment, je ne parle pas. Mais dès l'instant où tu me déclenches, mon Dieu ! Non, moi je ne réponds même plus en face. C'est-à-dire que quand tu me fais quelque chose, je ne réponds plus. J'ai le pouvoir de répondre. J'ai mes personnages. Je mets tous les dialogues que je dois te dire. Tu vas en entendre parler. Je ne me dispute plus. J'ai arrêté. Je te réponds. J'ai mes punchlines. Je prends le temps de bien les écrire. Et je donne ça, mais au personnage le plus salace de mon histoire. Pour être sûre que tu vas en entendre parler.
- Speaker #1
Ça, c'est le souffle. Oui,
- Speaker #0
je ne me bats plus. J'ai toute l'énergie. Je n'ai même pas la force. Tu es dans la rue, je ne peux pas me battre.
- Speaker #1
Mais donc, comme maîtresse... explose et que ça se retrouve.
- Speaker #0
On me menaçait de partout. On me menaçait de mort.
- Speaker #1
Toi, mentalement, comment tu le vis ? De mort, carrément ? Ben oui,
- Speaker #0
j'en ai eu. Quand j'ai eu, on m'a menacé de mort. Ben oui, des gens sont venus me menacer de mort. Je ne sais plus ce que les gens fument ou boivent. Ils m'ont carrément menacé de mort. J'ai dit, hé ! En tout cas, comme le disait mon grand-père, la vie et la mort, ça, c'est le domaine de Dieu. L'humain peut tout avoir, mais c'est Dieu qui décide de qui va vivre et qui va mourir et comment.
- Speaker #1
C'est pour dire l'impact.
- Speaker #0
Ah oui, l'impact. J'étais en mode, et c'est là où j'ai déclenché le plus cette mode autodéfensive, en fait. J'étais sur la défensive. Pour un rien, j'explosais. D'où le fait que mon ami m'ait appelée pour me demander de me calmer.
- Speaker #1
Descend la pression.
- Speaker #0
Et ça a été la plus grosse et grande leçon de vie que j'ai eu à avoir. Ça m'a permis de travailler sur moi, sur ma personne, et de comprendre que la vulnérabilité... ne devait pas être quelque chose qui me fragilise, mais ça devait être une force, en fait. La vulnérabilité, c'est devenu une force. Et j'ai eu ce détachement de me dire, si tu veux aller loin, tu dois accepter d'être critiqué. Parce que le jour où tu ne seras pas critiqué, cela veut dire que tu ne fais pas quelque chose.
- Speaker #1
Oui, tu ne fais plus rien qui impacte. Voilà,
- Speaker #0
donc moi, les critiques, aujourd'hui, je dis que j'ai le dos assez large pour pouvoir les porter, parce que j'ai choisi. Et je ne suis pas la seule. J'ai vraiment vu de très grands producteurs et j'ai eu cette chance qu'ils m'aient parlé de ce passage-là, de ce moment où ils voulaient créer, où ils voulaient faire. Et en retour, ce qu'ils ont eu à apporter. Et aujourd'hui, je me dis, Hamdoulilah, ça va.
- Speaker #1
Parce que même, j'imagine, tout le groupe devait vivre ça d'une manière particulière parce que j'ai reçu Alima dans le podcast et qui me... qui me racontait un petit peu, on n'en a pas parlé dans le podcast parce que je voulais plus faire le focus sur comment elle a combattu son handicap pour faire un métier qui normalement ne va pas avec son handicap. Mais justement, en off, elle m'avait parlé un petit peu des attaques qu'elle avait eues par rapport à son rôle et tout. J'imagine que tout le groupe, ça devait peser sur vous.
- Speaker #0
C'était difficile, en fait. Parce que les acteurs, ils sont humains. Un acteur n'a rien à voir avec son personnage. C'est... J'ai culpabilisé, en fait, à un moment donné.
- Speaker #1
Parce que je me dis... Est-ce que tu te retiens dans ton écriture ? Parce que quand tu vois que...
- Speaker #0
Je ne suis jamais retenue quand même. Parce que c'est tout ce qui me restait. Mais je culpabilisais de voir des personnes innocentes qui n'avaient vraiment qu'un seul désir, c'est de jouer. Parce que ce que les gens ne comprennent pas, c'est que l'acting, c'est une thérapie. La meilleure des thérapies qui existe, c'est l'acting. L'acting te permet de regarder tes émotions. et de replacer chaque émotion là où elle doit être. Parce qu'en acting, on soigne des personnes. Et les acteurs, c'était des personnes avec des trajectoires de vie compliquées, avec une passion énorme, c'était des travailleurs, et ils ont su porter la juste mesure de leur personnage. Et les gens ont fait ce parallèle et n'ont pas pu distinguer l'acteur du personnage. Et ça a beaucoup desservi aux acteurs parce que ça a été une première qu'une série traverse les frontières, donc il y a eu plus d'attention et les gens n'étaient pas forcément préparés à ça. Et ça a été très difficile et tu culpabilises de voir comment des gens l'ont vécu. Parce que peut-être la force que tu as toi en tant que Calista ou les personnes que tu as autour de toi pour te recadrer, te tenir, tout le monde n'a pas ça.
- Speaker #1
Peut-être qu'eux ne l'ont pas dans leur coupon familial.
- Speaker #0
Et c'est compliqué en fait. Et moi, par rapport à Halima, ça a été beaucoup plus compliqué parce que la personne et le personnage n'étaient pas...
- Speaker #1
Oui, diamétralement opposés.
- Speaker #0
Et il y avait de ces commentaires qui étaient d'une violence, mais énorme. Et à un moment donné, tu culpabilisais et tu passais ta vie à dire, mais attention, tu ne la connais pas.
- Speaker #1
Et même si tu as répondu à la question, est-ce que... Ça n'influence pas justement aussi ta manière de diriger ou de... Dans le scénario, tu te dis, attends, mais si je l'avais fait... Non. Ouais ? Tu arrives à être détachée ?
- Speaker #0
Je suis très détachée. En fait, moi, dans le travail, je suis détachée. C'est-à-dire, peu importe. Le travail, c'est le travail. Les émotions du personnage ne sont pas les émotions de la personne. Moi, je le sais. Peut-être que c'est le public qui a du mal, mais moi, je le sais. Donc, dans mon écriture, ça ne varie pas parce que ce n'est pas la même chose, en fait. Et c'est quelque part ça qui est monstrueux, parce que je sais faire la part des choses. Même quand souvent un acteur arrive en mode fragilité parce que c'est difficile, je lui dis non, tu ne peux pas. Parce que ta mission, elle est plus importante que ton ressenti. Et c'est monstrueux en fait, d'avoir une personne qui est en proie à des doutes, à de l'angoisse, à de la fragilité, et de dire à cette personne-là, tu montes sur le ring, tu enfiles tes gants et tu boxes. Parce que c'est mon rôle, en fait. Et c'est cruel comme rôle, mais c'est le rôle qu'il faut.
- Speaker #1
Oui, effectivement. Et moi, je vais te dire, où j'ai vraiment senti que Maîtresse a passé un cap, c'est quand j'ai vu des gens comme, je vais lui faire d'ailleurs une dédicace, Aurore, qui tchate sur Instagram.
- Speaker #0
Elle est trop bien.
- Speaker #1
Mais tu vois, quand j'ai vu des gens comme ça, qui ne sont pas sénégalais, qui ne connaissent rien à cette culture, qui plongent. dans la série d'une manière où ils font des débriefs YouTube, ils font des débats, ils débriefent chaque épisode. Et de moi, de voir ça, je pense que j'avais jamais vu ça sur une série sénégalaise ou même une série africaine, dans le sens plus large du terme. Je ne vais pas parler des anglophones parce que je ne maîtrise pas ce domaine-là, mais dans le domaine francophone, série africaine francophone, je voyais des gens, dès que l'épisode est fini, ils font leurs vidéos, ils font leurs analyses, ils font leurs débriefs. Je vois des... Je vois des stories Instagram où les gens réagissent à comment tel personnage a dit ça.
- Speaker #0
C'était fou, alors que moi, j'avais tout à fait le contraire en interne, on va dire. Je pense qu'en interne, les critiques que j'ai eues, c'était horrible, en fait. C'est-à-dire, peu importe ce que les gens du Nord voyaient, c'était bien ou pas. Moi, j'avais toujours l'impression, c'était même pas l'impression, c'est ce qu'on me renvoyait, que c'était jamais bien, jamais assez, jamais comme il faut.
- Speaker #1
C'est marrant parce qu'on dirait que finalement, cette expérience maîtresse, quand je t'écoute parler, j'ai l'impression qu'elle a été dure finalement. Non,
- Speaker #0
moi je dis, moi j'apprends de tout. Si je n'avais pas appris de maîtresse, je ne serais pas celle que je suis.
- Speaker #1
Bien sûr, tout à fait.
- Speaker #0
Et on apprend de deux manières, de la manière la plus difficile.
- Speaker #1
Ou de la manière forte.
- Speaker #0
Et j'ai appris.
- Speaker #1
Là, tu as eu une monnaie.
- Speaker #0
Oui. Et moi, comme je dis aujourd'hui, maîtresse pour moi, c'est une bénédiction. C'est maîtresse qui m'a permis de me sentir en tant que personne, de me découvrir, de savoir mes limites et d'avoir cette ambition pour savoir où est-ce que je veux aller. Bien sûr. Donc, si je devais revivre cette expérience, je dis retourne-en tout de suite.
- Speaker #1
C'est ça, parce que même en tant que créatrice, ça t'ouvre des portes dans ton cerveau. Ah, je suis capable de faire ça. Ah, je peux faire ça. Oui.
- Speaker #0
Mais comme je dis aujourd'hui, quand je dis à mes équipes, je rigole en leur disant, on s'amuse là. Moi, avant je travaillais, maintenant je m'amuse. Il y a cette différence-là. Je sais ce que ça veut dire de travailler jusqu'à certaines heures, de se donner encore et encore. Aujourd'hui, c'est...
- Speaker #1
Parce que si je ne dis pas de bêtises, corrige-moi si je me trompe, il me semble que des fois, il y avait des épisodes de maîtresse où vous tourniez jusqu'à la veille avant la diffusion ou des choses comme ça.
- Speaker #0
À veille, quand même, ce n'est pas possible. Il n'y a aucun monteur qui va apporter la porte.
- Speaker #1
Tout le monde, il a besoin de l'exporter.
- Speaker #0
Par rapport au calendrier de tournage, ça arrive jusqu'à présent. Tu tournes deux jours avant, trois jours tout de suite, parce que c'est un secteur qui est en pleine construction. Après, tu sais, il y a quelque chose qui ne va pas forcément se gommer ou s'effacer. Quand on est précurseur dans un secteur d'activité, on prend toute la merde, entre guillemets.
- Speaker #1
Tu es obligé de tout construire. Oui, tu es obligé de tout construire.
- Speaker #0
On était dans une phase de construction. Et quand tu es dans une phase de construction, tu n'as pas la recette qu'il faut pour bien faire les choses. Tu t'attends, tu t'attends. Et on a beaucoup t'attendé. Mais aujourd'hui, cinq ans après ou quatre ans après, moi, je ne fais plus les mêmes choses. Aujourd'hui, mes équipes ne travaillent plus jusqu'à une certaine heure. Aujourd'hui, je sais qu'avant de tourner, je termine d'abord mon scénario. Tu vois, il y a plein de trucs que tu apprends. Et d'ici cinq ans, il y aura d'autres choses qui vont arriver. Il va y avoir beaucoup plus de travail maintenant. Il y aura les studios Calistasy et tout. Ah oui.
