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Le OV Show

Safia EnjoyLife : un parcours inspirant entre l'Afrique et l'éducation au service de la diaspora

Safia EnjoyLife : un parcours inspirant entre l'Afrique et l'éducation au service de la diaspora

2h09 |22/12/2024
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Description

Êtes-vous prêt à découvrir comment une passion pour la culture africaine peut transformer une vie et inspirer des milliers d'autres ? Dans cet épisode captivant du OV Show, Olivier Vullierme reçoit Safia EnjoyLife, une femme dont le parcours de vie exceptionnel nous plonge au cœur de l'Afrique, de la Guyane au Kenya. Safia, véritable ambassadrice de la culture africaine, partage son amour pour le continent, une passion héritée de sa mère, et nous raconte comment elle a commencé à raconter des histoires qui mettent en valeur la richesse et la diversité de l'Afrique.


Au fil de cette conversation inspirante, Safia aborde des thèmes profonds tels que la dépression et les défis personnels qu'elle a dû surmonter pour se consacrer à sa passion. Son parcours n'est pas seulement une histoire de passion, mais aussi un exemple de résilience et de détermination. En tant qu'enseignante, elle a trouvé un moyen d'éduquer et d'inspirer les autres à travers des contenus qui célèbrent l'Afrique, en touchant des sujets allant du Sénégal à la Côte d'Ivoire, en passant par le Cameroun.


Safia partage avec nous les secrets de son projet de documentaire sur l'Afrique, ainsi que les obstacles qu'elle a rencontrés, notamment à cause de la pandémie. Comment financer un projet aussi ambitieux ? Comment continuer à croire en ses rêves malgré les difficultés ? Ces questions trouvent leurs réponses tout au long de notre échange.


Ce qui ressort de cet épisode du OV Show, c'est l'importance de raconter des histoires authentiques qui mettent en lumière la beauté et la richesse de l'Afrique. Safia nous rappelle que chaque parcours de vie exceptionnel mérite d'être entendu et que chaque voix peut contribuer à un changement de vie significatif. Que vous soyez un entrepreneur passionné, un amateur de culture ou simplement en quête de motivation, cet épisode est fait pour vous.


Ne manquez pas cette occasion d'être inspiré par une femme qui utilise sa voix pour défendre la culture africaine et encourager les autres à découvrir le continent. Rejoignez-nous dans cette aventure où l'éducation, l'inspiration et la passion se rencontrent pour créer un impact durable.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allow me to reintroduce my son and my soul Hello, hello les incroyables, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien. Bienvenue sur un nouvel épisode du OVSHOW. Merci à toute la communauté qui grandit, merci à toute la team. incroyable qui commente, qui partage, qui like, qui s'abonne à chaque épisode. Merci à tous ceux qui nous écoutent sur les différentes plateformes podcast. Et aujourd'hui, je reçois quelqu'un que je connais depuis bien longtemps. Je reçois une amie. Je reçois une amoureuse de l'Afrique et du continent. Je reçois une femme d'histoire. Je reçois Madame... générique, elle va nous le faire après. Je reçois Safia Enjoy Life, qui est grandeur noire dans le Off Show. Hello Safia.

  • Speaker #1

    Ah ouais. Ah ouais. Comment tu vas ? Ça va très bien. Maintenant, ça va là.

  • Speaker #0

    En forme ? Bien installée ? T'es à l'aise ?

  • Speaker #1

    Super.

  • Speaker #0

    Bon, je vous le dis, la vérité, elle stresse. Depuis tout à l'heure, elle stresse à la peur des questions que je vais lui poser. Mais c'est pas qu'ici, on est en famille. C'est tranquille, il n'y a pas de stress. On va discuter calmement. Ça me fait plaisir de te recevoir.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Parce que pour la petite anecdote, pour vous dire tout de suite, Safia et moi, on se connaît de Guyane. J'ai vécu en Guyane française entre 2000-2002.

  • Speaker #1

    Si tu dis les dates, ils vont savoir qu'on est vieux.

  • Speaker #0

    Non, mais ils savent déjà qu'on est vieux. Ne t'inquiète pas, ils le savent déjà. Mais j'ai fait deux ans, ma première et ma terminale, et on s'est connus là-bas. On s'est perdus de vue. Les réseaux ont fait qu'on s'est retrouvés. Et aujourd'hui, c'est elle qui est à Dakar pendant quelques jours pour le travail, slash vacances, slash contenu. Et je me suis dit non, t'es là, il faut absolument que tu viennes t'asseoir. Je vous dis tout, il est minuit 53. Minuit 53, on est en train de tourner. Je vous dis non, vraiment, on vous dit tout ici. Et donc, elle a fait le... Elle m'a donné la chance de pouvoir la recevoir. Elle a pris du temps pour venir. Donc déjà, juste pour ça, merci énormément.

  • Speaker #1

    Je suis honorée parce que je suis une grande fan de ton émission depuis la première heure.

  • Speaker #0

    Depuis, elle me tire les oreilles, elle me botte les fesses, elle me dit fais ça, fais ci. Ouais, ça c'est bien. Non,

  • Speaker #1

    il faut toujours que je mette mon petit nez à donner des conseils qu'on ne m'a pas demandé.

  • Speaker #0

    Elle me donne des feedbacks, j'aime bien.

  • Speaker #1

    Mais en tout cas, je suis super fan et j'ai adoré absolument. tous les invités que j'ai vu passer chez toi.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    D'où mon stress.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    La barre est tellement haute.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de stress. Toi-même, tu vas lever la barre. Mais donc, on va commencer étape par étape. Donc, la question que je pose d'abord à tous mes invités, quand ils arrivent, c'est aujourd'hui, Safia, comment tu te présentes avec tout ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    C'est très difficile parce que je pense que le métier, enfin, ce n'est même pas un métier. Les activités que je fais pour gagner ma vie n'ont pas encore de nom. Ça n'a pas encore de nom en fait, ça n'a pas encore d'intitulé. Donc les gens... Faudrait que je... Je vais utiliser plusieurs mots. D'abord, je suis maman. Ça, ce métier, on le connaît.

  • Speaker #0

    Ça, ce métier, on le connaît, ouais.

  • Speaker #1

    C'est mon premier métier depuis que je suis maman, c'est devenu mon premier métier. Ensuite, je suis raconteuse. Parce que finalement, je raconte. Je ne suis pas forcément...

  • Speaker #0

    T'es une griotte.

  • Speaker #1

    Que l'histoire, que la culture, je raconte plein de choses. Ça peut être la politique, ça peut être les voyages, ça peut être... pour les enfants, je raconte. Donc mon métier, c'est de raconter des choses qui valorisent l'Afrique. Et c'est devenu un métier, parce qu'au départ c'était une activité, bon je pense que je raconterai plus tard, mais c'était une activité que je faisais à côté d'un autre métier, sans savoir que ça pouvait être un métier et que ça pouvait générer un revenu.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Donc je suis raconteuse, et je ne sais pas, il y a plein d'autres qualificatifs parce que j'ai écrit des livres. J'ai une maison d'édition, j'organise des voyages. Ah oui, activité importante aussi, je présente des vidéos, j'anime des vidéos. Des vidéos qui, comme je l'ai dit, traitent de diverses thématiques autour de l'Afrique. Et je travaille pour mon propre média, mais également pour le média Afrique Résurrection.

  • Speaker #0

    Ça fait déjà beaucoup de choses. Mais on va commencer étape par étape. Alors toi, Safia, tu n'es où ?

  • Speaker #1

    Je nais à Paris, dans le 9 de...

  • Speaker #0

    Ah ah, 9 de i !

  • Speaker #1

    Je nais dans le 9 de... Très tôt, à quelques mois, ma mère retourne en Guyane et je grandis là-bas toute ma vie. Voilà, je quitte la Guyane à 18 ans pour les études, comme malheureusement beaucoup de jeunes Antillais, Guyanais, Réunionnais, bref, de jeunes colonisés. Parce que chez nous, souvent, il n'y a pas les structures de formation.

  • Speaker #0

    En tout cas,

  • Speaker #1

    à mon époque, il n'y avait pas les structures de formation.

  • Speaker #0

    Tu grandis en Guyane. C'était comment, grandir en Guyane ? Pour les gens qui ne connaissent pas, parce que moi, je connais un petit peu la Guyane française. Mais quand je dis un petit peu, c'est un petit peu parce que j'ai fait que deux ans. Mais toi, si tu devais nous décrire, c'était quoi grandir en Guyane ? Comment tu décrirais ça ?

  • Speaker #1

    Après avoir voyagé et vu pas mal de la planète, pas mal d'endroits différents, j'estime que la Guyane, c'est vraiment le meilleur endroit où grandir de façon saine et équilibrée. Parce qu'on a ce regard global. En fait, la Guyane, c'est vraiment... la planète en miniature. Tu as toutes les populations de la planète en Guyane. Et même pas seulement en Guyane, même dans un petit quartier de Guyane, tu vas avoir toutes les populations. Tu vas avoir des Chinois, tu vas avoir des Mongs. Il n'y a pas beaucoup d'endroits dans le monde où tu vas côtoyer des Mongs, aller en classe avec des Mongs.

  • Speaker #0

    Alors est-ce que tu peux expliquer juste pour les gens qui ne comprennent pas, c'est quoi des Mongs ?

  • Speaker #1

    Les Mongs, c'est une population originaire du Laos qui a trouvé refuge... en Guyane, après la guerre d'Indochine. Bon, bref, on ne va pas raconter les alliances et tout. En gros, ils se sont alliés à la France. Et du coup, lorsque la France a perdu, ils ont été persécutés dans leur pays. Donc, certains d'entre eux ont été recueillis en Guyane. Et c'est devenu une communauté extrêmement forte et inspirante parce qu'ils ont développé notamment l'agriculture, pas que, mais l'agriculture. Et aujourd'hui, l'agriculture en Guyane est beaucoup, beaucoup, beaucoup approvisionnée par les populations monges.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    qui en plus, qui ont été installés dans un endroit qu'on pensait être assez hostile, tu vois, dans les montagnes, reculés et tout, et au final, ils ont transformé ça en une manne. Et je trouve que c'est inspirant pour les populations guyanaises de regarder ce qu'ils ont réussi à faire dans un pays étranger, sans maîtriser la langue, sans maîtriser la législation et tout. Ils ont réussi à construire des empires qui se transmettent de génération en génération. Donc nous... Les autres populations à Guyane, il faudrait peut-être qu'on regarde dans cette direction et que chez nous-mêmes, on soit capable de faire aussi bien.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai, parce que ce que tu dis, c'est tellement vrai. Parce que moi, de mon souvenir de Guyane, j'ai rencontré tellement de gens d'origine différente. Même, tu vois, moi je suis un gourmand, des cuisines différentes.

  • Speaker #1

    C'est là où on mange le mieux dans le monde.

  • Speaker #0

    Franchement, j'avoue.

  • Speaker #1

    Parce que justement, tu peux, dans le même quartier, tu vas manger des spécialités brésiliennes. dominicaines, haïtiennes, amérindiennes, bouchininguées, tout ça dans le même quartier en fait. Même au Palmiste, tu fais juste... enfin le Palmiste c'est une place où il y a des carambulants qui vendent de la nourriture.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est la place centrale, je veux dire, de Cayenne vraiment.

  • Speaker #1

    Et du coup là, il y a plein de carambulants qui vendent de la nourriture, juste tu fais le tour, tu fais le tour du monde culinaire.

  • Speaker #0

    C'est vrai, non c'est vrai. Et donc toi c'est ça le... Le souvenir que tu gardes ? Oui,

  • Speaker #1

    parce que pour avoir vécu dans différents endroits dans le monde, j'ai vu qu'il y avait quand même des endroits qui sont très beaux, mais qui sont très fermés aux autres. Et où il ne fait pas forcément bon vivre dans le lien des gens entre eux dans le pays. Donc, voilà, ce n'est pas aussi convivial, accueillant. Il y a une mixité en Guyane que je n'ai pas retrouvée ailleurs dans le monde. Et les gens ne comprennent pas que quelqu'un qui est chinois en Guyane... qui a grandi en Guyane, qui est né en Guyane, qui a été en classe avec d'autres personnes, va se sentir Guyanais avant d'être Chinois, va parler le Guyanais, va jouer le domino, va cuisiner. Il sera vraiment Guyanais dans sa culture. Et c'est cette culture qui nous lie tous, qu'on soit blanc, descendant d'esclaves. En fait, je ne sais pas comment expliquer, mais le Guyanais, c'est vraiment particulier. Il faut y aller pour comprendre. Mais du coup, d'avoir grandi dans... Cette ouverture au monde de par les cultures, parce que par exemple pour eux, parler des mondes, ils ont gardé leur tradition, ils sont restés ancrés dans leur tradition. Ils fêtent leur nouvel an, qui n'a rien à voir avec notre calendrier. Ils portent leur tenue traditionnelle, ils font des activités typiques de chez eux, malgré la distance et les années qui les séparent de leur pays. Et donc, tu peux aller assister au nouvel an, voir leur tenue, voir... Et cette ouverture au monde de pouvoir voyager en restant en Guyane, juste en changeant de commune ou de quartier. Mais c'est énorme comme richesse, c'est énorme. Je me sens dépaysée nulle part. Je vais aller au Cambodge ou au Vietnam, je vais retrouver une place de Guyane.

  • Speaker #0

    Tu vas retrouver des côtes, bien sûr.

  • Speaker #1

    Je vais au Brésil à côté, je vais retrouver la Guyane. Partout en fait où je vais, même en Afrique quand je suis venue, j'ai dit mais attends, c'est chez moi, Saint-Laurent-du-Maroni, Grand-Santi où j'ai vécu. C'est la même chose, c'est le Gabon, c'est la Côte d'Ivoire. Donc je ne suis dépaysée nulle part et j'ai parcouru la planète juste pendant mon enfance en Guyane.

  • Speaker #0

    Donc des très beaux souvenirs d'enfance. Ah oui. Très beaux souvenirs d'enfance. Et donc, pendant que tu es en Guyane, tu fais ton cursus scolaire, tout se passe bien. Quand arrive la période du lycée, où tu commences à t'orienter professionnellement ? En tout cas, pas professionnellement, mais tu prends déjà des premières orientations. Toi, tu t'orientes vers quoi ?

  • Speaker #1

    Ah, alors, ça a été compliqué parce que je ne savais pas ce que je voulais faire. Et dès la première, on te dit, il faut choisir entre

  • Speaker #0

    S, E, S, L.

  • Speaker #1

    Et donc, il faut savoir, parce que si tu veux plus tard être scientifique et que tu prends L, ça va coincer. L, c'est littérature, je ne sais pas si ça s'appelle toujours comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, je crois qu'on est trop vieux, on le sait, on ne sait plus L. Donc,

  • Speaker #1

    si tu prends une filière littéraire et que plus tard, tu veux faire des sciences, tu ne seras pas admis en université dans la filière scientifique. Donc, comme je ne savais pas, on m'a envoyé, la CPE a insisté auprès de mes parents pour m'envoyer dans la filière scientifique parce que c'était la seule filière où tu peux tout te permettre après. Sauf que les sciences... Mon cerveau n'est pas paramétré pour ça. Donc, j'ai souffert en pensant que j'étais nulle, que je ne savais rien faire, qu'il n'y avait rien pour moi dans la vie, en fait. Parce que quand tout le monde a des bonnes notes sans forcer, des 14, des 16, et que toi, dans les contrôles, tu te retrouves avec des notes qui n'ont rien à voir, qui sont à l'opposé, tu ne comprends rien pendant les leçons, tu ne retiens rien. T'as beau réviser avec les meilleurs de la classe, y'a rien qui en ressort. Tu te dis mais ta vie est foutue en fait, parce qu'on te fait croire que c'est le bac qui te donne la clé.

  • Speaker #0

    Pour la suite, effectivement. C'est le bac. T'as l'impression que si t'as pas le bac, tu vas jamais réussir quelque chose dans ta vie.

  • Speaker #1

    Et surtout là-bas, en Guyane, aux Antilles, où on nous fait croire que quand t'as le bac, finalement, c'est une porte ouverte vers l'extérieur parce que tu peux partir à l'université.

  • Speaker #0

    Faire tes études à l'étranger.

  • Speaker #1

    Ailleurs, tu peux t'ouvrir sur le monde. Tu as plus d'opportunités que si tu restes au pays où, je suis obligée de le dire, mais en tant que colonisé, on nous ferme les portes de beaucoup de choses. Donc finalement, pour se libérer de cette cage sous laquelle on est, il faut avoir ce bac, pour avoir une chance de partir, d'avoir son billet d'avion payé par des subventions ou autre. Donc le bac, c'est le sésame. Et puis en fait, j'ai appris plus tard qu'en fait, pas du tout. J'étais pas nulle. J'étais pas moins intelligente.

  • Speaker #0

    Non, c'est vrai, le système éducatif français tel qu'on le connaît, il est très clivant et il te met dans des cases très vite. Et après, il te met dans des cases très vite et en même temps, il te demande très vite de prendre une décision d'orientation pour le reste de ta vie, comme si c'est le moment là tout de suite. Si tu fais l'erreur, ta vie, elle est foutue. Et est-ce que quand tu es dans ces années collège, lycée, est-ce que tu as déjà une curiosité ? Envers le continent. Est-ce que tu... Alors... C'est ça, c'est intéressant comme question, je pense.

  • Speaker #1

    C'est très ambivalent parce que ma mère, elle est née au Sénégal, à Saint-Louis. Et elle m'a toujours parlé de l'Afrique dans des termes positifs. Vraiment. Même elle avait des livres, en fait, qui nous montraient l'Afrique.

  • Speaker #0

    Mais elle est née, elle est restée longtemps ? Elle a des souvenirs ?

  • Speaker #1

    Elle est née au Sénégal, mais elle est partie du Sénégal petite pour grandir au Burkina Faso. Wow ! elle a grandi au Burkina Faso et ce n'est que plus tard qu'elle est partie en France finalement et qu'ensuite elle est rentrée en Guyane avec moi intéressant elle se sent plus africaine d'ailleurs que guyanaise parce que c'est vraiment les premiers souvenirs de vie sont en Afrique elle s'est construite et puis tu

  • Speaker #0

    vas dans un pays qui est quand même le Burkina qui est un pays très fort d'histoire de par les prises de position de Thomas Sankara et tout donc ça... C'est un pays fort qui te marque, j'imagine. D'autant plus à ces époques-là.

  • Speaker #1

    Surtout qu'elle a grandi dans quelque chose d'authentique. Ce n'était pas encore transformé, occidentalisé. Donc, elle a beaucoup connu l'Afrique traditionnelle. Et elle est beaucoup revenue aussi en vacances quand elle était installée ailleurs. Donc, elle a continué, elle a gardé ce lien avec l'Afrique.

  • Speaker #0

    Donc, toi,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et elle l'a transmise.

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc, toi, tu as ta mère qui déjà te transmet. un petit peu cet amour du continent parce qu'elle te raconte ce qu'elle a vécu elle te raconte ses voyages

  • Speaker #1

    de sa jeunesse, de ses voyages, mais également les livres. Et puis, elle me parle déjà de certaines personnes. Sankara, c'est un nom avec lequel j'ai grandi. Donc, il y a ce lien qu'elle a. Mais moi, ça ne me parle pas.

  • Speaker #0

    C'est ça que je voulais te demander. Est-ce que tu, quand elle t'en parle, tu as une curiosité ? Ou bon, oui, c'est les histoires de maman.

  • Speaker #1

    Dès la primaire, moi, j'ai un nom sénégalais, j'ai un nom africain. Mon nom entier, c'est Safiatou.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, à la rentrée scolaire, à chaque rentrée scolaire, on dit ça.

  • Speaker #0

    Fais l'appel.

  • Speaker #1

    À l'africaine ! Et à cette époque,

  • Speaker #0

    c'était une insulte. Oui, oui.

  • Speaker #1

    En Guyane, aux Antilles, c'était une insulte de se faire traiter d'Africain. C'est comme si on t'a dit que t'es pauvre, t'es rempli de maladies, tu fais peur, t'es moche. En fait, l'Afrique était complètement incarcée.

  • Speaker #0

    Des peintres d'une mauvaise manière.

  • Speaker #1

    Dans la négativité, dans la laideur et dans l'échec. Donc, c'était rattaché à ça. Et du coup... Non, je voulais au contraire me séparer le plus possible de tout ce qui était Afrique. Et du coup, non, je n'étais pas du tout attirée, j'étais repoussée. Il n'était pas question même de seulement voyager là-bas. Pour moi, c'est des cases, de la poussière, ça pue, il y a des maladies, il y a des gens pauvres, la famine. Qu'est-ce que je vais aller en vacances là-bas ?

  • Speaker #0

    C'est incroyable la vie. T'imagines si cette petite Safia la savait aujourd'hui, tout ce que tu fais et tout, elle dirait non, c'est pas possible.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Donc, tu as tes premières... C'est ça. Donc, en gros, tu as tes premières informations, tu as tes premières images via ta mère, mais sans plus d'intérêt. Tu arrives donc au lycée, tu t'orientes première S, tu finis ton bac en terminale S ou tu te ré-re...

  • Speaker #1

    Non, non, moi, j'ai continué très longtemps. Même à l'université, j'ai fait des études scientifiques. Ah oui, oui,

  • Speaker #0

    oui. Alors ça, tu vois, c'est intéressant parce que ça veut dire que malgré le fait que tu te sentais entre guillemets en difficulté dans ce cursus, tu as toujours quand même été une battante. Tu t'es battue parce que tu as réussi quand même à passer les classes.

  • Speaker #1

    Oui, mais ça, c'est très mal fini. Pourquoi ? Parce que quand tu forces un carré à rentrer dans un rond ou un triangle à rentrer dans un carré, mais au bout d'un moment, ça casse. Si tu veux vraiment forcer.

  • Speaker #0

    Mais tu sais où je dis que t'as été forte ? C'est que t'as quand même réussi à passer, à avoir le bac et tout. Pourquoi je dis que t'as été forte ? Parce que moi, j'ai vécu ce que t'as vécu. Quand je dis que j'ai vécu ce que t'as vécu, c'est-à-dire que mon père est prof de maths. Et comme tu dis, à un moment, la série scientifique, c'était vu comme c'est la série qu'il faut faire. Si ton enfant n'est pas en série scientifique, vas-y, tu vois. ES encore, ça va, mais L, non. Tu ne le vois jamais. Mes parents m'ont forcé à faire une première S, alors que je ne voulais pas du tout. Mais pas du tout. J'étais... bons en maths parce que j'avais un prof de maths à la maison. En physique, j'ai été éclaté au sol, mais je pense que je n'avais pas les bons professeurs qui ne m'ont pas intéressé. Donc moi, j'ai fait une première S, je l'ai redoublée. C'est une des raisons aussi pourquoi on arrive en Guyane, parce qu'on était encore en France avant. Et mes parents veulent me sortir un petit peu de cet engrenage-là. Parce qu'eux, ils pensent que c'est à cause de mon entourage, ils pensent que c'est à cause de où on est, je ne suis pas concentré à l'école et que je ne fais pas une bonne année scolaire, que non, il faut qu'on sorte Olivier Delas, naninana. C'est comme ça aussi qu'on arrive en Guyane, tu vois. Et quand j'arrive en Guyane, je redouble et je fais une première ES. Et là, tout se passe nickel.

  • Speaker #1

    Mais c'est toi la vraie force. Parce que la vraie force, c'est de rester qui tu es. Moi, j'ai cédé. J'ai cédé et j'ai été jusqu'à un point critique. J'ai cédé, je n'ai pas vécu ma vraie vie pendant des années. Tandis que toi, très rapidement, tu as eu cette force de te dire ce n'est pas pour moi, je ne rentre pas dans le moule et donc je redouble et c'est un cri d'alarme et il faut me mettre ailleurs. Et finalement, tu as forcé tes parents à admettre que ça ne te correspondait pas et à te mettre là où ça te correspondait mieux. C'est toi la vraie force.

  • Speaker #0

    En fait, je pense que chacun en a une force. Toi, tu as une force dans la résilience. Moi, j'ai une force dans... Non, je ne veux pas le faire et je ne le ferai pas. Tu vois ? Donc, on a chacun sa force de son côté. Donc, tu as ton bac et tu vas où après ton bac, alors ?

  • Speaker #1

    Donc, après mon bac, trop contente. Ouais, je quitte la Guyane, c'est bon, je pars. Parce que tu sais, le truc, c'est qu'en Guyane, comme aux Antilles, je parle beaucoup des Antilles aussi, parce qu'on est très proche au niveau histoire, culture et contexte, contexte social. Aux Antilles et en Guyane, à mon époque, en tout cas... Quand tu avais ton bac, tu voyais tous tes cousins, les grands frères, même les oncles, les tantes, tout le monde était parti. Tous ceux qui ont réussi dans la vie, qui ont eu des études, des diplômes, des carrières, ils sont partis étudier. ailleurs. Donc, quand enfin toi, c'est ton tour, tu te dis ça y est,

  • Speaker #0

    tu vas... Ma vie commence.

  • Speaker #1

    Tu pars, t'es content.

  • Speaker #0

    Tu peux me le faire, s'il te plaît ? Fais-le-moi, s'il te plaît. Générique.

  • Speaker #1

    Générique.

  • Speaker #0

    Non, non, tu l'as pas bien fait. Voilà, tu vois, c'est ça.

  • Speaker #1

    Générique. Là, c'est pas l'heure, ça sort pas. Mais en tout cas, je suis partie et j'ai découvert le froid, l'hiver, parce que moi...

  • Speaker #0

    Tu pars dans quelle ville ?

  • Speaker #1

    Alors Lyon.

  • Speaker #0

    Team Lyon. Mais pourquoi ils sont à Lyon ? Mon père est Lyon. Fais attention à ce que tu vas dire sur la ville. Non,

  • Speaker #1

    j'ai adoré. Je me suis toujours dit, mais si j'étais à Paris, je n'aurais pas survécu.

  • Speaker #0

    Ville froide. Tu es à Paris ? Moi, j'ai quitté la Guyane. Moi, je suis resté en Guyane. Je suis allé à Toulouse.

  • Speaker #1

    Encore ? Tu es resté en Guyane ?

  • Speaker #0

    C'est ça, je suis resté en Guyane. Moi, je suis allé à Toulouse. Parce que tous mes gars de Guyane, ils allaient à Toulouse. En plus, on disait Toulouse, il ne fait pas trop froid. Non, moi,

  • Speaker #1

    j'ai découvert l'hiver. Parce que quand j'ai été en vacances, en France, voir de la famille.

  • Speaker #0

    C'était toujours l'été,

  • Speaker #1

    les grandes vacances, tu vois. Là, là, je suis arrivée fin août pour une rentrée en septembre. Je n'ai pas compris ce qui m'est arrivé en octobre, en fait. Tu vois, en septembre,

  • Speaker #0

    tu fais la maline.

  • Speaker #1

    J'ai fait la maline avec des petits morts, des petits french, tu vois. Octobre est arrivé, là. Et yeah ! Je n'étais pas prête. Je n'étais pas prête. Personne ne m'avait expliqué. C'est quoi l'hiver, les degrés qui… Je n'ai pas compris. Donc, j'ai… Je me suis fait gifler le premier hiver, je me suis fait gifler par le froid. Et je n'ai jamais aimé le froid. Et en fait, ça a été une catastrophe.

  • Speaker #0

    Mais tu t'es inscrite à quoi ? À la fac à Lyon ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis inscrite en première année de biologie. Non, ce n'était pas tout de suite. Je voulais faire orthophoniste. Donc, j'ai fait une année de prépa.

  • Speaker #0

    Oh là là, j'ai peur. Comment tu rigoles ?

  • Speaker #1

    Une année de prépa catastrophique parce que là, non là. Là, vraiment, j'étais au bout du bout de ce que je pouvais supporter dans le fait d'être forcée dans un truc qui ne me correspond pas. Donc la prépa, je n'y croyais pas. Ça ne me correspondait pas du tout les cours qu'on faisait. Et j'ai quand même été au concours d'orthophonie. Et le matin, c'était sur deux jours, avec quatre sessions. Une session le matin, une session l'après-midi. Le lendemain, pareil. J'étais à la session du matin le premier jour. Je ne suis jamais retournée. Je ne suis jamais retournée. Quand j'ai vu la feuille, j'ai vu le type de questions qui n'avaient rien à voir avec le métier. C'est même pas de la culture générale, c'était vraiment des choses... Tu peux pas... Même une pré... Je me suis dit, mais attends, j'ai payé une pré... Mes parents ont payé une prépa, ça m'a pas préparé. Les trucs qui étaient dedans, c'était débile, c'était nul et c'était imprévisible. Donc je me suis dit, j'aurai pas ce concours avec ce genre de questions. Je me suis levée, mes autres camarades qui étaient en prépa avec moi m'ont regardé, mais qu'est-ce qu'elle fait ? J'ai déposé ma feuille. La dame m'a dit vous êtes sûre parce que si vous quittez la salle c'est terminé. J'ai dit je suis pas sûre mais c'est terminé en tout cas. Je suis sortie donc j'ai rendu, là je me suis dit je retourne pas l'après-midi, c'est mort, c'est fini. Et je me rappelle que j'ai été faire du shopping avec un argent qui n'était pas à moi, c'était mes parents qui m'ont envoyé de l'argent. Je sais pas pourquoi, j'ai été faire du shopping, j'ai été m'offrir un vêtement et tout. Et au sortir du shopping j'ai appelé ma maman parce qu'à l'époque bon... C'est pas les téléphones comme maintenant où tu appelles en illimité et tout, quand t'appelles en Guyane.

  • Speaker #0

    Y'a pas WhatsApp.

  • Speaker #1

    C'est gratuit. T'avais des unités, ça filait vite. Surtout que quand tu appelles en Guyane, c'était pas considéré comme la France. C'est pas comme si t'appelais à l'étranger. Bref. Donc j'appelle ma mère, je lui annonce que j'y retourne pas. Ça passe pas, l'info passe pas. Parce qu'eux, ils ont payé une prépa. Bien sûr. Donc déjà, il y a eu cette année-là. Je leur ai dit non, mais il faut juste que je me réoriente. C'était pas le bon. Je me réoriente en biologie. d'accord pire ouais là je finis pas le premier semestre ok parce que ben voilà 2, 4 en physique chimie parce que c'est pas que de la biologie malheureusement c'est tout un set avec physique chimie et maths encore et là autant en biologie j'ai toujours été à l'aise c'est pour ça d'ailleurs que j'avais choisi j'avais d'ailleurs une excellente note au bac mais je suis plus là par un reste physique chimie non là c'était tout et là en fait ben là a commencé une dépression Une grosse, grosse, grosse dépression qui a continué. À l'époque, en plus, on était dans les années 2000,

  • Speaker #0

    on ne parlait pas de santé mentale d'aujourd'hui.

  • Speaker #1

    De santé mentale, de dépression. Ce n'était pas décomplexé, ce n'était pas vulgarisé. Et nous-mêmes, on ne savait pas les mots à mettre sur ce qu'on ressentait, comment on se sentait. Donc du coup, je suis partie dans une autre filière scientifique, les sciences cognitives. Donc après avoir laissé tomber la biologie, mes parents n'en pouvaient plus. Chaque année, c'était une autre. nouvelle première année, il fallait payer. Il payait mon logement. Quoique non, non, non, non. Après...

  • Speaker #0

    La deuxième année ?

  • Speaker #1

    Après avoir laissé tomber l'orthophonie, j'ai pris un emploi. J'avais oublié ça.

  • Speaker #0

    C'était quoi ton premier boulot ? Dans un fast-food.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Dans un fast-food, équipière polyvalente, nettoyer les tables, vendre les sandwiches, nettoyer les WC.

  • Speaker #0

    Tu sais, je te dis, c'était quoi mon premier boulot ?

  • Speaker #1

    C'était quoi ?

  • Speaker #0

    Tu te rappelles à Cayenne, il y avait un magasin de CD qui marchait grave. Nuggets. Exactement.

  • Speaker #1

    T'as travaillé Nuggets ?

  • Speaker #0

    J'ai travaillé là-bas, je vendais des CD. Mon premier boulot.

  • Speaker #1

    des musiques en exclusivité.

  • Speaker #0

    Ouais, les riddim dancehall, j'ai découvert... Il y a un riddim de Juice Riddim.

  • Speaker #1

    C'est là-bas que je l'ai découvert.

  • Speaker #0

    C'était mon premier boulot. Mais bon, bref, oui, donc...

  • Speaker #1

    On n'a clairement pas eu la...

  • Speaker #0

    Tu m'as ramené loin, là.

  • Speaker #1

    De l'entrée dans la vie active, parce que... Laisse tomber.

  • Speaker #0

    Donc tu trouves un petit boulot pour, finalement, pouvoir payer des choses et libérer un peu les parents du poids de...

  • Speaker #1

    Ah ouais, parce que mes parents m'ont dit, ok, mais il faut assumer jusqu'au bout. T'as laissé tomber. Bref. Donc du coup, j'ai commencé à travailler, à me prendre en charge totalement. C'est vrai, oui. Donc biologie, j'étais déjà à mon compte. Enfin, à mon compte, je travaillais, je ramenais mes sous. Et sciences cognitives aussi, je travaillais en même temps.

  • Speaker #0

    Que tu faisais des cours.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Mais pareil, sciences cognitives, tu t'accroches pas.

  • Speaker #1

    Ah non, c'était une catastrophe. Les deux premières années de licence, je suis passée à chaque fois au rare. 10,60 ou tu vois, des 10 virgules, des trucs. J'étais à deux doigts du rattrapage. La troisième année, c'est pas passé. Le dernier semestre, j'ai eu le premier semestre. Le dernier semestre, j'ai eu une 9,64. Je m'en rappellerai toute ma vie. 9,64, je me suis dit. Et je suis passée en rattrapage. Et pareil, j'étais à la station de rattrapage le matin. Et en fait, je me suis dit, non, ça sert à rien. C'est pas ce que je veux faire. Même si j'ai la licence là, je vais rien faire avec ça. Et donc j'ai tourné le dos et là c'était le truc de trop pour mes parents. Ils m'ont dit mais attends, t'es en troisième année de licence, tu lâches ! Ah ouais, là ils n'ont pas appris la blague. Donc ça a été très difficile après. Donc du coup j'ai fait une grosse dépression. Et ça a participé aussi à une tentative de suicide. Parce que j'étais tellement pas alignée que j'avais perdu le goût de tout. Ma vie n'avait pas de sens.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu étais quand même à Lyon entourée ? Tu avais quand même des gens ?

  • Speaker #1

    Ah non, j'étais seule. Je me rappelle que ma petite sœur venait en études. Je crois qu'elle était déjà en études. Et où elle venait, elle arrivait. En tout cas, ce que je me rappelle, c'est que j'étais seule dans mon appartement. Je n'avais pas beaucoup d'amis. Et ce n'était que les collègues de travail, en fait. Des camarades de classe, mais je ne sympathisais avec personne. Quand j'ai fait ça, c'était avant que ma sœur n'arrive, parce que je voulais pas qu'elle trouve mon corps. Elle était pas encore arrivée en France, en fait. Je suis arrivée en France avant elle. Et donc, bon bref, en tout cas, bon, les ancêtres m'ont gardée, ils savent pourquoi. Mais en tout cas, j'étais pas du tout alignée. Et le fait de forcer, forcer, forcer, franchement, je le dis, s'il y a des parents qui regardent, s'il vous plaît, soyez attentifs aux aspirations, aux compétences, aux facultés de vos enfants. Parce que si l'enfant vous dit c'est pas ça, c'est pas pour lui je vous jure, des fois c'est une question de vie ou de mort, il ne faut pas insister.

  • Speaker #0

    Waouh, tu vois, c'est pour ça que pour moi c'est important de discuter avec toi, parce que tu vois, finalement on se connaît, et je ne savais pas que tu avais vécu ça, tu vois. Je ne savais pas que tu étais passé par là et tout, et qu'est-ce qui te... Qu'est-ce qui te rebooste après ça ? Qu'est-ce qui te remotive après ça ? Ah, c'est pas venu tout de suite. C'est ça. Combien de temps tu mets à sortir de cette dépression, déjà ? Déjà, à quel moment tu... Est-ce que c'est aujourd'hui que tu comprends que c'était une dépression ou est-ce que... Ah,

  • Speaker #1

    c'est après,

  • Speaker #0

    ouais. Très rapidement, sur le moment, tu comprends que c'est une dépression. Non, tu le comprends pas sur le moment.

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    Tu vois ?

  • Speaker #1

    Sur le moment, moi, ce que je comprends, c'est que...

  • Speaker #0

    Si tu veux pas en parler, on en parle pas. Ça fait un... Respire. Aujourd'hui, regarde où tu es. Regarde où tu es aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Non, mais je vais témoigner pour les jeunes parce que je te jure, il y a beaucoup de jeunes qui sont seuls.

  • Speaker #0

    D'abord, respire. Si tu veux bien témoigner, il faut que tu prennes le temps de bien l'expliquer. D'accord ? Aujourd'hui, regarde. Regarde-moi, Safia. Aujourd'hui, regarde où tu es. Regarde où tu es aujourd'hui. Regarde tout ce que tu as surmonté. Regarde tout ce que tu as fait. Je comprends que ça doit être dur de t'ouvrir sur ça aujourd'hui. Prends le temps de respirer, prends le temps de te calmer, si tu veux aider ces jeunes. Si tu veux leur donner les bons mots, tout, respire, calme-toi. Et si tu veux mettre des mots sur ça, tu les mets. Si tu veux qu'on passe à autre chose, on passera à autre chose.

