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Le OV Show

Entrepreneuriat féminin : Fatima Zahra Ba et son voyage captivant entre tradition et modernité au Sénégal

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1h34 |13/10/2024
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Description

Dans cet épisode captivant du OV Show, Olivier Vullierme accueille Fatima Zahra Ba, une entrepreneuse inspirante qui incarne l'esprit d'innovation et de résilience. Fondatrice de la marque Sofatoo et cofondatrice d'un concept store, Fatima nous plonge dans son parcours de vie exceptionnel. À travers cette conversation enrichissante, elle partage comment sa famille a joué un rôle crucial dans ses choix de vie et ses aspirations professionnelles.


Fatima évoque les défis uniques auxquels elle fait face en tant qu'entrepreneuse dans le secteur dynamique de la mode sénégalaise. La gestion d'équipe, la créativité et l'authenticité sont au cœur de ses préoccupations, et elle nous révèle comment sa marque a su évoluer pour devenir un acteur clé dans l'industrie. Au fil de cet échange, elle aborde des thèmes tels que la pression familiale et la dualité entre tradition et modernité, des sujets qui résonnent particulièrement dans le contexte africain et au sein de la diaspora.


Cet épisode du OV Show n'est pas seulement une discussion sur le business, mais également une véritable source d'inspiration pour tous ceux qui souhaitent entreprendre. Fatima partage ses secrets de réussite, ses motivations et les valeurs qui l'animent au quotidien. Son engagement à donner en retour à la communauté et à rester fidèle à ses principes tout en naviguant dans le monde des affaires est un message puissant pour les entrepreneurs passionnés et ceux qui aspirent à faire une différence.


Ce dialogue riche en émotions et en réflexions offre des histoires captivantes et des leçons précieuses sur la construction d'une carrière. Que vous soyez en Côte d'Ivoire, au Cameroun ou ailleurs en Afrique, cet épisode du OV Show est une invitation à réfléchir sur votre propre parcours et à vous inspirer des expériences d'autres femmes fortes et déterminées.


Ne manquez pas cette occasion d'explorer les réalités de l'entrepreneuriat féminin, de découvrir des parcours de vie exceptionnels et de vous laisser motiver par les récits de ceux qui ont osé changer leur vie. Rejoignez-nous pour une conversation qui célèbre la diversité, l'innovation et la solidarité, et qui vous poussera à envisager votre propre chemin vers le succès. Écoutez le OV Show et laissez-vous inspirer par Fatima Zahra Ba et son message puissant!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allow me to reinduce myself, my name is Soul Soul

  • Speaker #1

    Hello, hello les incroyos, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien. Bienvenue dans un nouvel épisode du Off Show. Bienvenue à tous les nouveaux abonnés sur la page. Bienvenue à tous ceux qui nous écoutent en audio sur toutes les plateformes. Et aujourd'hui, je reçois... une amie, une sœur, une chef d'entreprise. une designer, une maman, je reçois Fatima de Sopatou dans le hall show ! Je me suis sentie comme une star.

  • Speaker #0

    Mais t'es une star, wesh. Ouais, ouais.

  • Speaker #1

    Mais t'es ma star, en tout cas. Moi, t'es ma star. Voilà, voilà. Toi, tu vas trop bien ? Ça va très bien. Tu vas bien ? Oui.

  • Speaker #0

    En forme ? Ça va très bien.

  • Speaker #1

    Bien installée ?

  • Speaker #0

    Très bien installée. On m'a bien traitée. Ça va.

  • Speaker #1

    C'est très beau ce que tu portes.

  • Speaker #0

    Merci. C'est trop beau.

  • Speaker #1

    Je me demande qui a créé ça. Mais bon.

  • Speaker #0

    Je me demande aussi.

  • Speaker #1

    On va en parler. D'ailleurs, regardez. Attendez, je pousse un peu le micro. Voilà, vous avez vu mon polo. Exclusivité mondiale.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Pardon, mon solo. Ce n'est pas un polo, c'est un solo. Merci. Mais bon, on va en parler plus tard. Tu vas bien ?

  • Speaker #0

    Ça va.

  • Speaker #1

    Prête à discuter ? Prête à parler ? Toujours. Prête à nous dévoiler les secrets ?

  • Speaker #0

    Ça, je ne suis pas très sûre.

  • Speaker #1

    Donc, en tout cas, la première question que je pose à tous mes invités, Fatima, quand ils arrivent ici, c'est comment tu te présentes aujourd'hui quand tu rencontres quelqu'un qui ne te connaît pas ?

  • Speaker #0

    La vérité, ça dépend de la personne. Si je vois une maman de deux, je vais dire bonjour, je suis maman de deux enfants.

  • Speaker #1

    Non, tu es dans un milieu professionnel. Tu es dans un milieu professionnel. Comment tu te présentes aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Alors, je me présente généralement comme Fatima Zahraba, une jeune femme sénégalaise, une jeune femme halpoula, à moitié, lébou, à moitié. Pas toujours, ça dépend. C'est une personne très culturelle, mais je continue. Je suis la fondatrice de la marque Sofato. et la cofondatrice d'un concept store qui s'appelle Arka. Je peux m'arrêter là-bas ? Non,

  • Speaker #1

    c'est très bien. C'est très bien. De toute façon, on va rentrer dans le détail, dans le parcours et dans l'histoire, et je pense que les gens apprendront à savoir qui tu es et tout ce que tu fais. Alors moi déjà, Fatima, la première question, c'est tu es née à Dakar ?

  • Speaker #0

    Je suis née et j'ai grandi à Dakar. Née ? Boé Kapsi.

  • Speaker #1

    Boé Kapsi. Tu as une grande famille, beaucoup de frères et sœurs ?

  • Speaker #0

    Alors, on était quatre. Ouais. Moi, ma grande soeur, ma petite soeur et mon petit frère, Benjamin, qui est décédé malheureusement en 2016. D'accord. Le temps passe.

  • Speaker #1

    Oui, le temps passe vite.

  • Speaker #0

    C'est fou. Oui, donc on était quatre. Mais maintenant, c'est moi et mes deux frères, deux soeurs.

  • Speaker #1

    Et c'était comment l'enfance de Fatima ?

  • Speaker #0

    C'était joyeux. J'ai vraiment eu une belle enfance. Je suis née à Liberté 5, là où il y a mon atelier maintenant, chez ma grand-mère. Puis on a déménagé à Liberté 6 Extensions, puis encore à Liberté 6 Extensions. Donc je suis vraiment dans ma zone là. D'accord. Et donc on avait beaucoup de cousins, cousines. On a grandi avec, très souvent chez ma grand-mère, beaucoup de fêtes d'anniversaire, beaucoup de sorties à Gorée, à la plage, etc. C'était vraiment une très belle enfance. Bon, moi j'étais une enfant aussi hyper sensible. Ouais.

  • Speaker #1

    J'en voulais beaucoup.

  • Speaker #0

    Ouais. D'ailleurs on m'appelait Santima. Tu connais la chanson de la chanson de la Gorée. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Deux quarts. Je pense que j'ai été très sensible pendant assez longtemps quand même. Mais oui, mais overall, c'était vraiment une belle enfance. De très, très beaux souvenirs.

  • Speaker #1

    Très beaux souvenirs.

  • Speaker #0

    Et de fort liens aussi.

  • Speaker #1

    Et papa et maman font quoi ?

  • Speaker #0

    Alors, papa est professeur de pensée islamique.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Professeur, chercheur. Docteur en pensée islamique d'ailleurs. Et maman, que Dieu ait son âme, était médecin nutritionniste.

  • Speaker #1

    Oui, très scientifique.

  • Speaker #0

    Oui, plus ou moins. Bon, après,

  • Speaker #1

    scientifique de la pensée et du corps.

  • Speaker #0

    Donc, et surtout papa et maman étaient, sont deux personnes très engagées. Je veux dire des activistes de manière générale, des modernistes un peu, des... C'est quoi le terme ? Des réformistes. Voilà. à engager politiquement, socialement, religieusement, culturellement. Et voilà, ils nous ont transmis beaucoup de ça,

  • Speaker #1

    je pense. Oui, je te pose cette question parce que justement...

  • Speaker #0

    Papa est aussi imam !

  • Speaker #1

    D'ailleurs, petite anecdote, son papa est imam, et Fatima et moi, on a un lien qu'on ne savait pas, jusqu'à ce que je vienne à sa boutique justement, c'est son père. qui nous a mariés, Carèle et moi. Et un jour, je suis à la boutique de Fatima, Carèle est en train d'essayer des habits.

  • Speaker #0

    Et la boutique se trouve à la maison.

  • Speaker #1

    À la maison, exactement. Et je vois un monsieur qui passe, et je regarde, je fais... Mais c'est le monsieur qui nous a mariés ! Et Fatima dit, mais c'est mon père ! Et donc voilà, on était déjà liés, sans le savoir. Et comment c'est justement... Tiens, je me pose cette question en même temps. C'est comment de grandir avec un père ? Parce que déjà, il est déjà dans la... Dans les sciences, déjà, il est imam, est-ce que c'est beaucoup de pression ? Est-ce que finalement tu n'as pas ressenti ?

  • Speaker #0

    Si je parle de la valise ! Le gars là, ça fait pas longtemps qu'il est devenu mon ami !

  • Speaker #1

    Alors que vous vous ressemblez tellement ! Tu trouves ? Je trouve ! La photo que tu as postée de lui récemment, je trouve que vous vous ressemblez tellement !

  • Speaker #0

    Non, c'était pas du gâteau ! C'est pour ça que je pense que les personnes avec lesquelles je serais le plus liée à vie, c'est mes sœurs, parce qu'il y a qu'elles qui savent c'est quoi d'être l'enfant du gars. Mais ce n'était pas facile.

  • Speaker #1

    En fait, quand tu es jeune, j'avoue, ça ne doit pas être simple, parce que comprendre... Tout ce qu'il veut t'inculquer.

  • Speaker #0

    Vous voyez le monde différemment.

  • Speaker #1

    Mais quand tu es grand, je pense que c'est là où tu réalises tout ce qu'il a voulu t'inculquer.

  • Speaker #0

    Et c'est là que tu deviens fan de lui. C'est là qu'aujourd'hui, que toi-même, tu veux mieux pratiquer ta religion, que tu réalises aussi la chance que tu as eu de l'avoir. De quitter inculquer certaines choses très tôt, etc. Par exemple, il y a des doigts que j'essayais d'apprendre très tard. Puis j'ai réalisé, mais ça, je connaissais ça quand j'étais toute petite. ce qu'on dit quand tu manges, quand tu sors. Mais en fait, tellement j'avais arrêté de dire ces choses en grandissant, je réalisais après coup qu'il m'avait appris tout ça, en fait, déjà. Donc, c'était beaucoup de pression. C'était beaucoup d'incompréhension. Parce que justement, lui, il est originaire du Fouta. Il a appris le Coran en entier. C'était un talibé. Ensuite, il est parti. Il a appris tout seul l'arabe. Il est parti en Mauritanie pour faire un cursus en arabe. jusqu'à ce qu'il ait une bourse pour partir étudier. Il a étudié au Liban, puis il a été au Qatar, je pense. Au Koweït, plutôt, c'est là-bas qu'il a eu son doctorat. Donc, tout dans les sciences islamiques. Donc, toute sa vie, en fait, c'est l'islam. Donc, quand nous, on est nés, lui, il était déjà affecté ailleurs. Il travaillait dans les sciences islamiques, bien entendu. Il travaillait dans l'humanitaire islamique.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et il était beaucoup plus rigide qu'il ne l'est aujourd'hui, par contre.

  • Speaker #1

    Il y a des petits enfants, maintenant.

  • Speaker #0

    Il y a des petits enfants. Et même, je pense qu'il a voulu devenir notre ami, ce qui s'est fait, alhamdoulilah. Et en fait, il était vraiment très comme ça. Alors que, donc lui, il est halpoulard, très traditionnel, etc. Ma mère, elle est lébou d'origine. Sa famille, c'est un peu la bourgeoisie de Dakar, un peu. D'accord. Donc, du côté de ma grand-mère, c'était en fait des anniversaires. Je me souviens que quand j'ai mis mon voile, quand j'étais au CEM de ma mère, ma grand-mère m'a dit, You didn't leave Machu c'était la danse du temps, donc tous les anniversaires on me dit Kaifu et Chi.

  • Speaker #1

    Bah alors il faut que tu traduises pour les gens qui parlent pas ou non de ce que tu viens de dire.

  • Speaker #0

    Pourquoi tu mets le voile alors que tu danses tellement bien le Machu ? Donc le Machu à l'époque c'était une chanson de Chonsek, et donc tous les anniversaires on me disait viens danser devant les gens. Et donc pour dire, elle était contre le voile de ma mère etc. Bien entendu après elle a regretté plus tard et elle s'est faite à ça. Et en fait, en plus de la pression du fait que c'était un imam, c'est que mon père et ma mère ils font partie... Ma mère déjà, c'est la première femme avec ses deux amis, les deux tatarijas, à s'être voilée à l'université.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    C'était un temps où être Ibadur Rahman, comme on les appelait, ce n'était pas la mode. Au contraire.

  • Speaker #1

    Ok. On a grandement fait ça. C'est marrant que tu dis ça parce que je n'aurais jamais pensé ça. Je ne me serais jamais pensé que tu aurais pu être jugée au Sénégal.

  • Speaker #0

    Mais moi, je détestais ça. Quand tu me dis que ta famille c'est des Ibadurs, je te dis non. Je me suis disputée pour ça, je me suis chamayé avec des gens pour ça, parce que dans notre tête, il y avait une réelle stigmatisation par rapport à ça, au fait de porter le voile, au fait qu'on partait à la tabasco, à la courrita, on nous forçait à partir à la mosquée. Les nafs, pendant le ramadan, on nous forçait à partir, on était les seules fillettes, on se disait mais pourquoi on est là en fait ? Donc oui, je pense que c'était très choquant au temps, et bien sûr c'était quelque chose qu'on n'aimait pas, c'est quelque chose qui a grandi dans le cœur des Sénégalais, c'est quelque chose qui a changé avec le temps, et il y a beaucoup de choses qui ont été faites pour ça. Mais à l'époque, oui, je pense que c'était beaucoup de pression. Oui,

  • Speaker #1

    mais tu vois, je ne sais pas si un jour ton père le ferait, mais j'aimerais tellement le recevoir dans le podcast pour parler de religion, de tout ça. Je te laisserai la mission et tu lui montreras l'épisode. Bonjour, tonton. Et donc, tu grandis dans cet univers, tu grandis dans cette famille avec plein de beaux souvenirs, de rires, de bonnes ambiances. Et Fatima, à l'école, elle est comment ?

  • Speaker #0

    Déjà, elle ne s'appelait pas Fatima. Je vais raconter ça ici. Plein de choses, plein de personnes qui ne savent pas. Je m'appelle Fatou. Ok. Donc c'est ce qui a amené d'ailleurs le nom de la marque, parce que ma grand-mère... que son père aussi n'a pas appelé Fatima, mais Fatoumada, était déclaré Fatou Sou. D'accord. Donc Sou Fatou, le nom de la mère. Et donc ma grand-mère, ce n'est pas mon père qui m'a déclaré. Parce que comme je te dis, il était tout le temps affecté ailleurs, il n'était pas là. C'est ma tante qui est partie pour me déclarer. Et comme on appelle ma grand-mère Fatou Sou, on a dit Fatoumada, il a dit Fatouba.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Sauf que tout le monde m'appelait Fatima à la maison. Et c'est le jour, bien plus tard, où mes sœurs ont découvert que je m'appelais Fatou, que ma vie est devenue un enfer.

  • Speaker #1

    C'est les sœurs qui ont lancé l'information.

  • Speaker #0

    Fatou Mbindou, Fatou Bobo Diouf, Fatou Bobonne, j'entendais tout. Et j'ai commencé à détester le prénom-là, parce qu'on m'appelait Fatou à l'école, mais toute ma famille m'appelait Fatima, parce que mon père m'appelait Fatima Zahra. Donc Fatima à l'école, ou Fatba à l'école, parce que beaucoup de gens jusqu'à présent, mes amis, m'appellent Fatba. Traite et en l'air, on écrivait tout le temps élève distraite, élève bavarde, mais très souvent première de la classe,

  • Speaker #1

    Alhamdoulilah.

  • Speaker #0

    Donc, j'avoue que j'ai eu beaucoup de chance. Je ne faisais pas forcément beaucoup d'efforts. Et c'est bien plus tard que j'ai réalisé que c'est parce que j'étais ce qu'on appelle neurodivergente et que j'ai été diagnostiquée, etc.

  • Speaker #1

    C'est quoi neurodivergent ?

  • Speaker #0

    C'est juste que ton esprit n'est pas conçu, un peu ton cerveau, comme les cerveaux normaux.

  • Speaker #1

    Comme la moyenne.

  • Speaker #0

    Voilà. Donc, tu as des gens qui, par exemple... Ceux qui sont atteints de... Moi, mon trouble en particulier, c'est ce qu'on appelle ADHD. Oui,

  • Speaker #1

    haut potentiel intellectuel. Non,

  • Speaker #0

    ça c'est autre chose, ça c'est HPI. Et souvent les gens qui ont ADHD, ADHD en français c'est le trouble de l'attention. C'est TDAH en français. Souvent les gens qui sont TDAH sont aussi HPI. Ça arrive. Et c'est juste qu'en fait ton esprit est conçu différemment. Par exemple, tu as ce qu'on appelle le time blindness, c'est que je ne réalise pas en fait. Je n'ai pas la bonne mesure du temps. Ok. Je peux faire quelque chose pendant un très long temps. Je pense que je fais ça depuis 10 minutes, alors que je fais ça depuis 1h30. Donc, oui. Et généralement, c'est des gens qui oublient beaucoup, sont très désorganisés, ont du mal à gérer leur temps. C'est des choses qui m'ont fatiguée toute ma vie, mais qui, par exemple, travaillent très bien dans le stress, sous le stress ou dans l'urgence.

  • Speaker #1

    D'accord. Et on te fait ce diagnostic à quel âge ?

  • Speaker #0

    Il y a des gens qui ne l'ont jamais fait. Moi, par exemple, c'est sur Internet que j'ai commencé à voir les trucs-là, à se dire, mais en fait, je vois la vidéo de quelqu'un qui explique ces situations, et c'est exactement toute une situation. Et donc, finalement, je suis allée voir quelqu'un ici à Dakar, c'est une dame et une libanesse d'ailleurs, et c'est là-bas que j'ai été diagnostiquée. En gros, c'est avec un questionnaire. Tu as des gens qui ne vont jamais être diagnostiqués de leur vie parce que c'est des choses qu'on apprend aujourd'hui. C'est aujourd'hui avec les réseaux sociaux que la science se démocratise un peu. Mais sinon, on va juste dire, ah, elle est juste Apple, elle est juste tes temps d'air. Donc, on m'a toujours catégorisé de Apple, tes temps d'air. Par exemple, mon père me disait, va me ramener un couteau dans la cuisine. Je vais aller dans les toilettes et revenir lui dire, qu'est-ce que tu m'as dit ? Je t'ai dit, ramène-moi un couteau. Je repars dans la cuisine, je prends le couteau, je vais donner ça à ma mère. Donc, c'est vraiment des choses sur des choses. Quand il explique aux gens, quand je rentre dans sa chambre, c'est tellement drôle. Il dit, moi, je rentre, je viens avec des chaussures, je les mets dehors. Je rentre, je prends ses chaussures, je déplace par exemple un médicament, je le laisse dans les toilettes, je prends là-bas une serviette, je jette ça par terre, puis je ressors avec des chaussures de quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Ah ouais, j'avoue qu'en tant que parent, tu regardes ton enfant et tu te dis mais qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    C'est ça, donc on a toujours diagnostiqué comme la folle de la maison. Donc c'est après que tu réalises ça. Mais ça aide apparemment avec les notes, avec pas mal de choses. Mais par contre, je suis pas parkourisée.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Il fallait que j'attende le matin des examens. Tu lis ? Oui, et j'apprends toute la nuit. Et il me faut des systèmes pour... Même le Coran que j'apprends actuellement, tous les jours, je viens, je dis... Ça, c'est la partie où on dit que c'est dans les coupes de gingembre qu'on boit. Je sais, c'est... Mais j'ai oublié les mots.

  • Speaker #1

    Toi, tu as tes trucs mnémotechniques où tu te souviens et...

  • Speaker #0

    J'oublie en fait ce que tu apprends.

  • Speaker #1

    C'est marrant que tu dis ça, parce que pour les gens qui suivent le podcast, ils sauront que je fais beaucoup ce constat avec la plupart des invités que j'ai reçus en ce moment. La plupart de mes invités... Euh... te disent qu'à l'école, ils étaient perdus. Pas perdus dans le sens qu'ils ne comprenaient pas, mais c'est qu'ils ne se reconnaissaient pas dans le système. Et en fait, c'est vrai que c'est maintenant qu'on commence à parler de ces troubles de l'attention, de haut potentiel intellectuel, de toutes ces différentes manières aujourd'hui qu'un enfant a de réfléchir. Mais nous, notre génération, et je ne parle encore pas de ce que ça devait être pour les générations précédentes. Si tu ne rentrais pas dans le moule, on te disait qu'il était bizarre et on te mettait juste sur le côté. Oui,

  • Speaker #0

    tu ne vas pas réussir, tu n'es pas outillé. Et c'est ça le problème, c'est que les gens ne sont pas outillés. Aujourd'hui, c'est comme l'anecdote où on te dit que si tu demandes à un éléphant, si tu juges un éléphant sur sa façon de grimper un arbre, tu vas te dire qu'il est battu toute sa vie. Et c'est exactement ça. Le système déjà n'est pas fait, ce n'est pas un moule dans lequel tout le monde peut rentrer, que ce soit le système scolaire, le système de l'emploi de manière générale. C'est dommage, c'est comme ça que les choses sont faites. Aujourd'hui, c'est bien qu'il y ait, comme tu dis, autant de choses qui vont nous faire savoir que c'est peut-être dû à autre chose. Par exemple, ma nièce, qui est aussi mon homonyme, j'ai dit à sa mère, elle a les mêmes choses que moi. Parce que j'entendais les gens lui dire les mêmes choses qu'on me disait. Tu n'écoutes jamais, on ne peut jamais rien te faire faire, tu as tout le temps la tête ailleurs, etc. Est-ce que tu m'entends quand je te parle ? Et en fait, tu réalises que la petite, c'est juste qu'en fait, elle ne... Elle n'est pas là. Tu vas lui demander de mémoriser un truc maintenant, elle te le récite. Demain, tu lui demandes, elle ne peut pas. Donc, heureusement, aujourd'hui, si tu sais que ça peut être autre chose, tu peux l'outiller. Tu peux l'emmener là où elle va trouver les bons outils, etc. Mais oui, je pense qu'il faut encore plus raise awareness, sensibiliser les gens par rapport à ces choses-là.

  • Speaker #1

    Et donc, au lycée, tu t'orientes vers quel cursus ? Parce qu'il y a S, L, ES. Toi, tu fais quoi ? Et j'ai posé une autre question dangereuse, on dirait.

  • Speaker #0

    Tu sais, quand j'ai fait le... D'ailleurs, je parlais de ça avec ma soeur. Le BFM, c'est après la sortie du collège. J'étais première de mon centre. D'accord. Je suis partie dans l'école où je voulais aller, le lycée d'application. C'est du Naurotal. On m'a dit, on n'a plus de place en S. J'ai dit, oui, mettez-moi en L. D'accord. Parce que je suis la personne paresseuse là.

  • Speaker #1

    Ok, L, ça va être tranquille.

  • Speaker #0

    Donc je vais là où c'est facile. Je suis allée en L. Pareil, pour quand on m'a demandé quelle langue tu fais, j'ai dit c'est quoi la plus facile ? On m'a dit espagnol. J'ai dit mais t'es bon là. Et mon père était fâché d'ailleurs contre moi parce que mon père toute sa vie c'est l'arabe. Il m'a dit comment ça tu choisis espagnol ? Tu me demandes pas mon nom. Mais parce que c'est plus facile, je veux le bon nom. Donc ouais, j'ai fait L. Quand il a fallu choisir entre L2 et L', j'ai fait L'. Je me suis pas cassée la tête.

  • Speaker #1

    Tu t'es dit bon ok, on va au plus simple et on y va.

  • Speaker #0

    Franchement, toute ma vie, on m'a dit Partisane du moindre effort Sauf, bien sûr, avec l'entrepreneur, mais avec les études.

  • Speaker #1

    Et est-ce que déjà, dans cette période, lycée et tout, est-ce que tu commences déjà à être créative d'un point de vue tenue, vestimentaire ?

  • Speaker #0

    Créative sur plein de choses. D'ailleurs, j'écrivais. D'accord. D'ailleurs, je pense que les choses les plus belles que j'ai écrites, c'était quand j'étais plus jeune.

  • Speaker #1

    Mais tu écrivais quoi ?

  • Speaker #0

    Des poèmes, des proses. J'écrivais beaucoup.

  • Speaker #1

    Tu les as toujours ?

  • Speaker #0

    J'ai un blog, mais je ne vais pas vous dire le nom.

  • Speaker #1

    Ah, tu avais un blog ? J'avais un blog. Non, Fatima, ça en off, tu me le diras en off. On va voir. Tu avais un blog ?

  • Speaker #0

    J'avais un blog.

  • Speaker #1

    Où tu écrivais des poèmes ?

  • Speaker #0

    Oui, et que personne ne lisait parce que personne ne connaissait. D'ailleurs, j'ai perdu le premier et puis j'ai refait un deuxième. Je pense qu'il n'y avait que mon cousin qui savait que j'avais le blog. Ok. Donc il lisait.

  • Speaker #1

    Il faut les publier, ces poèmes. Il faut les sortir.

  • Speaker #0

    J'en avais jusqu'à présent. Vous allez m'appeler pour... parce que j'avais un texte là qui s'appelait Pourquoi. Il m'a dit Fatima, pourquoi ? Jusqu'à présent.

  • Speaker #1

    C'est que tu as la marquée, tu vois ?

  • Speaker #0

    Bon, peut-être un jour, on ne sait jamais.

  • Speaker #1

    Ou alors même ne serait-ce que reprendre et faire des nouveaux aujourd'hui avec l'âge.

  • Speaker #0

    Oui, là justement, on travaille sur le site, donc j'imagine que c'est moi qui vais écrire les articles du blog.

  • Speaker #1

    Donc tu avais un blog, tu écrivais des poèmes déjà, jeune.

  • Speaker #0

    Oui, mais au-delà de ça, en fait, je dis souvent que j'ai plus un amour pour le textile que pour les vêtements de manière générale, parce que ma grand-mère avait ce métier de pâtissier là. Elle vend le pain tissé depuis qu'elle a 17 ans.

  • Speaker #1

    D'accord, donc tu avais déjà quelqu'un dans ta famille qui était dans le textile.

  • Speaker #0

    Je suis née, je jouais autour du métier à tisser, parce que c'était dans la cour. La cour actuelle où je suis en train de construire la pièce que je montrais, c'est là-bas qu'il y avait les tisserands.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis ma tante paternelle au Froutard, elle est dans la teinture. Quand on partait en vacances, on faisait de la teinture, on faisait de la couture à la main, etc.

  • Speaker #1

    Ok, ok.

  • Speaker #0

    Donc très petite, je faisais des vêtements pour mes poupées. Oui. Donc avec du fil et je me battais avec ma soeur, je le dis à chaque fois, Sakina la plus grande qui les jetait parce qu'elle me dit, ça me bat les poubelles là, tu nous pâtes, tes ordures là. Et plus tard, je dessinais et je partais chez le tailleur pour me faire faire.

  • Speaker #1

    Plus tard, c'est vers quel âge tu dirais à peu près ?

  • Speaker #0

    Troisième, enfin 13, 14 ans.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #0

    ok. Je partais avec mon croquis, avec mon basin. Je me souviens que le premier truc qu'on a fait qui était réussi et qui était comme je voulais, c'était un basin pour la tabaski. Donc, c'était une espèce d'anango, ça s'appelait à l'époque, sauf que j'ai mis un crew pour homme. Donc, c'était un bazar noir, ils ont fait une broderie rose, mais une broderie pour homme. D'accord. Et tout le monde me disait, mets-toi un pantalon, un bazar, tu fais un pantalon, tu gâtes le tissu, tu vois. Mais après, il y avait des gens qui me disaient, ah, c'est stylé. C'est stylé,

  • Speaker #1

    c'est pas mal, ouais.

  • Speaker #0

    Donc, après, je me souviens, c'était un autre truc avec du pain tissé. Après, je me souviens, c'était un autre design avec des tissus que j'avais, que ma mère m'avait offerts. Donc, c'était rare, par contre, que les tailleurs réussissent ce que je voulais. Donc, je pleurais à chaque fois. Je me souviens qu'on avait dessiné une collection de raps avec mon ami Maïmonas, qui jusqu'à présent est très présente dans tout ce que je fais, etc. Et ça, c'était quand on était en première.

  • Speaker #1

    Une collection !

  • Speaker #0

    Avec des robes, après, il bustiait des robes. Après, je réalise après coup. Et donc, c'est quand je suis partie au Maroc que j'ai enfin trouvé la bonne pétrole. Et c'est ça qui m'a poussée à commencer.

  • Speaker #1

    Mais tu pars au Maroc pour tes études.

  • Speaker #0

    Pour mes études. Donc là,

  • Speaker #1

    tu as un bac ici. Tu t'orientes vers le droit.

  • Speaker #0

    Non, je voulais faire à la base diplomatie directement, enfin, relation internationale. Et je voulais aller au Canada ou en France.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et j'avais même une préinscription pour la France, mais puis j'ai eu une bourse pour le Maroc. D'accord. Donc comme la situation financière n'était pas top, j'ai pris la bourse. C'était une double bourse, de l'État sénégalais et de l'État marocain. D'accord. Je suis allée au Maroc, dans une ville perdue qui s'appelle Meknes, mais où j'ai vraiment eu beaucoup de beaux souvenirs. C'est juste à côté de Fez et de Ifrén. Ifrén, c'est là où il y a les stations de ski, etc. Donc il fait très froid là-bas. Et donc j'ai fait trois ans là-bas, de droit public. Et c'est là-bas que j'ai commencé l'aventure. Donc c'est ma deuxième année.

  • Speaker #1

    Ok. Tu commences l'aventure comment ?

  • Speaker #0

    La première année, je suis partie, j'avais pas de tenue traditionnelle. Et en fait, toutes mes bourses, je prenais ça pour acheter Zara et Marwa. Des vêtements, parce que moi j'aimais bien me saper. Je m'étais créé toute une nouvelle identité. Je venais d'arriver.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu dis j'aimais bien ? Tu aimes toujours bien te saper.

  • Speaker #0

    Maintenant je n'aimais que des abayas, ok ?

  • Speaker #1

    Oui mais c'est pareil, tu es toujours bien sapée quand même.

  • Speaker #0

    Maintenant je m'habite. Très confortable. Je m'habille avec boutonnière devant ou zip. Je m'habille fonctionnelle.

  • Speaker #1

    Elle était assez différente.

  • Speaker #0

    Donc, ouais, je pense que j'ai beaucoup changé. C'était différent. Je m'habillais très bling-bling, etc. Ce n'est plus mon cas du tout.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que je n'arrive pas à t'imaginer.

  • Speaker #0

    Et puis, j'ai eu une phase où j'étais garçon manqué. Attention. Ah ouais ? Jean, basket, tout ça, oui. Parce que je n'avais pas d'argent. C'était plus facile. OK,

  • Speaker #1

    OK. Et j'arrive. pas à imaginer. Franchement,

  • Speaker #0

    je te jure, j'avais tout le temps des hauts avec des capuches là. Quand je suis arrivée à Seine-Nord-Halle, j'étais une nouvelle personne, je me connaissais.

  • Speaker #1

    S'il te plaît, Fatima, le jour où l'épisode sort, sort-nous les trop-bac sur Instagram en story. On veut voir les trop-bac sur Instagram.

  • Speaker #0

    Ils vont tout dire, ils vont se souvenir. J'avais un jean en particulier avec ici du bleu et du rose. Le jean, là, je le mettais avec des hauts bleus, des hauts roses tout le temps. Si c'est le haut bleu, c'était des baskets bleues que j'avais. Si c'était des hauts roses, c'était des... C'était quoi le nom des trucs là ? Les espèces de bacs anodéses là.

  • Speaker #1

    Je ne vois pas de quoi tu...

  • Speaker #0

    C'est des chaussures d'âme. Les chaussures étaient grosses et roses. C'est ce que je portais toute la nuit. J'appelais ma tante, elle m'envoyait des vêtements des États-Unis et c'est ce que je portais toute la nuit. C'était très facile. Mais quand tu veux être plus coquette, ça coûte plus cher. Par contre, quand je suis partie au Maroc, à la crème du village, j'avais l'argent parce qu'il y avait eu deux bourses et je raquettais mes parents encore.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc tu fais la première année.

  • Speaker #0

    Je n'avais pas de vêtements traditionnels. Je ressemblais à tout le monde, malgré l'argent que j'ai dépensé. J'ai dit, deuxième année, je ramène mes vêtements traditionnels parce que je vais plus me retrouver dedans. D'accord. Je ramène plein de vêtements traditionnels, sauf que maintenant, c'était trop bizarre à porter dans le paysage là. Donc, j'ai modifié une première tenue, je m'en souviens, c'était une espèce de taille basse, donc haut avec un volant. Et j'en ai fait une veste. D'accord. Avec la dame. Tout le monde me demandait, mais c'est joli ce que tu portes, ça vient d'où ? j'ai commencé tous les soirs c'était surtout les soirs quand j'allais à l'école à porter un nouveau truc à chaque fois la communauté afro là c'était à fatima tu trop bien ça fait j'aime ce que tu as porté aujourd'hui c'est donc je prenais les soeurs les panne là on est transformé en pantalon j'ai fait un un star well mais taille haute ouais plein de trucs qui sortait du commun et tout le monde disait c'est joli je veux c'est joli je veux moi d'un soir je me suis posé j'ai dit je vais lancer mon business au pouvoir ce qu'on fait c'est un 24 avril Et comme je fais toutes les choses dans l'urgence, j'ai décidé que le 5 mai, c'était l'anniversaire de ma grand-mère. Donc, dix jours après, j'allais sortir la collection.

  • Speaker #1

    Ah, t'as pas dit, je vais sortir une tenue, t'as dit, je vais sortir une collection. D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis, j'ai écrit à ma mère un long mail. Je lui ai dit, je vais créer une émission, je vais à un centre commercial, on va vendre des chaussures, on va faire un truc d'échange de vêtements. Bref, c'était tout un concept. Il faut que je retrouve le mail là.

  • Speaker #1

    C'est ça que j'étais, j'espère que tu as toujours ce mail là.

  • Speaker #0

    Je pense que si je me connecte sur l'adresse email de ma mère, je vais trouver. Mais j'ai perdu l'accès au... à l'ancien mail.

  • Speaker #1

    Parce que ce mail-là, voilà, Dieu va faire que tu auras ton centre commercial et il faudra que tu l'imprimes, tu l'encadres et tu le mettes dans l'entrée du centre commercial.

  • Speaker #0

    Et donc, ma mère optimiste, comme moi, c'est vraiment une grande rêveuse. C'était une grande rêveuse qui me dit Ouais, mais ce que tu prévois comme argent, c'est trop petit. Il faut chercher 10 millions.

  • Speaker #1

    C'était bien parce qu'elle ne t'a pas dit non.

  • Speaker #0

    Non, au contraire. Elle était toute excitée. Elle m'a dit Non, ce que tu demandes d'argent, c'est trop petit. Et ce que je lui disais à chaque fois, c'est que le problème, c'est que tu ne m'as jamais prêté d'argent. Elle m'a dit chance 10 millions, mais ce n'est pas... Donc, c'est comme ça que je me suis lancée. Donc, j'ai pris ma bourse.

  • Speaker #1

    Donc, tu as 10 jours pour préparer une collection.

  • Speaker #0

    J'ai pris ma bourse. Et si tu vois la collection à Olivier ?

  • Speaker #1

    Mais c'est la première, c'est normal.

  • Speaker #0

    Les vêtements arrivent là. Hi ! Waouh !

  • Speaker #1

    Ouah ! Ah bon là ouais je m'attendais pas !

  • Speaker #0

    Olivier, il n'y avait pas de manches, il y avait très peu de manches. Les vêtements étaient colorés. Il y a une amie jusqu'à présent, elle me dit Fatima, Toulaye, d'ailleurs c'est la tournée du vêtement qui s'appelle Toulaye qui est un de nos best-sellers. Elle me dit Fatima, toi, est vrai, moi je t'aimais beaucoup pour avoir acheté ton vêtement là. Je t'aimais beaucoup. Et il n'y a pas qu'elle, franchement. Aujourd'hui, si je revois les choses que je faisais au temps, c'était des choses d'étudiante, c'est normal. Oui, oui. Mais c'est au préalable quoi.

  • Speaker #1

    Genre mini-jupe !

  • Speaker #0

    Des bustiers, c'était tout le temps des bustiers. Moi je ne sais pas ce que j'avais avec des bustiers. Je ne faisais que des bustiers. Et je me souviens que ma première grosse commande, c'était ma soeur et ses amis qui étaient à Grenoble, ma grande soeur Sakina, et ils avaient un événement qui s'appelait Grand Sud. Donc c'est une espèce de balle d'étudiantes là. Elles m'ont commandé des grandes robes, des sales. J'ai fait les robes, on les a envoyées en France. Ils étaient fiers de moi ! je revois les robes là je me dis Alhamdoulilah comment on dit en Wolof Mujubura Feth Moudjaranyan ça veut dire il faut juste souhaiter une bonne fin le reste là c'est pas grave toute l'histoire derrière là donc t'as tes 10 jours tu fais ta collection avec ta t'as une tailleur c'est ça que tu disais ? oui qui s'appelait Maria Daoudi il faut que je retourne un mec n'a juste pour elle d'ailleurs donc c'est elle qui m'a appris à coudre un peu c'est la machine que j'avais chez moi etc et qui m'avait vraiment adoptée comme sa fille je l'étais tout le temps chez elle et tu fais combien de pièces ? C'était 8 pièces je pense et j'ai pris mes copines étudiantes, on est parti dans un studio marocain, il a fait une photo, une bonne journée, des photos tellement moches Olivier.

  • Speaker #1

    Oh l'entreprenariat !

  • Speaker #0

    Et j'ai posté sur Facebook !

  • Speaker #1

    Bah oui, toi t'étais fière ! Bien sûr !

  • Speaker #0

    Par contre, même au temps, je savais que les photos n'étaient pas bonnes. Mais le souci c'est que j'avais que ça. Et je me souviens que jusqu'à présent, quand tu tapes Sofatou sur Twitter, il y a un compte où c'est Sofatou collé et un autre compte avec un underscore. Le compte avec un score, c'est le deuxième. Le premier, j'ai tout fait pour le supprimer. Il n'est pas prêt. Si tu vois la photo de profil juste du compte, le logo à quoi ça ressemblait avec la couronne par-dessus.

  • Speaker #1

    Il y avait une couronne comme ça par-dessus.

  • Speaker #0

    Jusqu'à présent, j'ai honte de la voir. C'est là-bas sur Twitter, ça ne part pas.

  • Speaker #1

    Non, mais toi aussi, en plus, tu as donné le Twitter. Tout le monde va y aller.

  • Speaker #0

    Oui, non, c'est chaud.

  • Speaker #1

    Mais il faut commencer quelque part.

  • Speaker #0

    Alhamdoulilah, et surtout il faut continuer une fois que ça commence.

  • Speaker #1

    C'est ça, et t'as lancé, tu t'es dit j'ai dix jours, je lance.

  • Speaker #0

    J'ai lancé, j'ai lancé d'autres choses, et Alhamdoulilah j'ai pu profiter des événements d'étudiants qu'il y avait. J'ai fait des défilés, je faisais des défilés des étudiants, je faisais des défilés à Gaza, Rabat, Agadir. Donc vraiment la communauté là-bas connaissait. Mes amis, parce que moi j'ai toujours été très Facebook très tôt, donc les réseaux sociaux je les ai utilisés à fond, Facebook, Twitter, et c'est vraiment ça qui a lancé là-bas.

  • Speaker #1

    Mais tu fais des défilés donc ? ces huit pièces que tu crées, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Non, là, c'est une autre collection. Le défilé, c'était une vingtaine de pièces.

  • Speaker #1

    Ah, d'accord. Attends, parce que tu disais, la deuxième année, tu décides, tu lances. Tu fais huit pièces.

  • Speaker #0

    Je lance sur Facebook.

  • Speaker #1

    Tu lances sur Facebook. Tu vends déjà des pièces ?

  • Speaker #0

    Un peu, mais vraiment à mes amis de là-bas. Mes amis avec qui j'ai fait, avec qui j'étais à l'université. Papa, ça qui est vraiment Westfix, c'est le premier à avoir acheté une chemise pour homme, parce que les chemises pour homme, c'est l'année d'après. Mes amis directs quoi, Mati, Nilan, Memuna avec qui j'habitais. Et ensuite mes amis qui étaient en France, donc qui ont commandé aussi pour me soutenir. Et puis quand je suis rentrée à Dakar aussi, j'allais chez des tailleurs, je faisais des choses. Je faisais poser les gens de Dakar. Donc voilà, j'ai continué comme ça. À faire, ça rentrait un peu d'argent. Et après je reprenais. Après je prenais ma bourse, je mettais dedans. Je prenais l'argent du loyer, je mettais dedans. Ah ouais ? Oui, j'ai fait des folies. Je me souviens que la première année, donc c'était ma deuxième année, donc la première année SofaTout 2012, je ne révisais plus bien entendu, je partais en cours puis je revenais, j'étais décaillée, j'étais chez les tailleurs jusqu'à 3h30 matin.

  • Speaker #1

    Ok, donc t'étais piquée.

  • Speaker #0

    Donc la première année, j'étais majeure de ma promo, la deuxième année, j'ai eu 11 de moyenne, ma grand-mère m'a appelée, elle m'a dit je sais que tu as donné mon nom et tout, je t'aime beaucoup, mais c'est les études d'abord ! Elle m'a dit sinon tu arrêtes ton truc là ! Je lui ai dit ok, maman, ok, ok, je vais y aller. Non, mais moi, c'est elle qui payait mes profs parce que malgré le fait que moi, j'étais plutôt bien à l'école déjà, elle me faisait faire par force des cours de...

  • Speaker #1

    Un supplémentaire, oui.

  • Speaker #0

    Pendant les vacances, c'était cours de vacances obligés. Donc, c'est vraiment... C'est une éducatrice. Elle était la directrice de l'école des... Je commençais à faire des secrétaires. D'accord. Ensuite, j'étais la directrice de l'école de mon grand-père. Donc, c'est vraiment quelqu'un... L'éducation, c'est la première chose.

  • Speaker #1

    Oui, et puis dans ton entourage, entre ton papa, ta maman, ta grand-mère, c'est l'éducation, c'est prioritaire.

  • Speaker #0

    Je suis partie là-bas, là. Quand elle a vu les notes là, elle m'a dit, ah non, non, non. Donc, on arrête. Je lui ai dit, non, t'inquiète, je vais avoir de bonnes notes. Donc, je suis retournée. J'ai commencé à essayer de balancer un peu. Mais ouais, donc je suis restée jusqu'à ma troisième année à McNeice. D'accord. Ensuite, j'avais le choix d'aller facilement en France. Mais je ne voulais pas partir. maintenant j'avais un business je savais que si je partais en France c'était mort alors que ça commençait à faire un peu plus de ventes les gens commençaient à bien connaître et surtout à connaître Adaka le business le business c'est pas le business c'est l'alarme pour aller récupérer mon fils heureusement

  • Speaker #1

    aujourd'hui là la vie de maman entrepreneur c'est tout le temps non-stop et si tu mets pas les alarmes tu oublies T'inquiète, j'en ai plein d'alarme aussi.

  • Speaker #0

    Imagine, tu oublies ton fils. Le jour où ils m'ont appelé, 19 ans, ils m'ont dit Mais madame, personne n'est venu chercher le petit. J'ai dit Yey !

  • Speaker #1

    Non, t'inquiète, on a tous des alarmes. Tous, tous, tous, tous, tous. Mais donc, tu disais... Et moi, ce que je veux savoir, c'est parce que tu dis qu'au bout des deux ans de Sofatou, tu as une possibilité de partir en France, mais toi, tu te dis Non, je ne vais pas partir. Au bout des deux ans de Sofatou, tu génères déjà du profit ? Un peu. Un peu, ok. Un peu.

  • Speaker #0

    vraiment un peu et je pense que j'ai fait le bon choix de rester parce que je suis restée à ce moment-là de rester au Maroc ? au Maroc ok j'ai changé de ville je suis allée à Rabat d'accord et j'ai trouvé un tailleur qui était sénégalais d'accord donc qui habitait dans la ville juste à côté Kenitra c'est genre 30 minutes en train le gars là combien de fois j'ai dormi chez lui il s'appelle Ibrahim Andoui je ne sais même pas combien de fois j'ai dormi chez le gars parce qu'il me faisait des tenues et j'avais plus de commandes de la France d'accord il fallait que j'envoie Et que j'envoie avec... parce que tu avais des GP, mais par bus.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc,

  • Speaker #0

    ils quittent le Maroc pour aller en France. Et le colis fait trois jours. Donc là, ça commence à générer. En plus de ça, j'avais un travail. Donc ça, c'était ma dernière année. J'ai fait deux ans à Rabat. Donc, j'ai fait Relation internationale. Et même, j'avais l'occasion d'aller à Casa. Oui. Où je suis sortie aussi première d'un concours pour faire communication politique.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et je ne suis pas partie parce que j'avais déjà trouvé le tailleur à Rabat. Je restais à casa. Je restais à la bain.

  • Speaker #1

    Ta maman, tu m'as dit, elle t'encourage. Mais ton papa, lui, il sait que tu es dans ça ? Il sait que...

  • Speaker #0

    Je savais, mais je me cachais de lui. Parce que s'il voyait ce que je faisais là, s'il voyait les vêtements là...

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Déjà, il y avait la coupe des vêtements et tout. Mais moi, c'était plus sur le côté, tu sais, de se dire à un moment, bon, j'arrête un peu les études là, ou je calme les études, ou je suis peu concentré dans les études parce que je fais ça. Moi, c'est plus le côté...

  • Speaker #0

    On n'était pas très amis à l'époque.

  • Speaker #1

    Ouais, t'as dit, c'est récemment.

  • Speaker #0

    Ils ne savaient pas trop ce que je faisais. Ils savaient juste que j'étudiais, que je revenais, que j'avais lancé une marque et ils me disaient que c'est bien.

  • Speaker #1

    C'est bien, mais concentre-toi sur l'école.

  • Speaker #0

    Oui, par contre, lui, il n'est pas très école. OK. Je pense qu'il me dit tout le temps, c'est que les études, c'est ton plan B. D'accord. Ton plan A, c'est le don que Dieu t'a donné. D'accord. Donc, si tu veux, tu peux vivre. Ah,

  • Speaker #1

    c'est très beau, ça.

  • Speaker #0

    Tu utilises ça. Et si ça ne marche pas, au moins, tu as les études, ça te donne...

  • Speaker #1

    Excuse-moi. Ouais. Tu es obligé, tu es obligé. Tu peux le prouver de ma main. Non, je digère la phrase que tu viens de dire. Ton plan B, c'est les études. Ton plan A, c'est le don que Dieu t'a donné. C'est magnifique comme phrase.

  • Speaker #0

    Oui, donc, c'est juste qu'il ne savait pas ce que je faisais comme vêtement, par contre. Et le jour où j'ai vu sa demande d'ajout sur Facebook, je me suis dit, je ne sais pas. J'ai dit mais il dit jamais.

  • Speaker #1

    Il peut pas voir ça.

  • Speaker #0

    Jamais de la vie. Donc, je pense que jusqu'à aujourd'hui, je fais des cauchemars où je croise mon père. Voilà, ce que je te dis là, c'est quelque chose de très privé. Mais c'est vrai, où je croise mon père et je suis habillée avec une robe courte et je suis obligée de passer pour aller. Je demande à mes amis d'avoir la cesse. Ils venaient me chercher, je sortais en maillotée. Après, j'enlève les affaires. Non, restez. Incroyable. C'est même interdit en islam de raconter ses péchés, mais je le dis parce que c'est... que Dieu nous pardonne moi ça m'a traumatisé je te jure mon passé que j'ai eu à me cacher là parce que vraiment je me cachais de mon père et je me souviens le jour où je suis venue dire papa tu sais j'ai fait plein de choses dont tu n'aurais pas été fière et il m'a dit ne me raconte rien je

  • Speaker #1

    t'ai pardonné tout l'essentiel c'est que tu as changé je ne veux pas savoir franchement c'est extraordinaire c'est ça parce que je pense qu'aujourd'hui je suis en train de me faire mal il peut pas t'en vouloir parce qu'il sait qu'il a fait son rôle de père en te donnant les bases, en te donnant tout ce qu'il faut, tout ce qu'il peut te donner. Il sait que, forcément, tu es une jeune fille qui doit vivre avec son temps, donc tu as cette dualité. de surtout nous on est les premiers à avoir les réseaux sociaux on est les premiers à voir tous ces trucs là où finalement tu as plus d'exposition au monde et donc c'est difficile mais mâchallah je pense que quand il voit la femme que tu es devenue la maman que tu es devenue il s'est dit qu'il a pas fait tout ça pour rien tu vois et je pense qu'aujourd'hui comme on disait tout à l'heure toi aussi tu comprends pourquoi il a fait tous ces trucs là à ce moment-là mais pour que t'en fasses des cauchemars ça ça devait être un truc de non c'est

  • Speaker #0

    Pendant des années, tu te caches. Oui,

  • Speaker #1

    effectivement.

  • Speaker #0

    Mais aujourd'hui, je pense que c'est quelque chose dont il est très fier parce que tous ses amis, pratiquement, ont forcé leurs enfants très tôt à se voiler. Parce qu'ils sont tous des islamistes, sauf lui. Il nous a emmenés à l'école laïque. Il nous a jamais forcé à nous voiler. Tout ce qu'il nous disait, c'était mettez un foulard par contre sur la tête. Je ne veux pas qu'on voit vos cheveux, mais je ne vous oblige pas à mettre le voile. Et on s'est voilés à des moments différents de nos vies. Et vraiment de notre propre...

  • Speaker #1

    Par conviction.

  • Speaker #0

    Ma petite sœur d'abord, alors que c'était la plus disjantée de nous. Ma grande sœur ensuite et moi en dernier. Donc, moi, c'est après que j'ai fait le hajj. D'ailleurs, ça, c'est une autre anecdote, c'est que j'ai gagné le hajj.

  • Speaker #1

    Waouh !

  • Speaker #0

    Mais c'est la seule chose que j'ai gagnée de ma vie.

  • Speaker #1

    Mais quelle chose ! Quelle chose ! Quelle chose incroyable ! Voilà si on peut gagner qu'une seule chose dans sa vie, franchement, si c'est ça.

  • Speaker #0

    Moi, je jouais pour un iPhone 7. J'ai gagné le hajj. Waouh ! il ya un concours de la ligue islamique vous pouvez gagner un match mais aussi gagner des iphones j'ai joué une fois j'ai dit je veux l'iphone je veux le jeu tard et galère fois j'ai dit non je vais pas le voir et puis c'était un an après et quand j'ai vu le tweet sur twitter un peu ça le tweet qui dit gagner en premier prix à la saïd moi je voulais l'iphone Non, bien sûr que je joue le plus de hadj. Je suis partie avec ma mère au hadj. Très belle expérience. L'année d'après. Donc, je pense que oui, hamdoulilah. Tu vois, c'est ça mon problème avec mon trainage. Je suis perdue, je ne sais plus quoi. Non,

  • Speaker #1

    non, on était au Maroc. Donc, tu disais que tu es partie à Gaza.

  • Speaker #0

    Je suis partie à Rabat.

  • Speaker #1

    À Rabat, pardon, que tu avais une opportunité à Gaza. Finalement, que tu n'as pas saisi cette opportunité à Gaza. Donc, tu es à Rabat. Tu fais combien de temps à Rabat ?

  • Speaker #0

    Je fais deux ans à Rabat. Oui. la deuxième année j'ai fini donc mon master en relations internationales et du coup je trouve un travail dans un cabinet d'avocats en fait j'étais plus dans de la recherche juridique et le propriétaire du cabinet d'avocats c'est là que le premier ministre d'ailleurs du maroc d'accord et qui

  • Speaker #1

    était autant bonjour monsieur si vous regardez l'épisode il s'appelle

  • Speaker #0

    Et qui était au temps président de la chambre des représentants de l'Assemblée nationale. Et il travaillait sur un sujet donc je faisais de la recherche dans le cabinet. Et donc j'avais mon salaire, les deux bourses qui devaient finir l'année là, et l'argent de ma mère. Et donc je faisais plein de choses.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et je me souviens qu'il y a aussi une personne, un ami qui s'appelle Ben, qui m'avait... qui avait demandé à sa sœur de nous prêter de l'argent. Et d'ailleurs j'ai essayé de le retrouver ensuite sur Facebook pour lui redonner... justement de l'argent parce qu'elle avait investi dans... Elle avait donné de l'argent pour qu'on fasse des vêtements et les vêtements n'ont pas marché. Donc à cette période là, c'était un flop. Je pense que c'était quand j'étais en troisième année, quelque chose comme ça. Et donc, il y avait ces petites personnes, il y avait ces petites... Des personnes qui y croyaient, qui venaient, qui essayaient d'aider. Mon cousin, quand je suis rentrée à Dakar, Babakar Syk, qui m'a dit, je lui ai dit bon, je vais travailler parce que vraiment, l'affaire là ne marche pas trop fort actuellement. Et qui m'a dit non, pas moyen, je te donne de l'argent.

  • Speaker #1

    Donc attends. Donc tu quittes le Maroc, définitivement.

  • Speaker #0

    Je rentre à Dakar,

  • Speaker #1

    oui. Tu rentres à Dakar.

  • Speaker #0

    Avec mon diplôme, mais le business ne marche plus.

  • Speaker #1

    D'accord. Mais quand tu rentres à Dakar, ton optique première, c'est de développer la marque, ou ton optique première, c'est je vais trouver un boulot et je vais faire la marque à côté ? Non,

  • Speaker #0

    c'est de développer la marque. D'accord. La marque plutôt. Ma mère, autant, était députée à l'Assemblée nationale. D'accord. Et elle m'a prise comme assistante parlementaire parce que c'était du droit public et je m'y connaissais vraiment bien.

  • Speaker #1

    Oui, tu avais ta formation dedans. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai. Et... Je veux vraiment que Dieu me pardonne. Je ne partais que quand c'était des séminaires dans des grands hôtels où il y avait de la bonne bouffe. Sinon, quand elle venait me donner un document, je lui disais, maman, ça, c'est trop long. J'ai des commandes, je veux pas que je fasse ça. Donc, ouais, je l'ai vraiment utilisé. Et donc, j'ai fait un an dans ça. Je partais en ville quand je voulais. Mais surtout, le matin, je pars avec elle. On la dépose à l'Assemblée. Et moi, je vais chez mes tailleurs à Sandaga.

  • Speaker #1

    D'accord. Mais tu dis que tu as un ami.

  • Speaker #0

    Mon cousin.

  • Speaker #1

    Ton cousin.

  • Speaker #0

    Ouais, donc à cette période, après un moment donné, je me dis écoute, ça va plus ce que je fais là actuellement. Je pense que je vais trouver du travail. Et qui me dit non, tu ne vas pas travailler.

  • Speaker #1

    Quand tu dis ça va plus, parce que comme tu dis, tu as le travail avec ta mère. Tu continues Sofatou.

  • Speaker #0

    Elle me paye très peu ma mère, elle me paye 100 000.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu as payé 100 000, tu as le travail avec ta mère. Tu continues à essayer de développer ta marque à côté. Oui. Mais donc, à un moment, tu te dis, ok, bon là...

  • Speaker #0

    J'ai besoin de plus.

  • Speaker #1

    J'ai besoin de plus, il faut que je trouve un vrai travail.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et tu t'apprêtes à arrêter Sofatou. Oui,

  • Speaker #0

    et Babi me dit non.

  • Speaker #1

    Après quoi ? Donc tu as 4 ans de Sofatou ?

  • Speaker #0

    J'ai 4 ans de Sofatou, c'est en 2016. Ok. Et Babi me dit non, tu ne vas pas arrêter. Donc il me donne de l'argent. Masha'Allah. Et je pense que c'est l'année-là que j'ai fait ma première fashion week. Ouais.

  • Speaker #1

    C'est important d'avoir un support système.

  • Speaker #0

    C'est mon cousin Germain. Non, pas Germain. C'est sa mère qui est la cousine de ma mère. Et jusqu'à aujourd'hui, je veux dire, c'est lui qui est en train de faire... Il va me dire que je l'ai dénoncé devant tout le monde. Bah, je te dénonce pas. J'en parle comme ça. Bref. Et... Et c'est vraiment le frère, tu vois, c'est mon frère. Il n'y a pas que lui, j'en ai d'autres. C'est vraiment les personnes qui sont là depuis le début, qui me poussent à chaque fois, mes amis, mes soeurs. Et c'est pour ça que je dis tout le temps que moi, je ne suis pas a self-made, je suis everybody made. C'est beaucoup de personnes qui ont contribué au succès de la marque, mais de tout ce que je ne fais pas que la marque. Quand j'ai fait Arca, c'était la même chose. Quand j'ai fait Doina, Contrégence, Faites Femmes, c'était la même chose. Donc, j'ai cette chance-là d'être bien entourée. Je pense que c'est un facteur de réussite.

  • Speaker #1

    Et puis de toute façon, je pense que quand tu fais quelque chose de bien, qui véhicule des bonnes valeurs, les gens sont toujours enclins à te pousser ou à t'encourager. Ce que tu me dis, ça me fait penser à la discussion que j'ai eue avec Lai Pro, où lui aussi est arrivé à un moment où il pensait arrêter la photographie, parce qu'on lui vole son matériel, et qu'il se dit j'ai pas l'argent pour réinvestir du matériel et j'arrête et que tu as une cousine qui est en France, qui lui dit que mais... ce que tu fais, ce n'est pas que pour toi. C'est pour tous les gens qui aiment le Sénégal, qui ont envie de voir le Sénégal et qui lui rachètent un boîtier d'appareil photo. Et pour moi, c'est là où ton parcours finalement rejoint le sien parce que finalement, ce que toi, tu penses que tu fais pour toi, finalement a plus d'impact chez les autres et les autres sont prêts à investir dedans même sans que tu leur demandes. Et c'est là où pour moi, tu te dis que là, il y a quelque chose que je fais qui...

  • Speaker #0

    Non, et puis des gens qui t'écrivent, qui te... qui ne te connaissent pas, que tu ne connais pas et qui te disent comment est-ce que tu fais les touches, comment est-ce que tu as dit tel ou tel jour les a impactés, etc. Pour moi, en fait, on est tous des vaisseaux un peu de Dieu, un peu de ce qu'il veut transmettre à d'autres humains. Mon père, il me disait souvent que même par rapport au risque, même par rapport à l'argent, Dieu, il te donne ça pour que tu sois la personne qui transmette à quelqu'un d'autre. Que si tu ne transmets pas, il donne à quelqu'un d'autre qui va transmettre. D'accord. Donc, que ce qui est dans ta main, il faut toujours que ça parte pour que quelque chose d'autre revienne. Je pense que c'est la même chose avec ce qu'on sait faire, c'est la même chose avec notre énergie, c'est la même chose avec l'amour qu'on a dans notre cœur. On est censé donner, en fait. Personne n'est censé juste garder ce qu'on a pour soi. Tu le gardes jusqu'à quand ? Comme disait ma mère, c'est que ce que tu donnes, c'est ce qui t'appartient vraiment. C'est ça que tu vas retrouver dans ta tombe, c'est ça que tu vas retrouver dans l'au-delà. Tout ce que tu laisses ici... C'est ton héritage, c'est tes enfants qui vont prendre, c'est des gens à qui tu as laissé, etc. Mais ce que tu donnes réellement, que ce soit ton temps, ton énergie, ton amour, ton argent, c'est ça qui est vraiment à toi, parce que c'est ça qui va te revenir, c'est ça qui t'est compté. Donc oui, je pense que j'ai beaucoup reçu, énormément. Que ce soit, comme je te dis, en temps, en énergie, en argent, en amour, en support, en personnes qui vont être mes ambassadeurs, aller bien parler de moi, me recommander, etc., là où je ne suis pas. C'est ça qui m'a fait en fait.

  • Speaker #1

    Et donc ce cousin te dit de ne pas laisser tomber. Il te dit ok, je te supporte. Qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    Je prends son argent, j'achète des tissus, je fais une nouvelle collection. Et si je ne me trompe, c'était la collection Lamont.

  • Speaker #1

    On est en 2016,

  • Speaker #0

    c'est ça ? C'est de 2016 à 2017. En plus 2017. Et donc c'est cette collection que je présente à la Fashion Week. Et c'est cette collection que j'utilise pour faire un premier photoshoot avec des influenceurs. À l'époque, ce n'était même pas quelque chose que les gens faisaient. Et qui lance vraiment Sofa2 au Sénégal.

  • Speaker #1

    Tu as une équipe de combien de personnes à cette période-là ?

  • Speaker #0

    Moi.

  • Speaker #1

    C'est ça ? Toute seule ? Oui. Tu gères tout ? Tout. Tu as quoi, un tailleur ?

  • Speaker #0

    Non, je sous-traite. Donc les tailleurs, je ne parle plus là où il y a... Oups, désolé. Non, t'inquiète. Il y avait un atelier. C'est un endroit qui s'appelle Galerie Payenne. C'est en ville, sur la rue de Jong. Ils sont presque une centaine de tailleurs là-bas. Donc tu viens, tu fais faire ce que tu veux. Sauf que moi, j'étais une habituée. Je venais là-bas du matin au soir, du soir au matin. Je passais la nuit. Je restais jusqu'au matin pour rentrer. Après, je suis restée là-bas. J'ai travaillé avec eux à partir du moment où je venais en vacances. Et quand je suis rentrée à Dakar, j'y allais tous les jours. J'avais mes tailleurs habituels qui bossaient pour moi. Donc là, je lance la collection et c'est un succès. Ça s'appelait L'amour. C'est le terme pour dire royauté en poulard Et c'était une trilogie. C'est sur trois volets, la collection. C'est la collection qui a fait la Fashion Week. C'est la collection ensuite où il y avait les cannabis, Doudou fait des vidéos et tout ce qu'il y a. posé. Canavas faisait d'ailleurs un clip qu'on a tourné chez ma tante, chez Babi, mon cousin. Et ça a tellement marché. J'ai eu des commandes de partout.