- Speaker #1
Inch'Allah.
- Speaker #0
Bien sûr. Ça arrive. Bien sûr.
- Speaker #1
Et pour finir un peu avec la partie maîtresse, moi, je veux juste te demander, c'est quoi ton plus beau souvenir de tournage sur maîtresse ? Est-ce qu'il y a une scène ou un moment de tournage que tu dis qu'il reste gravé dans ta tête ?
- Speaker #0
Le plus beau souvenir pour moi de Maîtresse, c'était au moment où on devait faire le générique avec les filles.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Le générique. Elles étaient arrivées maquillées, et elles étaient en symbiose. Elles partageaient, elles dansaient, elles rigolaient. Et là, Mas, le producteur, il m'a regardé, il m'a dit Calista, tu ne t'en rends pas compte, mais tu viens de créer quelque chose qui va te dépasser. Parce qu'on était nous, en fait, et on s'amusait. Et je pense que, et c'est ce que je dis toujours dans mes projets, à chaque fois que je fais un projet, je dis aux acteurs, moi, mon travail, il est déjà fait. C'est l'écriture, il ne va ni bouger, ni changer. Mais ce qui va faire marcher votre projet, c'est l'énergie que vous aurez contre vous. C'est-à-dire, quand vous êtes unis, votre projet sera à votre image. Mais quand votre projet ne sera pas à votre image, il ne va pas entrer dans les cœurs, parce que c'est un travail d'émotion. Ça va sortir du cœur. pour aller vers d'autres cœurs. Et tous les projets que j'ai faits, la magie, c'est que les gens sont unis autour de leurs projets.
- Speaker #1
Comme tu l'as dit, tu arrives à créer une famille.
- Speaker #0
Je n'écris pas mieux que quelqu'un d'autre, je ne fais pas mieux les choses que quelqu'un d'autre. Non, je ne fais rien de mieux que quelqu'un d'autre. Mais j'arrive quand même à fédérer les gens autour de l'essentiel. Et comme tu dis, c'est des familles qui naissent autour des projets.
- Speaker #1
Et donc, l'aventure maîtresse se termine. C'est ça le sentiment que tu as quand ça se termine ? Oui. Tu souffles ? Oui.
- Speaker #0
J'ai soufflé et j'étais quand même quelque part perdue. J'avais cette sensation d'être dans un trou et je ne pouvais ni en sortir ni bouger.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui te donne cette sensation ?
- Speaker #0
Je ne sais pas. Je pense que c'est parce que durant des années, j'étais quelque part focus. Et quand ça se termine, je devais avoir ce principe de lâcher prise.
- Speaker #1
Parce que ça, il ne faut pas que les gens oublient. il y a eu 4 ans où tu essayes de vendre ce projet et il y a combien de temps de tournage 2 ans,
- Speaker #0
3 ans donc ça fait 7 ans de ma vie focus sur maîtresse et j'avais l'impression que j'avais mis au monde un bébé et qu'on m'avait retiré ce bébé là et que je devais vivre sans et je voulais même ne plus avoir ce bébé en tout cas et je ne savais pas quoi faire j'étais vraiment immobile et comme je toute ma vie, comme tu dis, j'ai toujours travaillé, toujours étudié. J'arrivais à un moment où je devais me demander qu'est-ce que je voulais.
- Speaker #1
C'est quoi la suite ?
- Speaker #0
Et je ne savais pas. C'était quoi la suite ? Quelque part, je savais. Mais est-ce que j'avais les moyens de cette suite-là ?
- Speaker #1
C'est ça la question. Donc tu as déjà une vision de où est-ce que tu dois aller.
- Speaker #0
Oui. Mais est-ce que j'avais les moyens de ça et la force et l'énergie ? Parce que je savais que quand je mets le processus de ma vision, j'allais encore me perdre. et perdre des années pour construire cette vision-là. Et j'étais une femme mariée, j'avais quelque part trois ans de ma vie où je n'avais pas eu d'enfant et j'étais restée dans ce statut d'attente. Je devais choisir soit une vie de famille ou...
- Speaker #1
Une carrière.
- Speaker #0
Oh mon Dieu, je pense que...
- Speaker #1
Et c'est ça qui est dur et je pense que beaucoup de gens ne se rendent pas compte pour une femme. C'est que pour une femme, nous en tant qu'hommes... Tu fais ta carrière, tu fais ton enfant, oui, mais ça ne change rien à ta carrière. Tandis que pour une femme, oui, tu as ta carrière, mais à partir du moment où tu tombes enceinte, il faut que tu considères que tu vas avoir un moment où tu vas devoir faire une pause, t'arrêter. Et nous encore, dans nos pays, on a de la chance de pouvoir avoir des aides qui vont nous aider, même quand l'enfant va naître et tout, et d'avoir des mains qui vont être là-bas. Mais quand tu es à l'extérieur, c'est chaud.
- Speaker #0
pas et ça a été difficile parce que j'avais commencé à entamer un parcours pour avoir un enfant et ça se soldait toujours par des échecs et à un moment donné j'avais une amie aussi qui avait perdu ses enfants et elle m'appelait on en parlait et à un moment donné mon mari m'a dit mais essaye de faire une thérapie avec elle et c'est donc d'en faire quelque chose et c'est là où la série ya 2.0 est née et ça a parlé aujourd'hui de mon désir d'avoir un enfant et quand je suis revenue à Dakar j'avais déjà deux projets de prêt et je voulais me lancer pour travailler à l'époque le réalisateur me disait on va démarrer par IAE je disais mais non ça c'est triste ces trucs. Il m'a dit, non, non, c'est ça la nouveauté. On ne va pas prendre ce projet qui ressemble à d'autres. On fait y'aille. Et j'arrive à Dakar, je vais me coiffer dans un espace de coiffure et je rencontre la gérante Awa qui me dit mais Calista, mais toi t'es où ? T'as disparu. Je dis, ah mais je suis là. Elle me dit, mais qu'est-ce que tu fais ? Je dis, bah, je veux refaire une série. Elle me dit, ah bon ? Tu peux vendre. Je dis, oui, ok. Elle me met un rapport avec des partenaires, elle me trouve des locaux, elle me trouve tout. Ah oui, elle me trouve tout pour que je tourne l'argent.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
j'étais juste partie me coiffer Et Olivier, ce qui a été miraculeux C'est que des femmes ont fait ma carrière C'est des femmes qui m'ont lancé C'est des femmes qui m'ont donné Je me rappelle de Isseu, de Mburu Qui m'a donné un spot publicitaire À faire Marina de AP Afrique qui m'a donné une mini-série à faire, Awa qui a mis le monde dans tous les sens, pour tout m'offrir. Toutes les femmes designers m'ont donné des vêtements.
- Speaker #1
Mais c'est normal, tu te bats pour ces femmes-là tous les jours dans tes séries.
- Speaker #0
Ce truc,
- Speaker #1
j'avais pas conscience.
- Speaker #0
J'avais pas conscience de ça. Et Yai est née parce que les femmes ont voulu que ce projet naisse. Et ça s'est passé comme ça. Pas facilement, hein. Pas facilement.
- Speaker #1
Non, c'est sûr.
- Speaker #0
Comme je dis, l'entrepreneuriat au Sénégal, c'est de la difficulté au quotidien, en fait. C'est vraiment vivre, mais avec l'angoisse au corps. Et des femmes m'ont porté, elles ont cru au projet, et y'a, elle est née. Et je pense que les gens m'ont toujours associée au fait de raconter des histoires de femmes, jusqu'au moment où je commençais à dire que je raconte des histoires de femmes. Et à chaque fois que je rencontre des femmes, elles me racontent leurs histoires, et j'ai envie de raconter leurs histoires. Et comme je dis, aujourd'hui, la production, c'est méconnu, en fait. Et c'est tellement difficile, parce que les gens ne voient que des images qui sortent, mais ne savent pas la machinité derrière.
- Speaker #1
L'envers du décor, bien sûr.
- Speaker #0
Ils ne savent pas comment c'est compliqué. Et comme je dis, ça a été la plus belle expérience de ma vie. Et j'apprends tous les jours des personnes avec qui je collabore, de moi-même, de la vision qu'on a, de là où on veut aller. Et quand je rencontre des gens qui me parlent du travail qu'on est en train d'accomplir, je me dis, c'est bien.
- Speaker #1
Non, le travail que vous êtes en train d'accomplir sur Yai, tout le monde en a besoin. Et quand je dis tout le monde en a besoin, ça va au-delà même de l'Afrique.
- Speaker #0
parce que tu vois nous comme tu le sais avec Karel on a vécu ça et tu sais je vous ai suivi c'est un jour en voyant votre histoire que j'ai commencé à vous suivre et tu sais Babyka c'est notre fille et moi on a cette affection particulière parce qu'on sait qu'il y a une personne qui comprend ce qu'on vit mais nous ce qu'on a surtout compris
- Speaker #1
surtout la première fois, c'est que moi, je me suis dit tout le système, il n'est pas bon. Tout le système, il n'est pas bon. Pourquoi ? Parce que nous, le jour où on a perdu notre fille Mia, déjà, on a eu plein de tentes qui sont venues nous dire discrètement Ah, tu sais, moi, ça m'est arrivé. Moi aussi, j'ai ça. Moi aussi, j'ai ça. Et je leur en ai voulu. Je leur en ai voulu parce que je leur ai dit Mais en fait, pourquoi vous nous cachez tout ça ? parce que nous, avec Karel, dans notre innocence, on s'est dit, elle tombe enceinte, elle va avoir un bébé. C'est ce qu'on nous a appris à l'école. C'est ce qu'on nous apprend quand tu regardes la télé. C'est ce qu'on nous apprend tous les jours. Elle tombe enceinte, on a un bébé. Et en fait, si vous nous aviez expliqué tout ce que vous avez eu, déjà peut-être que Karel, quand elle a eu les premiers signes ou elle a eu des questions, elle a eu des doutes, parce que, j'espère que Karel ne m'en voudra pas de raconter ça, mais tu vois, Karel avait eu des... Premier signe qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Mais elle s'est dit, je vais aller au travail, ça ne sert à rien, et après je vais aller voir le docteur après le travail. Peut-être que si elle était allée plus tôt, on aurait pu peut-être sauver la petite. Tu vois ? On ne le sait pas. C'est Dieu seul qui sait. On ne peut pas revenir en arrière sur ça. Mais parce qu'on n'avait pas conscience qu'il pouvait y avoir un danger.
- Speaker #0
Même chose pour moi.