  • Speaker #1

    Non, je vais mettre les mots parce que c'est utile. En fait, moi, sur le moment, et pendant de longues années, j'ai cru que j'étais faible. Parce qu'à cette époque-là, c'était le message qui était renvoyé, même par les équipes médicales qui prennent en charge, culpabilisent beaucoup. Et moi, je me suis retrouvée hospitalisée. Parce qu'on m'a sauvée de justesse.

  • Speaker #0

    En fait, tu veux dire que les services médicaux, au lieu de t'accompagner à ce moment-là, voulaient encore te remettre la faute sur toi et te dire que c'est toi qui ne sais pas...

  • Speaker #1

    Je ne vais pas généraliser, mais je suis tombée sur du personnel qui, effectivement, n'avait pas la psychologie, la pédagogie et même, je dirais, la bienveillance. Donc, les premiers mots que j'ai entendus...

  • Speaker #0

    Au lieu de te rééquilibrer ton... Oui,

  • Speaker #1

    ça m'a beaucoup fait croire que j'étais faible. que j'étais ingrate parce que moi, je vis et que d'autres partent, tu vois, par des accidents ou autre, d'autres, leur vie est arrachée. Moi, j'ai une vie, je la gaspille. Enfin, voilà.

  • Speaker #0

    C'est pas ce que tu avais besoin d'entendre à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Déjà, je pense que ça se dit même pas à aucun moment parce que chacun gère sa souffrance à sa manière. Et moi, j'avais différentes souffrances. Et celle de ne pas avoir de sens dans ma vie, c'était... C'était une de plus, une de trop, mais il y avait d'autres souffrances familiales et autres. Et du coup...

  • Speaker #0

    Tout ça a cumulé.

  • Speaker #1

    Moi, sur le banc, j'ai cru que j'étais faible, que j'étais insignifiante. C'était pire, quoi. De m'être ratée, c'était pire. En fait, j'ai surtout regretté de m'être ratée. Donc...

  • Speaker #0

    Un moment très dur. Un moment très dur. Et tu dirais que ça dure combien de temps, ce moment-là ? Un an ? Un an et demi ?

  • Speaker #1

    Ça a duré plus longtemps. Je ne me suis pas sentie pas bien dans ma vie, dans ma peau, pendant longtemps. Ce qui m'a fait rencontrer des personnes toxiques, parce que quand on est fragile, vulnérable, on est une proie pour les prédateurs qui reniflent au loin cette fragilité. et qui s'en nourrissent, tu vois. Donc je suis tombée sur des personnes, que ce soit des amis, que ce soit mon petit ami de l'époque, sur des personnes qui m'ont vampirisé. Le peu qui restait, ils l'ont vampirisé. Donc c'est trois...

  • Speaker #0

    Et puis j'imagine que, comme tu l'as dit tout à l'heure, aujourd'hui on est dans des générations où on met des mots sur ça, on donne la parole à ça. Je ne veux pas défendre les parents à l'époque, mais en plus déjà, tu es loin, tu es à distance. Et pour les parents, pour comprendre le mal-être que tu vis à ce moment-là, sachant qu'ils eux-mêmes n'ont pas grandi avec ces codes de mettre des mots sur ça, on te dit juste, vas-y, arrête, travaille, fais tes trucs. Donc ça doit être très dur, effectivement. Ça doit être très dur à vivre. Et bon, voilà.

  • Speaker #1

    parce que eux mes parents ont souffert énormément énormément en fait je pense qu'on réalise pas que nos parents ont souffert ah bah oui parce que de toute façon quand on est parent et que notre enfant il va pas bien on culpabilise on se dit on a une part de responsabilité et quand en plus notre enfant fait ça va jusque là on se dit qu'on a failli on a failli on a pas vu le truc donc mes parents ont beaucoup souffert de ça et ils ont je pense traîné une peur que je commence pendant longtemps mais on va aller dans le positif qu'est-ce qui te fait sortir de ça ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te redonne ce goût ?

  • Speaker #1

    J'ai séjourné au Jamaïque. C'était un rêve pour moi.

  • Speaker #0

    Merci la Jamaïque ! Merci à eux ! Vous avez redonné le sourire à sa fière. Merci à eux ! Merci ! Je t'ai obligé.

  • Speaker #1

    La Jamaïque m'a repêchée. Parce que déjà, c'était un rêve. J'ai toujours été fan de Den Sol. C'est la première fois que j'en ai entendu. très très jeune en Guyane et ça aussi, c'est une des richesses de la Guyane.

  • Speaker #0

    Moi, je remercie la Guyane pour ça. J'ai découvert la dentole en Guyane. Ceux qui me connaissent savent qu'aujourd'hui, je suis piqué à mort. Gaza, mais c'est...

  • Speaker #1

    Donc voilà, depuis petite, je rêvais d'aller sur la terre de Biniman, de Bounty Killer, de General Degree. J'ai vraiment grandi avec certains personnages.

  • Speaker #0

    Et tu pars en quelle année ?

  • Speaker #1

    En 2010 ou 2011.

  • Speaker #0

    11.

  • Speaker #1

    Donc je pars là-bas et ce qui est drôle, c'est que j'avais essayé de partir en vacances plusieurs fois, ça avait échoué et là je suis partie pour un échange universitaire. C'était prévu que ce soit quatre mois, je crois.

  • Speaker #0

    T'as fait quatre mois là-bas ?

  • Speaker #1

    Ben non, j'ai fait neuf mois parce que... Bon,

  • Speaker #0

    mon beau glade !

  • Speaker #1

    J'ai fait mon semestre et après j'ai trouvé un emploi, enfin l'emploi m'a trouvé et j'ai pu prolonger mon visa et rester un peu plus longtemps.

  • Speaker #0

    Je suis jaloux de toi, très très très jaloux.

  • Speaker #1

    À travailler chez Nuggets, on est quitte.

  • Speaker #0

    Non, on n'est pas quitte. Là, tu as vécu un de mes rêves. Moi, j'ai eu la chance d'y aller, mais je n'estime pas que j'y suis allé. Parce que j'y suis allé en vacances, quand j'habitais au Canada. J'y suis allé une semaine. Je suis allé et j'ai été déçu. Ah ouais ? Parce qu'en fait, c'était mon ex de l'époque qui m'avait amené là-bas pour me faire plaisir. Sauf qu'on a fait une semaine en resort. Ah ouais,

  • Speaker #1

    non, d'accord.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas du tout la Jamaïque que je voulais vivre. Tu vois, je me rappelle d'une anecdote. Un jour, je suis parti faire du jet ski. Et tu avais des animateurs du jet ski. C'était que des gars, des jeunes. Ils devaient avoir 20, 25 ans et tout. Ils écoutaient la radio. Tous les sons d'Handsoul qui passaient, ils voient que je les connaissais. Tous les sons d'Handsoul qui passent à la radio, ils voient que je les connais. Et ils me disent, en anglais, tu vois, t'aimes ça, t'écoutes ça. Je dis, mais j'écoute que ça. Ils me disent, ah ouais, mais si tu veux, on peut te sortir. On peut t'amener dans une soirée et tout et tout. Et tu sais, malheureusement, avec le storytelling qu'on te raconte sur la Jamaïque, j'avais envie d'y aller. Mais après, je me suis dit, attends, mais toi, t'es un touriste, t'es un vacancier. Ça se trouve, les mecs, ils t'ont déjà calculé qu'après, quand ils vont t'amener, ils vont te... Et je ne suis pas allé. Et si c'est à refaire, en tout cas, j'espère y retourner un jour, mais si je retourne, j'irai chez l'habitant. Parce que je veux vivre la vraie Jamaïque, aller dans des vraies soirées, aller dans des vrais endroits. Et moi, c'est ça que je regrette aujourd'hui. J'ai vu de belles choses là-bas, mais je n'ai pas vécu la Jamaïque comme j'aimerais la vivre. Donc, quand toi, tu me dis que tu as fait neuf mois là-bas, oh là, tu as dû vivre des dingueries.

  • Speaker #1

    Complètement. Des trucs de dingue. Surtout que j'ai été à l'époque où Usain Bolt était au Jeux de la

  • Speaker #0

    Marseille. Oh là là !

  • Speaker #1

    Il gagnait toutes les médailles, il pétait tous les records. Et c'était l'ami d'un de mes meilleurs amis là-bas. Je le voyais tout le temps.

  • Speaker #0

    Tu veux que j'arrête ? Tu veux que j'arrête le podcast ici ? Tu veux qu'on se dépêche ? On était amis avant que ce podcast ne commence.

  • Speaker #1

    Maintenant, Usain Bolt, même les jeunes ne connaissent plus peut-être.

  • Speaker #0

    Il fait la pub pour des trucs de machines à laver. Je ne sais pas si tu as vu, il y a cette pub qui passe en ce moment à la télé. Il fait des pubs de lessive. Mais bon, bref.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'était la belle époque pour lui. Non seulement j'ai rencontré toutes les stars que je rêvais de rencontrer dans mon enfance.

  • Speaker #0

    Elle fait exprès. Je vous le dirai, elle fait exprès.

  • Speaker #1

    Mais en tout cas... Bon, je vais écouter, mais la Jamaïque, ça a été l'étincelle pour justement ce que tu dis, le storytelling. Quand j'ai vécu là-bas, et que j'ai vécu... En fait, j'ai pas retrouvé la Jamaïque. On te vend. On faisait peur avec les trafiquants, l'insécurité.

  • Speaker #0

    Les gangs.

  • Speaker #1

    Tu te bats juste en marchant dans la rue, tu te fais des balles. Non mais tous les sites avec lesquels j'ai grandi en Jamaïque, ils se tirent dans la rue comme ça. entre gangs et puis voilà quoi.

  • Speaker #0

    Que des gars drogués partout.

  • Speaker #1

    Et finalement, j'ai trouvé qu'il n'y avait pas tant de personnes avec des locks là-bas finalement, parce que moi, j'en portais déjà. Et déjà, je sortais du lot quand j'allais quelque part parce que tout, enfin, c'était pas si courant que ça. Donc, quand j'ai vu ça, je me suis dit Ah ouais, en fait, il y a un vrai décalage.

  • Speaker #0

    On se fait laver le cerveau.

  • Speaker #1

    Et ce qu'on peut vivre sur place. Et là, je crois qu'il y a une étincelle qui s'est allumée et j'ai commencé à comprendre qu'en fait... Mais peut-être qu'il y a d'autres endroits dans le monde où c'est comme ça, tu vois, Haïti, les pays africains. Donc, je pense que là, j'ai commencé à...

  • Speaker #0

    Et quand tu pars en Jamaïque, est-ce que tu as déjà des réseaux ? Je veux dire, tu as déjà une page Instagram ? Est-ce qu'il y a déjà Instagram ? Non,

  • Speaker #1

    il n'y a pas Instagram, ça c'est sûr, parce que j'ai eu Instagram en...

  • Speaker #0

    Donc, tu ne...

  • Speaker #1

    Dans mon smartphone.

  • Speaker #0

    Ok, donc tu ne documentes pas. C'est vraiment, tu vis ton expérience pour toi à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Ce qui est drôle, c'est que j'ai été avant-gardiste parce que... Partout où j'ai été depuis très tôt, j'ai toujours acheté des petits appareils photos. Parce qu'à l'époque, les téléphones ne faisaient que téléphoner ou envoyer des messages. Et les appareils photos étaient à part, c'était séparé. Donc à chaque fois, j'achetais un appareil photo. Alors au départ, quand j'étais très jeune, c'était des pellicules.

  • Speaker #0

    Oui, jetables.

  • Speaker #1

    Qu'on devait emmener dans un magasin, faire développer, attendre des fois une semaine.

  • Speaker #0

    Une semaine, je te jure. Tu ne sais même pas si la photo est nette.

  • Speaker #1

    Tu avais raté la photo. Bref. Mais là, c'était l'époque des cartes mémoires.

  • Speaker #0

    Numériques,

  • Speaker #1

    ouais. Je prenais des photos et je sortais les photos, je les mettais... Je ne sais plus comment je faisais, mais je pense que sur des ordinateurs fixes, je transférais sur ordinateur, puis sur un disque dur, enfin bref. Sauf que malheureusement, ces disques durs, avec le temps, ils n'ont pas survécu. Mais j'avais documenté. J'ai été dans toutes les soirées où tu voulais aller. Tous les passe-à-passe, les... Désolée, Olivier. Mais j'ai documenté. J'ai des vidéos où je suis à côté de Sean Paul. Franchement, j'ai vécu... Là-bas, je n'ai pas les mots. Je n'aurais jamais pensé dans ma vie. Je n'en demandais pas tant. Je voulais juste faire 10 jours en Jamaïque.

  • Speaker #0

    Tu voulais faire 10 jours et tu fais 9 mois.

  • Speaker #1

    Neuf mois où j'ai vraiment fait le tour, c'est-à-dire les personnes très riches, les personnes très pauvres, les personnes au milieu, travailler là-bas, étudier là-bas, s'amuser là-bas. J'ai tout fait. En neuf mois, j'ai fait... Là, je le dis vraiment en toute humilité, c'est-à-dire que même les Jamaïcains m'ont dit mais en fait, tu as fait plus de choses que nous en toute humilité.

  • Speaker #0

    Oui, parce que souvent, quand tu nais quelque part... Et que tu te rendis quelque part.

  • Speaker #1

    Moi, je savais que mon temps était compté là.

  • Speaker #0

    Tu te dis, ça, j'irai plus tard. Et finalement, tu y vas jamais. Exactement. Ça, je découvrirai plus tard et tu y vas jamais. Donc, quand tu fais ces neuf mois-là, tu ressors plus forte, tu ressors boostée. Tu fais quoi après ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai appris deux choses en Jamaïque. La première, c'est qu'il ne faut pas se fier à ce que racontent les médias. La deuxième, c'est entreprendre. Mais je ne savais pas. C'était juste une graine qui avait été plantée.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    La graine de... Je peux faire moi-même ce que je ne trouve pas là et que j'aimerais qu'il soit fait. Je peux le faire moi-même. Et surtout, je peux faire des choses différentes. Tu vois, parce que dans l'état d'esprit français, comme tu as dit, on te sectorise. Toi, c'est les sciences. Toi, c'est la littérature. Toi, tu es un artiste. Toi, tu es un sportif. Mais là-bas, j'ai compris qu'en fait, non, tu peux faire de la biologie et en même temps être un sportif de haut niveau. Tu peux être psychologue et en même temps mannequin pour des maillots de bain. Tu vois, les gens se permettaient de faire ce qu'ils veulent et ce qu'ils savent faire. Si ça fait plusieurs choses, ils utilisent toutes leurs compétences. Et ça, je l'ai retenu. Aujourd'hui, je l'applique longtemps après. Mais ça a été des graines, deux graines qui ont germé par la suite. Celle de l'entrepreneuriat et de pouvoir être multitâche. Et celle de ne pas me fier aux médias et de peut-être aller voir la version sur place, la vraie version.

  • Speaker #0

    Donc, tu quittes la Jamaïque après neuf mois. Voilà. Est-ce que tu retournes en France ?

  • Speaker #1

    Non, alors je n'étais pas en France avant la Jamaïque, j'étais en Martinique. D'accord. Donc, je retourne en Martinique, terminer mon master. Oui. Et voilà, après je rentre en Guyane.

  • Speaker #0

    Oui, tu rentres en Guyane.

  • Speaker #1

    Parce que là, alors... Là, c'était un master d'anglais. Alors ça, c'était après ma dépression. OK. Avant la Jamaïque, j'étais toujours en dépression, toujours fragile et tout. La Jamaïque m'a vraiment redressée. Même au niveau bien manger, pas de stress. Enfin, les gens là-bas, vraiment, ça m'a ravivée, tu vois. Et aussi, j'ai été coupée des personnes toxiques que j'avais.

  • Speaker #0

    Autour de toi à ce moment-là, oui.

  • Speaker #1

    Avant. Donc, ça m'a beaucoup fait du bien. Ça m'a régénérée. Et sortie de là... Quand j'ai terminé mon master, c'était un master d'anglais. D'où le fait que j'ai fait un voyage là-bas. Et je ne savais pas ce que je voulais faire avec ce master d'anglais. Donc j'ai un ami, si jamais il passe par là, coucou Marvin. Marvin me dit, écoute, en Guyane, ils ont besoin de profs. Donc viens, parce que le temps que tu trouves ce que tu veux faire, tu auras un salaire. Assurément, parce qu'ils ont besoin. effectivement je postule je suis prise tout de suite parce qu'ils ont tellement besoin qu'il n'y a même pas d'entretien tu peux renvoyer ton CV de maçon et lui donner des cours d'histoire géographie ils ont besoin ils prennent n'importe qui c'est n'importe quoi donc du coup ils m'ont pris pour master d'anglais et d'ailleurs j'ai pas fait de l'anglais tout de suite ils m'ont mis prof en secpa je faisais tout toutes les matières secpa en plus c'est pas comme si t'as eu les élèves les plus calmes voilà donc Donc, en fait, ça a été très bien pour moi de commencer par là. Parce que moi-même...

  • Speaker #0

    Attends, attends, attends. S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît. Parce que, attends, tu ne t'orientes pas pour être prof. Tu arrives prof. En plus, ce n'est pas pour enseigner l'anglais.

  • Speaker #1

    Non, mais c'était la catastrophe.

  • Speaker #0

    Juste, s'il te plaît, raconte-moi le premier jour.

  • Speaker #1

    Ah, c'était... Attends, mais parce que si je dois tout te raconter, on m'envoie à Grand Senti.

  • Speaker #0

    Est-ce que Grand Senti...

  • Speaker #1

    Sans livre, sans manuel. Grand Senti serait...

  • Speaker #0

    Est-ce que tu pourrais donner... Quelle comparaison tu pourrais donner grand senti pour les gens qui connaissent pas si tu devais dire une ville française ?

  • Speaker #1

    Ah mais non, ça n'existe pas. Non mais non. La Guyane n'a rien à voir avec la France. En aucun point. Donc de toute façon, il ne faut pas commencer à comparer. Nous, on est dans l'Amazonie.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça.

  • Speaker #1

    Donc déjà, au niveau environnement, ça n'a rien à voir. Il n'y a aucun environnement en France. qui est plongée au cœur d'une forêt dense et luxuriante avec...

  • Speaker #0

    Le seul moyen de se déplacer, c'est avec des...

  • Speaker #1

    Et puis enclavé, tu vois ? C'est-à-dire que quand tu as un avion, tant mieux, mais quand tu n'as pas d'avion, c'est 9 heures de pirogue. Des fois, deux jours si l'eau est trop basse.

  • Speaker #0

    Et donc, toi, tu arrives pour être enseignante là-bas.

  • Speaker #1

    Donc, on me catapulte là-bas où je n'ai jamais été. En fait, la Guyane, je dirais que c'est trois zones d'habitation. Il y a la zone est... avec la partie vers le Brésil. Je dirais la zone Est, donc les communes qui commencent à donner sur le Brésil. Donc, ils sont sur le fleuve qu'on partage avec le Brésil. La zone Ouest, avec le fleuve qu'on partage avec le Suriname. Donc, moi, c'était dans cette partie-là que j'étais. Et il y a la côte maritime où il y a les villes les plus connues. Cayenne. Moi, je n'ai jamais été plus loin que Saint-Laurent, qui est sur la partie Ouest. Mais c'est une ville qui est encore, tu vois...

  • Speaker #0

    T'es encore un peu côtier, ouais, voilà. T'es pas rentré au côté...

  • Speaker #1

    Là, tu peux y aller par la route. Mais yeah, quand tu commences à remonter le fleuve, qu'on partage avec le Suriname, et à partir dans la forêt, là, la plupart des Guyanais qui sont sur la côte, ils n'ont jamais été... 12 mois à cette époque-là, je n'avais jamais été. Donc je suis catapultée dans une autre dimension. Ça n'a rien à voir avec Cayenne-Courou, les pays que je connais, Rémi-Hermont-Joli, ça n'a rien à voir. Déjà, ils ont leur langue. Il faut savoir que les bouchinangais, ce sont des peuples qui ont résisté à l'esclavage en s'enfuyant des plantations et en recréant une vie totalement africaine. Non parasité par je ne sais pas quel apport occidental. Non, peut-être ils se sont laissés un peu influencer par certaines cultures amérindiennes, un petit peu. Il y a eu certainement des fusions, mais... ils sont restés authentiquement africains, dans tout. Donc ils ont leur langue, ils ont créé leur langue, qui est très basée sur l'Afrique. Donc quand j'arrive là-bas, il y a très peu de personnes qui parlent français, notamment les élèves. Et la première année, je crois que j'ai eu des sixièmes, cinquièmes, en cinq pas. J'ai des élèves qui ne me comprennent pas, que je ne comprends pas, je n'ai pas de manuel, parce que bien évidemment, comme on est loin de tout et que c'est très peu accessible, c'est très abandonné. Donc du coup, il y a... pas forcément tout le matériel scolaire. Et on me dit, vas-y, fais cours. On va faire histoire géo, maths, français, SVT, sport, yo !

  • Speaker #0

    T'es courageuse, hein ? T'as accepté ça !

  • Speaker #1

    Mais est-ce que t'as le choix ? Est-ce que tu sais ? Est-ce que tu sais ? C'est-à-dire que c'est quand tu es arrivé à Grand-Santi que t'as pris un avion, que t'as traversé au-dessus de la Guyane, toute l'Amazonie, t'es arrivé en avion avec toutes tes affaires. Et là, on te dit, en fait, ah bon, anglais ? Ah, mais ça, c'est pas ce qu'il y a écrit ici, hein ? Nous, on a prof de secte. pas, vous commencez demain. T'es pas formé, voilà. Donc, improvisation,

  • Speaker #0

    les gars,

  • Speaker #1

    premier temps. Mais, bon, je pense que j'ai un don pour raconter. Donc, du coup, au fur et à mesure, j'ai mis en place des cours qui les ont intéressés. Et en fait, quand tu commences aussi difficilement, tu peux que être, si c'est ta vocation de transmettre et d'enseigner, tu peux que être une excellente enseignante. Parce que t'as commencé par le feu.

  • Speaker #0

    Ouais. Ça, c'est le feu même ! Là,

  • Speaker #1

    c'est le feu, c'est la lave-char ! On t'a lâché dans la nature, c'est le cas de le dire. Et tu te débrouilles. Et j'ai fait classe, tu vois, à ces élèves. Déjà la première année, et puis la deuxième année, j'avais des petites choses de prêt. J'ai fabriqué des jeux, il n'y avait rien. Il n'y avait pas Internet. Il y avait deux ordinateurs post-fix dans la salle de prof. C'était pris d'assaut. Tu n'avais jamais accès aux ordinateurs. Il y avait toujours un prof qui en avait besoin. Donc, je n'avais pas accès à Internet.

  • Speaker #0

    Donc tu dois développer d'autres skills.

  • Speaker #1

    J'ai ramené des petites fiches de bristol, j'ai commencé à faire des choses un peu manuelles parce que ce sont des élèves qui sont forts parce qu'ils ne se laissent pas embrigader dans le moule qui ne leur correspond pas. Ce n'est pas leur façon de pouvoir apprendre. Ils n'acceptent pas d'apprendre comme ça. Et donc je me suis adaptée à eux. Donc moi, j'ai vraiment adoré. Déjà, j'aime beaucoup les enfants. qu'ils soient turbulents ou pas, donc j'ai beaucoup accroché avec eux. Et voilà, donc du coup, ça a été ma première expérience de prof.

  • Speaker #0

    Et tu fais combien de temps à Grand Sentier ?

  • Speaker #1

    Deux ans.

  • Speaker #0

    Deux ans. Et après, tu retournes sur Skyline ?

  • Speaker #1

    Je me déplace parce que aussi, quand je suis rentrée en Guyane pour devenir prof, j'avais pas de diplôme, j'ai pas passé de certification ou quoi. Donc du coup, je suis ce qu'on appelle contractuelle. Et les contractuelles, on te balade comme ça au gré des besoins. Oui. Malheureusement pour moi, ils ne m'ont pas gardé à grands sentiers. Je voulais rester, contrairement à d'autres qui ne veulent surtout pas aller là. Moi, je voulais rester. Ils m'ont catapultée dans une autre ville à Saint-Laurent, où j'ai fait un an et après ils m'ont encore changée. Pour me rapprocher cette fois des villes que je connaissais, notamment Rémire. Et je suis restée là des années.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc tu restes là-bas des années. Et je pense que c'est là où on arrive à ce qui fait que beaucoup aujourd'hui de gens te connaissent. Est-ce que c'est à cette période-là, finalement ? C'est à quel moment qu'arrive la création de contenu ? Parce que, si je ne dis pas de bêtises, pour moi, je pense que tu as... Deux phases dans la création de contenu. Il y a d'abord Safia Enjoy Life qui arrive, et après il y a Grandeur Noire qui arrive. Corrige-moi si je ne me trompe pas. Je te corrige. Vas-y.

  • Speaker #1

    C'est d'abord Grandeur Noire, mais les gens ne savent pas. Ah ouais ? Tu vois,

  • Speaker #0

    c'est marrant.

  • Speaker #1

    J'ai créé la page Grandeur Noire en juillet 2016. Wow,

  • Speaker #0

    2016 !

  • Speaker #1

    Ouais, j'ai créé cette page en juillet 2016.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Et j'ai commencé à faire des vidéos qui ont plu. et que les gens ont trouvé drôle en août 2016.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Et ce n'était pas fait pour être drôle.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'était pas fait exprès.

  • Speaker #1

    Et ce n'était pas fait pour buzzer, ce n'était pas fait pour... Tu vois, je ne m'y attendais pas du tout.

  • Speaker #0

    Ta première vidéo virale où tu réalises qu'il y a quelque chose qui se passe, c'était quoi ?

  • Speaker #1

    C'était sur les administrations, je me rappellerai toujours. Parce que j'étais sortie des impôts et je m'étais fait traiter comme une serpillère par la dame. Alors que je venais payer, donner mon argent durement gagné à un État qui me vole, qui me braque, et on me traite en plus comme ça ? Non, c'était trop. La dame m'a trop manqué de respect. Donc comme ça, tu devais... Sachant que quand tu vas aux impôts... Bon, déjà, on te fait attendre. Bon, bref, c'est déjà... Les administrations, quoi. Donc, tu souffres, mais tu peux rien dire parce que...

  • Speaker #0

    C'est malheureusement le système et t'as besoin de faire...

  • Speaker #1

    Il y a un seul centre des impôts. Si tu payes pas là, après, t'as des problèmes. Donc, tu supportes, tu subis. Mais... J'ai relâché toute ma frustration en me filmant. Je conduisais, je me suis arrêtée. J'ai dit non, c'est trop pour moi et tout. Et j'ai fait une vidéo. Je ne sais plus ce que je disais, mais en gros, je lui disais même si c'est 11h59, tu me serres. Un truc comme ça, parce que la femme était pressée. Elle m'a jeté tout et tout. Et j'ai fait une vidéo comme ça, mais c'était un coup de gueule.

  • Speaker #0

    Oui, toi, tu voulais juste lâcher l'énervement que tu avais.

  • Speaker #1

    Oui, c'était juste de dire mais. En fait, les administrations, mais respectez-nous, calmez-vous. Et puis nous, clientèle, on ne doit pas accepter ça et tout. C'était juste un coup de gueule. Les gens ont rigolé. En fait, ça a fait rire les gens. Et à l'époque, je devais être suivie par, je ne sais pas, 500 personnes. C'était ma page personnelle.

  • Speaker #0

    Tu contrôlais ton petit univers. Tu connais la plupart des gens qui te suivent.

  • Speaker #1

    J'avais ma petite page Instagram anonyme. Et puis, je publie ça sur Instagram. J'avais déjà plus Facebook, j'avais plus Instagram. Et voilà, j'ai publié, j'ai fini avec ça. Et puis, c'est quelques jours plus tard que j'ai des amis qui m'envoient. Mais je n'ai pas pris tout de suite la mesure du truc. Parce que je n'ai jamais été très réseau sociaux, tu vois. J'ai toujours été assez fermée dans ma petite bulle. Donc, une personne me fait la réflexion. Hé, mais c'est quoi cette vidéo qui tourne ? Mais ce n'est pas toi et tout ! Je ne m'occupe pas. Deuxième personne. Et c'est quand un ami en France... m'a envoyé une capture d'écran et m'a dit Mais qu'est-ce que tu fais sur le groupe WhatsApp de ma famille ? Mon père qui partage ta vidéo, c'est quoi ça ? Et en fait, je n'avais pas Facebook. La vidéo avait été emmenée sur Facebook. Elle avait fait des centaines de vidéos. Donc moi, sur ma page Instagram, ça n'avait pas forcément… Toi,

  • Speaker #0

    tu ne sais pas que quelqu'un a repris et que c'est en train de… Mais la vidéo avait été reprise ailleurs.

  • Speaker #1

    Et donc, ça avait fait plein de vues. Et puis, les gens commençaient à m'arrêter dans la rue. Mais c'est fou la date des impôts et tout ! Mais je me suis dit… ça va s'arrêter, tu vois, ça va durer huit jours. Mais à peu près, ça ne dure pas. Un mois après, les gens sont encore en train de faire tourner la vidéo, de me reconnaître et tout. Et je pense que ça m'a encouragée parce que, comme il y a beaucoup de choses à dénoncer en Guyane, j'ai commencé à faire des coups de gueule.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que plus que les gens aiment ça quand je dénonce… Mais surtout,

  • Speaker #1

    c'est même pas qu'ils aiment ça, c'est surtout puisque ça circule et que le message est entendu, peut-être qu'à force, il va être compris ou que les gens, même en commentaire, vont réagir et que ça va… un peu faire bouger des choses, un peu, tu vois.

  • Speaker #0

    Tu vois, c'est marrant que tu dises ça, parce que finalement, quand toi, tu vois ce buzz, ou beaucoup auraient vu ce buzz en se disant Ah ouais, les gens, ils aiment bien, ben attends, je vais continuer parce que j'ai envie d'être connu. Toi, tu vois ce buzz en te disant Ah ben, j'ai une manière de dénoncer, où les gens m'écoutent. Donc toi, tu te dis Ben, vu que c'est de cette manière que vous voulez bien m'écouter quand je suis comme ça, toi, tu veux transmettre des messages. avec un sens et tu te dis, vu que vous aimez ça, je vais continuer, mais toujours en essayant d'éduquer la personne derrière. Et moi, c'est ça que je trouve qui est fort, c'est que tu as toujours cette notion d'éducation. Même si oui, tu fais rire, mais tu cherches toi, tu dis... Vu que c'est par le rire que je peux vous éduquer, je vais vous faire rire, mais je vais vous éduquer et vous allez apprendre des choses. Tu vois ?

  • Speaker #1

    Mais tu es un psychanalyste, en fait.

  • Speaker #0

    Ouais, tu as vu ça ? Tu as grave le diplôme que tu n'y as pas. Je pense que, incha'Allah, dans le futur, je vais mettre un canapé pour que mes invités s'allongent comme ça et tout. Et donc, tu continues à faire des vidéos. Et moi, quand je regarde un petit peu ton évolution sur les réseaux, je vois que ce côté, finalement... People, même si toi, tu sais que tu veux passer des messages, ça prend très vite de l'ampleur. Parce que je vois, ça grandit très vite.

  • Speaker #1

    Ça allait super vite. Franchement…

  • Speaker #0

    Parce que je vois, on commence à t'inviter dans d'autres pays.

  • Speaker #1

    Ah ouais, ça allait vite. Tu te dis, j'ai la première vidéo qui buzz. En fait, en août, je fais mon coup de gueule, ça buzz tout de suite. Je fais un deuxième coup de gueule peut-être en septembre, ça buzz encore. Ils sont en mode… Ah, c'est encore la fille de l'eau la dernière fois. Donc, OK. Je me rappelle la deuxième vidéo qui a buzzé, c'était sur les menteuses. J'avais dit...

  • Speaker #0

    Menteuses.

  • Speaker #1

    Non, mais celle-là, dinguerie.

  • Speaker #0

    Le truc a tourné des chansons.

  • Speaker #1

    Ils ont fait des chansons avec.

  • Speaker #0

    T'as les bonnes attitudes aussi quand tu racontes le truc. Je sais pas. Non, mais c'est que t'as les bonnes attitudes, t'as les bonnes mimiques, t'as les bonnes trucs.

  • Speaker #1

    Et les gens à l'époque... on fait ce que maintenant on fait sur TikTok, c'est-à-dire reprendre la vidéo en parlant eux-mêmes avec exactement tout le script. Comme si c'était un script. Non, le truc, non, ça a trop buzzé. Donc en tout cas, du coup, on m'a demandé de venir jouer des scènes.

  • Speaker #0

    Ben oui, c'est ça. Parce que je te vois, c'est ça, tu commences à faire des spectacles.

  • Speaker #1

    Franchement, j'arrive pas à croire que...

  • Speaker #0

    Mais c'est ça, c'est ça qui est une dinguerie. C'est que je te vois, tu vois, tu commences à faire des spectacles. C'est-à-dire que... T'arrives à un moment... Avant de te poser cette question, tes élèves, ils voient ces contenus-là ? Ouais,

  • Speaker #1

    mais pas tous. Ouais, ouais,

  • Speaker #0

    en fait. Est-ce que quand tu viens en classe, tes élèves te parlent des contenus que tu fais ?

  • Speaker #1

    Très rigoureuse, j'ai une rigueur, j'ai une autorité, que ce soit sur tout le monde, sur les gens avec qui je travaille, sur mes élèves, ouais. C'est-à-dire, moi, je suis dans l'autorité, mais dans le respect. Donc, comme j'ai toujours respecté mes élèves, ils m'écoutent. Ils donnent du crédit à ce que je dis. Et moi, je leur dis dès la rentrée, parce qu'ils me reconnaissent.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Mais je leur dis, tout ce qui se passe dans cette classe, ça doit concerner l'anglais. Si vous voulez me parler d'autre chose, c'est dans le couloir, c'est sur le parking, quand vous me croisez. Mais ce n'est pas dans ma salle de cours. Ma salle de cours n'est pas faite pour ça. Mais en fait, les élèves ont mieux respecté que les adultes.

  • Speaker #0

    Oui, souvent.

  • Speaker #1

    Les surveillants, mon Dieu. Souvent, ça tourne, les surveillants. Tu vois, c'est des petits contrats. Quand il y avait un nouveau surveillant qui arrivait dans la salle pour prendre l'appel. Moi, je suis dans mon cours et tout. Il sabote mon autorité parce qu'il parle de ça dans la classe. Les enfants, là, c'est la porte ouverte. Là, ils s'infilent dans la faille.

  • Speaker #0

    C'est que tu ne dois pas t'attendre à voir la fille que tu suis. Tu ouvres la salle de classe et tu la vois, elle donne un cours.

  • Speaker #1

    Les surveillants, les collègues profs qui viennent te parler. C'est une réunion de profs, tu vois. Ils viennent te parler. Franchement, les élèves étaient... plus disciplinés que les adultes. Mais oui, les gens savaient en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr, parce que ça va vite. Ça va vite avec les réseaux et tout. Donc je me demande ça, comment tu gères le fait d'être enseignante ?

  • Speaker #1

    C'est le bon levier.

  • Speaker #0

    Et surtout que c'est des gamins, eux ils sont sur le téléphone tout le temps, donc eux ils sont encore plus vraiment connectés et ils voient tous les buzz.

  • Speaker #1

    J'ai trouvé qu'ils étaient très respectueux et très mûrs, matures dans leur comportement. Mais peut-être parce qu'eux ils sont nés avec les réseaux. ils savent faire la part des choses comprennent que il y a la vie des réseaux et il y a leur vie à eux le prof c'est pareil tu vois c'est je sais pas mais en tout cas les élèves big up s'il y en a qui passent sur la vidéo et donc tu as grandeur noire à ce moment là tu fais ces contenus là sur ta page Safia Enjoy Life c'est ça c'est que Safia Enjoy Life ça apprend tout de suite je me rappelle en un mois j'ai gagné 8000 abonnés ouais

  • Speaker #0

    Alors que tu avais 500 commentaires.

  • Speaker #1

    C'est pas la même chose. Tu vois même plus tes commentaires. Parce qu'à l'époque, je pouvais avoir 500 commentaires et je peux pas lire tout ça. J'ai plus ma petite communauté de 3-4 commentaires, je réponds, je spawnais et tout. Donc tout change. Et tout de suite, on me propose de faire des spectacles. Donc moi, je dis non. J'ai pas besoin d'argent, je gagnais très bien ma vie. Donc je vais pas le faire pour l'argent. Et non parce que c'est un vrai métier de faire des spectacles. Je ne peux pas m'improviser et manquer de respect à ceux qui prient par des spectacles. Quand on m'a dit le prix, j'ai dit il n'y a plus de respect. Je veux apprendre. Je vais faire aussi.

  • Speaker #0

    Mais tu vois, en plus, ce qui est bien, c'est que les spectacles... Il y a un humoriste que je kiffe en ce moment. J'ai tellement envie qu'il vienne à Dakar pour recevoir Edgar Eve.

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    Parce que... Il est tellement fort pour te passer des messages. Mais c'est ça. Il a une connaissance. Il a un sens des mots, des vocabulaire. Il est tellement précis quand il parle. Il est tellement conscient de ses mots, de son vocabulaire, de son français. Bon, de toute façon, son père est avocat. Sa famille est avocat. Tu vois, le... Je ne savais pas. L'arbre tombe. C'est cultivé. Non, très cultivé. Il a eu une cassure, justement, avec son père parce qu'il a voulu se lancer dans l'humour. C'était très difficile. Mais aujourd'hui, pour moi, quand je le regarde, son côté éloquent, humoriste, ça vient de là. Ben oui. Tu vois. Et tu vois, aujourd'hui, moi, je t'aurais vu, à ce moment-là, continuer ce que tu faisais. Passer des messages.

