undefined cover
undefined cover
Du Sénégal au Mont Blanc : Mohamed Tounkara, Héros de l'Aventure et de la Motivation cover
Du Sénégal au Mont Blanc : Mohamed Tounkara, Héros de l'Aventure et de la Motivation cover
Le OV Show

Du Sénégal au Mont Blanc : Mohamed Tounkara, Héros de l'Aventure et de la Motivation

Du Sénégal au Mont Blanc : Mohamed Tounkara, Héros de l'Aventure et de la Motivation

2h04 |25/05/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Du Sénégal au Mont Blanc : Mohamed Tounkara, Héros de l'Aventure et de la Motivation cover
Du Sénégal au Mont Blanc : Mohamed Tounkara, Héros de l'Aventure et de la Motivation cover
Le OV Show

Du Sénégal au Mont Blanc : Mohamed Tounkara, Héros de l'Aventure et de la Motivation

Du Sénégal au Mont Blanc : Mohamed Tounkara, Héros de l'Aventure et de la Motivation

2h04 |25/05/2025
Play

Description

Êtes-vous prêt à être inspiré par un parcours de vie exceptionnel qui transcende les frontières ? Dans cet épisode captivant du Le OV Show, Olivier Vullierme reçoit Mohamed Tounkara, un alpiniste sénégalais qui a récemment réalisé l'exploit incroyable de gravir le Mont Blanc en solitaire. Son histoire, qui commence dans les rues animées de Dakar, est un véritable témoignage de passion et de détermination. Mohamed partage avec nous comment son enfance, bercée par les récits d'aventure de son père ancien scout, a façonné son désir insatiable de conquérir des sommets, tant physiques que personnels.



Au fil de la conversation, Mohamed nous plonge dans les défis intérieurs et extérieurs qu'il a dû surmonter lors de son ascension. La peur, l'adrénaline et l'importance d'une préparation mentale et physique rigoureuse sont autant de thèmes qu'il aborde avec une authenticité touchante. Il nous rappelle que la peur, loin d'être un ennemi, peut devenir un précieux allié dans les moments les plus extrêmes, nous tenant sur nos gardes et éveillant notre détermination. À travers ses mots, il encourage chacun d'entre nous à rêver grand et à ne jamais reculer devant nos passions, un message qui résonne particulièrement au sein de la diaspora africaine.



Dans un monde où le changement de vie est souvent perçu comme un défi insurmontable, Mohamed incarne l'esprit d'entrepreneurs passionnés qui osent prendre des risques pour réaliser leurs rêves. Son parcours est une source de motivation pour tous ceux qui cherchent à s'élever, que ce soit dans le sport, le business ou l'éducation. Avec une voix pleine de sagesse, il exprime son désir de transmettre un héritage immatériel à ses enfants, un héritage construit sur le respect, l'aventure et la quête de l'excellence.



Alors que l'épisode touche à sa fin, Mohamed partage ses réflexions sur l'impact de ses réalisations sur les autres et dévoile ses futurs projets d'escalade. Ne manquez pas cette opportunité d'écouter des histoires captivantes qui pourraient bien changer votre vie. Rejoignez-nous dans ce voyage inspirant où l'esprit d'aventure et de dépassement de soi se mêle à des secrets de réussite qui peuvent motiver votre carrière. Écoutez le Le OV Show et laissez-vous porter par cette inspiration sans limites !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi, mon objectif quand j'étais bébé, c'était de sortir de la maison. À 14 ans, tu tires avec les M16, les fusils M16. Chaque année, je partais en prison. Et donc, je fais quoi ? Je m'évade. La peur pour moi, c'est... Ça doit être notre ami. On doit travailler main dans la main avec le peuple. Les rêves font la courte échelle aux rêves. Ma fille m'a sauvé la vie avant même de nous.

  • Speaker #1

    Hello, hello les incroyables, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien. Bienvenue dans un nouvel épisode du Off Show que vous nous écoutiez sur les plateformes d'écoute ou que vous nous regardiez sur YouTube. Installez-vous confortablement parce qu'aujourd'hui, on a un sportif. Aujourd'hui, je reçois quelqu'un qui atteint des sommets. Je reçois quelqu'un qui n'a pas peur du vide. Je reçois un homme ambitieux, qui aime les challenges. Je reçois M. Mohamed Tinka dans le Home Show.

  • Speaker #0

    Wow.

  • Speaker #1

    Bienvenue.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je suis tellement content de le recevoir, vous ne savez pas. C'est-à-dire que lui, là... Quand j'ai commencé mes premiers épisodes de podcast, je lui ai écrit direct. J'ai dit, quand tu viens à Dakar, tu as intérêt à me dire que tu viens parce que je veux te recevoir. Dans ma liste, il était comme ça des gens que je veux recevoir. C'est quelqu'un qui m'inspire énormément et je suis trop heureux qu'il soit là. Et c'est la première fois qu'on se voit lui et moi.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça.

  • Speaker #1

    C'est une folie.

  • Speaker #0

    Ça fait un moment qu'on discute sur les réseaux sociaux. Et même avant, je crois, avant de lancer ton podcast, tu m'avais parlé du podcast.

  • Speaker #1

    Ah oui, je t'en ai parlé il y a longtemps. Tu m'avais parlé il y a longtemps.

  • Speaker #0

    Il dit, ouais, il faut qu'on se fasse ça. et depuis Chassé Croisé mais aujourd'hui on est là on va discuter et je suis très très content d'être là c'est vraiment un honneur pour moi en tout cas l'honneur est partagé podcast de qualité des gens très

  • Speaker #1

    inspirants se sont assis sur cette chaise et voilà c'est un honneur pour moi franchement t'es quelqu'un vraiment et c'est pas parce que t'es là qui me inspire et que je dis mais lui c'est un ouf tu vois pour moi des fois l'inspiration c'est ça de regarder quelqu'un et de dire lui c'est un ouf, parce que tu regardes la personne tu te dis mais est-ce que moi je serais capable non non non, moi je serais pas capable de faire ça, mais t'inquiète les gens doivent se demander mais qu'est-ce qu'il dit Olivier vous allez comprendre, vous allez découvrir mais d'abord,

  • Speaker #0

    vas-y mais avant de démarrer je voulais juste te dire une chose tu sais Tu fais partie des gens qui ont un peu évangélisé la montagne au Sénégal. Moi ? Ben oui, ben oui. Comment ? Je vais te dire pourquoi. Quand j'ai gravi le Mont Blanc en solitaire...

  • Speaker #1

    Vous avez bien entendu.

  • Speaker #0

    Quand j'ai gravi le Mont Blanc en solitaire, j'ai posté une photo de moi en premier et mes amis ont commencé à partager. Donc ça va, ça prenait un tout petit peu. Mais toi, tu as partagé la photo avec ton compte.

  • Speaker #1

    L'ancien compte Ariam Olivier.

  • Speaker #0

    Et là, des partages de partout. Ah ouais ? Ouais, des partages, des likes, ça monte super vite.

  • Speaker #1

    Ah bah tant mieux.

  • Speaker #0

    Les médias qui me contactent, etc. Et donc, voilà, tu fais partie des catalyseurs de tout ce buzz autour de la montagne.

  • Speaker #1

    Franchement, ça me fait plaisir parce que, très honnêtement, les gens vont dire, mais vous, vous êtes rentré dans la discussion vite. Mais il faut dire les choses. Non, mais c'est que, en fait, quand j'ai vu ça, déjà, tu sais, moi, je suis un passionné d'aventure, de nature, de paysage et tout, et d'exploit sportif. Et tout de suite, moi, ce que j'ai vu, j'ai vu déjà un, l'exploit sportif. En plus, j'ai vu un Sénégalais qui amène le drapeau du Sénégal jusque sur le Mont-Blanc. Je n'avais jamais vu ça de ma vie. J'ai dit, mais c'est qui lui cet extraterrestre ? Tu vois, mais non, t'inquiète, tu vas nous raconter tout ça. Mais la première question que je pose à tout le monde, Mohamed, c'est la plus dure du podcast. Après, tout le reste, c'est facile. c'est aujourd'hui comment tu te présentes à quelqu'un qui te connait pas

  • Speaker #0

    effectivement c'est une question très dure surtout que je fais pas mal de choses donc je préfère me présenter avec un titre ou des titres qui ne changent pas d'accord bon parce que voilà je peux être informatique un jour demain je peux être donc je me présenter avec mon nom mon prénom Je suis sénégalais, ça, ça n'a pas changé. Je suis papa de deux enfants.

  • Speaker #1

    MashaAllah.

  • Speaker #0

    MashaAllah. Et je suis un amoureux de la nature et des aventures.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Après, ce que je fais dans la vie, ça, c'est autre chose.

  • Speaker #1

    OK. Non, c'est bien résumé. Pour quelqu'un qui ensuite, après sa discussion, ira sur tes réseaux sociaux, il dirait effectivement, ça correspond à ce qu'il a dit. Mais maintenant, on va rentrer dans le truc, on va découvrir. Donc toi, d'abord, tu n'es où ?

  • Speaker #0

    Je suis né à Dakar, à Yedyaway, en classe des enseignants.

  • Speaker #1

    Et comment étaient les enfances de Mohamed dans tes souvenirs ?

  • Speaker #0

    Alors, dans mes souvenirs, j'ai eu une enfance assez calme et carrée. Pourquoi carrée ? Parce que je suis né d'un papa inspecteur de l'enseignement et d'une maman enseignante aussi. D'accord. Donc autant te dire qu'à la maison, c'était... métro, boulot, dodo, quoi. Sans le métro.

  • Speaker #1

    Oui, sans le métro. Beaucoup de boulot. Exactement. Beaucoup de boulot.

  • Speaker #0

    Beaucoup de boulot. Donc, j'ai grandi dans ce cadre-là. Et voilà, mon père, il était très strict avec moi. Donc, à la maison, j'avais pas le droit de regarder la télé. De sortir jouer avec les amis. Donc, c'était que boulot, la famille, et puis c'est tout. Donc, pour te dire, j'avais un emploi du temps. 24 heures sur une 24 sur un papier A4 pour voilà tout ce que je devais faire du matin au soir à partir de 7h jusqu'au coucher 21h c'était écrit sur tout était millimétré donc 7h je dois faire ça 8h je dois faire ça donc tout était millimétré donc vraiment une enfance carré carré carré tu as des frères et soeurs ? ouais j'en ai beaucoup j'en ai environ 15. Mais on n'a pas grandi ensemble.

  • Speaker #1

    C'est plus ou moins. Il peut y en avoir 16, 17. D'accord.

  • Speaker #0

    Mais j'ai grandi avec des nièces, des cousines et deux de mes soeurs. Donc j'ai grandi qu'avec des filles.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et quand tu grandis avec des filles, il y a trois choses. Soit tu t'imposes en tant que mal alpha, je suis l'homme de la maison, je dirige. Ou tu épouses leur manière de faire, de voir la vie, de fonctionner, de raisonner. Là où on te dit que tu es efféminé. Ou tu mixes un tout petit peu des deux.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et moi, je crois que j'ai mixé un tout petit peu des deux. J'ai mixé un tout petit peu des deux. Et j'ai un côté féminin que je revendique et dont je suis fier aussi, parce que je me suis beaucoup inspiré d'elle. Et c'est pour ça que j'ai ce côté aussi sensible. Je suis sensible, altruiste. Je suis vraiment très tourné vers l'autre. Et donc ça, je l'ai pris chez mes sœurs.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc, je ne dis pas que les hommes, ils ne sont pas sensibles.

  • Speaker #1

    Mais tu trouves que toi, ta part de sensibilité est peut-être un peu plus... un peu plus sensible. On répète ce que je répète, mais c'est ça.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc,

  • Speaker #1

    enfance carrée, entourée de femmes.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    À l'école, tu es un bon élève ? Tu n'as pas le choix. Avec les parents. Je n'ai pas le choix. Tu n'as pas le choix. Moi, tu sais, j'ai qu'un seul... Mon père est prof de maths. J'ai qu'un seul parent qui est dans l'enseignement, mais je sais déjà ce que c'est d'en avoir un.

  • Speaker #0

    donc si t'en as deux la maison boulot boulot boulot et je l'ai pas regretté parce que ça m'a permis d'aller loin entre guillemets dans les études par exemple j'ai réussi le concours du Britannique Militaire j'avais un bon classement donc voilà plutôt bon élève tout en premier. Et j'étais obligé.

  • Speaker #1

    Tu n'avais pas le choix. Et dans ton enfance, avant d'arriver, je vais dire, à la période lycée, où on commence déjà les orientations un petit peu vers le... Pas professionnel, mais on commence les premières orientations de vie. Dans ton enfance, est-ce que tu as déjà une curiosité, une appétence pour le sport, pour l'activité physique, ou pas encore dans ta jeunesse ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, j'étais un enfant.

  • Speaker #1

    Parce que si vous ne voyez pas la vidéo pour les gens qui écoutent, vous avez vu comment mon gars, il est... C'est-à-dire que moi, j'ai mis la veste, j'ai bien serré, j'ai bien caché toutes les gourmandises que je mange.

  • Speaker #0

    Et moi, je suis chétif.

  • Speaker #1

    Non, mon ami, tu n'es pas chétif. Tu es chétif.

  • Speaker #0

    Oui, non, mais... Alors, moi, j'ai eu un souvenir. Bon, ce n'est pas mon souvenir, mais c'est un souvenir de mon père concernant mon goût pour l'exploration. Pourquoi ce n'est pas mon souvenir ? Parce que j'étais bébé.

  • Speaker #1

    Je portais des couches. D'accord.

  • Speaker #0

    Moi, mon objectif quand j'étais bébé, c'était de sortir de la maison. Quand j'ai commencé à marcher, c'était de sortir de la maison. Mon objectif, c'était de sortir de la maison. Tout le temps, la porte, sortir de la maison. Et un jour... Ils discutaient, voilà, et boum, ils ne me voient plus. Donc, j'avais pris la tangente, je suis parti, je suis sorti de la maison. Et là, mon père, il court, il sort de la maison, il me voit au loin. Là ? Avec ma couche comme ça qui pend et je marche et je regarde, voilà, où je dois aller. Là,

  • Speaker #1

    il a le goût de l'aventure déjà.

  • Speaker #0

    Le goût de l'aventure déjà. Donc, voilà. Mon père, il me raconte ça et il me dit, voilà, là, actuellement, tu es aventurier, mais ça a toujours été en toi. Et il m'a transmis un héritage aussi sur ce côté-là, parce que lui, il était scout. Tu sais, les scouts à l'époque, ils voyageaient beaucoup, ils faisaient de vrais trucs. C'est pas les scouts maintenant où c'est juste des kermesses, etc. Ils faisaient de vrais trucs et ils me racontaient ses aventures. et il me racontait aussi d'autres récits d'aventure. Et il m'amenait aussi à la plage pour courir. Je devais avoir, je ne sais pas moi, 7 ans, 8 ans. Et voilà, je crois qu'il a aussi beaucoup mis ça en moi.

  • Speaker #1

    Parce que c'est la question que j'allais te demander, la suivante, c'était est-ce que dans ton entourage, il y avait déjà des aventuriers ou des gens que tu voyais être aventureux dans leur vie ? Mais tu as un petit peu déjà répondu parce qu'effectivement, si déjà dans ta jeunesse, On te raconte beaucoup d'histoires, on te parle d'aventures et ton père te transmet, lui, les aventures qu'il a vécues. Et comme tu dis, je pense que le scoutisme à cette époque-là, à l'époque, en tout cas, de nos parents, ils allaient beaucoup plus en exploration, ils sortaient beaucoup plus de Dakar et autres. Ils allaient faire du camping, c'était peut-être des aventures comme ça. Donc forcément, pour l'enfant curieux, ça doit être beaucoup d'images dans la tête, ça doit être beaucoup de projections. et tu dois te coucher sur ça et enregistrer tout ça. Donc effectivement, ça doit déjà titiller ton esprit.

  • Speaker #0

    Mais exactement, il y a beaucoup d'aventures que j'ai pu faire. Je me suis inspiré de ce que mon père me disait. Lui, il ne sait pas, peut-être qu'il va voir la vidéo, mais je ne lui ai jamais dit. Donc il m'a inspiré, ma mère aussi m'a inspiré, parce qu'elle est enseignante, certes, mais des fois, elle voyage. pour faire du commerce, soit disant. Soit disant pour faire du commerce. Et je sais, au fond, il a juste le goût de l'aventure. Parce que je ne peux pas comprendre, à 60 ans, tu vas prendre les bus pour aller en Côte d'Ivoire, faire le tour, partir Mali, Burkina, etc. Dormir dans la forêt, etc. Juste pour acheter des tirs.

  • Speaker #1

    Oui, ce n'est pas le commerce. Exactement. Ce n'est pas le commerce qui te donne envie de vivre tout ça. Exactement.

  • Speaker #0

    Et en plus... ce qu'elle ramène et là on n'a même pas besoin je lui dis maman,

  • Speaker #1

    sois transparente avec nous mais tu fais ça parce que tu veux juste voyager quoi elle veut voir d'autres choses c'est ça exactement donc dans la jeunesse tu dirais tes premiers ressentis par rapport à l'aventure, par rapport à l'exploration c'est par les histoires de ton père et ces moments qui te fait vivre en te racontant tout ça donc quand arrive le lycée là comme je disais on est dans les premières orientations Merci. à peu près de vie. Toi, tu t'orientes vers quoi ?

  • Speaker #0

    Alors, au niveau des études.

  • Speaker #1

    Ouais, au niveau des études.

  • Speaker #0

    Alors, j'ai d'abord fait la série S. Ouais,

  • Speaker #1

    scientifique.

  • Speaker #0

    Scientifique, pendant deux mois.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Deux mois. Après, j'ai pris mes bagages, je suis parti en L.

  • Speaker #1

    Je suis parti en L.

  • Speaker #0

    Parce que...

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est pas que t'es parti en ES. T'es parti en L. T'as fait le grand bond inverse.

  • Speaker #0

    Autant oui, c'était L prime, L2. L2, je crois que c'est ES. Donc moi, je suis parti en L2.

  • Speaker #1

    Ok, d'accord.

  • Speaker #0

    Je suis parti en L2. Pourquoi ? Parce que quand je suis parti au Britannique, je me suis relâché un tout petit peu, je ne bossais plus. Je ne bossais plus parce que contrairement à ce que les gens pensent, là-bas, tu es quand même assez libre.

  • Speaker #1

    Alors le Britannique, pour les gens qui ne savent pas ce que c'est. C'est une école militaire, c

  • Speaker #0

    Ouais, c'est une école d'excellence militaire. Tu fais le concours, il y a pratiquement 40 000 élèves qui font le concours et on n'en prend que 50 et qui doivent suivre une formation militaire dans un internat à Bangou, à Saint-Louis, pendant 7 ans.

  • Speaker #1

    D'accord, donc toi, quand tu passes ce concours, parce que tu l'as passé en CM2, tu quittes Dakar pour aller à Saint-Louis, en internat.

  • Speaker #0

    En internat.

  • Speaker #1

    Ah ok, déjà ça doit être un gros choc, ça, pour le jeune élève.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'était quand même très très très dur.

  • Speaker #1

    Surtout que si tu me dis que tu es dans ce cocon familial avec beaucoup de femmes, j'imagine que tu devais être chouchouté, quand même un petit peu couvé.

  • Speaker #0

    Ouais, tu ne rentres pas dans la cuisine, on fait tout pour toi. Voilà, l'assisté, quoi.

  • Speaker #1

    Et là, tu arrives en internat, à Saint-Louis.

  • Speaker #0

    Boum, dans la vie militaire. Oh là là. Que voilà, on suit une formation militaire. donc tout ce que les militaires font nous on fait aussi technique de combat technique de guerre tir avec des armes à 14 ans à 14 ans tu tires avec les M16, les fusils M16 ce sont les fusils des américains, ils sont partis en Irak avec à 14 ans tu tires avec ça tu tires avec ça les frontiers sécu d'utilité Oui ! Tu tires avec ça, quoi. Tu sautes en parachute aussi.

  • Speaker #1

    À 14 ans ?

  • Speaker #0

    Pas à 14 ans, mais à ta première.

  • Speaker #1

    Mais ouais, 16 ans !

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Pas eu la même enfance !

  • Speaker #0

    Wow ! Ouais, effectivement.

  • Speaker #1

    Mais ça, est-ce que c'est un choix que toi, tu voulais ? Ou est-ce que c'est les parents qui voulaient que tu ailles là-bas ?

  • Speaker #0

    Moi, je ne savais même pas que le pré-administration existait quand je faisais le concours. Ouais,

  • Speaker #1

    je n'ai jamais entendu parler.

  • Speaker #0

    Quand je faisais le concours. Je ne savais même pas que le président militaire existait.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc moi, comme je bossais, j'étais déjà prêt pour faire le concours. Donc mon père, un jour, il m'a réveillé, il m'a dit, écoute, aujourd'hui, tu vas faire des examens. Et il m'a ramené faire le concours.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #0

    allons-y. Ok, allons-y. Donc j'ai passé le test. C'est des épreuves aussi psychotechniques, etc. pour comprendre la logique et tout. Français, maths, etc. Et c'est comme ça que j'ai fait pour...

  • Speaker #1

    Le gars, il a signé pour un truc, mais il ne sait pas dans quoi il va.

  • Speaker #0

    Il y a un coco.

  • Speaker #1

    Allons-y, on le fait. Je vais à l'armée pendant six ans. OK,

  • Speaker #0

    d'accord. Mais c'est ça. C'est comme ça que j'ai parti au Britannique militaire. Et c'était très dur parce que... En tout cas, les débuts.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr que le début doit être dur.

  • Speaker #0

    Oui, le début parce que tu as 11 ans. On t'arrache des parents comme ça. En plus, tu rentres à la maison que pendant les grandes fêtes. Les fêtes Tabaski, Korité, les grandes fêtes. Donc, la première semaine, je disais, dans le dortoir, tout le monde pleurait. La nuit, tout le monde pleurait.

  • Speaker #1

    C'est compréhensible.

  • Speaker #0

    Tout le monde pleurait parce que tu es jeune. et surtout que tu viens, on te fait subir des actes qui t'humilient. Parce qu'en fait, l'armée, c'est ça. Ils veulent que tu rentres dans le moule. Exactement, il faut que tu rentres dans le moule, il faut que tu sois humble, tu sois fort, etc. Donc, c'est compliqué.

  • Speaker #1

    En fait, j'imagine que c'est sûr que le premier... Allez, je veux dire même la première année, ça doit être difficile. Merci. tu es trop jeune pour comprendre les valeurs et finalement l'atout que les parents veulent te donner en te mettant dans cette position-là. Surtout s'il y a un cas comme toi où on ne t'a pas préparé à ça, parce que peut-être que tu aurais eu un an où on te prépare avant. On te dit, OK, Mohamed, dans un an, tu vas passer le concours, tu vas te préparer pour aller là-bas. Tu as le temps peut-être, même si tu es jeune en tant qu'enfant, d'assimiler que... Tu as cette possibilité d'aller là-bas, te renseigner et voir. Mais j'avoue que quand tu ne sais pas que tu passes un concours pour ça, et que du jour au lendemain, tu es accepté, on te dit que tu es accepté. Toi-même, tu te dis, mais accepté dans quoi ? Ah, mais tu vas à Saint-Louis, l'armée et tout. La première année doit être très dure. Mais je suis persuadé, tu vas me dire si je me trompe, est-ce que si c'était à refaire, te voyant aujourd'hui, je suis sûr que tu me dirais oui, c'est à refaire, je le refais. parce que ça a dû t'apprendre Tellement de choses, te faire vivre tellement de choses.

  • Speaker #0

    Exactement, exactement. En fait, c'était dur, mais c'était très enrichissant. Parce qu'au Britannique, comme je te disais, on t'apprend à tirer, à faire la guerre. Tu es avec tes copains qui sont maintenant des frères. Et vous traversez vraiment des fois des moments très compliqués dans la formation. Et ça t'apprend énormément dans la vie. Ça t'apprend à être humble, ça t'apprend à être solidaire. et nous aussi on avait une devise aux Britanniques militaires qui était savoir pour mieux servir. Donc, chaque fois on nous répétait ça, on nous répétait ça et finalement c'est ancré en nous et ça a conditionné beaucoup de mes choix et de mes actes dans la vie d'après. Donc, savoir toujours essayer de monter en compétence. savoir un peu plus dans son domaine, d'être beaucoup plus avisé et servir aussi. Donc, être utile aux autres, avoir de la valeur dans la société. Donc, ouais, effectivement, c'est...

  • Speaker #1

    Et c'était quoi l'emploi du temps typique ? Est-ce que c'est comme, je vais te dire, un centre de formation un petit peu pour sportifs ? Parce que les centres de formation pour sportifs, c'est généralement le matin court, l'après-midi sport. tu vois est-ce que Comment vous se déroulaient un petit peu les journées ou les semaines ? Est-ce que tu avais des moments courts, des moments apprentissage de la guerre, apprentissage de l'armée ou est-ce que c'était un autre système ?

  • Speaker #0

    Alors, c'était un peu des deux parce que le matin, on faisait du sport, qu'on appelait décrassage. À 7h, on se levait pour aller courir. Après, on enchaîne avec les études.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Après, quartier libre. Le soir, on doit retourner en classe pour étudier. D'accord. Et les mercredis, les samedis, on avait des cours militaires.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Les cours de guerre, les techniques de guerre,

  • Speaker #1

    etc.

  • Speaker #0

    Donc c'était assez classique.

  • Speaker #1

    Donc pendant sept ans, tu es là-bas.

  • Speaker #0

    Oui, sept ans.

  • Speaker #1

    Si tu devais retenir un souvenir, une expérience de ces sept ans ? qui t'a le plus marqué ? C'est quoi le souvenir que tu dirais ? Si je devais en garder qu'un, ça serait celui-là.

  • Speaker #0

    Il y en a beaucoup.

  • Speaker #1

    J'imagine, tu m'as dit, tu as sauté en parachute à 16 ans, tu as tiré au FAMAS, tu as conduit un char d'assaut. C'est quoi l'expérience qui t'a le plus marqué dans ces 7 ans ?

  • Speaker #0

    Alors, je n'ai jamais réfléchi, mais le jour de la remise des insignes, Ça m'a beaucoup marqué parce que quand tu rentres dans l'école, normalement, tu dois faire trois mois de formation intense. D'accord. Trois mois de formation où tu ne vois pas tes parents. On te fait faire des exercices de ouf.

  • Speaker #1

    Ça, c'est les trois premiers mois quand tu rentres ta première année ?

  • Speaker #0

    Les trois premiers mois, direct dans le dur. Et ce qu'il faut savoir, c'est qu'à partir de la cinquième jusqu'à la terminale, tous les élèves sont tes anciens.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et ils ont... Le droit de vie.

  • Speaker #1

    Tout pouvoir sur toi.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. Tout pouvoir sur toi. Donc, ils viennent des fois dans tes dortoirs pour te bijouter, te taper, te donner des ordres. Fais-moi ceci, il faut me faire la vaisselle, etc. Et donc, après ces trois mois-là, tu n'es pas encore un enfant de troupe. Parce que les élèves qui sont au pré-délimitaire, on les appelle des enfants de troupe. donc pendant ces trois mois là t'es pas encore un enfant de troupe et après quand tu valides la formation avec succès on organise une remise des insignes où on appelle tes parents donc c'est une grande fête ça se passe dans la nuit il y a des rituels c'est vraiment très intense en émotion et là on te remet l'insigne militaire que tu es officiellement un enfant de troupe D'accord.

  • Speaker #1

    donc ça ça m'a quand même beaucoup ah non j'imagine surtout que tu me dis s'il y a une cérémonie, s'il y a la famille qui vient et que t'as fait 3 mois dans le dur et que tu sais que finalement ces 3 mois ça a servi parce que t'es là ça doit être beaucoup d'émotions qui sortent d'un seul coup.

  • Speaker #0

    Mais moi j'étais un enfant de troupe très terrible je sais pas mais pourtant t'étais un enfant cadré à la maison exactement mais je crois que c'est un peu à cause de ça Oui.

  • Speaker #1

    C'est le fait de ne pas accepter de pourquoi vous m'avez amené là alors que je n'ai pas demandé ça ?

  • Speaker #0

    Voilà, et aussi comme j'étais couvé et tout ce que je devais faire, on me le disait. Quand je suis venu au Britannique, j'étais plus très assidu dans les études et j'ai commencé à développer ce côté-là un tout petit peu rebelle, un tout petit peu aventurier et marginal. Donc, chaque année, je partais en prison. Chaque année, parce qu'on a des prisons là-bas au Britannique.

  • Speaker #1

    J'étais pas prêt à ça dans cet épisode. Je m'attendais pas à ce qu'il me raconte tout ça. Tu vas dans la prison.

  • Speaker #0

    Chaque année, parce qu'on a une prison là-bas pour le camp. En fait, le Britannique militaire est dans le camp des Monts-Marguerites, le camp des militaires. Et on partage la prison là-bas. Donc si tu déconnes, si tu fais des bêtises, si tu pars pas en cours, si tu fais des bêtises en gros, on t'emmène en prison. Moi, chaque année, je partais en prison. Mais pour des dingueries.

  • Speaker #1

    Tu sais que ça, ça va être un réel sur Instagram. Je vais commencer le réel avec ta phrase où chaque année, je partais en prison. Les gens vont dire mais qu'est-ce qu'il a fait lui ?

  • Speaker #0

    Non, mais je donne juste une anecdote. Un jour, moi, je voulais faire des recherches. sur internet c'était plus sur Encarta je sais pas si je te rappelle je vais faire des recherches sur Encarta donc pour faire des recherches sur Encarta tu dois aller à la salle informatique et pour aller à la salle informatique tu dois aller demander la permission à la direction des études donc moi je pars à la direction des études Ils ne me donnent pas la permission. Je dis, mais moi, je veux faire des recherches pour mes études. Et vous me dites non. OK, j'attends 2h du matin.

  • Speaker #1

    Ça commence mal, cette histoire.

  • Speaker #0

    J'attends 2h du matin. Je pars choper les baldequins, ce sont les bars là pour armoires. Ouais. Et je pars défoncer la salle informatique.

  • Speaker #1

    Il est là, il est là.

  • Speaker #0

    Je pars défoncer la salle informatique, je rentre tranquillement et j'ouvre mon encartable pour faire mes recherches.

  • Speaker #1

    Tu étais seul dans le noir.

  • Speaker #0

    Seul dans le noir. Et j'ouvre mon encartable pour faire mes recherches. Et là, il y a deux soldats qui passent et ils voient la lumière de l'écran. Et ils rentrent, ils me chopent là-bas. Ah là là, j'ai passé. Et c'était compliqué.

  • Speaker #1

    Ouais, non, j'imagine.

  • Speaker #0

    C'est compliqué. Donc du coup, avant de m'emmener en prison, ils m'ont tabassé. Ils m'ont tabassé. C'était en décembre, il faisait froid. Ils m'ont jeté des sauts d'eau, ils m'ont fait rouler par terre, etc.

  • Speaker #1

    Froid de Saint-Louis là-bas.

  • Speaker #0

    Non mais de somber. Je me rappelle, j'étais en short comme ça, t-shirt. Ils se sont défoulés sur moi. Après, ils m'ont emmené en prison pour huit jours.

  • Speaker #1

    Huit ?

  • Speaker #0

    Et la prison, il n'y a pas de matelas là-bas. Il n'y a pas de moustiquaire. On dirait qu'ils élèvent des moustiques là-bas. Il n'y a pas de moustiquaire. Tu te couches à même le sol.

  • Speaker #1

    Huit jours ?

  • Speaker #0

    Huit jours. Et tu manges les restes de tes copains qui sont à l'école. Donc, huit jours en prison comme ça.

  • Speaker #1

    Oui, mais tu l'as cherché aussi, toi aussi. Deux heures du matin, le gars, il va te défouler. Ah oui, vous ne voulez pas que j'étudie ? D'accord, il n'y a pas de problème.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Oui. Mais toi, tu es fou. Toi, tu sais que tu as l'armée. C'est là-bas même, tu dis, ce n'est pas grave, je vais défoncer la porte.

  • Speaker #0

    Oui. Et série sur le gâteau. on m'amène en prison. Donc, je fais deux jours là-bas et ça m'a saoulé, en fait. Je me suis dit, OK, attendez, vous allez voir.

  • Speaker #1

    C'est ça ce que tu vas raconter, parce que là, si tu me racontes une dinguerie, moi, je sors de la pièce.

  • Speaker #0

    Attendez, vous allez voir. Et donc, je fais quoi ? Je m'évade. je vais arrêter le podcast ici c'est bon merci Mohamed d'être revenu tu t'évades je m'évade et c'est pour ça jusqu'à présent on m'appelle Tounki Schofield on m'appelle Tounki Schofield au Pritamilter Il y a un journal qui s'appelle Vête, voix de l'enfant de troupe. On m'a présenté il y a deux ans. Moi, j'ai quitté le Britannique en 2010. On m'a présenté le journal il y a deux ans. Et il y avait un élève qui racontait cette histoire.

  • Speaker #1

    La légende. C'est devenu une légende au Britannique. Vous savez, il y a le Rangale. Les potes.

  • Speaker #0

    Waouh ! Donc, oui, j'étais quand même assez terrible.

  • Speaker #1

    tu fais quand même 7 ans C'est temps là-bas.

  • Speaker #0

    C'est temps.

  • Speaker #1

    Tu finis. Qu'est-ce que tu fais après ?

  • Speaker #0

    Alors, je finis. Je pars en France. Ouais. Poursuivre la communication des entreprises. option publicité.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc toi, tu voulais t'orienter, on va dire, dans du marketing, à peu près.

  • Speaker #0

    En fait, je ne voulais pas initialement cette formation. D'accord. Moi, je voulais juste quitter le Sénégal.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc toi, ton envie de foncer ?

  • Speaker #0

    Je veux partir du Sénégal ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    L'option qu'on me donne, c'est ça ? C'est ça,

  • Speaker #1

    exactement. Ok. C'est ça. Donc, moi, initialement, j'ai toujours voulu faire de l'informatique. Donc, je ne pouvais pas.

  • Speaker #0

    On l'a compris que tu voulais faire de l'informatique. Le gars, à 2h du matin, il a défoncé l'info, mais oui.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc, je ne pouvais pas parce que c'était le bac L, en fait. Oui. Le bac L. Je ne peux pas. pas faire de l'informatique en France. Donc je suis parti faire la communication des entreprises, option publicité, mais je ne me sentais pas à ma place en France. Chaque fois quand je me réveille, je sens que je ne suis pas chez moi. C'était dur, voilà étudiant, t'as pas de bourse, tu travailles pas, donc t'es en galère, tu suis une formation que tu n'aimes pas.

  • Speaker #0

    donc voilà t'es arrivé dans quelle ville en France ?

  • Speaker #1

    Paris Direct Paris Direct ok ouais Paris Direct t'imagines Paris en plus de Paris tu quittes Saint-Louis le Britannique militaire pour arriver à dans Paname tu dis oh la la ouais non c'est ça c'est ça donc quand j'ai eu mon BTS Là, je me suis dit, c'est bon, je rentre.

  • Speaker #0

    Tu rentres à Dakar ?

  • Speaker #1

    Je rentre à Dakar. D'accord. Ma mère m'achète le billet aller-retour, parce qu'elle croyait que j'allais retourner. Et je suis venu, je lui ai dit, moi, la France, c'est fini. Je reste ici. Et après, j'ai suivi ma passion, l'informatique. Parce qu'ici, à l'école Dakar Bourguiba, tu pouvais faire l'informatique.

  • Speaker #0

    Malgré que tu n'aies pas fait un bac scientifique.

  • Speaker #1

    Exactement. Après, on m'a averti, on m'a dit, écoute, il y a l'électricité, il y a les maths, etc. Mais comme j'étais vraiment très passionné par l'informatique, je me suis dit, je vais me donner les moyens pour y arriver. Et c'est comme ça que j'ai eu ma licence. Après, je suis parti à l'IAM pour suivre mon master en génie cloud. Donc voilà, après j'ai eu mon master en tant que master génie cloud.

  • Speaker #0

    Ok. Et dans toute cette période-là ? parce qu'il faut qu'on arrive forcément à moi ma curiosité pendant toute cette période là à aucun moment tu approches l'alpinisme de près ou de loin jamais donc tu finis ton diplôme ici ton diplôme fini est-ce que tu vas dans le marché du travail ici ou tu repars ?

  • Speaker #1

    alors mon diplôme je l'ai fait en même temps que je travaillais À la Sonatel.

  • Speaker #0

    D'accord, donc tu avais déjà un emploi ?

  • Speaker #1

    Oui, j'avais déjà un emploi. D'accord. Donc j'ai travaillé à la Sonatel pendant deux ans. Ouais. Donc j'ai passé des commissions de recrutement, parce que j'ai été recruté en CDD. D'accord. Donc j'ai passé des commissions de recrutement pour passer en CDI. Sauf qu'au dernier entretien, le DG me dit, mais vous, vous n'avez pas encore soutenu. Effectivement, je n'avais pas encore soutenu à l'époque. Et donc, tu connais ici au Sénégal les diplômes, etc. Si tu n'as pas soutenu, moi, je dis, mais je soutiens normalement dans deux semaines. Je dis, mais voilà, si tu n'as pas soutenu, on ne peut pas te prendre ici en CDI. Donc, je dis, OK, pas de souci. Et donc, mon contrat se termine. Et maintenant, avec un peu de recul, c'était une chance. En fait, c'était Dieu qui fermait une porte pour... pour en ouvrir une autre. Parce qu'après, une banque de la place, MicroCred, m'a recruté en tant qu'ingénieur système. Et là-bas, j'utilisais une solution cloud qui s'appelle AWS. Il était très convoité. Donc là-bas, j'étais en CDI, donc une solution qui était très convoitée. Et j'ai eu un pote qui m'a parlé d'une certification sur cette... Cette solution. Et comme moi, tout le temps, j'essaie de monter en compétence, d'être plus performant dans mon domaine.

  • Speaker #0

    Comme tu l'as dit, comme tu as appris au Britannique.

  • Speaker #1

    Savoir pour mieux servir.

  • Speaker #0

    Savoir pour mieux servir, exactement.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc je me suis dit, ok, je vais essayer de passer cette certification. Sauf que cette certification, je ne pouvais pas la passer au Sénégal.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Tu pouvais faire les cours à distance. Donc, c'est des cours que tu achètes toi-même en ligne. Tu lis la documentation aussi de la solution, etc. Mais si tu veux passer la certification, tu dois partir en France. Et à l'époque, j'avais un maigre salaire. Un salaire, je ne pouvais pas me payer un billet.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas ce salaire qui peut te permettre de payer un billet, le logement quand tu vas aller là-bas, la nourriture.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    exactement. Il y a toute une logistique.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Et donc, ma mère m'a aidé. Des mamans, des soeurs, des mamans. Ma soeur aussi qui est en France m'a aidé. Et j'ai économisé un tout petit peu pour passer la certification. Autant se dire que j'avais quand même la pression.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Si tu dois partir en France pour faire un examen, qui va juste durer une heure de temps.

  • Speaker #0

    Et qu'on paye tout ça pour que tu ailles le faire, tu as intérêt à le...

  • Speaker #1

    Voilà. Et donc, je me suis donné les moyens pour avoir cette certification et je suis parti. Masha'Allah, alhamdoulilah, je l'ai réussi. Je suis revenu au Sénégal et là, je poste ma certification sur LinkedIn. Et j'oublie. Une semaine après, il y a un gars qui me contacte sur LinkedIn. Il me dit oui, est-ce que ça vous dit de venir sur Paris travailler en tant qu'ingénieur cloud ? Moi je dis mais attends, ces brouteurs-là...

  • Speaker #0

    C'est béninois là. Bon, je carrel.

  • Speaker #1

    Ils sont même sur LinkedIn. Donc je lui dis, écoutez, why not ? On peut se faire l'entretien quand vous voulez. Et le soir même, on fait l'entretien.

  • Speaker #0

    Et Dieu.

  • Speaker #1

    Ça a duré 15 minutes. Le gars, il a validé mon profil. Raphaël Haïk, je te salue. C'est le boss. Ça va être mon futur boss. Il a validé mon profil et il m'a dit écoute, t'as absolument rien à faire. Nous, on va faire les démarches pour toi, autorisation de travail, etc. Toi, tu pars juste à l'ambassade, tu déposes tes papiers et tu auras ton visa. Donc c'est comme ça que je suis reparti en France. Et j'ai pratiquement multiplié mon salaire de microcréd par 11.

  • Speaker #0

    On est en quelle année quand tu repars en France ?

  • Speaker #1

    Quand je repars en France, on est en 2017.

  • Speaker #0

    2017, ok. Et comme tu le dis tout à l'heure, tu te rends compte que si cette fenêtre d'orange ne s'était pas fermée... tu n'aurais pas vécu ça,

  • Speaker #1

    tu serais resté dans ton quotidien d'Orange en tout cas Orange il n'utilisait pas la solution innovante là il n'utilisait pas ça donc effectivement voilà donc tu repars en France parce

  • Speaker #0

    que tu as été débauché au Sénégal pour venir travailler en France c'est ça,

  • Speaker #1

    et moi dans mon entourage Je n'ai jamais vu ça.

  • Speaker #0

    Mais je n'ai jamais vu ça moi non plus. On a débauché quelqu'un au Sénégal pour dire « mon gars, viens bosser chez nous » .

  • Speaker #1

    Alors que je n'avais pas beaucoup d'expérience.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu avais cette certification qui est recherchée.

  • Speaker #1

    Exactement, j'avais cette certification-là.

  • Speaker #0

    Donc tu repars en France. C'est quoi le sentiment de tes parents quand tu repars en France ?

  • Speaker #1

    Mes parents...

  • Speaker #0

    Parce que tu sais, quand tu es parti la première fois, tu n'as pas aimé.

  • Speaker #1

    tu es revenu parce que tu as pas aimé mais quand tes parents tu leur dis bon je j'ai eu un boulot en france je pars ah non mais ils étaient hyper content pour moi ouais parce qu'ils savaient que voilà je m'étouffais un tout petit peu dans ce que je faisais d'accord certes voilà j'étais dans l'info ça ça ça me plaisait mais je voulais un peu toujours plus d'accord j'ai voulu toujours plus et quand ils ont su que voilà j'ai été débauché très content et il savait que cette fois ci ça allait différent ouais ça avait une autre une autre expérience pour d'accord 2017 tu repars tu repars sur paris ouais sur paris sur paris on le boulot tout se passe bien tout tout se passe très très très bien parce que bah j'étais à l'aise financièrement c'était pas des pattes pendant des mois exactement donc j'étais à l'aise financièrement donc je pouvais déjà explorer, m'épanouir un peu plus. J'étais aussi très à l'aise dans la boîte. J'ai rapidement gravi les échelons pour être manager dans la boîte au bout d'un an. J'ai eu des collègues aussi super sympas. Il y avait ma sœur qui était en France avec qui je faisais pas mal de choses. Donc oui, c'était différent.

  • Speaker #0

    Jusque-là, tout va bien. maintenant Mohamed il faut que tu m'expliques à quel moment dans tout ça là quand tout roule tout va bien à quel moment ton cerveau se dit bon si on allait gravir une petite montagne là comment ça arrive

  • Speaker #1

    Comment ça arrive ? Alors, j'ai mon beau-frère qui fait du ski. Donc, il fait du ski et il m'a invité un jour à faire du ski.

  • Speaker #0

    Ton beau-frère, c'est un Français, un Pénégalais ? C'est un Français,

  • Speaker #1

    oui. Il fait du ski, donc il m'a invité. C'est pour ça. Oui. C'est ça. Il m'a invité à... à faire du ski avec lui dans les Alpes.

  • Speaker #0

    Tu n'en avais jamais fait ?

  • Speaker #1

    Je n'ai jamais fait.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais comme j'adore l'aventure, je lui ai dit why not ? Ouais. Et donc, comme ça, on part. On part, voilà, en voiture. Et là, on s'approche de la chaîne des Alpes. Ouais. Et je vois au loin les montagnes qui approchent. Mais c'est juste incroyable.

  • Speaker #0

    C'est juste... Alors, je mets un temps d'arrêt parce que, effectivement, c'est incroyable. En plus, en hiver, tout blanc. Et en plus, surtout... Quand tu es un Sénégalais, je ne vais même pas dire un Sénégalais, quand tu es un Africain et que tu n'as jamais vu ce type de paysage, quand tu le vois la première fois, c'est tellement loin de ce que tu as vu dans ta vie.

  • Speaker #1

    Effectivement.

  • Speaker #0

    La chose la plus haute que tu as vue, c'est le phare des Mamelles.

  • Speaker #1

    Ça, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Mais quand tu vois, c'est tellement majestueux, c'est tellement beau, c'est tellement... extraordinaire que en fait quand tu m'as dit ça j'ai imaginé tes yeux mais c'est ça tu vois j'ai imaginé tes yeux j'ai imaginé tes émotions tu sais quand tu vois les premières montagnes au loin et puis quand tu vois que plus tu t'approches plus ça monte en fait mais c'est ça exactement donc

  • Speaker #1

    j'étais là émerveillé voir ces mastodontes là tu vois c'est bloc de pierre. Et j'étais fasciné. J'étais fasciné par ça. Fasciné et intimidé aussi.

  • Speaker #0

    Ouais, exactement.

  • Speaker #1

    Intimidé. Je me sentais vraiment petit. Et voilà, c'est l'adrénaline, ça m'a encore plus stimulé. Et donc là, je passe un séjour magnifique. Je prends un cours sur trois jours de ski. Ça se passe très bien. et Dans la station, les deux Alpes, on peut monter jusqu'à 3200 mètres d'altitude sur un glacier. Et donc, je suis monté jusqu'à 3200 mètres d'altitude, pas avec les skis, mais juste histoire de visiter en fait cette zone-là. Et là, je vois le Mont Blanc au loin. Donc, ils ont des affiches pour dire, voilà, tel pic, ça s'appelle comme ça, tel pic, ça s'appelle comme ça. et là je vois au loin le Mont Blanc. Et mon père, il m'a parlé du Mont Blanc quand j'étais petit. Ah oui, bien sûr. Il m'a parlé du Mont Blanc et voilà, les souvenirs viennent, etc. Et comme j'aimais ce que je voyais, j'aimais ce que je ressentais aussi et j'aimais l'aventure, je me suis dit, comment explorer le Mont Blanc ?

  • Speaker #0

    Mais quand tu fais cette... Cette montée où tu aperçois le Mont-Blanc, ça reste un parcours touristique.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Donc ça, c'est une montée où tu es accompagné avec un guide. Tu n'es pas avec des équipements particuliers.

  • Speaker #1

    Non, tu prends les téléphériques. Exactement. Tu ne portes pas de ski. C'est juste très touristique.

  • Speaker #0

    Et donc toi, tu montes, tu aperçois le Mont-Blanc, le public du Mont-Blanc. Et surtout que... Aussi pour que les... Je veux pas dire de bêtises pour que les gens comprennent. Toi, tu es dans les Alpes. Le Mont Blanc, c'est Massif Central, non ?

  • Speaker #1

    Non, non, non, c'est dans les Alpes.

  • Speaker #0

    C'est dans les Alpes, Mont Blanc ? Massif Central, c'est quelle montagne qui est dans le Massif Central qui est hyper haute ? J'ai oublié, j'ai oublié. Bon bref, tu vois le mont et là, tu tombes amoureux.

  • Speaker #1

    Ouais, je tombe amoureux, je tombe amoureux. Là, je me dis, il faudrait que je fasse quelque chose avec cette montagne. Et c'était l'alpinisme, quoi. Parce qu'avec l'alpinisme, tu prends ton temps, tu explores, tu ressens, tu es en symbiose avec la montagne. Donc je me suis dit, juste descendre les pistes, ça ne me suffit plus. Maintenant, il faudrait que je commence à gravir les montagnes.

  • Speaker #0

    Il est fou. Donc là, tu redescends avec cette idée en tête. Est-ce que le Mont Blanc, c'est la première montagne que tu escalades ?

  • Speaker #1

    La première montagne.

  • Speaker #0

    C'est la première ?

  • Speaker #1

    C'est la première.

  • Speaker #0

    Le Mont Blanc, c'est combien d'altitude ?

  • Speaker #1

    4810.

  • Speaker #0

    4810 mètres. Donc, entre ce moment où tu le vois et ton ascension du Mont Blanc, il y a combien de temps ?

  • Speaker #1

    Il y a deux ans.

  • Speaker #0

    C'est ça, deux ans. Comment tu te prépares à ça ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, les gens pensent que je suis un casse-cou, que je vais comme ça à la fleur au fusil, mais pas du tout.

  • Speaker #0

    Ah non, non, moi, pour avoir regardé tes stories, pour avoir regardé ton contenu, je dis que tu te prépares méticuleusement à chacune de tes escalades.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Donc, moi, si j'ai un projet comme ça, je me prépare en fonction du projet parce que il y a par exemple sur les ascensions, tu peux avoir des ascensions beaucoup plus techniques que d'autres, des ascensions qui demandent une forme physique beaucoup plus solide. D'accord. Donc le Mont Blanc, c'était un peu des deux.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc le Mont Blanc, comme c'est haut, il faudrait se préparer à l'altitude. Oui. Il faudrait aussi préparer son corps. Parce qu'en fait, quand tu te prépares à faire une ascension, moi, en tout cas, comment je me prépare ? C'est sur deux volets. Sur le mental et sur le physique. Donc, sur le physique, c'est déjà renforcer mon cardio. Donc, en quoi faisant ? En faisant des courses. des courses très longues, des fois, des fractionnées pour faire travailler le cœur, etc. Et aussi, faire beaucoup de renforcement musculaire au niveau des jambes. D'accord. Parce que sur la montagne, ce sont tes jambes qui te...

  • Speaker #0

    Qui te travaillent le plus.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Et comme sur la montagne, tu ne cours pas, tu marches, donc faire aussi beaucoup de randonnées pour s'entraîner. Donc c'est comme ça que je me prépare physiquement. Et mentalement, faire beaucoup de visualisations. D'accord. Donc je fais pas mal de visualisations. Je prie aussi beaucoup. Parce qu'il y a des choses qu'on ne contrôle pas. Il y a des choses, c'est du domaine de Dieu. Donc je prie beaucoup, je visualise. Je me visualise très souvent en train de gravir la montagne. Je vois les passages, par exemple, quand je fais mes recherches sur YouTube, etc. Je vois les passages, je me visualise en train de passer ces passages-là avec succès. Et c'est comme ça que je me prépare mentalement.

  • Speaker #0

    Parce que là, tu le dis avec l'expérience, mais quand tu fais ces deux ans entre le moment où tu vois la montagne et le moment où tu fais l'ascension de la montagne, est-ce que tu as quand même des... des professeurs, des gens qui t'apprennent, qui te parlent de leur expérience ? Est-ce que tu... Tu vois, j'ai vu le documentaire d'Innoxtag, tu vois, sur son ascension qu'il a faite. Lui, c'est l'Everest, c'est bien ça ? Je ne dis pas de bêtises. On voit qu'il s'est préparé pendant un an, plus d'un an, il a fait des petites montagnes, il a fait des choses comme ça. Est-ce que toi... Tu t'entraînes sur des petites montagnes, des choses comme ça, avant de faire l'ascension du Mont Blanc ? Ou est-ce que tu vas direct et tu fais le Mont Blanc ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Direct, je fais le Mont Blanc. Alors, ce que tu dois savoir, c'est que j'ai tenté une première fois l'ascension du Mont Blanc en groupe.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et on n'est pas arrivé au sommet.

  • Speaker #0

    D'accord. Ça, c'était dans les deux ans ?

  • Speaker #1

    Non, juste avant mon ascension en solitaire.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, je me suis dit que comme c'est la première ascension et je veux vraiment plus tard faire de l'alpinisme. Je vais m'inscrire à un stage d'alpinisme pour après faire le Mont Blanc en groupe. Comme ça, je vais apprendre les bases de l'alpinisme afin de maximiser mes chances pour être un alpiniste. D'accord. Donc, c'était un stage de six jours. Donc, quatre jours où vous évoluez sur plusieurs types de terrain, roches, glaces, etc. Et après, les deux derniers jours, vous tentez l'ascension du Mont Blanc.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, j'ai d'abord eu cette première expérience. Et les quatre jours se sont bien passés. Donc, j'ai beaucoup appris. Donc, comment évoluer sur la montagne, comment planter son piolet, mettre les crampons, etc. Et après, on n'est pas arrivé au sommet parce qu'il y avait une tempête. D'accord. Parce que voilà, il faut savoir que sur la montagne, le danger objectif qui vient très souvent, c'est... Il y avait une tempête, donc on est redescendu.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et quand on est redescendu, je me suis refait un tout petit peu le film de cette expédition. Et j'ai vu qu'il y avait deux choses qui me dérangeaient. Le fait d'être encordé à quelqu'un. Parce que quand tu évolues sur les glaciers, il faudrait que tu t'encordes à quelqu'un pour limiter les risques quand tu chutes.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Parce que sur les glaciers, tu as des crevasses, ce sont des trous, des fissures sur les glaciers qui peuvent... descend jusqu'à 100 mètres de profondeur. Et si tu tombes, si t'es pas encordé, tu tombes et c'est fini.

  • Speaker #0

    Tandis que si tu es encordé, le poids des autres te retient, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Exactement. Donc si tu t'encordes à ton compagnon, voilà, il peut te retenir. Sauf que j'ai vu dans notre expédition qu'il y a des passages, même si c'est bombardier. ou Balaguer qui te retient, qui essaie de te retenir, il peut pas. Tu l'emmènes dans ta chute. Donc moi, je me suis dit que je veux pas avoir cette responsabilité-là et je tombe de tuer quelqu'un, d'emporter quelqu'un avec moi. Donc ça, ça me dérangeait. Et aussi, on passait sur des parois très abruptes. Et je voyais qu'il y avait des... parmi mes compagnons de cordée des gens qui pouvaient pas passer ces passages là parce qu'ils avaient peur donc quand tu as ton compagnon de cordée qui peut pas avancer c'est frustrant et vous êtes obligé de redescendre parce que tu vas pas le laisser là bas donc je me suis dit c'est là où je me suis dit que bon ok être en groupe c'est bien parce que ça aussi c'est côté positif Merci. mais je vais tenter l'ascension seul je vais tenter l'ascension seul et si je réussis l'ascension ça sera moi si je choue,

  • Speaker #0

    ça sera moi je vais réussir c'est ça mais quand tu décides de partir dans cette aventure seul tu le dis à ton entourage ?

  • Speaker #1

    pas sur le champ j'ai attendu J'ai attendu d'arriver à Chamonix, qui est le camp de base de village du Mont-Blanc, pour dire à mon père et ma mère mon projet.

  • Speaker #0

    Et comment ils ont réagi ?

  • Speaker #1

    Ah, mon fils, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Qui t'a envoyé ? Qu'est-ce que tu cherches ? Est-ce que tu es malheureux ? Qui t'a brisé le feu ? Non, mais...

  • Speaker #0

    c'est normal parce que c'est tellement loin de nos réalités ici et quand tu fais, en plus si je ne dis pas de bêtises c'était en hiver, toi tu le fais le Mont Blanc,

  • Speaker #1

    il y a encore de la neige oui il y avait encore de la neige mais cette ascension là, c'était une ascension spéciale, très spéciale Pourquoi ? Quand je suis parti faire mon bourgon solitaire, il faisait excessivement chaud.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Donc tous les guides, ils ont annulé leur expédition parce que la montagne n'était pas clémente. Il y avait beaucoup de morts cette saison-là. Il y avait beaucoup de...

  • Speaker #0

    Et lui, il y va.

  • Speaker #1

    Il y avait beaucoup de morts cette saison-là. Et il y a sur le Mont-Blanc un passage qu'on appelle le couloir du goûter ou le couloir de la mort. En fait, c'est un couloir. qui a beaucoup de chutes de pierre. D'accord. Parce que quand il fait chaud, le permafrost de la montagne, en fait, le permafrost, c'est la glace qui retient les rochers. Oui. Fond. Donc, du coup, il y a d'énormes blocs de pierre qui tombent.

  • Speaker #0

    Qui tombent, forcément.

  • Speaker #1

    Et sur le couloir de Goutté, il y avait des blocs de pierre qui tombaient, mais chaque 15 minutes,

  • Speaker #0

    quoi. OK.

  • Speaker #1

    Et donc ça, c'était inédit sur le Mont-Blanc. Donc quand je suis arrivé à Chamonix, tous les guides, ils ont annulé leurs expéditions. OK. Donc là, je pars louer mon matériel parce que je n'ai pas de matériel. Donc voilà, comme c'était mes débuts, je pars louer mon matériel. Et là... Le gars me demande mon projet. Je lui dis que je veux faire le Mont Blanc. Il me dit, mais c'est bizarre, comment ça vous voulez faire le Mont Blanc ? Mais tous les guides ont individuellement des expéditions, comment vous allez faire ? Je lui dis, mais je le fais seul. Il me dit, non, moi je ne prends pas ce risque, je ne peux pas vous louer le matériel.

  • Speaker #0

    Donc toi tu vois un professionnel de la montagne qui lui-même te dit qu'il ne veut pas te louer le matériel parce que c'est trop dangereux ? C'est ça. Mais toi,

  • Speaker #1

    tu vas quand même.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Donc, j'ai négocié. J'ai négocié avec lui. Donc, finalement, il m'a loué le matériel. Parce que moi, en fait, je me dis, OK, il me dit que je risque ma vie, que je vais potentiellement y rester. Oh, mais t'es fou.

  • Speaker #0

    Mais du coup, c'est faux.

  • Speaker #1

    Mais, moi je me dis que les gens en général quand ils disent que tu peux pas faire ça c'est parce que eux ne peuvent pas le faire ou bien ils n'ont pas le courage le gars il me connait pas,

  • Speaker #0

    il sait pas si je suis un professionnel ou pas je te dis que là au 4ème étage je ne peux pas sauter toi aussi tu ne peux pas sauter tu vois ce que je veux dire ouais c'est vrai c'est

  • Speaker #1

    vrai mais moi je me suis dit que Merci. Je vais quand même tenter l'ascension jusqu'à ce que la montagne me dise que ce n'est pas possible. Jusqu'à ce que moi, je vois que ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    En fait, ça t'a tiré trop ?

  • Speaker #1

    Ça m'a tiré trop et j'ai toujours été comme ça. Quand on me dit que ce n'est pas possible, il faut que je vois par moi-même avant de me dire que ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    non mais en fait moi je Je n'arrive pas à comprendre le sentiment de... à quel point ça t'a attiré. Parce que pour que tu aies tous ces voyants rouges, tu fais une première montée. On te dit non, le temps n'est pas bon. Tu reviens. On te dit tous les guides professionnels dont c'est le métier ont annulé leur toute leur montée. Le gars qui te loue le matériel te dit non, je ne te loue pas le matériel parce que là c'est dangereux. Mais malgré tous ces feux rouges... Il y a une force plus grande à l'intérieur de toi qui dit non, je vais quand même y aller. Et c'est ça qui est impressionnant dans ton histoire, c'est ce feu qu'il y a en toi qui a juste envie de non, moi je veux monter, je veux aller voir en haut de ça.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est ça. Parce que je me suis quand même donné les moyens pour y arriver. Et moi, je pense qu'Olivier, tu sais, la vie est régie par des lois. L'univers, la nature, on va dire. Il y a, par exemple, la loi de la gravité. Voilà, sans la loi de la gravité, peut-être qu'actuellement, on serait en train de flotter. Si on est assis là, c'est grâce à la loi de la gravité. Donc, c'est une loi avec qui on... C'est une loi qu'on subit chaque jour. Maintenant, il y a d'autres lois, beaucoup plus subtiles peut-être, qui, si on les transpose dans la vie de tous les jours, peuvent nous aider à atteindre nos objectifs.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    C'est comme par exemple la loi de... de cause à effet qui veut que toute action que tu poses provoque une réaction opposée et égale à cette action donc si par exemple toi tu veux 1 million de dollars il faut poser des actions qui vont t'amener à avoir ce 1 000 euros. Voilà, exactement. Si toi, tu veux atteindre le sommet du Mont-Blanc, tu dois poser des actions qui vont créer une réaction qui fait que tu atteindras le sommet. Souvent, les gens, ils font focus sur juste le but, l'output, le résultat, mais ils ne se disent pas que c'est l'input, ce que tu dois poser comme action. C'est là où tu dois faire un focus. Donc, moi, j'ai fait un focus sur ça. Donc, je me suis donné les moyens pour y arriver. Et je me suis dit, je vais le tenter quand même. Et on va voir si l'univers sera avec moi ou pas.