  • Speaker #1

    Avant ce moment-là, tu dirais que t'es à combien de commandes, on va dire par mois, avant ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Je peux dire... Allez, une quinzaine, une vingtaine. Ok.

  • Speaker #1

    Mais malgré que t'aies une quinzaine, vingtaine de commandes, tu décides que tu veux arrêter à ce moment-là. Et après ce moment-là, tu dirais que ça... C'est quoi l'impact de ce moment-là ?

  • Speaker #0

    L'impact, c'est que je me souviens que c'était 2018, donc l'année d'après le lancement de la collection. C'est en 2018 que j'ai fait le Yali, exactement. Non, j'ai fait le Yali en 2019. C'est en 2019 que j'ai eu 6 millions, je pense, à la Tabaski. Et pour moi, c'était énormément.

  • Speaker #1

    6 millions de chiffre d'affaires ? Oui, de chiffre d'affaires.

  • Speaker #0

    Sur un mois, sur le mois de la tabaski. Et j'ai dit à ma soeur, je ne sais pas quoi faire de l'argent. Tellement, en fait, dans ma tête, c'était beaucoup. C'était en 2019, j'avais quoi ? Je suis née en 93, je ne sais pas, 26 ans. Je n'étais pas mariée, pas de gosses, rien. Donc, c'est vraiment 2018-2019 que les trucs ont vraiment commencé à très bien marcher. D'accord. Donc, la marque commence à se faire connaître. les stars adoptent la marque et vraiment spontanément je pense que la seule personne que j'ai démarché c'est Fadafredi de Daraji et en fait je l'ai croisé, il m'a dit mais tu es trop stylé toi mais tu es trop bien habillé, je lui ai dit c'est moi qui fais bien je te fais tellement timidement parce que j'étais tellement fan donc il était avec Ndongo et comme ça ils sont devenus mes frères, mais sinon vraiment toutes les personnes qui sont venues vers nous comme je dis, c'est Dieu qui les a envoyés vers nous, c'est eux qui nous ont écrits jusqu'à Abdou Jalloh C'est lui qui nous a écrit sur Instagram, Bonjour, j'aime beaucoup votre marque et j'aimerais bosser avec vous. En Marseille, la même chose. Donc c'est vraiment ces personnes qui nous ont écrit pour nous dire On aime ce que vous faites. Et pour moi, à chaque fois, c'était vraiment une célébration un peu du chemin qui a été parcouru.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc ouais. À ce moment-là, donc 2018, la marque commence à bien marcher, mais j'ai un ami justement qui me propose une opportunité que je ne voulais pas refuser.

  • Speaker #1

    Professionnelle ?

  • Speaker #0

    Oui. De travailler au ministère. pour sa mère qui venait d'être ministre de la femme. Donc je suis partie. Un an, très sauf.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu acceptes quand même l'opportunité, tu fais un an là-bas ?

  • Speaker #0

    J'accepte.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    J'accepte, parce que déjà, c'était sur le chemin d'aller vers les tailleurs. Ensuite, je me disais que le travail ne serait pas prenant et je voulais vraiment avoir, explorer un peu plus cette piste. Et surtout, ma mère me poussait vers ça. Parce qu'autant au début, c'est elle qui me soutenait, autant à ce moment-là, elle a commencé à paniquer pour dire Tu as fait des études et maintenant, tu as laissé ça pour faire quelque chose qui n'est pas très safe.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Surtout que, comme on l'a dit depuis le début, tu as des parents qui sont scientifiques, qui sont assez rationnels, je vais dire tout. Donc forcément, c'est plus safe de choisir le parcours où tu as eu un diplôme, le parcours où tu as un salaire tous les mois et tout, que de te lancer dans l'entrepreneuriat.

  • Speaker #0

    Au-delà de moi. C'est compliqué. Dans l'affaire là.

  • Speaker #1

    Donc ta mère essaie de te pousser à basir.

  • Speaker #0

    Elle appelle même ma ustasa pour lui dire, il faut venir parler à Fatima. À ce moment-là, j'accepte le travail là. C'était plus pour la rassurer. C'était une belle expérience humainement. C'est ce qui m'a permis de découvrir plein de zones du pays, de découvrir d'aller à Touba, de la Tiwawan, etc. Parce que bien sûr le ministre partait un peu partout. De réaliser aussi ce que vivaient les femmes. Donc c'est vraiment là, c'est ce qui m'avait inspiré à faire Doina. Donc c'était un mouvement contre les violences faites aux femmes. Et où... Parce que mon passage au ministère m'a fait réaliser que c'était vraiment la chose qui était la moins prise en charge. Ils ont investi beaucoup dans l'autonomisation, pas assez dans les législations, pas assez dans justement la protection des femmes, etc. Et surtout comment gérer les victimes des violences faites aux femmes. Donc je suis rentrée dans la sensibilisation, j'ai bossé avec une femme dessus, etc. Mais pour moi, c'était toujours qu'il fallait utiliser la mode comme vecteur, parce que c'est ce qui m'avait permis d'avoir une communauté, d'être connue, etc. Donc à ce moment-là, la marque continue de Marchel, hamdoulilah, et franchement de 2018, il faut être transparent. À juin 2023. Période des ébottes. Début du déclin de la crise financière. Ça régale. Tout allait bien.

  • Speaker #1

    Tu sentais que tu étais en croissance ?

  • Speaker #0

    Je sentais que j'étais en croissance. Je faisais 100% de croissance d'année en année. J'ai fait 110% de 2000.

  • Speaker #1

    Malgré le Covid aussi ?

  • Speaker #0

    Surtout avec le Covid. Ah ouais ? Avec le Covid, on a explosé.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Tu vois, c'est marrant parce que j'aurais pensé que ça serait une période de pause parce que vu que les gens ne sortaient pas, les gens ne bougeaient pas.

  • Speaker #0

    Les gens étaient collés à leur téléphone. Ils avaient envie de vivre. et vivait à travers le téléphone. Moi, comme je suis très bien avec les réseaux sociaux, tous les jours, comme la boutique était chez mon père, je ne sortais pas. J'étais mariée, mais mon mari était en France. Donc tous les jours, les gens ne pouvaient pas aller travailler. Moi, ma boutique était chez moi. Donc je descends, j'ai libéré tout le personnel par contre. À l'atelier, ils avaient pris des mesures. Donc c'était la moitié de l'équipe qui travaillait à tour de rôle, etc. Je venais tous les jours. Et d'ailleurs, la boutique chez mon père, qui a été ouverte en 2020, fin 2019, c'est mon père qui m'a prêté l'argent pour le faire.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et je l'ai remboursé dans l'année du Covid.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Pour te dire à quel point ça a marché. Donc, c'est là qu'on a fait de la co-création, une collection avec nos followers, qui a été co-créée. On a fait plein de choses pour le Covid. Et comme les gens, justement, ils ne pouvaient plus rien importer de l'extérieur, ils étaient obligés de consommer local. Et les gens voulaient se faire plaisir. Ils voulaient voir autre chose. Ils voulaient faire autre chose. Franchement, on a explosé.

  • Speaker #1

    Ok, c'est marrant parce que tu vois, il y a plein de gens qui disent que le Covid, c'était une période...

  • Speaker #0

    Mais c'est maintenant qu'on ressent les effets du Covid. Je ne sais pas si c'est le Covid, je ne sais pas si c'est la crise Russie, etc. Si c'est la guerre de là-bas, de la Palestine. Mais frère...

  • Speaker #1

    Non, je pense qu'on va y venir, mais je pense qu'on est dans une période où effectivement il y a un changement de gouvernement, il y a un changement de beaucoup de choses. Donc les gens sont en train de regarder. On voit que l'économie est un petit peu en pause pour tout le monde actuellement. Et c'est vraiment tous les secteurs qui sont touchés. C'est vrai qu'on est en stand-by pour le moment, mais Inch'Allah, ça va repartir. Et tu dirais que c'est quoi qui fait la touche Sofa2 ? C'est quoi le truc qui fait que tu as amené quelque chose qui a changé ? Est-ce que tu arrives à mettre des mots dessus ? À savoir comprendre ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est l'esprit derrière. Parce que j'ai fait des choses très différentes au fil du temps. Et les gens ont aimé, parce que je pense que c'est des choses que j'ai faites avec le cœur. Et surtout, il y a cet esprit de partage toujours, d'authenticité toujours, et d'attachement à l'Afrique et à nos valeurs et à nos cultures. Et je pense que ça, c'était nouveau. On faisait beaucoup de storytelling, c'était nouveau. On a beaucoup travaillé avec des personnes, avec des influenceurs, c'était nouveau. On n'a pas juste montré un côté de l'amour. Tu ouvrais les stories, tu voyais les tailleurs, tu nous voyais autour d'un bol.

  • Speaker #1

    Tu voyais des valeurs.

  • Speaker #0

    Tu voyais de la vie. Tu voyais quelque chose à quoi tu t'identifies. Et pas forcément une marque qui vient juste te vendre du bling bling quand tu t'habilles comme ça, etc. Et la preuve, c'est qu'on a voulu changer. Parce que je me suis dit que les gens m'identifient trop à la marque et que les gens sont plus attachés à ma personne qu'à la marque en elle-même. Et qu'il fallait vraiment qu'on essaie de fonctionner sans moi. Et surtout... C'était une période où j'ai décidé également de commencer à prendre les cours, etc. Donc, j'ai décidé de me mettre en retrait. Donc, on mettait plus en avant les vêtements, etc. Et plus trop les gens. On a perdu en engagement divisé par trois. OK.

  • Speaker #1

    Donc, tu sens que vraiment ta présence, sauf à tout, c'est...

  • Speaker #0

    Je pense que ce n'est pas que ma présence. C'est aussi que les gens voient l'authentique et que les gens voient les gens derrière. D'accord. Qu'on continue à leur raconter des histoires. Donc, qu'ils s'ach... comment les choses sont faites, qu'est-ce qu'on est en train de vivre, qu'est-ce qui nous pose problème, qu'est-ce qui marche, qu'est-ce qui ne marche pas. Et pas juste, voilà le vêtement, il s'appelle comme ça.

  • Speaker #1

    Voilà la collection, achetez-le. Tu veux pouvoir acheter ça et savoir que tu impactes une économie, tu impactes des gens, tu veux savoir qu'est-ce que représente cette collection. Parce que ce que j'aime beaucoup avec ce que tu fais, c'est que chaque collection représente quelque chose. Il y a une histoire derrière la collection. Et effectivement, je comprends que... les gens sont attachés. Et puis après, comme tu as dit, tu comprends les réseaux sociaux. Donc, tu as aussi ton humour qui fait que les gens sont attachés à toi et tu es très transparente, comme tu dis, sur tout ce qui se passe dans le quotidien. Donc forcément, les gens se reconnaissent, les gens voient les efforts que tu mets, voient le temps que tu mets dedans et tu comprends. Après, quand tu payes ce vêtement, tu comprends ce que ça fait quand même.

  • Speaker #0

    Exactement ça. Aujourd'hui, je te... Juste mon équipe. Tu as des Ivoiriens qui sont là depuis la guerre de Côte d'Ivoire, donc ils sont des réfugiés, qui sont restés avec le temps. Tu as des jeunes filles qui sont issues de couches vulnérables de la société. Tu as des gens de la Guinée, etc. Donc c'est vraiment... Et quand tu connais ces personnes-là et que tu sais où va l'argent, bien entendu, ça te pousse plus à soutenir la marque. Et pas que ça, quand tu vois que la marque aussi essaie de faire des actions sociales, etc. Tu t'attaches un peu plus. Et il y a des gens, je pense qu'ils achètent juste pour... Je ne peux pas te dire, au-delà d'acheter, le nombre de cadeaux que je reçois de mes clientes.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Mais tout le temps. Et pas que moi. Moi et des gens de l'État. Khadija, elle reçoit tout le temps des cadeaux des clients. Au final, en fait, c'est des gens qui deviennent...

  • Speaker #1

    Une famille.

  • Speaker #0

    Une famille. Et c'est pour ça qu'on les appelle la Sofam. C'est que c'est vraiment notre famille au bout d'un moment. Moi, j'ai des clientes, quand je pars... Il y en a une à Paris la dernière fois. Pas mon voyage, celui d'avant. Je suis allée jusque chez elle la voir. Parce que c'est vraiment ma pote, maintenant. Et c'est des liens qui se sont créés juste avec le fait qu'ils viennent, qu'ils te soutiennent, qu'ils aiment ce que tu fais. Tu vas avoir des problèmes, ils vont te donner des conseils. Et pour moi, c'est ça qu'il faut construire. C'est une communauté, c'est un espace de partage. C'est quelque chose qui te transcende. Aujourd'hui, ce n'est pas ma personne seulement. C'est des gens qui sont attachés. Ils appellent Khadija au quotidien, moi je ne suis même pas au courant. C'est leur pote. C'est pas mon problème.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, parce que... Je pense que tu dois avoir tellement d'anecdotes par rapport justement aujourd'hui à la marque. Est-ce que c'est quoi l'endroit le plus loin au monde où tu as vu tes tenues ? Je te pose cette question parce que par exemple, tu vois, nous, avec notre plat Colia, une fois, je me rappelle, j'ai vu une commande qui est partie, si je ne te dis pas de bêtises, en Nouvelle-Zélande ou Trinité, je ne sais plus, une île comme ça, perdue.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup d'îles.

  • Speaker #1

    Et je me suis dit, mais qui a vu notre plat et commandé ça ? Tu as un endroit où tu as vu tes tenues et tu t'es dit, mais qui a commandé ce fois-ci tout là-bas ?

  • Speaker #0

    Je pense que les deux trucs qui m'avaient choqué, c'était Japon et Australie. Et je me suis dit, en fait, mais...

  • Speaker #1

    Tu imagines ce que tu as créé à Dakar, là ? Il y a quelqu'un qui est jusqu'au Japon.

  • Speaker #0

    Non, mais qui part dans des endroits où moi, je n'ai jamais mis les pieds, où je rêve de mettre les pieds. Donc, en fait, le truc, comme je te dis, ça te dépasse, ça te dépasse de loin. Surtout quand j'ai commencé à aller à des événements et à voir des gens porter mon vêtement. Ils ne savent même pas que c'est moi. Je dis bonjour, vous êtes joliment habillés. C'est moi. Et donc, c'était quelque chose de voir des personnalités qui portaient. Je me souviens, quelqu'un a déjà offert une de nos tenues la première fois à Madame Kagame, la femme de Paul Kagame. Je me suis dit,

  • Speaker #1

    voilà, voilà,

  • Speaker #0

    voilà. C'est trop chouette. Et à chaque fois, en fait, tu voyais quelqu'un et c'est vous qui avez offert aussi un truc à l'hôpital, quand on était passé. Quand j'ai vu qu'elle a apporté ça, j'ai dit Yeah ! On a passé. Et à chaque fois, ce n'est pas seulement les personnalités. C'est vraiment juste une personne. Pour moi, chaque personne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Parce qu'aujourd'hui, sauf à tout, il y a des gens qui se marient en sauf à tout. Il y a des gens qui créent des souvenirs de vie dans tes tenues. Et tu vois, ça aussi, c'était une des questions que j'avais pour toi. Comment tu le vis de savoir qu'aujourd'hui, ce que tu as imaginé dans ta tête, ce que tu as créé, va rester gravé dans des mémoires de gens, dans leur histoire, tu vois ? C'est ça qui moi me touche avec ce côté création de l'entrepreneuriat, c'est que ce que toi tu as imaginé, tu t'imagines pas l'impact que ça peut avoir sur d'autres personnes. Donc quand tu vois des photos de... mariage en Sofa2. Là,

  • Speaker #0

    il y a un bébé, un nouveau-né qui n'est pas encore né. On lui a commandé son Sofa2 quand j'ai vu la tenue. J'ai dit, mais ça, c'est pour qui ? On m'a dit, un nouveau-né. J'ai dit, mais c'est trop petit. Et donc, c'est très touchant de savoir que les gens accordent cette valeur-là à la marque. Ou de voir une jeune étudiante qui dit qu'elle... Je ne sais pas que ça, c'est un truc qui me dit ce qui nous avait touché. Elle voulait coûte que coûte faire sa graduation en Sofa2. Elle n'avait pas assez d'argent. Mais elle a dit qu'elle vient, qu'elle dépose à chaque fois. Et après, j'ai dit, bon, les derniers paiements, il faut lui offrir, tu vois. Mais c'était quelque chose qui m'a tellement touchée parce que pour elle, c'était important, en fait.

  • Speaker #1

    Ils associent ces moments de victoire pour eux à être élégants. Et donc, pour eux, être élégant, c'est porter du sauf-faite. Et pour moi, il n'y a pas plus bel hommage et honneur à tes tenues.

  • Speaker #0

    C'est magnifique. Et franchement, à chaque fois, jusqu'à aujourd'hui, et c'est pour ça que moi, les gens ne veulent pas que je sois en boutique, parce que j'ai ce truc-là de, à chaque fois, à me dire... Non, c'est trop cher. Non, ça ne vaut pas. Non, etc. Tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    Tu as une certaine humilité par rapport à...

  • Speaker #0

    Tu vas me dire, donne-moi un discount. Je vais dire oui. Donc, dès qu'un client vient, dès que c'est le moment...

  • Speaker #1

    Va dans le bac. Va dans la boutique.

  • Speaker #0

    On t'a dit,

  • Speaker #2

    tu vois ?

  • Speaker #0

    Ou bien, si beaucoup de clients me disent, ne vienne pas. Ne viens pas. Ne viens pas nous fatiguer. Tu vas gâter notre affaire. Et donc, jusqu'à aujourd'hui, j'ai ce truc-là de me dire, mais est-ce que ça le vaut vraiment ? Est-ce que ce qu'ils voient en ça, ou bien des gens qui vont venir te dire des choses, comment est-ce qu'ils peuvent voir ça en moi ? Parce que je pense que tout le monde en tout cas se verrait mieux s'il pouvait se voir à travers les yeux de quelqu'un d'autre. Mais je ne pourrais jamais en tout cas remercier assez et payer ces personnes-là qui ont foi en la marque, qui voient de la valeur en ce qu'on fait et qui non seulement l'achètent pour eux, mais le partagent, l'offrent à des gens. Moi, Biram Koulibaly, je sais qu'il ne va pas aimer que je dise ça. Je ne peux pas te dire à combien de personnes il a offert du sofa. Beaucoup plus que ce qu'il a pour lui-même. Et j'ai plein de personnes comme ça, mes tantes, etc. Dès que c'est cadeau, c'est on va chez Fatima. On va nous des chèques cadeaux ou bien la personne va venir une fois qu'elle prend, ne la limite pas, après nous on va payer. Et c'est ça qui a fait la marque. C'est ça qui fait que petit à petit, on a fait notre chemin, on a continué à faire des choses. Et je pense qu'à chaque fois aussi, on a essayé de redonner ce qu'on pouvait de ce qu'on recevait. Et pour moi, au final, c'est ça la vie, c'est un rendez-vous du donner et du recevoir, comme on dit. Et Alhamdoulilah, il y a beaucoup de belles énergies. Des gens comme toi, avec qui la vibe passe. Et Alhamdoulilah, on fait de belles choses ensemble. Les gens créatifs aussi, qui acceptent toujours, peu importe. Parce que je ne peux pas te dire combien de campagnes j'ai fait tourner aux gens. Je sais que quand ils payent mon numéro, ils disent Ché, c'est encore un truc bénévole, elle va nous faire cliquer Mais Alhamdoulilah, les gens ont toujours accepté. Oui,

  • Speaker #1

    mais je pense qu'on en revient à ce qu'on disait, c'est que les gens... Tu véhicules tellement de valeurs qu'ils sont heureux de s'associer à ça, même s'ils ne sont pas rémunérés. C'est que les valeurs que tu portes valent plus cher que tout ce que tu pourrais leur donner. Donc je pense que c'est pour ça...

  • Speaker #0

    C'est ce que je dis là.

  • Speaker #1

    Mais je pense que c'est pour ça que les gens sont toujours enclins à bosser avec toi et à faire des choses avec toi sans forcément chercher du numéraire. Et il y a un truc aussi dont je suis obligé de te parler. Ton duo, le Brian James, Dwayne Wade. toi et Hélène. Parce qu'aujourd'hui, l'une et l'autre, vous avez créé un duo. Même si chacune a sa marque, chacune a son identité, vous êtes un duo maintenant. On vous voit, moi le premier, on voit les stories que vous faites ensemble, on voit comment vous rigolez ensemble, on voit les...

  • Speaker #0

    Il y a quelqu'un qui demande si on s'est fâchés d'ailleurs dernièrement.

  • Speaker #2

    Parce qu'aujourd'hui,

  • Speaker #1

    pour moi... Elle fait aussi partie de ton histoire. Vous avez créé une amitié. Vous avez créé une relation. D'ailleurs, ensemble, tous les trois, on a créé quelque chose.

  • Speaker #0

    Mais les gens ne savent pas.

  • Speaker #1

    Les gens ne savent pas, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est grâce à Olivier qu'on a ouvert Arkham.

  • Speaker #2

    C'est Olivier Arkham.

  • Speaker #1

    Mais comment se crée la relation avec Hélène et comment vous arrivez à faire vos événements à travers le monde, à Paris, Montréal, Abidjan ? Comment vous ? cette énergie se crée et comment vous montez ça ?

  • Speaker #0

    Tu sais, ça a semblé très bizarre ce que je vais dire parce qu'on est de deux confessions religieuses différentes.

  • Speaker #1

    Et c'est ça qui est beau, c'est ça qui est beau avec vous deux aussi.

  • Speaker #0

    Mais je pense que c'est une des personnes avec lesquelles je partage le... plus de valeur en moi. Malgré le fait qu'on n'ait pas la même religion. C'est qu'au-delà de ça, c'est la même confiance en Dieu. C'est la même sororité. C'est la même volonté d'aider, de bien faire. C'est la même... Voilà, l'amour des bonnes vibes. C'est encore plus d'humilité que moi. Pour te dire à quel point cette personne est humble, vraiment. Et Hélène, les gens ne savent pas, il y a presque 10 ans, des cas entre elle et moi.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Bah tu vois, je le savais pas. J'en dirais pas du tout.

  • Speaker #0

    On dirait pas.

  • Speaker #1

    On ne va pas demander qui est la plus grande, qui est la plus petite.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas la peine de demander. Non, toi aussi, ce n'est pas à moi.

  • Speaker #1

    Regardez-la.

  • Speaker #0

    Justement, les gens penseraient que c'est elle la petite, tellement elle fait jeune là. Et en gros, en fait, on était dans le même concept store. On exposait ensemble à Olympique Club. Et quand elle devait faire une ouverture de sa boutique ou elle lançait une collection, je ne sais plus. Elle m'a invitée. Ensuite, je faisais un lancement de collection, je l'ai invité. Ensuite, on s'est croisés plusieurs fois à la Fashion Week et à chaque fois, on devenait un peu plus copieux. Et puis, je ne sais pas comment ça s'est fait, on a commencé à s'appeler à chaque fois, parce que tu sais, on parle beaucoup de nos galères, de tout ça. Donc à chaque fois, on s'appelait, on parlait de nos galères, etc. Et puis, on nous retrouvait avec les autres designers, mais le courant passait encore plus entre elle et moi. Et ouais, au final, on était tout le temps fourrés ensemble. On a décidé qu'on allait... Non, tonton, Amadou Diouma a appelé de Saint-Louis, donc de ISM, pour me dire qu'il avait ouvert un complexe à Saint-Louis et tout, qu'il y avait une boutique. Et il voulait que ce soit moi qui prenne la boutique et qui vende là-bas. Après, Issaouira. Donc, le forum de Saint-Louis. Donc, j'ai dit OK. Sauf que moi, je n'avais encore jamais ouvert de boutique. J'ai dit à Hélène, tu viens m'aider. C'est comme ça qu'on a ouvert notre premier concept store, qui s'appelait Arte Concept Store, que les gens ne connaissent pas. Donc, il était à Saint-Louis. On partait régulièrement à Saint-Louis, ça nous a encore plus rapprochés. Les voyages, etc. Et ensuite, l'amitié a continué. Et un jour, Olivier nous a appelés. Olivier m'a appelé pour me dire qu'il y avait un local qui serait intéressant pour ouvrir une boutique en plein centre-ville. Je dis, OK, on va venir regarder. On est venus, j'étais avec Hélène, et elle est tombée amoureuse de l'espace. Elle a commencé à gêner les photos où elle dansait comme ça. Elle dansait comme ça, elle faisait ça, elle faisait plein de choses. Elle a dit, Fatima, on prend tout de suite. Donc comme ça, on a décidé d'ouvrir ensemble le concept store. La même chose avec l'ouverture du nouveau hôtel. C'est Khalil qui nous a dit, le nouveau hôtel, l'où la boutique ? La personne qui était là est partie. Elle m'a dit, on prend. Je lui ai dit, on a ouvert Arka il y a six mois.

  • Speaker #2

    Tu me dis,

  • Speaker #0

    tu prends une autre boutique. Je ne prends pas. Elle me dit, on prend. Fatima, ça va bien se passer. En plein Covid. Deux minutes. Elle me dit, on ouvre. On est partis visiter, j'ai dit ok on ouvre ! Donc comme ça, je pense que la deuxième boutique, on a ouvert en deux semaines. Et j'avais le Covid d'ailleurs, mon test est sorti négatif le jour de l'ouverture de la boutique. Donc chaque fois qu'on partait en voyage, c'est la première personne à m'avoir influencé à partir à Abidjan, parce qu'elle a déjà vécu à Abidjan, elle avait déjà de la clientèle. On envoyait souvent, elle m'a dit viens on y va. Khadig Nian partait faire un événement, une masterclass, on est toutes parties avec elle. Et depuis lors, on n'a pas quitté Abidjan, donc on retourne à chaque fois. C'est elle qui m'a poussée encore à ouvrir une boutique à Abidjan. C'est quelqu'un qui est derrière moi, qui me pousse à chaque fois. On se pousse mutuellement, j'imagine.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça que je voulais mettre en lumière cette relation, parce que moi, je trouve que ça, c'est beau. Parce que vous êtes dans un domaine où vous pourriez être en concurrence, tu vois, où beaucoup de gens se seraient vus en concurrent. Et vous, au lieu de vous voir en concurrente, vous vous épaulez, vous vous aidez. Vous vous mettez en avant l'une l'autre. Vous créez des choses ensemble. Et c'est pour ça que pour moi, je trouve que c'est important parce qu'on a plus l'habitude de voir des entrepreneurs qui se font des coups bas, qui se déchirent et autres, que de voir des entrepreneurs qui sont surtout dans le même domaine construire des choses ensemble. Alors que c'est ce qui devrait être, pour moi, je pense, naturel.

  • Speaker #0

    C'est la concurrence.

  • Speaker #1

    C'est ça, tu vois, qu'on s'entraide, qu'on se pousse. Parce que, comme tu as dit, Si elle n'était pas là, peut-être que tu as plein de boutiques que tu n'aurais pas ouvertes. Parce qu'elle a te mis ce coup de pied, tu vois, pour te booster. Copine,

  • Speaker #0

    tu as peur. Mais c'est Dieu qui gère, tu as peur de quoi ? C'est comme ça que tu ne peux pas. Non, vas-y, fais. Tu fais tout le temps comme ça. Et franchement, moi, je sais que, par exemple, c'est la même chose. Moi, j'étais là genre en mode, parce que moi, je suis très branding, etc. Copine, il faut qu'on change ton logo. Il faut qu'on fasse ça. En fait, à la limite, je prenais des décisions dans ce qu'elle faisait. C'était réciproque. Par exemple, l'ouverture de ma boutique, c'est elle qui est venue me dire C'est quoi ton merchandising là ? Elle a tout changé, elle a tout chamboulé. Mettez ça là, faites ça là. Quand tu viens et que tu la trouves, tu vas penser Elle n'a pas trouvé sa sofa, tout. Et j'ai le même comportement quand je suis chez elle. Et franchement, c'est ce qui nous a poussés, je pense, toutes les deux, parce qu'on faisait les choses ensemble. Donc, c'était la communauté de l'une qui rejoignait la communauté de l'autre. Partout où je vais, on me dit Pourquoi tu n'es pas venue avec elle ? Partout où elle va, on lui dit Ouais, Fatima. Et donc au final, en fait, c'est vraiment ça. Elle, elle me dit qu'avant, les gens ne la connaissaient pas, elle. on connaissait sa marque mais c'est à cause de moi que sa tête est plus sous le réseau social et on se montrait naturellement en rigolant et souvent quand on se parle elle me dit copine on va pas changer avoir des images de femmes entreprenantes c'est ça que les gens aiment viens on est nourris oui

  • Speaker #1

    effectivement c'est ça que les gens aiment les gens aiment vous voir vous taquiner rigoler après c'est moi qui reviens me dire

  • Speaker #0

    les gens ne nous prennent pas au sérieux. Moi, j'ai fini de faire le pitre sur le sujet. C'est ça que tu me dis demain, tu reviens. Je ne me fatigue pas. Et chaque fois qu'on s'appelle, mon mari sait que j'en ai au moins pour deux heures. Là, par exemple, elle est partie, elle fait le tour du monde. Tout le monde demande. Arrête de me demander. Elle est depuis des mois. Donc là, elle revient, je pense, bientôt, Inch'Allah. Mais voilà, c'est cette énergie positive et toutes les personnes qui la connaissent vont te dire la même chose. Elle est comme ça, naturellement. elle aime donner, elle donne d'elle-même elle partage, elle va toujours pousser les gens à mieux faire donc c'est vraiment une personne magnifique une personne très pieuse et en fait pour moi au fond c'est ça c'est qu'aujourd'hui si tu as une personne et vous partagez les mêmes valeurs, tu sais que jamais la personne ne va faire quelque chose pour te faire du tort parce qu'avant même sa relation avec toi, elle pense à sa relation avec toi Des choses que jamais elle ne fera. Il y a des choses, je sais direct que même si je les vois, ce n'est pas elle. Quelque chose d'autre qui s'est passé, etc. Il y a une explication. Mais je sais que ce n'est pas elle de son propre gré qui a décidé de faire du temps. Et j'ai eu une très belle relation avec les filles de Imara, par exemple. C'est des personnes avec qui on a fait plein de choses. On a fait des voyages, etc. Et pour moi, c'est toujours ces énergies positives qui se créent là. Calista, qui nous met dans tous ses projets systématiquement. Khadinyan de Red Lips. On est tout le temps fournis ensemble. Quand elle fait un projet, avant même de nous parler du projet, par exemple, son événement là. elle vous met en direct le logo taguée elle me moque elle se moque tu vois elle sait que je vais venir je fais un événement je sais que je vais pas aller chercher et que forcément elle sera là avec son équipe et donc c'est quelque chose qui nous pousse toutes à aller de l'avant plus facilement parce qu'on fait les choses ensemble donc elles sont moins dures elles sont plus fun ma tournée aux Etats-Unis Canada avec Imara mais c'était des fourrées à ne plus finir mon fils il l'appelle Babachou parce qu'on était tout le temps avec lui partout il avait un hôteur qui allait le prendre avec moi Donc, il a fait toutes les villes. Maintenant, il dit, je pensais que c'était un Américain,

  • Speaker #2

    mais regarde-le.

  • Speaker #0

    Il a un wall of bien sec. Son premier anniversaire, on était là-bas. Donc, c'est vraiment des souvenirs de vie qui se créent avec ces personnes-là. Femme de Lilin.

  • Speaker #1

    Après, je suis obligé de te parler aussi d'un sujet qui va avec votre domaine, parce qu'on a eu à en parler, toi et moi. Tu as eu un tel impact dans tes créations qu'il y a eu beaucoup de copies. Comment tu vis la copie aujourd'hui ? Aujourd'hui, tu as grandi, tu as mûri. Donc, je pense que tu t'es rodé, entre guillemets, on va dire. J'ai guéri. Tu as guéri. Mais au début, j'imagine, la première fois, comment tu le... Ça pique. Oui, ça pique.

  • Speaker #0

    Olivier, ça pique de fou. Imagine, on te fait ton colis partout et complètement moins cher.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Tu vois, ça pique.

  • Speaker #1

    Mais il faut que des jeunes entrepreneurs ou des personnes qui nous regardent aujourd'hui, qui se lancent ou qui se lanceront plus tard peut-être dans ce domaine-là, quel conseil tu pourrais leur donner par rapport à si demain, vous voyez qu'on vous copie ?

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sûre que ce serait le bon conseil. Parce que moi, personnellement,

  • Speaker #1

    là... Vous les tuez, vous les butez. Ce n'est pas le bon conseil.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas le bon conseil dans le sens où moi, j'aurais pu se dire, continue ton chemin. Parce que... Tu sais, il y a ce beau hadith du prophète, où il est avec, je ne veux pas dire n'importe quoi, mais un des sahabas qui l'a éduqué, et il lui dit, si le monde entier se liguait pour te donner quelque chose que Dieu ne t'a pas destiné, tu ne l'auras pas. Si le monde entier se liguait pour interdire ou prohibiter, je ne sais pas comment expliquer, bloquer quelque chose que Dieu t'a destiné, il n'y arriverait pas également, tu l'auras. Et donc c'est vraiment, aujourd'hui j'ai une telle foi en... La vérité est que tout ce qui est mon risque me parviendra. En Wolof, on dit souvent Satyar kamtila C'est-à-dire que voler, c'est juste être pressé. Mais ce que tu voles, ça t'était déjà destiné et tu l'aurais eu d'une meilleure manière si tu avais juste été patient. Et donc, moi, j'ai tardé vraiment à avoir cette maturité-là. Oui,

  • Speaker #1

    à avoir du recul, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et savoir qu'en fin de compte, ce sont des gens qui sont en train de me faire du tort, mais au final, ils se font encore plus de tort à eux-mêmes. Aujourd'hui, c'est des gens qui ne vont pas avoir de légitimité devant les gens. Bien sûr, il y a des gens qui ne sauront pas qu'ils ont copié parce qu'ils ne me connaissaient pas. Mais aujourd'hui, c'est des gens que d'autres personnes ne vont jamais prendre au sérieux parce qu'ils font. C'est des gens qui, eux-mêmes, en faisant ça, en fait... Moi, j'ai tellement peur de l'argent qui n'est pas... Comment on dit là-haut ? C'est pas légal, mais en fait, dûment acquis. Et pour moi, être vraiment de Godfrey, c'est vraiment ne pas avoir froid aux yeux que d'oser manger cet argent. Donc aujourd'hui, moi, je vois les choses différemment. Mais ça également, ça m'a poussé à une inertie, à une inaction vis-à-vis de ça. Et ça, je ne suis pas sûre que ce soit la bonne posture à avoir. Parce que ce que j'ai fait, le fait que je n'ai pas réagi, le fait que je n'ai jamais porté plainte, surtout contre certaines marques qui sont très en vue maintenant aujourd'hui, qui sont venues dans les mêmes séries que moi, qui habillent les mêmes personnalités que moi, etc. qui continuent dans la copie, qui copient nos palettes de couleurs, les designs, les motifs, mais vraiment tout, les coupes,

  • Speaker #1

    tout. Mais est-ce que tu peux protéger ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    C'est protégé. Donc déjà, ils sont protégés au niveau de l'OAPI. Mais après, il faut intenter des actions en justice.

  • Speaker #1

    Et ça te demande du temps, de l'argent ?

  • Speaker #0

    Ça te demande de l'énergie. Et surtout, ça te donne une réputation, parce que le Sénégalais voit très mal le fait d'aller intenter une action en justice contre quelqu'un d'autre. Parce qu'on aime tellement la liberté qu'on se dit que...... en priver quelqu'un d'autre, c'est vraiment très mauvais. Tu vois ? Et ce que je réalise, en fait, c'est que... Ce truc-là, la peur qu'on nous dise, elle est revancharde, elle n'est pas aussi positive qu'on pensait. Au final, elle avait une image de quelqu'un de gentil, etc. Mais elle est comme tout le monde, c'est pour des gains. Et surtout que ce soit pour des gains financiers que je fasse ça.

  • Speaker #1

    Alors, où je ne suis pas d'accord avec toi sur ça, c'est que ce n'est pas pour du gain. Parce que pour moi, c'est plus pour le combat de tu ne le fais pas que pour toi, tu le fais aussi pour les futurs designers. qui vont arriver et si les gens voient que tu peux plus copier sans que personne te dise quelque chose, finalement tu vas changer les mentalités. Après tu vois c'est facile de parler quand on est assis comme ça et que t'as pas de l'argent à mettre, que t'as pas du temps à mettre sur ça et tout. Mais c'est pour moi aussi quand même important d'intenter des actions et de montrer que ces gens copient. C'est que finalement... T'as travaillé, t'as mis du temps, t'as mis de l'énergie. Tu as fait des efforts que ces gens n'ont pas faits. Ils viennent prendre et personne ne leur dit rien. Personne ne leur tape sur les doigts. Donc, tu vois, ils vont faire sûrement à d'autres personnes, à d'autres personnes. Mais bon, c'est un autre débat. Mais je voulais surtout savoir, c'est ça, comment toi aujourd'hui, quand tu vois ça, tu te dis, bon, OK, moi, je continue d'avancer. Copier ce que j'ai fait moi l'année dernière. Moi, je suis déjà dans la prochaine collection et dans la collection de dans-dedans.

  • Speaker #0

    C'est exactement comme ça que je fais maintenant. Et je pense qu'à une époque, j'avais même dit à Mamital, viens, on crée une page et on dénonce tous les gens qui font de la copie, tu vois. Mais après, je me suis dit, en fait, ça, on ne vaut pas le coup. Ça va me prendre trop d'énergie pour rien.

  • Speaker #1

    Ressent dans l'énergie positive.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pour ça que je dis que je ne suis pas sûre que je donnerai le bon conseil à ces gens. Parce que moi, ce que j'ai fait, c'est ne rien faire. Je ne suis pas sûre que ça a été la bonne chose à faire. Peut-être que si j'avais réagi à la première, deuxième collection où on m'a fait ça, parce que c'était vraiment des choses très flagrantes. où tout le monde venait me dire mais tu as vu, tu as vu, tu as vu peut-être que ça n'aurait pas continué autant. Et comme tu dis, j'ai un rôle également vis-à-vis des gens, et j'aurais pu exercer ce rôle-là pour dissuader d'autres personnes de le faire. Je ne l'ai pas fait, c'est un choix qui était assez égoïste, parce que franchement, c'était un choix de choisir ma paix et de prioriser ma paix.

  • Speaker #1

    Je ne pense pas que c'est égoïste. En fait, où je suis dans une dualité, dans ce que je te dis, c'est qu'effectivement, il y a la partie de moi qui dit Tu devrais le faire pour surtout, même pas que pour toi, mais pour les gens qui arrivent derrière. Mais il y a là aussi l'autre partie de moi qui dit, je suis d'accord avec toi. Moi, j'aurais fait pareil. Parce que finalement, tu vas mettre du temps, tu vas mettre de la mauvaise énergie dans ça, que tu aurais pu mettre sur autre chose, créer déjà toi la suite, que eux n'auront pas pensé. Parce qu'à la fin de la journée, tu as toujours un, deux, trois collections d'avance sur eux. Parce qu'eux, ils sont occupés à copier ce que toi, tu viens de sortir. Mais toi, c'est déjà sorti. Toi, tu es déjà sur la suite. Donc, je comprends aussi. Ce côté de toi qui dit, je ne vais pas mettre mon énergie sur ça. Viens, je mets mon énergie sur le positif et je continue d'avancer.

  • Speaker #0

    J'ai préféré en rire qu'en pleurer au final. Je disais que moi, j'ai plein d'employés. J'ai les miens, ceux de un tel, ça de un tel. Tous, ils bossent avec ma tête. Donc, c'est tous mes employés. Donc, je préférais voir les choses différemment et dire que voilà, tous, ils vivent avec la baraka de ce que nous, nous faisons. Mais oui, ça a piqué. Et jusqu'à présent, des fois, je vois des choses, je me dis, mais attends. cette personne en particulier.

  • Speaker #1

    Tu es toujours en avance. Tu es toujours en avance, c'est ça qu'il faut se dire.

  • Speaker #0

    Ça fait mal.

  • Speaker #1

    Ça fait mal, tu es toujours en avance.

  • Speaker #0

    Ram Doulila, tu te dis en fait, quoi qu'on dise d'ici, je ne sais pas moi,

  • Speaker #1

    20 ans. Lui, 8 ans, on les copie.

  • Speaker #0

    D'ici quelques années, ce ne sera plus Valoven, on sera tous ailleurs en train de faire autre chose. Exact. J'espère que la marque, elle va perdurer et me survivre, mais elle devra faire face à plusieurs situations comme ça s'il continue. Donc, à un moment donné, je me suis dit, écoute, tu ne gâches plus d'énergie dans ça. Je continue d'avancer et surtout aujourd'hui, on ne cherche plus juste à faire des vêtements à pleine. Ce qu'on cherche à faire, c'est à créer de l'impact, c'est changer des vies, c'est accompagner des gens à réaliser leurs rêves. C'est que ces personnes-là qui aujourd'hui sont démotivées, veulent quitter ce pays-là et une raison de rester. Donc, je ne suis plus au même, je ne suis plus dans le même état d'esprit du tout, de je veux me faire connaître. Et c'est dire en fait, rien que ce début d'année. Voir la fin d'année de passé jeudi, on avait intenté, on avait commencé une consultance en marketing. Et quand je réalise en fait le chemin qui a été parcouru et comment ma vision a complètement changé depuis, parce que vraiment l'objectif c'était d'avoir une bonne RP, d'être dans les grands magazines, Vogue, etc. Côté mode. Et en fait, en l'espace de quelques mois, mon objectif a changé. Ce que je veux aujourd'hui, ce n'est pas me faire connaître. par des magazines qui veulent me faire entrer dans des codes qui ne sont pas les miens. Ce que je veux aujourd'hui, c'est qu'une fois que je ne serai plus de ce monde,

  • Speaker #1

    ça perdure.

  • Speaker #0

    Qu'on ait impacté l'Afrique, qu'on ait impacté le Sénégal, qu'on ait changé des vies et qu'on retrouve beaucoup de choses de l'autre côté, dans le bon compte bancaire.

  • Speaker #1

    Amen, amen, amen. Et aujourd'hui, l'équipe SofaTou, c'est combien de personnes ?

  • Speaker #0

    32.

  • Speaker #1

    32 personnes. Qui aujourd'hui sont impactées directement par tout ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Chaque fin de mois, qui m'impacte aussi beaucoup.

  • Speaker #1

    Et donc, on est obligé...

  • Speaker #0

    Parce que c'est le 10 du mois. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Mais justement, on est obligé d'arriver à cette partie-là, c'est ça ? Tu dis qu'actuellement... Parce qu'on s'était vus il y a... Si je ne dis pas de bêtises, un an. et tu me disais que tu étais en train de, je ne sais pas si je peux le dire, de réfléchir à peut-être grandir, et donc chercher des investisseurs pour entrer dans le capital. Donc tu as déjà une projection, toi, à plus long terme de ce que tu veux faire. On est effectivement dans une période actuellement où le pays est en transition et en train de bouger. C'est quoi la réalité d'un entreprise ? Parce que tu vois, moi, nous n'avons pas d'employés. avec Arel. Donc moi, je comprends, je ne connais pas cette réalité. C'est quoi la réalité ? C'est quoi le positif ? Mais en même temps, le stress de devoir avoir autant de monde qui dépendent de ce business que tu as créé. Que les gens comprennent ce que tu vis au quotidien. Parce que il s'arrête, tu sais, à l'image de Sopha, tout ce que tu nous montres sur les réseaux, mais on n'imagine pas toute la réalité qu'il y a derrière.

  • Speaker #0

    C'est énorme, Khadija.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est sûr.

  • Speaker #0

    C'est un stress. En fait, dernièrement, ce que je me demande, c'est ce que serait ma vie sans ce stress-là.

  • Speaker #2

    Non, je te jure.

  • Speaker #0

    L'autre jour, j'ai appelé ma cousine, Khadija. Donc, c'est elle qui est censée être notre directrice commerciale, mais qui ne veut pas lâcher le WhatsApp. Donc, quand vous nous écrivez sur WhatsApp, c'est elle qui répond.

  • Speaker #1

    Bonjour, Khadija. Bonjour,

  • Speaker #0

    Khadija. Et je lui disais, mais tu t'imagines, en fait, comment on serait tranquille si on se réveillait et il n'y avait pas à s'ouvrir. et qu'on n'avait pas les salaires à gérer et que toi, tu n'avais pas de clients mécontents et qu'à l'atelier, ils n'avaient pas foiré la commande d'un client. Olivier, la semaine passée, je te jure, j'étais au bord du coufre, je te jure, émotionnellement, ça n'allait pas. Une cliente, ils ont refait trois fois sa tenue. On voyait trois fois sa tenue à Paris. Les trois fois, la tenue n'allait pas. Olivier, tu imagines. Et maintenant, malgré toutes les bêtises là, malgré le fait que tu viens, tu trouves... plein de choses qui sont gâtées, de l'argent qui est gaspillé, etc. Toi, à la fin du mois, tu dois payer le salaire des gens. Donc, tu te prives. Il y a eu des mois où c'était tellement difficile que j'ai dû emprunter de l'argent ou prendre une tontine que j'avais, etc. Et pour pouvoir payer les salaires. Et en fait, c'est difficile de savoir que qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente. Toi, tu es obligé de te démerder pour que les gens-là aient le reste. Que tu aies vendu ou pas. Que les gens aient bien fait leur travail ou pas. Il faut. Et aujourd'hui, en fait, je pense qu'on a tellement grandi dans l'affectif et bâti cette marque dans l'affectif qu'il y a des gens, on sait que c'est des boulets, mais on ne peut pas s'en séparer parce qu'on sait que le gars,

  • Speaker #1

    tu le vire,

  • Speaker #0

    le gars vit dans ton atelier. Tu le vire, il fait comment ? Et tu sais qu'avec le travail, la qualité du travail qu'il fournit aujourd'hui, partout où il va, c'est un problème.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que tu penses que tu peux être dans ce domaine-là et être dans l'affectif ?

  • Speaker #0

    Je pense que je ne peux plus grandir comme ça. Là, on a atteint un plafond de verre, on ne peut plus. Tu ne peux plus continuer à fonctionner de cette façon, tu ne peux plus faire de l'argent de cette façon. Là, aujourd'hui, en fait, ce n'est pas qu'on ne vend pas, mais tout ce qu'on vend, on le dépense. Et donc, tu réalises qu'au final, même si tu faisais un milliard de chiffres et que tu as dépensé les un milliard, à force de vouloir aider les gens, tu te retrouves dans la même situation. Toi-même, tu deviens un cas social. Toi-même. Je regarde mon pouvoir d'achat d'il y a quelques années et mon pouvoir d'achat aujourd'hui. Moi-même, je regarde dans la boutique des vêtements. Avant, je prenais, j'achetais pour offrir aux gens. Maintenant, je dis, c'est mon patrimoine.

  • Speaker #2

    J'offre à qui je veux.

  • Speaker #0

    Moi,

  • Speaker #2

    je ne paye pas.

  • Speaker #0

    Comme vous ne me donnez pas d'argent, donnez-moi les vêtements. Non, quand j'ai eu mon bébé, je suis venue avec ma valise. J'ai dit, mettez dedans, je vais porter. Vous ne me payez plus d'argent, payez-moi des vêtements. C'est-à-dire, en fait, que c'est un impact très dur psychologiquement. Les gens sont en train de dormir, toi tu penses à où est-ce que tu vas prendre de l'argent pour payer parce que c'est une masse salariale qui a explosé. Ah oui. Ouère, ouère, d'un mois à l'autre, tu as l'impression que c'est 15 jours. Et à la vidéo de Louis de Finesse là où il dit mais c'est encore la fin du mois, encore. Et chaque fois je me dis mais ouère,

  • Speaker #1

    je comprends pas. Ça va vite.

  • Speaker #0

    Ça va très vite, c'est très stressant, c'est très frustrant parce que tu n'as pas toujours ce que tu veux et qui fait que ce soit légitime pour toi de payer ce que tu es en train de payer. Mais bien sûr, à chaque fois que tu vas te poser et te dire, et surtout c'est difficile de gérer parce que nous, par exemple, on entend des avances sur le salaire parce qu'on sait que c'est difficile. Et des fois, en fait, c'est comme si ces personnes pensaient que c'est un dû. On vient te dire, oui, j'ai besoin d'argent, d'avance sur le salaire parce que j'ai telle situation. Et tu dis, les caisses sont vides. Et tu dis, oui, mais moi, j'ai besoin d'argent. Oui, mais les caisses sont vides. Qu'est-ce qu'on fait ? Je me vends, je te donne, mais je fais quoi ? Je prends rien, je te donne, je ne comprends pas. Et en fait, au bout d'un moment, tu commences à être démotivé parce que tu te dis, est-ce que ça le vaut vraiment ? Après Khadija, l'autre jour, elle m'a envoyé plein de captures de clients très contents. Exactement. Tu vois, c'est pour ça qu'on fait ça aussi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Parce que c'est pas que tu vois... Ou bien un autre jour, qui vient nous dire, il y a un tel qui avait telle situation, sa maman était malade, elle a pu payer avec la raison de sa tontine, etc. Ça fait ça.

  • Speaker #1

    Oui, après ça, c'est l'entrepreneuriat. C'est des hauts, des bas, des moyens...

  • Speaker #0

    Des très bas.

  • Speaker #1

    Des très bas et des très hauts, exactement. Et de toute façon, c'est ça. Je pense aussi que de toute façon, comme tu le disais tout à l'heure, de par ton caractère, de par ta nature, être dans un emploi où tu aurais une routine, ça te fatiguerait, Fatima.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas à faire mon...

  • Speaker #1

    Comme tu as dit, tu as besoin de cette... Tu l'as dit toi-même, tu as besoin de... C'est maintenant, l'adrénaline de maintenant, tu as besoin de ça. Et être finalement, faire du 9 à 5... et avoir ton salaire ?

  • Speaker #0

    Non, je ne peux pas. Mais mon mari, par exemple, peut avoir beaucoup d'argent et je fais ce que je veux.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une option aussi, effectivement.

  • Speaker #0

    Donc, il n'a qu'à bosser. Il faut dire qu'il bosse plus dur. Oui, mais même ça, je sais que je m'ennuierais. J'aime ce que je fais, mais c'est juste qu'il y a des moments où c'est plus dur que d'autres.

  • Speaker #1

    Ah oui,

  • Speaker #0

    c'est sûr. Parce que tant que tu n'as pas ce stress-là de à la fin du mois, je paye comment ? Franchement, advienne que pourra. Moi, tant que je ne suis pas stressée par comment je fais pour payer les salaires, I'm good. Je n'ai pas besoin d'avoir plein d'argent.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    I'm not even using it.

  • Speaker #1

    Tu veux juste savoir que ces gens qui comptent sur moi, Je ne veux pas les décevoir.

  • Speaker #0

    Mais là, j'ai décidé que ce mois-ci, parce que ça ne vend pas, je vais venir leur dire, voilà les amis, on n'a pas vendu moitié salaire pour ce mois.

  • Speaker #2

    Juste une fois. Tout le monde comprend.

  • Speaker #1

    Ça, parce qu'effectivement, c'est facile d'être de l'autre côté, d'attendre son salaire et de ne pas comprendre les réalités.

  • Speaker #0

    Ce mois-ci, j'ai fait plein de trucs. Là, par exemple, je leur ai dit, je m'en moque. Tous ces frais supplémentaires de envoyer au pressing parce que vous avez tâché. Ensuite, renvoyer à la boutique pour emballer, renvoyer chez le client, repayer le CP pour repartir.

  • Speaker #1

    Les petits, les petits, les petits, les petits, là, ça fait beaucoup.

  • Speaker #0

    C'est les petits, là. J'ai dit, maintenant, on coupe. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr.

  • Speaker #0

    Si tu as des responsabilités,

  • Speaker #1

    tu enlèves ça. Exactement.

  • Speaker #0

    Je sais que c'est fin du mois, mais ça va diminuer un peu. Non, j'espère surtout que ça va les pousser à mieux faire. Je sens qu'il y a eu un relâchement. Général. C'est peut-être dû à la crise, c'est dû à beaucoup de choses. Tu sais, les gens vivent des situations difficiles chez eux. Et surtout, on n'était pas très regardant sur beaucoup de choses. Parce que comme je te dis, on a vraiment bâti le truc dans l'affectif. Mais je sais que quand ils vont voir une tête tomber, deux,

  • Speaker #1

    après on va voir. Ça recadre.

  • Speaker #0

    C'est juste qu'il faut que je trouve en moi le courage de faire ça. C'est pour ça que ma soeur me dit tout le temps il faut que ce soit plus toi qui dois faire ces décisions.

  • Speaker #1

    Oui. Parce que tu ne vas pas le faire. Aujourd'hui, tu as assez grandi, assez mûri. pour toi, t'occuper de d'autres étapes qui sont trouver le financement, faire grandir la marque et tout et que le day-to-day, le côté RH et tout, tu le sais que t'as un trop bon cœur. Donc, tu le sais que tu dois t'éloigner de connaître les gens et d'être dans l'intérêt.

  • Speaker #0

    Je suis dans toutes les sauces. Je veux venir trouver quelque chose, je ne dois pas parler de l'ingénieur.

  • Speaker #2

    Pourquoi c'est comme ça ?

  • Speaker #0

    Comme tu dis, c'est difficile de déléguer. Je suis pas tranquille. C'est toi, tu as ta vision des choses. Et mon problème, c'est que moi, j'ai beaucoup fait du micromanagement. Et en fait, je peux m'asseoir, venir voir des fils qui pendent sur un truc. Je vais m'asseoir, aller récupérer les ciseaux et couper. Alors que tu as plein de personnes qui auraient pu faire ça pour toi. Un poste, je vais dire non, la police où vous avez placé ça, etc. Ça ne nous ressemble pas. Et je vais dire non, je rentre dans Canva, je fais moi. Donc, c'est plein de petites choses comme ça qui te retardent alors que tu aurais plus de valeur ajoutée à faire d'autres tâches. Et c'est vraiment ça que je dois apprendre. Je ne vais pas dire que je suis en train d'apprendre, ils vont me dire c'est pas vrai. Mais oui, début d'année, on a fait un très beau team building. On a, tu vois, on a essayé de vraiment... plus se faire confiance, etc. Mais franchement, cette année, comme je te dis, j'avais levé le pied, je m'étais fait mon planning tranquille, c'est matinée à l'école. Ensuite, quand je finis, je passais des fois rapidement, mais je pouvais rester genre des semaines sans passer. Et parce que je pensais vraiment que les choses étaient bien en place, etc. Mais bon, je réalise après coup que les process sont pas huilés, il y a des process qui n'existent même pas. Par exemple, je réalise qu'on n'avait pas de process de décaissement. Chacun vient dire à la comptable, j'ai besoin de temps parce qu'on doit faire ça.

  • Speaker #1

    et elle envoie l'argent je suis venue il y a un mois j'ai dit même livraison maintenant vous me demandez c'est ça il faut structurer tout il faut organiser tout ça doit être un vrai challenge au quotidien on a pris plein de consultances pour ça un

  • Speaker #0

    autre consultant sur la stratégie du développement aussi sur la restructuration et alhamdoulilah on espère que ça va être un bon résultat et aujourd'hui

  • Speaker #1

    Toi, sauf à tout, si c'est quelque chose dont tu peux parler, tu vois ça où dans 5 ans, 10 ans ?

  • Speaker #0

    5 ans ou 10 ans ?

  • Speaker #1

    Allez, 5 ans. Comme ça, je peux te réinviter dans 5 ans dans le fauteuil pour que tu me dises. Tu peux me réinviter dans 10 ans. Oui, Inch'Allah.

  • Speaker #0

    Je sais que ça va être un énorme plateau.

  • Speaker #1

    Amine.

  • Speaker #0

    À la Jimmy Fallon, tout ça.

  • Speaker #1

    Comme moi, je peux dire que je sais que dans 10 ans, ton emploi du temps sera trop bouqué. Donc, pour t'avoir, tu vois.

  • Speaker #0

    Dans 5 ans, je pense que je vois un acteur important du développement local, du développement de l'industrie culturelle, créative sénégalaise et africaine de manière générale. Je vois une marque qui impacte beaucoup de vies. J'espère qu'on aura dépassé la centaine d'employés. J'espère qu'on aura également réussi à... Ce cap-là...

  • Speaker #1

    Tu as centaines d'employés, tu veux gérer encore...

  • Speaker #0

    C'est pas moi qui vais gérer !

  • Speaker #1

    Non, toi aussi !

  • Speaker #0

    Dans cinq ans ! Là, je te parle de Sofatou, mais moi, je me vois loin là-bas. Medine a appelé des fois pour dire comment ça se passe.

  • Speaker #1

    Je suis fatiguée !

  • Speaker #0

    Je vois une marque qui aura réussi à dépasser vraiment ce cap-là de la structuration, mais surtout du passage à l'échelle. Parce que c'est là-bas que beaucoup d'entreprises malheureusement échouent. Elles vont grandir à une grande vitesse de croissance et puis arriver à ce niveau-là.

  • Speaker #1

    À un palier. Oui,

  • Speaker #0

    et ça bloque. Donc on espère vraiment qu'on va réussir ce passage à l'échelle, conquérir encore plus de cœurs, générer encore plus d'impact socialement au Sénégal, mais aussi un peu partout et surtout être implanté dans plusieurs autres villes d'Afrique. Là, on est juste à Dakar et à Abidjan. où on a nos propres boutiques. On est représenté dans plein d'autres pays. On peut continuer sur la représentation, mais je pense que ce serait pas mal d'avoir d'autres boutiques dans les trois, quatre villes.

  • Speaker #1

    D'accord. Inch'Allah. C'est tout ce qu'on te souhaite. C'est tout ce qu'on te souhaite.

  • Speaker #0

    Ah, et ouvrir à Paris. Je sais, les gens de Paris, ça fait des années que vous me souhaitez ça. Inch'Allah. Ah oui ?

  • Speaker #1

    Parce que ça reste quand même, j'imagine, une grosse part de ta clientèle. C'est notre première destination. Ah ouais.

  • Speaker #0

    C'est la première ville que l'on explique.

  • Speaker #1

    Wow. Incroyable. Incroyable. Et avant de finir cette discussion, pour moi, c'était important aussi de rendre hommage à ta maman. Parce que pour moi, elle représente aussi toutes les valeurs qu'elle t'a inculquées, toute la femme que tu es aujourd'hui. Parce que je vais partager un truc que les gens ne savent pas. C'est que quand Karel est enceinte de Kélina, j'avais mon dos complètement bloqué. J'étais allongé pendant des mois et tout. Et la mère de Fatima, sans me connaître, sans m'avoir rencontré, m'a dit quoi faire, qu'est-ce qu'il fallait faire. Et ça montre toute la grandeur de cœur. Bien expliqué ! Tu vois, moi, je n'ai jamais oublié toute la grandeur de cœur et toute la femme qu'elle était et toutes les valeurs qu'elle t'a inculquées aujourd'hui qui font la femme que tu es. C'est que sans me connaître, juste Fatima lui a dit Ah, j'ai un ami qui a ça Elle a dit Ok, tu dis de faire ça, ci, ça, ça, ça, ça, ça, et ça va aller mieux Et je voulais vraiment lui rendre hommage dans la discussion. parce que ça montre toute la générosité toute la femme incroyable qu'elle était et qui tu es aujourd'hui en tout cas Fatima ça a été un plaisir de discuter avec toi un plaisir qu'on se pose parce que ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vu mais trop merci et puis en tout cas j'espère que tu as pris autant de plaisir que moi ah

  • Speaker #0

    bien sûr déjà moi j'aime parler,

  • Speaker #1

    j'aime encore plus parler avec toi c'est dommage on n'avait pas à manger je ferais mieux la prochaine fois Très mieux la prochaine fois. On se pose, on grignote et tout. En tout cas, ce que je retiendrai de cette discussion, c'est que tu es une femme inspirante. C'est que tu es quelqu'un qui n'a pas peur de faire bouger les choses. Tu vois ? C'est que tu es quelqu'un qui a des valeurs. Tu es quelqu'un qui aime consciemment l'autre, qui aime l'autre, qui aime donner aux autres. Et quand je dis donner, ce n'est pas forcément donner quelque chose de physique. Ça peut être par des conseils, ça peut être par la parole et tout. Et tu es surtout quelqu'un qui représente le Sénégal, qui représente l'Afrique en général, partout où tu vas. Et en tout cas, on te pousse à 10 000 de continuer à faire tout ce que tu fais. Je vous invite, la team incroyable. à aller voir si vous ne savez pas encore ce qu'elle fait ses réseaux allez voir les réseaux de Sofa2 c'est bientôt Noël si vous ne savez pas quoi offrir ou si vous ne savez pas quoi vous acheter prenez une petite tenue Sofa2 vous allez voir vous allez être frais frais comme ça si vous avez des mariages des événements frais la fraîcheur vraiment made in Sénégal made in Africa et voilà en tout cas tout le meilleur à toi merci la team incroyable d'avoir regardé ou d'avoir écouté l'épisode et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode Peace Allow me to reinduce myself, my name is Holt.

  • Speaker #0

    Holt Schultz.