- Speaker #1
On ne nous l'a pas dit. Et franchement, on s'est retrouvés en se disant, mais pourquoi vous ne nous racontez pas ? pourquoi vous nous cachez, pourquoi vous ne nous le dites pas pourquoi vous ne nous préparez pas mentalement au fait que ce que les gens ne savent pas, nous c'est Ibrahim le gynéco de Carreira qui nous dit ça,
- Speaker #0
sur 4 grossesses il y en a 3 qui ne vont pas aller il y a plus de grossesses qui vont le 4ème va venir on y est donc il ne reste qu'un seul mais il y a plus de chances qu'une grossesse aille mal,
- Speaker #1
qu'une grossesse se passe bien du début jusqu'à la fin sauf que nous on grandit en se disant qu'une grossesse ça va aller bien du début jusqu'à la fin. Alors qu'il y a plus de gens qui ont des problèmes que de gens chez qui tout se passe bien. Et ça, c'est la société, notre entourage qui nous fait vivre cette souffrance-là. Alors que si on était préparé dans nos têtes à se dire ça ne va pas aller, il vaut mieux qu'on soit prêts à ce que ça n'arrive pas, ça serait moins dur. Tu serais moins émotionnel. Moi, je me rappelle quand Karel a fait son premier poste pour expliquer ce qui nous était arrivé pendant deux grossesses. Mais Kalissa, si je pouvais te remonter tous les messages qu'on a reçus. Moi, j'ai un message que j'ai, reste gravé, j'ai deux messages qui restent gravés dans ma tête. Il y a une fille qui nous a fait des notes vocales, elle pleurait. Elle pleurait parce qu'elle disait merci à Karel.
- Speaker #0
Parce qu'elle vivait les mêmes choses, sauf qu'elle ne pouvait pas parler dans sa famille. Interdiction. Et je me souviens d'une autre fille qui nous a écrit en disant que son propre père, à elle, lui disait que c'était sa faute si elle n'arrive pas à avoir des enfants. Et ça m'avait arraché le cœur quand elle nous a dit ça. T'imagines la violence, ton père. Ton père qui te reproche que tu n'as pas d'enfants, c'est ta faute. Et donc c'est pour ça que yaï, on en a besoin. Homme comme femme.
- Speaker #1
Moi, je vois qu'il y a dix saisons de yai, parce que toutes les problématiques qu'on a par rapport à la maternité, ce n'est pas une saison ou deux qui peuvent régler ça. Et comme tu dis, on arrive, toute notre enfance, on se dit que nous, dès qu'on se marie, on a des enfants. Dans nos têtes, on se dit, je ne veux même pas en avoir. Tu vois, je vais me protéger durant un an pour le mariage. Mais aujourd'hui, moi, six ans de mariage, avec le recul, je me dis... Pourquoi je n'ai jamais été confrontée à ça durant toute ma vie, jusqu'au moment où j'ai eu ce désir d'être mère. Je n'ai jamais. C'est-à-dire, je n'ai jamais eu ce déclic de me dire qu'il pourrait y avoir...
- Speaker #0
Ça ne peut pas se passer, oui.
- Speaker #1
Tu vois ? Et aujourd'hui, Yai, ça a été une thérapie d'abord pour nous, mon couple, et Yai a été aussi une thérapie pour d'autres femmes. Moi, je me souviens récemment, j'avais perdu une grossesse, donc... le même protocole de suivi, parce qu'en France, quand même, les protocoles de suivi ne sont pas comme ici, parce que c'était une fausse couche précoce. Donc, j'ai reproduit le même dialogue qu'avaient tenu aujourd'hui la sage-femme et le gynéco par rapport à ça. Et une femme m'a écrit pour me remercier, tu vois, et une autre a écrit aussi à une actrice pour lui dire merci, parce que ça s'est passé exactement.
- Speaker #0
Elle se voit.
- Speaker #1
elles se voyaient. Et moi, j'ai témoigné dans Yai à des phases par rapport à moi, mon vécu, avec ce parcours de la maternité. Et je me dis, aujourd'hui, c'est tellement difficile de se dire que la génération à venir va être beaucoup plus confrontée à ça. Mais est-ce qu'il y a des témoignages ? Est-ce qu'il y aura le renseignement qu'il faut pour cette génération-là ? Parce que quand on dit la qualité du sperme est passée de 100 millions à 50 millions, ça veut dire que les générations à venir vont faire face à des difficultés.
- Speaker #0
Ça va descendre, bien sûr.
- Speaker #1
Et est-ce qu'on est préparé à ça ou est-ce qu'on sera toujours… Moi, j'ai eu ce discours quand j'ai eu ma fausse couche précoce, où on me disait, de toute façon, tu ne l'as pas connu, comment tu peux le pleurer ? Non. J'étais en mode, oui, mais je l'ai désiré, en fait. C'est ça. En France, automatiquement, dès qu'ils ont vu dans mon dossier 1, 2 et que c'était le troisième, automatiquement, ils sont arrivés pour dire, oui, vous allez devoir bénéficier de soutien psychologique, d'accompagnement, entre autres. Et moi, j'ai rejeté. Je disais non, non, j'en ai pas besoin. Ça va, je l'ai vécu, je l'ai revécu, ça va. C'est ce que je me disais. Et je me rappelle à l'époque quand je retournais à Dakar, dans l'avion, il y avait un truc qui s'était cassé en moi et je ne savais pas c'était quoi. Parce que je revenais en plein avec ma fausse couche et tout. Et j'arrive à Dakar, je rentre chez moi, je perds pied. Je ne sais plus où j'étais, j'étais en souffrance continue. J'en voulais à tout le monde autour de moi. Et j'avais fait une fixation sur ma mère. Parce que ma mère, elle m'avait appelée au téléphone. Je ne sais plus ce qu'elle m'avait dit. Et le truc s'est déclenché. Et quand je suis arrivée devant la thérapeute, et je le disais à la thérapeute. Et je ne sais pas pourquoi, je me suis réveillée, je me suis dit, je vais aller voir la thérapeute. Parce que je m'étais isolée de tout le monde. Et j'arrive et la thérapeute me demande, qu'est-ce qui se passe ? Et je lui disais, c'est ma mère. Elle me dit, non, non.
- Speaker #0
C'est toi.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui se passe ? Je lui disais, non, mais ma mère, au téléphone. Elle m'a dit, respire, dis-moi ce qui t'est arrivé. Et là, j'ai complètement vidé mon sac, j'ai pleuré. Et moi, je disais toujours, oui, je suis une personne, moi je ne pleure pas, je suis forte. Mais je me suis rendu compte que non, je suis humaine. Et qu'être forte, ça ne veut rien dire.
- Speaker #0
Pour moi, être fort, c'est surtout sortir ses émotions.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Les gens qui sont forts, c'est les gens qui arrivent à sortir leurs émotions. Garder ses émotions, ça ne te rend pas fort. Ça ne te rend pas fort. Et c'est ça. Ça t'a faibli au contraire.
- Speaker #1
Mais c'est ça. Et il y a aujourd'hui, je me dis, c'est nos histoires d'hommes et de femmes. Ce n'est pas que des histoires de femmes. Les hommes aussi, ils sont impliqués dans ce processus. Ils sont tout aussi en souffrance que les femmes. Tout à fait. Et je suis... Tellement heureuse aujourd'hui de voir cette série, comment ça entre dans la vie des femmes et ça leur permet aujourd'hui de se regarder. C'est leur thérapie et je suis fière de ça.
- Speaker #0
Et tu peux être fière de ça. Tu peux vraiment être fière de ça parce que... Il y a tellement de clichés à battre. Il y a tellement de choses. Énorme. Tu sais, je peux te donner un autre exemple. Une fois, on a rencontré une dame qui a perdu deux garçons. Elle a eu trois enfants. Un garçon, une fille, un garçon. Ces deux garçons sont nés. Ces deux garçons ont vécu jusqu'à l'âge de six mois. Les deux garçons à l'âge de six mois ont développé une maladie respiratoire et sont morts. La première fois que ça arrive, ils ne comprennent pas. Ça va très vite. La deuxième fois, ça arrive au même moment. Et en fait, je vais te dire, la seule chance que cette femme a aujourd'hui, elle a une association aujourd'hui qui s'occupe de venir en aide justement aux mamans anges et autres. Et la chance qu'elle a, c'est qu'elle est dans le domaine médical. Et donc le réflexe qu'elle a eu à son deuxième enfant, c'est de faire des tests pour comprendre ADN, pour comprendre dans les chromosomes et tout, qu'est-ce qui se passe. Et elle a découvert que tous les garçons qu'elle aura, à six mois, développeront la même maladie. Mais tu vois, aujourd'hui, si elle ne faisait pas qu'elle avait une explication scientifique, on va dire que t'es une sorcière ou en tamarabouté ou des choses comme ça.
- Speaker #1
Mais oui.
- Speaker #0
Et c'est pour ça qu'on a besoin que ces jeunes filles, ces jeunes femmes qui nous écoutent, comprennent qu'il faut aller voir des médecins. Ah bah oui. Qu'il faut aller comprendre ce qui se passe. Moi,
- Speaker #1
c'est ce que je dis aux hommes. Faites la demande en mariage, oui, mais faites le spermogramme aussi.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
la demande en mariage doit être liée par un spermogramme les femmes aussi, faites les tests gynécologiques, c'est pas pour être à l'abstention de quoi ? parce qu'un enfant se fait à deux si on dit aux femmes c'est votre faute c'est vous qui devez, c'est pas vrai un enfant, c'est deux personnes qui vont faire ça, c'est deux personnes qui vont faire le parcours, une femme n'a pas à faire ce parcours seule un homme n'a pas à se dire qu'il ne va pas s'impliquer... couple doit faire face à ça. C'est ça. C'est du 50-50, non du 30-70. C'est clair. S'il ne fait pas 50-50, dites-lui next.
- Speaker #0
Et donc là, Yai, pardon, deuxième saison, en cours, tu as dit tu aimerais en faire dix saisons.
- Speaker #1
Oui, avec des histoires parce que comme je dis aux gens, Yai, ce n'est pas une série, c'est un témoignage de vie. Donc chaque saison, on aura des personnages avec des histoires autour de la maternité. et de la fertilité.
- Speaker #0
Est-ce que tu pourrais partager justement Yai ? Parce que là on parle beaucoup de ce que ça apporte de positif, mais un témoignage que tu as reçu, qui t'a marqué et que tu gardes en tête par rapport à cette série-là ?
- Speaker #1
Ouf ! J'imagine que tu as dû en recevoir un témoignage horrible.
- Speaker #0
Moi, je voulais aller dans le positif.
- Speaker #1
Oui, dans le positif,
- Speaker #0
il faut courir. Il faut parler aussi.
- Speaker #1
Des trucs positifs, c'est toutes ces mamans qui étaient en parcours, en attente, 5, 7 ans et autres, et qui sont venues un jour pour me dire que ça y est,
- Speaker #0
c'est un enfant.
- Speaker #1
Ça, c'est... Et le truc, j'espère qu'il va me pardonner, tu m'excuses. C'est un pote qui traversait la même difficulté avec sa femme et dont je racontais un peu l'histoire. Il va me casser la queue. Et j'arrive avec la bande en os et je lui donne ça pour qu'il regarde en oubliant que je parlais quelque part de lui. Et quand il commence à regarder, je me rends compte de ça, je cours dans la queue et je dis à sa femme.
- Speaker #0
Il va me tuer.
- Speaker #1
Et elle me dit, bien fait.
- Speaker #0
Comme ça,
- Speaker #1
il va aller faire son spémogramme. Et les amis, aujourd'hui, ils disent, toi, t'es une menteuse. Tu passes ta vie à raconter nos vies dans tes séries.
- Speaker #0
Mais c'est bien, on a besoin.