  • Speaker #0

    Et donc, le matin, tu te prépares, tu prépares ton sac, tu prépares tes affaires. Tu arrives en bas de la montagne, tu la regardes.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Et tu te dis quoi ?

  • Speaker #1

    Je me dis que let's go, let's go. Et là, certes, je ne vais pas te mentir, j'ai eu peur.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Surtout quand le gars m'a dit, je ne peux pas te louer le matériel. Là, j'ai eu peur.

  • Speaker #0

    Mais ta peur, quand tu es en bas et que tu sais que là, c'est parti, on y va ? Ce n'est pas ta peur quand tu prends le matériel, c'est là, quand c'est le matin, que tu es devant et que tu dis, OK, on est parti, c'est là où il y a quand même un sentiment de peur qui arrive quand même un petit peu.

  • Speaker #1

    Mais la peur ne m'a pas quitté depuis que j'ai quitté chez moi.

  • Speaker #0

    D'accord. Parce que je sais que c'est une aventure très risquée. Avant de me lancer dans une expédition, je fais des recherches, je m'en renseigne sur les dernières actualités, etc. Et j'ai vu qu'il y avait beaucoup de morts. J'étais au courant que c'était très risqué. Donc c'est pour ça, la peur ne m'a pas quitté. Mais ce n'est pas une peur qui me... qui me tétanise, qui m'empêche de...

  • Speaker #1

    C'est une peur qui te fait rester alerte.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas une peur qui te fige, qui te bloque, c'est une peur qui, au contraire, te fait rester vif, alerte et attentif à ce qui se passe, parce que tu sais que même une mille erreurs dans la montagne peut être mortelle.

  • Speaker #0

    Exactement. En fait, c'est ça. Et souvent, quand on a peur, c'est parce qu'on se fait beaucoup de scénarios. dans la tête qui probablement dans 99% du temps ne vont jamais se passer. Et la peur pour moi, ça doit être notre ami. On doit travailler main dans la main avec la peur. Parce que comme tu l'as dit tout à l'heure, ça nous aide à être beaucoup plus alertes, beaucoup plus avisés, beaucoup plus responsables aussi. Et souvent dans des moments très dangereux, Euh... Quand on a peur, qu'est-ce qui se passe dans le corps ? Notre système digestif se met au repos. On a un shot d'adrénaline. Nos sens sont plus aiguisés. En une fraction de seconde, on est un sueur. Et donc, si tu es conscient de ça, tu peux utiliser cette peur-là pour sortir d'une situation.

  • Speaker #1

    Pour sortir d'une performance, pour sortir de quelque chose que tu n'aurais jamais fait si tu n'avais pas cette peur-là en toi.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement.

  • Speaker #1

    donc là tu es en bas de la montagne tu es parti,

  • Speaker #0

    let's go je pars, let's go donc moi mon objectif c'était de dormir sur un glacier tout seul pendant deux jours à 3400 mètres d'altitude moi mon objectif c'est de regarder le match de

  • Speaker #1

    foot dimanche c'était dormir tout seul, deux jours sur un glacier, à combien de mètres d'altitude ?

  • Speaker #0

    3400 mètres

  • Speaker #1

    3400 ?

  • Speaker #0

    Oui, 3400 mètres d'altitude. Et il y avait un passage qui me faisait particulièrement très peur, c'était l'arête de l'aiguille du midi. C'était une petite arête, la taille de deux bananes, comme ça, et à gauche, tu as 1000 mètres de dénivelé. à droite tu as 300 mètres de dénivelé et tu dois marcher comme ça si tu flanches c'est fini pour toi et c'est comme ça 400 mètres jusqu'à 400 mètres plus loin donc une petite tarête comme ça cette tarête vraiment elle m'a empêché de dormir pendant des jours ah non bien sûr,

  • Speaker #1

    toi tu l'as visualisé tu l'as prévisualisé

  • Speaker #0

    Surtout aussi, je suis passé par là.

  • Speaker #1

    Oui, de ta première...

  • Speaker #0

    Exactement, exactement. Donc vraiment hyper exposé. Donc je passe par là. Et alhamdoulilah, je passe l'arête. Donc je rejoins le glacier.

  • Speaker #1

    Combien de temps entre le bas de la montagne et le moment où tu arrives ?

  • Speaker #0

    Alors, pratiquement une demi-journée. Donc, j'arrive sur le glacier. Donc, je monte ma tente au milieu du glacier. Je vois des alpinistes qui ne faisaient pas le Mont-Blanc, mais qui faisaient d'autres courses parce que personne ne faisait le Mont-Blanc. Et donc, voilà, on se parle un tout petit peu, on se raconte un tout petit peu nos vies. Et eux, ils me parlent de leur projet, je leur parle de mon projet. Ils me disent la même chose. Ils me disent, écoute, laisse. Nous, on voulait le faire, mais on a laissé. Donc, laisse quoi. Je leur dis, OK, pas de souci, merci pour le conseil. Mais dans ma tête, je savais que...

  • Speaker #1

    En plus, les gars, ils doivent le dire. Il y a un noir sur la montagne ? Après, ils viennent voir... C'est d'où ? Sénégal. Ah, vous avez beaucoup de montagnes ? Ah non, on n'en a pas du tout. Mais qu'est-ce qu'il fait là, lui ?

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça, exactement. Mais je passe une nuit magnifique. Une nuit magnifique. Déjà la nuit, le ciel était... Les toiles. ...contelé d'étoiles. Un silence. Je croirais dans un temple. Tu vois les montagnes qui sont autour de toi. tu es seul et là, tu sens la présence de Dieu. Peut-être les musulmans vont l'appeler Allah, les chrétiens vont l'appeler comme ils veulent, les bouddhistes comme ils veulent. Exactement. Et donc, du coup, tu sens carrément la présence de Dieu. et tu sais Comme je disais tout à l'heure, il y a des choses sur la montagne que tu ne peux pas contrôler. Et il y a Albert Einstein qui disait, avant de mourir, il avait écrit un texte, il a dit que tout est déterminé, le commencement comme la fin, par des forces sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle. Le chemin est tracé, pour l'insecte comme pour l'étoile, être humain, plante ou poussière cosmique. Nous dansons tous sur un air mystérieux, joué au loin par un artiste invisible. Donc lui qui était athée.

  • Speaker #1

    Lui qui était athée, lui qui était un scientifique.

  • Speaker #0

    Un scientifique. Il a écrit ce texte avec la science. Il y a quand même quelque chose...

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose d'invisible qui nous guide.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et qui est plus grand que nous.

  • Speaker #0

    Qui est plus grand que nous, voilà. Donc ça, je le sens en permanence sur la montagne. Et des fois, je suis dans des passages très compliqués ou bien un niveau de fatigue très avancé sur certaines expéditions. Et il y a juste des choses que je ne peux pas contrôler, donc je me laisse aller, entre guillemets. Je laisse tout dans les mains de Dieu. C'est un peu comme le marin qui est dans une tempête. Des fois, il atteint le moteur où il baisse ses voiles et...

  • Speaker #1

    Et bismillah.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Ou bien le nomade qui est dans le désert et qui reçoit une tempête de sable, il se met en boule et il attend que ça passe. Donc, ouais. C'est un peu ça.

  • Speaker #1

    Et donc, tu fais deux nuits ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, ta première nuit, tu arrives, tu t'installes, tu fais la première nuit. Qu'est-ce que tu fais la journée, avant la deuxième nuit, avant de terminer l'ascension ? Tu fais quoi la journée à ce niveau-là ?

  • Speaker #0

    Alors, je fais quelques pics par ma climaté. D'accord. Donc, je monte quelques pics, je redescends pour laisser mon corps s'habituer à la montagne. Ce qu'il faut savoir, c'est que... En montagne, il y a moins d'oxygène. Ce n'est pas qu'il y a moins d'oxygène, mais la densité de l'air diminue. Donc, il y a moins de molécules d'oxygène dans l'air que l'on respire. Et quand c'est comme ça, le corps réagit. Donc, il se dit, là, ça, ce n'est pas normal. Donc, qu'est-ce qu'il faut ? Je vais essayer d'accélérer le rythme cardiaque pour pomper le sang. C'est pour ça que tu es essoufflé sur la montagne. et donc du coup le corps humain il réagit comme ça et ton terrain se crée de l'EPO donc l'EPO qui va favoriser la création de globules rouges et ce sont les globules rouges qui captent l'oxygène pour que tu puisses alimenter ton corps, ton coeur voilà exactement et ça, ça prend du temps et tu le fais Merci. de manière progressive, en marchant en altitude, en essayant de faire des pics, de faire des efforts mesurés. C'est comme ça que tu t'acclimates. D'accord. Voilà.

  • Speaker #1

    Donc pendant une journée, tu fais des pics, tu reviens à ton camp de base, tu refais des pics, tu vas à ton camp de base. En gros, c'est une journée, je vais dire un petit peu palier, pour que... C'est un petit peu comme les gens qui font de la plongée. Tu as des paliers où tu dois décompresser. des palettes de décompression, c'est un petit peu ça. C'est s'acclimater à être moins essoufflé, à ce que le corps réussisse à mieux s'oxygéner et à se préparer à la dernière ascension.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et la dernière ascension, parce que là, tu m'as dit que tu es à 3

  • Speaker #0

    400 mètres.

  • Speaker #1

    Et la dernière ascension, c'est combien de mètres ?

  • Speaker #0

    Je devais quitter 3 400 mètres pour aller rejoindre le camp de base. c'est un refuge qui s'appelle Tête-Rousse donc qui est à 3000 3002 donc tu redescends pour rejoindre le refuge de Tête-Rousse à 3002 donc le refuge de Tête-Rousse donc je passe la nuit là-bas et quand j'arrive je vois deux gendarmes Parce que le camp de base est contrôlé, le trafic là-bas est contrôlé par les gendarmes. D'accord. Il faut que tu réserves ta place au refuge. Donc, ils sont là pour contrôler ça.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc, je vois ces deux gendarmes-là. Donc, j'arrive, je fais mon check-in. Je me pose, je prends ma soupe. Et je les vois, ils me regardent de loin et ils se parlent entre eux, quoi. Et là, ils arrivent... voilà, ils me parlent, ils me demandent mon nom est-ce que j'ai réservé, etc et mon projet donc je leur dis que je fais le mot blanc et tout, ils me répètent la même chose donc faut pas y aller nous on peut pas vous laisser je leur dis, est-ce que légalement vous avez le droit de m'arrêter voilà,

  • Speaker #1

    exactement enfin quand je dis m'arrêter, c'est pas m'arrêter pour que les gens comprennent me mettre en prison, mais m'arrêter mon ascension,

  • Speaker #0

    voilà exactement, ils ont dit non Mais voilà, il me conseille vivement de ne pas y aller. Et moi, quand j'étais dans le refuge, c'est là où j'ai encore plus peur. Parce que le refuge, il est près du couloir du goûter. Oui,

  • Speaker #1

    dont tu nous parlais précédemment.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Donc le couloir du goûter, chaque 15 minutes, chaque 20 minutes, tu entendais des tonnerres. Tu n'entendais que ça. Et pendant toute la nuit, tu n'entendais que ça.

  • Speaker #1

    J'aime bien le mot que tu as utilisé. Tu entends des tonnerres. Ce n'est pas que tu entends des cailloux qui tombent. C'est que tellement la masse des morceaux qui tombent est impressionnante. Ça fait comme un bruit de tonnerre.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. C'est des cailloux la taille d'une voiture.

  • Speaker #1

    Et tu dors à côté de ça. Tu entends ça toute la soirée.

  • Speaker #0

    Toute la soirée. dans toute la soirée. Et donc, bon, autant te dire que je n'ai pas dormi. Je n'ai pas dormi. Et le lendemain, j'avais une longue journée qui m'attendait. Parce que je devais rejoindre le dernier refuge, le refuge du Goutté.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc, le refuge du Goutté qui est à 3 800 mètres,

  • Speaker #1

    je crois. D'accord. Donc, tu es à 3 200 mètres. Tu dois remonter là à 3 800 mètres.

  • Speaker #0

    C'est ça. Exactement. Et du refuge

  • Speaker #1

    de tête rousse jusqu'au refuge du goûter c'est que de l'escalade et c'est pour ça que c'est très important que tu le dises parce que les gens vont faire le calcul et vont dire ah mais c'est que 600 mètres ah non c'est pas 600 mètres à pied que tu fais pour marcher une ligne droite c'est

  • Speaker #0

    600 mètres d'escalade en altitude parce que t'as pas les mêmes performances et c'est 600 mètres aussi où tu t'opères Bye. Parce que c'était pas vraiment balisé. Et comme j'avais pas de guide, donc voilà, pour moi, je vais juste gravir la montagne sans balise, sans passage, sans trace, rien du tout. Donc c'était moi, sans cordes, avec la montagne, pour aller au refuge du côté.

  • Speaker #1

    Et ça te prend combien de temps pour faire ces 600 mètres ?

  • Speaker #0

    Ça me prend combien de temps ? Écoute, ça m'a pris peut-être... 6 heures.

  • Speaker #1

    Ouais. 6 heures. Quasiment 100 mètres par heure.

  • Speaker #0

    Ouais. Parce que je me suis perdu à deux reprises. Et aussi, il y avait le passage. Ouais,

  • Speaker #1

    le premier passage.

  • Speaker #0

    Il y avait le passage du Goûter. Donc, le passage du Goûter qui devait être à 3004. Ouais. Comme ça. Et quand j'arrive au passage, là, j'attends. Donc, je vois, je me cache quelque part. Je vois des fois des pierres tomber. Donc, je suis resté là-bas longtemps parce que j'hésitais. Les pierres, ils ne faisaient que tomber. J'ai même capturé des vidéos que j'ai postées sur Instagram. Et à un moment, je me suis dit, écoute, ce qui doit arriver va arriver.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que je sais que tu es là, je sais que tu l'as fait et tout, mais j'ai l'impression...

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis dit... Ce qui doit arriver, va arriver. Et là, il faut que tu y ailles. Donc, je fais mes prières. J'attends que la dernière vague passe. Et là, j'enchaîne. Tac, tac, tac, tac, tac, tac, tac. Je ne m'arrête pas. C'est sur, je crois, 25 mètres. Et je passe sans cailloux, sans rien. Alhamdoulilah.

  • Speaker #1

    Quand tu dois être passé, que tu as fini le truc de passé, tu dois dire...

  • Speaker #0

    Mais j'ai pensé direct au retour.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. Parce que c'est ça. Après, il va falloir repasser, revenir.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, je pars au refuge du goûter.

  • Speaker #1

    même discours avec l'équipe là-bas faut pas y aller je passe la nuit juste pour que les gens comprennent bien c'est à dire que dans ces différents chalets c'est des petits hôtels

  • Speaker #0

    05 étoiles en montagne,

  • Speaker #1

    c'est des chalets il y a des gens qui sont là-bas toute l'année pour accueillir les gens qui viennent faire des escalades, donc il y a des gens qui sont là qui tiennent les établissements

  • Speaker #0

    C'est les gardiens de refuge. Ils sont là-bas quand la saison des escalades est ouverte. Et ce qu'il faut savoir, c'est qu'en montagne, les ascensions en général se font pendant l'été. D'accord. Parce que la météo est plus qu'aimante, donc tu as plus de chances d'arriver au sommet. Et les ascensions en hiver, on fait les ascensions en hiver aussi. Sauf que c'est plus risqué. Tu as la météo qui n'est pas clémente. Tu as l'eau froide aussi.

  • Speaker #1

    Mais celle que toi tu fais, c'est pendant l'hiver ?

  • Speaker #0

    Non, c'est pendant l'été.

  • Speaker #1

    C'est pendant l'été, d'accord. Tu passes les différents, tu arrives au dernier refuge. Tu fais la nuit là-bas.

  • Speaker #0

    Je fais la nuit là-bas.

  • Speaker #1

    Tu leur dis encore que tu veux faire le Mont Blanc.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. Je leur dis que je veux faire le Mont Blanc. Et même discours, voilà, ils essaient de me retenir et tout. Mais je leur dis que jusqu'à présent, Alhamdoulilah, jusqu'à présent, ça va. Donc moi, j'ai redouté plus le passage du côté. Ouais. À tort, parce qu'après, ce qui va suivre... Je redoutais plus le passage du côté, mais après, ce qui va suivre, c'est beaucoup plus intense.

  • Speaker #1

    Donc, tu as 3 000. Là, tu m'as dit que tu étais à 3 800.

  • Speaker #0

    3 800.

  • Speaker #1

    Et donc, il te reste... Tu m'as dit le Mont Blanc, c'est 4 200.

  • Speaker #0

    4 810.

  • Speaker #1

    4 810. Donc, il te reste 1 010.

  • Speaker #0

    Oui, de dénivelé. OK. Donc, voilà. Les dénivelés, en fait, c'est la distance verticale. Oui. Voilà. C'est la distance verticale. Donc là, je quitte tôt le matin, donc à 3h du matin.

  • Speaker #1

    Seul, 3h du matin, dans le noir.

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc pour espérer arriver au sommet et voir le coucher du soleil.

  • Speaker #1

    Alors tu pars tôt le matin, il y a 1000 mètres, j'allais dire que 1000 mètres de dénivelé, mais malgré que tu pars très tôt le matin, toi ton but c'est de voir le coucher du soleil.

  • Speaker #0

    Le coucher du soleil, oui.

  • Speaker #1

    Donc c'est que tu sais que tu vas mettre la journée ?

  • Speaker #0

    Non, le lever plutôt.

  • Speaker #1

    Ah ok, donc quand tu pars à 3h du matin, c'est pour voir le lever du soleil.

  • Speaker #0

    Le lever du soleil,

  • Speaker #1

    oui. D'accord, ok.

  • Speaker #0

    C'est ça, le lever du soleil. Mais ça m'a pris beaucoup plus de temps à cause de l'altitude.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et parce qu'il y avait des passages aussi très douteux. Tu sais, à partir du refuge du goûter jusqu'au sommet, c'est que des glaciers.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc les glaciers, qui dit glaciers dit crevasses. Et souvent pour passer les crevasses, tu dois passer par des ponts de neige. Donc les ponts de neige, c'est des petits ponts qui traversent la crevasse.

  • Speaker #1

    boy là j'ai dit boy là c'est parce que là là tes parents ils savent que t'as fait tout ça ?

  • Speaker #0

    ouais à peu près ouais des ponts de neige des ponts de neige ouais des ponts de neige et ce qui est un peu fourbe avec ces ponts de neige c'est que Tu ne sais pas l'épaisseur des ponts de neige. Des fois, tu as des ponts de neige qui glissent sous tes pieds et tu tombes dans la crevasse. Des fois, tu as des ponts de neige... Tu as des ponts de neige beaucoup plus solides. Et donc, moi, j'ai vu des ponts de neige. J'ai traversé plusieurs crevasses pour arriver au sommet. Mais il y avait des ponts de neige. J'étais très hésitant parce que, comme je te l'ai dit, j'ai pris du temps. Donc, le soleil s'est levé. Le soleil a commencé à faire fondre la neige. Donc, ce n'était pas très solide. Donc, j'ai pris du temps pour ça. Et j'ai eu quelques mésaventures en sautant les crevasses parce qu'il y avait une crevasse où il n'y avait pas de pont de neige. Donc, je devais sauter la crevasse. Et pour sauter la crevasse, je prends mon élan. Et comme j'ai des crampons, ça me ralentit aussi un tout petit peu. Donc, je me débrouille. Je me débrouille pour sauter la crevasse. Et en sautant. J'ai fait tomber ma gourde. Et du coup, je n'avais pas d'eau.

  • Speaker #1

    Pour la fin de l'ascension.

  • Speaker #0

    Exactement. Et il y avait une longue journée qui m'attendait. Et sur la montagne, la règle d'or, c'est de boire. Il faut boire tout le temps. Quand tu n'as pas soif, tu bois. C'est ce qui t'aide. pour ne pas avoir des mâmes. Les mâmes, en fait, c'est le mal aigu des montagnes. Donc, quand ton corps réagit mal à l'altitude, quand tu t'acclimates pas bien... tu as des symptômes comme des maux de tête, des nausées, tu vomis, tu as des vertiges. Et ça, ça ne va pas aller en s'arrangeant parce qu'il faut impérativement que tu redescendes. Il n'y a rien que tu puisses faire sur la montagne pour pouvoir guérir de ça. Donc ton corps est littéralement en train de mourir.

  • Speaker #1

    Ok. Question qui me vient justement par rapport à ça. est-ce que pendant que tu fais ton ascension Tu as quand même un moyen de joindre des équipes en cas d'urgence ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, tout au fond de moi, j'ai décidé de ne pas appeler les secours, même si j'avais un problème.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Donc toi, tu pars dans ta tête en te disant que s'il y a quelque chose qui ne va pas ?

  • Speaker #0

    Je vais assumer. Ouais. c'est ce qu'on appelle porter ses ah ouais toi dans ta tête tu parles en te disant s'il y a quelque chose j'appelle pas de secours oui parce que ce que je fais quand même c'est très risqué et je veux pas mettre la vie d'autres personnes en danger parce que si je suis dans une situation compliquée les gens qui vont venir me secourir eux aussi ils vont se mettre en danger donc j'assume quoi ok j'assume ok

  • Speaker #1

    Donc tu perds ta gourde qui tombe dans la crevasse.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça, exactement, qui tombe dans la crevasse. Et là, je continue l'ascension. Très compliqué, je suis fatigué, ça fait des heures que je marche. J'ai peur, je saute des crevasses et je n'étais pas venu pour sauter des crevasses. C'est une belle surprise pour moi, sauter des crevasses. Et là, j'arrive enfin au sommet. Voilà. l'émotion. Moi qui pleure jamais, j'ai pleuré. Parce que j'ai pensé à tout ce que j'ai traversé. Et puis c'était quand même dur.

  • Speaker #1

    Et puis t'es seul. Tu vis ce moment-là. C'est toi et la montagne tous les deux.

  • Speaker #0

    Exactement. C'était une chance parce que le Mont Blanc est très fréquenté. Et j'étais seul au sommet. C'était un moment...

  • Speaker #1

    Comment ça se passe ? C'est-à-dire que t'arrives à un moment où... Tu le vois et tu sais que c'est là ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est des montagnes qui en cachent d'autres. Donc chaque fois quand tu penses que là, c'est le sommet, tu montes et là, tu vois encore qu'il y avait un autre sommet. Mais à la fin, oui, j'ai reconnu le sommet du Mont Blanc. Et là, il fallait être encore plus concentré. Oui.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas être dans la joie.

  • Speaker #0

    Exactement. Il ne faut pas être dans la joie parce que c'est avec l'euphorie du sommet comme ça que tu peux faire des erreurs et tomber. Donc, je suis concentré. Et là, au sommet, je me lâche. Je savoure. Mais je ne reste pas là-bas longtemps parce que je sais que je suis pris du retard. Il fait excessivement chaud, le soleil tape et je pense déjà au pont de neige. Oui,

  • Speaker #1

    que tu vas devoir repasser.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Mais avant d'arriver au pont de neige, quand tu sors ce drapeau du Sénégal, que tu es en haut du Mont Blanc, c'est quoi ton sentiment ? Est-ce que tu cries quand t'es là-haut, tout seul ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai crié. T'as crié ? J'ai crié, j'ai tout fait. J'ai dansé, j'ai crié, j'ai prié, j'ai fait le studio, j'ai tout fait. Et un sentiment d'accomplissement.

  • Speaker #1

    Tu te rappelles ce que t'as crié ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai juste crié.

  • Speaker #1

    T'as juste un cri de « ah ! » Ouais,

  • Speaker #0

    ouais, c'est exact. J'ai juste crié, ouais, j'ai juste crié. Donc, oui, un sentiment vraiment d'accomplissement. Je me suis dit, waouh, ils ont douté, ils ont essayé de me retenir, mais je suis au sommet.

  • Speaker #1

    Et pour que les gens réalisent bien, tu es parti de la montagne pour arriver au sommet, ça t'a pris donc trois jours. Parce que tu as fait une nuit d'acclimatation, une journée d'acclimatation, une autre nuit. Donc, on est déjà sur deux nuits.

  • Speaker #0

    Deux nuits d'acclimatation.

  • Speaker #1

    Il y a eu la nuit avant le passage où il y a les... Les cailloux qui tombent ?

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Donc, on est sur trois nuits ?

  • Speaker #0

    Oui, trois nuits. La nuit au refuge du goûter. Oui. Et après, la redescente directe jusqu'au camp de base.

  • Speaker #1

    OK. La redescente, c'est aussi en plusieurs jours ou c'est en une journée la redescente ?

  • Speaker #0

    En une journée.

  • Speaker #1

    OK. Mais donc, avant du bas de la montagne jusqu'en haut, c'est quatre jours ?

  • Speaker #0

    Oui, quatre jours.

  • Speaker #1

    Quatre jours seul dans la montagne ?

  • Speaker #0

    Seul dans la montagne. Oh ! Ouais, 4 jours seul dans la montagne. Exactement. Mais, certes, j'étais très content, il y avait l'euphorie et tout, mais je me suis dit que c'est là où l'ascension commence.

  • Speaker #1

    Le plus dur n'est pas fait.

  • Speaker #0

    Le plus dur n'est pas fait. Parce que le plus dur en montagne, c'est la descente. Pratiquement 80% des accidents se passent à la descente. Parce que souvent, tu as fait le sommet, tu es fatigué.

  • Speaker #1

    t'es fatigué,

  • Speaker #0

    t'es aussi heureux de ce que t'as fait donc tu es trop l'euphorie et moins concentré et techniquement c'est plus dur de descendre une montagne que de gravir une montagne voilà donc un peu plus stressé donc je fais gaffe mais j'étais tellement fatigué et en plus t'as plus d'eau j'ai plus d'eau, j'avais mal à la tête parce que j'ai pleuré donc j'ai plus d'eau pour m'hydrater compliqué. Donc là, je redescends et je vois à ma grande surprise qu'il n'y avait plus de pont de neige solide sur les crevasses parce que tout a fondu. Tout a fondu. Et c'est ce que les alpinistes ils redoutaient. C'est qu'ils me disaient que, ok, certes, il y a le couloir du côté, mais le glacier aussi, il n'est pas stable. Donc là, je suis obligé de sauter de grandes crevasses.

  • Speaker #1

    Avec du matériel sur le dos ?

  • Speaker #0

    Avec du matériel sur le dos. Mais ce que je faisais, c'est je prenais mon sac, j'enlevais mon sac, je le jetais de l'autre côté. Et là, je prenais mon élan, je cours et je saute.

  • Speaker #1

    Et pour que les gens réalisent, comme tu l'as dit, c'est pas comme si tu jettes quelque chose, comme si t'es au niveau de la mer. tu vois, où tu n'es pas essoufflé. Même l'effort de prendre ton sac et le jeter, d'un point de vue fatigue, à ces hauteurs-là, ça doit être un effort.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça. Exactement.

  • Speaker #1

    Toi qui fais un petit peu de la salle, de la musculation, ça équivaut à faire quoi ? À faire du développé couché ? Quand tu prends ton sac et que tu le jettes dans l'effort ?

  • Speaker #0

    Ça équivaut à quoi ? Ouais, un peu de développé couché, un peu de...

  • Speaker #1

    Parce que ça demande de la... J'imagine que ça va demander beaucoup de force, vu que ton niveau d'énergie est bas à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Exactement. En fait, tout ce que tu fais, même un pas, quand tu poses un pas... Ça te demande beaucoup d'efforts.

  • Speaker #1

    Donc, je n'imagine pas courir, sauter des crevasses, jeter le sac.

  • Speaker #0

    Exactement. Avec du stress. Quand tu es à la salle, tu es tranquille.

  • Speaker #1

    Oui, tu as ta musique dans les oreilles.

  • Speaker #0

    Mais avec du stress en plus. D'où l'importance de bien se préparer physiquement et mentalement aussi. Donc là, je saute les crevasses et ça se passe bien. Mais je traverse un passage où il y avait de la neige, mais ça a fondu. Et finalement, ce passage-là, qui est très ponctu, c'était que de la glace. Donc, il fallait désescalader ce passage-là. Et moi, je n'étais pas équipé pour. Donc, pour désescalader ces passages de glace, il faut des piolets pour l'escalade de glace. Moi, j'avais le piolet pour la randonnée glaciaire. Donc, je prends mes crampons. Je plante les crampons dans le glacier. Je plante mon piolet, je redescends, je redescends petit à petit. Mais il y a eu un moment où j'ai vraiment hésité parce que je me suis dit, écoute, là, si tu redescends encore avec ta position, c'est sûr que tu vas glisser. Et juste en bas, il y avait 600 mètres de dénivelé, 600 mètres de précipice, 600 mètres de vide. Et là, je commence à perdre mes moyens. Là, je me dis, wow, Rasoul, là, t'es dans une situation compliquée. J'arrive plus à bouger. Je commençais à trembler. Je commençais à vraiment stresser. Je suis resté coincé sur ce passage-là pendant au moins 30 minutes. Au moins 30 minutes où j'ai resté gainé, accroché.

  • Speaker #1

    Oh là là, ça devait être tellement long.

  • Speaker #0

    Ah, c'est tombé. 30 minutes, hyper fatigué, gainé, sur un passage très abrupt et je n'avais pas les moyens pour redescendre. Et là, je me suis dit, écoute, c'est la fin, quoi. C'est la fin. De toute façon, je suis tellement fatigué que je veux juste que ça s'arrête. Et là, j'étais prêt à me laisser aller. J'étais prêt à me laisser aller. J'ai commencé à réciter mes versets et tout. Et à ce moment-là, la mort, c'était même un soulagement pour moi.

  • Speaker #1

    C'était une délivrance.

  • Speaker #0

    Une délivrance. Merci. Et là, je pense à ma fille qui n'était pas encore née, qui était dans le ventre de sa maman. Et je me suis dit non. Non, je ne peux pas me laisser aller. Ma fille a le droit d'avoir un papa, de grandir avec un papa. Donc je vais me débrouiller pour sortir de cette situation. Et là, je pense à une technique que j'avais vue sur YouTube pour descendre ces parois-là. J'ai eu un shot d'adrénaline et j'essaie cette technique-là et ça marche. Et ça passe. Et ça passe. C'est pour ça que je dis que ma fille m'a sauvé la vie avant même de naître.

  • Speaker #1

    Et elle ne le sait pas encore.

  • Speaker #0

    Elle ne le sait pas encore.

  • Speaker #1

    Elle le saura dans quelques années. Je lui raconterai.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Elle va voir ce podcast.

  • Speaker #1

    Oui, Inch'Allah, exactement. Tu vois ?

  • Speaker #0

    Oui, donc là, je passe ce passage-là et je m'effondre encore. Parce que c'est tellement intéressant. Non,

  • Speaker #1

    mais tu viens de me dire que tu as fait 30 minutes sans bouger. Sans bouger. Gainer et à réfléchir à... Finalement, est-ce que la mort n'est pas la meilleure solution actuellement ?

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Pour qu'un être humain en arrive à penser à ça, c'est que vraiment tu dois être dans une situation... Je ne peux même pas imaginer. C'est normal que je comprenne que quand tu passes ce passage-là, tu dois lâcher émotionnellement, tu dois lâcher beaucoup.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai beaucoup lâché. Mais il fallait que je reste encore concentré. Parce que le refuge était encore loin. Et le reste s'est bien passé. Et je suis rentré au refuge. Et je suis entré au refuge tard. Et ils m'ont dit, nous, on allait appeler les secours. Parce que vous avez pris beaucoup de temps. Parce que quand tu t'agisses au refuge comme ça, eux, ils te surveillent. Oui, bien sûr. J'ai pris du temps et ils allaient appeler les secours. Donc voilà, j'arrive au refuge, ils me donnent mon repas, la soupe, etc.

  • Speaker #1

    Tu reprends des forces, tu remplis ta gourde d'eau ?

  • Speaker #0

    Non, je ne peux même pas manger. Je peux juste boire, mais pas manger. Parce qu'en fait, j'étais toujours en alerte. Même quand j'étais dans le refuge, j'étais en alerte. Parce que je me suis dit que ce n'est pas encore fini. Et donc là, je redescends. Donc je bois, je prends un tout petit peu de soupe et je redescends. La descente aussi, voilà, compliquée, parce que c'était désescalader en fait ce passage-là jusqu'au refuge de Tétrousse. Donc passer le couloir du côté. Donc je l'ai passé aussi de la même manière que l'aller. Et là, je retrouve le refuge de Tétrousse. Et pour moi, c'était OK. Donc l'ascension était OK parce que de tête rousse jusqu'en bas, ce n'était pas assez technique. C'était tranquille.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est à partir de là où tu te dis, OK, là, ça y est, c'est bon, c'est à peu près fini.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Exactement.

  • Speaker #1

    Juste la question, c'est donc... Pourquoi ça prend 4 jours pour monter et une journée pour redescendre ? Pour expliquer ça au grand public.

  • Speaker #0

    Voilà, parce que pour la montée, il faudrait que tu t'acclimates.

  • Speaker #1

    C'est ça, il faut pouvoir passer ces paliers d'acclimatation.

  • Speaker #0

    Exact. Et pour descendre, vu que techniquement c'est plus compliqué, mais au niveau... musculaire, c'est moins dur, donc tu peux aller plus vite. D'accord.

  • Speaker #1

    Parce que vu que ton corps est mieux oxygéné, parce que tu reviens au niveau où l'oxygène est mieux, tu peux aller plus vite.

  • Speaker #0

    D'accord. T'as pas été alpiniste toi ?

  • Speaker #1

    Non, j'aime les documentaires, j'aime les reportages, donc je regarde beaucoup effectivement parce que ça me passionne justement, tu vois, des hommes, des femmes qui dépassent leurs limites pour aller vivre ces aventures-là. Tu sais, En tant qu'amoureux de paysages, j'adorerais être au sommet de ces montagnes et voir, parce que je pense que tu as beau essayer de mettre des mots, par exemple, sur ce que toi, tu as vu quand tu étais au sommet du Mont Blanc, je pense qu'aucun texte, aucun mot ne pourra décrire. ce que tu as vu. Tu vas toujours essayer d'interpréter tes yeux, ce que ton cœur a ressenti, ce que tu as vu. Mais ça ne sera jamais aussi puissant que ce que tu as ressenti. Donc, je n'imagine pas ce que ça doit être d'être en haut et de voir et d'avoir le sentiment d'avoir accompli quelque chose de grand quand tu arrives tout en haut. Mais je suis trop peureux pour faire ça. mais non ça doit être incroyable et donc là tu redescends tu appelles j'imagine tout le monde pour dire que c'est bon je l'ai fait c'est ça

  • Speaker #0

    Tout le monde était content, soulagé aussi, surtout. Et voilà, donc moi, je pars à Chamonix. Donc je fête cette petite victoire-là.

  • Speaker #1

    Cette grande victoire, cette première ascension. Première ascension, première ascension solo, Mont-Blanc.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. Donc je fête ça avec la soupe, parce que j'adore la soupe. Et sur la montagne, c'est ce qu'on nous donne, ça réconforte et tout. Et voilà, donc ça s'est passé comme ça. Et comme je l'ai dit au début, j'ai posté la photo.

  • Speaker #1

    C'est ça que j'allais en venir, parce qu'effectivement, là tu redescends, tu postes cette photo. Comme quoi tu as amené le drapeau du Sénégal jusqu'au sommet du Mont-Blanc. Et que tu es sûrement le seul Sénégalais à avoir fait ça, tu vois. Et c'est là où nous, tu vois, on découvre cet exploit. On découvre cette chose-là. Comment toi, tu as fini ça ? Tu postes ta photo parce que tu es fier, tu as fait ton ascension. Mais est-ce que tu t'attendais à ce que ça prenne autant d'ampleur justement après le fait de poster cette photo ?

  • Speaker #0

    Ah non, du tout. Et je ne l'ai même pas fait pour ça.

  • Speaker #1

    Oui, non, je le sais. Toi, tu ne le fais pas pour ça. Toi, tu le fais parce que, à titre personnel, tu as fait un exploit, tu es fier, tu le partages. comme notre génération tout le monde, tu t'attends pas à ce que tu le fais pas en disant ah ouais je vais poster ça ça va buzzer sur les réseaux, les gens ils vont pas non, toi tu le postes, sauf que tu le postes t'éteins ton téléphone,

  • Speaker #0

    tu le poses exactement, mes amis partagent voilà ça fait plaisir et tout, je reçois des messages de félicitations etc Olivier Partage.

  • Speaker #1

    Plein de gens partagent.

  • Speaker #0

    Et voilà, donc ça a rapidement pris. J'ai été contacté de partout. Donc les médias, tout ça, RFI, TV5, Canal, etc. Parce que voilà, c'est le petit noir qui vient de Guédioua. Il va gravir une montagne en solitaire en plus. Et ce qu'il me disait, je me rappelle, de Jeune Afrique, le journaliste il n'y croyait pas. Il m'a dit « Est-ce que tu peux me prouver ? »

  • Speaker #1

    Ah ouais, il t'a dit ça !

  • Speaker #0

    « Est-ce que tu peux me prouver que tu étais vraiment tout seul ? » C'est là où je lui ai envoyé la vidéo où je faisais un cours en 60 et tout. Mais il n'y croyait pas. Ah ouais ?

  • Speaker #1

    Non, mais c'est ça où je trouve que, pour moi, ton aventure, elle est extraordinaire. Et je trouve que tu devrais, en tout cas, je ne sais pas si c'est le gouvernement, je ne sais pas c'est qui, mais tu vois, pour moi, tu es quelqu'un qui devrait faire le tour des écoles. Tu vois, par exemple, notre escroce sénégale. et à les montrer à ces jeunes ce que tu as réussi. réaliser. Parce que c'est tellement unique, c'est tellement de leçons, de leçons dans le dépassement de soi, mais aussi de leçons dans la préparation, de leçons dans tellement de choses. Et c'est surtout aussi mettre pour moi des étoiles dans les yeux de ces enfants et de leur dire que c'est possible de rêver et c'est possible de faire des grandes choses. Et j'imagine si nous-mêmes en tant qu'adultes, on est émerveillés par ce que tu as fait, mais je n'imagine pas des enfants. enfants qui vont se dire, j'ai rencontré aujourd'hui un alpiniste.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ce que tu dis, il faut... Il faut rêver, il ne faut pas avoir peur de rêver grand, mais il faut avoir peur de ses rêves. Il faut avoir des rêves qui nous font peur. Parce que comme je crois, elle avait dit, Mohamed Ali, si nos rêves ne nous font pas peur, c'est parce qu'ils ne sont pas assez grands pour nous. Et pour moi, les rêves font la courte échelle aux rêves.

  • Speaker #1

    Tu en réalises un, ça va te donner l'envie de rêver d'autres choses.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Donc, il faut rêver, être ambitieux. Ambitieux, mais pas prétentieux. L'ambition, c'est bien, mais pas la prétention. Parce que la prétention, c'est quoi ? C'est la distance démesurée entre tes objectifs. et tes moyens. Donc la prétention, c'est pas bien. Mais il faut être ambitieux, assumer le fait d'être ambitieux et rêver grand.

  • Speaker #1

    Ça aussi, ça sera un réel chouette. Ça va ! Mais moi, j'allais te poser une question, justement, par rapport à tout ce... tout ce déferlement médiatique. Parce que tu vois, la question qui me vient quand je t'écoute, quand je discute avec toi, est-ce que... parce que ça crée quand même une adrénaline chez toi. Ça crée un sentiment quand même, tu sais, de voir que tu as réussi à impacter par cette montée. tu vois que tu as réussi à rendre fier tout un pays tout un peuple de gens est-ce que c'est pas non plus aussi dangereux dangereux dans le sens où où ça peut être addictif et ça peut te pousser à dire bah je vais faire une autre montagne pour rendre les gens fiers tu vois et et finalement te pousser à faire peut-être quelque chose que tu n'aurais pas fait ? Je vais peut-être loin dans ma réflexion, mais c'est là, dans la discussion, c'est le sentiment qui m'est arrivé en me disant, oui, c'est bien qu'on partage, c'est bien qu'on encourage, c'est bien qu'on montre les exploits, mais est-ce que aussi ce n'est pas dangereux dans le sens où ça peut peut-être faire prendre un risque à la personne ? parce qu'il veut reproduire peut-être ça. Tu vois ? Tu comprends où je veux en amener ?

  • Speaker #0

    Je comprends très bien ce que tu veux dire.

  • Speaker #1

    Même si je sais que toi, ce n'est pas ton cas. Pourquoi je dis que ce n'est pas ton cas ? Parce que récemment, tu as tenté une autre montagne et tu as été assez lucide pour voir que les conditions n'étaient pas bonnes et tu as fait demi-tour. Tu vois ? Mais quelqu'un d'autre aurait pu être dans cet état de... J'ai réussi une première fois où tout le monde me disait non. Je vais m'écouter encore, je vais me faire confiance et je vais y aller. Comme ça, je vais faire ma vidéo, je vais poster et tout. C'est là où pour moi, ça peut être aussi dangereux.

  • Speaker #0

    Avec l'expérience, c'est sûr que tu es beaucoup plus avisé et tu as beaucoup plus conscience des risques. Et tu fais moins le... Bon, je ne vais pas dire casse-cou, mais... Le fou. Le fou, c'est sûr. Mais avec cet engouement-là médiatique et tout, moi, initialement, toutes mes ascensions, c'est pour moi,

  • Speaker #1

    avant tout.

  • Speaker #0

    C'est pour moi avant tout et aussi pour mes enfants parce que je veux leur laisser cet héritage-là qui est immatériel. Donc de voir leur papa à son niveau. faire des choses se dépasser pousser son corps et son esprit dans ses retranchements et s'inspirer de ça moi je préfère leur laisser cet héritage là que de leur donner des milliards pour la petite parenthèse moi je crois que les enfants En tout cas, du côté de l'héritage matériel, ce n'est pas quelque chose qu'il faudrait privilégier. Un enfant n'a pas forcément besoin d'héritage matériel. Pourquoi ? Parce que s'il a les épaules, Tu meurs, si tu lui laisses absolument rien, il pourra faire sa vie. Il pourra construire son empire de lui-même. Et s'il n'a pas les épaules, si tu lui laisses des milliards, il va tout fombler. Donc, ce qu'il faut laisser, pour moi, c'est cet héritage-là qui est immatériel, qui va les aider à construire. Donc moi, je le fais et je me suis vu en train de changer un tout petit peu mes motivations au fil du temps. Le fait qu'il y ait aussi, comme tu dis, de l'engouement autour de ça, les gens partagent, ils s'inspirent, etc. Je vais avouer quand même que ça m'impacte un tout petit peu sur mes motivations parce que je me dis que les gens s'inspirent de ça.

  • Speaker #1

    Ah oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ils s'inspirent de ça. Donc, je vais continuer quand même à brandir le drapeau du Sénégal.

  • Speaker #1

    Et où les gens s'inspirent de ça, excuse-moi de t'interrompre, c'est que ce n'est pas... seulement sur le côté escalade, c'est sur le côté dépassement de soi. C'est-à-dire que quelqu'un peut être sur son téléphone, voir ce que tu as fait, être dans une période où lui vit quelque chose, peut-être qu'il pense qu'il le dépasse, mais de te voir réaliser ça, ça peut lui donner à lui-même une motivation et une énergie qui dit « mais attends, si il lui fait ça, moi mon petit truc là, je peux me dépasser » . Tu vois ? Je veux que les gens comprennent que le dépassement c'est pas seulement sur le côté performance, sportif, physique, c'est que la notion de dépassement que tu transmets par ce que tu fais, elle va au-delà de juste le côté sportif. Elle va sur le côté de j'ai un projet, j'ai une idée, il y a des difficultés, je vais les sauter, je vais les passer et je vais atteindre mon objectif.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça, c'est ça, effectivement. Et puis, moi, je suis persuadé que le corps et le mental sont étroitement liés. Des fois, pour pouvoir pousser son mental très haut, il faudrait pousser son corps dans ses retranchements. Donc les deux sont liés. C'est pour ça que c'est très important pour moi le sport et les aventures physiques, parce que ça me permet aussi mentalement de me construire. Donc voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Et donc, tu finis cette ascension, tu rentres à la maison. Est-ce que quand tu rentres à la maison, tu planifies déjà la prochaine ascension ? Parce que là, tu as eu la piqûre. Là, tu as eu le shot. Tu as eu le shot de la première. Tu as eu le shot du premier sommet. Tu as eu l'adrénaline de ça. Tu l'as réussi, tu redescends. J'ai deux questions. Est-ce que tu rêves ? du Mont-Blanc, quand tu reviens ? Est-ce qu'il y a une période où tu, quand tu dors, tu revois des moments de l'ascension ? Et est-ce que quand tu redescends, tu penses déjà à la suite ?

  • Speaker #0

    Pas des rêves, mais des cauchemars.

  • Speaker #1

    En fait, quand je dis rêve, ça englobe les deux, mais c'est ça, parce que c'est tellement, comme tu dis, le 30 minutes où tu restes figé en gainage, ça doit être tellement...

  • Speaker #0

    terrifiant que inconsciemment tu dois en faire des cauchemars après ça te touche quand même pour ne pas dire que ça te traumatise oui bien sûr et donc oui j'ai fait des cauchemars et concernant le mes prochains challenges direct, je me dis que moi, je veux être alpiniste.

  • Speaker #1

    Ok. Quand tu finis le Mont Blanc, tu sais que tu as envie de faire ça.

  • Speaker #0

    Oui, je sais que j'ai envie de faire ça. Ce que j'ai vécu est tellement intense, tellement enrichissant que je me suis dit que je veux être alpiniste. Et là, je vais me fixer un objectif. C'est de faire les sept sommets les plus hauts de tous les continents. Ok. Voilà, les sept sommets les plus hauts de tous les continents. Moi, en fait, c'est quand je me lance dans un projet, j'ai un objectif, donc le résultat. Et après, je me donne les moyens pour y arriver. Et pour ça, c'est la discipline avant tout. Donc, c'est ce que mon père m'a inculqué. dans l'armée aussi, la discipline. La discipline, mais pas la motivation. Parce que, bon, la motivation, ça part avec le temps, quoi. Aujourd'hui, tu te lèves, t'es motivé, voilà, tu le fais. Demain, t'es pas motivé, tu le fais pas. Mais pour moi, il faut un peu des deux. Parce que la motivation, ça va être le catalyseur, en fait. C'est ce qui va te donner envie de faire. Mais après, il faut avoir une discipline pour pouvoir continuer et atteindre tes objectifs. Donc, je me dis que les sept sommets les plus hauts du continent. Donc, j'ai fait le Mont Blanc, qui est la montagne la plus haute de l'Europe occidentale, mais pas la montagne la plus haute d'Europe. La montagne la plus haute d'Europe, c'est l'Elbrus, qui se trouve en Russie. Et donc, projet challenge, le Kilimandiaro, la montagne la plus haute. d'Afrique. Voilà, c'était un peu le projet

  • Speaker #1

    Alpa. Ok, d'accord. Et où on le voit que justement, après cette première montée, tu as vraiment décidé de devenir alpiniste, c'est que tu as commencé à créer déjà un peu plus de contenu, où tu nous montres justement le behind the scenes, les matériels que tu achètes pour faire tes escalades. Même sur la dernière ascension que tu as tentée, on sentait que d'un point de vue équipement pour documenter ton ascension. Tu avais investi dans de l'équipement pour nous amener au plus près de ton ascension. Et ce que j'aime beaucoup dans ton contenu aussi, c'est que c'est vraiment... Tu documentes ça très bien. Tu nous fais vraiment vivre l'expérience avec toi. Et justement, la dernière ascension, je pense que comme beaucoup, je t'ai écrit. Parce que quand tu as posté que là, le temps n'était pas bon, nanana... À un moment, on n'a pas eu de tes nouvelles. Tu vois ? Donc même pour nous qui étions loin à Dakar ou autre, c'était inquiétant de se dire « Ah mais il n'a pas posté, on n'a pas de ses nouvelles, est-ce qu'il est bien redescendu, est-ce que tout va bien et tout ? » Et on a vraiment senti, je pense, depuis ce côté où... Toi-même, tu documentes plus, tu montres mieux. Et ce que j'aime aussi, c'est que oui, on parle certes des plus hauts mots du monde. Mais tu ne te limites pas à ça. Parce que quand tu viens au Sénégal, moi, je t'ai vu aller dans le sud du Sénégal à nous faire découvrir des zones où on peut, on ne va pas dire faire de l'escalade, mais vivre des aventures, faire du trek, vivre des aventures, la randonnée, découvrir des cascades. Tu as même fait, alors ça aussi, c'était une folie, tu avais organisé une journée à Dakar pour marcher. Le tour de Dakar. Le Tour de Dakar à pied ?

  • Speaker #0

    Le Tour de Dakar à pied qui fait 57 kilomètres.

  • Speaker #1

    Et tu avais réussi à embarquer du monde quand même.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Vous étiez combien ?

  • Speaker #0

    On était combien ? On était...

  • Speaker #1

    Au départ, parce qu'à l'arrivée, je ne sais pas s'ils étaient tous là.

  • Speaker #0

    8 au début, 3 à la fin.

  • Speaker #1

    3 à la fin. Mais tu vois, moi, quand j'ai vu ça, je me suis dit, mais j'aimerais trop faire ça. Mais après, quand j'ai vu la fin de la story, que j'ai vu comment, dans quel état, ils étaient ceux qui t'ont accompagné, j'ai dit j'ai bien fait de rester à la maison. Mais tu vois, et c'est ça que je trouve qui est super intéressant dans ce que tu fais, c'est que finalement, tu nous fais voir même des choses simples, d'un œil différent. Et tu essayes d'engager une communauté, tu essayes de créer une communauté, tu essayes de créer des liens avec des gens qui sont passionnés un petit peu par la même chose. Et tu vois, ne serait-ce que ce tour de Dakar à pied, mais j'ai trouvé ça... génial. J'ai trouvé ça génial. On a suivi toute la journée pour voir comment vous alliez le faire. Je me rappelle, dans l'état où vous êtes arrivé, toi-même, tu as dit que tu pensais pas que ça aurait été aussi fatigant.

  • Speaker #0

    Compliqué, parce que Dakar, c'est pas une ville piétonne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est pas une ville qui est faite pour marcher.

  • Speaker #0

    C'est pas une ville piétonne. Il y a la pollution. Il y a la chaleur, tu te bouscules avec les charrettes, les caraputes, les taximans qui te klaxonnent, etc. Donc effectivement, ce n'était pas facile, ce n'était pas très agréable. Ce n'est pas comme quand tu marches en forêt. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et donc, pour ce projet des sept monts les plus hauts du monde ? Tu te fixes combien de temps ? Est-ce que tu t'es fixé une fenêtre de temps ?

  • Speaker #0

    Non, du tout. J'ai toute la vie devant moi. J'espère. Parce qu'avec tout ce que je fais là, c'est un peu compliqué. Mais non, je ne me fixe pas des deadlines. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Là, après le Mont Blanc, après le Kilimandiaro, j'ai tenté la montagne la plus haute d'Europe, en Russie, l'Elbrouz. Mais j'ai voulu faire cette ascension-là en hiver. parce que c'était la Russie. La Russie, c'est l'eau froide extrême. Et ça m'excitait quand même de faire une ascension en hiver dans des conditions très extrêmes. Et j'ai décidé...

  • Speaker #1

    Tu t'ennuies dans la vie ? Toi, l'ascension, ça ne te suffisait pas ? Non. Alors, qu'est-ce qu'on peut rajouter pour que ça soit un petit peu plus difficile ?

  • Speaker #0

    Parce que je me suis dit que si je le fais en été, je sais que j'en suis capable. Je sais que je peux le faire. Et sachant que je peux le faire, je n'aurai plus d'intérêt à le faire parce que derrière, il n'y aura pas de challenge. D'accord. C'est quand il y a un vrai challenge, quand il y a un risque d'échec. que tu apprends beaucoup. Donc, c'est pour ça que je me suis dit que pour cette montagne-là, je vais tenter l'ascension en hiver.

  • Speaker #1

    L'Elbrou, c'est celle que tu as arrêtée à mi-ascension ? C'est celle-là ?

  • Speaker #0

    À 200 mètres du sommet.

  • Speaker #1

    À 200 mètres du sommet, c'est celle-là ? Ouais. Parce que je me rappelle, même de tes stories, tu filmais la montagne. Et toi-même, tu le disais, qu'elle était impressionnante, même que toi, la regarder à la fenêtre comme ça...

  • Speaker #0

    Effectivement, effectivement. l'Elbrouz c'est c'était vraiment quelque chose. Parce que comme je te le disais, c'était une ascension en hiver. On avait du moins 52 degrés, moins 53 degrés de ressenti. Et on avait beaucoup de complications à la fin. Il y avait un de nos guides qui allait y rester.

  • Speaker #1

    Oui, tu avais mis ça dans ta story.

  • Speaker #0

    Voilà. Parce qu'il nous avait rejoints au dernier jour pour renforcer l'équipe. Et lui, il n'était pas très bien entraîné. Donc même si tu es guide de haute montagne, si physiquement tu n'es pas prêt, ça ne va pas le faire. Donc on le voyait traîner derrière, on ne savait pas pourquoi. Moi, je croyais que comme il nous a rejoints au dernier jour, il ne voulait pas se mélanger au groupe. Donc il nous regardait de loin. Mais en fait, c'est parce qu'il était en difficulté. Donc chaque fois, on l'attendait, il revenait essoufflé. Donc on lui demandait si ça allait bien, etc. Et à 5400 mètres d'altitude, il ne pouvait plus suivre. C'était compliqué pour lui. Donc moi, j'étais avec des Russes qui, eux, ils étaient fâchés parce qu'ils se sont dit, nous, on ne va pas gravir la montagne pendant six jours. Le dernier jour, il y a le guide là qui vient nous...

  • Speaker #1

    Nous empêcher de finir.

  • Speaker #0

    Nous empêcher de finir. Mais lui, il était dans un sale état parce qu'il toussait du sang. Il ne pouvait plus avancer. Il avait développé carrément des œdèmes pulmonaires. Et quand c'est comme ça, si on te laisse là, c'est sûr que tu meurs. C'est sûr à 10 000 %. Donc les Russes, ils voulaient faire le sommet et le laisser là-bas. Donc moi, c'était un peu compliqué de le laisser là.

  • Speaker #1

    Humainement.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Quel plaisir j'allais avoir à atteindre le sommet si je dépasse quelqu'un qui est en train de mourir sur la montagne. Si je reviens, si je le vois mort, où est l'intérêt ?

  • Speaker #1

    Ils sont durs, l'équipe avec qui tu étais. Ils étaient prêts à le laisser.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'eux, ils s'en foutaient en fait. ils voulaient juste arriver au sommet et ils étaient remontés contre l'agence, ils étaient remontés contre les guides donc ils se sont dit ils vont le laisser et donc on était là à 5400 mètres d'altitude, moins 52 degrés de ressenti, la tension, les gens qui étaient là en train de parler russe criait. Moi, je comprenais pas vraiment. Ils parlaient pas vraiment anglais. Donc, on essayait de voir qu'est-ce qu'on allait faire. Et j'ai négocié, négocié, négocié jusqu'à ce qu'ils acceptent de redescendre avec nous. Et la descente, avec quelqu'un qui n'arrive pas à marcher.

  • Speaker #1

    C'est long, c'est dur.

  • Speaker #0

    C'est hyper long. Donc moi, j'avais même peur pour mes doigts parce que je commençais à ne plus les sentir avec ce froid. Et quand je suis redescendu, je suis resté un mois. Mes doigts, c'est comme si tu avais posé un briquet dessus. Ça faisait hyper mal. Des débuts dangereux, en fait. Un mois, ça faisait très mal. Je ne pouvais même pas travailler parce que je suis un géant en informatique. avec l'ordinateur c'est compliqué donc c'est quand même très intense les brousses

  • Speaker #1

    Et donc tu penses le refaire bientôt ? Le retenter ? Ça serait la prochaine que tu retenterais quand même ? Ou tu voudrais faire un autre d'abord ?

  • Speaker #0

    Non, je voudrais faire le Servin. Je voudrais faire le Servin parce que le Servin on s'est arrêté à 150 mètres du sommet. Le Servin ça fait partie des trois montagnes les plus techniques au monde. Les plus dangereuses. Et à 150 mètres du sommet on avait vu une tempête qui s'annonçait on a décidé de redescendre parce que comme le Servin c'est que de l'escalade Donc c'est très risqué si tu as même quelques gouttes d'eau sur la paroi, ça glisse. Donc il ne fallait pas que ça nous trouve sur la montagne. Donc on est redescendu rapidement.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est cette montagne qui est considérée comme la plus belle du monde ?

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ce que tu vois sur les chocolats de Toblerone.

  • Speaker #1

    Exactement. Elle est si belle que ça ?

  • Speaker #0

    Elle est magnifique. quand tu la vois. Tu sais que c'est la montagne. Tout le monde a dessiné le servin un jour. Quand tu dessines une montagne,

  • Speaker #1

    c'est le servin que tu dessines. Incroyable. En tout cas, franchement, Mohamed, ça a été un plaisir de te recevoir et d'écouter tes aventures, d'écouter tout ça. Je suis encore plus impressionné par tout ce que tu fais maintenant que tu m'as raconté encore tout ça. Moi, je te souhaite de toutes les accomplir, Inch'Allah. pour que tu puisses revenir ici et que tu me dises Olivier bon je t'ai venu te raconter comment j'ai fait la première maintenant je vais te raconter comment j'ai fait les sept tu vois et Olivier je te ramène avec moi non oui non je veux bien si tu veux tu m'amènes moi je m'occupe de tout ce qui est fondu soupe pour que quand tu es fini tu viennes que tout soit installé je m'occupe de la fête pour quand tu redescends tu vois je m'occupe de tout tu vois toute l'after party tout ça il n'y a pas de problème tu vois mais non non non jamais mais en tout cas franchement ça je te souhaite de vraiment prendre du plaisir à aller faire les 7 et surtout que tu reviennes en pleine forme en pleine santé pour nous raconter tout ça comme ça on pourra laisser des beaux souvenirs aux enfants qui pourront regarder ça dans quelques années et qui pourront flex devant leurs copains et leurs copines en disant vous voyez c'est mon père mon père vous voyez tonton Mohamed que vous voyez qui est assis là en train de Merci. de boire son petit bissap tranquille là. Il a fait les sept, c'est ça, tu vois ?

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Et puis même, je te souhaite de le faire, parce que c'est de nous documenter tout ça, et de nous ramener tout ça ici, et de pouvoir inspirer des centaines de milliers de jeunes à travers le monde, pas seulement africains, mais à travers le monde, en montrant que tu peux être un jeune Sénégalais qui est né... à Dakar, qui a grandi à Dakar et tu peux rêver de montagne, même si c'est pas ton quotidien.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça, c'est ce que tu dis et en plus souvent les gens, ils ont tendance à nous mettre dans des cases. On doit faire une chose et pas une autre. On doit être dans un domaine et pas dans un autre. Alors qu'on est doté d'un cerveau super puissant, de deux bras et de deux jambes. Pourquoi pas explorer, faire autre chose, tester ? On peut avoir un domaine, bien évidemment, mais aussi, on peut essayer de découvrir autre chose et se créer d'autres vies. Moi, c'est ce que je dis. J'ai plusieurs vies dans une vie. Parce qu'avec tout ce que je fais, comme sport, parce que je fais...

  • Speaker #1

    La moto ! La moto,

  • Speaker #0

    la plongée sous-marine, je suis secouriste en plongée sous-marine, je fais du parachute. Et chaque domaine, c'est un univers. Donc moi, je dis que j'ai plusieurs vies dans une même vie.

  • Speaker #1

    Et tu as surtout plein de choses extraordinaires à raconter, à partager. Et Inch'Allah, comme ton père l'a fait, te raconter des histoires et te mettre des étoiles et des images dans la tête. Inch'Allah, tu raconteras des histoires. à tes enfants. Tu leur mettras des étoiles dans les yeux et des images dans la tête et ils iront accomplir d'autres rêves encore plus grands que leur papa.

  • Speaker #0

    Inch'Allah. Et surtout, je vais leur mettre ce podcast.

  • Speaker #1

    Inch'Allah.

  • Speaker #0

    Voilà, Inch'Allah. Je vais leur dire, écoutez, moi, je n'ai pas trop le temps pour parler.