Chapters

  • Introduction et accueil de Fatima Zahra Ba

    00:00

  • Présentation de Fatima et de son parcours

    01:35

  • Enfance et famille de Fatima à Dakar

    02:29

  • L'impact de l'éducation sur son parcours

    03:54

  • Éducation et créativité de Fatima à l'école

    09:48

  • Début de l'aventure entrepreneuriale de Sofatoo

    21:19

  • Lancement de la première collection et premiers succès

    23:25

  • Développement de la marque et défis rencontrés

    44:11

  • Valeurs et impact social de Sofatoo

    52:05

  • Vision future de Fatima et de Sofatoo

    01:29:29

Description

Dans cet épisode captivant du OV Show, Olivier Vullierme accueille Fatima Zahra Ba, une entrepreneuse inspirante qui incarne l'esprit d'innovation et de résilience. Fondatrice de la marque Sofatoo et cofondatrice d'un concept store, Fatima nous plonge dans son parcours de vie exceptionnel. À travers cette conversation enrichissante, elle partage comment sa famille a joué un rôle crucial dans ses choix de vie et ses aspirations professionnelles.


Fatima évoque les défis uniques auxquels elle fait face en tant qu'entrepreneuse dans le secteur dynamique de la mode sénégalaise. La gestion d'équipe, la créativité et l'authenticité sont au cœur de ses préoccupations, et elle nous révèle comment sa marque a su évoluer pour devenir un acteur clé dans l'industrie. Au fil de cet échange, elle aborde des thèmes tels que la pression familiale et la dualité entre tradition et modernité, des sujets qui résonnent particulièrement dans le contexte africain et au sein de la diaspora.


Cet épisode du OV Show n'est pas seulement une discussion sur le business, mais également une véritable source d'inspiration pour tous ceux qui souhaitent entreprendre. Fatima partage ses secrets de réussite, ses motivations et les valeurs qui l'animent au quotidien. Son engagement à donner en retour à la communauté et à rester fidèle à ses principes tout en naviguant dans le monde des affaires est un message puissant pour les entrepreneurs passionnés et ceux qui aspirent à faire une différence.


Ce dialogue riche en émotions et en réflexions offre des histoires captivantes et des leçons précieuses sur la construction d'une carrière. Que vous soyez en Côte d'Ivoire, au Cameroun ou ailleurs en Afrique, cet épisode du OV Show est une invitation à réfléchir sur votre propre parcours et à vous inspirer des expériences d'autres femmes fortes et déterminées.


Ne manquez pas cette occasion d'explorer les réalités de l'entrepreneuriat féminin, de découvrir des parcours de vie exceptionnels et de vous laisser motiver par les récits de ceux qui ont osé changer leur vie. Rejoignez-nous pour une conversation qui célèbre la diversité, l'innovation et la solidarité, et qui vous poussera à envisager votre propre chemin vers le succès. Écoutez le OV Show et laissez-vous inspirer par Fatima Zahra Ba et son message puissant!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allow me to reinduce myself, my name is Soul Soul

  • Speaker #1

    Hello, hello les incroyos, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien. Bienvenue dans un nouvel épisode du Off Show. Bienvenue à tous les nouveaux abonnés sur la page. Bienvenue à tous ceux qui nous écoutent en audio sur toutes les plateformes. Et aujourd'hui, je reçois... une amie, une sœur, une chef d'entreprise. une designer, une maman, je reçois Fatima de Sopatou dans le hall show ! Je me suis sentie comme une star.

  • Speaker #0

    Mais t'es une star, wesh. Ouais, ouais.

  • Speaker #1

    Mais t'es ma star, en tout cas. Moi, t'es ma star. Voilà, voilà. Toi, tu vas trop bien ? Ça va très bien. Tu vas bien ? Oui.

  • Speaker #0

    En forme ? Ça va très bien.

  • Speaker #1

    Bien installée ?

  • Speaker #0

    Très bien installée. On m'a bien traitée. Ça va.

  • Speaker #1

    C'est très beau ce que tu portes.

  • Speaker #0

    Merci. C'est trop beau.

  • Speaker #1

    Je me demande qui a créé ça. Mais bon.

  • Speaker #0

    Je me demande aussi.

  • Speaker #1

    On va en parler. D'ailleurs, regardez. Attendez, je pousse un peu le micro. Voilà, vous avez vu mon polo. Exclusivité mondiale.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Pardon, mon solo. Ce n'est pas un polo, c'est un solo. Merci. Mais bon, on va en parler plus tard. Tu vas bien ?

  • Speaker #0

    Ça va.

  • Speaker #1

    Prête à discuter ? Prête à parler ? Toujours. Prête à nous dévoiler les secrets ?

  • Speaker #0

    Ça, je ne suis pas très sûre.

  • Speaker #1

    Donc, en tout cas, la première question que je pose à tous mes invités, Fatima, quand ils arrivent ici, c'est comment tu te présentes aujourd'hui quand tu rencontres quelqu'un qui ne te connaît pas ?

  • Speaker #0

    La vérité, ça dépend de la personne. Si je vois une maman de deux, je vais dire bonjour, je suis maman de deux enfants.

  • Speaker #1

    Non, tu es dans un milieu professionnel. Tu es dans un milieu professionnel. Comment tu te présentes aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Alors, je me présente généralement comme Fatima Zahraba, une jeune femme sénégalaise, une jeune femme halpoula, à moitié, lébou, à moitié. Pas toujours, ça dépend. C'est une personne très culturelle, mais je continue. Je suis la fondatrice de la marque Sofato. et la cofondatrice d'un concept store qui s'appelle Arka. Je peux m'arrêter là-bas ? Non,

  • Speaker #1

    c'est très bien. C'est très bien. De toute façon, on va rentrer dans le détail, dans le parcours et dans l'histoire, et je pense que les gens apprendront à savoir qui tu es et tout ce que tu fais. Alors moi déjà, Fatima, la première question, c'est tu es née à Dakar ?

  • Speaker #0

    Je suis née et j'ai grandi à Dakar. Née ? Boé Kapsi.

  • Speaker #1

    Boé Kapsi. Tu as une grande famille, beaucoup de frères et sœurs ?

  • Speaker #0

    Alors, on était quatre. Ouais. Moi, ma grande soeur, ma petite soeur et mon petit frère, Benjamin, qui est décédé malheureusement en 2016. D'accord. Le temps passe.

  • Speaker #1

    Oui, le temps passe vite.

  • Speaker #0

    C'est fou. Oui, donc on était quatre. Mais maintenant, c'est moi et mes deux frères, deux soeurs.

  • Speaker #1

    Et c'était comment l'enfance de Fatima ?

  • Speaker #0

    C'était joyeux. J'ai vraiment eu une belle enfance. Je suis née à Liberté 5, là où il y a mon atelier maintenant, chez ma grand-mère. Puis on a déménagé à Liberté 6 Extensions, puis encore à Liberté 6 Extensions. Donc je suis vraiment dans ma zone là. D'accord. Et donc on avait beaucoup de cousins, cousines. On a grandi avec, très souvent chez ma grand-mère, beaucoup de fêtes d'anniversaire, beaucoup de sorties à Gorée, à la plage, etc. C'était vraiment une très belle enfance. Bon, moi j'étais une enfant aussi hyper sensible. Ouais.

  • Speaker #1

    J'en voulais beaucoup.

  • Speaker #0

    Ouais. D'ailleurs on m'appelait Santima. Tu connais la chanson de la chanson de la Gorée. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Deux quarts. Je pense que j'ai été très sensible pendant assez longtemps quand même. Mais oui, mais overall, c'était vraiment une belle enfance. De très, très beaux souvenirs.

  • Speaker #1

    Très beaux souvenirs.

  • Speaker #0

    Et de fort liens aussi.

  • Speaker #1

    Et papa et maman font quoi ?

  • Speaker #0

    Alors, papa est professeur de pensée islamique.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Professeur, chercheur. Docteur en pensée islamique d'ailleurs. Et maman, que Dieu ait son âme, était médecin nutritionniste.

  • Speaker #1

    Oui, très scientifique.

  • Speaker #0

    Oui, plus ou moins. Bon, après,

  • Speaker #1

    scientifique de la pensée et du corps.

  • Speaker #0

    Donc, et surtout papa et maman étaient, sont deux personnes très engagées. Je veux dire des activistes de manière générale, des modernistes un peu, des... C'est quoi le terme ? Des réformistes. Voilà. à engager politiquement, socialement, religieusement, culturellement. Et voilà, ils nous ont transmis beaucoup de ça,

  • Speaker #1

    je pense. Oui, je te pose cette question parce que justement...

  • Speaker #0

    Papa est aussi imam !

  • Speaker #1

    D'ailleurs, petite anecdote, son papa est imam, et Fatima et moi, on a un lien qu'on ne savait pas, jusqu'à ce que je vienne à sa boutique justement, c'est son père. qui nous a mariés, Carèle et moi. Et un jour, je suis à la boutique de Fatima, Carèle est en train d'essayer des habits.

  • Speaker #0

    Et la boutique se trouve à la maison.

  • Speaker #1

    À la maison, exactement. Et je vois un monsieur qui passe, et je regarde, je fais... Mais c'est le monsieur qui nous a mariés ! Et Fatima dit, mais c'est mon père ! Et donc voilà, on était déjà liés, sans le savoir. Et comment c'est justement... Tiens, je me pose cette question en même temps. C'est comment de grandir avec un père ? Parce que déjà, il est déjà dans la... Dans les sciences, déjà, il est imam, est-ce que c'est beaucoup de pression ? Est-ce que finalement tu n'as pas ressenti ?

  • Speaker #0

    Si je parle de la valise ! Le gars là, ça fait pas longtemps qu'il est devenu mon ami !

  • Speaker #1

    Alors que vous vous ressemblez tellement ! Tu trouves ? Je trouve ! La photo que tu as postée de lui récemment, je trouve que vous vous ressemblez tellement !

  • Speaker #0

    Non, c'était pas du gâteau ! C'est pour ça que je pense que les personnes avec lesquelles je serais le plus liée à vie, c'est mes sœurs, parce qu'il y a qu'elles qui savent c'est quoi d'être l'enfant du gars. Mais ce n'était pas facile.

  • Speaker #1

    En fait, quand tu es jeune, j'avoue, ça ne doit pas être simple, parce que comprendre... Tout ce qu'il veut t'inculquer.

  • Speaker #0

    Vous voyez le monde différemment.

  • Speaker #1

    Mais quand tu es grand, je pense que c'est là où tu réalises tout ce qu'il a voulu t'inculquer.

  • Speaker #0

    Et c'est là que tu deviens fan de lui. C'est là qu'aujourd'hui, que toi-même, tu veux mieux pratiquer ta religion, que tu réalises aussi la chance que tu as eu de l'avoir. De quitter inculquer certaines choses très tôt, etc. Par exemple, il y a des doigts que j'essayais d'apprendre très tard. Puis j'ai réalisé, mais ça, je connaissais ça quand j'étais toute petite. ce qu'on dit quand tu manges, quand tu sors. Mais en fait, tellement j'avais arrêté de dire ces choses en grandissant, je réalisais après coup qu'il m'avait appris tout ça, en fait, déjà. Donc, c'était beaucoup de pression. C'était beaucoup d'incompréhension. Parce que justement, lui, il est originaire du Fouta. Il a appris le Coran en entier. C'était un talibé. Ensuite, il est parti. Il a appris tout seul l'arabe. Il est parti en Mauritanie pour faire un cursus en arabe. jusqu'à ce qu'il ait une bourse pour partir étudier. Il a étudié au Liban, puis il a été au Qatar, je pense. Au Koweït, plutôt, c'est là-bas qu'il a eu son doctorat. Donc, tout dans les sciences islamiques. Donc, toute sa vie, en fait, c'est l'islam. Donc, quand nous, on est nés, lui, il était déjà affecté ailleurs. Il travaillait dans les sciences islamiques, bien entendu. Il travaillait dans l'humanitaire islamique.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et il était beaucoup plus rigide qu'il ne l'est aujourd'hui, par contre.

  • Speaker #1

    Il y a des petits enfants, maintenant.

  • Speaker #0

    Il y a des petits enfants. Et même, je pense qu'il a voulu devenir notre ami, ce qui s'est fait, alhamdoulilah. Et en fait, il était vraiment très comme ça. Alors que, donc lui, il est halpoulard, très traditionnel, etc. Ma mère, elle est lébou d'origine. Sa famille, c'est un peu la bourgeoisie de Dakar, un peu. D'accord. Donc, du côté de ma grand-mère, c'était en fait des anniversaires. Je me souviens que quand j'ai mis mon voile, quand j'étais au CEM de ma mère, ma grand-mère m'a dit, You didn't leave Machu c'était la danse du temps, donc tous les anniversaires on me dit Kaifu et Chi.

  • Speaker #1

    Bah alors il faut que tu traduises pour les gens qui parlent pas ou non de ce que tu viens de dire.

  • Speaker #0

    Pourquoi tu mets le voile alors que tu danses tellement bien le Machu ? Donc le Machu à l'époque c'était une chanson de Chonsek, et donc tous les anniversaires on me disait viens danser devant les gens. Et donc pour dire, elle était contre le voile de ma mère etc. Bien entendu après elle a regretté plus tard et elle s'est faite à ça. Et en fait, en plus de la pression du fait que c'était un imam, c'est que mon père et ma mère ils font partie... Ma mère déjà, c'est la première femme avec ses deux amis, les deux tatarijas, à s'être voilée à l'université.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    C'était un temps où être Ibadur Rahman, comme on les appelait, ce n'était pas la mode. Au contraire.

  • Speaker #1

    Ok. On a grandement fait ça. C'est marrant que tu dis ça parce que je n'aurais jamais pensé ça. Je ne me serais jamais pensé que tu aurais pu être jugée au Sénégal.

  • Speaker #0

    Mais moi, je détestais ça. Quand tu me dis que ta famille c'est des Ibadurs, je te dis non. Je me suis disputée pour ça, je me suis chamayé avec des gens pour ça, parce que dans notre tête, il y avait une réelle stigmatisation par rapport à ça, au fait de porter le voile, au fait qu'on partait à la tabasco, à la courrita, on nous forçait à partir à la mosquée. Les nafs, pendant le ramadan, on nous forçait à partir, on était les seules fillettes, on se disait mais pourquoi on est là en fait ? Donc oui, je pense que c'était très choquant au temps, et bien sûr c'était quelque chose qu'on n'aimait pas, c'est quelque chose qui a grandi dans le cœur des Sénégalais, c'est quelque chose qui a changé avec le temps, et il y a beaucoup de choses qui ont été faites pour ça. Mais à l'époque, oui, je pense que c'était beaucoup de pression. Oui,

  • Speaker #1

    mais tu vois, je ne sais pas si un jour ton père le ferait, mais j'aimerais tellement le recevoir dans le podcast pour parler de religion, de tout ça. Je te laisserai la mission et tu lui montreras l'épisode. Bonjour, tonton. Et donc, tu grandis dans cet univers, tu grandis dans cette famille avec plein de beaux souvenirs, de rires, de bonnes ambiances. Et Fatima, à l'école, elle est comment ?

  • Speaker #0

    Déjà, elle ne s'appelait pas Fatima. Je vais raconter ça ici. Plein de choses, plein de personnes qui ne savent pas. Je m'appelle Fatou. Ok. Donc c'est ce qui a amené d'ailleurs le nom de la marque, parce que ma grand-mère... que son père aussi n'a pas appelé Fatima, mais Fatoumada, était déclaré Fatou Sou. D'accord. Donc Sou Fatou, le nom de la mère. Et donc ma grand-mère, ce n'est pas mon père qui m'a déclaré. Parce que comme je te dis, il était tout le temps affecté ailleurs, il n'était pas là. C'est ma tante qui est partie pour me déclarer. Et comme on appelle ma grand-mère Fatou Sou, on a dit Fatoumada, il a dit Fatouba.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Sauf que tout le monde m'appelait Fatima à la maison. Et c'est le jour, bien plus tard, où mes sœurs ont découvert que je m'appelais Fatou, que ma vie est devenue un enfer.

  • Speaker #1

    C'est les sœurs qui ont lancé l'information.

  • Speaker #0

    Fatou Mbindou, Fatou Bobo Diouf, Fatou Bobonne, j'entendais tout. Et j'ai commencé à détester le prénom-là, parce qu'on m'appelait Fatou à l'école, mais toute ma famille m'appelait Fatima, parce que mon père m'appelait Fatima Zahra. Donc Fatima à l'école, ou Fatba à l'école, parce que beaucoup de gens jusqu'à présent, mes amis, m'appellent Fatba. Traite et en l'air, on écrivait tout le temps élève distraite, élève bavarde, mais très souvent première de la classe,

  • Speaker #1

    Alhamdoulilah.

  • Speaker #0

    Donc, j'avoue que j'ai eu beaucoup de chance. Je ne faisais pas forcément beaucoup d'efforts. Et c'est bien plus tard que j'ai réalisé que c'est parce que j'étais ce qu'on appelle neurodivergente et que j'ai été diagnostiquée, etc.

  • Speaker #1

    C'est quoi neurodivergent ?

  • Speaker #0

    C'est juste que ton esprit n'est pas conçu, un peu ton cerveau, comme les cerveaux normaux.

  • Speaker #1

    Comme la moyenne.

  • Speaker #0

    Voilà. Donc, tu as des gens qui, par exemple... Ceux qui sont atteints de... Moi, mon trouble en particulier, c'est ce qu'on appelle ADHD. Oui,

  • Speaker #1

    haut potentiel intellectuel. Non,

  • Speaker #0

    ça c'est autre chose, ça c'est HPI. Et souvent les gens qui ont ADHD, ADHD en français c'est le trouble de l'attention. C'est TDAH en français. Souvent les gens qui sont TDAH sont aussi HPI. Ça arrive. Et c'est juste qu'en fait ton esprit est conçu différemment. Par exemple, tu as ce qu'on appelle le time blindness, c'est que je ne réalise pas en fait. Je n'ai pas la bonne mesure du temps. Ok. Je peux faire quelque chose pendant un très long temps. Je pense que je fais ça depuis 10 minutes, alors que je fais ça depuis 1h30. Donc, oui. Et généralement, c'est des gens qui oublient beaucoup, sont très désorganisés, ont du mal à gérer leur temps. C'est des choses qui m'ont fatiguée toute ma vie, mais qui, par exemple, travaillent très bien dans le stress, sous le stress ou dans l'urgence.

  • Speaker #1

    D'accord. Et on te fait ce diagnostic à quel âge ?

  • Speaker #0

    Il y a des gens qui ne l'ont jamais fait. Moi, par exemple, c'est sur Internet que j'ai commencé à voir les trucs-là, à se dire, mais en fait, je vois la vidéo de quelqu'un qui explique ces situations, et c'est exactement toute une situation. Et donc, finalement, je suis allée voir quelqu'un ici à Dakar, c'est une dame et une libanesse d'ailleurs, et c'est là-bas que j'ai été diagnostiquée. En gros, c'est avec un questionnaire. Tu as des gens qui ne vont jamais être diagnostiqués de leur vie parce que c'est des choses qu'on apprend aujourd'hui. C'est aujourd'hui avec les réseaux sociaux que la science se démocratise un peu. Mais sinon, on va juste dire, ah, elle est juste Apple, elle est juste tes temps d'air. Donc, on m'a toujours catégorisé de Apple, tes temps d'air. Par exemple, mon père me disait, va me ramener un couteau dans la cuisine. Je vais aller dans les toilettes et revenir lui dire, qu'est-ce que tu m'as dit ? Je t'ai dit, ramène-moi un couteau. Je repars dans la cuisine, je prends le couteau, je vais donner ça à ma mère. Donc, c'est vraiment des choses sur des choses. Quand il explique aux gens, quand je rentre dans sa chambre, c'est tellement drôle. Il dit, moi, je rentre, je viens avec des chaussures, je les mets dehors. Je rentre, je prends ses chaussures, je déplace par exemple un médicament, je le laisse dans les toilettes, je prends là-bas une serviette, je jette ça par terre, puis je ressors avec des chaussures de quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Ah ouais, j'avoue qu'en tant que parent, tu regardes ton enfant et tu te dis mais qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    C'est ça, donc on a toujours diagnostiqué comme la folle de la maison. Donc c'est après que tu réalises ça. Mais ça aide apparemment avec les notes, avec pas mal de choses. Mais par contre, je suis pas parkourisée.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Il fallait que j'attende le matin des examens. Tu lis ? Oui, et j'apprends toute la nuit. Et il me faut des systèmes pour... Même le Coran que j'apprends actuellement, tous les jours, je viens, je dis... Ça, c'est la partie où on dit que c'est dans les coupes de gingembre qu'on boit. Je sais, c'est... Mais j'ai oublié les mots.

  • Speaker #1

    Toi, tu as tes trucs mnémotechniques où tu te souviens et...

  • Speaker #0

    J'oublie en fait ce que tu apprends.

  • Speaker #1

    C'est marrant que tu dis ça, parce que pour les gens qui suivent le podcast, ils sauront que je fais beaucoup ce constat avec la plupart des invités que j'ai reçus en ce moment. La plupart de mes invités... Euh... te disent qu'à l'école, ils étaient perdus. Pas perdus dans le sens qu'ils ne comprenaient pas, mais c'est qu'ils ne se reconnaissaient pas dans le système. Et en fait, c'est vrai que c'est maintenant qu'on commence à parler de ces troubles de l'attention, de haut potentiel intellectuel, de toutes ces différentes manières aujourd'hui qu'un enfant a de réfléchir. Mais nous, notre génération, et je ne parle encore pas de ce que ça devait être pour les générations précédentes. Si tu ne rentrais pas dans le moule, on te disait qu'il était bizarre et on te mettait juste sur le côté. Oui,

  • Speaker #0

    tu ne vas pas réussir, tu n'es pas outillé. Et c'est ça le problème, c'est que les gens ne sont pas outillés. Aujourd'hui, c'est comme l'anecdote où on te dit que si tu demandes à un éléphant, si tu juges un éléphant sur sa façon de grimper un arbre, tu vas te dire qu'il est battu toute sa vie. Et c'est exactement ça. Le système déjà n'est pas fait, ce n'est pas un moule dans lequel tout le monde peut rentrer, que ce soit le système scolaire, le système de l'emploi de manière générale. C'est dommage, c'est comme ça que les choses sont faites. Aujourd'hui, c'est bien qu'il y ait, comme tu dis, autant de choses qui vont nous faire savoir que c'est peut-être dû à autre chose. Par exemple, ma nièce, qui est aussi mon homonyme, j'ai dit à sa mère, elle a les mêmes choses que moi. Parce que j'entendais les gens lui dire les mêmes choses qu'on me disait. Tu n'écoutes jamais, on ne peut jamais rien te faire faire, tu as tout le temps la tête ailleurs, etc. Est-ce que tu m'entends quand je te parle ? Et en fait, tu réalises que la petite, c'est juste qu'en fait, elle ne... Elle n'est pas là. Tu vas lui demander de mémoriser un truc maintenant, elle te le récite. Demain, tu lui demandes, elle ne peut pas. Donc, heureusement, aujourd'hui, si tu sais que ça peut être autre chose, tu peux l'outiller. Tu peux l'emmener là où elle va trouver les bons outils, etc. Mais oui, je pense qu'il faut encore plus raise awareness, sensibiliser les gens par rapport à ces choses-là.

  • Speaker #1

    Et donc, au lycée, tu t'orientes vers quel cursus ? Parce qu'il y a S, L, ES. Toi, tu fais quoi ? Et j'ai posé une autre question dangereuse, on dirait.

  • Speaker #0

    Tu sais, quand j'ai fait le... D'ailleurs, je parlais de ça avec ma soeur. Le BFM, c'est après la sortie du collège. J'étais première de mon centre. D'accord. Je suis partie dans l'école où je voulais aller, le lycée d'application. C'est du Naurotal. On m'a dit, on n'a plus de place en S. J'ai dit, oui, mettez-moi en L. D'accord. Parce que je suis la personne paresseuse là.

  • Speaker #1

    Ok, L, ça va être tranquille.

  • Speaker #0

    Donc je vais là où c'est facile. Je suis allée en L. Pareil, pour quand on m'a demandé quelle langue tu fais, j'ai dit c'est quoi la plus facile ? On m'a dit espagnol. J'ai dit mais t'es bon là. Et mon père était fâché d'ailleurs contre moi parce que mon père toute sa vie c'est l'arabe. Il m'a dit comment ça tu choisis espagnol ? Tu me demandes pas mon nom. Mais parce que c'est plus facile, je veux le bon nom. Donc ouais, j'ai fait L. Quand il a fallu choisir entre L2 et L', j'ai fait L'. Je me suis pas cassée la tête.

  • Speaker #1

    Tu t'es dit bon ok, on va au plus simple et on y va.

  • Speaker #0

    Franchement, toute ma vie, on m'a dit Partisane du moindre effort Sauf, bien sûr, avec l'entrepreneur, mais avec les études.

  • Speaker #1

    Et est-ce que déjà, dans cette période, lycée et tout, est-ce que tu commences déjà à être créative d'un point de vue tenue, vestimentaire ?

  • Speaker #0

    Créative sur plein de choses. D'ailleurs, j'écrivais. D'accord. D'ailleurs, je pense que les choses les plus belles que j'ai écrites, c'était quand j'étais plus jeune.

  • Speaker #1

    Mais tu écrivais quoi ?

  • Speaker #0

    Des poèmes, des proses. J'écrivais beaucoup.

  • Speaker #1

    Tu les as toujours ?

  • Speaker #0

    J'ai un blog, mais je ne vais pas vous dire le nom.

  • Speaker #1

    Ah, tu avais un blog ? J'avais un blog. Non, Fatima, ça en off, tu me le diras en off. On va voir. Tu avais un blog ?

  • Speaker #0

    J'avais un blog.

  • Speaker #1

    Où tu écrivais des poèmes ?

  • Speaker #0

    Oui, et que personne ne lisait parce que personne ne connaissait. D'ailleurs, j'ai perdu le premier et puis j'ai refait un deuxième. Je pense qu'il n'y avait que mon cousin qui savait que j'avais le blog. Ok. Donc il lisait.

  • Speaker #1

    Il faut les publier, ces poèmes. Il faut les sortir.

  • Speaker #0

    J'en avais jusqu'à présent. Vous allez m'appeler pour... parce que j'avais un texte là qui s'appelait Pourquoi. Il m'a dit Fatima, pourquoi ? Jusqu'à présent.

  • Speaker #1

    C'est que tu as la marquée, tu vois ?

  • Speaker #0

    Bon, peut-être un jour, on ne sait jamais.

  • Speaker #1

    Ou alors même ne serait-ce que reprendre et faire des nouveaux aujourd'hui avec l'âge.

  • Speaker #0

    Oui, là justement, on travaille sur le site, donc j'imagine que c'est moi qui vais écrire les articles du blog.

  • Speaker #1

    Donc tu avais un blog, tu écrivais des poèmes déjà, jeune.

  • Speaker #0

    Oui, mais au-delà de ça, en fait, je dis souvent que j'ai plus un amour pour le textile que pour les vêtements de manière générale, parce que ma grand-mère avait ce métier de pâtissier là. Elle vend le pain tissé depuis qu'elle a 17 ans.

  • Speaker #1

    D'accord, donc tu avais déjà quelqu'un dans ta famille qui était dans le textile.

  • Speaker #0

    Je suis née, je jouais autour du métier à tisser, parce que c'était dans la cour. La cour actuelle où je suis en train de construire la pièce que je montrais, c'est là-bas qu'il y avait les tisserands.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis ma tante paternelle au Froutard, elle est dans la teinture. Quand on partait en vacances, on faisait de la teinture, on faisait de la couture à la main, etc.

  • Speaker #1

    Ok, ok.

  • Speaker #0

    Donc très petite, je faisais des vêtements pour mes poupées. Oui. Donc avec du fil et je me battais avec ma soeur, je le dis à chaque fois, Sakina la plus grande qui les jetait parce qu'elle me dit, ça me bat les poubelles là, tu nous pâtes, tes ordures là. Et plus tard, je dessinais et je partais chez le tailleur pour me faire faire.

  • Speaker #1

    Plus tard, c'est vers quel âge tu dirais à peu près ?

  • Speaker #0

    Troisième, enfin 13, 14 ans.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #0

    ok. Je partais avec mon croquis, avec mon basin. Je me souviens que le premier truc qu'on a fait qui était réussi et qui était comme je voulais, c'était un basin pour la tabaski. Donc, c'était une espèce d'anango, ça s'appelait à l'époque, sauf que j'ai mis un crew pour homme. Donc, c'était un bazar noir, ils ont fait une broderie rose, mais une broderie pour homme. D'accord. Et tout le monde me disait, mets-toi un pantalon, un bazar, tu fais un pantalon, tu gâtes le tissu, tu vois. Mais après, il y avait des gens qui me disaient, ah, c'est stylé. C'est stylé,

  • Speaker #1

    c'est pas mal, ouais.

  • Speaker #0

    Donc, après, je me souviens, c'était un autre truc avec du pain tissé. Après, je me souviens, c'était un autre design avec des tissus que j'avais, que ma mère m'avait offerts. Donc, c'était rare, par contre, que les tailleurs réussissent ce que je voulais. Donc, je pleurais à chaque fois. Je me souviens qu'on avait dessiné une collection de raps avec mon ami Maïmonas, qui jusqu'à présent est très présente dans tout ce que je fais, etc. Et ça, c'était quand on était en première.

  • Speaker #1

    Une collection !

  • Speaker #0

    Avec des robes, après, il bustiait des robes. Après, je réalise après coup. Et donc, c'est quand je suis partie au Maroc que j'ai enfin trouvé la bonne pétrole. Et c'est ça qui m'a poussée à commencer.

  • Speaker #1

    Mais tu pars au Maroc pour tes études.

  • Speaker #0

    Pour mes études. Donc là,

  • Speaker #1

    tu as un bac ici. Tu t'orientes vers le droit.

  • Speaker #0

    Non, je voulais faire à la base diplomatie directement, enfin, relation internationale. Et je voulais aller au Canada ou en France.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et j'avais même une préinscription pour la France, mais puis j'ai eu une bourse pour le Maroc. D'accord. Donc comme la situation financière n'était pas top, j'ai pris la bourse. C'était une double bourse, de l'État sénégalais et de l'État marocain. D'accord. Je suis allée au Maroc, dans une ville perdue qui s'appelle Meknes, mais où j'ai vraiment eu beaucoup de beaux souvenirs. C'est juste à côté de Fez et de Ifrén. Ifrén, c'est là où il y a les stations de ski, etc. Donc il fait très froid là-bas. Et donc j'ai fait trois ans là-bas, de droit public. Et c'est là-bas que j'ai commencé l'aventure. Donc c'est ma deuxième année.

  • Speaker #1

    Ok. Tu commences l'aventure comment ?

  • Speaker #0

    La première année, je suis partie, j'avais pas de tenue traditionnelle. Et en fait, toutes mes bourses, je prenais ça pour acheter Zara et Marwa. Des vêtements, parce que moi j'aimais bien me saper. Je m'étais créé toute une nouvelle identité. Je venais d'arriver.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu dis j'aimais bien ? Tu aimes toujours bien te saper.

  • Speaker #0

    Maintenant je n'aimais que des abayas, ok ?

  • Speaker #1

    Oui mais c'est pareil, tu es toujours bien sapée quand même.

  • Speaker #0

    Maintenant je m'habite. Très confortable. Je m'habille avec boutonnière devant ou zip. Je m'habille fonctionnelle.

  • Speaker #1

    Elle était assez différente.

  • Speaker #0

    Donc, ouais, je pense que j'ai beaucoup changé. C'était différent. Je m'habillais très bling-bling, etc. Ce n'est plus mon cas du tout.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que je n'arrive pas à t'imaginer.

  • Speaker #0

    Et puis, j'ai eu une phase où j'étais garçon manqué. Attention. Ah ouais ? Jean, basket, tout ça, oui. Parce que je n'avais pas d'argent. C'était plus facile. OK,

  • Speaker #1

    OK. Et j'arrive. pas à imaginer. Franchement,

  • Speaker #0

    je te jure, j'avais tout le temps des hauts avec des capuches là. Quand je suis arrivée à Seine-Nord-Halle, j'étais une nouvelle personne, je me connaissais.

  • Speaker #1

    S'il te plaît, Fatima, le jour où l'épisode sort, sort-nous les trop-bac sur Instagram en story. On veut voir les trop-bac sur Instagram.

  • Speaker #0

    Ils vont tout dire, ils vont se souvenir. J'avais un jean en particulier avec ici du bleu et du rose. Le jean, là, je le mettais avec des hauts bleus, des hauts roses tout le temps. Si c'est le haut bleu, c'était des baskets bleues que j'avais. Si c'était des hauts roses, c'était des... C'était quoi le nom des trucs là ? Les espèces de bacs anodéses là.

  • Speaker #1

    Je ne vois pas de quoi tu...

  • Speaker #0

    C'est des chaussures d'âme. Les chaussures étaient grosses et roses. C'est ce que je portais toute la nuit. J'appelais ma tante, elle m'envoyait des vêtements des États-Unis et c'est ce que je portais toute la nuit. C'était très facile. Mais quand tu veux être plus coquette, ça coûte plus cher. Par contre, quand je suis partie au Maroc, à la crème du village, j'avais l'argent parce qu'il y avait eu deux bourses et je raquettais mes parents encore.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc tu fais la première année.

  • Speaker #0

    Je n'avais pas de vêtements traditionnels. Je ressemblais à tout le monde, malgré l'argent que j'ai dépensé. J'ai dit, deuxième année, je ramène mes vêtements traditionnels parce que je vais plus me retrouver dedans. D'accord. Je ramène plein de vêtements traditionnels, sauf que maintenant, c'était trop bizarre à porter dans le paysage là. Donc, j'ai modifié une première tenue, je m'en souviens, c'était une espèce de taille basse, donc haut avec un volant. Et j'en ai fait une veste. D'accord. Avec la dame. Tout le monde me demandait, mais c'est joli ce que tu portes, ça vient d'où ? j'ai commencé tous les soirs c'était surtout les soirs quand j'allais à l'école à porter un nouveau truc à chaque fois la communauté afro là c'était à fatima tu trop bien ça fait j'aime ce que tu as porté aujourd'hui c'est donc je prenais les soeurs les panne là on est transformé en pantalon j'ai fait un un star well mais taille haute ouais plein de trucs qui sortait du commun et tout le monde disait c'est joli je veux c'est joli je veux moi d'un soir je me suis posé j'ai dit je vais lancer mon business au pouvoir ce qu'on fait c'est un 24 avril Et comme je fais toutes les choses dans l'urgence, j'ai décidé que le 5 mai, c'était l'anniversaire de ma grand-mère. Donc, dix jours après, j'allais sortir la collection.

  • Speaker #1

    Ah, t'as pas dit, je vais sortir une tenue, t'as dit, je vais sortir une collection. D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis, j'ai écrit à ma mère un long mail. Je lui ai dit, je vais créer une émission, je vais à un centre commercial, on va vendre des chaussures, on va faire un truc d'échange de vêtements. Bref, c'était tout un concept. Il faut que je retrouve le mail là.

  • Speaker #1

    C'est ça que j'étais, j'espère que tu as toujours ce mail là.

  • Speaker #0

    Je pense que si je me connecte sur l'adresse email de ma mère, je vais trouver. Mais j'ai perdu l'accès au... à l'ancien mail.

  • Speaker #1

    Parce que ce mail-là, voilà, Dieu va faire que tu auras ton centre commercial et il faudra que tu l'imprimes, tu l'encadres et tu le mettes dans l'entrée du centre commercial.

  • Speaker #0

    Et donc, ma mère optimiste, comme moi, c'est vraiment une grande rêveuse. C'était une grande rêveuse qui me dit Ouais, mais ce que tu prévois comme argent, c'est trop petit. Il faut chercher 10 millions.

  • Speaker #1

    C'était bien parce qu'elle ne t'a pas dit non.

  • Speaker #0

    Non, au contraire. Elle était toute excitée. Elle m'a dit Non, ce que tu demandes d'argent, c'est trop petit. Et ce que je lui disais à chaque fois, c'est que le problème, c'est que tu ne m'as jamais prêté d'argent. Elle m'a dit chance 10 millions, mais ce n'est pas... Donc, c'est comme ça que je me suis lancée. Donc, j'ai pris ma bourse.

  • Speaker #1

    Donc, tu as 10 jours pour préparer une collection.

  • Speaker #0

    J'ai pris ma bourse. Et si tu vois la collection à Olivier ?

  • Speaker #1

    Mais c'est la première, c'est normal.

  • Speaker #0

    Les vêtements arrivent là. Hi ! Waouh !

  • Speaker #1

    Ouah ! Ah bon là ouais je m'attendais pas !

  • Speaker #0

    Olivier, il n'y avait pas de manches, il y avait très peu de manches. Les vêtements étaient colorés. Il y a une amie jusqu'à présent, elle me dit Fatima, Toulaye, d'ailleurs c'est la tournée du vêtement qui s'appelle Toulaye qui est un de nos best-sellers. Elle me dit Fatima, toi, est vrai, moi je t'aimais beaucoup pour avoir acheté ton vêtement là. Je t'aimais beaucoup. Et il n'y a pas qu'elle, franchement. Aujourd'hui, si je revois les choses que je faisais au temps, c'était des choses d'étudiante, c'est normal. Oui, oui. Mais c'est au préalable quoi.

  • Speaker #1

    Genre mini-jupe !

  • Speaker #0

    Des bustiers, c'était tout le temps des bustiers. Moi je ne sais pas ce que j'avais avec des bustiers. Je ne faisais que des bustiers. Et je me souviens que ma première grosse commande, c'était ma soeur et ses amis qui étaient à Grenoble, ma grande soeur Sakina, et ils avaient un événement qui s'appelait Grand Sud. Donc c'est une espèce de balle d'étudiantes là. Elles m'ont commandé des grandes robes, des sales. J'ai fait les robes, on les a envoyées en France. Ils étaient fiers de moi ! je revois les robes là je me dis Alhamdoulilah comment on dit en Wolof Mujubura Feth Moudjaranyan ça veut dire il faut juste souhaiter une bonne fin le reste là c'est pas grave toute l'histoire derrière là donc t'as tes 10 jours tu fais ta collection avec ta t'as une tailleur c'est ça que tu disais ? oui qui s'appelait Maria Daoudi il faut que je retourne un mec n'a juste pour elle d'ailleurs donc c'est elle qui m'a appris à coudre un peu c'est la machine que j'avais chez moi etc et qui m'avait vraiment adoptée comme sa fille je l'étais tout le temps chez elle et tu fais combien de pièces ? C'était 8 pièces je pense et j'ai pris mes copines étudiantes, on est parti dans un studio marocain, il a fait une photo, une bonne journée, des photos tellement moches Olivier.

  • Speaker #1

    Oh l'entreprenariat !

  • Speaker #0

    Et j'ai posté sur Facebook !

  • Speaker #1

    Bah oui, toi t'étais fière ! Bien sûr !

  • Speaker #0

    Par contre, même au temps, je savais que les photos n'étaient pas bonnes. Mais le souci c'est que j'avais que ça. Et je me souviens que jusqu'à présent, quand tu tapes Sofatou sur Twitter, il y a un compte où c'est Sofatou collé et un autre compte avec un underscore. Le compte avec un score, c'est le deuxième. Le premier, j'ai tout fait pour le supprimer. Il n'est pas prêt. Si tu vois la photo de profil juste du compte, le logo à quoi ça ressemblait avec la couronne par-dessus.

  • Speaker #1

    Il y avait une couronne comme ça par-dessus.

  • Speaker #0

    Jusqu'à présent, j'ai honte de la voir. C'est là-bas sur Twitter, ça ne part pas.

  • Speaker #1

    Non, mais toi aussi, en plus, tu as donné le Twitter. Tout le monde va y aller.

  • Speaker #0

    Oui, non, c'est chaud.

  • Speaker #1

    Mais il faut commencer quelque part.

  • Speaker #0

    Alhamdoulilah, et surtout il faut continuer une fois que ça commence.

  • Speaker #1

    C'est ça, et t'as lancé, tu t'es dit j'ai dix jours, je lance.

  • Speaker #0

    J'ai lancé, j'ai lancé d'autres choses, et Alhamdoulilah j'ai pu profiter des événements d'étudiants qu'il y avait. J'ai fait des défilés, je faisais des défilés des étudiants, je faisais des défilés à Gaza, Rabat, Agadir. Donc vraiment la communauté là-bas connaissait. Mes amis, parce que moi j'ai toujours été très Facebook très tôt, donc les réseaux sociaux je les ai utilisés à fond, Facebook, Twitter, et c'est vraiment ça qui a lancé là-bas.

  • Speaker #1

    Mais tu fais des défilés donc ? ces huit pièces que tu crées, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Non, là, c'est une autre collection. Le défilé, c'était une vingtaine de pièces.

  • Speaker #1

    Ah, d'accord. Attends, parce que tu disais, la deuxième année, tu décides, tu lances. Tu fais huit pièces.

  • Speaker #0

    Je lance sur Facebook.

  • Speaker #1

    Tu lances sur Facebook. Tu vends déjà des pièces ?

  • Speaker #0

    Un peu, mais vraiment à mes amis de là-bas. Mes amis avec qui j'ai fait, avec qui j'étais à l'université. Papa, ça qui est vraiment Westfix, c'est le premier à avoir acheté une chemise pour homme, parce que les chemises pour homme, c'est l'année d'après. Mes amis directs quoi, Mati, Nilan, Memuna avec qui j'habitais. Et ensuite mes amis qui étaient en France, donc qui ont commandé aussi pour me soutenir. Et puis quand je suis rentrée à Dakar aussi, j'allais chez des tailleurs, je faisais des choses. Je faisais poser les gens de Dakar. Donc voilà, j'ai continué comme ça. À faire, ça rentrait un peu d'argent. Et après je reprenais. Après je prenais ma bourse, je mettais dedans. Je prenais l'argent du loyer, je mettais dedans. Ah ouais ? Oui, j'ai fait des folies. Je me souviens que la première année, donc c'était ma deuxième année, donc la première année SofaTout 2012, je ne révisais plus bien entendu, je partais en cours puis je revenais, j'étais décaillée, j'étais chez les tailleurs jusqu'à 3h30 matin.

  • Speaker #1

    Ok, donc t'étais piquée.

  • Speaker #0

    Donc la première année, j'étais majeure de ma promo, la deuxième année, j'ai eu 11 de moyenne, ma grand-mère m'a appelée, elle m'a dit je sais que tu as donné mon nom et tout, je t'aime beaucoup, mais c'est les études d'abord ! Elle m'a dit sinon tu arrêtes ton truc là ! Je lui ai dit ok, maman, ok, ok, je vais y aller. Non, mais moi, c'est elle qui payait mes profs parce que malgré le fait que moi, j'étais plutôt bien à l'école déjà, elle me faisait faire par force des cours de...

  • Speaker #1

    Un supplémentaire, oui.

  • Speaker #0

    Pendant les vacances, c'était cours de vacances obligés. Donc, c'est vraiment... C'est une éducatrice. Elle était la directrice de l'école des... Je commençais à faire des secrétaires. D'accord. Ensuite, j'étais la directrice de l'école de mon grand-père. Donc, c'est vraiment quelqu'un... L'éducation, c'est la première chose.

  • Speaker #1

    Oui, et puis dans ton entourage, entre ton papa, ta maman, ta grand-mère, c'est l'éducation, c'est prioritaire.

  • Speaker #0

    Je suis partie là-bas, là. Quand elle a vu les notes là, elle m'a dit, ah non, non, non. Donc, on arrête. Je lui ai dit, non, t'inquiète, je vais avoir de bonnes notes. Donc, je suis retournée. J'ai commencé à essayer de balancer un peu. Mais ouais, donc je suis restée jusqu'à ma troisième année à McNeice. D'accord. Ensuite, j'avais le choix d'aller facilement en France. Mais je ne voulais pas partir. maintenant j'avais un business je savais que si je partais en France c'était mort alors que ça commençait à faire un peu plus de ventes les gens commençaient à bien connaître et surtout à connaître Adaka le business le business c'est pas le business c'est l'alarme pour aller récupérer mon fils heureusement

  • Speaker #1

    aujourd'hui là la vie de maman entrepreneur c'est tout le temps non-stop et si tu mets pas les alarmes tu oublies T'inquiète, j'en ai plein d'alarme aussi.

  • Speaker #0

    Imagine, tu oublies ton fils. Le jour où ils m'ont appelé, 19 ans, ils m'ont dit Mais madame, personne n'est venu chercher le petit. J'ai dit Yey !

  • Speaker #1

    Non, t'inquiète, on a tous des alarmes. Tous, tous, tous, tous, tous. Mais donc, tu disais... Et moi, ce que je veux savoir, c'est parce que tu dis qu'au bout des deux ans de Sofatou, tu as une possibilité de partir en France, mais toi, tu te dis Non, je ne vais pas partir. Au bout des deux ans de Sofatou, tu génères déjà du profit ? Un peu. Un peu, ok. Un peu.

  • Speaker #0

    vraiment un peu et je pense que j'ai fait le bon choix de rester parce que je suis restée à ce moment-là de rester au Maroc ? au Maroc ok j'ai changé de ville je suis allée à Rabat d'accord et j'ai trouvé un tailleur qui était sénégalais d'accord donc qui habitait dans la ville juste à côté Kenitra c'est genre 30 minutes en train le gars là combien de fois j'ai dormi chez lui il s'appelle Ibrahim Andoui je ne sais même pas combien de fois j'ai dormi chez le gars parce qu'il me faisait des tenues et j'avais plus de commandes de la France d'accord il fallait que j'envoie Et que j'envoie avec... parce que tu avais des GP, mais par bus.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc,

  • Speaker #0

    ils quittent le Maroc pour aller en France. Et le colis fait trois jours. Donc là, ça commence à générer. En plus de ça, j'avais un travail. Donc ça, c'était ma dernière année. J'ai fait deux ans à Rabat. Donc, j'ai fait Relation internationale. Et même, j'avais l'occasion d'aller à Casa. Oui. Où je suis sortie aussi première d'un concours pour faire communication politique.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et je ne suis pas partie parce que j'avais déjà trouvé le tailleur à Rabat. Je restais à casa. Je restais à la bain.

  • Speaker #1

    Ta maman, tu m'as dit, elle t'encourage. Mais ton papa, lui, il sait que tu es dans ça ? Il sait que...

  • Speaker #0

    Je savais, mais je me cachais de lui. Parce que s'il voyait ce que je faisais là, s'il voyait les vêtements là...

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Déjà, il y avait la coupe des vêtements et tout. Mais moi, c'était plus sur le côté, tu sais, de se dire à un moment, bon, j'arrête un peu les études là, ou je calme les études, ou je suis peu concentré dans les études parce que je fais ça. Moi, c'est plus le côté...

  • Speaker #0

    On n'était pas très amis à l'époque.

  • Speaker #1

    Ouais, t'as dit, c'est récemment.

  • Speaker #0

    Ils ne savaient pas trop ce que je faisais. Ils savaient juste que j'étudiais, que je revenais, que j'avais lancé une marque et ils me disaient que c'est bien.

  • Speaker #1

    C'est bien, mais concentre-toi sur l'école.

  • Speaker #0

    Oui, par contre, lui, il n'est pas très école. OK. Je pense qu'il me dit tout le temps, c'est que les études, c'est ton plan B. D'accord. Ton plan A, c'est le don que Dieu t'a donné. D'accord. Donc, si tu veux, tu peux vivre. Ah,

  • Speaker #1

    c'est très beau, ça.

  • Speaker #0

    Tu utilises ça. Et si ça ne marche pas, au moins, tu as les études, ça te donne...

  • Speaker #1

    Excuse-moi. Ouais. Tu es obligé, tu es obligé. Tu peux le prouver de ma main. Non, je digère la phrase que tu viens de dire. Ton plan B, c'est les études. Ton plan A, c'est le don que Dieu t'a donné. C'est magnifique comme phrase.

  • Speaker #0

    Oui, donc, c'est juste qu'il ne savait pas ce que je faisais comme vêtement, par contre. Et le jour où j'ai vu sa demande d'ajout sur Facebook, je me suis dit, je ne sais pas. J'ai dit mais il dit jamais.

  • Speaker #1

    Il peut pas voir ça.

  • Speaker #0

    Jamais de la vie. Donc, je pense que jusqu'à aujourd'hui, je fais des cauchemars où je croise mon père. Voilà, ce que je te dis là, c'est quelque chose de très privé. Mais c'est vrai, où je croise mon père et je suis habillée avec une robe courte et je suis obligée de passer pour aller. Je demande à mes amis d'avoir la cesse. Ils venaient me chercher, je sortais en maillotée. Après, j'enlève les affaires. Non, restez. Incroyable. C'est même interdit en islam de raconter ses péchés, mais je le dis parce que c'est... que Dieu nous pardonne moi ça m'a traumatisé je te jure mon passé que j'ai eu à me cacher là parce que vraiment je me cachais de mon père et je me souviens le jour où je suis venue dire papa tu sais j'ai fait plein de choses dont tu n'aurais pas été fière et il m'a dit ne me raconte rien je

  • Speaker #1

    t'ai pardonné tout l'essentiel c'est que tu as changé je ne veux pas savoir franchement c'est extraordinaire c'est ça parce que je pense qu'aujourd'hui je suis en train de me faire mal il peut pas t'en vouloir parce qu'il sait qu'il a fait son rôle de père en te donnant les bases, en te donnant tout ce qu'il faut, tout ce qu'il peut te donner. Il sait que, forcément, tu es une jeune fille qui doit vivre avec son temps, donc tu as cette dualité. de surtout nous on est les premiers à avoir les réseaux sociaux on est les premiers à voir tous ces trucs là où finalement tu as plus d'exposition au monde et donc c'est difficile mais mâchallah je pense que quand il voit la femme que tu es devenue la maman que tu es devenue il s'est dit qu'il a pas fait tout ça pour rien tu vois et je pense qu'aujourd'hui comme on disait tout à l'heure toi aussi tu comprends pourquoi il a fait tous ces trucs là à ce moment-là mais pour que t'en fasses des cauchemars ça ça devait être un truc de non c'est

  • Speaker #0

    Pendant des années, tu te caches. Oui,

  • Speaker #1

    effectivement.

  • Speaker #0

    Mais aujourd'hui, je pense que c'est quelque chose dont il est très fier parce que tous ses amis, pratiquement, ont forcé leurs enfants très tôt à se voiler. Parce qu'ils sont tous des islamistes, sauf lui. Il nous a emmenés à l'école laïque. Il nous a jamais forcé à nous voiler. Tout ce qu'il nous disait, c'était mettez un foulard par contre sur la tête. Je ne veux pas qu'on voit vos cheveux, mais je ne vous oblige pas à mettre le voile. Et on s'est voilés à des moments différents de nos vies. Et vraiment de notre propre...

  • Speaker #1

    Par conviction.

  • Speaker #0

    Ma petite sœur d'abord, alors que c'était la plus disjantée de nous. Ma grande sœur ensuite et moi en dernier. Donc, moi, c'est après que j'ai fait le hajj. D'ailleurs, ça, c'est une autre anecdote, c'est que j'ai gagné le hajj.

  • Speaker #1

    Waouh !

  • Speaker #0

    Mais c'est la seule chose que j'ai gagnée de ma vie.

  • Speaker #1

    Mais quelle chose ! Quelle chose ! Quelle chose incroyable ! Voilà si on peut gagner qu'une seule chose dans sa vie, franchement, si c'est ça.

  • Speaker #0

    Moi, je jouais pour un iPhone 7. J'ai gagné le hajj. Waouh ! il ya un concours de la ligue islamique vous pouvez gagner un match mais aussi gagner des iphones j'ai joué une fois j'ai dit je veux l'iphone je veux le jeu tard et galère fois j'ai dit non je vais pas le voir et puis c'était un an après et quand j'ai vu le tweet sur twitter un peu ça le tweet qui dit gagner en premier prix à la saïd moi je voulais l'iphone Non, bien sûr que je joue le plus de hadj. Je suis partie avec ma mère au hadj. Très belle expérience. L'année d'après. Donc, je pense que oui, hamdoulilah. Tu vois, c'est ça mon problème avec mon trainage. Je suis perdue, je ne sais plus quoi. Non,

  • Speaker #1

    non, on était au Maroc. Donc, tu disais que tu es partie à Gaza.

  • Speaker #0

    Je suis partie à Rabat.

  • Speaker #1

    À Rabat, pardon, que tu avais une opportunité à Gaza. Finalement, que tu n'as pas saisi cette opportunité à Gaza. Donc, tu es à Rabat. Tu fais combien de temps à Rabat ?

  • Speaker #0

    Je fais deux ans à Rabat. Oui. la deuxième année j'ai fini donc mon master en relations internationales et du coup je trouve un travail dans un cabinet d'avocats en fait j'étais plus dans de la recherche juridique et le propriétaire du cabinet d'avocats c'est là que le premier ministre d'ailleurs du maroc d'accord et qui

  • Speaker #1

    était autant bonjour monsieur si vous regardez l'épisode il s'appelle

  • Speaker #0

    Et qui était au temps président de la chambre des représentants de l'Assemblée nationale. Et il travaillait sur un sujet donc je faisais de la recherche dans le cabinet. Et donc j'avais mon salaire, les deux bourses qui devaient finir l'année là, et l'argent de ma mère. Et donc je faisais plein de choses.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et je me souviens qu'il y a aussi une personne, un ami qui s'appelle Ben, qui m'avait... qui avait demandé à sa sœur de nous prêter de l'argent. Et d'ailleurs j'ai essayé de le retrouver ensuite sur Facebook pour lui redonner... justement de l'argent parce qu'elle avait investi dans... Elle avait donné de l'argent pour qu'on fasse des vêtements et les vêtements n'ont pas marché. Donc à cette période là, c'était un flop. Je pense que c'était quand j'étais en troisième année, quelque chose comme ça. Et donc, il y avait ces petites personnes, il y avait ces petites... Des personnes qui y croyaient, qui venaient, qui essayaient d'aider. Mon cousin, quand je suis rentrée à Dakar, Babakar Syk, qui m'a dit, je lui ai dit bon, je vais travailler parce que vraiment, l'affaire là ne marche pas trop fort actuellement. Et qui m'a dit non, pas moyen, je te donne de l'argent.

  • Speaker #1

    Donc attends. Donc tu quittes le Maroc, définitivement.

  • Speaker #0

    Je rentre à Dakar,

  • Speaker #1

    oui. Tu rentres à Dakar.

  • Speaker #0

    Avec mon diplôme, mais le business ne marche plus.

  • Speaker #1

    D'accord. Mais quand tu rentres à Dakar, ton optique première, c'est de développer la marque, ou ton optique première, c'est je vais trouver un boulot et je vais faire la marque à côté ? Non,

  • Speaker #0

    c'est de développer la marque. D'accord. La marque plutôt. Ma mère, autant, était députée à l'Assemblée nationale. D'accord. Et elle m'a prise comme assistante parlementaire parce que c'était du droit public et je m'y connaissais vraiment bien.

  • Speaker #1

    Oui, tu avais ta formation dedans. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai. Et... Je veux vraiment que Dieu me pardonne. Je ne partais que quand c'était des séminaires dans des grands hôtels où il y avait de la bonne bouffe. Sinon, quand elle venait me donner un document, je lui disais, maman, ça, c'est trop long. J'ai des commandes, je veux pas que je fasse ça. Donc, ouais, je l'ai vraiment utilisé. Et donc, j'ai fait un an dans ça. Je partais en ville quand je voulais. Mais surtout, le matin, je pars avec elle. On la dépose à l'Assemblée. Et moi, je vais chez mes tailleurs à Sandaga.

  • Speaker #1

    D'accord. Mais tu dis que tu as un ami.

  • Speaker #0

    Mon cousin.

  • Speaker #1

    Ton cousin.

  • Speaker #0

    Ouais, donc à cette période, après un moment donné, je me dis écoute, ça va plus ce que je fais là actuellement. Je pense que je vais trouver du travail. Et qui me dit non, tu ne vas pas travailler.

  • Speaker #1

    Quand tu dis ça va plus, parce que comme tu dis, tu as le travail avec ta mère. Tu continues Sofatou.

  • Speaker #0

    Elle me paye très peu ma mère, elle me paye 100 000.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu as payé 100 000, tu as le travail avec ta mère. Tu continues à essayer de développer ta marque à côté. Oui. Mais donc, à un moment, tu te dis, ok, bon là...

  • Speaker #0

    J'ai besoin de plus.

  • Speaker #1

    J'ai besoin de plus, il faut que je trouve un vrai travail.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et tu t'apprêtes à arrêter Sofatou. Oui,

  • Speaker #0

    et Babi me dit non.

  • Speaker #1

    Après quoi ? Donc tu as 4 ans de Sofatou ?

  • Speaker #0

    J'ai 4 ans de Sofatou, c'est en 2016. Ok. Et Babi me dit non, tu ne vas pas arrêter. Donc il me donne de l'argent. Masha'Allah. Et je pense que c'est l'année-là que j'ai fait ma première fashion week. Ouais.

  • Speaker #1

    C'est important d'avoir un support système.

  • Speaker #0

    C'est mon cousin Germain. Non, pas Germain. C'est sa mère qui est la cousine de ma mère. Et jusqu'à aujourd'hui, je veux dire, c'est lui qui est en train de faire... Il va me dire que je l'ai dénoncé devant tout le monde. Bah, je te dénonce pas. J'en parle comme ça. Bref. Et... Et c'est vraiment le frère, tu vois, c'est mon frère. Il n'y a pas que lui, j'en ai d'autres. C'est vraiment les personnes qui sont là depuis le début, qui me poussent à chaque fois, mes amis, mes soeurs. Et c'est pour ça que je dis tout le temps que moi, je ne suis pas a self-made, je suis everybody made. C'est beaucoup de personnes qui ont contribué au succès de la marque, mais de tout ce que je ne fais pas que la marque. Quand j'ai fait Arca, c'était la même chose. Quand j'ai fait Doina, Contrégence, Faites Femmes, c'était la même chose. Donc, j'ai cette chance-là d'être bien entourée. Je pense que c'est un facteur de réussite.

  • Speaker #1

    Et puis de toute façon, je pense que quand tu fais quelque chose de bien, qui véhicule des bonnes valeurs, les gens sont toujours enclins à te pousser ou à t'encourager. Ce que tu me dis, ça me fait penser à la discussion que j'ai eue avec Lai Pro, où lui aussi est arrivé à un moment où il pensait arrêter la photographie, parce qu'on lui vole son matériel, et qu'il se dit j'ai pas l'argent pour réinvestir du matériel et j'arrête et que tu as une cousine qui est en France, qui lui dit que mais... ce que tu fais, ce n'est pas que pour toi. C'est pour tous les gens qui aiment le Sénégal, qui ont envie de voir le Sénégal et qui lui rachètent un boîtier d'appareil photo. Et pour moi, c'est là où ton parcours finalement rejoint le sien parce que finalement, ce que toi, tu penses que tu fais pour toi, finalement a plus d'impact chez les autres et les autres sont prêts à investir dedans même sans que tu leur demandes. Et c'est là où pour moi, tu te dis que là, il y a quelque chose que je fais qui...

  • Speaker #0

    Non, et puis des gens qui t'écrivent, qui te... qui ne te connaissent pas, que tu ne connais pas et qui te disent comment est-ce que tu fais les touches, comment est-ce que tu as dit tel ou tel jour les a impactés, etc. Pour moi, en fait, on est tous des vaisseaux un peu de Dieu, un peu de ce qu'il veut transmettre à d'autres humains. Mon père, il me disait souvent que même par rapport au risque, même par rapport à l'argent, Dieu, il te donne ça pour que tu sois la personne qui transmette à quelqu'un d'autre. Que si tu ne transmets pas, il donne à quelqu'un d'autre qui va transmettre. D'accord. Donc, que ce qui est dans ta main, il faut toujours que ça parte pour que quelque chose d'autre revienne. Je pense que c'est la même chose avec ce qu'on sait faire, c'est la même chose avec notre énergie, c'est la même chose avec l'amour qu'on a dans notre cœur. On est censé donner, en fait. Personne n'est censé juste garder ce qu'on a pour soi. Tu le gardes jusqu'à quand ? Comme disait ma mère, c'est que ce que tu donnes, c'est ce qui t'appartient vraiment. C'est ça que tu vas retrouver dans ta tombe, c'est ça que tu vas retrouver dans l'au-delà. Tout ce que tu laisses ici... C'est ton héritage, c'est tes enfants qui vont prendre, c'est des gens à qui tu as laissé, etc. Mais ce que tu donnes réellement, que ce soit ton temps, ton énergie, ton amour, ton argent, c'est ça qui est vraiment à toi, parce que c'est ça qui va te revenir, c'est ça qui t'est compté. Donc oui, je pense que j'ai beaucoup reçu, énormément. Que ce soit, comme je te dis, en temps, en énergie, en argent, en amour, en support, en personnes qui vont être mes ambassadeurs, aller bien parler de moi, me recommander, etc., là où je ne suis pas. C'est ça qui m'a fait en fait.

  • Speaker #1

    Et donc ce cousin te dit de ne pas laisser tomber. Il te dit ok, je te supporte. Qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    Je prends son argent, j'achète des tissus, je fais une nouvelle collection. Et si je ne me trompe, c'était la collection Lamont.

  • Speaker #1

    On est en 2016,

  • Speaker #0

    c'est ça ? C'est de 2016 à 2017. En plus 2017. Et donc c'est cette collection que je présente à la Fashion Week. Et c'est cette collection que j'utilise pour faire un premier photoshoot avec des influenceurs. À l'époque, ce n'était même pas quelque chose que les gens faisaient. Et qui lance vraiment Sofa2 au Sénégal.

  • Speaker #1

    Tu as une équipe de combien de personnes à cette période-là ?

  • Speaker #0

    Moi.

  • Speaker #1

    C'est ça ? Toute seule ? Oui. Tu gères tout ? Tout. Tu as quoi, un tailleur ?

  • Speaker #0

    Non, je sous-traite. Donc les tailleurs, je ne parle plus là où il y a... Oups, désolé. Non, t'inquiète. Il y avait un atelier. C'est un endroit qui s'appelle Galerie Payenne. C'est en ville, sur la rue de Jong. Ils sont presque une centaine de tailleurs là-bas. Donc tu viens, tu fais faire ce que tu veux. Sauf que moi, j'étais une habituée. Je venais là-bas du matin au soir, du soir au matin. Je passais la nuit. Je restais jusqu'au matin pour rentrer. Après, je suis restée là-bas. J'ai travaillé avec eux à partir du moment où je venais en vacances. Et quand je suis rentrée à Dakar, j'y allais tous les jours. J'avais mes tailleurs habituels qui bossaient pour moi. Donc là, je lance la collection et c'est un succès. Ça s'appelait L'amour. C'est le terme pour dire royauté en poulard Et c'était une trilogie. C'est sur trois volets, la collection. C'est la collection qui a fait la Fashion Week. C'est la collection ensuite où il y avait les cannabis, Doudou fait des vidéos et tout ce qu'il y a. posé. Canavas faisait d'ailleurs un clip qu'on a tourné chez ma tante, chez Babi, mon cousin. Et ça a tellement marché. J'ai eu des commandes de partout.

