- Speaker #0
On trouve à même le sol 25 enfants sur des matelas gonflables. En termes d'attel, ils avaient des rouleaux de sopalin qui mettaient ici. Et on se dit les gars, voilà, qu'est-ce qu'on fait ? On fait quoi ? On va vite fait à la boutique, on ramène trois sacs de riz, on fait la visite, on rentre. Ou vraiment on se lance dans un truc et on change la vie de ses enfants. Soir tu vas, tu fais des bisous à un enfant et le matin tu te lèves et il n'est pas là. On vient te réveiller dans ta chambre, on te dit ouais, on a réveillé pour le bain et il n'est pas là. Il ouvre le sac de sport, 31 000 euros. On a mis beaucoup de coeur et c'est pour ça que ça a réussi parce qu'en réalité si tu calcules statistiquement on n'avait aucune chance de finaliser ce projet.
- Speaker #1
Hello, hello les incroyaux, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien. Bienvenue dans un nouvel épisode du Off Show que vous nous écoutiez sur les plateformes d'écoute ou que vous nous regardiez sur YouTube. Installez-vous parce que vous êtes au bon endroit. Je reçois des personnes inspirantes, je reçois des personnes motivantes, des personnes qui sont dans le partage. Et aujourd'hui, mon invité résume ces trois mots. J'ai hâte de le vous... de vous le présenter. J'ai hâte moi-même de découvrir toute son histoire, tout son parcours et en tout cas, installez-vous confortablement parce qu'aujourd'hui, je reçois Quelqu'un qui est dans le social Quelqu'un qui prend soin des enfants De tous les enfants Il a créé une maison Qu'on appelle la maison des rois C'est quelqu'un d'impactant Quelqu'un d'inspirant Je reçois
- Speaker #0
Piro dans le ov-show Je reçois L'université, l'université. Ah ouais, t'es un DJ, hein ?
- Speaker #1
T'as vu ça ?
- Speaker #0
Sacré DJ.
- Speaker #1
C'est mon côté, mon ancienne vie, tu vois. Mon ancienne vie, quand j'étais dans les soirées et tout, il fallait que je ramène une petite touche un peu.
- Speaker #0
Je vois qu'il y a du talent.
- Speaker #1
Et ça permet de mettre mes invités, tu vois, dans l'ambiance, de sentir qu'on est à la maison, qu'on est détendu, qu'il n'y a pas de protocole ici. Tu vois, on peut faire des bruits à n'importe quel moment. Comment tu vas, Pyro ? Tu vas bien ?
- Speaker #0
Ça va très, très bien. Et toi ? En forme ? Ouais, super, super.
- Speaker #1
Merci d'avoir pris le temps de venir aujourd'hui parce qu'en plus... Il a eu une très, très grosse journée aujourd'hui. J'espère qu'il nous en parlera dans l'épisode. Merci d'être venu. Merci d'avoir répondu présent à mon invitation.
- Speaker #0
Merci à toi. Merci à toi de prendre le temps d'inviter ce genre de personnes qui sont dans le social. Et mille merci.
- Speaker #1
Ça me fait grand plaisir parce que Piro et moi, on ne se connaît pas. C'est la première fois qu'on se rencontre. C'est la première fois qu'on se voit. On se suit sur les réseaux. Moi, j'ai découvert son travail sur les réseaux. Comme je vous ai dit dans la présentation, c'est quelqu'un qui est dans le partage. C'est quelqu'un qui est dans l'inspiration, vraiment, quelqu'un qui est sur le terrain tous les jours, mais il va venir nous raconter tout ça. Et puis voilà, je vais te poser la question que je pose à tous mes invités, qui est la première question, qui est la plus dure, après tout ça se passe tranquillement, c'est aujourd'hui justement à quelqu'un qui ne te connaît pas, comment tu te présentes ? C'est marrant parce que tout le monde a la même réaction quand je pose cette question, c'est la question la plus dure.
- Speaker #0
Comment je me présente ? Je me présenterais comme une personne qui essaye de... Comme un petit colibri, j'essaye d'apporter moi ma pierre à l'édifice. Et je pense que c'est comme ça que je me présenterais.
- Speaker #1
C'est ce qui te définit le mieux ? Quelqu'un qui essaye de mettre sa pierre à l'édifice ?
- Speaker #0
Une petite personne dans tout ce grand monde qui essaye d'apporter une petite plus-value à ce monde.
- Speaker #1
Vous allez voir. il apporte des grandes prévalides il est humble mais il apporte des grandes prévalides on va aller étape par étape, toi d'abord Pyro tu n'es où ?
- Speaker #0
je suis né à Sartreville dans le 78 en région parisienne donc voilà je suis né à Sartreville c'est là bas où j'ai grandi c'est là bas où j'ai fait l'école, ma scolarité et c'est là bas où ma vie une grande partie en tout cas de ma vie a eu lieu Merci.
- Speaker #1
Et toi, tu es d'origine tunisienne, tu me disais.
- Speaker #0
C'est ça, mon papa et ma maman sont nés en Tunisie. Ok.
- Speaker #1
C'était comment ton enfance ?
- Speaker #0
Alors mon enfance, bon, j'étais un petit jeune de quartier qui vivait à Sartreville. Une scolarité, bon, assez compliquée. On ne va pas dire qu'on était les meilleurs.
- Speaker #1
T'inquiète, on a tous été un peu pareil.
- Speaker #0
Voilà, un enfant assez perturbateur, qui avait beaucoup d'énergie. donc voilà à 13 ans je perds ma maman ma maman décède suite à une longue période de maladie mon papa décide d'aller vivre en Tunisie à 15 ans Et en fait, je me retrouve à 15 ans en France. Ok, donc voilà, tout seul à essayer de vendre mes petites canettes et mes petits sandwichs pour payer justement le loyer.
- Speaker #1
Tu avais des frères et soeurs ou ?
- Speaker #0
Alors j'avais un petit frère, mais qui est parti. Lui, au moment, il avait trois ans, donc il est parti avec mon papa en Tunisie.
- Speaker #1
D'accord, donc toi, tu te retrouves tout seul en France. C'est ça, à 15 ans,
- Speaker #0
à 15 ans. Et donc voilà, on essaye de faire comme on peut, donc en vendant. nos canettes, nos hamburgers. Donc on est aussi pris en charge par les voisins, les anciens copains et copines de nos parents. Mais voilà, c'est une vie qui est assez, on va dire, mouvementée.
- Speaker #1
Ouais, ouais, ouais. Mais c'est intéressant que... Je trouve que c'est intéressant que tu me dises ça, parce que de toute façon, comme je dis, les gens vont apprendre à découvrir et à voir ce que tu fais. Mais je me dis que tu vois tous ces événements, tous ces éléments de vie, Merci. qui peuvent être perturbants pour un jeune, tu vois, et qui te responsabilisent très tôt, qui te font devenir adulte très tôt, font qu'aujourd'hui tu comprends, je pense encore mieux que tout le monde, la notion de solidarité, la notion d'avoir des gens qui sont autour de toi, qui te soutiennent, qui t'aident. Donc je pense que tous ces... ces petits éléments amènent forcément un peu plus à comprendre la personnalité que tu es aujourd'hui et l'amour du prochain que tu as au fond de toi.
- Speaker #0
C'est ça. Moi, je pense que en fait, on devient la personne une personne mais ça dépend en fait de toutes les péripéties et autres qui sont par lesquels on est passé qui nous rendent aujourd'hui qui on est ouais Mais voilà, en tout cas, moi, je regrette rien, ni le bon,
- Speaker #1
ni le mauvais, bien mauvais,
- Speaker #0
parce qu'aujourd'hui, c'est ce qui a fait de moi. Aujourd'hui, je suis. J'aurais peut être. Je serais pas peut être passé par là. Je serais pas qui je suis. J'aurais peut être pas fait aujourd'hui. Les actions dont je suis fier aujourd'hui d'avoir fait.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Et où tu épanouis aujourd'hui exactement carrément. Ouais, carrément.
- Speaker #1
Et donc, donc 15 ans, tu te retrouves seul. Mais est ce que tu te retrouves seul genre ? Dans un appartement ou est-ce que tu... Parce que c'est la France, donc tu pourrais être dans un système où tu te retrouves vraiment seul dans un appartement.
- Speaker #0
Je suis seul dans l'appartement, donc voilà, je vais à l'école le matin.
- Speaker #1
Ah mais tu continues d'aller à l'école ?
- Speaker #0
l'école ? Une année seulement.
- Speaker #1
Mais déjà, t'as eu le courage. Vraiment, t'as eu le courage parce qu'à 15 ans, continuer d'aller à l'école alors que t'es tout seul, t'as pas l'obligation des parents derrière qui te dit lève-toi, vas-y.
- Speaker #0
T'as plus personne qui te dit de ne pas y aller ou d'y aller. Donc, tu fais un peu ce que tu veux. Donc, au début, je m'accroche. Mais voilà, je craque au bout d'un an. Et au bout d'un an, j'arrête l'école.
- Speaker #1
Ok, et donc tu commences à travailler ?
- Speaker #0
À faire des petits boulots ? Voilà, c'est ça Je faisais les marchés, je faisais de la livraison. A l'époque, c'était sur des Fox. Mais je faisais vraiment des petits boulots.
- Speaker #1
De survie.
- Speaker #0
De survie, vraiment. On avait heureusement un loyer qui n'était pas très cher parce que mon papa m'avait laissé l'appartement dont il bénéficiait des APL. Donc, je ne payais pas très cher. Mais c'était quand même une somme assez conséquente pour un enfant de 15 ans.
- Speaker #1
Tu es courageux mon frère.
- Speaker #0
C'est gentil.
- Speaker #1
Là, tu es un bonhomme parce qu'à 15 ans, être tout seul comme ça, il y a très peu de gens qui auraient réussi à le faire.
- Speaker #0
Moi, je dis que j'étais forcé à le faire. Je n'avais pas le choix de le faire ou pas. C'était là et tu ne pouvais pas faire autrement.
- Speaker #1
Donc, 15 ans, tu te retrouves seul. Moi, ma question, c'est... Comment tu établis ton premier contact avec le Sénégal ? Parce que, comme tu as dit, tu es d'origine tunisienne. Aujourd'hui, tu es au Sénégal, tu vis au Sénégal. Depuis combien de temps tu es au Sénégal maintenant ? Là,
- Speaker #0
je suis depuis 15 mois.
- Speaker #1
Depuis 15 mois, tu es au Sénégal, tu es installé au Sénégal. Comment tu arrives ici ?
- Speaker #0
Alors nous, à la base, avant d'être cette association qui s'appelle les Grands Frères et Sœurs, on est une bande de copains qui agit en France sur des maraudes, sur des fêtes de quartier. Pendant la canicule, on amène des packs d'eau. Pendant le Covid, on ramenait des paniers repas au personnel hospitalier qui était au front à ce moment. Et puis en fait, ça nous tombe dessus, un voyage humanitaire pour faire un forage au Sénégal.
- Speaker #1
D'accord. Alors attends, excuse-moi de t'interrompre, parce que c'est peut-être moi alors qui ai sauté des étapes. Parce que ça veut dire que tu es déjà dans l'impact social en France.
- Speaker #0
Oui, depuis mes 17 ans, j'ai démarré.
- Speaker #1
Tu rentres dedans comment ?