- Speaker #1
Je pense que ce n'était même pas le fait de raconter, mais je comprenais en fait ce qu'ils traversaient. Et comme je traversais aussi la même chose, j'avais besoin d'avoir des parallèles par rapport à ça. Et ça a été un coup de super bon souvenir. Et je me rappelle, le chef opérateur, quand il a entendu parler de Spemora, il me suivait partout. Où est-ce qu'on peut faire ça ? Je pense que je pourrais le faire. Le réel, quand on a parlé de l'histoire de Réla avec son enfant différent, il m'a dit que j'arrête de faire des enfants. Je ne veux plus avoir d'enfants. Il y avait tout ça. Et ça me faisait beaucoup rigoler. Et les gens se rendaient compte des choses. Parce que, comme je dis, il faut toujours choisir des projets à impact parce qu'on comprend le pourquoi on porte un personnage. Et je pense que tout le monde comprenait son personnage. Et c'était vraiment quelque chose de très profond.
- Speaker #0
Et est-ce que tu sais si, parce qu'il y a des groupes de femmes qui parlent entre elles de la série, mais est-ce que tu sais s'il y a des groupes d'hommes qui parlent entre eux de la série ? Ils ne doivent pas le dire,
- Speaker #1
ils se cachent. Après, les hommes, ils sont beaucoup plus pudiques parce que... Eux, quand même, c'est assez mélangé entre la fertilité et la virilité.
- Speaker #0
Mais c'est ça qui n'est pas mon point. Ils achetent aussi. Je trouve qu'on devrait avoir, nous hommes, des groupes où on se parle entre nous. Ah ben, il faut. Justement de ça, tu vois. Parce qu'on doit se soutenir. On doit justement se soutenir, se dire, gars, ça ne va pas, va faire le truc ou va voir tout ça. Mais on ne se parle pas. On ne se le dit pas.
- Speaker #1
Non, les hommes, ils ont cette peur parce qu'ils font face à ce qu'ils ont de plus masculin. Et ils mélangent, en fait. Un homme peut être viril, ne pas être fertile. Un homme peut être fertile, n'avoir pas. Tu vois, ça ne se mélange pas forcément. Et moi, je pense que la chance que j'ai eue dans mon couple, c'est qu'on a parlé du sujet très tôt, de ce parcours aujourd'hui de maternité, de cette responsabilité à deux de faire les choses, pour savoir, est-ce qu'il y a un problème ? Et qui a un problème ?
- Speaker #0
En fait, je viens d'avoir une idée dans ma tête. Je ne sais pas si tu as déjà vu, tu sais, L'amour est dans le pré sur M6. Oui. À un moment, ils avaient un truc, un épisode qui vient après l'épisode de L'amour est dans le pré où ils filment les gens chez eux qui réagissent à l'épisode. Ah ! Mais t'imagines si toi, après l'épisode, t'avais justement des gens que tu filmes, des couples ou des groupes qui réagissent à l'épisode. Mais il faut faire ça.
- Speaker #1
Et ça, ce serait top.
- Speaker #0
Il va y avoir des débats.
- Speaker #1
Parce que tu sais, quand tu fais un parcours de maternité, il y a toujours cette culpabilité où... Vous voulez que la femme veut que ce soit l'homme qui a un problème et l'homme veut quelque part que ce soit la femme qui a un problème. Tu vois, il y a toujours ce moment où vous vous dites,
- Speaker #0
si c'est lui qui m'a dit ça.
- Speaker #1
Et vous allez dans le parcours de maternité, on vous dit, écoutez, ni l'un ni l'autre, vous n'avez pas de problème. Et c'est ça quand même. Mais c'est un domaine, comme le disait, j'avais une gynéco qui me disait, tu sais, souvent, on arrive à des cas. On ne comprend pas que la gynécologie ne peut pas expliquer. La fille peut aller bien, l'homme peut aller bien, mais on se rend compte que pour qu'elle fasse un enfant, c'est la nature. Ce n'est pas de notre sort.
- Speaker #0
Oui, tu vois. J'espère qu'elle ne va pas me tuer.
- Speaker #1
Excuse-nous.
- Speaker #0
Excuse-nous. Mais tu vois, moi, par exemple, pareil, on l'a vécu ça. Nous, avec Arel, on savait que l'un et l'autre, on est capable.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
C'est bon, ça se passe.
- Speaker #1
Il fallait attendre la nature.
- Speaker #0
Mais à un moment, elle ne va pas m'en vouloir parce qu'elle l'a déjà raconté. Mais je pense qu'à un moment, Karel voulait tellement, tellement avoir un bébé que son corps, je pense, n'arrivait pas. Parce qu'elle était dans l'attente. Elle ne voulait que ça, que ça, que ça. Et elle a dit à un moment, chaque fois qu'elle avait un petit retard, elle faisait le test. Et dès qu'elle faisait le test, le test était négatif, elle pleurait. Et à un moment, on en a parlé, elle et moi. On s'est assis, on a parlé pendant de longues heures. Et je lui ai dit, je lui ai dit, Karel, arrête de te mettre cette pression. Parce que c'est cette pression qui te bloque. Quand tu vas relâcher, quand tu ne vas plus y penser, c'est là que ça va se passer.
- Speaker #1
Bah oui. La vérité, je l'ai vécue. Parce qu'à un moment donné aussi, je pense que mon corps, il ne voulait pas. Parce que je pense que j'essayais de contrôler mon corps. Et mon corps m'a dit, tu ne me contrôles pas.
- Speaker #0
Je ne suis pas un acteur.
- Speaker #2
Je ne suis pas un acteur.
- Speaker #1
Je suis en direction pour la grossesse et je tourne le bébé. Laisse-moi la grappe.
- Speaker #0
C'est ça, il faut... C'est beaucoup de stress, mais il faut pouvoir...
- Speaker #1
Oui, et ma dernière grossesse, je ne pensais même pas que j'allais être enceinte. Le truc de dingue. J'arrive en France, le gars me rejoint. Ce bébé-là aussi, il aimait les problèmes. Mais il a été consulter. Ça doit prendre,
- Speaker #0
ça doit prendre. Oui,
- Speaker #1
et puis moi j'ai oublié, je vivais ma vie tranquille. Mais à un moment donné, je me suis rendu compte que j'aimais bien le piment.
- Speaker #0
Il y a quelque chose qui va.
- Speaker #2
J'avais trop de problèmes que je me suis fait paniquer. Et eux,
- Speaker #1
je pleurais, ils m'ont dit mais toi, tu n'es pas enceinte par hasard Je dis ah,
- Speaker #0
j'avais ! C'est de la vie ! Je ne peux pas, non !
- Speaker #1
Je te dis, mon corps ne m'obéit pas. Ils m'ont dit toi, tu es enceinte Je dis ah bon ? Et j'ai commencé à me regarder et je me trouvais bizarre. J'étais moche, j'avais plein de boutons. Et puis, je fais le test et je vois la ligne rouge.
- Speaker #2
Arrête ! Faut pas te moquer de moi !
- Speaker #1
Change de clôture, tout de suite, disparaît ! Et j'achète une deuxième grossesse en scène. Pareil ! J'ai dit Et ?
- Speaker #0
Là on est dedans !
- Speaker #1
Dieu, tu es venu, non ? On va partir ! Après, tu vois, j'étais contente, mais en même temps, j'ai commencé à recontrôler mon corps.
- Speaker #0
Bah ouais, c'est ça, tu stresses.
- Speaker #1
J'avais peur du tout. J'avais peur du tout. Et lui, il ne m'aidait pas. Même quand j'allais aux toilettes, il venait devant la porte de toilette. Allô, ça va ? Même pour le pipi, il venait me demander si ça va.
- Speaker #0
Moi, j'étais pareil. Moi, j'étais pareil. Et c'est là où je tire mon chapeau à Karel, c'est que nous... En fait, elle était en confiance. Elle était en confiance.
- Speaker #1
Moi non.
- Speaker #0
Et je pense que c'est peut-être ça aussi qui a fait que ça s'est, alhamdoulilah, bien passé pour Kelina, parce que la période de Kelina... Tu sais, les parents voulaient qu'elle reparte en France en se disant plateau médical en France, ça va être mieux. Mais elle était en confiance avec son gynéco. Elle était en confiance dans son truc où elle était. Et elle dit, ça va bien se passer. Et elle a vécu vraiment... Comme tu dis, c'est moi qui lui disais, arrête de faire ça, arrête de faire ci, arrête de faire ça, bouge pas, nanana.
- Speaker #1
J'en ai quelqu'un comme ça.
- Speaker #0
Elle, elle voulait conduire, elle voulait partir faire ses trucs. Je pense que c'est ça.
- Speaker #1
Moi, j'ai essayé à un moment donné de recontrôler mon corps. Et c'est à ce moment-là que j'ai perdu la grossesse. Parce que je pense que... il me fallait lâcher prise et c'est là où j'ai entendu parler de ce mot bon aujourd'hui je suis prête pour le lâcher prise,
- Speaker #0
tu peux venir quand tu veux en tout cas en fait là on est retraités sur un sujet qui nous parle à tous les deux, c'est pour ça qu'on on étale dessus mais donc Yai deuxième saison, malheureusement vous avez vécu quelque chose d'assez difficile aussi encore sur Yai comment en tant que réalisatrice Je ne vais pas parler en tant que femme parce que tu as de l'amitié, tu as tout ça qui rentre. Mais en tant que réalisatrice, sur le côté professionnel, comment tu... J'ai fait cette situation. Je ne veux pas dire gère parce que tu ne peux pas gérer cette situation. Mais comment tu...
- Speaker #1
Alors, j'avais déjà écrit la suite avec quand même Jean-Paul dedans. Et je me souviens la dernière fois qu'on s'est vu, je le blaguais toujours. Il allait au sport en me disant, je suis fin prêt, on va faire de belles choses. Quand il est parti, moi, ça a réveillé encore des choses enfouies. Parce que j'avais un frère qui est décédé. Et la perte de Jean-Paul a eu cette même résonance. Et je l'ai très mal vécu, très très mal. Et je n'en voulais plus de projet. J'ai eu un rejet total par rapport au projet. Et à chaque fois que mes équipes me disaient qu'il faut qu'on les fasse parce que les partenaires et tout, je n'en voulais pas. Mais professionnellement parlant quand même, j'ai sollicité l'aide d'un nouveau réel qui est arrivé avec une nouvelle vision du projet. Parce que tu vois, un projet, c'est une vision. Calista peut avoir telle vision sur un projet, quelqu'un d'autre peut venir avoir une vision, mais beaucoup plus explicite du projet. D'accord. Donc il est arrivé avec une vision, sans Jean-Paul et sans cette histoire. qui tournait autour de lui et il m'a dit, écoute, pour pouvoir refaire cette saison 2, il faut ça, ça, ça, ça et ça. Et je l'ai laissé faire. J'étais là en appoint pour aujourd'hui regarder, finaliser, mais je l'ai laissé vraiment dérouler sa vision. Et il m'a apporté cette fraîcheur dont j'avais besoin sur le projet pour encore m'attacher au projet et pouvoir continuer le projet. Et automatiquement, tout a été mis en place. Mais il faut savoir que quand on reste quand même deux ans, Il y a ce souci de planning avec les acteurs. Les acteurs, tu ne peux pas les booker. Tu es obligé de les booker quand des budgets sont là. Quand tu n'as pas de budget, tu ne peux pas booker une personne. Et quand on est arrivé à ça, il a fallu faire face à des choix stratégiques pour le produit. Parce que comme je dis, il y a cette part de l'émotion, mais il y a le produit en fait. Et on a dû faire des choix stratégiques pour cette saison 2, pour pouvoir continuer à faire le projet. que ça s'est très bien fait dans la mise en place des équipes, dans la mise en place du projet et du casting. Et on est reparti pour une saison 2.