  • Speaker #1

    Avant ce moment-là, tu dirais que t'es à combien de commandes, on va dire par mois, avant ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Je peux dire... Allez, une quinzaine, une vingtaine. Ok.

  • Speaker #1

    Mais malgré que t'aies une quinzaine, vingtaine de commandes, tu décides que tu veux arrêter à ce moment-là. Et après ce moment-là, tu dirais que ça... C'est quoi l'impact de ce moment-là ?

  • Speaker #0

    L'impact, c'est que je me souviens que c'était 2018, donc l'année d'après le lancement de la collection. C'est en 2018 que j'ai fait le Yali, exactement. Non, j'ai fait le Yali en 2019. C'est en 2019 que j'ai eu 6 millions, je pense, à la Tabaski. Et pour moi, c'était énormément.

  • Speaker #1

    6 millions de chiffre d'affaires ? Oui, de chiffre d'affaires.

  • Speaker #0

    Sur un mois, sur le mois de la tabaski. Et j'ai dit à ma soeur, je ne sais pas quoi faire de l'argent. Tellement, en fait, dans ma tête, c'était beaucoup. C'était en 2019, j'avais quoi ? Je suis née en 93, je ne sais pas, 26 ans. Je n'étais pas mariée, pas de gosses, rien. Donc, c'est vraiment 2018-2019 que les trucs ont vraiment commencé à très bien marcher. D'accord. Donc, la marque commence à se faire connaître. les stars adoptent la marque et vraiment spontanément je pense que la seule personne que j'ai démarché c'est Fadafredi de Daraji et en fait je l'ai croisé, il m'a dit mais tu es trop stylé toi mais tu es trop bien habillé, je lui ai dit c'est moi qui fais bien je te fais tellement timidement parce que j'étais tellement fan donc il était avec Ndongo et comme ça ils sont devenus mes frères, mais sinon vraiment toutes les personnes qui sont venues vers nous comme je dis, c'est Dieu qui les a envoyés vers nous, c'est eux qui nous ont écrits jusqu'à Abdou Jalloh C'est lui qui nous a écrit sur Instagram, Bonjour, j'aime beaucoup votre marque et j'aimerais bosser avec vous. En Marseille, la même chose. Donc c'est vraiment ces personnes qui nous ont écrit pour nous dire On aime ce que vous faites. Et pour moi, à chaque fois, c'était vraiment une célébration un peu du chemin qui a été parcouru.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc ouais. À ce moment-là, donc 2018, la marque commence à bien marcher, mais j'ai un ami justement qui me propose une opportunité que je ne voulais pas refuser.

  • Speaker #1

    Professionnelle ?

  • Speaker #0

    Oui. De travailler au ministère. pour sa mère qui venait d'être ministre de la femme. Donc je suis partie. Un an, très sauf.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu acceptes quand même l'opportunité, tu fais un an là-bas ?

  • Speaker #0

    J'accepte.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    J'accepte, parce que déjà, c'était sur le chemin d'aller vers les tailleurs. Ensuite, je me disais que le travail ne serait pas prenant et je voulais vraiment avoir, explorer un peu plus cette piste. Et surtout, ma mère me poussait vers ça. Parce qu'autant au début, c'est elle qui me soutenait, autant à ce moment-là, elle a commencé à paniquer pour dire Tu as fait des études et maintenant, tu as laissé ça pour faire quelque chose qui n'est pas très safe.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Surtout que, comme on l'a dit depuis le début, tu as des parents qui sont scientifiques, qui sont assez rationnels, je vais dire tout. Donc forcément, c'est plus safe de choisir le parcours où tu as eu un diplôme, le parcours où tu as un salaire tous les mois et tout, que de te lancer dans l'entrepreneuriat.

  • Speaker #0

    Au-delà de moi. C'est compliqué. Dans l'affaire là.

  • Speaker #1

    Donc ta mère essaie de te pousser à basir.

  • Speaker #0

    Elle appelle même ma ustasa pour lui dire, il faut venir parler à Fatima. À ce moment-là, j'accepte le travail là. C'était plus pour la rassurer. C'était une belle expérience humainement. C'est ce qui m'a permis de découvrir plein de zones du pays, de découvrir d'aller à Touba, de la Tiwawan, etc. Parce que bien sûr le ministre partait un peu partout. De réaliser aussi ce que vivaient les femmes. Donc c'est vraiment là, c'est ce qui m'avait inspiré à faire Doina. Donc c'était un mouvement contre les violences faites aux femmes. Et où... Parce que mon passage au ministère m'a fait réaliser que c'était vraiment la chose qui était la moins prise en charge. Ils ont investi beaucoup dans l'autonomisation, pas assez dans les législations, pas assez dans justement la protection des femmes, etc. Et surtout comment gérer les victimes des violences faites aux femmes. Donc je suis rentrée dans la sensibilisation, j'ai bossé avec une femme dessus, etc. Mais pour moi, c'était toujours qu'il fallait utiliser la mode comme vecteur, parce que c'est ce qui m'avait permis d'avoir une communauté, d'être connue, etc. Donc à ce moment-là, la marque continue de Marchel, hamdoulilah, et franchement de 2018, il faut être transparent. À juin 2023. Période des ébottes. Début du déclin de la crise financière. Ça régale. Tout allait bien.

  • Speaker #1

    Tu sentais que tu étais en croissance ?

  • Speaker #0

    Je sentais que j'étais en croissance. Je faisais 100% de croissance d'année en année. J'ai fait 110% de 2000.

  • Speaker #1

    Malgré le Covid aussi ?

  • Speaker #0

    Surtout avec le Covid. Ah ouais ? Avec le Covid, on a explosé.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Tu vois, c'est marrant parce que j'aurais pensé que ça serait une période de pause parce que vu que les gens ne sortaient pas, les gens ne bougeaient pas.

  • Speaker #0

    Les gens étaient collés à leur téléphone. Ils avaient envie de vivre. et vivait à travers le téléphone. Moi, comme je suis très bien avec les réseaux sociaux, tous les jours, comme la boutique était chez mon père, je ne sortais pas. J'étais mariée, mais mon mari était en France. Donc tous les jours, les gens ne pouvaient pas aller travailler. Moi, ma boutique était chez moi. Donc je descends, j'ai libéré tout le personnel par contre. À l'atelier, ils avaient pris des mesures. Donc c'était la moitié de l'équipe qui travaillait à tour de rôle, etc. Je venais tous les jours. Et d'ailleurs, la boutique chez mon père, qui a été ouverte en 2020, fin 2019, c'est mon père qui m'a prêté l'argent pour le faire.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et je l'ai remboursé dans l'année du Covid.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Pour te dire à quel point ça a marché. Donc, c'est là qu'on a fait de la co-création, une collection avec nos followers, qui a été co-créée. On a fait plein de choses pour le Covid. Et comme les gens, justement, ils ne pouvaient plus rien importer de l'extérieur, ils étaient obligés de consommer local. Et les gens voulaient se faire plaisir. Ils voulaient voir autre chose. Ils voulaient faire autre chose. Franchement, on a explosé.

  • Speaker #1

    Ok, c'est marrant parce que tu vois, il y a plein de gens qui disent que le Covid, c'était une période...

  • Speaker #0

    Mais c'est maintenant qu'on ressent les effets du Covid. Je ne sais pas si c'est le Covid, je ne sais pas si c'est la crise Russie, etc. Si c'est la guerre de là-bas, de la Palestine. Mais frère...

  • Speaker #1

    Non, je pense qu'on va y venir, mais je pense qu'on est dans une période où effectivement il y a un changement de gouvernement, il y a un changement de beaucoup de choses. Donc les gens sont en train de regarder. On voit que l'économie est un petit peu en pause pour tout le monde actuellement. Et c'est vraiment tous les secteurs qui sont touchés. C'est vrai qu'on est en stand-by pour le moment, mais Inch'Allah, ça va repartir. Et tu dirais que c'est quoi qui fait la touche Sofa2 ? C'est quoi le truc qui fait que tu as amené quelque chose qui a changé ? Est-ce que tu arrives à mettre des mots dessus ? À savoir comprendre ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est l'esprit derrière. Parce que j'ai fait des choses très différentes au fil du temps. Et les gens ont aimé, parce que je pense que c'est des choses que j'ai faites avec le cœur. Et surtout, il y a cet esprit de partage toujours, d'authenticité toujours, et d'attachement à l'Afrique et à nos valeurs et à nos cultures. Et je pense que ça, c'était nouveau. On faisait beaucoup de storytelling, c'était nouveau. On a beaucoup travaillé avec des personnes, avec des influenceurs, c'était nouveau. On n'a pas juste montré un côté de l'amour. Tu ouvrais les stories, tu voyais les tailleurs, tu nous voyais autour d'un bol.

  • Speaker #1

    Tu voyais des valeurs.

  • Speaker #0

    Tu voyais de la vie. Tu voyais quelque chose à quoi tu t'identifies. Et pas forcément une marque qui vient juste te vendre du bling bling quand tu t'habilles comme ça, etc. Et la preuve, c'est qu'on a voulu changer. Parce que je me suis dit que les gens m'identifient trop à la marque et que les gens sont plus attachés à ma personne qu'à la marque en elle-même. Et qu'il fallait vraiment qu'on essaie de fonctionner sans moi. Et surtout... C'était une période où j'ai décidé également de commencer à prendre les cours, etc. Donc, j'ai décidé de me mettre en retrait. Donc, on mettait plus en avant les vêtements, etc. Et plus trop les gens. On a perdu en engagement divisé par trois. OK.

  • Speaker #1

    Donc, tu sens que vraiment ta présence, sauf à tout, c'est...

  • Speaker #0

    Je pense que ce n'est pas que ma présence. C'est aussi que les gens voient l'authentique et que les gens voient les gens derrière. D'accord. Qu'on continue à leur raconter des histoires. Donc, qu'ils s'ach... comment les choses sont faites, qu'est-ce qu'on est en train de vivre, qu'est-ce qui nous pose problème, qu'est-ce qui marche, qu'est-ce qui ne marche pas. Et pas juste, voilà le vêtement, il s'appelle comme ça.

  • Speaker #1

    Voilà la collection, achetez-le. Tu veux pouvoir acheter ça et savoir que tu impactes une économie, tu impactes des gens, tu veux savoir qu'est-ce que représente cette collection. Parce que ce que j'aime beaucoup avec ce que tu fais, c'est que chaque collection représente quelque chose. Il y a une histoire derrière la collection. Et effectivement, je comprends que... les gens sont attachés. Et puis après, comme tu as dit, tu comprends les réseaux sociaux. Donc, tu as aussi ton humour qui fait que les gens sont attachés à toi et tu es très transparente, comme tu dis, sur tout ce qui se passe dans le quotidien. Donc forcément, les gens se reconnaissent, les gens voient les efforts que tu mets, voient le temps que tu mets dedans et tu comprends. Après, quand tu payes ce vêtement, tu comprends ce que ça fait quand même.

  • Speaker #0

    Exactement ça. Aujourd'hui, je te... Juste mon équipe. Tu as des Ivoiriens qui sont là depuis la guerre de Côte d'Ivoire, donc ils sont des réfugiés, qui sont restés avec le temps. Tu as des jeunes filles qui sont issues de couches vulnérables de la société. Tu as des gens de la Guinée, etc. Donc c'est vraiment... Et quand tu connais ces personnes-là et que tu sais où va l'argent, bien entendu, ça te pousse plus à soutenir la marque. Et pas que ça, quand tu vois que la marque aussi essaie de faire des actions sociales, etc. Tu t'attaches un peu plus. Et il y a des gens, je pense qu'ils achètent juste pour... Je ne peux pas te dire, au-delà d'acheter, le nombre de cadeaux que je reçois de mes clientes.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Mais tout le temps. Et pas que moi. Moi et des gens de l'État. Khadija, elle reçoit tout le temps des cadeaux des clients. Au final, en fait, c'est des gens qui deviennent...

  • Speaker #1

    Une famille.

  • Speaker #0

    Une famille. Et c'est pour ça qu'on les appelle la Sofam. C'est que c'est vraiment notre famille au bout d'un moment. Moi, j'ai des clientes, quand je pars... Il y en a une à Paris la dernière fois. Pas mon voyage, celui d'avant. Je suis allée jusque chez elle la voir. Parce que c'est vraiment ma pote, maintenant. Et c'est des liens qui se sont créés juste avec le fait qu'ils viennent, qu'ils te soutiennent, qu'ils aiment ce que tu fais. Tu vas avoir des problèmes, ils vont te donner des conseils. Et pour moi, c'est ça qu'il faut construire. C'est une communauté, c'est un espace de partage. C'est quelque chose qui te transcende. Aujourd'hui, ce n'est pas ma personne seulement. C'est des gens qui sont attachés. Ils appellent Khadija au quotidien, moi je ne suis même pas au courant. C'est leur pote. C'est pas mon problème.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, parce que... Je pense que tu dois avoir tellement d'anecdotes par rapport justement aujourd'hui à la marque. Est-ce que c'est quoi l'endroit le plus loin au monde où tu as vu tes tenues ? Je te pose cette question parce que par exemple, tu vois, nous, avec notre plat Colia, une fois, je me rappelle, j'ai vu une commande qui est partie, si je ne te dis pas de bêtises, en Nouvelle-Zélande ou Trinité, je ne sais plus, une île comme ça, perdue.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup d'îles.

  • Speaker #1

    Et je me suis dit, mais qui a vu notre plat et commandé ça ? Tu as un endroit où tu as vu tes tenues et tu t'es dit, mais qui a commandé ce fois-ci tout là-bas ?

  • Speaker #0

    Je pense que les deux trucs qui m'avaient choqué, c'était Japon et Australie. Et je me suis dit, en fait, mais...

  • Speaker #1

    Tu imagines ce que tu as créé à Dakar, là ? Il y a quelqu'un qui est jusqu'au Japon.

  • Speaker #0

    Non, mais qui part dans des endroits où moi, je n'ai jamais mis les pieds, où je rêve de mettre les pieds. Donc, en fait, le truc, comme je te dis, ça te dépasse, ça te dépasse de loin. Surtout quand j'ai commencé à aller à des événements et à voir des gens porter mon vêtement. Ils ne savent même pas que c'est moi. Je dis bonjour, vous êtes joliment habillés. C'est moi. Et donc, c'était quelque chose de voir des personnalités qui portaient. Je me souviens, quelqu'un a déjà offert une de nos tenues la première fois à Madame Kagame, la femme de Paul Kagame. Je me suis dit,

  • Speaker #1

    voilà, voilà,

  • Speaker #0

    voilà. C'est trop chouette. Et à chaque fois, en fait, tu voyais quelqu'un et c'est vous qui avez offert aussi un truc à l'hôpital, quand on était passé. Quand j'ai vu qu'elle a apporté ça, j'ai dit Yeah ! On a passé. Et à chaque fois, ce n'est pas seulement les personnalités. C'est vraiment juste une personne. Pour moi, chaque personne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Parce qu'aujourd'hui, sauf à tout, il y a des gens qui se marient en sauf à tout. Il y a des gens qui créent des souvenirs de vie dans tes tenues. Et tu vois, ça aussi, c'était une des questions que j'avais pour toi. Comment tu le vis de savoir qu'aujourd'hui, ce que tu as imaginé dans ta tête, ce que tu as créé, va rester gravé dans des mémoires de gens, dans leur histoire, tu vois ? C'est ça qui moi me touche avec ce côté création de l'entrepreneuriat, c'est que ce que toi tu as imaginé, tu t'imagines pas l'impact que ça peut avoir sur d'autres personnes. Donc quand tu vois des photos de... mariage en Sofa2. Là,

  • Speaker #0

    il y a un bébé, un nouveau-né qui n'est pas encore né. On lui a commandé son Sofa2 quand j'ai vu la tenue. J'ai dit, mais ça, c'est pour qui ? On m'a dit, un nouveau-né. J'ai dit, mais c'est trop petit. Et donc, c'est très touchant de savoir que les gens accordent cette valeur-là à la marque. Ou de voir une jeune étudiante qui dit qu'elle... Je ne sais pas que ça, c'est un truc qui me dit ce qui nous avait touché. Elle voulait coûte que coûte faire sa graduation en Sofa2. Elle n'avait pas assez d'argent. Mais elle a dit qu'elle vient, qu'elle dépose à chaque fois. Et après, j'ai dit, bon, les derniers paiements, il faut lui offrir, tu vois. Mais c'était quelque chose qui m'a tellement touchée parce que pour elle, c'était important, en fait.

  • Speaker #1

    Ils associent ces moments de victoire pour eux à être élégants. Et donc, pour eux, être élégant, c'est porter du sauf-faite. Et pour moi, il n'y a pas plus bel hommage et honneur à tes tenues.

  • Speaker #0

    C'est magnifique. Et franchement, à chaque fois, jusqu'à aujourd'hui, et c'est pour ça que moi, les gens ne veulent pas que je sois en boutique, parce que j'ai ce truc-là de, à chaque fois, à me dire... Non, c'est trop cher. Non, ça ne vaut pas. Non, etc. Tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    Tu as une certaine humilité par rapport à...

  • Speaker #0

    Tu vas me dire, donne-moi un discount. Je vais dire oui. Donc, dès qu'un client vient, dès que c'est le moment...

  • Speaker #1

    Va dans le bac. Va dans la boutique.

  • Speaker #0

    On t'a dit,

  • Speaker #2

    tu vois ?

  • Speaker #0

    Ou bien, si beaucoup de clients me disent, ne vienne pas. Ne viens pas. Ne viens pas nous fatiguer. Tu vas gâter notre affaire. Et donc, jusqu'à aujourd'hui, j'ai ce truc-là de me dire, mais est-ce que ça le vaut vraiment ? Est-ce que ce qu'ils voient en ça, ou bien des gens qui vont venir te dire des choses, comment est-ce qu'ils peuvent voir ça en moi ? Parce que je pense que tout le monde en tout cas se verrait mieux s'il pouvait se voir à travers les yeux de quelqu'un d'autre. Mais je ne pourrais jamais en tout cas remercier assez et payer ces personnes-là qui ont foi en la marque, qui voient de la valeur en ce qu'on fait et qui non seulement l'achètent pour eux, mais le partagent, l'offrent à des gens. Moi, Biram Koulibaly, je sais qu'il ne va pas aimer que je dise ça. Je ne peux pas te dire à combien de personnes il a offert du sofa. Beaucoup plus que ce qu'il a pour lui-même. Et j'ai plein de personnes comme ça, mes tantes, etc. Dès que c'est cadeau, c'est on va chez Fatima. On va nous des chèques cadeaux ou bien la personne va venir une fois qu'elle prend, ne la limite pas, après nous on va payer. Et c'est ça qui a fait la marque. C'est ça qui fait que petit à petit, on a fait notre chemin, on a continué à faire des choses. Et je pense qu'à chaque fois aussi, on a essayé de redonner ce qu'on pouvait de ce qu'on recevait. Et pour moi, au final, c'est ça la vie, c'est un rendez-vous du donner et du recevoir, comme on dit. Et Alhamdoulilah, il y a beaucoup de belles énergies. Des gens comme toi, avec qui la vibe passe. Et Alhamdoulilah, on fait de belles choses ensemble. Les gens créatifs aussi, qui acceptent toujours, peu importe. Parce que je ne peux pas te dire combien de campagnes j'ai fait tourner aux gens. Je sais que quand ils payent mon numéro, ils disent Ché, c'est encore un truc bénévole, elle va nous faire cliquer Mais Alhamdoulilah, les gens ont toujours accepté. Oui,

  • Speaker #1

    mais je pense qu'on en revient à ce qu'on disait, c'est que les gens... Tu véhicules tellement de valeurs qu'ils sont heureux de s'associer à ça, même s'ils ne sont pas rémunérés. C'est que les valeurs que tu portes valent plus cher que tout ce que tu pourrais leur donner. Donc je pense que c'est pour ça...

  • Speaker #0

    C'est ce que je dis là.

  • Speaker #1

    Mais je pense que c'est pour ça que les gens sont toujours enclins à bosser avec toi et à faire des choses avec toi sans forcément chercher du numéraire. Et il y a un truc aussi dont je suis obligé de te parler. Ton duo, le Brian James, Dwayne Wade. toi et Hélène. Parce qu'aujourd'hui, l'une et l'autre, vous avez créé un duo. Même si chacune a sa marque, chacune a son identité, vous êtes un duo maintenant. On vous voit, moi le premier, on voit les stories que vous faites ensemble, on voit comment vous rigolez ensemble, on voit les...

  • Speaker #0

    Il y a quelqu'un qui demande si on s'est fâchés d'ailleurs dernièrement.

  • Speaker #2

    Parce qu'aujourd'hui,

  • Speaker #1

    pour moi... Elle fait aussi partie de ton histoire. Vous avez créé une amitié. Vous avez créé une relation. D'ailleurs, ensemble, tous les trois, on a créé quelque chose.

  • Speaker #0

    Mais les gens ne savent pas.

  • Speaker #1

    Les gens ne savent pas, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est grâce à Olivier qu'on a ouvert Arkham.

  • Speaker #2

    C'est Olivier Arkham.

  • Speaker #1

    Mais comment se crée la relation avec Hélène et comment vous arrivez à faire vos événements à travers le monde, à Paris, Montréal, Abidjan ? Comment vous ? cette énergie se crée et comment vous montez ça ?

  • Speaker #0

    Tu sais, ça a semblé très bizarre ce que je vais dire parce qu'on est de deux confessions religieuses différentes.

  • Speaker #1

    Et c'est ça qui est beau, c'est ça qui est beau avec vous deux aussi.

  • Speaker #0

    Mais je pense que c'est une des personnes avec lesquelles je partage le... plus de valeur en moi. Malgré le fait qu'on n'ait pas la même religion. C'est qu'au-delà de ça, c'est la même confiance en Dieu. C'est la même sororité. C'est la même volonté d'aider, de bien faire. C'est la même... Voilà, l'amour des bonnes vibes. C'est encore plus d'humilité que moi. Pour te dire à quel point cette personne est humble, vraiment. Et Hélène, les gens ne savent pas, il y a presque 10 ans, des cas entre elle et moi.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Bah tu vois, je le savais pas. J'en dirais pas du tout.

  • Speaker #0

    On dirait pas.

  • Speaker #1

    On ne va pas demander qui est la plus grande, qui est la plus petite.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas la peine de demander. Non, toi aussi, ce n'est pas à moi.

  • Speaker #1

    Regardez-la.

  • Speaker #0

    Justement, les gens penseraient que c'est elle la petite, tellement elle fait jeune là. Et en gros, en fait, on était dans le même concept store. On exposait ensemble à Olympique Club. Et quand elle devait faire une ouverture de sa boutique ou elle lançait une collection, je ne sais plus. Elle m'a invitée. Ensuite, je faisais un lancement de collection, je l'ai invité. Ensuite, on s'est croisés plusieurs fois à la Fashion Week et à chaque fois, on devenait un peu plus copieux. Et puis, je ne sais pas comment ça s'est fait, on a commencé à s'appeler à chaque fois, parce que tu sais, on parle beaucoup de nos galères, de tout ça. Donc à chaque fois, on s'appelait, on parlait de nos galères, etc. Et puis, on nous retrouvait avec les autres designers, mais le courant passait encore plus entre elle et moi. Et ouais, au final, on était tout le temps fourrés ensemble. On a décidé qu'on allait... Non, tonton, Amadou Diouma a appelé de Saint-Louis, donc de ISM, pour me dire qu'il avait ouvert un complexe à Saint-Louis et tout, qu'il y avait une boutique. Et il voulait que ce soit moi qui prenne la boutique et qui vende là-bas. Après, Issaouira. Donc, le forum de Saint-Louis. Donc, j'ai dit OK. Sauf que moi, je n'avais encore jamais ouvert de boutique. J'ai dit à Hélène, tu viens m'aider. C'est comme ça qu'on a ouvert notre premier concept store, qui s'appelait Arte Concept Store, que les gens ne connaissent pas. Donc, il était à Saint-Louis. On partait régulièrement à Saint-Louis, ça nous a encore plus rapprochés. Les voyages, etc. Et ensuite, l'amitié a continué. Et un jour, Olivier nous a appelés. Olivier m'a appelé pour me dire qu'il y avait un local qui serait intéressant pour ouvrir une boutique en plein centre-ville. Je dis, OK, on va venir regarder. On est venus, j'étais avec Hélène, et elle est tombée amoureuse de l'espace. Elle a commencé à gêner les photos où elle dansait comme ça. Elle dansait comme ça, elle faisait ça, elle faisait plein de choses. Elle a dit, Fatima, on prend tout de suite. Donc comme ça, on a décidé d'ouvrir ensemble le concept store. La même chose avec l'ouverture du nouveau hôtel. C'est Khalil qui nous a dit, le nouveau hôtel, l'où la boutique ? La personne qui était là est partie. Elle m'a dit, on prend. Je lui ai dit, on a ouvert Arka il y a six mois.

  • Speaker #2

    Tu me dis,

  • Speaker #0

    tu prends une autre boutique. Je ne prends pas. Elle me dit, on prend. Fatima, ça va bien se passer. En plein Covid. Deux minutes. Elle me dit, on ouvre. On est partis visiter, j'ai dit ok on ouvre ! Donc comme ça, je pense que la deuxième boutique, on a ouvert en deux semaines. Et j'avais le Covid d'ailleurs, mon test est sorti négatif le jour de l'ouverture de la boutique. Donc chaque fois qu'on partait en voyage, c'est la première personne à m'avoir influencé à partir à Abidjan, parce qu'elle a déjà vécu à Abidjan, elle avait déjà de la clientèle. On envoyait souvent, elle m'a dit viens on y va. Khadig Nian partait faire un événement, une masterclass, on est toutes parties avec elle. Et depuis lors, on n'a pas quitté Abidjan, donc on retourne à chaque fois. C'est elle qui m'a poussée encore à ouvrir une boutique à Abidjan. C'est quelqu'un qui est derrière moi, qui me pousse à chaque fois. On se pousse mutuellement, j'imagine.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça que je voulais mettre en lumière cette relation, parce que moi, je trouve que ça, c'est beau. Parce que vous êtes dans un domaine où vous pourriez être en concurrence, tu vois, où beaucoup de gens se seraient vus en concurrent. Et vous, au lieu de vous voir en concurrente, vous vous épaulez, vous vous aidez. Vous vous mettez en avant l'une l'autre. Vous créez des choses ensemble. Et c'est pour ça que pour moi, je trouve que c'est important parce qu'on a plus l'habitude de voir des entrepreneurs qui se font des coups bas, qui se déchirent et autres, que de voir des entrepreneurs qui sont surtout dans le même domaine construire des choses ensemble. Alors que c'est ce qui devrait être, pour moi, je pense, naturel.

  • Speaker #0

    C'est la concurrence.

  • Speaker #1

    C'est ça, tu vois, qu'on s'entraide, qu'on se pousse. Parce que, comme tu as dit, Si elle n'était pas là, peut-être que tu as plein de boutiques que tu n'aurais pas ouvertes. Parce qu'elle a te mis ce coup de pied, tu vois, pour te booster. Copine,

  • Speaker #0

    tu as peur. Mais c'est Dieu qui gère, tu as peur de quoi ? C'est comme ça que tu ne peux pas. Non, vas-y, fais. Tu fais tout le temps comme ça. Et franchement, moi, je sais que, par exemple, c'est la même chose. Moi, j'étais là genre en mode, parce que moi, je suis très branding, etc. Copine, il faut qu'on change ton logo. Il faut qu'on fasse ça. En fait, à la limite, je prenais des décisions dans ce qu'elle faisait. C'était réciproque. Par exemple, l'ouverture de ma boutique, c'est elle qui est venue me dire C'est quoi ton merchandising là ? Elle a tout changé, elle a tout chamboulé. Mettez ça là, faites ça là. Quand tu viens et que tu la trouves, tu vas penser Elle n'a pas trouvé sa sofa, tout. Et j'ai le même comportement quand je suis chez elle. Et franchement, c'est ce qui nous a poussés, je pense, toutes les deux, parce qu'on faisait les choses ensemble. Donc, c'était la communauté de l'une qui rejoignait la communauté de l'autre. Partout où je vais, on me dit Pourquoi tu n'es pas venue avec elle ? Partout où elle va, on lui dit Ouais, Fatima. Et donc au final, en fait, c'est vraiment ça. Elle, elle me dit qu'avant, les gens ne la connaissaient pas, elle. on connaissait sa marque mais c'est à cause de moi que sa tête est plus sous le réseau social et on se montrait naturellement en rigolant et souvent quand on se parle elle me dit copine on va pas changer avoir des images de femmes entreprenantes c'est ça que les gens aiment viens on est nourris oui

  • Speaker #1

    effectivement c'est ça que les gens aiment les gens aiment vous voir vous taquiner rigoler après c'est moi qui reviens me dire

  • Speaker #0

    les gens ne nous prennent pas au sérieux. Moi, j'ai fini de faire le pitre sur le sujet. C'est ça que tu me dis demain, tu reviens. Je ne me fatigue pas. Et chaque fois qu'on s'appelle, mon mari sait que j'en ai au moins pour deux heures. Là, par exemple, elle est partie, elle fait le tour du monde. Tout le monde demande. Arrête de me demander. Elle est depuis des mois. Donc là, elle revient, je pense, bientôt, Inch'Allah. Mais voilà, c'est cette énergie positive et toutes les personnes qui la connaissent vont te dire la même chose. Elle est comme ça, naturellement. elle aime donner, elle donne d'elle-même elle partage, elle va toujours pousser les gens à mieux faire donc c'est vraiment une personne magnifique une personne très pieuse et en fait pour moi au fond c'est ça c'est qu'aujourd'hui si tu as une personne et vous partagez les mêmes valeurs, tu sais que jamais la personne ne va faire quelque chose pour te faire du tort parce qu'avant même sa relation avec toi, elle pense à sa relation avec toi Des choses que jamais elle ne fera. Il y a des choses, je sais direct que même si je les vois, ce n'est pas elle. Quelque chose d'autre qui s'est passé, etc. Il y a une explication. Mais je sais que ce n'est pas elle de son propre gré qui a décidé de faire du temps. Et j'ai eu une très belle relation avec les filles de Imara, par exemple. C'est des personnes avec qui on a fait plein de choses. On a fait des voyages, etc. Et pour moi, c'est toujours ces énergies positives qui se créent là. Calista, qui nous met dans tous ses projets systématiquement. Khadinyan de Red Lips. On est tout le temps fournis ensemble. Quand elle fait un projet, avant même de nous parler du projet, par exemple, son événement là. elle vous met en direct le logo taguée elle me moque elle se moque tu vois elle sait que je vais venir je fais un événement je sais que je vais pas aller chercher et que forcément elle sera là avec son équipe et donc c'est quelque chose qui nous pousse toutes à aller de l'avant plus facilement parce qu'on fait les choses ensemble donc elles sont moins dures elles sont plus fun ma tournée aux Etats-Unis Canada avec Imara mais c'était des fourrées à ne plus finir mon fils il l'appelle Babachou parce qu'on était tout le temps avec lui partout il avait un hôteur qui allait le prendre avec moi Donc, il a fait toutes les villes. Maintenant, il dit, je pensais que c'était un Américain,

  • Speaker #2

    mais regarde-le.

  • Speaker #0

    Il a un wall of bien sec. Son premier anniversaire, on était là-bas. Donc, c'est vraiment des souvenirs de vie qui se créent avec ces personnes-là. Femme de Lilin.

  • Speaker #1

    Après, je suis obligé de te parler aussi d'un sujet qui va avec votre domaine, parce qu'on a eu à en parler, toi et moi. Tu as eu un tel impact dans tes créations qu'il y a eu beaucoup de copies. Comment tu vis la copie aujourd'hui ? Aujourd'hui, tu as grandi, tu as mûri. Donc, je pense que tu t'es rodé, entre guillemets, on va dire. J'ai guéri. Tu as guéri. Mais au début, j'imagine, la première fois, comment tu le... Ça pique. Oui, ça pique.

  • Speaker #0

    Olivier, ça pique de fou. Imagine, on te fait ton colis partout et complètement moins cher.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Tu vois, ça pique.

  • Speaker #1

    Mais il faut que des jeunes entrepreneurs ou des personnes qui nous regardent aujourd'hui, qui se lancent ou qui se lanceront plus tard peut-être dans ce domaine-là, quel conseil tu pourrais leur donner par rapport à si demain, vous voyez qu'on vous copie ?

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sûre que ce serait le bon conseil. Parce que moi, personnellement,

  • Speaker #1

    là... Vous les tuez, vous les butez. Ce n'est pas le bon conseil.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas le bon conseil dans le sens où moi, j'aurais pu se dire, continue ton chemin. Parce que... Tu sais, il y a ce beau hadith du prophète, où il est avec, je ne veux pas dire n'importe quoi, mais un des sahabas qui l'a éduqué, et il lui dit, si le monde entier se liguait pour te donner quelque chose que Dieu ne t'a pas destiné, tu ne l'auras pas. Si le monde entier se liguait pour interdire ou prohibiter, je ne sais pas comment expliquer, bloquer quelque chose que Dieu t'a destiné, il n'y arriverait pas également, tu l'auras. Et donc c'est vraiment, aujourd'hui j'ai une telle foi en... La vérité est que tout ce qui est mon risque me parviendra. En Wolof, on dit souvent Satyar kamtila C'est-à-dire que voler, c'est juste être pressé. Mais ce que tu voles, ça t'était déjà destiné et tu l'aurais eu d'une meilleure manière si tu avais juste été patient. Et donc, moi, j'ai tardé vraiment à avoir cette maturité-là. Oui,

  • Speaker #1

    à avoir du recul, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et savoir qu'en fin de compte, ce sont des gens qui sont en train de me faire du tort, mais au final, ils se font encore plus de tort à eux-mêmes. Aujourd'hui, c'est des gens qui ne vont pas avoir de légitimité devant les gens. Bien sûr, il y a des gens qui ne sauront pas qu'ils ont copié parce qu'ils ne me connaissaient pas. Mais aujourd'hui, c'est des gens que d'autres personnes ne vont jamais prendre au sérieux parce qu'ils font. C'est des gens qui, eux-mêmes, en faisant ça, en fait... Moi, j'ai tellement peur de l'argent qui n'est pas... Comment on dit là-haut ? C'est pas légal, mais en fait, dûment acquis. Et pour moi, être vraiment de Godfrey, c'est vraiment ne pas avoir froid aux yeux que d'oser manger cet argent. Donc aujourd'hui, moi, je vois les choses différemment. Mais ça également, ça m'a poussé à une inertie, à une inaction vis-à-vis de ça. Et ça, je ne suis pas sûre que ce soit la bonne posture à avoir. Parce que ce que j'ai fait, le fait que je n'ai pas réagi, le fait que je n'ai jamais porté plainte, surtout contre certaines marques qui sont très en vue maintenant aujourd'hui, qui sont venues dans les mêmes séries que moi, qui habillent les mêmes personnalités que moi, etc. qui continuent dans la copie, qui copient nos palettes de couleurs, les designs, les motifs, mais vraiment tout, les coupes,

  • Speaker #1

    tout. Mais est-ce que tu peux protéger ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    C'est protégé. Donc déjà, ils sont protégés au niveau de l'OAPI. Mais après, il faut intenter des actions en justice.

  • Speaker #1

    Et ça te demande du temps, de l'argent ?

  • Speaker #0

    Ça te demande de l'énergie. Et surtout, ça te donne une réputation, parce que le Sénégalais voit très mal le fait d'aller intenter une action en justice contre quelqu'un d'autre. Parce qu'on aime tellement la liberté qu'on se dit que...... en priver quelqu'un d'autre, c'est vraiment très mauvais. Tu vois ? Et ce que je réalise, en fait, c'est que... Ce truc-là, la peur qu'on nous dise, elle est revancharde, elle n'est pas aussi positive qu'on pensait. Au final, elle avait une image de quelqu'un de gentil, etc. Mais elle est comme tout le monde, c'est pour des gains. Et surtout que ce soit pour des gains financiers que je fasse ça.

  • Speaker #1

    Alors, où je ne suis pas d'accord avec toi sur ça, c'est que ce n'est pas pour du gain. Parce que pour moi, c'est plus pour le combat de tu ne le fais pas que pour toi, tu le fais aussi pour les futurs designers. qui vont arriver et si les gens voient que tu peux plus copier sans que personne te dise quelque chose, finalement tu vas changer les mentalités. Après tu vois c'est facile de parler quand on est assis comme ça et que t'as pas de l'argent à mettre, que t'as pas du temps à mettre sur ça et tout. Mais c'est pour moi aussi quand même important d'intenter des actions et de montrer que ces gens copient. C'est que finalement... T'as travaillé, t'as mis du temps, t'as mis de l'énergie. Tu as fait des efforts que ces gens n'ont pas faits. Ils viennent prendre et personne ne leur dit rien. Personne ne leur tape sur les doigts. Donc, tu vois, ils vont faire sûrement à d'autres personnes, à d'autres personnes. Mais bon, c'est un autre débat. Mais je voulais surtout savoir, c'est ça, comment toi aujourd'hui, quand tu vois ça, tu te dis, bon, OK, moi, je continue d'avancer. Copier ce que j'ai fait moi l'année dernière. Moi, je suis déjà dans la prochaine collection et dans la collection de dans-dedans.

  • Speaker #0

    C'est exactement comme ça que je fais maintenant. Et je pense qu'à une époque, j'avais même dit à Mamital, viens, on crée une page et on dénonce tous les gens qui font de la copie, tu vois. Mais après, je me suis dit, en fait, ça, on ne vaut pas le coup. Ça va me prendre trop d'énergie pour rien.

  • Speaker #1

    Ressent dans l'énergie positive.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pour ça que je dis que je ne suis pas sûre que je donnerai le bon conseil à ces gens. Parce que moi, ce que j'ai fait, c'est ne rien faire. Je ne suis pas sûre que ça a été la bonne chose à faire. Peut-être que si j'avais réagi à la première, deuxième collection où on m'a fait ça, parce que c'était vraiment des choses très flagrantes. où tout le monde venait me dire mais tu as vu, tu as vu, tu as vu peut-être que ça n'aurait pas continué autant. Et comme tu dis, j'ai un rôle également vis-à-vis des gens, et j'aurais pu exercer ce rôle-là pour dissuader d'autres personnes de le faire. Je ne l'ai pas fait, c'est un choix qui était assez égoïste, parce que franchement, c'était un choix de choisir ma paix et de prioriser ma paix.

  • Speaker #1

    Je ne pense pas que c'est égoïste. En fait, où je suis dans une dualité, dans ce que je te dis, c'est qu'effectivement, il y a la partie de moi qui dit Tu devrais le faire pour surtout, même pas que pour toi, mais pour les gens qui arrivent derrière. Mais il y a là aussi l'autre partie de moi qui dit, je suis d'accord avec toi. Moi, j'aurais fait pareil. Parce que finalement, tu vas mettre du temps, tu vas mettre de la mauvaise énergie dans ça, que tu aurais pu mettre sur autre chose, créer déjà toi la suite, que eux n'auront pas pensé. Parce qu'à la fin de la journée, tu as toujours un, deux, trois collections d'avance sur eux. Parce qu'eux, ils sont occupés à copier ce que toi, tu viens de sortir. Mais toi, c'est déjà sorti. Toi, tu es déjà sur la suite. Donc, je comprends aussi. Ce côté de toi qui dit, je ne vais pas mettre mon énergie sur ça. Viens, je mets mon énergie sur le positif et je continue d'avancer.

  • Speaker #0

    J'ai préféré en rire qu'en pleurer au final. Je disais que moi, j'ai plein d'employés. J'ai les miens, ceux de un tel, ça de un tel. Tous, ils bossent avec ma tête. Donc, c'est tous mes employés. Donc, je préférais voir les choses différemment et dire que voilà, tous, ils vivent avec la baraka de ce que nous, nous faisons. Mais oui, ça a piqué. Et jusqu'à présent, des fois, je vois des choses, je me dis, mais attends. cette personne en particulier.

  • Speaker #1

    Tu es toujours en avance. Tu es toujours en avance, c'est ça qu'il faut se dire.

  • Speaker #0

    Ça fait mal.

  • Speaker #1

    Ça fait mal, tu es toujours en avance.

  • Speaker #0

    Ram Doulila, tu te dis en fait, quoi qu'on dise d'ici, je ne sais pas moi,

  • Speaker #1

    20 ans. Lui, 8 ans, on les copie.

  • Speaker #0

    D'ici quelques années, ce ne sera plus Valoven, on sera tous ailleurs en train de faire autre chose. Exact. J'espère que la marque, elle va perdurer et me survivre, mais elle devra faire face à plusieurs situations comme ça s'il continue. Donc, à un moment donné, je me suis dit, écoute, tu ne gâches plus d'énergie dans ça. Je continue d'avancer et surtout aujourd'hui, on ne cherche plus juste à faire des vêtements à pleine. Ce qu'on cherche à faire, c'est à créer de l'impact, c'est changer des vies, c'est accompagner des gens à réaliser leurs rêves. C'est que ces personnes-là qui aujourd'hui sont démotivées, veulent quitter ce pays-là et une raison de rester. Donc, je ne suis plus au même, je ne suis plus dans le même état d'esprit du tout, de je veux me faire connaître. Et c'est dire en fait, rien que ce début d'année. Voir la fin d'année de passé jeudi, on avait intenté, on avait commencé une consultance en marketing. Et quand je réalise en fait le chemin qui a été parcouru et comment ma vision a complètement changé depuis, parce que vraiment l'objectif c'était d'avoir une bonne RP, d'être dans les grands magazines, Vogue, etc. Côté mode. Et en fait, en l'espace de quelques mois, mon objectif a changé. Ce que je veux aujourd'hui, ce n'est pas me faire connaître. par des magazines qui veulent me faire entrer dans des codes qui ne sont pas les miens. Ce que je veux aujourd'hui, c'est qu'une fois que je ne serai plus de ce monde,

  • Speaker #1

    ça perdure.

  • Speaker #0

    Qu'on ait impacté l'Afrique, qu'on ait impacté le Sénégal, qu'on ait changé des vies et qu'on retrouve beaucoup de choses de l'autre côté, dans le bon compte bancaire.

  • Speaker #1

    Amen, amen, amen. Et aujourd'hui, l'équipe SofaTou, c'est combien de personnes ?

  • Speaker #0

    32.

  • Speaker #1

    32 personnes. Qui aujourd'hui sont impactées directement par tout ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Chaque fin de mois, qui m'impacte aussi beaucoup.

  • Speaker #1

    Et donc, on est obligé...

  • Speaker #0

    Parce que c'est le 10 du mois. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Mais justement, on est obligé d'arriver à cette partie-là, c'est ça ? Tu dis qu'actuellement... Parce qu'on s'était vus il y a... Si je ne dis pas de bêtises, un an. et tu me disais que tu étais en train de, je ne sais pas si je peux le dire, de réfléchir à peut-être grandir, et donc chercher des investisseurs pour entrer dans le capital. Donc tu as déjà une projection, toi, à plus long terme de ce que tu veux faire. On est effectivement dans une période actuellement où le pays est en transition et en train de bouger. C'est quoi la réalité d'un entreprise ? Parce que tu vois, moi, nous n'avons pas d'employés. avec Arel. Donc moi, je comprends, je ne connais pas cette réalité. C'est quoi la réalité ? C'est quoi le positif ? Mais en même temps, le stress de devoir avoir autant de monde qui dépendent de ce business que tu as créé. Que les gens comprennent ce que tu vis au quotidien. Parce que il s'arrête, tu sais, à l'image de Sopha, tout ce que tu nous montres sur les réseaux, mais on n'imagine pas toute la réalité qu'il y a derrière.

  • Speaker #0

    C'est énorme, Khadija.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est sûr.

  • Speaker #0

    C'est un stress. En fait, dernièrement, ce que je me demande, c'est ce que serait ma vie sans ce stress-là.

  • Speaker #2

    Non, je te jure.

  • Speaker #0

    L'autre jour, j'ai appelé ma cousine, Khadija. Donc, c'est elle qui est censée être notre directrice commerciale, mais qui ne veut pas lâcher le WhatsApp. Donc, quand vous nous écrivez sur WhatsApp, c'est elle qui répond.

  • Speaker #1

    Bonjour, Khadija. Bonjour,

  • Speaker #0

    Khadija. Et je lui disais, mais tu t'imagines, en fait, comment on serait tranquille si on se réveillait et il n'y avait pas à s'ouvrir. et qu'on n'avait pas les salaires à gérer et que toi, tu n'avais pas de clients mécontents et qu'à l'atelier, ils n'avaient pas foiré la commande d'un client. Olivier, la semaine passée, je te jure, j'étais au bord du coufre, je te jure, émotionnellement, ça n'allait pas. Une cliente, ils ont refait trois fois sa tenue. On voyait trois fois sa tenue à Paris. Les trois fois, la tenue n'allait pas. Olivier, tu imagines. Et maintenant, malgré toutes les bêtises là, malgré le fait que tu viens, tu trouves... plein de choses qui sont gâtées, de l'argent qui est gaspillé, etc. Toi, à la fin du mois, tu dois payer le salaire des gens. Donc, tu te prives. Il y a eu des mois où c'était tellement difficile que j'ai dû emprunter de l'argent ou prendre une tontine que j'avais, etc. Et pour pouvoir payer les salaires. Et en fait, c'est difficile de savoir que qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente. Toi, tu es obligé de te démerder pour que les gens-là aient le reste. Que tu aies vendu ou pas. Que les gens aient bien fait leur travail ou pas. Il faut. Et aujourd'hui, en fait, je pense qu'on a tellement grandi dans l'affectif et bâti cette marque dans l'affectif qu'il y a des gens, on sait que c'est des boulets, mais on ne peut pas s'en séparer parce qu'on sait que le gars,

  • Speaker #1

    tu le vire,

  • Speaker #0

    le gars vit dans ton atelier. Tu le vire, il fait comment ? Et tu sais qu'avec le travail, la qualité du travail qu'il fournit aujourd'hui, partout où il va, c'est un problème.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que tu penses que tu peux être dans ce domaine-là et être dans l'affectif ?

  • Speaker #0

    Je pense que je ne peux plus grandir comme ça. Là, on a atteint un plafond de verre, on ne peut plus. Tu ne peux plus continuer à fonctionner de cette façon, tu ne peux plus faire de l'argent de cette façon. Là, aujourd'hui, en fait, ce n'est pas qu'on ne vend pas, mais tout ce qu'on vend, on le dépense. Et donc, tu réalises qu'au final, même si tu faisais un milliard de chiffres et que tu as dépensé les un milliard, à force de vouloir aider les gens, tu te retrouves dans la même situation. Toi-même, tu deviens un cas social. Toi-même. Je regarde mon pouvoir d'achat d'il y a quelques années et mon pouvoir d'achat aujourd'hui. Moi-même, je regarde dans la boutique des vêtements. Avant, je prenais, j'achetais pour offrir aux gens. Maintenant, je dis, c'est mon patrimoine.

  • Speaker #2

    J'offre à qui je veux.

  • Speaker #0

    Moi,

  • Speaker #2

    je ne paye pas.

  • Speaker #0

    Comme vous ne me donnez pas d'argent, donnez-moi les vêtements. Non, quand j'ai eu mon bébé, je suis venue avec ma valise. J'ai dit, mettez dedans, je vais porter. Vous ne me payez plus d'argent, payez-moi des vêtements. C'est-à-dire, en fait, que c'est un impact très dur psychologiquement. Les gens sont en train de dormir, toi tu penses à où est-ce que tu vas prendre de l'argent pour payer parce que c'est une masse salariale qui a explosé. Ah oui. Ouère, ouère, d'un mois à l'autre, tu as l'impression que c'est 15 jours. Et à la vidéo de Louis de Finesse là où il dit mais c'est encore la fin du mois, encore. Et chaque fois je me dis mais ouère,

  • Speaker #1

    je comprends pas. Ça va vite.

  • Speaker #0

    Ça va très vite, c'est très stressant, c'est très frustrant parce que tu n'as pas toujours ce que tu veux et qui fait que ce soit légitime pour toi de payer ce que tu es en train de payer. Mais bien sûr, à chaque fois que tu vas te poser et te dire, et surtout c'est difficile de gérer parce que nous, par exemple, on entend des avances sur le salaire parce qu'on sait que c'est difficile. Et des fois, en fait, c'est comme si ces personnes pensaient que c'est un dû. On vient te dire, oui, j'ai besoin d'argent, d'avance sur le salaire parce que j'ai telle situation. Et tu dis, les caisses sont vides. Et tu dis, oui, mais moi, j'ai besoin d'argent. Oui, mais les caisses sont vides. Qu'est-ce qu'on fait ? Je me vends, je te donne, mais je fais quoi ? Je prends rien, je te donne, je ne comprends pas. Et en fait, au bout d'un moment, tu commences à être démotivé parce que tu te dis, est-ce que ça le vaut vraiment ? Après Khadija, l'autre jour, elle m'a envoyé plein de captures de clients très contents. Exactement. Tu vois, c'est pour ça qu'on fait ça aussi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Parce que c'est pas que tu vois... Ou bien un autre jour, qui vient nous dire, il y a un tel qui avait telle situation, sa maman était malade, elle a pu payer avec la raison de sa tontine, etc. Ça fait ça.

  • Speaker #1

    Oui, après ça, c'est l'entrepreneuriat. C'est des hauts, des bas, des moyens...

  • Speaker #0

    Des très bas.

  • Speaker #1

    Des très bas et des très hauts, exactement. Et de toute façon, c'est ça. Je pense aussi que de toute façon, comme tu le disais tout à l'heure, de par ton caractère, de par ta nature, être dans un emploi où tu aurais une routine, ça te fatiguerait, Fatima.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas à faire mon...

  • Speaker #1

    Comme tu as dit, tu as besoin de cette... Tu l'as dit toi-même, tu as besoin de... C'est maintenant, l'adrénaline de maintenant, tu as besoin de ça. Et être finalement, faire du 9 à 5... et avoir ton salaire ?

  • Speaker #0

    Non, je ne peux pas. Mais mon mari, par exemple, peut avoir beaucoup d'argent et je fais ce que je veux.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une option aussi, effectivement.

  • Speaker #0

    Donc, il n'a qu'à bosser. Il faut dire qu'il bosse plus dur. Oui, mais même ça, je sais que je m'ennuierais. J'aime ce que je fais, mais c'est juste qu'il y a des moments où c'est plus dur que d'autres.

  • Speaker #1

    Ah oui,

  • Speaker #0

    c'est sûr. Parce que tant que tu n'as pas ce stress-là de à la fin du mois, je paye comment ? Franchement, advienne que pourra. Moi, tant que je ne suis pas stressée par comment je fais pour payer les salaires, I'm good. Je n'ai pas besoin d'avoir plein d'argent.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    I'm not even using it.

  • Speaker #1

    Tu veux juste savoir que ces gens qui comptent sur moi, Je ne veux pas les décevoir.

  • Speaker #0

    Mais là, j'ai décidé que ce mois-ci, parce que ça ne vend pas, je vais venir leur dire, voilà les amis, on n'a pas vendu moitié salaire pour ce mois.

  • Speaker #2

    Juste une fois. Tout le monde comprend.

  • Speaker #1

    Ça, parce qu'effectivement, c'est facile d'être de l'autre côté, d'attendre son salaire et de ne pas comprendre les réalités.

  • Speaker #0

    Ce mois-ci, j'ai fait plein de trucs. Là, par exemple, je leur ai dit, je m'en moque. Tous ces frais supplémentaires de envoyer au pressing parce que vous avez tâché. Ensuite, renvoyer à la boutique pour emballer, renvoyer chez le client, repayer le CP pour repartir.

  • Speaker #1

    Les petits, les petits, les petits, les petits, là, ça fait beaucoup.

  • Speaker #0

    C'est les petits, là. J'ai dit, maintenant, on coupe. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr.

  • Speaker #0

    Si tu as des responsabilités,

  • Speaker #1

    tu enlèves ça. Exactement.

  • Speaker #0

    Je sais que c'est fin du mois, mais ça va diminuer un peu. Non, j'espère surtout que ça va les pousser à mieux faire. Je sens qu'il y a eu un relâchement. Général. C'est peut-être dû à la crise, c'est dû à beaucoup de choses. Tu sais, les gens vivent des situations difficiles chez eux. Et surtout, on n'était pas très regardant sur beaucoup de choses. Parce que comme je te dis, on a vraiment bâti le truc dans l'affectif. Mais je sais que quand ils vont voir une tête tomber, deux,

  • Speaker #1

    après on va voir. Ça recadre.

  • Speaker #0

    C'est juste qu'il faut que je trouve en moi le courage de faire ça. C'est pour ça que ma soeur me dit tout le temps il faut que ce soit plus toi qui dois faire ces décisions.

  • Speaker #1

    Oui. Parce que tu ne vas pas le faire. Aujourd'hui, tu as assez grandi, assez mûri. pour toi, t'occuper de d'autres étapes qui sont trouver le financement, faire grandir la marque et tout et que le day-to-day, le côté RH et tout, tu le sais que t'as un trop bon cœur. Donc, tu le sais que tu dois t'éloigner de connaître les gens et d'être dans l'intérêt.

  • Speaker #0

    Je suis dans toutes les sauces. Je veux venir trouver quelque chose, je ne dois pas parler de l'ingénieur.

  • Speaker #2

    Pourquoi c'est comme ça ?

  • Speaker #0

    Comme tu dis, c'est difficile de déléguer. Je suis pas tranquille. C'est toi, tu as ta vision des choses. Et mon problème, c'est que moi, j'ai beaucoup fait du micromanagement. Et en fait, je peux m'asseoir, venir voir des fils qui pendent sur un truc. Je vais m'asseoir, aller récupérer les ciseaux et couper. Alors que tu as plein de personnes qui auraient pu faire ça pour toi. Un poste, je vais dire non, la police où vous avez placé ça, etc. Ça ne nous ressemble pas. Et je vais dire non, je rentre dans Canva, je fais moi. Donc, c'est plein de petites choses comme ça qui te retardent alors que tu aurais plus de valeur ajoutée à faire d'autres tâches. Et c'est vraiment ça que je dois apprendre. Je ne vais pas dire que je suis en train d'apprendre, ils vont me dire c'est pas vrai. Mais oui, début d'année, on a fait un très beau team building. On a, tu vois, on a essayé de vraiment... plus se faire confiance, etc. Mais franchement, cette année, comme je te dis, j'avais levé le pied, je m'étais fait mon planning tranquille, c'est matinée à l'école. Ensuite, quand je finis, je passais des fois rapidement, mais je pouvais rester genre des semaines sans passer. Et parce que je pensais vraiment que les choses étaient bien en place, etc. Mais bon, je réalise après coup que les process sont pas huilés, il y a des process qui n'existent même pas. Par exemple, je réalise qu'on n'avait pas de process de décaissement. Chacun vient dire à la comptable, j'ai besoin de temps parce qu'on doit faire ça.

  • Speaker #1

    et elle envoie l'argent je suis venue il y a un mois j'ai dit même livraison maintenant vous me demandez c'est ça il faut structurer tout il faut organiser tout ça doit être un vrai challenge au quotidien on a pris plein de consultances pour ça un

  • Speaker #0

    autre consultant sur la stratégie du développement aussi sur la restructuration et alhamdoulilah on espère que ça va être un bon résultat et aujourd'hui

  • Speaker #1

    Toi, sauf à tout, si c'est quelque chose dont tu peux parler, tu vois ça où dans 5 ans, 10 ans ?

  • Speaker #0

    5 ans ou 10 ans ?

  • Speaker #1

    Allez, 5 ans. Comme ça, je peux te réinviter dans 5 ans dans le fauteuil pour que tu me dises. Tu peux me réinviter dans 10 ans. Oui, Inch'Allah.

  • Speaker #0

    Je sais que ça va être un énorme plateau.

  • Speaker #1

    Amine.

  • Speaker #0

    À la Jimmy Fallon, tout ça.

  • Speaker #1

    Comme moi, je peux dire que je sais que dans 10 ans, ton emploi du temps sera trop bouqué. Donc, pour t'avoir, tu vois.

  • Speaker #0

    Dans 5 ans, je pense que je vois un acteur important du développement local, du développement de l'industrie culturelle, créative sénégalaise et africaine de manière générale. Je vois une marque qui impacte beaucoup de vies. J'espère qu'on aura dépassé la centaine d'employés. J'espère qu'on aura également réussi à... Ce cap-là...

  • Speaker #1

    Tu as centaines d'employés, tu veux gérer encore...

  • Speaker #0

    C'est pas moi qui vais gérer !

  • Speaker #1

    Non, toi aussi !

  • Speaker #0

    Dans cinq ans ! Là, je te parle de Sofatou, mais moi, je me vois loin là-bas. Medine a appelé des fois pour dire comment ça se passe.

  • Speaker #1

    Je suis fatiguée !

  • Speaker #0

    Je vois une marque qui aura réussi à dépasser vraiment ce cap-là de la structuration, mais surtout du passage à l'échelle. Parce que c'est là-bas que beaucoup d'entreprises malheureusement échouent. Elles vont grandir à une grande vitesse de croissance et puis arriver à ce niveau-là.

  • Speaker #1

    À un palier. Oui,

  • Speaker #0

    et ça bloque. Donc on espère vraiment qu'on va réussir ce passage à l'échelle, conquérir encore plus de cœurs, générer encore plus d'impact socialement au Sénégal, mais aussi un peu partout et surtout être implanté dans plusieurs autres villes d'Afrique. Là, on est juste à Dakar et à Abidjan. où on a nos propres boutiques. On est représenté dans plein d'autres pays. On peut continuer sur la représentation, mais je pense que ce serait pas mal d'avoir d'autres boutiques dans les trois, quatre villes.

  • Speaker #1

    D'accord. Inch'Allah. C'est tout ce qu'on te souhaite. C'est tout ce qu'on te souhaite.

  • Speaker #0

    Ah, et ouvrir à Paris. Je sais, les gens de Paris, ça fait des années que vous me souhaitez ça. Inch'Allah. Ah oui ?

  • Speaker #1

    Parce que ça reste quand même, j'imagine, une grosse part de ta clientèle. C'est notre première destination. Ah ouais.

  • Speaker #0

    C'est la première ville que l'on explique.

  • Speaker #1

    Wow. Incroyable. Incroyable. Et avant de finir cette discussion, pour moi, c'était important aussi de rendre hommage à ta maman. Parce que pour moi, elle représente aussi toutes les valeurs qu'elle t'a inculquées, toute la femme que tu es aujourd'hui. Parce que je vais partager un truc que les gens ne savent pas. C'est que quand Karel est enceinte de Kélina, j'avais mon dos complètement bloqué. J'étais allongé pendant des mois et tout. Et la mère de Fatima, sans me connaître, sans m'avoir rencontré, m'a dit quoi faire, qu'est-ce qu'il fallait faire. Et ça montre toute la grandeur de cœur. Bien expliqué ! Tu vois, moi, je n'ai jamais oublié toute la grandeur de cœur et toute la femme qu'elle était et toutes les valeurs qu'elle t'a inculquées aujourd'hui qui font la femme que tu es. C'est que sans me connaître, juste Fatima lui a dit Ah, j'ai un ami qui a ça Elle a dit Ok, tu dis de faire ça, ci, ça, ça, ça, ça, ça, et ça va aller mieux Et je voulais vraiment lui rendre hommage dans la discussion. parce que ça montre toute la générosité toute la femme incroyable qu'elle était et qui tu es aujourd'hui en tout cas Fatima ça a été un plaisir de discuter avec toi un plaisir qu'on se pose parce que ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vu mais trop merci et puis en tout cas j'espère que tu as pris autant de plaisir que moi ah

  • Speaker #0

    bien sûr déjà moi j'aime parler,

  • Speaker #1

    j'aime encore plus parler avec toi c'est dommage on n'avait pas à manger je ferais mieux la prochaine fois Très mieux la prochaine fois. On se pose, on grignote et tout. En tout cas, ce que je retiendrai de cette discussion, c'est que tu es une femme inspirante. C'est que tu es quelqu'un qui n'a pas peur de faire bouger les choses. Tu vois ? C'est que tu es quelqu'un qui a des valeurs. Tu es quelqu'un qui aime consciemment l'autre, qui aime l'autre, qui aime donner aux autres. Et quand je dis donner, ce n'est pas forcément donner quelque chose de physique. Ça peut être par des conseils, ça peut être par la parole et tout. Et tu es surtout quelqu'un qui représente le Sénégal, qui représente l'Afrique en général, partout où tu vas. Et en tout cas, on te pousse à 10 000 de continuer à faire tout ce que tu fais. Je vous invite, la team incroyable. à aller voir si vous ne savez pas encore ce qu'elle fait ses réseaux allez voir les réseaux de Sofa2 c'est bientôt Noël si vous ne savez pas quoi offrir ou si vous ne savez pas quoi vous acheter prenez une petite tenue Sofa2 vous allez voir vous allez être frais frais comme ça si vous avez des mariages des événements frais la fraîcheur vraiment made in Sénégal made in Africa et voilà en tout cas tout le meilleur à toi merci la team incroyable d'avoir regardé ou d'avoir écouté l'épisode et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode Peace Allow me to reinduce myself, my name is Holt.

  • Speaker #0

    Holt Schultz.