- Speaker #0
En fait, on est une bande de copains qui commençons à distribuer des bouteilles d'eau. Et puis ça augmente, on commence à distribuer des sandwiches. Et ensuite, c'est des repas, après c'est des repas complets, desserts, boissons, bouteilles d'eau. Et au fur et à mesure qu'on grossissait comme ça, ça nous est tombé dessus comme ça. Moi, je travaillais au Dennis Burger, dans une sandwicherie qui est à Sartre-Rouven. je suis à la caisse et une association vient nous solliciter et nous dit la présidente elle nous dit que elle a les fonds pour faire un forage au Sénégal mais que tous ses bénévoles ne veulent plus y aller car les prix des billets sont chers et on lui dit donc on y va quand ? elle nous dit on part dans une semaine et je me retourne dans la cuisine j'ai dit les gars on va au Sénégal ou c'est comment ? Ils me disent, vas-y, on y va, on va faire un forage. Ça a toujours été mon rêve. C'est un truc que j'ai toujours voulu faire. Et on se lance dans le projet comme ça. On part, mais en mode plus, on vient en soutien. Oui,
- Speaker #1
il y a déjà quelque chose qui est là, une entité qui est là. Vous venez juste leur donner un coup de main un certain temps.
- Speaker #0
Et après, vous repartez. Et on repart. Mais en fait, durant ce voyage, Donc il y a notre guide qui est là, qui nous emmène de village en village, qui nous sert de traducteur et tout. Et il tient absolument pendant une semaine, il nous dit il faut que vous alliez voir des enfants, il faut que vous alliez voir des enfants. Et moi je pensais en fait qu'il nous parlait des enfants talibés, mais qu'on avait déjà vu au Sénégal, pour lesquels on avait déjà mené des opérations. Mais je ne comprenais pas pourquoi il insistait. Et j'ai compris la veille... de notre départ. Parce que la veille de notre départ, justement, on arrive dans cette ville qui s'appelle Pout, dans ce centre, là où on trouve, à même le sol, 25 enfants, sur des matelas gonflables. En termes d'attel, ils avaient des rouleaux de sopalin qui mettaient ici. Et on arrive, en fait, c'est la saison des pluies, on est en octobre, novembre, il y a des infiltrations sur le toit, dans tous les sens. On arrive au moment du bain, on voit tous ces enfants dans des bassines, alors que ces enfants ont beaucoup de mal à se tenir, et on les voit dans le sable. ces conditions-là qui étaient pour nous, petits Français qui arrivons de notre banlieue, des conditions...
- Speaker #1
Invivables. Pour toi, quand tu arrives, forcément, c'est invivable.
- Speaker #0
C'est ça. Donc nous, ce qui se passe, c'est qu'on est trois, et en fait, les trois, on sort. On sort du centre pour aller se cacher et pleurer. Mais on choisit la même cachette. Donc on se retrouve au même endroit, trois grands gaillards, la cité, la cité, mais là ils venaient de nous mettre une gifle. Et on se dit les gars, voilà, qu'est-ce qu'on fait ? On fait quoi ? On va vite fait à la boutique, on ramène trois sacs de riz, on fait la visite, on rentre. où vraiment on se lance dans un truc et on change la vie de ses enfants.
- Speaker #1
Ah ouais, c'est le premier truc qui vous vient direct.
- Speaker #0
C'est ça. Et là où on pleure, il y a un terrain, ce n'est pas celui-là qu'on a pris finalement, mais on se regarde et on se dit, mais si on achète ce terrain et qu'on construit une maison, d'accord. Tu penses que c'est combien ? 50 000 ? Comme ça, tu as des trucs, mais vraiment une discussion lambda qui commence comme ça. Et quand on rentre, on re-rentre dans le centre, on continue à pleurer, on est mal, on n'est pas bien, on rentre, on n'est pas bien, ça y est. Et quand on rentre en France, moi, j'arrive plus à vivre, mais j'arrive plus à penser à autre chose qu'eux. C'est-à-dire que je reprends mon travail au Délims. Mais en fait, les gens, ils me parlent, je ne suis plus avec eux. Tu vois, on me parle de vacances, je ne le comprends même plus. Il me parle de sa nouvelle paire de baskets. Je n'arrive plus à même écouter ce genre de discours. Parce qu'en fait, je compare tout.
- Speaker #1
Bien sûr, le décalage entre ce que tu as vu et ces enfants qui sont dans cette pièce, qui vivent ça au quotidien. Et ce quotidien... De paraître, tu étais en décalage.
- Speaker #0
Oui, j'étais en décalage. En fait, quand je voyais que, quand on savait que la dame qui s'occupait de ses enfants, elle allait mendier le matin sur la route nationale pour avoir quelque chose avant midi, aller au marché et cuisiner pour ses enfants. Quand on s'imaginait ce parcours du combattant que cette dame-là faisait à partir de la prière du matin, et que nous, en fait, on était en France et on vivait comme des rois, j'arrivais plus, en fait. Je me sentais lâche, je me sentais hypocrite. Tu vois, je me disais, en fait, c'est qu'un hypocrite, ouais, ça t'a touché, mais regarde, t'as repris ta vie. En fait, ça te touche pas tant que ça. Et de là, en fait, j'ai dit à mon patron, moi, je sais, je peux plus.
- Speaker #1
La question que je voulais te poser, les deux amis avec qui tu viens, Est-ce qu'eux, ils étaient sénégalais ? Ou pareil, eux aussi, ils ne connaissaient pas du tout le Sénégal ?
- Speaker #0
Rien à voir. Un Marocain, un Algérien. Ok. Enfin, rien à voir. Oui.
- Speaker #1
Voilà. En tout cas, ils n'étaient jamais venus au Sénégal. Ils ne connaissaient pas le pays, tout ça. Et cette pièce que vous voyez, donc en fait, c'est une dame qui s'occupait de ces enfants-là. Et c'est des enfants qui ont des défaillances moteurs,
- Speaker #0
c'est ça ? Ouais, motrices et cérébrales.
- Speaker #1
Motrices et cérébrales. Et en fait, elle, elle les recueillait ?
- Speaker #0
Elle est recueillie en fait au L. Comment elle a commencé ? Elle a commencé en fait par le biais d'une dame et une maman d'un enfant IMC en Belgique. Et cette dame-là...
- Speaker #1
IMC pour les gens qui ne savent pas ce que ça veut dire ?
- Speaker #0
C'est ça, c'est une infirmité motrice et cérébrale. D'accord. C'est l'handicap dont 80% des enfants qu'on accueille sont atteints de cet handicap. et donc cette dame elle vient au Sénégal pour former des gens à ces pratiques-là, à comment, si tu croises un enfant comme ça, comment...
- Speaker #1
Tu peux le soulager,
- Speaker #0
l'accompagner. Sur des choses simples, comment manger, comment s'allonger, il y a plein de choses qui jouent sur différentes choses, comme la respiration, pas mal de choses. Et cette dame,
- Speaker #1
c'était une belge ou une sénégalaise ?
- Speaker #0
La dame qui vient, c'est une belge. Ok, d'accord. C'est une belge qui vient et qui forme cette...
- Speaker #1
Cette dame que vous vous rencontrez.
- Speaker #0
Voilà. D'accord. Comme ça... Maman Hawa et cette dame là elle s'occupe de ces enfants là et nous quand on arrive on rencontre Hawa qui gère tous ces enfants là toute seule et quand elle nous explique par où elle passe comment elle fait en fait on se dit mais moi je suis sur cette terre mais en fait je fais quoi je fais quoi pour l'autre ? Et en réalité, c'est là où moi, en tout cas, ma vie après un tournant, je ne m'en rendais pas encore compte à ce moment-là, mais c'est là où vraiment je me dis qu'il faut que je trouve un sens à ma vie. En réalité, aujourd'hui, je vis, mais je vis comme un robot. Je me réveille, je dors, je mange, je bois, je vais au travail. C'est une routine qui est devenue habituelle et et et dans laquelle je trouve aucun sens et je suis pas du tout épanoui. Et moi je garde une phrase de l'école, c'est qu'ils nous ont dit en gros vivez heureux. Et c'est là où je me suis dit il faut que je vive heureux et pour vivre heureux il faut que je fasse des choses qui me plaisent. Et ça c'était un projet. pour lequel j'étais prêt à me battre jour et nuit, et pour lequel on s'est battus jour et nuit.
- Speaker #1
Et pour lequel tu te bats encore aujourd'hui jour et nuit.
- Speaker #0
C'est ça, en fait, c'est quelque chose qui m'a animé. On était animé par toutes ces causes sociales, par ces notions.
- Speaker #1
Là, ça venait de prendre des... Comme tu as dit, certes tu étais dans le social, dans l'aide en France pendant les périodes de Covid, de forte chaleur et autres et tout, mais je pense que la manière dont tu le racontes là, la claque que tu prends est incomparable à tout ce que tu as pu vivre ou voir.
- Speaker #0
C'est ça, c'est ça. Et en fait, on dirait que tous les jours, c'est un nouveau jour. C'est le premier jour, je veux dire. Même le jour d'aujourd'hui. des fois je me dis mon coeur il va un peu s'endurcir parce que je vis là je vois certaines choses mais tous les jours c'est dur je n'imagine même pas on a des décès le soir tu vas tu fais des bisous à un enfant et le matin tu te lèves et il est pas là on vient te réveiller dans ta chambre on te dit ouais on a réveillé pour le bain Voilà. Et toi, tu venais de lui faire un bisou, tu vois. Il dit bonjour. Tu vois, il y a des choses, en fait, que tu vis, que... Quoi qu'il en soit, quoi qu'il arrive, tous les jours, ça sera dur.
- Speaker #1
Ouais. Mais en même temps, tu vois, il y a les sourires aussi. il y a les sourires il y a ce jeune garçon à qui vous avez fait une chambre aux couleurs du FC Barcelone on voit sa joie quand il découvre même dans la vidéo je me rappelle il y a quelqu'un qui lui fait la blague tu vas supporter le Real et tu vois qu'il a ce côté taquin, il fait une blague pour rigoler c'est sûr que ça doit être une vie même je t'en parle, j'ai la chair de poule mais ça doit être 2. Les difficultés doivent être énormes, mais les petites victoires doivent être tellement aussi énormes. Ce sont des victoires qui peuvent paraître petites pour le grand public. Mais pour vous qui côtoyez ces enfants au jour le jour, ne serait-ce que voir une progression dans la marche, une progression dans l'élocution, ou même dans le côté manuel, ça doit être pour vous des victoires qu'on ne peut même pas quantifier.
- Speaker #0
Clairement. Nous, comme je dis aujourd'hui, je le dis à beaucoup de personnes, moi si ça doit s'arrêter ici, j'ai déjà gagné. Quand je dis ça, ce n'est pas par prétention ou quoi, c'est qu'on a déjà eu du résultat. Il y a déjà eu des enfants qui se sont levés pour la première fois dans le centre, qui ont marché pour la première fois dans le centre, qui ont tenu une cuillère et qui mangent aujourd'hui tout seuls grâce à la rééducation qui a été faite au centre. Et aujourd'hui, nous, on travaille pour ça. C'est pour du résultat. Et c'est... c'est ce qui nous anime c'est ce qui nous motive en fait c'est le résultat qu'il y a derrière tout ça et aujourd'hui on en a en même pas un an comme je dis moi de bas je suis dans un grec je travaille au Délim c'est à dire que moi je coupe des tomates, je coupe de la salade mais me parler de psychomotricité me parler de sensoriel de tout ça là c'est nouveau pour moi toi t'es à des milliers d'années de lumière de ce monde là Moi déjà depuis... base, j'ai peur d'aller au médecin. J'aime pas aller au médecin. Moi j'ai peur, j'ai peur, je veux pas. Il va m'annoncer un truc, annonce-moi rien, tout va bien, tranquille. Et donc là, je suis amené à parler avec des médecins, à faire des réunions avec des médecins. Tu vois, c'est une nouvelle vie. C'est une nouvelle vie que j'ai choisie.