  • Speaker #1

    Allez, écoutez, ça fait des vues pour Toto Olivier. Allez. En tout cas, merci énormément d'être venu.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Je vous mettrai tous ces réseaux. Allez le suivre. aller suivre ses aventures aller l'encourager aller lui donner beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup de force et bientôt Inch'Allah il revient pour nous raconter les 7 Inch'Allah Ok Merci la team incroyable d'avoir écouté le podcast Je vous souhaite un bon dimanche ou une bonne journée si vous n'écoutez pas le podcast d'un dimanche et à très vite pour un nouvel épisode

  • Speaker #0

    Peace All Souls

Chapters

  • introduction

    00:00

  • Enfance carrée et premières aventures

    05:15

  • 7 ans au prytanée militaire de St Louis

    13:41

  • Premier emploi et changement de vie

    29:32

  • Sa découverte de la montagne

    39:32

  • 2 ans de préparation

    44:46

  • Son ascension du Mont-Blanc

    52:01

  • Le buzz sur les réseaux

    01:40:45

  • La prochaine ascension

    01:46:35

  • Conclusion

    02:00:06

Description

Êtes-vous prêt à être inspiré par un parcours de vie exceptionnel qui transcende les frontières ? Dans cet épisode captivant du Le OV Show, Olivier Vullierme reçoit Mohamed Tounkara, un alpiniste sénégalais qui a récemment réalisé l'exploit incroyable de gravir le Mont Blanc en solitaire. Son histoire, qui commence dans les rues animées de Dakar, est un véritable témoignage de passion et de détermination. Mohamed partage avec nous comment son enfance, bercée par les récits d'aventure de son père ancien scout, a façonné son désir insatiable de conquérir des sommets, tant physiques que personnels.



Au fil de la conversation, Mohamed nous plonge dans les défis intérieurs et extérieurs qu'il a dû surmonter lors de son ascension. La peur, l'adrénaline et l'importance d'une préparation mentale et physique rigoureuse sont autant de thèmes qu'il aborde avec une authenticité touchante. Il nous rappelle que la peur, loin d'être un ennemi, peut devenir un précieux allié dans les moments les plus extrêmes, nous tenant sur nos gardes et éveillant notre détermination. À travers ses mots, il encourage chacun d'entre nous à rêver grand et à ne jamais reculer devant nos passions, un message qui résonne particulièrement au sein de la diaspora africaine.



Dans un monde où le changement de vie est souvent perçu comme un défi insurmontable, Mohamed incarne l'esprit d'entrepreneurs passionnés qui osent prendre des risques pour réaliser leurs rêves. Son parcours est une source de motivation pour tous ceux qui cherchent à s'élever, que ce soit dans le sport, le business ou l'éducation. Avec une voix pleine de sagesse, il exprime son désir de transmettre un héritage immatériel à ses enfants, un héritage construit sur le respect, l'aventure et la quête de l'excellence.



Alors que l'épisode touche à sa fin, Mohamed partage ses réflexions sur l'impact de ses réalisations sur les autres et dévoile ses futurs projets d'escalade. Ne manquez pas cette opportunité d'écouter des histoires captivantes qui pourraient bien changer votre vie. Rejoignez-nous dans ce voyage inspirant où l'esprit d'aventure et de dépassement de soi se mêle à des secrets de réussite qui peuvent motiver votre carrière. Écoutez le Le OV Show et laissez-vous porter par cette inspiration sans limites !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi, mon objectif quand j'étais bébé, c'était de sortir de la maison. À 14 ans, tu tires avec les M16, les fusils M16. Chaque année, je partais en prison. Et donc, je fais quoi ? Je m'évade. La peur pour moi, c'est... Ça doit être notre ami. On doit travailler main dans la main avec le peuple. Les rêves font la courte échelle aux rêves. Ma fille m'a sauvé la vie avant même de nous.

  • Speaker #1

    Hello, hello les incroyables, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien. Bienvenue dans un nouvel épisode du Off Show que vous nous écoutiez sur les plateformes d'écoute ou que vous nous regardiez sur YouTube. Installez-vous confortablement parce qu'aujourd'hui, on a un sportif. Aujourd'hui, je reçois quelqu'un qui atteint des sommets. Je reçois quelqu'un qui n'a pas peur du vide. Je reçois un homme ambitieux, qui aime les challenges. Je reçois M. Mohamed Tinka dans le Home Show.

  • Speaker #0

    Wow.

  • Speaker #1

    Bienvenue.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je suis tellement content de le recevoir, vous ne savez pas. C'est-à-dire que lui, là... Quand j'ai commencé mes premiers épisodes de podcast, je lui ai écrit direct. J'ai dit, quand tu viens à Dakar, tu as intérêt à me dire que tu viens parce que je veux te recevoir. Dans ma liste, il était comme ça des gens que je veux recevoir. C'est quelqu'un qui m'inspire énormément et je suis trop heureux qu'il soit là. Et c'est la première fois qu'on se voit lui et moi.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça.

  • Speaker #1

    C'est une folie.

  • Speaker #0

    Ça fait un moment qu'on discute sur les réseaux sociaux. Et même avant, je crois, avant de lancer ton podcast, tu m'avais parlé du podcast.

  • Speaker #1

    Ah oui, je t'en ai parlé il y a longtemps. Tu m'avais parlé il y a longtemps.

  • Speaker #0

    Il dit, ouais, il faut qu'on se fasse ça. et depuis Chassé Croisé mais aujourd'hui on est là on va discuter et je suis très très content d'être là c'est vraiment un honneur pour moi en tout cas l'honneur est partagé podcast de qualité des gens très

  • Speaker #1

    inspirants se sont assis sur cette chaise et voilà c'est un honneur pour moi franchement t'es quelqu'un vraiment et c'est pas parce que t'es là qui me inspire et que je dis mais lui c'est un ouf tu vois pour moi des fois l'inspiration c'est ça de regarder quelqu'un et de dire lui c'est un ouf, parce que tu regardes la personne tu te dis mais est-ce que moi je serais capable non non non, moi je serais pas capable de faire ça, mais t'inquiète les gens doivent se demander mais qu'est-ce qu'il dit Olivier vous allez comprendre, vous allez découvrir mais d'abord,

  • Speaker #0

    vas-y mais avant de démarrer je voulais juste te dire une chose tu sais Tu fais partie des gens qui ont un peu évangélisé la montagne au Sénégal. Moi ? Ben oui, ben oui. Comment ? Je vais te dire pourquoi. Quand j'ai gravi le Mont Blanc en solitaire...

  • Speaker #1

    Vous avez bien entendu.

  • Speaker #0

    Quand j'ai gravi le Mont Blanc en solitaire, j'ai posté une photo de moi en premier et mes amis ont commencé à partager. Donc ça va, ça prenait un tout petit peu. Mais toi, tu as partagé la photo avec ton compte.

  • Speaker #1

    L'ancien compte Ariam Olivier.

  • Speaker #0

    Et là, des partages de partout. Ah ouais ? Ouais, des partages, des likes, ça monte super vite.

  • Speaker #1

    Ah bah tant mieux.

  • Speaker #0

    Les médias qui me contactent, etc. Et donc, voilà, tu fais partie des catalyseurs de tout ce buzz autour de la montagne.

  • Speaker #1

    Franchement, ça me fait plaisir parce que, très honnêtement, les gens vont dire, mais vous, vous êtes rentré dans la discussion vite. Mais il faut dire les choses. Non, mais c'est que, en fait, quand j'ai vu ça, déjà, tu sais, moi, je suis un passionné d'aventure, de nature, de paysage et tout, et d'exploit sportif. Et tout de suite, moi, ce que j'ai vu, j'ai vu déjà un, l'exploit sportif. En plus, j'ai vu un Sénégalais qui amène le drapeau du Sénégal jusque sur le Mont-Blanc. Je n'avais jamais vu ça de ma vie. J'ai dit, mais c'est qui lui cet extraterrestre ? Tu vois, mais non, t'inquiète, tu vas nous raconter tout ça. Mais la première question que je pose à tout le monde, Mohamed, c'est la plus dure du podcast. Après, tout le reste, c'est facile. c'est aujourd'hui comment tu te présentes à quelqu'un qui te connait pas

  • Speaker #0

    effectivement c'est une question très dure surtout que je fais pas mal de choses donc je préfère me présenter avec un titre ou des titres qui ne changent pas d'accord bon parce que voilà je peux être informatique un jour demain je peux être donc je me présenter avec mon nom mon prénom Je suis sénégalais, ça, ça n'a pas changé. Je suis papa de deux enfants.

  • Speaker #1

    MashaAllah.

  • Speaker #0

    MashaAllah. Et je suis un amoureux de la nature et des aventures.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Après, ce que je fais dans la vie, ça, c'est autre chose.

  • Speaker #1

    OK. Non, c'est bien résumé. Pour quelqu'un qui ensuite, après sa discussion, ira sur tes réseaux sociaux, il dirait effectivement, ça correspond à ce qu'il a dit. Mais maintenant, on va rentrer dans le truc, on va découvrir. Donc toi, d'abord, tu n'es où ?

  • Speaker #0

    Je suis né à Dakar, à Yedyaway, en classe des enseignants.

  • Speaker #1

    Et comment étaient les enfances de Mohamed dans tes souvenirs ?

  • Speaker #0

    Alors, dans mes souvenirs, j'ai eu une enfance assez calme et carrée. Pourquoi carrée ? Parce que je suis né d'un papa inspecteur de l'enseignement et d'une maman enseignante aussi. D'accord. Donc autant te dire qu'à la maison, c'était... métro, boulot, dodo, quoi. Sans le métro.

  • Speaker #1

    Oui, sans le métro. Beaucoup de boulot. Exactement. Beaucoup de boulot.

  • Speaker #0

    Beaucoup de boulot. Donc, j'ai grandi dans ce cadre-là. Et voilà, mon père, il était très strict avec moi. Donc, à la maison, j'avais pas le droit de regarder la télé. De sortir jouer avec les amis. Donc, c'était que boulot, la famille, et puis c'est tout. Donc, pour te dire, j'avais un emploi du temps. 24 heures sur une 24 sur un papier A4 pour voilà tout ce que je devais faire du matin au soir à partir de 7h jusqu'au coucher 21h c'était écrit sur tout était millimétré donc 7h je dois faire ça 8h je dois faire ça donc tout était millimétré donc vraiment une enfance carré carré carré tu as des frères et soeurs ? ouais j'en ai beaucoup j'en ai environ 15. Mais on n'a pas grandi ensemble.

  • Speaker #1

    C'est plus ou moins. Il peut y en avoir 16, 17. D'accord.

  • Speaker #0

    Mais j'ai grandi avec des nièces, des cousines et deux de mes soeurs. Donc j'ai grandi qu'avec des filles.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et quand tu grandis avec des filles, il y a trois choses. Soit tu t'imposes en tant que mal alpha, je suis l'homme de la maison, je dirige. Ou tu épouses leur manière de faire, de voir la vie, de fonctionner, de raisonner. Là où on te dit que tu es efféminé. Ou tu mixes un tout petit peu des deux.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et moi, je crois que j'ai mixé un tout petit peu des deux. J'ai mixé un tout petit peu des deux. Et j'ai un côté féminin que je revendique et dont je suis fier aussi, parce que je me suis beaucoup inspiré d'elle. Et c'est pour ça que j'ai ce côté aussi sensible. Je suis sensible, altruiste. Je suis vraiment très tourné vers l'autre. Et donc ça, je l'ai pris chez mes sœurs.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc, je ne dis pas que les hommes, ils ne sont pas sensibles.

  • Speaker #1

    Mais tu trouves que toi, ta part de sensibilité est peut-être un peu plus... un peu plus sensible. On répète ce que je répète, mais c'est ça.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc,

  • Speaker #1

    enfance carrée, entourée de femmes.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    À l'école, tu es un bon élève ? Tu n'as pas le choix. Avec les parents. Je n'ai pas le choix. Tu n'as pas le choix. Moi, tu sais, j'ai qu'un seul... Mon père est prof de maths. J'ai qu'un seul parent qui est dans l'enseignement, mais je sais déjà ce que c'est d'en avoir un.

  • Speaker #0

    donc si t'en as deux la maison boulot boulot boulot et je l'ai pas regretté parce que ça m'a permis d'aller loin entre guillemets dans les études par exemple j'ai réussi le concours du Britannique Militaire j'avais un bon classement donc voilà plutôt bon élève tout en premier. Et j'étais obligé.

  • Speaker #1

    Tu n'avais pas le choix. Et dans ton enfance, avant d'arriver, je vais dire, à la période lycée, où on commence déjà les orientations un petit peu vers le... Pas professionnel, mais on commence les premières orientations de vie. Dans ton enfance, est-ce que tu as déjà une curiosité, une appétence pour le sport, pour l'activité physique, ou pas encore dans ta jeunesse ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, j'étais un enfant.

  • Speaker #1

    Parce que si vous ne voyez pas la vidéo pour les gens qui écoutent, vous avez vu comment mon gars, il est... C'est-à-dire que moi, j'ai mis la veste, j'ai bien serré, j'ai bien caché toutes les gourmandises que je mange.

  • Speaker #0

    Et moi, je suis chétif.

  • Speaker #1

    Non, mon ami, tu n'es pas chétif. Tu es chétif.

  • Speaker #0

    Oui, non, mais... Alors, moi, j'ai eu un souvenir. Bon, ce n'est pas mon souvenir, mais c'est un souvenir de mon père concernant mon goût pour l'exploration. Pourquoi ce n'est pas mon souvenir ? Parce que j'étais bébé.

  • Speaker #1

    Je portais des couches. D'accord.

  • Speaker #0

    Moi, mon objectif quand j'étais bébé, c'était de sortir de la maison. Quand j'ai commencé à marcher, c'était de sortir de la maison. Mon objectif, c'était de sortir de la maison. Tout le temps, la porte, sortir de la maison. Et un jour... Ils discutaient, voilà, et boum, ils ne me voient plus. Donc, j'avais pris la tangente, je suis parti, je suis sorti de la maison. Et là, mon père, il court, il sort de la maison, il me voit au loin. Là ? Avec ma couche comme ça qui pend et je marche et je regarde, voilà, où je dois aller. Là,

  • Speaker #1

    il a le goût de l'aventure déjà.

  • Speaker #0

    Le goût de l'aventure déjà. Donc, voilà. Mon père, il me raconte ça et il me dit, voilà, là, actuellement, tu es aventurier, mais ça a toujours été en toi. Et il m'a transmis un héritage aussi sur ce côté-là, parce que lui, il était scout. Tu sais, les scouts à l'époque, ils voyageaient beaucoup, ils faisaient de vrais trucs. C'est pas les scouts maintenant où c'est juste des kermesses, etc. Ils faisaient de vrais trucs et ils me racontaient ses aventures. et il me racontait aussi d'autres récits d'aventure. Et il m'amenait aussi à la plage pour courir. Je devais avoir, je ne sais pas moi, 7 ans, 8 ans. Et voilà, je crois qu'il a aussi beaucoup mis ça en moi.

  • Speaker #1

    Parce que c'est la question que j'allais te demander, la suivante, c'était est-ce que dans ton entourage, il y avait déjà des aventuriers ou des gens que tu voyais être aventureux dans leur vie ? Mais tu as un petit peu déjà répondu parce qu'effectivement, si déjà dans ta jeunesse, On te raconte beaucoup d'histoires, on te parle d'aventures et ton père te transmet, lui, les aventures qu'il a vécues. Et comme tu dis, je pense que le scoutisme à cette époque-là, à l'époque, en tout cas, de nos parents, ils allaient beaucoup plus en exploration, ils sortaient beaucoup plus de Dakar et autres. Ils allaient faire du camping, c'était peut-être des aventures comme ça. Donc forcément, pour l'enfant curieux, ça doit être beaucoup d'images dans la tête, ça doit être beaucoup de projections. et tu dois te coucher sur ça et enregistrer tout ça. Donc effectivement, ça doit déjà titiller ton esprit.

  • Speaker #0

    Mais exactement, il y a beaucoup d'aventures que j'ai pu faire. Je me suis inspiré de ce que mon père me disait. Lui, il ne sait pas, peut-être qu'il va voir la vidéo, mais je ne lui ai jamais dit. Donc il m'a inspiré, ma mère aussi m'a inspiré, parce qu'elle est enseignante, certes, mais des fois, elle voyage. pour faire du commerce, soit disant. Soit disant pour faire du commerce. Et je sais, au fond, il a juste le goût de l'aventure. Parce que je ne peux pas comprendre, à 60 ans, tu vas prendre les bus pour aller en Côte d'Ivoire, faire le tour, partir Mali, Burkina, etc. Dormir dans la forêt, etc. Juste pour acheter des tirs.

  • Speaker #1

    Oui, ce n'est pas le commerce. Exactement. Ce n'est pas le commerce qui te donne envie de vivre tout ça. Exactement.

  • Speaker #0

    Et en plus... ce qu'elle ramène et là on n'a même pas besoin je lui dis maman,

  • Speaker #1

    sois transparente avec nous mais tu fais ça parce que tu veux juste voyager quoi elle veut voir d'autres choses c'est ça exactement donc dans la jeunesse tu dirais tes premiers ressentis par rapport à l'aventure, par rapport à l'exploration c'est par les histoires de ton père et ces moments qui te fait vivre en te racontant tout ça donc quand arrive le lycée là comme je disais on est dans les premières orientations Merci. à peu près de vie. Toi, tu t'orientes vers quoi ?

  • Speaker #0

    Alors, au niveau des études.

  • Speaker #1

    Ouais, au niveau des études.

  • Speaker #0

    Alors, j'ai d'abord fait la série S. Ouais,

  • Speaker #1

    scientifique.

  • Speaker #0

    Scientifique, pendant deux mois.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Deux mois. Après, j'ai pris mes bagages, je suis parti en L.

  • Speaker #1

    Je suis parti en L.

  • Speaker #0

    Parce que...

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est pas que t'es parti en ES. T'es parti en L. T'as fait le grand bond inverse.

  • Speaker #0

    Autant oui, c'était L prime, L2. L2, je crois que c'est ES. Donc moi, je suis parti en L2.

  • Speaker #1

    Ok, d'accord.

  • Speaker #0

    Je suis parti en L2. Pourquoi ? Parce que quand je suis parti au Britannique, je me suis relâché un tout petit peu, je ne bossais plus. Je ne bossais plus parce que contrairement à ce que les gens pensent, là-bas, tu es quand même assez libre.

  • Speaker #1

    Alors le Britannique, pour les gens qui ne savent pas ce que c'est. C'est une école militaire, c

  • Speaker #0

    Ouais, c'est une école d'excellence militaire. Tu fais le concours, il y a pratiquement 40 000 élèves qui font le concours et on n'en prend que 50 et qui doivent suivre une formation militaire dans un internat à Bangou, à Saint-Louis, pendant 7 ans.

  • Speaker #1

    D'accord, donc toi, quand tu passes ce concours, parce que tu l'as passé en CM2, tu quittes Dakar pour aller à Saint-Louis, en internat.

  • Speaker #0

    En internat.

  • Speaker #1

    Ah ok, déjà ça doit être un gros choc, ça, pour le jeune élève.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'était quand même très très très dur.

  • Speaker #1

    Surtout que si tu me dis que tu es dans ce cocon familial avec beaucoup de femmes, j'imagine que tu devais être chouchouté, quand même un petit peu couvé.

  • Speaker #0

    Ouais, tu ne rentres pas dans la cuisine, on fait tout pour toi. Voilà, l'assisté, quoi.

  • Speaker #1

    Et là, tu arrives en internat, à Saint-Louis.

  • Speaker #0

    Boum, dans la vie militaire. Oh là là. Que voilà, on suit une formation militaire. donc tout ce que les militaires font nous on fait aussi technique de combat technique de guerre tir avec des armes à 14 ans à 14 ans tu tires avec les M16, les fusils M16 ce sont les fusils des américains, ils sont partis en Irak avec à 14 ans tu tires avec ça tu tires avec ça les frontiers sécu d'utilité Oui ! Tu tires avec ça, quoi. Tu sautes en parachute aussi.

  • Speaker #1

    À 14 ans ?

  • Speaker #0

    Pas à 14 ans, mais à ta première.

  • Speaker #1

    Mais ouais, 16 ans !

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Pas eu la même enfance !

  • Speaker #0

    Wow ! Ouais, effectivement.

  • Speaker #1

    Mais ça, est-ce que c'est un choix que toi, tu voulais ? Ou est-ce que c'est les parents qui voulaient que tu ailles là-bas ?

  • Speaker #0

    Moi, je ne savais même pas que le pré-administration existait quand je faisais le concours. Ouais,

  • Speaker #1

    je n'ai jamais entendu parler.

  • Speaker #0

    Quand je faisais le concours. Je ne savais même pas que le président militaire existait.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc moi, comme je bossais, j'étais déjà prêt pour faire le concours. Donc mon père, un jour, il m'a réveillé, il m'a dit, écoute, aujourd'hui, tu vas faire des examens. Et il m'a ramené faire le concours.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #0

    allons-y. Ok, allons-y. Donc j'ai passé le test. C'est des épreuves aussi psychotechniques, etc. pour comprendre la logique et tout. Français, maths, etc. Et c'est comme ça que j'ai fait pour...

  • Speaker #1

    Le gars, il a signé pour un truc, mais il ne sait pas dans quoi il va.

  • Speaker #0

    Il y a un coco.

  • Speaker #1

    Allons-y, on le fait. Je vais à l'armée pendant six ans. OK,

  • Speaker #0

    d'accord. Mais c'est ça. C'est comme ça que j'ai parti au Britannique militaire. Et c'était très dur parce que... En tout cas, les débuts.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr que le début doit être dur.

  • Speaker #0

    Oui, le début parce que tu as 11 ans. On t'arrache des parents comme ça. En plus, tu rentres à la maison que pendant les grandes fêtes. Les fêtes Tabaski, Korité, les grandes fêtes. Donc, la première semaine, je disais, dans le dortoir, tout le monde pleurait. La nuit, tout le monde pleurait.

  • Speaker #1

    C'est compréhensible.

  • Speaker #0

    Tout le monde pleurait parce que tu es jeune. et surtout que tu viens, on te fait subir des actes qui t'humilient. Parce qu'en fait, l'armée, c'est ça. Ils veulent que tu rentres dans le moule. Exactement, il faut que tu rentres dans le moule, il faut que tu sois humble, tu sois fort, etc. Donc, c'est compliqué.

  • Speaker #1

    En fait, j'imagine que c'est sûr que le premier... Allez, je veux dire même la première année, ça doit être difficile. Merci. tu es trop jeune pour comprendre les valeurs et finalement l'atout que les parents veulent te donner en te mettant dans cette position-là. Surtout s'il y a un cas comme toi où on ne t'a pas préparé à ça, parce que peut-être que tu aurais eu un an où on te prépare avant. On te dit, OK, Mohamed, dans un an, tu vas passer le concours, tu vas te préparer pour aller là-bas. Tu as le temps peut-être, même si tu es jeune en tant qu'enfant, d'assimiler que... Tu as cette possibilité d'aller là-bas, te renseigner et voir. Mais j'avoue que quand tu ne sais pas que tu passes un concours pour ça, et que du jour au lendemain, tu es accepté, on te dit que tu es accepté. Toi-même, tu te dis, mais accepté dans quoi ? Ah, mais tu vas à Saint-Louis, l'armée et tout. La première année doit être très dure. Mais je suis persuadé, tu vas me dire si je me trompe, est-ce que si c'était à refaire, te voyant aujourd'hui, je suis sûr que tu me dirais oui, c'est à refaire, je le refais. parce que ça a dû t'apprendre Tellement de choses, te faire vivre tellement de choses.

  • Speaker #0

    Exactement, exactement. En fait, c'était dur, mais c'était très enrichissant. Parce qu'au Britannique, comme je te disais, on t'apprend à tirer, à faire la guerre. Tu es avec tes copains qui sont maintenant des frères. Et vous traversez vraiment des fois des moments très compliqués dans la formation. Et ça t'apprend énormément dans la vie. Ça t'apprend à être humble, ça t'apprend à être solidaire. et nous aussi on avait une devise aux Britanniques militaires qui était savoir pour mieux servir. Donc, chaque fois on nous répétait ça, on nous répétait ça et finalement c'est ancré en nous et ça a conditionné beaucoup de mes choix et de mes actes dans la vie d'après. Donc, savoir toujours essayer de monter en compétence. savoir un peu plus dans son domaine, d'être beaucoup plus avisé et servir aussi. Donc, être utile aux autres, avoir de la valeur dans la société. Donc, ouais, effectivement, c'est...

  • Speaker #1

    Et c'était quoi l'emploi du temps typique ? Est-ce que c'est comme, je vais te dire, un centre de formation un petit peu pour sportifs ? Parce que les centres de formation pour sportifs, c'est généralement le matin court, l'après-midi sport. tu vois est-ce que Comment vous se déroulaient un petit peu les journées ou les semaines ? Est-ce que tu avais des moments courts, des moments apprentissage de la guerre, apprentissage de l'armée ou est-ce que c'était un autre système ?

  • Speaker #0

    Alors, c'était un peu des deux parce que le matin, on faisait du sport, qu'on appelait décrassage. À 7h, on se levait pour aller courir. Après, on enchaîne avec les études.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Après, quartier libre. Le soir, on doit retourner en classe pour étudier. D'accord. Et les mercredis, les samedis, on avait des cours militaires.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Les cours de guerre, les techniques de guerre,

  • Speaker #1

    etc.

  • Speaker #0

    Donc c'était assez classique.

  • Speaker #1

    Donc pendant sept ans, tu es là-bas.

  • Speaker #0

    Oui, sept ans.

  • Speaker #1

    Si tu devais retenir un souvenir, une expérience de ces sept ans ? qui t'a le plus marqué ? C'est quoi le souvenir que tu dirais ? Si je devais en garder qu'un, ça serait celui-là.

  • Speaker #0

    Il y en a beaucoup.

  • Speaker #1

    J'imagine, tu m'as dit, tu as sauté en parachute à 16 ans, tu as tiré au FAMAS, tu as conduit un char d'assaut. C'est quoi l'expérience qui t'a le plus marqué dans ces 7 ans ?

  • Speaker #0

    Alors, je n'ai jamais réfléchi, mais le jour de la remise des insignes, Ça m'a beaucoup marqué parce que quand tu rentres dans l'école, normalement, tu dois faire trois mois de formation intense. D'accord. Trois mois de formation où tu ne vois pas tes parents. On te fait faire des exercices de ouf.

  • Speaker #1

    Ça, c'est les trois premiers mois quand tu rentres ta première année ?

  • Speaker #0

    Les trois premiers mois, direct dans le dur. Et ce qu'il faut savoir, c'est qu'à partir de la cinquième jusqu'à la terminale, tous les élèves sont tes anciens.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et ils ont... Le droit de vie.

  • Speaker #1

    Tout pouvoir sur toi.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. Tout pouvoir sur toi. Donc, ils viennent des fois dans tes dortoirs pour te bijouter, te taper, te donner des ordres. Fais-moi ceci, il faut me faire la vaisselle, etc. Et donc, après ces trois mois-là, tu n'es pas encore un enfant de troupe. Parce que les élèves qui sont au pré-délimitaire, on les appelle des enfants de troupe. donc pendant ces trois mois là t'es pas encore un enfant de troupe et après quand tu valides la formation avec succès on organise une remise des insignes où on appelle tes parents donc c'est une grande fête ça se passe dans la nuit il y a des rituels c'est vraiment très intense en émotion et là on te remet l'insigne militaire que tu es officiellement un enfant de troupe D'accord.

  • Speaker #1

    donc ça ça m'a quand même beaucoup ah non j'imagine surtout que tu me dis s'il y a une cérémonie, s'il y a la famille qui vient et que t'as fait 3 mois dans le dur et que tu sais que finalement ces 3 mois ça a servi parce que t'es là ça doit être beaucoup d'émotions qui sortent d'un seul coup.

  • Speaker #0

    Mais moi j'étais un enfant de troupe très terrible je sais pas mais pourtant t'étais un enfant cadré à la maison exactement mais je crois que c'est un peu à cause de ça Oui.

  • Speaker #1

    C'est le fait de ne pas accepter de pourquoi vous m'avez amené là alors que je n'ai pas demandé ça ?

  • Speaker #0

    Voilà, et aussi comme j'étais couvé et tout ce que je devais faire, on me le disait. Quand je suis venu au Britannique, j'étais plus très assidu dans les études et j'ai commencé à développer ce côté-là un tout petit peu rebelle, un tout petit peu aventurier et marginal. Donc, chaque année, je partais en prison. Chaque année, parce qu'on a des prisons là-bas au Britannique.

  • Speaker #1

    J'étais pas prêt à ça dans cet épisode. Je m'attendais pas à ce qu'il me raconte tout ça. Tu vas dans la prison.

  • Speaker #0

    Chaque année, parce qu'on a une prison là-bas pour le camp. En fait, le Britannique militaire est dans le camp des Monts-Marguerites, le camp des militaires. Et on partage la prison là-bas. Donc si tu déconnes, si tu fais des bêtises, si tu pars pas en cours, si tu fais des bêtises en gros, on t'emmène en prison. Moi, chaque année, je partais en prison. Mais pour des dingueries.

  • Speaker #1

    Tu sais que ça, ça va être un réel sur Instagram. Je vais commencer le réel avec ta phrase où chaque année, je partais en prison. Les gens vont dire mais qu'est-ce qu'il a fait lui ?

  • Speaker #0

    Non, mais je donne juste une anecdote. Un jour, moi, je voulais faire des recherches. sur internet c'était plus sur Encarta je sais pas si je te rappelle je vais faire des recherches sur Encarta donc pour faire des recherches sur Encarta tu dois aller à la salle informatique et pour aller à la salle informatique tu dois aller demander la permission à la direction des études donc moi je pars à la direction des études Ils ne me donnent pas la permission. Je dis, mais moi, je veux faire des recherches pour mes études. Et vous me dites non. OK, j'attends 2h du matin.

  • Speaker #1

    Ça commence mal, cette histoire.

  • Speaker #0

    J'attends 2h du matin. Je pars choper les baldequins, ce sont les bars là pour armoires. Ouais. Et je pars défoncer la salle informatique.

  • Speaker #1

    Il est là, il est là.

  • Speaker #0

    Je pars défoncer la salle informatique, je rentre tranquillement et j'ouvre mon encartable pour faire mes recherches.

  • Speaker #1

    Tu étais seul dans le noir.

  • Speaker #0

    Seul dans le noir. Et j'ouvre mon encartable pour faire mes recherches. Et là, il y a deux soldats qui passent et ils voient la lumière de l'écran. Et ils rentrent, ils me chopent là-bas. Ah là là, j'ai passé. Et c'était compliqué.

  • Speaker #1

    Ouais, non, j'imagine.

  • Speaker #0

    C'est compliqué. Donc du coup, avant de m'emmener en prison, ils m'ont tabassé. Ils m'ont tabassé. C'était en décembre, il faisait froid. Ils m'ont jeté des sauts d'eau, ils m'ont fait rouler par terre, etc.

  • Speaker #1

    Froid de Saint-Louis là-bas.

  • Speaker #0

    Non mais de somber. Je me rappelle, j'étais en short comme ça, t-shirt. Ils se sont défoulés sur moi. Après, ils m'ont emmené en prison pour huit jours.

  • Speaker #1

    Huit ?

  • Speaker #0

    Et la prison, il n'y a pas de matelas là-bas. Il n'y a pas de moustiquaire. On dirait qu'ils élèvent des moustiques là-bas. Il n'y a pas de moustiquaire. Tu te couches à même le sol.

  • Speaker #1

    Huit jours ?

  • Speaker #0

    Huit jours. Et tu manges les restes de tes copains qui sont à l'école. Donc, huit jours en prison comme ça.

  • Speaker #1

    Oui, mais tu l'as cherché aussi, toi aussi. Deux heures du matin, le gars, il va te défouler. Ah oui, vous ne voulez pas que j'étudie ? D'accord, il n'y a pas de problème.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Oui. Mais toi, tu es fou. Toi, tu sais que tu as l'armée. C'est là-bas même, tu dis, ce n'est pas grave, je vais défoncer la porte.

  • Speaker #0

    Oui. Et série sur le gâteau. on m'amène en prison. Donc, je fais deux jours là-bas et ça m'a saoulé, en fait. Je me suis dit, OK, attendez, vous allez voir.

  • Speaker #1

    C'est ça ce que tu vas raconter, parce que là, si tu me racontes une dinguerie, moi, je sors de la pièce.

  • Speaker #0

    Attendez, vous allez voir. Et donc, je fais quoi ? Je m'évade. je vais arrêter le podcast ici c'est bon merci Mohamed d'être revenu tu t'évades je m'évade et c'est pour ça jusqu'à présent on m'appelle Tounki Schofield on m'appelle Tounki Schofield au Pritamilter Il y a un journal qui s'appelle Vête, voix de l'enfant de troupe. On m'a présenté il y a deux ans. Moi, j'ai quitté le Britannique en 2010. On m'a présenté le journal il y a deux ans. Et il y avait un élève qui racontait cette histoire.

  • Speaker #1

    La légende. C'est devenu une légende au Britannique. Vous savez, il y a le Rangale. Les potes.

  • Speaker #0

    Waouh ! Donc, oui, j'étais quand même assez terrible.

  • Speaker #1

    tu fais quand même 7 ans C'est temps là-bas.

  • Speaker #0

    C'est temps.

  • Speaker #1

    Tu finis. Qu'est-ce que tu fais après ?

  • Speaker #0

    Alors, je finis. Je pars en France. Ouais. Poursuivre la communication des entreprises. option publicité.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc toi, tu voulais t'orienter, on va dire, dans du marketing, à peu près.

  • Speaker #0

    En fait, je ne voulais pas initialement cette formation. D'accord. Moi, je voulais juste quitter le Sénégal.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc toi, ton envie de foncer ?

  • Speaker #0

    Je veux partir du Sénégal ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    L'option qu'on me donne, c'est ça ? C'est ça,

  • Speaker #1

    exactement. Ok. C'est ça. Donc, moi, initialement, j'ai toujours voulu faire de l'informatique. Donc, je ne pouvais pas.

  • Speaker #0

    On l'a compris que tu voulais faire de l'informatique. Le gars, à 2h du matin, il a défoncé l'info, mais oui.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc, je ne pouvais pas parce que c'était le bac L, en fait. Oui. Le bac L. Je ne peux pas. pas faire de l'informatique en France. Donc je suis parti faire la communication des entreprises, option publicité, mais je ne me sentais pas à ma place en France. Chaque fois quand je me réveille, je sens que je ne suis pas chez moi. C'était dur, voilà étudiant, t'as pas de bourse, tu travailles pas, donc t'es en galère, tu suis une formation que tu n'aimes pas.

  • Speaker #0

    donc voilà t'es arrivé dans quelle ville en France ?

  • Speaker #1

    Paris Direct Paris Direct ok ouais Paris Direct t'imagines Paris en plus de Paris tu quittes Saint-Louis le Britannique militaire pour arriver à dans Paname tu dis oh la la ouais non c'est ça c'est ça donc quand j'ai eu mon BTS Là, je me suis dit, c'est bon, je rentre.

  • Speaker #0

    Tu rentres à Dakar ?

  • Speaker #1

    Je rentre à Dakar. D'accord. Ma mère m'achète le billet aller-retour, parce qu'elle croyait que j'allais retourner. Et je suis venu, je lui ai dit, moi, la France, c'est fini. Je reste ici. Et après, j'ai suivi ma passion, l'informatique. Parce qu'ici, à l'école Dakar Bourguiba, tu pouvais faire l'informatique.

  • Speaker #0

    Malgré que tu n'aies pas fait un bac scientifique.

  • Speaker #1

    Exactement. Après, on m'a averti, on m'a dit, écoute, il y a l'électricité, il y a les maths, etc. Mais comme j'étais vraiment très passionné par l'informatique, je me suis dit, je vais me donner les moyens pour y arriver. Et c'est comme ça que j'ai eu ma licence. Après, je suis parti à l'IAM pour suivre mon master en génie cloud. Donc voilà, après j'ai eu mon master en tant que master génie cloud.

  • Speaker #0

    Ok. Et dans toute cette période-là ? parce qu'il faut qu'on arrive forcément à moi ma curiosité pendant toute cette période là à aucun moment tu approches l'alpinisme de près ou de loin jamais donc tu finis ton diplôme ici ton diplôme fini est-ce que tu vas dans le marché du travail ici ou tu repars ?

  • Speaker #1

    alors mon diplôme je l'ai fait en même temps que je travaillais À la Sonatel.

  • Speaker #0

    D'accord, donc tu avais déjà un emploi ?

  • Speaker #1

    Oui, j'avais déjà un emploi. D'accord. Donc j'ai travaillé à la Sonatel pendant deux ans. Ouais. Donc j'ai passé des commissions de recrutement, parce que j'ai été recruté en CDD. D'accord. Donc j'ai passé des commissions de recrutement pour passer en CDI. Sauf qu'au dernier entretien, le DG me dit, mais vous, vous n'avez pas encore soutenu. Effectivement, je n'avais pas encore soutenu à l'époque. Et donc, tu connais ici au Sénégal les diplômes, etc. Si tu n'as pas soutenu, moi, je dis, mais je soutiens normalement dans deux semaines. Je dis, mais voilà, si tu n'as pas soutenu, on ne peut pas te prendre ici en CDI. Donc, je dis, OK, pas de souci. Et donc, mon contrat se termine. Et maintenant, avec un peu de recul, c'était une chance. En fait, c'était Dieu qui fermait une porte pour... pour en ouvrir une autre. Parce qu'après, une banque de la place, MicroCred, m'a recruté en tant qu'ingénieur système. Et là-bas, j'utilisais une solution cloud qui s'appelle AWS. Il était très convoité. Donc là-bas, j'étais en CDI, donc une solution qui était très convoitée. Et j'ai eu un pote qui m'a parlé d'une certification sur cette... Cette solution. Et comme moi, tout le temps, j'essaie de monter en compétence, d'être plus performant dans mon domaine.

  • Speaker #0

    Comme tu l'as dit, comme tu as appris au Britannique.

  • Speaker #1

    Savoir pour mieux servir.

  • Speaker #0

    Savoir pour mieux servir, exactement.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc je me suis dit, ok, je vais essayer de passer cette certification. Sauf que cette certification, je ne pouvais pas la passer au Sénégal.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Tu pouvais faire les cours à distance. Donc, c'est des cours que tu achètes toi-même en ligne. Tu lis la documentation aussi de la solution, etc. Mais si tu veux passer la certification, tu dois partir en France. Et à l'époque, j'avais un maigre salaire. Un salaire, je ne pouvais pas me payer un billet.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas ce salaire qui peut te permettre de payer un billet, le logement quand tu vas aller là-bas, la nourriture.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    exactement. Il y a toute une logistique.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Et donc, ma mère m'a aidé. Des mamans, des soeurs, des mamans. Ma soeur aussi qui est en France m'a aidé. Et j'ai économisé un tout petit peu pour passer la certification. Autant se dire que j'avais quand même la pression.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Si tu dois partir en France pour faire un examen, qui va juste durer une heure de temps.

  • Speaker #0

    Et qu'on paye tout ça pour que tu ailles le faire, tu as intérêt à le...

  • Speaker #1

    Voilà. Et donc, je me suis donné les moyens pour avoir cette certification et je suis parti. Masha'Allah, alhamdoulilah, je l'ai réussi. Je suis revenu au Sénégal et là, je poste ma certification sur LinkedIn. Et j'oublie. Une semaine après, il y a un gars qui me contacte sur LinkedIn. Il me dit oui, est-ce que ça vous dit de venir sur Paris travailler en tant qu'ingénieur cloud ? Moi je dis mais attends, ces brouteurs-là...

  • Speaker #0

    C'est béninois là. Bon, je carrel.

  • Speaker #1

    Ils sont même sur LinkedIn. Donc je lui dis, écoutez, why not ? On peut se faire l'entretien quand vous voulez. Et le soir même, on fait l'entretien.

  • Speaker #0

    Et Dieu.

  • Speaker #1

    Ça a duré 15 minutes. Le gars, il a validé mon profil. Raphaël Haïk, je te salue. C'est le boss. Ça va être mon futur boss. Il a validé mon profil et il m'a dit écoute, t'as absolument rien à faire. Nous, on va faire les démarches pour toi, autorisation de travail, etc. Toi, tu pars juste à l'ambassade, tu déposes tes papiers et tu auras ton visa. Donc c'est comme ça que je suis reparti en France. Et j'ai pratiquement multiplié mon salaire de microcréd par 11.

  • Speaker #0

    On est en quelle année quand tu repars en France ?

  • Speaker #1

    Quand je repars en France, on est en 2017.

  • Speaker #0

    2017, ok. Et comme tu le dis tout à l'heure, tu te rends compte que si cette fenêtre d'orange ne s'était pas fermée... tu n'aurais pas vécu ça,

  • Speaker #1

    tu serais resté dans ton quotidien d'Orange en tout cas Orange il n'utilisait pas la solution innovante là il n'utilisait pas ça donc effectivement voilà donc tu repars en France parce

  • Speaker #0

    que tu as été débauché au Sénégal pour venir travailler en France c'est ça,

  • Speaker #1

    et moi dans mon entourage Je n'ai jamais vu ça.

  • Speaker #0

    Mais je n'ai jamais vu ça moi non plus. On a débauché quelqu'un au Sénégal pour dire « mon gars, viens bosser chez nous » .

  • Speaker #1

    Alors que je n'avais pas beaucoup d'expérience.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu avais cette certification qui est recherchée.

  • Speaker #1

    Exactement, j'avais cette certification-là.

  • Speaker #0

    Donc tu repars en France. C'est quoi le sentiment de tes parents quand tu repars en France ?

  • Speaker #1

    Mes parents...

  • Speaker #0

    Parce que tu sais, quand tu es parti la première fois, tu n'as pas aimé.

  • Speaker #1

    tu es revenu parce que tu as pas aimé mais quand tes parents tu leur dis bon je j'ai eu un boulot en france je pars ah non mais ils étaient hyper content pour moi ouais parce qu'ils savaient que voilà je m'étouffais un tout petit peu dans ce que je faisais d'accord certes voilà j'étais dans l'info ça ça ça me plaisait mais je voulais un peu toujours plus d'accord j'ai voulu toujours plus et quand ils ont su que voilà j'ai été débauché très content et il savait que cette fois ci ça allait différent ouais ça avait une autre une autre expérience pour d'accord 2017 tu repars tu repars sur paris ouais sur paris sur paris on le boulot tout se passe bien tout tout se passe très très très bien parce que bah j'étais à l'aise financièrement c'était pas des pattes pendant des mois exactement donc j'étais à l'aise financièrement donc je pouvais déjà explorer, m'épanouir un peu plus. J'étais aussi très à l'aise dans la boîte. J'ai rapidement gravi les échelons pour être manager dans la boîte au bout d'un an. J'ai eu des collègues aussi super sympas. Il y avait ma sœur qui était en France avec qui je faisais pas mal de choses. Donc oui, c'était différent.

  • Speaker #0

    Jusque-là, tout va bien. maintenant Mohamed il faut que tu m'expliques à quel moment dans tout ça là quand tout roule tout va bien à quel moment ton cerveau se dit bon si on allait gravir une petite montagne là comment ça arrive

  • Speaker #1

    Comment ça arrive ? Alors, j'ai mon beau-frère qui fait du ski. Donc, il fait du ski et il m'a invité un jour à faire du ski.

  • Speaker #0

    Ton beau-frère, c'est un Français, un Pénégalais ? C'est un Français,

  • Speaker #1

    oui. Il fait du ski, donc il m'a invité. C'est pour ça. Oui. C'est ça. Il m'a invité à... à faire du ski avec lui dans les Alpes.

  • Speaker #0

    Tu n'en avais jamais fait ?

  • Speaker #1

    Je n'ai jamais fait.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais comme j'adore l'aventure, je lui ai dit why not ? Ouais. Et donc, comme ça, on part. On part, voilà, en voiture. Et là, on s'approche de la chaîne des Alpes. Ouais. Et je vois au loin les montagnes qui approchent. Mais c'est juste incroyable.

  • Speaker #0

    C'est juste... Alors, je mets un temps d'arrêt parce que, effectivement, c'est incroyable. En plus, en hiver, tout blanc. Et en plus, surtout... Quand tu es un Sénégalais, je ne vais même pas dire un Sénégalais, quand tu es un Africain et que tu n'as jamais vu ce type de paysage, quand tu le vois la première fois, c'est tellement loin de ce que tu as vu dans ta vie.

  • Speaker #1

    Effectivement.

  • Speaker #0

    La chose la plus haute que tu as vue, c'est le phare des Mamelles.

  • Speaker #1

    Ça, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Mais quand tu vois, c'est tellement majestueux, c'est tellement beau, c'est tellement... extraordinaire que en fait quand tu m'as dit ça j'ai imaginé tes yeux mais c'est ça tu vois j'ai imaginé tes yeux j'ai imaginé tes émotions tu sais quand tu vois les premières montagnes au loin et puis quand tu vois que plus tu t'approches plus ça monte en fait mais c'est ça exactement donc

  • Speaker #1

    j'étais là émerveillé voir ces mastodontes là tu vois c'est bloc de pierre. Et j'étais fasciné. J'étais fasciné par ça. Fasciné et intimidé aussi.

  • Speaker #0

    Ouais, exactement.

  • Speaker #1

    Intimidé. Je me sentais vraiment petit. Et voilà, c'est l'adrénaline, ça m'a encore plus stimulé. Et donc là, je passe un séjour magnifique. Je prends un cours sur trois jours de ski. Ça se passe très bien. et Dans la station, les deux Alpes, on peut monter jusqu'à 3200 mètres d'altitude sur un glacier. Et donc, je suis monté jusqu'à 3200 mètres d'altitude, pas avec les skis, mais juste histoire de visiter en fait cette zone-là. Et là, je vois le Mont Blanc au loin. Donc, ils ont des affiches pour dire, voilà, tel pic, ça s'appelle comme ça, tel pic, ça s'appelle comme ça. et là je vois au loin le Mont Blanc. Et mon père, il m'a parlé du Mont Blanc quand j'étais petit. Ah oui, bien sûr. Il m'a parlé du Mont Blanc et voilà, les souvenirs viennent, etc. Et comme j'aimais ce que je voyais, j'aimais ce que je ressentais aussi et j'aimais l'aventure, je me suis dit, comment explorer le Mont Blanc ?

  • Speaker #0

    Mais quand tu fais cette... Cette montée où tu aperçois le Mont-Blanc, ça reste un parcours touristique.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Donc ça, c'est une montée où tu es accompagné avec un guide. Tu n'es pas avec des équipements particuliers.

  • Speaker #1

    Non, tu prends les téléphériques. Exactement. Tu ne portes pas de ski. C'est juste très touristique.

  • Speaker #0

    Et donc toi, tu montes, tu aperçois le Mont-Blanc, le public du Mont-Blanc. Et surtout que... Aussi pour que les... Je veux pas dire de bêtises pour que les gens comprennent. Toi, tu es dans les Alpes. Le Mont Blanc, c'est Massif Central, non ?

  • Speaker #1

    Non, non, non, c'est dans les Alpes.

  • Speaker #0

    C'est dans les Alpes, Mont Blanc ? Massif Central, c'est quelle montagne qui est dans le Massif Central qui est hyper haute ? J'ai oublié, j'ai oublié. Bon bref, tu vois le mont et là, tu tombes amoureux.

  • Speaker #1

    Ouais, je tombe amoureux, je tombe amoureux. Là, je me dis, il faudrait que je fasse quelque chose avec cette montagne. Et c'était l'alpinisme, quoi. Parce qu'avec l'alpinisme, tu prends ton temps, tu explores, tu ressens, tu es en symbiose avec la montagne. Donc je me suis dit, juste descendre les pistes, ça ne me suffit plus. Maintenant, il faudrait que je commence à gravir les montagnes.

  • Speaker #0

    Il est fou. Donc là, tu redescends avec cette idée en tête. Est-ce que le Mont Blanc, c'est la première montagne que tu escalades ?

  • Speaker #1

    La première montagne.

  • Speaker #0

    C'est la première ?

  • Speaker #1

    C'est la première.

  • Speaker #0

    Le Mont Blanc, c'est combien d'altitude ?

  • Speaker #1

    4810.

  • Speaker #0

    4810 mètres. Donc, entre ce moment où tu le vois et ton ascension du Mont Blanc, il y a combien de temps ?

  • Speaker #1

    Il y a deux ans.

  • Speaker #0

    C'est ça, deux ans. Comment tu te prépares à ça ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, les gens pensent que je suis un casse-cou, que je vais comme ça à la fleur au fusil, mais pas du tout.

  • Speaker #0

    Ah non, non, moi, pour avoir regardé tes stories, pour avoir regardé ton contenu, je dis que tu te prépares méticuleusement à chacune de tes escalades.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Donc, moi, si j'ai un projet comme ça, je me prépare en fonction du projet parce que il y a par exemple sur les ascensions, tu peux avoir des ascensions beaucoup plus techniques que d'autres, des ascensions qui demandent une forme physique beaucoup plus solide. D'accord. Donc le Mont Blanc, c'était un peu des deux.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc le Mont Blanc, comme c'est haut, il faudrait se préparer à l'altitude. Oui. Il faudrait aussi préparer son corps. Parce qu'en fait, quand tu te prépares à faire une ascension, moi, en tout cas, comment je me prépare ? C'est sur deux volets. Sur le mental et sur le physique. Donc, sur le physique, c'est déjà renforcer mon cardio. Donc, en quoi faisant ? En faisant des courses. des courses très longues, des fois, des fractionnées pour faire travailler le cœur, etc. Et aussi, faire beaucoup de renforcement musculaire au niveau des jambes. D'accord. Parce que sur la montagne, ce sont tes jambes qui te...

  • Speaker #0

    Qui te travaillent le plus.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Et comme sur la montagne, tu ne cours pas, tu marches, donc faire aussi beaucoup de randonnées pour s'entraîner. Donc c'est comme ça que je me prépare physiquement. Et mentalement, faire beaucoup de visualisations. D'accord. Donc je fais pas mal de visualisations. Je prie aussi beaucoup. Parce qu'il y a des choses qu'on ne contrôle pas. Il y a des choses, c'est du domaine de Dieu. Donc je prie beaucoup, je visualise. Je me visualise très souvent en train de gravir la montagne. Je vois les passages, par exemple, quand je fais mes recherches sur YouTube, etc. Je vois les passages, je me visualise en train de passer ces passages-là avec succès. Et c'est comme ça que je me prépare mentalement.

  • Speaker #0

    Parce que là, tu le dis avec l'expérience, mais quand tu fais ces deux ans entre le moment où tu vois la montagne et le moment où tu fais l'ascension de la montagne, est-ce que tu as quand même des... des professeurs, des gens qui t'apprennent, qui te parlent de leur expérience ? Est-ce que tu... Tu vois, j'ai vu le documentaire d'Innoxtag, tu vois, sur son ascension qu'il a faite. Lui, c'est l'Everest, c'est bien ça ? Je ne dis pas de bêtises. On voit qu'il s'est préparé pendant un an, plus d'un an, il a fait des petites montagnes, il a fait des choses comme ça. Est-ce que toi... Tu t'entraînes sur des petites montagnes, des choses comme ça, avant de faire l'ascension du Mont Blanc ? Ou est-ce que tu vas direct et tu fais le Mont Blanc ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Direct, je fais le Mont Blanc. Alors, ce que tu dois savoir, c'est que j'ai tenté une première fois l'ascension du Mont Blanc en groupe.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et on n'est pas arrivé au sommet.

  • Speaker #0

    D'accord. Ça, c'était dans les deux ans ?

  • Speaker #1

    Non, juste avant mon ascension en solitaire.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, je me suis dit que comme c'est la première ascension et je veux vraiment plus tard faire de l'alpinisme. Je vais m'inscrire à un stage d'alpinisme pour après faire le Mont Blanc en groupe. Comme ça, je vais apprendre les bases de l'alpinisme afin de maximiser mes chances pour être un alpiniste. D'accord. Donc, c'était un stage de six jours. Donc, quatre jours où vous évoluez sur plusieurs types de terrain, roches, glaces, etc. Et après, les deux derniers jours, vous tentez l'ascension du Mont Blanc.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, j'ai d'abord eu cette première expérience. Et les quatre jours se sont bien passés. Donc, j'ai beaucoup appris. Donc, comment évoluer sur la montagne, comment planter son piolet, mettre les crampons, etc. Et après, on n'est pas arrivé au sommet parce qu'il y avait une tempête. D'accord. Parce que voilà, il faut savoir que sur la montagne, le danger objectif qui vient très souvent, c'est... Il y avait une tempête, donc on est redescendu.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et quand on est redescendu, je me suis refait un tout petit peu le film de cette expédition. Et j'ai vu qu'il y avait deux choses qui me dérangeaient. Le fait d'être encordé à quelqu'un. Parce que quand tu évolues sur les glaciers, il faudrait que tu t'encordes à quelqu'un pour limiter les risques quand tu chutes.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Parce que sur les glaciers, tu as des crevasses, ce sont des trous, des fissures sur les glaciers qui peuvent... descend jusqu'à 100 mètres de profondeur. Et si tu tombes, si t'es pas encordé, tu tombes et c'est fini.

  • Speaker #0

    Tandis que si tu es encordé, le poids des autres te retient, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Exactement. Donc si tu t'encordes à ton compagnon, voilà, il peut te retenir. Sauf que j'ai vu dans notre expédition qu'il y a des passages, même si c'est bombardier. ou Balaguer qui te retient, qui essaie de te retenir, il peut pas. Tu l'emmènes dans ta chute. Donc moi, je me suis dit que je veux pas avoir cette responsabilité-là et je tombe de tuer quelqu'un, d'emporter quelqu'un avec moi. Donc ça, ça me dérangeait. Et aussi, on passait sur des parois très abruptes. Et je voyais qu'il y avait des... parmi mes compagnons de cordée des gens qui pouvaient pas passer ces passages là parce qu'ils avaient peur donc quand tu as ton compagnon de cordée qui peut pas avancer c'est frustrant et vous êtes obligé de redescendre parce que tu vas pas le laisser là bas donc je me suis dit c'est là où je me suis dit que bon ok être en groupe c'est bien parce que ça aussi c'est côté positif Merci. mais je vais tenter l'ascension seul je vais tenter l'ascension seul et si je réussis l'ascension ça sera moi si je choue,

  • Speaker #0

    ça sera moi je vais réussir c'est ça mais quand tu décides de partir dans cette aventure seul tu le dis à ton entourage ?

  • Speaker #1

    pas sur le champ j'ai attendu J'ai attendu d'arriver à Chamonix, qui est le camp de base de village du Mont-Blanc, pour dire à mon père et ma mère mon projet.

  • Speaker #0

    Et comment ils ont réagi ?

  • Speaker #1

    Ah, mon fils, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Qui t'a envoyé ? Qu'est-ce que tu cherches ? Est-ce que tu es malheureux ? Qui t'a brisé le feu ? Non, mais...

  • Speaker #0

    c'est normal parce que c'est tellement loin de nos réalités ici et quand tu fais, en plus si je ne dis pas de bêtises c'était en hiver, toi tu le fais le Mont Blanc,

  • Speaker #1

    il y a encore de la neige oui il y avait encore de la neige mais cette ascension là, c'était une ascension spéciale, très spéciale Pourquoi ? Quand je suis parti faire mon bourgon solitaire, il faisait excessivement chaud.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Donc tous les guides, ils ont annulé leur expédition parce que la montagne n'était pas clémente. Il y avait beaucoup de morts cette saison-là. Il y avait beaucoup de...

  • Speaker #0

    Et lui, il y va.

  • Speaker #1

    Il y avait beaucoup de morts cette saison-là. Et il y a sur le Mont-Blanc un passage qu'on appelle le couloir du goûter ou le couloir de la mort. En fait, c'est un couloir. qui a beaucoup de chutes de pierre. D'accord. Parce que quand il fait chaud, le permafrost de la montagne, en fait, le permafrost, c'est la glace qui retient les rochers. Oui. Fond. Donc, du coup, il y a d'énormes blocs de pierre qui tombent.

  • Speaker #0

    Qui tombent, forcément.

  • Speaker #1

    Et sur le couloir de Goutté, il y avait des blocs de pierre qui tombaient, mais chaque 15 minutes,

  • Speaker #0

    quoi. OK.

  • Speaker #1

    Et donc ça, c'était inédit sur le Mont-Blanc. Donc quand je suis arrivé à Chamonix, tous les guides, ils ont annulé leurs expéditions. OK. Donc là, je pars louer mon matériel parce que je n'ai pas de matériel. Donc voilà, comme c'était mes débuts, je pars louer mon matériel. Et là... Le gars me demande mon projet. Je lui dis que je veux faire le Mont Blanc. Il me dit, mais c'est bizarre, comment ça vous voulez faire le Mont Blanc ? Mais tous les guides ont individuellement des expéditions, comment vous allez faire ? Je lui dis, mais je le fais seul. Il me dit, non, moi je ne prends pas ce risque, je ne peux pas vous louer le matériel.

  • Speaker #0

    Donc toi tu vois un professionnel de la montagne qui lui-même te dit qu'il ne veut pas te louer le matériel parce que c'est trop dangereux ? C'est ça. Mais toi,

  • Speaker #1

    tu vas quand même.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Donc, j'ai négocié. J'ai négocié avec lui. Donc, finalement, il m'a loué le matériel. Parce que moi, en fait, je me dis, OK, il me dit que je risque ma vie, que je vais potentiellement y rester. Oh, mais t'es fou.

  • Speaker #0

    Mais du coup, c'est faux.

  • Speaker #1

    Mais, moi je me dis que les gens en général quand ils disent que tu peux pas faire ça c'est parce que eux ne peuvent pas le faire ou bien ils n'ont pas le courage le gars il me connait pas,

  • Speaker #0

    il sait pas si je suis un professionnel ou pas je te dis que là au 4ème étage je ne peux pas sauter toi aussi tu ne peux pas sauter tu vois ce que je veux dire ouais c'est vrai c'est

  • Speaker #1

    vrai mais moi je me suis dit que Merci. Je vais quand même tenter l'ascension jusqu'à ce que la montagne me dise que ce n'est pas possible. Jusqu'à ce que moi, je vois que ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    En fait, ça t'a tiré trop ?

  • Speaker #1

    Ça m'a tiré trop et j'ai toujours été comme ça. Quand on me dit que ce n'est pas possible, il faut que je vois par moi-même avant de me dire que ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    non mais en fait moi je Je n'arrive pas à comprendre le sentiment de... à quel point ça t'a attiré. Parce que pour que tu aies tous ces voyants rouges, tu fais une première montée. On te dit non, le temps n'est pas bon. Tu reviens. On te dit tous les guides professionnels dont c'est le métier ont annulé leur toute leur montée. Le gars qui te loue le matériel te dit non, je ne te loue pas le matériel parce que là c'est dangereux. Mais malgré tous ces feux rouges... Il y a une force plus grande à l'intérieur de toi qui dit non, je vais quand même y aller. Et c'est ça qui est impressionnant dans ton histoire, c'est ce feu qu'il y a en toi qui a juste envie de non, moi je veux monter, je veux aller voir en haut de ça.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est ça. Parce que je me suis quand même donné les moyens pour y arriver. Et moi, je pense qu'Olivier, tu sais, la vie est régie par des lois. L'univers, la nature, on va dire. Il y a, par exemple, la loi de la gravité. Voilà, sans la loi de la gravité, peut-être qu'actuellement, on serait en train de flotter. Si on est assis là, c'est grâce à la loi de la gravité. Donc, c'est une loi avec qui on... C'est une loi qu'on subit chaque jour. Maintenant, il y a d'autres lois, beaucoup plus subtiles peut-être, qui, si on les transpose dans la vie de tous les jours, peuvent nous aider à atteindre nos objectifs.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    C'est comme par exemple la loi de... de cause à effet qui veut que toute action que tu poses provoque une réaction opposée et égale à cette action donc si par exemple toi tu veux 1 million de dollars il faut poser des actions qui vont t'amener à avoir ce 1 000 euros. Voilà, exactement. Si toi, tu veux atteindre le sommet du Mont-Blanc, tu dois poser des actions qui vont créer une réaction qui fait que tu atteindras le sommet. Souvent, les gens, ils font focus sur juste le but, l'output, le résultat, mais ils ne se disent pas que c'est l'input, ce que tu dois poser comme action. C'est là où tu dois faire un focus. Donc, moi, j'ai fait un focus sur ça. Donc, je me suis donné les moyens pour y arriver. Et je me suis dit, je vais le tenter quand même. Et on va voir si l'univers sera avec moi ou pas.

  • Speaker #0

    Et donc, le matin, tu te prépares, tu prépares ton sac, tu prépares tes affaires. Tu arrives en bas de la montagne, tu la regardes.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Et tu te dis quoi ?