  • Speaker #1

    Tout le monde.

  • Speaker #0

    via l'humour, et je suis sûr que t'aurais cartonné.

  • Speaker #1

    Mais tout le monde. Et donc, mon manager, le jour où je lui ai dit, en fait, j'arrête pour Candeur Noire, qu'est-ce qu'elle raconte ?

  • Speaker #0

    Mais attends, attends, qu'est-ce qu'elle dit, là ?

  • Speaker #1

    Parce qu'on gagnait beaucoup d'argent, tu vois.

  • Speaker #0

    Tu fais combien de temps à travailler sur Safia Enjoy Life ? C'est-à-dire que c'est combien de temps ?

  • Speaker #1

    Sur l'humour, tu veux dire ?

  • Speaker #0

    Ouais, c'est un an, deux ans ?

  • Speaker #1

    Je pense même trois ans.

  • Speaker #0

    Trois ans, ouais. Parce que,

  • Speaker #1

    ouais, ça a pris en 2016. Tout de suite, on m'a proposé des contrats. Donc des contrats pour monter sur scène, mais des contrats pour donner des spectacles privés. Même, on me payait pour que je puisse dire certaines phrases pour des anniversaires. Des mariages ! Non mais des cadeaux de mariage, c'est quoi ça ? C'est trop bizarre ! Pour des cadeaux de mariage, ils voulaient des messages avec ma voix, que je dise certaines choses. Donc l'argent rentrait comme ça, comme ça, comme ça. Et j'étais payée pour ça, pour les spectacles, mais pour les publicités aussi. Ah ouais, ça payait mieux la publicité que les spectacles.

  • Speaker #0

    C'est quoi, tu faisais des voix pour des publicités ? Non, non,

  • Speaker #1

    non, j'apparaissais dans une pub. Soit j'apparaissais pour certaines marques, je disais les lunettes, la voiture, ceci, cela.

  • Speaker #0

    Mais nous on veut voir ces pubs, on n'a jamais vu ces pubs-là. Je ne sais pas,

  • Speaker #1

    je ne fais pas de ce qu'elles sont. Ou alors de la pub sur mon profil, puisque tu sais, c'était vraiment les débuts, 2016, je pense qu'on était encore dans le début de l'influence. Donc du coup, les marques recherchaient des personnes. qui avait beaucoup d'abonnés et pouvait payer cher.

  • Speaker #0

    Oui, pour faire du...

  • Speaker #1

    Une publication sur mon feed, je me rappelle, c'était très cher. Je crois qu'il n'y avait pas encore de story, je ne sais plus. En tout cas, les pubs rapportaient plus que les spectacles et c'était moins de travail parce que je n'avais pas à écrire, je n'avais pas à compter sur les rires des gens ou pas. Donc, au début, du coup, c'est parti très vite. Ça payait bien. Mais en fait, je me suis rendu compte que je savais faire rire les gens. Parce qu'au départ, rappelle-toi, j'ai fait des coups de gueule. Pour moi, ce n'est pas pour faire rire les gens.

  • Speaker #0

    C'est... Passer des messages.

  • Speaker #1

    Et en fait, j'ai appris que... Quand j'étais à l'école aussi, je faisais beaucoup rire la classe. Donc, il y avait quelque chose qui était là, que moi, je ne voyais pas et que je prenais pour des coups de gueule. Mais dans ma façon de faire, ça faisait rire. Et donc, j'ai appliqué ça sur les spectacles. Finalement, j'ai eu le syndrome de l'imposteur en me disant Mais attends, moi, j'ai des références comme Viviane émigrée en Guyane, comme... Et en fait, je ne me sentais pas à ma place. Je me sentais comme si je volais leur métier. Mais en fait, j'avais ma place. Et là où je me suis sentie à l'aise et que j'ai abandonné ce syndrome, c'est quand justement Viviane Émigré m'a reconnue. Quand je dis m'a reconnue, pour moi, c'est ma marraine. C'est ma marraine la fée. Et quand elle, elle te dit, moi, c'est mon idole. Viviane Émigré, vraiment, c'est mon idole. Je ne sais pas comment le dire, mais elle sait tout faire. Ce n'est pas juste une humoriste. Elle sait faire énormément de choses. Et donc, je l'admire énormément. Donc, quand elle, elle me dit...

  • Speaker #0

    Que tu as ta place.

  • Speaker #1

    Elle est capable de me sortir une phrase d'un spectacle qu'elle apprécie. Et qu'elle me dit, continue.

  • Speaker #0

    Oui. Tous les feux sont verts.

  • Speaker #1

    Je me suis sentie légitime.

  • Speaker #0

    Mais tu arrêtes tout ça.

  • Speaker #1

    Mais j'arrête. Parce que, en fait, je voulais que le message, finalement, soit... plus straight, soit plus évident, tu vois. Parce que je passais des messages à travers l'humour,

  • Speaker #0

    mais... Mais est-ce que les gens retenaient vraiment le message ?

  • Speaker #1

    Des fois, ils ne l'ont pas interprété dans le bon sens parce qu'ils n'avaient pas la culture qui va derrière les rêves, etc. D'accord. Et le message passait un peu à côté, ça tombait à plat. Donc il y avait ça, et il y avait le côté où... divertissement. C'est l'univers du divertissement, et c'est... ça emmène quand même vers des dérives, tu vois, le divertissement. Donc, c'est pas l'univers où je voulais évoluer. être dans des soirées qui finissent tard avec des gens qui boivent de l'alcool moi je ne buvais pas d'alcool qui veulent faire la fête après le spectacle moi je ne veux pas, je veux rentrer dormir ça ne correspondait pas à ton rythme de vie à ta perso il y a surtout que je développais quand on dort noir déjà moi et j'essayais de rabattre avec Safia Enjoy Life j'essayais d'amener les gens vers quand on dort avec Safia Enjoy Life Je faisais des petits posts sur ma page Safia Angel Life, ben voilà, j'ai fait une publication sur Grand Ordre Noire, j'avais séparé les pages exprès. Allez voir ! Et petit à petit, ça ramenait une, deux personnes, trois personnes. Et je me suis dit non, il faut que je me concentre, toute l'énergie que je mets dans l'humour, il faut que je me concentre. sur grandeur noire pour vraiment développer ça. Donc, quand j'ai dit...

  • Speaker #0

    Au manager.

  • Speaker #1

    Même à mes amis, j'ai dit...

  • Speaker #0

    Ils voient que la croissance est comme ça, qu'il y a des choses qui se développent, qu'on peut aller plus loin et tout, tu dis, ben non, j'arrête ?

  • Speaker #1

    Ouais, parce que je me souviens, on avait signé un gros contrat avec une marque de... Alors, c'est une chaîne de salles de sport, très connue. Et j'avais signé avec eux pour être un peu...

  • Speaker #0

    Il n'est géré, de toute façon.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais c'était un gros truc, tu vois. Et lui, il voyait que... Les demandes affluaient comme ça, parce que c'est lui qui gérait. C'est lui qui voyait les demandes. Il me disait, ça va pas, non ? Qu'est-ce que tu fais là ? Donc, bref, en tout cas, j'ai fait le virage total. J'ai annoncé, je me rappelle, sur les réseaux que je vais pas continuer dans l'humour parce que je choisis Grandeur Noire, de raconter l'histoire de l'Afrique, l'histoire des diasporas. Et en fait, au moment où j'ai annoncé ça, je n'étais pas très suivie sur Grandeur Noire. Même d'ailleurs, au départ... Les premières conférences que j'ai faites, les gens connaissaient que la partie humour et se disaient Mais qu'est-ce qu'elle fait ?

  • Speaker #0

    Pourquoi elle est sérieuse comme ça ?

  • Speaker #1

    D'où est-ce qu'elle est ?

  • Speaker #0

    Elle est où la blague ? Historière ?

  • Speaker #1

    Elle nous fait rire ? Il faut qu'elle se calme un petit peu.

  • Speaker #0

    La question que je ne t'ai pas demandé, c'est que quand tu crées la page de Grandeur Noire, c'est le voyage en Jamaïque qui est le déclic pour te dire que je vais créer cette page ? C'est quoi le déclic pour te dire que je vais créer cette page ?

  • Speaker #1

    C'est ma cousine qui a le... Je porte son prénom, en fait. Ma mère m'a donné son prénom par rapport à elle. Donc, elle s'appelle Safiatou. Et ma cousine, dont je suis très proche, je ne sais plus de quoi on parlait, mais en gros, je ne sais plus de quoi on parlait, mais elle me dit, enfin, je ne sais pas, elle a dû me faire une réflexion sur le fait que j'avais beaucoup de connaissances sur l'histoire et tout. Et elle me disait mais pourquoi tu ne partages pas ça ? Je lui ai dit non, mais quand j'aurai des enfants, je vais transmettre à mes enfants Elle me dit ouais, mais déjà, tu ne sais pas si tu en auras, et de deux, tu ne sais pas quand, en attendant, tu peux peut-être diffuser Et je me suis dit mais non, pourquoi je vais me lever pour aller diffuser ? Je ne suis personne, tu vois Elle m'a dit, écoute, tente, tu n'as rien à perdre. Donc, au départ, quand j'ai créé la page, c'était anonyme. J'ai mis une photo qui n'était pas la mienne. Je n'ai fait aucun... Je ne me suis même pas abonnée à ma propre page.

  • Speaker #0

    Il ne faut pas te reconnaître. Il ne faut pas savoir ce que c'est.

  • Speaker #1

    Je n'ai fait aucun lien. Parce que j'avais peur. J'étais très frileuse. Ça n'existait pas. Aujourd'hui, il y a plein de pages qui parlent des cultures africaines, des pays, des voyages. Mais 2016 ? Non,

  • Speaker #0

    je suis d'accord. C'est vrai.

  • Speaker #1

    En tout cas dans l'univers francophone ça n'existait pas donc arriver là et parler de l'Afrique donner des connaissances, les héros, les machins voilà, t'es qui donc j'ai pas pris de risque j'ai fait ça de façon anonyme

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses pas que t'as eu peur aussi le fait de te dire que je suis en Guyane et même si je suis Guyanaise, si moi je viens parler de l'Afrique est-ce que les gens vont dire mais toi tu connais Au début je t'ai pas dit ça mais après on m'a fait la réflexion oui que j'étais pas esthétique parce que tu imagines que tu as de la neige pas africaine ouais bref mais donc ouais donc tu crées la page à cause de ta cousine voilà grâce grâce à elle grâce à ta cousine pardon oui donc du coup bah voilà j'ai tenté tu crées la page comme sa grandeur noire tu évolues avec Safia Enjoy Life sur 3 ans voilà en essayant de rabattre de ramener et au bout d'un moment tu te dis bah non je vais me concentrer sur

  • Speaker #1

    Oui parce qu'entre temps, comme je développais quand j'étais en grandeur noire, j'étais de plus en plus invité dans les conférences. Au début, j'ai produit mes propres conférences. Ça veut dire que j'ai tout payé, j'ai tout organisé, que ce soit les flyers pour faire connaître la conférence, choisir l'endroit, tout organiser, tout écrire la conférence. D'ailleurs c'était une catastrophe, au début j'étais assise, je lisais un texte, c'était horrible. Mais bref, avant de savoir que je donnais des conférences, il y a des gens qui m'ont invité à des conférences qu'eux organisaient. Et là, ça a commencé à prendre de l'ampleur parce que là, j'ai commencé à constater que je voyageais grâce à Grandeur Noire. Non plus uniquement pour l'humour, parce que l'humour, j'étais invitée aussi, je voyageais. Mais là, Grandeur Noire réussissait à me faire voyager. Et là, je me suis dit, ouais, il y a un filon, il faut y aller.

  • Speaker #0

    Donc finalement, ça veut dire qu'émotionnellement, tu te sentais plus proche de Grandeur Noire que de Safia Angel.

  • Speaker #1

    Ah mais carrément, jusqu'à maintenant.

  • Speaker #0

    Non, mais ça, encore plus maintenant. Non, ça, c'est sûr, on va y venir. Et donc, tu arrêtes. Tu es en Guyane, tu lances grandeur noire à 100%, tu te mets à 100% dessus. Aujourd'hui, tu vis au Kenya. Combien de temps se passe entre le moment où tu décides de te mettre à 100% sur grandeur noire et ton installation au Kenya ?

  • Speaker #1

    Quatre ans.

  • Speaker #0

    Quatre ans. Qu'est-ce qui se passe ? Pendant ces quatre ans, est-ce que tu peux nous expliquer ?

  • Speaker #1

    La traversée du désert, Olivier. Olivier, aïe aïe aïe. Mon Dieu, j'ai souffert. Alors déjà, en 2020, la crise Covid a été une délivrance et une révélation pour moi. Parce que le fait que le monde s'arrête... Tout en même temps, je ne me suis pas sentie en retard de m'arrêter et de penser.

  • Speaker #0

    Excuse-moi, pour que les gens comprennent bien, tu es prof aussi toujours pendant ce temps-là.

  • Speaker #1

    C'est ça. Je suis prof, je suis enseignante dans un collège, enseignante d'anglais. Le Covid arrive, confinement, donc je reste un mois, plus d'un mois à réfléchir chez moi et à me rendre compte que c'est ça la vie que je veux, me lever à l'heure que je veux. Je ne veux plus d'alarme qui me réveille, je ne veux plus de ça. Ça c'est un truc qui depuis petite je ne supporte pas d'être réveillée par une alarme. Je trouve que c'est une vie gâchée. Et donc là je me suis dit ouais, en fait je dois changer, je ne suis pas à la bonne place, je ne suis pas alignée. Il y a plein de choses que j'ai remarqué, je vivais à mon rythme en fait. Pendant ce mois-là j'ai vécu à mon rythme et j'ai comme une fleur, j'ai éclos, j'ai épanoui quoi. Et donc au sortir de ça... Je ne me voyais pas retourner dans les alarmes, les sonneries d'école, on te dit à quelle heure tu rentres en cours, à quelle heure tu enseignes, qu'est-ce que tu enseignes, le programme à respecter, je ne pouvais plus. Donc j'ai eu une espèce de révélation où je me suis dit non, en fait il faut que je me donne corps et âme à grandeur noire, c'est ça que je veux faire et j'ai donné ma démission. Je ne pense pas que ce soit un coup de tête parce que même si ma décision a été prise très radicalement et très vite, je pense que c'est quelque chose qui était là. depuis longtemps qui était latent et qui...

  • Speaker #0

    Qui attendait juste le déclic.

  • Speaker #1

    Il y a eu le déclic avec le Covid. Donc, j'ai posé ma démission et le projet était de produire, de réaliser un documentaire sur l'Afrique.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Sur réunir toutes les connaissances que j'avais, mais avec des images de terrain et des enquêtes de terrain. Sauf que moi, entre faire des petites vidéos et les publier sur Instagram et réaliser un documentaire, ça n'a rien à voir.

  • Speaker #0

    Il y a 10 000 mondes.

  • Speaker #1

    Et ça, je ne le savais pas. Je n'en avais pas du tout conscience. Pour moi, j'ai une GoPro, j'ai une caméra, j'ai un trépied, j'ai un petit micro qui s'accroche, c'est bon. Eh non, si c'est un truc cinématographique que je veux faire.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Non, il y a des opérateurs son, des opérateurs pour la caméra.

  • Speaker #0

    Oui, lumière.

  • Speaker #1

    Tu as le monteur. en fait, tu as plein de métiers. Et il faut les payer, ces gens-là. Donc, le budget n'a rien à voir avec faire une vidéo YouTube ou faire une vidéo Instagram. Donc, j'ai lancé une cagnotte que j'ai très mal évaluée. Vraiment, j'étais dix fois en dessous. J'ai lancé une cagnotte qui était clairement insuffisante pour mener le projet d'un documentaire.

  • Speaker #0

    Tu as lancé la cagnotte seule ?

  • Speaker #1

    Oui. En fait, je faisais déjà des vidéos YouTube depuis 2019. Et le Covid m'a aidé à... Pop ! Ah ouais, parce que du coup les gens ont eu le temps de regarder mes longues vidéos de 45 minutes, 1 heure, ils avaient le temps. Et ils ont eu envie aussi avec l'effet George Floyd de se renseigner. Donc le côté Black Lives Matter, ils ont commencé à se renseigner et là il y a beaucoup de gens qui ont découvert ma chaîne, qui se sont abonnés. Et là vraiment j'ai explosé sur les réseaux sociaux, que ce soit la page Instagram, la page YouTube. Et ça, ça m'a apporté une légitimité. Et quand j'ai proposé la cagnotte, du coup, il y avait un engouement. Et je pense aussi que je suis l'une des premières, si ce n'est la première cagnotte, française en tout cas, sur un projet tourné vers l'Afrique. Un projet de documentaire tourné vers l'Afrique, le financer avec une participation de la communauté. Je pense que...

  • Speaker #0

    Moi, à part ça, je n'en ai pas vu.

  • Speaker #1

    Et comme c'était la première, les gens, il y a eu un engouement, ils ont fait confiance. Ils ont voulu participer en fait. Il n'y avait pas le côté, ah on a déjà eu ça, c'était une arnaque, donc on se méfie. Il y a le côté très spontané, on y va. Et aussi parce que j'avais gagné leur confiance avec du contenu.

  • Speaker #0

    De qualité.

  • Speaker #1

    Et de qualité.

  • Speaker #0

    La régularité.

  • Speaker #1

    Elle va nous faire un contenu de qualité. Parce que déjà gratuitement, elle nous fait du contenu de qualité. Donc j'ai fait la cagnotte.

  • Speaker #0

    Pourquoi je t'ai demandé si tu l'as fait seule ? Parce que tu sais, nous on a fait une cagnotte il y a... Ça va faire un an, un an et demi. Et nous, au début, on voulait le faire seul. Mais Dieu a fait qu'on a été accompagnés. On est tombés sur deux profils, dont c'est le métier. Oui,

  • Speaker #1

    celui-là. Des cagnottes ?

  • Speaker #0

    Donc c'est le métier d'accompagner des gens qui veulent faire des cagnottes. Parce qu'en fait, faire une cagnotte, si tu n'es pas accompagné, que tu y vas seul, tu vas faire énormément d'erreurs. Énormément d'erreurs. Et nous... Heureusement qu'on a eu ces personnes qui nous ont coaché. On a travaillé pendant cinq mois avant de faire la cagnotte. Elles nous ont fait travailler pendant cinq mois. Mais quand je dis travailler,

  • Speaker #1

    c'est à dire avant de faire la cagnotte. Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Par exemple, un truc que j'ai appris, et c'est pour ça que je veux le partager pour que les gens le sachent. Par exemple, quand elles nous ont fait travailler, elles nous ont demandé de définir 5 ou 7 personas. C'est-à-dire 5 ou 7 personnes qui correspondent à notre audience, qu'on vise avec la cagnotte. D'accord ? Une fois qu'on a pu définir ces 7 personnes, elles nous ont demandé que pour chacune de ces personnes, on soit capable de trouver 10 questions. que ces personnes vont se poser sur notre produit. Mais il fallait que ça soit 10 questions différentes. On ne peut pas retrouver la même question chez une autre personne. Donc en gros, ça faisait 70 questions différentes sur le produit.

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est des professionnels.

  • Speaker #0

    Pour que quand on va faire la cagnotte, que quand les gens nous posent des questions sur le produit, on ait déjà anticipé toutes ces questions et qu'on ait les réponses, qu'on n'ait aucun moment de attends, je ne sais pas, je réfléchis à une chose comme ça Et ça, c'est le type de travail qu'elles nous ont fait faire. Mais je n'aurais pas cru en moi. Elles nous ont préparé sur comment une cagnotte, ça fonctionne. Savoir que quand on va commencer, il y aura beaucoup d'engouement la première semaine, on va recevoir beaucoup de dons. Mais qu'après, elles nous ont expliqué, ça fait un U. Ça commence très fort, ça descend, ça se calme, ça se calme, ça se calme. Et souvent, la dernière semaine, les derniers jours, c'est là où ça repart parce que les gens veulent participer, encourager. Donc, on était déjà prêts mentalement à savoir qu'il y aurait un moment de down et il faut t'accrocher pendant ce moment de down parce qu'il faut continuer à alimenter, à en parler. Donc c'est pour ça que je te pose la question.

  • Speaker #1

    Tu vois, voilà. Moi, l'erreur que j'ai faite, je pense, c'est justement de la faire la cagnotte. Parce que oui, elle a atteint l'objectif. Mais je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais pas faire le projet avec ce montant-là.

  • Speaker #0

    Parce que tu n'avais pas calculé bien le montant de départ.

  • Speaker #1

    Et parce que si j'avais préparé avec eux, j'aurais étudié en amont ce que coûte un documentaire avec la façon dont je voulais le faire, c'est-à-dire avec plusieurs pays.

  • Speaker #0

    Toi, la vision que tu as.

  • Speaker #1

    Mais j'aurais étudié ça en amont. et du coup, soit j'aurais fait une cagnotte avec le vrai montant, et je pense que ça n'aurait pas été atteignable, même avec toute la communauté du monde,

  • Speaker #0

    soit j'aurais pas fait,

  • Speaker #1

    tu vois j'aurais été vers des subventions, vers des professionnels du cinéma ce que je fais en ce moment aller vers des professionnels du cinéma qui eux, ont les cordes savent quelles cordes tirer pour trouver les financements qui sont dédiés à ça et qui existent d'ailleurs donc moi j'ai fait les choses à l'envers pas à moi. Voilà.

  • Speaker #0

    Mais au moins, tu as essayé. Et moi, c'est ça que je trouve qui est bien. C'est que tu t'es lancé. Parce que tu as plein de gens qui ont des idées, qui veulent faire des choses, mais qui ne t'entendent pas. Au moins, tu as tenté. Et tu as réussi à atteindre ton objectif. Et même si, certes, aujourd'hui, tu n'as pas encore terminé ton documentaire comme tu aimerais le faire, tu as déjà lancé un pas. Et c'est ça le plus important. C'est de commencer et de faire. Tu as appris des choses, tu améliores, et tu vas amener ce documentaire à son terme. Inch'Allah. Donc, tu as le COVID, tu comprends que c'est ce que tu veux faire. Tu lances une cagnotte en te disant, je vais faire un documentaire sur l'Afrique. Tu réussis à lever, à atteindre l'objectif que tu t'es fixé.

  • Speaker #1

    On a dépassé.

  • Speaker #0

    Tu as dépassé l'objectif que tu t'es fixé. La cagnotte est finie, tu as l'argent. Qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    Alors là, il ne se passe que des choses, que des obstacles. On était censé partir. Alors déjà, on a recruté. Quand je dis on, j'étais avec quelqu'un qui était censé m'accompagner sur le projet et qui était censé réaliser. Avec cette personne qui est professionnelle du milieu, qui est réalisatrice, elle a recruté, parce qu'elle s'y connaît, elle a recruté 4 personnes. On était censé partir à 4, donc il y avait un auteur qui devait rester. Bon bref, elle recrute une équipe. Et là, on a les dates, on a tout. Moi, j'avais même commencé à payer des choses, des hôtels, des réservations et tout. Et là, fermeture des frontières. Fermeture des frontières en juillet. Parce que bon... Il y a eu le premier confinement. Quand on est sortis, on croyait que c'était fini.

  • Speaker #0

    C'était fini, bien sûr.

  • Speaker #1

    Ah ben non ! Fermeture des frontières africaines. Mais toutes les frontières... Le continent était fermé. Donc moi, je n'ai pas annulé tout de suite. Parce que je me suis dit, bon, c'est comme le premier. Tu vois, ça va faire un mois, deux mois. Non, non. Jusqu'à la fin de l'année 2020, rien n'a rouvert. Donc déjà, j'ai perdu une partie des sous de la cagnotte sur des réservations que les gens n'ont pas pu rembourser parce qu'ils ont eu trop d'annulations d'un coup. Donc bref. Et en plus, quand tu as payé un truc en Namibie là-bas, va chercher ton argent. Va réclamer ton argent dans l'hôtel au fond de Namibie. C'est dur. Donc j'ai perdu une partie des sous sur ça déjà. Ensuite, j'avais payé plein de choses parce qu'il y avait du travail préparatoire. Donc il y avait, tu sais, louer des espaces pour que les équipes... Franchement, bref, je ne vais pas me remémorer ça parce que c'est une frustration incroyable. Mais le Covid a coûté beaucoup d'argent dans cette affaire-là. Et la réalisatrice m'a dit, écoute, on est bloqué là pour 2020, on ne pourra pas partir. Mais à défaut, pour que ta communauté sache que tu as commencé un travail sur le truc, on va faire un prologue. Exactement. Parce que c'était quoi un prologue ? Oui. J'étais pas d'accord. Quand elle m'a dit le prix, j'ai dit non, on va pas faire ça, on va encore retirer des sous dans la cagnotte, on a besoin de ces sous-là. Parce qu'en plus, on avait payé pour du matériel. On avait déjà acheté le matériel pour partir. Mais des choses chères, parce qu'en fait, moi je savais pas que ça coûtait cher. Ah oui,

  • Speaker #0

    la production, ça coûte cher. Les gens se rendent pas compte, mais ça coûte cher. Excuse-moi, je reviens sur un truc parce que j'ai peur d'avoir loupé quelque chose. Parce que tu as écrit des livres, mais ces livres c'est avant. N'est-ce pas ?

  • Speaker #1

    Après.

  • Speaker #0

    C'est après, ok. J'avais peur d'avoir sauté, c'est pour ça que je ne voulais pas louper. Donc, tu travailles sur le prologue ?

  • Speaker #1

    On travaille sur le prologue en amont. On fait, franchement, merci aux personnes qui nous ont accompagnées. On a fait des budgets. On est resté des journées entières, des nuits entières à budgétiser. Parce qu'il fallait que tout rentre, à acheter des choses et tout. Finalement, on ne part pas. Bref. Donc, on ne part pas. Et elle me dit, on fait le prologue. Le prologue, je ne voulais pas. par rapport au montant qu'elle m'avait annoncé. Elle me dit, je te promets, le montant sera respecté et tout. On le fait. Le montant a été plus que dépassé. Plus que dépassé. Pour cinq minutes de court-métrage. Ah, yeah ! Moi, en fait, tu sais, cette cagnotte, ça a été un énorme... Enfin, tu le sais, parce que tu en as fait une, ça a été un énorme boulot.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est un énorme boulot.

  • Speaker #1

    D'atteindre l'objectif. C'est un projet de tous les jours. Et à cette époque, j'étais encore prof. Je faisais des conférences. Je faisais des spectacles, je faisais tout en fait en même temps, plus dire aux gens, s'il vous plaît, mettez chaque vidéo, faire des vidéos. C'était dur. Donc chaque centime, c'est comme si c'est le mien, tu vois, parce que j'ai galéré pour aller chercher ce centime. Et donc, chaque centime qu'on dépense, ça fait mal de lâcher là. Il faut que ça rapporte quelque chose au projet, tu vois. Donc bref, de l'argent a été dépensé pour le prologue. La promesse de ce prologue, c'était... Tu verras, ça va faire pleuvoir les financements, des gens riches vont nous donner de l'argent et tout. Ils vont nous prendre au sérieux avec ça.

  • Speaker #0

    D'accord. R. En gros, c'était un petit peu appâté, en tout cas. Montrer que voilà la qualité qu'on est capable de proposer. Y'a plus de visite. Voilà l'idée qu'on veut montrer. Voilà la qualité qu'on est capable de proposer. Venez investir sur le documentaire.

  • Speaker #1

    R. Zéro investisseur, zéro donateur, zéro mécène. Rien du tout. Rien s'est déclenché. J'ai envoyé le prologue à combien de personnes, combien de célébrités françaises, des sportifs, des acteurs, des machins. Aucune réaction de personne. Alors que ça n'avait pas forcément été vu. Quelque chose avec des petits moyens, tu vois, de cette qualité, avec des effets spéciaux. C'était très court, mais c'était très émouvant et avec du sens, tu vois, plein de sens. Si tu regardes cinq fois... il y a des choses que tu vas voir à chaque fois. Bref, c'était vraiment très bien fait. Bon, écoute, ce prologue, beaucoup d'argent finalement dépensé, mais pas récupéré. Ça, ça m'a... C'était le coup de massue, quoi. Donc, 2020 a été vraiment catastrophique. J'ai démissionné pour ce documentaire. On n'est pas parti. L'argent a été dépensé dans du matériel, dans des machins, dans des trucs. Il en restait, mais c'est pas suffisamment pour partir.

  • Speaker #0

    Oui, pour repartir.

  • Speaker #1

    Donc... J'ai décidé d'organiser un gala pour réunir de l'argent encore.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    En fait, je te jure, ce truc-là m'a aspirée plus pour le marché. Donc 2021, non c'est... Oui c'est ça, attends, ça c'est 2020. Le gala c'est en 2022, qu'est-ce qui s'est passé ? 2021, il y a eu plein de confinements encore. 2020, j'avais plus d'argent. J'avais démissionné, j'avais plus d'argent. Et mon truc aussi, c'est que j'ai jamais voulu toucher à la cagnotte pour mes frais personnels, tu vois. Bien sûr, bien sûr. Parce que c'est pour le documentaire.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est dangereux si tu fais ça. Là,

  • Speaker #1

    je n'avais pas d'argent. Même s'il y a ce que tu veux comme somme à la banque pour le documentaire, je ne m'y touche pas. Je vais crever la bouche ouverte, mais je ne vais pas toucher cet argent. Donc du coup, je me suis retrouvée sans argent. Et avec les 400 derniers euros qui me restaient de mes économies, parce que j'ai aussi beaucoup investi mes économies dans le prologue, dans plein de choses en fait. Fin 2020, je décide de partir en Afrique avec ces 400 euros parce que je n'ai pas d'issue en France. Je n'ai pas de logement, je n'ai pas de travail, je n'ai pas droit aux allocations parce que c'est une démission. Je n'ai rien. Je pars en Afrique. 400 euros, ça me dure un mois. Tu vas où ?

  • Speaker #0

    Tanzanie.

  • Speaker #1

    Premier pays, Tanzanie. Premier pays africain.

  • Speaker #0

    Ton premier contact avec la terre du continent, c'est la Tanzanie. J'en s'y pars. Il y a pire qu'en premier rang. Je me suis dit,

  • Speaker #1

    c'est ça l'Afrique ? J'ai perdu du temps. Ouais !

  • Speaker #0

    Parce qu'en plus, Zanzibar, je crois, c'est un des seuls pays qui est resté vraiment ouvert pendant le Covid. C'est compliqué,

  • Speaker #1

    mon frère. J'ai été là où c'était ouvert.

  • Speaker #0

    C'est tout.

  • Speaker #1

    Parce que peut-être j'allais commencer par le Sénégal, moi, avec mes origines. Parce que mon géniteur est sénégalais. Donc, j'aurais commencé par aller au Sénégal.

  • Speaker #0

    Donc, tu arrives en Tanzanie.

  • Speaker #1

    J'arrive en Tanzanie. Donc, je fais un mois avec les 400 euros. Comment ça s'est passé ? Avant les 400 euros, j'avais 1000 euros. En fait, il me restait 1400 euros. Et les 1000 euros, je les ai investis dans une formation chez Chion Yang au Sénégal. Donc, j'ai tout réservé, tout pour venir à la formation au Sénégal. Et les 400 derniers euros, je vais en Tanzanie.

  • Speaker #0

    D'accord. Avant d'aller à la formation sénégale.

  • Speaker #1

    C'est ça. Après, je fais un mois en Tanzanie où je me repose l'esprit parce que l'histoire du prologue m'avait aspiré le sang. Parce qu'il y a la partie dépense, mais il y a la partie physique, tu vois. Oui, bien sûr. J'ai porté le projet de tout mon corps avec la réalisatrice d'ailleurs, qui s'est beaucoup donnée. Donc, je vais me reposer là-bas. Je vais à la formation de Chon Yang qui a révolutionné ma vie. Et là, en fait, les graines... qui avaient été plantés en Jamaïque. Il les a arrosés. Le truc a poussé en une nuit. Je me suis réveillée, il y avait des plantes dans mon cerveau. Il y avait un jardin d'Éden dans mon cerveau. C'était l'Amazonie. Mon cerveau avait poussé. J'ai fait une semaine chez Tionion. Non, ce monsieur, c'est quelque chose. Je ne connais personne d'autre comme lui. C'est un catalyseur. En fait, lui, il a cru à mon projet. de grandeur noire, là où moi-même, je n'avais même pas vu le potentiel. Parce qu'au cours des exercices qu'ils nous avaient donné à faire, il fallait s'imaginer les entreprises qu'on aurait pu monter, etc. Et moi, j'ai fait tout mon petit plan et tout. Mais pour moi, comme d'habitude, tu sais, à l'école, j'avais toujours été nulle parce que je n'étais pas dans les bonnes voies. Donc, quand je suis arrivée là, j'étais toujours… En plus, j'étais la seule fille du groupe. On était un groupe, je crois, de 9 ou 10. J'étais la seule fille. Les garçons avaient l'air à l'aise, certains avaient déjà des compagnies. Je me rappelle, il y a des Gambiens, deux Gambiens qui étaient venus, ils avaient déjà une compagnie. Quand il a demandé de faire des exercices, il fallait s'imaginer avoir une compagnie sur le long terme. Je me suis dit, là, je vais foirer devant tout le monde. En plus, il faut faire la présentation et tout. Je n'osais pas, je suis dans ma chambre, j'ai peur de présenter devant les autres. Et finalement, quand j'ai eu l'entretien avec lui, parce qu'à la fin de l'expérience, il y a un entretien avec lui, et que je lui ai montré le fameux truc que j'avais préparé, il m'a dit, mais en fait, tu es venu à ma formation pour... quoi pour apprendre quoi tu as déjà tout là tout est là c'est là c'est pas de l'imagination c'est quelque chose qui est viable et quand lui m'a dit lui qui a de l'expérience il a écrit chez pas pour un livre il lâchait pas comme une société il réussit tout ce qui touche je me suis dit mais si quelqu'un comme ça qui a ce qui est l'expérience de l'entrepreneuriat que ça c'est bon voir le potentiel voit que c'est viable ah mais là c'est je fonce et comme les fèves vision immigrés je fonce toutes les peurs tout donc là Je me suis prise au sérieux. Parce que mon histoire de documentaire, quand je l'ai annoncé en Guyane à ma famille, à mes amis, que je démissionne d'être fonctionnaire. Parce qu'entre-temps, j'avais passé ma certification, ce qu'on appelle le CAPES. J'ai commencé comme contractuelle, mais entre-temps, j'ai passé mon diplôme et j'étais agréée.

  • Speaker #0

    Là, tu étais officiellement un professeur.

  • Speaker #1

    À vie. Donc là, j'ai un emploi à vie, avec. deux mois de vacances par an minimum.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas beaucoup de gens qui ont ça. Et tu es payé pendant ces mois.

  • Speaker #1

    Tous les mois et demi, j'ai deux semaines de vacances. Je suis payé pendant mes vacances. Je suis payé si je suis malade. Je suis payé si je fais une dépression et que j'aurai chez moi dix ans.

  • Speaker #0

    Hé !

  • Speaker #1

    Je quitte ça, là. Je quitte ça.

  • Speaker #0

    Pour te lancer dans l'entrepreneuriat. Même elle y réfléchit maintenant.

  • Speaker #1

    Je cotise à la retraite. Bref. Tu vois, si je veux un prêt pour acheter une voiture, si je veux un prêt pour acheter une maison, si je veux... J'avais même des économies, j'ai pu faire des économies des sous-côtés. Je quitte ça là, pour partir dans un endroit où j'ai jamais été, où je connais personne, où ce sont des langues que je ne maîtrise pas. Ils m'ont dit, ça y est, elle se craquait en fait. Elle va recraquer tous les combien là, c'est bon. Donc, ils m'ont vu partir avec beaucoup de peur, surtout mes parents. Bien sûr. Désolée. En tout cas, j'ai fait ce voyage de quitter la Guyane, de partir, de me retrouver en Tanzanie, ensuite au Sénégal. Et là au Sénégal, quand il m'a dit, lui, que je ne suis pas folle, en fait l'idée elle est bonne de créer un média à grandeur noire. Là, j'ai ouvert, peut-être trois mois après, j'ai ouvert ma maison d'édition. Donc ça a commencé par les livres, parce que j'ai toujours été passionnée des livres et que c'était...

  • Speaker #0

    Quelque chose que je n'imaginais même pas, de pouvoir écrire un livre. J'ai grandi dans une cité, je ne pensais pas que c'était accessible à des gens comme moi. Des livres joyeux, des scientifiques, des savants, des gens qui ont fait des études. Tu sais, tu vois. Donc là, j'ai écrit un premier livre qui a eu beaucoup de succès. En fait, j'avais fait un test de 500 exemplaires pour la première édition.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il est parti en 10 jours. Seulement en Guyane. Quand j'ai vu ça...

  • Speaker #1

    C'était à un moment.

  • Speaker #0

    J'ai cadré le truc, on est parti. Donc j'ai fait une maison d'édition qui a finalement proposé trois livres. Deux de moi et un d'une autrice guadeloupéenne que j'ai produit. Et puis beaucoup de jeux éducatifs, tu vois, des quiz, des puzzles, des coloriages. J'ai toujours des choses en rapport avec l'Afrique. Parce que oui, mes livres, le premier, ça racontait 42 figures féminines africaines. Et je pense que... Ce format-là, imagé, pour les enfants, à destination des enfants, je pense qu'en 2019, où j'ai sorti le livre, soit je fais partie des toutes premières, soit je suis la première à sortir un livre comme ça. Oui,

  • Speaker #1

    je le pense aussi.