- Speaker #1
Cette nouvelle vie, parce que tu dis, quand tu viens avec tes deux amis au Sénégal, on est à quelle période ?
- Speaker #0
On est fin 2019.
- Speaker #1
Fin 2019, d'accord. Tu rentres en France, complètement déconnecté parce que tu ne te reconnais plus dans le quotidien que tu vis,
- Speaker #0
en France,
- Speaker #1
donc fin 2019. Aujourd'hui, on est en 2025. Tu dis que ça fait 15 mois que là, tu es installé ici, que le projet est à 100% dessus. Qu'est-ce qui se passe entre ce fin 2019 et le moment où tu arrives pour venir t'installer ? Qu'est-ce qui se passe ? Donc, ça veut dire que tu es arrivé il y a quoi ? Il y a un an et demi à peu près ?
- Speaker #0
C'est ça, je suis arrivé juin.
- Speaker #1
Juin 2024 ? Oui, c'est ça. Ok. Entre fin 2019 et juin 2024. Parce que là, t'es touché. On sent que tu le dis, tu n'as que ça dans la tête. T'as que ça dans le cœur. Qu'est-ce qui se passe dans ces 4-5 ans avant que t'arrives ici ?
- Speaker #0
Il y a 10 vies. Il y a 10 vies qui se sont écoulées dans ces 5 ans. Il y a tellement de choses. Il y a tellement eu de rebondissements. Ça a été les montagnes russes. Vraiment. En fait, on rentre. Déjà, va expliquer toi à tes potes que tu veux te lancer dans dans un projet de construire un centre médical au Sénégal alors que toi t'es Pierrot qui vend des hamburgers, qui vend des Big Mac et des Giants tu vois, déjà juste rentrer ça dans la tête des gens mettre dans la tête des gens que c'est possible ça a été un travail de longue haleine parce que déjà Pour leur faire comprendre qu'on va aller sur un projet au Sénégal, ça a été quelque chose. Pour leur dire qu'on fait un centre médical, ça a été autre chose. Et ensuite, pour le piloter, la gestion, c'est quelque chose aussi, sur les projets, on pense... pense pas forcément au début, mais c'est un volet qui est primordial. Bien sûr,
- Speaker #1
parce que si tu ne sais pas gérer une fois que c'est construit, t'as construit pour rien. Donc il faut que tu apprennes tout ce côté gestion, il faut que t'apprennes tout ce côté organisation financière et autres pour pouvoir ne pas abandonner ses enfants, parce que à la fin de la journée, t'es responsable de ses enfants. Et moi, ce que je trouve qui est très intéressant dans ce que tu dis, c'est que Merci. 4 ans de vie, 4-5 ans de vie, tu aurais pu abandonner. Parce que tu vois, on peut comprendre que tu es la gifle quand tu reviens. On peut comprendre que tu as l'émotion, tu es ému. Première semaine. La deuxième semaine, tu es encore ému, tu y repenses, tu te dis, ouais, les pauvres enfants. Un mois que tu n'es plus au Sénégal, bon, c'est dans ma tête, oui, il faut que je le fasse, mais il faut que je paye, tu vois ? Tu aurais pu... Avoir cette idée, avoir cette envie, te dire je veux le faire et que la vie te rattrape. Ta vie de France te rattrape. Et que tu dises ok, je vais le faire mais je dois d'abord gérer ça. Et moi ce que je trouve qui est inspirant et tu peux nous expliquer comment t'as réussi à maintenir ça et à faire ça, c'est que pendant 4 ans, 5 ans, cette idée te lâche pas.
- Speaker #0
Tu vois ?
- Speaker #1
Et surtout que comme tu dis, t'en parles à des gens... qui doivent te regarder et demander, vas-y, Pyrrho est dans son délire, il nous dit qu'il veut aller faire son truc au Sénégal, il connaît quoi au Sénégal, vas-y, laisse-le, serre-moi un grec, tu vois, tu dois avoir des réactions, tu dois avoir même majoritairement des réactions comme ça, que des gens qui te disent, ah ouais, c'est quoi ton projet, vas-y, parle-moi-en, je veux t'aider, comment on peut faire ? Donc comment tu fais pour garder, pendant ces 4-5 ans, cette motivation, de dire, j'abandonne pas ce projet ?
- Speaker #0
Alors... Au début, ça a été, comme tu as expliqué, l'émotion. Ce qui a été bien, c'est que j'ai vu ça, mais je ne l'ai pas vu tout seul. On était trois. Déjà, j'avais deux ambassadeurs avec moi qui pouvaient témoigner et qui pouvaient, eux aussi, dans leur entourage, aller prêcher. Au début, on s'est lancé avec notre petit cercle très restreint. d'amis. Alhamdoulilah, aujourd'hui, j'ai beaucoup d'amis qui ont entrepris. Quand je dis entrepris, ce n'est pas des sociétés qui...
- Speaker #1
Oui, mais chacun a son petit truc.
- Speaker #0
Ils ont des petits restaurants, des petites sociétés de fibres, des choses comme ça. Et c'est eux, à la base, qu'on a lessivé. Au début, on est partis gratter eux et leur demander à chaque fois... On a organisé un tournoi de foot dans lequel c'est une idée aussi pour les autres associations qui nous écoutent. On organisait un tournoi de foot dans lequel on invitait les sociétés à venir s'inscrire. Ces sociétés-là participaient à hauteur de 1000 euros. Mais qui étaient dédiées de leurs impôts, en réalité, ils ne donnaient que 333 euros. Et ça leur permettait d'avoir une visibilité, participer à une action sociale, et en plus de ça, un match de foot dans lequel leurs salariés joueraient. Bien sûr,
- Speaker #1
ça fait cohésion d'équipe.
- Speaker #0
On l'a fait sur trois éditions, ça a très bien marché. À chaque fois, on a rempli les 16 équipes. Ce qui a été bien, c'est que ce tournoi-là a vite été fait et on a pu acheter le terrain.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Et quand les gens ont vu qu'on a acheté le terrain, au bout d'un an, là, ils se sont dit qu'il y a quelque chose.
- Speaker #1
Ok, donc entre le moment où tu rentres du Sénégal, un an après, vous avez mis des choses en place équivalent. qui vous permettent déjà de faire cette première étape d'acheter le terrain au Sénégal. Et j'imagine qu'entre-temps, vous continuez à échanger avec Awa.
- Speaker #0
Ah oui, clairement.
- Speaker #1
Régulièrement.
- Speaker #0
C'est ça. On échange avec elle. Je lui dis Awa, t'inquiète pas, ça y est, je suis avec toi. Mais elle ne me croit pas. Elle ne me croyait pas à ce moment-là.
- Speaker #1
Mais bien sûr. J'en ai vu tellement des gens passer, nous faire des promesses.
- Speaker #0
Exactement. Et moi, par exemple, là, je te dis que je me suis installé en juin, mais moi, j'étais venu en mai pour finaliser les derniers détails et tout. Et en fait, quand je repars, elle pense que je ne vais pas revenir.
- Speaker #1
Ok, on met donc de il y a un an et demi ?
- Speaker #0
Il y a un an et demi, voilà. En fait, jusqu'à la dernière seconde, elle pense que ce n'est pas possible que quelqu'un lâche la France et vienne habiter à Poutres pour les enfants.
- Speaker #1
Parce qu'entre les quatre ans, là... Comme tu dis, tu es revenu il y a un an et demi avant de revenir t'installer définitivement. Est-ce que tu reviens dans ces quatre ans-là ?
- Speaker #0
Non, je jure.
- Speaker #1
Donc en plus, Awad ne te revoit pas pendant trois ans presque ?
- Speaker #0
J'envoie l'association, j'envoie des équipes de bénévoles. Mais moi, je jure en fait que je reviendrai seulement une fois que le bâtiment serait construit.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Et je me mets en fait cette matrix pour justement me mettre au pied du mur. Si tu veux aller revoir ces enfants construits.
- Speaker #1
Ok. Donc un an après, tu es revenu. Vous mettez des actions en place, vous achetez un terrain.
- Speaker #0
Voilà. C'est ça. Alors, on achète le terrain, les gens nous écoutent un peu plus.
- Speaker #1
Parce que là, ça devient concret. Vous leur montrez qu'on a mis en place ça.
- Speaker #0
Voilà. Et là où ça prend un coup de boost... C'est lorsqu'on commence à poser les premières pierres. Quand on a des images à montrer que ça y est, il y a des trous, il y a des fondations, ça y est, ça commence à prendre forme, les gars. Et on voit la taille du terrain et tout. Et donc là, ça y est, les gens, ils se disent, bon, c'est bon, ça y est, c'est parti, on y croit.
- Speaker #1
Ils ne nous ont pas raconté des histoires.
- Speaker #0
Ils nous l'ont dit, mot pour mot. On ne croyait pas en toi, Pyrrho, mais franchement, chapeau. on ne pensait pas que vous alliez aller jusqu'au bout. Et d'autant plus que là, quand on a vraiment...
- Speaker #1
Ah oui, je n'imagine pas l'ouverture.
- Speaker #0
Vraiment, voilà. Mais à ce moment-là, on n'avait pas beaucoup de soutien, et on commence à en avoir. On commence à nous écouter. Et quand on met les premières pierres, ça y est. Là, vraiment, on sent qu'on passe un nouveau step et que les gens, vraiment, ils nous... Ils nous prennent au sérieux.
- Speaker #1
Et vous trois, comment vous vous sentez quand vous vous dites que ça y est, on a acheté le terrain ? Comment vous vous sentez quand vous vous dites... Ben justement, cette première étape de la réalisation de cette idée qu'on a eue quand on a pleuré tous les trois, même si ce n'est pas le terrain qu'on a pointé, c'est un terrain un peu plus loin, comment vous vous sentez tous les trois quand vous dites que ça a été un peu plus loin ? ça y est, la machine est lancée pour de vrai ?
- Speaker #0
Je pense qu'à ce moment-là, nous, on ne réalise pas encore. Je ne pense pas qu'on réalise. En tout cas, je n'ai pas le souvenir que ça nous a fait quelque chose en particulier. On était tellement tête baissée.
- Speaker #1
C'est qu'une étape, il y a tellement de choses à faire encore.
- Speaker #0
On voyait déjà là-bas, on voyait déjà quand ça va être construit. Et pour nous, c'était une urgence de construire. Il fallait absolument qu'on sorte ces enfants de ces conditions. Et on n'avait pas le temps, en fait, de... Je sais pas...
- Speaker #1
Ouais, t'as pas le temps de... Entre guillemets, de...
- Speaker #0
De te réjouir.
- Speaker #1
Ouais, de te réjouir.
- Speaker #0
Il y a trop de choses à faire. T'as rien fait encore. Rien fait. Et c'est un truc qu'on a gardé jusqu'à aujourd'hui. Pour moi, encore, j'ai rien fait. J'ai rien fait parce qu'aujourd'hui, on reçoit des messages et des appels de tout le Sénégal. Certes, oui, on a... On a fait quelque chose pour ses enfants.
- Speaker #1
Mais il y a encore tellement de besoins.
- Speaker #0
Aujourd'hui, tu ne peux pas te dire que tu as fait quelque chose.
- Speaker #1
Vous achetez le terrain. Entre le moment où vous achetez le terrain et les premières briques maintenant se mettent en place, ça prend combien de temps aussi ?