Chapters

  • Introduction et accueil de Fatima Zahra Ba

    00:00

  • Présentation de Fatima et de son parcours

    01:35

  • Enfance et famille de Fatima à Dakar

    02:29

  • L'impact de l'éducation sur son parcours

    03:54

  • Éducation et créativité de Fatima à l'école

    09:48

  • Début de l'aventure entrepreneuriale de Sofatoo

    21:19

  • Lancement de la première collection et premiers succès

    23:25

  • Développement de la marque et défis rencontrés

    44:11

  • Valeurs et impact social de Sofatoo

    52:05

  • Vision future de Fatima et de Sofatoo

    01:29:29

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Description

Dans cet épisode captivant du OV Show, Olivier Vullierme accueille Fatima Zahra Ba, une entrepreneuse inspirante qui incarne l'esprit d'innovation et de résilience. Fondatrice de la marque Sofatoo et cofondatrice d'un concept store, Fatima nous plonge dans son parcours de vie exceptionnel. À travers cette conversation enrichissante, elle partage comment sa famille a joué un rôle crucial dans ses choix de vie et ses aspirations professionnelles.


Fatima évoque les défis uniques auxquels elle fait face en tant qu'entrepreneuse dans le secteur dynamique de la mode sénégalaise. La gestion d'équipe, la créativité et l'authenticité sont au cœur de ses préoccupations, et elle nous révèle comment sa marque a su évoluer pour devenir un acteur clé dans l'industrie. Au fil de cet échange, elle aborde des thèmes tels que la pression familiale et la dualité entre tradition et modernité, des sujets qui résonnent particulièrement dans le contexte africain et au sein de la diaspora.


Cet épisode du OV Show n'est pas seulement une discussion sur le business, mais également une véritable source d'inspiration pour tous ceux qui souhaitent entreprendre. Fatima partage ses secrets de réussite, ses motivations et les valeurs qui l'animent au quotidien. Son engagement à donner en retour à la communauté et à rester fidèle à ses principes tout en naviguant dans le monde des affaires est un message puissant pour les entrepreneurs passionnés et ceux qui aspirent à faire une différence.


Ce dialogue riche en émotions et en réflexions offre des histoires captivantes et des leçons précieuses sur la construction d'une carrière. Que vous soyez en Côte d'Ivoire, au Cameroun ou ailleurs en Afrique, cet épisode du OV Show est une invitation à réfléchir sur votre propre parcours et à vous inspirer des expériences d'autres femmes fortes et déterminées.


Ne manquez pas cette occasion d'explorer les réalités de l'entrepreneuriat féminin, de découvrir des parcours de vie exceptionnels et de vous laisser motiver par les récits de ceux qui ont osé changer leur vie. Rejoignez-nous pour une conversation qui célèbre la diversité, l'innovation et la solidarité, et qui vous poussera à envisager votre propre chemin vers le succès. Écoutez le OV Show et laissez-vous inspirer par Fatima Zahra Ba et son message puissant!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allow me to reinduce myself, my name is Soul Soul

  • Speaker #1

    Hello, hello les incroyos, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien. Bienvenue dans un nouvel épisode du Off Show. Bienvenue à tous les nouveaux abonnés sur la page. Bienvenue à tous ceux qui nous écoutent en audio sur toutes les plateformes. Et aujourd'hui, je reçois... une amie, une sœur, une chef d'entreprise. une designer, une maman, je reçois Fatima de Sopatou dans le hall show ! Je me suis sentie comme une star.

  • Speaker #0

    Mais t'es une star, wesh. Ouais, ouais.

  • Speaker #1

    Mais t'es ma star, en tout cas. Moi, t'es ma star. Voilà, voilà. Toi, tu vas trop bien ? Ça va très bien. Tu vas bien ? Oui.

  • Speaker #0

    En forme ? Ça va très bien.

  • Speaker #1

    Bien installée ?

  • Speaker #0

    Très bien installée. On m'a bien traitée. Ça va.

  • Speaker #1

    C'est très beau ce que tu portes.

  • Speaker #0

    Merci. C'est trop beau.

  • Speaker #1

    Je me demande qui a créé ça. Mais bon.

  • Speaker #0

    Je me demande aussi.

  • Speaker #1

    On va en parler. D'ailleurs, regardez. Attendez, je pousse un peu le micro. Voilà, vous avez vu mon polo. Exclusivité mondiale.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Pardon, mon solo. Ce n'est pas un polo, c'est un solo. Merci. Mais bon, on va en parler plus tard. Tu vas bien ?

  • Speaker #0

    Ça va.

  • Speaker #1

    Prête à discuter ? Prête à parler ? Toujours. Prête à nous dévoiler les secrets ?

  • Speaker #0

    Ça, je ne suis pas très sûre.

  • Speaker #1

    Donc, en tout cas, la première question que je pose à tous mes invités, Fatima, quand ils arrivent ici, c'est comment tu te présentes aujourd'hui quand tu rencontres quelqu'un qui ne te connaît pas ?

  • Speaker #0

    La vérité, ça dépend de la personne. Si je vois une maman de deux, je vais dire bonjour, je suis maman de deux enfants.

  • Speaker #1

    Non, tu es dans un milieu professionnel. Tu es dans un milieu professionnel. Comment tu te présentes aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Alors, je me présente généralement comme Fatima Zahraba, une jeune femme sénégalaise, une jeune femme halpoula, à moitié, lébou, à moitié. Pas toujours, ça dépend. C'est une personne très culturelle, mais je continue. Je suis la fondatrice de la marque Sofato. et la cofondatrice d'un concept store qui s'appelle Arka. Je peux m'arrêter là-bas ? Non,

  • Speaker #1

    c'est très bien. C'est très bien. De toute façon, on va rentrer dans le détail, dans le parcours et dans l'histoire, et je pense que les gens apprendront à savoir qui tu es et tout ce que tu fais. Alors moi déjà, Fatima, la première question, c'est tu es née à Dakar ?

  • Speaker #0

    Je suis née et j'ai grandi à Dakar. Née ? Boé Kapsi.

  • Speaker #1

    Boé Kapsi. Tu as une grande famille, beaucoup de frères et sœurs ?

  • Speaker #0

    Alors, on était quatre. Ouais. Moi, ma grande soeur, ma petite soeur et mon petit frère, Benjamin, qui est décédé malheureusement en 2016. D'accord. Le temps passe.

  • Speaker #1

    Oui, le temps passe vite.

  • Speaker #0

    C'est fou. Oui, donc on était quatre. Mais maintenant, c'est moi et mes deux frères, deux soeurs.

  • Speaker #1

    Et c'était comment l'enfance de Fatima ?

  • Speaker #0

    C'était joyeux. J'ai vraiment eu une belle enfance. Je suis née à Liberté 5, là où il y a mon atelier maintenant, chez ma grand-mère. Puis on a déménagé à Liberté 6 Extensions, puis encore à Liberté 6 Extensions. Donc je suis vraiment dans ma zone là. D'accord. Et donc on avait beaucoup de cousins, cousines. On a grandi avec, très souvent chez ma grand-mère, beaucoup de fêtes d'anniversaire, beaucoup de sorties à Gorée, à la plage, etc. C'était vraiment une très belle enfance. Bon, moi j'étais une enfant aussi hyper sensible. Ouais.

  • Speaker #1

    J'en voulais beaucoup.

  • Speaker #0

    Ouais. D'ailleurs on m'appelait Santima. Tu connais la chanson de la chanson de la Gorée. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Deux quarts. Je pense que j'ai été très sensible pendant assez longtemps quand même. Mais oui, mais overall, c'était vraiment une belle enfance. De très, très beaux souvenirs.

  • Speaker #1

    Très beaux souvenirs.

  • Speaker #0

    Et de fort liens aussi.

  • Speaker #1

    Et papa et maman font quoi ?

  • Speaker #0

    Alors, papa est professeur de pensée islamique.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Professeur, chercheur. Docteur en pensée islamique d'ailleurs. Et maman, que Dieu ait son âme, était médecin nutritionniste.

  • Speaker #1

    Oui, très scientifique.

  • Speaker #0

    Oui, plus ou moins. Bon, après,

  • Speaker #1

    scientifique de la pensée et du corps.

  • Speaker #0

    Donc, et surtout papa et maman étaient, sont deux personnes très engagées. Je veux dire des activistes de manière générale, des modernistes un peu, des... C'est quoi le terme ? Des réformistes. Voilà. à engager politiquement, socialement, religieusement, culturellement. Et voilà, ils nous ont transmis beaucoup de ça,

  • Speaker #1

    je pense. Oui, je te pose cette question parce que justement...

  • Speaker #0

    Papa est aussi imam !

  • Speaker #1

    D'ailleurs, petite anecdote, son papa est imam, et Fatima et moi, on a un lien qu'on ne savait pas, jusqu'à ce que je vienne à sa boutique justement, c'est son père. qui nous a mariés, Carèle et moi. Et un jour, je suis à la boutique de Fatima, Carèle est en train d'essayer des habits.

  • Speaker #0

    Et la boutique se trouve à la maison.

  • Speaker #1

    À la maison, exactement. Et je vois un monsieur qui passe, et je regarde, je fais... Mais c'est le monsieur qui nous a mariés ! Et Fatima dit, mais c'est mon père ! Et donc voilà, on était déjà liés, sans le savoir. Et comment c'est justement... Tiens, je me pose cette question en même temps. C'est comment de grandir avec un père ? Parce que déjà, il est déjà dans la... Dans les sciences, déjà, il est imam, est-ce que c'est beaucoup de pression ? Est-ce que finalement tu n'as pas ressenti ?

  • Speaker #0

    Si je parle de la valise ! Le gars là, ça fait pas longtemps qu'il est devenu mon ami !

  • Speaker #1

    Alors que vous vous ressemblez tellement ! Tu trouves ? Je trouve ! La photo que tu as postée de lui récemment, je trouve que vous vous ressemblez tellement !

  • Speaker #0

    Non, c'était pas du gâteau ! C'est pour ça que je pense que les personnes avec lesquelles je serais le plus liée à vie, c'est mes sœurs, parce qu'il y a qu'elles qui savent c'est quoi d'être l'enfant du gars. Mais ce n'était pas facile.

  • Speaker #1

    En fait, quand tu es jeune, j'avoue, ça ne doit pas être simple, parce que comprendre... Tout ce qu'il veut t'inculquer.

  • Speaker #0

    Vous voyez le monde différemment.

  • Speaker #1

    Mais quand tu es grand, je pense que c'est là où tu réalises tout ce qu'il a voulu t'inculquer.

  • Speaker #0

    Et c'est là que tu deviens fan de lui. C'est là qu'aujourd'hui, que toi-même, tu veux mieux pratiquer ta religion, que tu réalises aussi la chance que tu as eu de l'avoir. De quitter inculquer certaines choses très tôt, etc. Par exemple, il y a des doigts que j'essayais d'apprendre très tard. Puis j'ai réalisé, mais ça, je connaissais ça quand j'étais toute petite. ce qu'on dit quand tu manges, quand tu sors. Mais en fait, tellement j'avais arrêté de dire ces choses en grandissant, je réalisais après coup qu'il m'avait appris tout ça, en fait, déjà. Donc, c'était beaucoup de pression. C'était beaucoup d'incompréhension. Parce que justement, lui, il est originaire du Fouta. Il a appris le Coran en entier. C'était un talibé. Ensuite, il est parti. Il a appris tout seul l'arabe. Il est parti en Mauritanie pour faire un cursus en arabe. jusqu'à ce qu'il ait une bourse pour partir étudier. Il a étudié au Liban, puis il a été au Qatar, je pense. Au Koweït, plutôt, c'est là-bas qu'il a eu son doctorat. Donc, tout dans les sciences islamiques. Donc, toute sa vie, en fait, c'est l'islam. Donc, quand nous, on est nés, lui, il était déjà affecté ailleurs. Il travaillait dans les sciences islamiques, bien entendu. Il travaillait dans l'humanitaire islamique.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et il était beaucoup plus rigide qu'il ne l'est aujourd'hui, par contre.

  • Speaker #1

    Il y a des petits enfants, maintenant.

  • Speaker #0

    Il y a des petits enfants. Et même, je pense qu'il a voulu devenir notre ami, ce qui s'est fait, alhamdoulilah. Et en fait, il était vraiment très comme ça. Alors que, donc lui, il est halpoulard, très traditionnel, etc. Ma mère, elle est lébou d'origine. Sa famille, c'est un peu la bourgeoisie de Dakar, un peu. D'accord. Donc, du côté de ma grand-mère, c'était en fait des anniversaires. Je me souviens que quand j'ai mis mon voile, quand j'étais au CEM de ma mère, ma grand-mère m'a dit, You didn't leave Machu c'était la danse du temps, donc tous les anniversaires on me dit Kaifu et Chi.

  • Speaker #1

    Bah alors il faut que tu traduises pour les gens qui parlent pas ou non de ce que tu viens de dire.

  • Speaker #0

    Pourquoi tu mets le voile alors que tu danses tellement bien le Machu ? Donc le Machu à l'époque c'était une chanson de Chonsek, et donc tous les anniversaires on me disait viens danser devant les gens. Et donc pour dire, elle était contre le voile de ma mère etc. Bien entendu après elle a regretté plus tard et elle s'est faite à ça. Et en fait, en plus de la pression du fait que c'était un imam, c'est que mon père et ma mère ils font partie... Ma mère déjà, c'est la première femme avec ses deux amis, les deux tatarijas, à s'être voilée à l'université.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    C'était un temps où être Ibadur Rahman, comme on les appelait, ce n'était pas la mode. Au contraire.

  • Speaker #1

    Ok. On a grandement fait ça. C'est marrant que tu dis ça parce que je n'aurais jamais pensé ça. Je ne me serais jamais pensé que tu aurais pu être jugée au Sénégal.

  • Speaker #0

    Mais moi, je détestais ça. Quand tu me dis que ta famille c'est des Ibadurs, je te dis non. Je me suis disputée pour ça, je me suis chamayé avec des gens pour ça, parce que dans notre tête, il y avait une réelle stigmatisation par rapport à ça, au fait de porter le voile, au fait qu'on partait à la tabasco, à la courrita, on nous forçait à partir à la mosquée. Les nafs, pendant le ramadan, on nous forçait à partir, on était les seules fillettes, on se disait mais pourquoi on est là en fait ? Donc oui, je pense que c'était très choquant au temps, et bien sûr c'était quelque chose qu'on n'aimait pas, c'est quelque chose qui a grandi dans le cœur des Sénégalais, c'est quelque chose qui a changé avec le temps, et il y a beaucoup de choses qui ont été faites pour ça. Mais à l'époque, oui, je pense que c'était beaucoup de pression. Oui,

  • Speaker #1

    mais tu vois, je ne sais pas si un jour ton père le ferait, mais j'aimerais tellement le recevoir dans le podcast pour parler de religion, de tout ça. Je te laisserai la mission et tu lui montreras l'épisode. Bonjour, tonton. Et donc, tu grandis dans cet univers, tu grandis dans cette famille avec plein de beaux souvenirs, de rires, de bonnes ambiances. Et Fatima, à l'école, elle est comment ?

  • Speaker #0

    Déjà, elle ne s'appelait pas Fatima. Je vais raconter ça ici. Plein de choses, plein de personnes qui ne savent pas. Je m'appelle Fatou. Ok. Donc c'est ce qui a amené d'ailleurs le nom de la marque, parce que ma grand-mère... que son père aussi n'a pas appelé Fatima, mais Fatoumada, était déclaré Fatou Sou. D'accord. Donc Sou Fatou, le nom de la mère. Et donc ma grand-mère, ce n'est pas mon père qui m'a déclaré. Parce que comme je te dis, il était tout le temps affecté ailleurs, il n'était pas là. C'est ma tante qui est partie pour me déclarer. Et comme on appelle ma grand-mère Fatou Sou, on a dit Fatoumada, il a dit Fatouba.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Sauf que tout le monde m'appelait Fatima à la maison. Et c'est le jour, bien plus tard, où mes sœurs ont découvert que je m'appelais Fatou, que ma vie est devenue un enfer.

  • Speaker #1

    C'est les sœurs qui ont lancé l'information.

  • Speaker #0

    Fatou Mbindou, Fatou Bobo Diouf, Fatou Bobonne, j'entendais tout. Et j'ai commencé à détester le prénom-là, parce qu'on m'appelait Fatou à l'école, mais toute ma famille m'appelait Fatima, parce que mon père m'appelait Fatima Zahra. Donc Fatima à l'école, ou Fatba à l'école, parce que beaucoup de gens jusqu'à présent, mes amis, m'appellent Fatba. Traite et en l'air, on écrivait tout le temps élève distraite, élève bavarde, mais très souvent première de la classe,

  • Speaker #1

    Alhamdoulilah.

  • Speaker #0

    Donc, j'avoue que j'ai eu beaucoup de chance. Je ne faisais pas forcément beaucoup d'efforts. Et c'est bien plus tard que j'ai réalisé que c'est parce que j'étais ce qu'on appelle neurodivergente et que j'ai été diagnostiquée, etc.

  • Speaker #1

    C'est quoi neurodivergent ?

  • Speaker #0

    C'est juste que ton esprit n'est pas conçu, un peu ton cerveau, comme les cerveaux normaux.

  • Speaker #1

    Comme la moyenne.

  • Speaker #0

    Voilà. Donc, tu as des gens qui, par exemple... Ceux qui sont atteints de... Moi, mon trouble en particulier, c'est ce qu'on appelle ADHD. Oui,

  • Speaker #1

    haut potentiel intellectuel. Non,

  • Speaker #0

    ça c'est autre chose, ça c'est HPI. Et souvent les gens qui ont ADHD, ADHD en français c'est le trouble de l'attention. C'est TDAH en français. Souvent les gens qui sont TDAH sont aussi HPI. Ça arrive. Et c'est juste qu'en fait ton esprit est conçu différemment. Par exemple, tu as ce qu'on appelle le time blindness, c'est que je ne réalise pas en fait. Je n'ai pas la bonne mesure du temps. Ok. Je peux faire quelque chose pendant un très long temps. Je pense que je fais ça depuis 10 minutes, alors que je fais ça depuis 1h30. Donc, oui. Et généralement, c'est des gens qui oublient beaucoup, sont très désorganisés, ont du mal à gérer leur temps. C'est des choses qui m'ont fatiguée toute ma vie, mais qui, par exemple, travaillent très bien dans le stress, sous le stress ou dans l'urgence.

  • Speaker #1

    D'accord. Et on te fait ce diagnostic à quel âge ?

  • Speaker #0

    Il y a des gens qui ne l'ont jamais fait. Moi, par exemple, c'est sur Internet que j'ai commencé à voir les trucs-là, à se dire, mais en fait, je vois la vidéo de quelqu'un qui explique ces situations, et c'est exactement toute une situation. Et donc, finalement, je suis allée voir quelqu'un ici à Dakar, c'est une dame et une libanesse d'ailleurs, et c'est là-bas que j'ai été diagnostiquée. En gros, c'est avec un questionnaire. Tu as des gens qui ne vont jamais être diagnostiqués de leur vie parce que c'est des choses qu'on apprend aujourd'hui. C'est aujourd'hui avec les réseaux sociaux que la science se démocratise un peu. Mais sinon, on va juste dire, ah, elle est juste Apple, elle est juste tes temps d'air. Donc, on m'a toujours catégorisé de Apple, tes temps d'air. Par exemple, mon père me disait, va me ramener un couteau dans la cuisine. Je vais aller dans les toilettes et revenir lui dire, qu'est-ce que tu m'as dit ? Je t'ai dit, ramène-moi un couteau. Je repars dans la cuisine, je prends le couteau, je vais donner ça à ma mère. Donc, c'est vraiment des choses sur des choses. Quand il explique aux gens, quand je rentre dans sa chambre, c'est tellement drôle. Il dit, moi, je rentre, je viens avec des chaussures, je les mets dehors. Je rentre, je prends ses chaussures, je déplace par exemple un médicament, je le laisse dans les toilettes, je prends là-bas une serviette, je jette ça par terre, puis je ressors avec des chaussures de quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Ah ouais, j'avoue qu'en tant que parent, tu regardes ton enfant et tu te dis mais qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    C'est ça, donc on a toujours diagnostiqué comme la folle de la maison. Donc c'est après que tu réalises ça. Mais ça aide apparemment avec les notes, avec pas mal de choses. Mais par contre, je suis pas parkourisée.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Il fallait que j'attende le matin des examens. Tu lis ? Oui, et j'apprends toute la nuit. Et il me faut des systèmes pour... Même le Coran que j'apprends actuellement, tous les jours, je viens, je dis... Ça, c'est la partie où on dit que c'est dans les coupes de gingembre qu'on boit. Je sais, c'est... Mais j'ai oublié les mots.

  • Speaker #1

    Toi, tu as tes trucs mnémotechniques où tu te souviens et...

  • Speaker #0

    J'oublie en fait ce que tu apprends.

  • Speaker #1

    C'est marrant que tu dis ça, parce que pour les gens qui suivent le podcast, ils sauront que je fais beaucoup ce constat avec la plupart des invités que j'ai reçus en ce moment. La plupart de mes invités... Euh... te disent qu'à l'école, ils étaient perdus. Pas perdus dans le sens qu'ils ne comprenaient pas, mais c'est qu'ils ne se reconnaissaient pas dans le système. Et en fait, c'est vrai que c'est maintenant qu'on commence à parler de ces troubles de l'attention, de haut potentiel intellectuel, de toutes ces différentes manières aujourd'hui qu'un enfant a de réfléchir. Mais nous, notre génération, et je ne parle encore pas de ce que ça devait être pour les générations précédentes. Si tu ne rentrais pas dans le moule, on te disait qu'il était bizarre et on te mettait juste sur le côté. Oui,

  • Speaker #0

    tu ne vas pas réussir, tu n'es pas outillé. Et c'est ça le problème, c'est que les gens ne sont pas outillés. Aujourd'hui, c'est comme l'anecdote où on te dit que si tu demandes à un éléphant, si tu juges un éléphant sur sa façon de grimper un arbre, tu vas te dire qu'il est battu toute sa vie. Et c'est exactement ça. Le système déjà n'est pas fait, ce n'est pas un moule dans lequel tout le monde peut rentrer, que ce soit le système scolaire, le système de l'emploi de manière générale. C'est dommage, c'est comme ça que les choses sont faites. Aujourd'hui, c'est bien qu'il y ait, comme tu dis, autant de choses qui vont nous faire savoir que c'est peut-être dû à autre chose. Par exemple, ma nièce, qui est aussi mon homonyme, j'ai dit à sa mère, elle a les mêmes choses que moi. Parce que j'entendais les gens lui dire les mêmes choses qu'on me disait. Tu n'écoutes jamais, on ne peut jamais rien te faire faire, tu as tout le temps la tête ailleurs, etc. Est-ce que tu m'entends quand je te parle ? Et en fait, tu réalises que la petite, c'est juste qu'en fait, elle ne... Elle n'est pas là. Tu vas lui demander de mémoriser un truc maintenant, elle te le récite. Demain, tu lui demandes, elle ne peut pas. Donc, heureusement, aujourd'hui, si tu sais que ça peut être autre chose, tu peux l'outiller. Tu peux l'emmener là où elle va trouver les bons outils, etc. Mais oui, je pense qu'il faut encore plus raise awareness, sensibiliser les gens par rapport à ces choses-là.

  • Speaker #1

    Et donc, au lycée, tu t'orientes vers quel cursus ? Parce qu'il y a S, L, ES. Toi, tu fais quoi ? Et j'ai posé une autre question dangereuse, on dirait.

  • Speaker #0

    Tu sais, quand j'ai fait le... D'ailleurs, je parlais de ça avec ma soeur. Le BFM, c'est après la sortie du collège. J'étais première de mon centre. D'accord. Je suis partie dans l'école où je voulais aller, le lycée d'application. C'est du Naurotal. On m'a dit, on n'a plus de place en S. J'ai dit, oui, mettez-moi en L. D'accord. Parce que je suis la personne paresseuse là.

  • Speaker #1

    Ok, L, ça va être tranquille.

  • Speaker #0

    Donc je vais là où c'est facile. Je suis allée en L. Pareil, pour quand on m'a demandé quelle langue tu fais, j'ai dit c'est quoi la plus facile ? On m'a dit espagnol. J'ai dit mais t'es bon là. Et mon père était fâché d'ailleurs contre moi parce que mon père toute sa vie c'est l'arabe. Il m'a dit comment ça tu choisis espagnol ? Tu me demandes pas mon nom. Mais parce que c'est plus facile, je veux le bon nom. Donc ouais, j'ai fait L. Quand il a fallu choisir entre L2 et L', j'ai fait L'. Je me suis pas cassée la tête.

  • Speaker #1

    Tu t'es dit bon ok, on va au plus simple et on y va.

  • Speaker #0

    Franchement, toute ma vie, on m'a dit Partisane du moindre effort Sauf, bien sûr, avec l'entrepreneur, mais avec les études.

  • Speaker #1

    Et est-ce que déjà, dans cette période, lycée et tout, est-ce que tu commences déjà à être créative d'un point de vue tenue, vestimentaire ?

  • Speaker #0

    Créative sur plein de choses. D'ailleurs, j'écrivais. D'accord. D'ailleurs, je pense que les choses les plus belles que j'ai écrites, c'était quand j'étais plus jeune.

  • Speaker #1

    Mais tu écrivais quoi ?

  • Speaker #0

    Des poèmes, des proses. J'écrivais beaucoup.

  • Speaker #1

    Tu les as toujours ?

  • Speaker #0

    J'ai un blog, mais je ne vais pas vous dire le nom.

  • Speaker #1

    Ah, tu avais un blog ? J'avais un blog. Non, Fatima, ça en off, tu me le diras en off. On va voir. Tu avais un blog ?

  • Speaker #0

    J'avais un blog.

  • Speaker #1

    Où tu écrivais des poèmes ?

  • Speaker #0

    Oui, et que personne ne lisait parce que personne ne connaissait. D'ailleurs, j'ai perdu le premier et puis j'ai refait un deuxième. Je pense qu'il n'y avait que mon cousin qui savait que j'avais le blog. Ok. Donc il lisait.

  • Speaker #1

    Il faut les publier, ces poèmes. Il faut les sortir.

  • Speaker #0

    J'en avais jusqu'à présent. Vous allez m'appeler pour... parce que j'avais un texte là qui s'appelait Pourquoi. Il m'a dit Fatima, pourquoi ? Jusqu'à présent.

  • Speaker #1

    C'est que tu as la marquée, tu vois ?

  • Speaker #0

    Bon, peut-être un jour, on ne sait jamais.

  • Speaker #1

    Ou alors même ne serait-ce que reprendre et faire des nouveaux aujourd'hui avec l'âge.

  • Speaker #0

    Oui, là justement, on travaille sur le site, donc j'imagine que c'est moi qui vais écrire les articles du blog.

  • Speaker #1

    Donc tu avais un blog, tu écrivais des poèmes déjà, jeune.

  • Speaker #0

    Oui, mais au-delà de ça, en fait, je dis souvent que j'ai plus un amour pour le textile que pour les vêtements de manière générale, parce que ma grand-mère avait ce métier de pâtissier là. Elle vend le pain tissé depuis qu'elle a 17 ans.

  • Speaker #1

    D'accord, donc tu avais déjà quelqu'un dans ta famille qui était dans le textile.

  • Speaker #0

    Je suis née, je jouais autour du métier à tisser, parce que c'était dans la cour. La cour actuelle où je suis en train de construire la pièce que je montrais, c'est là-bas qu'il y avait les tisserands.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis ma tante paternelle au Froutard, elle est dans la teinture. Quand on partait en vacances, on faisait de la teinture, on faisait de la couture à la main, etc.

  • Speaker #1

    Ok, ok.

  • Speaker #0

    Donc très petite, je faisais des vêtements pour mes poupées. Oui. Donc avec du fil et je me battais avec ma soeur, je le dis à chaque fois, Sakina la plus grande qui les jetait parce qu'elle me dit, ça me bat les poubelles là, tu nous pâtes, tes ordures là. Et plus tard, je dessinais et je partais chez le tailleur pour me faire faire.

  • Speaker #1

    Plus tard, c'est vers quel âge tu dirais à peu près ?

  • Speaker #0

    Troisième, enfin 13, 14 ans.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #0

    ok. Je partais avec mon croquis, avec mon basin. Je me souviens que le premier truc qu'on a fait qui était réussi et qui était comme je voulais, c'était un basin pour la tabaski. Donc, c'était une espèce d'anango, ça s'appelait à l'époque, sauf que j'ai mis un crew pour homme. Donc, c'était un bazar noir, ils ont fait une broderie rose, mais une broderie pour homme. D'accord. Et tout le monde me disait, mets-toi un pantalon, un bazar, tu fais un pantalon, tu gâtes le tissu, tu vois. Mais après, il y avait des gens qui me disaient, ah, c'est stylé. C'est stylé,

  • Speaker #1

    c'est pas mal, ouais.

  • Speaker #0

    Donc, après, je me souviens, c'était un autre truc avec du pain tissé. Après, je me souviens, c'était un autre design avec des tissus que j'avais, que ma mère m'avait offerts. Donc, c'était rare, par contre, que les tailleurs réussissent ce que je voulais. Donc, je pleurais à chaque fois. Je me souviens qu'on avait dessiné une collection de raps avec mon ami Maïmonas, qui jusqu'à présent est très présente dans tout ce que je fais, etc. Et ça, c'était quand on était en première.

  • Speaker #1

    Une collection !

  • Speaker #0

    Avec des robes, après, il bustiait des robes. Après, je réalise après coup. Et donc, c'est quand je suis partie au Maroc que j'ai enfin trouvé la bonne pétrole. Et c'est ça qui m'a poussée à commencer.

  • Speaker #1

    Mais tu pars au Maroc pour tes études.

  • Speaker #0

    Pour mes études. Donc là,

  • Speaker #1

    tu as un bac ici. Tu t'orientes vers le droit.

  • Speaker #0

    Non, je voulais faire à la base diplomatie directement, enfin, relation internationale. Et je voulais aller au Canada ou en France.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et j'avais même une préinscription pour la France, mais puis j'ai eu une bourse pour le Maroc. D'accord. Donc comme la situation financière n'était pas top, j'ai pris la bourse. C'était une double bourse, de l'État sénégalais et de l'État marocain. D'accord. Je suis allée au Maroc, dans une ville perdue qui s'appelle Meknes, mais où j'ai vraiment eu beaucoup de beaux souvenirs. C'est juste à côté de Fez et de Ifrén. Ifrén, c'est là où il y a les stations de ski, etc. Donc il fait très froid là-bas. Et donc j'ai fait trois ans là-bas, de droit public. Et c'est là-bas que j'ai commencé l'aventure. Donc c'est ma deuxième année.

  • Speaker #1

    Ok. Tu commences l'aventure comment ?

  • Speaker #0

    La première année, je suis partie, j'avais pas de tenue traditionnelle. Et en fait, toutes mes bourses, je prenais ça pour acheter Zara et Marwa. Des vêtements, parce que moi j'aimais bien me saper. Je m'étais créé toute une nouvelle identité. Je venais d'arriver.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu dis j'aimais bien ? Tu aimes toujours bien te saper.

  • Speaker #0

    Maintenant je n'aimais que des abayas, ok ?

  • Speaker #1

    Oui mais c'est pareil, tu es toujours bien sapée quand même.

  • Speaker #0

    Maintenant je m'habite. Très confortable. Je m'habille avec boutonnière devant ou zip. Je m'habille fonctionnelle.

  • Speaker #1

    Elle était assez différente.

  • Speaker #0

    Donc, ouais, je pense que j'ai beaucoup changé. C'était différent. Je m'habillais très bling-bling, etc. Ce n'est plus mon cas du tout.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que je n'arrive pas à t'imaginer.

  • Speaker #0

    Et puis, j'ai eu une phase où j'étais garçon manqué. Attention. Ah ouais ? Jean, basket, tout ça, oui. Parce que je n'avais pas d'argent. C'était plus facile. OK,

  • Speaker #1

    OK. Et j'arrive. pas à imaginer. Franchement,

  • Speaker #0

    je te jure, j'avais tout le temps des hauts avec des capuches là. Quand je suis arrivée à Seine-Nord-Halle, j'étais une nouvelle personne, je me connaissais.

  • Speaker #1

    S'il te plaît, Fatima, le jour où l'épisode sort, sort-nous les trop-bac sur Instagram en story. On veut voir les trop-bac sur Instagram.

  • Speaker #0

    Ils vont tout dire, ils vont se souvenir. J'avais un jean en particulier avec ici du bleu et du rose. Le jean, là, je le mettais avec des hauts bleus, des hauts roses tout le temps. Si c'est le haut bleu, c'était des baskets bleues que j'avais. Si c'était des hauts roses, c'était des... C'était quoi le nom des trucs là ? Les espèces de bacs anodéses là.

  • Speaker #1

    Je ne vois pas de quoi tu...

  • Speaker #0

    C'est des chaussures d'âme. Les chaussures étaient grosses et roses. C'est ce que je portais toute la nuit. J'appelais ma tante, elle m'envoyait des vêtements des États-Unis et c'est ce que je portais toute la nuit. C'était très facile. Mais quand tu veux être plus coquette, ça coûte plus cher. Par contre, quand je suis partie au Maroc, à la crème du village, j'avais l'argent parce qu'il y avait eu deux bourses et je raquettais mes parents encore.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc tu fais la première année.

  • Speaker #0

    Je n'avais pas de vêtements traditionnels. Je ressemblais à tout le monde, malgré l'argent que j'ai dépensé. J'ai dit, deuxième année, je ramène mes vêtements traditionnels parce que je vais plus me retrouver dedans. D'accord. Je ramène plein de vêtements traditionnels, sauf que maintenant, c'était trop bizarre à porter dans le paysage là. Donc, j'ai modifié une première tenue, je m'en souviens, c'était une espèce de taille basse, donc haut avec un volant. Et j'en ai fait une veste. D'accord. Avec la dame. Tout le monde me demandait, mais c'est joli ce que tu portes, ça vient d'où ? j'ai commencé tous les soirs c'était surtout les soirs quand j'allais à l'école à porter un nouveau truc à chaque fois la communauté afro là c'était à fatima tu trop bien ça fait j'aime ce que tu as porté aujourd'hui c'est donc je prenais les soeurs les panne là on est transformé en pantalon j'ai fait un un star well mais taille haute ouais plein de trucs qui sortait du commun et tout le monde disait c'est joli je veux c'est joli je veux moi d'un soir je me suis posé j'ai dit je vais lancer mon business au pouvoir ce qu'on fait c'est un 24 avril Et comme je fais toutes les choses dans l'urgence, j'ai décidé que le 5 mai, c'était l'anniversaire de ma grand-mère. Donc, dix jours après, j'allais sortir la collection.

  • Speaker #1

    Ah, t'as pas dit, je vais sortir une tenue, t'as dit, je vais sortir une collection. D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis, j'ai écrit à ma mère un long mail. Je lui ai dit, je vais créer une émission, je vais à un centre commercial, on va vendre des chaussures, on va faire un truc d'échange de vêtements. Bref, c'était tout un concept. Il faut que je retrouve le mail là.

  • Speaker #1

    C'est ça que j'étais, j'espère que tu as toujours ce mail là.

  • Speaker #0

    Je pense que si je me connecte sur l'adresse email de ma mère, je vais trouver. Mais j'ai perdu l'accès au... à l'ancien mail.

  • Speaker #1

    Parce que ce mail-là, voilà, Dieu va faire que tu auras ton centre commercial et il faudra que tu l'imprimes, tu l'encadres et tu le mettes dans l'entrée du centre commercial.

  • Speaker #0

    Et donc, ma mère optimiste, comme moi, c'est vraiment une grande rêveuse. C'était une grande rêveuse qui me dit Ouais, mais ce que tu prévois comme argent, c'est trop petit. Il faut chercher 10 millions.

  • Speaker #1

    C'était bien parce qu'elle ne t'a pas dit non.

  • Speaker #0

    Non, au contraire. Elle était toute excitée. Elle m'a dit Non, ce que tu demandes d'argent, c'est trop petit. Et ce que je lui disais à chaque fois, c'est que le problème, c'est que tu ne m'as jamais prêté d'argent. Elle m'a dit chance 10 millions, mais ce n'est pas... Donc, c'est comme ça que je me suis lancée. Donc, j'ai pris ma bourse.

  • Speaker #1

    Donc, tu as 10 jours pour préparer une collection.

  • Speaker #0

    J'ai pris ma bourse. Et si tu vois la collection à Olivier ?

  • Speaker #1

    Mais c'est la première, c'est normal.

  • Speaker #0

    Les vêtements arrivent là. Hi ! Waouh !

  • Speaker #1

    Ouah ! Ah bon là ouais je m'attendais pas !

  • Speaker #0

    Olivier, il n'y avait pas de manches, il y avait très peu de manches. Les vêtements étaient colorés. Il y a une amie jusqu'à présent, elle me dit Fatima, Toulaye, d'ailleurs c'est la tournée du vêtement qui s'appelle Toulaye qui est un de nos best-sellers. Elle me dit Fatima, toi, est vrai, moi je t'aimais beaucoup pour avoir acheté ton vêtement là. Je t'aimais beaucoup. Et il n'y a pas qu'elle, franchement. Aujourd'hui, si je revois les choses que je faisais au temps, c'était des choses d'étudiante, c'est normal. Oui, oui. Mais c'est au préalable quoi.

  • Speaker #1

    Genre mini-jupe !

  • Speaker #0

    Des bustiers, c'était tout le temps des bustiers. Moi je ne sais pas ce que j'avais avec des bustiers. Je ne faisais que des bustiers. Et je me souviens que ma première grosse commande, c'était ma soeur et ses amis qui étaient à Grenoble, ma grande soeur Sakina, et ils avaient un événement qui s'appelait Grand Sud. Donc c'est une espèce de balle d'étudiantes là. Elles m'ont commandé des grandes robes, des sales. J'ai fait les robes, on les a envoyées en France. Ils étaient fiers de moi ! je revois les robes là je me dis Alhamdoulilah comment on dit en Wolof Mujubura Feth Moudjaranyan ça veut dire il faut juste souhaiter une bonne fin le reste là c'est pas grave toute l'histoire derrière là donc t'as tes 10 jours tu fais ta collection avec ta t'as une tailleur c'est ça que tu disais ? oui qui s'appelait Maria Daoudi il faut que je retourne un mec n'a juste pour elle d'ailleurs donc c'est elle qui m'a appris à coudre un peu c'est la machine que j'avais chez moi etc et qui m'avait vraiment adoptée comme sa fille je l'étais tout le temps chez elle et tu fais combien de pièces ? C'était 8 pièces je pense et j'ai pris mes copines étudiantes, on est parti dans un studio marocain, il a fait une photo, une bonne journée, des photos tellement moches Olivier.

  • Speaker #1

    Oh l'entreprenariat !

  • Speaker #0

    Et j'ai posté sur Facebook !

  • Speaker #1

    Bah oui, toi t'étais fière ! Bien sûr !

  • Speaker #0

    Par contre, même au temps, je savais que les photos n'étaient pas bonnes. Mais le souci c'est que j'avais que ça. Et je me souviens que jusqu'à présent, quand tu tapes Sofatou sur Twitter, il y a un compte où c'est Sofatou collé et un autre compte avec un underscore. Le compte avec un score, c'est le deuxième. Le premier, j'ai tout fait pour le supprimer. Il n'est pas prêt. Si tu vois la photo de profil juste du compte, le logo à quoi ça ressemblait avec la couronne par-dessus.

  • Speaker #1

    Il y avait une couronne comme ça par-dessus.

  • Speaker #0

    Jusqu'à présent, j'ai honte de la voir. C'est là-bas sur Twitter, ça ne part pas.

  • Speaker #1

    Non, mais toi aussi, en plus, tu as donné le Twitter. Tout le monde va y aller.

  • Speaker #0

    Oui, non, c'est chaud.

  • Speaker #1

    Mais il faut commencer quelque part.

  • Speaker #0

    Alhamdoulilah, et surtout il faut continuer une fois que ça commence.

  • Speaker #1

    C'est ça, et t'as lancé, tu t'es dit j'ai dix jours, je lance.

  • Speaker #0

    J'ai lancé, j'ai lancé d'autres choses, et Alhamdoulilah j'ai pu profiter des événements d'étudiants qu'il y avait. J'ai fait des défilés, je faisais des défilés des étudiants, je faisais des défilés à Gaza, Rabat, Agadir. Donc vraiment la communauté là-bas connaissait. Mes amis, parce que moi j'ai toujours été très Facebook très tôt, donc les réseaux sociaux je les ai utilisés à fond, Facebook, Twitter, et c'est vraiment ça qui a lancé là-bas.

  • Speaker #1

    Mais tu fais des défilés donc ? ces huit pièces que tu crées, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Non, là, c'est une autre collection. Le défilé, c'était une vingtaine de pièces.

  • Speaker #1

    Ah, d'accord. Attends, parce que tu disais, la deuxième année, tu décides, tu lances. Tu fais huit pièces.

  • Speaker #0

    Je lance sur Facebook.

  • Speaker #1

    Tu lances sur Facebook. Tu vends déjà des pièces ?

  • Speaker #0

    Un peu, mais vraiment à mes amis de là-bas. Mes amis avec qui j'ai fait, avec qui j'étais à l'université. Papa, ça qui est vraiment Westfix, c'est le premier à avoir acheté une chemise pour homme, parce que les chemises pour homme, c'est l'année d'après. Mes amis directs quoi, Mati, Nilan, Memuna avec qui j'habitais. Et ensuite mes amis qui étaient en France, donc qui ont commandé aussi pour me soutenir. Et puis quand je suis rentrée à Dakar aussi, j'allais chez des tailleurs, je faisais des choses. Je faisais poser les gens de Dakar. Donc voilà, j'ai continué comme ça. À faire, ça rentrait un peu d'argent. Et après je reprenais. Après je prenais ma bourse, je mettais dedans. Je prenais l'argent du loyer, je mettais dedans. Ah ouais ? Oui, j'ai fait des folies. Je me souviens que la première année, donc c'était ma deuxième année, donc la première année SofaTout 2012, je ne révisais plus bien entendu, je partais en cours puis je revenais, j'étais décaillée, j'étais chez les tailleurs jusqu'à 3h30 matin.

  • Speaker #1

    Ok, donc t'étais piquée.

  • Speaker #0

    Donc la première année, j'étais majeure de ma promo, la deuxième année, j'ai eu 11 de moyenne, ma grand-mère m'a appelée, elle m'a dit je sais que tu as donné mon nom et tout, je t'aime beaucoup, mais c'est les études d'abord ! Elle m'a dit sinon tu arrêtes ton truc là ! Je lui ai dit ok, maman, ok, ok, je vais y aller. Non, mais moi, c'est elle qui payait mes profs parce que malgré le fait que moi, j'étais plutôt bien à l'école déjà, elle me faisait faire par force des cours de...

  • Speaker #1

    Un supplémentaire, oui.

  • Speaker #0

    Pendant les vacances, c'était cours de vacances obligés. Donc, c'est vraiment... C'est une éducatrice. Elle était la directrice de l'école des... Je commençais à faire des secrétaires. D'accord. Ensuite, j'étais la directrice de l'école de mon grand-père. Donc, c'est vraiment quelqu'un... L'éducation, c'est la première chose.

  • Speaker #1

    Oui, et puis dans ton entourage, entre ton papa, ta maman, ta grand-mère, c'est l'éducation, c'est prioritaire.

  • Speaker #0

    Je suis partie là-bas, là. Quand elle a vu les notes là, elle m'a dit, ah non, non, non. Donc, on arrête. Je lui ai dit, non, t'inquiète, je vais avoir de bonnes notes. Donc, je suis retournée. J'ai commencé à essayer de balancer un peu. Mais ouais, donc je suis restée jusqu'à ma troisième année à McNeice. D'accord. Ensuite, j'avais le choix d'aller facilement en France. Mais je ne voulais pas partir. maintenant j'avais un business je savais que si je partais en France c'était mort alors que ça commençait à faire un peu plus de ventes les gens commençaient à bien connaître et surtout à connaître Adaka le business le business c'est pas le business c'est l'alarme pour aller récupérer mon fils heureusement

  • Speaker #1

    aujourd'hui là la vie de maman entrepreneur c'est tout le temps non-stop et si tu mets pas les alarmes tu oublies T'inquiète, j'en ai plein d'alarme aussi.

  • Speaker #0

    Imagine, tu oublies ton fils. Le jour où ils m'ont appelé, 19 ans, ils m'ont dit Mais madame, personne n'est venu chercher le petit. J'ai dit Yey !

  • Speaker #1

    Non, t'inquiète, on a tous des alarmes. Tous, tous, tous, tous, tous. Mais donc, tu disais... Et moi, ce que je veux savoir, c'est parce que tu dis qu'au bout des deux ans de Sofatou, tu as une possibilité de partir en France, mais toi, tu te dis Non, je ne vais pas partir. Au bout des deux ans de Sofatou, tu génères déjà du profit ? Un peu. Un peu, ok. Un peu.

  • Speaker #0

    vraiment un peu et je pense que j'ai fait le bon choix de rester parce que je suis restée à ce moment-là de rester au Maroc ? au Maroc ok j'ai changé de ville je suis allée à Rabat d'accord et j'ai trouvé un tailleur qui était sénégalais d'accord donc qui habitait dans la ville juste à côté Kenitra c'est genre 30 minutes en train le gars là combien de fois j'ai dormi chez lui il s'appelle Ibrahim Andoui je ne sais même pas combien de fois j'ai dormi chez le gars parce qu'il me faisait des tenues et j'avais plus de commandes de la France d'accord il fallait que j'envoie Et que j'envoie avec... parce que tu avais des GP, mais par bus.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc,

  • Speaker #0

    ils quittent le Maroc pour aller en France. Et le colis fait trois jours. Donc là, ça commence à générer. En plus de ça, j'avais un travail. Donc ça, c'était ma dernière année. J'ai fait deux ans à Rabat. Donc, j'ai fait Relation internationale. Et même, j'avais l'occasion d'aller à Casa. Oui. Où je suis sortie aussi première d'un concours pour faire communication politique.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et je ne suis pas partie parce que j'avais déjà trouvé le tailleur à Rabat. Je restais à casa. Je restais à la bain.

  • Speaker #1

    Ta maman, tu m'as dit, elle t'encourage. Mais ton papa, lui, il sait que tu es dans ça ? Il sait que...

  • Speaker #0

    Je savais, mais je me cachais de lui. Parce que s'il voyait ce que je faisais là, s'il voyait les vêtements là...

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Déjà, il y avait la coupe des vêtements et tout. Mais moi, c'était plus sur le côté, tu sais, de se dire à un moment, bon, j'arrête un peu les études là, ou je calme les études, ou je suis peu concentré dans les études parce que je fais ça. Moi, c'est plus le côté...

  • Speaker #0

    On n'était pas très amis à l'époque.

  • Speaker #1

    Ouais, t'as dit, c'est récemment.

  • Speaker #0

    Ils ne savaient pas trop ce que je faisais. Ils savaient juste que j'étudiais, que je revenais, que j'avais lancé une marque et ils me disaient que c'est bien.

  • Speaker #1

    C'est bien, mais concentre-toi sur l'école.

  • Speaker #0

    Oui, par contre, lui, il n'est pas très école. OK. Je pense qu'il me dit tout le temps, c'est que les études, c'est ton plan B. D'accord. Ton plan A, c'est le don que Dieu t'a donné. D'accord. Donc, si tu veux, tu peux vivre. Ah,

  • Speaker #1

    c'est très beau, ça.

  • Speaker #0

    Tu utilises ça. Et si ça ne marche pas, au moins, tu as les études, ça te donne...

  • Speaker #1

    Excuse-moi. Ouais. Tu es obligé, tu es obligé. Tu peux le prouver de ma main. Non, je digère la phrase que tu viens de dire. Ton plan B, c'est les études. Ton plan A, c'est le don que Dieu t'a donné. C'est magnifique comme phrase.

  • Speaker #0

    Oui, donc, c'est juste qu'il ne savait pas ce que je faisais comme vêtement, par contre. Et le jour où j'ai vu sa demande d'ajout sur Facebook, je me suis dit, je ne sais pas. J'ai dit mais il dit jamais.

  • Speaker #1

    Il peut pas voir ça.

  • Speaker #0

    Jamais de la vie. Donc, je pense que jusqu'à aujourd'hui, je fais des cauchemars où je croise mon père. Voilà, ce que je te dis là, c'est quelque chose de très privé. Mais c'est vrai, où je croise mon père et je suis habillée avec une robe courte et je suis obligée de passer pour aller. Je demande à mes amis d'avoir la cesse. Ils venaient me chercher, je sortais en maillotée. Après, j'enlève les affaires. Non, restez. Incroyable. C'est même interdit en islam de raconter ses péchés, mais je le dis parce que c'est... que Dieu nous pardonne moi ça m'a traumatisé je te jure mon passé que j'ai eu à me cacher là parce que vraiment je me cachais de mon père et je me souviens le jour où je suis venue dire papa tu sais j'ai fait plein de choses dont tu n'aurais pas été fière et il m'a dit ne me raconte rien je

  • Speaker #1

    t'ai pardonné tout l'essentiel c'est que tu as changé je ne veux pas savoir franchement c'est extraordinaire c'est ça parce que je pense qu'aujourd'hui je suis en train de me faire mal il peut pas t'en vouloir parce qu'il sait qu'il a fait son rôle de père en te donnant les bases, en te donnant tout ce qu'il faut, tout ce qu'il peut te donner. Il sait que, forcément, tu es une jeune fille qui doit vivre avec son temps, donc tu as cette dualité. de surtout nous on est les premiers à avoir les réseaux sociaux on est les premiers à voir tous ces trucs là où finalement tu as plus d'exposition au monde et donc c'est difficile mais mâchallah je pense que quand il voit la femme que tu es devenue la maman que tu es devenue il s'est dit qu'il a pas fait tout ça pour rien tu vois et je pense qu'aujourd'hui comme on disait tout à l'heure toi aussi tu comprends pourquoi il a fait tous ces trucs là à ce moment-là mais pour que t'en fasses des cauchemars ça ça devait être un truc de non c'est

  • Speaker #0

    Pendant des années, tu te caches. Oui,

  • Speaker #1

    effectivement.

  • Speaker #0

    Mais aujourd'hui, je pense que c'est quelque chose dont il est très fier parce que tous ses amis, pratiquement, ont forcé leurs enfants très tôt à se voiler. Parce qu'ils sont tous des islamistes, sauf lui. Il nous a emmenés à l'école laïque. Il nous a jamais forcé à nous voiler. Tout ce qu'il nous disait, c'était mettez un foulard par contre sur la tête. Je ne veux pas qu'on voit vos cheveux, mais je ne vous oblige pas à mettre le voile. Et on s'est voilés à des moments différents de nos vies. Et vraiment de notre propre...

  • Speaker #1

    Par conviction.

  • Speaker #0

    Ma petite sœur d'abord, alors que c'était la plus disjantée de nous. Ma grande sœur ensuite et moi en dernier. Donc, moi, c'est après que j'ai fait le hajj. D'ailleurs, ça, c'est une autre anecdote, c'est que j'ai gagné le hajj.

  • Speaker #1

    Waouh !

  • Speaker #0

    Mais c'est la seule chose que j'ai gagnée de ma vie.

  • Speaker #1

    Mais quelle chose ! Quelle chose ! Quelle chose incroyable ! Voilà si on peut gagner qu'une seule chose dans sa vie, franchement, si c'est ça.

  • Speaker #0

    Moi, je jouais pour un iPhone 7. J'ai gagné le hajj. Waouh ! il ya un concours de la ligue islamique vous pouvez gagner un match mais aussi gagner des iphones j'ai joué une fois j'ai dit je veux l'iphone je veux le jeu tard et galère fois j'ai dit non je vais pas le voir et puis c'était un an après et quand j'ai vu le tweet sur twitter un peu ça le tweet qui dit gagner en premier prix à la saïd moi je voulais l'iphone Non, bien sûr que je joue le plus de hadj. Je suis partie avec ma mère au hadj. Très belle expérience. L'année d'après. Donc, je pense que oui, hamdoulilah. Tu vois, c'est ça mon problème avec mon trainage. Je suis perdue, je ne sais plus quoi. Non,

  • Speaker #1

    non, on était au Maroc. Donc, tu disais que tu es partie à Gaza.

  • Speaker #0

    Je suis partie à Rabat.

  • Speaker #1

    À Rabat, pardon, que tu avais une opportunité à Gaza. Finalement, que tu n'as pas saisi cette opportunité à Gaza. Donc, tu es à Rabat. Tu fais combien de temps à Rabat ?

  • Speaker #0

    Je fais deux ans à Rabat. Oui. la deuxième année j'ai fini donc mon master en relations internationales et du coup je trouve un travail dans un cabinet d'avocats en fait j'étais plus dans de la recherche juridique et le propriétaire du cabinet d'avocats c'est là que le premier ministre d'ailleurs du maroc d'accord et qui

  • Speaker #1

    était autant bonjour monsieur si vous regardez l'épisode il s'appelle

  • Speaker #0

    Et qui était au temps président de la chambre des représentants de l'Assemblée nationale. Et il travaillait sur un sujet donc je faisais de la recherche dans le cabinet. Et donc j'avais mon salaire, les deux bourses qui devaient finir l'année là, et l'argent de ma mère. Et donc je faisais plein de choses.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et je me souviens qu'il y a aussi une personne, un ami qui s'appelle Ben, qui m'avait... qui avait demandé à sa sœur de nous prêter de l'argent. Et d'ailleurs j'ai essayé de le retrouver ensuite sur Facebook pour lui redonner... justement de l'argent parce qu'elle avait investi dans... Elle avait donné de l'argent pour qu'on fasse des vêtements et les vêtements n'ont pas marché. Donc à cette période là, c'était un flop. Je pense que c'était quand j'étais en troisième année, quelque chose comme ça. Et donc, il y avait ces petites personnes, il y avait ces petites... Des personnes qui y croyaient, qui venaient, qui essayaient d'aider. Mon cousin, quand je suis rentrée à Dakar, Babakar Syk, qui m'a dit, je lui ai dit bon, je vais travailler parce que vraiment, l'affaire là ne marche pas trop fort actuellement. Et qui m'a dit non, pas moyen, je te donne de l'argent.

  • Speaker #1

    Donc attends. Donc tu quittes le Maroc, définitivement.

  • Speaker #0

    Je rentre à Dakar,

  • Speaker #1

    oui. Tu rentres à Dakar.

  • Speaker #0

    Avec mon diplôme, mais le business ne marche plus.

  • Speaker #1

    D'accord. Mais quand tu rentres à Dakar, ton optique première, c'est de développer la marque, ou ton optique première, c'est je vais trouver un boulot et je vais faire la marque à côté ? Non,

  • Speaker #0

    c'est de développer la marque. D'accord. La marque plutôt. Ma mère, autant, était députée à l'Assemblée nationale. D'accord. Et elle m'a prise comme assistante parlementaire parce que c'était du droit public et je m'y connaissais vraiment bien.

  • Speaker #1

    Oui, tu avais ta formation dedans. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai. Et... Je veux vraiment que Dieu me pardonne. Je ne partais que quand c'était des séminaires dans des grands hôtels où il y avait de la bonne bouffe. Sinon, quand elle venait me donner un document, je lui disais, maman, ça, c'est trop long. J'ai des commandes, je veux pas que je fasse ça. Donc, ouais, je l'ai vraiment utilisé. Et donc, j'ai fait un an dans ça. Je partais en ville quand je voulais. Mais surtout, le matin, je pars avec elle. On la dépose à l'Assemblée. Et moi, je vais chez mes tailleurs à Sandaga.

  • Speaker #1

    D'accord. Mais tu dis que tu as un ami.

  • Speaker #0

    Mon cousin.

  • Speaker #1

    Ton cousin.

  • Speaker #0

    Ouais, donc à cette période, après un moment donné, je me dis écoute, ça va plus ce que je fais là actuellement. Je pense que je vais trouver du travail. Et qui me dit non, tu ne vas pas travailler.

  • Speaker #1

    Quand tu dis ça va plus, parce que comme tu dis, tu as le travail avec ta mère. Tu continues Sofatou.

  • Speaker #0

    Elle me paye très peu ma mère, elle me paye 100 000.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu as payé 100 000, tu as le travail avec ta mère. Tu continues à essayer de développer ta marque à côté. Oui. Mais donc, à un moment, tu te dis, ok, bon là...

  • Speaker #0

    J'ai besoin de plus.

  • Speaker #1

    J'ai besoin de plus, il faut que je trouve un vrai travail.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et tu t'apprêtes à arrêter Sofatou. Oui,

  • Speaker #0

    et Babi me dit non.

  • Speaker #1

    Après quoi ? Donc tu as 4 ans de Sofatou ?

  • Speaker #0

    J'ai 4 ans de Sofatou, c'est en 2016. Ok. Et Babi me dit non, tu ne vas pas arrêter. Donc il me donne de l'argent. Masha'Allah. Et je pense que c'est l'année-là que j'ai fait ma première fashion week. Ouais.

  • Speaker #1

    C'est important d'avoir un support système.

  • Speaker #0

    C'est mon cousin Germain. Non, pas Germain. C'est sa mère qui est la cousine de ma mère. Et jusqu'à aujourd'hui, je veux dire, c'est lui qui est en train de faire... Il va me dire que je l'ai dénoncé devant tout le monde. Bah, je te dénonce pas. J'en parle comme ça. Bref. Et... Et c'est vraiment le frère, tu vois, c'est mon frère. Il n'y a pas que lui, j'en ai d'autres. C'est vraiment les personnes qui sont là depuis le début, qui me poussent à chaque fois, mes amis, mes soeurs. Et c'est pour ça que je dis tout le temps que moi, je ne suis pas a self-made, je suis everybody made. C'est beaucoup de personnes qui ont contribué au succès de la marque, mais de tout ce que je ne fais pas que la marque. Quand j'ai fait Arca, c'était la même chose. Quand j'ai fait Doina, Contrégence, Faites Femmes, c'était la même chose. Donc, j'ai cette chance-là d'être bien entourée. Je pense que c'est un facteur de réussite.

  • Speaker #1

    Et puis de toute façon, je pense que quand tu fais quelque chose de bien, qui véhicule des bonnes valeurs, les gens sont toujours enclins à te pousser ou à t'encourager. Ce que tu me dis, ça me fait penser à la discussion que j'ai eue avec Lai Pro, où lui aussi est arrivé à un moment où il pensait arrêter la photographie, parce qu'on lui vole son matériel, et qu'il se dit j'ai pas l'argent pour réinvestir du matériel et j'arrête et que tu as une cousine qui est en France, qui lui dit que mais... ce que tu fais, ce n'est pas que pour toi. C'est pour tous les gens qui aiment le Sénégal, qui ont envie de voir le Sénégal et qui lui rachètent un boîtier d'appareil photo. Et pour moi, c'est là où ton parcours finalement rejoint le sien parce que finalement, ce que toi, tu penses que tu fais pour toi, finalement a plus d'impact chez les autres et les autres sont prêts à investir dedans même sans que tu leur demandes. Et c'est là où pour moi, tu te dis que là, il y a quelque chose que je fais qui...

  • Speaker #0

    Non, et puis des gens qui t'écrivent, qui te... qui ne te connaissent pas, que tu ne connais pas et qui te disent comment est-ce que tu fais les touches, comment est-ce que tu as dit tel ou tel jour les a impactés, etc. Pour moi, en fait, on est tous des vaisseaux un peu de Dieu, un peu de ce qu'il veut transmettre à d'autres humains. Mon père, il me disait souvent que même par rapport au risque, même par rapport à l'argent, Dieu, il te donne ça pour que tu sois la personne qui transmette à quelqu'un d'autre. Que si tu ne transmets pas, il donne à quelqu'un d'autre qui va transmettre. D'accord. Donc, que ce qui est dans ta main, il faut toujours que ça parte pour que quelque chose d'autre revienne. Je pense que c'est la même chose avec ce qu'on sait faire, c'est la même chose avec notre énergie, c'est la même chose avec l'amour qu'on a dans notre cœur. On est censé donner, en fait. Personne n'est censé juste garder ce qu'on a pour soi. Tu le gardes jusqu'à quand ? Comme disait ma mère, c'est que ce que tu donnes, c'est ce qui t'appartient vraiment. C'est ça que tu vas retrouver dans ta tombe, c'est ça que tu vas retrouver dans l'au-delà. Tout ce que tu laisses ici... C'est ton héritage, c'est tes enfants qui vont prendre, c'est des gens à qui tu as laissé, etc. Mais ce que tu donnes réellement, que ce soit ton temps, ton énergie, ton amour, ton argent, c'est ça qui est vraiment à toi, parce que c'est ça qui va te revenir, c'est ça qui t'est compté. Donc oui, je pense que j'ai beaucoup reçu, énormément. Que ce soit, comme je te dis, en temps, en énergie, en argent, en amour, en support, en personnes qui vont être mes ambassadeurs, aller bien parler de moi, me recommander, etc., là où je ne suis pas. C'est ça qui m'a fait en fait.

  • Speaker #1

    Et donc ce cousin te dit de ne pas laisser tomber. Il te dit ok, je te supporte. Qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    Je prends son argent, j'achète des tissus, je fais une nouvelle collection. Et si je ne me trompe, c'était la collection Lamont.

  • Speaker #1

    On est en 2016,

  • Speaker #0

    c'est ça ? C'est de 2016 à 2017. En plus 2017. Et donc c'est cette collection que je présente à la Fashion Week. Et c'est cette collection que j'utilise pour faire un premier photoshoot avec des influenceurs. À l'époque, ce n'était même pas quelque chose que les gens faisaient. Et qui lance vraiment Sofa2 au Sénégal.

  • Speaker #1

    Tu as une équipe de combien de personnes à cette période-là ?

  • Speaker #0

    Moi.

  • Speaker #1

    C'est ça ? Toute seule ? Oui. Tu gères tout ? Tout. Tu as quoi, un tailleur ?

  • Speaker #0

    Non, je sous-traite. Donc les tailleurs, je ne parle plus là où il y a... Oups, désolé. Non, t'inquiète. Il y avait un atelier. C'est un endroit qui s'appelle Galerie Payenne. C'est en ville, sur la rue de Jong. Ils sont presque une centaine de tailleurs là-bas. Donc tu viens, tu fais faire ce que tu veux. Sauf que moi, j'étais une habituée. Je venais là-bas du matin au soir, du soir au matin. Je passais la nuit. Je restais jusqu'au matin pour rentrer. Après, je suis restée là-bas. J'ai travaillé avec eux à partir du moment où je venais en vacances. Et quand je suis rentrée à Dakar, j'y allais tous les jours. J'avais mes tailleurs habituels qui bossaient pour moi. Donc là, je lance la collection et c'est un succès. Ça s'appelait L'amour. C'est le terme pour dire royauté en poulard Et c'était une trilogie. C'est sur trois volets, la collection. C'est la collection qui a fait la Fashion Week. C'est la collection ensuite où il y avait les cannabis, Doudou fait des vidéos et tout ce qu'il y a. posé. Canavas faisait d'ailleurs un clip qu'on a tourné chez ma tante, chez Babi, mon cousin. Et ça a tellement marché. J'ai eu des commandes de partout.