- Speaker #0
Ouais, macha Allah. En tout cas, elle a l'air passionnante la saison 2.
- Speaker #1
Bah oui, c'est une continuité d'histoire.
- Speaker #0
Et justement, pour cette saison 2, comment tu fais pour dénicher des talents ? Parce que par exemple, je suis obligé de faire un shoutout à mon gars Moulay. Je suis obligé de faire une dédicace à mon gars Moulay. Mais Moulay, mais tu vois, c'est ça Moulay par exemple. je l'aurais jamais imaginé en tant qu'acteur mais dès que je l'ai vu jouer juste les bandes annonces j'ai dit non en fait il était fait pour ça moi j'étais fait un clin d'oeil j'étais dit Olivier viens jouer bientôt vous allez me voir bah oui mais moi j'ai dit à Calista je veux jouer un rôle de méchant mais j'ai jamais dit de méchant mais comment tu fais ça comment tu vois que quelqu'un tu te dis lui il a quelque chose qu'il peut faire comment t'arrives parce que dans ton parcours quand on regarde ton parcours est lié à des gens qui quand ils sont rentrés dans tes séries.
- Speaker #1
Et ils ont explosé.
- Speaker #0
Et ils ont explosé. Wow, wow. Et pour moi, c'est que...
- Speaker #1
Ça,
- Speaker #2
c'est la partie sénégalienne qui fait wow.
- Speaker #0
Mais ça fait partie aussi, je trouve, de ton talent. Parce qu'il y a le talent d'écriture. Mais je trouve que tu as un talent aussi pour que des acteurs passent à un autre cap, passent à un autre niveau et se révèlent. Tu vois, je trouve que tu as vraiment... Parce qu'il y en a qui avaient des carrières avant. Ouais. Mais quand ils sont passés par tes projets, quand ils sont rentrés dans tes personnages, quand tu les as poussés à jouer, comme tu as dit tout à l'heure, tu as tes problèmes de dehors, mais quand tu arrives là, tu es sur le rythme.
- Speaker #1
Ah non, rien à voir.
- Speaker #0
Tu vois ? Comment tu fais pour sortir ça de tes acteurs ?
- Speaker #1
Alors Moula, je l'avais vu dans l'affiche de Rebelle. Oui. Même avant CB 2.0, qui a été quand même coproduit par Winami Marimphal. Je le trouvais bien. Je l'ai vu dans Rebelle. Et j'avais un petit pincement parce que j'ai dit, ah, j'adore ce gars. Et j'ai fait une série pour Canal qui s'appelle Play Game. Oui. Et il était à l'affiche de Play Game. Et le réel avec qui je travaillais a aussi travaillé dans Play Game. Il m'a dit, Moula, il est bon. Pour moi, quand on me dit qu'un acteur est bon, ce n'est pas tant le jeu. Ce n'est pas le jeu. Moi, quand je demande comment est un acteur ou une actrice, je demande comment est la personne en fait. Comment la personne se comporte sur un plateau. D'accord. Comment la personne se comporte avec l'équipe technique. Comment la personne se comporte avec...
- Speaker #0
Ce n'est pas forcément la performance. Non, ce n'est pas la performance. C'est plus la personne en tant qu'elle.
- Speaker #1
La personne. Moi, je casse les personnes. D'accord. Je ne casse pas les performances. Parce que si je veux faire jouer un acteur, je ferai jouer un acteur. D'accord. Mais comment est d'abord... La personne. Parce que comme je dis, un acteur qui a du talent, qui fatigue tout le monde, ce n'est pas un acteur. On peut en avoir, mais moi, ce n'est pas mon choix. Je préfère choisir des gens qui sont humains et conscients. Et le réal m'a dit qu'il était bien. Donc, je l'ai appelé en casting. Il est venu et j'ai vu quelqu'un, mais de très terre à terre. Il a joué et il avait ce discours de dire que je suis prêt, je veux faire de bonnes choses. Et je lui ai dit, écoute, peut-être que... il y a des choses que tu n'auras pas avec moi, mais il y a des choses que tu auras. Ces choses que tu auras aujourd'hui, c'est le fait de te découvrir. Comme je dis, ce n'est pas tes talents en tant qu'acteur, mais c'est comment tu es dans ton mindset, tu veux aller et comment tu te comportes en fait. Et moi, je tiens vraiment à ça. Et comme je dis, l'acting, c'est de la thérapie. Tu restaures la personne et tu permets à la personne d'être en phase avec lui-même. Parce que comme je dis toujours aux acteurs, Moi, mon travail, c'est de prendre le soleil et de le mettre sur toi. Tu vas briller.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Et c'est ce qu'on a fait. Il est venu, il s'est intégré. Parce qu'il est très difficile pour un acteur de revenir en saison 2 sur un projet qui a marché. Avec une équipe. En portant un rôle qui a déjà été porté par un grand acteur. Oui. Parce que Moussa, c'est un grand acteur. Il est bien, humainement. Moi, quand je dis qu'un grand acteur, il est bien, c'est qu'humainement. Je parle d'humainement. et de ses performances. Parce que c'est l'humain, pour moi, qui définit les performances. Et il est venu et il a matché avec le projet. Il a matché avec les personnes avec qui il travaillait. Il s'est donné, il a travaillé. L'acting, c'est du travail. Ce n'est pas du talent. Les gens qui me disent j'ai du talent je leur dis moi aussi j'ai du talent Tout le monde a du talent. Bien sûr. Maintenant,
- Speaker #0
c'est est-ce que tu exploites ce talent ?
- Speaker #1
Est-ce que tu exploites ce talent ? En quoi faisant ? En ayant... une hygiène de vie qui va avec ton talent. Parce que si tu as du talent et que tu ne dors pas jusqu'à 5h du matin, que tu arrives en séquence de jour avec un visage de, je ne sais pas, névrosé ou quoi, tu n'as pas de talent. Si tu as du talent et que tu arrives sur ma scène de tournage, les dialogues que j'ai pris, le respect d'écrire, tu ne sais pas rediriger.
- Speaker #0
Tu n'as pas travaillé.
- Speaker #1
Le talent, c'est du travail. Et tous les acteurs aujourd'hui, moi, je les pousse à travailler. Je dis, moi, je travaille. Mon talent, c'est de travailler. Donc, quand on arrive et qu'on partage un projet, le seul truc qui va nous lier et qui va faire en sorte qu'on se respecte, c'est qu'on respecte l'engagement qui nous lie. C'est-à-dire, ce ne sont pas des trucs... Et c'est là où, quelque part, c'est très difficile avec moi parce que je suis très méticuleuse, rigoureuse. Et toute ma carrière, c'est...
- Speaker #0
Ce n'est pas difficile, tu travailles. Ben oui.
- Speaker #1
J'ai toujours eu ce truc, Calista, de faire métier, de faire compliqué, de faire truc, tu vois. Et avant, ça me pesait, tu vois. Mais aujourd'hui, je suis en phase avec.
- Speaker #0
Oui, tu es en phase avec toi-même parce que depuis tout à l'heure, tu l'as dit. Tu sais ce que tu veux. Ah bah oui. Tu es une bosseuse. Bah oui. Donc, tu as tes objectifs.
- Speaker #1
Ah bah, je bosse.
- Speaker #0
Et tu sais que pour les atteindre, ces objectifs, il faut que tu passes par ces étapes-là. Donc, si quelqu'un veut rentrer dans ce bateau-là, il doit respecter le fait de bosser et d'être rigoureux et d'avancer.
- Speaker #1
C'est ce que je dis aux gens. Quand une personne arrive et me dit, je veux faire telle chose, je n'ai pas les moyens. Je lui dis, si, tu as les moyens. Hormis les finances, tu as les moyens. Parce que quand tu mets de la rigueur dans ton travail, peut-être que tu ne vas pas réussir dans un an ou deux, mais tu vas réussir forcément. Il n'y a pas de miracle. Tu as la rigueur qu'il faut, tu as le sérieux qu'il faut. Tu attends juste l'argent, à quel moment ça va venir. Mais je suis exigeante envers moi-même, parce que j'aurais pu, quand je fais un travail, le bâcler, le présenter n'importe comment, mais je ne le fais pas. Et mes équipes le savent. Tu ne peux pas me présenter un travail qui ne soit pas bien fait. Au début, ils sont... choqué, tu me présentes un travail mal fait, je barre tout, je déchire tout, je te renvoie ça. Parce que quand je suis en face d'un travail qui n'est pas bien fait,
- Speaker #2
moi j'ai des tocs.
- Speaker #1
Quand tu me présentes quelque chose qui n'est pas bien fait, bien écrit...
- Speaker #0
La réaction. Tu vois, Calista commence à bouger la tête.
- Speaker #1
J'ai des tocs. Et les personnes qui travaillent avec moi savent que j'ai des tocs. C'est-à-dire qu'au début, c'était difficile parce qu'ils ne savaient pas. Maintenant, ils savent que moi, tu ne peux pas me présenter un travail qui ne soit pas carré et bien fait. Parce que tu réveilles mes troubles quand tu le fais. Donc, il faut éviter de révéler mes troubles.
- Speaker #0
C'est mieux.
- Speaker #1
Et aujourd'hui, je vois quand les nouvelles personnes arrivent, tu as toujours quelqu'un qui dit, bon, je vais t'apprendre à travailler pour elle. Sinon, tu ne vas pas.
- Speaker #0
C'est des tocs. Non, tu as des principes.
- Speaker #1
Non, c'est des tocs, en fait. Je le dis, les gens ne savent pas.
- Speaker #0
Non, moi, je te corrige. Je te corrige quand je dis que tu as des principes parce que, je suis désolé, je fais un constat. On est dans un... pays où les gens ne travaillent pas et il faut travailler.
- Speaker #1
Ils mettent de l'émotion là, on ne peut pas mettre de l'émotion. Moi je ne mets pas d'émotion dans le travail. Tu sais, tu arrives, tu dis à quelqu'un telle ou telle chose ne sont pas bien faits et c'est pas bon par rapport à telle ou telle chose. Mais la personne te croise le lendemain et ne te salue pas.
- Speaker #0
Elle boude.
- Speaker #1
Moi si on ne dort pas ensemble, qu'on ne se voit pas nul là, même si tu bouts ça, c'est ton problème, ce n'est pas mon problème, je suis humaine. Mais dans le travail, c'est des codes et des règles. Si tu ne sais pas appliquer les codes et les règles, tu ne te fatigues pas et tu ne fatigues pas l'autre.
- Speaker #0
C'est simple.
- Speaker #1
Il ne faut pas que les gens s'inventent des choses qui soient compliquées. La vie n'est pas compliquée. Tu peux, tu fais. Tu ne peux pas, tu ne fais pas. Mais ce n'est pas parce que toi, tu ne peux pas ou tu ne veux pas faire que tu vas tout un maillon affaiblir ça.
- Speaker #0
Parce que ça, il n'y a pas que toi qui doit avancer. Il y a toute une chaîne qui doit avancer.