- Speaker #0
On met... 8-9 mois 9 mois à poser les premières et on a le premier budget pour les fondations parce que comme d'hab nous ce projet on l'a tout fait à l'envers mais vous l'avez fait avec le coeur, c'est ça le plus important la meilleure des fondations c'est que on a mis beaucoup de coeur et c'est pour ça que ça a réussi parce qu'en réalité si tu calcules statistiquement on avait aucune chance de finaliser ce projet Nous, de base, on dit aux gens, il nous faut 50 000 euros. D'accord. Mais comme ça.
- Speaker #1
Sans avoir fait de... Rien. Il n'y a pas eu d'architecte qui est venu, il n'y a pas eu de... Rien.
- Speaker #0
On est en Afrique, 50 000 euros,
- Speaker #1
on peut construire.
- Speaker #0
Donc nous, on dit ça aux gens et tout ça, on arrive aux 50 000 euros et que vraiment, ça y est, on lance les démarches, architectes, pour vérifier. On tombe sur des devis à 200, 250, 300. Et là, on se dit, mais attends, mais comment on va faire ? Là, déjà 50. On a mis 200. Mais comment on va faire là pour récolter tout le reste ? Et de là, on se relance. On se relance comme ça. Il n'y a pas le choix. Ça y est, là, on a 50.
- Speaker #1
On n'y croyait pas déjà qu'on puisse avoir 50. Là, on a 50.
- Speaker #0
Et nous, au tout début du projet, on se dit, on lance le truc. Même si ce n'est pas nous qui inaugurons, ce n'est pas grave, ce sera nos enfants, ce sera nos petits-enfants. Mais on laisse cet héritage-là à nos enfants. Ils se disent que voilà, s'ils veulent nous honorer, qu'ils continuent le boulot qu'on a commencé.
- Speaker #1
Ok, donc dans votre tête, à vous, vous aviez déjà envisagé cette possibilité au cas où on n'arrive pas... à construire la maison, on va continuer. Tant qu'on a le souffle de vie, on va continuer. Et même si on ne la finit pas, ça sera notre relève qui continuera. Mais ce projet prendra vie.
- Speaker #0
Pour nous, on est persuadés que ce n'est pas nous qui allons le faire. D'accord. c'est impossible. Surtout quand là, on nous dit 250, 300, on dit ça y est, c'est pas grave, on va faire notre partie. Et nos enfants, ils prendront le reste, ils feront le reste.
- Speaker #1
Mais vous abandonnez pas. Pour moi, c'est ça qui est important, que je veux que les gens qui nous écoutent et qui nous regardent qu'ils retiennent, c'est ça. Malgré ce nouveau bâton dans les roues, où beaucoup auraient baissé les bras, vous ne prenez pas ça comme un bâton dans les roues, vous prenez ça, ok. C'est un changement dans le calendrier, mais le calendrier continue.
- Speaker #0
C'est ça, mais en fait, à ce moment-là, on ne peut pas, on ne peut plus. Déjà, dès le premier jour, on ne pouvait plus, mais là, encore plus. Déjà, là, tu as pris l'argent des gens. Tu as pris une MNA, c'est quelque chose qui est sacré. et deuxièmement Ça y est, t'as dit à Awa, je vais revenir t'aider. C'est-à-dire qu'elle, ça y est, même si elle n'y croit pas et que c'est un rêve et qu'aujourd'hui, il est devenu réalité, mais à ce moment-là, en fait, moi, j'ai trop de poids sur les épaules pour me dire... je peux pas abandonner à avoir les enfants c'est impossible, c'est mes enfants je les ai adoptés, c'est à moi tu peux pas abandonner tes enfants c'est la même chose, c'est à dire que je me suis dit non, on va le faire ce sera certainement peut-être pas nous qui allons voir le fruit de notre travail mais on l'aura fait et Dieu il a décidé autrement 4 ans après Je suis là, à la tête d'un centre qui accueille des enfants atteints de handicap, qui emploie 32 personnes, qui... Tu vois, aujourd'hui, il tient des programmes. Aujourd'hui, on a une journée de consultation gratuite. Des dermatologues, des dentistes, c'est des enfants qui, de base, sont stigmatisés. Ils sont, dans ces villages-là, pas forcément invités. Et aujourd'hui, dans le village... Tout le monde veut mettre son enfant là-bas. Qu'il soit à ta handicap ou pas, ils veulent qu'il va là-bas. Parce que ça y est, on a cassé ce truc-là. Et heureusement, parce que c'était super important. Mais donc,
- Speaker #1
comment vous faites, justement, pour réussir ce challenge-là en si peu de temps ? Tu vois, de continuer à... à aller chercher cet argent-là pour mettre en place ce projet. Comment vous faites ?
- Speaker #0
Le travail. Parce que je pense qu'il n'y a pas de réussite sans travail. Il faut être un acharné. Et on l'a été. On l'a été des nuits blanches, des insomnies de malade. Parce que nous, ce qu'on a fait aussi, c'est que l'entrepreneur qu'on a trouvé ici, ce qu'on a fait, c'est que nous, on n'a pas attendu d'avoir la somme pour lui dire tiens, vas-y, construis. On lui envoyait par billet 10 000, 20 000, 15 000. Et en réalité, lui, quand il avait pu, il nous appelait. Allô, alors, c'est comment ? Alors, c'est comment ? Et donc, toi, pression. Il faut que tu trouves une solution, parce que lui, de l'autre côté, son chantier, il ne faut pas qu'il s'arrête. Et donc, voilà, c'était que des moments de stress, des moments de... Mais il y a eu des moments de délivrance. Il y a eu des choses que, voilà... t'es pas croyant tu dis franchement on est passé par des moments de doute mais est ce que tu peux nous raconter un moment où qui t'a marqué justement ou de doutes et où elle m'a une solution est venue et vous avez dit ya là si c'est pas dieu c'est quoi enfin de la construction Fin de la construction du bâtiment. Il nous manque 30 000 euros pour les finitions. J'ai lessivé tout le monde. Ça y est, ça fait 4 ans, ils ont tous écrit sur leur téléphone l'info chose.
- Speaker #1
Tu vas à Sartreville, tu dis vous connaissez Pio ? Ah non, non, non !
- Speaker #0
Ils ne veulent pas entendre parler de moi. Mais bon, aujourd'hui ils sont contents parce qu'ils me disent merci de m'avoir fait participer à un projet comme ça. Au début, il n'y a rien là-bas. Ils me détestaient, ils changeaient trop. Mais ce que je comprenais.
- Speaker #1
Mais bien sûr.
- Speaker #0
En fait, c'était tous les mois, c'était toutes les semaines. Eh, done, done, done, done. Je marchais avec ma tirelire accrochée à la taille. J'ai fait du porte-à-porte. On a tout fait. On a vendu des gâteaux. On a vendu des dates. On a vendu des t-shirts. On a vendu... On a fait les feux rouges. On a fait les sorties de mosquées, les marchés, les sorties d'églises. Eh, on est parti là où il y avait un eau.
- Speaker #1
Et vous, t'as réussi à mobiliser combien de personnes qui vous accompagnaient pour essayer de justement... Le WC, parce que là, j'imagine que vous n'êtes plus que tous les trois. Il y a d'autres gens qui vous aident.
- Speaker #0
Non, sur le projet, il y a toute la cité. Il y a tout le quartier du plus petit qui comprend à peine jusqu'aux vieillards.
- Speaker #1
Incroyable.
- Speaker #0
Tout le monde est investi dans le projet.
- Speaker #1
Incroyable.
- Speaker #0
En nous cuisinant des gâteaux qu'on va revendre. En tout cas, ils vont faire quelque chose pour le projet.
- Speaker #1
Incroyable.
- Speaker #0
Tout le monde. C'est le projet du peuple. C'est pour ça que nous on dit que ce projet a été fait par nous, pour nous. Et aujourd'hui, on n'a pas de subvention, même durant le projet, on n'a pas eu de subvention d'État, ni de région, ni de mairie, ni de rien du tout. Ça a été fait avec le peuple. Rien que le peuple. Incroyable. Tu vois ?
- Speaker #1
Et donc, tu disais, les fondations, il vous manquait 30 000 euros.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Les finitions, pardon.
- Speaker #0
Dinguerie. Finition, il nous manque 30 000 euros. Le frère qui s'occupe de la construction, il marcelle. Ça fait deux mois, je n'arrive plus à lever un euro. Je n'arrive plus. Mais vraiment, je fais tout, tout, tout, je n'arrive pas. Il me manque 31 000 euros exactement. Ramadan, l'heure de couper le jeûne. Moi, je rentre un peu plus tôt parce que je suis tout seul, donc moi, je dois préparer. Mon ami m'appelle, il me dit « Ouais, descends. » Je lui dis « Ouais, toi, rentre chez toi, il y a ta mère, il y a ton père. Tu vas arriver, tu vas mettre les pieds sous la table. Moi, j'ai quand même une préparation à faire. » Il dit « Non, non, descends, j'ai une bonne nouvelle pour toi et tout. » Je dis « Non, non, descends, j'ai une bonne nouvelle pour toi et tout. » Le problème, c'est quoi ça ? Je descends, je le vois arriver avec un sac de sport. Il ouvre le sac de sport, 31 000 euros. Il ne sait pas que moi, il manque 31 000 euros. Il ne le sait pas ? Il ne le sait pas, personne ne sait. Moi je demande, mais je ne dis pas qu'il me manque 31 000. Je dis qu'il manque de l'argent, pour ne pas leur faire peur.
- Speaker #1
Parce que si dès le début je leur ai dit la somme,
- Speaker #0
ils m'auraient tué. Mais il arrive avec 31 000 euros, en espèces comme ça. Il me dit tiens, c'est la zakat d'un groupe de frères. Ce groupe de frères-là, ils choisissent un projet chaque année. Et ton projet, il est éligible, donc ils te donnent la zakat. God, dude ! What ? Voilà ! Allah ou Akbar ? Ce jour-là, là. Non.
- Speaker #1
Allah ou Akbar ?
- Speaker #0
Je ne suis pas sorcier. Tu sais, quand je suis rentré, là, je suis remonté pour couper le gel et tout. Je ne suis plus sorcier. Il m'a scié les jambes.
- Speaker #1
Non, mais même moi, tu me racontes ça. Tu vois, ma bouche, elle est comme ça.
- Speaker #0
Il m'a scié les jambes.
- Speaker #1
J'imagine pas ton cœur, ta tête.
- Speaker #0
Ça y est, dans ma tête, là, je suis chez moi. Et je me dis, le bâtiment, il est fini. Ça y est.
- Speaker #1
Et en plus, la somme exacte.
- Speaker #0
Exactement comme s'il l'entendait, comme s'il m'a entendu. Mais ça, si c'est pas Dieu.
- Speaker #1
Si c'est pas Dieu, c'est qui ?
- Speaker #0
Ça peut pas. Il n'y a pas d'autre réponse à ça. Ah, j'aurais voulu te voir ce soir-là. J'étais chez moi, mais comme un malade mental, en train de pleurer comme un bébé. Ça y est, on a fini le projet.
- Speaker #1
Et tes amis avec qui tu étais parti, tu les appelles pour leur dire ?