  • Speaker #1

    Avant ce moment-là, tu dirais que t'es à combien de commandes, on va dire par mois, avant ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Je peux dire... Allez, une quinzaine, une vingtaine. Ok.

  • Speaker #1

    Mais malgré que t'aies une quinzaine, vingtaine de commandes, tu décides que tu veux arrêter à ce moment-là. Et après ce moment-là, tu dirais que ça... C'est quoi l'impact de ce moment-là ?

  • Speaker #0

    L'impact, c'est que je me souviens que c'était 2018, donc l'année d'après le lancement de la collection. C'est en 2018 que j'ai fait le Yali, exactement. Non, j'ai fait le Yali en 2019. C'est en 2019 que j'ai eu 6 millions, je pense, à la Tabaski. Et pour moi, c'était énormément.

  • Speaker #1

    6 millions de chiffre d'affaires ? Oui, de chiffre d'affaires.

  • Speaker #0

    Sur un mois, sur le mois de la tabaski. Et j'ai dit à ma soeur, je ne sais pas quoi faire de l'argent. Tellement, en fait, dans ma tête, c'était beaucoup. C'était en 2019, j'avais quoi ? Je suis née en 93, je ne sais pas, 26 ans. Je n'étais pas mariée, pas de gosses, rien. Donc, c'est vraiment 2018-2019 que les trucs ont vraiment commencé à très bien marcher. D'accord. Donc, la marque commence à se faire connaître. les stars adoptent la marque et vraiment spontanément je pense que la seule personne que j'ai démarché c'est Fadafredi de Daraji et en fait je l'ai croisé, il m'a dit mais tu es trop stylé toi mais tu es trop bien habillé, je lui ai dit c'est moi qui fais bien je te fais tellement timidement parce que j'étais tellement fan donc il était avec Ndongo et comme ça ils sont devenus mes frères, mais sinon vraiment toutes les personnes qui sont venues vers nous comme je dis, c'est Dieu qui les a envoyés vers nous, c'est eux qui nous ont écrits jusqu'à Abdou Jalloh C'est lui qui nous a écrit sur Instagram, Bonjour, j'aime beaucoup votre marque et j'aimerais bosser avec vous. En Marseille, la même chose. Donc c'est vraiment ces personnes qui nous ont écrit pour nous dire On aime ce que vous faites. Et pour moi, à chaque fois, c'était vraiment une célébration un peu du chemin qui a été parcouru.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc ouais. À ce moment-là, donc 2018, la marque commence à bien marcher, mais j'ai un ami justement qui me propose une opportunité que je ne voulais pas refuser.

  • Speaker #1

    Professionnelle ?

  • Speaker #0

    Oui. De travailler au ministère. pour sa mère qui venait d'être ministre de la femme. Donc je suis partie. Un an, très sauf.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu acceptes quand même l'opportunité, tu fais un an là-bas ?

  • Speaker #0

    J'accepte.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    J'accepte, parce que déjà, c'était sur le chemin d'aller vers les tailleurs. Ensuite, je me disais que le travail ne serait pas prenant et je voulais vraiment avoir, explorer un peu plus cette piste. Et surtout, ma mère me poussait vers ça. Parce qu'autant au début, c'est elle qui me soutenait, autant à ce moment-là, elle a commencé à paniquer pour dire Tu as fait des études et maintenant, tu as laissé ça pour faire quelque chose qui n'est pas très safe.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Surtout que, comme on l'a dit depuis le début, tu as des parents qui sont scientifiques, qui sont assez rationnels, je vais dire tout. Donc forcément, c'est plus safe de choisir le parcours où tu as eu un diplôme, le parcours où tu as un salaire tous les mois et tout, que de te lancer dans l'entrepreneuriat.

  • Speaker #0

    Au-delà de moi. C'est compliqué. Dans l'affaire là.

  • Speaker #1

    Donc ta mère essaie de te pousser à basir.

  • Speaker #0

    Elle appelle même ma ustasa pour lui dire, il faut venir parler à Fatima. À ce moment-là, j'accepte le travail là. C'était plus pour la rassurer. C'était une belle expérience humainement. C'est ce qui m'a permis de découvrir plein de zones du pays, de découvrir d'aller à Touba, de la Tiwawan, etc. Parce que bien sûr le ministre partait un peu partout. De réaliser aussi ce que vivaient les femmes. Donc c'est vraiment là, c'est ce qui m'avait inspiré à faire Doina. Donc c'était un mouvement contre les violences faites aux femmes. Et où... Parce que mon passage au ministère m'a fait réaliser que c'était vraiment la chose qui était la moins prise en charge. Ils ont investi beaucoup dans l'autonomisation, pas assez dans les législations, pas assez dans justement la protection des femmes, etc. Et surtout comment gérer les victimes des violences faites aux femmes. Donc je suis rentrée dans la sensibilisation, j'ai bossé avec une femme dessus, etc. Mais pour moi, c'était toujours qu'il fallait utiliser la mode comme vecteur, parce que c'est ce qui m'avait permis d'avoir une communauté, d'être connue, etc. Donc à ce moment-là, la marque continue de Marchel, hamdoulilah, et franchement de 2018, il faut être transparent. À juin 2023. Période des ébottes. Début du déclin de la crise financière. Ça régale. Tout allait bien.

  • Speaker #1

    Tu sentais que tu étais en croissance ?

  • Speaker #0

    Je sentais que j'étais en croissance. Je faisais 100% de croissance d'année en année. J'ai fait 110% de 2000.

  • Speaker #1

    Malgré le Covid aussi ?

  • Speaker #0

    Surtout avec le Covid. Ah ouais ? Avec le Covid, on a explosé.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Tu vois, c'est marrant parce que j'aurais pensé que ça serait une période de pause parce que vu que les gens ne sortaient pas, les gens ne bougeaient pas.

  • Speaker #0

    Les gens étaient collés à leur téléphone. Ils avaient envie de vivre. et vivait à travers le téléphone. Moi, comme je suis très bien avec les réseaux sociaux, tous les jours, comme la boutique était chez mon père, je ne sortais pas. J'étais mariée, mais mon mari était en France. Donc tous les jours, les gens ne pouvaient pas aller travailler. Moi, ma boutique était chez moi. Donc je descends, j'ai libéré tout le personnel par contre. À l'atelier, ils avaient pris des mesures. Donc c'était la moitié de l'équipe qui travaillait à tour de rôle, etc. Je venais tous les jours. Et d'ailleurs, la boutique chez mon père, qui a été ouverte en 2020, fin 2019, c'est mon père qui m'a prêté l'argent pour le faire.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et je l'ai remboursé dans l'année du Covid.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Pour te dire à quel point ça a marché. Donc, c'est là qu'on a fait de la co-création, une collection avec nos followers, qui a été co-créée. On a fait plein de choses pour le Covid. Et comme les gens, justement, ils ne pouvaient plus rien importer de l'extérieur, ils étaient obligés de consommer local. Et les gens voulaient se faire plaisir. Ils voulaient voir autre chose. Ils voulaient faire autre chose. Franchement, on a explosé.

  • Speaker #1

    Ok, c'est marrant parce que tu vois, il y a plein de gens qui disent que le Covid, c'était une période...

  • Speaker #0

    Mais c'est maintenant qu'on ressent les effets du Covid. Je ne sais pas si c'est le Covid, je ne sais pas si c'est la crise Russie, etc. Si c'est la guerre de là-bas, de la Palestine. Mais frère...

  • Speaker #1

    Non, je pense qu'on va y venir, mais je pense qu'on est dans une période où effectivement il y a un changement de gouvernement, il y a un changement de beaucoup de choses. Donc les gens sont en train de regarder. On voit que l'économie est un petit peu en pause pour tout le monde actuellement. Et c'est vraiment tous les secteurs qui sont touchés. C'est vrai qu'on est en stand-by pour le moment, mais Inch'Allah, ça va repartir. Et tu dirais que c'est quoi qui fait la touche Sofa2 ? C'est quoi le truc qui fait que tu as amené quelque chose qui a changé ? Est-ce que tu arrives à mettre des mots dessus ? À savoir comprendre ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est l'esprit derrière. Parce que j'ai fait des choses très différentes au fil du temps. Et les gens ont aimé, parce que je pense que c'est des choses que j'ai faites avec le cœur. Et surtout, il y a cet esprit de partage toujours, d'authenticité toujours, et d'attachement à l'Afrique et à nos valeurs et à nos cultures. Et je pense que ça, c'était nouveau. On faisait beaucoup de storytelling, c'était nouveau. On a beaucoup travaillé avec des personnes, avec des influenceurs, c'était nouveau. On n'a pas juste montré un côté de l'amour. Tu ouvrais les stories, tu voyais les tailleurs, tu nous voyais autour d'un bol.

  • Speaker #1

    Tu voyais des valeurs.

  • Speaker #0

    Tu voyais de la vie. Tu voyais quelque chose à quoi tu t'identifies. Et pas forcément une marque qui vient juste te vendre du bling bling quand tu t'habilles comme ça, etc. Et la preuve, c'est qu'on a voulu changer. Parce que je me suis dit que les gens m'identifient trop à la marque et que les gens sont plus attachés à ma personne qu'à la marque en elle-même. Et qu'il fallait vraiment qu'on essaie de fonctionner sans moi. Et surtout... C'était une période où j'ai décidé également de commencer à prendre les cours, etc. Donc, j'ai décidé de me mettre en retrait. Donc, on mettait plus en avant les vêtements, etc. Et plus trop les gens. On a perdu en engagement divisé par trois. OK.

  • Speaker #1

    Donc, tu sens que vraiment ta présence, sauf à tout, c'est...

  • Speaker #0

    Je pense que ce n'est pas que ma présence. C'est aussi que les gens voient l'authentique et que les gens voient les gens derrière. D'accord. Qu'on continue à leur raconter des histoires. Donc, qu'ils s'ach... comment les choses sont faites, qu'est-ce qu'on est en train de vivre, qu'est-ce qui nous pose problème, qu'est-ce qui marche, qu'est-ce qui ne marche pas. Et pas juste, voilà le vêtement, il s'appelle comme ça.

  • Speaker #1

    Voilà la collection, achetez-le. Tu veux pouvoir acheter ça et savoir que tu impactes une économie, tu impactes des gens, tu veux savoir qu'est-ce que représente cette collection. Parce que ce que j'aime beaucoup avec ce que tu fais, c'est que chaque collection représente quelque chose. Il y a une histoire derrière la collection. Et effectivement, je comprends que... les gens sont attachés. Et puis après, comme tu as dit, tu comprends les réseaux sociaux. Donc, tu as aussi ton humour qui fait que les gens sont attachés à toi et tu es très transparente, comme tu dis, sur tout ce qui se passe dans le quotidien. Donc forcément, les gens se reconnaissent, les gens voient les efforts que tu mets, voient le temps que tu mets dedans et tu comprends. Après, quand tu payes ce vêtement, tu comprends ce que ça fait quand même.

  • Speaker #0

    Exactement ça. Aujourd'hui, je te... Juste mon équipe. Tu as des Ivoiriens qui sont là depuis la guerre de Côte d'Ivoire, donc ils sont des réfugiés, qui sont restés avec le temps. Tu as des jeunes filles qui sont issues de couches vulnérables de la société. Tu as des gens de la Guinée, etc. Donc c'est vraiment... Et quand tu connais ces personnes-là et que tu sais où va l'argent, bien entendu, ça te pousse plus à soutenir la marque. Et pas que ça, quand tu vois que la marque aussi essaie de faire des actions sociales, etc. Tu t'attaches un peu plus. Et il y a des gens, je pense qu'ils achètent juste pour... Je ne peux pas te dire, au-delà d'acheter, le nombre de cadeaux que je reçois de mes clientes.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Mais tout le temps. Et pas que moi. Moi et des gens de l'État. Khadija, elle reçoit tout le temps des cadeaux des clients. Au final, en fait, c'est des gens qui deviennent...

  • Speaker #1

    Une famille.

  • Speaker #0

    Une famille. Et c'est pour ça qu'on les appelle la Sofam. C'est que c'est vraiment notre famille au bout d'un moment. Moi, j'ai des clientes, quand je pars... Il y en a une à Paris la dernière fois. Pas mon voyage, celui d'avant. Je suis allée jusque chez elle la voir. Parce que c'est vraiment ma pote, maintenant. Et c'est des liens qui se sont créés juste avec le fait qu'ils viennent, qu'ils te soutiennent, qu'ils aiment ce que tu fais. Tu vas avoir des problèmes, ils vont te donner des conseils. Et pour moi, c'est ça qu'il faut construire. C'est une communauté, c'est un espace de partage. C'est quelque chose qui te transcende. Aujourd'hui, ce n'est pas ma personne seulement. C'est des gens qui sont attachés. Ils appellent Khadija au quotidien, moi je ne suis même pas au courant. C'est leur pote. C'est pas mon problème.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, parce que... Je pense que tu dois avoir tellement d'anecdotes par rapport justement aujourd'hui à la marque. Est-ce que c'est quoi l'endroit le plus loin au monde où tu as vu tes tenues ? Je te pose cette question parce que par exemple, tu vois, nous, avec notre plat Colia, une fois, je me rappelle, j'ai vu une commande qui est partie, si je ne te dis pas de bêtises, en Nouvelle-Zélande ou Trinité, je ne sais plus, une île comme ça, perdue.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup d'îles.

  • Speaker #1

    Et je me suis dit, mais qui a vu notre plat et commandé ça ? Tu as un endroit où tu as vu tes tenues et tu t'es dit, mais qui a commandé ce fois-ci tout là-bas ?

  • Speaker #0

    Je pense que les deux trucs qui m'avaient choqué, c'était Japon et Australie. Et je me suis dit, en fait, mais...

  • Speaker #1

    Tu imagines ce que tu as créé à Dakar, là ? Il y a quelqu'un qui est jusqu'au Japon.

  • Speaker #0

    Non, mais qui part dans des endroits où moi, je n'ai jamais mis les pieds, où je rêve de mettre les pieds. Donc, en fait, le truc, comme je te dis, ça te dépasse, ça te dépasse de loin. Surtout quand j'ai commencé à aller à des événements et à voir des gens porter mon vêtement. Ils ne savent même pas que c'est moi. Je dis bonjour, vous êtes joliment habillés. C'est moi. Et donc, c'était quelque chose de voir des personnalités qui portaient. Je me souviens, quelqu'un a déjà offert une de nos tenues la première fois à Madame Kagame, la femme de Paul Kagame. Je me suis dit,

  • Speaker #1

    voilà, voilà,

  • Speaker #0

    voilà. C'est trop chouette. Et à chaque fois, en fait, tu voyais quelqu'un et c'est vous qui avez offert aussi un truc à l'hôpital, quand on était passé. Quand j'ai vu qu'elle a apporté ça, j'ai dit Yeah ! On a passé. Et à chaque fois, ce n'est pas seulement les personnalités. C'est vraiment juste une personne. Pour moi, chaque personne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Parce qu'aujourd'hui, sauf à tout, il y a des gens qui se marient en sauf à tout. Il y a des gens qui créent des souvenirs de vie dans tes tenues. Et tu vois, ça aussi, c'était une des questions que j'avais pour toi. Comment tu le vis de savoir qu'aujourd'hui, ce que tu as imaginé dans ta tête, ce que tu as créé, va rester gravé dans des mémoires de gens, dans leur histoire, tu vois ? C'est ça qui moi me touche avec ce côté création de l'entrepreneuriat, c'est que ce que toi tu as imaginé, tu t'imagines pas l'impact que ça peut avoir sur d'autres personnes. Donc quand tu vois des photos de... mariage en Sofa2. Là,

  • Speaker #0

    il y a un bébé, un nouveau-né qui n'est pas encore né. On lui a commandé son Sofa2 quand j'ai vu la tenue. J'ai dit, mais ça, c'est pour qui ? On m'a dit, un nouveau-né. J'ai dit, mais c'est trop petit. Et donc, c'est très touchant de savoir que les gens accordent cette valeur-là à la marque. Ou de voir une jeune étudiante qui dit qu'elle... Je ne sais pas que ça, c'est un truc qui me dit ce qui nous avait touché. Elle voulait coûte que coûte faire sa graduation en Sofa2. Elle n'avait pas assez d'argent. Mais elle a dit qu'elle vient, qu'elle dépose à chaque fois. Et après, j'ai dit, bon, les derniers paiements, il faut lui offrir, tu vois. Mais c'était quelque chose qui m'a tellement touchée parce que pour elle, c'était important, en fait.

  • Speaker #1

    Ils associent ces moments de victoire pour eux à être élégants. Et donc, pour eux, être élégant, c'est porter du sauf-faite. Et pour moi, il n'y a pas plus bel hommage et honneur à tes tenues.

  • Speaker #0

    C'est magnifique. Et franchement, à chaque fois, jusqu'à aujourd'hui, et c'est pour ça que moi, les gens ne veulent pas que je sois en boutique, parce que j'ai ce truc-là de, à chaque fois, à me dire... Non, c'est trop cher. Non, ça ne vaut pas. Non, etc. Tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    Tu as une certaine humilité par rapport à...

  • Speaker #0

    Tu vas me dire, donne-moi un discount. Je vais dire oui. Donc, dès qu'un client vient, dès que c'est le moment...

  • Speaker #1

    Va dans le bac. Va dans la boutique.

  • Speaker #0

    On t'a dit,

  • Speaker #2

    tu vois ?

  • Speaker #0

    Ou bien, si beaucoup de clients me disent, ne vienne pas. Ne viens pas. Ne viens pas nous fatiguer. Tu vas gâter notre affaire. Et donc, jusqu'à aujourd'hui, j'ai ce truc-là de me dire, mais est-ce que ça le vaut vraiment ? Est-ce que ce qu'ils voient en ça, ou bien des gens qui vont venir te dire des choses, comment est-ce qu'ils peuvent voir ça en moi ? Parce que je pense que tout le monde en tout cas se verrait mieux s'il pouvait se voir à travers les yeux de quelqu'un d'autre. Mais je ne pourrais jamais en tout cas remercier assez et payer ces personnes-là qui ont foi en la marque, qui voient de la valeur en ce qu'on fait et qui non seulement l'achètent pour eux, mais le partagent, l'offrent à des gens. Moi, Biram Koulibaly, je sais qu'il ne va pas aimer que je dise ça. Je ne peux pas te dire à combien de personnes il a offert du sofa. Beaucoup plus que ce qu'il a pour lui-même. Et j'ai plein de personnes comme ça, mes tantes, etc. Dès que c'est cadeau, c'est on va chez Fatima. On va nous des chèques cadeaux ou bien la personne va venir une fois qu'elle prend, ne la limite pas, après nous on va payer. Et c'est ça qui a fait la marque. C'est ça qui fait que petit à petit, on a fait notre chemin, on a continué à faire des choses. Et je pense qu'à chaque fois aussi, on a essayé de redonner ce qu'on pouvait de ce qu'on recevait. Et pour moi, au final, c'est ça la vie, c'est un rendez-vous du donner et du recevoir, comme on dit. Et Alhamdoulilah, il y a beaucoup de belles énergies. Des gens comme toi, avec qui la vibe passe. Et Alhamdoulilah, on fait de belles choses ensemble. Les gens créatifs aussi, qui acceptent toujours, peu importe. Parce que je ne peux pas te dire combien de campagnes j'ai fait tourner aux gens. Je sais que quand ils payent mon numéro, ils disent Ché, c'est encore un truc bénévole, elle va nous faire cliquer Mais Alhamdoulilah, les gens ont toujours accepté. Oui,

  • Speaker #1

    mais je pense qu'on en revient à ce qu'on disait, c'est que les gens... Tu véhicules tellement de valeurs qu'ils sont heureux de s'associer à ça, même s'ils ne sont pas rémunérés. C'est que les valeurs que tu portes valent plus cher que tout ce que tu pourrais leur donner. Donc je pense que c'est pour ça...

  • Speaker #0

    C'est ce que je dis là.

  • Speaker #1

    Mais je pense que c'est pour ça que les gens sont toujours enclins à bosser avec toi et à faire des choses avec toi sans forcément chercher du numéraire. Et il y a un truc aussi dont je suis obligé de te parler. Ton duo, le Brian James, Dwayne Wade. toi et Hélène. Parce qu'aujourd'hui, l'une et l'autre, vous avez créé un duo. Même si chacune a sa marque, chacune a son identité, vous êtes un duo maintenant. On vous voit, moi le premier, on voit les stories que vous faites ensemble, on voit comment vous rigolez ensemble, on voit les...

  • Speaker #0

    Il y a quelqu'un qui demande si on s'est fâchés d'ailleurs dernièrement.

  • Speaker #2

    Parce qu'aujourd'hui,

  • Speaker #1

    pour moi... Elle fait aussi partie de ton histoire. Vous avez créé une amitié. Vous avez créé une relation. D'ailleurs, ensemble, tous les trois, on a créé quelque chose.

  • Speaker #0

    Mais les gens ne savent pas.

  • Speaker #1

    Les gens ne savent pas, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est grâce à Olivier qu'on a ouvert Arkham.

  • Speaker #2

    C'est Olivier Arkham.

  • Speaker #1

    Mais comment se crée la relation avec Hélène et comment vous arrivez à faire vos événements à travers le monde, à Paris, Montréal, Abidjan ? Comment vous ? cette énergie se crée et comment vous montez ça ?

  • Speaker #0

    Tu sais, ça a semblé très bizarre ce que je vais dire parce qu'on est de deux confessions religieuses différentes.

  • Speaker #1

    Et c'est ça qui est beau, c'est ça qui est beau avec vous deux aussi.

  • Speaker #0

    Mais je pense que c'est une des personnes avec lesquelles je partage le... plus de valeur en moi. Malgré le fait qu'on n'ait pas la même religion. C'est qu'au-delà de ça, c'est la même confiance en Dieu. C'est la même sororité. C'est la même volonté d'aider, de bien faire. C'est la même... Voilà, l'amour des bonnes vibes. C'est encore plus d'humilité que moi. Pour te dire à quel point cette personne est humble, vraiment. Et Hélène, les gens ne savent pas, il y a presque 10 ans, des cas entre elle et moi.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Bah tu vois, je le savais pas. J'en dirais pas du tout.

  • Speaker #0

    On dirait pas.

  • Speaker #1

    On ne va pas demander qui est la plus grande, qui est la plus petite.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas la peine de demander. Non, toi aussi, ce n'est pas à moi.

  • Speaker #1

    Regardez-la.

  • Speaker #0

    Justement, les gens penseraient que c'est elle la petite, tellement elle fait jeune là. Et en gros, en fait, on était dans le même concept store. On exposait ensemble à Olympique Club. Et quand elle devait faire une ouverture de sa boutique ou elle lançait une collection, je ne sais plus. Elle m'a invitée. Ensuite, je faisais un lancement de collection, je l'ai invité. Ensuite, on s'est croisés plusieurs fois à la Fashion Week et à chaque fois, on devenait un peu plus copieux. Et puis, je ne sais pas comment ça s'est fait, on a commencé à s'appeler à chaque fois, parce que tu sais, on parle beaucoup de nos galères, de tout ça. Donc à chaque fois, on s'appelait, on parlait de nos galères, etc. Et puis, on nous retrouvait avec les autres designers, mais le courant passait encore plus entre elle et moi. Et ouais, au final, on était tout le temps fourrés ensemble. On a décidé qu'on allait... Non, tonton, Amadou Diouma a appelé de Saint-Louis, donc de ISM, pour me dire qu'il avait ouvert un complexe à Saint-Louis et tout, qu'il y avait une boutique. Et il voulait que ce soit moi qui prenne la boutique et qui vende là-bas. Après, Issaouira. Donc, le forum de Saint-Louis. Donc, j'ai dit OK. Sauf que moi, je n'avais encore jamais ouvert de boutique. J'ai dit à Hélène, tu viens m'aider. C'est comme ça qu'on a ouvert notre premier concept store, qui s'appelait Arte Concept Store, que les gens ne connaissent pas. Donc, il était à Saint-Louis. On partait régulièrement à Saint-Louis, ça nous a encore plus rapprochés. Les voyages, etc. Et ensuite, l'amitié a continué. Et un jour, Olivier nous a appelés. Olivier m'a appelé pour me dire qu'il y avait un local qui serait intéressant pour ouvrir une boutique en plein centre-ville. Je dis, OK, on va venir regarder. On est venus, j'étais avec Hélène, et elle est tombée amoureuse de l'espace. Elle a commencé à gêner les photos où elle dansait comme ça. Elle dansait comme ça, elle faisait ça, elle faisait plein de choses. Elle a dit, Fatima, on prend tout de suite. Donc comme ça, on a décidé d'ouvrir ensemble le concept store. La même chose avec l'ouverture du nouveau hôtel. C'est Khalil qui nous a dit, le nouveau hôtel, l'où la boutique ? La personne qui était là est partie. Elle m'a dit, on prend. Je lui ai dit, on a ouvert Arka il y a six mois.

  • Speaker #2

    Tu me dis,

  • Speaker #0

    tu prends une autre boutique. Je ne prends pas. Elle me dit, on prend. Fatima, ça va bien se passer. En plein Covid. Deux minutes. Elle me dit, on ouvre. On est partis visiter, j'ai dit ok on ouvre ! Donc comme ça, je pense que la deuxième boutique, on a ouvert en deux semaines. Et j'avais le Covid d'ailleurs, mon test est sorti négatif le jour de l'ouverture de la boutique. Donc chaque fois qu'on partait en voyage, c'est la première personne à m'avoir influencé à partir à Abidjan, parce qu'elle a déjà vécu à Abidjan, elle avait déjà de la clientèle. On envoyait souvent, elle m'a dit viens on y va. Khadig Nian partait faire un événement, une masterclass, on est toutes parties avec elle. Et depuis lors, on n'a pas quitté Abidjan, donc on retourne à chaque fois. C'est elle qui m'a poussée encore à ouvrir une boutique à Abidjan. C'est quelqu'un qui est derrière moi, qui me pousse à chaque fois. On se pousse mutuellement, j'imagine.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça que je voulais mettre en lumière cette relation, parce que moi, je trouve que ça, c'est beau. Parce que vous êtes dans un domaine où vous pourriez être en concurrence, tu vois, où beaucoup de gens se seraient vus en concurrent. Et vous, au lieu de vous voir en concurrente, vous vous épaulez, vous vous aidez. Vous vous mettez en avant l'une l'autre. Vous créez des choses ensemble. Et c'est pour ça que pour moi, je trouve que c'est important parce qu'on a plus l'habitude de voir des entrepreneurs qui se font des coups bas, qui se déchirent et autres, que de voir des entrepreneurs qui sont surtout dans le même domaine construire des choses ensemble. Alors que c'est ce qui devrait être, pour moi, je pense, naturel.

  • Speaker #0

    C'est la concurrence.

  • Speaker #1

    C'est ça, tu vois, qu'on s'entraide, qu'on se pousse. Parce que, comme tu as dit, Si elle n'était pas là, peut-être que tu as plein de boutiques que tu n'aurais pas ouvertes. Parce qu'elle a te mis ce coup de pied, tu vois, pour te booster. Copine,

  • Speaker #0

    tu as peur. Mais c'est Dieu qui gère, tu as peur de quoi ? C'est comme ça que tu ne peux pas. Non, vas-y, fais. Tu fais tout le temps comme ça. Et franchement, moi, je sais que, par exemple, c'est la même chose. Moi, j'étais là genre en mode, parce que moi, je suis très branding, etc. Copine, il faut qu'on change ton logo. Il faut qu'on fasse ça. En fait, à la limite, je prenais des décisions dans ce qu'elle faisait. C'était réciproque. Par exemple, l'ouverture de ma boutique, c'est elle qui est venue me dire C'est quoi ton merchandising là ? Elle a tout changé, elle a tout chamboulé. Mettez ça là, faites ça là. Quand tu viens et que tu la trouves, tu vas penser Elle n'a pas trouvé sa sofa, tout. Et j'ai le même comportement quand je suis chez elle. Et franchement, c'est ce qui nous a poussés, je pense, toutes les deux, parce qu'on faisait les choses ensemble. Donc, c'était la communauté de l'une qui rejoignait la communauté de l'autre. Partout où je vais, on me dit Pourquoi tu n'es pas venue avec elle ? Partout où elle va, on lui dit Ouais, Fatima. Et donc au final, en fait, c'est vraiment ça. Elle, elle me dit qu'avant, les gens ne la connaissaient pas, elle. on connaissait sa marque mais c'est à cause de moi que sa tête est plus sous le réseau social et on se montrait naturellement en rigolant et souvent quand on se parle elle me dit copine on va pas changer avoir des images de femmes entreprenantes c'est ça que les gens aiment viens on est nourris oui

  • Speaker #1

    effectivement c'est ça que les gens aiment les gens aiment vous voir vous taquiner rigoler après c'est moi qui reviens me dire

  • Speaker #0

    les gens ne nous prennent pas au sérieux. Moi, j'ai fini de faire le pitre sur le sujet. C'est ça que tu me dis demain, tu reviens. Je ne me fatigue pas. Et chaque fois qu'on s'appelle, mon mari sait que j'en ai au moins pour deux heures. Là, par exemple, elle est partie, elle fait le tour du monde. Tout le monde demande. Arrête de me demander. Elle est depuis des mois. Donc là, elle revient, je pense, bientôt, Inch'Allah. Mais voilà, c'est cette énergie positive et toutes les personnes qui la connaissent vont te dire la même chose. Elle est comme ça, naturellement. elle aime donner, elle donne d'elle-même elle partage, elle va toujours pousser les gens à mieux faire donc c'est vraiment une personne magnifique une personne très pieuse et en fait pour moi au fond c'est ça c'est qu'aujourd'hui si tu as une personne et vous partagez les mêmes valeurs, tu sais que jamais la personne ne va faire quelque chose pour te faire du tort parce qu'avant même sa relation avec toi, elle pense à sa relation avec toi Des choses que jamais elle ne fera. Il y a des choses, je sais direct que même si je les vois, ce n'est pas elle. Quelque chose d'autre qui s'est passé, etc. Il y a une explication. Mais je sais que ce n'est pas elle de son propre gré qui a décidé de faire du temps. Et j'ai eu une très belle relation avec les filles de Imara, par exemple. C'est des personnes avec qui on a fait plein de choses. On a fait des voyages, etc. Et pour moi, c'est toujours ces énergies positives qui se créent là. Calista, qui nous met dans tous ses projets systématiquement. Khadinyan de Red Lips. On est tout le temps fournis ensemble. Quand elle fait un projet, avant même de nous parler du projet, par exemple, son événement là. elle vous met en direct le logo taguée elle me moque elle se moque tu vois elle sait que je vais venir je fais un événement je sais que je vais pas aller chercher et que forcément elle sera là avec son équipe et donc c'est quelque chose qui nous pousse toutes à aller de l'avant plus facilement parce qu'on fait les choses ensemble donc elles sont moins dures elles sont plus fun ma tournée aux Etats-Unis Canada avec Imara mais c'était des fourrées à ne plus finir mon fils il l'appelle Babachou parce qu'on était tout le temps avec lui partout il avait un hôteur qui allait le prendre avec moi Donc, il a fait toutes les villes. Maintenant, il dit, je pensais que c'était un Américain,

  • Speaker #2

    mais regarde-le.

  • Speaker #0

    Il a un wall of bien sec. Son premier anniversaire, on était là-bas. Donc, c'est vraiment des souvenirs de vie qui se créent avec ces personnes-là. Femme de Lilin.

  • Speaker #1

    Après, je suis obligé de te parler aussi d'un sujet qui va avec votre domaine, parce qu'on a eu à en parler, toi et moi. Tu as eu un tel impact dans tes créations qu'il y a eu beaucoup de copies. Comment tu vis la copie aujourd'hui ? Aujourd'hui, tu as grandi, tu as mûri. Donc, je pense que tu t'es rodé, entre guillemets, on va dire. J'ai guéri. Tu as guéri. Mais au début, j'imagine, la première fois, comment tu le... Ça pique. Oui, ça pique.

  • Speaker #0

    Olivier, ça pique de fou. Imagine, on te fait ton colis partout et complètement moins cher.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Tu vois, ça pique.

  • Speaker #1

    Mais il faut que des jeunes entrepreneurs ou des personnes qui nous regardent aujourd'hui, qui se lancent ou qui se lanceront plus tard peut-être dans ce domaine-là, quel conseil tu pourrais leur donner par rapport à si demain, vous voyez qu'on vous copie ?

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sûre que ce serait le bon conseil. Parce que moi, personnellement,

  • Speaker #1

    là... Vous les tuez, vous les butez. Ce n'est pas le bon conseil.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas le bon conseil dans le sens où moi, j'aurais pu se dire, continue ton chemin. Parce que... Tu sais, il y a ce beau hadith du prophète, où il est avec, je ne veux pas dire n'importe quoi, mais un des sahabas qui l'a éduqué, et il lui dit, si le monde entier se liguait pour te donner quelque chose que Dieu ne t'a pas destiné, tu ne l'auras pas. Si le monde entier se liguait pour interdire ou prohibiter, je ne sais pas comment expliquer, bloquer quelque chose que Dieu t'a destiné, il n'y arriverait pas également, tu l'auras. Et donc c'est vraiment, aujourd'hui j'ai une telle foi en... La vérité est que tout ce qui est mon risque me parviendra. En Wolof, on dit souvent Satyar kamtila C'est-à-dire que voler, c'est juste être pressé. Mais ce que tu voles, ça t'était déjà destiné et tu l'aurais eu d'une meilleure manière si tu avais juste été patient. Et donc, moi, j'ai tardé vraiment à avoir cette maturité-là. Oui,

  • Speaker #1

    à avoir du recul, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et savoir qu'en fin de compte, ce sont des gens qui sont en train de me faire du tort, mais au final, ils se font encore plus de tort à eux-mêmes. Aujourd'hui, c'est des gens qui ne vont pas avoir de légitimité devant les gens. Bien sûr, il y a des gens qui ne sauront pas qu'ils ont copié parce qu'ils ne me connaissaient pas. Mais aujourd'hui, c'est des gens que d'autres personnes ne vont jamais prendre au sérieux parce qu'ils font. C'est des gens qui, eux-mêmes, en faisant ça, en fait... Moi, j'ai tellement peur de l'argent qui n'est pas... Comment on dit là-haut ? C'est pas légal, mais en fait, dûment acquis. Et pour moi, être vraiment de Godfrey, c'est vraiment ne pas avoir froid aux yeux que d'oser manger cet argent. Donc aujourd'hui, moi, je vois les choses différemment. Mais ça également, ça m'a poussé à une inertie, à une inaction vis-à-vis de ça. Et ça, je ne suis pas sûre que ce soit la bonne posture à avoir. Parce que ce que j'ai fait, le fait que je n'ai pas réagi, le fait que je n'ai jamais porté plainte, surtout contre certaines marques qui sont très en vue maintenant aujourd'hui, qui sont venues dans les mêmes séries que moi, qui habillent les mêmes personnalités que moi, etc. qui continuent dans la copie, qui copient nos palettes de couleurs, les designs, les motifs, mais vraiment tout, les coupes,

  • Speaker #1

    tout. Mais est-ce que tu peux protéger ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    C'est protégé. Donc déjà, ils sont protégés au niveau de l'OAPI. Mais après, il faut intenter des actions en justice.

  • Speaker #1

    Et ça te demande du temps, de l'argent ?

  • Speaker #0

    Ça te demande de l'énergie. Et surtout, ça te donne une réputation, parce que le Sénégalais voit très mal le fait d'aller intenter une action en justice contre quelqu'un d'autre. Parce qu'on aime tellement la liberté qu'on se dit que...... en priver quelqu'un d'autre, c'est vraiment très mauvais. Tu vois ? Et ce que je réalise, en fait, c'est que... Ce truc-là, la peur qu'on nous dise, elle est revancharde, elle n'est pas aussi positive qu'on pensait. Au final, elle avait une image de quelqu'un de gentil, etc. Mais elle est comme tout le monde, c'est pour des gains. Et surtout que ce soit pour des gains financiers que je fasse ça.

  • Speaker #1

    Alors, où je ne suis pas d'accord avec toi sur ça, c'est que ce n'est pas pour du gain. Parce que pour moi, c'est plus pour le combat de tu ne le fais pas que pour toi, tu le fais aussi pour les futurs designers. qui vont arriver et si les gens voient que tu peux plus copier sans que personne te dise quelque chose, finalement tu vas changer les mentalités. Après tu vois c'est facile de parler quand on est assis comme ça et que t'as pas de l'argent à mettre, que t'as pas du temps à mettre sur ça et tout. Mais c'est pour moi aussi quand même important d'intenter des actions et de montrer que ces gens copient. C'est que finalement... T'as travaillé, t'as mis du temps, t'as mis de l'énergie. Tu as fait des efforts que ces gens n'ont pas faits. Ils viennent prendre et personne ne leur dit rien. Personne ne leur tape sur les doigts. Donc, tu vois, ils vont faire sûrement à d'autres personnes, à d'autres personnes. Mais bon, c'est un autre débat. Mais je voulais surtout savoir, c'est ça, comment toi aujourd'hui, quand tu vois ça, tu te dis, bon, OK, moi, je continue d'avancer. Copier ce que j'ai fait moi l'année dernière. Moi, je suis déjà dans la prochaine collection et dans la collection de dans-dedans.

  • Speaker #0

    C'est exactement comme ça que je fais maintenant. Et je pense qu'à une époque, j'avais même dit à Mamital, viens, on crée une page et on dénonce tous les gens qui font de la copie, tu vois. Mais après, je me suis dit, en fait, ça, on ne vaut pas le coup. Ça va me prendre trop d'énergie pour rien.

  • Speaker #1

    Ressent dans l'énergie positive.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pour ça que je dis que je ne suis pas sûre que je donnerai le bon conseil à ces gens. Parce que moi, ce que j'ai fait, c'est ne rien faire. Je ne suis pas sûre que ça a été la bonne chose à faire. Peut-être que si j'avais réagi à la première, deuxième collection où on m'a fait ça, parce que c'était vraiment des choses très flagrantes. où tout le monde venait me dire mais tu as vu, tu as vu, tu as vu peut-être que ça n'aurait pas continué autant. Et comme tu dis, j'ai un rôle également vis-à-vis des gens, et j'aurais pu exercer ce rôle-là pour dissuader d'autres personnes de le faire. Je ne l'ai pas fait, c'est un choix qui était assez égoïste, parce que franchement, c'était un choix de choisir ma paix et de prioriser ma paix.

  • Speaker #1

    Je ne pense pas que c'est égoïste. En fait, où je suis dans une dualité, dans ce que je te dis, c'est qu'effectivement, il y a la partie de moi qui dit Tu devrais le faire pour surtout, même pas que pour toi, mais pour les gens qui arrivent derrière. Mais il y a là aussi l'autre partie de moi qui dit, je suis d'accord avec toi. Moi, j'aurais fait pareil. Parce que finalement, tu vas mettre du temps, tu vas mettre de la mauvaise énergie dans ça, que tu aurais pu mettre sur autre chose, créer déjà toi la suite, que eux n'auront pas pensé. Parce qu'à la fin de la journée, tu as toujours un, deux, trois collections d'avance sur eux. Parce qu'eux, ils sont occupés à copier ce que toi, tu viens de sortir. Mais toi, c'est déjà sorti. Toi, tu es déjà sur la suite. Donc, je comprends aussi. Ce côté de toi qui dit, je ne vais pas mettre mon énergie sur ça. Viens, je mets mon énergie sur le positif et je continue d'avancer.

  • Speaker #0

    J'ai préféré en rire qu'en pleurer au final. Je disais que moi, j'ai plein d'employés. J'ai les miens, ceux de un tel, ça de un tel. Tous, ils bossent avec ma tête. Donc, c'est tous mes employés. Donc, je préférais voir les choses différemment et dire que voilà, tous, ils vivent avec la baraka de ce que nous, nous faisons. Mais oui, ça a piqué. Et jusqu'à présent, des fois, je vois des choses, je me dis, mais attends. cette personne en particulier.

  • Speaker #1

    Tu es toujours en avance. Tu es toujours en avance, c'est ça qu'il faut se dire.

  • Speaker #0

    Ça fait mal.

  • Speaker #1

    Ça fait mal, tu es toujours en avance.

  • Speaker #0

    Ram Doulila, tu te dis en fait, quoi qu'on dise d'ici, je ne sais pas moi,

  • Speaker #1

    20 ans. Lui, 8 ans, on les copie.

  • Speaker #0

    D'ici quelques années, ce ne sera plus Valoven, on sera tous ailleurs en train de faire autre chose. Exact. J'espère que la marque, elle va perdurer et me survivre, mais elle devra faire face à plusieurs situations comme ça s'il continue. Donc, à un moment donné, je me suis dit, écoute, tu ne gâches plus d'énergie dans ça. Je continue d'avancer et surtout aujourd'hui, on ne cherche plus juste à faire des vêtements à pleine. Ce qu'on cherche à faire, c'est à créer de l'impact, c'est changer des vies, c'est accompagner des gens à réaliser leurs rêves. C'est que ces personnes-là qui aujourd'hui sont démotivées, veulent quitter ce pays-là et une raison de rester. Donc, je ne suis plus au même, je ne suis plus dans le même état d'esprit du tout, de je veux me faire connaître. Et c'est dire en fait, rien que ce début d'année. Voir la fin d'année de passé jeudi, on avait intenté, on avait commencé une consultance en marketing. Et quand je réalise en fait le chemin qui a été parcouru et comment ma vision a complètement changé depuis, parce que vraiment l'objectif c'était d'avoir une bonne RP, d'être dans les grands magazines, Vogue, etc. Côté mode. Et en fait, en l'espace de quelques mois, mon objectif a changé. Ce que je veux aujourd'hui, ce n'est pas me faire connaître. par des magazines qui veulent me faire entrer dans des codes qui ne sont pas les miens. Ce que je veux aujourd'hui, c'est qu'une fois que je ne serai plus de ce monde,

  • Speaker #1

    ça perdure.

  • Speaker #0

    Qu'on ait impacté l'Afrique, qu'on ait impacté le Sénégal, qu'on ait changé des vies et qu'on retrouve beaucoup de choses de l'autre côté, dans le bon compte bancaire.

  • Speaker #1

    Amen, amen, amen. Et aujourd'hui, l'équipe SofaTou, c'est combien de personnes ?

  • Speaker #0

    32.

  • Speaker #1

    32 personnes. Qui aujourd'hui sont impactées directement par tout ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Chaque fin de mois, qui m'impacte aussi beaucoup.

  • Speaker #1

    Et donc, on est obligé...

  • Speaker #0

    Parce que c'est le 10 du mois. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Mais justement, on est obligé d'arriver à cette partie-là, c'est ça ? Tu dis qu'actuellement... Parce qu'on s'était vus il y a... Si je ne dis pas de bêtises, un an. et tu me disais que tu étais en train de, je ne sais pas si je peux le dire, de réfléchir à peut-être grandir, et donc chercher des investisseurs pour entrer dans le capital. Donc tu as déjà une projection, toi, à plus long terme de ce que tu veux faire. On est effectivement dans une période actuellement où le pays est en transition et en train de bouger. C'est quoi la réalité d'un entreprise ? Parce que tu vois, moi, nous n'avons pas d'employés. avec Arel. Donc moi, je comprends, je ne connais pas cette réalité. C'est quoi la réalité ? C'est quoi le positif ? Mais en même temps, le stress de devoir avoir autant de monde qui dépendent de ce business que tu as créé. Que les gens comprennent ce que tu vis au quotidien. Parce que il s'arrête, tu sais, à l'image de Sopha, tout ce que tu nous montres sur les réseaux, mais on n'imagine pas toute la réalité qu'il y a derrière.

  • Speaker #0

    C'est énorme, Khadija.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est sûr.

  • Speaker #0

    C'est un stress. En fait, dernièrement, ce que je me demande, c'est ce que serait ma vie sans ce stress-là.

  • Speaker #2

    Non, je te jure.

  • Speaker #0

    L'autre jour, j'ai appelé ma cousine, Khadija. Donc, c'est elle qui est censée être notre directrice commerciale, mais qui ne veut pas lâcher le WhatsApp. Donc, quand vous nous écrivez sur WhatsApp, c'est elle qui répond.

  • Speaker #1

    Bonjour, Khadija. Bonjour,

  • Speaker #0

    Khadija. Et je lui disais, mais tu t'imagines, en fait, comment on serait tranquille si on se réveillait et il n'y avait pas à s'ouvrir. et qu'on n'avait pas les salaires à gérer et que toi, tu n'avais pas de clients mécontents et qu'à l'atelier, ils n'avaient pas foiré la commande d'un client. Olivier, la semaine passée, je te jure, j'étais au bord du coufre, je te jure, émotionnellement, ça n'allait pas. Une cliente, ils ont refait trois fois sa tenue. On voyait trois fois sa tenue à Paris. Les trois fois, la tenue n'allait pas. Olivier, tu imagines. Et maintenant, malgré toutes les bêtises là, malgré le fait que tu viens, tu trouves... plein de choses qui sont gâtées, de l'argent qui est gaspillé, etc. Toi, à la fin du mois, tu dois payer le salaire des gens. Donc, tu te prives. Il y a eu des mois où c'était tellement difficile que j'ai dû emprunter de l'argent ou prendre une tontine que j'avais, etc. Et pour pouvoir payer les salaires. Et en fait, c'est difficile de savoir que qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente. Toi, tu es obligé de te démerder pour que les gens-là aient le reste. Que tu aies vendu ou pas. Que les gens aient bien fait leur travail ou pas. Il faut. Et aujourd'hui, en fait, je pense qu'on a tellement grandi dans l'affectif et bâti cette marque dans l'affectif qu'il y a des gens, on sait que c'est des boulets, mais on ne peut pas s'en séparer parce qu'on sait que le gars,

  • Speaker #1

    tu le vire,

  • Speaker #0

    le gars vit dans ton atelier. Tu le vire, il fait comment ? Et tu sais qu'avec le travail, la qualité du travail qu'il fournit aujourd'hui, partout où il va, c'est un problème.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que tu penses que tu peux être dans ce domaine-là et être dans l'affectif ?

  • Speaker #0

    Je pense que je ne peux plus grandir comme ça. Là, on a atteint un plafond de verre, on ne peut plus. Tu ne peux plus continuer à fonctionner de cette façon, tu ne peux plus faire de l'argent de cette façon. Là, aujourd'hui, en fait, ce n'est pas qu'on ne vend pas, mais tout ce qu'on vend, on le dépense. Et donc, tu réalises qu'au final, même si tu faisais un milliard de chiffres et que tu as dépensé les un milliard, à force de vouloir aider les gens, tu te retrouves dans la même situation. Toi-même, tu deviens un cas social. Toi-même. Je regarde mon pouvoir d'achat d'il y a quelques années et mon pouvoir d'achat aujourd'hui. Moi-même, je regarde dans la boutique des vêtements. Avant, je prenais, j'achetais pour offrir aux gens. Maintenant, je dis, c'est mon patrimoine.

  • Speaker #2

    J'offre à qui je veux.

  • Speaker #0

    Moi,

  • Speaker #2

    je ne paye pas.

  • Speaker #0

    Comme vous ne me donnez pas d'argent, donnez-moi les vêtements. Non, quand j'ai eu mon bébé, je suis venue avec ma valise. J'ai dit, mettez dedans, je vais porter. Vous ne me payez plus d'argent, payez-moi des vêtements. C'est-à-dire, en fait, que c'est un impact très dur psychologiquement. Les gens sont en train de dormir, toi tu penses à où est-ce que tu vas prendre de l'argent pour payer parce que c'est une masse salariale qui a explosé. Ah oui. Ouère, ouère, d'un mois à l'autre, tu as l'impression que c'est 15 jours. Et à la vidéo de Louis de Finesse là où il dit mais c'est encore la fin du mois, encore. Et chaque fois je me dis mais ouère,

  • Speaker #1

    je comprends pas. Ça va vite.

  • Speaker #0

    Ça va très vite, c'est très stressant, c'est très frustrant parce que tu n'as pas toujours ce que tu veux et qui fait que ce soit légitime pour toi de payer ce que tu es en train de payer. Mais bien sûr, à chaque fois que tu vas te poser et te dire, et surtout c'est difficile de gérer parce que nous, par exemple, on entend des avances sur le salaire parce qu'on sait que c'est difficile. Et des fois, en fait, c'est comme si ces personnes pensaient que c'est un dû. On vient te dire, oui, j'ai besoin d'argent, d'avance sur le salaire parce que j'ai telle situation. Et tu dis, les caisses sont vides. Et tu dis, oui, mais moi, j'ai besoin d'argent. Oui, mais les caisses sont vides. Qu'est-ce qu'on fait ? Je me vends, je te donne, mais je fais quoi ? Je prends rien, je te donne, je ne comprends pas. Et en fait, au bout d'un moment, tu commences à être démotivé parce que tu te dis, est-ce que ça le vaut vraiment ? Après Khadija, l'autre jour, elle m'a envoyé plein de captures de clients très contents. Exactement. Tu vois, c'est pour ça qu'on fait ça aussi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Parce que c'est pas que tu vois... Ou bien un autre jour, qui vient nous dire, il y a un tel qui avait telle situation, sa maman était malade, elle a pu payer avec la raison de sa tontine, etc. Ça fait ça.

  • Speaker #1

    Oui, après ça, c'est l'entrepreneuriat. C'est des hauts, des bas, des moyens...

  • Speaker #0

    Des très bas.

  • Speaker #1

    Des très bas et des très hauts, exactement. Et de toute façon, c'est ça. Je pense aussi que de toute façon, comme tu le disais tout à l'heure, de par ton caractère, de par ta nature, être dans un emploi où tu aurais une routine, ça te fatiguerait, Fatima.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas à faire mon...

  • Speaker #1

    Comme tu as dit, tu as besoin de cette... Tu l'as dit toi-même, tu as besoin de... C'est maintenant, l'adrénaline de maintenant, tu as besoin de ça. Et être finalement, faire du 9 à 5... et avoir ton salaire ?

  • Speaker #0

    Non, je ne peux pas. Mais mon mari, par exemple, peut avoir beaucoup d'argent et je fais ce que je veux.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une option aussi, effectivement.

  • Speaker #0

    Donc, il n'a qu'à bosser. Il faut dire qu'il bosse plus dur. Oui, mais même ça, je sais que je m'ennuierais. J'aime ce que je fais, mais c'est juste qu'il y a des moments où c'est plus dur que d'autres.

  • Speaker #1

    Ah oui,

  • Speaker #0

    c'est sûr. Parce que tant que tu n'as pas ce stress-là de à la fin du mois, je paye comment ? Franchement, advienne que pourra. Moi, tant que je ne suis pas stressée par comment je fais pour payer les salaires, I'm good. Je n'ai pas besoin d'avoir plein d'argent.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    I'm not even using it.

  • Speaker #1

    Tu veux juste savoir que ces gens qui comptent sur moi, Je ne veux pas les décevoir.

  • Speaker #0

    Mais là, j'ai décidé que ce mois-ci, parce que ça ne vend pas, je vais venir leur dire, voilà les amis, on n'a pas vendu moitié salaire pour ce mois.

  • Speaker #2

    Juste une fois. Tout le monde comprend.

  • Speaker #1

    Ça, parce qu'effectivement, c'est facile d'être de l'autre côté, d'attendre son salaire et de ne pas comprendre les réalités.

  • Speaker #0

    Ce mois-ci, j'ai fait plein de trucs. Là, par exemple, je leur ai dit, je m'en moque. Tous ces frais supplémentaires de envoyer au pressing parce que vous avez tâché. Ensuite, renvoyer à la boutique pour emballer, renvoyer chez le client, repayer le CP pour repartir.

  • Speaker #1

    Les petits, les petits, les petits, les petits, là, ça fait beaucoup.

  • Speaker #0

    C'est les petits, là. J'ai dit, maintenant, on coupe. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr.

  • Speaker #0

    Si tu as des responsabilités,

  • Speaker #1

    tu enlèves ça. Exactement.

  • Speaker #0

    Je sais que c'est fin du mois, mais ça va diminuer un peu. Non, j'espère surtout que ça va les pousser à mieux faire. Je sens qu'il y a eu un relâchement. Général. C'est peut-être dû à la crise, c'est dû à beaucoup de choses. Tu sais, les gens vivent des situations difficiles chez eux. Et surtout, on n'était pas très regardant sur beaucoup de choses. Parce que comme je te dis, on a vraiment bâti le truc dans l'affectif. Mais je sais que quand ils vont voir une tête tomber, deux,

  • Speaker #1

    après on va voir. Ça recadre.

  • Speaker #0

    C'est juste qu'il faut que je trouve en moi le courage de faire ça. C'est pour ça que ma soeur me dit tout le temps il faut que ce soit plus toi qui dois faire ces décisions.

  • Speaker #1

    Oui. Parce que tu ne vas pas le faire. Aujourd'hui, tu as assez grandi, assez mûri. pour toi, t'occuper de d'autres étapes qui sont trouver le financement, faire grandir la marque et tout et que le day-to-day, le côté RH et tout, tu le sais que t'as un trop bon cœur. Donc, tu le sais que tu dois t'éloigner de connaître les gens et d'être dans l'intérêt.

  • Speaker #0

    Je suis dans toutes les sauces. Je veux venir trouver quelque chose, je ne dois pas parler de l'ingénieur.

  • Speaker #2

    Pourquoi c'est comme ça ?

  • Speaker #0

    Comme tu dis, c'est difficile de déléguer. Je suis pas tranquille. C'est toi, tu as ta vision des choses. Et mon problème, c'est que moi, j'ai beaucoup fait du micromanagement. Et en fait, je peux m'asseoir, venir voir des fils qui pendent sur un truc. Je vais m'asseoir, aller récupérer les ciseaux et couper. Alors que tu as plein de personnes qui auraient pu faire ça pour toi. Un poste, je vais dire non, la police où vous avez placé ça, etc. Ça ne nous ressemble pas. Et je vais dire non, je rentre dans Canva, je fais moi. Donc, c'est plein de petites choses comme ça qui te retardent alors que tu aurais plus de valeur ajoutée à faire d'autres tâches. Et c'est vraiment ça que je dois apprendre. Je ne vais pas dire que je suis en train d'apprendre, ils vont me dire c'est pas vrai. Mais oui, début d'année, on a fait un très beau team building. On a, tu vois, on a essayé de vraiment... plus se faire confiance, etc. Mais franchement, cette année, comme je te dis, j'avais levé le pied, je m'étais fait mon planning tranquille, c'est matinée à l'école. Ensuite, quand je finis, je passais des fois rapidement, mais je pouvais rester genre des semaines sans passer. Et parce que je pensais vraiment que les choses étaient bien en place, etc. Mais bon, je réalise après coup que les process sont pas huilés, il y a des process qui n'existent même pas. Par exemple, je réalise qu'on n'avait pas de process de décaissement. Chacun vient dire à la comptable, j'ai besoin de temps parce qu'on doit faire ça.

  • Speaker #1

    et elle envoie l'argent je suis venue il y a un mois j'ai dit même livraison maintenant vous me demandez c'est ça il faut structurer tout il faut organiser tout ça doit être un vrai challenge au quotidien on a pris plein de consultances pour ça un

  • Speaker #0

    autre consultant sur la stratégie du développement aussi sur la restructuration et alhamdoulilah on espère que ça va être un bon résultat et aujourd'hui

  • Speaker #1

    Toi, sauf à tout, si c'est quelque chose dont tu peux parler, tu vois ça où dans 5 ans, 10 ans ?

  • Speaker #0

    5 ans ou 10 ans ?

  • Speaker #1

    Allez, 5 ans. Comme ça, je peux te réinviter dans 5 ans dans le fauteuil pour que tu me dises. Tu peux me réinviter dans 10 ans. Oui, Inch'Allah.

  • Speaker #0

    Je sais que ça va être un énorme plateau.

  • Speaker #1

    Amine.

  • Speaker #0

    À la Jimmy Fallon, tout ça.

  • Speaker #1

    Comme moi, je peux dire que je sais que dans 10 ans, ton emploi du temps sera trop bouqué. Donc, pour t'avoir, tu vois.

  • Speaker #0

    Dans 5 ans, je pense que je vois un acteur important du développement local, du développement de l'industrie culturelle, créative sénégalaise et africaine de manière générale. Je vois une marque qui impacte beaucoup de vies. J'espère qu'on aura dépassé la centaine d'employés. J'espère qu'on aura également réussi à... Ce cap-là...

  • Speaker #1

    Tu as centaines d'employés, tu veux gérer encore...

  • Speaker #0

    C'est pas moi qui vais gérer !

  • Speaker #1

    Non, toi aussi !

  • Speaker #0

    Dans cinq ans ! Là, je te parle de Sofatou, mais moi, je me vois loin là-bas. Medine a appelé des fois pour dire comment ça se passe.

  • Speaker #1

    Je suis fatiguée !

  • Speaker #0

    Je vois une marque qui aura réussi à dépasser vraiment ce cap-là de la structuration, mais surtout du passage à l'échelle. Parce que c'est là-bas que beaucoup d'entreprises malheureusement échouent. Elles vont grandir à une grande vitesse de croissance et puis arriver à ce niveau-là.

  • Speaker #1

    À un palier. Oui,

  • Speaker #0

    et ça bloque. Donc on espère vraiment qu'on va réussir ce passage à l'échelle, conquérir encore plus de cœurs, générer encore plus d'impact socialement au Sénégal, mais aussi un peu partout et surtout être implanté dans plusieurs autres villes d'Afrique. Là, on est juste à Dakar et à Abidjan. où on a nos propres boutiques. On est représenté dans plein d'autres pays. On peut continuer sur la représentation, mais je pense que ce serait pas mal d'avoir d'autres boutiques dans les trois, quatre villes.

  • Speaker #1

    D'accord. Inch'Allah. C'est tout ce qu'on te souhaite. C'est tout ce qu'on te souhaite.

  • Speaker #0

    Ah, et ouvrir à Paris. Je sais, les gens de Paris, ça fait des années que vous me souhaitez ça. Inch'Allah. Ah oui ?

  • Speaker #1

    Parce que ça reste quand même, j'imagine, une grosse part de ta clientèle. C'est notre première destination. Ah ouais.

  • Speaker #0

    C'est la première ville que l'on explique.

  • Speaker #1

    Wow. Incroyable. Incroyable. Et avant de finir cette discussion, pour moi, c'était important aussi de rendre hommage à ta maman. Parce que pour moi, elle représente aussi toutes les valeurs qu'elle t'a inculquées, toute la femme que tu es aujourd'hui. Parce que je vais partager un truc que les gens ne savent pas. C'est que quand Karel est enceinte de Kélina, j'avais mon dos complètement bloqué. J'étais allongé pendant des mois et tout. Et la mère de Fatima, sans me connaître, sans m'avoir rencontré, m'a dit quoi faire, qu'est-ce qu'il fallait faire. Et ça montre toute la grandeur de cœur. Bien expliqué ! Tu vois, moi, je n'ai jamais oublié toute la grandeur de cœur et toute la femme qu'elle était et toutes les valeurs qu'elle t'a inculquées aujourd'hui qui font la femme que tu es. C'est que sans me connaître, juste Fatima lui a dit Ah, j'ai un ami qui a ça Elle a dit Ok, tu dis de faire ça, ci, ça, ça, ça, ça, ça, et ça va aller mieux Et je voulais vraiment lui rendre hommage dans la discussion. parce que ça montre toute la générosité toute la femme incroyable qu'elle était et qui tu es aujourd'hui en tout cas Fatima ça a été un plaisir de discuter avec toi un plaisir qu'on se pose parce que ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vu mais trop merci et puis en tout cas j'espère que tu as pris autant de plaisir que moi ah

  • Speaker #0

    bien sûr déjà moi j'aime parler,

  • Speaker #1

    j'aime encore plus parler avec toi c'est dommage on n'avait pas à manger je ferais mieux la prochaine fois Très mieux la prochaine fois. On se pose, on grignote et tout. En tout cas, ce que je retiendrai de cette discussion, c'est que tu es une femme inspirante. C'est que tu es quelqu'un qui n'a pas peur de faire bouger les choses. Tu vois ? C'est que tu es quelqu'un qui a des valeurs. Tu es quelqu'un qui aime consciemment l'autre, qui aime l'autre, qui aime donner aux autres. Et quand je dis donner, ce n'est pas forcément donner quelque chose de physique. Ça peut être par des conseils, ça peut être par la parole et tout. Et tu es surtout quelqu'un qui représente le Sénégal, qui représente l'Afrique en général, partout où tu vas. Et en tout cas, on te pousse à 10 000 de continuer à faire tout ce que tu fais. Je vous invite, la team incroyable. à aller voir si vous ne savez pas encore ce qu'elle fait ses réseaux allez voir les réseaux de Sofa2 c'est bientôt Noël si vous ne savez pas quoi offrir ou si vous ne savez pas quoi vous acheter prenez une petite tenue Sofa2 vous allez voir vous allez être frais frais comme ça si vous avez des mariages des événements frais la fraîcheur vraiment made in Sénégal made in Africa et voilà en tout cas tout le meilleur à toi merci la team incroyable d'avoir regardé ou d'avoir écouté l'épisode et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode Peace Allow me to reinduce myself, my name is Holt.

  • Speaker #0

    Holt Schultz.

Chapters

  • Introduction et accueil de Fatima Zahra Ba

    00:00

  • Présentation de Fatima et de son parcours

    01:35

  • Enfance et famille de Fatima à Dakar

    02:29

  • L'impact de l'éducation sur son parcours

    03:54

  • Éducation et créativité de Fatima à l'école

    09:48

  • Début de l'aventure entrepreneuriale de Sofatoo

    21:19

  • Lancement de la première collection et premiers succès

    23:25

  • Développement de la marque et défis rencontrés

    44:11

  • Valeurs et impact social de Sofatoo

    52:05

  • Vision future de Fatima et de Sofatoo

    01:29:29

Description

Dans cet épisode captivant du OV Show, Olivier Vullierme accueille Fatima Zahra Ba, une entrepreneuse inspirante qui incarne l'esprit d'innovation et de résilience. Fondatrice de la marque Sofatoo et cofondatrice d'un concept store, Fatima nous plonge dans son parcours de vie exceptionnel. À travers cette conversation enrichissante, elle partage comment sa famille a joué un rôle crucial dans ses choix de vie et ses aspirations professionnelles.