  • Speaker #0

    Mais vraiment, une page biographie, la page d'en face, le personnage illustré, un peu cartoon pour les enfants, même les adultes l'ont aimé au final. Au final, il s'est bien vendu parce que les adultes achetaient et les parents achetaient pour les enfants. Voilà, il y a eu ce premier livre. Deuxième livre, c'était un conte qui s'inspirait d'une héroïne africaine. Donc toujours autour de l'Afrique, tu vois. Même les jeux et tout. Donc ça, c'est la maison d'édition qui a très bien fonctionné. Mais avec la distance, le fait que j'ai voyagé par la suite, franchement, ça a été dur à gérer.

  • Speaker #1

    Dur à gérer, bien sûr.

  • Speaker #0

    J'ai dû aussi me concentrer parce que j'ai appris que finalement, il vaut mieux faire un très bien que dix moyens, tu vois. Ça,

  • Speaker #1

    je suis d'accord.

  • Speaker #0

    Donc ça, ça a été la maison d'édition 2021. après le passage chez Tianyang qui m'a révélé vraiment je recommande, si vous faites toujours ce genre de formation allez-y après la maison d'édition du coup ça et tu sais quoi en fait la maison d'édition tout l'argent allait pour le documentaire je ne touchais pas d'argent au début,

  • Speaker #1

    je ne touchais pas d'argent toi tu as toujours cette idée de ce documentaire je vais le faire et ce sont les dons Paypal des gens

  • Speaker #0

    par rapport à mes vidéos YouTube que je continue à faire, qui m'ont permis de vivre, tu vois, de payer des logements, de payer à manger. Et en plus, j'étais enceinte, donc payer les frais médicaux, les examens et tout, quoi.

  • Speaker #1

    Parce que c'est ça, t'arrives au Sénégal, t'es enceinte.

  • Speaker #0

    Je suis partie, en fait, en Tanzanie, j'étais enceinte. J'étais enceinte, j'étais seule, j'étais perdue, j'avais pas d'argent, j'ai pas osé dire à mes parents et à qui que ce soit que j'étais enceinte. J'ai dit à personne. J'avais pas d'argent, j'avais pas de situation. Le père m'a lâchée, c'était chaud quoi, c'était vraiment chaud. Et puis surtout, toute ma vie, je me suis vue être maman, déjà de plusieurs enfants, mais être maman avec un papa à mes côtés, toute ma vie. J'ai grandi avec mes parents, ils sont toujours ensemble. C'était évident pour moi d'élever mon enfant en couple. Donc le premier choc de la rupture amoureuse, c'était dur à encaisser et de devoir annoncer à mes parents. que je vais être maman célibataire, c'est chaud. Et maman célibataire sans emploi, sans revenu, sans logement, catapultée en Afrique, là on ne sait pas où, au Père.

  • Speaker #1

    Beaucoup de stress.

  • Speaker #0

    C'était trop. Je n'ai pas dit. Je n'ai pas dit parce que là, il serait venu m'arracher par les cheveux en Afrique pour me faire rentrer en Ségane.

  • Speaker #1

    C'est bon,

  • Speaker #0

    ça suffit. Je n'aurais pas été au bout de mes projets.

  • Speaker #1

    Mais donc, tu es ici, au Sénégal, enceinte, tu restes. Combien de temps au Sénégal ?

  • Speaker #0

    Alors, je ne reste pas longtemps, je reste une semaine pour la formation.

  • Speaker #1

    Après, tu rentres en France ?

  • Speaker #0

    Non, jamais je ne rentre en France, jamais. Ok. Bénin, Nigeria, Afrique du Sud.

  • Speaker #1

    D'accord, donc là, finalement, attends, attends, attends, parce que je comprends bien. Donc, tu as tes 400 euros quand tu es partie en temps de l'année. Tu avais déjà payé tu en n'en, donc tu vas. Donc, finalement, c'est de celle, de là, tu lances la maison d'édition.

  • Speaker #0

    En fait, avant. Quand j'ai plus d'argent dans les années, en fait moi mes vidéos j'ai commencé à demander des dons Paypal, j'ai commencé à dire dans mes vidéos s'il vous plaît soutenez-moi.

  • Speaker #1

    Si vous aimez ce type de contenu, aidez-moi à continuer à créer du contenu.

  • Speaker #0

    Et à l'époque c'était pas très commun de soutenir financièrement quelqu'un sur YouTube. Tu regardais les vidéos, c'était gratuit et puis c'est tout. Et donc moi je n'osais pas, je n'osais pas. Surtout que j'avais déjà demandé des sous pour la cagnotte pour le projet. Donc redemander des sous à côté là, je n'osais pas. Et finalement le jour j'étais comme ça, j'avais pas le choix, j'ai essayé. Et là les gens ont donné.

  • Speaker #1

    ma communauté c'est une communauté en or ta communauté elle est très engagée et elle te suit parce que ta communauté elle sait que tu mets un travail derrière ce que tu fais Tu mets un engagement derrière ce que tu fais. Je pense que c'est pour ça qu'ils sont aussi enclins à t'aider financièrement. Parce que ce n'est pas que la personne qu'ils supportent, c'est les idées. Ce qu'ils supportent, c'est les idées. Ce qu'ils supportent, c'est les valeurs que tu défends. Et je pense qu'ils ne le voient pas comme un don d'argent, mais ils le voient vraiment comme accompagner l'idée et accompagner le... Tu vois, c'est ça, faire grandir le média, tu vois, pour faire passer le message.

  • Speaker #0

    Mais c'est marrant que tu dises ça parce que l'étape suivante, après les dons Paypal, parce que je me suis dit, moi j'ai toujours été quelqu'un de très indépendant financièrement. T'as vu, très tôt, à 19 ans. Oui,

  • Speaker #1

    bah oui, t'as commencé à travailler.

  • Speaker #0

    J'ai assumé. Et ma mère m'a élevé comme ça, toujours à me dire, ne dépend de personne, ni d'un homme, ni d'amis, ni de personne. Donc, les dons Paypal, je n'étais pas à l'aise avec dépendre de s'ils me donnent, s'ils ne me donnent pas. Et l'étape suivante, c'est dingue, c'est un homme sorti de nulle part, un de mes abonnés qui m'a dit, En fait, moi, je te vois t'éteindre parce que tu travailles, tu travailles, tu travailles pour une misère. Ce que tu gagnes avec les dons Paypal, ce n'est pas la valeur de ce que tu donnes. Et si ça continue comme ça, tu vas arrêter. Et moi, je veux que mon enfant puisse profiter de tes contenus. Il n'avait pas encore d'enfant. Il m'a dit, je veux que mon enfant profite de tes contenus si j'en ai un jour. Et que donc, tu dures dans le temps. Donc, le gars, il m'a mis en place un business plan qui, jusqu'à aujourd'hui. perdure. C'est lui qui a créé GNTV en fait. Parce que lui, il m'a dit, mais ton contenu que tu proposes sur YouTube et puis tu demandes des clopinettes ceux qui veulent bien donner, mets-le sur un site payant avec un système d'abonnement.

  • Speaker #1

    Mais ça, c'est fort.

  • Speaker #0

    Je n'y aurais jamais pensé.

  • Speaker #1

    Mais tu vois, c'est là où je dis que la force de ton message et de ton travail, elle est forte, c'est que même des gens vont jusqu'à chercher des solutions pour toi, pour que tu continues.

  • Speaker #0

    C'est clair.

  • Speaker #1

    Et pour que tu améliores ton travail.

  • Speaker #0

    Et il m'avait vu très juste, j'étais vraiment au bout du rouleau. Je n'avais plus d'argent. Avec la grossesse, j'arrivais à un stade où je ne pouvais plus filmer parce que j'étais trop fatiguée. Je ne pouvais plus avoir le rythme d'avant. Et là, quand tu fais une vidéo, ou deux vidéos, ou trois vidéos, et que ça te rapporte ton budget du mois, tu peux te reposer, tu vois. Tu n'es pas obligé d'être tout le temps en train de chercher une solution. Donc, il m'a donné cette idée.

  • Speaker #1

    Et même, ça te laisse du temps pour travailler tes prochaines vidéos.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et pour travailler dans des bonnes conditions. Du coup, grâce à lui, j'ai créé une première plateforme qui s'appelle Écorder en noir.

  • Speaker #1

    Bravo, bravo monsieur. Franchement, merci.

  • Speaker #0

    Allez le découvrir sur Instagram. Je fais sa petite pub parce que vraiment, c'est quelqu'un d'exceptionnel. Vraiment, allez voir ses contenus. Donc du coup, merci Lémuel. Ça a été l'étape suivante, après les dons Paypal qui m'ont permis de survivre. Franchement, ce documentaire, je te jure, j'étais complètement obsédée. Je suis obsédée toujours parce que... Enceinte, sans argent, dès que j'avais un argent, c'était pour faire un pays, aller dans un nouveau pays, et préparer le terrain pour l'équipe en me disant mais on y va bientôt, il faut préparer le terrain, il faut baliser, c'est ce qu'on appelle faire du repérage. Donc moi, je suis allée enceinte là, dans des pays que je ne connais pas, au fin fond, c'est pas que je suis dans la capitale.

  • Speaker #1

    Elle est folle cette meuf !

  • Speaker #0

    En poteau, en toutouk, en machin, en taxi, je sais pas. En tout cas...

  • Speaker #1

    Mais tu vois, on le dit comme ça aujourd'hui, mais est-ce que tu imagines tout ce que tu auras à raconter plus tard, Inch'Allah, tes petits-enfants et tout et tout ?

  • Speaker #0

    Écoute, moi, j'ai documenté le plus possible. Ben ouais ! Ils n'ont qu'à prendre les disques durs et...

  • Speaker #1

    C'est dinguerie !

  • Speaker #0

    Mais j'ai documenté parce que c'est dingue. Mais en fait, j'ai documenté, tu sais pourquoi ? Pour les aléas, j'ai rencontré tellement de bullshit.

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. T'as dû rencontrer autant de... Très belle chose, mais en même temps, t'as dû voir des dingueries.

  • Speaker #0

    Surtout, le pire pour moi, c'était que, comme tu vois, c'était des non-paypages. Des fois 400 euros, des fois 300 euros, c'était pas énorme. Je me payais des hôtels à 10 euros la nuit.

  • Speaker #1

    T'as dû voir des chambres, ma chère.

  • Speaker #0

    Au fin fond du Nigeria, là, que tu n'as que 10 euros pour dormir, c'est chaud.

  • Speaker #1

    T'as dû voir des dingueries.

  • Speaker #0

    C'est chaud, c'est chaud. Tu dors avec les cafards, tu dors dans des endroits... Donc ouais c'est chaud. Et du coup moi j'étais à fond sur le documentaire. Donc dès que j'avais un argent je l'investissais dans le repérage du documentaire. Et c'est comme ça que j'ai fait tout un tour de tous les pays que j'envisageais pour le documentaire. Et enceinte. Et puis un jour il a bien fallu préparer l'accouchement. Donc il fallait faire rentrer un peu plus de sous. Et l'émuel est arrivé mais tout arrive toujours.

  • Speaker #1

    Ouais Dieu est grand.

  • Speaker #0

    Le timing. Notre temps n'est pas le temps de Dieu. Il faut qu'on soit patient parce que nous, là, on n'a pas l'image d'ensemble. Lui, il sait c'est quand le moment pour nous. Il faut juste s'accrocher jusqu'au bon timing. Et effectivement, l'émuelle arrive dans ma vie, non seulement avec cette idée. Et c'est lui qui l'a mise en application. Parce que moi, je ne suis pas du tout digitale, tous ces trucs-là. Donc, il a fait, pour moi, la plateforme, il a mis en place la page de vente, tout, tout, tout. Moi, j'ai juste fait l'annonce et les gens se sont rendus.

  • Speaker #1

    En fait,

  • Speaker #0

    je me suis dit, j'ai perdu tout ça de temps à galérer, à ne pas gagner d'argent, alors qu'ils étaient prêts, en fait, à payer.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas perdu du temps. Au contraire, je trouve que, je pense que, justement, d'avoir vécu tout ça, te permet encore mieux d'apprécier aujourd'hui la qualité de l'acte. communauté que tu as.

  • Speaker #0

    Ah non, mais ils sont en normatif.

  • Speaker #1

    Parce que tu as vraiment une communauté incroyable qui te soutient, mais corps et âme, qui est derrière toi. Et donc, tu montes la plateforme GNTV.

  • Speaker #0

    C'est ça. La première s'appelait Grandeur Noire TV. Donc ça, c'est une plateforme sur ordinateur uniquement. Donc, c'était des vidéos horizontales, longues, et avec plusieurs rubriques. Donc là, on était dans les prémices. Et en fait, encore une fois, un abonné. qui sort de nulle part, qui a la compétence d'être un concepteur d'application. J'aimerais contribuer à ce que tu fais que je trouve grandiose. J'aimerais apporter ma contribution en travaillant avec toi sur une application. Qu'est-ce que tu veux faire comme application ?

  • Speaker #1

    Oh ! Hé, la team Grande Dornoire, vous êtes des oufs ! Voilà, vous êtes des oufs !

  • Speaker #0

    Non, mais en fait, c'est un réseau. Le jour où j'ai les moyens, là, ce réseau, quand les gens, là... les compétences vont être mis en lien et on va soulever le continent comme ça. En tout cas, il est arrivé, il m'a mis ses compétences à disposition et on a créé ensemble GNTV. Et il a fait un travail de dingue. Moi, l'application, je suis amoureuse de mon application, de notre application. Elle est à lui aussi, tu vois. Vraiment, je pense qu'on a été le bon duo parce qu'on a eu beaucoup de bâtons dans les roues avec...

  • Speaker #1

    C'est dur, les gens ne se rendent pas compte, mais développer une application pour iOS, c'est très très dur.

  • Speaker #0

    Il faut se lever tôt et il faut avoir les bonnes personnes qui ont l'expérience dans ce milieu-là. Ah, c'est dingue ! Donc ça a été très repoussé, c'était chaud et c'était très cher. Donc du coup, l'application est née. Ça a été, on va dire, la version avancée de la plateforme. Et cette fois, l'application, c'était sur les téléphones.

  • Speaker #1

    Format vertical.

  • Speaker #0

    Plus court, parce que aussi, beaucoup, les gens râlaient que c'est trop long, on n'a plus le temps, c'est plus le Covid, on n'est plus confiné, on n'a pas le temps. Donc j'ai raccourci, j'ai dynamisé avec beaucoup d'enquêtes de terrain, puisque j'avais voyagé, je me suis servi de ces images-là.

  • Speaker #1

    Finalement, tu n'es plus dans j'ai lu dans tel livre, telle chose, telle chose c'est regardez C'est du terrain.

  • Speaker #0

    Et ça aussi, on me le reprochait beaucoup. On m'a reproché de ne pas être née en Afrique, de ne pas avoir grandi en Afrique. Mais on m'a reproché de ne m'appuyer que sur de la théorie, des livres et tout. Donc là, j'étais sur le terrain et je ramène aussi des images pour que les gens aient envie de traverser l'écran et d'aller vivre eux-mêmes. Et ça m'a amené à finalement organiser des voyages carrément.

  • Speaker #1

    C'est l'étape où je voulais arriver. Mais les voyages, tu les commences avant d'être établi au Kenya ?

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Ok, d'accord. Organiser des voyages pour les gens, tu les fais avant.

  • Speaker #0

    Ah oui. Donc, fin 2021. Je crée la plateforme Grandeur Noir TV où les gens s'abonnent pour 2 euros par mois. Il n'y a pas d'engagement, tu t'arrêtes quand tu veux. Il y a eu énormément d'abonnés. Le moment de ma vie où j'ai le plus gagné d'argent, c'est à ce moment-là avec cette plateforme. Vraiment, je ne m'attendais pas. Les gens, peut-être que c'est les 2 euros ou pour eux c'est rien, mais ils ont répondu présent. Et donc, ça m'a énormément aidée. Ça m'a aidée à payer l'application. J'ai pu la financer, j'ai pu financer mon accouchement, j'ai pu financer plein de choses. Mais toujours des choses qui me permettent d'avancer dans ma vie. Pas acheter des sacs. Donc voilà, j'ai avancé dans mes projets grâce à ça. Et 2022, j'organise un gala. Parce que dans tout ça, c'est les fonds que j'ai récupérés avec mes contenus que je propose payants. C'est des fonds que j'utilise pour moi, à la limite pour l'application, mais pas pour le documentaire. Là, je commence à m'éloigner un peu.

  • Speaker #1

    C'est ta première mission. Oui,

  • Speaker #0

    donc je reste sur ma mission. J'ai quitté la Guyane pour mon documentaire, pas pour autre chose. Donc, j'organise un gala avec un co-producteur, un partenaire qui me donne l'idée. D'ailleurs, c'est lui qui me donne l'idée. Il m'aide à trouver la salle et tout. Et puis on y va, on fonce. Bon, par contre, tout le reste, c'est moi qui ai fait. Tout le reste... Et organiser un gala, c'est quelque chose. À Paris, dans une communauté que je ne connais pas. Je ne connais personne à Paris. Franchement, je vais dire un grand merci à Eden de Glamethnik, qui m'a fait profiter de son réseau et qui a invité la crème de la crème au gala. J'ai eu des VIP de dingue. que je ne connaissais pas, quoi. Je n'aurais jamais pu imaginer les avoir. Elle les a fait venir parce qu'elle connaît beaucoup de monde. Donc, ça a été un vrai défi. On a soulevé des sous, toujours pas suffisamment, c'est clair. Mais on a soulevé des sous et encore une fois, avec la réalisatrice qui devait réaliser, on s'est dit, ça y est, là, c'est bon,

  • Speaker #1

    on part du tout.

  • Speaker #0

    Et là, je ne sais plus qu'est-ce qui s'est passé. On n'est pas parti. Mais on était à ça, quoi. On devait... Est-ce qu'on devait aller filmer la balle au Rwanda ?

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    J'étais... Attends.

  • Speaker #1

    Ouais, tu t'es dit encore. Malheureusement, on part pas.

  • Speaker #0

    Les finales et tout. On avait tout. Tout était set-up. C'est-à-dire, on devait suivre un joueur de NBA américain invité là-bas, être dans les loges, interviewer les... On a les autorisations. Le caméraman est OK, il est dispo. Le cam... L'ingé son... Le truc, c'est pas fait. Le truc, c'est pas fait.

  • Speaker #1

    Le timing, le timing. Il y a sûrement une raison qu'on comprendra plus tard.

  • Speaker #0

    Donc du coup, super déception 2022. Parce que malgré tous les efforts que j'ai mis dans le gala, encore une fois, on part pas. Et là, du coup, 2020, ouais, c'est septembre 2022, au gala, on rencontre le directeur de Ethiopian Airlines.

  • Speaker #1

    OK, d'accord.

  • Speaker #0

    Il est complètement subjugué. par ce qu'il a vu au gala ce soir, la façon dont ça a été organisé, ce qui a été présenté, les prises de paroles. J'avais eu des intervenants incroyables. Donc, il m'a pris au sérieux et il m'a invité dans ses bureaux. Il m'a dit, voilà, il faut qu'on fasse un partenariat. Je te propose de faire un voyage avec des gens de ta communauté.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Dans trois semaines. Ah !

  • Speaker #1

    Ah !

  • Speaker #0

    Tu sais, là, je te dis, ma communauté, dingue ! Ils sont dingues ! Ils sont prêts ! Quoi qu'il arrive, ils sont là, au taquet, ils attendent.

  • Speaker #1

    Donc,

  • Speaker #0

    fin août, j'annonce qu'un voyage est organisé vers l'Ethiopie pour septembre. Et donc, l'idée, c'est qu'ils payent leur voyage à moindre coût. Parce qu'il y a ce partenariat où on bloque les billets au tarif le plus intéressant. Sur place, on est pris en charge par une agence et tout. Donc, au départ, le premier voyage, moi, je ne fais rien. J'annonce, je suis sur place avec eux.

  • Speaker #1

    En fait, toi, t'es même comme eux. Tu découvres un petit peu. Vas-y, on est parti.

  • Speaker #0

    C'est déjà les plus hauts prix qu'il y avait été. Mais si tu veux, j'ai pas organisé. Ils m'ont proposé trois circuits.

  • Speaker #1

    C'est Ethiopien qui organise.

  • Speaker #0

    Mais c'est pas moi qui fais guide. C'est pas moi qui explique. C'est pas les vies d'avion internes. J'ai rien fait. Par contre, on a fait le séjour et tout. Quand j'ai vu ça, et que j'ai vu qu'il y avait beaucoup la diapositive, c'était beaucoup des personnes qui n'avaient jamais mis leur pied en défrécie. Ils ont été émerveillés. Ils ont eu envie de revenir. Ils ont adoré. Je me suis dit, mais en fait, pourquoi ce serait que eux ? Pourquoi ce serait qu'une fois ? Il y a d'autres personnes qui veulent découvrir dans ces conditions-là, c'est-à-dire être un groupe avec les mêmes...

  • Speaker #1

    Les mêmes valeurs, bien sûr.

  • Speaker #0

    Les mêmes valeurs, la même vision pour l'Afrique. Parce que des fois, c'est dur de trouver dans son propre entourage des gens avec qui avoir des conversations sur tel livre ou sur telle émission.

  • Speaker #1

    Parce que tu as ceux qui veulent venir, qui veulent être dans les resorts.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Et tu as ceux qui veulent découvrir vraiment.

  • Speaker #0

    Et puis t'as ceux qui ne veulent pas partir en Afrique, avec, tout simplement.

  • Speaker #1

    Oui, aussi.

  • Speaker #0

    Donc là, au moins, tu pars avec un groupe qui est dans la même vibe que toi. Tu pars, tout est encadré. Tu fais juste un paiement, tout le reste est pour le charge. T'as pas à faire de recherche, t'as pas à...

  • Speaker #1

    T'as juste à venir à l'aéroport avec tes valises.

  • Speaker #0

    T'as pas à avoir peur d'une arnaque. Tu fais ta valise, même ton visa en tête. Donc, quand j'ai vu cette formule-là, j'ai dit, tu sais quoi ?

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose.

  • Speaker #0

    Là, j'ai gardé la formule. Bon, j'ai dû le refaire à ma sauce parce qu'il y avait plein de trucs touristiques qui n'étaient pas forcément intéressants.

  • Speaker #1

    En accord avec ce que tu veux.

  • Speaker #0

    En accord, mais je veux dire, si on veut rentrer dans vraiment raconter l'Afrique, ce n'était pas forcément le plus intéressant. Donc, j'ai refait mon petit circuit. J'ai trouvé un super guide. Et donc, j'ai commencé par offrir l'Éthiopie comme proposition de voyage.

  • Speaker #1

    Des destinations, oui.

  • Speaker #0

    Les gens, ils n'attendaient que ça. Franchement. Et là encore... Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de personnes issues des Antilles ou de la Guyane qui proposent des voyages vers l'Afrique, cette communauté-là notamment, l'Antille-Guyane, vers l'Afrique où c'est vraiment cadré, tu vois, et c'est sécurisé. Donc, à chaque fois, j'arrive sur des créneaux. Mon application aussi. Aujourd'hui, ça n'existait pas. Une application qui propose des vidéos sur l'Afrique, l'histoire, la culture, la mode, la santé. Tu vois, les voyages, l'entrepreneuriat, le développement personnel, il n'y en a pas. Donc, à chaque fois, je me suis rendu compte que j'amenais quelque chose de nouveau. Et c'est pour ça que les gens sautent dessus, parce que j'étais en mode... Comment ça se fait qu'à chaque fois que je fais un truc, les gens ils sont au taquet, ils viennent ? C'est quoi ? En fait, c'est que je propose des choses qu'il n'y a pas et que les gens attendent.

  • Speaker #1

    Ouais, et n'oublie pas surtout une chose, c'est que depuis 2016, tu le fais.

  • Speaker #0

    Aussi.

  • Speaker #1

    Et ça, pour les gens, c'est quelque chose.

  • Speaker #0

    La réputation.

  • Speaker #1

    La réputation et la régularité, l'endurance, montrer qu'elle ne fait pas ça pour un buzz, elle ne fait pas ça depuis un an, elle fait ça depuis 2016. Elle nous parle de ça, elle avait quatre abonnés. Tu vois ? Donc c'est qu'elle est vraiment passionnée. Tu as confiance parce que tu te dis, elle n'est pas là. Oui, bien sûr, elle veut faire du business. Bien sûr, elle veut faire de l'argent parce qu'elle a des projets, parce qu'elle a une vie de famille, parce qu'elle doit payer ses trucs comme tout le monde. Mais tu sais que le but premier, ce n'est pas de faire de l'argent. Et je pense que c'est ce qui fait que les gens ont encore plus envie de participer parce qu'ils savent que ton but premier, c'est de raconter l'Afrique comme elle doit être racontée.

  • Speaker #0

    Tu sais quoi, j'ai évolué sur cette question-là. Parce que par exemple, là j'ai pris les choses à l'envers. J'ai longtemps pensé que le but premier n'était pas de faire de l'argent, mais de raconter l'Afrique. Maintenant mon but premier c'est de faire de l'argent pour pouvoir mieux rappeler l'Afrique, mieux proposer l'Afrique en voyage, mieux mener des projets qui permettent de... De continuer ce travail-là,

  • Speaker #1

    dans de bonnes conditions. Quand tu rentres dans le comté entrepreneur, effectivement, tu comprends qu'il faut de l'argent pour bien faire les choses.

  • Speaker #0

    C'est l'argent qui permet dans ce système-là d'entretenir. Bien sûr. Donc autant se servir. On est dans ce système, on est piégé dedans.

  • Speaker #1

    Donc autant s'en servir. Bien sûr, exactement. Et là,

  • Speaker #0

    j'ai compris tardivement, parce que pareil, on n'est pas élevé dans cette mentalité-là en Guyane ou aux Antilles. Nous, on est colonisés, on est dominés. Donc on n'est pas élevé dans le fait de... de l'éducation financière déjà, et dans le fait de devenir riche. C'est mal vu. Les riches, c'est les méchants. Les riches, c'est les corrompus. Les riches, c'est ceux qui écrasent les autres. Ben non, pas forcément.

  • Speaker #1

    Non, pas forcément. Bien sûr.

  • Speaker #0

    Il y a des personnes comme Cheung Yang qui sont riches et qui utilisent leur argent à bon escient. Tu vois, il a fait des fermes. Il a fait des instituts de formation. Il en a trois. Trois instituts différents de formation. Et il a financé ça lui-même. Il y a zéro subvention. Donc, on peut utiliser son argent à bon escient. quand j'ai compris avec Chen Yang ça c'est un des exemples, je me suis dit en fait l'argent c'est pas sale,

  • Speaker #1

    c'est pas mauvais il faut juste savoir l'utiliser comme toi si tu l'utilises bien,

  • Speaker #0

    pour la lumière donc moi maintenant c'est je deviens riche je fais l'argent et je n'ai plus honte de faire l'argent c'est important,

  • Speaker #1

    donc tu fais ce premier voyage en Ethiopie, premier groupe qui part tu te rends compte qu'il y a économiquement il y a quelque chose à faire et

  • Speaker #0

    Tu vois, là, j'en étais pas encore là.

  • Speaker #1

    Oui, t'en étais pas encore là, mais toi, tu te rends compte ?

  • Speaker #0

    Parce que tu sais quoi ? Je me suis pas payée avec les premiers voyages.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    Je touchais rien du tout.

  • Speaker #1

    De toute façon, je pense que c'est comme tout projet entrepreneurial. Les premiers trucs, tu fais tellement d'erreurs que tu fais pas de bénéfices.

  • Speaker #0

    Mais en fait, là, c'est même pas question d'erreur. C'est que j'ai même pas pensé à me payer.

  • Speaker #1

    Ah, ok.

  • Speaker #0

    Je me rappelle, le premier groupe m'a dit Mais t'es folle ou quoi ? Parce qu'ils savaient pas. Tu vois, ils pensaient pas. Il y a quelqu'un qui m'a fait la réflexion.

  • Speaker #1

    T'as dit, bah non, moi non.

  • Speaker #0

    Ouais, ta commission elle est méritée ou un truc comme ça.

  • Speaker #1

    Quelle commission ?

  • Speaker #0

    J'ai dit, mais non, je prends pas de commission. Il m'a regardé. T'as organisé tout ça, t'as fait tout ça et tu prends rien. Et donc, tu vois, c'est rentré, c'est ressorti. Et il m'a fallu au moins 3-4 voyages.

  • Speaker #1

    Pour comprendre que tout travail mérite... Ah oui, tout travail mérite...

  • Speaker #0

    C'est du travail, c'est du stress. Bien sûr. J'ai la responsabilité des gens. Pendant tout le séjour, jusqu'à ce qu'ils retournent chez eux, dans leur maison qu'ils ont quittée. Ils sont sous ma responsabilité.

  • Speaker #1

    Et donc là, ça fait quoi ? Depuis 2021 ? 2022. Ça fait deux ans que tu organises les voyages ?

  • Speaker #0

    Le deuxième voyage, dans trois semaines.

  • Speaker #1

    Inch'Allah.

  • Speaker #0

    Au Kenya.

  • Speaker #1

    Et donc, tu arrives quand au Kenya pour t'installer ?

  • Speaker #0

    Alors, au départ, je n'y vais pas pour m'installer. Au départ, j'y vais pour me reposer. Parce que je sors... Alors, j'ai fait une première tournée d'Afrique enceinte. J'ai accouché. J'ai fait une deuxième tournée d'Afrique avec mon bébé. Ok. Voilà. Donc, ça a duré... Le tout a duré trois ans. 2000... Fin de...

  • Speaker #1

    Elle est complètement folle, cette... Mais où ?

  • Speaker #0

    Fin 2022, je fais une pause dans cette tournée-là. Je me repose parce que je... Les hôtels à 10 euros... Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui.

  • Speaker #0

    Tout ça, là. Prendre des avions toutes les semaines ou faire des 14 heures de voiture, je suis épuisée. Donc je vais au Kenya, je vais dans un endroit qui n'a rien à voir avec le documentaire, que je ne comptais pas mettre dans le documentaire, pour être sûre que je ne sois pas tentée d'aller faire tout. Donc je vais dans un endroit exprès qui n'a rien à voir, je vais dans un endroit perdu où je me dis que je ne vais pas en ville, parce qu'en ville il y aura des musées, je vais pouvoir aller filmer. Je vais dans un petit village. Je tombe amoureuse du village. Donc, je devrais rester un mois, je reste deux mois et demi. Je n'ai pas envie de repartir. Bon, je repars faire la tournée, tout ça. Mais je ne pense qu'il y a une chose, c'est de retourner dans ce village. Donc, quand j'ai fini le repérage, quand j'ai fini ce tour d'Afrique, c'est une évidence pour moi que...

  • Speaker #1

    Dans ton cœur, dans ton... Tu sais que maintenant, je rentre là-bas.

  • Speaker #0

    Je continue le travail du documentaire parce que là, c'est autre chose. Bref, il y a d'autres étapes. Mais je peux rester sédant. je peux m'installer cette fois-ci. Pour ces étapes-là, je peux travailler du même endroit. Donc, c'est évident pour moi que je retourne là-bas dans ce village. Je retourne une première fois pour me renseigner. Je reste trois mois pour me renseigner sur le visa, le permis de séjour, tout ça. Je me rappelle, je fais un saut en France. Moi, je pense que c'était le saut pour dire au revoir à ma famille. Franchement. Et après, fin 2023, je m'installe vraiment. Mais quand je dis que je m'installe vraiment, c'est que j'ai emmené des livres à moi. Si j'emmène mes livres, c'est que c'est chez moi.

  • Speaker #1

    Ça t'a fait quoi émotionnellement quand tu as réalisé que ça y est, je me suis installé sur le continent ?

  • Speaker #0

    Une délivrance. Alors, pas sur le continent, mais juste le fait de redevenir sédentaire. Oui. C'est une délivrance. Avec un enfant en bas âge.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Parce que tu as vécu quand même sur la route avec un enfant en bas âge. Seul. Seul.

  • Speaker #0

    Parce que je pense qu'en groupe, tu vois, tu peux...

  • Speaker #1

    Oui, tu peux gérer. Oui, effectivement. Follé. Effectivement.

  • Speaker #0

    quand tu veux souffler, il y a quelqu'un qui prend le relais sur les enfants.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça que pour moi, c'était important de te recevoir. Et je te l'ai dit, et je le redis devant les gens, parce que pour moi, je trouve qu'il faut que les gens comprennent l'amour et la passion que tu as pour ton travail. Parce que pour faire tout ça, seul, avec un enfant en bas âge, être sur la route, dans les avions, avec les valises, les bagages, préparer tes tournages en amont, faire tes tournages, faire tes montages, publier. Gérer la communauté qui te pose des questions Gérer les voyages que tu vas faire En fait je sais même pas si toi même Tu te rends compte de les 2-3 années Qui viennent de passer Tout ce que tu as dû gérer Gérer les... T'arrives dans un truc peut-être le visa Il est pas bon, t'es dans une galère, il faut que tu gères ça Le contact qu'on t'avait donné Qui t'avait dit que oui je serais le chauffeur Je vais t'amener et qui vient pas Je sais pas si toi même tu réalises Tout ce que tu as eu à traverser Mais en même temps, je ne sais pas si tu réalises ce que tu es en train de faire vivre à cet enfant, cette chance. Parce que pour moi, c'est une chance. Cette enfance qui voyage, qui découvre ses cultures, c'est tout ça. Même si c'est un enfant en bas âge, je trouve que c'est même là où tu enregistres inconsciemment plus tout.

  • Speaker #0

    En fait, on les sous-estime.

  • Speaker #1

    On les sous-estime de fou. Et tu vois, en plus, attends, je rajoute un truc. Parce qu'en plus, tu fais l'école de ton enfant à la maison. Donc tu t'occupes de l'éducation d'enfants à la maison. Toi, tu n'es pas un couteau suisse. Toi, tu es un... Je ne sais pas ce que tu es, mais tu as 10 milliards de choses. Et je trouve que... Et c'est pour ça que je voulais surtout te recevoir, parce qu'au-delà du parcours qui est hyper inspirant, parce que tu montres aux gens qu'il n'y a pas de voie arrêtée. Tu vois ? Tu as eu une éducation scientifique, tu es passé, tu as eu des moments où tu ne t'es pas senti bien, mais tu as su remonter. Tu te destinais vers quelque chose. Mais finalement, ta passion, tu l'as rattrapée et tu l'as développée. Tu ne savais pas où tu allais avec ça. Tu as une idée de documentaire, mais finalement, aujourd'hui, tu te retrouves à organiser, faire vivre des souvenirs de vie qui vont marquer des gens toute leur vie dans les voyages qu'ils font. Tu vois qu'ils vont marquer, ils vont le raconter à leurs enfants, leurs petits-enfants. Tu te retrouves à impacter des vies. Tu vois aujourd'hui, que ce soit par les contenus que tu produis, que ce soit par les coups de gueule que tu fais, tout ça, que ce soit par les voyages que tu organises, Je ne sais pas si tu prends conscience à un moment de la dimension de tout ce que tu fais. Et c'est pour ça que pour moi, je voulais t'avoir, pour que les gens qui peut-être ne te connaissent pas, qui suivent le podcast, te découvrent, mais que surtout les gens qui te connaissent, qui regardent le podcast, et qui se disent mais ouais, en fait, Safia, c'est une ouf, en fait. Elle fait tout ça, c'est une grosse dingue. Safia, elle aurait pu faire une carrière dans l'humour, faire des voyages en business dans les hôtels 5 étoiles tous les jours pour faire ses spectacles, faire rire les gens et tout. Maintenant, elle a choisi une autre voie et aujourd'hui, elle est là, elle nous éduque. En plus, attends, il faut que je rajoute, parce que tu subis aussi, certes, pour l'instant, on n'a parlé que des gens qui te supportent, mais il y a les haters sur les réseaux sociaux, il y a la diffamation sur les réseaux sociaux, c'est une grosse pression psychologique. Donc, pour moi, c'est ça qui est inspirant. Et ce qui est encore plus inspirant, c'est de se dire que...

  • Speaker #0

    T'es né en France, t'as vécu en Guyane. Oui, effectivement, par ton géniteur, t'as une touche africaine. Mais finalement, tu racontes mieux l'Afrique que beaucoup d'Africains. Tu connais mieux l'Afrique que beaucoup d'Africains. Tu es plus africaine finalement que beaucoup d'Africains.

  • Speaker #1

    Tu as créé des problèmes dans les commentaires là.

  • Speaker #0

    Commentez, c'est bon pour l'algorithme. Allez-y, les rachets, commentez, commentez, commentez. Il n'y a pas de problème. Donc voilà, pour moi, c'était ça qui était important d'avoir comme discussion avec toi. Même tu vois, pour moi aujourd'hui, même si on se parle souvent, j'ai appris des choses dans cette discussion. Et avant de la terminer cette discussion, pour moi, il y a la question que je pose à tous mes invités, c'est tu te vois où dans cinq ans ? Est-ce qu'aujourd'hui, quand tu... Parce que ce n'est pas tous mes invités qui réfléchissent pareil. Tu vois, par exemple, j'ai reçu Kai qui a une vision très claire de où est-ce qu'il veut aller dans cinq ans. Mais est-ce que toi, dans ton côté entrepreneurial aujourd'hui... Parce qu'aujourd'hui, maintenant, tu es une entrepreneur à 100%. Est-ce que tu te projettes déjà à Ok, voilà où est-ce que j'aimerais aller dans 5 ans, dans 10 ans ? Ou est-ce que pour l'instant, tu te laisses le temps de maîtriser ce que tu fais, de mûrir ce que tu fais et de le développer au fur et à mesure ? Est-ce que tu es dans la projection ou tu es plus dans l'adaptation au fur et à mesure ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne vais pas être dans une projection parce qu'en fait, je vis une vie d'incertitude et de menaces tout le temps. J'ai un... contenu qui est quand même pas mal politisé, qui fait que j'ai des représailles dans ma vie. Ah oui ? Tu vois, même si mon contenu est sur les réseaux et que c'est un contenu digital, je représente une menace réelle pour certains intérêts occidentaux qui me le font payer dans ma vie réelle. Pas sur la vie digitale, c'est pas juste du shadowban. J'ai des sanctions dans la vie digitale, comme le shadowban,

  • Speaker #0

    comme les vidéos qui sont prémées.