- Speaker #0
Oui, je les appelle. Je suis sûr qu'ils ne te croient pas. Non, ils ne me croient pas. On ne me croit pas. Donc je les appelle, tout ça. Je leur dis, les gars, on nous a ramené 31 000 euros, la somme exacte qui nous manquait pour le bâtiment. Arrête tes conneries, toi. Tu aimes bien nous faire des blagues ? Les gars, là, je vous parle sérieux. Vidéo, je le renvoie. Non, ce jour-là, là. Aïe, Il y a ce jour-là et le jour où on a fini chez Nasdaq pour... Nasdaq, c'est un influenceur en France. Donc on a pris les vélos, on a craqué... Parce que là, on a récolté pour le bâtiment. Mais maintenant, il faut l'équiper. Donc l'équipement aussi nous coûte de l'argent, il nous est 80 000 euros.
- Speaker #1
Bien sûr, parce que c'est de l'équipement médical, ça reste un certain coût.
- Speaker #0
Exactement, et même si tu veux faire envoyer par voie maritime, tu payes aussi l'envoi et les taxes. Donc ça coûte très cher. Et donc on relance une autre cagnotte. Et donc, on galère. On vient de sortir de la récolte, de la construction du bâtiment. Là, on leur reparle d'équiper un bâtiment. Les gens sont fatigués. La vérité, ils sont fatigués.
- Speaker #1
Parce que, tu vois... C'est une question que tu as un peu répondu tout à l'heure, parce que c'est ça, concrètement, si je comprends bien, dans votre recherche de subventions, de fonds et tout, ça reste quand même la ville de Sartreville. Il n'y a pas de... Je ne t'ai pas entendu dire... Il n'y a pas eu de cagnotte en ligne ? D'accord. Vous avez pu quand même ouvrir pour que d'autres personnes...
- Speaker #0
Après le terrain, la première année, le terrain, c'est Sartrouville. Sartrouville, Argenteuil, Beson, la communauté que j'avais sur mon Snap. Qui commençait à s'agrandir au fur et à mesure. Et ensuite, après les un an, après le terrain, ça y est. C'est parti au niveau national, même au niveau international, parce qu'on recevait même des dons de personnes qui étaient expatriées en Angleterre. et ailleurs d'accord d'accord donc tout en réalité le projet tout le monde y a participé d'accord à la finale et et voilà et donc tu disais que nasdaq tu parlais de ça ça a été le deuxième coup de grâce Je ne sais pas comment il nous est tombé dessus, comme ça. On est à la cité, mes amis nous galèrent, c'est l'été. Ils me disent, j'ai vu une vidéo, les mecs sont partis à Deauville à vélo. C'est quoi le délire ? Tu prends ton vélo, tu vas à Deauville en vélo. Ils me disent, ouais c'est un délire, on passe une journée à faire du vélo. Je dis, je ne peux pas, il n'y a pas de délire. Je monte dans la voiture, j'arrive à Deauville, tu veux me fatiguer comme ça ? Et de là, boom, cli. Je leur dis, les gars, on peut mettre une cagnette en ligne. On peut faire ci, on peut faire ça. Ils me disent, ouais. Ils me disent, moi, Hasol. Voilà, ils étaient en vacances. Eux,
- Speaker #1
ils voulaient faire Deauville à vélo.
- Speaker #0
Voilà. Toi,
- Speaker #1
tu cherches tes financements pour le truc. Tu dis, bah, allez.
- Speaker #0
Voilà, venez, on fait du vélo.
- Speaker #1
Mais venez,
- Speaker #0
on descend plus vers le sud. Au début, il n'y a pas de Nasdaq. Il n'y a rien dans notre tête.
- Speaker #1
Là, c'est plus Deauville. C'est aller dans le sud.
- Speaker #0
Ouais, venez, on va dans le sud. OK. je sais pas où on finit mais venez on pédale on voit ce que ça donne euh Donc on lance, on fait appel à plusieurs influenceurs, plusieurs personnalités. Mohamed Kolanta, Selma Bacha, la joueuse de l'équipe de France, Al Rima, Hamza Saki. Donc toutes ces personnes-là, elles sont sur la route et on s'arrête dans le 9-1 chez Al Rima, à Auxerre chez Hamza Saki qui jouait à l'époque à Auxerre, à Lyon chez Selma Bacha. Et ainsi de suite, on descend, on descend, on descend. On arrive à Montpellier et... Il nous manque... On récolte, on est à 9 000 ou 10 000 euros. D'accord.
- Speaker #1
Donc entre Sartre-Rouville et Montpellier, vous avez réussi à récolter 9 000 euros.
- Speaker #0
C'est ça. Nous, on a pour objectif de récupérer 20 000 euros. Mais pour clôturer le projet, il nous faut 50 000 euros. D'accord. Donc nous, on se dit quoi ? On ne remonte pas, ce n'est pas possible. On ne va pas remonter sur un échec. Venez, on descend, je ne sais pas, vers l'Espagne et tout. Ok. Et un mec, il me dit, attends, pourquoi on n'appelle pas Nasdaq ? Pourquoi on n'essaye pas de rentrer en contact avec Nasdaq ? Et subhanallah, ce soir-là, Narbe d'Impulse Star, il nous appelle. Il nous appelait tous les soirs pour prendre de nos nouvelles. Mais ce soir-là, il nous appelle. et on lui dit Narbé, mon frère s'il te plaît, on peut pas repartir sur un échec comme ça il faut qu'on finalise ce projet, ça y est ça fait 3 ans on est dessus 3 ans et demi on est dessus, ça y est j'ai poncé tout le monde, là il faut que vraiment je trouve de nouvelles solutions il me dit vas-y je te rappelle 5 minutes après il nous rappelle il est avec Gallo,
- Speaker #1
le manager de Nasdaq
- Speaker #0
Galo, ça va tranquille, vous allez bien les frères ? Masha'Allah, ce que vous faites et tout, je vous suis et tout.
- Speaker #1
En plus, Galo, comme c'est un Sénégalais, forcément, ça le touche aussi encore plus.
- Speaker #0
Il avait eu vent du projet, en fait. Il suivait le projet en amont. Et donc là, on lui dit, Galo, s'il te plaît, on est à Montpellier, on est à quelques kilomètres de Perpignan. S'il te plaît, frérot,
- Speaker #1
vous voulez quelque chose ?
- Speaker #0
Ok, y'a pas de problème, je vous rappelle, les gars. Une minute, même pas. Bon, vas-y, les gars, vous pouvez aller, un asserre vous attend. Ah ah. pauvre. Nous, on sait que Nasser, il a une force. Ah ouais ?
- Speaker #1
Non, c'est pas il a une force, il a une force !
- Speaker #0
Mais en fait, on savait pas qu'il avait une force !
- Speaker #1
Et je pense que même moi, j'imagine pas la force !
- Speaker #0
En fait, nous, c'est un influenceur qui va nous donner un petit coup de bouche. S'il nous fait monter à 20 000, on a gagné. Alhamdoulilah, ouais.
- Speaker #1
J'ai peur parce que t'as dit, s'il nous fait monter à 20 000, on a gagné, mais tu dis il a une force. En fait, j'ai peur de ce que tu vas me dire.
- Speaker #0
Il a une force, ce mec ! Wallah, il a une force. Et nous, c'est à l'époque où il fait un million de vues. C'est pas là, maintenant, en train de tout casser. Il partage la cagnotte, frérot. Et déjà, il nous accueille comme des... Moi, j'ai kiffé. Pourquoi ? Parce que les influenceurs... Il y a l'influenceur qui est derrière la caméra. Toi, gentil, mignon. Il y a l'influenceur de la ville. Un frérot, une crème. Moi, t'as vu, on peut dire tout ce qu'on veut sur lui, je serai toujours son défenseur parce qu'il m'a accueilli comme un roi. Il a accueilli les membres de mon association comme des rois et il nous a fait une pub, mais avec le cœur. Il nous a pas fait une pub en mode... Automatique. Voilà. Il a fait une pub réfléchie. Il était là, les gars, on va faire comme ça, on va faire comme ça. C'est un bon. Une heure après qu'il est partagé, on est monté à 10 000 euros. En une heure ? En une heure. Le lendemain, on atteint 50 000 euros sur la cagnotte. Donc nous déjà on est dans son quartier, en une heure on monte à 10 000 euros. Nous de base, ce qui est prévu c'est qu'on arrive dans son quartier, on repart. On est tellement mis à l'aise, ils nous ramènent les chaises, ils nous ramènent les trucs. Ça y est on passe la soirée là-bas. On arrive à 30 000 euros avant de partir de son quartier. La nuit où on dort,
- Speaker #1
tu te réveilles le lendemain, 10 000 euros de plus.
- Speaker #0
40 000 euros. Et le temps de rentrer, avant la fin des 24 heures, on est à 50 000 euros. Il y avait 10 000 euros dessus. Et vous allez prendre 40 000 euros. En 24 heures.
- Speaker #1
Incroyable.
- Speaker #0
Et on était comme des dingues. C'est-à-dire, on a construit, on a l'argent pour équiper. Ça y est, c'est parti.
- Speaker #1
C'est parti. C'est-à-dire que le projet, là, il est parti.
- Speaker #0
Oh là là. Bon, on n'a pas encore le problème de la gestion dans lequel on est aujourd'hui. Oui. Mais ça va avoir le tunnel, le bout du tunnel.
- Speaker #1
Comme ce n'est pas ton domaine, tu es obligé d'apprendre à gérer les problèmes au fur et à mesure parce que tu découvres les problèmes au fur et à mesure. Tu vois ? Mais à ce moment-là, tu t'en fous des problèmes parce que tu t'es loin de... Là, ton problème, c'était de lancer ce projet. Là, tu sais que le projet, tu peux... Là, c'est fini.
- Speaker #0
C'est fini.
- Speaker #1
Mais quand je dis c'est fini, c'est fini. Ce n'est pas genre les murs sont finis et maintenant il faut... Là,
- Speaker #0
c'est fini. C'est fini. C'était un moment où... Moi, j'ai des vidéos où on pleure dans son quartier, comme ça, accroupi, en train de me dire... Mais non, mais à la base, c'est mes enfants qui doivent le finir. Et tu vois, on a eu en plus la phase des 50 000, où on s'est dit, c'est bon, on va le faire.
- Speaker #1
Et on nous a pris la claque, il faut encore 150 000 euros.
- Speaker #0
Et là, ces 150 000, on est reparti les chercher. Et ça y est, c'est fini.
- Speaker #1
Et on est en quelle période, cette période-là ?
- Speaker #0
Ça y est, là, on est en fin 2023. OK. Fin 2023. Ça y est, c'est novembre, je crois, ou décembre 2023. OK. On arrive. Ça y est, c'est fini. On remonte à Paris, et même en passant dans sa story, les gens nous ont donné une crédibilité max. Ils sont passés chez Nasdaq, leur projet c'est du sûr, c'est sérieux, c'est carré. et là même sur les réseaux dans les discussions avec nos partenaires on sentait plus de plus de force plus de respect plus de respect on nous respectait plus une question que je t'ai pas posée juste
- Speaker #1
Justement, quand la maison se finit, mais qu'il n'y a pas encore les infrastructures, quand les murs sont montés, les finitions sont faites, est-ce que les enfants déménagent déjà dans la maison ? Non. Tu as préféré attendre que tout soit fini ?
- Speaker #0
C'est ça, parce que je me suis dit quoi ? Je me connais. Une fois que les enfants sont dedans, ça y est, ils sont dedans. Ça veut dire qu'il y a plein de choses que tu ne pourras pas modifier parce qu'ils sont dedans. D'accord. Et on s'est dit vraiment, on attend. J'ai pas attendu d'avoir de la trésorerie, par exemple, mais bien finaliser vraiment toutes les pièces.
- Speaker #1
Qu'ils aient le minimum de conditions qu'ils méritent d'avoir.