  • Speaker #1

    Je me dis que let's go, let's go. Et là, certes, je ne vais pas te mentir, j'ai eu peur.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Surtout quand le gars m'a dit, je ne peux pas te louer le matériel. Là, j'ai eu peur.

  • Speaker #0

    Mais ta peur, quand tu es en bas et que tu sais que là, c'est parti, on y va ? Ce n'est pas ta peur quand tu prends le matériel, c'est là, quand c'est le matin, que tu es devant et que tu dis, OK, on est parti, c'est là où il y a quand même un sentiment de peur qui arrive quand même un petit peu.

  • Speaker #1

    Mais la peur ne m'a pas quitté depuis que j'ai quitté chez moi.

  • Speaker #0

    D'accord. Parce que je sais que c'est une aventure très risquée. Avant de me lancer dans une expédition, je fais des recherches, je m'en renseigne sur les dernières actualités, etc. Et j'ai vu qu'il y avait beaucoup de morts. J'étais au courant que c'était très risqué. Donc c'est pour ça, la peur ne m'a pas quitté. Mais ce n'est pas une peur qui me... qui me tétanise, qui m'empêche de...

  • Speaker #1

    C'est une peur qui te fait rester alerte.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas une peur qui te fige, qui te bloque, c'est une peur qui, au contraire, te fait rester vif, alerte et attentif à ce qui se passe, parce que tu sais que même une mille erreurs dans la montagne peut être mortelle.

  • Speaker #0

    Exactement. En fait, c'est ça. Et souvent, quand on a peur, c'est parce qu'on se fait beaucoup de scénarios. dans la tête qui probablement dans 99% du temps ne vont jamais se passer. Et la peur pour moi, ça doit être notre ami. On doit travailler main dans la main avec la peur. Parce que comme tu l'as dit tout à l'heure, ça nous aide à être beaucoup plus alertes, beaucoup plus avisés, beaucoup plus responsables aussi. Et souvent dans des moments très dangereux, Euh... Quand on a peur, qu'est-ce qui se passe dans le corps ? Notre système digestif se met au repos. On a un shot d'adrénaline. Nos sens sont plus aiguisés. En une fraction de seconde, on est un sueur. Et donc, si tu es conscient de ça, tu peux utiliser cette peur-là pour sortir d'une situation.

  • Speaker #1

    Pour sortir d'une performance, pour sortir de quelque chose que tu n'aurais jamais fait si tu n'avais pas cette peur-là en toi.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement.

  • Speaker #1

    donc là tu es en bas de la montagne tu es parti,

  • Speaker #0

    let's go je pars, let's go donc moi mon objectif c'était de dormir sur un glacier tout seul pendant deux jours à 3400 mètres d'altitude moi mon objectif c'est de regarder le match de

  • Speaker #1

    foot dimanche c'était dormir tout seul, deux jours sur un glacier, à combien de mètres d'altitude ?

  • Speaker #0

    3400 mètres

  • Speaker #1

    3400 ?

  • Speaker #0

    Oui, 3400 mètres d'altitude. Et il y avait un passage qui me faisait particulièrement très peur, c'était l'arête de l'aiguille du midi. C'était une petite arête, la taille de deux bananes, comme ça, et à gauche, tu as 1000 mètres de dénivelé. à droite tu as 300 mètres de dénivelé et tu dois marcher comme ça si tu flanches c'est fini pour toi et c'est comme ça 400 mètres jusqu'à 400 mètres plus loin donc une petite tarête comme ça cette tarête vraiment elle m'a empêché de dormir pendant des jours ah non bien sûr,

  • Speaker #1

    toi tu l'as visualisé tu l'as prévisualisé

  • Speaker #0

    Surtout aussi, je suis passé par là.

  • Speaker #1

    Oui, de ta première...

  • Speaker #0

    Exactement, exactement. Donc vraiment hyper exposé. Donc je passe par là. Et alhamdoulilah, je passe l'arête. Donc je rejoins le glacier.

  • Speaker #1

    Combien de temps entre le bas de la montagne et le moment où tu arrives ?

  • Speaker #0

    Alors, pratiquement une demi-journée. Donc, j'arrive sur le glacier. Donc, je monte ma tente au milieu du glacier. Je vois des alpinistes qui ne faisaient pas le Mont-Blanc, mais qui faisaient d'autres courses parce que personne ne faisait le Mont-Blanc. Et donc, voilà, on se parle un tout petit peu, on se raconte un tout petit peu nos vies. Et eux, ils me parlent de leur projet, je leur parle de mon projet. Ils me disent la même chose. Ils me disent, écoute, laisse. Nous, on voulait le faire, mais on a laissé. Donc, laisse quoi. Je leur dis, OK, pas de souci, merci pour le conseil. Mais dans ma tête, je savais que...

  • Speaker #1

    En plus, les gars, ils doivent le dire. Il y a un noir sur la montagne ? Après, ils viennent voir... C'est d'où ? Sénégal. Ah, vous avez beaucoup de montagnes ? Ah non, on n'en a pas du tout. Mais qu'est-ce qu'il fait là, lui ?

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça, exactement. Mais je passe une nuit magnifique. Une nuit magnifique. Déjà la nuit, le ciel était... Les toiles. ...contelé d'étoiles. Un silence. Je croirais dans un temple. Tu vois les montagnes qui sont autour de toi. tu es seul et là, tu sens la présence de Dieu. Peut-être les musulmans vont l'appeler Allah, les chrétiens vont l'appeler comme ils veulent, les bouddhistes comme ils veulent. Exactement. Et donc, du coup, tu sens carrément la présence de Dieu. et tu sais Comme je disais tout à l'heure, il y a des choses sur la montagne que tu ne peux pas contrôler. Et il y a Albert Einstein qui disait, avant de mourir, il avait écrit un texte, il a dit que tout est déterminé, le commencement comme la fin, par des forces sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle. Le chemin est tracé, pour l'insecte comme pour l'étoile, être humain, plante ou poussière cosmique. Nous dansons tous sur un air mystérieux, joué au loin par un artiste invisible. Donc lui qui était athée.

  • Speaker #1

    Lui qui était athée, lui qui était un scientifique.

  • Speaker #0

    Un scientifique. Il a écrit ce texte avec la science. Il y a quand même quelque chose...

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose d'invisible qui nous guide.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et qui est plus grand que nous.

  • Speaker #0

    Qui est plus grand que nous, voilà. Donc ça, je le sens en permanence sur la montagne. Et des fois, je suis dans des passages très compliqués ou bien un niveau de fatigue très avancé sur certaines expéditions. Et il y a juste des choses que je ne peux pas contrôler, donc je me laisse aller, entre guillemets. Je laisse tout dans les mains de Dieu. C'est un peu comme le marin qui est dans une tempête. Des fois, il atteint le moteur où il baisse ses voiles et...

  • Speaker #1

    Et bismillah.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Ou bien le nomade qui est dans le désert et qui reçoit une tempête de sable, il se met en boule et il attend que ça passe. Donc, ouais. C'est un peu ça.

  • Speaker #1

    Et donc, tu fais deux nuits ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, ta première nuit, tu arrives, tu t'installes, tu fais la première nuit. Qu'est-ce que tu fais la journée, avant la deuxième nuit, avant de terminer l'ascension ? Tu fais quoi la journée à ce niveau-là ?

  • Speaker #0

    Alors, je fais quelques pics par ma climaté. D'accord. Donc, je monte quelques pics, je redescends pour laisser mon corps s'habituer à la montagne. Ce qu'il faut savoir, c'est que... En montagne, il y a moins d'oxygène. Ce n'est pas qu'il y a moins d'oxygène, mais la densité de l'air diminue. Donc, il y a moins de molécules d'oxygène dans l'air que l'on respire. Et quand c'est comme ça, le corps réagit. Donc, il se dit, là, ça, ce n'est pas normal. Donc, qu'est-ce qu'il faut ? Je vais essayer d'accélérer le rythme cardiaque pour pomper le sang. C'est pour ça que tu es essoufflé sur la montagne. et donc du coup le corps humain il réagit comme ça et ton terrain se crée de l'EPO donc l'EPO qui va favoriser la création de globules rouges et ce sont les globules rouges qui captent l'oxygène pour que tu puisses alimenter ton corps, ton coeur voilà exactement et ça, ça prend du temps et tu le fais Merci. de manière progressive, en marchant en altitude, en essayant de faire des pics, de faire des efforts mesurés. C'est comme ça que tu t'acclimates. D'accord. Voilà.

  • Speaker #1

    Donc pendant une journée, tu fais des pics, tu reviens à ton camp de base, tu refais des pics, tu vas à ton camp de base. En gros, c'est une journée, je vais dire un petit peu palier, pour que... C'est un petit peu comme les gens qui font de la plongée. Tu as des paliers où tu dois décompresser. des palettes de décompression, c'est un petit peu ça. C'est s'acclimater à être moins essoufflé, à ce que le corps réussisse à mieux s'oxygéner et à se préparer à la dernière ascension.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et la dernière ascension, parce que là, tu m'as dit que tu es à 3

  • Speaker #0

    400 mètres.

  • Speaker #1

    Et la dernière ascension, c'est combien de mètres ?

  • Speaker #0

    Je devais quitter 3 400 mètres pour aller rejoindre le camp de base. c'est un refuge qui s'appelle Tête-Rousse donc qui est à 3000 3002 donc tu redescends pour rejoindre le refuge de Tête-Rousse à 3002 donc le refuge de Tête-Rousse donc je passe la nuit là-bas et quand j'arrive je vois deux gendarmes Parce que le camp de base est contrôlé, le trafic là-bas est contrôlé par les gendarmes. D'accord. Il faut que tu réserves ta place au refuge. Donc, ils sont là pour contrôler ça.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc, je vois ces deux gendarmes-là. Donc, j'arrive, je fais mon check-in. Je me pose, je prends ma soupe. Et je les vois, ils me regardent de loin et ils se parlent entre eux, quoi. Et là, ils arrivent... voilà, ils me parlent, ils me demandent mon nom est-ce que j'ai réservé, etc et mon projet donc je leur dis que je fais le mot blanc et tout, ils me répètent la même chose donc faut pas y aller nous on peut pas vous laisser je leur dis, est-ce que légalement vous avez le droit de m'arrêter voilà,

  • Speaker #1

    exactement enfin quand je dis m'arrêter, c'est pas m'arrêter pour que les gens comprennent me mettre en prison, mais m'arrêter mon ascension,

  • Speaker #0

    voilà exactement, ils ont dit non Mais voilà, il me conseille vivement de ne pas y aller. Et moi, quand j'étais dans le refuge, c'est là où j'ai encore plus peur. Parce que le refuge, il est près du couloir du goûter. Oui,

  • Speaker #1

    dont tu nous parlais précédemment.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Donc le couloir du goûter, chaque 15 minutes, chaque 20 minutes, tu entendais des tonnerres. Tu n'entendais que ça. Et pendant toute la nuit, tu n'entendais que ça.

  • Speaker #1

    J'aime bien le mot que tu as utilisé. Tu entends des tonnerres. Ce n'est pas que tu entends des cailloux qui tombent. C'est que tellement la masse des morceaux qui tombent est impressionnante. Ça fait comme un bruit de tonnerre.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. C'est des cailloux la taille d'une voiture.

  • Speaker #1

    Et tu dors à côté de ça. Tu entends ça toute la soirée.

  • Speaker #0

    Toute la soirée. dans toute la soirée. Et donc, bon, autant te dire que je n'ai pas dormi. Je n'ai pas dormi. Et le lendemain, j'avais une longue journée qui m'attendait. Parce que je devais rejoindre le dernier refuge, le refuge du Goutté.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc, le refuge du Goutté qui est à 3 800 mètres,

  • Speaker #1

    je crois. D'accord. Donc, tu es à 3 200 mètres. Tu dois remonter là à 3 800 mètres.

  • Speaker #0

    C'est ça. Exactement. Et du refuge

  • Speaker #1

    de tête rousse jusqu'au refuge du goûter c'est que de l'escalade et c'est pour ça que c'est très important que tu le dises parce que les gens vont faire le calcul et vont dire ah mais c'est que 600 mètres ah non c'est pas 600 mètres à pied que tu fais pour marcher une ligne droite c'est

  • Speaker #0

    600 mètres d'escalade en altitude parce que t'as pas les mêmes performances et c'est 600 mètres aussi où tu t'opères Bye. Parce que c'était pas vraiment balisé. Et comme j'avais pas de guide, donc voilà, pour moi, je vais juste gravir la montagne sans balise, sans passage, sans trace, rien du tout. Donc c'était moi, sans cordes, avec la montagne, pour aller au refuge du côté.

  • Speaker #1

    Et ça te prend combien de temps pour faire ces 600 mètres ?

  • Speaker #0

    Ça me prend combien de temps ? Écoute, ça m'a pris peut-être... 6 heures.

  • Speaker #1

    Ouais. 6 heures. Quasiment 100 mètres par heure.

  • Speaker #0

    Ouais. Parce que je me suis perdu à deux reprises. Et aussi, il y avait le passage. Ouais,

  • Speaker #1

    le premier passage.

  • Speaker #0

    Il y avait le passage du Goûter. Donc, le passage du Goûter qui devait être à 3004. Ouais. Comme ça. Et quand j'arrive au passage, là, j'attends. Donc, je vois, je me cache quelque part. Je vois des fois des pierres tomber. Donc, je suis resté là-bas longtemps parce que j'hésitais. Les pierres, ils ne faisaient que tomber. J'ai même capturé des vidéos que j'ai postées sur Instagram. Et à un moment, je me suis dit, écoute, ce qui doit arriver va arriver.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que je sais que tu es là, je sais que tu l'as fait et tout, mais j'ai l'impression...

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis dit... Ce qui doit arriver, va arriver. Et là, il faut que tu y ailles. Donc, je fais mes prières. J'attends que la dernière vague passe. Et là, j'enchaîne. Tac, tac, tac, tac, tac, tac, tac. Je ne m'arrête pas. C'est sur, je crois, 25 mètres. Et je passe sans cailloux, sans rien. Alhamdoulilah.

  • Speaker #1

    Quand tu dois être passé, que tu as fini le truc de passé, tu dois dire...

  • Speaker #0

    Mais j'ai pensé direct au retour.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. Parce que c'est ça. Après, il va falloir repasser, revenir.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, je pars au refuge du goûter.

  • Speaker #1

    même discours avec l'équipe là-bas faut pas y aller je passe la nuit juste pour que les gens comprennent bien c'est à dire que dans ces différents chalets c'est des petits hôtels

  • Speaker #0

    05 étoiles en montagne,

  • Speaker #1

    c'est des chalets il y a des gens qui sont là-bas toute l'année pour accueillir les gens qui viennent faire des escalades, donc il y a des gens qui sont là qui tiennent les établissements

  • Speaker #0

    C'est les gardiens de refuge. Ils sont là-bas quand la saison des escalades est ouverte. Et ce qu'il faut savoir, c'est qu'en montagne, les ascensions en général se font pendant l'été. D'accord. Parce que la météo est plus qu'aimante, donc tu as plus de chances d'arriver au sommet. Et les ascensions en hiver, on fait les ascensions en hiver aussi. Sauf que c'est plus risqué. Tu as la météo qui n'est pas clémente. Tu as l'eau froide aussi.

  • Speaker #1

    Mais celle que toi tu fais, c'est pendant l'hiver ?

  • Speaker #0

    Non, c'est pendant l'été.

  • Speaker #1

    C'est pendant l'été, d'accord. Tu passes les différents, tu arrives au dernier refuge. Tu fais la nuit là-bas.

  • Speaker #0

    Je fais la nuit là-bas.

  • Speaker #1

    Tu leur dis encore que tu veux faire le Mont Blanc.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. Je leur dis que je veux faire le Mont Blanc. Et même discours, voilà, ils essaient de me retenir et tout. Mais je leur dis que jusqu'à présent, Alhamdoulilah, jusqu'à présent, ça va. Donc moi, j'ai redouté plus le passage du côté. Ouais. À tort, parce qu'après, ce qui va suivre... Je redoutais plus le passage du côté, mais après, ce qui va suivre, c'est beaucoup plus intense.

  • Speaker #1

    Donc, tu as 3 000. Là, tu m'as dit que tu étais à 3 800.

  • Speaker #0

    3 800.

  • Speaker #1

    Et donc, il te reste... Tu m'as dit le Mont Blanc, c'est 4 200.

  • Speaker #0

    4 810.

  • Speaker #1

    4 810. Donc, il te reste 1 010.

  • Speaker #0

    Oui, de dénivelé. OK. Donc, voilà. Les dénivelés, en fait, c'est la distance verticale. Oui. Voilà. C'est la distance verticale. Donc là, je quitte tôt le matin, donc à 3h du matin.

  • Speaker #1

    Seul, 3h du matin, dans le noir.

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc pour espérer arriver au sommet et voir le coucher du soleil.

  • Speaker #1

    Alors tu pars tôt le matin, il y a 1000 mètres, j'allais dire que 1000 mètres de dénivelé, mais malgré que tu pars très tôt le matin, toi ton but c'est de voir le coucher du soleil.

  • Speaker #0

    Le coucher du soleil, oui.

  • Speaker #1

    Donc c'est que tu sais que tu vas mettre la journée ?

  • Speaker #0

    Non, le lever plutôt.

  • Speaker #1

    Ah ok, donc quand tu pars à 3h du matin, c'est pour voir le lever du soleil.

  • Speaker #0

    Le lever du soleil,

  • Speaker #1

    oui. D'accord, ok.

  • Speaker #0

    C'est ça, le lever du soleil. Mais ça m'a pris beaucoup plus de temps à cause de l'altitude.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et parce qu'il y avait des passages aussi très douteux. Tu sais, à partir du refuge du goûter jusqu'au sommet, c'est que des glaciers.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc les glaciers, qui dit glaciers dit crevasses. Et souvent pour passer les crevasses, tu dois passer par des ponts de neige. Donc les ponts de neige, c'est des petits ponts qui traversent la crevasse.

  • Speaker #1

    boy là j'ai dit boy là c'est parce que là là tes parents ils savent que t'as fait tout ça ?

  • Speaker #0

    ouais à peu près ouais des ponts de neige des ponts de neige ouais des ponts de neige et ce qui est un peu fourbe avec ces ponts de neige c'est que Tu ne sais pas l'épaisseur des ponts de neige. Des fois, tu as des ponts de neige qui glissent sous tes pieds et tu tombes dans la crevasse. Des fois, tu as des ponts de neige... Tu as des ponts de neige beaucoup plus solides. Et donc, moi, j'ai vu des ponts de neige. J'ai traversé plusieurs crevasses pour arriver au sommet. Mais il y avait des ponts de neige. J'étais très hésitant parce que, comme je te l'ai dit, j'ai pris du temps. Donc, le soleil s'est levé. Le soleil a commencé à faire fondre la neige. Donc, ce n'était pas très solide. Donc, j'ai pris du temps pour ça. Et j'ai eu quelques mésaventures en sautant les crevasses parce qu'il y avait une crevasse où il n'y avait pas de pont de neige. Donc, je devais sauter la crevasse. Et pour sauter la crevasse, je prends mon élan. Et comme j'ai des crampons, ça me ralentit aussi un tout petit peu. Donc, je me débrouille. Je me débrouille pour sauter la crevasse. Et en sautant. J'ai fait tomber ma gourde. Et du coup, je n'avais pas d'eau.

  • Speaker #1

    Pour la fin de l'ascension.

  • Speaker #0

    Exactement. Et il y avait une longue journée qui m'attendait. Et sur la montagne, la règle d'or, c'est de boire. Il faut boire tout le temps. Quand tu n'as pas soif, tu bois. C'est ce qui t'aide. pour ne pas avoir des mâmes. Les mâmes, en fait, c'est le mal aigu des montagnes. Donc, quand ton corps réagit mal à l'altitude, quand tu t'acclimates pas bien... tu as des symptômes comme des maux de tête, des nausées, tu vomis, tu as des vertiges. Et ça, ça ne va pas aller en s'arrangeant parce qu'il faut impérativement que tu redescendes. Il n'y a rien que tu puisses faire sur la montagne pour pouvoir guérir de ça. Donc ton corps est littéralement en train de mourir.

  • Speaker #1

    Ok. Question qui me vient justement par rapport à ça. est-ce que pendant que tu fais ton ascension Tu as quand même un moyen de joindre des équipes en cas d'urgence ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, tout au fond de moi, j'ai décidé de ne pas appeler les secours, même si j'avais un problème.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Donc toi, tu pars dans ta tête en te disant que s'il y a quelque chose qui ne va pas ?

  • Speaker #0

    Je vais assumer. Ouais. c'est ce qu'on appelle porter ses ah ouais toi dans ta tête tu parles en te disant s'il y a quelque chose j'appelle pas de secours oui parce que ce que je fais quand même c'est très risqué et je veux pas mettre la vie d'autres personnes en danger parce que si je suis dans une situation compliquée les gens qui vont venir me secourir eux aussi ils vont se mettre en danger donc j'assume quoi ok j'assume ok

  • Speaker #1

    Donc tu perds ta gourde qui tombe dans la crevasse.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça, exactement, qui tombe dans la crevasse. Et là, je continue l'ascension. Très compliqué, je suis fatigué, ça fait des heures que je marche. J'ai peur, je saute des crevasses et je n'étais pas venu pour sauter des crevasses. C'est une belle surprise pour moi, sauter des crevasses. Et là, j'arrive enfin au sommet. Voilà. l'émotion. Moi qui pleure jamais, j'ai pleuré. Parce que j'ai pensé à tout ce que j'ai traversé. Et puis c'était quand même dur.

  • Speaker #1

    Et puis t'es seul. Tu vis ce moment-là. C'est toi et la montagne tous les deux.

  • Speaker #0

    Exactement. C'était une chance parce que le Mont Blanc est très fréquenté. Et j'étais seul au sommet. C'était un moment...

  • Speaker #1

    Comment ça se passe ? C'est-à-dire que t'arrives à un moment où... Tu le vois et tu sais que c'est là ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est des montagnes qui en cachent d'autres. Donc chaque fois quand tu penses que là, c'est le sommet, tu montes et là, tu vois encore qu'il y avait un autre sommet. Mais à la fin, oui, j'ai reconnu le sommet du Mont Blanc. Et là, il fallait être encore plus concentré. Oui.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas être dans la joie.

  • Speaker #0

    Exactement. Il ne faut pas être dans la joie parce que c'est avec l'euphorie du sommet comme ça que tu peux faire des erreurs et tomber. Donc, je suis concentré. Et là, au sommet, je me lâche. Je savoure. Mais je ne reste pas là-bas longtemps parce que je sais que je suis pris du retard. Il fait excessivement chaud, le soleil tape et je pense déjà au pont de neige. Oui,

  • Speaker #1

    que tu vas devoir repasser.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Mais avant d'arriver au pont de neige, quand tu sors ce drapeau du Sénégal, que tu es en haut du Mont Blanc, c'est quoi ton sentiment ? Est-ce que tu cries quand t'es là-haut, tout seul ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai crié. T'as crié ? J'ai crié, j'ai tout fait. J'ai dansé, j'ai crié, j'ai prié, j'ai fait le studio, j'ai tout fait. Et un sentiment d'accomplissement.

  • Speaker #1

    Tu te rappelles ce que t'as crié ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai juste crié.

  • Speaker #1

    T'as juste un cri de « ah ! » Ouais,

  • Speaker #0

    ouais, c'est exact. J'ai juste crié, ouais, j'ai juste crié. Donc, oui, un sentiment vraiment d'accomplissement. Je me suis dit, waouh, ils ont douté, ils ont essayé de me retenir, mais je suis au sommet.

  • Speaker #1

    Et pour que les gens réalisent bien, tu es parti de la montagne pour arriver au sommet, ça t'a pris donc trois jours. Parce que tu as fait une nuit d'acclimatation, une journée d'acclimatation, une autre nuit. Donc, on est déjà sur deux nuits.

  • Speaker #0

    Deux nuits d'acclimatation.

  • Speaker #1

    Il y a eu la nuit avant le passage où il y a les... Les cailloux qui tombent ?

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Donc, on est sur trois nuits ?

  • Speaker #0

    Oui, trois nuits. La nuit au refuge du goûter. Oui. Et après, la redescente directe jusqu'au camp de base.

  • Speaker #1

    OK. La redescente, c'est aussi en plusieurs jours ou c'est en une journée la redescente ?

  • Speaker #0

    En une journée.

  • Speaker #1

    OK. Mais donc, avant du bas de la montagne jusqu'en haut, c'est quatre jours ?

  • Speaker #0

    Oui, quatre jours.

  • Speaker #1

    Quatre jours seul dans la montagne ?

  • Speaker #0

    Seul dans la montagne. Oh ! Ouais, 4 jours seul dans la montagne. Exactement. Mais, certes, j'étais très content, il y avait l'euphorie et tout, mais je me suis dit que c'est là où l'ascension commence.

  • Speaker #1

    Le plus dur n'est pas fait.

  • Speaker #0

    Le plus dur n'est pas fait. Parce que le plus dur en montagne, c'est la descente. Pratiquement 80% des accidents se passent à la descente. Parce que souvent, tu as fait le sommet, tu es fatigué.

  • Speaker #1

    t'es fatigué,

  • Speaker #0

    t'es aussi heureux de ce que t'as fait donc tu es trop l'euphorie et moins concentré et techniquement c'est plus dur de descendre une montagne que de gravir une montagne voilà donc un peu plus stressé donc je fais gaffe mais j'étais tellement fatigué et en plus t'as plus d'eau j'ai plus d'eau, j'avais mal à la tête parce que j'ai pleuré donc j'ai plus d'eau pour m'hydrater compliqué. Donc là, je redescends et je vois à ma grande surprise qu'il n'y avait plus de pont de neige solide sur les crevasses parce que tout a fondu. Tout a fondu. Et c'est ce que les alpinistes ils redoutaient. C'est qu'ils me disaient que, ok, certes, il y a le couloir du côté, mais le glacier aussi, il n'est pas stable. Donc là, je suis obligé de sauter de grandes crevasses.

  • Speaker #1

    Avec du matériel sur le dos ?

  • Speaker #0

    Avec du matériel sur le dos. Mais ce que je faisais, c'est je prenais mon sac, j'enlevais mon sac, je le jetais de l'autre côté. Et là, je prenais mon élan, je cours et je saute.

  • Speaker #1

    Et pour que les gens réalisent, comme tu l'as dit, c'est pas comme si tu jettes quelque chose, comme si t'es au niveau de la mer. tu vois, où tu n'es pas essoufflé. Même l'effort de prendre ton sac et le jeter, d'un point de vue fatigue, à ces hauteurs-là, ça doit être un effort.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça. Exactement.

  • Speaker #1

    Toi qui fais un petit peu de la salle, de la musculation, ça équivaut à faire quoi ? À faire du développé couché ? Quand tu prends ton sac et que tu le jettes dans l'effort ?

  • Speaker #0

    Ça équivaut à quoi ? Ouais, un peu de développé couché, un peu de...

  • Speaker #1

    Parce que ça demande de la... J'imagine que ça va demander beaucoup de force, vu que ton niveau d'énergie est bas à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Exactement. En fait, tout ce que tu fais, même un pas, quand tu poses un pas... Ça te demande beaucoup d'efforts.

  • Speaker #1

    Donc, je n'imagine pas courir, sauter des crevasses, jeter le sac.

  • Speaker #0

    Exactement. Avec du stress. Quand tu es à la salle, tu es tranquille.

  • Speaker #1

    Oui, tu as ta musique dans les oreilles.

  • Speaker #0

    Mais avec du stress en plus. D'où l'importance de bien se préparer physiquement et mentalement aussi. Donc là, je saute les crevasses et ça se passe bien. Mais je traverse un passage où il y avait de la neige, mais ça a fondu. Et finalement, ce passage-là, qui est très ponctu, c'était que de la glace. Donc, il fallait désescalader ce passage-là. Et moi, je n'étais pas équipé pour. Donc, pour désescalader ces passages de glace, il faut des piolets pour l'escalade de glace. Moi, j'avais le piolet pour la randonnée glaciaire. Donc, je prends mes crampons. Je plante les crampons dans le glacier. Je plante mon piolet, je redescends, je redescends petit à petit. Mais il y a eu un moment où j'ai vraiment hésité parce que je me suis dit, écoute, là, si tu redescends encore avec ta position, c'est sûr que tu vas glisser. Et juste en bas, il y avait 600 mètres de dénivelé, 600 mètres de précipice, 600 mètres de vide. Et là, je commence à perdre mes moyens. Là, je me dis, wow, Rasoul, là, t'es dans une situation compliquée. J'arrive plus à bouger. Je commençais à trembler. Je commençais à vraiment stresser. Je suis resté coincé sur ce passage-là pendant au moins 30 minutes. Au moins 30 minutes où j'ai resté gainé, accroché.

  • Speaker #1

    Oh là là, ça devait être tellement long.

  • Speaker #0

    Ah, c'est tombé. 30 minutes, hyper fatigué, gainé, sur un passage très abrupt et je n'avais pas les moyens pour redescendre. Et là, je me suis dit, écoute, c'est la fin, quoi. C'est la fin. De toute façon, je suis tellement fatigué que je veux juste que ça s'arrête. Et là, j'étais prêt à me laisser aller. J'étais prêt à me laisser aller. J'ai commencé à réciter mes versets et tout. Et à ce moment-là, la mort, c'était même un soulagement pour moi.

  • Speaker #1

    C'était une délivrance.

  • Speaker #0

    Une délivrance. Merci. Et là, je pense à ma fille qui n'était pas encore née, qui était dans le ventre de sa maman. Et je me suis dit non. Non, je ne peux pas me laisser aller. Ma fille a le droit d'avoir un papa, de grandir avec un papa. Donc je vais me débrouiller pour sortir de cette situation. Et là, je pense à une technique que j'avais vue sur YouTube pour descendre ces parois-là. J'ai eu un shot d'adrénaline et j'essaie cette technique-là et ça marche. Et ça passe. Et ça passe. C'est pour ça que je dis que ma fille m'a sauvé la vie avant même de naître.

  • Speaker #1

    Et elle ne le sait pas encore.

  • Speaker #0

    Elle ne le sait pas encore.

  • Speaker #1

    Elle le saura dans quelques années. Je lui raconterai.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Elle va voir ce podcast.

  • Speaker #1

    Oui, Inch'Allah, exactement. Tu vois ?

  • Speaker #0

    Oui, donc là, je passe ce passage-là et je m'effondre encore. Parce que c'est tellement intéressant. Non,

  • Speaker #1

    mais tu viens de me dire que tu as fait 30 minutes sans bouger. Sans bouger. Gainer et à réfléchir à... Finalement, est-ce que la mort n'est pas la meilleure solution actuellement ?

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Pour qu'un être humain en arrive à penser à ça, c'est que vraiment tu dois être dans une situation... Je ne peux même pas imaginer. C'est normal que je comprenne que quand tu passes ce passage-là, tu dois lâcher émotionnellement, tu dois lâcher beaucoup.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai beaucoup lâché. Mais il fallait que je reste encore concentré. Parce que le refuge était encore loin. Et le reste s'est bien passé. Et je suis rentré au refuge. Et je suis entré au refuge tard. Et ils m'ont dit, nous, on allait appeler les secours. Parce que vous avez pris beaucoup de temps. Parce que quand tu t'agisses au refuge comme ça, eux, ils te surveillent. Oui, bien sûr. J'ai pris du temps et ils allaient appeler les secours. Donc voilà, j'arrive au refuge, ils me donnent mon repas, la soupe, etc.

  • Speaker #1

    Tu reprends des forces, tu remplis ta gourde d'eau ?

  • Speaker #0

    Non, je ne peux même pas manger. Je peux juste boire, mais pas manger. Parce qu'en fait, j'étais toujours en alerte. Même quand j'étais dans le refuge, j'étais en alerte. Parce que je me suis dit que ce n'est pas encore fini. Et donc là, je redescends. Donc je bois, je prends un tout petit peu de soupe et je redescends. La descente aussi, voilà, compliquée, parce que c'était désescalader en fait ce passage-là jusqu'au refuge de Tétrousse. Donc passer le couloir du côté. Donc je l'ai passé aussi de la même manière que l'aller. Et là, je retrouve le refuge de Tétrousse. Et pour moi, c'était OK. Donc l'ascension était OK parce que de tête rousse jusqu'en bas, ce n'était pas assez technique. C'était tranquille.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est à partir de là où tu te dis, OK, là, ça y est, c'est bon, c'est à peu près fini.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Exactement.

  • Speaker #1

    Juste la question, c'est donc... Pourquoi ça prend 4 jours pour monter et une journée pour redescendre ? Pour expliquer ça au grand public.

  • Speaker #0

    Voilà, parce que pour la montée, il faudrait que tu t'acclimates.

  • Speaker #1

    C'est ça, il faut pouvoir passer ces paliers d'acclimatation.

  • Speaker #0

    Exact. Et pour descendre, vu que techniquement c'est plus compliqué, mais au niveau... musculaire, c'est moins dur, donc tu peux aller plus vite. D'accord.

  • Speaker #1

    Parce que vu que ton corps est mieux oxygéné, parce que tu reviens au niveau où l'oxygène est mieux, tu peux aller plus vite.

  • Speaker #0

    D'accord. T'as pas été alpiniste toi ?

  • Speaker #1

    Non, j'aime les documentaires, j'aime les reportages, donc je regarde beaucoup effectivement parce que ça me passionne justement, tu vois, des hommes, des femmes qui dépassent leurs limites pour aller vivre ces aventures-là. Tu sais, En tant qu'amoureux de paysages, j'adorerais être au sommet de ces montagnes et voir, parce que je pense que tu as beau essayer de mettre des mots, par exemple, sur ce que toi, tu as vu quand tu étais au sommet du Mont Blanc, je pense qu'aucun texte, aucun mot ne pourra décrire. ce que tu as vu. Tu vas toujours essayer d'interpréter tes yeux, ce que ton cœur a ressenti, ce que tu as vu. Mais ça ne sera jamais aussi puissant que ce que tu as ressenti. Donc, je n'imagine pas ce que ça doit être d'être en haut et de voir et d'avoir le sentiment d'avoir accompli quelque chose de grand quand tu arrives tout en haut. Mais je suis trop peureux pour faire ça. mais non ça doit être incroyable et donc là tu redescends tu appelles j'imagine tout le monde pour dire que c'est bon je l'ai fait c'est ça

  • Speaker #0

    Tout le monde était content, soulagé aussi, surtout. Et voilà, donc moi, je pars à Chamonix. Donc je fête cette petite victoire-là.

  • Speaker #1

    Cette grande victoire, cette première ascension. Première ascension, première ascension solo, Mont-Blanc.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. Donc je fête ça avec la soupe, parce que j'adore la soupe. Et sur la montagne, c'est ce qu'on nous donne, ça réconforte et tout. Et voilà, donc ça s'est passé comme ça. Et comme je l'ai dit au début, j'ai posté la photo.

  • Speaker #1

    C'est ça que j'allais en venir, parce qu'effectivement, là tu redescends, tu postes cette photo. Comme quoi tu as amené le drapeau du Sénégal jusqu'au sommet du Mont-Blanc. Et que tu es sûrement le seul Sénégalais à avoir fait ça, tu vois. Et c'est là où nous, tu vois, on découvre cet exploit. On découvre cette chose-là. Comment toi, tu as fini ça ? Tu postes ta photo parce que tu es fier, tu as fait ton ascension. Mais est-ce que tu t'attendais à ce que ça prenne autant d'ampleur justement après le fait de poster cette photo ?

  • Speaker #0

    Ah non, du tout. Et je ne l'ai même pas fait pour ça.

  • Speaker #1

    Oui, non, je le sais. Toi, tu ne le fais pas pour ça. Toi, tu le fais parce que, à titre personnel, tu as fait un exploit, tu es fier, tu le partages. comme notre génération tout le monde, tu t'attends pas à ce que tu le fais pas en disant ah ouais je vais poster ça ça va buzzer sur les réseaux, les gens ils vont pas non, toi tu le postes, sauf que tu le postes t'éteins ton téléphone,

  • Speaker #0

    tu le poses exactement, mes amis partagent voilà ça fait plaisir et tout, je reçois des messages de félicitations etc Olivier Partage.

  • Speaker #1

    Plein de gens partagent.

  • Speaker #0

    Et voilà, donc ça a rapidement pris. J'ai été contacté de partout. Donc les médias, tout ça, RFI, TV5, Canal, etc. Parce que voilà, c'est le petit noir qui vient de Guédioua. Il va gravir une montagne en solitaire en plus. Et ce qu'il me disait, je me rappelle, de Jeune Afrique, le journaliste il n'y croyait pas. Il m'a dit « Est-ce que tu peux me prouver ? »

  • Speaker #1

    Ah ouais, il t'a dit ça !

  • Speaker #0

    « Est-ce que tu peux me prouver que tu étais vraiment tout seul ? » C'est là où je lui ai envoyé la vidéo où je faisais un cours en 60 et tout. Mais il n'y croyait pas. Ah ouais ?

  • Speaker #1

    Non, mais c'est ça où je trouve que, pour moi, ton aventure, elle est extraordinaire. Et je trouve que tu devrais, en tout cas, je ne sais pas si c'est le gouvernement, je ne sais pas c'est qui, mais tu vois, pour moi, tu es quelqu'un qui devrait faire le tour des écoles. Tu vois, par exemple, notre escroce sénégale. et à les montrer à ces jeunes ce que tu as réussi. réaliser. Parce que c'est tellement unique, c'est tellement de leçons, de leçons dans le dépassement de soi, mais aussi de leçons dans la préparation, de leçons dans tellement de choses. Et c'est surtout aussi mettre pour moi des étoiles dans les yeux de ces enfants et de leur dire que c'est possible de rêver et c'est possible de faire des grandes choses. Et j'imagine si nous-mêmes en tant qu'adultes, on est émerveillés par ce que tu as fait, mais je n'imagine pas des enfants. enfants qui vont se dire, j'ai rencontré aujourd'hui un alpiniste.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ce que tu dis, il faut... Il faut rêver, il ne faut pas avoir peur de rêver grand, mais il faut avoir peur de ses rêves. Il faut avoir des rêves qui nous font peur. Parce que comme je crois, elle avait dit, Mohamed Ali, si nos rêves ne nous font pas peur, c'est parce qu'ils ne sont pas assez grands pour nous. Et pour moi, les rêves font la courte échelle aux rêves.

  • Speaker #1

    Tu en réalises un, ça va te donner l'envie de rêver d'autres choses.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Donc, il faut rêver, être ambitieux. Ambitieux, mais pas prétentieux. L'ambition, c'est bien, mais pas la prétention. Parce que la prétention, c'est quoi ? C'est la distance démesurée entre tes objectifs. et tes moyens. Donc la prétention, c'est pas bien. Mais il faut être ambitieux, assumer le fait d'être ambitieux et rêver grand.

  • Speaker #1

    Ça aussi, ça sera un réel chouette. Ça va ! Mais moi, j'allais te poser une question, justement, par rapport à tout ce... tout ce déferlement médiatique. Parce que tu vois, la question qui me vient quand je t'écoute, quand je discute avec toi, est-ce que... parce que ça crée quand même une adrénaline chez toi. Ça crée un sentiment quand même, tu sais, de voir que tu as réussi à impacter par cette montée. tu vois que tu as réussi à rendre fier tout un pays tout un peuple de gens est-ce que c'est pas non plus aussi dangereux dangereux dans le sens où où ça peut être addictif et ça peut te pousser à dire bah je vais faire une autre montagne pour rendre les gens fiers tu vois et et finalement te pousser à faire peut-être quelque chose que tu n'aurais pas fait ? Je vais peut-être loin dans ma réflexion, mais c'est là, dans la discussion, c'est le sentiment qui m'est arrivé en me disant, oui, c'est bien qu'on partage, c'est bien qu'on encourage, c'est bien qu'on montre les exploits, mais est-ce que aussi ce n'est pas dangereux dans le sens où ça peut peut-être faire prendre un risque à la personne ? parce qu'il veut reproduire peut-être ça. Tu vois ? Tu comprends où je veux en amener ?

  • Speaker #0

    Je comprends très bien ce que tu veux dire.

  • Speaker #1

    Même si je sais que toi, ce n'est pas ton cas. Pourquoi je dis que ce n'est pas ton cas ? Parce que récemment, tu as tenté une autre montagne et tu as été assez lucide pour voir que les conditions n'étaient pas bonnes et tu as fait demi-tour. Tu vois ? Mais quelqu'un d'autre aurait pu être dans cet état de... J'ai réussi une première fois où tout le monde me disait non. Je vais m'écouter encore, je vais me faire confiance et je vais y aller. Comme ça, je vais faire ma vidéo, je vais poster et tout. C'est là où pour moi, ça peut être aussi dangereux.

  • Speaker #0

    Avec l'expérience, c'est sûr que tu es beaucoup plus avisé et tu as beaucoup plus conscience des risques. Et tu fais moins le... Bon, je ne vais pas dire casse-cou, mais... Le fou. Le fou, c'est sûr. Mais avec cet engouement-là médiatique et tout, moi, initialement, toutes mes ascensions, c'est pour moi,

  • Speaker #1

    avant tout.

  • Speaker #0

    C'est pour moi avant tout et aussi pour mes enfants parce que je veux leur laisser cet héritage-là qui est immatériel. Donc de voir leur papa à son niveau. faire des choses se dépasser pousser son corps et son esprit dans ses retranchements et s'inspirer de ça moi je préfère leur laisser cet héritage là que de leur donner des milliards pour la petite parenthèse moi je crois que les enfants En tout cas, du côté de l'héritage matériel, ce n'est pas quelque chose qu'il faudrait privilégier. Un enfant n'a pas forcément besoin d'héritage matériel. Pourquoi ? Parce que s'il a les épaules, Tu meurs, si tu lui laisses absolument rien, il pourra faire sa vie. Il pourra construire son empire de lui-même. Et s'il n'a pas les épaules, si tu lui laisses des milliards, il va tout fombler. Donc, ce qu'il faut laisser, pour moi, c'est cet héritage-là qui est immatériel, qui va les aider à construire. Donc moi, je le fais et je me suis vu en train de changer un tout petit peu mes motivations au fil du temps. Le fait qu'il y ait aussi, comme tu dis, de l'engouement autour de ça, les gens partagent, ils s'inspirent, etc. Je vais avouer quand même que ça m'impacte un tout petit peu sur mes motivations parce que je me dis que les gens s'inspirent de ça.

  • Speaker #1

    Ah oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ils s'inspirent de ça. Donc, je vais continuer quand même à brandir le drapeau du Sénégal.

  • Speaker #1

    Et où les gens s'inspirent de ça, excuse-moi de t'interrompre, c'est que ce n'est pas... seulement sur le côté escalade, c'est sur le côté dépassement de soi. C'est-à-dire que quelqu'un peut être sur son téléphone, voir ce que tu as fait, être dans une période où lui vit quelque chose, peut-être qu'il pense qu'il le dépasse, mais de te voir réaliser ça, ça peut lui donner à lui-même une motivation et une énergie qui dit « mais attends, si il lui fait ça, moi mon petit truc là, je peux me dépasser » . Tu vois ? Je veux que les gens comprennent que le dépassement c'est pas seulement sur le côté performance, sportif, physique, c'est que la notion de dépassement que tu transmets par ce que tu fais, elle va au-delà de juste le côté sportif. Elle va sur le côté de j'ai un projet, j'ai une idée, il y a des difficultés, je vais les sauter, je vais les passer et je vais atteindre mon objectif.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça, c'est ça, effectivement. Et puis, moi, je suis persuadé que le corps et le mental sont étroitement liés. Des fois, pour pouvoir pousser son mental très haut, il faudrait pousser son corps dans ses retranchements. Donc les deux sont liés. C'est pour ça que c'est très important pour moi le sport et les aventures physiques, parce que ça me permet aussi mentalement de me construire. Donc voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Et donc, tu finis cette ascension, tu rentres à la maison. Est-ce que quand tu rentres à la maison, tu planifies déjà la prochaine ascension ? Parce que là, tu as eu la piqûre. Là, tu as eu le shot. Tu as eu le shot de la première. Tu as eu le shot du premier sommet. Tu as eu l'adrénaline de ça. Tu l'as réussi, tu redescends. J'ai deux questions. Est-ce que tu rêves ? du Mont-Blanc, quand tu reviens ? Est-ce qu'il y a une période où tu, quand tu dors, tu revois des moments de l'ascension ? Et est-ce que quand tu redescends, tu penses déjà à la suite ?

  • Speaker #0

    Pas des rêves, mais des cauchemars.

  • Speaker #1

    En fait, quand je dis rêve, ça englobe les deux, mais c'est ça, parce que c'est tellement, comme tu dis, le 30 minutes où tu restes figé en gainage, ça doit être tellement...

  • Speaker #0

    terrifiant que inconsciemment tu dois en faire des cauchemars après ça te touche quand même pour ne pas dire que ça te traumatise oui bien sûr et donc oui j'ai fait des cauchemars et concernant le mes prochains challenges direct, je me dis que moi, je veux être alpiniste.

  • Speaker #1

    Ok. Quand tu finis le Mont Blanc, tu sais que tu as envie de faire ça.

  • Speaker #0

    Oui, je sais que j'ai envie de faire ça. Ce que j'ai vécu est tellement intense, tellement enrichissant que je me suis dit que je veux être alpiniste. Et là, je vais me fixer un objectif. C'est de faire les sept sommets les plus hauts de tous les continents. Ok. Voilà, les sept sommets les plus hauts de tous les continents. Moi, en fait, c'est quand je me lance dans un projet, j'ai un objectif, donc le résultat. Et après, je me donne les moyens pour y arriver. Et pour ça, c'est la discipline avant tout. Donc, c'est ce que mon père m'a inculqué. dans l'armée aussi, la discipline. La discipline, mais pas la motivation. Parce que, bon, la motivation, ça part avec le temps, quoi. Aujourd'hui, tu te lèves, t'es motivé, voilà, tu le fais. Demain, t'es pas motivé, tu le fais pas. Mais pour moi, il faut un peu des deux. Parce que la motivation, ça va être le catalyseur, en fait. C'est ce qui va te donner envie de faire. Mais après, il faut avoir une discipline pour pouvoir continuer et atteindre tes objectifs. Donc, je me dis que les sept sommets les plus hauts du continent. Donc, j'ai fait le Mont Blanc, qui est la montagne la plus haute de l'Europe occidentale, mais pas la montagne la plus haute d'Europe. La montagne la plus haute d'Europe, c'est l'Elbrus, qui se trouve en Russie. Et donc, projet challenge, le Kilimandiaro, la montagne la plus haute. d'Afrique. Voilà, c'était un peu le projet

  • Speaker #1

    Alpa. Ok, d'accord. Et où on le voit que justement, après cette première montée, tu as vraiment décidé de devenir alpiniste, c'est que tu as commencé à créer déjà un peu plus de contenu, où tu nous montres justement le behind the scenes, les matériels que tu achètes pour faire tes escalades. Même sur la dernière ascension que tu as tentée, on sentait que d'un point de vue équipement pour documenter ton ascension. Tu avais investi dans de l'équipement pour nous amener au plus près de ton ascension. Et ce que j'aime beaucoup dans ton contenu aussi, c'est que c'est vraiment... Tu documentes ça très bien. Tu nous fais vraiment vivre l'expérience avec toi. Et justement, la dernière ascension, je pense que comme beaucoup, je t'ai écrit. Parce que quand tu as posté que là, le temps n'était pas bon, nanana... À un moment, on n'a pas eu de tes nouvelles. Tu vois ? Donc même pour nous qui étions loin à Dakar ou autre, c'était inquiétant de se dire « Ah mais il n'a pas posté, on n'a pas de ses nouvelles, est-ce qu'il est bien redescendu, est-ce que tout va bien et tout ? » Et on a vraiment senti, je pense, depuis ce côté où... Toi-même, tu documentes plus, tu montres mieux. Et ce que j'aime aussi, c'est que oui, on parle certes des plus hauts mots du monde. Mais tu ne te limites pas à ça. Parce que quand tu viens au Sénégal, moi, je t'ai vu aller dans le sud du Sénégal à nous faire découvrir des zones où on peut, on ne va pas dire faire de l'escalade, mais vivre des aventures, faire du trek, vivre des aventures, la randonnée, découvrir des cascades. Tu as même fait, alors ça aussi, c'était une folie, tu avais organisé une journée à Dakar pour marcher. Le tour de Dakar. Le Tour de Dakar à pied ?

  • Speaker #0

    Le Tour de Dakar à pied qui fait 57 kilomètres.

  • Speaker #1

    Et tu avais réussi à embarquer du monde quand même.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Vous étiez combien ?

  • Speaker #0

    On était combien ? On était...

  • Speaker #1

    Au départ, parce qu'à l'arrivée, je ne sais pas s'ils étaient tous là.

  • Speaker #0

    8 au début, 3 à la fin.

  • Speaker #1

    3 à la fin. Mais tu vois, moi, quand j'ai vu ça, je me suis dit, mais j'aimerais trop faire ça. Mais après, quand j'ai vu la fin de la story, que j'ai vu comment, dans quel état, ils étaient ceux qui t'ont accompagné, j'ai dit j'ai bien fait de rester à la maison. Mais tu vois, et c'est ça que je trouve qui est super intéressant dans ce que tu fais, c'est que finalement, tu nous fais voir même des choses simples, d'un œil différent. Et tu essayes d'engager une communauté, tu essayes de créer une communauté, tu essayes de créer des liens avec des gens qui sont passionnés un petit peu par la même chose. Et tu vois, ne serait-ce que ce tour de Dakar à pied, mais j'ai trouvé ça... génial. J'ai trouvé ça génial. On a suivi toute la journée pour voir comment vous alliez le faire. Je me rappelle, dans l'état où vous êtes arrivé, toi-même, tu as dit que tu pensais pas que ça aurait été aussi fatigant.

  • Speaker #0

    Compliqué, parce que Dakar, c'est pas une ville piétonne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est pas une ville qui est faite pour marcher.

  • Speaker #0

    C'est pas une ville piétonne. Il y a la pollution. Il y a la chaleur, tu te bouscules avec les charrettes, les caraputes, les taximans qui te klaxonnent, etc. Donc effectivement, ce n'était pas facile, ce n'était pas très agréable. Ce n'est pas comme quand tu marches en forêt. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et donc, pour ce projet des sept monts les plus hauts du monde ? Tu te fixes combien de temps ? Est-ce que tu t'es fixé une fenêtre de temps ?

  • Speaker #0

    Non, du tout. J'ai toute la vie devant moi. J'espère. Parce qu'avec tout ce que je fais là, c'est un peu compliqué. Mais non, je ne me fixe pas des deadlines. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Là, après le Mont Blanc, après le Kilimandiaro, j'ai tenté la montagne la plus haute d'Europe, en Russie, l'Elbrouz. Mais j'ai voulu faire cette ascension-là en hiver. parce que c'était la Russie. La Russie, c'est l'eau froide extrême. Et ça m'excitait quand même de faire une ascension en hiver dans des conditions très extrêmes. Et j'ai décidé...

  • Speaker #1

    Tu t'ennuies dans la vie ? Toi, l'ascension, ça ne te suffisait pas ? Non. Alors, qu'est-ce qu'on peut rajouter pour que ça soit un petit peu plus difficile ?

  • Speaker #0

    Parce que je me suis dit que si je le fais en été, je sais que j'en suis capable. Je sais que je peux le faire. Et sachant que je peux le faire, je n'aurai plus d'intérêt à le faire parce que derrière, il n'y aura pas de challenge. D'accord. C'est quand il y a un vrai challenge, quand il y a un risque d'échec. que tu apprends beaucoup. Donc, c'est pour ça que je me suis dit que pour cette montagne-là, je vais tenter l'ascension en hiver.

  • Speaker #1

    L'Elbrou, c'est celle que tu as arrêtée à mi-ascension ? C'est celle-là ?

  • Speaker #0

    À 200 mètres du sommet.

  • Speaker #1

    À 200 mètres du sommet, c'est celle-là ? Ouais. Parce que je me rappelle, même de tes stories, tu filmais la montagne. Et toi-même, tu le disais, qu'elle était impressionnante, même que toi, la regarder à la fenêtre comme ça...

  • Speaker #0

    Effectivement, effectivement. l'Elbrouz c'est c'était vraiment quelque chose. Parce que comme je te le disais, c'était une ascension en hiver. On avait du moins 52 degrés, moins 53 degrés de ressenti. Et on avait beaucoup de complications à la fin. Il y avait un de nos guides qui allait y rester.

  • Speaker #1

    Oui, tu avais mis ça dans ta story.

  • Speaker #0

    Voilà. Parce qu'il nous avait rejoints au dernier jour pour renforcer l'équipe. Et lui, il n'était pas très bien entraîné. Donc même si tu es guide de haute montagne, si physiquement tu n'es pas prêt, ça ne va pas le faire. Donc on le voyait traîner derrière, on ne savait pas pourquoi. Moi, je croyais que comme il nous a rejoints au dernier jour, il ne voulait pas se mélanger au groupe. Donc il nous regardait de loin. Mais en fait, c'est parce qu'il était en difficulté. Donc chaque fois, on l'attendait, il revenait essoufflé. Donc on lui demandait si ça allait bien, etc. Et à 5400 mètres d'altitude, il ne pouvait plus suivre. C'était compliqué pour lui. Donc moi, j'étais avec des Russes qui, eux, ils étaient fâchés parce qu'ils se sont dit, nous, on ne va pas gravir la montagne pendant six jours. Le dernier jour, il y a le guide là qui vient nous...

  • Speaker #1

    Nous empêcher de finir.

  • Speaker #0

    Nous empêcher de finir. Mais lui, il était dans un sale état parce qu'il toussait du sang. Il ne pouvait plus avancer. Il avait développé carrément des œdèmes pulmonaires. Et quand c'est comme ça, si on te laisse là, c'est sûr que tu meurs. C'est sûr à 10 000 %. Donc les Russes, ils voulaient faire le sommet et le laisser là-bas. Donc moi, c'était un peu compliqué de le laisser là.

  • Speaker #1

    Humainement.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Quel plaisir j'allais avoir à atteindre le sommet si je dépasse quelqu'un qui est en train de mourir sur la montagne. Si je reviens, si je le vois mort, où est l'intérêt ?

  • Speaker #1

    Ils sont durs, l'équipe avec qui tu étais. Ils étaient prêts à le laisser.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'eux, ils s'en foutaient en fait. ils voulaient juste arriver au sommet et ils étaient remontés contre l'agence, ils étaient remontés contre les guides donc ils se sont dit ils vont le laisser et donc on était là à 5400 mètres d'altitude, moins 52 degrés de ressenti, la tension, les gens qui étaient là en train de parler russe criait. Moi, je comprenais pas vraiment. Ils parlaient pas vraiment anglais. Donc, on essayait de voir qu'est-ce qu'on allait faire. Et j'ai négocié, négocié, négocié jusqu'à ce qu'ils acceptent de redescendre avec nous. Et la descente, avec quelqu'un qui n'arrive pas à marcher.

  • Speaker #1

    C'est long, c'est dur.

  • Speaker #0

    C'est hyper long. Donc moi, j'avais même peur pour mes doigts parce que je commençais à ne plus les sentir avec ce froid. Et quand je suis redescendu, je suis resté un mois. Mes doigts, c'est comme si tu avais posé un briquet dessus. Ça faisait hyper mal. Des débuts dangereux, en fait. Un mois, ça faisait très mal. Je ne pouvais même pas travailler parce que je suis un géant en informatique. avec l'ordinateur c'est compliqué donc c'est quand même très intense les brousses

  • Speaker #1

    Et donc tu penses le refaire bientôt ? Le retenter ? Ça serait la prochaine que tu retenterais quand même ? Ou tu voudrais faire un autre d'abord ?

  • Speaker #0

    Non, je voudrais faire le Servin. Je voudrais faire le Servin parce que le Servin on s'est arrêté à 150 mètres du sommet. Le Servin ça fait partie des trois montagnes les plus techniques au monde. Les plus dangereuses. Et à 150 mètres du sommet on avait vu une tempête qui s'annonçait on a décidé de redescendre parce que comme le Servin c'est que de l'escalade Donc c'est très risqué si tu as même quelques gouttes d'eau sur la paroi, ça glisse. Donc il ne fallait pas que ça nous trouve sur la montagne. Donc on est redescendu rapidement.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est cette montagne qui est considérée comme la plus belle du monde ?

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ce que tu vois sur les chocolats de Toblerone.

  • Speaker #1

    Exactement. Elle est si belle que ça ?

  • Speaker #0

    Elle est magnifique. quand tu la vois. Tu sais que c'est la montagne. Tout le monde a dessiné le servin un jour. Quand tu dessines une montagne,

  • Speaker #1

    c'est le servin que tu dessines. Incroyable. En tout cas, franchement, Mohamed, ça a été un plaisir de te recevoir et d'écouter tes aventures, d'écouter tout ça. Je suis encore plus impressionné par tout ce que tu fais maintenant que tu m'as raconté encore tout ça. Moi, je te souhaite de toutes les accomplir, Inch'Allah. pour que tu puisses revenir ici et que tu me dises Olivier bon je t'ai venu te raconter comment j'ai fait la première maintenant je vais te raconter comment j'ai fait les sept tu vois et Olivier je te ramène avec moi non oui non je veux bien si tu veux tu m'amènes moi je m'occupe de tout ce qui est fondu soupe pour que quand tu es fini tu viennes que tout soit installé je m'occupe de la fête pour quand tu redescends tu vois je m'occupe de tout tu vois toute l'after party tout ça il n'y a pas de problème tu vois mais non non non jamais mais en tout cas franchement ça je te souhaite de vraiment prendre du plaisir à aller faire les 7 et surtout que tu reviennes en pleine forme en pleine santé pour nous raconter tout ça comme ça on pourra laisser des beaux souvenirs aux enfants qui pourront regarder ça dans quelques années et qui pourront flex devant leurs copains et leurs copines en disant vous voyez c'est mon père mon père vous voyez tonton Mohamed que vous voyez qui est assis là en train de Merci. de boire son petit bissap tranquille là. Il a fait les sept, c'est ça, tu vois ?

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Et puis même, je te souhaite de le faire, parce que c'est de nous documenter tout ça, et de nous ramener tout ça ici, et de pouvoir inspirer des centaines de milliers de jeunes à travers le monde, pas seulement africains, mais à travers le monde, en montrant que tu peux être un jeune Sénégalais qui est né... à Dakar, qui a grandi à Dakar et tu peux rêver de montagne, même si c'est pas ton quotidien.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça, c'est ce que tu dis et en plus souvent les gens, ils ont tendance à nous mettre dans des cases. On doit faire une chose et pas une autre. On doit être dans un domaine et pas dans un autre. Alors qu'on est doté d'un cerveau super puissant, de deux bras et de deux jambes. Pourquoi pas explorer, faire autre chose, tester ? On peut avoir un domaine, bien évidemment, mais aussi, on peut essayer de découvrir autre chose et se créer d'autres vies. Moi, c'est ce que je dis. J'ai plusieurs vies dans une vie. Parce qu'avec tout ce que je fais, comme sport, parce que je fais...

  • Speaker #1

    La moto ! La moto,

  • Speaker #0

    la plongée sous-marine, je suis secouriste en plongée sous-marine, je fais du parachute. Et chaque domaine, c'est un univers. Donc moi, je dis que j'ai plusieurs vies dans une même vie.

  • Speaker #1

    Et tu as surtout plein de choses extraordinaires à raconter, à partager. Et Inch'Allah, comme ton père l'a fait, te raconter des histoires et te mettre des étoiles et des images dans la tête. Inch'Allah, tu raconteras des histoires. à tes enfants. Tu leur mettras des étoiles dans les yeux et des images dans la tête et ils iront accomplir d'autres rêves encore plus grands que leur papa.

  • Speaker #0

    Inch'Allah. Et surtout, je vais leur mettre ce podcast.

  • Speaker #1

    Inch'Allah.

  • Speaker #0

    Voilà, Inch'Allah. Je vais leur dire, écoutez, moi, je n'ai pas trop le temps pour parler.