  • Speaker #1

    Preuve à l'appui, je montre quand il supprime les vidéos, les messages que je reçois et de suppression et tout. Mais j'ai aussi dans la vie réelle. Pas plus tard qu'hier, sur le chemin entre Saint-Louis et Dakar, je reçois un courrier recommandé qui est arrivé et qui m'a envoyé en screenshot. Donc, c'est arrivé à mon adresse en Occident. Ma banque qui me rejette, qui me vire. Troisième banque qui clôture mon compte en deux ans.

  • Speaker #0

    Ouais, et pour quel prétexte ?

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de prétexte, il n'y a pas de justification. Tu reçois un message, nous ne souhaitons pas plus collaborer avec vous, vous avez tant de temps pour enlever vos sous et c'est clôturé. Le souci c'est que quand c'est très difficile pour toi d'ouvrir un compte parce que les banques te disent non, moi c'est le cas, les banques me disent non, j'ai fait je ne sais pas combien de banques, c'est non. On ne te donne pas d'explication non plus, les banques ont le droit de refuser, donc on ne te donne pas d'explication.

  • Speaker #0

    Tu vois, je n'en recevais pas ça.

  • Speaker #1

    Et d'un autre côté, on te clôture ton compte. Tu fais quoi ? Tu fais comment pour payer tes billets d'avion ? Tu fais comment pour payer ton loyer ? Tu vois ? Même si je suis installée au Kenya, j'ai la nationalité française uniquement. Je n'ai pas la nationalité, je n'ai pas d'autre nationalité. Et même si ce n'est pas une nationalité que je souhaite, parce que je l'ai héritée du colon qui est venu m'arracher à mon continent, moi et ma lignée. Je n'ai que ça en fait. Donc je ne peux pas juste tourner mon dos, dire bye bye, tout ouvrir au Kenya. Parce que demain au Kenya, la loi change, il y a un nouveau gouvernement. Ils disent bon les expatriés là, rentrez chez vous, je ne sais quoi. Je rentre où ?

  • Speaker #0

    Ce sera la France.

  • Speaker #1

    Donc je ne peux pas ne rien avoir en France, sachant que mes parents sont Guyanais, ils vivent encore en Guyane, ils vieillissent. Demain, il y a des hospitalisations à gérer pour eux. Peu importe le souci qu'il peut y avoir. Mais... Si je dois payer un billet d'avion pour un enterrement, rentrer en Guyane ou quoi, il faut que j'ai un compte en banque français, il faut que je puisse fonctionner. Donc du coup, quand on te jette dehors et que tu n'as pas de solution au niveau de la banque, tu es hors système, c'est très grave. Même pour ma société, ma société ne peut être basée qu'en France actuellement. Elle ne peut pas être basée au Kenya. Je ne correspond pas aux critères pour pouvoir ouvrir cette société-là au Kenya. Donc étant en France cette société, si elle n'a pas de compte en banque, on fait comment ? Comment je reçois les paiements ? Comment j'effectue moi les paiements des prestataires ? Donc ça ce sont des sanctions. Donc je suis tout le temps sur le qui-vive. Hier, quand j'ai reçu ça, il a fallu retourner chercher une banque. Dans l'urgence, pour ma société, pour mon compte personnel, pour mon association. là où il y a la cagnotte, fais quoi de la cagnotte si j'ai pas de compte en banque tu vois donc voilà c'est tout le temps un stress et ça c'est pas des choses que je partage forcément sur les réseaux mais Tous les jours, Olivier, tous les jours, j'ai des attaques. Tous les jours. Ça peut être la banque, ça peut être autre chose. Quand je voyage, ça ne se passe jamais bien. Que ce soit la frontière quand je quitte un pays ou la frontière quand j'arrive, il y a toujours un truc. On va me prendre à côté, on va me dire Madame, attendez On va me poser des questions, on va me fouiller, on va me retourner mon sac. On va me traiter comme si j'étais une trafiquante de drogue, tu vois. Comme si je cherchais, je ne sais pas, un truc. Alors qu'en fait, non. C'est juste que mon passeport, il y a certainement quelque chose qui est en haut du mur. peut-être des messages et voilà ça signale des choses qui font que même des fois on me refuse certains territoires dinguerie c'est sûr que d'avoir des contenus où

  • Speaker #0

    tu mets des vraies opinions avec des vrais arguments c'est pas mettre des opinions pour juste mettre des opinions mais c'est en plus avec des arguments et des argumentaires qui sont très précis ça dérange des gens donc du coup je n'ai pas le temps

  • Speaker #1

    de penser à me projeter. Il n'est pas ce temps-là de me poser et de pouvoir faire un plan de ce que je vais devenir parce que tout peut s'effondrer à tout moment. Là, tu vois, je vais devoir me battre les prochains jours pour trouver un compte en banque pour ma société GNTV, pour mon application, parce que sinon tout s'effondre.

  • Speaker #0

    Oui, sinon tout s'effondre, effectivement. Donc,

  • Speaker #1

    je suis tout le temps dans l'urgence. Tous les jours de ma vie, je suis dans une urgence. Et en plus de ça, il faut penser au contenu, au sujet. Il faut garder le sourire quand on les présente, il faut garder l'énergie de dire générique. Donc je n'ai pas le temps de me projeter malheureusement.

  • Speaker #0

    Il faut gérer le quotidien de la maison.

  • Speaker #1

    J'aurais cette intense pression. Je pense que c'est fait pour ça. Je ne pourrais pas me sortir de l'instant présent.

  • Speaker #0

    Et gérer le futur. Voilà pour les projections. Et c'est ça que les gens ne réalisent pas toujours. quand ils voient les contenus que tu fais, parce qu'ils voient juste le contenu, ils se disent, ça va, tout va bien. C'est pour ça que c'est important que tu mettes des mots dessus, pour que les gens réalisent. En tout cas, ça fait deux heures qu'on parle. Moi, j'aurais envie de continuer cette discussion. Je pense qu'on aurait beaucoup de choses à dire, qu'il y a beaucoup de choses à développer. On est allé vraiment en surface sur beaucoup de choses, parce que tu as beaucoup de choses à dire. En tout cas, moi, ce que je retiens de cette discussion, c'est que tu es une battante, c'est la première chose que je retiens. Tu es une personne qui ne baisse pas les bras, tu es une personne qui finalement a toujours avancé avec ses convictions. Même si à un moment tu as eu des doutes, quand tu as eu cette période de dépression, tu as su retrouver tes connexions, tu as su retrouver tes motivations, tu as su retrouver ce qui t'anime, ce qui t'allume. Tu as essayé des choses. Tu as réussi dans des choses, tu as même découvert des talents que tu avais par hasard, tu as fait de l'argent avec ces talents-là, mais à la facilité parce que c'est du travail, tu as choisi encore une fois ce qui t'anime pour continuer ta vie. Aujourd'hui, tu as encore choisi ce qui t'anime parce que tu vis ta vie, tu t'es senti à la maison, tu t'es senti chez toi, tu changes la vie de personne, que ce soit par le contenu qu'il regarde. que ce soit par les voyages qu'ils font avec toi. Moi, tout ce que je te souhaite, c'est de continuer, de continuer à éduquer les gens. Parce que ce qu'il faut que les gens retiennent, c'est que depuis tes premières vidéos, tu as fait rire les gens. Tu as toujours cherché à éduquer. Je te souhaite de continuer à éduquer les gens, comme tu as envie de le faire. Je te souhaite qu'il y ait encore plus de voyages, que tu fasses venir encore plus de gens sur le continent et même faire que des gens du continent quittent pour aller peut-être en Guyane, pour aller peut-être aux Antilles, parce qu'on parle souvent du retour...

  • Speaker #1

    Aux chenitapes.

  • Speaker #0

    Tu vois, on part souvent du retour pour que les Antillais, les Guyanais viennent, voir d'où ils viennent. Mais je pense que ce sera aussi important que les Africains regardent ce que leurs frères vivent, où ils sont. Et s'intéressent à où ces gens sont parce que c'est leur famille, on fait partie d'un tout. Et ce n'est pas que les autres qui doivent venir. C'est à nous aussi de partir et d'aller découvrir et de comprendre et de retrouver peut-être certains de nos codes là-bas et de se dire que, ah ouais, on fait vraiment... que un. Tu vois, donc j'espère qu'à ça la cite, en tout cas de Grand Or Noir, de tout ce que tu vas faire. Merci beaucoup d'être venue t'asseoir. Je suis honorée. On vous a dit l'heure. Il est exactement 3h pile du matin. Pour les gens qui voient, il est 3h. 3h pile du matin. Mais quelle discussion, quel échange. Donc vous voyez pourquoi il faut mettre des commentaires, des likes sur le contenu qu'on fait, parce que vous voyez pas tout ce qui se passe derrière. En tout cas, merci la team incroyable d'avoir suivi ce podcast. Merci à tous ceux qui l'ont écouté. Mettez des commentaires, des likes. partagez allez voir les différents réseaux de Safia je vous les mettrai dans la description et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode du Off Show

  • Speaker #1

    Peace !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • L'enfance en Guyane

    04:38

  • L'université en France

    19:15

  • Sa dépression

    26:54

  • La Jamaïque, le déclic

    33:47

  • Sa carrière de professeur

    42:12

  • La naissance de Safia Enjoylife

    49:48

  • Tout quitter pour Grandeur Noire

    01:03:35

  • Réaliser un documentaire

    01:11:26

  • Le premier voyage en Afrique

    01:23:40

  • Créer sa maison d'édition

    01:29:23

  • L'aide de sa communauté

    01:31:54

  • Le premier voyage de groupe

    01:43:54

  • L'installation au Kenya

    01:53:53

  • Difficile de se projeter

    02:00:21

  • Conclusion

    02:06:47

Description

Êtes-vous prêt à découvrir comment une passion pour la culture africaine peut transformer une vie et inspirer des milliers d'autres ? Dans cet épisode captivant du OV Show, Olivier Vullierme reçoit Safia EnjoyLife, une femme dont le parcours de vie exceptionnel nous plonge au cœur de l'Afrique, de la Guyane au Kenya. Safia, véritable ambassadrice de la culture africaine, partage son amour pour le continent, une passion héritée de sa mère, et nous raconte comment elle a commencé à raconter des histoires qui mettent en valeur la richesse et la diversité de l'Afrique.


Au fil de cette conversation inspirante, Safia aborde des thèmes profonds tels que la dépression et les défis personnels qu'elle a dû surmonter pour se consacrer à sa passion. Son parcours n'est pas seulement une histoire de passion, mais aussi un exemple de résilience et de détermination. En tant qu'enseignante, elle a trouvé un moyen d'éduquer et d'inspirer les autres à travers des contenus qui célèbrent l'Afrique, en touchant des sujets allant du Sénégal à la Côte d'Ivoire, en passant par le Cameroun.


Safia partage avec nous les secrets de son projet de documentaire sur l'Afrique, ainsi que les obstacles qu'elle a rencontrés, notamment à cause de la pandémie. Comment financer un projet aussi ambitieux ? Comment continuer à croire en ses rêves malgré les difficultés ? Ces questions trouvent leurs réponses tout au long de notre échange.


Ce qui ressort de cet épisode du OV Show, c'est l'importance de raconter des histoires authentiques qui mettent en lumière la beauté et la richesse de l'Afrique. Safia nous rappelle que chaque parcours de vie exceptionnel mérite d'être entendu et que chaque voix peut contribuer à un changement de vie significatif. Que vous soyez un entrepreneur passionné, un amateur de culture ou simplement en quête de motivation, cet épisode est fait pour vous.


Ne manquez pas cette occasion d'être inspiré par une femme qui utilise sa voix pour défendre la culture africaine et encourager les autres à découvrir le continent. Rejoignez-nous dans cette aventure où l'éducation, l'inspiration et la passion se rencontrent pour créer un impact durable.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allow me to reintroduce my son and my soul Hello, hello les incroyables, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien. Bienvenue sur un nouvel épisode du OVSHOW. Merci à toute la communauté qui grandit, merci à toute la team. incroyable qui commente, qui partage, qui like, qui s'abonne à chaque épisode. Merci à tous ceux qui nous écoutent sur les différentes plateformes podcast. Et aujourd'hui, je reçois quelqu'un que je connais depuis bien longtemps. Je reçois une amie. Je reçois une amoureuse de l'Afrique et du continent. Je reçois une femme d'histoire. Je reçois Madame... générique, elle va nous le faire après. Je reçois Safia Enjoy Life, qui est grandeur noire dans le Off Show. Hello Safia.

  • Speaker #1

    Ah ouais. Ah ouais. Comment tu vas ? Ça va très bien. Maintenant, ça va là.

  • Speaker #0

    En forme ? Bien installée ? T'es à l'aise ?

  • Speaker #1

    Super.

  • Speaker #0

    Bon, je vous le dis, la vérité, elle stresse. Depuis tout à l'heure, elle stresse à la peur des questions que je vais lui poser. Mais c'est pas qu'ici, on est en famille. C'est tranquille, il n'y a pas de stress. On va discuter calmement. Ça me fait plaisir de te recevoir.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Parce que pour la petite anecdote, pour vous dire tout de suite, Safia et moi, on se connaît de Guyane. J'ai vécu en Guyane française entre 2000-2002.

  • Speaker #1

    Si tu dis les dates, ils vont savoir qu'on est vieux.

  • Speaker #0

    Non, mais ils savent déjà qu'on est vieux. Ne t'inquiète pas, ils le savent déjà. Mais j'ai fait deux ans, ma première et ma terminale, et on s'est connus là-bas. On s'est perdus de vue. Les réseaux ont fait qu'on s'est retrouvés. Et aujourd'hui, c'est elle qui est à Dakar pendant quelques jours pour le travail, slash vacances, slash contenu. Et je me suis dit non, t'es là, il faut absolument que tu viennes t'asseoir. Je vous dis tout, il est minuit 53. Minuit 53, on est en train de tourner. Je vous dis non, vraiment, on vous dit tout ici. Et donc, elle a fait le... Elle m'a donné la chance de pouvoir la recevoir. Elle a pris du temps pour venir. Donc déjà, juste pour ça, merci énormément.

  • Speaker #1

    Je suis honorée parce que je suis une grande fan de ton émission depuis la première heure.

  • Speaker #0

    Depuis, elle me tire les oreilles, elle me botte les fesses, elle me dit fais ça, fais ci. Ouais, ça c'est bien. Non,

  • Speaker #1

    il faut toujours que je mette mon petit nez à donner des conseils qu'on ne m'a pas demandé.

  • Speaker #0

    Elle me donne des feedbacks, j'aime bien.

  • Speaker #1

    Mais en tout cas, je suis super fan et j'ai adoré absolument. tous les invités que j'ai vu passer chez toi.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    D'où mon stress.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    La barre est tellement haute.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de stress. Toi-même, tu vas lever la barre. Mais donc, on va commencer étape par étape. Donc, la question que je pose d'abord à tous mes invités, quand ils arrivent, c'est aujourd'hui, Safia, comment tu te présentes avec tout ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    C'est très difficile parce que je pense que le métier, enfin, ce n'est même pas un métier. Les activités que je fais pour gagner ma vie n'ont pas encore de nom. Ça n'a pas encore de nom en fait, ça n'a pas encore d'intitulé. Donc les gens... Faudrait que je... Je vais utiliser plusieurs mots. D'abord, je suis maman. Ça, ce métier, on le connaît.

  • Speaker #0

    Ça, ce métier, on le connaît, ouais.

  • Speaker #1

    C'est mon premier métier depuis que je suis maman, c'est devenu mon premier métier. Ensuite, je suis raconteuse. Parce que finalement, je raconte. Je ne suis pas forcément...

  • Speaker #0

    T'es une griotte.

  • Speaker #1

    Que l'histoire, que la culture, je raconte plein de choses. Ça peut être la politique, ça peut être les voyages, ça peut être... pour les enfants, je raconte. Donc mon métier, c'est de raconter des choses qui valorisent l'Afrique. Et c'est devenu un métier, parce qu'au départ c'était une activité, bon je pense que je raconterai plus tard, mais c'était une activité que je faisais à côté d'un autre métier, sans savoir que ça pouvait être un métier et que ça pouvait générer un revenu.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Donc je suis raconteuse, et je ne sais pas, il y a plein d'autres qualificatifs parce que j'ai écrit des livres. J'ai une maison d'édition, j'organise des voyages. Ah oui, activité importante aussi, je présente des vidéos, j'anime des vidéos. Des vidéos qui, comme je l'ai dit, traitent de diverses thématiques autour de l'Afrique. Et je travaille pour mon propre média, mais également pour le média Afrique Résurrection.

  • Speaker #0

    Ça fait déjà beaucoup de choses. Mais on va commencer étape par étape. Alors toi, Safia, tu n'es où ?

  • Speaker #1

    Je nais à Paris, dans le 9 de...

  • Speaker #0

    Ah ah, 9 de i !

  • Speaker #1

    Je nais dans le 9 de... Très tôt, à quelques mois, ma mère retourne en Guyane et je grandis là-bas toute ma vie. Voilà, je quitte la Guyane à 18 ans pour les études, comme malheureusement beaucoup de jeunes Antillais, Guyanais, Réunionnais, bref, de jeunes colonisés. Parce que chez nous, souvent, il n'y a pas les structures de formation.

  • Speaker #0

    En tout cas,

  • Speaker #1

    à mon époque, il n'y avait pas les structures de formation.

  • Speaker #0

    Tu grandis en Guyane. C'était comment, grandir en Guyane ? Pour les gens qui ne connaissent pas, parce que moi, je connais un petit peu la Guyane française. Mais quand je dis un petit peu, c'est un petit peu parce que j'ai fait que deux ans. Mais toi, si tu devais nous décrire, c'était quoi grandir en Guyane ? Comment tu décrirais ça ?

  • Speaker #1

    Après avoir voyagé et vu pas mal de la planète, pas mal d'endroits différents, j'estime que la Guyane, c'est vraiment le meilleur endroit où grandir de façon saine et équilibrée. Parce qu'on a ce regard global. En fait, la Guyane, c'est vraiment... la planète en miniature. Tu as toutes les populations de la planète en Guyane. Et même pas seulement en Guyane, même dans un petit quartier de Guyane, tu vas avoir toutes les populations. Tu vas avoir des Chinois, tu vas avoir des Mongs. Il n'y a pas beaucoup d'endroits dans le monde où tu vas côtoyer des Mongs, aller en classe avec des Mongs.

  • Speaker #0

    Alors est-ce que tu peux expliquer juste pour les gens qui ne comprennent pas, c'est quoi des Mongs ?

  • Speaker #1

    Les Mongs, c'est une population originaire du Laos qui a trouvé refuge... en Guyane, après la guerre d'Indochine. Bon, bref, on ne va pas raconter les alliances et tout. En gros, ils se sont alliés à la France. Et du coup, lorsque la France a perdu, ils ont été persécutés dans leur pays. Donc, certains d'entre eux ont été recueillis en Guyane. Et c'est devenu une communauté extrêmement forte et inspirante parce qu'ils ont développé notamment l'agriculture, pas que, mais l'agriculture. Et aujourd'hui, l'agriculture en Guyane est beaucoup, beaucoup, beaucoup approvisionnée par les populations monges.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    qui en plus, qui ont été installés dans un endroit qu'on pensait être assez hostile, tu vois, dans les montagnes, reculés et tout, et au final, ils ont transformé ça en une manne. Et je trouve que c'est inspirant pour les populations guyanaises de regarder ce qu'ils ont réussi à faire dans un pays étranger, sans maîtriser la langue, sans maîtriser la législation et tout. Ils ont réussi à construire des empires qui se transmettent de génération en génération. Donc nous... Les autres populations à Guyane, il faudrait peut-être qu'on regarde dans cette direction et que chez nous-mêmes, on soit capable de faire aussi bien.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai, parce que ce que tu dis, c'est tellement vrai. Parce que moi, de mon souvenir de Guyane, j'ai rencontré tellement de gens d'origine différente. Même, tu vois, moi je suis un gourmand, des cuisines différentes.

  • Speaker #1

    C'est là où on mange le mieux dans le monde.

  • Speaker #0

    Franchement, j'avoue.

  • Speaker #1

    Parce que justement, tu peux, dans le même quartier, tu vas manger des spécialités brésiliennes. dominicaines, haïtiennes, amérindiennes, bouchininguées, tout ça dans le même quartier en fait. Même au Palmiste, tu fais juste... enfin le Palmiste c'est une place où il y a des carambulants qui vendent de la nourriture.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est la place centrale, je veux dire, de Cayenne vraiment.

  • Speaker #1

    Et du coup là, il y a plein de carambulants qui vendent de la nourriture, juste tu fais le tour, tu fais le tour du monde culinaire.

  • Speaker #0

    C'est vrai, non c'est vrai. Et donc toi c'est ça le... Le souvenir que tu gardes ? Oui,

  • Speaker #1

    parce que pour avoir vécu dans différents endroits dans le monde, j'ai vu qu'il y avait quand même des endroits qui sont très beaux, mais qui sont très fermés aux autres. Et où il ne fait pas forcément bon vivre dans le lien des gens entre eux dans le pays. Donc, voilà, ce n'est pas aussi convivial, accueillant. Il y a une mixité en Guyane que je n'ai pas retrouvée ailleurs dans le monde. Et les gens ne comprennent pas que quelqu'un qui est chinois en Guyane... qui a grandi en Guyane, qui est né en Guyane, qui a été en classe avec d'autres personnes, va se sentir Guyanais avant d'être Chinois, va parler le Guyanais, va jouer le domino, va cuisiner. Il sera vraiment Guyanais dans sa culture. Et c'est cette culture qui nous lie tous, qu'on soit blanc, descendant d'esclaves. En fait, je ne sais pas comment expliquer, mais le Guyanais, c'est vraiment particulier. Il faut y aller pour comprendre. Mais du coup, d'avoir grandi dans... Cette ouverture au monde de par les cultures, parce que par exemple pour eux, parler des mondes, ils ont gardé leur tradition, ils sont restés ancrés dans leur tradition. Ils fêtent leur nouvel an, qui n'a rien à voir avec notre calendrier. Ils portent leur tenue traditionnelle, ils font des activités typiques de chez eux, malgré la distance et les années qui les séparent de leur pays. Et donc, tu peux aller assister au nouvel an, voir leur tenue, voir... Et cette ouverture au monde de pouvoir voyager en restant en Guyane, juste en changeant de commune ou de quartier. Mais c'est énorme comme richesse, c'est énorme. Je me sens dépaysée nulle part. Je vais aller au Cambodge ou au Vietnam, je vais retrouver une place de Guyane.

  • Speaker #0

    Tu vas retrouver des côtes, bien sûr.

  • Speaker #1

    Je vais au Brésil à côté, je vais retrouver la Guyane. Partout en fait où je vais, même en Afrique quand je suis venue, j'ai dit mais attends, c'est chez moi, Saint-Laurent-du-Maroni, Grand-Santi où j'ai vécu. C'est la même chose, c'est le Gabon, c'est la Côte d'Ivoire. Donc je ne suis dépaysée nulle part et j'ai parcouru la planète juste pendant mon enfance en Guyane.

  • Speaker #0

    Donc des très beaux souvenirs d'enfance. Ah oui. Très beaux souvenirs d'enfance. Et donc, pendant que tu es en Guyane, tu fais ton cursus scolaire, tout se passe bien. Quand arrive la période du lycée, où tu commences à t'orienter professionnellement ? En tout cas, pas professionnellement, mais tu prends déjà des premières orientations. Toi, tu t'orientes vers quoi ?

  • Speaker #1

    Ah, alors, ça a été compliqué parce que je ne savais pas ce que je voulais faire. Et dès la première, on te dit, il faut choisir entre

  • Speaker #0

    S, E, S, L.

  • Speaker #1

    Et donc, il faut savoir, parce que si tu veux plus tard être scientifique et que tu prends L, ça va coincer. L, c'est littérature, je ne sais pas si ça s'appelle toujours comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, je crois qu'on est trop vieux, on le sait, on ne sait plus L. Donc,

  • Speaker #1

    si tu prends une filière littéraire et que plus tard, tu veux faire des sciences, tu ne seras pas admis en université dans la filière scientifique. Donc, comme je ne savais pas, on m'a envoyé, la CPE a insisté auprès de mes parents pour m'envoyer dans la filière scientifique parce que c'était la seule filière où tu peux tout te permettre après. Sauf que les sciences... Mon cerveau n'est pas paramétré pour ça. Donc, j'ai souffert en pensant que j'étais nulle, que je ne savais rien faire, qu'il n'y avait rien pour moi dans la vie, en fait. Parce que quand tout le monde a des bonnes notes sans forcer, des 14, des 16, et que toi, dans les contrôles, tu te retrouves avec des notes qui n'ont rien à voir, qui sont à l'opposé, tu ne comprends rien pendant les leçons, tu ne retiens rien. T'as beau réviser avec les meilleurs de la classe, y'a rien qui en ressort. Tu te dis mais ta vie est foutue en fait, parce qu'on te fait croire que c'est le bac qui te donne la clé.

  • Speaker #0

    Pour la suite, effectivement. C'est le bac. T'as l'impression que si t'as pas le bac, tu vas jamais réussir quelque chose dans ta vie.

  • Speaker #1

    Et surtout là-bas, en Guyane, aux Antilles, où on nous fait croire que quand t'as le bac, finalement, c'est une porte ouverte vers l'extérieur parce que tu peux partir à l'université.

  • Speaker #0

    Faire tes études à l'étranger.

  • Speaker #1

    Ailleurs, tu peux t'ouvrir sur le monde. Tu as plus d'opportunités que si tu restes au pays où, je suis obligée de le dire, mais en tant que colonisé, on nous ferme les portes de beaucoup de choses. Donc finalement, pour se libérer de cette cage sous laquelle on est, il faut avoir ce bac, pour avoir une chance de partir, d'avoir son billet d'avion payé par des subventions ou autre. Donc le bac, c'est le sésame. Et puis en fait, j'ai appris plus tard qu'en fait, pas du tout. J'étais pas nulle. J'étais pas moins intelligente.

  • Speaker #0

    Non, c'est vrai, le système éducatif français tel qu'on le connaît, il est très clivant et il te met dans des cases très vite. Et après, il te met dans des cases très vite et en même temps, il te demande très vite de prendre une décision d'orientation pour le reste de ta vie, comme si c'est le moment là tout de suite. Si tu fais l'erreur, ta vie, elle est foutue. Et est-ce que quand tu es dans ces années collège, lycée, est-ce que tu as déjà une curiosité ? Envers le continent. Est-ce que tu... Alors... C'est ça, c'est intéressant comme question, je pense.

  • Speaker #1

    C'est très ambivalent parce que ma mère, elle est née au Sénégal, à Saint-Louis. Et elle m'a toujours parlé de l'Afrique dans des termes positifs. Vraiment. Même elle avait des livres, en fait, qui nous montraient l'Afrique.

  • Speaker #0

    Mais elle est née, elle est restée longtemps ? Elle a des souvenirs ?

  • Speaker #1

    Elle est née au Sénégal, mais elle est partie du Sénégal petite pour grandir au Burkina Faso. Wow ! elle a grandi au Burkina Faso et ce n'est que plus tard qu'elle est partie en France finalement et qu'ensuite elle est rentrée en Guyane avec moi intéressant elle se sent plus africaine d'ailleurs que guyanaise parce que c'est vraiment les premiers souvenirs de vie sont en Afrique elle s'est construite et puis tu

  • Speaker #0

    vas dans un pays qui est quand même le Burkina qui est un pays très fort d'histoire de par les prises de position de Thomas Sankara et tout donc ça... C'est un pays fort qui te marque, j'imagine. D'autant plus à ces époques-là.

  • Speaker #1

    Surtout qu'elle a grandi dans quelque chose d'authentique. Ce n'était pas encore transformé, occidentalisé. Donc, elle a beaucoup connu l'Afrique traditionnelle. Et elle est beaucoup revenue aussi en vacances quand elle était installée ailleurs. Donc, elle a continué, elle a gardé ce lien avec l'Afrique.

  • Speaker #0

    Donc, toi,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et elle l'a transmise.

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc, toi, tu as ta mère qui déjà te transmet. un petit peu cet amour du continent parce qu'elle te raconte ce qu'elle a vécu elle te raconte ses voyages

  • Speaker #1

    de sa jeunesse, de ses voyages, mais également les livres. Et puis, elle me parle déjà de certaines personnes. Sankara, c'est un nom avec lequel j'ai grandi. Donc, il y a ce lien qu'elle a. Mais moi, ça ne me parle pas.

  • Speaker #0

    C'est ça que je voulais te demander. Est-ce que tu, quand elle t'en parle, tu as une curiosité ? Ou bon, oui, c'est les histoires de maman.

  • Speaker #1

    Dès la primaire, moi, j'ai un nom sénégalais, j'ai un nom africain. Mon nom entier, c'est Safiatou.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, à la rentrée scolaire, à chaque rentrée scolaire, on dit ça.

  • Speaker #0

    Fais l'appel.

  • Speaker #1

    À l'africaine ! Et à cette époque,

  • Speaker #0

    c'était une insulte. Oui, oui.

  • Speaker #1

    En Guyane, aux Antilles, c'était une insulte de se faire traiter d'Africain. C'est comme si on t'a dit que t'es pauvre, t'es rempli de maladies, tu fais peur, t'es moche. En fait, l'Afrique était complètement incarcée.

  • Speaker #0

    Des peintres d'une mauvaise manière.

  • Speaker #1

    Dans la négativité, dans la laideur et dans l'échec. Donc, c'était rattaché à ça. Et du coup... Non, je voulais au contraire me séparer le plus possible de tout ce qui était Afrique. Et du coup, non, je n'étais pas du tout attirée, j'étais repoussée. Il n'était pas question même de seulement voyager là-bas. Pour moi, c'est des cases, de la poussière, ça pue, il y a des maladies, il y a des gens pauvres, la famine. Qu'est-ce que je vais aller en vacances là-bas ?

  • Speaker #0

    C'est incroyable la vie. T'imagines si cette petite Safia la savait aujourd'hui, tout ce que tu fais et tout, elle dirait non, c'est pas possible.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Donc, tu as tes premières... C'est ça. Donc, en gros, tu as tes premières informations, tu as tes premières images via ta mère, mais sans plus d'intérêt. Tu arrives donc au lycée, tu t'orientes première S, tu finis ton bac en terminale S ou tu te ré-re...

  • Speaker #1

    Non, non, moi, j'ai continué très longtemps. Même à l'université, j'ai fait des études scientifiques. Ah oui, oui,

  • Speaker #0

    oui. Alors ça, tu vois, c'est intéressant parce que ça veut dire que malgré le fait que tu te sentais entre guillemets en difficulté dans ce cursus, tu as toujours quand même été une battante. Tu t'es battue parce que tu as réussi quand même à passer les classes.

  • Speaker #1

    Oui, mais ça, c'est très mal fini. Pourquoi ? Parce que quand tu forces un carré à rentrer dans un rond ou un triangle à rentrer dans un carré, mais au bout d'un moment, ça casse. Si tu veux vraiment forcer.

  • Speaker #0

    Mais tu sais où je dis que t'as été forte ? C'est que t'as quand même réussi à passer, à avoir le bac et tout. Pourquoi je dis que t'as été forte ? Parce que moi, j'ai vécu ce que t'as vécu. Quand je dis que j'ai vécu ce que t'as vécu, c'est-à-dire que mon père est prof de maths. Et comme tu dis, à un moment, la série scientifique, c'était vu comme c'est la série qu'il faut faire. Si ton enfant n'est pas en série scientifique, vas-y, tu vois. ES encore, ça va, mais L, non. Tu ne le vois jamais. Mes parents m'ont forcé à faire une première S, alors que je ne voulais pas du tout. Mais pas du tout. J'étais... bons en maths parce que j'avais un prof de maths à la maison. En physique, j'ai été éclaté au sol, mais je pense que je n'avais pas les bons professeurs qui ne m'ont pas intéressé. Donc moi, j'ai fait une première S, je l'ai redoublée. C'est une des raisons aussi pourquoi on arrive en Guyane, parce qu'on était encore en France avant. Et mes parents veulent me sortir un petit peu de cet engrenage-là. Parce qu'eux, ils pensent que c'est à cause de mon entourage, ils pensent que c'est à cause de où on est, je ne suis pas concentré à l'école et que je ne fais pas une bonne année scolaire, que non, il faut qu'on sorte Olivier Delas, naninana. C'est comme ça aussi qu'on arrive en Guyane, tu vois. Et quand j'arrive en Guyane, je redouble et je fais une première ES. Et là, tout se passe nickel.

  • Speaker #1

    Mais c'est toi la vraie force. Parce que la vraie force, c'est de rester qui tu es. Moi, j'ai cédé. J'ai cédé et j'ai été jusqu'à un point critique. J'ai cédé, je n'ai pas vécu ma vraie vie pendant des années. Tandis que toi, très rapidement, tu as eu cette force de te dire ce n'est pas pour moi, je ne rentre pas dans le moule et donc je redouble et c'est un cri d'alarme et il faut me mettre ailleurs. Et finalement, tu as forcé tes parents à admettre que ça ne te correspondait pas et à te mettre là où ça te correspondait mieux. C'est toi la vraie force.

  • Speaker #0

    En fait, je pense que chacun en a une force. Toi, tu as une force dans la résilience. Moi, j'ai une force dans... Non, je ne veux pas le faire et je ne le ferai pas. Tu vois ? Donc, on a chacun sa force de son côté. Donc, tu as ton bac et tu vas où après ton bac, alors ?

  • Speaker #1

    Donc, après mon bac, trop contente. Ouais, je quitte la Guyane, c'est bon, je pars. Parce que tu sais, le truc, c'est qu'en Guyane, comme aux Antilles, je parle beaucoup des Antilles aussi, parce qu'on est très proche au niveau histoire, culture et contexte, contexte social. Aux Antilles et en Guyane, à mon époque, en tout cas... Quand tu avais ton bac, tu voyais tous tes cousins, les grands frères, même les oncles, les tantes, tout le monde était parti. Tous ceux qui ont réussi dans la vie, qui ont eu des études, des diplômes, des carrières, ils sont partis étudier. ailleurs. Donc, quand enfin toi, c'est ton tour, tu te dis ça y est,

  • Speaker #0

    tu vas... Ma vie commence.

  • Speaker #1

    Tu pars, t'es content.

  • Speaker #0

    Tu peux me le faire, s'il te plaît ? Fais-le-moi, s'il te plaît. Générique.

  • Speaker #1

    Générique.

  • Speaker #0

    Non, non, tu l'as pas bien fait. Voilà, tu vois, c'est ça.

  • Speaker #1

    Générique. Là, c'est pas l'heure, ça sort pas. Mais en tout cas, je suis partie et j'ai découvert le froid, l'hiver, parce que moi...

  • Speaker #0

    Tu pars dans quelle ville ?

  • Speaker #1

    Alors Lyon.

  • Speaker #0

    Team Lyon. Mais pourquoi ils sont à Lyon ? Mon père est Lyon. Fais attention à ce que tu vas dire sur la ville. Non,

  • Speaker #1

    j'ai adoré. Je me suis toujours dit, mais si j'étais à Paris, je n'aurais pas survécu.

  • Speaker #0

    Ville froide. Tu es à Paris ? Moi, j'ai quitté la Guyane. Moi, je suis resté en Guyane. Je suis allé à Toulouse.

  • Speaker #1

    Encore ? Tu es resté en Guyane ?

  • Speaker #0

    C'est ça, je suis resté en Guyane. Moi, je suis allé à Toulouse. Parce que tous mes gars de Guyane, ils allaient à Toulouse. En plus, on disait Toulouse, il ne fait pas trop froid. Non, moi,

  • Speaker #1

    j'ai découvert l'hiver. Parce que quand j'ai été en vacances, en France, voir de la famille.

  • Speaker #0

    C'était toujours l'été,

  • Speaker #1

    les grandes vacances, tu vois. Là, là, je suis arrivée fin août pour une rentrée en septembre. Je n'ai pas compris ce qui m'est arrivé en octobre, en fait. Tu vois, en septembre,

  • Speaker #0

    tu fais la maline.

  • Speaker #1

    J'ai fait la maline avec des petits morts, des petits french, tu vois. Octobre est arrivé, là. Et yeah ! Je n'étais pas prête. Je n'étais pas prête. Personne ne m'avait expliqué. C'est quoi l'hiver, les degrés qui… Je n'ai pas compris. Donc, j'ai… Je me suis fait gifler le premier hiver, je me suis fait gifler par le froid. Et je n'ai jamais aimé le froid. Et en fait, ça a été une catastrophe.

  • Speaker #0

    Mais tu t'es inscrite à quoi ? À la fac à Lyon ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis inscrite en première année de biologie. Non, ce n'était pas tout de suite. Je voulais faire orthophoniste. Donc, j'ai fait une année de prépa.