- Speaker #0
Exactement, un minimum de dignité, en fait.
- Speaker #1
Et maman Hawa, parce que tu sais, tout à l'heure, tu disais qu'au début, elle n'y croyait pas. Quand il y a le terrain, tu dis, bon, elle commence à y croire, mais quand elle voit, par exemple,
- Speaker #0
ne serait-ce que les murs qui sont finis et tout... En fait, elle y croit, mais... Je sais pas, en fait c'est comme nous, on pensait qu'on était dans un rêve en fait. Ça se passe, c'est là, c'est devant nous, mais c'est trop bizarre. C'est trop bon en fait. Tu vois, tu te dis, je vais n'avoir pas de problème.
- Speaker #1
Et en plus j'imagine, ah ouais, vous vous voyez au téléphone, vous parlez, mais elle te voit pas pendant deux ans, trois ans.
- Speaker #0
Elle me voit que sur les réseaux, via des vidéos, des actions, ou en visio quand on s'appelle. Mais on s'appelait, même appelé en fait, on s'appelait très rarement. On était vraiment chacun dans son truc à la devait continuer à gérer les enfants. Et nous, on devait accélérer pour qu'elle puisse être dans de meilleures conditions pour gérer ses enfants. Donc,
- Speaker #1
fin 2023,
- Speaker #0
là, ça y est. Ça y est, on a toute la somme. On a l'intégralité de la somme. D'un gris, ça y est, donc là on appelle la période en fait qui est de fin 2023 jusqu'à que moi je vienne.
- Speaker #1
Mai 2024.
- Speaker #0
Mai 2024, c'est toute cette période où on envoie le matériel, où on équipe, où on essaye d'améliorer le centre au maximum, faire les finitions et tout. Et moi je viens en fait au mois de mai, passer un mois. ici, donc je fais mon un mois au Sénégal pour vraiment finaliser. Et c'est là où je vois le centre, où je vois Awa, où je revois les enfants.
- Speaker #1
C'est ça que j'allais te demander. Qu'est-ce que ça te fait quand... Déjà, tu atterris au Sénégal, tu prends la route. Et quand tu arrives et que tu vois enfin ce bâtiment de tes yeux, enfin tu vois Awa...
- Speaker #0
Je n'y crois pas. J'y crois pas en fait. Le matin quand tu te réveilles, je suis vraiment là. Et tous les matins, c'est la même chose. C'est pas un rêve ce que je suis en train de vivre. En fait, c'est des choses qui ne s'expliquent pas. Il faut les vivre. Il n'y a pas de mots. Ça n'existe pas. Il faut le vivre, en fait. Tu te dis, c'est mon rêve. C'était mon rêve. Je ne pensais qu'à ça. Je mangeais ça. Je buvais ça. Je dormais ça.
- Speaker #1
Là, je suis dans mon rêve.
- Speaker #0
Là, je suis là. C'est là, c'est palpable. Ça y est, tu... Et c'est incroyable. C'est incroyable. Donc, quand nous, on arrive, là, mai, moi, je regarde à voir et on n'a pas encore ce problème de gestion que ça va coûter de l'argent.
- Speaker #1
Non, c'est ça, parce que là, le rêve est fait, c'est beau et tout. le rêve n'est pas fini. Maintenant, il faut continuer à alimenter le rêve.
- Speaker #0
C'est ça. Et de là, j'ai dit, ramène les enfants, ça y est, c'est parti. Donc, ils sortent de l'ancien centre, là où est-ce qu'ils étaient, leur petit poulailler, là. Et ils viennent. Donc, déjà, tu vois les enfants, ils rentrent dans le... Ils pleuraient. Et c'était... C'était magnifique, c'était magnifique, tu les voyais courir, avoir de l'espace, de la place. Ah ouais, t'as vu la voir.
- Speaker #1
Elle a dû être...
- Speaker #0
T'as eu les yeux pleins d'étoiles. Enfin pour elle c'était fini. T'allais faire la manche, t'allais demander, t'allais tendre la main. Pour ses enfants. Là aujourd'hui ses enfants, ils sont dans la plus grande maison de Pout. dans la meilleure maison de foot, là où il ne manquait rien, ni viande, ni rien. Tu vois ? Et Alhamdoulilah, ça a été... On est arrivé là, mais ça a été un long chemin. Ah non,
- Speaker #1
mais 4 ans !
- Speaker #0
Voilà, ça a été un long chemin.
- Speaker #1
4 ans ! Et combien de personnes auraient abandonné ? C'est ça que je veux que... Je veux que vous réalisiez, parce qu'aujourd'hui, certes, tu es la personne qui est en face de moi, avec qui je parle, mais... C'est vous trois d'abord,
- Speaker #0
tu vois,
- Speaker #1
qui avez réalisé ça. C'est tous les gens qui vous ont accompagnés qui ont réalisé ça. Mais je ne sais pas si tu te rends compte de combien de gens auraient abandonné au bout d'un an, au bout de six mois. Quatre ans, quatre ans à vivre, à respirer, à avancer pour ce projet, à mettre sueur, larmes, sourire pour ce projet. Et quatre ans, c'est quand même beaucoup, quatre ans d'une vie. Donc juste pour ça, on doit vous tirer le chapeau parce que ne serait-ce que ça, ne pas avoir abandonné ce rêve,
- Speaker #0
c'est un...
- Speaker #1
C'est extraordinaire, tu vois, c'est extraordinaire et tout. Et donc, oui, tu rentres dans cette maison, des enfants rentrent dans cette maison, mais justement maintenant, tu découvres le quotidien de gérer un tel établissement.
- Speaker #0
C'est ça, c'est ça. En fait, on écoutait Awa nous expliquer comment elle gérait, mais on n'avait pas géré. Donc on ne savait pas en réalité ce que c'était de gérer. Et en plus, on arrive avec plein d'ambition. Parce que nous, quand on arrive, il y a une personne qui s'occupe de huit enfants.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Et nous, on voit que ce n'est juste pas possible. C'est impossible. Tu as huit enfants qui ne bougent pas, qui ont besoin de toi pour manger, pour boire, pour aller aux toilettes, pour se changer, pour se doucher. Tu ne peux pas t'en occuper de huit.
- Speaker #1
Oui. Donc vous, quand vous ouvrez le centre... Tata Awa ou Maman Awa s'occupe de 8 enfants ?
- Speaker #0
Non, en fait, on ramène 25 enfants. Les 25 enfants qu'elle avait dans notre corps. Mais elle a le personnel pour...
- Speaker #1
Donc en gros, une personne pour 8 enfants ? C'est ça. Il y en a 25, donc 3 fois 7, 24, 3 fois 8, 24. Il y a trois personnes qui s'occupaient de 25 enfants.
- Speaker #0
C'est ça, exactement. Et aujourd'hui, ce qu'on a fait, c'est qu'on a rajouté des enfants. Mais aujourd'hui, il y a une personne pour trois enfants. Et ce qu'on veut, c'est une personne pour deux enfants. C'est l'objectif final. Mais en fait, on veut vraiment qu'il y ait une évolution. Et pour qu'il y ait une évolution, il faut une bonne prise en charge. Et pour ça, on est tout de suite venu en disant, on rajoute du personnel, le repas, ça va être ça maintenant, on veut de la viande, on veut du poisson, on veut les trois viandes. Viande, poisson, poulet pour les enfants, les menus, c'est différent,
- Speaker #1
beaucoup de légumes,
- Speaker #0
beaucoup de trucs. Donc c'est des coûts qui montent vite. Oui,
- Speaker #1
parce que tu as dit, aujourd'hui vous avez combien d'enfants ?
- Speaker #0
35.
- Speaker #1
35 enfants. Personnel qui s'occupe des enfants ? 32. Donc on est déjà à 67 personnes qu'il faut gérer quotidiennement. Sans compter les charges
- Speaker #0
Autour ? Ouais, ouais.
- Speaker #1
Donc on parle d'électricité, on parle eau, on parle médicaments, j'imagine,
- Speaker #0
tout. Alors pour nous, justement, après avoir vécu ça, on comprend qu'on va avoir des charges. Ouais. On comprend qu'on a épuisé les gens. Et donc, on se dit qu'il faut qu'on s'autosuffise, qu'on ne dépende plus des dons ni de personnes. D'accord. Donc, ce qu'on fait, c'est qu'on lance des cagnottes, mais on dit aux gens, donnez-nous une fois. Par exemple, pour l'électricité, on a mis en place des panneaux solaires. D'accord. Et une association aussi est venue compléter l'installation pour qu'aujourd'hui, on n'ait plus besoin de passer sur la Sénélec. D'accord. Aujourd'hui, on est tout droit sur le panneau solaire et on n'a plus de charge en électricité. D'accord. Pour l'eau, c'est pareil. Au début de la construction, quand on a vu le prix de l'eau que nous avait mis dans le devis pour les briques, pour tout ça, on s'est dit tout de suite on fait un forage, il sert pour la construction et ensuite il servira aussi pour le centre. Aujourd'hui, ce forage-là, c'est l'eau qui coule dans les robinets, elle provient de ce forage.
- Speaker #1
Vous faites tout pour être autosuffisant ?
- Speaker #0
On essaye.
- Speaker #1
Le maximum ?
- Speaker #0
Vraiment, on essaye. Aujourd'hui, on est en train de développer un potager, on a acheté une ferme aussi. On plante tout ce qui est maraîchage, nos légumes, nos fruits proviennent de notre potager. Et puis on compte, là aujourd'hui, pouvoir vendre de cette ferme pour couvrir.
- Speaker #1
Pour générer des revenus, bien sûr. Et puis même, j'imagine, pour ces enfants-là, c'est des activités... que vous pouvez créer, qui leur permettent de découvrir de nouvelles choses, de toucher de nouvelles choses, de voir de nouvelles choses. C'est ça. Parce que j'imagine qu'au quotidien, au quotidien, ça reste des enfants. Ils ont leur âme d'enfant, ils ont envie de jouer, ils ont envie de rigoler, ils ont envie de découvrir le monde, d'apprendre le monde. Donc, le fait de créer tout cet écosystème-là, Merci. ça permet qu'ils soient autonomes, enfin pas autonomes mais tu vois ça leur permet de ne pas être juste un enfant qui est là dans une pièce et tout. Tu sais moi je vois les vidéos que vous postez quand vous les avez amenés à la piscine
- Speaker #0
On essaie de les sortir, en fait on essaie de leur faire sentir même si c'est des enfants normaux
- Speaker #1
C'est des enfants.
- Speaker #0
C'est des enfants qui, comme tous les enfants, veulent aller à Bandia, aller voir des animaux, veulent aller à la piscine, s'amuser dans l'eau. Ils veulent faire ce que les autres enfants font, tout simplement. Et ça, nous, on essaye de le développer encore plus ces derniers mois, en essayant vraiment de mettre des sorties. très fréquemment, pour que ce ne soit pas des enfants qui sont dans un centre médical et qui subissent de la rééducation et voilà, c'est fini. Non, c'est des enfants qui vont avoir leurs souvenirs, qui vont avoir leur moment où ils rigolent, où ils s'amusent, où ils jouent. Même si au centre ils jouent, ils s'amusent. On leur a fait une piscine au centre. Ils ont leur petite piscine, mais de les mélanger aussi aux autres. Pour leur bien à eux, mais aussi pour le bien de la société civile. Il faut qu'aussi la société civile apprenne en compte ces enfants-là et qu'elles prennent l'habitude de les voir dans le paysage. Il faut qu'on arrête de les cacher ou qu'on arrête d'avoir honte parce qu'on a un enfant ou un frère comme ça, donc on a honte de sortir avec lui ou de l'emmener dans tel endroit parce que dans tel endroit il y a une classe sociale. C'est nos enfants, c'est nos bébés.