  • Speaker #1

    Allez, écoutez, ça fait des vues pour Toto Olivier. Allez. En tout cas, merci énormément d'être venu.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Je vous mettrai tous ces réseaux. Allez le suivre. aller suivre ses aventures aller l'encourager aller lui donner beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup de force et bientôt Inch'Allah il revient pour nous raconter les 7 Inch'Allah Ok Merci la team incroyable d'avoir écouté le podcast Je vous souhaite un bon dimanche ou une bonne journée si vous n'écoutez pas le podcast d'un dimanche et à très vite pour un nouvel épisode

  • Speaker #0

    Peace All Souls

Chapters

  • introduction

    00:00

  • Enfance carrée et premières aventures

    05:15

  • 7 ans au prytanée militaire de St Louis

    13:41

  • Premier emploi et changement de vie

    29:32

  • Sa découverte de la montagne

    39:32

  • 2 ans de préparation

    44:46

  • Son ascension du Mont-Blanc

    52:01

  • Le buzz sur les réseaux

    01:40:45

  • La prochaine ascension

    01:46:35

  • Conclusion

    02:00:06

Share

Embed

You may also like

Description

Êtes-vous prêt à être inspiré par un parcours de vie exceptionnel qui transcende les frontières ? Dans cet épisode captivant du Le OV Show, Olivier Vullierme reçoit Mohamed Tounkara, un alpiniste sénégalais qui a récemment réalisé l'exploit incroyable de gravir le Mont Blanc en solitaire. Son histoire, qui commence dans les rues animées de Dakar, est un véritable témoignage de passion et de détermination. Mohamed partage avec nous comment son enfance, bercée par les récits d'aventure de son père ancien scout, a façonné son désir insatiable de conquérir des sommets, tant physiques que personnels.



Au fil de la conversation, Mohamed nous plonge dans les défis intérieurs et extérieurs qu'il a dû surmonter lors de son ascension. La peur, l'adrénaline et l'importance d'une préparation mentale et physique rigoureuse sont autant de thèmes qu'il aborde avec une authenticité touchante. Il nous rappelle que la peur, loin d'être un ennemi, peut devenir un précieux allié dans les moments les plus extrêmes, nous tenant sur nos gardes et éveillant notre détermination. À travers ses mots, il encourage chacun d'entre nous à rêver grand et à ne jamais reculer devant nos passions, un message qui résonne particulièrement au sein de la diaspora africaine.



Dans un monde où le changement de vie est souvent perçu comme un défi insurmontable, Mohamed incarne l'esprit d'entrepreneurs passionnés qui osent prendre des risques pour réaliser leurs rêves. Son parcours est une source de motivation pour tous ceux qui cherchent à s'élever, que ce soit dans le sport, le business ou l'éducation. Avec une voix pleine de sagesse, il exprime son désir de transmettre un héritage immatériel à ses enfants, un héritage construit sur le respect, l'aventure et la quête de l'excellence.



Alors que l'épisode touche à sa fin, Mohamed partage ses réflexions sur l'impact de ses réalisations sur les autres et dévoile ses futurs projets d'escalade. Ne manquez pas cette opportunité d'écouter des histoires captivantes qui pourraient bien changer votre vie. Rejoignez-nous dans ce voyage inspirant où l'esprit d'aventure et de dépassement de soi se mêle à des secrets de réussite qui peuvent motiver votre carrière. Écoutez le Le OV Show et laissez-vous porter par cette inspiration sans limites !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi, mon objectif quand j'étais bébé, c'était de sortir de la maison. À 14 ans, tu tires avec les M16, les fusils M16. Chaque année, je partais en prison. Et donc, je fais quoi ? Je m'évade. La peur pour moi, c'est... Ça doit être notre ami. On doit travailler main dans la main avec le peuple. Les rêves font la courte échelle aux rêves. Ma fille m'a sauvé la vie avant même de nous.

  • Speaker #1

    Hello, hello les incroyables, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien. Bienvenue dans un nouvel épisode du Off Show que vous nous écoutiez sur les plateformes d'écoute ou que vous nous regardiez sur YouTube. Installez-vous confortablement parce qu'aujourd'hui, on a un sportif. Aujourd'hui, je reçois quelqu'un qui atteint des sommets. Je reçois quelqu'un qui n'a pas peur du vide. Je reçois un homme ambitieux, qui aime les challenges. Je reçois M. Mohamed Tinka dans le Home Show.

  • Speaker #0

    Wow.

  • Speaker #1

    Bienvenue.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je suis tellement content de le recevoir, vous ne savez pas. C'est-à-dire que lui, là... Quand j'ai commencé mes premiers épisodes de podcast, je lui ai écrit direct. J'ai dit, quand tu viens à Dakar, tu as intérêt à me dire que tu viens parce que je veux te recevoir. Dans ma liste, il était comme ça des gens que je veux recevoir. C'est quelqu'un qui m'inspire énormément et je suis trop heureux qu'il soit là. Et c'est la première fois qu'on se voit lui et moi.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça.

  • Speaker #1

    C'est une folie.

  • Speaker #0

    Ça fait un moment qu'on discute sur les réseaux sociaux. Et même avant, je crois, avant de lancer ton podcast, tu m'avais parlé du podcast.

  • Speaker #1

    Ah oui, je t'en ai parlé il y a longtemps. Tu m'avais parlé il y a longtemps.

  • Speaker #0

    Il dit, ouais, il faut qu'on se fasse ça. et depuis Chassé Croisé mais aujourd'hui on est là on va discuter et je suis très très content d'être là c'est vraiment un honneur pour moi en tout cas l'honneur est partagé podcast de qualité des gens très

  • Speaker #1

    inspirants se sont assis sur cette chaise et voilà c'est un honneur pour moi franchement t'es quelqu'un vraiment et c'est pas parce que t'es là qui me inspire et que je dis mais lui c'est un ouf tu vois pour moi des fois l'inspiration c'est ça de regarder quelqu'un et de dire lui c'est un ouf, parce que tu regardes la personne tu te dis mais est-ce que moi je serais capable non non non, moi je serais pas capable de faire ça, mais t'inquiète les gens doivent se demander mais qu'est-ce qu'il dit Olivier vous allez comprendre, vous allez découvrir mais d'abord,

  • Speaker #0

    vas-y mais avant de démarrer je voulais juste te dire une chose tu sais Tu fais partie des gens qui ont un peu évangélisé la montagne au Sénégal. Moi ? Ben oui, ben oui. Comment ? Je vais te dire pourquoi. Quand j'ai gravi le Mont Blanc en solitaire...

  • Speaker #1

    Vous avez bien entendu.

  • Speaker #0

    Quand j'ai gravi le Mont Blanc en solitaire, j'ai posté une photo de moi en premier et mes amis ont commencé à partager. Donc ça va, ça prenait un tout petit peu. Mais toi, tu as partagé la photo avec ton compte.

  • Speaker #1

    L'ancien compte Ariam Olivier.

  • Speaker #0

    Et là, des partages de partout. Ah ouais ? Ouais, des partages, des likes, ça monte super vite.

  • Speaker #1

    Ah bah tant mieux.

  • Speaker #0

    Les médias qui me contactent, etc. Et donc, voilà, tu fais partie des catalyseurs de tout ce buzz autour de la montagne.

  • Speaker #1

    Franchement, ça me fait plaisir parce que, très honnêtement, les gens vont dire, mais vous, vous êtes rentré dans la discussion vite. Mais il faut dire les choses. Non, mais c'est que, en fait, quand j'ai vu ça, déjà, tu sais, moi, je suis un passionné d'aventure, de nature, de paysage et tout, et d'exploit sportif. Et tout de suite, moi, ce que j'ai vu, j'ai vu déjà un, l'exploit sportif. En plus, j'ai vu un Sénégalais qui amène le drapeau du Sénégal jusque sur le Mont-Blanc. Je n'avais jamais vu ça de ma vie. J'ai dit, mais c'est qui lui cet extraterrestre ? Tu vois, mais non, t'inquiète, tu vas nous raconter tout ça. Mais la première question que je pose à tout le monde, Mohamed, c'est la plus dure du podcast. Après, tout le reste, c'est facile. c'est aujourd'hui comment tu te présentes à quelqu'un qui te connait pas

  • Speaker #0

    effectivement c'est une question très dure surtout que je fais pas mal de choses donc je préfère me présenter avec un titre ou des titres qui ne changent pas d'accord bon parce que voilà je peux être informatique un jour demain je peux être donc je me présenter avec mon nom mon prénom Je suis sénégalais, ça, ça n'a pas changé. Je suis papa de deux enfants.

  • Speaker #1

    MashaAllah.

  • Speaker #0

    MashaAllah. Et je suis un amoureux de la nature et des aventures.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Après, ce que je fais dans la vie, ça, c'est autre chose.

  • Speaker #1

    OK. Non, c'est bien résumé. Pour quelqu'un qui ensuite, après sa discussion, ira sur tes réseaux sociaux, il dirait effectivement, ça correspond à ce qu'il a dit. Mais maintenant, on va rentrer dans le truc, on va découvrir. Donc toi, d'abord, tu n'es où ?

  • Speaker #0

    Je suis né à Dakar, à Yedyaway, en classe des enseignants.

  • Speaker #1

    Et comment étaient les enfances de Mohamed dans tes souvenirs ?

  • Speaker #0

    Alors, dans mes souvenirs, j'ai eu une enfance assez calme et carrée. Pourquoi carrée ? Parce que je suis né d'un papa inspecteur de l'enseignement et d'une maman enseignante aussi. D'accord. Donc autant te dire qu'à la maison, c'était... métro, boulot, dodo, quoi. Sans le métro.

  • Speaker #1

    Oui, sans le métro. Beaucoup de boulot. Exactement. Beaucoup de boulot.

  • Speaker #0

    Beaucoup de boulot. Donc, j'ai grandi dans ce cadre-là. Et voilà, mon père, il était très strict avec moi. Donc, à la maison, j'avais pas le droit de regarder la télé. De sortir jouer avec les amis. Donc, c'était que boulot, la famille, et puis c'est tout. Donc, pour te dire, j'avais un emploi du temps. 24 heures sur une 24 sur un papier A4 pour voilà tout ce que je devais faire du matin au soir à partir de 7h jusqu'au coucher 21h c'était écrit sur tout était millimétré donc 7h je dois faire ça 8h je dois faire ça donc tout était millimétré donc vraiment une enfance carré carré carré tu as des frères et soeurs ? ouais j'en ai beaucoup j'en ai environ 15. Mais on n'a pas grandi ensemble.

  • Speaker #1

    C'est plus ou moins. Il peut y en avoir 16, 17. D'accord.

  • Speaker #0

    Mais j'ai grandi avec des nièces, des cousines et deux de mes soeurs. Donc j'ai grandi qu'avec des filles.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et quand tu grandis avec des filles, il y a trois choses. Soit tu t'imposes en tant que mal alpha, je suis l'homme de la maison, je dirige. Ou tu épouses leur manière de faire, de voir la vie, de fonctionner, de raisonner. Là où on te dit que tu es efféminé. Ou tu mixes un tout petit peu des deux.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et moi, je crois que j'ai mixé un tout petit peu des deux. J'ai mixé un tout petit peu des deux. Et j'ai un côté féminin que je revendique et dont je suis fier aussi, parce que je me suis beaucoup inspiré d'elle. Et c'est pour ça que j'ai ce côté aussi sensible. Je suis sensible, altruiste. Je suis vraiment très tourné vers l'autre. Et donc ça, je l'ai pris chez mes sœurs.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc, je ne dis pas que les hommes, ils ne sont pas sensibles.

  • Speaker #1

    Mais tu trouves que toi, ta part de sensibilité est peut-être un peu plus... un peu plus sensible. On répète ce que je répète, mais c'est ça.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc,

  • Speaker #1

    enfance carrée, entourée de femmes.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    À l'école, tu es un bon élève ? Tu n'as pas le choix. Avec les parents. Je n'ai pas le choix. Tu n'as pas le choix. Moi, tu sais, j'ai qu'un seul... Mon père est prof de maths. J'ai qu'un seul parent qui est dans l'enseignement, mais je sais déjà ce que c'est d'en avoir un.

  • Speaker #0

    donc si t'en as deux la maison boulot boulot boulot et je l'ai pas regretté parce que ça m'a permis d'aller loin entre guillemets dans les études par exemple j'ai réussi le concours du Britannique Militaire j'avais un bon classement donc voilà plutôt bon élève tout en premier. Et j'étais obligé.

  • Speaker #1

    Tu n'avais pas le choix. Et dans ton enfance, avant d'arriver, je vais dire, à la période lycée, où on commence déjà les orientations un petit peu vers le... Pas professionnel, mais on commence les premières orientations de vie. Dans ton enfance, est-ce que tu as déjà une curiosité, une appétence pour le sport, pour l'activité physique, ou pas encore dans ta jeunesse ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, j'étais un enfant.

  • Speaker #1

    Parce que si vous ne voyez pas la vidéo pour les gens qui écoutent, vous avez vu comment mon gars, il est... C'est-à-dire que moi, j'ai mis la veste, j'ai bien serré, j'ai bien caché toutes les gourmandises que je mange.

  • Speaker #0

    Et moi, je suis chétif.

  • Speaker #1

    Non, mon ami, tu n'es pas chétif. Tu es chétif.

  • Speaker #0

    Oui, non, mais... Alors, moi, j'ai eu un souvenir. Bon, ce n'est pas mon souvenir, mais c'est un souvenir de mon père concernant mon goût pour l'exploration. Pourquoi ce n'est pas mon souvenir ? Parce que j'étais bébé.

  • Speaker #1

    Je portais des couches. D'accord.

  • Speaker #0

    Moi, mon objectif quand j'étais bébé, c'était de sortir de la maison. Quand j'ai commencé à marcher, c'était de sortir de la maison. Mon objectif, c'était de sortir de la maison. Tout le temps, la porte, sortir de la maison. Et un jour... Ils discutaient, voilà, et boum, ils ne me voient plus. Donc, j'avais pris la tangente, je suis parti, je suis sorti de la maison. Et là, mon père, il court, il sort de la maison, il me voit au loin. Là ? Avec ma couche comme ça qui pend et je marche et je regarde, voilà, où je dois aller. Là,

  • Speaker #1

    il a le goût de l'aventure déjà.

  • Speaker #0

    Le goût de l'aventure déjà. Donc, voilà. Mon père, il me raconte ça et il me dit, voilà, là, actuellement, tu es aventurier, mais ça a toujours été en toi. Et il m'a transmis un héritage aussi sur ce côté-là, parce que lui, il était scout. Tu sais, les scouts à l'époque, ils voyageaient beaucoup, ils faisaient de vrais trucs. C'est pas les scouts maintenant où c'est juste des kermesses, etc. Ils faisaient de vrais trucs et ils me racontaient ses aventures. et il me racontait aussi d'autres récits d'aventure. Et il m'amenait aussi à la plage pour courir. Je devais avoir, je ne sais pas moi, 7 ans, 8 ans. Et voilà, je crois qu'il a aussi beaucoup mis ça en moi.

  • Speaker #1

    Parce que c'est la question que j'allais te demander, la suivante, c'était est-ce que dans ton entourage, il y avait déjà des aventuriers ou des gens que tu voyais être aventureux dans leur vie ? Mais tu as un petit peu déjà répondu parce qu'effectivement, si déjà dans ta jeunesse, On te raconte beaucoup d'histoires, on te parle d'aventures et ton père te transmet, lui, les aventures qu'il a vécues. Et comme tu dis, je pense que le scoutisme à cette époque-là, à l'époque, en tout cas, de nos parents, ils allaient beaucoup plus en exploration, ils sortaient beaucoup plus de Dakar et autres. Ils allaient faire du camping, c'était peut-être des aventures comme ça. Donc forcément, pour l'enfant curieux, ça doit être beaucoup d'images dans la tête, ça doit être beaucoup de projections. et tu dois te coucher sur ça et enregistrer tout ça. Donc effectivement, ça doit déjà titiller ton esprit.

  • Speaker #0

    Mais exactement, il y a beaucoup d'aventures que j'ai pu faire. Je me suis inspiré de ce que mon père me disait. Lui, il ne sait pas, peut-être qu'il va voir la vidéo, mais je ne lui ai jamais dit. Donc il m'a inspiré, ma mère aussi m'a inspiré, parce qu'elle est enseignante, certes, mais des fois, elle voyage. pour faire du commerce, soit disant. Soit disant pour faire du commerce. Et je sais, au fond, il a juste le goût de l'aventure. Parce que je ne peux pas comprendre, à 60 ans, tu vas prendre les bus pour aller en Côte d'Ivoire, faire le tour, partir Mali, Burkina, etc. Dormir dans la forêt, etc. Juste pour acheter des tirs.

  • Speaker #1

    Oui, ce n'est pas le commerce. Exactement. Ce n'est pas le commerce qui te donne envie de vivre tout ça. Exactement.

  • Speaker #0

    Et en plus... ce qu'elle ramène et là on n'a même pas besoin je lui dis maman,

  • Speaker #1

    sois transparente avec nous mais tu fais ça parce que tu veux juste voyager quoi elle veut voir d'autres choses c'est ça exactement donc dans la jeunesse tu dirais tes premiers ressentis par rapport à l'aventure, par rapport à l'exploration c'est par les histoires de ton père et ces moments qui te fait vivre en te racontant tout ça donc quand arrive le lycée là comme je disais on est dans les premières orientations Merci. à peu près de vie. Toi, tu t'orientes vers quoi ?

  • Speaker #0

    Alors, au niveau des études.

  • Speaker #1

    Ouais, au niveau des études.

  • Speaker #0

    Alors, j'ai d'abord fait la série S. Ouais,

  • Speaker #1

    scientifique.

  • Speaker #0

    Scientifique, pendant deux mois.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Deux mois. Après, j'ai pris mes bagages, je suis parti en L.

  • Speaker #1

    Je suis parti en L.

  • Speaker #0

    Parce que...

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est pas que t'es parti en ES. T'es parti en L. T'as fait le grand bond inverse.

  • Speaker #0

    Autant oui, c'était L prime, L2. L2, je crois que c'est ES. Donc moi, je suis parti en L2.

  • Speaker #1

    Ok, d'accord.

  • Speaker #0

    Je suis parti en L2. Pourquoi ? Parce que quand je suis parti au Britannique, je me suis relâché un tout petit peu, je ne bossais plus. Je ne bossais plus parce que contrairement à ce que les gens pensent, là-bas, tu es quand même assez libre.

  • Speaker #1

    Alors le Britannique, pour les gens qui ne savent pas ce que c'est. C'est une école militaire, c

  • Speaker #0

    Ouais, c'est une école d'excellence militaire. Tu fais le concours, il y a pratiquement 40 000 élèves qui font le concours et on n'en prend que 50 et qui doivent suivre une formation militaire dans un internat à Bangou, à Saint-Louis, pendant 7 ans.

  • Speaker #1

    D'accord, donc toi, quand tu passes ce concours, parce que tu l'as passé en CM2, tu quittes Dakar pour aller à Saint-Louis, en internat.

  • Speaker #0

    En internat.

  • Speaker #1

    Ah ok, déjà ça doit être un gros choc, ça, pour le jeune élève.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'était quand même très très très dur.

  • Speaker #1

    Surtout que si tu me dis que tu es dans ce cocon familial avec beaucoup de femmes, j'imagine que tu devais être chouchouté, quand même un petit peu couvé.

  • Speaker #0

    Ouais, tu ne rentres pas dans la cuisine, on fait tout pour toi. Voilà, l'assisté, quoi.

  • Speaker #1

    Et là, tu arrives en internat, à Saint-Louis.

  • Speaker #0

    Boum, dans la vie militaire. Oh là là. Que voilà, on suit une formation militaire. donc tout ce que les militaires font nous on fait aussi technique de combat technique de guerre tir avec des armes à 14 ans à 14 ans tu tires avec les M16, les fusils M16 ce sont les fusils des américains, ils sont partis en Irak avec à 14 ans tu tires avec ça tu tires avec ça les frontiers sécu d'utilité Oui ! Tu tires avec ça, quoi. Tu sautes en parachute aussi.

  • Speaker #1

    À 14 ans ?

  • Speaker #0

    Pas à 14 ans, mais à ta première.

  • Speaker #1

    Mais ouais, 16 ans !

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Pas eu la même enfance !

  • Speaker #0

    Wow ! Ouais, effectivement.

  • Speaker #1

    Mais ça, est-ce que c'est un choix que toi, tu voulais ? Ou est-ce que c'est les parents qui voulaient que tu ailles là-bas ?

  • Speaker #0

    Moi, je ne savais même pas que le pré-administration existait quand je faisais le concours. Ouais,

  • Speaker #1

    je n'ai jamais entendu parler.

  • Speaker #0

    Quand je faisais le concours. Je ne savais même pas que le président militaire existait.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc moi, comme je bossais, j'étais déjà prêt pour faire le concours. Donc mon père, un jour, il m'a réveillé, il m'a dit, écoute, aujourd'hui, tu vas faire des examens. Et il m'a ramené faire le concours.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #0

    allons-y. Ok, allons-y. Donc j'ai passé le test. C'est des épreuves aussi psychotechniques, etc. pour comprendre la logique et tout. Français, maths, etc. Et c'est comme ça que j'ai fait pour...

  • Speaker #1

    Le gars, il a signé pour un truc, mais il ne sait pas dans quoi il va.

  • Speaker #0

    Il y a un coco.

  • Speaker #1

    Allons-y, on le fait. Je vais à l'armée pendant six ans. OK,

  • Speaker #0

    d'accord. Mais c'est ça. C'est comme ça que j'ai parti au Britannique militaire. Et c'était très dur parce que... En tout cas, les débuts.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr que le début doit être dur.

  • Speaker #0

    Oui, le début parce que tu as 11 ans. On t'arrache des parents comme ça. En plus, tu rentres à la maison que pendant les grandes fêtes. Les fêtes Tabaski, Korité, les grandes fêtes. Donc, la première semaine, je disais, dans le dortoir, tout le monde pleurait. La nuit, tout le monde pleurait.

  • Speaker #1

    C'est compréhensible.

  • Speaker #0

    Tout le monde pleurait parce que tu es jeune. et surtout que tu viens, on te fait subir des actes qui t'humilient. Parce qu'en fait, l'armée, c'est ça. Ils veulent que tu rentres dans le moule. Exactement, il faut que tu rentres dans le moule, il faut que tu sois humble, tu sois fort, etc. Donc, c'est compliqué.

  • Speaker #1

    En fait, j'imagine que c'est sûr que le premier... Allez, je veux dire même la première année, ça doit être difficile. Merci. tu es trop jeune pour comprendre les valeurs et finalement l'atout que les parents veulent te donner en te mettant dans cette position-là. Surtout s'il y a un cas comme toi où on ne t'a pas préparé à ça, parce que peut-être que tu aurais eu un an où on te prépare avant. On te dit, OK, Mohamed, dans un an, tu vas passer le concours, tu vas te préparer pour aller là-bas. Tu as le temps peut-être, même si tu es jeune en tant qu'enfant, d'assimiler que... Tu as cette possibilité d'aller là-bas, te renseigner et voir. Mais j'avoue que quand tu ne sais pas que tu passes un concours pour ça, et que du jour au lendemain, tu es accepté, on te dit que tu es accepté. Toi-même, tu te dis, mais accepté dans quoi ? Ah, mais tu vas à Saint-Louis, l'armée et tout. La première année doit être très dure. Mais je suis persuadé, tu vas me dire si je me trompe, est-ce que si c'était à refaire, te voyant aujourd'hui, je suis sûr que tu me dirais oui, c'est à refaire, je le refais. parce que ça a dû t'apprendre Tellement de choses, te faire vivre tellement de choses.

  • Speaker #0

    Exactement, exactement. En fait, c'était dur, mais c'était très enrichissant. Parce qu'au Britannique, comme je te disais, on t'apprend à tirer, à faire la guerre. Tu es avec tes copains qui sont maintenant des frères. Et vous traversez vraiment des fois des moments très compliqués dans la formation. Et ça t'apprend énormément dans la vie. Ça t'apprend à être humble, ça t'apprend à être solidaire. et nous aussi on avait une devise aux Britanniques militaires qui était savoir pour mieux servir. Donc, chaque fois on nous répétait ça, on nous répétait ça et finalement c'est ancré en nous et ça a conditionné beaucoup de mes choix et de mes actes dans la vie d'après. Donc, savoir toujours essayer de monter en compétence. savoir un peu plus dans son domaine, d'être beaucoup plus avisé et servir aussi. Donc, être utile aux autres, avoir de la valeur dans la société. Donc, ouais, effectivement, c'est...

  • Speaker #1

    Et c'était quoi l'emploi du temps typique ? Est-ce que c'est comme, je vais te dire, un centre de formation un petit peu pour sportifs ? Parce que les centres de formation pour sportifs, c'est généralement le matin court, l'après-midi sport. tu vois est-ce que Comment vous se déroulaient un petit peu les journées ou les semaines ? Est-ce que tu avais des moments courts, des moments apprentissage de la guerre, apprentissage de l'armée ou est-ce que c'était un autre système ?

  • Speaker #0

    Alors, c'était un peu des deux parce que le matin, on faisait du sport, qu'on appelait décrassage. À 7h, on se levait pour aller courir. Après, on enchaîne avec les études.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Après, quartier libre. Le soir, on doit retourner en classe pour étudier. D'accord. Et les mercredis, les samedis, on avait des cours militaires.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Les cours de guerre, les techniques de guerre,

  • Speaker #1

    etc.

  • Speaker #0

    Donc c'était assez classique.

  • Speaker #1

    Donc pendant sept ans, tu es là-bas.

  • Speaker #0

    Oui, sept ans.

  • Speaker #1

    Si tu devais retenir un souvenir, une expérience de ces sept ans ? qui t'a le plus marqué ? C'est quoi le souvenir que tu dirais ? Si je devais en garder qu'un, ça serait celui-là.

  • Speaker #0

    Il y en a beaucoup.

  • Speaker #1

    J'imagine, tu m'as dit, tu as sauté en parachute à 16 ans, tu as tiré au FAMAS, tu as conduit un char d'assaut. C'est quoi l'expérience qui t'a le plus marqué dans ces 7 ans ?

  • Speaker #0

    Alors, je n'ai jamais réfléchi, mais le jour de la remise des insignes, Ça m'a beaucoup marqué parce que quand tu rentres dans l'école, normalement, tu dois faire trois mois de formation intense. D'accord. Trois mois de formation où tu ne vois pas tes parents. On te fait faire des exercices de ouf.

  • Speaker #1

    Ça, c'est les trois premiers mois quand tu rentres ta première année ?

  • Speaker #0

    Les trois premiers mois, direct dans le dur. Et ce qu'il faut savoir, c'est qu'à partir de la cinquième jusqu'à la terminale, tous les élèves sont tes anciens.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et ils ont... Le droit de vie.

  • Speaker #1

    Tout pouvoir sur toi.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. Tout pouvoir sur toi. Donc, ils viennent des fois dans tes dortoirs pour te bijouter, te taper, te donner des ordres. Fais-moi ceci, il faut me faire la vaisselle, etc. Et donc, après ces trois mois-là, tu n'es pas encore un enfant de troupe. Parce que les élèves qui sont au pré-délimitaire, on les appelle des enfants de troupe. donc pendant ces trois mois là t'es pas encore un enfant de troupe et après quand tu valides la formation avec succès on organise une remise des insignes où on appelle tes parents donc c'est une grande fête ça se passe dans la nuit il y a des rituels c'est vraiment très intense en émotion et là on te remet l'insigne militaire que tu es officiellement un enfant de troupe D'accord.

  • Speaker #1

    donc ça ça m'a quand même beaucoup ah non j'imagine surtout que tu me dis s'il y a une cérémonie, s'il y a la famille qui vient et que t'as fait 3 mois dans le dur et que tu sais que finalement ces 3 mois ça a servi parce que t'es là ça doit être beaucoup d'émotions qui sortent d'un seul coup.

  • Speaker #0

    Mais moi j'étais un enfant de troupe très terrible je sais pas mais pourtant t'étais un enfant cadré à la maison exactement mais je crois que c'est un peu à cause de ça Oui.

  • Speaker #1

    C'est le fait de ne pas accepter de pourquoi vous m'avez amené là alors que je n'ai pas demandé ça ?

  • Speaker #0

    Voilà, et aussi comme j'étais couvé et tout ce que je devais faire, on me le disait. Quand je suis venu au Britannique, j'étais plus très assidu dans les études et j'ai commencé à développer ce côté-là un tout petit peu rebelle, un tout petit peu aventurier et marginal. Donc, chaque année, je partais en prison. Chaque année, parce qu'on a des prisons là-bas au Britannique.

  • Speaker #1

    J'étais pas prêt à ça dans cet épisode. Je m'attendais pas à ce qu'il me raconte tout ça. Tu vas dans la prison.

  • Speaker #0

    Chaque année, parce qu'on a une prison là-bas pour le camp. En fait, le Britannique militaire est dans le camp des Monts-Marguerites, le camp des militaires. Et on partage la prison là-bas. Donc si tu déconnes, si tu fais des bêtises, si tu pars pas en cours, si tu fais des bêtises en gros, on t'emmène en prison. Moi, chaque année, je partais en prison. Mais pour des dingueries.

  • Speaker #1

    Tu sais que ça, ça va être un réel sur Instagram. Je vais commencer le réel avec ta phrase où chaque année, je partais en prison. Les gens vont dire mais qu'est-ce qu'il a fait lui ?

  • Speaker #0

    Non, mais je donne juste une anecdote. Un jour, moi, je voulais faire des recherches. sur internet c'était plus sur Encarta je sais pas si je te rappelle je vais faire des recherches sur Encarta donc pour faire des recherches sur Encarta tu dois aller à la salle informatique et pour aller à la salle informatique tu dois aller demander la permission à la direction des études donc moi je pars à la direction des études Ils ne me donnent pas la permission. Je dis, mais moi, je veux faire des recherches pour mes études. Et vous me dites non. OK, j'attends 2h du matin.

  • Speaker #1

    Ça commence mal, cette histoire.

  • Speaker #0

    J'attends 2h du matin. Je pars choper les baldequins, ce sont les bars là pour armoires. Ouais. Et je pars défoncer la salle informatique.

  • Speaker #1

    Il est là, il est là.

  • Speaker #0

    Je pars défoncer la salle informatique, je rentre tranquillement et j'ouvre mon encartable pour faire mes recherches.

  • Speaker #1

    Tu étais seul dans le noir.

  • Speaker #0

    Seul dans le noir. Et j'ouvre mon encartable pour faire mes recherches. Et là, il y a deux soldats qui passent et ils voient la lumière de l'écran. Et ils rentrent, ils me chopent là-bas. Ah là là, j'ai passé. Et c'était compliqué.

  • Speaker #1

    Ouais, non, j'imagine.

  • Speaker #0

    C'est compliqué. Donc du coup, avant de m'emmener en prison, ils m'ont tabassé. Ils m'ont tabassé. C'était en décembre, il faisait froid. Ils m'ont jeté des sauts d'eau, ils m'ont fait rouler par terre, etc.

  • Speaker #1

    Froid de Saint-Louis là-bas.

  • Speaker #0

    Non mais de somber. Je me rappelle, j'étais en short comme ça, t-shirt. Ils se sont défoulés sur moi. Après, ils m'ont emmené en prison pour huit jours.

  • Speaker #1

    Huit ?

  • Speaker #0

    Et la prison, il n'y a pas de matelas là-bas. Il n'y a pas de moustiquaire. On dirait qu'ils élèvent des moustiques là-bas. Il n'y a pas de moustiquaire. Tu te couches à même le sol.

  • Speaker #1

    Huit jours ?

  • Speaker #0

    Huit jours. Et tu manges les restes de tes copains qui sont à l'école. Donc, huit jours en prison comme ça.

  • Speaker #1

    Oui, mais tu l'as cherché aussi, toi aussi. Deux heures du matin, le gars, il va te défouler. Ah oui, vous ne voulez pas que j'étudie ? D'accord, il n'y a pas de problème.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Oui. Mais toi, tu es fou. Toi, tu sais que tu as l'armée. C'est là-bas même, tu dis, ce n'est pas grave, je vais défoncer la porte.

  • Speaker #0

    Oui. Et série sur le gâteau. on m'amène en prison. Donc, je fais deux jours là-bas et ça m'a saoulé, en fait. Je me suis dit, OK, attendez, vous allez voir.

  • Speaker #1

    C'est ça ce que tu vas raconter, parce que là, si tu me racontes une dinguerie, moi, je sors de la pièce.

  • Speaker #0

    Attendez, vous allez voir. Et donc, je fais quoi ? Je m'évade. je vais arrêter le podcast ici c'est bon merci Mohamed d'être revenu tu t'évades je m'évade et c'est pour ça jusqu'à présent on m'appelle Tounki Schofield on m'appelle Tounki Schofield au Pritamilter Il y a un journal qui s'appelle Vête, voix de l'enfant de troupe. On m'a présenté il y a deux ans. Moi, j'ai quitté le Britannique en 2010. On m'a présenté le journal il y a deux ans. Et il y avait un élève qui racontait cette histoire.

  • Speaker #1

    La légende. C'est devenu une légende au Britannique. Vous savez, il y a le Rangale. Les potes.

  • Speaker #0

    Waouh ! Donc, oui, j'étais quand même assez terrible.

  • Speaker #1

    tu fais quand même 7 ans C'est temps là-bas.

  • Speaker #0

    C'est temps.

  • Speaker #1

    Tu finis. Qu'est-ce que tu fais après ?

  • Speaker #0

    Alors, je finis. Je pars en France. Ouais. Poursuivre la communication des entreprises. option publicité.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc toi, tu voulais t'orienter, on va dire, dans du marketing, à peu près.

  • Speaker #0

    En fait, je ne voulais pas initialement cette formation. D'accord. Moi, je voulais juste quitter le Sénégal.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc toi, ton envie de foncer ?

  • Speaker #0

    Je veux partir du Sénégal ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    L'option qu'on me donne, c'est ça ? C'est ça,

  • Speaker #1

    exactement. Ok. C'est ça. Donc, moi, initialement, j'ai toujours voulu faire de l'informatique. Donc, je ne pouvais pas.

  • Speaker #0

    On l'a compris que tu voulais faire de l'informatique. Le gars, à 2h du matin, il a défoncé l'info, mais oui.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc, je ne pouvais pas parce que c'était le bac L, en fait. Oui. Le bac L. Je ne peux pas. pas faire de l'informatique en France. Donc je suis parti faire la communication des entreprises, option publicité, mais je ne me sentais pas à ma place en France. Chaque fois quand je me réveille, je sens que je ne suis pas chez moi. C'était dur, voilà étudiant, t'as pas de bourse, tu travailles pas, donc t'es en galère, tu suis une formation que tu n'aimes pas.

  • Speaker #0

    donc voilà t'es arrivé dans quelle ville en France ?

  • Speaker #1

    Paris Direct Paris Direct ok ouais Paris Direct t'imagines Paris en plus de Paris tu quittes Saint-Louis le Britannique militaire pour arriver à dans Paname tu dis oh la la ouais non c'est ça c'est ça donc quand j'ai eu mon BTS Là, je me suis dit, c'est bon, je rentre.

  • Speaker #0

    Tu rentres à Dakar ?

  • Speaker #1

    Je rentre à Dakar. D'accord. Ma mère m'achète le billet aller-retour, parce qu'elle croyait que j'allais retourner. Et je suis venu, je lui ai dit, moi, la France, c'est fini. Je reste ici. Et après, j'ai suivi ma passion, l'informatique. Parce qu'ici, à l'école Dakar Bourguiba, tu pouvais faire l'informatique.

  • Speaker #0

    Malgré que tu n'aies pas fait un bac scientifique.

  • Speaker #1

    Exactement. Après, on m'a averti, on m'a dit, écoute, il y a l'électricité, il y a les maths, etc. Mais comme j'étais vraiment très passionné par l'informatique, je me suis dit, je vais me donner les moyens pour y arriver. Et c'est comme ça que j'ai eu ma licence. Après, je suis parti à l'IAM pour suivre mon master en génie cloud. Donc voilà, après j'ai eu mon master en tant que master génie cloud.

  • Speaker #0

    Ok. Et dans toute cette période-là ? parce qu'il faut qu'on arrive forcément à moi ma curiosité pendant toute cette période là à aucun moment tu approches l'alpinisme de près ou de loin jamais donc tu finis ton diplôme ici ton diplôme fini est-ce que tu vas dans le marché du travail ici ou tu repars ?

  • Speaker #1

    alors mon diplôme je l'ai fait en même temps que je travaillais À la Sonatel.

  • Speaker #0

    D'accord, donc tu avais déjà un emploi ?

  • Speaker #1

    Oui, j'avais déjà un emploi. D'accord. Donc j'ai travaillé à la Sonatel pendant deux ans. Ouais. Donc j'ai passé des commissions de recrutement, parce que j'ai été recruté en CDD. D'accord. Donc j'ai passé des commissions de recrutement pour passer en CDI. Sauf qu'au dernier entretien, le DG me dit, mais vous, vous n'avez pas encore soutenu. Effectivement, je n'avais pas encore soutenu à l'époque. Et donc, tu connais ici au Sénégal les diplômes, etc. Si tu n'as pas soutenu, moi, je dis, mais je soutiens normalement dans deux semaines. Je dis, mais voilà, si tu n'as pas soutenu, on ne peut pas te prendre ici en CDI. Donc, je dis, OK, pas de souci. Et donc, mon contrat se termine. Et maintenant, avec un peu de recul, c'était une chance. En fait, c'était Dieu qui fermait une porte pour... pour en ouvrir une autre. Parce qu'après, une banque de la place, MicroCred, m'a recruté en tant qu'ingénieur système. Et là-bas, j'utilisais une solution cloud qui s'appelle AWS. Il était très convoité. Donc là-bas, j'étais en CDI, donc une solution qui était très convoitée. Et j'ai eu un pote qui m'a parlé d'une certification sur cette... Cette solution. Et comme moi, tout le temps, j'essaie de monter en compétence, d'être plus performant dans mon domaine.

  • Speaker #0

    Comme tu l'as dit, comme tu as appris au Britannique.

  • Speaker #1

    Savoir pour mieux servir.

  • Speaker #0

    Savoir pour mieux servir, exactement.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc je me suis dit, ok, je vais essayer de passer cette certification. Sauf que cette certification, je ne pouvais pas la passer au Sénégal.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Tu pouvais faire les cours à distance. Donc, c'est des cours que tu achètes toi-même en ligne. Tu lis la documentation aussi de la solution, etc. Mais si tu veux passer la certification, tu dois partir en France. Et à l'époque, j'avais un maigre salaire. Un salaire, je ne pouvais pas me payer un billet.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas ce salaire qui peut te permettre de payer un billet, le logement quand tu vas aller là-bas, la nourriture.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    exactement. Il y a toute une logistique.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Et donc, ma mère m'a aidé. Des mamans, des soeurs, des mamans. Ma soeur aussi qui est en France m'a aidé. Et j'ai économisé un tout petit peu pour passer la certification. Autant se dire que j'avais quand même la pression.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Si tu dois partir en France pour faire un examen, qui va juste durer une heure de temps.

  • Speaker #0

    Et qu'on paye tout ça pour que tu ailles le faire, tu as intérêt à le...

  • Speaker #1

    Voilà. Et donc, je me suis donné les moyens pour avoir cette certification et je suis parti. Masha'Allah, alhamdoulilah, je l'ai réussi. Je suis revenu au Sénégal et là, je poste ma certification sur LinkedIn. Et j'oublie. Une semaine après, il y a un gars qui me contacte sur LinkedIn. Il me dit oui, est-ce que ça vous dit de venir sur Paris travailler en tant qu'ingénieur cloud ? Moi je dis mais attends, ces brouteurs-là...

  • Speaker #0

    C'est béninois là. Bon, je carrel.

  • Speaker #1

    Ils sont même sur LinkedIn. Donc je lui dis, écoutez, why not ? On peut se faire l'entretien quand vous voulez. Et le soir même, on fait l'entretien.

  • Speaker #0

    Et Dieu.

  • Speaker #1

    Ça a duré 15 minutes. Le gars, il a validé mon profil. Raphaël Haïk, je te salue. C'est le boss. Ça va être mon futur boss. Il a validé mon profil et il m'a dit écoute, t'as absolument rien à faire. Nous, on va faire les démarches pour toi, autorisation de travail, etc. Toi, tu pars juste à l'ambassade, tu déposes tes papiers et tu auras ton visa. Donc c'est comme ça que je suis reparti en France. Et j'ai pratiquement multiplié mon salaire de microcréd par 11.

  • Speaker #0

    On est en quelle année quand tu repars en France ?

  • Speaker #1

    Quand je repars en France, on est en 2017.

  • Speaker #0

    2017, ok. Et comme tu le dis tout à l'heure, tu te rends compte que si cette fenêtre d'orange ne s'était pas fermée... tu n'aurais pas vécu ça,

  • Speaker #1

    tu serais resté dans ton quotidien d'Orange en tout cas Orange il n'utilisait pas la solution innovante là il n'utilisait pas ça donc effectivement voilà donc tu repars en France parce

  • Speaker #0

    que tu as été débauché au Sénégal pour venir travailler en France c'est ça,

  • Speaker #1

    et moi dans mon entourage Je n'ai jamais vu ça.

  • Speaker #0

    Mais je n'ai jamais vu ça moi non plus. On a débauché quelqu'un au Sénégal pour dire « mon gars, viens bosser chez nous » .

  • Speaker #1

    Alors que je n'avais pas beaucoup d'expérience.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu avais cette certification qui est recherchée.

  • Speaker #1

    Exactement, j'avais cette certification-là.

  • Speaker #0

    Donc tu repars en France. C'est quoi le sentiment de tes parents quand tu repars en France ?

  • Speaker #1

    Mes parents...

  • Speaker #0

    Parce que tu sais, quand tu es parti la première fois, tu n'as pas aimé.

  • Speaker #1

    tu es revenu parce que tu as pas aimé mais quand tes parents tu leur dis bon je j'ai eu un boulot en france je pars ah non mais ils étaient hyper content pour moi ouais parce qu'ils savaient que voilà je m'étouffais un tout petit peu dans ce que je faisais d'accord certes voilà j'étais dans l'info ça ça ça me plaisait mais je voulais un peu toujours plus d'accord j'ai voulu toujours plus et quand ils ont su que voilà j'ai été débauché très content et il savait que cette fois ci ça allait différent ouais ça avait une autre une autre expérience pour d'accord 2017 tu repars tu repars sur paris ouais sur paris sur paris on le boulot tout se passe bien tout tout se passe très très très bien parce que bah j'étais à l'aise financièrement c'était pas des pattes pendant des mois exactement donc j'étais à l'aise financièrement donc je pouvais déjà explorer, m'épanouir un peu plus. J'étais aussi très à l'aise dans la boîte. J'ai rapidement gravi les échelons pour être manager dans la boîte au bout d'un an. J'ai eu des collègues aussi super sympas. Il y avait ma sœur qui était en France avec qui je faisais pas mal de choses. Donc oui, c'était différent.

  • Speaker #0

    Jusque-là, tout va bien. maintenant Mohamed il faut que tu m'expliques à quel moment dans tout ça là quand tout roule tout va bien à quel moment ton cerveau se dit bon si on allait gravir une petite montagne là comment ça arrive

  • Speaker #1

    Comment ça arrive ? Alors, j'ai mon beau-frère qui fait du ski. Donc, il fait du ski et il m'a invité un jour à faire du ski.

  • Speaker #0

    Ton beau-frère, c'est un Français, un Pénégalais ? C'est un Français,

  • Speaker #1

    oui. Il fait du ski, donc il m'a invité. C'est pour ça. Oui. C'est ça. Il m'a invité à... à faire du ski avec lui dans les Alpes.

  • Speaker #0

    Tu n'en avais jamais fait ?

  • Speaker #1

    Je n'ai jamais fait.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais comme j'adore l'aventure, je lui ai dit why not ? Ouais. Et donc, comme ça, on part. On part, voilà, en voiture. Et là, on s'approche de la chaîne des Alpes. Ouais. Et je vois au loin les montagnes qui approchent. Mais c'est juste incroyable.

  • Speaker #0

    C'est juste... Alors, je mets un temps d'arrêt parce que, effectivement, c'est incroyable. En plus, en hiver, tout blanc. Et en plus, surtout... Quand tu es un Sénégalais, je ne vais même pas dire un Sénégalais, quand tu es un Africain et que tu n'as jamais vu ce type de paysage, quand tu le vois la première fois, c'est tellement loin de ce que tu as vu dans ta vie.

  • Speaker #1

    Effectivement.

  • Speaker #0

    La chose la plus haute que tu as vue, c'est le phare des Mamelles.

  • Speaker #1

    Ça, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Mais quand tu vois, c'est tellement majestueux, c'est tellement beau, c'est tellement... extraordinaire que en fait quand tu m'as dit ça j'ai imaginé tes yeux mais c'est ça tu vois j'ai imaginé tes yeux j'ai imaginé tes émotions tu sais quand tu vois les premières montagnes au loin et puis quand tu vois que plus tu t'approches plus ça monte en fait mais c'est ça exactement donc

  • Speaker #1

    j'étais là émerveillé voir ces mastodontes là tu vois c'est bloc de pierre. Et j'étais fasciné. J'étais fasciné par ça. Fasciné et intimidé aussi.

  • Speaker #0

    Ouais, exactement.

  • Speaker #1

    Intimidé. Je me sentais vraiment petit. Et voilà, c'est l'adrénaline, ça m'a encore plus stimulé. Et donc là, je passe un séjour magnifique. Je prends un cours sur trois jours de ski. Ça se passe très bien. et Dans la station, les deux Alpes, on peut monter jusqu'à 3200 mètres d'altitude sur un glacier. Et donc, je suis monté jusqu'à 3200 mètres d'altitude, pas avec les skis, mais juste histoire de visiter en fait cette zone-là. Et là, je vois le Mont Blanc au loin. Donc, ils ont des affiches pour dire, voilà, tel pic, ça s'appelle comme ça, tel pic, ça s'appelle comme ça. et là je vois au loin le Mont Blanc. Et mon père, il m'a parlé du Mont Blanc quand j'étais petit. Ah oui, bien sûr. Il m'a parlé du Mont Blanc et voilà, les souvenirs viennent, etc. Et comme j'aimais ce que je voyais, j'aimais ce que je ressentais aussi et j'aimais l'aventure, je me suis dit, comment explorer le Mont Blanc ?

  • Speaker #0

    Mais quand tu fais cette... Cette montée où tu aperçois le Mont-Blanc, ça reste un parcours touristique.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Donc ça, c'est une montée où tu es accompagné avec un guide. Tu n'es pas avec des équipements particuliers.

  • Speaker #1

    Non, tu prends les téléphériques. Exactement. Tu ne portes pas de ski. C'est juste très touristique.

  • Speaker #0

    Et donc toi, tu montes, tu aperçois le Mont-Blanc, le public du Mont-Blanc. Et surtout que... Aussi pour que les... Je veux pas dire de bêtises pour que les gens comprennent. Toi, tu es dans les Alpes. Le Mont Blanc, c'est Massif Central, non ?

  • Speaker #1

    Non, non, non, c'est dans les Alpes.

  • Speaker #0

    C'est dans les Alpes, Mont Blanc ? Massif Central, c'est quelle montagne qui est dans le Massif Central qui est hyper haute ? J'ai oublié, j'ai oublié. Bon bref, tu vois le mont et là, tu tombes amoureux.

  • Speaker #1

    Ouais, je tombe amoureux, je tombe amoureux. Là, je me dis, il faudrait que je fasse quelque chose avec cette montagne. Et c'était l'alpinisme, quoi. Parce qu'avec l'alpinisme, tu prends ton temps, tu explores, tu ressens, tu es en symbiose avec la montagne. Donc je me suis dit, juste descendre les pistes, ça ne me suffit plus. Maintenant, il faudrait que je commence à gravir les montagnes.

  • Speaker #0

    Il est fou. Donc là, tu redescends avec cette idée en tête. Est-ce que le Mont Blanc, c'est la première montagne que tu escalades ?

  • Speaker #1

    La première montagne.

  • Speaker #0

    C'est la première ?

  • Speaker #1

    C'est la première.

  • Speaker #0

    Le Mont Blanc, c'est combien d'altitude ?

  • Speaker #1

    4810.

  • Speaker #0

    4810 mètres. Donc, entre ce moment où tu le vois et ton ascension du Mont Blanc, il y a combien de temps ?

  • Speaker #1

    Il y a deux ans.

  • Speaker #0

    C'est ça, deux ans. Comment tu te prépares à ça ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, les gens pensent que je suis un casse-cou, que je vais comme ça à la fleur au fusil, mais pas du tout.

  • Speaker #0

    Ah non, non, moi, pour avoir regardé tes stories, pour avoir regardé ton contenu, je dis que tu te prépares méticuleusement à chacune de tes escalades.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Donc, moi, si j'ai un projet comme ça, je me prépare en fonction du projet parce que il y a par exemple sur les ascensions, tu peux avoir des ascensions beaucoup plus techniques que d'autres, des ascensions qui demandent une forme physique beaucoup plus solide. D'accord. Donc le Mont Blanc, c'était un peu des deux.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc le Mont Blanc, comme c'est haut, il faudrait se préparer à l'altitude. Oui. Il faudrait aussi préparer son corps. Parce qu'en fait, quand tu te prépares à faire une ascension, moi, en tout cas, comment je me prépare ? C'est sur deux volets. Sur le mental et sur le physique. Donc, sur le physique, c'est déjà renforcer mon cardio. Donc, en quoi faisant ? En faisant des courses. des courses très longues, des fois, des fractionnées pour faire travailler le cœur, etc. Et aussi, faire beaucoup de renforcement musculaire au niveau des jambes. D'accord. Parce que sur la montagne, ce sont tes jambes qui te...

  • Speaker #0

    Qui te travaillent le plus.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Et comme sur la montagne, tu ne cours pas, tu marches, donc faire aussi beaucoup de randonnées pour s'entraîner. Donc c'est comme ça que je me prépare physiquement. Et mentalement, faire beaucoup de visualisations. D'accord. Donc je fais pas mal de visualisations. Je prie aussi beaucoup. Parce qu'il y a des choses qu'on ne contrôle pas. Il y a des choses, c'est du domaine de Dieu. Donc je prie beaucoup, je visualise. Je me visualise très souvent en train de gravir la montagne. Je vois les passages, par exemple, quand je fais mes recherches sur YouTube, etc. Je vois les passages, je me visualise en train de passer ces passages-là avec succès. Et c'est comme ça que je me prépare mentalement.

  • Speaker #0

    Parce que là, tu le dis avec l'expérience, mais quand tu fais ces deux ans entre le moment où tu vois la montagne et le moment où tu fais l'ascension de la montagne, est-ce que tu as quand même des... des professeurs, des gens qui t'apprennent, qui te parlent de leur expérience ? Est-ce que tu... Tu vois, j'ai vu le documentaire d'Innoxtag, tu vois, sur son ascension qu'il a faite. Lui, c'est l'Everest, c'est bien ça ? Je ne dis pas de bêtises. On voit qu'il s'est préparé pendant un an, plus d'un an, il a fait des petites montagnes, il a fait des choses comme ça. Est-ce que toi... Tu t'entraînes sur des petites montagnes, des choses comme ça, avant de faire l'ascension du Mont Blanc ? Ou est-ce que tu vas direct et tu fais le Mont Blanc ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Direct, je fais le Mont Blanc. Alors, ce que tu dois savoir, c'est que j'ai tenté une première fois l'ascension du Mont Blanc en groupe.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et on n'est pas arrivé au sommet.

  • Speaker #0

    D'accord. Ça, c'était dans les deux ans ?

  • Speaker #1

    Non, juste avant mon ascension en solitaire.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, je me suis dit que comme c'est la première ascension et je veux vraiment plus tard faire de l'alpinisme. Je vais m'inscrire à un stage d'alpinisme pour après faire le Mont Blanc en groupe. Comme ça, je vais apprendre les bases de l'alpinisme afin de maximiser mes chances pour être un alpiniste. D'accord. Donc, c'était un stage de six jours. Donc, quatre jours où vous évoluez sur plusieurs types de terrain, roches, glaces, etc. Et après, les deux derniers jours, vous tentez l'ascension du Mont Blanc.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, j'ai d'abord eu cette première expérience. Et les quatre jours se sont bien passés. Donc, j'ai beaucoup appris. Donc, comment évoluer sur la montagne, comment planter son piolet, mettre les crampons, etc. Et après, on n'est pas arrivé au sommet parce qu'il y avait une tempête. D'accord. Parce que voilà, il faut savoir que sur la montagne, le danger objectif qui vient très souvent, c'est... Il y avait une tempête, donc on est redescendu.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et quand on est redescendu, je me suis refait un tout petit peu le film de cette expédition. Et j'ai vu qu'il y avait deux choses qui me dérangeaient. Le fait d'être encordé à quelqu'un. Parce que quand tu évolues sur les glaciers, il faudrait que tu t'encordes à quelqu'un pour limiter les risques quand tu chutes.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Parce que sur les glaciers, tu as des crevasses, ce sont des trous, des fissures sur les glaciers qui peuvent... descend jusqu'à 100 mètres de profondeur. Et si tu tombes, si t'es pas encordé, tu tombes et c'est fini.

  • Speaker #0

    Tandis que si tu es encordé, le poids des autres te retient, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Exactement. Donc si tu t'encordes à ton compagnon, voilà, il peut te retenir. Sauf que j'ai vu dans notre expédition qu'il y a des passages, même si c'est bombardier. ou Balaguer qui te retient, qui essaie de te retenir, il peut pas. Tu l'emmènes dans ta chute. Donc moi, je me suis dit que je veux pas avoir cette responsabilité-là et je tombe de tuer quelqu'un, d'emporter quelqu'un avec moi. Donc ça, ça me dérangeait. Et aussi, on passait sur des parois très abruptes. Et je voyais qu'il y avait des... parmi mes compagnons de cordée des gens qui pouvaient pas passer ces passages là parce qu'ils avaient peur donc quand tu as ton compagnon de cordée qui peut pas avancer c'est frustrant et vous êtes obligé de redescendre parce que tu vas pas le laisser là bas donc je me suis dit c'est là où je me suis dit que bon ok être en groupe c'est bien parce que ça aussi c'est côté positif Merci. mais je vais tenter l'ascension seul je vais tenter l'ascension seul et si je réussis l'ascension ça sera moi si je choue,

  • Speaker #0

    ça sera moi je vais réussir c'est ça mais quand tu décides de partir dans cette aventure seul tu le dis à ton entourage ?

  • Speaker #1

    pas sur le champ j'ai attendu J'ai attendu d'arriver à Chamonix, qui est le camp de base de village du Mont-Blanc, pour dire à mon père et ma mère mon projet.

  • Speaker #0

    Et comment ils ont réagi ?

  • Speaker #1

    Ah, mon fils, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Qui t'a envoyé ? Qu'est-ce que tu cherches ? Est-ce que tu es malheureux ? Qui t'a brisé le feu ? Non, mais...

  • Speaker #0

    c'est normal parce que c'est tellement loin de nos réalités ici et quand tu fais, en plus si je ne dis pas de bêtises c'était en hiver, toi tu le fais le Mont Blanc,

  • Speaker #1

    il y a encore de la neige oui il y avait encore de la neige mais cette ascension là, c'était une ascension spéciale, très spéciale Pourquoi ? Quand je suis parti faire mon bourgon solitaire, il faisait excessivement chaud.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Donc tous les guides, ils ont annulé leur expédition parce que la montagne n'était pas clémente. Il y avait beaucoup de morts cette saison-là. Il y avait beaucoup de...

  • Speaker #0

    Et lui, il y va.

  • Speaker #1

    Il y avait beaucoup de morts cette saison-là. Et il y a sur le Mont-Blanc un passage qu'on appelle le couloir du goûter ou le couloir de la mort. En fait, c'est un couloir. qui a beaucoup de chutes de pierre. D'accord. Parce que quand il fait chaud, le permafrost de la montagne, en fait, le permafrost, c'est la glace qui retient les rochers. Oui. Fond. Donc, du coup, il y a d'énormes blocs de pierre qui tombent.

  • Speaker #0

    Qui tombent, forcément.

  • Speaker #1

    Et sur le couloir de Goutté, il y avait des blocs de pierre qui tombaient, mais chaque 15 minutes,

  • Speaker #0

    quoi. OK.

  • Speaker #1

    Et donc ça, c'était inédit sur le Mont-Blanc. Donc quand je suis arrivé à Chamonix, tous les guides, ils ont annulé leurs expéditions. OK. Donc là, je pars louer mon matériel parce que je n'ai pas de matériel. Donc voilà, comme c'était mes débuts, je pars louer mon matériel. Et là... Le gars me demande mon projet. Je lui dis que je veux faire le Mont Blanc. Il me dit, mais c'est bizarre, comment ça vous voulez faire le Mont Blanc ? Mais tous les guides ont individuellement des expéditions, comment vous allez faire ? Je lui dis, mais je le fais seul. Il me dit, non, moi je ne prends pas ce risque, je ne peux pas vous louer le matériel.

  • Speaker #0

    Donc toi tu vois un professionnel de la montagne qui lui-même te dit qu'il ne veut pas te louer le matériel parce que c'est trop dangereux ? C'est ça. Mais toi,

  • Speaker #1

    tu vas quand même.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Donc, j'ai négocié. J'ai négocié avec lui. Donc, finalement, il m'a loué le matériel. Parce que moi, en fait, je me dis, OK, il me dit que je risque ma vie, que je vais potentiellement y rester. Oh, mais t'es fou.

  • Speaker #0

    Mais du coup, c'est faux.

  • Speaker #1

    Mais, moi je me dis que les gens en général quand ils disent que tu peux pas faire ça c'est parce que eux ne peuvent pas le faire ou bien ils n'ont pas le courage le gars il me connait pas,

  • Speaker #0

    il sait pas si je suis un professionnel ou pas je te dis que là au 4ème étage je ne peux pas sauter toi aussi tu ne peux pas sauter tu vois ce que je veux dire ouais c'est vrai c'est

  • Speaker #1

    vrai mais moi je me suis dit que Merci. Je vais quand même tenter l'ascension jusqu'à ce que la montagne me dise que ce n'est pas possible. Jusqu'à ce que moi, je vois que ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    En fait, ça t'a tiré trop ?

  • Speaker #1

    Ça m'a tiré trop et j'ai toujours été comme ça. Quand on me dit que ce n'est pas possible, il faut que je vois par moi-même avant de me dire que ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    non mais en fait moi je Je n'arrive pas à comprendre le sentiment de... à quel point ça t'a attiré. Parce que pour que tu aies tous ces voyants rouges, tu fais une première montée. On te dit non, le temps n'est pas bon. Tu reviens. On te dit tous les guides professionnels dont c'est le métier ont annulé leur toute leur montée. Le gars qui te loue le matériel te dit non, je ne te loue pas le matériel parce que là c'est dangereux. Mais malgré tous ces feux rouges... Il y a une force plus grande à l'intérieur de toi qui dit non, je vais quand même y aller. Et c'est ça qui est impressionnant dans ton histoire, c'est ce feu qu'il y a en toi qui a juste envie de non, moi je veux monter, je veux aller voir en haut de ça.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est ça. Parce que je me suis quand même donné les moyens pour y arriver. Et moi, je pense qu'Olivier, tu sais, la vie est régie par des lois. L'univers, la nature, on va dire. Il y a, par exemple, la loi de la gravité. Voilà, sans la loi de la gravité, peut-être qu'actuellement, on serait en train de flotter. Si on est assis là, c'est grâce à la loi de la gravité. Donc, c'est une loi avec qui on... C'est une loi qu'on subit chaque jour. Maintenant, il y a d'autres lois, beaucoup plus subtiles peut-être, qui, si on les transpose dans la vie de tous les jours, peuvent nous aider à atteindre nos objectifs.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    C'est comme par exemple la loi de... de cause à effet qui veut que toute action que tu poses provoque une réaction opposée et égale à cette action donc si par exemple toi tu veux 1 million de dollars il faut poser des actions qui vont t'amener à avoir ce 1 000 euros. Voilà, exactement. Si toi, tu veux atteindre le sommet du Mont-Blanc, tu dois poser des actions qui vont créer une réaction qui fait que tu atteindras le sommet. Souvent, les gens, ils font focus sur juste le but, l'output, le résultat, mais ils ne se disent pas que c'est l'input, ce que tu dois poser comme action. C'est là où tu dois faire un focus. Donc, moi, j'ai fait un focus sur ça. Donc, je me suis donné les moyens pour y arriver. Et je me suis dit, je vais le tenter quand même. Et on va voir si l'univers sera avec moi ou pas.

  • Speaker #0

    Et donc, le matin, tu te prépares, tu prépares ton sac, tu prépares tes affaires. Tu arrives en bas de la montagne, tu la regardes.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Et tu te dis quoi ?

  • Speaker #1

    Je me dis que let's go, let's go. Et là, certes, je ne vais pas te mentir, j'ai eu peur.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Surtout quand le gars m'a dit, je ne peux pas te louer le matériel. Là, j'ai eu peur.