- Speaker #1
C'est un travail d'équipe. C'est-à-dire dans un travail d'équipe, quand toi, tu dis que tu peux faire, Tu ne vas pas me dire que tu ne peux pas faire. Et aujourd'hui, comme je dis, les acteurs quand même, parce que c'est ma matière première, les acteurs, c'est des gens quand même qui sont, comme je dis, très bien, très ouverts. Et je pense que dès qu'on dit aux gens ce qu'on attend d'eux, et on sait ce qu'ils attendent de nous, il n'y a pas moins qu'on ait des problèmes. Ils bossent parce que c'est leur image. Ce n'est pas parce que c'est ton image. Ils bossent parce qu'ils aiment leur projet. Et que c'est des bosseurs naturels. Ils ne forcent pas les choses. Et aujourd'hui... Moi, j'ai ce plaisir-là de découvrir des acteurs. J'ai ce plaisir d'aller plus loin avec eux parce que c'est des gens qui sont bosseurs.
- Speaker #0
Et aujourd'hui, Calista, d'aujourd'hui, quel regard tu portes sur justement cette industrie des séries qui a beaucoup changé en l'espace de peu de temps ? Tu me corriges si je me trompe, mais je pense qu'il y a de plus en plus de budget. Les gens se rendent compte qu'il y a des talents au Sénégal. Ah, on dirait que je me trompe. je retire ce que j'ai dit mais c'est ça parce que en tout cas nous d'un regard extérieur je te parle d'un regard extérieur tout se passe bien on a l'impression que ce monde des séries justement est en effervescence oui que c'est en train de grandir qu'il y a une vraie industrie qui est en train de se construire je ne vais pas dire se développer parce que pour moi elle est encore en construction est-ce que toi qui est à l'intérieur tu le ressens aussi comme ça est-ce que tu penses que le Sénégal et même je vais dire la... La série africaine, parce que ce n'est pas que le Sénégal, la Côte d'Ivoire et tout, va aller encore comme ça en grandissant. Est-ce que tu as ce sentiment-là ? Comment tu le vois aujourd'hui ?
- Speaker #1
Alors, la réalité est vraie. La Corée a été vendue par les séries. La Turquie par les séries. Beaucoup de pays au monde ont été vendus par les séries. C'est la réalité. La problématique qu'on a aujourd'hui au Sénégal, il faut le dire, c'est que les gens ne connaissent pas notre secteur d'activité, ils ne le comprennent pas. Quand l'industrie culturelle est créative, et juste une industrie pour être une industrie, sans avoir cette identité d'être quand même un business, c'est une problématique. On est ceux-là dans les séries. Les gens consomment, le public consomme, mais il n'y a rien qui est fait pour les séries. Parce que les gens ne comprennent pas. Parce que les gens ne viennent pas. aux personnes qui sont dans les séries, parce que les gens ne se rendent pas compte qu'on parle de développement, mais le développement aujourd'hui c'est notre secteur d'activité. C'est nous qui portons tous les secteurs d'activité en fait. L'État n'achète pas chez nous. Au niveau aujourd'hui, et moi je le dis toujours, au niveau de la fiscalité, ça ne nous concerne pas, parce que la fiscalité n'est pas en adéquation avec notre secteur d'activité. Et on parle aujourd'hui de fonds, les fonds quand même. Essai, mais ne nous accompagne pas par rapport à nos réalités. On a les plateformes aujourd'hui comme Budo qui essaient. qui essaient vraiment de nous rejoindre, qui font les efforts, mais quand même ça reste...
- Speaker #0
Parce qu'on sent qu'ils ne comprennent pas tout l'enjeu. Si on a les partenaires aujourd'hui, ils achètent de moins en moins et les processus de paiement sont très compliqués. Il n'y a pas de banque qui accompagne. C'est-à-dire que quand je peins le secteur, tu te rends compte que tu vas me dire mais qu'est-ce que vous faites ?
- Speaker #1
Non, en fait, c'est marrant parce que moi j'aurais pensé que finalement ce que tu me dis, c'est ce que nous on vit dans le secteur de la création de contenu digital. Mais j'aurais pensé, moi... que vous étiez plus avancée, peut-être plus...
- Speaker #0
On est plus avancée parce que... Quel est ça, le femme fit ? C'est-à-dire, moi, j'engage des choses. J'ai un projet dont le budget, c'est 100, 120 millions. Je m'engage, je prends des dettes. Je coule sous les dettes pour pouvoir tenir un produit. Et à la fin, tu ne marches même pas pour pouvoir gagner. Et tu arrives à faire des produits qui sont consommés. Après, je n'ai pas peur parce que je me dis... Il faut pouvoir, le Sénégal, il faut être persévérant et tenir dans la durée. Sauf qu'il y a un risque quand tu veux tenir dans la durée, tu peux te perdre. Demain, tu peux faire face aujourd'hui à des prestataires à qui tu dois de l'argent que tu ne peux pas rembourser. Tu peux avoir des engagements que tu ne peux pas rembourser parce que telle ou telle ou telle chose. Et je dis toujours aux acteurs de ce secteur, nous les producteurs. Nonobstant, il n'y a pas de concurrence entre nous. Quand je le dis, les gens sont en mode choqué. Je dis, il n'y a pas. On n'a pas de concurrence. Parce qu'il n'y a aucune maison de production aujourd'hui qui peut te faire une série du lundi au vendredi. Déjà, donc, il n'y a pas de concurrence. Donc, on gagnerait mieux à se fédérer parce qu'on a tous les mêmes intérêts.
- Speaker #1
Ça résonne tellement ce que tu dis.
- Speaker #0
Les mêmes intérêts, en fait. Moi, j'ai du mal. Aujourd'hui, quand les gens me disent, Ouais ! Tu as ta boîte. Je dis, moi, je n'ai pas ma boîte. Si Marodi me commande du contenu, je lui fais du contenu. Si Evenprod me commande du contenu, je lui fais du contenu. Parce que moi, à la fin de la journée, je veux gagner ma vie. Peu importe qui me demande de lui faire du contenu, je te fais du contenu. Parce que c'est ce qui me permet de vivre et de porter mes projets. C'est un secteur aujourd'hui où les gens du secteur doivent se poser, parler d'une seule voix, aller voir les autorités. mettre la lumière sur leur secteur d'activité, mettre des chiffres sur ce secteur d'activité.
- Speaker #1
Mettre des règles. C'est marrant parce que ce que tu dis résonne tellement, parce que c'est la même chose. Moi, ça fait des années que je le dis, que nous, par exemple, en tant que créateurs de contenu, ce n'est pas normal qu'il n'y ait pas une association. Ce n'est pas normal qu'on ne soit pas ensemble, en association. Aujourd'hui, si nous, créateurs de contenu, on s'asseyait tous à la même table et qu'on dit que voilà. un créateur de contenu qui a entre tant et tant de followers doit demander au minimum tel prix pour ses publications, tout le monde aurait gagné. Parce qu'à partir du moment où une marque va venir, va taper à toutes les portes, il va voir que tout le monde répond de la même manière, ils vont savoir qu'ils n'ont pas le choix de s'aligner. Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, on est dans un système où c'est le Far West. Il n'y a rien qui régit rien du tout. Donc une marque va aller voir quelqu'un qui va dire Oh, moi je te demande 20 000, l'autre va demander 600 000. Alors qu'ils ont... Il n'y a pas de réglementation. Donc, ils vont toujours aller vers le moins cher et ça va amener le système vers le bas. Et on a besoin aujourd'hui de se mettre en association. On a besoin de se parler entre nous. On a besoin de dicter nos règles et pas de se faire dicter les règles par les marques.
- Speaker #0
Mais il y a ceux qui peuvent marcher ensemble. Nous, on peut marcher ensemble. Si tout le monde ne peut pas marcher ensemble.
- Speaker #1
Mais comme tu as dit, je me connais aussi. Parce que moi, on m'a souvent dit, Olivier, lance ça. Mais moi, je n'aime pas que quelqu'un me dise, je vais faire ça et ne le fasse pas. Je suis très rancunier.
- Speaker #0
Oui, mais comme je dis, je dis, il faut toujours voir la personne avec qui tu peux marcher et tu marches avec elle. Parce que tout au long de la vie, les gens vont venir vous suivre. Quand vous faites les choses bien, les gens vont venir vous suivre. Si on est 10 et que les 10 ne peuvent pas marcher ensemble, et qu'il y ait 2, rien que 2, qui peuvent marcher, parce que 2 peuvent avoir plus d'impact que 10. Moi, c'est ma vision des choses. 2, pour moi... Même si c'est minime en termes de chiffres ou autres, pour moi, ça peut avoir plus d'impact que 10. Il faut marcher avec des gens qui peuvent marcher avec toi, pas avec tout le monde. Et comme je dis aujourd'hui, c'est dommage que l'Africain ou le Sénégalais en soit toujours à moins. Moi, moi, dans aucun pays, les plus grosses boîtes au monde sont détenues à moins de 20% par leur propriétaire. Prends le cas d'Apple avec Steve Jobs. Ils n'ont pas plus de 20%. Beaucoup, hein ? Mais ici, Calista va te dire, Ouais, j'ai 60% de mon entreprise. Mais attends, tu as 60% de rien du tout. Oui. Moi, j'essaie d'ouvrir mon capital.
- Speaker #1
Si quelqu'un nous entend.
- Speaker #0
À la ZAN pour venir, venez. Moi, je ne veux même pas avoir 20%. C'est bien mon problème. Moi, je veux juste l'argent pour travailler.
- Speaker #1
Mais c'est vrai. J'avais vu une interview de Jay-Z qui disait ça, qui disait que LVMH avait des actions dans son champagne. Oui. Ace of Spades. Et il disait qu'il ne gagne que 10%. Mais le réseau que LVMH lui a ouvert de distribution, le 10% qu'il gagne là, le réseau de distribution vaut plus que s'il avait gardé juste 800%.
- Speaker #0
Mais c'est ça.
- Speaker #1
Et c'est ça.
- Speaker #0
Moi, je ne cherche pas à détenir tous les capitaux. Ça ne me parle pas.
- Speaker #1
Non, je te rejoins.
- Speaker #0
C'est la vision. Où est-ce qu'on peut aller et comment on va faire pour y aller ?
- Speaker #1
Et justement, c'est ça ma prochaine question. C'est quoi ta vision ? Est-ce que déjà tu peux en parler ou c'est quelque chose que tu gardes assez ?
- Speaker #0
Mais non, ça ne sert à rien. Ma vision aujourd'hui, c'est d'avoir du temps pour moi.
- Speaker #1
Ça, c'est important.
- Speaker #0
Parce que j'en arrive à un moment donné où franchement, j'ai vraiment du temps pour moi. Alors que je sais que j'ai encore rien fait. Rien du tout. Mais j'arrive à un moment où je suis fatiguée.
- Speaker #1
Quand tu dis du temps pour toi, c'est pour que les gens réalisent, par exemple, saison 2 de Yaï 2.0. Ça te prend combien de temps ? Entre l'écriture, le tournage et jusqu'à ce que tout soit fini, livré et la saison est terminée. Ça te prend combien de temps ?
- Speaker #0
Écriture de moi.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
tournage 4 mois, post-prod 3 mois,
- Speaker #1
9 mois. On est déjà à 9 mois de l'année qui sont pris pour ça. Tant compter...