- Speaker #1
J'avais rapidement vu passer une vidéo de toi qui expliquait que même Certaines familles, quand elles avaient des enfants avec un handicap, disaient que c'était des trucs de marabout, des trucs comme ça, qu'il y avait des situations assez horribles dans lesquelles ces enfants-là se retrouvaient.
- Speaker #0
Alors pour certaines familles, pour certains enfants, pas pour tous, et fort heureusement, mais... Il reste encore ces trucs culturels où on dit que si un enfant est atteint d'handicap, c'est qu'il est atteint d'un jean, ou que sa maman est atteinte d'un jean. Donc dans le village, on ne va plus inviter cette famille, ou on ne va plus manger si cette maman-là cuisine, ou on ne va même plus passer devant cette maison parce que cette maison est hantée. Tu vois, il y a des choses... C'est pas propre au Sénégal.
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #0
C'est partout. Mais nous, aujourd'hui, on est au Sénégal, donc on essaye de faire ce...
- Speaker #1
Et d'impacter sur cette communauté-là d'abord.
- Speaker #0
Exactement. Et voilà, c'est des choses qu'il faut qu'ils changent. Et pour que ça change, il faut que nous... Déjà nous, nous en tant que personnes, en tant que population, il faut que nous déjà on l'accepte et qu'on se dise que c'est des enfants. C'est des enfants que nous demain on peut avoir, que nos frères, nos sœurs peuvent avoir. Et ce n'est pas une malédiction, c'est bien au contraire, c'est une bénédiction. C'est que Dieu nous a choisis et il nous a donné cette épreuve parce qu'il sait qu'on est capable. Et quel honneur ! Quel honneur que Dieu est capable de surmonter une épreuve comme celle-là. C'est un honneur.
- Speaker #1
Et toi, depuis 15 mois que tu es là, que tu vis au quotidien dans ce centre, tu dirais que c'est quoi les moments qui t'ont le plus marqué dans ces 15 mois ?
- Speaker #0
Les enfants. Les enfants, quand ils se lèvent, c'est un moment de fou. C'est un moment de fou. T'as vu ? Merci. Nous aujourd'hui, comme je te disais tout à l'heure, nous on fait tout ça pour voir une évolution. Et quand on atteint cette évolution-là, tu es au summum. Tu dis Alhamdoulilah, tu sais que ce n'est pas toi, c'est Dieu. Nous, on en reviendra toujours à c'est Dieu. Nous on est des causes et Dieu nous a choisis pour passer par nous, pour essayer de faire tout ça. mais Quand tu le vois, non.
- Speaker #1
Non, ça doit être inexplicable. Ça doit être inexplicable, ouais.
- Speaker #0
Quand tu vois un enfant qui marchait pas, qui mangeait pas. Ouais.
- Speaker #1
Je vois que t'es ému, t'inquiète. C'est normal que tu sois ému parce que tu te bats depuis des années pour ça. Tu te bats depuis des années pour impacter. Et de voir ça, on comprend que t'es touché, on comprend que t'es ému par ça. Mais tu vois, on parle des bons moments. Mais aussi dans ces 15 mois, justement, tu as appris quels sont les besoins. Tu vois, quels sont les besoins que vous avez ? Quelles sont les réalités du quotidien qui sont peut-être difficiles ? En quoi, aujourd'hui, quelqu'un qui nous écoute, qui nous regarde, qu'est-ce qu'on peut faire aujourd'hui à notre niveau pour justement vous accompagner dans ce projet, pour vous aider ? Quels sont les besoins que vous avez et où on peut participer ?
- Speaker #0
Moi, je pense que déjà, il y a quelque chose que tout le monde peut faire, c'est le partage. Partager, c'est en parler autour de soi, porter le projet, venir nous visiter, nous rencontrer. Parce qu'une fois que tu viens nous visiter, tu peux parler du projet. Les gens, en fait, ils te prendront au sérieux parce que tu seras parti là-bas et tu auras vu de tes propres yeux. Déjà pour commencer, partager. Partager, en parler, au travail, en famille. Ça c'est la base pour moi. Deuxièmement, participer financièrement. On ne va pas faire de chichi.
- Speaker #1
Ah non, bien sûr.
- Speaker #0
Financièrement, aujourd'hui, comme on vous a dit, on a 32 personnes à payer. Et donc voilà, ces personnes-là, il faut sortir les salaires à la fin du mois. venir nous apporter de l'alimentaire parce que ce que vous allez nous amener nous c'est des choses que nous on va pas dépenser.
- Speaker #1
C'est ça, ça sera des dépenses en moins à effectuer.
- Speaker #0
Exactement. Et ce qui nous permettra, aujourd'hui, c'est ce qu'on essaye de faire, c'est de recruter des spécialistes. Parce qu'aujourd'hui, si on veut une évolution, il faut absolument qu'on recrute un kinésithérapeute.
- Speaker #1
Qui soit là au quotidien. Au quotidien.
- Speaker #0
Un orthophoniste. Qui soit là tout le temps. un ou une ergothérapeute qui soit là tout le temps pour vraiment qu'il y ait une évolution constante de ces enfants-là. Donc voilà, le côté financier, les aliments et le côté médical. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si vous avez dans votre entourage des personnes qui peuvent venir nous aider sur des thématiques... En organisant des journées de consultation comme on l'a fait aujourd'hui. C'est ça.
- Speaker #1
Tu peux nous dire par exemple, aujourd'hui, c'est pour ça qu'on a pris le temps de faire cette discussion maintenant, parce que pour vous dire, Pyrrho, il est tellement à cœur, il se bat tellement pour son projet, que moi je l'ai fait quitter, il est 21h20 là on tourne, il est quand même venu pour venir parler de son projet parce qu'aujourd'hui il a eu une très grosse journée aujourd'hui vous avez des spécialistes qui sont venus, c'était quel type de spécialiste et comment une journée comme ça s'organise, est-ce que c'est toi qui les contactes est-ce que c'est eux qui ont vu le projet qui vous ont contacté,
- Speaker #0
est-ce que tu peux nous partager comment ça se passe une journée comme ça alors nous on a eu la chance heureusement pour cette journée que Dieu nous envoie une personne qui s'appelle Ryan Ryan, c'est une ergothérapeute qui est née au Sénégal, qui est sénégalaise, et qui a décidé d'organiser cette journée. D'accord. Et donc, elle a son cercle médical qui a répondu présent. Et aujourd'hui, elle a réussi à mobiliser un dermatologue, un pédiatre, un généraliste, un dentiste, puis elle qui est ergothérapeute. D'accord. On avait des infirmiers aussi et des assistants. D'accord. Donc tout ça qui sont venus aujourd'hui.
- Speaker #1
Pendant une journée.
- Speaker #0
Une journée, un dimanche. Ouais. Un dimanche. C'est bien de le dire parce que voilà, les gens essayent de profiter de leur week-end et eux, ils ont décidé de sacrifier, de donner cette journée pour ces enfants. Donc c'est vraiment tout à leur honneur et c'est ce que j'aurais dit tout à l'heure. Il n'y a pas de mots pour vous remercier. Il n'y a que Dieu qui peut le faire. Moi...
- Speaker #1
Pardon. Non, t'inquiète.
- Speaker #0
Moi, en fait, je peux te faire un discours de une heure, mais... Ça vaut pas en fait ce que t'as fait aujourd'hui pour ces enfants. Il n'y a que Dieu qui pourra te remercier et je lui demande de le faire. Mais c'est cette dame, cette fille, cette pépite qui a organisé tout ça et qui a mobilisé en fait tout ce cercle. Et donc aujourd'hui voilà on a... tous nos enfants qui sont passés,
- Speaker #1
qui ont été vus individuellement,
- Speaker #0
avec lesquels on a pris le temps. Et aujourd'hui, ça a débouché sur... On a des enfants qui avaient commencé à développer des maladies de peau, donc la dermatologue leur a donné des traitements. Le dentiste qui n'a pas fait d'extraction, mais justement qui a vu qui en avait besoin. et qui propose maintenant de les accueillir et de les recevoir dans son cabinet à Dakar. D'accord. Donc, c'est des petites choses pour les gens, mais c'est tellement énorme pour ces enfants.
- Speaker #1
Ah non, mais bien sûr.
- Speaker #0
Si ces personnes-là ne seraient pas venues, moi, je ne sais pas comment j'aurais pu faire pour ces enfants. Je n'ai pas les fonds aujourd'hui pour prendre chaque enfant et l'emmener faire une consultation. Oui, oui. Ça c'est impossible. On n'est pas encore à ce stade-là. J'espère un jour pouvoir l'être. Mais aujourd'hui, on ne peut pas soigner tous les enfants. Quand on a des enfants qui tombent malades, des fois c'est dur. Quand tu dois payer le transport jusqu'à l'hôpital, tu dois payer l'entrée, tu dois payer le ticket. Tu connais comment ça se passe. L'ordonnance, la consultation, l'échographie, tu payes tout. Et à la finale, tu te retrouves avec... T'imagines sur 35 enfants, si t'en as 2-3 qui tombent malades... Dans le mois,
- Speaker #1
ça va vite, bien sûr.
- Speaker #0
C'est un budget, en fait. Et voilà, donc... Pour en revenir à comment on peut nous aider, en mobilisant du personnel médical, des petits médicaments, quand on dit médicaments, c'est vraiment pour les petits bobos. De toute façon,
- Speaker #1
je pense que s'il y a des gens qui nous écoutent, et qui ont envie, en tout cas, de vous apporter de l'aide, moi, le conseil que je leur donne, c'est d'écrire, de vous écrire. Parce que même, tu vois, acheter des médicaments, il ne faudrait pas qu'ils vous achètent des choses et qu'ils vous envoient des choses dont vous n'avez pas besoin. Je pense que le plus simple, pour les gens qui nous écoutent ou qui nous regardent, si vous voulez leur apporter de l'aide, écrivez-leur d'abord. Dites-leur. On aimerait vous aider dans l'achat de médicaments. Ils vous diront de quoi ils ont besoin. Que ce soit la nourriture, ils vous diront de quoi ils ont besoin. plutôt que de prendre une initiative et peut-être finalement de faire une erreur dans ton choix et qui finalement ne vous servent pas à vous ça serait dommage donc aujourd'hui dans la ville de Pout Il y a un truc que tu as dit tout à l'heure, que j'ai retenu aussi, tu disais que même des familles qui ont des enfants qui n'ont pas d'handicap ont envie que leurs enfants soient dans la maison. Comment, tu vois, la ville de Pout accueille Piro, ce Tunisien, qui est là, qui a débarqué de nulle part comme un extraterrestre et qui a changé de soi. Ça te fait quoi cette nouvelle vie,
- Speaker #0
tu vois ? Moi, franchement, je suis bien.
- Speaker #1
Ouais. Mais ça se voit que t'es bien.
- Speaker #0
Je kiffe.
- Speaker #1
Tu vois, on passe par des émotions parce qu'on parle de quelque chose qui te tient à cœur. Donc, tu vois, on passe par des émotions dans cette discussion et tout. Mais on le voit quand même que tu es souriant, tu es épanoui dans ce que tu fais. Oui. Tu vois ?