  • Speaker #0

    Mais ta peur, quand tu es en bas et que tu sais que là, c'est parti, on y va ? Ce n'est pas ta peur quand tu prends le matériel, c'est là, quand c'est le matin, que tu es devant et que tu dis, OK, on est parti, c'est là où il y a quand même un sentiment de peur qui arrive quand même un petit peu.

  • Speaker #1

    Mais la peur ne m'a pas quitté depuis que j'ai quitté chez moi.

  • Speaker #0

    D'accord. Parce que je sais que c'est une aventure très risquée. Avant de me lancer dans une expédition, je fais des recherches, je m'en renseigne sur les dernières actualités, etc. Et j'ai vu qu'il y avait beaucoup de morts. J'étais au courant que c'était très risqué. Donc c'est pour ça, la peur ne m'a pas quitté. Mais ce n'est pas une peur qui me... qui me tétanise, qui m'empêche de...

  • Speaker #1

    C'est une peur qui te fait rester alerte.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas une peur qui te fige, qui te bloque, c'est une peur qui, au contraire, te fait rester vif, alerte et attentif à ce qui se passe, parce que tu sais que même une mille erreurs dans la montagne peut être mortelle.

  • Speaker #0

    Exactement. En fait, c'est ça. Et souvent, quand on a peur, c'est parce qu'on se fait beaucoup de scénarios. dans la tête qui probablement dans 99% du temps ne vont jamais se passer. Et la peur pour moi, ça doit être notre ami. On doit travailler main dans la main avec la peur. Parce que comme tu l'as dit tout à l'heure, ça nous aide à être beaucoup plus alertes, beaucoup plus avisés, beaucoup plus responsables aussi. Et souvent dans des moments très dangereux, Euh... Quand on a peur, qu'est-ce qui se passe dans le corps ? Notre système digestif se met au repos. On a un shot d'adrénaline. Nos sens sont plus aiguisés. En une fraction de seconde, on est un sueur. Et donc, si tu es conscient de ça, tu peux utiliser cette peur-là pour sortir d'une situation.

  • Speaker #1

    Pour sortir d'une performance, pour sortir de quelque chose que tu n'aurais jamais fait si tu n'avais pas cette peur-là en toi.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement.

  • Speaker #1

    donc là tu es en bas de la montagne tu es parti,

  • Speaker #0

    let's go je pars, let's go donc moi mon objectif c'était de dormir sur un glacier tout seul pendant deux jours à 3400 mètres d'altitude moi mon objectif c'est de regarder le match de

  • Speaker #1

    foot dimanche c'était dormir tout seul, deux jours sur un glacier, à combien de mètres d'altitude ?

  • Speaker #0

    3400 mètres

  • Speaker #1

    3400 ?

  • Speaker #0

    Oui, 3400 mètres d'altitude. Et il y avait un passage qui me faisait particulièrement très peur, c'était l'arête de l'aiguille du midi. C'était une petite arête, la taille de deux bananes, comme ça, et à gauche, tu as 1000 mètres de dénivelé. à droite tu as 300 mètres de dénivelé et tu dois marcher comme ça si tu flanches c'est fini pour toi et c'est comme ça 400 mètres jusqu'à 400 mètres plus loin donc une petite tarête comme ça cette tarête vraiment elle m'a empêché de dormir pendant des jours ah non bien sûr,

  • Speaker #1

    toi tu l'as visualisé tu l'as prévisualisé

  • Speaker #0

    Surtout aussi, je suis passé par là.

  • Speaker #1

    Oui, de ta première...

  • Speaker #0

    Exactement, exactement. Donc vraiment hyper exposé. Donc je passe par là. Et alhamdoulilah, je passe l'arête. Donc je rejoins le glacier.

  • Speaker #1

    Combien de temps entre le bas de la montagne et le moment où tu arrives ?

  • Speaker #0

    Alors, pratiquement une demi-journée. Donc, j'arrive sur le glacier. Donc, je monte ma tente au milieu du glacier. Je vois des alpinistes qui ne faisaient pas le Mont-Blanc, mais qui faisaient d'autres courses parce que personne ne faisait le Mont-Blanc. Et donc, voilà, on se parle un tout petit peu, on se raconte un tout petit peu nos vies. Et eux, ils me parlent de leur projet, je leur parle de mon projet. Ils me disent la même chose. Ils me disent, écoute, laisse. Nous, on voulait le faire, mais on a laissé. Donc, laisse quoi. Je leur dis, OK, pas de souci, merci pour le conseil. Mais dans ma tête, je savais que...

  • Speaker #1

    En plus, les gars, ils doivent le dire. Il y a un noir sur la montagne ? Après, ils viennent voir... C'est d'où ? Sénégal. Ah, vous avez beaucoup de montagnes ? Ah non, on n'en a pas du tout. Mais qu'est-ce qu'il fait là, lui ?

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça, exactement. Mais je passe une nuit magnifique. Une nuit magnifique. Déjà la nuit, le ciel était... Les toiles. ...contelé d'étoiles. Un silence. Je croirais dans un temple. Tu vois les montagnes qui sont autour de toi. tu es seul et là, tu sens la présence de Dieu. Peut-être les musulmans vont l'appeler Allah, les chrétiens vont l'appeler comme ils veulent, les bouddhistes comme ils veulent. Exactement. Et donc, du coup, tu sens carrément la présence de Dieu. et tu sais Comme je disais tout à l'heure, il y a des choses sur la montagne que tu ne peux pas contrôler. Et il y a Albert Einstein qui disait, avant de mourir, il avait écrit un texte, il a dit que tout est déterminé, le commencement comme la fin, par des forces sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle. Le chemin est tracé, pour l'insecte comme pour l'étoile, être humain, plante ou poussière cosmique. Nous dansons tous sur un air mystérieux, joué au loin par un artiste invisible. Donc lui qui était athée.

  • Speaker #1

    Lui qui était athée, lui qui était un scientifique.

  • Speaker #0

    Un scientifique. Il a écrit ce texte avec la science. Il y a quand même quelque chose...

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose d'invisible qui nous guide.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et qui est plus grand que nous.

  • Speaker #0

    Qui est plus grand que nous, voilà. Donc ça, je le sens en permanence sur la montagne. Et des fois, je suis dans des passages très compliqués ou bien un niveau de fatigue très avancé sur certaines expéditions. Et il y a juste des choses que je ne peux pas contrôler, donc je me laisse aller, entre guillemets. Je laisse tout dans les mains de Dieu. C'est un peu comme le marin qui est dans une tempête. Des fois, il atteint le moteur où il baisse ses voiles et...

  • Speaker #1

    Et bismillah.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Ou bien le nomade qui est dans le désert et qui reçoit une tempête de sable, il se met en boule et il attend que ça passe. Donc, ouais. C'est un peu ça.

  • Speaker #1

    Et donc, tu fais deux nuits ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, ta première nuit, tu arrives, tu t'installes, tu fais la première nuit. Qu'est-ce que tu fais la journée, avant la deuxième nuit, avant de terminer l'ascension ? Tu fais quoi la journée à ce niveau-là ?

  • Speaker #0

    Alors, je fais quelques pics par ma climaté. D'accord. Donc, je monte quelques pics, je redescends pour laisser mon corps s'habituer à la montagne. Ce qu'il faut savoir, c'est que... En montagne, il y a moins d'oxygène. Ce n'est pas qu'il y a moins d'oxygène, mais la densité de l'air diminue. Donc, il y a moins de molécules d'oxygène dans l'air que l'on respire. Et quand c'est comme ça, le corps réagit. Donc, il se dit, là, ça, ce n'est pas normal. Donc, qu'est-ce qu'il faut ? Je vais essayer d'accélérer le rythme cardiaque pour pomper le sang. C'est pour ça que tu es essoufflé sur la montagne. et donc du coup le corps humain il réagit comme ça et ton terrain se crée de l'EPO donc l'EPO qui va favoriser la création de globules rouges et ce sont les globules rouges qui captent l'oxygène pour que tu puisses alimenter ton corps, ton coeur voilà exactement et ça, ça prend du temps et tu le fais Merci. de manière progressive, en marchant en altitude, en essayant de faire des pics, de faire des efforts mesurés. C'est comme ça que tu t'acclimates. D'accord. Voilà.

  • Speaker #1

    Donc pendant une journée, tu fais des pics, tu reviens à ton camp de base, tu refais des pics, tu vas à ton camp de base. En gros, c'est une journée, je vais dire un petit peu palier, pour que... C'est un petit peu comme les gens qui font de la plongée. Tu as des paliers où tu dois décompresser. des palettes de décompression, c'est un petit peu ça. C'est s'acclimater à être moins essoufflé, à ce que le corps réussisse à mieux s'oxygéner et à se préparer à la dernière ascension.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et la dernière ascension, parce que là, tu m'as dit que tu es à 3

  • Speaker #0

    400 mètres.

  • Speaker #1

    Et la dernière ascension, c'est combien de mètres ?

  • Speaker #0

    Je devais quitter 3 400 mètres pour aller rejoindre le camp de base. c'est un refuge qui s'appelle Tête-Rousse donc qui est à 3000 3002 donc tu redescends pour rejoindre le refuge de Tête-Rousse à 3002 donc le refuge de Tête-Rousse donc je passe la nuit là-bas et quand j'arrive je vois deux gendarmes Parce que le camp de base est contrôlé, le trafic là-bas est contrôlé par les gendarmes. D'accord. Il faut que tu réserves ta place au refuge. Donc, ils sont là pour contrôler ça.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc, je vois ces deux gendarmes-là. Donc, j'arrive, je fais mon check-in. Je me pose, je prends ma soupe. Et je les vois, ils me regardent de loin et ils se parlent entre eux, quoi. Et là, ils arrivent... voilà, ils me parlent, ils me demandent mon nom est-ce que j'ai réservé, etc et mon projet donc je leur dis que je fais le mot blanc et tout, ils me répètent la même chose donc faut pas y aller nous on peut pas vous laisser je leur dis, est-ce que légalement vous avez le droit de m'arrêter voilà,

  • Speaker #1

    exactement enfin quand je dis m'arrêter, c'est pas m'arrêter pour que les gens comprennent me mettre en prison, mais m'arrêter mon ascension,

  • Speaker #0

    voilà exactement, ils ont dit non Mais voilà, il me conseille vivement de ne pas y aller. Et moi, quand j'étais dans le refuge, c'est là où j'ai encore plus peur. Parce que le refuge, il est près du couloir du goûter. Oui,

  • Speaker #1

    dont tu nous parlais précédemment.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Donc le couloir du goûter, chaque 15 minutes, chaque 20 minutes, tu entendais des tonnerres. Tu n'entendais que ça. Et pendant toute la nuit, tu n'entendais que ça.

  • Speaker #1

    J'aime bien le mot que tu as utilisé. Tu entends des tonnerres. Ce n'est pas que tu entends des cailloux qui tombent. C'est que tellement la masse des morceaux qui tombent est impressionnante. Ça fait comme un bruit de tonnerre.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. C'est des cailloux la taille d'une voiture.

  • Speaker #1

    Et tu dors à côté de ça. Tu entends ça toute la soirée.

  • Speaker #0

    Toute la soirée. dans toute la soirée. Et donc, bon, autant te dire que je n'ai pas dormi. Je n'ai pas dormi. Et le lendemain, j'avais une longue journée qui m'attendait. Parce que je devais rejoindre le dernier refuge, le refuge du Goutté.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc, le refuge du Goutté qui est à 3 800 mètres,

  • Speaker #1

    je crois. D'accord. Donc, tu es à 3 200 mètres. Tu dois remonter là à 3 800 mètres.

  • Speaker #0

    C'est ça. Exactement. Et du refuge

  • Speaker #1

    de tête rousse jusqu'au refuge du goûter c'est que de l'escalade et c'est pour ça que c'est très important que tu le dises parce que les gens vont faire le calcul et vont dire ah mais c'est que 600 mètres ah non c'est pas 600 mètres à pied que tu fais pour marcher une ligne droite c'est

  • Speaker #0

    600 mètres d'escalade en altitude parce que t'as pas les mêmes performances et c'est 600 mètres aussi où tu t'opères Bye. Parce que c'était pas vraiment balisé. Et comme j'avais pas de guide, donc voilà, pour moi, je vais juste gravir la montagne sans balise, sans passage, sans trace, rien du tout. Donc c'était moi, sans cordes, avec la montagne, pour aller au refuge du côté.

  • Speaker #1

    Et ça te prend combien de temps pour faire ces 600 mètres ?

  • Speaker #0

    Ça me prend combien de temps ? Écoute, ça m'a pris peut-être... 6 heures.

  • Speaker #1

    Ouais. 6 heures. Quasiment 100 mètres par heure.

  • Speaker #0

    Ouais. Parce que je me suis perdu à deux reprises. Et aussi, il y avait le passage. Ouais,

  • Speaker #1

    le premier passage.

  • Speaker #0

    Il y avait le passage du Goûter. Donc, le passage du Goûter qui devait être à 3004. Ouais. Comme ça. Et quand j'arrive au passage, là, j'attends. Donc, je vois, je me cache quelque part. Je vois des fois des pierres tomber. Donc, je suis resté là-bas longtemps parce que j'hésitais. Les pierres, ils ne faisaient que tomber. J'ai même capturé des vidéos que j'ai postées sur Instagram. Et à un moment, je me suis dit, écoute, ce qui doit arriver va arriver.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que je sais que tu es là, je sais que tu l'as fait et tout, mais j'ai l'impression...

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis dit... Ce qui doit arriver, va arriver. Et là, il faut que tu y ailles. Donc, je fais mes prières. J'attends que la dernière vague passe. Et là, j'enchaîne. Tac, tac, tac, tac, tac, tac, tac. Je ne m'arrête pas. C'est sur, je crois, 25 mètres. Et je passe sans cailloux, sans rien. Alhamdoulilah.

  • Speaker #1

    Quand tu dois être passé, que tu as fini le truc de passé, tu dois dire...

  • Speaker #0

    Mais j'ai pensé direct au retour.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. Parce que c'est ça. Après, il va falloir repasser, revenir.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, je pars au refuge du goûter.

  • Speaker #1

    même discours avec l'équipe là-bas faut pas y aller je passe la nuit juste pour que les gens comprennent bien c'est à dire que dans ces différents chalets c'est des petits hôtels

  • Speaker #0

    05 étoiles en montagne,

  • Speaker #1

    c'est des chalets il y a des gens qui sont là-bas toute l'année pour accueillir les gens qui viennent faire des escalades, donc il y a des gens qui sont là qui tiennent les établissements

  • Speaker #0

    C'est les gardiens de refuge. Ils sont là-bas quand la saison des escalades est ouverte. Et ce qu'il faut savoir, c'est qu'en montagne, les ascensions en général se font pendant l'été. D'accord. Parce que la météo est plus qu'aimante, donc tu as plus de chances d'arriver au sommet. Et les ascensions en hiver, on fait les ascensions en hiver aussi. Sauf que c'est plus risqué. Tu as la météo qui n'est pas clémente. Tu as l'eau froide aussi.

  • Speaker #1

    Mais celle que toi tu fais, c'est pendant l'hiver ?

  • Speaker #0

    Non, c'est pendant l'été.

  • Speaker #1

    C'est pendant l'été, d'accord. Tu passes les différents, tu arrives au dernier refuge. Tu fais la nuit là-bas.

  • Speaker #0

    Je fais la nuit là-bas.

  • Speaker #1

    Tu leur dis encore que tu veux faire le Mont Blanc.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. Je leur dis que je veux faire le Mont Blanc. Et même discours, voilà, ils essaient de me retenir et tout. Mais je leur dis que jusqu'à présent, Alhamdoulilah, jusqu'à présent, ça va. Donc moi, j'ai redouté plus le passage du côté. Ouais. À tort, parce qu'après, ce qui va suivre... Je redoutais plus le passage du côté, mais après, ce qui va suivre, c'est beaucoup plus intense.

  • Speaker #1

    Donc, tu as 3 000. Là, tu m'as dit que tu étais à 3 800.

  • Speaker #0

    3 800.

  • Speaker #1

    Et donc, il te reste... Tu m'as dit le Mont Blanc, c'est 4 200.

  • Speaker #0

    4 810.

  • Speaker #1

    4 810. Donc, il te reste 1 010.

  • Speaker #0

    Oui, de dénivelé. OK. Donc, voilà. Les dénivelés, en fait, c'est la distance verticale. Oui. Voilà. C'est la distance verticale. Donc là, je quitte tôt le matin, donc à 3h du matin.

  • Speaker #1

    Seul, 3h du matin, dans le noir.

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc pour espérer arriver au sommet et voir le coucher du soleil.

  • Speaker #1

    Alors tu pars tôt le matin, il y a 1000 mètres, j'allais dire que 1000 mètres de dénivelé, mais malgré que tu pars très tôt le matin, toi ton but c'est de voir le coucher du soleil.

  • Speaker #0

    Le coucher du soleil, oui.

  • Speaker #1

    Donc c'est que tu sais que tu vas mettre la journée ?

  • Speaker #0

    Non, le lever plutôt.

  • Speaker #1

    Ah ok, donc quand tu pars à 3h du matin, c'est pour voir le lever du soleil.

  • Speaker #0

    Le lever du soleil,

  • Speaker #1

    oui. D'accord, ok.

  • Speaker #0

    C'est ça, le lever du soleil. Mais ça m'a pris beaucoup plus de temps à cause de l'altitude.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et parce qu'il y avait des passages aussi très douteux. Tu sais, à partir du refuge du goûter jusqu'au sommet, c'est que des glaciers.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc les glaciers, qui dit glaciers dit crevasses. Et souvent pour passer les crevasses, tu dois passer par des ponts de neige. Donc les ponts de neige, c'est des petits ponts qui traversent la crevasse.

  • Speaker #1

    boy là j'ai dit boy là c'est parce que là là tes parents ils savent que t'as fait tout ça ?

  • Speaker #0

    ouais à peu près ouais des ponts de neige des ponts de neige ouais des ponts de neige et ce qui est un peu fourbe avec ces ponts de neige c'est que Tu ne sais pas l'épaisseur des ponts de neige. Des fois, tu as des ponts de neige qui glissent sous tes pieds et tu tombes dans la crevasse. Des fois, tu as des ponts de neige... Tu as des ponts de neige beaucoup plus solides. Et donc, moi, j'ai vu des ponts de neige. J'ai traversé plusieurs crevasses pour arriver au sommet. Mais il y avait des ponts de neige. J'étais très hésitant parce que, comme je te l'ai dit, j'ai pris du temps. Donc, le soleil s'est levé. Le soleil a commencé à faire fondre la neige. Donc, ce n'était pas très solide. Donc, j'ai pris du temps pour ça. Et j'ai eu quelques mésaventures en sautant les crevasses parce qu'il y avait une crevasse où il n'y avait pas de pont de neige. Donc, je devais sauter la crevasse. Et pour sauter la crevasse, je prends mon élan. Et comme j'ai des crampons, ça me ralentit aussi un tout petit peu. Donc, je me débrouille. Je me débrouille pour sauter la crevasse. Et en sautant. J'ai fait tomber ma gourde. Et du coup, je n'avais pas d'eau.

  • Speaker #1

    Pour la fin de l'ascension.

  • Speaker #0

    Exactement. Et il y avait une longue journée qui m'attendait. Et sur la montagne, la règle d'or, c'est de boire. Il faut boire tout le temps. Quand tu n'as pas soif, tu bois. C'est ce qui t'aide. pour ne pas avoir des mâmes. Les mâmes, en fait, c'est le mal aigu des montagnes. Donc, quand ton corps réagit mal à l'altitude, quand tu t'acclimates pas bien... tu as des symptômes comme des maux de tête, des nausées, tu vomis, tu as des vertiges. Et ça, ça ne va pas aller en s'arrangeant parce qu'il faut impérativement que tu redescendes. Il n'y a rien que tu puisses faire sur la montagne pour pouvoir guérir de ça. Donc ton corps est littéralement en train de mourir.

  • Speaker #1

    Ok. Question qui me vient justement par rapport à ça. est-ce que pendant que tu fais ton ascension Tu as quand même un moyen de joindre des équipes en cas d'urgence ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, tout au fond de moi, j'ai décidé de ne pas appeler les secours, même si j'avais un problème.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Donc toi, tu pars dans ta tête en te disant que s'il y a quelque chose qui ne va pas ?

  • Speaker #0

    Je vais assumer. Ouais. c'est ce qu'on appelle porter ses ah ouais toi dans ta tête tu parles en te disant s'il y a quelque chose j'appelle pas de secours oui parce que ce que je fais quand même c'est très risqué et je veux pas mettre la vie d'autres personnes en danger parce que si je suis dans une situation compliquée les gens qui vont venir me secourir eux aussi ils vont se mettre en danger donc j'assume quoi ok j'assume ok

  • Speaker #1

    Donc tu perds ta gourde qui tombe dans la crevasse.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça, exactement, qui tombe dans la crevasse. Et là, je continue l'ascension. Très compliqué, je suis fatigué, ça fait des heures que je marche. J'ai peur, je saute des crevasses et je n'étais pas venu pour sauter des crevasses. C'est une belle surprise pour moi, sauter des crevasses. Et là, j'arrive enfin au sommet. Voilà. l'émotion. Moi qui pleure jamais, j'ai pleuré. Parce que j'ai pensé à tout ce que j'ai traversé. Et puis c'était quand même dur.

  • Speaker #1

    Et puis t'es seul. Tu vis ce moment-là. C'est toi et la montagne tous les deux.

  • Speaker #0

    Exactement. C'était une chance parce que le Mont Blanc est très fréquenté. Et j'étais seul au sommet. C'était un moment...

  • Speaker #1

    Comment ça se passe ? C'est-à-dire que t'arrives à un moment où... Tu le vois et tu sais que c'est là ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est des montagnes qui en cachent d'autres. Donc chaque fois quand tu penses que là, c'est le sommet, tu montes et là, tu vois encore qu'il y avait un autre sommet. Mais à la fin, oui, j'ai reconnu le sommet du Mont Blanc. Et là, il fallait être encore plus concentré. Oui.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas être dans la joie.

  • Speaker #0

    Exactement. Il ne faut pas être dans la joie parce que c'est avec l'euphorie du sommet comme ça que tu peux faire des erreurs et tomber. Donc, je suis concentré. Et là, au sommet, je me lâche. Je savoure. Mais je ne reste pas là-bas longtemps parce que je sais que je suis pris du retard. Il fait excessivement chaud, le soleil tape et je pense déjà au pont de neige. Oui,

  • Speaker #1

    que tu vas devoir repasser.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Mais avant d'arriver au pont de neige, quand tu sors ce drapeau du Sénégal, que tu es en haut du Mont Blanc, c'est quoi ton sentiment ? Est-ce que tu cries quand t'es là-haut, tout seul ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai crié. T'as crié ? J'ai crié, j'ai tout fait. J'ai dansé, j'ai crié, j'ai prié, j'ai fait le studio, j'ai tout fait. Et un sentiment d'accomplissement.

  • Speaker #1

    Tu te rappelles ce que t'as crié ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai juste crié.

  • Speaker #1

    T'as juste un cri de « ah ! » Ouais,

  • Speaker #0

    ouais, c'est exact. J'ai juste crié, ouais, j'ai juste crié. Donc, oui, un sentiment vraiment d'accomplissement. Je me suis dit, waouh, ils ont douté, ils ont essayé de me retenir, mais je suis au sommet.

  • Speaker #1

    Et pour que les gens réalisent bien, tu es parti de la montagne pour arriver au sommet, ça t'a pris donc trois jours. Parce que tu as fait une nuit d'acclimatation, une journée d'acclimatation, une autre nuit. Donc, on est déjà sur deux nuits.

  • Speaker #0

    Deux nuits d'acclimatation.

  • Speaker #1

    Il y a eu la nuit avant le passage où il y a les... Les cailloux qui tombent ?

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Donc, on est sur trois nuits ?

  • Speaker #0

    Oui, trois nuits. La nuit au refuge du goûter. Oui. Et après, la redescente directe jusqu'au camp de base.

  • Speaker #1

    OK. La redescente, c'est aussi en plusieurs jours ou c'est en une journée la redescente ?

  • Speaker #0

    En une journée.

  • Speaker #1

    OK. Mais donc, avant du bas de la montagne jusqu'en haut, c'est quatre jours ?

  • Speaker #0

    Oui, quatre jours.

  • Speaker #1

    Quatre jours seul dans la montagne ?

  • Speaker #0

    Seul dans la montagne. Oh ! Ouais, 4 jours seul dans la montagne. Exactement. Mais, certes, j'étais très content, il y avait l'euphorie et tout, mais je me suis dit que c'est là où l'ascension commence.

  • Speaker #1

    Le plus dur n'est pas fait.

  • Speaker #0

    Le plus dur n'est pas fait. Parce que le plus dur en montagne, c'est la descente. Pratiquement 80% des accidents se passent à la descente. Parce que souvent, tu as fait le sommet, tu es fatigué.

  • Speaker #1

    t'es fatigué,

  • Speaker #0

    t'es aussi heureux de ce que t'as fait donc tu es trop l'euphorie et moins concentré et techniquement c'est plus dur de descendre une montagne que de gravir une montagne voilà donc un peu plus stressé donc je fais gaffe mais j'étais tellement fatigué et en plus t'as plus d'eau j'ai plus d'eau, j'avais mal à la tête parce que j'ai pleuré donc j'ai plus d'eau pour m'hydrater compliqué. Donc là, je redescends et je vois à ma grande surprise qu'il n'y avait plus de pont de neige solide sur les crevasses parce que tout a fondu. Tout a fondu. Et c'est ce que les alpinistes ils redoutaient. C'est qu'ils me disaient que, ok, certes, il y a le couloir du côté, mais le glacier aussi, il n'est pas stable. Donc là, je suis obligé de sauter de grandes crevasses.

  • Speaker #1

    Avec du matériel sur le dos ?

  • Speaker #0

    Avec du matériel sur le dos. Mais ce que je faisais, c'est je prenais mon sac, j'enlevais mon sac, je le jetais de l'autre côté. Et là, je prenais mon élan, je cours et je saute.

  • Speaker #1

    Et pour que les gens réalisent, comme tu l'as dit, c'est pas comme si tu jettes quelque chose, comme si t'es au niveau de la mer. tu vois, où tu n'es pas essoufflé. Même l'effort de prendre ton sac et le jeter, d'un point de vue fatigue, à ces hauteurs-là, ça doit être un effort.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça. Exactement.

  • Speaker #1

    Toi qui fais un petit peu de la salle, de la musculation, ça équivaut à faire quoi ? À faire du développé couché ? Quand tu prends ton sac et que tu le jettes dans l'effort ?

  • Speaker #0

    Ça équivaut à quoi ? Ouais, un peu de développé couché, un peu de...

  • Speaker #1

    Parce que ça demande de la... J'imagine que ça va demander beaucoup de force, vu que ton niveau d'énergie est bas à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Exactement. En fait, tout ce que tu fais, même un pas, quand tu poses un pas... Ça te demande beaucoup d'efforts.

  • Speaker #1

    Donc, je n'imagine pas courir, sauter des crevasses, jeter le sac.

  • Speaker #0

    Exactement. Avec du stress. Quand tu es à la salle, tu es tranquille.

  • Speaker #1

    Oui, tu as ta musique dans les oreilles.

  • Speaker #0

    Mais avec du stress en plus. D'où l'importance de bien se préparer physiquement et mentalement aussi. Donc là, je saute les crevasses et ça se passe bien. Mais je traverse un passage où il y avait de la neige, mais ça a fondu. Et finalement, ce passage-là, qui est très ponctu, c'était que de la glace. Donc, il fallait désescalader ce passage-là. Et moi, je n'étais pas équipé pour. Donc, pour désescalader ces passages de glace, il faut des piolets pour l'escalade de glace. Moi, j'avais le piolet pour la randonnée glaciaire. Donc, je prends mes crampons. Je plante les crampons dans le glacier. Je plante mon piolet, je redescends, je redescends petit à petit. Mais il y a eu un moment où j'ai vraiment hésité parce que je me suis dit, écoute, là, si tu redescends encore avec ta position, c'est sûr que tu vas glisser. Et juste en bas, il y avait 600 mètres de dénivelé, 600 mètres de précipice, 600 mètres de vide. Et là, je commence à perdre mes moyens. Là, je me dis, wow, Rasoul, là, t'es dans une situation compliquée. J'arrive plus à bouger. Je commençais à trembler. Je commençais à vraiment stresser. Je suis resté coincé sur ce passage-là pendant au moins 30 minutes. Au moins 30 minutes où j'ai resté gainé, accroché.

  • Speaker #1

    Oh là là, ça devait être tellement long.

  • Speaker #0

    Ah, c'est tombé. 30 minutes, hyper fatigué, gainé, sur un passage très abrupt et je n'avais pas les moyens pour redescendre. Et là, je me suis dit, écoute, c'est la fin, quoi. C'est la fin. De toute façon, je suis tellement fatigué que je veux juste que ça s'arrête. Et là, j'étais prêt à me laisser aller. J'étais prêt à me laisser aller. J'ai commencé à réciter mes versets et tout. Et à ce moment-là, la mort, c'était même un soulagement pour moi.

  • Speaker #1

    C'était une délivrance.

  • Speaker #0

    Une délivrance. Merci. Et là, je pense à ma fille qui n'était pas encore née, qui était dans le ventre de sa maman. Et je me suis dit non. Non, je ne peux pas me laisser aller. Ma fille a le droit d'avoir un papa, de grandir avec un papa. Donc je vais me débrouiller pour sortir de cette situation. Et là, je pense à une technique que j'avais vue sur YouTube pour descendre ces parois-là. J'ai eu un shot d'adrénaline et j'essaie cette technique-là et ça marche. Et ça passe. Et ça passe. C'est pour ça que je dis que ma fille m'a sauvé la vie avant même de naître.

  • Speaker #1

    Et elle ne le sait pas encore.

  • Speaker #0

    Elle ne le sait pas encore.

  • Speaker #1

    Elle le saura dans quelques années. Je lui raconterai.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Elle va voir ce podcast.

  • Speaker #1

    Oui, Inch'Allah, exactement. Tu vois ?

  • Speaker #0

    Oui, donc là, je passe ce passage-là et je m'effondre encore. Parce que c'est tellement intéressant. Non,

  • Speaker #1

    mais tu viens de me dire que tu as fait 30 minutes sans bouger. Sans bouger. Gainer et à réfléchir à... Finalement, est-ce que la mort n'est pas la meilleure solution actuellement ?

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Pour qu'un être humain en arrive à penser à ça, c'est que vraiment tu dois être dans une situation... Je ne peux même pas imaginer. C'est normal que je comprenne que quand tu passes ce passage-là, tu dois lâcher émotionnellement, tu dois lâcher beaucoup.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai beaucoup lâché. Mais il fallait que je reste encore concentré. Parce que le refuge était encore loin. Et le reste s'est bien passé. Et je suis rentré au refuge. Et je suis entré au refuge tard. Et ils m'ont dit, nous, on allait appeler les secours. Parce que vous avez pris beaucoup de temps. Parce que quand tu t'agisses au refuge comme ça, eux, ils te surveillent. Oui, bien sûr. J'ai pris du temps et ils allaient appeler les secours. Donc voilà, j'arrive au refuge, ils me donnent mon repas, la soupe, etc.

  • Speaker #1

    Tu reprends des forces, tu remplis ta gourde d'eau ?

  • Speaker #0

    Non, je ne peux même pas manger. Je peux juste boire, mais pas manger. Parce qu'en fait, j'étais toujours en alerte. Même quand j'étais dans le refuge, j'étais en alerte. Parce que je me suis dit que ce n'est pas encore fini. Et donc là, je redescends. Donc je bois, je prends un tout petit peu de soupe et je redescends. La descente aussi, voilà, compliquée, parce que c'était désescalader en fait ce passage-là jusqu'au refuge de Tétrousse. Donc passer le couloir du côté. Donc je l'ai passé aussi de la même manière que l'aller. Et là, je retrouve le refuge de Tétrousse. Et pour moi, c'était OK. Donc l'ascension était OK parce que de tête rousse jusqu'en bas, ce n'était pas assez technique. C'était tranquille.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est à partir de là où tu te dis, OK, là, ça y est, c'est bon, c'est à peu près fini.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Exactement.

  • Speaker #1

    Juste la question, c'est donc... Pourquoi ça prend 4 jours pour monter et une journée pour redescendre ? Pour expliquer ça au grand public.

  • Speaker #0

    Voilà, parce que pour la montée, il faudrait que tu t'acclimates.

  • Speaker #1

    C'est ça, il faut pouvoir passer ces paliers d'acclimatation.

  • Speaker #0

    Exact. Et pour descendre, vu que techniquement c'est plus compliqué, mais au niveau... musculaire, c'est moins dur, donc tu peux aller plus vite. D'accord.

  • Speaker #1

    Parce que vu que ton corps est mieux oxygéné, parce que tu reviens au niveau où l'oxygène est mieux, tu peux aller plus vite.

  • Speaker #0

    D'accord. T'as pas été alpiniste toi ?

  • Speaker #1

    Non, j'aime les documentaires, j'aime les reportages, donc je regarde beaucoup effectivement parce que ça me passionne justement, tu vois, des hommes, des femmes qui dépassent leurs limites pour aller vivre ces aventures-là. Tu sais, En tant qu'amoureux de paysages, j'adorerais être au sommet de ces montagnes et voir, parce que je pense que tu as beau essayer de mettre des mots, par exemple, sur ce que toi, tu as vu quand tu étais au sommet du Mont Blanc, je pense qu'aucun texte, aucun mot ne pourra décrire. ce que tu as vu. Tu vas toujours essayer d'interpréter tes yeux, ce que ton cœur a ressenti, ce que tu as vu. Mais ça ne sera jamais aussi puissant que ce que tu as ressenti. Donc, je n'imagine pas ce que ça doit être d'être en haut et de voir et d'avoir le sentiment d'avoir accompli quelque chose de grand quand tu arrives tout en haut. Mais je suis trop peureux pour faire ça. mais non ça doit être incroyable et donc là tu redescends tu appelles j'imagine tout le monde pour dire que c'est bon je l'ai fait c'est ça

  • Speaker #0

    Tout le monde était content, soulagé aussi, surtout. Et voilà, donc moi, je pars à Chamonix. Donc je fête cette petite victoire-là.

  • Speaker #1

    Cette grande victoire, cette première ascension. Première ascension, première ascension solo, Mont-Blanc.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. Donc je fête ça avec la soupe, parce que j'adore la soupe. Et sur la montagne, c'est ce qu'on nous donne, ça réconforte et tout. Et voilà, donc ça s'est passé comme ça. Et comme je l'ai dit au début, j'ai posté la photo.

  • Speaker #1

    C'est ça que j'allais en venir, parce qu'effectivement, là tu redescends, tu postes cette photo. Comme quoi tu as amené le drapeau du Sénégal jusqu'au sommet du Mont-Blanc. Et que tu es sûrement le seul Sénégalais à avoir fait ça, tu vois. Et c'est là où nous, tu vois, on découvre cet exploit. On découvre cette chose-là. Comment toi, tu as fini ça ? Tu postes ta photo parce que tu es fier, tu as fait ton ascension. Mais est-ce que tu t'attendais à ce que ça prenne autant d'ampleur justement après le fait de poster cette photo ?

  • Speaker #0

    Ah non, du tout. Et je ne l'ai même pas fait pour ça.

  • Speaker #1

    Oui, non, je le sais. Toi, tu ne le fais pas pour ça. Toi, tu le fais parce que, à titre personnel, tu as fait un exploit, tu es fier, tu le partages. comme notre génération tout le monde, tu t'attends pas à ce que tu le fais pas en disant ah ouais je vais poster ça ça va buzzer sur les réseaux, les gens ils vont pas non, toi tu le postes, sauf que tu le postes t'éteins ton téléphone,

  • Speaker #0

    tu le poses exactement, mes amis partagent voilà ça fait plaisir et tout, je reçois des messages de félicitations etc Olivier Partage.

  • Speaker #1

    Plein de gens partagent.

  • Speaker #0

    Et voilà, donc ça a rapidement pris. J'ai été contacté de partout. Donc les médias, tout ça, RFI, TV5, Canal, etc. Parce que voilà, c'est le petit noir qui vient de Guédioua. Il va gravir une montagne en solitaire en plus. Et ce qu'il me disait, je me rappelle, de Jeune Afrique, le journaliste il n'y croyait pas. Il m'a dit « Est-ce que tu peux me prouver ? »

  • Speaker #1

    Ah ouais, il t'a dit ça !

  • Speaker #0

    « Est-ce que tu peux me prouver que tu étais vraiment tout seul ? » C'est là où je lui ai envoyé la vidéo où je faisais un cours en 60 et tout. Mais il n'y croyait pas. Ah ouais ?

  • Speaker #1

    Non, mais c'est ça où je trouve que, pour moi, ton aventure, elle est extraordinaire. Et je trouve que tu devrais, en tout cas, je ne sais pas si c'est le gouvernement, je ne sais pas c'est qui, mais tu vois, pour moi, tu es quelqu'un qui devrait faire le tour des écoles. Tu vois, par exemple, notre escroce sénégale. et à les montrer à ces jeunes ce que tu as réussi. réaliser. Parce que c'est tellement unique, c'est tellement de leçons, de leçons dans le dépassement de soi, mais aussi de leçons dans la préparation, de leçons dans tellement de choses. Et c'est surtout aussi mettre pour moi des étoiles dans les yeux de ces enfants et de leur dire que c'est possible de rêver et c'est possible de faire des grandes choses. Et j'imagine si nous-mêmes en tant qu'adultes, on est émerveillés par ce que tu as fait, mais je n'imagine pas des enfants. enfants qui vont se dire, j'ai rencontré aujourd'hui un alpiniste.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ce que tu dis, il faut... Il faut rêver, il ne faut pas avoir peur de rêver grand, mais il faut avoir peur de ses rêves. Il faut avoir des rêves qui nous font peur. Parce que comme je crois, elle avait dit, Mohamed Ali, si nos rêves ne nous font pas peur, c'est parce qu'ils ne sont pas assez grands pour nous. Et pour moi, les rêves font la courte échelle aux rêves.

  • Speaker #1

    Tu en réalises un, ça va te donner l'envie de rêver d'autres choses.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Donc, il faut rêver, être ambitieux. Ambitieux, mais pas prétentieux. L'ambition, c'est bien, mais pas la prétention. Parce que la prétention, c'est quoi ? C'est la distance démesurée entre tes objectifs. et tes moyens. Donc la prétention, c'est pas bien. Mais il faut être ambitieux, assumer le fait d'être ambitieux et rêver grand.

  • Speaker #1

    Ça aussi, ça sera un réel chouette. Ça va ! Mais moi, j'allais te poser une question, justement, par rapport à tout ce... tout ce déferlement médiatique. Parce que tu vois, la question qui me vient quand je t'écoute, quand je discute avec toi, est-ce que... parce que ça crée quand même une adrénaline chez toi. Ça crée un sentiment quand même, tu sais, de voir que tu as réussi à impacter par cette montée. tu vois que tu as réussi à rendre fier tout un pays tout un peuple de gens est-ce que c'est pas non plus aussi dangereux dangereux dans le sens où où ça peut être addictif et ça peut te pousser à dire bah je vais faire une autre montagne pour rendre les gens fiers tu vois et et finalement te pousser à faire peut-être quelque chose que tu n'aurais pas fait ? Je vais peut-être loin dans ma réflexion, mais c'est là, dans la discussion, c'est le sentiment qui m'est arrivé en me disant, oui, c'est bien qu'on partage, c'est bien qu'on encourage, c'est bien qu'on montre les exploits, mais est-ce que aussi ce n'est pas dangereux dans le sens où ça peut peut-être faire prendre un risque à la personne ? parce qu'il veut reproduire peut-être ça. Tu vois ? Tu comprends où je veux en amener ?

  • Speaker #0

    Je comprends très bien ce que tu veux dire.

  • Speaker #1

    Même si je sais que toi, ce n'est pas ton cas. Pourquoi je dis que ce n'est pas ton cas ? Parce que récemment, tu as tenté une autre montagne et tu as été assez lucide pour voir que les conditions n'étaient pas bonnes et tu as fait demi-tour. Tu vois ? Mais quelqu'un d'autre aurait pu être dans cet état de... J'ai réussi une première fois où tout le monde me disait non. Je vais m'écouter encore, je vais me faire confiance et je vais y aller. Comme ça, je vais faire ma vidéo, je vais poster et tout. C'est là où pour moi, ça peut être aussi dangereux.

  • Speaker #0

    Avec l'expérience, c'est sûr que tu es beaucoup plus avisé et tu as beaucoup plus conscience des risques. Et tu fais moins le... Bon, je ne vais pas dire casse-cou, mais... Le fou. Le fou, c'est sûr. Mais avec cet engouement-là médiatique et tout, moi, initialement, toutes mes ascensions, c'est pour moi,

  • Speaker #1

    avant tout.

  • Speaker #0

    C'est pour moi avant tout et aussi pour mes enfants parce que je veux leur laisser cet héritage-là qui est immatériel. Donc de voir leur papa à son niveau. faire des choses se dépasser pousser son corps et son esprit dans ses retranchements et s'inspirer de ça moi je préfère leur laisser cet héritage là que de leur donner des milliards pour la petite parenthèse moi je crois que les enfants En tout cas, du côté de l'héritage matériel, ce n'est pas quelque chose qu'il faudrait privilégier. Un enfant n'a pas forcément besoin d'héritage matériel. Pourquoi ? Parce que s'il a les épaules, Tu meurs, si tu lui laisses absolument rien, il pourra faire sa vie. Il pourra construire son empire de lui-même. Et s'il n'a pas les épaules, si tu lui laisses des milliards, il va tout fombler. Donc, ce qu'il faut laisser, pour moi, c'est cet héritage-là qui est immatériel, qui va les aider à construire. Donc moi, je le fais et je me suis vu en train de changer un tout petit peu mes motivations au fil du temps. Le fait qu'il y ait aussi, comme tu dis, de l'engouement autour de ça, les gens partagent, ils s'inspirent, etc. Je vais avouer quand même que ça m'impacte un tout petit peu sur mes motivations parce que je me dis que les gens s'inspirent de ça.

  • Speaker #1

    Ah oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ils s'inspirent de ça. Donc, je vais continuer quand même à brandir le drapeau du Sénégal.

  • Speaker #1

    Et où les gens s'inspirent de ça, excuse-moi de t'interrompre, c'est que ce n'est pas... seulement sur le côté escalade, c'est sur le côté dépassement de soi. C'est-à-dire que quelqu'un peut être sur son téléphone, voir ce que tu as fait, être dans une période où lui vit quelque chose, peut-être qu'il pense qu'il le dépasse, mais de te voir réaliser ça, ça peut lui donner à lui-même une motivation et une énergie qui dit « mais attends, si il lui fait ça, moi mon petit truc là, je peux me dépasser » . Tu vois ? Je veux que les gens comprennent que le dépassement c'est pas seulement sur le côté performance, sportif, physique, c'est que la notion de dépassement que tu transmets par ce que tu fais, elle va au-delà de juste le côté sportif. Elle va sur le côté de j'ai un projet, j'ai une idée, il y a des difficultés, je vais les sauter, je vais les passer et je vais atteindre mon objectif.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça, c'est ça, effectivement. Et puis, moi, je suis persuadé que le corps et le mental sont étroitement liés. Des fois, pour pouvoir pousser son mental très haut, il faudrait pousser son corps dans ses retranchements. Donc les deux sont liés. C'est pour ça que c'est très important pour moi le sport et les aventures physiques, parce que ça me permet aussi mentalement de me construire. Donc voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Et donc, tu finis cette ascension, tu rentres à la maison. Est-ce que quand tu rentres à la maison, tu planifies déjà la prochaine ascension ? Parce que là, tu as eu la piqûre. Là, tu as eu le shot. Tu as eu le shot de la première. Tu as eu le shot du premier sommet. Tu as eu l'adrénaline de ça. Tu l'as réussi, tu redescends. J'ai deux questions. Est-ce que tu rêves ? du Mont-Blanc, quand tu reviens ? Est-ce qu'il y a une période où tu, quand tu dors, tu revois des moments de l'ascension ? Et est-ce que quand tu redescends, tu penses déjà à la suite ?

  • Speaker #0

    Pas des rêves, mais des cauchemars.

  • Speaker #1

    En fait, quand je dis rêve, ça englobe les deux, mais c'est ça, parce que c'est tellement, comme tu dis, le 30 minutes où tu restes figé en gainage, ça doit être tellement...

  • Speaker #0

    terrifiant que inconsciemment tu dois en faire des cauchemars après ça te touche quand même pour ne pas dire que ça te traumatise oui bien sûr et donc oui j'ai fait des cauchemars et concernant le mes prochains challenges direct, je me dis que moi, je veux être alpiniste.

  • Speaker #1

    Ok. Quand tu finis le Mont Blanc, tu sais que tu as envie de faire ça.

  • Speaker #0

    Oui, je sais que j'ai envie de faire ça. Ce que j'ai vécu est tellement intense, tellement enrichissant que je me suis dit que je veux être alpiniste. Et là, je vais me fixer un objectif. C'est de faire les sept sommets les plus hauts de tous les continents. Ok. Voilà, les sept sommets les plus hauts de tous les continents. Moi, en fait, c'est quand je me lance dans un projet, j'ai un objectif, donc le résultat. Et après, je me donne les moyens pour y arriver. Et pour ça, c'est la discipline avant tout. Donc, c'est ce que mon père m'a inculqué. dans l'armée aussi, la discipline. La discipline, mais pas la motivation. Parce que, bon, la motivation, ça part avec le temps, quoi. Aujourd'hui, tu te lèves, t'es motivé, voilà, tu le fais. Demain, t'es pas motivé, tu le fais pas. Mais pour moi, il faut un peu des deux. Parce que la motivation, ça va être le catalyseur, en fait. C'est ce qui va te donner envie de faire. Mais après, il faut avoir une discipline pour pouvoir continuer et atteindre tes objectifs. Donc, je me dis que les sept sommets les plus hauts du continent. Donc, j'ai fait le Mont Blanc, qui est la montagne la plus haute de l'Europe occidentale, mais pas la montagne la plus haute d'Europe. La montagne la plus haute d'Europe, c'est l'Elbrus, qui se trouve en Russie. Et donc, projet challenge, le Kilimandiaro, la montagne la plus haute. d'Afrique. Voilà, c'était un peu le projet

  • Speaker #1

    Alpa. Ok, d'accord. Et où on le voit que justement, après cette première montée, tu as vraiment décidé de devenir alpiniste, c'est que tu as commencé à créer déjà un peu plus de contenu, où tu nous montres justement le behind the scenes, les matériels que tu achètes pour faire tes escalades. Même sur la dernière ascension que tu as tentée, on sentait que d'un point de vue équipement pour documenter ton ascension. Tu avais investi dans de l'équipement pour nous amener au plus près de ton ascension. Et ce que j'aime beaucoup dans ton contenu aussi, c'est que c'est vraiment... Tu documentes ça très bien. Tu nous fais vraiment vivre l'expérience avec toi. Et justement, la dernière ascension, je pense que comme beaucoup, je t'ai écrit. Parce que quand tu as posté que là, le temps n'était pas bon, nanana... À un moment, on n'a pas eu de tes nouvelles. Tu vois ? Donc même pour nous qui étions loin à Dakar ou autre, c'était inquiétant de se dire « Ah mais il n'a pas posté, on n'a pas de ses nouvelles, est-ce qu'il est bien redescendu, est-ce que tout va bien et tout ? » Et on a vraiment senti, je pense, depuis ce côté où... Toi-même, tu documentes plus, tu montres mieux. Et ce que j'aime aussi, c'est que oui, on parle certes des plus hauts mots du monde. Mais tu ne te limites pas à ça. Parce que quand tu viens au Sénégal, moi, je t'ai vu aller dans le sud du Sénégal à nous faire découvrir des zones où on peut, on ne va pas dire faire de l'escalade, mais vivre des aventures, faire du trek, vivre des aventures, la randonnée, découvrir des cascades. Tu as même fait, alors ça aussi, c'était une folie, tu avais organisé une journée à Dakar pour marcher. Le tour de Dakar. Le Tour de Dakar à pied ?

  • Speaker #0

    Le Tour de Dakar à pied qui fait 57 kilomètres.

  • Speaker #1

    Et tu avais réussi à embarquer du monde quand même.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Vous étiez combien ?

  • Speaker #0

    On était combien ? On était...

  • Speaker #1

    Au départ, parce qu'à l'arrivée, je ne sais pas s'ils étaient tous là.

  • Speaker #0

    8 au début, 3 à la fin.

  • Speaker #1

    3 à la fin. Mais tu vois, moi, quand j'ai vu ça, je me suis dit, mais j'aimerais trop faire ça. Mais après, quand j'ai vu la fin de la story, que j'ai vu comment, dans quel état, ils étaient ceux qui t'ont accompagné, j'ai dit j'ai bien fait de rester à la maison. Mais tu vois, et c'est ça que je trouve qui est super intéressant dans ce que tu fais, c'est que finalement, tu nous fais voir même des choses simples, d'un œil différent. Et tu essayes d'engager une communauté, tu essayes de créer une communauté, tu essayes de créer des liens avec des gens qui sont passionnés un petit peu par la même chose. Et tu vois, ne serait-ce que ce tour de Dakar à pied, mais j'ai trouvé ça... génial. J'ai trouvé ça génial. On a suivi toute la journée pour voir comment vous alliez le faire. Je me rappelle, dans l'état où vous êtes arrivé, toi-même, tu as dit que tu pensais pas que ça aurait été aussi fatigant.

  • Speaker #0

    Compliqué, parce que Dakar, c'est pas une ville piétonne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est pas une ville qui est faite pour marcher.

  • Speaker #0

    C'est pas une ville piétonne. Il y a la pollution. Il y a la chaleur, tu te bouscules avec les charrettes, les caraputes, les taximans qui te klaxonnent, etc. Donc effectivement, ce n'était pas facile, ce n'était pas très agréable. Ce n'est pas comme quand tu marches en forêt. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et donc, pour ce projet des sept monts les plus hauts du monde ? Tu te fixes combien de temps ? Est-ce que tu t'es fixé une fenêtre de temps ?

  • Speaker #0

    Non, du tout. J'ai toute la vie devant moi. J'espère. Parce qu'avec tout ce que je fais là, c'est un peu compliqué. Mais non, je ne me fixe pas des deadlines. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Là, après le Mont Blanc, après le Kilimandiaro, j'ai tenté la montagne la plus haute d'Europe, en Russie, l'Elbrouz. Mais j'ai voulu faire cette ascension-là en hiver. parce que c'était la Russie. La Russie, c'est l'eau froide extrême. Et ça m'excitait quand même de faire une ascension en hiver dans des conditions très extrêmes. Et j'ai décidé...

  • Speaker #1

    Tu t'ennuies dans la vie ? Toi, l'ascension, ça ne te suffisait pas ? Non. Alors, qu'est-ce qu'on peut rajouter pour que ça soit un petit peu plus difficile ?

  • Speaker #0

    Parce que je me suis dit que si je le fais en été, je sais que j'en suis capable. Je sais que je peux le faire. Et sachant que je peux le faire, je n'aurai plus d'intérêt à le faire parce que derrière, il n'y aura pas de challenge. D'accord. C'est quand il y a un vrai challenge, quand il y a un risque d'échec. que tu apprends beaucoup. Donc, c'est pour ça que je me suis dit que pour cette montagne-là, je vais tenter l'ascension en hiver.

  • Speaker #1

    L'Elbrou, c'est celle que tu as arrêtée à mi-ascension ? C'est celle-là ?

  • Speaker #0

    À 200 mètres du sommet.

  • Speaker #1

    À 200 mètres du sommet, c'est celle-là ? Ouais. Parce que je me rappelle, même de tes stories, tu filmais la montagne. Et toi-même, tu le disais, qu'elle était impressionnante, même que toi, la regarder à la fenêtre comme ça...

  • Speaker #0

    Effectivement, effectivement. l'Elbrouz c'est c'était vraiment quelque chose. Parce que comme je te le disais, c'était une ascension en hiver. On avait du moins 52 degrés, moins 53 degrés de ressenti. Et on avait beaucoup de complications à la fin. Il y avait un de nos guides qui allait y rester.

  • Speaker #1

    Oui, tu avais mis ça dans ta story.

  • Speaker #0

    Voilà. Parce qu'il nous avait rejoints au dernier jour pour renforcer l'équipe. Et lui, il n'était pas très bien entraîné. Donc même si tu es guide de haute montagne, si physiquement tu n'es pas prêt, ça ne va pas le faire. Donc on le voyait traîner derrière, on ne savait pas pourquoi. Moi, je croyais que comme il nous a rejoints au dernier jour, il ne voulait pas se mélanger au groupe. Donc il nous regardait de loin. Mais en fait, c'est parce qu'il était en difficulté. Donc chaque fois, on l'attendait, il revenait essoufflé. Donc on lui demandait si ça allait bien, etc. Et à 5400 mètres d'altitude, il ne pouvait plus suivre. C'était compliqué pour lui. Donc moi, j'étais avec des Russes qui, eux, ils étaient fâchés parce qu'ils se sont dit, nous, on ne va pas gravir la montagne pendant six jours. Le dernier jour, il y a le guide là qui vient nous...

  • Speaker #1

    Nous empêcher de finir.

  • Speaker #0

    Nous empêcher de finir. Mais lui, il était dans un sale état parce qu'il toussait du sang. Il ne pouvait plus avancer. Il avait développé carrément des œdèmes pulmonaires. Et quand c'est comme ça, si on te laisse là, c'est sûr que tu meurs. C'est sûr à 10 000 %. Donc les Russes, ils voulaient faire le sommet et le laisser là-bas. Donc moi, c'était un peu compliqué de le laisser là.

  • Speaker #1

    Humainement.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Quel plaisir j'allais avoir à atteindre le sommet si je dépasse quelqu'un qui est en train de mourir sur la montagne. Si je reviens, si je le vois mort, où est l'intérêt ?

  • Speaker #1

    Ils sont durs, l'équipe avec qui tu étais. Ils étaient prêts à le laisser.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'eux, ils s'en foutaient en fait. ils voulaient juste arriver au sommet et ils étaient remontés contre l'agence, ils étaient remontés contre les guides donc ils se sont dit ils vont le laisser et donc on était là à 5400 mètres d'altitude, moins 52 degrés de ressenti, la tension, les gens qui étaient là en train de parler russe criait. Moi, je comprenais pas vraiment. Ils parlaient pas vraiment anglais. Donc, on essayait de voir qu'est-ce qu'on allait faire. Et j'ai négocié, négocié, négocié jusqu'à ce qu'ils acceptent de redescendre avec nous. Et la descente, avec quelqu'un qui n'arrive pas à marcher.

  • Speaker #1

    C'est long, c'est dur.

  • Speaker #0

    C'est hyper long. Donc moi, j'avais même peur pour mes doigts parce que je commençais à ne plus les sentir avec ce froid. Et quand je suis redescendu, je suis resté un mois. Mes doigts, c'est comme si tu avais posé un briquet dessus. Ça faisait hyper mal. Des débuts dangereux, en fait. Un mois, ça faisait très mal. Je ne pouvais même pas travailler parce que je suis un géant en informatique. avec l'ordinateur c'est compliqué donc c'est quand même très intense les brousses

  • Speaker #1

    Et donc tu penses le refaire bientôt ? Le retenter ? Ça serait la prochaine que tu retenterais quand même ? Ou tu voudrais faire un autre d'abord ?

  • Speaker #0

    Non, je voudrais faire le Servin. Je voudrais faire le Servin parce que le Servin on s'est arrêté à 150 mètres du sommet. Le Servin ça fait partie des trois montagnes les plus techniques au monde. Les plus dangereuses. Et à 150 mètres du sommet on avait vu une tempête qui s'annonçait on a décidé de redescendre parce que comme le Servin c'est que de l'escalade Donc c'est très risqué si tu as même quelques gouttes d'eau sur la paroi, ça glisse. Donc il ne fallait pas que ça nous trouve sur la montagne. Donc on est redescendu rapidement.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est cette montagne qui est considérée comme la plus belle du monde ?

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ce que tu vois sur les chocolats de Toblerone.

  • Speaker #1

    Exactement. Elle est si belle que ça ?

  • Speaker #0

    Elle est magnifique. quand tu la vois. Tu sais que c'est la montagne. Tout le monde a dessiné le servin un jour. Quand tu dessines une montagne,

  • Speaker #1

    c'est le servin que tu dessines. Incroyable. En tout cas, franchement, Mohamed, ça a été un plaisir de te recevoir et d'écouter tes aventures, d'écouter tout ça. Je suis encore plus impressionné par tout ce que tu fais maintenant que tu m'as raconté encore tout ça. Moi, je te souhaite de toutes les accomplir, Inch'Allah. pour que tu puisses revenir ici et que tu me dises Olivier bon je t'ai venu te raconter comment j'ai fait la première maintenant je vais te raconter comment j'ai fait les sept tu vois et Olivier je te ramène avec moi non oui non je veux bien si tu veux tu m'amènes moi je m'occupe de tout ce qui est fondu soupe pour que quand tu es fini tu viennes que tout soit installé je m'occupe de la fête pour quand tu redescends tu vois je m'occupe de tout tu vois toute l'after party tout ça il n'y a pas de problème tu vois mais non non non jamais mais en tout cas franchement ça je te souhaite de vraiment prendre du plaisir à aller faire les 7 et surtout que tu reviennes en pleine forme en pleine santé pour nous raconter tout ça comme ça on pourra laisser des beaux souvenirs aux enfants qui pourront regarder ça dans quelques années et qui pourront flex devant leurs copains et leurs copines en disant vous voyez c'est mon père mon père vous voyez tonton Mohamed que vous voyez qui est assis là en train de Merci. de boire son petit bissap tranquille là. Il a fait les sept, c'est ça, tu vois ?

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Et puis même, je te souhaite de le faire, parce que c'est de nous documenter tout ça, et de nous ramener tout ça ici, et de pouvoir inspirer des centaines de milliers de jeunes à travers le monde, pas seulement africains, mais à travers le monde, en montrant que tu peux être un jeune Sénégalais qui est né... à Dakar, qui a grandi à Dakar et tu peux rêver de montagne, même si c'est pas ton quotidien.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça, c'est ce que tu dis et en plus souvent les gens, ils ont tendance à nous mettre dans des cases. On doit faire une chose et pas une autre. On doit être dans un domaine et pas dans un autre. Alors qu'on est doté d'un cerveau super puissant, de deux bras et de deux jambes. Pourquoi pas explorer, faire autre chose, tester ? On peut avoir un domaine, bien évidemment, mais aussi, on peut essayer de découvrir autre chose et se créer d'autres vies. Moi, c'est ce que je dis. J'ai plusieurs vies dans une vie. Parce qu'avec tout ce que je fais, comme sport, parce que je fais...

  • Speaker #1

    La moto ! La moto,

  • Speaker #0

    la plongée sous-marine, je suis secouriste en plongée sous-marine, je fais du parachute. Et chaque domaine, c'est un univers. Donc moi, je dis que j'ai plusieurs vies dans une même vie.

  • Speaker #1

    Et tu as surtout plein de choses extraordinaires à raconter, à partager. Et Inch'Allah, comme ton père l'a fait, te raconter des histoires et te mettre des étoiles et des images dans la tête. Inch'Allah, tu raconteras des histoires. à tes enfants. Tu leur mettras des étoiles dans les yeux et des images dans la tête et ils iront accomplir d'autres rêves encore plus grands que leur papa.

  • Speaker #0

    Inch'Allah. Et surtout, je vais leur mettre ce podcast.

  • Speaker #1

    Inch'Allah.

  • Speaker #0

    Voilà, Inch'Allah. Je vais leur dire, écoutez, moi, je n'ai pas trop le temps pour parler.

  • Speaker #1

    Allez, écoutez, ça fait des vues pour Toto Olivier. Allez. En tout cas, merci énormément d'être venu.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Je vous mettrai tous ces réseaux. Allez le suivre. aller suivre ses aventures aller l'encourager aller lui donner beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup de force et bientôt Inch'Allah il revient pour nous raconter les 7 Inch'Allah Ok Merci la team incroyable d'avoir écouté le podcast Je vous souhaite un bon dimanche ou une bonne journée si vous n'écoutez pas le podcast d'un dimanche et à très vite pour un nouvel épisode

  • Speaker #0

    Peace All Souls

Chapters

  • introduction

    00:00

  • Enfance carrée et premières aventures

    05:15

  • 7 ans au prytanée militaire de St Louis

    13:41

  • Premier emploi et changement de vie

    29:32

  • Sa découverte de la montagne

    39:32

  • 2 ans de préparation

    44:46

  • Son ascension du Mont-Blanc

    52:01

  • Le buzz sur les réseaux

    01:40:45

  • La prochaine ascension

    01:46:35

  • Conclusion

    02:00:06

Description

Êtes-vous prêt à être inspiré par un parcours de vie exceptionnel qui transcende les frontières ? Dans cet épisode captivant du Le OV Show, Olivier Vullierme reçoit Mohamed Tounkara, un alpiniste sénégalais qui a récemment réalisé l'exploit incroyable de gravir le Mont Blanc en solitaire. Son histoire, qui commence dans les rues animées de Dakar, est un véritable témoignage de passion et de détermination. Mohamed partage avec nous comment son enfance, bercée par les récits d'aventure de son père ancien scout, a façonné son désir insatiable de conquérir des sommets, tant physiques que personnels.