- Speaker #0
Les autres projets que tu dois faire, les choses que tu dois faire.
- Speaker #1
Et même pour que ta créativité se libère, si tu es capable de te libérer financièrement de tous ces autres problèmes où tu n'as pas besoin de les gérer, parce que c'est ça que les gens oublient, c'est que finalement tu gères tout. Tu vas chercher l'argent, tu écris les scénarios... Tu vas chercher à travailler avec les acteurs.
- Speaker #0
Maintenant, quand même moins. J'ai quand même des équipes, surtout. Tu supervises, mais tu supervises. Peu importe que tu aies des équipes, chaque département aura besoin de toi. Par exemple, le commercial aura besoin de toi sur des rendez-vous parce que les gens veulent voir Calista pour vendre des produits. Tu vas le suivre. Dans la stratégie marketing et digital, on aura besoin de toi. Dans l'écriture, tu es showrunner. si les équipes écrivent, c'est toi qui relis, qui fais les annotations, qui corriges. Dans la production, tu fais la direction artistique, tu fais le showrunner, tu fais les castings, tu mets les équipes en place. Dans la post-prod, tu supervises la finalisation de tout jusqu'à la diffusion. C'est toi qui fais le link avec les partenaires.
- Speaker #1
Je comprends pourquoi tu dis que tu as besoin de temps pour toi.
- Speaker #0
J'en arrive à un moment où je veux du temps pour moi. Je veux vraiment pouvoir... découvrir autre chose, faire d'autres choses que j'aime, me réinventer en fait. Mais je sais que pour le moment, je ne peux pas.
- Speaker #1
Et aujourd'hui, avec les portes que tu as réussi à ouvrir... Quelles portes ? Non, tu as ouvert des portes quand même. Par rapport au début, quand tu cherchais tes budgets pour maîtresse, il y a quand même des portes qui se sont un petit peu entreouvertes. On va dire entreouvertes.
- Speaker #0
Je réfléchis en même temps.
- Speaker #1
Est-ce que tu as déjà eu des contacts avec, par exemple... les séries au Nigeria ou des choses comme ça ? Est-ce que c'est quelque chose que tu regardes en te disant j'aimerais bien peut-être demain me challenger, essayer d'amener une série peut-être là-bas parce que l'industrie est beaucoup plus grande, développée là-bas ? Est-ce que c'est des choses que tu as en tête ?
- Speaker #0
Oh mon Dieu ! J'ai eu une très, très, très, très grande réalisatrice nigériane qui m'a contactée et qui a voulu qu'on fasse une coproche entre le Nigeria et le Sénégal, mais elle voulait qu'on trouve ça ici au Sénégal.
- Speaker #1
Oh, ça aurait été incroyable ça !
- Speaker #0
Ah oui ! Et aussi, j'avais juste fait ça. Même le navet, je serais devenue une millionnaire. Mais je lui ai dit que ce n'était pas encore le moment. Pour moi, il faut un moment pour tout. Là, on est vraiment dans la stratégie de s'asseoir. Il ne faut pas brûler les étapes. Il faut y aller par étapes. Grandir trop vite peut ne pas aller à une boîte. Parce qu'ici, on est dans un micro-management. Ça va. Mais si on grandit hyper vite, ça peut être hyper compliqué pour la gestion des équipes. Et je lui ai dit qu'il nous faut quand même le temps d'avoir une équipe dans le micro-management qui soit assez outillée pour pouvoir porter le développement des équipes et surtout le fait d'accueillir de nouvelles équipes. D'accord. Et quand même avec la Côte d'Ivoire aussi, depuis maîtresse quand même, j'ai beaucoup de connexions là-bas. Mais comme je dis, je préfère bien grandir parce que moi, Olivier, je suis intéressée par le marché sénégalais d'abord et de l'Afrique francophone. D'accord. Je n'ai pas cette vocation de vouloir être netflixable ou canalisable. Je parle de canal, je dis canalisable. Je n'ai pas vraiment cette vocation. Ce n'est pas que je ne suis pas forcément ambitieuse. J'arrive à travailler avec eux quand même. J'arrive quand même à travailler en coproduction sur l'écriture. Mais ce n'est pas ta mission de cœur. Ma mission de cœur, c'est d'arriver à vendre le Made in Senegal africain sur des normes et des standards d'un point de vue international. Mais je peux travailler avec Canal sur un projet ou autre, mais ce n'est pas ma vocation.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Moi, je crois au For Us, By Us.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
je crois beaucoup, je ne sais pas pourquoi et c'est ça que je veux parce qu'il est possible de faire des choses par nous-mêmes avec de la rigueur et du sérieux et le temps qu'il faut et je suis dans ça et le cinéma,
- Speaker #1
est-ce que c'est quelque chose qui t'intéresse aussi ?
- Speaker #0
oui, le long métrage ça me parle ça m'intéresse beaucoup mais il faut savoir quel réseau de distribution on a parce qu'aujourd'hui on a cette carence dans le réseau de distribution avec les salles de cinéma entre autres et il faut prouver quand même les produits. Je ne sais pas, j'attends ça quand même chaque année. À partir du 11 octobre, les films de Noël vont démarrer sur TF1. Ça,
- Speaker #1
c'est des choses qui me parlent.
- Speaker #0
Ok. Donc, je ne veux pas m'engager juste pour qu'on se dise Ah, Calista, elle fait du long, ça ne m'intéresse pas. Je veux faire des choses qui ont cet impact que je veux. De toute façon,
- Speaker #1
je pense que ton écriture n'arriverait pas à se lâcher. Si tu n'es pas sur quelque chose qui te parle. C'est ça.
- Speaker #0
En fait, je ne peux pas écrire sur commande. Et tous les projets que j'ai eus, quand même, sont des projets qui m'ont parlé. Quand on me parle d'un projet qui ne me parle pas, je ne suis pas intéressée. Vraiment, ça ne me parle pas. Ce n'est pas ce truc alimentaire où je fais, ou de notoriété, où il y a mon nom. Et alhamdoulilah, le fait que j'ai réussi à travailler localiste, ça fait que je suis sollicitée sur des projets, quand même. Et aujourd'hui, j'en arrive à un moment où je dis non.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Non. Non, parce que je ne peux pas.
- Speaker #1
Oui, parce qu'il y a ton bien-être, comme tu as dit. Il faut que tu trouves du temps pour toi.
- Speaker #0
Avant, je pensais que j'étais un mix de Spiderman. Maintenant, je me rends compte que je suis une tortue. Je ne peux pas. Et quand les gens me sollicitent pour des trucs, je dis non. Je ne sais pas. Ils interprètent comme ils veulent, parce que souvent, les gens aussi, ils veulent interpréter. Mais je sais que... Au fond de moi, si je le prends, je ne vais pas respecter mes engagements.
- Speaker #1
Tu ne vas pas bien travailler. Comme tu as dit tout à l'heure, la notion de travail pour toi est importante. C'est ça. Tu ne vas pas faire ton travail bien. C'est ça. Donc, ça ne sert à rien.
- Speaker #0
Non. Et aujourd'hui, je fais une émission sénégalaise. Ça va.
- Speaker #1
Et, excuse-moi, à chaque fois, je te dis une dernière question, mais j'ai des questions qui me viennent en même temps parce que je suis obligé de te poser ça. Aujourd'hui, est-ce que les marques comprennent mieux ce que tu fais. Pourquoi je te pose cette question ? Parce qu'à un moment, j'avais l'impression que les marques, tu sais, elles veulent beaucoup imposer leur présence dans la série et elles ne comprennent pas forcément le côté créatif et comment elles peuvent dénaturer l'histoire ou le moment qui est en train d'être passé dans la série parce qu'elles veulent qu'on dise le nom de leur marque. Est-ce qu'aujourd'hui, il y a une évolution quand même un petit peu par rapport à ça ? Est-ce qu'ils comprennent que tu n'as pas besoin forcément de dire le produit, de le mettre en gros et... que tu peux être beaucoup plus subtil. Est ce que c'est ? Est ce que c'est encore un combat aujourd'hui de leur faire comprendre que t'as pas besoin de tout le temps juste mettre le produit ou c'est encore difficile sur ça ?
- Speaker #0
Bon, moi, je pense qu'il y a beaucoup d'avancées. Parce que comme je disais, quand on est précoce, on se prend tout. Et les marques aujourd'hui, ils sont plus ouverts. Oui, en mode de clissage, je veux juste quelque chose de subtil. D'accord, juste comme tu sais, des trucs très sûrs. Après, il ne faut pas aussi qu'on oublie le fait que ce sont des marques qui ont des budgets.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Des budgets de com. Bien sûr. Et quand on dit la com, c'est vraiment un focus sur le produit. Oui. Et qui, quelque part, doivent justifier leur entrée.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Sur un produit. Parce qu'aujourd'hui, quand tu poses le plan de financement d'une série, le plan de financement, et on fait des plans de financement, on fait des budgets.
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #0
Quand tu poses le plan de financement, si tu as aujourd'hui une plateforme comme Budo, Tu as à peu près 30% de ton budget. Oui. Tu arrives sur les marques, comme on dit, les placements de produits. Là, tu peux avoir jusqu'à 50% de ton budget au carant. D'accord. Le reste du budget, tu vas le prendre sur le digital. D'accord. Avec YouTube ou sur la vente à l'étranger pour pouvoir faire ton plan de financement.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
En fait, donc les partenaires ont un poids considérable.
- Speaker #1
Ah bah oui, si tu me dis que ça reprend quasiment 50%.
- Speaker #0
Voilà, c'est le secteur privé. Ils ont vraiment un poids énorme. Oui. Variant des marques, quand même, ils ont besoin de visibilité. Et comme je dis, ce n'est pas plus mal. Parce qu'ils te mettent quand même de l'argent sur la table, là où aujourd'hui le secteur public n'arrive pas. Ils ne représentent même pas 1% de nos ventes. D'accord. Peut-être si le secteur public était là, prenait plus de place, ça nous aurait permis de diluer un peu le message. Mais comme je dis, Kou amoul mam dene nampou mam, kou amoul yae dene nampou mam C'est-à-dire, si tu n'as pas de mère, tu t'aides ta grand-mère et tu ne vas pas dire que les seins de ta grand-mère sont flasques.
- Speaker #1
Tu ne vas pas te permettre en tout cas.
- Speaker #0
Tu vas dire que tu te permets ça. Tu peux mordre, mais tu ne dis pas que c'est flasque.
- Speaker #1
Tellement vrai.
- Speaker #0
Ben oui. Et comme je dis, il faut accepter ce qui existe et essayer de travailler sur d'autres choses qui peuvent venir. Moi, c'est ma vision. Moi, je me contente de ce que j'ai tout en me disant qu'il y a moyen d'avoir plus. Je ne veux pas aujourd'hui parce que les séries existent, parce que des marques ont accompagné les produits.
- Speaker #1
C'est juste ça. Exactement.
- Speaker #0
S'il n'y avait pas eu de marque, ce n'est pas Port Autonome de Dakar qui aurait pu permettre que les séries existent pour le directeur du port. L'autre bout de motard que tu ne me reçoives pas ou ne me donnes pas de budget, je te donne juste un exemple. Voilà.
- Speaker #1
C'est juste un exemple. Un exemple.