- Speaker #0
Clairement, et puis maintenant aujourd'hui à Poutre, du bon et du mauvais, ça il y en a partout, dans toutes les villes, dans tous les villages. Mais moi aujourd'hui j'ai trouvé une nouvelle famille à Poutre, des nouveaux frères, des nouvelles sœurs, des petits-neveux. Il y a une salariée par exemple, une anecdote, la sœur à Hawa. Elle était enceinte à l'ouverture du centre. Et sa fille, elle l'a appelée Piro. Oh,
- Speaker #1
mashallah !
- Speaker #0
Il y a une petite Piro à Poutre. C'est ça. Et donc, voilà, j'ai une nouvelle famille qui s'est construite ici. Alhamdoulilah. Alhamdoulilah. Franchement, je kiffe.
- Speaker #1
Et les gens de Sartreville, j'imagine que tu continues à leur envoyer... photos, des vidéos de tout ce qui se passe. Est-ce que tu as de leur retour aussi ? Comment ils vivent cette aventure ?
- Speaker #0
Il faut savoir que tous les deux, trois mois maximum, il y a quelqu'un de Sartreville au centre. C'est vraiment l'objectif de chacun, là, je pense, de venir au moins une fois venir voir ce qu'on a construit ensemble. Parce que c'était sur quoi on appuyait à chaque fois. On disait, les gars, Ce que vous financez, vous pouvez venir le voir. On ne vous met pas de carottes. Il n'y a pas de carottes. Il est là, le truc. Et donc là, on a pas mal de monde qui vient.
- Speaker #1
Je vais te poser une question. Ça se trouve, tu y as déjà pensé. Mais est-ce que tu penses qu'aujourd'hui, parce que la ville de Sartrouville en elle-même a un impact fort sur ce projet-là ? Est-ce que tu penses qu'aujourd'hui, je connais pas le maire de Sartreville, je sais pas c'est quoi le truc, ok, mais est-ce que tu penses qu'aujourd'hui, tu vois, moi pour moi... avec tous ces gens qui se sont unis dans cette ville pour impacter, c'est comme si la ville de Sartreville a un lien aujourd'hui avec la ville de Poutre. Tu vois ce que je veux dire ? Après, ça reste des trucs politiques. Mais ça pourrait être peut-être un projet futur.
- Speaker #0
C'est ce qui, normalement, serait la logique.
- Speaker #1
Pour moi, évidemment, c'est ce que je me suis dit. Tu imagines le lien que ça pourrait créer entre les deux villes ? Les choses que ça pourrait créer ? Mais ça, c'est si tu as les bons, les bonnes personnes avec les bonnes volontés.
- Speaker #0
Nous, juste pour que tu comprennes un peu, nous, quand on sortait pour ramener les paniers repas au personnel hospitalier qui était au front, moi, je te parle du début du Covid, pas quand tout le monde s'en foutait.
- Speaker #1
Le début du Covid où c'était bien.
- Speaker #0
Tout le monde était en panique. On ne savait pas ce qui se passait. Nous, on allait dans les hôpitaux pour ramener à manger aux gens qui soignaient justement toutes ces personnes-là. Et le maire, quand il a été questionné, parce qu'on est passé sur plein d'articles de presse, quand on a fait ça, tu connais, ça choque toujours de voir des Noirs et des Arabes...
- Speaker #1
S'investir socialement et faire des choses bien,
- Speaker #0
tu vois. Donc on a eu droit à tout le monde, BFM, ITL, tout le monde. Et le maire, il a été appelé, il leur a dit... Il cherche des excuses pour esquiver le confinement. Oh là là,
- Speaker #1
ok, d'accord. Bon, c'est bon, t'as répondu à ma question. Alors que tout le monde sait que le confinement dans les quartiers, ça n'existait pas.
- Speaker #0
Ça n'existait pas. C'était pas ça l'excuse.
- Speaker #1
OK, t'as répondu à ma question. Mais en espérant que peut-être un futur maire de Sartreville soit au courant de ce projet et se dise qu'il y a quelque chose à créer, ça peut être une piste. Et justement, on en vient à peu près à ma dernière question un petit peu pour toi. Justement, est-ce qu'aujourd'hui, Merci. Tu es dans le quotidien, tu es dans gérer le quotidien, le jour le jour, tu es dans le gérer aussi, je vais dire, le trimestre et l'année. Mais est-ce que tu es déjà aussi dans... Ok, bon, on l'a fait une fois. Est-ce qu'on ne peut pas agrandir ? Est-ce qu'on ne peut pas le faire deux fois ? Tu vois, est-ce que tu es déjà dans cette optique-là dans ta tête ? Parce que tu l'as dit en début d'épisode, oui, aujourd'hui, on impacte la ville de Pout, mais il y a tellement d'enfants dans le Sénégal. qui ont des besoins, qui ont ces besoins-là, que tu as envie de les impacter aussi. Est-ce que tu es déjà dans cette dynamique-là ?
- Speaker #0
Je suis dedans tous les jours. Tous les jours, je parle à mon frère Kevin, qui est une association aussi à Ensemble Ouen, et je lui dis, Kevin, on ne peut pas s'arrêter là. Je ne peux pas m'arrêter à ça. En fait, nous, notre objectif, c'est qu'il y ait un centre, une maison des rois dans chaque région du Sénégal. Parce qu'aujourd'hui, on met des vidéos sur TikTok, on reçoit énormément d'appels de toutes les régions. Quand je dis toutes, c'est vraiment, il n'y en a pas une où on ne reçoit pas d'appels. Donc il y a un besoin. Et c'est des parents qui sont en détresse totale, qui m'appellent, qui me disent, s'il te plaît mon fils, dis-moi comment je juge, je ramène l'enfant. Après, t'inquiète, moi je m'en occupe. Et t'es là.
- Speaker #1
Frustré,
- Speaker #0
tu te dis, tata, je peux pas. Tata, j'ai pas de place. Tata, j'ai pas l'argent encore. Et tu vois, tu sens son désespoir en fait, c'est cruel. Et là, les discussions au téléphone aussi des fois. Et c'est pour ça qu'il faut absolument, en tout cas, comme pour ce projet, je sais pas si c'est moi qui va finir, mais il faut qu'on lance le mouvement de la maison des rois dans chaque région. que ce soit mes enfants qui viennent le reprendre, ou que la relève, ou qu'une autre ONG, en tout cas, juste, il faut que ça se fasse. Il faut que ça se fasse, et moi, je tiens vraiment à que ça se fasse parce qu'il y a un besoin. Et pas parce que j'ai une envie, parce que moi, pyro, je veux faire. Non. Il y a un besoin, et là, il est réel. J'ai l'impression aussi qu'on n'est pas tant que ça à s'occuper de l'handicap, même dans les associations. Il y a énormément d'associations, il y a énormément de structures qui se créent, qui se forment, mais pour l'handicap, on n'est pas beaucoup. On n'est pas beaucoup, on est chacun dans son coin. D'ailleurs, c'est pour ça qu'avec Enfant Soleil, Enfant Soleil Monde, Boyam et une autre association, on est en train de constituer une fédération, une alliance. pour justement pouvoir parler d'une seule même voix et avoir plus de force que chacun il arrête de se battre de son côté et que on parle tous ensemble même pour faire un projet, quand on le monte on le monte tous ensemble, ça va beaucoup plus vite et je pense que moi l'union fait la force c'est pas qu'un slogan, c'est réel et je pense qu'il faut qu'on le mette en action
- Speaker #1
Inch'Allah En tout cas Pyrrho ça a été un plaisir incroyable pour moi Merci.
- Speaker #0
Merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci de te recevoir. T'es un homme en or, t'as un cœur en or, mashallah. Et vraiment, toi, tes équipes, je ne sais comment vous remercier de faire ce que vous faites. Moi, je vais J'ai essayé à ma petite échelle, tu vois, d'essayer de déjà premièrement contribuer à ça, en essayant de passer le message le plus possible autour de moi. Mais, Inch'Allah, comme on en a parlé en off, j'espère qu'on aura l'occasion de faire d'autres choses plus ensemble. Et moi, ce qui m'impressionne, ce que je retiens de ton histoire, c'est... C'est le destin de chacun et peut être incroyable parce que le pyro qui voit quelqu'un qui rentre dans son restaurant et qui dit « Ah bah tiens, il n'y a personne qui veut venir au Sénégal, est-ce que ça vous dirait de venir ? » Et qui dit dans la rigolade à ses gars « Mais les gars, ça vous dit, on part au Sénégal ? » S'il savait comment ce voyage... va impacter le reste de sa vie, je pense que même si on lui racontait, il dirait que ce n'est pas vrai. Et j'aimerais encore plus te tirer ton chapeau parce que tu fais ça dans un pays que tu ne connais pas, où tu n'as aucune attache, aucune attache, je vais dire, de sang, dans ce pays, et tu trompes. pas les couilles. T'as envie d'impacter, t'attends pas d'aide de personne. Tu le fais avec ton cœur, vous le faites avec votre cœur, vous le faites avec votre envie d'impacter, votre envie de changer les choses et c'est la plus belle richesse que vous avez. Vous avez une richesse incroyable et je pense que toi et tes équipes Vous êtes tellement tous les jours dedans que vous ne vous rendez pas compte de la richesse de cœur, de la richesse d'âme, de la richesse des personnes que vous êtes. J'aimerais tellement que le monde soit rempli de beaucoup plus de personnes comme vous, parce que si on avait beaucoup plus de personnes comme vous, on changerait, on impacterait le monde et on aurait un monde qui serait... plus beau, qui serait meilleur, qui serait plus agréable. Vraiment, j'espère en tout cas qu'avec notre discussion, notre échange, comme je dis, j'espère que des gens entendront, des gens iront voir ce que vous faites et des gens vous contacteront et chacun à son échelle, s'ils peuvent en tout cas vous aider, vous apporter des choses, j'espère que vous aurez des centaines, des milliers de messages et tout ce que je vous souhaite. Je vous souhaite de... continuer de rêver rêver ses projets sociaux et continuer à réaliser ses rêves tu vois parce qu'il ya beaucoup de gens qui rêvent il ya très peu de gens qui réalisent leurs rêves vous avez un rêve vous l'avez réalisé vous avez un rêve vous l'avez réalisé vous avez un rêve à 50 mille euros qui valait 250 euros vous l'avez réalisé tu vois et ça masha Allah c'est extraordinaire en tout cas merci énormément pour ton temps merci à toi Olivier j'espère que vous Vous aurez été aussi touchés que moi par cet échange, par cette discussion. Je suis content de finir ma journée sur cet échange-là parce que je pense qu'émotionnellement, je n'aurais pas pu faire les autres interviews après ça. N'hésitez pas à aller suivre tout ce qu'ils font. sur leur réseau, de toute façon vous savez que je vous mettrai leur réseau partout, n'hésitez pas à leur écrire, si vous voulez leur poser des questions, si vous voulez les aider vraiment, je vous invite à aller regarder tout ce qu'ils font et à les encourager, et comme il a dit Pyro, le but c'est pas forcément toujours de donner quelque chose si vous prenez le temps de repartager ce qu'ils font, vous savez pas dans vos réseaux qui peut voir qui peut être impacté, et qui peut les contacter et faire quelque chose pour eux Merci. Même si vous vous dites que j'ai rien pour donner, au moins partager, c'est déjà une des plus grandes richesses que de partager ce qu'ils font. Donc la team incroyable, je sais que vous sentez l'émotion dans ma voix parce que je parle pas comme ça d'habitude à la fin. Merci encore à Pyro, merci à toute ton équipe, merci pour tout ce que vous faites, merci la team incroyable et voilà, je vous dis à très vite pour un nouvel épisode. Peace !