Au fil de la conversation, Mohamed nous plonge dans les défis intérieurs et extérieurs qu'il a dû surmonter lors de son ascension. La peur, l'adrénaline et l'importance d'une préparation mentale et physique rigoureuse sont autant de thèmes qu'il aborde avec une authenticité touchante. Il nous rappelle que la peur, loin d'être un ennemi, peut devenir un précieux allié dans les moments les plus extrêmes, nous tenant sur nos gardes et éveillant notre détermination. À travers ses mots, il encourage chacun d'entre nous à rêver grand et à ne jamais reculer devant nos passions, un message qui résonne particulièrement au sein de la diaspora africaine.



Dans un monde où le changement de vie est souvent perçu comme un défi insurmontable, Mohamed incarne l'esprit d'entrepreneurs passionnés qui osent prendre des risques pour réaliser leurs rêves. Son parcours est une source de motivation pour tous ceux qui cherchent à s'élever, que ce soit dans le sport, le business ou l'éducation. Avec une voix pleine de sagesse, il exprime son désir de transmettre un héritage immatériel à ses enfants, un héritage construit sur le respect, l'aventure et la quête de l'excellence.



Alors que l'épisode touche à sa fin, Mohamed partage ses réflexions sur l'impact de ses réalisations sur les autres et dévoile ses futurs projets d'escalade. Ne manquez pas cette opportunité d'écouter des histoires captivantes qui pourraient bien changer votre vie. Rejoignez-nous dans ce voyage inspirant où l'esprit d'aventure et de dépassement de soi se mêle à des secrets de réussite qui peuvent motiver votre carrière. Écoutez le Le OV Show et laissez-vous porter par cette inspiration sans limites !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi, mon objectif quand j'étais bébé, c'était de sortir de la maison. À 14 ans, tu tires avec les M16, les fusils M16. Chaque année, je partais en prison. Et donc, je fais quoi ? Je m'évade. La peur pour moi, c'est... Ça doit être notre ami. On doit travailler main dans la main avec le peuple. Les rêves font la courte échelle aux rêves. Ma fille m'a sauvé la vie avant même de nous.

  • Speaker #1

    Hello, hello les incroyables, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien. Bienvenue dans un nouvel épisode du Off Show que vous nous écoutiez sur les plateformes d'écoute ou que vous nous regardiez sur YouTube. Installez-vous confortablement parce qu'aujourd'hui, on a un sportif. Aujourd'hui, je reçois quelqu'un qui atteint des sommets. Je reçois quelqu'un qui n'a pas peur du vide. Je reçois un homme ambitieux, qui aime les challenges. Je reçois M. Mohamed Tinka dans le Home Show.

  • Speaker #0

    Wow.

  • Speaker #1

    Bienvenue.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je suis tellement content de le recevoir, vous ne savez pas. C'est-à-dire que lui, là... Quand j'ai commencé mes premiers épisodes de podcast, je lui ai écrit direct. J'ai dit, quand tu viens à Dakar, tu as intérêt à me dire que tu viens parce que je veux te recevoir. Dans ma liste, il était comme ça des gens que je veux recevoir. C'est quelqu'un qui m'inspire énormément et je suis trop heureux qu'il soit là. Et c'est la première fois qu'on se voit lui et moi.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça.

  • Speaker #1

    C'est une folie.

  • Speaker #0

    Ça fait un moment qu'on discute sur les réseaux sociaux. Et même avant, je crois, avant de lancer ton podcast, tu m'avais parlé du podcast.

  • Speaker #1

    Ah oui, je t'en ai parlé il y a longtemps. Tu m'avais parlé il y a longtemps.

  • Speaker #0

    Il dit, ouais, il faut qu'on se fasse ça. et depuis Chassé Croisé mais aujourd'hui on est là on va discuter et je suis très très content d'être là c'est vraiment un honneur pour moi en tout cas l'honneur est partagé podcast de qualité des gens très

  • Speaker #1

    inspirants se sont assis sur cette chaise et voilà c'est un honneur pour moi franchement t'es quelqu'un vraiment et c'est pas parce que t'es là qui me inspire et que je dis mais lui c'est un ouf tu vois pour moi des fois l'inspiration c'est ça de regarder quelqu'un et de dire lui c'est un ouf, parce que tu regardes la personne tu te dis mais est-ce que moi je serais capable non non non, moi je serais pas capable de faire ça, mais t'inquiète les gens doivent se demander mais qu'est-ce qu'il dit Olivier vous allez comprendre, vous allez découvrir mais d'abord,

  • Speaker #0

    vas-y mais avant de démarrer je voulais juste te dire une chose tu sais Tu fais partie des gens qui ont un peu évangélisé la montagne au Sénégal. Moi ? Ben oui, ben oui. Comment ? Je vais te dire pourquoi. Quand j'ai gravi le Mont Blanc en solitaire...

  • Speaker #1

    Vous avez bien entendu.

  • Speaker #0

    Quand j'ai gravi le Mont Blanc en solitaire, j'ai posté une photo de moi en premier et mes amis ont commencé à partager. Donc ça va, ça prenait un tout petit peu. Mais toi, tu as partagé la photo avec ton compte.

  • Speaker #1

    L'ancien compte Ariam Olivier.

  • Speaker #0

    Et là, des partages de partout. Ah ouais ? Ouais, des partages, des likes, ça monte super vite.

  • Speaker #1

    Ah bah tant mieux.

  • Speaker #0

    Les médias qui me contactent, etc. Et donc, voilà, tu fais partie des catalyseurs de tout ce buzz autour de la montagne.

  • Speaker #1

    Franchement, ça me fait plaisir parce que, très honnêtement, les gens vont dire, mais vous, vous êtes rentré dans la discussion vite. Mais il faut dire les choses. Non, mais c'est que, en fait, quand j'ai vu ça, déjà, tu sais, moi, je suis un passionné d'aventure, de nature, de paysage et tout, et d'exploit sportif. Et tout de suite, moi, ce que j'ai vu, j'ai vu déjà un, l'exploit sportif. En plus, j'ai vu un Sénégalais qui amène le drapeau du Sénégal jusque sur le Mont-Blanc. Je n'avais jamais vu ça de ma vie. J'ai dit, mais c'est qui lui cet extraterrestre ? Tu vois, mais non, t'inquiète, tu vas nous raconter tout ça. Mais la première question que je pose à tout le monde, Mohamed, c'est la plus dure du podcast. Après, tout le reste, c'est facile. c'est aujourd'hui comment tu te présentes à quelqu'un qui te connait pas

  • Speaker #0

    effectivement c'est une question très dure surtout que je fais pas mal de choses donc je préfère me présenter avec un titre ou des titres qui ne changent pas d'accord bon parce que voilà je peux être informatique un jour demain je peux être donc je me présenter avec mon nom mon prénom Je suis sénégalais, ça, ça n'a pas changé. Je suis papa de deux enfants.

  • Speaker #1

    MashaAllah.

  • Speaker #0

    MashaAllah. Et je suis un amoureux de la nature et des aventures.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Après, ce que je fais dans la vie, ça, c'est autre chose.

  • Speaker #1

    OK. Non, c'est bien résumé. Pour quelqu'un qui ensuite, après sa discussion, ira sur tes réseaux sociaux, il dirait effectivement, ça correspond à ce qu'il a dit. Mais maintenant, on va rentrer dans le truc, on va découvrir. Donc toi, d'abord, tu n'es où ?

  • Speaker #0

    Je suis né à Dakar, à Yedyaway, en classe des enseignants.

  • Speaker #1

    Et comment étaient les enfances de Mohamed dans tes souvenirs ?

  • Speaker #0

    Alors, dans mes souvenirs, j'ai eu une enfance assez calme et carrée. Pourquoi carrée ? Parce que je suis né d'un papa inspecteur de l'enseignement et d'une maman enseignante aussi. D'accord. Donc autant te dire qu'à la maison, c'était... métro, boulot, dodo, quoi. Sans le métro.

  • Speaker #1

    Oui, sans le métro. Beaucoup de boulot. Exactement. Beaucoup de boulot.

  • Speaker #0

    Beaucoup de boulot. Donc, j'ai grandi dans ce cadre-là. Et voilà, mon père, il était très strict avec moi. Donc, à la maison, j'avais pas le droit de regarder la télé. De sortir jouer avec les amis. Donc, c'était que boulot, la famille, et puis c'est tout. Donc, pour te dire, j'avais un emploi du temps. 24 heures sur une 24 sur un papier A4 pour voilà tout ce que je devais faire du matin au soir à partir de 7h jusqu'au coucher 21h c'était écrit sur tout était millimétré donc 7h je dois faire ça 8h je dois faire ça donc tout était millimétré donc vraiment une enfance carré carré carré tu as des frères et soeurs ? ouais j'en ai beaucoup j'en ai environ 15. Mais on n'a pas grandi ensemble.

  • Speaker #1

    C'est plus ou moins. Il peut y en avoir 16, 17. D'accord.

  • Speaker #0

    Mais j'ai grandi avec des nièces, des cousines et deux de mes soeurs. Donc j'ai grandi qu'avec des filles.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et quand tu grandis avec des filles, il y a trois choses. Soit tu t'imposes en tant que mal alpha, je suis l'homme de la maison, je dirige. Ou tu épouses leur manière de faire, de voir la vie, de fonctionner, de raisonner. Là où on te dit que tu es efféminé. Ou tu mixes un tout petit peu des deux.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et moi, je crois que j'ai mixé un tout petit peu des deux. J'ai mixé un tout petit peu des deux. Et j'ai un côté féminin que je revendique et dont je suis fier aussi, parce que je me suis beaucoup inspiré d'elle. Et c'est pour ça que j'ai ce côté aussi sensible. Je suis sensible, altruiste. Je suis vraiment très tourné vers l'autre. Et donc ça, je l'ai pris chez mes sœurs.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc, je ne dis pas que les hommes, ils ne sont pas sensibles.

  • Speaker #1

    Mais tu trouves que toi, ta part de sensibilité est peut-être un peu plus... un peu plus sensible. On répète ce que je répète, mais c'est ça.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc,

  • Speaker #1

    enfance carrée, entourée de femmes.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    À l'école, tu es un bon élève ? Tu n'as pas le choix. Avec les parents. Je n'ai pas le choix. Tu n'as pas le choix. Moi, tu sais, j'ai qu'un seul... Mon père est prof de maths. J'ai qu'un seul parent qui est dans l'enseignement, mais je sais déjà ce que c'est d'en avoir un.

  • Speaker #0

    donc si t'en as deux la maison boulot boulot boulot et je l'ai pas regretté parce que ça m'a permis d'aller loin entre guillemets dans les études par exemple j'ai réussi le concours du Britannique Militaire j'avais un bon classement donc voilà plutôt bon élève tout en premier. Et j'étais obligé.

  • Speaker #1

    Tu n'avais pas le choix. Et dans ton enfance, avant d'arriver, je vais dire, à la période lycée, où on commence déjà les orientations un petit peu vers le... Pas professionnel, mais on commence les premières orientations de vie. Dans ton enfance, est-ce que tu as déjà une curiosité, une appétence pour le sport, pour l'activité physique, ou pas encore dans ta jeunesse ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, j'étais un enfant.

  • Speaker #1

    Parce que si vous ne voyez pas la vidéo pour les gens qui écoutent, vous avez vu comment mon gars, il est... C'est-à-dire que moi, j'ai mis la veste, j'ai bien serré, j'ai bien caché toutes les gourmandises que je mange.

  • Speaker #0

    Et moi, je suis chétif.

  • Speaker #1

    Non, mon ami, tu n'es pas chétif. Tu es chétif.

  • Speaker #0

    Oui, non, mais... Alors, moi, j'ai eu un souvenir. Bon, ce n'est pas mon souvenir, mais c'est un souvenir de mon père concernant mon goût pour l'exploration. Pourquoi ce n'est pas mon souvenir ? Parce que j'étais bébé.

  • Speaker #1

    Je portais des couches. D'accord.

  • Speaker #0

    Moi, mon objectif quand j'étais bébé, c'était de sortir de la maison. Quand j'ai commencé à marcher, c'était de sortir de la maison. Mon objectif, c'était de sortir de la maison. Tout le temps, la porte, sortir de la maison. Et un jour... Ils discutaient, voilà, et boum, ils ne me voient plus. Donc, j'avais pris la tangente, je suis parti, je suis sorti de la maison. Et là, mon père, il court, il sort de la maison, il me voit au loin. Là ? Avec ma couche comme ça qui pend et je marche et je regarde, voilà, où je dois aller. Là,

  • Speaker #1

    il a le goût de l'aventure déjà.

  • Speaker #0

    Le goût de l'aventure déjà. Donc, voilà. Mon père, il me raconte ça et il me dit, voilà, là, actuellement, tu es aventurier, mais ça a toujours été en toi. Et il m'a transmis un héritage aussi sur ce côté-là, parce que lui, il était scout. Tu sais, les scouts à l'époque, ils voyageaient beaucoup, ils faisaient de vrais trucs. C'est pas les scouts maintenant où c'est juste des kermesses, etc. Ils faisaient de vrais trucs et ils me racontaient ses aventures. et il me racontait aussi d'autres récits d'aventure. Et il m'amenait aussi à la plage pour courir. Je devais avoir, je ne sais pas moi, 7 ans, 8 ans. Et voilà, je crois qu'il a aussi beaucoup mis ça en moi.

  • Speaker #1

    Parce que c'est la question que j'allais te demander, la suivante, c'était est-ce que dans ton entourage, il y avait déjà des aventuriers ou des gens que tu voyais être aventureux dans leur vie ? Mais tu as un petit peu déjà répondu parce qu'effectivement, si déjà dans ta jeunesse, On te raconte beaucoup d'histoires, on te parle d'aventures et ton père te transmet, lui, les aventures qu'il a vécues. Et comme tu dis, je pense que le scoutisme à cette époque-là, à l'époque, en tout cas, de nos parents, ils allaient beaucoup plus en exploration, ils sortaient beaucoup plus de Dakar et autres. Ils allaient faire du camping, c'était peut-être des aventures comme ça. Donc forcément, pour l'enfant curieux, ça doit être beaucoup d'images dans la tête, ça doit être beaucoup de projections. et tu dois te coucher sur ça et enregistrer tout ça. Donc effectivement, ça doit déjà titiller ton esprit.

  • Speaker #0

    Mais exactement, il y a beaucoup d'aventures que j'ai pu faire. Je me suis inspiré de ce que mon père me disait. Lui, il ne sait pas, peut-être qu'il va voir la vidéo, mais je ne lui ai jamais dit. Donc il m'a inspiré, ma mère aussi m'a inspiré, parce qu'elle est enseignante, certes, mais des fois, elle voyage. pour faire du commerce, soit disant. Soit disant pour faire du commerce. Et je sais, au fond, il a juste le goût de l'aventure. Parce que je ne peux pas comprendre, à 60 ans, tu vas prendre les bus pour aller en Côte d'Ivoire, faire le tour, partir Mali, Burkina, etc. Dormir dans la forêt, etc. Juste pour acheter des tirs.

  • Speaker #1

    Oui, ce n'est pas le commerce. Exactement. Ce n'est pas le commerce qui te donne envie de vivre tout ça. Exactement.

  • Speaker #0

    Et en plus... ce qu'elle ramène et là on n'a même pas besoin je lui dis maman,

  • Speaker #1

    sois transparente avec nous mais tu fais ça parce que tu veux juste voyager quoi elle veut voir d'autres choses c'est ça exactement donc dans la jeunesse tu dirais tes premiers ressentis par rapport à l'aventure, par rapport à l'exploration c'est par les histoires de ton père et ces moments qui te fait vivre en te racontant tout ça donc quand arrive le lycée là comme je disais on est dans les premières orientations Merci. à peu près de vie. Toi, tu t'orientes vers quoi ?

  • Speaker #0

    Alors, au niveau des études.

  • Speaker #1

    Ouais, au niveau des études.

  • Speaker #0

    Alors, j'ai d'abord fait la série S. Ouais,

  • Speaker #1

    scientifique.

  • Speaker #0

    Scientifique, pendant deux mois.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Deux mois. Après, j'ai pris mes bagages, je suis parti en L.

  • Speaker #1

    Je suis parti en L.

  • Speaker #0

    Parce que...

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est pas que t'es parti en ES. T'es parti en L. T'as fait le grand bond inverse.

  • Speaker #0

    Autant oui, c'était L prime, L2. L2, je crois que c'est ES. Donc moi, je suis parti en L2.

  • Speaker #1

    Ok, d'accord.

  • Speaker #0

    Je suis parti en L2. Pourquoi ? Parce que quand je suis parti au Britannique, je me suis relâché un tout petit peu, je ne bossais plus. Je ne bossais plus parce que contrairement à ce que les gens pensent, là-bas, tu es quand même assez libre.

  • Speaker #1

    Alors le Britannique, pour les gens qui ne savent pas ce que c'est. C'est une école militaire, c

  • Speaker #0

    Ouais, c'est une école d'excellence militaire. Tu fais le concours, il y a pratiquement 40 000 élèves qui font le concours et on n'en prend que 50 et qui doivent suivre une formation militaire dans un internat à Bangou, à Saint-Louis, pendant 7 ans.

  • Speaker #1

    D'accord, donc toi, quand tu passes ce concours, parce que tu l'as passé en CM2, tu quittes Dakar pour aller à Saint-Louis, en internat.

  • Speaker #0

    En internat.

  • Speaker #1

    Ah ok, déjà ça doit être un gros choc, ça, pour le jeune élève.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'était quand même très très très dur.

  • Speaker #1

    Surtout que si tu me dis que tu es dans ce cocon familial avec beaucoup de femmes, j'imagine que tu devais être chouchouté, quand même un petit peu couvé.

  • Speaker #0

    Ouais, tu ne rentres pas dans la cuisine, on fait tout pour toi. Voilà, l'assisté, quoi.

  • Speaker #1

    Et là, tu arrives en internat, à Saint-Louis.

  • Speaker #0

    Boum, dans la vie militaire. Oh là là. Que voilà, on suit une formation militaire. donc tout ce que les militaires font nous on fait aussi technique de combat technique de guerre tir avec des armes à 14 ans à 14 ans tu tires avec les M16, les fusils M16 ce sont les fusils des américains, ils sont partis en Irak avec à 14 ans tu tires avec ça tu tires avec ça les frontiers sécu d'utilité Oui ! Tu tires avec ça, quoi. Tu sautes en parachute aussi.

  • Speaker #1

    À 14 ans ?

  • Speaker #0

    Pas à 14 ans, mais à ta première.

  • Speaker #1

    Mais ouais, 16 ans !

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Pas eu la même enfance !

  • Speaker #0

    Wow ! Ouais, effectivement.

  • Speaker #1

    Mais ça, est-ce que c'est un choix que toi, tu voulais ? Ou est-ce que c'est les parents qui voulaient que tu ailles là-bas ?

  • Speaker #0

    Moi, je ne savais même pas que le pré-administration existait quand je faisais le concours. Ouais,

  • Speaker #1

    je n'ai jamais entendu parler.

  • Speaker #0

    Quand je faisais le concours. Je ne savais même pas que le président militaire existait.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc moi, comme je bossais, j'étais déjà prêt pour faire le concours. Donc mon père, un jour, il m'a réveillé, il m'a dit, écoute, aujourd'hui, tu vas faire des examens. Et il m'a ramené faire le concours.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #0

    allons-y. Ok, allons-y. Donc j'ai passé le test. C'est des épreuves aussi psychotechniques, etc. pour comprendre la logique et tout. Français, maths, etc. Et c'est comme ça que j'ai fait pour...

  • Speaker #1

    Le gars, il a signé pour un truc, mais il ne sait pas dans quoi il va.

  • Speaker #0

    Il y a un coco.

  • Speaker #1

    Allons-y, on le fait. Je vais à l'armée pendant six ans. OK,

  • Speaker #0

    d'accord. Mais c'est ça. C'est comme ça que j'ai parti au Britannique militaire. Et c'était très dur parce que... En tout cas, les débuts.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr que le début doit être dur.

  • Speaker #0

    Oui, le début parce que tu as 11 ans. On t'arrache des parents comme ça. En plus, tu rentres à la maison que pendant les grandes fêtes. Les fêtes Tabaski, Korité, les grandes fêtes. Donc, la première semaine, je disais, dans le dortoir, tout le monde pleurait. La nuit, tout le monde pleurait.

  • Speaker #1

    C'est compréhensible.

  • Speaker #0

    Tout le monde pleurait parce que tu es jeune. et surtout que tu viens, on te fait subir des actes qui t'humilient. Parce qu'en fait, l'armée, c'est ça. Ils veulent que tu rentres dans le moule. Exactement, il faut que tu rentres dans le moule, il faut que tu sois humble, tu sois fort, etc. Donc, c'est compliqué.

  • Speaker #1

    En fait, j'imagine que c'est sûr que le premier... Allez, je veux dire même la première année, ça doit être difficile. Merci. tu es trop jeune pour comprendre les valeurs et finalement l'atout que les parents veulent te donner en te mettant dans cette position-là. Surtout s'il y a un cas comme toi où on ne t'a pas préparé à ça, parce que peut-être que tu aurais eu un an où on te prépare avant. On te dit, OK, Mohamed, dans un an, tu vas passer le concours, tu vas te préparer pour aller là-bas. Tu as le temps peut-être, même si tu es jeune en tant qu'enfant, d'assimiler que... Tu as cette possibilité d'aller là-bas, te renseigner et voir. Mais j'avoue que quand tu ne sais pas que tu passes un concours pour ça, et que du jour au lendemain, tu es accepté, on te dit que tu es accepté. Toi-même, tu te dis, mais accepté dans quoi ? Ah, mais tu vas à Saint-Louis, l'armée et tout. La première année doit être très dure. Mais je suis persuadé, tu vas me dire si je me trompe, est-ce que si c'était à refaire, te voyant aujourd'hui, je suis sûr que tu me dirais oui, c'est à refaire, je le refais. parce que ça a dû t'apprendre Tellement de choses, te faire vivre tellement de choses.

  • Speaker #0

    Exactement, exactement. En fait, c'était dur, mais c'était très enrichissant. Parce qu'au Britannique, comme je te disais, on t'apprend à tirer, à faire la guerre. Tu es avec tes copains qui sont maintenant des frères. Et vous traversez vraiment des fois des moments très compliqués dans la formation. Et ça t'apprend énormément dans la vie. Ça t'apprend à être humble, ça t'apprend à être solidaire. et nous aussi on avait une devise aux Britanniques militaires qui était savoir pour mieux servir. Donc, chaque fois on nous répétait ça, on nous répétait ça et finalement c'est ancré en nous et ça a conditionné beaucoup de mes choix et de mes actes dans la vie d'après. Donc, savoir toujours essayer de monter en compétence. savoir un peu plus dans son domaine, d'être beaucoup plus avisé et servir aussi. Donc, être utile aux autres, avoir de la valeur dans la société. Donc, ouais, effectivement, c'est...

  • Speaker #1

    Et c'était quoi l'emploi du temps typique ? Est-ce que c'est comme, je vais te dire, un centre de formation un petit peu pour sportifs ? Parce que les centres de formation pour sportifs, c'est généralement le matin court, l'après-midi sport. tu vois est-ce que Comment vous se déroulaient un petit peu les journées ou les semaines ? Est-ce que tu avais des moments courts, des moments apprentissage de la guerre, apprentissage de l'armée ou est-ce que c'était un autre système ?

  • Speaker #0

    Alors, c'était un peu des deux parce que le matin, on faisait du sport, qu'on appelait décrassage. À 7h, on se levait pour aller courir. Après, on enchaîne avec les études.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Après, quartier libre. Le soir, on doit retourner en classe pour étudier. D'accord. Et les mercredis, les samedis, on avait des cours militaires.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Les cours de guerre, les techniques de guerre,

  • Speaker #1

    etc.

  • Speaker #0

    Donc c'était assez classique.

  • Speaker #1

    Donc pendant sept ans, tu es là-bas.

  • Speaker #0

    Oui, sept ans.

  • Speaker #1

    Si tu devais retenir un souvenir, une expérience de ces sept ans ? qui t'a le plus marqué ? C'est quoi le souvenir que tu dirais ? Si je devais en garder qu'un, ça serait celui-là.

  • Speaker #0

    Il y en a beaucoup.

  • Speaker #1

    J'imagine, tu m'as dit, tu as sauté en parachute à 16 ans, tu as tiré au FAMAS, tu as conduit un char d'assaut. C'est quoi l'expérience qui t'a le plus marqué dans ces 7 ans ?

  • Speaker #0

    Alors, je n'ai jamais réfléchi, mais le jour de la remise des insignes, Ça m'a beaucoup marqué parce que quand tu rentres dans l'école, normalement, tu dois faire trois mois de formation intense. D'accord. Trois mois de formation où tu ne vois pas tes parents. On te fait faire des exercices de ouf.

  • Speaker #1

    Ça, c'est les trois premiers mois quand tu rentres ta première année ?

  • Speaker #0

    Les trois premiers mois, direct dans le dur. Et ce qu'il faut savoir, c'est qu'à partir de la cinquième jusqu'à la terminale, tous les élèves sont tes anciens.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et ils ont... Le droit de vie.

  • Speaker #1

    Tout pouvoir sur toi.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. Tout pouvoir sur toi. Donc, ils viennent des fois dans tes dortoirs pour te bijouter, te taper, te donner des ordres. Fais-moi ceci, il faut me faire la vaisselle, etc. Et donc, après ces trois mois-là, tu n'es pas encore un enfant de troupe. Parce que les élèves qui sont au pré-délimitaire, on les appelle des enfants de troupe. donc pendant ces trois mois là t'es pas encore un enfant de troupe et après quand tu valides la formation avec succès on organise une remise des insignes où on appelle tes parents donc c'est une grande fête ça se passe dans la nuit il y a des rituels c'est vraiment très intense en émotion et là on te remet l'insigne militaire que tu es officiellement un enfant de troupe D'accord.

  • Speaker #1

    donc ça ça m'a quand même beaucoup ah non j'imagine surtout que tu me dis s'il y a une cérémonie, s'il y a la famille qui vient et que t'as fait 3 mois dans le dur et que tu sais que finalement ces 3 mois ça a servi parce que t'es là ça doit être beaucoup d'émotions qui sortent d'un seul coup.

  • Speaker #0

    Mais moi j'étais un enfant de troupe très terrible je sais pas mais pourtant t'étais un enfant cadré à la maison exactement mais je crois que c'est un peu à cause de ça Oui.

  • Speaker #1

    C'est le fait de ne pas accepter de pourquoi vous m'avez amené là alors que je n'ai pas demandé ça ?

  • Speaker #0

    Voilà, et aussi comme j'étais couvé et tout ce que je devais faire, on me le disait. Quand je suis venu au Britannique, j'étais plus très assidu dans les études et j'ai commencé à développer ce côté-là un tout petit peu rebelle, un tout petit peu aventurier et marginal. Donc, chaque année, je partais en prison. Chaque année, parce qu'on a des prisons là-bas au Britannique.

  • Speaker #1

    J'étais pas prêt à ça dans cet épisode. Je m'attendais pas à ce qu'il me raconte tout ça. Tu vas dans la prison.

  • Speaker #0

    Chaque année, parce qu'on a une prison là-bas pour le camp. En fait, le Britannique militaire est dans le camp des Monts-Marguerites, le camp des militaires. Et on partage la prison là-bas. Donc si tu déconnes, si tu fais des bêtises, si tu pars pas en cours, si tu fais des bêtises en gros, on t'emmène en prison. Moi, chaque année, je partais en prison. Mais pour des dingueries.

  • Speaker #1

    Tu sais que ça, ça va être un réel sur Instagram. Je vais commencer le réel avec ta phrase où chaque année, je partais en prison. Les gens vont dire mais qu'est-ce qu'il a fait lui ?

  • Speaker #0

    Non, mais je donne juste une anecdote. Un jour, moi, je voulais faire des recherches. sur internet c'était plus sur Encarta je sais pas si je te rappelle je vais faire des recherches sur Encarta donc pour faire des recherches sur Encarta tu dois aller à la salle informatique et pour aller à la salle informatique tu dois aller demander la permission à la direction des études donc moi je pars à la direction des études Ils ne me donnent pas la permission. Je dis, mais moi, je veux faire des recherches pour mes études. Et vous me dites non. OK, j'attends 2h du matin.

  • Speaker #1

    Ça commence mal, cette histoire.

  • Speaker #0

    J'attends 2h du matin. Je pars choper les baldequins, ce sont les bars là pour armoires. Ouais. Et je pars défoncer la salle informatique.

  • Speaker #1

    Il est là, il est là.

  • Speaker #0

    Je pars défoncer la salle informatique, je rentre tranquillement et j'ouvre mon encartable pour faire mes recherches.

  • Speaker #1

    Tu étais seul dans le noir.

  • Speaker #0

    Seul dans le noir. Et j'ouvre mon encartable pour faire mes recherches. Et là, il y a deux soldats qui passent et ils voient la lumière de l'écran. Et ils rentrent, ils me chopent là-bas. Ah là là, j'ai passé. Et c'était compliqué.

  • Speaker #1

    Ouais, non, j'imagine.

  • Speaker #0

    C'est compliqué. Donc du coup, avant de m'emmener en prison, ils m'ont tabassé. Ils m'ont tabassé. C'était en décembre, il faisait froid. Ils m'ont jeté des sauts d'eau, ils m'ont fait rouler par terre, etc.

  • Speaker #1

    Froid de Saint-Louis là-bas.

  • Speaker #0

    Non mais de somber. Je me rappelle, j'étais en short comme ça, t-shirt. Ils se sont défoulés sur moi. Après, ils m'ont emmené en prison pour huit jours.

  • Speaker #1

    Huit ?

  • Speaker #0

    Et la prison, il n'y a pas de matelas là-bas. Il n'y a pas de moustiquaire. On dirait qu'ils élèvent des moustiques là-bas. Il n'y a pas de moustiquaire. Tu te couches à même le sol.

  • Speaker #1

    Huit jours ?

  • Speaker #0

    Huit jours. Et tu manges les restes de tes copains qui sont à l'école. Donc, huit jours en prison comme ça.

  • Speaker #1

    Oui, mais tu l'as cherché aussi, toi aussi. Deux heures du matin, le gars, il va te défouler. Ah oui, vous ne voulez pas que j'étudie ? D'accord, il n'y a pas de problème.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Oui. Mais toi, tu es fou. Toi, tu sais que tu as l'armée. C'est là-bas même, tu dis, ce n'est pas grave, je vais défoncer la porte.

  • Speaker #0

    Oui. Et série sur le gâteau. on m'amène en prison. Donc, je fais deux jours là-bas et ça m'a saoulé, en fait. Je me suis dit, OK, attendez, vous allez voir.

  • Speaker #1

    C'est ça ce que tu vas raconter, parce que là, si tu me racontes une dinguerie, moi, je sors de la pièce.

  • Speaker #0

    Attendez, vous allez voir. Et donc, je fais quoi ? Je m'évade. je vais arrêter le podcast ici c'est bon merci Mohamed d'être revenu tu t'évades je m'évade et c'est pour ça jusqu'à présent on m'appelle Tounki Schofield on m'appelle Tounki Schofield au Pritamilter Il y a un journal qui s'appelle Vête, voix de l'enfant de troupe. On m'a présenté il y a deux ans. Moi, j'ai quitté le Britannique en 2010. On m'a présenté le journal il y a deux ans. Et il y avait un élève qui racontait cette histoire.

  • Speaker #1

    La légende. C'est devenu une légende au Britannique. Vous savez, il y a le Rangale. Les potes.

  • Speaker #0

    Waouh ! Donc, oui, j'étais quand même assez terrible.

  • Speaker #1

    tu fais quand même 7 ans C'est temps là-bas.

  • Speaker #0

    C'est temps.

  • Speaker #1

    Tu finis. Qu'est-ce que tu fais après ?

  • Speaker #0

    Alors, je finis. Je pars en France. Ouais. Poursuivre la communication des entreprises. option publicité.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc toi, tu voulais t'orienter, on va dire, dans du marketing, à peu près.

  • Speaker #0

    En fait, je ne voulais pas initialement cette formation. D'accord. Moi, je voulais juste quitter le Sénégal.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc toi, ton envie de foncer ?

  • Speaker #0

    Je veux partir du Sénégal ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    L'option qu'on me donne, c'est ça ? C'est ça,

  • Speaker #1

    exactement. Ok. C'est ça. Donc, moi, initialement, j'ai toujours voulu faire de l'informatique. Donc, je ne pouvais pas.

  • Speaker #0

    On l'a compris que tu voulais faire de l'informatique. Le gars, à 2h du matin, il a défoncé l'info, mais oui.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc, je ne pouvais pas parce que c'était le bac L, en fait. Oui. Le bac L. Je ne peux pas. pas faire de l'informatique en France. Donc je suis parti faire la communication des entreprises, option publicité, mais je ne me sentais pas à ma place en France. Chaque fois quand je me réveille, je sens que je ne suis pas chez moi. C'était dur, voilà étudiant, t'as pas de bourse, tu travailles pas, donc t'es en galère, tu suis une formation que tu n'aimes pas.

  • Speaker #0

    donc voilà t'es arrivé dans quelle ville en France ?

  • Speaker #1

    Paris Direct Paris Direct ok ouais Paris Direct t'imagines Paris en plus de Paris tu quittes Saint-Louis le Britannique militaire pour arriver à dans Paname tu dis oh la la ouais non c'est ça c'est ça donc quand j'ai eu mon BTS Là, je me suis dit, c'est bon, je rentre.

  • Speaker #0

    Tu rentres à Dakar ?

  • Speaker #1

    Je rentre à Dakar. D'accord. Ma mère m'achète le billet aller-retour, parce qu'elle croyait que j'allais retourner. Et je suis venu, je lui ai dit, moi, la France, c'est fini. Je reste ici. Et après, j'ai suivi ma passion, l'informatique. Parce qu'ici, à l'école Dakar Bourguiba, tu pouvais faire l'informatique.

  • Speaker #0

    Malgré que tu n'aies pas fait un bac scientifique.

  • Speaker #1

    Exactement. Après, on m'a averti, on m'a dit, écoute, il y a l'électricité, il y a les maths, etc. Mais comme j'étais vraiment très passionné par l'informatique, je me suis dit, je vais me donner les moyens pour y arriver. Et c'est comme ça que j'ai eu ma licence. Après, je suis parti à l'IAM pour suivre mon master en génie cloud. Donc voilà, après j'ai eu mon master en tant que master génie cloud.

  • Speaker #0

    Ok. Et dans toute cette période-là ? parce qu'il faut qu'on arrive forcément à moi ma curiosité pendant toute cette période là à aucun moment tu approches l'alpinisme de près ou de loin jamais donc tu finis ton diplôme ici ton diplôme fini est-ce que tu vas dans le marché du travail ici ou tu repars ?

  • Speaker #1

    alors mon diplôme je l'ai fait en même temps que je travaillais À la Sonatel.

  • Speaker #0

    D'accord, donc tu avais déjà un emploi ?

  • Speaker #1

    Oui, j'avais déjà un emploi. D'accord. Donc j'ai travaillé à la Sonatel pendant deux ans. Ouais. Donc j'ai passé des commissions de recrutement, parce que j'ai été recruté en CDD. D'accord. Donc j'ai passé des commissions de recrutement pour passer en CDI. Sauf qu'au dernier entretien, le DG me dit, mais vous, vous n'avez pas encore soutenu. Effectivement, je n'avais pas encore soutenu à l'époque. Et donc, tu connais ici au Sénégal les diplômes, etc. Si tu n'as pas soutenu, moi, je dis, mais je soutiens normalement dans deux semaines. Je dis, mais voilà, si tu n'as pas soutenu, on ne peut pas te prendre ici en CDI. Donc, je dis, OK, pas de souci. Et donc, mon contrat se termine. Et maintenant, avec un peu de recul, c'était une chance. En fait, c'était Dieu qui fermait une porte pour... pour en ouvrir une autre. Parce qu'après, une banque de la place, MicroCred, m'a recruté en tant qu'ingénieur système. Et là-bas, j'utilisais une solution cloud qui s'appelle AWS. Il était très convoité. Donc là-bas, j'étais en CDI, donc une solution qui était très convoitée. Et j'ai eu un pote qui m'a parlé d'une certification sur cette... Cette solution. Et comme moi, tout le temps, j'essaie de monter en compétence, d'être plus performant dans mon domaine.

  • Speaker #0

    Comme tu l'as dit, comme tu as appris au Britannique.

  • Speaker #1

    Savoir pour mieux servir.

  • Speaker #0

    Savoir pour mieux servir, exactement.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc je me suis dit, ok, je vais essayer de passer cette certification. Sauf que cette certification, je ne pouvais pas la passer au Sénégal.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Tu pouvais faire les cours à distance. Donc, c'est des cours que tu achètes toi-même en ligne. Tu lis la documentation aussi de la solution, etc. Mais si tu veux passer la certification, tu dois partir en France. Et à l'époque, j'avais un maigre salaire. Un salaire, je ne pouvais pas me payer un billet.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas ce salaire qui peut te permettre de payer un billet, le logement quand tu vas aller là-bas, la nourriture.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    exactement. Il y a toute une logistique.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Et donc, ma mère m'a aidé. Des mamans, des soeurs, des mamans. Ma soeur aussi qui est en France m'a aidé. Et j'ai économisé un tout petit peu pour passer la certification. Autant se dire que j'avais quand même la pression.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Si tu dois partir en France pour faire un examen, qui va juste durer une heure de temps.

  • Speaker #0

    Et qu'on paye tout ça pour que tu ailles le faire, tu as intérêt à le...

  • Speaker #1

    Voilà. Et donc, je me suis donné les moyens pour avoir cette certification et je suis parti. Masha'Allah, alhamdoulilah, je l'ai réussi. Je suis revenu au Sénégal et là, je poste ma certification sur LinkedIn. Et j'oublie. Une semaine après, il y a un gars qui me contacte sur LinkedIn. Il me dit oui, est-ce que ça vous dit de venir sur Paris travailler en tant qu'ingénieur cloud ? Moi je dis mais attends, ces brouteurs-là...

  • Speaker #0

    C'est béninois là. Bon, je carrel.

  • Speaker #1

    Ils sont même sur LinkedIn. Donc je lui dis, écoutez, why not ? On peut se faire l'entretien quand vous voulez. Et le soir même, on fait l'entretien.

  • Speaker #0

    Et Dieu.

  • Speaker #1

    Ça a duré 15 minutes. Le gars, il a validé mon profil. Raphaël Haïk, je te salue. C'est le boss. Ça va être mon futur boss. Il a validé mon profil et il m'a dit écoute, t'as absolument rien à faire. Nous, on va faire les démarches pour toi, autorisation de travail, etc. Toi, tu pars juste à l'ambassade, tu déposes tes papiers et tu auras ton visa. Donc c'est comme ça que je suis reparti en France. Et j'ai pratiquement multiplié mon salaire de microcréd par 11.

  • Speaker #0

    On est en quelle année quand tu repars en France ?

  • Speaker #1

    Quand je repars en France, on est en 2017.

  • Speaker #0

    2017, ok. Et comme tu le dis tout à l'heure, tu te rends compte que si cette fenêtre d'orange ne s'était pas fermée... tu n'aurais pas vécu ça,

  • Speaker #1

    tu serais resté dans ton quotidien d'Orange en tout cas Orange il n'utilisait pas la solution innovante là il n'utilisait pas ça donc effectivement voilà donc tu repars en France parce

  • Speaker #0

    que tu as été débauché au Sénégal pour venir travailler en France c'est ça,

  • Speaker #1

    et moi dans mon entourage Je n'ai jamais vu ça.

  • Speaker #0

    Mais je n'ai jamais vu ça moi non plus. On a débauché quelqu'un au Sénégal pour dire « mon gars, viens bosser chez nous » .

  • Speaker #1

    Alors que je n'avais pas beaucoup d'expérience.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu avais cette certification qui est recherchée.

  • Speaker #1

    Exactement, j'avais cette certification-là.

  • Speaker #0

    Donc tu repars en France. C'est quoi le sentiment de tes parents quand tu repars en France ?

  • Speaker #1

    Mes parents...

  • Speaker #0

    Parce que tu sais, quand tu es parti la première fois, tu n'as pas aimé.

  • Speaker #1

    tu es revenu parce que tu as pas aimé mais quand tes parents tu leur dis bon je j'ai eu un boulot en france je pars ah non mais ils étaient hyper content pour moi ouais parce qu'ils savaient que voilà je m'étouffais un tout petit peu dans ce que je faisais d'accord certes voilà j'étais dans l'info ça ça ça me plaisait mais je voulais un peu toujours plus d'accord j'ai voulu toujours plus et quand ils ont su que voilà j'ai été débauché très content et il savait que cette fois ci ça allait différent ouais ça avait une autre une autre expérience pour d'accord 2017 tu repars tu repars sur paris ouais sur paris sur paris on le boulot tout se passe bien tout tout se passe très très très bien parce que bah j'étais à l'aise financièrement c'était pas des pattes pendant des mois exactement donc j'étais à l'aise financièrement donc je pouvais déjà explorer, m'épanouir un peu plus. J'étais aussi très à l'aise dans la boîte. J'ai rapidement gravi les échelons pour être manager dans la boîte au bout d'un an. J'ai eu des collègues aussi super sympas. Il y avait ma sœur qui était en France avec qui je faisais pas mal de choses. Donc oui, c'était différent.

  • Speaker #0

    Jusque-là, tout va bien. maintenant Mohamed il faut que tu m'expliques à quel moment dans tout ça là quand tout roule tout va bien à quel moment ton cerveau se dit bon si on allait gravir une petite montagne là comment ça arrive

  • Speaker #1

    Comment ça arrive ? Alors, j'ai mon beau-frère qui fait du ski. Donc, il fait du ski et il m'a invité un jour à faire du ski.

  • Speaker #0

    Ton beau-frère, c'est un Français, un Pénégalais ? C'est un Français,

  • Speaker #1

    oui. Il fait du ski, donc il m'a invité. C'est pour ça. Oui. C'est ça. Il m'a invité à... à faire du ski avec lui dans les Alpes.

  • Speaker #0

    Tu n'en avais jamais fait ?

  • Speaker #1

    Je n'ai jamais fait.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais comme j'adore l'aventure, je lui ai dit why not ? Ouais. Et donc, comme ça, on part. On part, voilà, en voiture. Et là, on s'approche de la chaîne des Alpes. Ouais. Et je vois au loin les montagnes qui approchent. Mais c'est juste incroyable.

  • Speaker #0

    C'est juste... Alors, je mets un temps d'arrêt parce que, effectivement, c'est incroyable. En plus, en hiver, tout blanc. Et en plus, surtout... Quand tu es un Sénégalais, je ne vais même pas dire un Sénégalais, quand tu es un Africain et que tu n'as jamais vu ce type de paysage, quand tu le vois la première fois, c'est tellement loin de ce que tu as vu dans ta vie.

  • Speaker #1

    Effectivement.

  • Speaker #0

    La chose la plus haute que tu as vue, c'est le phare des Mamelles.

  • Speaker #1

    Ça, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Mais quand tu vois, c'est tellement majestueux, c'est tellement beau, c'est tellement... extraordinaire que en fait quand tu m'as dit ça j'ai imaginé tes yeux mais c'est ça tu vois j'ai imaginé tes yeux j'ai imaginé tes émotions tu sais quand tu vois les premières montagnes au loin et puis quand tu vois que plus tu t'approches plus ça monte en fait mais c'est ça exactement donc

  • Speaker #1

    j'étais là émerveillé voir ces mastodontes là tu vois c'est bloc de pierre. Et j'étais fasciné. J'étais fasciné par ça. Fasciné et intimidé aussi.

  • Speaker #0

    Ouais, exactement.

  • Speaker #1

    Intimidé. Je me sentais vraiment petit. Et voilà, c'est l'adrénaline, ça m'a encore plus stimulé. Et donc là, je passe un séjour magnifique. Je prends un cours sur trois jours de ski. Ça se passe très bien. et Dans la station, les deux Alpes, on peut monter jusqu'à 3200 mètres d'altitude sur un glacier. Et donc, je suis monté jusqu'à 3200 mètres d'altitude, pas avec les skis, mais juste histoire de visiter en fait cette zone-là. Et là, je vois le Mont Blanc au loin. Donc, ils ont des affiches pour dire, voilà, tel pic, ça s'appelle comme ça, tel pic, ça s'appelle comme ça. et là je vois au loin le Mont Blanc. Et mon père, il m'a parlé du Mont Blanc quand j'étais petit. Ah oui, bien sûr. Il m'a parlé du Mont Blanc et voilà, les souvenirs viennent, etc. Et comme j'aimais ce que je voyais, j'aimais ce que je ressentais aussi et j'aimais l'aventure, je me suis dit, comment explorer le Mont Blanc ?

  • Speaker #0

    Mais quand tu fais cette... Cette montée où tu aperçois le Mont-Blanc, ça reste un parcours touristique.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Donc ça, c'est une montée où tu es accompagné avec un guide. Tu n'es pas avec des équipements particuliers.

  • Speaker #1

    Non, tu prends les téléphériques. Exactement. Tu ne portes pas de ski. C'est juste très touristique.

  • Speaker #0

    Et donc toi, tu montes, tu aperçois le Mont-Blanc, le public du Mont-Blanc. Et surtout que... Aussi pour que les... Je veux pas dire de bêtises pour que les gens comprennent. Toi, tu es dans les Alpes. Le Mont Blanc, c'est Massif Central, non ?

  • Speaker #1

    Non, non, non, c'est dans les Alpes.

  • Speaker #0

    C'est dans les Alpes, Mont Blanc ? Massif Central, c'est quelle montagne qui est dans le Massif Central qui est hyper haute ? J'ai oublié, j'ai oublié. Bon bref, tu vois le mont et là, tu tombes amoureux.

  • Speaker #1

    Ouais, je tombe amoureux, je tombe amoureux. Là, je me dis, il faudrait que je fasse quelque chose avec cette montagne. Et c'était l'alpinisme, quoi. Parce qu'avec l'alpinisme, tu prends ton temps, tu explores, tu ressens, tu es en symbiose avec la montagne. Donc je me suis dit, juste descendre les pistes, ça ne me suffit plus. Maintenant, il faudrait que je commence à gravir les montagnes.

  • Speaker #0

    Il est fou. Donc là, tu redescends avec cette idée en tête. Est-ce que le Mont Blanc, c'est la première montagne que tu escalades ?

  • Speaker #1

    La première montagne.

  • Speaker #0

    C'est la première ?

  • Speaker #1

    C'est la première.

  • Speaker #0

    Le Mont Blanc, c'est combien d'altitude ?

  • Speaker #1

    4810.

  • Speaker #0

    4810 mètres. Donc, entre ce moment où tu le vois et ton ascension du Mont Blanc, il y a combien de temps ?

  • Speaker #1

    Il y a deux ans.

  • Speaker #0

    C'est ça, deux ans. Comment tu te prépares à ça ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, les gens pensent que je suis un casse-cou, que je vais comme ça à la fleur au fusil, mais pas du tout.

  • Speaker #0

    Ah non, non, moi, pour avoir regardé tes stories, pour avoir regardé ton contenu, je dis que tu te prépares méticuleusement à chacune de tes escalades.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Donc, moi, si j'ai un projet comme ça, je me prépare en fonction du projet parce que il y a par exemple sur les ascensions, tu peux avoir des ascensions beaucoup plus techniques que d'autres, des ascensions qui demandent une forme physique beaucoup plus solide. D'accord. Donc le Mont Blanc, c'était un peu des deux.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc le Mont Blanc, comme c'est haut, il faudrait se préparer à l'altitude. Oui. Il faudrait aussi préparer son corps. Parce qu'en fait, quand tu te prépares à faire une ascension, moi, en tout cas, comment je me prépare ? C'est sur deux volets. Sur le mental et sur le physique. Donc, sur le physique, c'est déjà renforcer mon cardio. Donc, en quoi faisant ? En faisant des courses. des courses très longues, des fois, des fractionnées pour faire travailler le cœur, etc. Et aussi, faire beaucoup de renforcement musculaire au niveau des jambes. D'accord. Parce que sur la montagne, ce sont tes jambes qui te...

  • Speaker #0

    Qui te travaillent le plus.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Et comme sur la montagne, tu ne cours pas, tu marches, donc faire aussi beaucoup de randonnées pour s'entraîner. Donc c'est comme ça que je me prépare physiquement. Et mentalement, faire beaucoup de visualisations. D'accord. Donc je fais pas mal de visualisations. Je prie aussi beaucoup. Parce qu'il y a des choses qu'on ne contrôle pas. Il y a des choses, c'est du domaine de Dieu. Donc je prie beaucoup, je visualise. Je me visualise très souvent en train de gravir la montagne. Je vois les passages, par exemple, quand je fais mes recherches sur YouTube, etc. Je vois les passages, je me visualise en train de passer ces passages-là avec succès. Et c'est comme ça que je me prépare mentalement.

  • Speaker #0

    Parce que là, tu le dis avec l'expérience, mais quand tu fais ces deux ans entre le moment où tu vois la montagne et le moment où tu fais l'ascension de la montagne, est-ce que tu as quand même des... des professeurs, des gens qui t'apprennent, qui te parlent de leur expérience ? Est-ce que tu... Tu vois, j'ai vu le documentaire d'Innoxtag, tu vois, sur son ascension qu'il a faite. Lui, c'est l'Everest, c'est bien ça ? Je ne dis pas de bêtises. On voit qu'il s'est préparé pendant un an, plus d'un an, il a fait des petites montagnes, il a fait des choses comme ça. Est-ce que toi... Tu t'entraînes sur des petites montagnes, des choses comme ça, avant de faire l'ascension du Mont Blanc ? Ou est-ce que tu vas direct et tu fais le Mont Blanc ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Direct, je fais le Mont Blanc. Alors, ce que tu dois savoir, c'est que j'ai tenté une première fois l'ascension du Mont Blanc en groupe.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et on n'est pas arrivé au sommet.

  • Speaker #0

    D'accord. Ça, c'était dans les deux ans ?

  • Speaker #1

    Non, juste avant mon ascension en solitaire.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, je me suis dit que comme c'est la première ascension et je veux vraiment plus tard faire de l'alpinisme. Je vais m'inscrire à un stage d'alpinisme pour après faire le Mont Blanc en groupe. Comme ça, je vais apprendre les bases de l'alpinisme afin de maximiser mes chances pour être un alpiniste. D'accord. Donc, c'était un stage de six jours. Donc, quatre jours où vous évoluez sur plusieurs types de terrain, roches, glaces, etc. Et après, les deux derniers jours, vous tentez l'ascension du Mont Blanc.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, j'ai d'abord eu cette première expérience. Et les quatre jours se sont bien passés. Donc, j'ai beaucoup appris. Donc, comment évoluer sur la montagne, comment planter son piolet, mettre les crampons, etc. Et après, on n'est pas arrivé au sommet parce qu'il y avait une tempête. D'accord. Parce que voilà, il faut savoir que sur la montagne, le danger objectif qui vient très souvent, c'est... Il y avait une tempête, donc on est redescendu.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et quand on est redescendu, je me suis refait un tout petit peu le film de cette expédition. Et j'ai vu qu'il y avait deux choses qui me dérangeaient. Le fait d'être encordé à quelqu'un. Parce que quand tu évolues sur les glaciers, il faudrait que tu t'encordes à quelqu'un pour limiter les risques quand tu chutes.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Parce que sur les glaciers, tu as des crevasses, ce sont des trous, des fissures sur les glaciers qui peuvent... descend jusqu'à 100 mètres de profondeur. Et si tu tombes, si t'es pas encordé, tu tombes et c'est fini.

  • Speaker #0

    Tandis que si tu es encordé, le poids des autres te retient, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Exactement. Donc si tu t'encordes à ton compagnon, voilà, il peut te retenir. Sauf que j'ai vu dans notre expédition qu'il y a des passages, même si c'est bombardier. ou Balaguer qui te retient, qui essaie de te retenir, il peut pas. Tu l'emmènes dans ta chute. Donc moi, je me suis dit que je veux pas avoir cette responsabilité-là et je tombe de tuer quelqu'un, d'emporter quelqu'un avec moi. Donc ça, ça me dérangeait. Et aussi, on passait sur des parois très abruptes. Et je voyais qu'il y avait des... parmi mes compagnons de cordée des gens qui pouvaient pas passer ces passages là parce qu'ils avaient peur donc quand tu as ton compagnon de cordée qui peut pas avancer c'est frustrant et vous êtes obligé de redescendre parce que tu vas pas le laisser là bas donc je me suis dit c'est là où je me suis dit que bon ok être en groupe c'est bien parce que ça aussi c'est côté positif Merci. mais je vais tenter l'ascension seul je vais tenter l'ascension seul et si je réussis l'ascension ça sera moi si je choue,

  • Speaker #0

    ça sera moi je vais réussir c'est ça mais quand tu décides de partir dans cette aventure seul tu le dis à ton entourage ?

  • Speaker #1

    pas sur le champ j'ai attendu J'ai attendu d'arriver à Chamonix, qui est le camp de base de village du Mont-Blanc, pour dire à mon père et ma mère mon projet.

  • Speaker #0

    Et comment ils ont réagi ?

  • Speaker #1

    Ah, mon fils, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Qui t'a envoyé ? Qu'est-ce que tu cherches ? Est-ce que tu es malheureux ? Qui t'a brisé le feu ? Non, mais...

  • Speaker #0

    c'est normal parce que c'est tellement loin de nos réalités ici et quand tu fais, en plus si je ne dis pas de bêtises c'était en hiver, toi tu le fais le Mont Blanc,

  • Speaker #1

    il y a encore de la neige oui il y avait encore de la neige mais cette ascension là, c'était une ascension spéciale, très spéciale Pourquoi ? Quand je suis parti faire mon bourgon solitaire, il faisait excessivement chaud.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Donc tous les guides, ils ont annulé leur expédition parce que la montagne n'était pas clémente. Il y avait beaucoup de morts cette saison-là. Il y avait beaucoup de...

  • Speaker #0

    Et lui, il y va.

  • Speaker #1

    Il y avait beaucoup de morts cette saison-là. Et il y a sur le Mont-Blanc un passage qu'on appelle le couloir du goûter ou le couloir de la mort. En fait, c'est un couloir. qui a beaucoup de chutes de pierre. D'accord. Parce que quand il fait chaud, le permafrost de la montagne, en fait, le permafrost, c'est la glace qui retient les rochers. Oui. Fond. Donc, du coup, il y a d'énormes blocs de pierre qui tombent.

  • Speaker #0

    Qui tombent, forcément.

  • Speaker #1

    Et sur le couloir de Goutté, il y avait des blocs de pierre qui tombaient, mais chaque 15 minutes,

  • Speaker #0

    quoi. OK.

  • Speaker #1

    Et donc ça, c'était inédit sur le Mont-Blanc. Donc quand je suis arrivé à Chamonix, tous les guides, ils ont annulé leurs expéditions. OK. Donc là, je pars louer mon matériel parce que je n'ai pas de matériel. Donc voilà, comme c'était mes débuts, je pars louer mon matériel. Et là... Le gars me demande mon projet. Je lui dis que je veux faire le Mont Blanc. Il me dit, mais c'est bizarre, comment ça vous voulez faire le Mont Blanc ? Mais tous les guides ont individuellement des expéditions, comment vous allez faire ? Je lui dis, mais je le fais seul. Il me dit, non, moi je ne prends pas ce risque, je ne peux pas vous louer le matériel.

  • Speaker #0

    Donc toi tu vois un professionnel de la montagne qui lui-même te dit qu'il ne veut pas te louer le matériel parce que c'est trop dangereux ? C'est ça. Mais toi,

  • Speaker #1

    tu vas quand même.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Donc, j'ai négocié. J'ai négocié avec lui. Donc, finalement, il m'a loué le matériel. Parce que moi, en fait, je me dis, OK, il me dit que je risque ma vie, que je vais potentiellement y rester. Oh, mais t'es fou.

  • Speaker #0

    Mais du coup, c'est faux.

  • Speaker #1

    Mais, moi je me dis que les gens en général quand ils disent que tu peux pas faire ça c'est parce que eux ne peuvent pas le faire ou bien ils n'ont pas le courage le gars il me connait pas,

  • Speaker #0

    il sait pas si je suis un professionnel ou pas je te dis que là au 4ème étage je ne peux pas sauter toi aussi tu ne peux pas sauter tu vois ce que je veux dire ouais c'est vrai c'est

  • Speaker #1

    vrai mais moi je me suis dit que Merci. Je vais quand même tenter l'ascension jusqu'à ce que la montagne me dise que ce n'est pas possible. Jusqu'à ce que moi, je vois que ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    En fait, ça t'a tiré trop ?

  • Speaker #1

    Ça m'a tiré trop et j'ai toujours été comme ça. Quand on me dit que ce n'est pas possible, il faut que je vois par moi-même avant de me dire que ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    non mais en fait moi je Je n'arrive pas à comprendre le sentiment de... à quel point ça t'a attiré. Parce que pour que tu aies tous ces voyants rouges, tu fais une première montée. On te dit non, le temps n'est pas bon. Tu reviens. On te dit tous les guides professionnels dont c'est le métier ont annulé leur toute leur montée. Le gars qui te loue le matériel te dit non, je ne te loue pas le matériel parce que là c'est dangereux. Mais malgré tous ces feux rouges... Il y a une force plus grande à l'intérieur de toi qui dit non, je vais quand même y aller. Et c'est ça qui est impressionnant dans ton histoire, c'est ce feu qu'il y a en toi qui a juste envie de non, moi je veux monter, je veux aller voir en haut de ça.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est ça. Parce que je me suis quand même donné les moyens pour y arriver. Et moi, je pense qu'Olivier, tu sais, la vie est régie par des lois. L'univers, la nature, on va dire. Il y a, par exemple, la loi de la gravité. Voilà, sans la loi de la gravité, peut-être qu'actuellement, on serait en train de flotter. Si on est assis là, c'est grâce à la loi de la gravité. Donc, c'est une loi avec qui on... C'est une loi qu'on subit chaque jour. Maintenant, il y a d'autres lois, beaucoup plus subtiles peut-être, qui, si on les transpose dans la vie de tous les jours, peuvent nous aider à atteindre nos objectifs.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    C'est comme par exemple la loi de... de cause à effet qui veut que toute action que tu poses provoque une réaction opposée et égale à cette action donc si par exemple toi tu veux 1 million de dollars il faut poser des actions qui vont t'amener à avoir ce 1 000 euros. Voilà, exactement. Si toi, tu veux atteindre le sommet du Mont-Blanc, tu dois poser des actions qui vont créer une réaction qui fait que tu atteindras le sommet. Souvent, les gens, ils font focus sur juste le but, l'output, le résultat, mais ils ne se disent pas que c'est l'input, ce que tu dois poser comme action. C'est là où tu dois faire un focus. Donc, moi, j'ai fait un focus sur ça. Donc, je me suis donné les moyens pour y arriver. Et je me suis dit, je vais le tenter quand même. Et on va voir si l'univers sera avec moi ou pas.

  • Speaker #0

    Et donc, le matin, tu te prépares, tu prépares ton sac, tu prépares tes affaires. Tu arrives en bas de la montagne, tu la regardes.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Et tu te dis quoi ?

  • Speaker #1

    Je me dis que let's go, let's go. Et là, certes, je ne vais pas te mentir, j'ai eu peur.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Surtout quand le gars m'a dit, je ne peux pas te louer le matériel. Là, j'ai eu peur.

  • Speaker #0

    Mais ta peur, quand tu es en bas et que tu sais que là, c'est parti, on y va ? Ce n'est pas ta peur quand tu prends le matériel, c'est là, quand c'est le matin, que tu es devant et que tu dis, OK, on est parti, c'est là où il y a quand même un sentiment de peur qui arrive quand même un petit peu.