- Speaker #0
Un exemple. Voilà. Non, c'est juste ça, en fait. Et on a besoin que les gens comprennent les enjeux parce qu'ils ne comprennent pas. Moi, je me rappelle un jour un ministre de l'époque du président Macky Sall. Je lui parlais de la stratégie du Nigeria. par rapport aujourd'hui aux séries et au secteur culturel. Il me disait, nous on est plus outillés que le Nigeria et on fait les choses mieux. J'ai voulu lui répondre mais je ne sais pas qui a fermé ma bouche parce qu'il aurait pu m'enfermer.
- Speaker #1
Heureusement que tu as fermé la bouche. Oui,
- Speaker #0
j'ai voulu lui répondre, si c'est des paroles vous êtes fort mais en concret il n'y a rien. Mais c'est la vérité. C'est la vérité. Je ne sais pas si tu as vu les thèmes des Daya Wakar. Le Sénégalais il te dit je te signe un budget aujourd'hui, c'est dans un an, trois ans. C'est-à-dire moi je dis... quand on ne peut pas, on ne peut pas, c'est simple c'est mieux de dire je ne peux pas personne ne va mourir en fait mais tu vas dire à la personne oui, la personne va faire le nécessaire tu n'auras rien et comme je dis, le système aujourd'hui, on a beau dire des choses mais quand on n'est pas dedans,
- Speaker #1
on ne peut pas savoir c'est pour ça que je te pose toutes ces questions, parce que justement moi je suis loin du système mais c'est pour ça que ça m'intéresse je dis aux gens,
- Speaker #0
je ne suis pas nickel avec les impôts et je le dis, c'est pas parce que je ne suis pas une personne rigoureuse ou nickel, mais quand mes partenaires ne me paie pas à temps, je suis obligée de jongler. Bien sûr. Et de dire, je te donne le temps, il reste ça. C'est la réalité.
- Speaker #1
C'est la réalité, oui.
- Speaker #0
Et moi, aujourd'hui, quand on est arrivé à l'ère du double jubenti, j'ai dit, les 5% de prestations, vous les prenez. Parce qu'il faut que le pays fasse. Ils m'ont dit, mais qu'est-ce que c'est ? J'ai dit, c'est pour la cause nationale. Vraiment. Avant, j'étais morte, je prenais tout. Et on y est allé. Mais maintenant, tout le monde fait du djib, djib, djib, djib. Tout se passe bien.
- Speaker #1
Les gens qui ne sont pas sénégalais ne vont pas comprendre ce qu'on est en train de dire. Mais bon, on s'exclut.
- Speaker #0
Je dis juste qu'aujourd'hui, les impôts font partie intégrante de notre vie. On doit tous payer.
- Speaker #1
Ah non, on doit tous, bien sûr.
- Speaker #0
Et ça, ce n'est pas à Calista de porter ce que la loi dit. Bien sûr. Et je suis très contente et ravie de voir que les gens, dès que tu leur expliques... Moi, je me suis dit, mais je n'avais pas l'explication. Mais dès que tu expliques les 5% pour le prestataire, il comprend.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Il comprend. Oui. Et nous, on est là pour ça aussi. On est des porteurs de messages. Aujourd'hui, on doit porter aussi des messages de sensibilisation sur la question de l'impôt. Mais aussi, moi, et c'est une tragédie pour moi, sur tous ces accidents qui se passent, il faut en parler.
- Speaker #1
Oui, il faut en parler.
- Speaker #0
Parce que les séries aussi permettent aux gens de voir, de comprendre.
- Speaker #1
De crever l'abcès.
- Speaker #0
De crever l'abcès. Quand tu vois quelqu'un qui conduit une dame à côté, qui prend ses deux pieds, qui le met au niveau de...
- Speaker #1
Par brise.
- Speaker #0
Par brise. Ou bien... Un homme qui porte son enfant sur un scooter sans mettre des casques, ça, c'est notre travail à nous de changer. Nous, notre travail, c'est de changer le narratif. En changeant le narratif, on impacte dans la vie des gens et ils évoluent. Mais l'État ne sait pas ça. Il faut que l'État nous reçoive.
- Speaker #1
C'est ce que les félicités disent.
- Speaker #0
Il faut que l'État nous reçoive.
- Speaker #1
J'espère qu'en tout cas, cette nouvelle dynamique qu'il y a dans le pays... nous recevra et qu'on sera capable de parler, d'exposer nos problèmes et qu'on ait des gens surtout conscients en face des problèmes qu'on a et qui ont envie de changer. Parce que comme tu le disais, aujourd'hui, ces séries, au-delà de véhiculer des messages, font rayonner le pays, font rayonner le Sénégal.
- Speaker #0
Avec Métas, on a vendu le Sénégal.
- Speaker #1
Déclenche du tourisme.
- Speaker #0
Quelque chose de ça, même pas une reconnaissance.
- Speaker #1
Moi, je te dis, j'allais au Bénin, on me parle de maîtresse d'un homme marié. Tu vas en Côte d'Ivoire, on te parle d'un maîtresse d'un homme marié. Des gens qui ne connaissent pas le Sénégal te parlent de maîtresse d'un homme marié. Ils te disent j'ai envie de venir pour voir le pays. Non, c'est extraordinaire l'impact que ça a eu.
- Speaker #0
Mais regarde la série Emily in Paris, quand Brigitte Macron…
- Speaker #1
J'ai vu ça !
- Speaker #0
J'ai dit si, Calista a dit ! Mon, son excellence, est-ce que vous voulez faire une apparition ?
- Speaker #1
Non, bon, comme tu as dit, faites placer les portes. Eux, ils ont déjà placé beaucoup de portes. Mais attends,
- Speaker #0
ils sont à un. Parce que cette série a vendu la capitale française.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Et ils ont su utiliser ce coup de marketing. Oui. Et c'est ce que les Sénégalais doivent faire.
- Speaker #1
Exactement, exactement. C'est ce que les gens doivent comprendre, c'est que prendre conscience, c'est que tes séries, au-delà de créer le débat, au-delà de créer la discussion entre Sénégalais déjà, permet de créer la discussion entre Africains, ou même pas entre Africains, entre hommes, femmes en général. Mais aussi, tes séries font rayonner le pays, déclenchent de la curiosité pour le pays, poussent des gens à prendre des billets d'avion à venir, poussent des gens même à investir, parce que tu permets à des promoteurs immobiliers de montrer aussi ce qu'ils ont comme proposition immobilière dans le pays. Il y a des gens qui viennent... qui ne sont pas sénégalais, qui achètent des appartements, qui achètent des trucs. Donc, l'impact de la série va au-delà de juste la discussion. Et c'est pour ça qu'il faut avoir des gens en face de nous qui comprennent et qui nous permettent et nous donnent les moyens de travailler encore mieux, de travailler encore plus fort. Mais bon, Inch'Allah, ça va venir.
- Speaker #0
Moi, c'est le comprenne qui est mon problème. Parce que le Sénégalais te dit toujours, j'ai compris, je sais. À un moment donné, il faut que les gens arrêtent de dire qu'ils ont compris et qu'ils savent. et qu'ils aient cette humilité de dire je ne sais pas comment on fait. Parce que dès que dans ta tête tu te dis j'ai compris, je sais, tu vas vouloir faire des choses seul, sans être réellement avec les personnes qui savent mieux que toi. C'est ça. Parce qu'une personne aujourd'hui comme Mas Demarodi, qui vit tous les jours ce secteur d'activité, et qui a été précurseur, en sait mieux que quelqu'un qui a juste une politique à mettre en place. Oui,
- Speaker #1
qui a un poste.
- Speaker #0
Une personne comme Ibou Gueye aujourd'hui, qui s'est battue pour poser Evenprod, se battre pour trouver les moyens financiers, de faire ce qu'il sait faire, en connaît mieux et juste que quelqu'un qui est là pour dire j'ai une stratégie politique de développement, j'ai tant de milliards pour tel secteur d'activité ou autre. Ça, ce n'est pas la vérité. La vérité, c'est d'entrer dans les boîtes de production qui font de l'excellent travail, de voir la main de leur plan de développement, où est-ce qu'ils veulent aller, les personnes qu'ils ont formées. L'argent qui est mis dedans, parce que attention, une série coûte de l'argent. C'est une industrie avec un fort potentiel. Et s'asseoir avec ces personnes-là pour leur demander comment ensemble on va faire.
- Speaker #1
C'est mon prévoyé. Non, mais après, je pense qu'on a une chaleur de belles perspectives. Oui. Comme tu dis, il faut juste créer les discussions. Sans les discussions, on n'avancera pas. Il faut créer les discussions, il faut s'asseoir, il faut parler. En tout cas, Calista, moi, ça a été un... plaisir de te recevoir. C'est la première vraie discussion qu'on a, parce que pour être très honnête, Calista et moi, on s'est vus une fois grâce à Pathé. Coucou Pathé.
- Speaker #0
Coucou Pathé. Ah lui, il est excellent. Oui,
- Speaker #1
il est excellent.
- Speaker #0
Et aujourd'hui, moi, quand on parle de partenaire, je dis Pathé, c'est mon premier partenaire. Au-delà, aujourd'hui, du fait d'associer son travail à nous et son image, c'est quelqu'un qui a une vision, qui a de l'ambition et qui a les valeurs qu'il faut pour l'entrepreneuriat. Et moi, c'est vraiment un frère qui fait des choses extraordinaires.
- Speaker #1
Et donc, on s'était vu avec Pati, on avait parlé rapidement avec Calista et j'avais dit je veux te recevoir. J'ai fait aucune recherche sur toi pour garder l'authenticité de notre discussion. Ça a été un plaisir de discuter avec toi. Je retiendrai que tu es une femme brillante, tu es une femme de conviction, tu es une bosseuse. Tu es une personne qui défonce les portes.
- Speaker #0
Je sors un peu le syndrome de l'imposteur. Voilà.
- Speaker #1
Elle a enfin libéré le syndrome de l'imposteur. Elle comprend qu'elle fait des choses. Et je te souhaite de continuer à réaliser de belles et d'importantes séries. Je te souhaite de t'épanouir dans ta vie de femme, en général, de réaliser tous tes projets, tous tes rêves, et de continuer à créer la discussion. Parce qu'on a besoin de se parler entre nous, hommes comme femmes, parents comme enfants. On a besoin... de mieux se comprendre, surtout dans ce monde qui est en perpétuelle évolution et avec ce décalage de génération. Et c'est toi qui permet à ces différentes générations de se parler, de se regarder d'un œil différent. Et en tout cas, merci pour ton temps. J'espère te revoir peut-être d'ici à les deux, trois ans dans le fauteuil là, pour nous dire bon, alors là, j'ai signé une série avec Disney+. Je viens de terminer ma série avec Netflix. Non, mais tu auras défoncé les portes, tu auras imposé tes règles. Donc ils n'auront pas le choix de faire ce que toi tu veux. Et donc Inshallah, je te souhaite tout ça. Merci d'être venu. Merci à tous les incroyables, la team incroyable d'avoir écouté ou regardé l'épisode. Allez voir les réseaux de Kalista, allez regarder ses séries, partagez-les, commentez-les, montrez-les à tout le monde. Et je vous dis à très bientôt sur un nouvel épisode du Off Show.
- Speaker #0
Peace ! Allow me to reinduce myself, my name is Ho ! Oh, je suis aussi.