Fatima évoque les défis uniques auxquels elle fait face en tant qu'entrepreneuse dans le secteur dynamique de la mode sénégalaise. La gestion d'équipe, la créativité et l'authenticité sont au cœur de ses préoccupations, et elle nous révèle comment sa marque a su évoluer pour devenir un acteur clé dans l'industrie. Au fil de cet échange, elle aborde des thèmes tels que la pression familiale et la dualité entre tradition et modernité, des sujets qui résonnent particulièrement dans le contexte africain et au sein de la diaspora.


Cet épisode du OV Show n'est pas seulement une discussion sur le business, mais également une véritable source d'inspiration pour tous ceux qui souhaitent entreprendre. Fatima partage ses secrets de réussite, ses motivations et les valeurs qui l'animent au quotidien. Son engagement à donner en retour à la communauté et à rester fidèle à ses principes tout en naviguant dans le monde des affaires est un message puissant pour les entrepreneurs passionnés et ceux qui aspirent à faire une différence.


Ce dialogue riche en émotions et en réflexions offre des histoires captivantes et des leçons précieuses sur la construction d'une carrière. Que vous soyez en Côte d'Ivoire, au Cameroun ou ailleurs en Afrique, cet épisode du OV Show est une invitation à réfléchir sur votre propre parcours et à vous inspirer des expériences d'autres femmes fortes et déterminées.


Ne manquez pas cette occasion d'explorer les réalités de l'entrepreneuriat féminin, de découvrir des parcours de vie exceptionnels et de vous laisser motiver par les récits de ceux qui ont osé changer leur vie. Rejoignez-nous pour une conversation qui célèbre la diversité, l'innovation et la solidarité, et qui vous poussera à envisager votre propre chemin vers le succès. Écoutez le OV Show et laissez-vous inspirer par Fatima Zahra Ba et son message puissant!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allow me to reinduce myself, my name is Soul Soul

  • Speaker #1

    Hello, hello les incroyos, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien. Bienvenue dans un nouvel épisode du Off Show. Bienvenue à tous les nouveaux abonnés sur la page. Bienvenue à tous ceux qui nous écoutent en audio sur toutes les plateformes. Et aujourd'hui, je reçois... une amie, une sœur, une chef d'entreprise. une designer, une maman, je reçois Fatima de Sopatou dans le hall show ! Je me suis sentie comme une star.

  • Speaker #0

    Mais t'es une star, wesh. Ouais, ouais.

  • Speaker #1

    Mais t'es ma star, en tout cas. Moi, t'es ma star. Voilà, voilà. Toi, tu vas trop bien ? Ça va très bien. Tu vas bien ? Oui.

  • Speaker #0

    En forme ? Ça va très bien.

  • Speaker #1

    Bien installée ?

  • Speaker #0

    Très bien installée. On m'a bien traitée. Ça va.

  • Speaker #1

    C'est très beau ce que tu portes.

  • Speaker #0

    Merci. C'est trop beau.

  • Speaker #1

    Je me demande qui a créé ça. Mais bon.

  • Speaker #0

    Je me demande aussi.

  • Speaker #1

    On va en parler. D'ailleurs, regardez. Attendez, je pousse un peu le micro. Voilà, vous avez vu mon polo. Exclusivité mondiale.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Pardon, mon solo. Ce n'est pas un polo, c'est un solo. Merci. Mais bon, on va en parler plus tard. Tu vas bien ?

  • Speaker #0

    Ça va.

  • Speaker #1

    Prête à discuter ? Prête à parler ? Toujours. Prête à nous dévoiler les secrets ?

  • Speaker #0

    Ça, je ne suis pas très sûre.

  • Speaker #1

    Donc, en tout cas, la première question que je pose à tous mes invités, Fatima, quand ils arrivent ici, c'est comment tu te présentes aujourd'hui quand tu rencontres quelqu'un qui ne te connaît pas ?

  • Speaker #0

    La vérité, ça dépend de la personne. Si je vois une maman de deux, je vais dire bonjour, je suis maman de deux enfants.

  • Speaker #1

    Non, tu es dans un milieu professionnel. Tu es dans un milieu professionnel. Comment tu te présentes aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Alors, je me présente généralement comme Fatima Zahraba, une jeune femme sénégalaise, une jeune femme halpoula, à moitié, lébou, à moitié. Pas toujours, ça dépend. C'est une personne très culturelle, mais je continue. Je suis la fondatrice de la marque Sofato. et la cofondatrice d'un concept store qui s'appelle Arka. Je peux m'arrêter là-bas ? Non,

  • Speaker #1

    c'est très bien. C'est très bien. De toute façon, on va rentrer dans le détail, dans le parcours et dans l'histoire, et je pense que les gens apprendront à savoir qui tu es et tout ce que tu fais. Alors moi déjà, Fatima, la première question, c'est tu es née à Dakar ?

  • Speaker #0

    Je suis née et j'ai grandi à Dakar. Née ? Boé Kapsi.

  • Speaker #1

    Boé Kapsi. Tu as une grande famille, beaucoup de frères et sœurs ?

  • Speaker #0

    Alors, on était quatre. Ouais. Moi, ma grande soeur, ma petite soeur et mon petit frère, Benjamin, qui est décédé malheureusement en 2016. D'accord. Le temps passe.

  • Speaker #1

    Oui, le temps passe vite.

  • Speaker #0

    C'est fou. Oui, donc on était quatre. Mais maintenant, c'est moi et mes deux frères, deux soeurs.

  • Speaker #1

    Et c'était comment l'enfance de Fatima ?

  • Speaker #0

    C'était joyeux. J'ai vraiment eu une belle enfance. Je suis née à Liberté 5, là où il y a mon atelier maintenant, chez ma grand-mère. Puis on a déménagé à Liberté 6 Extensions, puis encore à Liberté 6 Extensions. Donc je suis vraiment dans ma zone là. D'accord. Et donc on avait beaucoup de cousins, cousines. On a grandi avec, très souvent chez ma grand-mère, beaucoup de fêtes d'anniversaire, beaucoup de sorties à Gorée, à la plage, etc. C'était vraiment une très belle enfance. Bon, moi j'étais une enfant aussi hyper sensible. Ouais.

  • Speaker #1

    J'en voulais beaucoup.

  • Speaker #0

    Ouais. D'ailleurs on m'appelait Santima. Tu connais la chanson de la chanson de la Gorée. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Deux quarts. Je pense que j'ai été très sensible pendant assez longtemps quand même. Mais oui, mais overall, c'était vraiment une belle enfance. De très, très beaux souvenirs.

  • Speaker #1

    Très beaux souvenirs.

  • Speaker #0

    Et de fort liens aussi.

  • Speaker #1

    Et papa et maman font quoi ?

  • Speaker #0

    Alors, papa est professeur de pensée islamique.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Professeur, chercheur. Docteur en pensée islamique d'ailleurs. Et maman, que Dieu ait son âme, était médecin nutritionniste.

  • Speaker #1

    Oui, très scientifique.

  • Speaker #0

    Oui, plus ou moins. Bon, après,

  • Speaker #1

    scientifique de la pensée et du corps.

  • Speaker #0

    Donc, et surtout papa et maman étaient, sont deux personnes très engagées. Je veux dire des activistes de manière générale, des modernistes un peu, des... C'est quoi le terme ? Des réformistes. Voilà. à engager politiquement, socialement, religieusement, culturellement. Et voilà, ils nous ont transmis beaucoup de ça,

  • Speaker #1

    je pense. Oui, je te pose cette question parce que justement...

  • Speaker #0

    Papa est aussi imam !

  • Speaker #1

    D'ailleurs, petite anecdote, son papa est imam, et Fatima et moi, on a un lien qu'on ne savait pas, jusqu'à ce que je vienne à sa boutique justement, c'est son père. qui nous a mariés, Carèle et moi. Et un jour, je suis à la boutique de Fatima, Carèle est en train d'essayer des habits.

  • Speaker #0

    Et la boutique se trouve à la maison.

  • Speaker #1

    À la maison, exactement. Et je vois un monsieur qui passe, et je regarde, je fais... Mais c'est le monsieur qui nous a mariés ! Et Fatima dit, mais c'est mon père ! Et donc voilà, on était déjà liés, sans le savoir. Et comment c'est justement... Tiens, je me pose cette question en même temps. C'est comment de grandir avec un père ? Parce que déjà, il est déjà dans la... Dans les sciences, déjà, il est imam, est-ce que c'est beaucoup de pression ? Est-ce que finalement tu n'as pas ressenti ?

  • Speaker #0

    Si je parle de la valise ! Le gars là, ça fait pas longtemps qu'il est devenu mon ami !

  • Speaker #1

    Alors que vous vous ressemblez tellement ! Tu trouves ? Je trouve ! La photo que tu as postée de lui récemment, je trouve que vous vous ressemblez tellement !

  • Speaker #0

    Non, c'était pas du gâteau ! C'est pour ça que je pense que les personnes avec lesquelles je serais le plus liée à vie, c'est mes sœurs, parce qu'il y a qu'elles qui savent c'est quoi d'être l'enfant du gars. Mais ce n'était pas facile.

  • Speaker #1

    En fait, quand tu es jeune, j'avoue, ça ne doit pas être simple, parce que comprendre... Tout ce qu'il veut t'inculquer.

  • Speaker #0

    Vous voyez le monde différemment.

  • Speaker #1

    Mais quand tu es grand, je pense que c'est là où tu réalises tout ce qu'il a voulu t'inculquer.

  • Speaker #0

    Et c'est là que tu deviens fan de lui. C'est là qu'aujourd'hui, que toi-même, tu veux mieux pratiquer ta religion, que tu réalises aussi la chance que tu as eu de l'avoir. De quitter inculquer certaines choses très tôt, etc. Par exemple, il y a des doigts que j'essayais d'apprendre très tard. Puis j'ai réalisé, mais ça, je connaissais ça quand j'étais toute petite. ce qu'on dit quand tu manges, quand tu sors. Mais en fait, tellement j'avais arrêté de dire ces choses en grandissant, je réalisais après coup qu'il m'avait appris tout ça, en fait, déjà. Donc, c'était beaucoup de pression. C'était beaucoup d'incompréhension. Parce que justement, lui, il est originaire du Fouta. Il a appris le Coran en entier. C'était un talibé. Ensuite, il est parti. Il a appris tout seul l'arabe. Il est parti en Mauritanie pour faire un cursus en arabe. jusqu'à ce qu'il ait une bourse pour partir étudier. Il a étudié au Liban, puis il a été au Qatar, je pense. Au Koweït, plutôt, c'est là-bas qu'il a eu son doctorat. Donc, tout dans les sciences islamiques. Donc, toute sa vie, en fait, c'est l'islam. Donc, quand nous, on est nés, lui, il était déjà affecté ailleurs. Il travaillait dans les sciences islamiques, bien entendu. Il travaillait dans l'humanitaire islamique.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et il était beaucoup plus rigide qu'il ne l'est aujourd'hui, par contre.

  • Speaker #1

    Il y a des petits enfants, maintenant.

  • Speaker #0

    Il y a des petits enfants. Et même, je pense qu'il a voulu devenir notre ami, ce qui s'est fait, alhamdoulilah. Et en fait, il était vraiment très comme ça. Alors que, donc lui, il est halpoulard, très traditionnel, etc. Ma mère, elle est lébou d'origine. Sa famille, c'est un peu la bourgeoisie de Dakar, un peu. D'accord. Donc, du côté de ma grand-mère, c'était en fait des anniversaires. Je me souviens que quand j'ai mis mon voile, quand j'étais au CEM de ma mère, ma grand-mère m'a dit, You didn't leave Machu c'était la danse du temps, donc tous les anniversaires on me dit Kaifu et Chi.

  • Speaker #1

    Bah alors il faut que tu traduises pour les gens qui parlent pas ou non de ce que tu viens de dire.

  • Speaker #0

    Pourquoi tu mets le voile alors que tu danses tellement bien le Machu ? Donc le Machu à l'époque c'était une chanson de Chonsek, et donc tous les anniversaires on me disait viens danser devant les gens. Et donc pour dire, elle était contre le voile de ma mère etc. Bien entendu après elle a regretté plus tard et elle s'est faite à ça. Et en fait, en plus de la pression du fait que c'était un imam, c'est que mon père et ma mère ils font partie... Ma mère déjà, c'est la première femme avec ses deux amis, les deux tatarijas, à s'être voilée à l'université.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    C'était un temps où être Ibadur Rahman, comme on les appelait, ce n'était pas la mode. Au contraire.

  • Speaker #1

    Ok. On a grandement fait ça. C'est marrant que tu dis ça parce que je n'aurais jamais pensé ça. Je ne me serais jamais pensé que tu aurais pu être jugée au Sénégal.

  • Speaker #0

    Mais moi, je détestais ça. Quand tu me dis que ta famille c'est des Ibadurs, je te dis non. Je me suis disputée pour ça, je me suis chamayé avec des gens pour ça, parce que dans notre tête, il y avait une réelle stigmatisation par rapport à ça, au fait de porter le voile, au fait qu'on partait à la tabasco, à la courrita, on nous forçait à partir à la mosquée. Les nafs, pendant le ramadan, on nous forçait à partir, on était les seules fillettes, on se disait mais pourquoi on est là en fait ? Donc oui, je pense que c'était très choquant au temps, et bien sûr c'était quelque chose qu'on n'aimait pas, c'est quelque chose qui a grandi dans le cœur des Sénégalais, c'est quelque chose qui a changé avec le temps, et il y a beaucoup de choses qui ont été faites pour ça. Mais à l'époque, oui, je pense que c'était beaucoup de pression. Oui,

  • Speaker #1

    mais tu vois, je ne sais pas si un jour ton père le ferait, mais j'aimerais tellement le recevoir dans le podcast pour parler de religion, de tout ça. Je te laisserai la mission et tu lui montreras l'épisode. Bonjour, tonton. Et donc, tu grandis dans cet univers, tu grandis dans cette famille avec plein de beaux souvenirs, de rires, de bonnes ambiances. Et Fatima, à l'école, elle est comment ?

  • Speaker #0

    Déjà, elle ne s'appelait pas Fatima. Je vais raconter ça ici. Plein de choses, plein de personnes qui ne savent pas. Je m'appelle Fatou. Ok. Donc c'est ce qui a amené d'ailleurs le nom de la marque, parce que ma grand-mère... que son père aussi n'a pas appelé Fatima, mais Fatoumada, était déclaré Fatou Sou. D'accord. Donc Sou Fatou, le nom de la mère. Et donc ma grand-mère, ce n'est pas mon père qui m'a déclaré. Parce que comme je te dis, il était tout le temps affecté ailleurs, il n'était pas là. C'est ma tante qui est partie pour me déclarer. Et comme on appelle ma grand-mère Fatou Sou, on a dit Fatoumada, il a dit Fatouba.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Sauf que tout le monde m'appelait Fatima à la maison. Et c'est le jour, bien plus tard, où mes sœurs ont découvert que je m'appelais Fatou, que ma vie est devenue un enfer.

  • Speaker #1

    C'est les sœurs qui ont lancé l'information.

  • Speaker #0

    Fatou Mbindou, Fatou Bobo Diouf, Fatou Bobonne, j'entendais tout. Et j'ai commencé à détester le prénom-là, parce qu'on m'appelait Fatou à l'école, mais toute ma famille m'appelait Fatima, parce que mon père m'appelait Fatima Zahra. Donc Fatima à l'école, ou Fatba à l'école, parce que beaucoup de gens jusqu'à présent, mes amis, m'appellent Fatba. Traite et en l'air, on écrivait tout le temps élève distraite, élève bavarde, mais très souvent première de la classe,

  • Speaker #1

    Alhamdoulilah.

  • Speaker #0

    Donc, j'avoue que j'ai eu beaucoup de chance. Je ne faisais pas forcément beaucoup d'efforts. Et c'est bien plus tard que j'ai réalisé que c'est parce que j'étais ce qu'on appelle neurodivergente et que j'ai été diagnostiquée, etc.

  • Speaker #1

    C'est quoi neurodivergent ?

  • Speaker #0

    C'est juste que ton esprit n'est pas conçu, un peu ton cerveau, comme les cerveaux normaux.

  • Speaker #1

    Comme la moyenne.

  • Speaker #0

    Voilà. Donc, tu as des gens qui, par exemple... Ceux qui sont atteints de... Moi, mon trouble en particulier, c'est ce qu'on appelle ADHD. Oui,

  • Speaker #1

    haut potentiel intellectuel. Non,

  • Speaker #0

    ça c'est autre chose, ça c'est HPI. Et souvent les gens qui ont ADHD, ADHD en français c'est le trouble de l'attention. C'est TDAH en français. Souvent les gens qui sont TDAH sont aussi HPI. Ça arrive. Et c'est juste qu'en fait ton esprit est conçu différemment. Par exemple, tu as ce qu'on appelle le time blindness, c'est que je ne réalise pas en fait. Je n'ai pas la bonne mesure du temps. Ok. Je peux faire quelque chose pendant un très long temps. Je pense que je fais ça depuis 10 minutes, alors que je fais ça depuis 1h30. Donc, oui. Et généralement, c'est des gens qui oublient beaucoup, sont très désorganisés, ont du mal à gérer leur temps. C'est des choses qui m'ont fatiguée toute ma vie, mais qui, par exemple, travaillent très bien dans le stress, sous le stress ou dans l'urgence.

  • Speaker #1

    D'accord. Et on te fait ce diagnostic à quel âge ?

  • Speaker #0

    Il y a des gens qui ne l'ont jamais fait. Moi, par exemple, c'est sur Internet que j'ai commencé à voir les trucs-là, à se dire, mais en fait, je vois la vidéo de quelqu'un qui explique ces situations, et c'est exactement toute une situation. Et donc, finalement, je suis allée voir quelqu'un ici à Dakar, c'est une dame et une libanesse d'ailleurs, et c'est là-bas que j'ai été diagnostiquée. En gros, c'est avec un questionnaire. Tu as des gens qui ne vont jamais être diagnostiqués de leur vie parce que c'est des choses qu'on apprend aujourd'hui. C'est aujourd'hui avec les réseaux sociaux que la science se démocratise un peu. Mais sinon, on va juste dire, ah, elle est juste Apple, elle est juste tes temps d'air. Donc, on m'a toujours catégorisé de Apple, tes temps d'air. Par exemple, mon père me disait, va me ramener un couteau dans la cuisine. Je vais aller dans les toilettes et revenir lui dire, qu'est-ce que tu m'as dit ? Je t'ai dit, ramène-moi un couteau. Je repars dans la cuisine, je prends le couteau, je vais donner ça à ma mère. Donc, c'est vraiment des choses sur des choses. Quand il explique aux gens, quand je rentre dans sa chambre, c'est tellement drôle. Il dit, moi, je rentre, je viens avec des chaussures, je les mets dehors. Je rentre, je prends ses chaussures, je déplace par exemple un médicament, je le laisse dans les toilettes, je prends là-bas une serviette, je jette ça par terre, puis je ressors avec des chaussures de quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Ah ouais, j'avoue qu'en tant que parent, tu regardes ton enfant et tu te dis mais qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    C'est ça, donc on a toujours diagnostiqué comme la folle de la maison. Donc c'est après que tu réalises ça. Mais ça aide apparemment avec les notes, avec pas mal de choses. Mais par contre, je suis pas parkourisée.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Il fallait que j'attende le matin des examens. Tu lis ? Oui, et j'apprends toute la nuit. Et il me faut des systèmes pour... Même le Coran que j'apprends actuellement, tous les jours, je viens, je dis... Ça, c'est la partie où on dit que c'est dans les coupes de gingembre qu'on boit. Je sais, c'est... Mais j'ai oublié les mots.

  • Speaker #1

    Toi, tu as tes trucs mnémotechniques où tu te souviens et...

  • Speaker #0

    J'oublie en fait ce que tu apprends.

  • Speaker #1

    C'est marrant que tu dis ça, parce que pour les gens qui suivent le podcast, ils sauront que je fais beaucoup ce constat avec la plupart des invités que j'ai reçus en ce moment. La plupart de mes invités... Euh... te disent qu'à l'école, ils étaient perdus. Pas perdus dans le sens qu'ils ne comprenaient pas, mais c'est qu'ils ne se reconnaissaient pas dans le système. Et en fait, c'est vrai que c'est maintenant qu'on commence à parler de ces troubles de l'attention, de haut potentiel intellectuel, de toutes ces différentes manières aujourd'hui qu'un enfant a de réfléchir. Mais nous, notre génération, et je ne parle encore pas de ce que ça devait être pour les générations précédentes. Si tu ne rentrais pas dans le moule, on te disait qu'il était bizarre et on te mettait juste sur le côté. Oui,

  • Speaker #0

    tu ne vas pas réussir, tu n'es pas outillé. Et c'est ça le problème, c'est que les gens ne sont pas outillés. Aujourd'hui, c'est comme l'anecdote où on te dit que si tu demandes à un éléphant, si tu juges un éléphant sur sa façon de grimper un arbre, tu vas te dire qu'il est battu toute sa vie. Et c'est exactement ça. Le système déjà n'est pas fait, ce n'est pas un moule dans lequel tout le monde peut rentrer, que ce soit le système scolaire, le système de l'emploi de manière générale. C'est dommage, c'est comme ça que les choses sont faites. Aujourd'hui, c'est bien qu'il y ait, comme tu dis, autant de choses qui vont nous faire savoir que c'est peut-être dû à autre chose. Par exemple, ma nièce, qui est aussi mon homonyme, j'ai dit à sa mère, elle a les mêmes choses que moi. Parce que j'entendais les gens lui dire les mêmes choses qu'on me disait. Tu n'écoutes jamais, on ne peut jamais rien te faire faire, tu as tout le temps la tête ailleurs, etc. Est-ce que tu m'entends quand je te parle ? Et en fait, tu réalises que la petite, c'est juste qu'en fait, elle ne... Elle n'est pas là. Tu vas lui demander de mémoriser un truc maintenant, elle te le récite. Demain, tu lui demandes, elle ne peut pas. Donc, heureusement, aujourd'hui, si tu sais que ça peut être autre chose, tu peux l'outiller. Tu peux l'emmener là où elle va trouver les bons outils, etc. Mais oui, je pense qu'il faut encore plus raise awareness, sensibiliser les gens par rapport à ces choses-là.

  • Speaker #1

    Et donc, au lycée, tu t'orientes vers quel cursus ? Parce qu'il y a S, L, ES. Toi, tu fais quoi ? Et j'ai posé une autre question dangereuse, on dirait.

  • Speaker #0

    Tu sais, quand j'ai fait le... D'ailleurs, je parlais de ça avec ma soeur. Le BFM, c'est après la sortie du collège. J'étais première de mon centre. D'accord. Je suis partie dans l'école où je voulais aller, le lycée d'application. C'est du Naurotal. On m'a dit, on n'a plus de place en S. J'ai dit, oui, mettez-moi en L. D'accord. Parce que je suis la personne paresseuse là.

  • Speaker #1

    Ok, L, ça va être tranquille.

  • Speaker #0

    Donc je vais là où c'est facile. Je suis allée en L. Pareil, pour quand on m'a demandé quelle langue tu fais, j'ai dit c'est quoi la plus facile ? On m'a dit espagnol. J'ai dit mais t'es bon là. Et mon père était fâché d'ailleurs contre moi parce que mon père toute sa vie c'est l'arabe. Il m'a dit comment ça tu choisis espagnol ? Tu me demandes pas mon nom. Mais parce que c'est plus facile, je veux le bon nom. Donc ouais, j'ai fait L. Quand il a fallu choisir entre L2 et L', j'ai fait L'. Je me suis pas cassée la tête.

  • Speaker #1

    Tu t'es dit bon ok, on va au plus simple et on y va.

  • Speaker #0

    Franchement, toute ma vie, on m'a dit Partisane du moindre effort Sauf, bien sûr, avec l'entrepreneur, mais avec les études.

  • Speaker #1

    Et est-ce que déjà, dans cette période, lycée et tout, est-ce que tu commences déjà à être créative d'un point de vue tenue, vestimentaire ?

  • Speaker #0

    Créative sur plein de choses. D'ailleurs, j'écrivais. D'accord. D'ailleurs, je pense que les choses les plus belles que j'ai écrites, c'était quand j'étais plus jeune.

  • Speaker #1

    Mais tu écrivais quoi ?

  • Speaker #0

    Des poèmes, des proses. J'écrivais beaucoup.

  • Speaker #1

    Tu les as toujours ?

  • Speaker #0

    J'ai un blog, mais je ne vais pas vous dire le nom.

  • Speaker #1

    Ah, tu avais un blog ? J'avais un blog. Non, Fatima, ça en off, tu me le diras en off. On va voir. Tu avais un blog ?

  • Speaker #0

    J'avais un blog.

  • Speaker #1

    Où tu écrivais des poèmes ?

  • Speaker #0

    Oui, et que personne ne lisait parce que personne ne connaissait. D'ailleurs, j'ai perdu le premier et puis j'ai refait un deuxième. Je pense qu'il n'y avait que mon cousin qui savait que j'avais le blog. Ok. Donc il lisait.

  • Speaker #1

    Il faut les publier, ces poèmes. Il faut les sortir.

  • Speaker #0

    J'en avais jusqu'à présent. Vous allez m'appeler pour... parce que j'avais un texte là qui s'appelait Pourquoi. Il m'a dit Fatima, pourquoi ? Jusqu'à présent.

  • Speaker #1

    C'est que tu as la marquée, tu vois ?

  • Speaker #0

    Bon, peut-être un jour, on ne sait jamais.

  • Speaker #1

    Ou alors même ne serait-ce que reprendre et faire des nouveaux aujourd'hui avec l'âge.

  • Speaker #0

    Oui, là justement, on travaille sur le site, donc j'imagine que c'est moi qui vais écrire les articles du blog.

  • Speaker #1

    Donc tu avais un blog, tu écrivais des poèmes déjà, jeune.

  • Speaker #0

    Oui, mais au-delà de ça, en fait, je dis souvent que j'ai plus un amour pour le textile que pour les vêtements de manière générale, parce que ma grand-mère avait ce métier de pâtissier là. Elle vend le pain tissé depuis qu'elle a 17 ans.

  • Speaker #1

    D'accord, donc tu avais déjà quelqu'un dans ta famille qui était dans le textile.

  • Speaker #0

    Je suis née, je jouais autour du métier à tisser, parce que c'était dans la cour. La cour actuelle où je suis en train de construire la pièce que je montrais, c'est là-bas qu'il y avait les tisserands.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis ma tante paternelle au Froutard, elle est dans la teinture. Quand on partait en vacances, on faisait de la teinture, on faisait de la couture à la main, etc.

  • Speaker #1

    Ok, ok.

  • Speaker #0

    Donc très petite, je faisais des vêtements pour mes poupées. Oui. Donc avec du fil et je me battais avec ma soeur, je le dis à chaque fois, Sakina la plus grande qui les jetait parce qu'elle me dit, ça me bat les poubelles là, tu nous pâtes, tes ordures là. Et plus tard, je dessinais et je partais chez le tailleur pour me faire faire.

  • Speaker #1

    Plus tard, c'est vers quel âge tu dirais à peu près ?

  • Speaker #0

    Troisième, enfin 13, 14 ans.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #0

    ok. Je partais avec mon croquis, avec mon basin. Je me souviens que le premier truc qu'on a fait qui était réussi et qui était comme je voulais, c'était un basin pour la tabaski. Donc, c'était une espèce d'anango, ça s'appelait à l'époque, sauf que j'ai mis un crew pour homme. Donc, c'était un bazar noir, ils ont fait une broderie rose, mais une broderie pour homme. D'accord. Et tout le monde me disait, mets-toi un pantalon, un bazar, tu fais un pantalon, tu gâtes le tissu, tu vois. Mais après, il y avait des gens qui me disaient, ah, c'est stylé. C'est stylé,

  • Speaker #1

    c'est pas mal, ouais.

  • Speaker #0

    Donc, après, je me souviens, c'était un autre truc avec du pain tissé. Après, je me souviens, c'était un autre design avec des tissus que j'avais, que ma mère m'avait offerts. Donc, c'était rare, par contre, que les tailleurs réussissent ce que je voulais. Donc, je pleurais à chaque fois. Je me souviens qu'on avait dessiné une collection de raps avec mon ami Maïmonas, qui jusqu'à présent est très présente dans tout ce que je fais, etc. Et ça, c'était quand on était en première.

  • Speaker #1

    Une collection !

  • Speaker #0

    Avec des robes, après, il bustiait des robes. Après, je réalise après coup. Et donc, c'est quand je suis partie au Maroc que j'ai enfin trouvé la bonne pétrole. Et c'est ça qui m'a poussée à commencer.

  • Speaker #1

    Mais tu pars au Maroc pour tes études.

  • Speaker #0

    Pour mes études. Donc là,

  • Speaker #1

    tu as un bac ici. Tu t'orientes vers le droit.

  • Speaker #0

    Non, je voulais faire à la base diplomatie directement, enfin, relation internationale. Et je voulais aller au Canada ou en France.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et j'avais même une préinscription pour la France, mais puis j'ai eu une bourse pour le Maroc. D'accord. Donc comme la situation financière n'était pas top, j'ai pris la bourse. C'était une double bourse, de l'État sénégalais et de l'État marocain. D'accord. Je suis allée au Maroc, dans une ville perdue qui s'appelle Meknes, mais où j'ai vraiment eu beaucoup de beaux souvenirs. C'est juste à côté de Fez et de Ifrén. Ifrén, c'est là où il y a les stations de ski, etc. Donc il fait très froid là-bas. Et donc j'ai fait trois ans là-bas, de droit public. Et c'est là-bas que j'ai commencé l'aventure. Donc c'est ma deuxième année.

  • Speaker #1

    Ok. Tu commences l'aventure comment ?

  • Speaker #0

    La première année, je suis partie, j'avais pas de tenue traditionnelle. Et en fait, toutes mes bourses, je prenais ça pour acheter Zara et Marwa. Des vêtements, parce que moi j'aimais bien me saper. Je m'étais créé toute une nouvelle identité. Je venais d'arriver.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu dis j'aimais bien ? Tu aimes toujours bien te saper.

  • Speaker #0

    Maintenant je n'aimais que des abayas, ok ?

  • Speaker #1

    Oui mais c'est pareil, tu es toujours bien sapée quand même.

  • Speaker #0

    Maintenant je m'habite. Très confortable. Je m'habille avec boutonnière devant ou zip. Je m'habille fonctionnelle.

  • Speaker #1

    Elle était assez différente.

  • Speaker #0

    Donc, ouais, je pense que j'ai beaucoup changé. C'était différent. Je m'habillais très bling-bling, etc. Ce n'est plus mon cas du tout.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que je n'arrive pas à t'imaginer.

  • Speaker #0

    Et puis, j'ai eu une phase où j'étais garçon manqué. Attention. Ah ouais ? Jean, basket, tout ça, oui. Parce que je n'avais pas d'argent. C'était plus facile. OK,

  • Speaker #1

    OK. Et j'arrive. pas à imaginer. Franchement,

  • Speaker #0

    je te jure, j'avais tout le temps des hauts avec des capuches là. Quand je suis arrivée à Seine-Nord-Halle, j'étais une nouvelle personne, je me connaissais.

  • Speaker #1

    S'il te plaît, Fatima, le jour où l'épisode sort, sort-nous les trop-bac sur Instagram en story. On veut voir les trop-bac sur Instagram.

  • Speaker #0

    Ils vont tout dire, ils vont se souvenir. J'avais un jean en particulier avec ici du bleu et du rose. Le jean, là, je le mettais avec des hauts bleus, des hauts roses tout le temps. Si c'est le haut bleu, c'était des baskets bleues que j'avais. Si c'était des hauts roses, c'était des... C'était quoi le nom des trucs là ? Les espèces de bacs anodéses là.

  • Speaker #1

    Je ne vois pas de quoi tu...

  • Speaker #0

    C'est des chaussures d'âme. Les chaussures étaient grosses et roses. C'est ce que je portais toute la nuit. J'appelais ma tante, elle m'envoyait des vêtements des États-Unis et c'est ce que je portais toute la nuit. C'était très facile. Mais quand tu veux être plus coquette, ça coûte plus cher. Par contre, quand je suis partie au Maroc, à la crème du village, j'avais l'argent parce qu'il y avait eu deux bourses et je raquettais mes parents encore.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc tu fais la première année.

  • Speaker #0

    Je n'avais pas de vêtements traditionnels. Je ressemblais à tout le monde, malgré l'argent que j'ai dépensé. J'ai dit, deuxième année, je ramène mes vêtements traditionnels parce que je vais plus me retrouver dedans. D'accord. Je ramène plein de vêtements traditionnels, sauf que maintenant, c'était trop bizarre à porter dans le paysage là. Donc, j'ai modifié une première tenue, je m'en souviens, c'était une espèce de taille basse, donc haut avec un volant. Et j'en ai fait une veste. D'accord. Avec la dame. Tout le monde me demandait, mais c'est joli ce que tu portes, ça vient d'où ? j'ai commencé tous les soirs c'était surtout les soirs quand j'allais à l'école à porter un nouveau truc à chaque fois la communauté afro là c'était à fatima tu trop bien ça fait j'aime ce que tu as porté aujourd'hui c'est donc je prenais les soeurs les panne là on est transformé en pantalon j'ai fait un un star well mais taille haute ouais plein de trucs qui sortait du commun et tout le monde disait c'est joli je veux c'est joli je veux moi d'un soir je me suis posé j'ai dit je vais lancer mon business au pouvoir ce qu'on fait c'est un 24 avril Et comme je fais toutes les choses dans l'urgence, j'ai décidé que le 5 mai, c'était l'anniversaire de ma grand-mère. Donc, dix jours après, j'allais sortir la collection.

  • Speaker #1

    Ah, t'as pas dit, je vais sortir une tenue, t'as dit, je vais sortir une collection. D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis, j'ai écrit à ma mère un long mail. Je lui ai dit, je vais créer une émission, je vais à un centre commercial, on va vendre des chaussures, on va faire un truc d'échange de vêtements. Bref, c'était tout un concept. Il faut que je retrouve le mail là.

  • Speaker #1

    C'est ça que j'étais, j'espère que tu as toujours ce mail là.

  • Speaker #0

    Je pense que si je me connecte sur l'adresse email de ma mère, je vais trouver. Mais j'ai perdu l'accès au... à l'ancien mail.

  • Speaker #1

    Parce que ce mail-là, voilà, Dieu va faire que tu auras ton centre commercial et il faudra que tu l'imprimes, tu l'encadres et tu le mettes dans l'entrée du centre commercial.

  • Speaker #0

    Et donc, ma mère optimiste, comme moi, c'est vraiment une grande rêveuse. C'était une grande rêveuse qui me dit Ouais, mais ce que tu prévois comme argent, c'est trop petit. Il faut chercher 10 millions.

  • Speaker #1

    C'était bien parce qu'elle ne t'a pas dit non.

  • Speaker #0

    Non, au contraire. Elle était toute excitée. Elle m'a dit Non, ce que tu demandes d'argent, c'est trop petit. Et ce que je lui disais à chaque fois, c'est que le problème, c'est que tu ne m'as jamais prêté d'argent. Elle m'a dit chance 10 millions, mais ce n'est pas... Donc, c'est comme ça que je me suis lancée. Donc, j'ai pris ma bourse.

  • Speaker #1

    Donc, tu as 10 jours pour préparer une collection.

  • Speaker #0

    J'ai pris ma bourse. Et si tu vois la collection à Olivier ?

  • Speaker #1

    Mais c'est la première, c'est normal.

  • Speaker #0

    Les vêtements arrivent là. Hi ! Waouh !

  • Speaker #1

    Ouah ! Ah bon là ouais je m'attendais pas !

  • Speaker #0

    Olivier, il n'y avait pas de manches, il y avait très peu de manches. Les vêtements étaient colorés. Il y a une amie jusqu'à présent, elle me dit Fatima, Toulaye, d'ailleurs c'est la tournée du vêtement qui s'appelle Toulaye qui est un de nos best-sellers. Elle me dit Fatima, toi, est vrai, moi je t'aimais beaucoup pour avoir acheté ton vêtement là. Je t'aimais beaucoup. Et il n'y a pas qu'elle, franchement. Aujourd'hui, si je revois les choses que je faisais au temps, c'était des choses d'étudiante, c'est normal. Oui, oui. Mais c'est au préalable quoi.

  • Speaker #1

    Genre mini-jupe !

  • Speaker #0

    Des bustiers, c'était tout le temps des bustiers. Moi je ne sais pas ce que j'avais avec des bustiers. Je ne faisais que des bustiers. Et je me souviens que ma première grosse commande, c'était ma soeur et ses amis qui étaient à Grenoble, ma grande soeur Sakina, et ils avaient un événement qui s'appelait Grand Sud. Donc c'est une espèce de balle d'étudiantes là. Elles m'ont commandé des grandes robes, des sales. J'ai fait les robes, on les a envoyées en France. Ils étaient fiers de moi ! je revois les robes là je me dis Alhamdoulilah comment on dit en Wolof Mujubura Feth Moudjaranyan ça veut dire il faut juste souhaiter une bonne fin le reste là c'est pas grave toute l'histoire derrière là donc t'as tes 10 jours tu fais ta collection avec ta t'as une tailleur c'est ça que tu disais ? oui qui s'appelait Maria Daoudi il faut que je retourne un mec n'a juste pour elle d'ailleurs donc c'est elle qui m'a appris à coudre un peu c'est la machine que j'avais chez moi etc et qui m'avait vraiment adoptée comme sa fille je l'étais tout le temps chez elle et tu fais combien de pièces ? C'était 8 pièces je pense et j'ai pris mes copines étudiantes, on est parti dans un studio marocain, il a fait une photo, une bonne journée, des photos tellement moches Olivier.

  • Speaker #1

    Oh l'entreprenariat !

  • Speaker #0

    Et j'ai posté sur Facebook !

  • Speaker #1

    Bah oui, toi t'étais fière ! Bien sûr !

  • Speaker #0

    Par contre, même au temps, je savais que les photos n'étaient pas bonnes. Mais le souci c'est que j'avais que ça. Et je me souviens que jusqu'à présent, quand tu tapes Sofatou sur Twitter, il y a un compte où c'est Sofatou collé et un autre compte avec un underscore. Le compte avec un score, c'est le deuxième. Le premier, j'ai tout fait pour le supprimer. Il n'est pas prêt. Si tu vois la photo de profil juste du compte, le logo à quoi ça ressemblait avec la couronne par-dessus.

  • Speaker #1

    Il y avait une couronne comme ça par-dessus.

  • Speaker #0

    Jusqu'à présent, j'ai honte de la voir. C'est là-bas sur Twitter, ça ne part pas.

  • Speaker #1

    Non, mais toi aussi, en plus, tu as donné le Twitter. Tout le monde va y aller.

  • Speaker #0

    Oui, non, c'est chaud.

  • Speaker #1

    Mais il faut commencer quelque part.

  • Speaker #0

    Alhamdoulilah, et surtout il faut continuer une fois que ça commence.

  • Speaker #1

    C'est ça, et t'as lancé, tu t'es dit j'ai dix jours, je lance.

  • Speaker #0

    J'ai lancé, j'ai lancé d'autres choses, et Alhamdoulilah j'ai pu profiter des événements d'étudiants qu'il y avait. J'ai fait des défilés, je faisais des défilés des étudiants, je faisais des défilés à Gaza, Rabat, Agadir. Donc vraiment la communauté là-bas connaissait. Mes amis, parce que moi j'ai toujours été très Facebook très tôt, donc les réseaux sociaux je les ai utilisés à fond, Facebook, Twitter, et c'est vraiment ça qui a lancé là-bas.

  • Speaker #1

    Mais tu fais des défilés donc ? ces huit pièces que tu crées, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Non, là, c'est une autre collection. Le défilé, c'était une vingtaine de pièces.

  • Speaker #1

    Ah, d'accord. Attends, parce que tu disais, la deuxième année, tu décides, tu lances. Tu fais huit pièces.

  • Speaker #0

    Je lance sur Facebook.

  • Speaker #1

    Tu lances sur Facebook. Tu vends déjà des pièces ?

  • Speaker #0

    Un peu, mais vraiment à mes amis de là-bas. Mes amis avec qui j'ai fait, avec qui j'étais à l'université. Papa, ça qui est vraiment Westfix, c'est le premier à avoir acheté une chemise pour homme, parce que les chemises pour homme, c'est l'année d'après. Mes amis directs quoi, Mati, Nilan, Memuna avec qui j'habitais. Et ensuite mes amis qui étaient en France, donc qui ont commandé aussi pour me soutenir. Et puis quand je suis rentrée à Dakar aussi, j'allais chez des tailleurs, je faisais des choses. Je faisais poser les gens de Dakar. Donc voilà, j'ai continué comme ça. À faire, ça rentrait un peu d'argent. Et après je reprenais. Après je prenais ma bourse, je mettais dedans. Je prenais l'argent du loyer, je mettais dedans. Ah ouais ? Oui, j'ai fait des folies. Je me souviens que la première année, donc c'était ma deuxième année, donc la première année SofaTout 2012, je ne révisais plus bien entendu, je partais en cours puis je revenais, j'étais décaillée, j'étais chez les tailleurs jusqu'à 3h30 matin.

  • Speaker #1

    Ok, donc t'étais piquée.

  • Speaker #0

    Donc la première année, j'étais majeure de ma promo, la deuxième année, j'ai eu 11 de moyenne, ma grand-mère m'a appelée, elle m'a dit je sais que tu as donné mon nom et tout, je t'aime beaucoup, mais c'est les études d'abord ! Elle m'a dit sinon tu arrêtes ton truc là ! Je lui ai dit ok, maman, ok, ok, je vais y aller. Non, mais moi, c'est elle qui payait mes profs parce que malgré le fait que moi, j'étais plutôt bien à l'école déjà, elle me faisait faire par force des cours de...

  • Speaker #1

    Un supplémentaire, oui.

  • Speaker #0

    Pendant les vacances, c'était cours de vacances obligés. Donc, c'est vraiment... C'est une éducatrice. Elle était la directrice de l'école des... Je commençais à faire des secrétaires. D'accord. Ensuite, j'étais la directrice de l'école de mon grand-père. Donc, c'est vraiment quelqu'un... L'éducation, c'est la première chose.

  • Speaker #1

    Oui, et puis dans ton entourage, entre ton papa, ta maman, ta grand-mère, c'est l'éducation, c'est prioritaire.

  • Speaker #0

    Je suis partie là-bas, là. Quand elle a vu les notes là, elle m'a dit, ah non, non, non. Donc, on arrête. Je lui ai dit, non, t'inquiète, je vais avoir de bonnes notes. Donc, je suis retournée. J'ai commencé à essayer de balancer un peu. Mais ouais, donc je suis restée jusqu'à ma troisième année à McNeice. D'accord. Ensuite, j'avais le choix d'aller facilement en France. Mais je ne voulais pas partir. maintenant j'avais un business je savais que si je partais en France c'était mort alors que ça commençait à faire un peu plus de ventes les gens commençaient à bien connaître et surtout à connaître Adaka le business le business c'est pas le business c'est l'alarme pour aller récupérer mon fils heureusement

  • Speaker #1

    aujourd'hui là la vie de maman entrepreneur c'est tout le temps non-stop et si tu mets pas les alarmes tu oublies T'inquiète, j'en ai plein d'alarme aussi.

  • Speaker #0

    Imagine, tu oublies ton fils. Le jour où ils m'ont appelé, 19 ans, ils m'ont dit Mais madame, personne n'est venu chercher le petit. J'ai dit Yey !

  • Speaker #1

    Non, t'inquiète, on a tous des alarmes. Tous, tous, tous, tous, tous. Mais donc, tu disais... Et moi, ce que je veux savoir, c'est parce que tu dis qu'au bout des deux ans de Sofatou, tu as une possibilité de partir en France, mais toi, tu te dis Non, je ne vais pas partir. Au bout des deux ans de Sofatou, tu génères déjà du profit ? Un peu. Un peu, ok. Un peu.

  • Speaker #0

    vraiment un peu et je pense que j'ai fait le bon choix de rester parce que je suis restée à ce moment-là de rester au Maroc ? au Maroc ok j'ai changé de ville je suis allée à Rabat d'accord et j'ai trouvé un tailleur qui était sénégalais d'accord donc qui habitait dans la ville juste à côté Kenitra c'est genre 30 minutes en train le gars là combien de fois j'ai dormi chez lui il s'appelle Ibrahim Andoui je ne sais même pas combien de fois j'ai dormi chez le gars parce qu'il me faisait des tenues et j'avais plus de commandes de la France d'accord il fallait que j'envoie Et que j'envoie avec... parce que tu avais des GP, mais par bus.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc,

  • Speaker #0

    ils quittent le Maroc pour aller en France. Et le colis fait trois jours. Donc là, ça commence à générer. En plus de ça, j'avais un travail. Donc ça, c'était ma dernière année. J'ai fait deux ans à Rabat. Donc, j'ai fait Relation internationale. Et même, j'avais l'occasion d'aller à Casa. Oui. Où je suis sortie aussi première d'un concours pour faire communication politique.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et je ne suis pas partie parce que j'avais déjà trouvé le tailleur à Rabat. Je restais à casa. Je restais à la bain.

  • Speaker #1

    Ta maman, tu m'as dit, elle t'encourage. Mais ton papa, lui, il sait que tu es dans ça ? Il sait que...

  • Speaker #0

    Je savais, mais je me cachais de lui. Parce que s'il voyait ce que je faisais là, s'il voyait les vêtements là...

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Déjà, il y avait la coupe des vêtements et tout. Mais moi, c'était plus sur le côté, tu sais, de se dire à un moment, bon, j'arrête un peu les études là, ou je calme les études, ou je suis peu concentré dans les études parce que je fais ça. Moi, c'est plus le côté...

  • Speaker #0

    On n'était pas très amis à l'époque.

  • Speaker #1

    Ouais, t'as dit, c'est récemment.

  • Speaker #0

    Ils ne savaient pas trop ce que je faisais. Ils savaient juste que j'étudiais, que je revenais, que j'avais lancé une marque et ils me disaient que c'est bien.

  • Speaker #1

    C'est bien, mais concentre-toi sur l'école.

  • Speaker #0

    Oui, par contre, lui, il n'est pas très école. OK. Je pense qu'il me dit tout le temps, c'est que les études, c'est ton plan B. D'accord. Ton plan A, c'est le don que Dieu t'a donné. D'accord. Donc, si tu veux, tu peux vivre. Ah,

  • Speaker #1

    c'est très beau, ça.

  • Speaker #0

    Tu utilises ça. Et si ça ne marche pas, au moins, tu as les études, ça te donne...

  • Speaker #1

    Excuse-moi. Ouais. Tu es obligé, tu es obligé. Tu peux le prouver de ma main. Non, je digère la phrase que tu viens de dire. Ton plan B, c'est les études. Ton plan A, c'est le don que Dieu t'a donné. C'est magnifique comme phrase.

  • Speaker #0

    Oui, donc, c'est juste qu'il ne savait pas ce que je faisais comme vêtement, par contre. Et le jour où j'ai vu sa demande d'ajout sur Facebook, je me suis dit, je ne sais pas. J'ai dit mais il dit jamais.

  • Speaker #1

    Il peut pas voir ça.

  • Speaker #0

    Jamais de la vie. Donc, je pense que jusqu'à aujourd'hui, je fais des cauchemars où je croise mon père. Voilà, ce que je te dis là, c'est quelque chose de très privé. Mais c'est vrai, où je croise mon père et je suis habillée avec une robe courte et je suis obligée de passer pour aller. Je demande à mes amis d'avoir la cesse. Ils venaient me chercher, je sortais en maillotée. Après, j'enlève les affaires. Non, restez. Incroyable. C'est même interdit en islam de raconter ses péchés, mais je le dis parce que c'est... que Dieu nous pardonne moi ça m'a traumatisé je te jure mon passé que j'ai eu à me cacher là parce que vraiment je me cachais de mon père et je me souviens le jour où je suis venue dire papa tu sais j'ai fait plein de choses dont tu n'aurais pas été fière et il m'a dit ne me raconte rien je

  • Speaker #1

    t'ai pardonné tout l'essentiel c'est que tu as changé je ne veux pas savoir franchement c'est extraordinaire c'est ça parce que je pense qu'aujourd'hui je suis en train de me faire mal il peut pas t'en vouloir parce qu'il sait qu'il a fait son rôle de père en te donnant les bases, en te donnant tout ce qu'il faut, tout ce qu'il peut te donner. Il sait que, forcément, tu es une jeune fille qui doit vivre avec son temps, donc tu as cette dualité. de surtout nous on est les premiers à avoir les réseaux sociaux on est les premiers à voir tous ces trucs là où finalement tu as plus d'exposition au monde et donc c'est difficile mais mâchallah je pense que quand il voit la femme que tu es devenue la maman que tu es devenue il s'est dit qu'il a pas fait tout ça pour rien tu vois et je pense qu'aujourd'hui comme on disait tout à l'heure toi aussi tu comprends pourquoi il a fait tous ces trucs là à ce moment-là mais pour que t'en fasses des cauchemars ça ça devait être un truc de non c'est

  • Speaker #0

    Pendant des années, tu te caches. Oui,

  • Speaker #1

    effectivement.

  • Speaker #0

    Mais aujourd'hui, je pense que c'est quelque chose dont il est très fier parce que tous ses amis, pratiquement, ont forcé leurs enfants très tôt à se voiler. Parce qu'ils sont tous des islamistes, sauf lui. Il nous a emmenés à l'école laïque. Il nous a jamais forcé à nous voiler. Tout ce qu'il nous disait, c'était mettez un foulard par contre sur la tête. Je ne veux pas qu'on voit vos cheveux, mais je ne vous oblige pas à mettre le voile. Et on s'est voilés à des moments différents de nos vies. Et vraiment de notre propre...

  • Speaker #1

    Par conviction.

  • Speaker #0

    Ma petite sœur d'abord, alors que c'était la plus disjantée de nous. Ma grande sœur ensuite et moi en dernier. Donc, moi, c'est après que j'ai fait le hajj. D'ailleurs, ça, c'est une autre anecdote, c'est que j'ai gagné le hajj.

  • Speaker #1

    Waouh !

  • Speaker #0

    Mais c'est la seule chose que j'ai gagnée de ma vie.

  • Speaker #1

    Mais quelle chose ! Quelle chose ! Quelle chose incroyable ! Voilà si on peut gagner qu'une seule chose dans sa vie, franchement, si c'est ça.

  • Speaker #0

    Moi, je jouais pour un iPhone 7. J'ai gagné le hajj. Waouh ! il ya un concours de la ligue islamique vous pouvez gagner un match mais aussi gagner des iphones j'ai joué une fois j'ai dit je veux l'iphone je veux le jeu tard et galère fois j'ai dit non je vais pas le voir et puis c'était un an après et quand j'ai vu le tweet sur twitter un peu ça le tweet qui dit gagner en premier prix à la saïd moi je voulais l'iphone Non, bien sûr que je joue le plus de hadj. Je suis partie avec ma mère au hadj. Très belle expérience. L'année d'après. Donc, je pense que oui, hamdoulilah. Tu vois, c'est ça mon problème avec mon trainage. Je suis perdue, je ne sais plus quoi. Non,

  • Speaker #1

    non, on était au Maroc. Donc, tu disais que tu es partie à Gaza.

  • Speaker #0

    Je suis partie à Rabat.

  • Speaker #1

    À Rabat, pardon, que tu avais une opportunité à Gaza. Finalement, que tu n'as pas saisi cette opportunité à Gaza. Donc, tu es à Rabat. Tu fais combien de temps à Rabat ?

  • Speaker #0

    Je fais deux ans à Rabat. Oui. la deuxième année j'ai fini donc mon master en relations internationales et du coup je trouve un travail dans un cabinet d'avocats en fait j'étais plus dans de la recherche juridique et le propriétaire du cabinet d'avocats c'est là que le premier ministre d'ailleurs du maroc d'accord et qui

  • Speaker #1

    était autant bonjour monsieur si vous regardez l'épisode il s'appelle

  • Speaker #0

    Et qui était au temps président de la chambre des représentants de l'Assemblée nationale. Et il travaillait sur un sujet donc je faisais de la recherche dans le cabinet. Et donc j'avais mon salaire, les deux bourses qui devaient finir l'année là, et l'argent de ma mère. Et donc je faisais plein de choses.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et je me souviens qu'il y a aussi une personne, un ami qui s'appelle Ben, qui m'avait... qui avait demandé à sa sœur de nous prêter de l'argent. Et d'ailleurs j'ai essayé de le retrouver ensuite sur Facebook pour lui redonner... justement de l'argent parce qu'elle avait investi dans... Elle avait donné de l'argent pour qu'on fasse des vêtements et les vêtements n'ont pas marché. Donc à cette période là, c'était un flop. Je pense que c'était quand j'étais en troisième année, quelque chose comme ça. Et donc, il y avait ces petites personnes, il y avait ces petites... Des personnes qui y croyaient, qui venaient, qui essayaient d'aider. Mon cousin, quand je suis rentrée à Dakar, Babakar Syk, qui m'a dit, je lui ai dit bon, je vais travailler parce que vraiment, l'affaire là ne marche pas trop fort actuellement. Et qui m'a dit non, pas moyen, je te donne de l'argent.

  • Speaker #1

    Donc attends. Donc tu quittes le Maroc, définitivement.

  • Speaker #0

    Je rentre à Dakar,

  • Speaker #1

    oui. Tu rentres à Dakar.

  • Speaker #0

    Avec mon diplôme, mais le business ne marche plus.

  • Speaker #1

    D'accord. Mais quand tu rentres à Dakar, ton optique première, c'est de développer la marque, ou ton optique première, c'est je vais trouver un boulot et je vais faire la marque à côté ? Non,

  • Speaker #0

    c'est de développer la marque. D'accord. La marque plutôt. Ma mère, autant, était députée à l'Assemblée nationale. D'accord. Et elle m'a prise comme assistante parlementaire parce que c'était du droit public et je m'y connaissais vraiment bien.

  • Speaker #1

    Oui, tu avais ta formation dedans. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai. Et... Je veux vraiment que Dieu me pardonne. Je ne partais que quand c'était des séminaires dans des grands hôtels où il y avait de la bonne bouffe. Sinon, quand elle venait me donner un document, je lui disais, maman, ça, c'est trop long. J'ai des commandes, je veux pas que je fasse ça. Donc, ouais, je l'ai vraiment utilisé. Et donc, j'ai fait un an dans ça. Je partais en ville quand je voulais. Mais surtout, le matin, je pars avec elle. On la dépose à l'Assemblée. Et moi, je vais chez mes tailleurs à Sandaga.

  • Speaker #1

    D'accord. Mais tu dis que tu as un ami.

  • Speaker #0

    Mon cousin.

  • Speaker #1

    Ton cousin.

  • Speaker #0

    Ouais, donc à cette période, après un moment donné, je me dis écoute, ça va plus ce que je fais là actuellement. Je pense que je vais trouver du travail. Et qui me dit non, tu ne vas pas travailler.

  • Speaker #1

    Quand tu dis ça va plus, parce que comme tu dis, tu as le travail avec ta mère. Tu continues Sofatou.

  • Speaker #0

    Elle me paye très peu ma mère, elle me paye 100 000.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu as payé 100 000, tu as le travail avec ta mère. Tu continues à essayer de développer ta marque à côté. Oui. Mais donc, à un moment, tu te dis, ok, bon là...

  • Speaker #0

    J'ai besoin de plus.

  • Speaker #1

    J'ai besoin de plus, il faut que je trouve un vrai travail.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et tu t'apprêtes à arrêter Sofatou. Oui,

  • Speaker #0

    et Babi me dit non.

  • Speaker #1

    Après quoi ? Donc tu as 4 ans de Sofatou ?

  • Speaker #0

    J'ai 4 ans de Sofatou, c'est en 2016. Ok. Et Babi me dit non, tu ne vas pas arrêter. Donc il me donne de l'argent. Masha'Allah. Et je pense que c'est l'année-là que j'ai fait ma première fashion week. Ouais.

  • Speaker #1

    C'est important d'avoir un support système.

  • Speaker #0

    C'est mon cousin Germain. Non, pas Germain. C'est sa mère qui est la cousine de ma mère. Et jusqu'à aujourd'hui, je veux dire, c'est lui qui est en train de faire... Il va me dire que je l'ai dénoncé devant tout le monde. Bah, je te dénonce pas. J'en parle comme ça. Bref. Et... Et c'est vraiment le frère, tu vois, c'est mon frère. Il n'y a pas que lui, j'en ai d'autres. C'est vraiment les personnes qui sont là depuis le début, qui me poussent à chaque fois, mes amis, mes soeurs. Et c'est pour ça que je dis tout le temps que moi, je ne suis pas a self-made, je suis everybody made. C'est beaucoup de personnes qui ont contribué au succès de la marque, mais de tout ce que je ne fais pas que la marque. Quand j'ai fait Arca, c'était la même chose. Quand j'ai fait Doina, Contrégence, Faites Femmes, c'était la même chose. Donc, j'ai cette chance-là d'être bien entourée. Je pense que c'est un facteur de réussite.

  • Speaker #1

    Et puis de toute façon, je pense que quand tu fais quelque chose de bien, qui véhicule des bonnes valeurs, les gens sont toujours enclins à te pousser ou à t'encourager. Ce que tu me dis, ça me fait penser à la discussion que j'ai eue avec Lai Pro, où lui aussi est arrivé à un moment où il pensait arrêter la photographie, parce qu'on lui vole son matériel, et qu'il se dit j'ai pas l'argent pour réinvestir du matériel et j'arrête et que tu as une cousine qui est en France, qui lui dit que mais... ce que tu fais, ce n'est pas que pour toi. C'est pour tous les gens qui aiment le Sénégal, qui ont envie de voir le Sénégal et qui lui rachètent un boîtier d'appareil photo. Et pour moi, c'est là où ton parcours finalement rejoint le sien parce que finalement, ce que toi, tu penses que tu fais pour toi, finalement a plus d'impact chez les autres et les autres sont prêts à investir dedans même sans que tu leur demandes. Et c'est là où pour moi, tu te dis que là, il y a quelque chose que je fais qui...

  • Speaker #0

    Non, et puis des gens qui t'écrivent, qui te... qui ne te connaissent pas, que tu ne connais pas et qui te disent comment est-ce que tu fais les touches, comment est-ce que tu as dit tel ou tel jour les a impactés, etc. Pour moi, en fait, on est tous des vaisseaux un peu de Dieu, un peu de ce qu'il veut transmettre à d'autres humains. Mon père, il me disait souvent que même par rapport au risque, même par rapport à l'argent, Dieu, il te donne ça pour que tu sois la personne qui transmette à quelqu'un d'autre. Que si tu ne transmets pas, il donne à quelqu'un d'autre qui va transmettre. D'accord. Donc, que ce qui est dans ta main, il faut toujours que ça parte pour que quelque chose d'autre revienne. Je pense que c'est la même chose avec ce qu'on sait faire, c'est la même chose avec notre énergie, c'est la même chose avec l'amour qu'on a dans notre cœur. On est censé donner, en fait. Personne n'est censé juste garder ce qu'on a pour soi. Tu le gardes jusqu'à quand ? Comme disait ma mère, c'est que ce que tu donnes, c'est ce qui t'appartient vraiment. C'est ça que tu vas retrouver dans ta tombe, c'est ça que tu vas retrouver dans l'au-delà. Tout ce que tu laisses ici... C'est ton héritage, c'est tes enfants qui vont prendre, c'est des gens à qui tu as laissé, etc. Mais ce que tu donnes réellement, que ce soit ton temps, ton énergie, ton amour, ton argent, c'est ça qui est vraiment à toi, parce que c'est ça qui va te revenir, c'est ça qui t'est compté. Donc oui, je pense que j'ai beaucoup reçu, énormément. Que ce soit, comme je te dis, en temps, en énergie, en argent, en amour, en support, en personnes qui vont être mes ambassadeurs, aller bien parler de moi, me recommander, etc., là où je ne suis pas. C'est ça qui m'a fait en fait.

  • Speaker #1

    Et donc ce cousin te dit de ne pas laisser tomber. Il te dit ok, je te supporte. Qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    Je prends son argent, j'achète des tissus, je fais une nouvelle collection. Et si je ne me trompe, c'était la collection Lamont.

  • Speaker #1

    On est en 2016,

  • Speaker #0

    c'est ça ? C'est de 2016 à 2017. En plus 2017. Et donc c'est cette collection que je présente à la Fashion Week. Et c'est cette collection que j'utilise pour faire un premier photoshoot avec des influenceurs. À l'époque, ce n'était même pas quelque chose que les gens faisaient. Et qui lance vraiment Sofa2 au Sénégal.

  • Speaker #1

    Tu as une équipe de combien de personnes à cette période-là ?

  • Speaker #0

    Moi.

  • Speaker #1

    C'est ça ? Toute seule ? Oui. Tu gères tout ? Tout. Tu as quoi, un tailleur ?

  • Speaker #0

    Non, je sous-traite. Donc les tailleurs, je ne parle plus là où il y a... Oups, désolé. Non, t'inquiète. Il y avait un atelier. C'est un endroit qui s'appelle Galerie Payenne. C'est en ville, sur la rue de Jong. Ils sont presque une centaine de tailleurs là-bas. Donc tu viens, tu fais faire ce que tu veux. Sauf que moi, j'étais une habituée. Je venais là-bas du matin au soir, du soir au matin. Je passais la nuit. Je restais jusqu'au matin pour rentrer. Après, je suis restée là-bas. J'ai travaillé avec eux à partir du moment où je venais en vacances. Et quand je suis rentrée à Dakar, j'y allais tous les jours. J'avais mes tailleurs habituels qui bossaient pour moi. Donc là, je lance la collection et c'est un succès. Ça s'appelait L'amour. C'est le terme pour dire royauté en poulard Et c'était une trilogie. C'est sur trois volets, la collection. C'est la collection qui a fait la Fashion Week. C'est la collection ensuite où il y avait les cannabis, Doudou fait des vidéos et tout ce qu'il y a. posé. Canavas faisait d'ailleurs un clip qu'on a tourné chez ma tante, chez Babi, mon cousin. Et ça a tellement marché. J'ai eu des commandes de partout.