  • Speaker #1

    Mais la peur ne m'a pas quitté depuis que j'ai quitté chez moi.

  • Speaker #0

    D'accord. Parce que je sais que c'est une aventure très risquée. Avant de me lancer dans une expédition, je fais des recherches, je m'en renseigne sur les dernières actualités, etc. Et j'ai vu qu'il y avait beaucoup de morts. J'étais au courant que c'était très risqué. Donc c'est pour ça, la peur ne m'a pas quitté. Mais ce n'est pas une peur qui me... qui me tétanise, qui m'empêche de...

  • Speaker #1

    C'est une peur qui te fait rester alerte.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas une peur qui te fige, qui te bloque, c'est une peur qui, au contraire, te fait rester vif, alerte et attentif à ce qui se passe, parce que tu sais que même une mille erreurs dans la montagne peut être mortelle.

  • Speaker #0

    Exactement. En fait, c'est ça. Et souvent, quand on a peur, c'est parce qu'on se fait beaucoup de scénarios. dans la tête qui probablement dans 99% du temps ne vont jamais se passer. Et la peur pour moi, ça doit être notre ami. On doit travailler main dans la main avec la peur. Parce que comme tu l'as dit tout à l'heure, ça nous aide à être beaucoup plus alertes, beaucoup plus avisés, beaucoup plus responsables aussi. Et souvent dans des moments très dangereux, Euh... Quand on a peur, qu'est-ce qui se passe dans le corps ? Notre système digestif se met au repos. On a un shot d'adrénaline. Nos sens sont plus aiguisés. En une fraction de seconde, on est un sueur. Et donc, si tu es conscient de ça, tu peux utiliser cette peur-là pour sortir d'une situation.

  • Speaker #1

    Pour sortir d'une performance, pour sortir de quelque chose que tu n'aurais jamais fait si tu n'avais pas cette peur-là en toi.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement.

  • Speaker #1

    donc là tu es en bas de la montagne tu es parti,

  • Speaker #0

    let's go je pars, let's go donc moi mon objectif c'était de dormir sur un glacier tout seul pendant deux jours à 3400 mètres d'altitude moi mon objectif c'est de regarder le match de

  • Speaker #1

    foot dimanche c'était dormir tout seul, deux jours sur un glacier, à combien de mètres d'altitude ?

  • Speaker #0

    3400 mètres

  • Speaker #1

    3400 ?

  • Speaker #0

    Oui, 3400 mètres d'altitude. Et il y avait un passage qui me faisait particulièrement très peur, c'était l'arête de l'aiguille du midi. C'était une petite arête, la taille de deux bananes, comme ça, et à gauche, tu as 1000 mètres de dénivelé. à droite tu as 300 mètres de dénivelé et tu dois marcher comme ça si tu flanches c'est fini pour toi et c'est comme ça 400 mètres jusqu'à 400 mètres plus loin donc une petite tarête comme ça cette tarête vraiment elle m'a empêché de dormir pendant des jours ah non bien sûr,

  • Speaker #1

    toi tu l'as visualisé tu l'as prévisualisé

  • Speaker #0

    Surtout aussi, je suis passé par là.

  • Speaker #1

    Oui, de ta première...

  • Speaker #0

    Exactement, exactement. Donc vraiment hyper exposé. Donc je passe par là. Et alhamdoulilah, je passe l'arête. Donc je rejoins le glacier.

  • Speaker #1

    Combien de temps entre le bas de la montagne et le moment où tu arrives ?

  • Speaker #0

    Alors, pratiquement une demi-journée. Donc, j'arrive sur le glacier. Donc, je monte ma tente au milieu du glacier. Je vois des alpinistes qui ne faisaient pas le Mont-Blanc, mais qui faisaient d'autres courses parce que personne ne faisait le Mont-Blanc. Et donc, voilà, on se parle un tout petit peu, on se raconte un tout petit peu nos vies. Et eux, ils me parlent de leur projet, je leur parle de mon projet. Ils me disent la même chose. Ils me disent, écoute, laisse. Nous, on voulait le faire, mais on a laissé. Donc, laisse quoi. Je leur dis, OK, pas de souci, merci pour le conseil. Mais dans ma tête, je savais que...

  • Speaker #1

    En plus, les gars, ils doivent le dire. Il y a un noir sur la montagne ? Après, ils viennent voir... C'est d'où ? Sénégal. Ah, vous avez beaucoup de montagnes ? Ah non, on n'en a pas du tout. Mais qu'est-ce qu'il fait là, lui ?

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça, exactement. Mais je passe une nuit magnifique. Une nuit magnifique. Déjà la nuit, le ciel était... Les toiles. ...contelé d'étoiles. Un silence. Je croirais dans un temple. Tu vois les montagnes qui sont autour de toi. tu es seul et là, tu sens la présence de Dieu. Peut-être les musulmans vont l'appeler Allah, les chrétiens vont l'appeler comme ils veulent, les bouddhistes comme ils veulent. Exactement. Et donc, du coup, tu sens carrément la présence de Dieu. et tu sais Comme je disais tout à l'heure, il y a des choses sur la montagne que tu ne peux pas contrôler. Et il y a Albert Einstein qui disait, avant de mourir, il avait écrit un texte, il a dit que tout est déterminé, le commencement comme la fin, par des forces sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle. Le chemin est tracé, pour l'insecte comme pour l'étoile, être humain, plante ou poussière cosmique. Nous dansons tous sur un air mystérieux, joué au loin par un artiste invisible. Donc lui qui était athée.

  • Speaker #1

    Lui qui était athée, lui qui était un scientifique.

  • Speaker #0

    Un scientifique. Il a écrit ce texte avec la science. Il y a quand même quelque chose...

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose d'invisible qui nous guide.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et qui est plus grand que nous.

  • Speaker #0

    Qui est plus grand que nous, voilà. Donc ça, je le sens en permanence sur la montagne. Et des fois, je suis dans des passages très compliqués ou bien un niveau de fatigue très avancé sur certaines expéditions. Et il y a juste des choses que je ne peux pas contrôler, donc je me laisse aller, entre guillemets. Je laisse tout dans les mains de Dieu. C'est un peu comme le marin qui est dans une tempête. Des fois, il atteint le moteur où il baisse ses voiles et...

  • Speaker #1

    Et bismillah.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Ou bien le nomade qui est dans le désert et qui reçoit une tempête de sable, il se met en boule et il attend que ça passe. Donc, ouais. C'est un peu ça.

  • Speaker #1

    Et donc, tu fais deux nuits ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, ta première nuit, tu arrives, tu t'installes, tu fais la première nuit. Qu'est-ce que tu fais la journée, avant la deuxième nuit, avant de terminer l'ascension ? Tu fais quoi la journée à ce niveau-là ?

  • Speaker #0

    Alors, je fais quelques pics par ma climaté. D'accord. Donc, je monte quelques pics, je redescends pour laisser mon corps s'habituer à la montagne. Ce qu'il faut savoir, c'est que... En montagne, il y a moins d'oxygène. Ce n'est pas qu'il y a moins d'oxygène, mais la densité de l'air diminue. Donc, il y a moins de molécules d'oxygène dans l'air que l'on respire. Et quand c'est comme ça, le corps réagit. Donc, il se dit, là, ça, ce n'est pas normal. Donc, qu'est-ce qu'il faut ? Je vais essayer d'accélérer le rythme cardiaque pour pomper le sang. C'est pour ça que tu es essoufflé sur la montagne. et donc du coup le corps humain il réagit comme ça et ton terrain se crée de l'EPO donc l'EPO qui va favoriser la création de globules rouges et ce sont les globules rouges qui captent l'oxygène pour que tu puisses alimenter ton corps, ton coeur voilà exactement et ça, ça prend du temps et tu le fais Merci. de manière progressive, en marchant en altitude, en essayant de faire des pics, de faire des efforts mesurés. C'est comme ça que tu t'acclimates. D'accord. Voilà.

  • Speaker #1

    Donc pendant une journée, tu fais des pics, tu reviens à ton camp de base, tu refais des pics, tu vas à ton camp de base. En gros, c'est une journée, je vais dire un petit peu palier, pour que... C'est un petit peu comme les gens qui font de la plongée. Tu as des paliers où tu dois décompresser. des palettes de décompression, c'est un petit peu ça. C'est s'acclimater à être moins essoufflé, à ce que le corps réussisse à mieux s'oxygéner et à se préparer à la dernière ascension.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et la dernière ascension, parce que là, tu m'as dit que tu es à 3

  • Speaker #0

    400 mètres.

  • Speaker #1

    Et la dernière ascension, c'est combien de mètres ?

  • Speaker #0

    Je devais quitter 3 400 mètres pour aller rejoindre le camp de base. c'est un refuge qui s'appelle Tête-Rousse donc qui est à 3000 3002 donc tu redescends pour rejoindre le refuge de Tête-Rousse à 3002 donc le refuge de Tête-Rousse donc je passe la nuit là-bas et quand j'arrive je vois deux gendarmes Parce que le camp de base est contrôlé, le trafic là-bas est contrôlé par les gendarmes. D'accord. Il faut que tu réserves ta place au refuge. Donc, ils sont là pour contrôler ça.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc, je vois ces deux gendarmes-là. Donc, j'arrive, je fais mon check-in. Je me pose, je prends ma soupe. Et je les vois, ils me regardent de loin et ils se parlent entre eux, quoi. Et là, ils arrivent... voilà, ils me parlent, ils me demandent mon nom est-ce que j'ai réservé, etc et mon projet donc je leur dis que je fais le mot blanc et tout, ils me répètent la même chose donc faut pas y aller nous on peut pas vous laisser je leur dis, est-ce que légalement vous avez le droit de m'arrêter voilà,

  • Speaker #1

    exactement enfin quand je dis m'arrêter, c'est pas m'arrêter pour que les gens comprennent me mettre en prison, mais m'arrêter mon ascension,

  • Speaker #0

    voilà exactement, ils ont dit non Mais voilà, il me conseille vivement de ne pas y aller. Et moi, quand j'étais dans le refuge, c'est là où j'ai encore plus peur. Parce que le refuge, il est près du couloir du goûter. Oui,

  • Speaker #1

    dont tu nous parlais précédemment.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Donc le couloir du goûter, chaque 15 minutes, chaque 20 minutes, tu entendais des tonnerres. Tu n'entendais que ça. Et pendant toute la nuit, tu n'entendais que ça.

  • Speaker #1

    J'aime bien le mot que tu as utilisé. Tu entends des tonnerres. Ce n'est pas que tu entends des cailloux qui tombent. C'est que tellement la masse des morceaux qui tombent est impressionnante. Ça fait comme un bruit de tonnerre.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. C'est des cailloux la taille d'une voiture.

  • Speaker #1

    Et tu dors à côté de ça. Tu entends ça toute la soirée.

  • Speaker #0

    Toute la soirée. dans toute la soirée. Et donc, bon, autant te dire que je n'ai pas dormi. Je n'ai pas dormi. Et le lendemain, j'avais une longue journée qui m'attendait. Parce que je devais rejoindre le dernier refuge, le refuge du Goutté.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc, le refuge du Goutté qui est à 3 800 mètres,

  • Speaker #1

    je crois. D'accord. Donc, tu es à 3 200 mètres. Tu dois remonter là à 3 800 mètres.

  • Speaker #0

    C'est ça. Exactement. Et du refuge

  • Speaker #1

    de tête rousse jusqu'au refuge du goûter c'est que de l'escalade et c'est pour ça que c'est très important que tu le dises parce que les gens vont faire le calcul et vont dire ah mais c'est que 600 mètres ah non c'est pas 600 mètres à pied que tu fais pour marcher une ligne droite c'est

  • Speaker #0

    600 mètres d'escalade en altitude parce que t'as pas les mêmes performances et c'est 600 mètres aussi où tu t'opères Bye. Parce que c'était pas vraiment balisé. Et comme j'avais pas de guide, donc voilà, pour moi, je vais juste gravir la montagne sans balise, sans passage, sans trace, rien du tout. Donc c'était moi, sans cordes, avec la montagne, pour aller au refuge du côté.

  • Speaker #1

    Et ça te prend combien de temps pour faire ces 600 mètres ?

  • Speaker #0

    Ça me prend combien de temps ? Écoute, ça m'a pris peut-être... 6 heures.

  • Speaker #1

    Ouais. 6 heures. Quasiment 100 mètres par heure.

  • Speaker #0

    Ouais. Parce que je me suis perdu à deux reprises. Et aussi, il y avait le passage. Ouais,

  • Speaker #1

    le premier passage.

  • Speaker #0

    Il y avait le passage du Goûter. Donc, le passage du Goûter qui devait être à 3004. Ouais. Comme ça. Et quand j'arrive au passage, là, j'attends. Donc, je vois, je me cache quelque part. Je vois des fois des pierres tomber. Donc, je suis resté là-bas longtemps parce que j'hésitais. Les pierres, ils ne faisaient que tomber. J'ai même capturé des vidéos que j'ai postées sur Instagram. Et à un moment, je me suis dit, écoute, ce qui doit arriver va arriver.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que je sais que tu es là, je sais que tu l'as fait et tout, mais j'ai l'impression...

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis dit... Ce qui doit arriver, va arriver. Et là, il faut que tu y ailles. Donc, je fais mes prières. J'attends que la dernière vague passe. Et là, j'enchaîne. Tac, tac, tac, tac, tac, tac, tac. Je ne m'arrête pas. C'est sur, je crois, 25 mètres. Et je passe sans cailloux, sans rien. Alhamdoulilah.

  • Speaker #1

    Quand tu dois être passé, que tu as fini le truc de passé, tu dois dire...

  • Speaker #0

    Mais j'ai pensé direct au retour.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. Parce que c'est ça. Après, il va falloir repasser, revenir.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, je pars au refuge du goûter.

  • Speaker #1

    même discours avec l'équipe là-bas faut pas y aller je passe la nuit juste pour que les gens comprennent bien c'est à dire que dans ces différents chalets c'est des petits hôtels

  • Speaker #0

    05 étoiles en montagne,

  • Speaker #1

    c'est des chalets il y a des gens qui sont là-bas toute l'année pour accueillir les gens qui viennent faire des escalades, donc il y a des gens qui sont là qui tiennent les établissements

  • Speaker #0

    C'est les gardiens de refuge. Ils sont là-bas quand la saison des escalades est ouverte. Et ce qu'il faut savoir, c'est qu'en montagne, les ascensions en général se font pendant l'été. D'accord. Parce que la météo est plus qu'aimante, donc tu as plus de chances d'arriver au sommet. Et les ascensions en hiver, on fait les ascensions en hiver aussi. Sauf que c'est plus risqué. Tu as la météo qui n'est pas clémente. Tu as l'eau froide aussi.

  • Speaker #1

    Mais celle que toi tu fais, c'est pendant l'hiver ?

  • Speaker #0

    Non, c'est pendant l'été.

  • Speaker #1

    C'est pendant l'été, d'accord. Tu passes les différents, tu arrives au dernier refuge. Tu fais la nuit là-bas.

  • Speaker #0

    Je fais la nuit là-bas.

  • Speaker #1

    Tu leur dis encore que tu veux faire le Mont Blanc.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. Je leur dis que je veux faire le Mont Blanc. Et même discours, voilà, ils essaient de me retenir et tout. Mais je leur dis que jusqu'à présent, Alhamdoulilah, jusqu'à présent, ça va. Donc moi, j'ai redouté plus le passage du côté. Ouais. À tort, parce qu'après, ce qui va suivre... Je redoutais plus le passage du côté, mais après, ce qui va suivre, c'est beaucoup plus intense.

  • Speaker #1

    Donc, tu as 3 000. Là, tu m'as dit que tu étais à 3 800.

  • Speaker #0

    3 800.

  • Speaker #1

    Et donc, il te reste... Tu m'as dit le Mont Blanc, c'est 4 200.

  • Speaker #0

    4 810.

  • Speaker #1

    4 810. Donc, il te reste 1 010.

  • Speaker #0

    Oui, de dénivelé. OK. Donc, voilà. Les dénivelés, en fait, c'est la distance verticale. Oui. Voilà. C'est la distance verticale. Donc là, je quitte tôt le matin, donc à 3h du matin.

  • Speaker #1

    Seul, 3h du matin, dans le noir.

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc pour espérer arriver au sommet et voir le coucher du soleil.

  • Speaker #1

    Alors tu pars tôt le matin, il y a 1000 mètres, j'allais dire que 1000 mètres de dénivelé, mais malgré que tu pars très tôt le matin, toi ton but c'est de voir le coucher du soleil.

  • Speaker #0

    Le coucher du soleil, oui.

  • Speaker #1

    Donc c'est que tu sais que tu vas mettre la journée ?

  • Speaker #0

    Non, le lever plutôt.

  • Speaker #1

    Ah ok, donc quand tu pars à 3h du matin, c'est pour voir le lever du soleil.

  • Speaker #0

    Le lever du soleil,

  • Speaker #1

    oui. D'accord, ok.

  • Speaker #0

    C'est ça, le lever du soleil. Mais ça m'a pris beaucoup plus de temps à cause de l'altitude.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et parce qu'il y avait des passages aussi très douteux. Tu sais, à partir du refuge du goûter jusqu'au sommet, c'est que des glaciers.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc les glaciers, qui dit glaciers dit crevasses. Et souvent pour passer les crevasses, tu dois passer par des ponts de neige. Donc les ponts de neige, c'est des petits ponts qui traversent la crevasse.

  • Speaker #1

    boy là j'ai dit boy là c'est parce que là là tes parents ils savent que t'as fait tout ça ?

  • Speaker #0

    ouais à peu près ouais des ponts de neige des ponts de neige ouais des ponts de neige et ce qui est un peu fourbe avec ces ponts de neige c'est que Tu ne sais pas l'épaisseur des ponts de neige. Des fois, tu as des ponts de neige qui glissent sous tes pieds et tu tombes dans la crevasse. Des fois, tu as des ponts de neige... Tu as des ponts de neige beaucoup plus solides. Et donc, moi, j'ai vu des ponts de neige. J'ai traversé plusieurs crevasses pour arriver au sommet. Mais il y avait des ponts de neige. J'étais très hésitant parce que, comme je te l'ai dit, j'ai pris du temps. Donc, le soleil s'est levé. Le soleil a commencé à faire fondre la neige. Donc, ce n'était pas très solide. Donc, j'ai pris du temps pour ça. Et j'ai eu quelques mésaventures en sautant les crevasses parce qu'il y avait une crevasse où il n'y avait pas de pont de neige. Donc, je devais sauter la crevasse. Et pour sauter la crevasse, je prends mon élan. Et comme j'ai des crampons, ça me ralentit aussi un tout petit peu. Donc, je me débrouille. Je me débrouille pour sauter la crevasse. Et en sautant. J'ai fait tomber ma gourde. Et du coup, je n'avais pas d'eau.

  • Speaker #1

    Pour la fin de l'ascension.

  • Speaker #0

    Exactement. Et il y avait une longue journée qui m'attendait. Et sur la montagne, la règle d'or, c'est de boire. Il faut boire tout le temps. Quand tu n'as pas soif, tu bois. C'est ce qui t'aide. pour ne pas avoir des mâmes. Les mâmes, en fait, c'est le mal aigu des montagnes. Donc, quand ton corps réagit mal à l'altitude, quand tu t'acclimates pas bien... tu as des symptômes comme des maux de tête, des nausées, tu vomis, tu as des vertiges. Et ça, ça ne va pas aller en s'arrangeant parce qu'il faut impérativement que tu redescendes. Il n'y a rien que tu puisses faire sur la montagne pour pouvoir guérir de ça. Donc ton corps est littéralement en train de mourir.

  • Speaker #1

    Ok. Question qui me vient justement par rapport à ça. est-ce que pendant que tu fais ton ascension Tu as quand même un moyen de joindre des équipes en cas d'urgence ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, tout au fond de moi, j'ai décidé de ne pas appeler les secours, même si j'avais un problème.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Donc toi, tu pars dans ta tête en te disant que s'il y a quelque chose qui ne va pas ?

  • Speaker #0

    Je vais assumer. Ouais. c'est ce qu'on appelle porter ses ah ouais toi dans ta tête tu parles en te disant s'il y a quelque chose j'appelle pas de secours oui parce que ce que je fais quand même c'est très risqué et je veux pas mettre la vie d'autres personnes en danger parce que si je suis dans une situation compliquée les gens qui vont venir me secourir eux aussi ils vont se mettre en danger donc j'assume quoi ok j'assume ok

  • Speaker #1

    Donc tu perds ta gourde qui tombe dans la crevasse.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça, exactement, qui tombe dans la crevasse. Et là, je continue l'ascension. Très compliqué, je suis fatigué, ça fait des heures que je marche. J'ai peur, je saute des crevasses et je n'étais pas venu pour sauter des crevasses. C'est une belle surprise pour moi, sauter des crevasses. Et là, j'arrive enfin au sommet. Voilà. l'émotion. Moi qui pleure jamais, j'ai pleuré. Parce que j'ai pensé à tout ce que j'ai traversé. Et puis c'était quand même dur.

  • Speaker #1

    Et puis t'es seul. Tu vis ce moment-là. C'est toi et la montagne tous les deux.

  • Speaker #0

    Exactement. C'était une chance parce que le Mont Blanc est très fréquenté. Et j'étais seul au sommet. C'était un moment...

  • Speaker #1

    Comment ça se passe ? C'est-à-dire que t'arrives à un moment où... Tu le vois et tu sais que c'est là ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est des montagnes qui en cachent d'autres. Donc chaque fois quand tu penses que là, c'est le sommet, tu montes et là, tu vois encore qu'il y avait un autre sommet. Mais à la fin, oui, j'ai reconnu le sommet du Mont Blanc. Et là, il fallait être encore plus concentré. Oui.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas être dans la joie.

  • Speaker #0

    Exactement. Il ne faut pas être dans la joie parce que c'est avec l'euphorie du sommet comme ça que tu peux faire des erreurs et tomber. Donc, je suis concentré. Et là, au sommet, je me lâche. Je savoure. Mais je ne reste pas là-bas longtemps parce que je sais que je suis pris du retard. Il fait excessivement chaud, le soleil tape et je pense déjà au pont de neige. Oui,

  • Speaker #1

    que tu vas devoir repasser.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Mais avant d'arriver au pont de neige, quand tu sors ce drapeau du Sénégal, que tu es en haut du Mont Blanc, c'est quoi ton sentiment ? Est-ce que tu cries quand t'es là-haut, tout seul ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai crié. T'as crié ? J'ai crié, j'ai tout fait. J'ai dansé, j'ai crié, j'ai prié, j'ai fait le studio, j'ai tout fait. Et un sentiment d'accomplissement.

  • Speaker #1

    Tu te rappelles ce que t'as crié ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai juste crié.

  • Speaker #1

    T'as juste un cri de « ah ! » Ouais,

  • Speaker #0

    ouais, c'est exact. J'ai juste crié, ouais, j'ai juste crié. Donc, oui, un sentiment vraiment d'accomplissement. Je me suis dit, waouh, ils ont douté, ils ont essayé de me retenir, mais je suis au sommet.

  • Speaker #1

    Et pour que les gens réalisent bien, tu es parti de la montagne pour arriver au sommet, ça t'a pris donc trois jours. Parce que tu as fait une nuit d'acclimatation, une journée d'acclimatation, une autre nuit. Donc, on est déjà sur deux nuits.

  • Speaker #0

    Deux nuits d'acclimatation.

  • Speaker #1

    Il y a eu la nuit avant le passage où il y a les... Les cailloux qui tombent ?

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Donc, on est sur trois nuits ?

  • Speaker #0

    Oui, trois nuits. La nuit au refuge du goûter. Oui. Et après, la redescente directe jusqu'au camp de base.

  • Speaker #1

    OK. La redescente, c'est aussi en plusieurs jours ou c'est en une journée la redescente ?

  • Speaker #0

    En une journée.

  • Speaker #1

    OK. Mais donc, avant du bas de la montagne jusqu'en haut, c'est quatre jours ?

  • Speaker #0

    Oui, quatre jours.

  • Speaker #1

    Quatre jours seul dans la montagne ?

  • Speaker #0

    Seul dans la montagne. Oh ! Ouais, 4 jours seul dans la montagne. Exactement. Mais, certes, j'étais très content, il y avait l'euphorie et tout, mais je me suis dit que c'est là où l'ascension commence.

  • Speaker #1

    Le plus dur n'est pas fait.

  • Speaker #0

    Le plus dur n'est pas fait. Parce que le plus dur en montagne, c'est la descente. Pratiquement 80% des accidents se passent à la descente. Parce que souvent, tu as fait le sommet, tu es fatigué.

  • Speaker #1

    t'es fatigué,

  • Speaker #0

    t'es aussi heureux de ce que t'as fait donc tu es trop l'euphorie et moins concentré et techniquement c'est plus dur de descendre une montagne que de gravir une montagne voilà donc un peu plus stressé donc je fais gaffe mais j'étais tellement fatigué et en plus t'as plus d'eau j'ai plus d'eau, j'avais mal à la tête parce que j'ai pleuré donc j'ai plus d'eau pour m'hydrater compliqué. Donc là, je redescends et je vois à ma grande surprise qu'il n'y avait plus de pont de neige solide sur les crevasses parce que tout a fondu. Tout a fondu. Et c'est ce que les alpinistes ils redoutaient. C'est qu'ils me disaient que, ok, certes, il y a le couloir du côté, mais le glacier aussi, il n'est pas stable. Donc là, je suis obligé de sauter de grandes crevasses.

  • Speaker #1

    Avec du matériel sur le dos ?

  • Speaker #0

    Avec du matériel sur le dos. Mais ce que je faisais, c'est je prenais mon sac, j'enlevais mon sac, je le jetais de l'autre côté. Et là, je prenais mon élan, je cours et je saute.

  • Speaker #1

    Et pour que les gens réalisent, comme tu l'as dit, c'est pas comme si tu jettes quelque chose, comme si t'es au niveau de la mer. tu vois, où tu n'es pas essoufflé. Même l'effort de prendre ton sac et le jeter, d'un point de vue fatigue, à ces hauteurs-là, ça doit être un effort.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça. Exactement.

  • Speaker #1

    Toi qui fais un petit peu de la salle, de la musculation, ça équivaut à faire quoi ? À faire du développé couché ? Quand tu prends ton sac et que tu le jettes dans l'effort ?

  • Speaker #0

    Ça équivaut à quoi ? Ouais, un peu de développé couché, un peu de...

  • Speaker #1

    Parce que ça demande de la... J'imagine que ça va demander beaucoup de force, vu que ton niveau d'énergie est bas à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Exactement. En fait, tout ce que tu fais, même un pas, quand tu poses un pas... Ça te demande beaucoup d'efforts.

  • Speaker #1

    Donc, je n'imagine pas courir, sauter des crevasses, jeter le sac.

  • Speaker #0

    Exactement. Avec du stress. Quand tu es à la salle, tu es tranquille.

  • Speaker #1

    Oui, tu as ta musique dans les oreilles.

  • Speaker #0

    Mais avec du stress en plus. D'où l'importance de bien se préparer physiquement et mentalement aussi. Donc là, je saute les crevasses et ça se passe bien. Mais je traverse un passage où il y avait de la neige, mais ça a fondu. Et finalement, ce passage-là, qui est très ponctu, c'était que de la glace. Donc, il fallait désescalader ce passage-là. Et moi, je n'étais pas équipé pour. Donc, pour désescalader ces passages de glace, il faut des piolets pour l'escalade de glace. Moi, j'avais le piolet pour la randonnée glaciaire. Donc, je prends mes crampons. Je plante les crampons dans le glacier. Je plante mon piolet, je redescends, je redescends petit à petit. Mais il y a eu un moment où j'ai vraiment hésité parce que je me suis dit, écoute, là, si tu redescends encore avec ta position, c'est sûr que tu vas glisser. Et juste en bas, il y avait 600 mètres de dénivelé, 600 mètres de précipice, 600 mètres de vide. Et là, je commence à perdre mes moyens. Là, je me dis, wow, Rasoul, là, t'es dans une situation compliquée. J'arrive plus à bouger. Je commençais à trembler. Je commençais à vraiment stresser. Je suis resté coincé sur ce passage-là pendant au moins 30 minutes. Au moins 30 minutes où j'ai resté gainé, accroché.

  • Speaker #1

    Oh là là, ça devait être tellement long.

  • Speaker #0

    Ah, c'est tombé. 30 minutes, hyper fatigué, gainé, sur un passage très abrupt et je n'avais pas les moyens pour redescendre. Et là, je me suis dit, écoute, c'est la fin, quoi. C'est la fin. De toute façon, je suis tellement fatigué que je veux juste que ça s'arrête. Et là, j'étais prêt à me laisser aller. J'étais prêt à me laisser aller. J'ai commencé à réciter mes versets et tout. Et à ce moment-là, la mort, c'était même un soulagement pour moi.

  • Speaker #1

    C'était une délivrance.

  • Speaker #0

    Une délivrance. Merci. Et là, je pense à ma fille qui n'était pas encore née, qui était dans le ventre de sa maman. Et je me suis dit non. Non, je ne peux pas me laisser aller. Ma fille a le droit d'avoir un papa, de grandir avec un papa. Donc je vais me débrouiller pour sortir de cette situation. Et là, je pense à une technique que j'avais vue sur YouTube pour descendre ces parois-là. J'ai eu un shot d'adrénaline et j'essaie cette technique-là et ça marche. Et ça passe. Et ça passe. C'est pour ça que je dis que ma fille m'a sauvé la vie avant même de naître.

  • Speaker #1

    Et elle ne le sait pas encore.

  • Speaker #0

    Elle ne le sait pas encore.

  • Speaker #1

    Elle le saura dans quelques années. Je lui raconterai.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Elle va voir ce podcast.

  • Speaker #1

    Oui, Inch'Allah, exactement. Tu vois ?

  • Speaker #0

    Oui, donc là, je passe ce passage-là et je m'effondre encore. Parce que c'est tellement intéressant. Non,

  • Speaker #1

    mais tu viens de me dire que tu as fait 30 minutes sans bouger. Sans bouger. Gainer et à réfléchir à... Finalement, est-ce que la mort n'est pas la meilleure solution actuellement ?

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Pour qu'un être humain en arrive à penser à ça, c'est que vraiment tu dois être dans une situation... Je ne peux même pas imaginer. C'est normal que je comprenne que quand tu passes ce passage-là, tu dois lâcher émotionnellement, tu dois lâcher beaucoup.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai beaucoup lâché. Mais il fallait que je reste encore concentré. Parce que le refuge était encore loin. Et le reste s'est bien passé. Et je suis rentré au refuge. Et je suis entré au refuge tard. Et ils m'ont dit, nous, on allait appeler les secours. Parce que vous avez pris beaucoup de temps. Parce que quand tu t'agisses au refuge comme ça, eux, ils te surveillent. Oui, bien sûr. J'ai pris du temps et ils allaient appeler les secours. Donc voilà, j'arrive au refuge, ils me donnent mon repas, la soupe, etc.

  • Speaker #1

    Tu reprends des forces, tu remplis ta gourde d'eau ?

  • Speaker #0

    Non, je ne peux même pas manger. Je peux juste boire, mais pas manger. Parce qu'en fait, j'étais toujours en alerte. Même quand j'étais dans le refuge, j'étais en alerte. Parce que je me suis dit que ce n'est pas encore fini. Et donc là, je redescends. Donc je bois, je prends un tout petit peu de soupe et je redescends. La descente aussi, voilà, compliquée, parce que c'était désescalader en fait ce passage-là jusqu'au refuge de Tétrousse. Donc passer le couloir du côté. Donc je l'ai passé aussi de la même manière que l'aller. Et là, je retrouve le refuge de Tétrousse. Et pour moi, c'était OK. Donc l'ascension était OK parce que de tête rousse jusqu'en bas, ce n'était pas assez technique. C'était tranquille.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est à partir de là où tu te dis, OK, là, ça y est, c'est bon, c'est à peu près fini.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Exactement.

  • Speaker #1

    Juste la question, c'est donc... Pourquoi ça prend 4 jours pour monter et une journée pour redescendre ? Pour expliquer ça au grand public.

  • Speaker #0

    Voilà, parce que pour la montée, il faudrait que tu t'acclimates.

  • Speaker #1

    C'est ça, il faut pouvoir passer ces paliers d'acclimatation.

  • Speaker #0

    Exact. Et pour descendre, vu que techniquement c'est plus compliqué, mais au niveau... musculaire, c'est moins dur, donc tu peux aller plus vite. D'accord.

  • Speaker #1

    Parce que vu que ton corps est mieux oxygéné, parce que tu reviens au niveau où l'oxygène est mieux, tu peux aller plus vite.

  • Speaker #0

    D'accord. T'as pas été alpiniste toi ?

  • Speaker #1

    Non, j'aime les documentaires, j'aime les reportages, donc je regarde beaucoup effectivement parce que ça me passionne justement, tu vois, des hommes, des femmes qui dépassent leurs limites pour aller vivre ces aventures-là. Tu sais, En tant qu'amoureux de paysages, j'adorerais être au sommet de ces montagnes et voir, parce que je pense que tu as beau essayer de mettre des mots, par exemple, sur ce que toi, tu as vu quand tu étais au sommet du Mont Blanc, je pense qu'aucun texte, aucun mot ne pourra décrire. ce que tu as vu. Tu vas toujours essayer d'interpréter tes yeux, ce que ton cœur a ressenti, ce que tu as vu. Mais ça ne sera jamais aussi puissant que ce que tu as ressenti. Donc, je n'imagine pas ce que ça doit être d'être en haut et de voir et d'avoir le sentiment d'avoir accompli quelque chose de grand quand tu arrives tout en haut. Mais je suis trop peureux pour faire ça. mais non ça doit être incroyable et donc là tu redescends tu appelles j'imagine tout le monde pour dire que c'est bon je l'ai fait c'est ça

  • Speaker #0

    Tout le monde était content, soulagé aussi, surtout. Et voilà, donc moi, je pars à Chamonix. Donc je fête cette petite victoire-là.

  • Speaker #1

    Cette grande victoire, cette première ascension. Première ascension, première ascension solo, Mont-Blanc.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. Donc je fête ça avec la soupe, parce que j'adore la soupe. Et sur la montagne, c'est ce qu'on nous donne, ça réconforte et tout. Et voilà, donc ça s'est passé comme ça. Et comme je l'ai dit au début, j'ai posté la photo.

  • Speaker #1

    C'est ça que j'allais en venir, parce qu'effectivement, là tu redescends, tu postes cette photo. Comme quoi tu as amené le drapeau du Sénégal jusqu'au sommet du Mont-Blanc. Et que tu es sûrement le seul Sénégalais à avoir fait ça, tu vois. Et c'est là où nous, tu vois, on découvre cet exploit. On découvre cette chose-là. Comment toi, tu as fini ça ? Tu postes ta photo parce que tu es fier, tu as fait ton ascension. Mais est-ce que tu t'attendais à ce que ça prenne autant d'ampleur justement après le fait de poster cette photo ?

  • Speaker #0

    Ah non, du tout. Et je ne l'ai même pas fait pour ça.

  • Speaker #1

    Oui, non, je le sais. Toi, tu ne le fais pas pour ça. Toi, tu le fais parce que, à titre personnel, tu as fait un exploit, tu es fier, tu le partages. comme notre génération tout le monde, tu t'attends pas à ce que tu le fais pas en disant ah ouais je vais poster ça ça va buzzer sur les réseaux, les gens ils vont pas non, toi tu le postes, sauf que tu le postes t'éteins ton téléphone,

  • Speaker #0

    tu le poses exactement, mes amis partagent voilà ça fait plaisir et tout, je reçois des messages de félicitations etc Olivier Partage.

  • Speaker #1

    Plein de gens partagent.

  • Speaker #0

    Et voilà, donc ça a rapidement pris. J'ai été contacté de partout. Donc les médias, tout ça, RFI, TV5, Canal, etc. Parce que voilà, c'est le petit noir qui vient de Guédioua. Il va gravir une montagne en solitaire en plus. Et ce qu'il me disait, je me rappelle, de Jeune Afrique, le journaliste il n'y croyait pas. Il m'a dit « Est-ce que tu peux me prouver ? »

  • Speaker #1

    Ah ouais, il t'a dit ça !

  • Speaker #0

    « Est-ce que tu peux me prouver que tu étais vraiment tout seul ? » C'est là où je lui ai envoyé la vidéo où je faisais un cours en 60 et tout. Mais il n'y croyait pas. Ah ouais ?

  • Speaker #1

    Non, mais c'est ça où je trouve que, pour moi, ton aventure, elle est extraordinaire. Et je trouve que tu devrais, en tout cas, je ne sais pas si c'est le gouvernement, je ne sais pas c'est qui, mais tu vois, pour moi, tu es quelqu'un qui devrait faire le tour des écoles. Tu vois, par exemple, notre escroce sénégale. et à les montrer à ces jeunes ce que tu as réussi. réaliser. Parce que c'est tellement unique, c'est tellement de leçons, de leçons dans le dépassement de soi, mais aussi de leçons dans la préparation, de leçons dans tellement de choses. Et c'est surtout aussi mettre pour moi des étoiles dans les yeux de ces enfants et de leur dire que c'est possible de rêver et c'est possible de faire des grandes choses. Et j'imagine si nous-mêmes en tant qu'adultes, on est émerveillés par ce que tu as fait, mais je n'imagine pas des enfants. enfants qui vont se dire, j'ai rencontré aujourd'hui un alpiniste.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ce que tu dis, il faut... Il faut rêver, il ne faut pas avoir peur de rêver grand, mais il faut avoir peur de ses rêves. Il faut avoir des rêves qui nous font peur. Parce que comme je crois, elle avait dit, Mohamed Ali, si nos rêves ne nous font pas peur, c'est parce qu'ils ne sont pas assez grands pour nous. Et pour moi, les rêves font la courte échelle aux rêves.

  • Speaker #1

    Tu en réalises un, ça va te donner l'envie de rêver d'autres choses.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Donc, il faut rêver, être ambitieux. Ambitieux, mais pas prétentieux. L'ambition, c'est bien, mais pas la prétention. Parce que la prétention, c'est quoi ? C'est la distance démesurée entre tes objectifs. et tes moyens. Donc la prétention, c'est pas bien. Mais il faut être ambitieux, assumer le fait d'être ambitieux et rêver grand.

  • Speaker #1

    Ça aussi, ça sera un réel chouette. Ça va ! Mais moi, j'allais te poser une question, justement, par rapport à tout ce... tout ce déferlement médiatique. Parce que tu vois, la question qui me vient quand je t'écoute, quand je discute avec toi, est-ce que... parce que ça crée quand même une adrénaline chez toi. Ça crée un sentiment quand même, tu sais, de voir que tu as réussi à impacter par cette montée. tu vois que tu as réussi à rendre fier tout un pays tout un peuple de gens est-ce que c'est pas non plus aussi dangereux dangereux dans le sens où où ça peut être addictif et ça peut te pousser à dire bah je vais faire une autre montagne pour rendre les gens fiers tu vois et et finalement te pousser à faire peut-être quelque chose que tu n'aurais pas fait ? Je vais peut-être loin dans ma réflexion, mais c'est là, dans la discussion, c'est le sentiment qui m'est arrivé en me disant, oui, c'est bien qu'on partage, c'est bien qu'on encourage, c'est bien qu'on montre les exploits, mais est-ce que aussi ce n'est pas dangereux dans le sens où ça peut peut-être faire prendre un risque à la personne ? parce qu'il veut reproduire peut-être ça. Tu vois ? Tu comprends où je veux en amener ?

  • Speaker #0

    Je comprends très bien ce que tu veux dire.

  • Speaker #1

    Même si je sais que toi, ce n'est pas ton cas. Pourquoi je dis que ce n'est pas ton cas ? Parce que récemment, tu as tenté une autre montagne et tu as été assez lucide pour voir que les conditions n'étaient pas bonnes et tu as fait demi-tour. Tu vois ? Mais quelqu'un d'autre aurait pu être dans cet état de... J'ai réussi une première fois où tout le monde me disait non. Je vais m'écouter encore, je vais me faire confiance et je vais y aller. Comme ça, je vais faire ma vidéo, je vais poster et tout. C'est là où pour moi, ça peut être aussi dangereux.

  • Speaker #0

    Avec l'expérience, c'est sûr que tu es beaucoup plus avisé et tu as beaucoup plus conscience des risques. Et tu fais moins le... Bon, je ne vais pas dire casse-cou, mais... Le fou. Le fou, c'est sûr. Mais avec cet engouement-là médiatique et tout, moi, initialement, toutes mes ascensions, c'est pour moi,

  • Speaker #1

    avant tout.

  • Speaker #0

    C'est pour moi avant tout et aussi pour mes enfants parce que je veux leur laisser cet héritage-là qui est immatériel. Donc de voir leur papa à son niveau. faire des choses se dépasser pousser son corps et son esprit dans ses retranchements et s'inspirer de ça moi je préfère leur laisser cet héritage là que de leur donner des milliards pour la petite parenthèse moi je crois que les enfants En tout cas, du côté de l'héritage matériel, ce n'est pas quelque chose qu'il faudrait privilégier. Un enfant n'a pas forcément besoin d'héritage matériel. Pourquoi ? Parce que s'il a les épaules, Tu meurs, si tu lui laisses absolument rien, il pourra faire sa vie. Il pourra construire son empire de lui-même. Et s'il n'a pas les épaules, si tu lui laisses des milliards, il va tout fombler. Donc, ce qu'il faut laisser, pour moi, c'est cet héritage-là qui est immatériel, qui va les aider à construire. Donc moi, je le fais et je me suis vu en train de changer un tout petit peu mes motivations au fil du temps. Le fait qu'il y ait aussi, comme tu dis, de l'engouement autour de ça, les gens partagent, ils s'inspirent, etc. Je vais avouer quand même que ça m'impacte un tout petit peu sur mes motivations parce que je me dis que les gens s'inspirent de ça.

  • Speaker #1

    Ah oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ils s'inspirent de ça. Donc, je vais continuer quand même à brandir le drapeau du Sénégal.

  • Speaker #1

    Et où les gens s'inspirent de ça, excuse-moi de t'interrompre, c'est que ce n'est pas... seulement sur le côté escalade, c'est sur le côté dépassement de soi. C'est-à-dire que quelqu'un peut être sur son téléphone, voir ce que tu as fait, être dans une période où lui vit quelque chose, peut-être qu'il pense qu'il le dépasse, mais de te voir réaliser ça, ça peut lui donner à lui-même une motivation et une énergie qui dit « mais attends, si il lui fait ça, moi mon petit truc là, je peux me dépasser » . Tu vois ? Je veux que les gens comprennent que le dépassement c'est pas seulement sur le côté performance, sportif, physique, c'est que la notion de dépassement que tu transmets par ce que tu fais, elle va au-delà de juste le côté sportif. Elle va sur le côté de j'ai un projet, j'ai une idée, il y a des difficultés, je vais les sauter, je vais les passer et je vais atteindre mon objectif.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça, c'est ça, effectivement. Et puis, moi, je suis persuadé que le corps et le mental sont étroitement liés. Des fois, pour pouvoir pousser son mental très haut, il faudrait pousser son corps dans ses retranchements. Donc les deux sont liés. C'est pour ça que c'est très important pour moi le sport et les aventures physiques, parce que ça me permet aussi mentalement de me construire. Donc voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Et donc, tu finis cette ascension, tu rentres à la maison. Est-ce que quand tu rentres à la maison, tu planifies déjà la prochaine ascension ? Parce que là, tu as eu la piqûre. Là, tu as eu le shot. Tu as eu le shot de la première. Tu as eu le shot du premier sommet. Tu as eu l'adrénaline de ça. Tu l'as réussi, tu redescends. J'ai deux questions. Est-ce que tu rêves ? du Mont-Blanc, quand tu reviens ? Est-ce qu'il y a une période où tu, quand tu dors, tu revois des moments de l'ascension ? Et est-ce que quand tu redescends, tu penses déjà à la suite ?

  • Speaker #0

    Pas des rêves, mais des cauchemars.

  • Speaker #1

    En fait, quand je dis rêve, ça englobe les deux, mais c'est ça, parce que c'est tellement, comme tu dis, le 30 minutes où tu restes figé en gainage, ça doit être tellement...

  • Speaker #0

    terrifiant que inconsciemment tu dois en faire des cauchemars après ça te touche quand même pour ne pas dire que ça te traumatise oui bien sûr et donc oui j'ai fait des cauchemars et concernant le mes prochains challenges direct, je me dis que moi, je veux être alpiniste.

  • Speaker #1

    Ok. Quand tu finis le Mont Blanc, tu sais que tu as envie de faire ça.

  • Speaker #0

    Oui, je sais que j'ai envie de faire ça. Ce que j'ai vécu est tellement intense, tellement enrichissant que je me suis dit que je veux être alpiniste. Et là, je vais me fixer un objectif. C'est de faire les sept sommets les plus hauts de tous les continents. Ok. Voilà, les sept sommets les plus hauts de tous les continents. Moi, en fait, c'est quand je me lance dans un projet, j'ai un objectif, donc le résultat. Et après, je me donne les moyens pour y arriver. Et pour ça, c'est la discipline avant tout. Donc, c'est ce que mon père m'a inculqué. dans l'armée aussi, la discipline. La discipline, mais pas la motivation. Parce que, bon, la motivation, ça part avec le temps, quoi. Aujourd'hui, tu te lèves, t'es motivé, voilà, tu le fais. Demain, t'es pas motivé, tu le fais pas. Mais pour moi, il faut un peu des deux. Parce que la motivation, ça va être le catalyseur, en fait. C'est ce qui va te donner envie de faire. Mais après, il faut avoir une discipline pour pouvoir continuer et atteindre tes objectifs. Donc, je me dis que les sept sommets les plus hauts du continent. Donc, j'ai fait le Mont Blanc, qui est la montagne la plus haute de l'Europe occidentale, mais pas la montagne la plus haute d'Europe. La montagne la plus haute d'Europe, c'est l'Elbrus, qui se trouve en Russie. Et donc, projet challenge, le Kilimandiaro, la montagne la plus haute. d'Afrique. Voilà, c'était un peu le projet

  • Speaker #1

    Alpa. Ok, d'accord. Et où on le voit que justement, après cette première montée, tu as vraiment décidé de devenir alpiniste, c'est que tu as commencé à créer déjà un peu plus de contenu, où tu nous montres justement le behind the scenes, les matériels que tu achètes pour faire tes escalades. Même sur la dernière ascension que tu as tentée, on sentait que d'un point de vue équipement pour documenter ton ascension. Tu avais investi dans de l'équipement pour nous amener au plus près de ton ascension. Et ce que j'aime beaucoup dans ton contenu aussi, c'est que c'est vraiment... Tu documentes ça très bien. Tu nous fais vraiment vivre l'expérience avec toi. Et justement, la dernière ascension, je pense que comme beaucoup, je t'ai écrit. Parce que quand tu as posté que là, le temps n'était pas bon, nanana... À un moment, on n'a pas eu de tes nouvelles. Tu vois ? Donc même pour nous qui étions loin à Dakar ou autre, c'était inquiétant de se dire « Ah mais il n'a pas posté, on n'a pas de ses nouvelles, est-ce qu'il est bien redescendu, est-ce que tout va bien et tout ? » Et on a vraiment senti, je pense, depuis ce côté où... Toi-même, tu documentes plus, tu montres mieux. Et ce que j'aime aussi, c'est que oui, on parle certes des plus hauts mots du monde. Mais tu ne te limites pas à ça. Parce que quand tu viens au Sénégal, moi, je t'ai vu aller dans le sud du Sénégal à nous faire découvrir des zones où on peut, on ne va pas dire faire de l'escalade, mais vivre des aventures, faire du trek, vivre des aventures, la randonnée, découvrir des cascades. Tu as même fait, alors ça aussi, c'était une folie, tu avais organisé une journée à Dakar pour marcher. Le tour de Dakar. Le Tour de Dakar à pied ?

  • Speaker #0

    Le Tour de Dakar à pied qui fait 57 kilomètres.

  • Speaker #1

    Et tu avais réussi à embarquer du monde quand même.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Vous étiez combien ?

  • Speaker #0

    On était combien ? On était...

  • Speaker #1

    Au départ, parce qu'à l'arrivée, je ne sais pas s'ils étaient tous là.

  • Speaker #0

    8 au début, 3 à la fin.

  • Speaker #1

    3 à la fin. Mais tu vois, moi, quand j'ai vu ça, je me suis dit, mais j'aimerais trop faire ça. Mais après, quand j'ai vu la fin de la story, que j'ai vu comment, dans quel état, ils étaient ceux qui t'ont accompagné, j'ai dit j'ai bien fait de rester à la maison. Mais tu vois, et c'est ça que je trouve qui est super intéressant dans ce que tu fais, c'est que finalement, tu nous fais voir même des choses simples, d'un œil différent. Et tu essayes d'engager une communauté, tu essayes de créer une communauté, tu essayes de créer des liens avec des gens qui sont passionnés un petit peu par la même chose. Et tu vois, ne serait-ce que ce tour de Dakar à pied, mais j'ai trouvé ça... génial. J'ai trouvé ça génial. On a suivi toute la journée pour voir comment vous alliez le faire. Je me rappelle, dans l'état où vous êtes arrivé, toi-même, tu as dit que tu pensais pas que ça aurait été aussi fatigant.

  • Speaker #0

    Compliqué, parce que Dakar, c'est pas une ville piétonne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est pas une ville qui est faite pour marcher.

  • Speaker #0

    C'est pas une ville piétonne. Il y a la pollution. Il y a la chaleur, tu te bouscules avec les charrettes, les caraputes, les taximans qui te klaxonnent, etc. Donc effectivement, ce n'était pas facile, ce n'était pas très agréable. Ce n'est pas comme quand tu marches en forêt. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et donc, pour ce projet des sept monts les plus hauts du monde ? Tu te fixes combien de temps ? Est-ce que tu t'es fixé une fenêtre de temps ?

  • Speaker #0

    Non, du tout. J'ai toute la vie devant moi. J'espère. Parce qu'avec tout ce que je fais là, c'est un peu compliqué. Mais non, je ne me fixe pas des deadlines. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Là, après le Mont Blanc, après le Kilimandiaro, j'ai tenté la montagne la plus haute d'Europe, en Russie, l'Elbrouz. Mais j'ai voulu faire cette ascension-là en hiver. parce que c'était la Russie. La Russie, c'est l'eau froide extrême. Et ça m'excitait quand même de faire une ascension en hiver dans des conditions très extrêmes. Et j'ai décidé...

  • Speaker #1

    Tu t'ennuies dans la vie ? Toi, l'ascension, ça ne te suffisait pas ? Non. Alors, qu'est-ce qu'on peut rajouter pour que ça soit un petit peu plus difficile ?

  • Speaker #0

    Parce que je me suis dit que si je le fais en été, je sais que j'en suis capable. Je sais que je peux le faire. Et sachant que je peux le faire, je n'aurai plus d'intérêt à le faire parce que derrière, il n'y aura pas de challenge. D'accord. C'est quand il y a un vrai challenge, quand il y a un risque d'échec. que tu apprends beaucoup. Donc, c'est pour ça que je me suis dit que pour cette montagne-là, je vais tenter l'ascension en hiver.

  • Speaker #1

    L'Elbrou, c'est celle que tu as arrêtée à mi-ascension ? C'est celle-là ?

  • Speaker #0

    À 200 mètres du sommet.

  • Speaker #1

    À 200 mètres du sommet, c'est celle-là ? Ouais. Parce que je me rappelle, même de tes stories, tu filmais la montagne. Et toi-même, tu le disais, qu'elle était impressionnante, même que toi, la regarder à la fenêtre comme ça...

  • Speaker #0

    Effectivement, effectivement. l'Elbrouz c'est c'était vraiment quelque chose. Parce que comme je te le disais, c'était une ascension en hiver. On avait du moins 52 degrés, moins 53 degrés de ressenti. Et on avait beaucoup de complications à la fin. Il y avait un de nos guides qui allait y rester.

  • Speaker #1

    Oui, tu avais mis ça dans ta story.

  • Speaker #0

    Voilà. Parce qu'il nous avait rejoints au dernier jour pour renforcer l'équipe. Et lui, il n'était pas très bien entraîné. Donc même si tu es guide de haute montagne, si physiquement tu n'es pas prêt, ça ne va pas le faire. Donc on le voyait traîner derrière, on ne savait pas pourquoi. Moi, je croyais que comme il nous a rejoints au dernier jour, il ne voulait pas se mélanger au groupe. Donc il nous regardait de loin. Mais en fait, c'est parce qu'il était en difficulté. Donc chaque fois, on l'attendait, il revenait essoufflé. Donc on lui demandait si ça allait bien, etc. Et à 5400 mètres d'altitude, il ne pouvait plus suivre. C'était compliqué pour lui. Donc moi, j'étais avec des Russes qui, eux, ils étaient fâchés parce qu'ils se sont dit, nous, on ne va pas gravir la montagne pendant six jours. Le dernier jour, il y a le guide là qui vient nous...

  • Speaker #1

    Nous empêcher de finir.

  • Speaker #0

    Nous empêcher de finir. Mais lui, il était dans un sale état parce qu'il toussait du sang. Il ne pouvait plus avancer. Il avait développé carrément des œdèmes pulmonaires. Et quand c'est comme ça, si on te laisse là, c'est sûr que tu meurs. C'est sûr à 10 000 %. Donc les Russes, ils voulaient faire le sommet et le laisser là-bas. Donc moi, c'était un peu compliqué de le laisser là.

  • Speaker #1

    Humainement.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Quel plaisir j'allais avoir à atteindre le sommet si je dépasse quelqu'un qui est en train de mourir sur la montagne. Si je reviens, si je le vois mort, où est l'intérêt ?

  • Speaker #1

    Ils sont durs, l'équipe avec qui tu étais. Ils étaient prêts à le laisser.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'eux, ils s'en foutaient en fait. ils voulaient juste arriver au sommet et ils étaient remontés contre l'agence, ils étaient remontés contre les guides donc ils se sont dit ils vont le laisser et donc on était là à 5400 mètres d'altitude, moins 52 degrés de ressenti, la tension, les gens qui étaient là en train de parler russe criait. Moi, je comprenais pas vraiment. Ils parlaient pas vraiment anglais. Donc, on essayait de voir qu'est-ce qu'on allait faire. Et j'ai négocié, négocié, négocié jusqu'à ce qu'ils acceptent de redescendre avec nous. Et la descente, avec quelqu'un qui n'arrive pas à marcher.

  • Speaker #1

    C'est long, c'est dur.

  • Speaker #0

    C'est hyper long. Donc moi, j'avais même peur pour mes doigts parce que je commençais à ne plus les sentir avec ce froid. Et quand je suis redescendu, je suis resté un mois. Mes doigts, c'est comme si tu avais posé un briquet dessus. Ça faisait hyper mal. Des débuts dangereux, en fait. Un mois, ça faisait très mal. Je ne pouvais même pas travailler parce que je suis un géant en informatique. avec l'ordinateur c'est compliqué donc c'est quand même très intense les brousses

  • Speaker #1

    Et donc tu penses le refaire bientôt ? Le retenter ? Ça serait la prochaine que tu retenterais quand même ? Ou tu voudrais faire un autre d'abord ?

  • Speaker #0

    Non, je voudrais faire le Servin. Je voudrais faire le Servin parce que le Servin on s'est arrêté à 150 mètres du sommet. Le Servin ça fait partie des trois montagnes les plus techniques au monde. Les plus dangereuses. Et à 150 mètres du sommet on avait vu une tempête qui s'annonçait on a décidé de redescendre parce que comme le Servin c'est que de l'escalade Donc c'est très risqué si tu as même quelques gouttes d'eau sur la paroi, ça glisse. Donc il ne fallait pas que ça nous trouve sur la montagne. Donc on est redescendu rapidement.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est cette montagne qui est considérée comme la plus belle du monde ?

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ce que tu vois sur les chocolats de Toblerone.

  • Speaker #1

    Exactement. Elle est si belle que ça ?

  • Speaker #0

    Elle est magnifique. quand tu la vois. Tu sais que c'est la montagne. Tout le monde a dessiné le servin un jour. Quand tu dessines une montagne,

  • Speaker #1

    c'est le servin que tu dessines. Incroyable. En tout cas, franchement, Mohamed, ça a été un plaisir de te recevoir et d'écouter tes aventures, d'écouter tout ça. Je suis encore plus impressionné par tout ce que tu fais maintenant que tu m'as raconté encore tout ça. Moi, je te souhaite de toutes les accomplir, Inch'Allah. pour que tu puisses revenir ici et que tu me dises Olivier bon je t'ai venu te raconter comment j'ai fait la première maintenant je vais te raconter comment j'ai fait les sept tu vois et Olivier je te ramène avec moi non oui non je veux bien si tu veux tu m'amènes moi je m'occupe de tout ce qui est fondu soupe pour que quand tu es fini tu viennes que tout soit installé je m'occupe de la fête pour quand tu redescends tu vois je m'occupe de tout tu vois toute l'after party tout ça il n'y a pas de problème tu vois mais non non non jamais mais en tout cas franchement ça je te souhaite de vraiment prendre du plaisir à aller faire les 7 et surtout que tu reviennes en pleine forme en pleine santé pour nous raconter tout ça comme ça on pourra laisser des beaux souvenirs aux enfants qui pourront regarder ça dans quelques années et qui pourront flex devant leurs copains et leurs copines en disant vous voyez c'est mon père mon père vous voyez tonton Mohamed que vous voyez qui est assis là en train de Merci. de boire son petit bissap tranquille là. Il a fait les sept, c'est ça, tu vois ?

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Et puis même, je te souhaite de le faire, parce que c'est de nous documenter tout ça, et de nous ramener tout ça ici, et de pouvoir inspirer des centaines de milliers de jeunes à travers le monde, pas seulement africains, mais à travers le monde, en montrant que tu peux être un jeune Sénégalais qui est né... à Dakar, qui a grandi à Dakar et tu peux rêver de montagne, même si c'est pas ton quotidien.

  • Speaker #0

    Mais c'est ça, c'est ce que tu dis et en plus souvent les gens, ils ont tendance à nous mettre dans des cases. On doit faire une chose et pas une autre. On doit être dans un domaine et pas dans un autre. Alors qu'on est doté d'un cerveau super puissant, de deux bras et de deux jambes. Pourquoi pas explorer, faire autre chose, tester ? On peut avoir un domaine, bien évidemment, mais aussi, on peut essayer de découvrir autre chose et se créer d'autres vies. Moi, c'est ce que je dis. J'ai plusieurs vies dans une vie. Parce qu'avec tout ce que je fais, comme sport, parce que je fais...

  • Speaker #1

    La moto ! La moto,

  • Speaker #0

    la plongée sous-marine, je suis secouriste en plongée sous-marine, je fais du parachute. Et chaque domaine, c'est un univers. Donc moi, je dis que j'ai plusieurs vies dans une même vie.

  • Speaker #1

    Et tu as surtout plein de choses extraordinaires à raconter, à partager. Et Inch'Allah, comme ton père l'a fait, te raconter des histoires et te mettre des étoiles et des images dans la tête. Inch'Allah, tu raconteras des histoires. à tes enfants. Tu leur mettras des étoiles dans les yeux et des images dans la tête et ils iront accomplir d'autres rêves encore plus grands que leur papa.

  • Speaker #0

    Inch'Allah. Et surtout, je vais leur mettre ce podcast.

  • Speaker #1

    Inch'Allah.

  • Speaker #0

    Voilà, Inch'Allah. Je vais leur dire, écoutez, moi, je n'ai pas trop le temps pour parler.

  • Speaker #1

    Allez, écoutez, ça fait des vues pour Toto Olivier. Allez. En tout cas, merci énormément d'être venu.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Je vous mettrai tous ces réseaux. Allez le suivre. aller suivre ses aventures aller l'encourager aller lui donner beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup de force et bientôt Inch'Allah il revient pour nous raconter les 7 Inch'Allah Ok Merci la team incroyable d'avoir écouté le podcast Je vous souhaite un bon dimanche ou une bonne journée si vous n'écoutez pas le podcast d'un dimanche et à très vite pour un nouvel épisode

  • Speaker #0

    Peace All Souls

Chapters

  • introduction

    00:00

  • Enfance carrée et premières aventures

    05:15

  • 7 ans au prytanée militaire de St Louis

    13:41

  • Premier emploi et changement de vie

    29:32

  • Sa découverte de la montagne

    39:32

  • 2 ans de préparation

    44:46

  • Son ascension du Mont-Blanc

    52:01

  • Le buzz sur les réseaux

    01:40:45

  • La prochaine ascension

    01:46:35

  • Conclusion

    02:00:06

Share

Embed

You may also like