  • Speaker #0

    Oh là là, j'ai peur. Comment tu rigoles ?

  • Speaker #1

    Une année de prépa catastrophique parce que là, non là. Là, vraiment, j'étais au bout du bout de ce que je pouvais supporter dans le fait d'être forcée dans un truc qui ne me correspond pas. Donc la prépa, je n'y croyais pas. Ça ne me correspondait pas du tout les cours qu'on faisait. Et j'ai quand même été au concours d'orthophonie. Et le matin, c'était sur deux jours, avec quatre sessions. Une session le matin, une session l'après-midi. Le lendemain, pareil. J'étais à la session du matin le premier jour. Je ne suis jamais retournée. Je ne suis jamais retournée. Quand j'ai vu la feuille, j'ai vu le type de questions qui n'avaient rien à voir avec le métier. C'est même pas de la culture générale, c'était vraiment des choses... Tu peux pas... Même une pré... Je me suis dit, mais attends, j'ai payé une pré... Mes parents ont payé une prépa, ça m'a pas préparé. Les trucs qui étaient dedans, c'était débile, c'était nul et c'était imprévisible. Donc je me suis dit, j'aurai pas ce concours avec ce genre de questions. Je me suis levée, mes autres camarades qui étaient en prépa avec moi m'ont regardé, mais qu'est-ce qu'elle fait ? J'ai déposé ma feuille. La dame m'a dit vous êtes sûre parce que si vous quittez la salle c'est terminé. J'ai dit je suis pas sûre mais c'est terminé en tout cas. Je suis sortie donc j'ai rendu, là je me suis dit je retourne pas l'après-midi, c'est mort, c'est fini. Et je me rappelle que j'ai été faire du shopping avec un argent qui n'était pas à moi, c'était mes parents qui m'ont envoyé de l'argent. Je sais pas pourquoi, j'ai été faire du shopping, j'ai été m'offrir un vêtement et tout. Et au sortir du shopping j'ai appelé ma maman parce qu'à l'époque bon... C'est pas les téléphones comme maintenant où tu appelles en illimité et tout, quand t'appelles en Guyane.

  • Speaker #0

    Y'a pas WhatsApp.

  • Speaker #1

    C'est gratuit. T'avais des unités, ça filait vite. Surtout que quand tu appelles en Guyane, c'était pas considéré comme la France. C'est pas comme si t'appelais à l'étranger. Bref. Donc j'appelle ma mère, je lui annonce que j'y retourne pas. Ça passe pas, l'info passe pas. Parce qu'eux, ils ont payé une prépa. Bien sûr. Donc déjà, il y a eu cette année-là. Je leur ai dit non, mais il faut juste que je me réoriente. C'était pas le bon. Je me réoriente en biologie. d'accord pire ouais là je finis pas le premier semestre ok parce que ben voilà 2, 4 en physique chimie parce que c'est pas que de la biologie malheureusement c'est tout un set avec physique chimie et maths encore et là autant en biologie j'ai toujours été à l'aise c'est pour ça d'ailleurs que j'avais choisi j'avais d'ailleurs une excellente note au bac mais je suis plus là par un reste physique chimie non là c'était tout et là en fait ben là a commencé une dépression Une grosse, grosse, grosse dépression qui a continué. À l'époque, en plus, on était dans les années 2000,

  • Speaker #0

    on ne parlait pas de santé mentale d'aujourd'hui.

  • Speaker #1

    De santé mentale, de dépression. Ce n'était pas décomplexé, ce n'était pas vulgarisé. Et nous-mêmes, on ne savait pas les mots à mettre sur ce qu'on ressentait, comment on se sentait. Donc du coup, je suis partie dans une autre filière scientifique, les sciences cognitives. Donc après avoir laissé tomber la biologie, mes parents n'en pouvaient plus. Chaque année, c'était une autre. nouvelle première année, il fallait payer. Il payait mon logement. Quoique non, non, non, non. Après...

  • Speaker #0

    La deuxième année ?

  • Speaker #1

    Après avoir laissé tomber l'orthophonie, j'ai pris un emploi. J'avais oublié ça.

  • Speaker #0

    C'était quoi ton premier boulot ? Dans un fast-food.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Dans un fast-food, équipière polyvalente, nettoyer les tables, vendre les sandwiches, nettoyer les WC.

  • Speaker #0

    Tu sais, je te dis, c'était quoi mon premier boulot ?

  • Speaker #1

    C'était quoi ?

  • Speaker #0

    Tu te rappelles à Cayenne, il y avait un magasin de CD qui marchait grave. Nuggets. Exactement.

  • Speaker #1

    T'as travaillé Nuggets ?

  • Speaker #0

    J'ai travaillé là-bas, je vendais des CD. Mon premier boulot.

  • Speaker #1

    des musiques en exclusivité.

  • Speaker #0

    Ouais, les riddim dancehall, j'ai découvert... Il y a un riddim de Juice Riddim.

  • Speaker #1

    C'est là-bas que je l'ai découvert.

  • Speaker #0

    C'était mon premier boulot. Mais bon, bref, oui, donc...

  • Speaker #1

    On n'a clairement pas eu la...

  • Speaker #0

    Tu m'as ramené loin, là.

  • Speaker #1

    De l'entrée dans la vie active, parce que... Laisse tomber.

  • Speaker #0

    Donc tu trouves un petit boulot pour, finalement, pouvoir payer des choses et libérer un peu les parents du poids de...

  • Speaker #1

    Ah ouais, parce que mes parents m'ont dit, ok, mais il faut assumer jusqu'au bout. T'as laissé tomber. Bref. Donc du coup, j'ai commencé à travailler, à me prendre en charge totalement. C'est vrai, oui. Donc biologie, j'étais déjà à mon compte. Enfin, à mon compte, je travaillais, je ramenais mes sous. Et sciences cognitives aussi, je travaillais en même temps.

  • Speaker #0

    Que tu faisais des cours.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Mais pareil, sciences cognitives, tu t'accroches pas.

  • Speaker #1

    Ah non, c'était une catastrophe. Les deux premières années de licence, je suis passée à chaque fois au rare. 10,60 ou tu vois, des 10 virgules, des trucs. J'étais à deux doigts du rattrapage. La troisième année, c'est pas passé. Le dernier semestre, j'ai eu le premier semestre. Le dernier semestre, j'ai eu une 9,64. Je m'en rappellerai toute ma vie. 9,64, je me suis dit. Et je suis passée en rattrapage. Et pareil, j'étais à la station de rattrapage le matin. Et en fait, je me suis dit, non, ça sert à rien. C'est pas ce que je veux faire. Même si j'ai la licence là, je vais rien faire avec ça. Et donc j'ai tourné le dos et là c'était le truc de trop pour mes parents. Ils m'ont dit mais attends, t'es en troisième année de licence, tu lâches ! Ah ouais, là ils n'ont pas appris la blague. Donc ça a été très difficile après. Donc du coup j'ai fait une grosse dépression. Et ça a participé aussi à une tentative de suicide. Parce que j'étais tellement pas alignée que j'avais perdu le goût de tout. Ma vie n'avait pas de sens.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu étais quand même à Lyon entourée ? Tu avais quand même des gens ?

  • Speaker #1

    Ah non, j'étais seule. Je me rappelle que ma petite sœur venait en études. Je crois qu'elle était déjà en études. Et où elle venait, elle arrivait. En tout cas, ce que je me rappelle, c'est que j'étais seule dans mon appartement. Je n'avais pas beaucoup d'amis. Et ce n'était que les collègues de travail, en fait. Des camarades de classe, mais je ne sympathisais avec personne. Quand j'ai fait ça, c'était avant que ma sœur n'arrive, parce que je voulais pas qu'elle trouve mon corps. Elle était pas encore arrivée en France, en fait. Je suis arrivée en France avant elle. Et donc, bon bref, en tout cas, bon, les ancêtres m'ont gardée, ils savent pourquoi. Mais en tout cas, j'étais pas du tout alignée. Et le fait de forcer, forcer, forcer, franchement, je le dis, s'il y a des parents qui regardent, s'il vous plaît, soyez attentifs aux aspirations, aux compétences, aux facultés de vos enfants. Parce que si l'enfant vous dit c'est pas ça, c'est pas pour lui je vous jure, des fois c'est une question de vie ou de mort, il ne faut pas insister.

  • Speaker #0

    Waouh, tu vois, c'est pour ça que pour moi c'est important de discuter avec toi, parce que tu vois, finalement on se connaît, et je ne savais pas que tu avais vécu ça, tu vois. Je ne savais pas que tu étais passé par là et tout, et qu'est-ce qui te... Qu'est-ce qui te rebooste après ça ? Qu'est-ce qui te remotive après ça ? Ah, c'est pas venu tout de suite. C'est ça. Combien de temps tu mets à sortir de cette dépression, déjà ? Déjà, à quel moment tu... Est-ce que c'est aujourd'hui que tu comprends que c'était une dépression ou est-ce que... Ah,

  • Speaker #1

    c'est après,

  • Speaker #0

    ouais. Très rapidement, sur le moment, tu comprends que c'est une dépression. Non, tu le comprends pas sur le moment.

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    Tu vois ?

  • Speaker #1

    Sur le moment, moi, ce que je comprends, c'est que...

  • Speaker #0

    Si tu veux pas en parler, on en parle pas. Ça fait un... Respire. Aujourd'hui, regarde où tu es. Regarde où tu es aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Non, mais je vais témoigner pour les jeunes parce que je te jure, il y a beaucoup de jeunes qui sont seuls.

  • Speaker #0

    D'abord, respire. Si tu veux bien témoigner, il faut que tu prennes le temps de bien l'expliquer. D'accord ? Aujourd'hui, regarde. Regarde-moi, Safia. Aujourd'hui, regarde où tu es. Regarde où tu es aujourd'hui. Regarde tout ce que tu as surmonté. Regarde tout ce que tu as fait. Je comprends que ça doit être dur de t'ouvrir sur ça aujourd'hui. Prends le temps de respirer, prends le temps de te calmer, si tu veux aider ces jeunes. Si tu veux leur donner les bons mots, tout, respire, calme-toi. Et si tu veux mettre des mots sur ça, tu les mets. Si tu veux qu'on passe à autre chose, on passera à autre chose.

  • Speaker #1

    Non, je vais mettre les mots parce que c'est utile. En fait, moi, sur le moment, et pendant de longues années, j'ai cru que j'étais faible. Parce qu'à cette époque-là, c'était le message qui était renvoyé, même par les équipes médicales qui prennent en charge, culpabilisent beaucoup. Et moi, je me suis retrouvée hospitalisée. Parce qu'on m'a sauvée de justesse.

  • Speaker #0

    En fait, tu veux dire que les services médicaux, au lieu de t'accompagner à ce moment-là, voulaient encore te remettre la faute sur toi et te dire que c'est toi qui ne sais pas...

  • Speaker #1

    Je ne vais pas généraliser, mais je suis tombée sur du personnel qui, effectivement, n'avait pas la psychologie, la pédagogie et même, je dirais, la bienveillance. Donc, les premiers mots que j'ai entendus...

  • Speaker #0

    Au lieu de te rééquilibrer ton... Oui,

  • Speaker #1

    ça m'a beaucoup fait croire que j'étais faible. que j'étais ingrate parce que moi, je vis et que d'autres partent, tu vois, par des accidents ou autre, d'autres, leur vie est arrachée. Moi, j'ai une vie, je la gaspille. Enfin, voilà.

  • Speaker #0

    C'est pas ce que tu avais besoin d'entendre à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Déjà, je pense que ça se dit même pas à aucun moment parce que chacun gère sa souffrance à sa manière. Et moi, j'avais différentes souffrances. Et celle de ne pas avoir de sens dans ma vie, c'était... C'était une de plus, une de trop, mais il y avait d'autres souffrances familiales et autres. Et du coup...

  • Speaker #0

    Tout ça a cumulé.

  • Speaker #1

    Moi, sur le banc, j'ai cru que j'étais faible, que j'étais insignifiante. C'était pire, quoi. De m'être ratée, c'était pire. En fait, j'ai surtout regretté de m'être ratée. Donc...

  • Speaker #0

    Un moment très dur. Un moment très dur. Et tu dirais que ça dure combien de temps, ce moment-là ? Un an ? Un an et demi ?

  • Speaker #1

    Ça a duré plus longtemps. Je ne me suis pas sentie pas bien dans ma vie, dans ma peau, pendant longtemps. Ce qui m'a fait rencontrer des personnes toxiques, parce que quand on est fragile, vulnérable, on est une proie pour les prédateurs qui reniflent au loin cette fragilité. et qui s'en nourrissent, tu vois. Donc je suis tombée sur des personnes, que ce soit des amis, que ce soit mon petit ami de l'époque, sur des personnes qui m'ont vampirisé. Le peu qui restait, ils l'ont vampirisé. Donc c'est trois...

  • Speaker #0

    Et puis j'imagine que, comme tu l'as dit tout à l'heure, aujourd'hui on est dans des générations où on met des mots sur ça, on donne la parole à ça. Je ne veux pas défendre les parents à l'époque, mais en plus déjà, tu es loin, tu es à distance. Et pour les parents, pour comprendre le mal-être que tu vis à ce moment-là, sachant qu'ils eux-mêmes n'ont pas grandi avec ces codes de mettre des mots sur ça, on te dit juste, vas-y, arrête, travaille, fais tes trucs. Donc ça doit être très dur, effectivement. Ça doit être très dur à vivre. Et bon, voilà.

  • Speaker #1

    parce que eux mes parents ont souffert énormément énormément en fait je pense qu'on réalise pas que nos parents ont souffert ah bah oui parce que de toute façon quand on est parent et que notre enfant il va pas bien on culpabilise on se dit on a une part de responsabilité et quand en plus notre enfant fait ça va jusque là on se dit qu'on a failli on a failli on a pas vu le truc donc mes parents ont beaucoup souffert de ça et ils ont je pense traîné une peur que je commence pendant longtemps mais on va aller dans le positif qu'est-ce qui te fait sortir de ça ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te redonne ce goût ?

  • Speaker #1

    J'ai séjourné au Jamaïque. C'était un rêve pour moi.

  • Speaker #0

    Merci la Jamaïque ! Merci à eux ! Vous avez redonné le sourire à sa fière. Merci à eux ! Merci ! Je t'ai obligé.

  • Speaker #1

    La Jamaïque m'a repêchée. Parce que déjà, c'était un rêve. J'ai toujours été fan de Den Sol. C'est la première fois que j'en ai entendu. très très jeune en Guyane et ça aussi, c'est une des richesses de la Guyane.

  • Speaker #0

    Moi, je remercie la Guyane pour ça. J'ai découvert la dentole en Guyane. Ceux qui me connaissent savent qu'aujourd'hui, je suis piqué à mort. Gaza, mais c'est...

  • Speaker #1

    Donc voilà, depuis petite, je rêvais d'aller sur la terre de Biniman, de Bounty Killer, de General Degree. J'ai vraiment grandi avec certains personnages.

  • Speaker #0

    Et tu pars en quelle année ?

  • Speaker #1

    En 2010 ou 2011.

  • Speaker #0

    11.

  • Speaker #1

    Donc je pars là-bas et ce qui est drôle, c'est que j'avais essayé de partir en vacances plusieurs fois, ça avait échoué et là je suis partie pour un échange universitaire. C'était prévu que ce soit quatre mois, je crois.

  • Speaker #0

    T'as fait quatre mois là-bas ?

  • Speaker #1

    Ben non, j'ai fait neuf mois parce que... Bon,

  • Speaker #0

    mon beau glade !

  • Speaker #1

    J'ai fait mon semestre et après j'ai trouvé un emploi, enfin l'emploi m'a trouvé et j'ai pu prolonger mon visa et rester un peu plus longtemps.

  • Speaker #0

    Je suis jaloux de toi, très très très jaloux.

  • Speaker #1

    À travailler chez Nuggets, on est quitte.

  • Speaker #0

    Non, on n'est pas quitte. Là, tu as vécu un de mes rêves. Moi, j'ai eu la chance d'y aller, mais je n'estime pas que j'y suis allé. Parce que j'y suis allé en vacances, quand j'habitais au Canada. J'y suis allé une semaine. Je suis allé et j'ai été déçu. Ah ouais ? Parce qu'en fait, c'était mon ex de l'époque qui m'avait amené là-bas pour me faire plaisir. Sauf qu'on a fait une semaine en resort. Ah ouais,

  • Speaker #1

    non, d'accord.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas du tout la Jamaïque que je voulais vivre. Tu vois, je me rappelle d'une anecdote. Un jour, je suis parti faire du jet ski. Et tu avais des animateurs du jet ski. C'était que des gars, des jeunes. Ils devaient avoir 20, 25 ans et tout. Ils écoutaient la radio. Tous les sons d'Handsoul qui passaient, ils voient que je les connaissais. Tous les sons d'Handsoul qui passent à la radio, ils voient que je les connais. Et ils me disent, en anglais, tu vois, t'aimes ça, t'écoutes ça. Je dis, mais j'écoute que ça. Ils me disent, ah ouais, mais si tu veux, on peut te sortir. On peut t'amener dans une soirée et tout et tout. Et tu sais, malheureusement, avec le storytelling qu'on te raconte sur la Jamaïque, j'avais envie d'y aller. Mais après, je me suis dit, attends, mais toi, t'es un touriste, t'es un vacancier. Ça se trouve, les mecs, ils t'ont déjà calculé qu'après, quand ils vont t'amener, ils vont te... Et je ne suis pas allé. Et si c'est à refaire, en tout cas, j'espère y retourner un jour, mais si je retourne, j'irai chez l'habitant. Parce que je veux vivre la vraie Jamaïque, aller dans des vraies soirées, aller dans des vrais endroits. Et moi, c'est ça que je regrette aujourd'hui. J'ai vu de belles choses là-bas, mais je n'ai pas vécu la Jamaïque comme j'aimerais la vivre. Donc, quand toi, tu me dis que tu as fait neuf mois là-bas, oh là, tu as dû vivre des dingueries.

  • Speaker #1

    Complètement. Des trucs de dingue. Surtout que j'ai été à l'époque où Usain Bolt était au Jeux de la

  • Speaker #0

    Marseille. Oh là là !

  • Speaker #1

    Il gagnait toutes les médailles, il pétait tous les records. Et c'était l'ami d'un de mes meilleurs amis là-bas. Je le voyais tout le temps.

  • Speaker #0

    Tu veux que j'arrête ? Tu veux que j'arrête le podcast ici ? Tu veux qu'on se dépêche ? On était amis avant que ce podcast ne commence.

  • Speaker #1

    Maintenant, Usain Bolt, même les jeunes ne connaissent plus peut-être.

  • Speaker #0

    Il fait la pub pour des trucs de machines à laver. Je ne sais pas si tu as vu, il y a cette pub qui passe en ce moment à la télé. Il fait des pubs de lessive. Mais bon, bref.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'était la belle époque pour lui. Non seulement j'ai rencontré toutes les stars que je rêvais de rencontrer dans mon enfance.

  • Speaker #0

    Elle fait exprès. Je vous le dirai, elle fait exprès.

  • Speaker #1

    Mais en tout cas... Bon, je vais écouter, mais la Jamaïque, ça a été l'étincelle pour justement ce que tu dis, le storytelling. Quand j'ai vécu là-bas, et que j'ai vécu... En fait, j'ai pas retrouvé la Jamaïque. On te vend. On faisait peur avec les trafiquants, l'insécurité.

  • Speaker #0

    Les gangs.

  • Speaker #1

    Tu te bats juste en marchant dans la rue, tu te fais des balles. Non mais tous les sites avec lesquels j'ai grandi en Jamaïque, ils se tirent dans la rue comme ça. entre gangs et puis voilà quoi.

  • Speaker #0

    Que des gars drogués partout.

  • Speaker #1

    Et finalement, j'ai trouvé qu'il n'y avait pas tant de personnes avec des locks là-bas finalement, parce que moi, j'en portais déjà. Et déjà, je sortais du lot quand j'allais quelque part parce que tout, enfin, c'était pas si courant que ça. Donc, quand j'ai vu ça, je me suis dit Ah ouais, en fait, il y a un vrai décalage.

  • Speaker #0

    On se fait laver le cerveau.

  • Speaker #1

    Et ce qu'on peut vivre sur place. Et là, je crois qu'il y a une étincelle qui s'est allumée et j'ai commencé à comprendre qu'en fait... Mais peut-être qu'il y a d'autres endroits dans le monde où c'est comme ça, tu vois, Haïti, les pays africains. Donc, je pense que là, j'ai commencé à...

  • Speaker #0

    Et quand tu pars en Jamaïque, est-ce que tu as déjà des réseaux ? Je veux dire, tu as déjà une page Instagram ? Est-ce qu'il y a déjà Instagram ? Non,

  • Speaker #1

    il n'y a pas Instagram, ça c'est sûr, parce que j'ai eu Instagram en...

  • Speaker #0

    Donc, tu ne...

  • Speaker #1

    Dans mon smartphone.

  • Speaker #0

    Ok, donc tu ne documentes pas. C'est vraiment, tu vis ton expérience pour toi à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Ce qui est drôle, c'est que j'ai été avant-gardiste parce que... Partout où j'ai été depuis très tôt, j'ai toujours acheté des petits appareils photos. Parce qu'à l'époque, les téléphones ne faisaient que téléphoner ou envoyer des messages. Et les appareils photos étaient à part, c'était séparé. Donc à chaque fois, j'achetais un appareil photo. Alors au départ, quand j'étais très jeune, c'était des pellicules.

  • Speaker #0

    Oui, jetables.

  • Speaker #1

    Qu'on devait emmener dans un magasin, faire développer, attendre des fois une semaine.

  • Speaker #0

    Une semaine, je te jure. Tu ne sais même pas si la photo est nette.

  • Speaker #1

    Tu avais raté la photo. Bref. Mais là, c'était l'époque des cartes mémoires.

  • Speaker #0

    Numériques,

  • Speaker #1

    ouais. Je prenais des photos et je sortais les photos, je les mettais... Je ne sais plus comment je faisais, mais je pense que sur des ordinateurs fixes, je transférais sur ordinateur, puis sur un disque dur, enfin bref. Sauf que malheureusement, ces disques durs, avec le temps, ils n'ont pas survécu. Mais j'avais documenté. J'ai été dans toutes les soirées où tu voulais aller. Tous les passe-à-passe, les... Désolée, Olivier. Mais j'ai documenté. J'ai des vidéos où je suis à côté de Sean Paul. Franchement, j'ai vécu... Là-bas, je n'ai pas les mots. Je n'aurais jamais pensé dans ma vie. Je n'en demandais pas tant. Je voulais juste faire 10 jours en Jamaïque.

  • Speaker #0

    Tu voulais faire 10 jours et tu fais 9 mois.

  • Speaker #1

    Neuf mois où j'ai vraiment fait le tour, c'est-à-dire les personnes très riches, les personnes très pauvres, les personnes au milieu, travailler là-bas, étudier là-bas, s'amuser là-bas. J'ai tout fait. En neuf mois, j'ai fait... Là, je le dis vraiment en toute humilité, c'est-à-dire que même les Jamaïcains m'ont dit mais en fait, tu as fait plus de choses que nous en toute humilité.

  • Speaker #0

    Oui, parce que souvent, quand tu nais quelque part... Et que tu te rendis quelque part.

  • Speaker #1

    Moi, je savais que mon temps était compté là.

  • Speaker #0

    Tu te dis, ça, j'irai plus tard. Et finalement, tu y vas jamais. Exactement. Ça, je découvrirai plus tard et tu y vas jamais. Donc, quand tu fais ces neuf mois-là, tu ressors plus forte, tu ressors boostée. Tu fais quoi après ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai appris deux choses en Jamaïque. La première, c'est qu'il ne faut pas se fier à ce que racontent les médias. La deuxième, c'est entreprendre. Mais je ne savais pas. C'était juste une graine qui avait été plantée.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    La graine de... Je peux faire moi-même ce que je ne trouve pas là et que j'aimerais qu'il soit fait. Je peux le faire moi-même. Et surtout, je peux faire des choses différentes. Tu vois, parce que dans l'état d'esprit français, comme tu as dit, on te sectorise. Toi, c'est les sciences. Toi, c'est la littérature. Toi, tu es un artiste. Toi, tu es un sportif. Mais là-bas, j'ai compris qu'en fait, non, tu peux faire de la biologie et en même temps être un sportif de haut niveau. Tu peux être psychologue et en même temps mannequin pour des maillots de bain. Tu vois, les gens se permettaient de faire ce qu'ils veulent et ce qu'ils savent faire. Si ça fait plusieurs choses, ils utilisent toutes leurs compétences. Et ça, je l'ai retenu. Aujourd'hui, je l'applique longtemps après. Mais ça a été des graines, deux graines qui ont germé par la suite. Celle de l'entrepreneuriat et de pouvoir être multitâche. Et celle de ne pas me fier aux médias et de peut-être aller voir la version sur place, la vraie version.

  • Speaker #0

    Donc, tu quittes la Jamaïque après neuf mois. Voilà. Est-ce que tu retournes en France ?

  • Speaker #1

    Non, alors je n'étais pas en France avant la Jamaïque, j'étais en Martinique. D'accord. Donc, je retourne en Martinique, terminer mon master. Oui. Et voilà, après je rentre en Guyane.

  • Speaker #0

    Oui, tu rentres en Guyane.

  • Speaker #1

    Parce que là, alors... Là, c'était un master d'anglais. Alors ça, c'était après ma dépression. OK. Avant la Jamaïque, j'étais toujours en dépression, toujours fragile et tout. La Jamaïque m'a vraiment redressée. Même au niveau bien manger, pas de stress. Enfin, les gens là-bas, vraiment, ça m'a ravivée, tu vois. Et aussi, j'ai été coupée des personnes toxiques que j'avais.

  • Speaker #0

    Autour de toi à ce moment-là, oui.

  • Speaker #1

    Avant. Donc, ça m'a beaucoup fait du bien. Ça m'a régénérée. Et sortie de là... Quand j'ai terminé mon master, c'était un master d'anglais. D'où le fait que j'ai fait un voyage là-bas. Et je ne savais pas ce que je voulais faire avec ce master d'anglais. Donc j'ai un ami, si jamais il passe par là, coucou Marvin. Marvin me dit, écoute, en Guyane, ils ont besoin de profs. Donc viens, parce que le temps que tu trouves ce que tu veux faire, tu auras un salaire. Assurément, parce qu'ils ont besoin. effectivement je postule je suis prise tout de suite parce qu'ils ont tellement besoin qu'il n'y a même pas d'entretien tu peux renvoyer ton CV de maçon et lui donner des cours d'histoire géographie ils ont besoin ils prennent n'importe qui c'est n'importe quoi donc du coup ils m'ont pris pour master d'anglais et d'ailleurs j'ai pas fait de l'anglais tout de suite ils m'ont mis prof en secpa je faisais tout toutes les matières secpa en plus c'est pas comme si t'as eu les élèves les plus calmes voilà donc Donc, en fait, ça a été très bien pour moi de commencer par là. Parce que moi-même...

  • Speaker #0

    Attends, attends, attends. S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît. Parce que, attends, tu ne t'orientes pas pour être prof. Tu arrives prof. En plus, ce n'est pas pour enseigner l'anglais.

  • Speaker #1

    Non, mais c'était la catastrophe.

  • Speaker #0

    Juste, s'il te plaît, raconte-moi le premier jour.

  • Speaker #1

    Ah, c'était... Attends, mais parce que si je dois tout te raconter, on m'envoie à Grand Senti.

  • Speaker #0

    Est-ce que Grand Senti...

  • Speaker #1

    Sans livre, sans manuel. Grand Senti serait...

  • Speaker #0

    Est-ce que tu pourrais donner... Quelle comparaison tu pourrais donner grand senti pour les gens qui connaissent pas si tu devais dire une ville française ?

  • Speaker #1

    Ah mais non, ça n'existe pas. Non mais non. La Guyane n'a rien à voir avec la France. En aucun point. Donc de toute façon, il ne faut pas commencer à comparer. Nous, on est dans l'Amazonie.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça.

  • Speaker #1

    Donc déjà, au niveau environnement, ça n'a rien à voir. Il n'y a aucun environnement en France. qui est plongée au cœur d'une forêt dense et luxuriante avec...

  • Speaker #0

    Le seul moyen de se déplacer, c'est avec des...

  • Speaker #1

    Et puis enclavé, tu vois ? C'est-à-dire que quand tu as un avion, tant mieux, mais quand tu n'as pas d'avion, c'est 9 heures de pirogue. Des fois, deux jours si l'eau est trop basse.

  • Speaker #0

    Et donc, toi, tu arrives pour être enseignante là-bas.

  • Speaker #1

    Donc, on me catapulte là-bas où je n'ai jamais été. En fait, la Guyane, je dirais que c'est trois zones d'habitation. Il y a la zone est... avec la partie vers le Brésil. Je dirais la zone Est, donc les communes qui commencent à donner sur le Brésil. Donc, ils sont sur le fleuve qu'on partage avec le Brésil. La zone Ouest, avec le fleuve qu'on partage avec le Suriname. Donc, moi, c'était dans cette partie-là que j'étais. Et il y a la côte maritime où il y a les villes les plus connues. Cayenne. Moi, je n'ai jamais été plus loin que Saint-Laurent, qui est sur la partie Ouest. Mais c'est une ville qui est encore, tu vois...

  • Speaker #0

    T'es encore un peu côtier, ouais, voilà. T'es pas rentré au côté...

  • Speaker #1

    Là, tu peux y aller par la route. Mais yeah, quand tu commences à remonter le fleuve, qu'on partage avec le Suriname, et à partir dans la forêt, là, la plupart des Guyanais qui sont sur la côte, ils n'ont jamais été... 12 mois à cette époque-là, je n'avais jamais été. Donc je suis catapultée dans une autre dimension. Ça n'a rien à voir avec Cayenne-Courou, les pays que je connais, Rémi-Hermont-Joli, ça n'a rien à voir. Déjà, ils ont leur langue. Il faut savoir que les bouchinangais, ce sont des peuples qui ont résisté à l'esclavage en s'enfuyant des plantations et en recréant une vie totalement africaine. Non parasité par je ne sais pas quel apport occidental. Non, peut-être ils se sont laissés un peu influencer par certaines cultures amérindiennes, un petit peu. Il y a eu certainement des fusions, mais... ils sont restés authentiquement africains, dans tout. Donc ils ont leur langue, ils ont créé leur langue, qui est très basée sur l'Afrique. Donc quand j'arrive là-bas, il y a très peu de personnes qui parlent français, notamment les élèves. Et la première année, je crois que j'ai eu des sixièmes, cinquièmes, en cinq pas. J'ai des élèves qui ne me comprennent pas, que je ne comprends pas, je n'ai pas de manuel, parce que bien évidemment, comme on est loin de tout et que c'est très peu accessible, c'est très abandonné. Donc du coup, il y a... pas forcément tout le matériel scolaire. Et on me dit, vas-y, fais cours. On va faire histoire géo, maths, français, SVT, sport, yo !

  • Speaker #0

    T'es courageuse, hein ? T'as accepté ça !

  • Speaker #1

    Mais est-ce que t'as le choix ? Est-ce que tu sais ? Est-ce que tu sais ? C'est-à-dire que c'est quand tu es arrivé à Grand-Santi que t'as pris un avion, que t'as traversé au-dessus de la Guyane, toute l'Amazonie, t'es arrivé en avion avec toutes tes affaires. Et là, on te dit, en fait, ah bon, anglais ? Ah, mais ça, c'est pas ce qu'il y a écrit ici, hein ? Nous, on a prof de secte. pas, vous commencez demain. T'es pas formé, voilà. Donc, improvisation,

  • Speaker #0

    les gars,

  • Speaker #1

    premier temps. Mais, bon, je pense que j'ai un don pour raconter. Donc, du coup, au fur et à mesure, j'ai mis en place des cours qui les ont intéressés. Et en fait, quand tu commences aussi difficilement, tu peux que être, si c'est ta vocation de transmettre et d'enseigner, tu peux que être une excellente enseignante. Parce que t'as commencé par le feu.

  • Speaker #0

    Ouais. Ça, c'est le feu même ! Là,

  • Speaker #1

    c'est le feu, c'est la lave-char ! On t'a lâché dans la nature, c'est le cas de le dire. Et tu te débrouilles. Et j'ai fait classe, tu vois, à ces élèves. Déjà la première année, et puis la deuxième année, j'avais des petites choses de prêt. J'ai fabriqué des jeux, il n'y avait rien. Il n'y avait pas Internet. Il y avait deux ordinateurs post-fix dans la salle de prof. C'était pris d'assaut. Tu n'avais jamais accès aux ordinateurs. Il y avait toujours un prof qui en avait besoin. Donc, je n'avais pas accès à Internet.

  • Speaker #0

    Donc tu dois développer d'autres skills.

  • Speaker #1

    J'ai ramené des petites fiches de bristol, j'ai commencé à faire des choses un peu manuelles parce que ce sont des élèves qui sont forts parce qu'ils ne se laissent pas embrigader dans le moule qui ne leur correspond pas. Ce n'est pas leur façon de pouvoir apprendre. Ils n'acceptent pas d'apprendre comme ça. Et donc je me suis adaptée à eux. Donc moi, j'ai vraiment adoré. Déjà, j'aime beaucoup les enfants. qu'ils soient turbulents ou pas, donc j'ai beaucoup accroché avec eux. Et voilà, donc du coup, ça a été ma première expérience de prof.

  • Speaker #0

    Et tu fais combien de temps à Grand Sentier ?

  • Speaker #1

    Deux ans.

  • Speaker #0

    Deux ans. Et après, tu retournes sur Skyline ?

  • Speaker #1

    Je me déplace parce que aussi, quand je suis rentrée en Guyane pour devenir prof, j'avais pas de diplôme, j'ai pas passé de certification ou quoi. Donc du coup, je suis ce qu'on appelle contractuelle. Et les contractuelles, on te balade comme ça au gré des besoins. Oui. Malheureusement pour moi, ils ne m'ont pas gardé à grands sentiers. Je voulais rester, contrairement à d'autres qui ne veulent surtout pas aller là. Moi, je voulais rester. Ils m'ont catapultée dans une autre ville à Saint-Laurent, où j'ai fait un an et après ils m'ont encore changée. Pour me rapprocher cette fois des villes que je connaissais, notamment Rémire. Et je suis restée là des années.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc tu restes là-bas des années. Et je pense que c'est là où on arrive à ce qui fait que beaucoup aujourd'hui de gens te connaissent. Est-ce que c'est à cette période-là, finalement ? C'est à quel moment qu'arrive la création de contenu ? Parce que, si je ne dis pas de bêtises, pour moi, je pense que tu as... Deux phases dans la création de contenu. Il y a d'abord Safia Enjoy Life qui arrive, et après il y a Grandeur Noire qui arrive. Corrige-moi si je ne me trompe pas. Je te corrige. Vas-y.

  • Speaker #1

    C'est d'abord Grandeur Noire, mais les gens ne savent pas. Ah ouais ? Tu vois,

  • Speaker #0

    c'est marrant.

  • Speaker #1

    J'ai créé la page Grandeur Noire en juillet 2016. Wow,

  • Speaker #0

    2016 !

  • Speaker #1

    Ouais, j'ai créé cette page en juillet 2016.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Et j'ai commencé à faire des vidéos qui ont plu. et que les gens ont trouvé drôle en août 2016.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Et ce n'était pas fait pour être drôle.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'était pas fait exprès.

  • Speaker #1

    Et ce n'était pas fait pour buzzer, ce n'était pas fait pour... Tu vois, je ne m'y attendais pas du tout.

  • Speaker #0

    Ta première vidéo virale où tu réalises qu'il y a quelque chose qui se passe, c'était quoi ?

  • Speaker #1

    C'était sur les administrations, je me rappellerai toujours. Parce que j'étais sortie des impôts et je m'étais fait traiter comme une serpillère par la dame. Alors que je venais payer, donner mon argent durement gagné à un État qui me vole, qui me braque, et on me traite en plus comme ça ? Non, c'était trop. La dame m'a trop manqué de respect. Donc comme ça, tu devais... Sachant que quand tu vas aux impôts... Bon, déjà, on te fait attendre. Bon, bref, c'est déjà... Les administrations, quoi. Donc, tu souffres, mais tu peux rien dire parce que...

  • Speaker #0

    C'est malheureusement le système et t'as besoin de faire...

  • Speaker #1

    Il y a un seul centre des impôts. Si tu payes pas là, après, t'as des problèmes. Donc, tu supportes, tu subis. Mais... J'ai relâché toute ma frustration en me filmant. Je conduisais, je me suis arrêtée. J'ai dit non, c'est trop pour moi et tout. Et j'ai fait une vidéo. Je ne sais plus ce que je disais, mais en gros, je lui disais même si c'est 11h59, tu me serres. Un truc comme ça, parce que la femme était pressée. Elle m'a jeté tout et tout. Et j'ai fait une vidéo comme ça, mais c'était un coup de gueule.

  • Speaker #0

    Oui, toi, tu voulais juste lâcher l'énervement que tu avais.

  • Speaker #1

    Oui, c'était juste de dire mais. En fait, les administrations, mais respectez-nous, calmez-vous. Et puis nous, clientèle, on ne doit pas accepter ça et tout. C'était juste un coup de gueule. Les gens ont rigolé. En fait, ça a fait rire les gens. Et à l'époque, je devais être suivie par, je ne sais pas, 500 personnes. C'était ma page personnelle.

  • Speaker #0

    Tu contrôlais ton petit univers. Tu connais la plupart des gens qui te suivent.