  • Speaker #1

    Avant ce moment-là, tu dirais que t'es à combien de commandes, on va dire par mois, avant ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Je peux dire... Allez, une quinzaine, une vingtaine. Ok.

  • Speaker #1

    Mais malgré que t'aies une quinzaine, vingtaine de commandes, tu décides que tu veux arrêter à ce moment-là. Et après ce moment-là, tu dirais que ça... C'est quoi l'impact de ce moment-là ?

  • Speaker #0

    L'impact, c'est que je me souviens que c'était 2018, donc l'année d'après le lancement de la collection. C'est en 2018 que j'ai fait le Yali, exactement. Non, j'ai fait le Yali en 2019. C'est en 2019 que j'ai eu 6 millions, je pense, à la Tabaski. Et pour moi, c'était énormément.

  • Speaker #1

    6 millions de chiffre d'affaires ? Oui, de chiffre d'affaires.

  • Speaker #0

    Sur un mois, sur le mois de la tabaski. Et j'ai dit à ma soeur, je ne sais pas quoi faire de l'argent. Tellement, en fait, dans ma tête, c'était beaucoup. C'était en 2019, j'avais quoi ? Je suis née en 93, je ne sais pas, 26 ans. Je n'étais pas mariée, pas de gosses, rien. Donc, c'est vraiment 2018-2019 que les trucs ont vraiment commencé à très bien marcher. D'accord. Donc, la marque commence à se faire connaître. les stars adoptent la marque et vraiment spontanément je pense que la seule personne que j'ai démarché c'est Fadafredi de Daraji et en fait je l'ai croisé, il m'a dit mais tu es trop stylé toi mais tu es trop bien habillé, je lui ai dit c'est moi qui fais bien je te fais tellement timidement parce que j'étais tellement fan donc il était avec Ndongo et comme ça ils sont devenus mes frères, mais sinon vraiment toutes les personnes qui sont venues vers nous comme je dis, c'est Dieu qui les a envoyés vers nous, c'est eux qui nous ont écrits jusqu'à Abdou Jalloh C'est lui qui nous a écrit sur Instagram, Bonjour, j'aime beaucoup votre marque et j'aimerais bosser avec vous. En Marseille, la même chose. Donc c'est vraiment ces personnes qui nous ont écrit pour nous dire On aime ce que vous faites. Et pour moi, à chaque fois, c'était vraiment une célébration un peu du chemin qui a été parcouru.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc ouais. À ce moment-là, donc 2018, la marque commence à bien marcher, mais j'ai un ami justement qui me propose une opportunité que je ne voulais pas refuser.

  • Speaker #1

    Professionnelle ?

  • Speaker #0

    Oui. De travailler au ministère. pour sa mère qui venait d'être ministre de la femme. Donc je suis partie. Un an, très sauf.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu acceptes quand même l'opportunité, tu fais un an là-bas ?

  • Speaker #0

    J'accepte.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    J'accepte, parce que déjà, c'était sur le chemin d'aller vers les tailleurs. Ensuite, je me disais que le travail ne serait pas prenant et je voulais vraiment avoir, explorer un peu plus cette piste. Et surtout, ma mère me poussait vers ça. Parce qu'autant au début, c'est elle qui me soutenait, autant à ce moment-là, elle a commencé à paniquer pour dire Tu as fait des études et maintenant, tu as laissé ça pour faire quelque chose qui n'est pas très safe.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Surtout que, comme on l'a dit depuis le début, tu as des parents qui sont scientifiques, qui sont assez rationnels, je vais dire tout. Donc forcément, c'est plus safe de choisir le parcours où tu as eu un diplôme, le parcours où tu as un salaire tous les mois et tout, que de te lancer dans l'entrepreneuriat.

  • Speaker #0

    Au-delà de moi. C'est compliqué. Dans l'affaire là.

  • Speaker #1

    Donc ta mère essaie de te pousser à basir.

  • Speaker #0

    Elle appelle même ma ustasa pour lui dire, il faut venir parler à Fatima. À ce moment-là, j'accepte le travail là. C'était plus pour la rassurer. C'était une belle expérience humainement. C'est ce qui m'a permis de découvrir plein de zones du pays, de découvrir d'aller à Touba, de la Tiwawan, etc. Parce que bien sûr le ministre partait un peu partout. De réaliser aussi ce que vivaient les femmes. Donc c'est vraiment là, c'est ce qui m'avait inspiré à faire Doina. Donc c'était un mouvement contre les violences faites aux femmes. Et où... Parce que mon passage au ministère m'a fait réaliser que c'était vraiment la chose qui était la moins prise en charge. Ils ont investi beaucoup dans l'autonomisation, pas assez dans les législations, pas assez dans justement la protection des femmes, etc. Et surtout comment gérer les victimes des violences faites aux femmes. Donc je suis rentrée dans la sensibilisation, j'ai bossé avec une femme dessus, etc. Mais pour moi, c'était toujours qu'il fallait utiliser la mode comme vecteur, parce que c'est ce qui m'avait permis d'avoir une communauté, d'être connue, etc. Donc à ce moment-là, la marque continue de Marchel, hamdoulilah, et franchement de 2018, il faut être transparent. À juin 2023. Période des ébottes. Début du déclin de la crise financière. Ça régale. Tout allait bien.

  • Speaker #1

    Tu sentais que tu étais en croissance ?

  • Speaker #0

    Je sentais que j'étais en croissance. Je faisais 100% de croissance d'année en année. J'ai fait 110% de 2000.

  • Speaker #1

    Malgré le Covid aussi ?

  • Speaker #0

    Surtout avec le Covid. Ah ouais ? Avec le Covid, on a explosé.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Tu vois, c'est marrant parce que j'aurais pensé que ça serait une période de pause parce que vu que les gens ne sortaient pas, les gens ne bougeaient pas.

  • Speaker #0

    Les gens étaient collés à leur téléphone. Ils avaient envie de vivre. et vivait à travers le téléphone. Moi, comme je suis très bien avec les réseaux sociaux, tous les jours, comme la boutique était chez mon père, je ne sortais pas. J'étais mariée, mais mon mari était en France. Donc tous les jours, les gens ne pouvaient pas aller travailler. Moi, ma boutique était chez moi. Donc je descends, j'ai libéré tout le personnel par contre. À l'atelier, ils avaient pris des mesures. Donc c'était la moitié de l'équipe qui travaillait à tour de rôle, etc. Je venais tous les jours. Et d'ailleurs, la boutique chez mon père, qui a été ouverte en 2020, fin 2019, c'est mon père qui m'a prêté l'argent pour le faire.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et je l'ai remboursé dans l'année du Covid.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Pour te dire à quel point ça a marché. Donc, c'est là qu'on a fait de la co-création, une collection avec nos followers, qui a été co-créée. On a fait plein de choses pour le Covid. Et comme les gens, justement, ils ne pouvaient plus rien importer de l'extérieur, ils étaient obligés de consommer local. Et les gens voulaient se faire plaisir. Ils voulaient voir autre chose. Ils voulaient faire autre chose. Franchement, on a explosé.

  • Speaker #1

    Ok, c'est marrant parce que tu vois, il y a plein de gens qui disent que le Covid, c'était une période...

  • Speaker #0

    Mais c'est maintenant qu'on ressent les effets du Covid. Je ne sais pas si c'est le Covid, je ne sais pas si c'est la crise Russie, etc. Si c'est la guerre de là-bas, de la Palestine. Mais frère...

  • Speaker #1

    Non, je pense qu'on va y venir, mais je pense qu'on est dans une période où effectivement il y a un changement de gouvernement, il y a un changement de beaucoup de choses. Donc les gens sont en train de regarder. On voit que l'économie est un petit peu en pause pour tout le monde actuellement. Et c'est vraiment tous les secteurs qui sont touchés. C'est vrai qu'on est en stand-by pour le moment, mais Inch'Allah, ça va repartir. Et tu dirais que c'est quoi qui fait la touche Sofa2 ? C'est quoi le truc qui fait que tu as amené quelque chose qui a changé ? Est-ce que tu arrives à mettre des mots dessus ? À savoir comprendre ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est l'esprit derrière. Parce que j'ai fait des choses très différentes au fil du temps. Et les gens ont aimé, parce que je pense que c'est des choses que j'ai faites avec le cœur. Et surtout, il y a cet esprit de partage toujours, d'authenticité toujours, et d'attachement à l'Afrique et à nos valeurs et à nos cultures. Et je pense que ça, c'était nouveau. On faisait beaucoup de storytelling, c'était nouveau. On a beaucoup travaillé avec des personnes, avec des influenceurs, c'était nouveau. On n'a pas juste montré un côté de l'amour. Tu ouvrais les stories, tu voyais les tailleurs, tu nous voyais autour d'un bol.

  • Speaker #1

    Tu voyais des valeurs.

  • Speaker #0

    Tu voyais de la vie. Tu voyais quelque chose à quoi tu t'identifies. Et pas forcément une marque qui vient juste te vendre du bling bling quand tu t'habilles comme ça, etc. Et la preuve, c'est qu'on a voulu changer. Parce que je me suis dit que les gens m'identifient trop à la marque et que les gens sont plus attachés à ma personne qu'à la marque en elle-même. Et qu'il fallait vraiment qu'on essaie de fonctionner sans moi. Et surtout... C'était une période où j'ai décidé également de commencer à prendre les cours, etc. Donc, j'ai décidé de me mettre en retrait. Donc, on mettait plus en avant les vêtements, etc. Et plus trop les gens. On a perdu en engagement divisé par trois. OK.

  • Speaker #1

    Donc, tu sens que vraiment ta présence, sauf à tout, c'est...

  • Speaker #0

    Je pense que ce n'est pas que ma présence. C'est aussi que les gens voient l'authentique et que les gens voient les gens derrière. D'accord. Qu'on continue à leur raconter des histoires. Donc, qu'ils s'ach... comment les choses sont faites, qu'est-ce qu'on est en train de vivre, qu'est-ce qui nous pose problème, qu'est-ce qui marche, qu'est-ce qui ne marche pas. Et pas juste, voilà le vêtement, il s'appelle comme ça.

  • Speaker #1

    Voilà la collection, achetez-le. Tu veux pouvoir acheter ça et savoir que tu impactes une économie, tu impactes des gens, tu veux savoir qu'est-ce que représente cette collection. Parce que ce que j'aime beaucoup avec ce que tu fais, c'est que chaque collection représente quelque chose. Il y a une histoire derrière la collection. Et effectivement, je comprends que... les gens sont attachés. Et puis après, comme tu as dit, tu comprends les réseaux sociaux. Donc, tu as aussi ton humour qui fait que les gens sont attachés à toi et tu es très transparente, comme tu dis, sur tout ce qui se passe dans le quotidien. Donc forcément, les gens se reconnaissent, les gens voient les efforts que tu mets, voient le temps que tu mets dedans et tu comprends. Après, quand tu payes ce vêtement, tu comprends ce que ça fait quand même.

  • Speaker #0

    Exactement ça. Aujourd'hui, je te... Juste mon équipe. Tu as des Ivoiriens qui sont là depuis la guerre de Côte d'Ivoire, donc ils sont des réfugiés, qui sont restés avec le temps. Tu as des jeunes filles qui sont issues de couches vulnérables de la société. Tu as des gens de la Guinée, etc. Donc c'est vraiment... Et quand tu connais ces personnes-là et que tu sais où va l'argent, bien entendu, ça te pousse plus à soutenir la marque. Et pas que ça, quand tu vois que la marque aussi essaie de faire des actions sociales, etc. Tu t'attaches un peu plus. Et il y a des gens, je pense qu'ils achètent juste pour... Je ne peux pas te dire, au-delà d'acheter, le nombre de cadeaux que je reçois de mes clientes.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Mais tout le temps. Et pas que moi. Moi et des gens de l'État. Khadija, elle reçoit tout le temps des cadeaux des clients. Au final, en fait, c'est des gens qui deviennent...

  • Speaker #1

    Une famille.

  • Speaker #0

    Une famille. Et c'est pour ça qu'on les appelle la Sofam. C'est que c'est vraiment notre famille au bout d'un moment. Moi, j'ai des clientes, quand je pars... Il y en a une à Paris la dernière fois. Pas mon voyage, celui d'avant. Je suis allée jusque chez elle la voir. Parce que c'est vraiment ma pote, maintenant. Et c'est des liens qui se sont créés juste avec le fait qu'ils viennent, qu'ils te soutiennent, qu'ils aiment ce que tu fais. Tu vas avoir des problèmes, ils vont te donner des conseils. Et pour moi, c'est ça qu'il faut construire. C'est une communauté, c'est un espace de partage. C'est quelque chose qui te transcende. Aujourd'hui, ce n'est pas ma personne seulement. C'est des gens qui sont attachés. Ils appellent Khadija au quotidien, moi je ne suis même pas au courant. C'est leur pote. C'est pas mon problème.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, parce que... Je pense que tu dois avoir tellement d'anecdotes par rapport justement aujourd'hui à la marque. Est-ce que c'est quoi l'endroit le plus loin au monde où tu as vu tes tenues ? Je te pose cette question parce que par exemple, tu vois, nous, avec notre plat Colia, une fois, je me rappelle, j'ai vu une commande qui est partie, si je ne te dis pas de bêtises, en Nouvelle-Zélande ou Trinité, je ne sais plus, une île comme ça, perdue.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup d'îles.

  • Speaker #1

    Et je me suis dit, mais qui a vu notre plat et commandé ça ? Tu as un endroit où tu as vu tes tenues et tu t'es dit, mais qui a commandé ce fois-ci tout là-bas ?

  • Speaker #0

    Je pense que les deux trucs qui m'avaient choqué, c'était Japon et Australie. Et je me suis dit, en fait, mais...

  • Speaker #1

    Tu imagines ce que tu as créé à Dakar, là ? Il y a quelqu'un qui est jusqu'au Japon.

  • Speaker #0

    Non, mais qui part dans des endroits où moi, je n'ai jamais mis les pieds, où je rêve de mettre les pieds. Donc, en fait, le truc, comme je te dis, ça te dépasse, ça te dépasse de loin. Surtout quand j'ai commencé à aller à des événements et à voir des gens porter mon vêtement. Ils ne savent même pas que c'est moi. Je dis bonjour, vous êtes joliment habillés. C'est moi. Et donc, c'était quelque chose de voir des personnalités qui portaient. Je me souviens, quelqu'un a déjà offert une de nos tenues la première fois à Madame Kagame, la femme de Paul Kagame. Je me suis dit,

  • Speaker #1

    voilà, voilà,

  • Speaker #0

    voilà. C'est trop chouette. Et à chaque fois, en fait, tu voyais quelqu'un et c'est vous qui avez offert aussi un truc à l'hôpital, quand on était passé. Quand j'ai vu qu'elle a apporté ça, j'ai dit Yeah ! On a passé. Et à chaque fois, ce n'est pas seulement les personnalités. C'est vraiment juste une personne. Pour moi, chaque personne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Parce qu'aujourd'hui, sauf à tout, il y a des gens qui se marient en sauf à tout. Il y a des gens qui créent des souvenirs de vie dans tes tenues. Et tu vois, ça aussi, c'était une des questions que j'avais pour toi. Comment tu le vis de savoir qu'aujourd'hui, ce que tu as imaginé dans ta tête, ce que tu as créé, va rester gravé dans des mémoires de gens, dans leur histoire, tu vois ? C'est ça qui moi me touche avec ce côté création de l'entrepreneuriat, c'est que ce que toi tu as imaginé, tu t'imagines pas l'impact que ça peut avoir sur d'autres personnes. Donc quand tu vois des photos de... mariage en Sofa2. Là,

  • Speaker #0

    il y a un bébé, un nouveau-né qui n'est pas encore né. On lui a commandé son Sofa2 quand j'ai vu la tenue. J'ai dit, mais ça, c'est pour qui ? On m'a dit, un nouveau-né. J'ai dit, mais c'est trop petit. Et donc, c'est très touchant de savoir que les gens accordent cette valeur-là à la marque. Ou de voir une jeune étudiante qui dit qu'elle... Je ne sais pas que ça, c'est un truc qui me dit ce qui nous avait touché. Elle voulait coûte que coûte faire sa graduation en Sofa2. Elle n'avait pas assez d'argent. Mais elle a dit qu'elle vient, qu'elle dépose à chaque fois. Et après, j'ai dit, bon, les derniers paiements, il faut lui offrir, tu vois. Mais c'était quelque chose qui m'a tellement touchée parce que pour elle, c'était important, en fait.

  • Speaker #1

    Ils associent ces moments de victoire pour eux à être élégants. Et donc, pour eux, être élégant, c'est porter du sauf-faite. Et pour moi, il n'y a pas plus bel hommage et honneur à tes tenues.

  • Speaker #0

    C'est magnifique. Et franchement, à chaque fois, jusqu'à aujourd'hui, et c'est pour ça que moi, les gens ne veulent pas que je sois en boutique, parce que j'ai ce truc-là de, à chaque fois, à me dire... Non, c'est trop cher. Non, ça ne vaut pas. Non, etc. Tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    Tu as une certaine humilité par rapport à...

  • Speaker #0

    Tu vas me dire, donne-moi un discount. Je vais dire oui. Donc, dès qu'un client vient, dès que c'est le moment...

  • Speaker #1

    Va dans le bac. Va dans la boutique.

  • Speaker #0

    On t'a dit,

  • Speaker #2

    tu vois ?

  • Speaker #0

    Ou bien, si beaucoup de clients me disent, ne vienne pas. Ne viens pas. Ne viens pas nous fatiguer. Tu vas gâter notre affaire. Et donc, jusqu'à aujourd'hui, j'ai ce truc-là de me dire, mais est-ce que ça le vaut vraiment ? Est-ce que ce qu'ils voient en ça, ou bien des gens qui vont venir te dire des choses, comment est-ce qu'ils peuvent voir ça en moi ? Parce que je pense que tout le monde en tout cas se verrait mieux s'il pouvait se voir à travers les yeux de quelqu'un d'autre. Mais je ne pourrais jamais en tout cas remercier assez et payer ces personnes-là qui ont foi en la marque, qui voient de la valeur en ce qu'on fait et qui non seulement l'achètent pour eux, mais le partagent, l'offrent à des gens. Moi, Biram Koulibaly, je sais qu'il ne va pas aimer que je dise ça. Je ne peux pas te dire à combien de personnes il a offert du sofa. Beaucoup plus que ce qu'il a pour lui-même. Et j'ai plein de personnes comme ça, mes tantes, etc. Dès que c'est cadeau, c'est on va chez Fatima. On va nous des chèques cadeaux ou bien la personne va venir une fois qu'elle prend, ne la limite pas, après nous on va payer. Et c'est ça qui a fait la marque. C'est ça qui fait que petit à petit, on a fait notre chemin, on a continué à faire des choses. Et je pense qu'à chaque fois aussi, on a essayé de redonner ce qu'on pouvait de ce qu'on recevait. Et pour moi, au final, c'est ça la vie, c'est un rendez-vous du donner et du recevoir, comme on dit. Et Alhamdoulilah, il y a beaucoup de belles énergies. Des gens comme toi, avec qui la vibe passe. Et Alhamdoulilah, on fait de belles choses ensemble. Les gens créatifs aussi, qui acceptent toujours, peu importe. Parce que je ne peux pas te dire combien de campagnes j'ai fait tourner aux gens. Je sais que quand ils payent mon numéro, ils disent Ché, c'est encore un truc bénévole, elle va nous faire cliquer Mais Alhamdoulilah, les gens ont toujours accepté. Oui,

  • Speaker #1

    mais je pense qu'on en revient à ce qu'on disait, c'est que les gens... Tu véhicules tellement de valeurs qu'ils sont heureux de s'associer à ça, même s'ils ne sont pas rémunérés. C'est que les valeurs que tu portes valent plus cher que tout ce que tu pourrais leur donner. Donc je pense que c'est pour ça...

  • Speaker #0

    C'est ce que je dis là.

  • Speaker #1

    Mais je pense que c'est pour ça que les gens sont toujours enclins à bosser avec toi et à faire des choses avec toi sans forcément chercher du numéraire. Et il y a un truc aussi dont je suis obligé de te parler. Ton duo, le Brian James, Dwayne Wade. toi et Hélène. Parce qu'aujourd'hui, l'une et l'autre, vous avez créé un duo. Même si chacune a sa marque, chacune a son identité, vous êtes un duo maintenant. On vous voit, moi le premier, on voit les stories que vous faites ensemble, on voit comment vous rigolez ensemble, on voit les...

  • Speaker #0

    Il y a quelqu'un qui demande si on s'est fâchés d'ailleurs dernièrement.

  • Speaker #2

    Parce qu'aujourd'hui,

  • Speaker #1

    pour moi... Elle fait aussi partie de ton histoire. Vous avez créé une amitié. Vous avez créé une relation. D'ailleurs, ensemble, tous les trois, on a créé quelque chose.

  • Speaker #0

    Mais les gens ne savent pas.

  • Speaker #1

    Les gens ne savent pas, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est grâce à Olivier qu'on a ouvert Arkham.

  • Speaker #2

    C'est Olivier Arkham.

  • Speaker #1

    Mais comment se crée la relation avec Hélène et comment vous arrivez à faire vos événements à travers le monde, à Paris, Montréal, Abidjan ? Comment vous ? cette énergie se crée et comment vous montez ça ?

  • Speaker #0

    Tu sais, ça a semblé très bizarre ce que je vais dire parce qu'on est de deux confessions religieuses différentes.

  • Speaker #1

    Et c'est ça qui est beau, c'est ça qui est beau avec vous deux aussi.

  • Speaker #0

    Mais je pense que c'est une des personnes avec lesquelles je partage le... plus de valeur en moi. Malgré le fait qu'on n'ait pas la même religion. C'est qu'au-delà de ça, c'est la même confiance en Dieu. C'est la même sororité. C'est la même volonté d'aider, de bien faire. C'est la même... Voilà, l'amour des bonnes vibes. C'est encore plus d'humilité que moi. Pour te dire à quel point cette personne est humble, vraiment. Et Hélène, les gens ne savent pas, il y a presque 10 ans, des cas entre elle et moi.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Bah tu vois, je le savais pas. J'en dirais pas du tout.

  • Speaker #0

    On dirait pas.

  • Speaker #1

    On ne va pas demander qui est la plus grande, qui est la plus petite.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas la peine de demander. Non, toi aussi, ce n'est pas à moi.

  • Speaker #1

    Regardez-la.

  • Speaker #0

    Justement, les gens penseraient que c'est elle la petite, tellement elle fait jeune là. Et en gros, en fait, on était dans le même concept store. On exposait ensemble à Olympique Club. Et quand elle devait faire une ouverture de sa boutique ou elle lançait une collection, je ne sais plus. Elle m'a invitée. Ensuite, je faisais un lancement de collection, je l'ai invité. Ensuite, on s'est croisés plusieurs fois à la Fashion Week et à chaque fois, on devenait un peu plus copieux. Et puis, je ne sais pas comment ça s'est fait, on a commencé à s'appeler à chaque fois, parce que tu sais, on parle beaucoup de nos galères, de tout ça. Donc à chaque fois, on s'appelait, on parlait de nos galères, etc. Et puis, on nous retrouvait avec les autres designers, mais le courant passait encore plus entre elle et moi. Et ouais, au final, on était tout le temps fourrés ensemble. On a décidé qu'on allait... Non, tonton, Amadou Diouma a appelé de Saint-Louis, donc de ISM, pour me dire qu'il avait ouvert un complexe à Saint-Louis et tout, qu'il y avait une boutique. Et il voulait que ce soit moi qui prenne la boutique et qui vende là-bas. Après, Issaouira. Donc, le forum de Saint-Louis. Donc, j'ai dit OK. Sauf que moi, je n'avais encore jamais ouvert de boutique. J'ai dit à Hélène, tu viens m'aider. C'est comme ça qu'on a ouvert notre premier concept store, qui s'appelait Arte Concept Store, que les gens ne connaissent pas. Donc, il était à Saint-Louis. On partait régulièrement à Saint-Louis, ça nous a encore plus rapprochés. Les voyages, etc. Et ensuite, l'amitié a continué. Et un jour, Olivier nous a appelés. Olivier m'a appelé pour me dire qu'il y avait un local qui serait intéressant pour ouvrir une boutique en plein centre-ville. Je dis, OK, on va venir regarder. On est venus, j'étais avec Hélène, et elle est tombée amoureuse de l'espace. Elle a commencé à gêner les photos où elle dansait comme ça. Elle dansait comme ça, elle faisait ça, elle faisait plein de choses. Elle a dit, Fatima, on prend tout de suite. Donc comme ça, on a décidé d'ouvrir ensemble le concept store. La même chose avec l'ouverture du nouveau hôtel. C'est Khalil qui nous a dit, le nouveau hôtel, l'où la boutique ? La personne qui était là est partie. Elle m'a dit, on prend. Je lui ai dit, on a ouvert Arka il y a six mois.

  • Speaker #2

    Tu me dis,

  • Speaker #0

    tu prends une autre boutique. Je ne prends pas. Elle me dit, on prend. Fatima, ça va bien se passer. En plein Covid. Deux minutes. Elle me dit, on ouvre. On est partis visiter, j'ai dit ok on ouvre ! Donc comme ça, je pense que la deuxième boutique, on a ouvert en deux semaines. Et j'avais le Covid d'ailleurs, mon test est sorti négatif le jour de l'ouverture de la boutique. Donc chaque fois qu'on partait en voyage, c'est la première personne à m'avoir influencé à partir à Abidjan, parce qu'elle a déjà vécu à Abidjan, elle avait déjà de la clientèle. On envoyait souvent, elle m'a dit viens on y va. Khadig Nian partait faire un événement, une masterclass, on est toutes parties avec elle. Et depuis lors, on n'a pas quitté Abidjan, donc on retourne à chaque fois. C'est elle qui m'a poussée encore à ouvrir une boutique à Abidjan. C'est quelqu'un qui est derrière moi, qui me pousse à chaque fois. On se pousse mutuellement, j'imagine.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça que je voulais mettre en lumière cette relation, parce que moi, je trouve que ça, c'est beau. Parce que vous êtes dans un domaine où vous pourriez être en concurrence, tu vois, où beaucoup de gens se seraient vus en concurrent. Et vous, au lieu de vous voir en concurrente, vous vous épaulez, vous vous aidez. Vous vous mettez en avant l'une l'autre. Vous créez des choses ensemble. Et c'est pour ça que pour moi, je trouve que c'est important parce qu'on a plus l'habitude de voir des entrepreneurs qui se font des coups bas, qui se déchirent et autres, que de voir des entrepreneurs qui sont surtout dans le même domaine construire des choses ensemble. Alors que c'est ce qui devrait être, pour moi, je pense, naturel.

  • Speaker #0

    C'est la concurrence.

  • Speaker #1

    C'est ça, tu vois, qu'on s'entraide, qu'on se pousse. Parce que, comme tu as dit, Si elle n'était pas là, peut-être que tu as plein de boutiques que tu n'aurais pas ouvertes. Parce qu'elle a te mis ce coup de pied, tu vois, pour te booster. Copine,

  • Speaker #0

    tu as peur. Mais c'est Dieu qui gère, tu as peur de quoi ? C'est comme ça que tu ne peux pas. Non, vas-y, fais. Tu fais tout le temps comme ça. Et franchement, moi, je sais que, par exemple, c'est la même chose. Moi, j'étais là genre en mode, parce que moi, je suis très branding, etc. Copine, il faut qu'on change ton logo. Il faut qu'on fasse ça. En fait, à la limite, je prenais des décisions dans ce qu'elle faisait. C'était réciproque. Par exemple, l'ouverture de ma boutique, c'est elle qui est venue me dire C'est quoi ton merchandising là ? Elle a tout changé, elle a tout chamboulé. Mettez ça là, faites ça là. Quand tu viens et que tu la trouves, tu vas penser Elle n'a pas trouvé sa sofa, tout. Et j'ai le même comportement quand je suis chez elle. Et franchement, c'est ce qui nous a poussés, je pense, toutes les deux, parce qu'on faisait les choses ensemble. Donc, c'était la communauté de l'une qui rejoignait la communauté de l'autre. Partout où je vais, on me dit Pourquoi tu n'es pas venue avec elle ? Partout où elle va, on lui dit Ouais, Fatima. Et donc au final, en fait, c'est vraiment ça. Elle, elle me dit qu'avant, les gens ne la connaissaient pas, elle. on connaissait sa marque mais c'est à cause de moi que sa tête est plus sous le réseau social et on se montrait naturellement en rigolant et souvent quand on se parle elle me dit copine on va pas changer avoir des images de femmes entreprenantes c'est ça que les gens aiment viens on est nourris oui

  • Speaker #1

    effectivement c'est ça que les gens aiment les gens aiment vous voir vous taquiner rigoler après c'est moi qui reviens me dire

  • Speaker #0

    les gens ne nous prennent pas au sérieux. Moi, j'ai fini de faire le pitre sur le sujet. C'est ça que tu me dis demain, tu reviens. Je ne me fatigue pas. Et chaque fois qu'on s'appelle, mon mari sait que j'en ai au moins pour deux heures. Là, par exemple, elle est partie, elle fait le tour du monde. Tout le monde demande. Arrête de me demander. Elle est depuis des mois. Donc là, elle revient, je pense, bientôt, Inch'Allah. Mais voilà, c'est cette énergie positive et toutes les personnes qui la connaissent vont te dire la même chose. Elle est comme ça, naturellement. elle aime donner, elle donne d'elle-même elle partage, elle va toujours pousser les gens à mieux faire donc c'est vraiment une personne magnifique une personne très pieuse et en fait pour moi au fond c'est ça c'est qu'aujourd'hui si tu as une personne et vous partagez les mêmes valeurs, tu sais que jamais la personne ne va faire quelque chose pour te faire du tort parce qu'avant même sa relation avec toi, elle pense à sa relation avec toi Des choses que jamais elle ne fera. Il y a des choses, je sais direct que même si je les vois, ce n'est pas elle. Quelque chose d'autre qui s'est passé, etc. Il y a une explication. Mais je sais que ce n'est pas elle de son propre gré qui a décidé de faire du temps. Et j'ai eu une très belle relation avec les filles de Imara, par exemple. C'est des personnes avec qui on a fait plein de choses. On a fait des voyages, etc. Et pour moi, c'est toujours ces énergies positives qui se créent là. Calista, qui nous met dans tous ses projets systématiquement. Khadinyan de Red Lips. On est tout le temps fournis ensemble. Quand elle fait un projet, avant même de nous parler du projet, par exemple, son événement là. elle vous met en direct le logo taguée elle me moque elle se moque tu vois elle sait que je vais venir je fais un événement je sais que je vais pas aller chercher et que forcément elle sera là avec son équipe et donc c'est quelque chose qui nous pousse toutes à aller de l'avant plus facilement parce qu'on fait les choses ensemble donc elles sont moins dures elles sont plus fun ma tournée aux Etats-Unis Canada avec Imara mais c'était des fourrées à ne plus finir mon fils il l'appelle Babachou parce qu'on était tout le temps avec lui partout il avait un hôteur qui allait le prendre avec moi Donc, il a fait toutes les villes. Maintenant, il dit, je pensais que c'était un Américain,

  • Speaker #2

    mais regarde-le.

  • Speaker #0

    Il a un wall of bien sec. Son premier anniversaire, on était là-bas. Donc, c'est vraiment des souvenirs de vie qui se créent avec ces personnes-là. Femme de Lilin.

  • Speaker #1

    Après, je suis obligé de te parler aussi d'un sujet qui va avec votre domaine, parce qu'on a eu à en parler, toi et moi. Tu as eu un tel impact dans tes créations qu'il y a eu beaucoup de copies. Comment tu vis la copie aujourd'hui ? Aujourd'hui, tu as grandi, tu as mûri. Donc, je pense que tu t'es rodé, entre guillemets, on va dire. J'ai guéri. Tu as guéri. Mais au début, j'imagine, la première fois, comment tu le... Ça pique. Oui, ça pique.

  • Speaker #0

    Olivier, ça pique de fou. Imagine, on te fait ton colis partout et complètement moins cher.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Tu vois, ça pique.

  • Speaker #1

    Mais il faut que des jeunes entrepreneurs ou des personnes qui nous regardent aujourd'hui, qui se lancent ou qui se lanceront plus tard peut-être dans ce domaine-là, quel conseil tu pourrais leur donner par rapport à si demain, vous voyez qu'on vous copie ?

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sûre que ce serait le bon conseil. Parce que moi, personnellement,

  • Speaker #1

    là... Vous les tuez, vous les butez. Ce n'est pas le bon conseil.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas le bon conseil dans le sens où moi, j'aurais pu se dire, continue ton chemin. Parce que... Tu sais, il y a ce beau hadith du prophète, où il est avec, je ne veux pas dire n'importe quoi, mais un des sahabas qui l'a éduqué, et il lui dit, si le monde entier se liguait pour te donner quelque chose que Dieu ne t'a pas destiné, tu ne l'auras pas. Si le monde entier se liguait pour interdire ou prohibiter, je ne sais pas comment expliquer, bloquer quelque chose que Dieu t'a destiné, il n'y arriverait pas également, tu l'auras. Et donc c'est vraiment, aujourd'hui j'ai une telle foi en... La vérité est que tout ce qui est mon risque me parviendra. En Wolof, on dit souvent Satyar kamtila C'est-à-dire que voler, c'est juste être pressé. Mais ce que tu voles, ça t'était déjà destiné et tu l'aurais eu d'une meilleure manière si tu avais juste été patient. Et donc, moi, j'ai tardé vraiment à avoir cette maturité-là. Oui,

  • Speaker #1

    à avoir du recul, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et savoir qu'en fin de compte, ce sont des gens qui sont en train de me faire du tort, mais au final, ils se font encore plus de tort à eux-mêmes. Aujourd'hui, c'est des gens qui ne vont pas avoir de légitimité devant les gens. Bien sûr, il y a des gens qui ne sauront pas qu'ils ont copié parce qu'ils ne me connaissaient pas. Mais aujourd'hui, c'est des gens que d'autres personnes ne vont jamais prendre au sérieux parce qu'ils font. C'est des gens qui, eux-mêmes, en faisant ça, en fait... Moi, j'ai tellement peur de l'argent qui n'est pas... Comment on dit là-haut ? C'est pas légal, mais en fait, dûment acquis. Et pour moi, être vraiment de Godfrey, c'est vraiment ne pas avoir froid aux yeux que d'oser manger cet argent. Donc aujourd'hui, moi, je vois les choses différemment. Mais ça également, ça m'a poussé à une inertie, à une inaction vis-à-vis de ça. Et ça, je ne suis pas sûre que ce soit la bonne posture à avoir. Parce que ce que j'ai fait, le fait que je n'ai pas réagi, le fait que je n'ai jamais porté plainte, surtout contre certaines marques qui sont très en vue maintenant aujourd'hui, qui sont venues dans les mêmes séries que moi, qui habillent les mêmes personnalités que moi, etc. qui continuent dans la copie, qui copient nos palettes de couleurs, les designs, les motifs, mais vraiment tout, les coupes,

  • Speaker #1

    tout. Mais est-ce que tu peux protéger ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    C'est protégé. Donc déjà, ils sont protégés au niveau de l'OAPI. Mais après, il faut intenter des actions en justice.

  • Speaker #1

    Et ça te demande du temps, de l'argent ?

  • Speaker #0

    Ça te demande de l'énergie. Et surtout, ça te donne une réputation, parce que le Sénégalais voit très mal le fait d'aller intenter une action en justice contre quelqu'un d'autre. Parce qu'on aime tellement la liberté qu'on se dit que...... en priver quelqu'un d'autre, c'est vraiment très mauvais. Tu vois ? Et ce que je réalise, en fait, c'est que... Ce truc-là, la peur qu'on nous dise, elle est revancharde, elle n'est pas aussi positive qu'on pensait. Au final, elle avait une image de quelqu'un de gentil, etc. Mais elle est comme tout le monde, c'est pour des gains. Et surtout que ce soit pour des gains financiers que je fasse ça.

  • Speaker #1

    Alors, où je ne suis pas d'accord avec toi sur ça, c'est que ce n'est pas pour du gain. Parce que pour moi, c'est plus pour le combat de tu ne le fais pas que pour toi, tu le fais aussi pour les futurs designers. qui vont arriver et si les gens voient que tu peux plus copier sans que personne te dise quelque chose, finalement tu vas changer les mentalités. Après tu vois c'est facile de parler quand on est assis comme ça et que t'as pas de l'argent à mettre, que t'as pas du temps à mettre sur ça et tout. Mais c'est pour moi aussi quand même important d'intenter des actions et de montrer que ces gens copient. C'est que finalement... T'as travaillé, t'as mis du temps, t'as mis de l'énergie. Tu as fait des efforts que ces gens n'ont pas faits. Ils viennent prendre et personne ne leur dit rien. Personne ne leur tape sur les doigts. Donc, tu vois, ils vont faire sûrement à d'autres personnes, à d'autres personnes. Mais bon, c'est un autre débat. Mais je voulais surtout savoir, c'est ça, comment toi aujourd'hui, quand tu vois ça, tu te dis, bon, OK, moi, je continue d'avancer. Copier ce que j'ai fait moi l'année dernière. Moi, je suis déjà dans la prochaine collection et dans la collection de dans-dedans.

  • Speaker #0

    C'est exactement comme ça que je fais maintenant. Et je pense qu'à une époque, j'avais même dit à Mamital, viens, on crée une page et on dénonce tous les gens qui font de la copie, tu vois. Mais après, je me suis dit, en fait, ça, on ne vaut pas le coup. Ça va me prendre trop d'énergie pour rien.

  • Speaker #1

    Ressent dans l'énergie positive.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pour ça que je dis que je ne suis pas sûre que je donnerai le bon conseil à ces gens. Parce que moi, ce que j'ai fait, c'est ne rien faire. Je ne suis pas sûre que ça a été la bonne chose à faire. Peut-être que si j'avais réagi à la première, deuxième collection où on m'a fait ça, parce que c'était vraiment des choses très flagrantes. où tout le monde venait me dire mais tu as vu, tu as vu, tu as vu peut-être que ça n'aurait pas continué autant. Et comme tu dis, j'ai un rôle également vis-à-vis des gens, et j'aurais pu exercer ce rôle-là pour dissuader d'autres personnes de le faire. Je ne l'ai pas fait, c'est un choix qui était assez égoïste, parce que franchement, c'était un choix de choisir ma paix et de prioriser ma paix.

  • Speaker #1

    Je ne pense pas que c'est égoïste. En fait, où je suis dans une dualité, dans ce que je te dis, c'est qu'effectivement, il y a la partie de moi qui dit Tu devrais le faire pour surtout, même pas que pour toi, mais pour les gens qui arrivent derrière. Mais il y a là aussi l'autre partie de moi qui dit, je suis d'accord avec toi. Moi, j'aurais fait pareil. Parce que finalement, tu vas mettre du temps, tu vas mettre de la mauvaise énergie dans ça, que tu aurais pu mettre sur autre chose, créer déjà toi la suite, que eux n'auront pas pensé. Parce qu'à la fin de la journée, tu as toujours un, deux, trois collections d'avance sur eux. Parce qu'eux, ils sont occupés à copier ce que toi, tu viens de sortir. Mais toi, c'est déjà sorti. Toi, tu es déjà sur la suite. Donc, je comprends aussi. Ce côté de toi qui dit, je ne vais pas mettre mon énergie sur ça. Viens, je mets mon énergie sur le positif et je continue d'avancer.

  • Speaker #0

    J'ai préféré en rire qu'en pleurer au final. Je disais que moi, j'ai plein d'employés. J'ai les miens, ceux de un tel, ça de un tel. Tous, ils bossent avec ma tête. Donc, c'est tous mes employés. Donc, je préférais voir les choses différemment et dire que voilà, tous, ils vivent avec la baraka de ce que nous, nous faisons. Mais oui, ça a piqué. Et jusqu'à présent, des fois, je vois des choses, je me dis, mais attends. cette personne en particulier.

  • Speaker #1

    Tu es toujours en avance. Tu es toujours en avance, c'est ça qu'il faut se dire.

  • Speaker #0

    Ça fait mal.

  • Speaker #1

    Ça fait mal, tu es toujours en avance.

  • Speaker #0

    Ram Doulila, tu te dis en fait, quoi qu'on dise d'ici, je ne sais pas moi,

  • Speaker #1

    20 ans. Lui, 8 ans, on les copie.

  • Speaker #0

    D'ici quelques années, ce ne sera plus Valoven, on sera tous ailleurs en train de faire autre chose. Exact. J'espère que la marque, elle va perdurer et me survivre, mais elle devra faire face à plusieurs situations comme ça s'il continue. Donc, à un moment donné, je me suis dit, écoute, tu ne gâches plus d'énergie dans ça. Je continue d'avancer et surtout aujourd'hui, on ne cherche plus juste à faire des vêtements à pleine. Ce qu'on cherche à faire, c'est à créer de l'impact, c'est changer des vies, c'est accompagner des gens à réaliser leurs rêves. C'est que ces personnes-là qui aujourd'hui sont démotivées, veulent quitter ce pays-là et une raison de rester. Donc, je ne suis plus au même, je ne suis plus dans le même état d'esprit du tout, de je veux me faire connaître. Et c'est dire en fait, rien que ce début d'année. Voir la fin d'année de passé jeudi, on avait intenté, on avait commencé une consultance en marketing. Et quand je réalise en fait le chemin qui a été parcouru et comment ma vision a complètement changé depuis, parce que vraiment l'objectif c'était d'avoir une bonne RP, d'être dans les grands magazines, Vogue, etc. Côté mode. Et en fait, en l'espace de quelques mois, mon objectif a changé. Ce que je veux aujourd'hui, ce n'est pas me faire connaître. par des magazines qui veulent me faire entrer dans des codes qui ne sont pas les miens. Ce que je veux aujourd'hui, c'est qu'une fois que je ne serai plus de ce monde,

  • Speaker #1

    ça perdure.

  • Speaker #0

    Qu'on ait impacté l'Afrique, qu'on ait impacté le Sénégal, qu'on ait changé des vies et qu'on retrouve beaucoup de choses de l'autre côté, dans le bon compte bancaire.

  • Speaker #1

    Amen, amen, amen. Et aujourd'hui, l'équipe SofaTou, c'est combien de personnes ?

  • Speaker #0

    32.

  • Speaker #1

    32 personnes. Qui aujourd'hui sont impactées directement par tout ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Chaque fin de mois, qui m'impacte aussi beaucoup.

  • Speaker #1

    Et donc, on est obligé...

  • Speaker #0

    Parce que c'est le 10 du mois. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Mais justement, on est obligé d'arriver à cette partie-là, c'est ça ? Tu dis qu'actuellement... Parce qu'on s'était vus il y a... Si je ne dis pas de bêtises, un an. et tu me disais que tu étais en train de, je ne sais pas si je peux le dire, de réfléchir à peut-être grandir, et donc chercher des investisseurs pour entrer dans le capital. Donc tu as déjà une projection, toi, à plus long terme de ce que tu veux faire. On est effectivement dans une période actuellement où le pays est en transition et en train de bouger. C'est quoi la réalité d'un entreprise ? Parce que tu vois, moi, nous n'avons pas d'employés. avec Arel. Donc moi, je comprends, je ne connais pas cette réalité. C'est quoi la réalité ? C'est quoi le positif ? Mais en même temps, le stress de devoir avoir autant de monde qui dépendent de ce business que tu as créé. Que les gens comprennent ce que tu vis au quotidien. Parce que il s'arrête, tu sais, à l'image de Sopha, tout ce que tu nous montres sur les réseaux, mais on n'imagine pas toute la réalité qu'il y a derrière.

  • Speaker #0

    C'est énorme, Khadija.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est sûr.

  • Speaker #0

    C'est un stress. En fait, dernièrement, ce que je me demande, c'est ce que serait ma vie sans ce stress-là.

  • Speaker #2

    Non, je te jure.

  • Speaker #0

    L'autre jour, j'ai appelé ma cousine, Khadija. Donc, c'est elle qui est censée être notre directrice commerciale, mais qui ne veut pas lâcher le WhatsApp. Donc, quand vous nous écrivez sur WhatsApp, c'est elle qui répond.

  • Speaker #1

    Bonjour, Khadija. Bonjour,

  • Speaker #0

    Khadija. Et je lui disais, mais tu t'imagines, en fait, comment on serait tranquille si on se réveillait et il n'y avait pas à s'ouvrir. et qu'on n'avait pas les salaires à gérer et que toi, tu n'avais pas de clients mécontents et qu'à l'atelier, ils n'avaient pas foiré la commande d'un client. Olivier, la semaine passée, je te jure, j'étais au bord du coufre, je te jure, émotionnellement, ça n'allait pas. Une cliente, ils ont refait trois fois sa tenue. On voyait trois fois sa tenue à Paris. Les trois fois, la tenue n'allait pas. Olivier, tu imagines. Et maintenant, malgré toutes les bêtises là, malgré le fait que tu viens, tu trouves... plein de choses qui sont gâtées, de l'argent qui est gaspillé, etc. Toi, à la fin du mois, tu dois payer le salaire des gens. Donc, tu te prives. Il y a eu des mois où c'était tellement difficile que j'ai dû emprunter de l'argent ou prendre une tontine que j'avais, etc. Et pour pouvoir payer les salaires. Et en fait, c'est difficile de savoir que qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente. Toi, tu es obligé de te démerder pour que les gens-là aient le reste. Que tu aies vendu ou pas. Que les gens aient bien fait leur travail ou pas. Il faut. Et aujourd'hui, en fait, je pense qu'on a tellement grandi dans l'affectif et bâti cette marque dans l'affectif qu'il y a des gens, on sait que c'est des boulets, mais on ne peut pas s'en séparer parce qu'on sait que le gars,

  • Speaker #1

    tu le vire,

  • Speaker #0

    le gars vit dans ton atelier. Tu le vire, il fait comment ? Et tu sais qu'avec le travail, la qualité du travail qu'il fournit aujourd'hui, partout où il va, c'est un problème.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que tu penses que tu peux être dans ce domaine-là et être dans l'affectif ?

  • Speaker #0

    Je pense que je ne peux plus grandir comme ça. Là, on a atteint un plafond de verre, on ne peut plus. Tu ne peux plus continuer à fonctionner de cette façon, tu ne peux plus faire de l'argent de cette façon. Là, aujourd'hui, en fait, ce n'est pas qu'on ne vend pas, mais tout ce qu'on vend, on le dépense. Et donc, tu réalises qu'au final, même si tu faisais un milliard de chiffres et que tu as dépensé les un milliard, à force de vouloir aider les gens, tu te retrouves dans la même situation. Toi-même, tu deviens un cas social. Toi-même. Je regarde mon pouvoir d'achat d'il y a quelques années et mon pouvoir d'achat aujourd'hui. Moi-même, je regarde dans la boutique des vêtements. Avant, je prenais, j'achetais pour offrir aux gens. Maintenant, je dis, c'est mon patrimoine.

  • Speaker #2

    J'offre à qui je veux.

  • Speaker #0

    Moi,

  • Speaker #2

    je ne paye pas.

  • Speaker #0

    Comme vous ne me donnez pas d'argent, donnez-moi les vêtements. Non, quand j'ai eu mon bébé, je suis venue avec ma valise. J'ai dit, mettez dedans, je vais porter. Vous ne me payez plus d'argent, payez-moi des vêtements. C'est-à-dire, en fait, que c'est un impact très dur psychologiquement. Les gens sont en train de dormir, toi tu penses à où est-ce que tu vas prendre de l'argent pour payer parce que c'est une masse salariale qui a explosé. Ah oui. Ouère, ouère, d'un mois à l'autre, tu as l'impression que c'est 15 jours. Et à la vidéo de Louis de Finesse là où il dit mais c'est encore la fin du mois, encore. Et chaque fois je me dis mais ouère,

  • Speaker #1

    je comprends pas. Ça va vite.

  • Speaker #0

    Ça va très vite, c'est très stressant, c'est très frustrant parce que tu n'as pas toujours ce que tu veux et qui fait que ce soit légitime pour toi de payer ce que tu es en train de payer. Mais bien sûr, à chaque fois que tu vas te poser et te dire, et surtout c'est difficile de gérer parce que nous, par exemple, on entend des avances sur le salaire parce qu'on sait que c'est difficile. Et des fois, en fait, c'est comme si ces personnes pensaient que c'est un dû. On vient te dire, oui, j'ai besoin d'argent, d'avance sur le salaire parce que j'ai telle situation. Et tu dis, les caisses sont vides. Et tu dis, oui, mais moi, j'ai besoin d'argent. Oui, mais les caisses sont vides. Qu'est-ce qu'on fait ? Je me vends, je te donne, mais je fais quoi ? Je prends rien, je te donne, je ne comprends pas. Et en fait, au bout d'un moment, tu commences à être démotivé parce que tu te dis, est-ce que ça le vaut vraiment ? Après Khadija, l'autre jour, elle m'a envoyé plein de captures de clients très contents. Exactement. Tu vois, c'est pour ça qu'on fait ça aussi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Parce que c'est pas que tu vois... Ou bien un autre jour, qui vient nous dire, il y a un tel qui avait telle situation, sa maman était malade, elle a pu payer avec la raison de sa tontine, etc. Ça fait ça.

  • Speaker #1

    Oui, après ça, c'est l'entrepreneuriat. C'est des hauts, des bas, des moyens...

  • Speaker #0

    Des très bas.

  • Speaker #1

    Des très bas et des très hauts, exactement. Et de toute façon, c'est ça. Je pense aussi que de toute façon, comme tu le disais tout à l'heure, de par ton caractère, de par ta nature, être dans un emploi où tu aurais une routine, ça te fatiguerait, Fatima.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas à faire mon...

  • Speaker #1

    Comme tu as dit, tu as besoin de cette... Tu l'as dit toi-même, tu as besoin de... C'est maintenant, l'adrénaline de maintenant, tu as besoin de ça. Et être finalement, faire du 9 à 5... et avoir ton salaire ?

  • Speaker #0

    Non, je ne peux pas. Mais mon mari, par exemple, peut avoir beaucoup d'argent et je fais ce que je veux.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une option aussi, effectivement.

  • Speaker #0

    Donc, il n'a qu'à bosser. Il faut dire qu'il bosse plus dur. Oui, mais même ça, je sais que je m'ennuierais. J'aime ce que je fais, mais c'est juste qu'il y a des moments où c'est plus dur que d'autres.

  • Speaker #1

    Ah oui,

  • Speaker #0

    c'est sûr. Parce que tant que tu n'as pas ce stress-là de à la fin du mois, je paye comment ? Franchement, advienne que pourra. Moi, tant que je ne suis pas stressée par comment je fais pour payer les salaires, I'm good. Je n'ai pas besoin d'avoir plein d'argent.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    I'm not even using it.

  • Speaker #1

    Tu veux juste savoir que ces gens qui comptent sur moi, Je ne veux pas les décevoir.

  • Speaker #0

    Mais là, j'ai décidé que ce mois-ci, parce que ça ne vend pas, je vais venir leur dire, voilà les amis, on n'a pas vendu moitié salaire pour ce mois.

  • Speaker #2

    Juste une fois. Tout le monde comprend.

  • Speaker #1

    Ça, parce qu'effectivement, c'est facile d'être de l'autre côté, d'attendre son salaire et de ne pas comprendre les réalités.

  • Speaker #0

    Ce mois-ci, j'ai fait plein de trucs. Là, par exemple, je leur ai dit, je m'en moque. Tous ces frais supplémentaires de envoyer au pressing parce que vous avez tâché. Ensuite, renvoyer à la boutique pour emballer, renvoyer chez le client, repayer le CP pour repartir.

  • Speaker #1

    Les petits, les petits, les petits, les petits, là, ça fait beaucoup.

  • Speaker #0

    C'est les petits, là. J'ai dit, maintenant, on coupe. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr.

  • Speaker #0

    Si tu as des responsabilités,

  • Speaker #1

    tu enlèves ça. Exactement.

  • Speaker #0

    Je sais que c'est fin du mois, mais ça va diminuer un peu. Non, j'espère surtout que ça va les pousser à mieux faire. Je sens qu'il y a eu un relâchement. Général. C'est peut-être dû à la crise, c'est dû à beaucoup de choses. Tu sais, les gens vivent des situations difficiles chez eux. Et surtout, on n'était pas très regardant sur beaucoup de choses. Parce que comme je te dis, on a vraiment bâti le truc dans l'affectif. Mais je sais que quand ils vont voir une tête tomber, deux,

  • Speaker #1

    après on va voir. Ça recadre.

  • Speaker #0

    C'est juste qu'il faut que je trouve en moi le courage de faire ça. C'est pour ça que ma soeur me dit tout le temps il faut que ce soit plus toi qui dois faire ces décisions.

  • Speaker #1

    Oui. Parce que tu ne vas pas le faire. Aujourd'hui, tu as assez grandi, assez mûri. pour toi, t'occuper de d'autres étapes qui sont trouver le financement, faire grandir la marque et tout et que le day-to-day, le côté RH et tout, tu le sais que t'as un trop bon cœur. Donc, tu le sais que tu dois t'éloigner de connaître les gens et d'être dans l'intérêt.

  • Speaker #0

    Je suis dans toutes les sauces. Je veux venir trouver quelque chose, je ne dois pas parler de l'ingénieur.

  • Speaker #2

    Pourquoi c'est comme ça ?

  • Speaker #0

    Comme tu dis, c'est difficile de déléguer. Je suis pas tranquille. C'est toi, tu as ta vision des choses. Et mon problème, c'est que moi, j'ai beaucoup fait du micromanagement. Et en fait, je peux m'asseoir, venir voir des fils qui pendent sur un truc. Je vais m'asseoir, aller récupérer les ciseaux et couper. Alors que tu as plein de personnes qui auraient pu faire ça pour toi. Un poste, je vais dire non, la police où vous avez placé ça, etc. Ça ne nous ressemble pas. Et je vais dire non, je rentre dans Canva, je fais moi. Donc, c'est plein de petites choses comme ça qui te retardent alors que tu aurais plus de valeur ajoutée à faire d'autres tâches. Et c'est vraiment ça que je dois apprendre. Je ne vais pas dire que je suis en train d'apprendre, ils vont me dire c'est pas vrai. Mais oui, début d'année, on a fait un très beau team building. On a, tu vois, on a essayé de vraiment... plus se faire confiance, etc. Mais franchement, cette année, comme je te dis, j'avais levé le pied, je m'étais fait mon planning tranquille, c'est matinée à l'école. Ensuite, quand je finis, je passais des fois rapidement, mais je pouvais rester genre des semaines sans passer. Et parce que je pensais vraiment que les choses étaient bien en place, etc. Mais bon, je réalise après coup que les process sont pas huilés, il y a des process qui n'existent même pas. Par exemple, je réalise qu'on n'avait pas de process de décaissement. Chacun vient dire à la comptable, j'ai besoin de temps parce qu'on doit faire ça.

  • Speaker #1

    et elle envoie l'argent je suis venue il y a un mois j'ai dit même livraison maintenant vous me demandez c'est ça il faut structurer tout il faut organiser tout ça doit être un vrai challenge au quotidien on a pris plein de consultances pour ça un

  • Speaker #0

    autre consultant sur la stratégie du développement aussi sur la restructuration et alhamdoulilah on espère que ça va être un bon résultat et aujourd'hui

  • Speaker #1

    Toi, sauf à tout, si c'est quelque chose dont tu peux parler, tu vois ça où dans 5 ans, 10 ans ?

  • Speaker #0

    5 ans ou 10 ans ?

  • Speaker #1

    Allez, 5 ans. Comme ça, je peux te réinviter dans 5 ans dans le fauteuil pour que tu me dises. Tu peux me réinviter dans 10 ans. Oui, Inch'Allah.

  • Speaker #0

    Je sais que ça va être un énorme plateau.

  • Speaker #1

    Amine.

  • Speaker #0

    À la Jimmy Fallon, tout ça.

  • Speaker #1

    Comme moi, je peux dire que je sais que dans 10 ans, ton emploi du temps sera trop bouqué. Donc, pour t'avoir, tu vois.

  • Speaker #0

    Dans 5 ans, je pense que je vois un acteur important du développement local, du développement de l'industrie culturelle, créative sénégalaise et africaine de manière générale. Je vois une marque qui impacte beaucoup de vies. J'espère qu'on aura dépassé la centaine d'employés. J'espère qu'on aura également réussi à... Ce cap-là...

  • Speaker #1

    Tu as centaines d'employés, tu veux gérer encore...

  • Speaker #0

    C'est pas moi qui vais gérer !

  • Speaker #1

    Non, toi aussi !

  • Speaker #0

    Dans cinq ans ! Là, je te parle de Sofatou, mais moi, je me vois loin là-bas. Medine a appelé des fois pour dire comment ça se passe.

  • Speaker #1

    Je suis fatiguée !

  • Speaker #0

    Je vois une marque qui aura réussi à dépasser vraiment ce cap-là de la structuration, mais surtout du passage à l'échelle. Parce que c'est là-bas que beaucoup d'entreprises malheureusement échouent. Elles vont grandir à une grande vitesse de croissance et puis arriver à ce niveau-là.

  • Speaker #1

    À un palier. Oui,

  • Speaker #0

    et ça bloque. Donc on espère vraiment qu'on va réussir ce passage à l'échelle, conquérir encore plus de cœurs, générer encore plus d'impact socialement au Sénégal, mais aussi un peu partout et surtout être implanté dans plusieurs autres villes d'Afrique. Là, on est juste à Dakar et à Abidjan. où on a nos propres boutiques. On est représenté dans plein d'autres pays. On peut continuer sur la représentation, mais je pense que ce serait pas mal d'avoir d'autres boutiques dans les trois, quatre villes.

  • Speaker #1

    D'accord. Inch'Allah. C'est tout ce qu'on te souhaite. C'est tout ce qu'on te souhaite.

  • Speaker #0

    Ah, et ouvrir à Paris. Je sais, les gens de Paris, ça fait des années que vous me souhaitez ça. Inch'Allah. Ah oui ?

  • Speaker #1

    Parce que ça reste quand même, j'imagine, une grosse part de ta clientèle. C'est notre première destination. Ah ouais.

  • Speaker #0

    C'est la première ville que l'on explique.

  • Speaker #1

    Wow. Incroyable. Incroyable. Et avant de finir cette discussion, pour moi, c'était important aussi de rendre hommage à ta maman. Parce que pour moi, elle représente aussi toutes les valeurs qu'elle t'a inculquées, toute la femme que tu es aujourd'hui. Parce que je vais partager un truc que les gens ne savent pas. C'est que quand Karel est enceinte de Kélina, j'avais mon dos complètement bloqué. J'étais allongé pendant des mois et tout. Et la mère de Fatima, sans me connaître, sans m'avoir rencontré, m'a dit quoi faire, qu'est-ce qu'il fallait faire. Et ça montre toute la grandeur de cœur. Bien expliqué ! Tu vois, moi, je n'ai jamais oublié toute la grandeur de cœur et toute la femme qu'elle était et toutes les valeurs qu'elle t'a inculquées aujourd'hui qui font la femme que tu es. C'est que sans me connaître, juste Fatima lui a dit Ah, j'ai un ami qui a ça Elle a dit Ok, tu dis de faire ça, ci, ça, ça, ça, ça, ça, et ça va aller mieux Et je voulais vraiment lui rendre hommage dans la discussion. parce que ça montre toute la générosité toute la femme incroyable qu'elle était et qui tu es aujourd'hui en tout cas Fatima ça a été un plaisir de discuter avec toi un plaisir qu'on se pose parce que ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vu mais trop merci et puis en tout cas j'espère que tu as pris autant de plaisir que moi ah

  • Speaker #0

    bien sûr déjà moi j'aime parler,

  • Speaker #1

    j'aime encore plus parler avec toi c'est dommage on n'avait pas à manger je ferais mieux la prochaine fois Très mieux la prochaine fois. On se pose, on grignote et tout. En tout cas, ce que je retiendrai de cette discussion, c'est que tu es une femme inspirante. C'est que tu es quelqu'un qui n'a pas peur de faire bouger les choses. Tu vois ? C'est que tu es quelqu'un qui a des valeurs. Tu es quelqu'un qui aime consciemment l'autre, qui aime l'autre, qui aime donner aux autres. Et quand je dis donner, ce n'est pas forcément donner quelque chose de physique. Ça peut être par des conseils, ça peut être par la parole et tout. Et tu es surtout quelqu'un qui représente le Sénégal, qui représente l'Afrique en général, partout où tu vas. Et en tout cas, on te pousse à 10 000 de continuer à faire tout ce que tu fais. Je vous invite, la team incroyable. à aller voir si vous ne savez pas encore ce qu'elle fait ses réseaux allez voir les réseaux de Sofa2 c'est bientôt Noël si vous ne savez pas quoi offrir ou si vous ne savez pas quoi vous acheter prenez une petite tenue Sofa2 vous allez voir vous allez être frais frais comme ça si vous avez des mariages des événements frais la fraîcheur vraiment made in Sénégal made in Africa et voilà en tout cas tout le meilleur à toi merci la team incroyable d'avoir regardé ou d'avoir écouté l'épisode et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode Peace Allow me to reinduce myself, my name is Holt.

  • Speaker #0

    Holt Schultz.

Chapters

  • Introduction et accueil de Fatima Zahra Ba

    00:00

  • Présentation de Fatima et de son parcours

    01:35

  • Enfance et famille de Fatima à Dakar

    02:29

  • L'impact de l'éducation sur son parcours

    03:54

  • Éducation et créativité de Fatima à l'école

    09:48

  • Début de l'aventure entrepreneuriale de Sofatoo

    21:19

  • Lancement de la première collection et premiers succès

    23:25

  • Développement de la marque et défis rencontrés

    44:11

  • Valeurs et impact social de Sofatoo

    52:05

  • Vision future de Fatima et de Sofatoo

    01:29:29

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