  • Speaker #1

    J'avais ma petite page Instagram anonyme. Et puis, je publie ça sur Instagram. J'avais déjà plus Facebook, j'avais plus Instagram. Et voilà, j'ai publié, j'ai fini avec ça. Et puis, c'est quelques jours plus tard que j'ai des amis qui m'envoient. Mais je n'ai pas pris tout de suite la mesure du truc. Parce que je n'ai jamais été très réseau sociaux, tu vois. J'ai toujours été assez fermée dans ma petite bulle. Donc, une personne me fait la réflexion. Hé, mais c'est quoi cette vidéo qui tourne ? Mais ce n'est pas toi et tout ! Je ne m'occupe pas. Deuxième personne. Et c'est quand un ami en France... m'a envoyé une capture d'écran et m'a dit Mais qu'est-ce que tu fais sur le groupe WhatsApp de ma famille ? Mon père qui partage ta vidéo, c'est quoi ça ? Et en fait, je n'avais pas Facebook. La vidéo avait été emmenée sur Facebook. Elle avait fait des centaines de vidéos. Donc moi, sur ma page Instagram, ça n'avait pas forcément… Toi,

  • Speaker #0

    tu ne sais pas que quelqu'un a repris et que c'est en train de… Mais la vidéo avait été reprise ailleurs.

  • Speaker #1

    Et donc, ça avait fait plein de vues. Et puis, les gens commençaient à m'arrêter dans la rue. Mais c'est fou la date des impôts et tout ! Mais je me suis dit… ça va s'arrêter, tu vois, ça va durer huit jours. Mais à peu près, ça ne dure pas. Un mois après, les gens sont encore en train de faire tourner la vidéo, de me reconnaître et tout. Et je pense que ça m'a encouragée parce que, comme il y a beaucoup de choses à dénoncer en Guyane, j'ai commencé à faire des coups de gueule.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que plus que les gens aiment ça quand je dénonce… Mais surtout,

  • Speaker #1

    c'est même pas qu'ils aiment ça, c'est surtout puisque ça circule et que le message est entendu, peut-être qu'à force, il va être compris ou que les gens, même en commentaire, vont réagir et que ça va… un peu faire bouger des choses, un peu, tu vois.

  • Speaker #0

    Tu vois, c'est marrant que tu dises ça, parce que finalement, quand toi, tu vois ce buzz, ou beaucoup auraient vu ce buzz en se disant Ah ouais, les gens, ils aiment bien, ben attends, je vais continuer parce que j'ai envie d'être connu. Toi, tu vois ce buzz en te disant Ah ben, j'ai une manière de dénoncer, où les gens m'écoutent. Donc toi, tu te dis Ben, vu que c'est de cette manière que vous voulez bien m'écouter quand je suis comme ça, toi, tu veux transmettre des messages. avec un sens et tu te dis, vu que vous aimez ça, je vais continuer, mais toujours en essayant d'éduquer la personne derrière. Et moi, c'est ça que je trouve qui est fort, c'est que tu as toujours cette notion d'éducation. Même si oui, tu fais rire, mais tu cherches toi, tu dis... Vu que c'est par le rire que je peux vous éduquer, je vais vous faire rire, mais je vais vous éduquer et vous allez apprendre des choses. Tu vois ?

  • Speaker #1

    Mais tu es un psychanalyste, en fait.

  • Speaker #0

    Ouais, tu as vu ça ? Tu as grave le diplôme que tu n'y as pas. Je pense que, incha'Allah, dans le futur, je vais mettre un canapé pour que mes invités s'allongent comme ça et tout. Et donc, tu continues à faire des vidéos. Et moi, quand je regarde un petit peu ton évolution sur les réseaux, je vois que ce côté, finalement... People, même si toi, tu sais que tu veux passer des messages, ça prend très vite de l'ampleur. Parce que je vois, ça grandit très vite.

  • Speaker #1

    Ça allait super vite. Franchement…

  • Speaker #0

    Parce que je vois, on commence à t'inviter dans d'autres pays.

  • Speaker #1

    Ah ouais, ça allait vite. Tu te dis, j'ai la première vidéo qui buzz. En fait, en août, je fais mon coup de gueule, ça buzz tout de suite. Je fais un deuxième coup de gueule peut-être en septembre, ça buzz encore. Ils sont en mode… Ah, c'est encore la fille de l'eau la dernière fois. Donc, OK. Je me rappelle la deuxième vidéo qui a buzzé, c'était sur les menteuses. J'avais dit...

  • Speaker #0

    Menteuses.

  • Speaker #1

    Non, mais celle-là, dinguerie.

  • Speaker #0

    Le truc a tourné des chansons.

  • Speaker #1

    Ils ont fait des chansons avec.

  • Speaker #0

    T'as les bonnes attitudes aussi quand tu racontes le truc. Je sais pas. Non, mais c'est que t'as les bonnes attitudes, t'as les bonnes mimiques, t'as les bonnes trucs.

  • Speaker #1

    Et les gens à l'époque... on fait ce que maintenant on fait sur TikTok, c'est-à-dire reprendre la vidéo en parlant eux-mêmes avec exactement tout le script. Comme si c'était un script. Non, le truc, non, ça a trop buzzé. Donc en tout cas, du coup, on m'a demandé de venir jouer des scènes.

  • Speaker #0

    Ben oui, c'est ça. Parce que je te vois, c'est ça, tu commences à faire des spectacles.

  • Speaker #1

    Franchement, j'arrive pas à croire que...

  • Speaker #0

    Mais c'est ça, c'est ça qui est une dinguerie. C'est que je te vois, tu vois, tu commences à faire des spectacles. C'est-à-dire que... T'arrives à un moment... Avant de te poser cette question, tes élèves, ils voient ces contenus-là ? Ouais,

  • Speaker #1

    mais pas tous. Ouais, ouais,

  • Speaker #0

    en fait. Est-ce que quand tu viens en classe, tes élèves te parlent des contenus que tu fais ?

  • Speaker #1

    Très rigoureuse, j'ai une rigueur, j'ai une autorité, que ce soit sur tout le monde, sur les gens avec qui je travaille, sur mes élèves, ouais. C'est-à-dire, moi, je suis dans l'autorité, mais dans le respect. Donc, comme j'ai toujours respecté mes élèves, ils m'écoutent. Ils donnent du crédit à ce que je dis. Et moi, je leur dis dès la rentrée, parce qu'ils me reconnaissent.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Mais je leur dis, tout ce qui se passe dans cette classe, ça doit concerner l'anglais. Si vous voulez me parler d'autre chose, c'est dans le couloir, c'est sur le parking, quand vous me croisez. Mais ce n'est pas dans ma salle de cours. Ma salle de cours n'est pas faite pour ça. Mais en fait, les élèves ont mieux respecté que les adultes.

  • Speaker #0

    Oui, souvent.

  • Speaker #1

    Les surveillants, mon Dieu. Souvent, ça tourne, les surveillants. Tu vois, c'est des petits contrats. Quand il y avait un nouveau surveillant qui arrivait dans la salle pour prendre l'appel. Moi, je suis dans mon cours et tout. Il sabote mon autorité parce qu'il parle de ça dans la classe. Les enfants, là, c'est la porte ouverte. Là, ils s'infilent dans la faille.

  • Speaker #0

    C'est que tu ne dois pas t'attendre à voir la fille que tu suis. Tu ouvres la salle de classe et tu la vois, elle donne un cours.

  • Speaker #1

    Les surveillants, les collègues profs qui viennent te parler. C'est une réunion de profs, tu vois. Ils viennent te parler. Franchement, les élèves étaient... plus disciplinés que les adultes. Mais oui, les gens savaient en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr, parce que ça va vite. Ça va vite avec les réseaux et tout. Donc je me demande ça, comment tu gères le fait d'être enseignante ?

  • Speaker #1

    C'est le bon levier.

  • Speaker #0

    Et surtout que c'est des gamins, eux ils sont sur le téléphone tout le temps, donc eux ils sont encore plus vraiment connectés et ils voient tous les buzz.

  • Speaker #1

    J'ai trouvé qu'ils étaient très respectueux et très mûrs, matures dans leur comportement. Mais peut-être parce qu'eux ils sont nés avec les réseaux. ils savent faire la part des choses comprennent que il y a la vie des réseaux et il y a leur vie à eux le prof c'est pareil tu vois c'est je sais pas mais en tout cas les élèves big up s'il y en a qui passent sur la vidéo et donc tu as grandeur noire à ce moment là tu fais ces contenus là sur ta page Safia Enjoy Life c'est ça c'est que Safia Enjoy Life ça apprend tout de suite je me rappelle en un mois j'ai gagné 8000 abonnés ouais

  • Speaker #0

    Alors que tu avais 500 commentaires.

  • Speaker #1

    C'est pas la même chose. Tu vois même plus tes commentaires. Parce qu'à l'époque, je pouvais avoir 500 commentaires et je peux pas lire tout ça. J'ai plus ma petite communauté de 3-4 commentaires, je réponds, je spawnais et tout. Donc tout change. Et tout de suite, on me propose de faire des spectacles. Donc moi, je dis non. J'ai pas besoin d'argent, je gagnais très bien ma vie. Donc je vais pas le faire pour l'argent. Et non parce que c'est un vrai métier de faire des spectacles. Je ne peux pas m'improviser et manquer de respect à ceux qui prient par des spectacles. Quand on m'a dit le prix, j'ai dit il n'y a plus de respect. Je veux apprendre. Je vais faire aussi.

  • Speaker #0

    Mais tu vois, en plus, ce qui est bien, c'est que les spectacles... Il y a un humoriste que je kiffe en ce moment. J'ai tellement envie qu'il vienne à Dakar pour recevoir Edgar Eve.

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    Parce que... Il est tellement fort pour te passer des messages. Mais c'est ça. Il a une connaissance. Il a un sens des mots, des vocabulaire. Il est tellement précis quand il parle. Il est tellement conscient de ses mots, de son vocabulaire, de son français. Bon, de toute façon, son père est avocat. Sa famille est avocat. Tu vois, le... Je ne savais pas. L'arbre tombe. C'est cultivé. Non, très cultivé. Il a eu une cassure, justement, avec son père parce qu'il a voulu se lancer dans l'humour. C'était très difficile. Mais aujourd'hui, pour moi, quand je le regarde, son côté éloquent, humoriste, ça vient de là. Ben oui. Tu vois. Et tu vois, aujourd'hui, moi, je t'aurais vu, à ce moment-là, continuer ce que tu faisais. Passer des messages.

  • Speaker #1

    Tout le monde.

  • Speaker #0

    via l'humour, et je suis sûr que t'aurais cartonné.

  • Speaker #1

    Mais tout le monde. Et donc, mon manager, le jour où je lui ai dit, en fait, j'arrête pour Candeur Noire, qu'est-ce qu'elle raconte ?

  • Speaker #0

    Mais attends, attends, qu'est-ce qu'elle dit, là ?

  • Speaker #1

    Parce qu'on gagnait beaucoup d'argent, tu vois.

  • Speaker #0

    Tu fais combien de temps à travailler sur Safia Enjoy Life ? C'est-à-dire que c'est combien de temps ?

  • Speaker #1

    Sur l'humour, tu veux dire ?

  • Speaker #0

    Ouais, c'est un an, deux ans ?

  • Speaker #1

    Je pense même trois ans.

  • Speaker #0

    Trois ans, ouais. Parce que,

  • Speaker #1

    ouais, ça a pris en 2016. Tout de suite, on m'a proposé des contrats. Donc des contrats pour monter sur scène, mais des contrats pour donner des spectacles privés. Même, on me payait pour que je puisse dire certaines phrases pour des anniversaires. Des mariages ! Non mais des cadeaux de mariage, c'est quoi ça ? C'est trop bizarre ! Pour des cadeaux de mariage, ils voulaient des messages avec ma voix, que je dise certaines choses. Donc l'argent rentrait comme ça, comme ça, comme ça. Et j'étais payée pour ça, pour les spectacles, mais pour les publicités aussi. Ah ouais, ça payait mieux la publicité que les spectacles.

  • Speaker #0

    C'est quoi, tu faisais des voix pour des publicités ? Non, non,

  • Speaker #1

    non, j'apparaissais dans une pub. Soit j'apparaissais pour certaines marques, je disais les lunettes, la voiture, ceci, cela.

  • Speaker #0

    Mais nous on veut voir ces pubs, on n'a jamais vu ces pubs-là. Je ne sais pas,

  • Speaker #1

    je ne fais pas de ce qu'elles sont. Ou alors de la pub sur mon profil, puisque tu sais, c'était vraiment les débuts, 2016, je pense qu'on était encore dans le début de l'influence. Donc du coup, les marques recherchaient des personnes. qui avait beaucoup d'abonnés et pouvait payer cher.

  • Speaker #0

    Oui, pour faire du...

  • Speaker #1

    Une publication sur mon feed, je me rappelle, c'était très cher. Je crois qu'il n'y avait pas encore de story, je ne sais plus. En tout cas, les pubs rapportaient plus que les spectacles et c'était moins de travail parce que je n'avais pas à écrire, je n'avais pas à compter sur les rires des gens ou pas. Donc, au début, du coup, c'est parti très vite. Ça payait bien. Mais en fait, je me suis rendu compte que je savais faire rire les gens. Parce qu'au départ, rappelle-toi, j'ai fait des coups de gueule. Pour moi, ce n'est pas pour faire rire les gens.

  • Speaker #0

    C'est... Passer des messages.

  • Speaker #1

    Et en fait, j'ai appris que... Quand j'étais à l'école aussi, je faisais beaucoup rire la classe. Donc, il y avait quelque chose qui était là, que moi, je ne voyais pas et que je prenais pour des coups de gueule. Mais dans ma façon de faire, ça faisait rire. Et donc, j'ai appliqué ça sur les spectacles. Finalement, j'ai eu le syndrome de l'imposteur en me disant Mais attends, moi, j'ai des références comme Viviane émigrée en Guyane, comme... Et en fait, je ne me sentais pas à ma place. Je me sentais comme si je volais leur métier. Mais en fait, j'avais ma place. Et là où je me suis sentie à l'aise et que j'ai abandonné ce syndrome, c'est quand justement Viviane Émigré m'a reconnue. Quand je dis m'a reconnue, pour moi, c'est ma marraine. C'est ma marraine la fée. Et quand elle, elle te dit, moi, c'est mon idole. Viviane Émigré, vraiment, c'est mon idole. Je ne sais pas comment le dire, mais elle sait tout faire. Ce n'est pas juste une humoriste. Elle sait faire énormément de choses. Et donc, je l'admire énormément. Donc, quand elle, elle me dit...

  • Speaker #0

    Que tu as ta place.

  • Speaker #1

    Elle est capable de me sortir une phrase d'un spectacle qu'elle apprécie. Et qu'elle me dit, continue.

  • Speaker #0

    Oui. Tous les feux sont verts.

  • Speaker #1

    Je me suis sentie légitime.

  • Speaker #0

    Mais tu arrêtes tout ça.

  • Speaker #1

    Mais j'arrête. Parce que, en fait, je voulais que le message, finalement, soit... plus straight, soit plus évident, tu vois. Parce que je passais des messages à travers l'humour,

  • Speaker #0

    mais... Mais est-ce que les gens retenaient vraiment le message ?

  • Speaker #1

    Des fois, ils ne l'ont pas interprété dans le bon sens parce qu'ils n'avaient pas la culture qui va derrière les rêves, etc. D'accord. Et le message passait un peu à côté, ça tombait à plat. Donc il y avait ça, et il y avait le côté où... divertissement. C'est l'univers du divertissement, et c'est... ça emmène quand même vers des dérives, tu vois, le divertissement. Donc, c'est pas l'univers où je voulais évoluer. être dans des soirées qui finissent tard avec des gens qui boivent de l'alcool moi je ne buvais pas d'alcool qui veulent faire la fête après le spectacle moi je ne veux pas, je veux rentrer dormir ça ne correspondait pas à ton rythme de vie à ta perso il y a surtout que je développais quand on dort noir déjà moi et j'essayais de rabattre avec Safia Enjoy Life j'essayais d'amener les gens vers quand on dort avec Safia Enjoy Life Je faisais des petits posts sur ma page Safia Angel Life, ben voilà, j'ai fait une publication sur Grand Ordre Noire, j'avais séparé les pages exprès. Allez voir ! Et petit à petit, ça ramenait une, deux personnes, trois personnes. Et je me suis dit non, il faut que je me concentre, toute l'énergie que je mets dans l'humour, il faut que je me concentre. sur grandeur noire pour vraiment développer ça. Donc, quand j'ai dit...

  • Speaker #0

    Au manager.

  • Speaker #1

    Même à mes amis, j'ai dit...

  • Speaker #0

    Ils voient que la croissance est comme ça, qu'il y a des choses qui se développent, qu'on peut aller plus loin et tout, tu dis, ben non, j'arrête ?

  • Speaker #1

    Ouais, parce que je me souviens, on avait signé un gros contrat avec une marque de... Alors, c'est une chaîne de salles de sport, très connue. Et j'avais signé avec eux pour être un peu...

  • Speaker #0

    Il n'est géré, de toute façon.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais c'était un gros truc, tu vois. Et lui, il voyait que... Les demandes affluaient comme ça, parce que c'est lui qui gérait. C'est lui qui voyait les demandes. Il me disait, ça va pas, non ? Qu'est-ce que tu fais là ? Donc, bref, en tout cas, j'ai fait le virage total. J'ai annoncé, je me rappelle, sur les réseaux que je vais pas continuer dans l'humour parce que je choisis Grandeur Noire, de raconter l'histoire de l'Afrique, l'histoire des diasporas. Et en fait, au moment où j'ai annoncé ça, je n'étais pas très suivie sur Grandeur Noire. Même d'ailleurs, au départ... Les premières conférences que j'ai faites, les gens connaissaient que la partie humour et se disaient Mais qu'est-ce qu'elle fait ?

  • Speaker #0

    Pourquoi elle est sérieuse comme ça ?

  • Speaker #1

    D'où est-ce qu'elle est ?

  • Speaker #0

    Elle est où la blague ? Historière ?

  • Speaker #1

    Elle nous fait rire ? Il faut qu'elle se calme un petit peu.

  • Speaker #0

    La question que je ne t'ai pas demandé, c'est que quand tu crées la page de Grandeur Noire, c'est le voyage en Jamaïque qui est le déclic pour te dire que je vais créer cette page ? C'est quoi le déclic pour te dire que je vais créer cette page ?

  • Speaker #1

    C'est ma cousine qui a le... Je porte son prénom, en fait. Ma mère m'a donné son prénom par rapport à elle. Donc, elle s'appelle Safiatou. Et ma cousine, dont je suis très proche, je ne sais plus de quoi on parlait, mais en gros, je ne sais plus de quoi on parlait, mais elle me dit, enfin, je ne sais pas, elle a dû me faire une réflexion sur le fait que j'avais beaucoup de connaissances sur l'histoire et tout. Et elle me disait mais pourquoi tu ne partages pas ça ? Je lui ai dit non, mais quand j'aurai des enfants, je vais transmettre à mes enfants Elle me dit ouais, mais déjà, tu ne sais pas si tu en auras, et de deux, tu ne sais pas quand, en attendant, tu peux peut-être diffuser Et je me suis dit mais non, pourquoi je vais me lever pour aller diffuser ? Je ne suis personne, tu vois Elle m'a dit, écoute, tente, tu n'as rien à perdre. Donc, au départ, quand j'ai créé la page, c'était anonyme. J'ai mis une photo qui n'était pas la mienne. Je n'ai fait aucun... Je ne me suis même pas abonnée à ma propre page.

  • Speaker #0

    Il ne faut pas te reconnaître. Il ne faut pas savoir ce que c'est.

  • Speaker #1

    Je n'ai fait aucun lien. Parce que j'avais peur. J'étais très frileuse. Ça n'existait pas. Aujourd'hui, il y a plein de pages qui parlent des cultures africaines, des pays, des voyages. Mais 2016 ? Non,

  • Speaker #0

    je suis d'accord. C'est vrai.

  • Speaker #1

    En tout cas dans l'univers francophone ça n'existait pas donc arriver là et parler de l'Afrique donner des connaissances, les héros, les machins voilà, t'es qui donc j'ai pas pris de risque j'ai fait ça de façon anonyme

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses pas que t'as eu peur aussi le fait de te dire que je suis en Guyane et même si je suis Guyanaise, si moi je viens parler de l'Afrique est-ce que les gens vont dire mais toi tu connais Au début je t'ai pas dit ça mais après on m'a fait la réflexion oui que j'étais pas esthétique parce que tu imagines que tu as de la neige pas africaine ouais bref mais donc ouais donc tu crées la page à cause de ta cousine voilà grâce grâce à elle grâce à ta cousine pardon oui donc du coup bah voilà j'ai tenté tu crées la page comme sa grandeur noire tu évolues avec Safia Enjoy Life sur 3 ans voilà en essayant de rabattre de ramener et au bout d'un moment tu te dis bah non je vais me concentrer sur

  • Speaker #1

    Oui parce qu'entre temps, comme je développais quand j'étais en grandeur noire, j'étais de plus en plus invité dans les conférences. Au début, j'ai produit mes propres conférences. Ça veut dire que j'ai tout payé, j'ai tout organisé, que ce soit les flyers pour faire connaître la conférence, choisir l'endroit, tout organiser, tout écrire la conférence. D'ailleurs c'était une catastrophe, au début j'étais assise, je lisais un texte, c'était horrible. Mais bref, avant de savoir que je donnais des conférences, il y a des gens qui m'ont invité à des conférences qu'eux organisaient. Et là, ça a commencé à prendre de l'ampleur parce que là, j'ai commencé à constater que je voyageais grâce à Grandeur Noire. Non plus uniquement pour l'humour, parce que l'humour, j'étais invitée aussi, je voyageais. Mais là, Grandeur Noire réussissait à me faire voyager. Et là, je me suis dit, ouais, il y a un filon, il faut y aller.

  • Speaker #0

    Donc finalement, ça veut dire qu'émotionnellement, tu te sentais plus proche de Grandeur Noire que de Safia Angel.

  • Speaker #1

    Ah mais carrément, jusqu'à maintenant.

  • Speaker #0

    Non, mais ça, encore plus maintenant. Non, ça, c'est sûr, on va y venir. Et donc, tu arrêtes. Tu es en Guyane, tu lances grandeur noire à 100%, tu te mets à 100% dessus. Aujourd'hui, tu vis au Kenya. Combien de temps se passe entre le moment où tu décides de te mettre à 100% sur grandeur noire et ton installation au Kenya ?

  • Speaker #1

    Quatre ans.

  • Speaker #0

    Quatre ans. Qu'est-ce qui se passe ? Pendant ces quatre ans, est-ce que tu peux nous expliquer ?

  • Speaker #1

    La traversée du désert, Olivier. Olivier, aïe aïe aïe. Mon Dieu, j'ai souffert. Alors déjà, en 2020, la crise Covid a été une délivrance et une révélation pour moi. Parce que le fait que le monde s'arrête... Tout en même temps, je ne me suis pas sentie en retard de m'arrêter et de penser.

  • Speaker #0

    Excuse-moi, pour que les gens comprennent bien, tu es prof aussi toujours pendant ce temps-là.

  • Speaker #1

    C'est ça. Je suis prof, je suis enseignante dans un collège, enseignante d'anglais. Le Covid arrive, confinement, donc je reste un mois, plus d'un mois à réfléchir chez moi et à me rendre compte que c'est ça la vie que je veux, me lever à l'heure que je veux. Je ne veux plus d'alarme qui me réveille, je ne veux plus de ça. Ça c'est un truc qui depuis petite je ne supporte pas d'être réveillée par une alarme. Je trouve que c'est une vie gâchée. Et donc là je me suis dit ouais, en fait je dois changer, je ne suis pas à la bonne place, je ne suis pas alignée. Il y a plein de choses que j'ai remarqué, je vivais à mon rythme en fait. Pendant ce mois-là j'ai vécu à mon rythme et j'ai comme une fleur, j'ai éclos, j'ai épanoui quoi. Et donc au sortir de ça... Je ne me voyais pas retourner dans les alarmes, les sonneries d'école, on te dit à quelle heure tu rentres en cours, à quelle heure tu enseignes, qu'est-ce que tu enseignes, le programme à respecter, je ne pouvais plus. Donc j'ai eu une espèce de révélation où je me suis dit non, en fait il faut que je me donne corps et âme à grandeur noire, c'est ça que je veux faire et j'ai donné ma démission. Je ne pense pas que ce soit un coup de tête parce que même si ma décision a été prise très radicalement et très vite, je pense que c'est quelque chose qui était là. depuis longtemps qui était latent et qui...

  • Speaker #0

    Qui attendait juste le déclic.

  • Speaker #1

    Il y a eu le déclic avec le Covid. Donc, j'ai posé ma démission et le projet était de produire, de réaliser un documentaire sur l'Afrique.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Sur réunir toutes les connaissances que j'avais, mais avec des images de terrain et des enquêtes de terrain. Sauf que moi, entre faire des petites vidéos et les publier sur Instagram et réaliser un documentaire, ça n'a rien à voir.

  • Speaker #0

    Il y a 10 000 mondes.

  • Speaker #1

    Et ça, je ne le savais pas. Je n'en avais pas du tout conscience. Pour moi, j'ai une GoPro, j'ai une caméra, j'ai un trépied, j'ai un petit micro qui s'accroche, c'est bon. Eh non, si c'est un truc cinématographique que je veux faire.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Non, il y a des opérateurs son, des opérateurs pour la caméra.

  • Speaker #0

    Oui, lumière.

  • Speaker #1

    Tu as le monteur. en fait, tu as plein de métiers. Et il faut les payer, ces gens-là. Donc, le budget n'a rien à voir avec faire une vidéo YouTube ou faire une vidéo Instagram. Donc, j'ai lancé une cagnotte que j'ai très mal évaluée. Vraiment, j'étais dix fois en dessous. J'ai lancé une cagnotte qui était clairement insuffisante pour mener le projet d'un documentaire.

  • Speaker #0

    Tu as lancé la cagnotte seule ?

  • Speaker #1

    Oui. En fait, je faisais déjà des vidéos YouTube depuis 2019. Et le Covid m'a aidé à... Pop ! Ah ouais, parce que du coup les gens ont eu le temps de regarder mes longues vidéos de 45 minutes, 1 heure, ils avaient le temps. Et ils ont eu envie aussi avec l'effet George Floyd de se renseigner. Donc le côté Black Lives Matter, ils ont commencé à se renseigner et là il y a beaucoup de gens qui ont découvert ma chaîne, qui se sont abonnés. Et là vraiment j'ai explosé sur les réseaux sociaux, que ce soit la page Instagram, la page YouTube. Et ça, ça m'a apporté une légitimité. Et quand j'ai proposé la cagnotte, du coup, il y avait un engouement. Et je pense aussi que je suis l'une des premières, si ce n'est la première cagnotte, française en tout cas, sur un projet tourné vers l'Afrique. Un projet de documentaire tourné vers l'Afrique, le financer avec une participation de la communauté. Je pense que...

  • Speaker #0

    Moi, à part ça, je n'en ai pas vu.

  • Speaker #1

    Et comme c'était la première, les gens, il y a eu un engouement, ils ont fait confiance. Ils ont voulu participer en fait. Il n'y avait pas le côté, ah on a déjà eu ça, c'était une arnaque, donc on se méfie. Il y a le côté très spontané, on y va. Et aussi parce que j'avais gagné leur confiance avec du contenu.

  • Speaker #0

    De qualité.

  • Speaker #1

    Et de qualité.

  • Speaker #0

    La régularité.

  • Speaker #1

    Elle va nous faire un contenu de qualité. Parce que déjà gratuitement, elle nous fait du contenu de qualité. Donc j'ai fait la cagnotte.

  • Speaker #0

    Pourquoi je t'ai demandé si tu l'as fait seule ? Parce que tu sais, nous on a fait une cagnotte il y a... Ça va faire un an, un an et demi. Et nous, au début, on voulait le faire seul. Mais Dieu a fait qu'on a été accompagnés. On est tombés sur deux profils, dont c'est le métier. Oui,

  • Speaker #1

    celui-là. Des cagnottes ?

  • Speaker #0

    Donc c'est le métier d'accompagner des gens qui veulent faire des cagnottes. Parce qu'en fait, faire une cagnotte, si tu n'es pas accompagné, que tu y vas seul, tu vas faire énormément d'erreurs. Énormément d'erreurs. Et nous... Heureusement qu'on a eu ces personnes qui nous ont coaché. On a travaillé pendant cinq mois avant de faire la cagnotte. Elles nous ont fait travailler pendant cinq mois. Mais quand je dis travailler,

  • Speaker #1

    c'est à dire avant de faire la cagnotte. Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Par exemple, un truc que j'ai appris, et c'est pour ça que je veux le partager pour que les gens le sachent. Par exemple, quand elles nous ont fait travailler, elles nous ont demandé de définir 5 ou 7 personas. C'est-à-dire 5 ou 7 personnes qui correspondent à notre audience, qu'on vise avec la cagnotte. D'accord ? Une fois qu'on a pu définir ces 7 personnes, elles nous ont demandé que pour chacune de ces personnes, on soit capable de trouver 10 questions. que ces personnes vont se poser sur notre produit. Mais il fallait que ça soit 10 questions différentes. On ne peut pas retrouver la même question chez une autre personne. Donc en gros, ça faisait 70 questions différentes sur le produit.

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est des professionnels.

  • Speaker #0

    Pour que quand on va faire la cagnotte, que quand les gens nous posent des questions sur le produit, on ait déjà anticipé toutes ces questions et qu'on ait les réponses, qu'on n'ait aucun moment de attends, je ne sais pas, je réfléchis à une chose comme ça Et ça, c'est le type de travail qu'elles nous ont fait faire. Mais je n'aurais pas cru en moi. Elles nous ont préparé sur comment une cagnotte, ça fonctionne. Savoir que quand on va commencer, il y aura beaucoup d'engouement la première semaine, on va recevoir beaucoup de dons. Mais qu'après, elles nous ont expliqué, ça fait un U. Ça commence très fort, ça descend, ça se calme, ça se calme, ça se calme. Et souvent, la dernière semaine, les derniers jours, c'est là où ça repart parce que les gens veulent participer, encourager. Donc, on était déjà prêts mentalement à savoir qu'il y aurait un moment de down et il faut t'accrocher pendant ce moment de down parce qu'il faut continuer à alimenter, à en parler. Donc c'est pour ça que je te pose la question.

  • Speaker #1

    Tu vois, voilà. Moi, l'erreur que j'ai faite, je pense, c'est justement de la faire la cagnotte. Parce que oui, elle a atteint l'objectif. Mais je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais pas faire le projet avec ce montant-là.

  • Speaker #0

    Parce que tu n'avais pas calculé bien le montant de départ.

  • Speaker #1

    Et parce que si j'avais préparé avec eux, j'aurais étudié en amont ce que coûte un documentaire avec la façon dont je voulais le faire, c'est-à-dire avec plusieurs pays.

  • Speaker #0

    Toi, la vision que tu as.

  • Speaker #1

    Mais j'aurais étudié ça en amont. et du coup, soit j'aurais fait une cagnotte avec le vrai montant, et je pense que ça n'aurait pas été atteignable, même avec toute la communauté du monde,

  • Speaker #0

    soit j'aurais pas fait,

  • Speaker #1

    tu vois j'aurais été vers des subventions, vers des professionnels du cinéma ce que je fais en ce moment aller vers des professionnels du cinéma qui eux, ont les cordes savent quelles cordes tirer pour trouver les financements qui sont dédiés à ça et qui existent d'ailleurs donc moi j'ai fait les choses à l'envers pas à moi. Voilà.

  • Speaker #0

    Mais au moins, tu as essayé. Et moi, c'est ça que je trouve qui est bien. C'est que tu t'es lancé. Parce que tu as plein de gens qui ont des idées, qui veulent faire des choses, mais qui ne t'entendent pas. Au moins, tu as tenté. Et tu as réussi à atteindre ton objectif. Et même si, certes, aujourd'hui, tu n'as pas encore terminé ton documentaire comme tu aimerais le faire, tu as déjà lancé un pas. Et c'est ça le plus important. C'est de commencer et de faire. Tu as appris des choses, tu améliores, et tu vas amener ce documentaire à son terme. Inch'Allah. Donc, tu as le COVID, tu comprends que c'est ce que tu veux faire. Tu lances une cagnotte en te disant, je vais faire un documentaire sur l'Afrique. Tu réussis à lever, à atteindre l'objectif que tu t'es fixé.

  • Speaker #1

    On a dépassé.

  • Speaker #0

    Tu as dépassé l'objectif que tu t'es fixé. La cagnotte est finie, tu as l'argent. Qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    Alors là, il ne se passe que des choses, que des obstacles. On était censé partir. Alors déjà, on a recruté. Quand je dis on, j'étais avec quelqu'un qui était censé m'accompagner sur le projet et qui était censé réaliser. Avec cette personne qui est professionnelle du milieu, qui est réalisatrice, elle a recruté, parce qu'elle s'y connaît, elle a recruté 4 personnes. On était censé partir à 4, donc il y avait un auteur qui devait rester. Bon bref, elle recrute une équipe. Et là, on a les dates, on a tout. Moi, j'avais même commencé à payer des choses, des hôtels, des réservations et tout. Et là, fermeture des frontières. Fermeture des frontières en juillet. Parce que bon... Il y a eu le premier confinement. Quand on est sortis, on croyait que c'était fini.

  • Speaker #0

    C'était fini, bien sûr.

  • Speaker #1

    Ah ben non ! Fermeture des frontières africaines. Mais toutes les frontières... Le continent était fermé. Donc moi, je n'ai pas annulé tout de suite. Parce que je me suis dit, bon, c'est comme le premier. Tu vois, ça va faire un mois, deux mois. Non, non. Jusqu'à la fin de l'année 2020, rien n'a rouvert. Donc déjà, j'ai perdu une partie des sous de la cagnotte sur des réservations que les gens n'ont pas pu rembourser parce qu'ils ont eu trop d'annulations d'un coup. Donc bref. Et en plus, quand tu as payé un truc en Namibie là-bas, va chercher ton argent. Va réclamer ton argent dans l'hôtel au fond de Namibie. C'est dur. Donc j'ai perdu une partie des sous sur ça déjà. Ensuite, j'avais payé plein de choses parce qu'il y avait du travail préparatoire. Donc il y avait, tu sais, louer des espaces pour que les équipes... Franchement, bref, je ne vais pas me remémorer ça parce que c'est une frustration incroyable. Mais le Covid a coûté beaucoup d'argent dans cette affaire-là. Et la réalisatrice m'a dit, écoute, on est bloqué là pour 2020, on ne pourra pas partir. Mais à défaut, pour que ta communauté sache que tu as commencé un travail sur le truc, on va faire un prologue. Exactement. Parce que c'était quoi un prologue ? Oui. J'étais pas d'accord. Quand elle m'a dit le prix, j'ai dit non, on va pas faire ça, on va encore retirer des sous dans la cagnotte, on a besoin de ces sous-là. Parce qu'en plus, on avait payé pour du matériel. On avait déjà acheté le matériel pour partir. Mais des choses chères, parce qu'en fait, moi je savais pas que ça coûtait cher. Ah oui,

  • Speaker #0

    la production, ça coûte cher. Les gens se rendent pas compte, mais ça coûte cher. Excuse-moi, je reviens sur un truc parce que j'ai peur d'avoir loupé quelque chose. Parce que tu as écrit des livres, mais ces livres c'est avant. N'est-ce pas ?

  • Speaker #1

    Après.

  • Speaker #0

    C'est après, ok. J'avais peur d'avoir sauté, c'est pour ça que je ne voulais pas louper. Donc, tu travailles sur le prologue ?

  • Speaker #1

    On travaille sur le prologue en amont. On fait, franchement, merci aux personnes qui nous ont accompagnées. On a fait des budgets. On est resté des journées entières, des nuits entières à budgétiser. Parce qu'il fallait que tout rentre, à acheter des choses et tout. Finalement, on ne part pas. Bref. Donc, on ne part pas. Et elle me dit, on fait le prologue. Le prologue, je ne voulais pas. par rapport au montant qu'elle m'avait annoncé. Elle me dit, je te promets, le montant sera respecté et tout. On le fait. Le montant a été plus que dépassé. Plus que dépassé. Pour cinq minutes de court-métrage. Ah, yeah ! Moi, en fait, tu sais, cette cagnotte, ça a été un énorme... Enfin, tu le sais, parce que tu en as fait une, ça a été un énorme boulot.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est un énorme boulot.

  • Speaker #1

    D'atteindre l'objectif. C'est un projet de tous les jours. Et à cette époque, j'étais encore prof. Je faisais des conférences. Je faisais des spectacles, je faisais tout en fait en même temps, plus dire aux gens, s'il vous plaît, mettez chaque vidéo, faire des vidéos. C'était dur. Donc chaque centime, c'est comme si c'est le mien, tu vois, parce que j'ai galéré pour aller chercher ce centime. Et donc, chaque centime qu'on dépense, ça fait mal de lâcher là. Il faut que ça rapporte quelque chose au projet, tu vois. Donc bref, de l'argent a été dépensé pour le prologue. La promesse de ce prologue, c'était... Tu verras, ça va faire pleuvoir les financements, des gens riches vont nous donner de l'argent et tout. Ils vont nous prendre au sérieux avec ça.

  • Speaker #0

    D'accord. R. En gros, c'était un petit peu appâté, en tout cas. Montrer que voilà la qualité qu'on est capable de proposer. Y'a plus de visite. Voilà l'idée qu'on veut montrer. Voilà la qualité qu'on est capable de proposer. Venez investir sur le documentaire.

  • Speaker #1

    R. Zéro investisseur, zéro donateur, zéro mécène. Rien du tout. Rien s'est déclenché. J'ai envoyé le prologue à combien de personnes, combien de célébrités françaises, des sportifs, des acteurs, des machins. Aucune réaction de personne. Alors que ça n'avait pas forcément été vu. Quelque chose avec des petits moyens, tu vois, de cette qualité, avec des effets spéciaux. C'était très court, mais c'était très émouvant et avec du sens, tu vois, plein de sens. Si tu regardes cinq fois... il y a des choses que tu vas voir à chaque fois. Bref, c'était vraiment très bien fait. Bon, écoute, ce prologue, beaucoup d'argent finalement dépensé, mais pas récupéré. Ça, ça m'a... C'était le coup de massue, quoi. Donc, 2020 a été vraiment catastrophique. J'ai démissionné pour ce documentaire. On n'est pas parti. L'argent a été dépensé dans du matériel, dans des machins, dans des trucs. Il en restait, mais c'est pas suffisamment pour partir.

  • Speaker #0

    Oui, pour repartir.

  • Speaker #1

    Donc... J'ai décidé d'organiser un gala pour réunir de l'argent encore.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    En fait, je te jure, ce truc-là m'a aspirée plus pour le marché. Donc 2021, non c'est... Oui c'est ça, attends, ça c'est 2020. Le gala c'est en 2022, qu'est-ce qui s'est passé ? 2021, il y a eu plein de confinements encore. 2020, j'avais plus d'argent. J'avais démissionné, j'avais plus d'argent. Et mon truc aussi, c'est que j'ai jamais voulu toucher à la cagnotte pour mes frais personnels, tu vois. Bien sûr, bien sûr. Parce que c'est pour le documentaire.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est dangereux si tu fais ça. Là,

  • Speaker #1

    je n'avais pas d'argent. Même s'il y a ce que tu veux comme somme à la banque pour le documentaire, je ne m'y touche pas. Je vais crever la bouche ouverte, mais je ne vais pas toucher cet argent. Donc du coup, je me suis retrouvée sans argent. Et avec les 400 derniers euros qui me restaient de mes économies, parce que j'ai aussi beaucoup investi mes économies dans le prologue, dans plein de choses en fait. Fin 2020, je décide de partir en Afrique avec ces 400 euros parce que je n'ai pas d'issue en France. Je n'ai pas de logement, je n'ai pas de travail, je n'ai pas droit aux allocations parce que c'est une démission. Je n'ai rien. Je pars en Afrique. 400 euros, ça me dure un mois. Tu vas où ?

  • Speaker #0

    Tanzanie.

  • Speaker #1

    Premier pays, Tanzanie. Premier pays africain.

  • Speaker #0

    Ton premier contact avec la terre du continent, c'est la Tanzanie. J'en s'y pars. Il y a pire qu'en premier rang. Je me suis dit,

  • Speaker #1

    c'est ça l'Afrique ? J'ai perdu du temps. Ouais !

  • Speaker #0

    Parce qu'en plus, Zanzibar, je crois, c'est un des seuls pays qui est resté vraiment ouvert pendant le Covid. C'est compliqué,

  • Speaker #1

    mon frère. J'ai été là où c'était ouvert.

  • Speaker #0

    C'est tout.

  • Speaker #1

    Parce que peut-être j'allais commencer par le Sénégal, moi, avec mes origines. Parce que mon géniteur est sénégalais. Donc, j'aurais commencé par aller au Sénégal.

  • Speaker #0

    Donc, tu arrives en Tanzanie.

  • Speaker #1

    J'arrive en Tanzanie. Donc, je fais un mois avec les 400 euros. Comment ça s'est passé ? Avant les 400 euros, j'avais 1000 euros. En fait, il me restait 1400 euros. Et les 1000 euros, je les ai investis dans une formation chez Chion Yang au Sénégal. Donc, j'ai tout réservé, tout pour venir à la formation au Sénégal. Et les 400 derniers euros, je vais en Tanzanie.

  • Speaker #0

    D'accord. Avant d'aller à la formation sénégale.

  • Speaker #1

    C'est ça. Après, je fais un mois en Tanzanie où je me repose l'esprit parce que l'histoire du prologue m'avait aspiré le sang. Parce qu'il y a la partie dépense, mais il y a la partie physique, tu vois. Oui, bien sûr. J'ai porté le projet de tout mon corps avec la réalisatrice d'ailleurs, qui s'est beaucoup donnée. Donc, je vais me reposer là-bas. Je vais à la formation de Chon Yang qui a révolutionné ma vie. Et là, en fait, les graines... qui avaient été plantés en Jamaïque. Il les a arrosés. Le truc a poussé en une nuit. Je me suis réveillée, il y avait des plantes dans mon cerveau. Il y avait un jardin d'Éden dans mon cerveau. C'était l'Amazonie. Mon cerveau avait poussé. J'ai fait une semaine chez Tionion. Non, ce monsieur, c'est quelque chose. Je ne connais personne d'autre comme lui. C'est un catalyseur. En fait, lui, il a cru à mon projet. de grandeur noire, là où moi-même, je n'avais même pas vu le potentiel. Parce qu'au cours des exercices qu'ils nous avaient donné à faire, il fallait s'imaginer les entreprises qu'on aurait pu monter, etc. Et moi, j'ai fait tout mon petit plan et tout. Mais pour moi, comme d'habitude, tu sais, à l'école, j'avais toujours été nulle parce que je n'étais pas dans les bonnes voies. Donc, quand je suis arrivée là, j'étais toujours… En plus, j'étais la seule fille du groupe. On était un groupe, je crois, de 9 ou 10. J'étais la seule fille. Les garçons avaient l'air à l'aise, certains avaient déjà des compagnies. Je me rappelle, il y a des Gambiens, deux Gambiens qui étaient venus, ils avaient déjà une compagnie. Quand il a demandé de faire des exercices, il fallait s'imaginer avoir une compagnie sur le long terme. Je me suis dit, là, je vais foirer devant tout le monde. En plus, il faut faire la présentation et tout. Je n'osais pas, je suis dans ma chambre, j'ai peur de présenter devant les autres. Et finalement, quand j'ai eu l'entretien avec lui, parce qu'à la fin de l'expérience, il y a un entretien avec lui, et que je lui ai montré le fameux truc que j'avais préparé, il m'a dit, mais en fait, tu es venu à ma formation pour... quoi pour apprendre quoi tu as déjà tout là tout est là c'est là c'est pas de l'imagination c'est quelque chose qui est viable et quand lui m'a dit lui qui a de l'expérience il a écrit chez pas pour un livre il lâchait pas comme une société il réussit tout ce qui touche je me suis dit mais si quelqu'un comme ça qui a ce qui est l'expérience de l'entrepreneuriat que ça c'est bon voir le potentiel voit que c'est viable ah mais là c'est je fonce et comme les fèves vision immigrés je fonce toutes les peurs tout donc là Je me suis prise au sérieux. Parce que mon histoire de documentaire, quand je l'ai annoncé en Guyane à ma famille, à mes amis, que je démissionne d'être fonctionnaire. Parce qu'entre-temps, j'avais passé ma certification, ce qu'on appelle le CAPES. J'ai commencé comme contractuelle, mais entre-temps, j'ai passé mon diplôme et j'étais agréée.

  • Speaker #0

    Là, tu étais officiellement un professeur.

  • Speaker #1

    À vie. Donc là, j'ai un emploi à vie, avec. deux mois de vacances par an minimum.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas beaucoup de gens qui ont ça. Et tu es payé pendant ces mois.

  • Speaker #1

    Tous les mois et demi, j'ai deux semaines de vacances. Je suis payé pendant mes vacances. Je suis payé si je suis malade. Je suis payé si je fais une dépression et que j'aurai chez moi dix ans.

  • Speaker #0

    Hé !

  • Speaker #1

    Je quitte ça, là. Je quitte ça.

  • Speaker #0

    Pour te lancer dans l'entrepreneuriat. Même elle y réfléchit maintenant.

  • Speaker #1

    Je cotise à la retraite. Bref. Tu vois, si je veux un prêt pour acheter une voiture, si je veux un prêt pour acheter une maison, si je veux... J'avais même des économies, j'ai pu faire des économies des sous-côtés. Je quitte ça là, pour partir dans un endroit où j'ai jamais été, où je connais personne, où ce sont des langues que je ne maîtrise pas. Ils m'ont dit, ça y est, elle se craquait en fait. Elle va recraquer tous les combien là, c'est bon. Donc, ils m'ont vu partir avec beaucoup de peur, surtout mes parents. Bien sûr. Désolée. En tout cas, j'ai fait ce voyage de quitter la Guyane, de partir, de me retrouver en Tanzanie, ensuite au Sénégal. Et là au Sénégal, quand il m'a dit, lui, que je ne suis pas folle, en fait l'idée elle est bonne de créer un média à grandeur noire. Là, j'ai ouvert, peut-être trois mois après, j'ai ouvert ma maison d'édition. Donc ça a commencé par les livres, parce que j'ai toujours été passionnée des livres et que c'était...

  • Speaker #0

    Quelque chose que je n'imaginais même pas, de pouvoir écrire un livre. J'ai grandi dans une cité, je ne pensais pas que c'était accessible à des gens comme moi. Des livres joyeux, des scientifiques, des savants, des gens qui ont fait des études. Tu sais, tu vois. Donc là, j'ai écrit un premier livre qui a eu beaucoup de succès. En fait, j'avais fait un test de 500 exemplaires pour la première édition.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il est parti en 10 jours. Seulement en Guyane. Quand j'ai vu ça...

  • Speaker #1

    C'était à un moment.

  • Speaker #0

    J'ai cadré le truc, on est parti. Donc j'ai fait une maison d'édition qui a finalement proposé trois livres. Deux de moi et un d'une autrice guadeloupéenne que j'ai produit. Et puis beaucoup de jeux éducatifs, tu vois, des quiz, des puzzles, des coloriages. J'ai toujours des choses en rapport avec l'Afrique. Parce que oui, mes livres, le premier, ça racontait 42 figures féminines africaines. Et je pense que... Ce format-là, imagé, pour les enfants, à destination des enfants, je pense qu'en 2019, où j'ai sorti le livre, soit je fais partie des toutes premières, soit je suis la première à sortir un livre comme ça. Oui,

  • Speaker #1

    je le pense aussi.

  • Speaker #0

    Mais vraiment, une page biographie, la page d'en face, le personnage illustré, un peu cartoon pour les enfants, même les adultes l'ont aimé au final. Au final, il s'est bien vendu parce que les adultes achetaient et les parents achetaient pour les enfants. Voilà, il y a eu ce premier livre. Deuxième livre, c'était un conte qui s'inspirait d'une héroïne africaine. Donc toujours autour de l'Afrique, tu vois. Même les jeux et tout. Donc ça, c'est la maison d'édition qui a très bien fonctionné. Mais avec la distance, le fait que j'ai voyagé par la suite, franchement, ça a été dur à gérer.

  • Speaker #1

    Dur à gérer, bien sûr.

  • Speaker #0

    J'ai dû aussi me concentrer parce que j'ai appris que finalement, il vaut mieux faire un très bien que dix moyens, tu vois. Ça,

  • Speaker #1

    je suis d'accord.

  • Speaker #0

    Donc ça, ça a été la maison d'édition 2021. après le passage chez Tianyang qui m'a révélé vraiment je recommande, si vous faites toujours ce genre de formation allez-y après la maison d'édition du coup ça et tu sais quoi en fait la maison d'édition tout l'argent allait pour le documentaire je ne touchais pas d'argent au début,

  • Speaker #1

    je ne touchais pas d'argent toi tu as toujours cette idée de ce documentaire je vais le faire et ce sont les dons Paypal des gens

  • Speaker #0

    par rapport à mes vidéos YouTube que je continue à faire, qui m'ont permis de vivre, tu vois, de payer des logements, de payer à manger. Et en plus, j'étais enceinte, donc payer les frais médicaux, les examens et tout, quoi.

  • Speaker #1

    Parce que c'est ça, t'arrives au Sénégal, t'es enceinte.

  • Speaker #0

    Je suis partie, en fait, en Tanzanie, j'étais enceinte. J'étais enceinte, j'étais seule, j'étais perdue, j'avais pas d'argent, j'ai pas osé dire à mes parents et à qui que ce soit que j'étais enceinte. J'ai dit à personne. J'avais pas d'argent, j'avais pas de situation. Le père m'a lâchée, c'était chaud quoi, c'était vraiment chaud. Et puis surtout, toute ma vie, je me suis vue être maman, déjà de plusieurs enfants, mais être maman avec un papa à mes côtés, toute ma vie. J'ai grandi avec mes parents, ils sont toujours ensemble. C'était évident pour moi d'élever mon enfant en couple. Donc le premier choc de la rupture amoureuse, c'était dur à encaisser et de devoir annoncer à mes parents. que je vais être maman célibataire, c'est chaud. Et maman célibataire sans emploi, sans revenu, sans logement, catapultée en Afrique, là on ne sait pas où, au Père.

  • Speaker #1

    Beaucoup de stress.

  • Speaker #0

    C'était trop. Je n'ai pas dit. Je n'ai pas dit parce que là, il serait venu m'arracher par les cheveux en Afrique pour me faire rentrer en Ségane.

  • Speaker #1

    C'est bon,

  • Speaker #0

    ça suffit. Je n'aurais pas été au bout de mes projets.

  • Speaker #1

    Mais donc, tu es ici, au Sénégal, enceinte, tu restes. Combien de temps au Sénégal ?

  • Speaker #0

    Alors, je ne reste pas longtemps, je reste une semaine pour la formation.

  • Speaker #1

    Après, tu rentres en France ?

  • Speaker #0

    Non, jamais je ne rentre en France, jamais. Ok. Bénin, Nigeria, Afrique du Sud.

  • Speaker #1

    D'accord, donc là, finalement, attends, attends, attends, parce que je comprends bien. Donc, tu as tes 400 euros quand tu es partie en temps de l'année. Tu avais déjà payé tu en n'en, donc tu vas. Donc, finalement, c'est de celle, de là, tu lances la maison d'édition.

  • Speaker #0

    En fait, avant. Quand j'ai plus d'argent dans les années, en fait moi mes vidéos j'ai commencé à demander des dons Paypal, j'ai commencé à dire dans mes vidéos s'il vous plaît soutenez-moi.

  • Speaker #1

    Si vous aimez ce type de contenu, aidez-moi à continuer à créer du contenu.

  • Speaker #0

    Et à l'époque c'était pas très commun de soutenir financièrement quelqu'un sur YouTube. Tu regardais les vidéos, c'était gratuit et puis c'est tout. Et donc moi je n'osais pas, je n'osais pas. Surtout que j'avais déjà demandé des sous pour la cagnotte pour le projet. Donc redemander des sous à côté là, je n'osais pas. Et finalement le jour j'étais comme ça, j'avais pas le choix, j'ai essayé. Et là les gens ont donné.

  • Speaker #1

    ma communauté c'est une communauté en or ta communauté elle est très engagée et elle te suit parce que ta communauté elle sait que tu mets un travail derrière ce que tu fais Tu mets un engagement derrière ce que tu fais. Je pense que c'est pour ça qu'ils sont aussi enclins à t'aider financièrement. Parce que ce n'est pas que la personne qu'ils supportent, c'est les idées. Ce qu'ils supportent, c'est les idées. Ce qu'ils supportent, c'est les valeurs que tu défends. Et je pense qu'ils ne le voient pas comme un don d'argent, mais ils le voient vraiment comme accompagner l'idée et accompagner le... Tu vois, c'est ça, faire grandir le média, tu vois, pour faire passer le message.

  • Speaker #0

    Mais c'est marrant que tu dises ça parce que l'étape suivante, après les dons Paypal, parce que je me suis dit, moi j'ai toujours été quelqu'un de très indépendant financièrement. T'as vu, très tôt, à 19 ans. Oui,

  • Speaker #1

    bah oui, t'as commencé à travailler.

  • Speaker #0

    J'ai assumé. Et ma mère m'a élevé comme ça, toujours à me dire, ne dépend de personne, ni d'un homme, ni d'amis, ni de personne. Donc, les dons Paypal, je n'étais pas à l'aise avec dépendre de s'ils me donnent, s'ils ne me donnent pas. Et l'étape suivante, c'est dingue, c'est un homme sorti de nulle part, un de mes abonnés qui m'a dit, En fait, moi, je te vois t'éteindre parce que tu travailles, tu travailles, tu travailles pour une misère. Ce que tu gagnes avec les dons Paypal, ce n'est pas la valeur de ce que tu donnes. Et si ça continue comme ça, tu vas arrêter. Et moi, je veux que mon enfant puisse profiter de tes contenus. Il n'avait pas encore d'enfant. Il m'a dit, je veux que mon enfant profite de tes contenus si j'en ai un jour. Et que donc, tu dures dans le temps. Donc, le gars, il m'a mis en place un business plan qui, jusqu'à aujourd'hui. perdure. C'est lui qui a créé GNTV en fait. Parce que lui, il m'a dit, mais ton contenu que tu proposes sur YouTube et puis tu demandes des clopinettes ceux qui veulent bien donner, mets-le sur un site payant avec un système d'abonnement.

  • Speaker #1

    Mais ça, c'est fort.

  • Speaker #0

    Je n'y aurais jamais pensé.

  • Speaker #1

    Mais tu vois, c'est là où je dis que la force de ton message et de ton travail, elle est forte, c'est que même des gens vont jusqu'à chercher des solutions pour toi, pour que tu continues.

  • Speaker #0

    C'est clair.

  • Speaker #1

    Et pour que tu améliores ton travail.

  • Speaker #0

    Et il m'avait vu très juste, j'étais vraiment au bout du rouleau. Je n'avais plus d'argent. Avec la grossesse, j'arrivais à un stade où je ne pouvais plus filmer parce que j'étais trop fatiguée. Je ne pouvais plus avoir le rythme d'avant. Et là, quand tu fais une vidéo, ou deux vidéos, ou trois vidéos, et que ça te rapporte ton budget du mois, tu peux te reposer, tu vois. Tu n'es pas obligé d'être tout le temps en train de chercher une solution. Donc, il m'a donné cette idée.

  • Speaker #1

    Et même, ça te laisse du temps pour travailler tes prochaines vidéos.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et pour travailler dans des bonnes conditions. Du coup, grâce à lui, j'ai créé une première plateforme qui s'appelle Écorder en noir.

  • Speaker #1

    Bravo, bravo monsieur. Franchement, merci.

  • Speaker #0

    Allez le découvrir sur Instagram. Je fais sa petite pub parce que vraiment, c'est quelqu'un d'exceptionnel. Vraiment, allez voir ses contenus. Donc du coup, merci Lémuel. Ça a été l'étape suivante, après les dons Paypal qui m'ont permis de survivre. Franchement, ce documentaire, je te jure, j'étais complètement obsédée. Je suis obsédée toujours parce que... Enceinte, sans argent, dès que j'avais un argent, c'était pour faire un pays, aller dans un nouveau pays, et préparer le terrain pour l'équipe en me disant mais on y va bientôt, il faut préparer le terrain, il faut baliser, c'est ce qu'on appelle faire du repérage. Donc moi, je suis allée enceinte là, dans des pays que je ne connais pas, au fin fond, c'est pas que je suis dans la capitale.

  • Speaker #1

    Elle est folle cette meuf !

  • Speaker #0

    En poteau, en toutouk, en machin, en taxi, je sais pas. En tout cas...

  • Speaker #1

    Mais tu vois, on le dit comme ça aujourd'hui, mais est-ce que tu imagines tout ce que tu auras à raconter plus tard, Inch'Allah, tes petits-enfants et tout et tout ?

  • Speaker #0

    Écoute, moi, j'ai documenté le plus possible. Ben ouais ! Ils n'ont qu'à prendre les disques durs et...

  • Speaker #1

    C'est dinguerie !

  • Speaker #0

    Mais j'ai documenté parce que c'est dingue. Mais en fait, j'ai documenté, tu sais pourquoi ? Pour les aléas, j'ai rencontré tellement de bullshit.

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. T'as dû rencontrer autant de... Très belle chose, mais en même temps, t'as dû voir des dingueries.

  • Speaker #0

    Surtout, le pire pour moi, c'était que, comme tu vois, c'était des non-paypages. Des fois 400 euros, des fois 300 euros, c'était pas énorme. Je me payais des hôtels à 10 euros la nuit.

  • Speaker #1

    T'as dû voir des chambres, ma chère.

  • Speaker #0

    Au fin fond du Nigeria, là, que tu n'as que 10 euros pour dormir, c'est chaud.

  • Speaker #1

    T'as dû voir des dingueries.

  • Speaker #0

    C'est chaud, c'est chaud. Tu dors avec les cafards, tu dors dans des endroits... Donc ouais c'est chaud. Et du coup moi j'étais à fond sur le documentaire. Donc dès que j'avais un argent je l'investissais dans le repérage du documentaire. Et c'est comme ça que j'ai fait tout un tour de tous les pays que j'envisageais pour le documentaire. Et enceinte. Et puis un jour il a bien fallu préparer l'accouchement. Donc il fallait faire rentrer un peu plus de sous. Et l'émuel est arrivé mais tout arrive toujours.

  • Speaker #1

    Ouais Dieu est grand.

  • Speaker #0

    Le timing. Notre temps n'est pas le temps de Dieu. Il faut qu'on soit patient parce que nous, là, on n'a pas l'image d'ensemble. Lui, il sait c'est quand le moment pour nous. Il faut juste s'accrocher jusqu'au bon timing. Et effectivement, l'émuelle arrive dans ma vie, non seulement avec cette idée. Et c'est lui qui l'a mise en application. Parce que moi, je ne suis pas du tout digitale, tous ces trucs-là. Donc, il a fait, pour moi, la plateforme, il a mis en place la page de vente, tout, tout, tout. Moi, j'ai juste fait l'annonce et les gens se sont rendus.

  • Speaker #1

    En fait,

  • Speaker #0

    je me suis dit, j'ai perdu tout ça de temps à galérer, à ne pas gagner d'argent, alors qu'ils étaient prêts, en fait, à payer.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas perdu du temps. Au contraire, je trouve que, je pense que, justement, d'avoir vécu tout ça, te permet encore mieux d'apprécier aujourd'hui la qualité de l'acte. communauté que tu as.

  • Speaker #0

    Ah non, mais ils sont en normatif.

  • Speaker #1

    Parce que tu as vraiment une communauté incroyable qui te soutient, mais corps et âme, qui est derrière toi. Et donc, tu montes la plateforme GNTV.

  • Speaker #0

    C'est ça. La première s'appelait Grandeur Noire TV. Donc ça, c'est une plateforme sur ordinateur uniquement. Donc, c'était des vidéos horizontales, longues, et avec plusieurs rubriques. Donc là, on était dans les prémices. Et en fait, encore une fois, un abonné. qui sort de nulle part, qui a la compétence d'être un concepteur d'application. J'aimerais contribuer à ce que tu fais que je trouve grandiose. J'aimerais apporter ma contribution en travaillant avec toi sur une application. Qu'est-ce que tu veux faire comme application ?

  • Speaker #1

    Oh ! Hé, la team Grande Dornoire, vous êtes des oufs ! Voilà, vous êtes des oufs !

  • Speaker #0

    Non, mais en fait, c'est un réseau. Le jour où j'ai les moyens, là, ce réseau, quand les gens, là... les compétences vont être mis en lien et on va soulever le continent comme ça. En tout cas, il est arrivé, il m'a mis ses compétences à disposition et on a créé ensemble GNTV. Et il a fait un travail de dingue. Moi, l'application, je suis amoureuse de mon application, de notre application. Elle est à lui aussi, tu vois. Vraiment, je pense qu'on a été le bon duo parce qu'on a eu beaucoup de bâtons dans les roues avec...

  • Speaker #1

    C'est dur, les gens ne se rendent pas compte, mais développer une application pour iOS, c'est très très dur.

  • Speaker #0

    Il faut se lever tôt et il faut avoir les bonnes personnes qui ont l'expérience dans ce milieu-là. Ah, c'est dingue ! Donc ça a été très repoussé, c'était chaud et c'était très cher. Donc du coup, l'application est née. Ça a été, on va dire, la version avancée de la plateforme. Et cette fois, l'application, c'était sur les téléphones.

  • Speaker #1

    Format vertical.

  • Speaker #0

    Plus court, parce que aussi, beaucoup, les gens râlaient que c'est trop long, on n'a plus le temps, c'est plus le Covid, on n'est plus confiné, on n'a pas le temps. Donc j'ai raccourci, j'ai dynamisé avec beaucoup d'enquêtes de terrain, puisque j'avais voyagé, je me suis servi de ces images-là.

  • Speaker #1

    Finalement, tu n'es plus dans j'ai lu dans tel livre, telle chose, telle chose c'est regardez C'est du terrain.

  • Speaker #0

    Et ça aussi, on me le reprochait beaucoup. On m'a reproché de ne pas être née en Afrique, de ne pas avoir grandi en Afrique. Mais on m'a reproché de ne m'appuyer que sur de la théorie, des livres et tout. Donc là, j'étais sur le terrain et je ramène aussi des images pour que les gens aient envie de traverser l'écran et d'aller vivre eux-mêmes. Et ça m'a amené à finalement organiser des voyages carrément.

  • Speaker #1

    C'est l'étape où je voulais arriver. Mais les voyages, tu les commences avant d'être établi au Kenya ?

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Ok, d'accord. Organiser des voyages pour les gens, tu les fais avant.

  • Speaker #0

    Ah oui. Donc, fin 2021. Je crée la plateforme Grandeur Noir TV où les gens s'abonnent pour 2 euros par mois. Il n'y a pas d'engagement, tu t'arrêtes quand tu veux. Il y a eu énormément d'abonnés. Le moment de ma vie où j'ai le plus gagné d'argent, c'est à ce moment-là avec cette plateforme. Vraiment, je ne m'attendais pas. Les gens, peut-être que c'est les 2 euros ou pour eux c'est rien, mais ils ont répondu présent. Et donc, ça m'a énormément aidée. Ça m'a aidée à payer l'application. J'ai pu la financer, j'ai pu financer mon accouchement, j'ai pu financer plein de choses. Mais toujours des choses qui me permettent d'avancer dans ma vie. Pas acheter des sacs. Donc voilà, j'ai avancé dans mes projets grâce à ça. Et 2022, j'organise un gala. Parce que dans tout ça, c'est les fonds que j'ai récupérés avec mes contenus que je propose payants. C'est des fonds que j'utilise pour moi, à la limite pour l'application, mais pas pour le documentaire. Là, je commence à m'éloigner un peu.

  • Speaker #1

    C'est ta première mission. Oui,

  • Speaker #0

    donc je reste sur ma mission. J'ai quitté la Guyane pour mon documentaire, pas pour autre chose. Donc, j'organise un gala avec un co-producteur, un partenaire qui me donne l'idée. D'ailleurs, c'est lui qui me donne l'idée. Il m'aide à trouver la salle et tout. Et puis on y va, on fonce. Bon, par contre, tout le reste, c'est moi qui ai fait. Tout le reste... Et organiser un gala, c'est quelque chose. À Paris, dans une communauté que je ne connais pas. Je ne connais personne à Paris. Franchement, je vais dire un grand merci à Eden de Glamethnik, qui m'a fait profiter de son réseau et qui a invité la crème de la crème au gala. J'ai eu des VIP de dingue. que je ne connaissais pas, quoi. Je n'aurais jamais pu imaginer les avoir. Elle les a fait venir parce qu'elle connaît beaucoup de monde. Donc, ça a été un vrai défi. On a soulevé des sous, toujours pas suffisamment, c'est clair. Mais on a soulevé des sous et encore une fois, avec la réalisatrice qui devait réaliser, on s'est dit, ça y est, là, c'est bon,

  • Speaker #1

    on part du tout.

  • Speaker #0

    Et là, je ne sais plus qu'est-ce qui s'est passé. On n'est pas parti. Mais on était à ça, quoi. On devait... Est-ce qu'on devait aller filmer la balle au Rwanda ?

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    J'étais... Attends.

  • Speaker #1

    Ouais, tu t'es dit encore. Malheureusement, on part pas.

  • Speaker #0

    Les finales et tout. On avait tout. Tout était set-up. C'est-à-dire, on devait suivre un joueur de NBA américain invité là-bas, être dans les loges, interviewer les... On a les autorisations. Le caméraman est OK, il est dispo. Le cam... L'ingé son... Le truc, c'est pas fait. Le truc, c'est pas fait.

  • Speaker #1

    Le timing, le timing. Il y a sûrement une raison qu'on comprendra plus tard.

  • Speaker #0

    Donc du coup, super déception 2022. Parce que malgré tous les efforts que j'ai mis dans le gala, encore une fois, on part pas. Et là, du coup, 2020, ouais, c'est septembre 2022, au gala, on rencontre le directeur de Ethiopian Airlines.

  • Speaker #1

    OK, d'accord.

  • Speaker #0

    Il est complètement subjugué. par ce qu'il a vu au gala ce soir, la façon dont ça a été organisé, ce qui a été présenté, les prises de paroles. J'avais eu des intervenants incroyables. Donc, il m'a pris au sérieux et il m'a invité dans ses bureaux. Il m'a dit, voilà, il faut qu'on fasse un partenariat. Je te propose de faire un voyage avec des gens de ta communauté.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Dans trois semaines. Ah !

  • Speaker #1

    Ah !

  • Speaker #0

    Tu sais, là, je te dis, ma communauté, dingue ! Ils sont dingues ! Ils sont prêts ! Quoi qu'il arrive, ils sont là, au taquet, ils attendent.

  • Speaker #1

    Donc,

  • Speaker #0

    fin août, j'annonce qu'un voyage est organisé vers l'Ethiopie pour septembre. Et donc, l'idée, c'est qu'ils payent leur voyage à moindre coût. Parce qu'il y a ce partenariat où on bloque les billets au tarif le plus intéressant. Sur place, on est pris en charge par une agence et tout. Donc, au départ, le premier voyage, moi, je ne fais rien. J'annonce, je suis sur place avec eux.

  • Speaker #1

    En fait, toi, t'es même comme eux. Tu découvres un petit peu. Vas-y, on est parti.

  • Speaker #0

    C'est déjà les plus hauts prix qu'il y avait été. Mais si tu veux, j'ai pas organisé. Ils m'ont proposé trois circuits.

  • Speaker #1

    C'est Ethiopien qui organise.

  • Speaker #0

    Mais c'est pas moi qui fais guide. C'est pas moi qui explique. C'est pas les vies d'avion internes. J'ai rien fait. Par contre, on a fait le séjour et tout. Quand j'ai vu ça, et que j'ai vu qu'il y avait beaucoup la diapositive, c'était beaucoup des personnes qui n'avaient jamais mis leur pied en défrécie. Ils ont été émerveillés. Ils ont eu envie de revenir. Ils ont adoré. Je me suis dit, mais en fait, pourquoi ce serait que eux ? Pourquoi ce serait qu'une fois ? Il y a d'autres personnes qui veulent découvrir dans ces conditions-là, c'est-à-dire être un groupe avec les mêmes...

  • Speaker #1

    Les mêmes valeurs, bien sûr.

  • Speaker #0

    Les mêmes valeurs, la même vision pour l'Afrique. Parce que des fois, c'est dur de trouver dans son propre entourage des gens avec qui avoir des conversations sur tel livre ou sur telle émission.

  • Speaker #1

    Parce que tu as ceux qui veulent venir, qui veulent être dans les resorts.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Et tu as ceux qui veulent découvrir vraiment.

  • Speaker #0

    Et puis t'as ceux qui ne veulent pas partir en Afrique, avec, tout simplement.

  • Speaker #1

    Oui, aussi.

  • Speaker #0

    Donc là, au moins, tu pars avec un groupe qui est dans la même vibe que toi. Tu pars, tout est encadré. Tu fais juste un paiement, tout le reste est pour le charge. T'as pas à faire de recherche, t'as pas à...

  • Speaker #1

    T'as juste à venir à l'aéroport avec tes valises.

  • Speaker #0

    T'as pas à avoir peur d'une arnaque. Tu fais ta valise, même ton visa en tête. Donc, quand j'ai vu cette formule-là, j'ai dit, tu sais quoi ?

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose.

  • Speaker #0

    Là, j'ai gardé la formule. Bon, j'ai dû le refaire à ma sauce parce qu'il y avait plein de trucs touristiques qui n'étaient pas forcément intéressants.

  • Speaker #1

    En accord avec ce que tu veux.

  • Speaker #0

    En accord, mais je veux dire, si on veut rentrer dans vraiment raconter l'Afrique, ce n'était pas forcément le plus intéressant. Donc, j'ai refait mon petit circuit. J'ai trouvé un super guide. Et donc, j'ai commencé par offrir l'Éthiopie comme proposition de voyage.

  • Speaker #1

    Des destinations, oui.

  • Speaker #0

    Les gens, ils n'attendaient que ça. Franchement. Et là encore... Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de personnes issues des Antilles ou de la Guyane qui proposent des voyages vers l'Afrique, cette communauté-là notamment, l'Antille-Guyane, vers l'Afrique où c'est vraiment cadré, tu vois, et c'est sécurisé. Donc, à chaque fois, j'arrive sur des créneaux. Mon application aussi. Aujourd'hui, ça n'existait pas. Une application qui propose des vidéos sur l'Afrique, l'histoire, la culture, la mode, la santé. Tu vois, les voyages, l'entrepreneuriat, le développement personnel, il n'y en a pas. Donc, à chaque fois, je me suis rendu compte que j'amenais quelque chose de nouveau. Et c'est pour ça que les gens sautent dessus, parce que j'étais en mode... Comment ça se fait qu'à chaque fois que je fais un truc, les gens ils sont au taquet, ils viennent ? C'est quoi ? En fait, c'est que je propose des choses qu'il n'y a pas et que les gens attendent.

  • Speaker #1

    Ouais, et n'oublie pas surtout une chose, c'est que depuis 2016, tu le fais.

  • Speaker #0

    Aussi.

  • Speaker #1

    Et ça, pour les gens, c'est quelque chose.

  • Speaker #0

    La réputation.

  • Speaker #1

    La réputation et la régularité, l'endurance, montrer qu'elle ne fait pas ça pour un buzz, elle ne fait pas ça depuis un an, elle fait ça depuis 2016. Elle nous parle de ça, elle avait quatre abonnés. Tu vois ? Donc c'est qu'elle est vraiment passionnée. Tu as confiance parce que tu te dis, elle n'est pas là. Oui, bien sûr, elle veut faire du business. Bien sûr, elle veut faire de l'argent parce qu'elle a des projets, parce qu'elle a une vie de famille, parce qu'elle doit payer ses trucs comme tout le monde. Mais tu sais que le but premier, ce n'est pas de faire de l'argent. Et je pense que c'est ce qui fait que les gens ont encore plus envie de participer parce qu'ils savent que ton but premier, c'est de raconter l'Afrique comme elle doit être racontée.

  • Speaker #0

    Tu sais quoi, j'ai évolué sur cette question-là. Parce que par exemple, là j'ai pris les choses à l'envers. J'ai longtemps pensé que le but premier n'était pas de faire de l'argent, mais de raconter l'Afrique. Maintenant mon but premier c'est de faire de l'argent pour pouvoir mieux rappeler l'Afrique, mieux proposer l'Afrique en voyage, mieux mener des projets qui permettent de... De continuer ce travail-là,

  • Speaker #1

    dans de bonnes conditions. Quand tu rentres dans le comté entrepreneur, effectivement, tu comprends qu'il faut de l'argent pour bien faire les choses.

  • Speaker #0

    C'est l'argent qui permet dans ce système-là d'entretenir. Bien sûr. Donc autant se servir. On est dans ce système, on est piégé dedans.

  • Speaker #1

    Donc autant s'en servir. Bien sûr, exactement. Et là,

  • Speaker #0

    j'ai compris tardivement, parce que pareil, on n'est pas élevé dans cette mentalité-là en Guyane ou aux Antilles. Nous, on est colonisés, on est dominés. Donc on n'est pas élevé dans le fait de... de l'éducation financière déjà, et dans le fait de devenir riche. C'est mal vu. Les riches, c'est les méchants. Les riches, c'est les corrompus. Les riches, c'est ceux qui écrasent les autres. Ben non, pas forcément.

  • Speaker #1

    Non, pas forcément. Bien sûr.

  • Speaker #0

    Il y a des personnes comme Cheung Yang qui sont riches et qui utilisent leur argent à bon escient. Tu vois, il a fait des fermes. Il a fait des instituts de formation. Il en a trois. Trois instituts différents de formation. Et il a financé ça lui-même. Il y a zéro subvention. Donc, on peut utiliser son argent à bon escient. quand j'ai compris avec Chen Yang ça c'est un des exemples, je me suis dit en fait l'argent c'est pas sale,

  • Speaker #1

    c'est pas mauvais il faut juste savoir l'utiliser comme toi si tu l'utilises bien,

  • Speaker #0

    pour la lumière donc moi maintenant c'est je deviens riche je fais l'argent et je n'ai plus honte de faire l'argent c'est important,

  • Speaker #1

    donc tu fais ce premier voyage en Ethiopie, premier groupe qui part tu te rends compte qu'il y a économiquement il y a quelque chose à faire et

  • Speaker #0

    Tu vois, là, j'en étais pas encore là.

  • Speaker #1

    Oui, t'en étais pas encore là, mais toi, tu te rends compte ?

  • Speaker #0

    Parce que tu sais quoi ? Je me suis pas payée avec les premiers voyages.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    Je touchais rien du tout.

  • Speaker #1

    De toute façon, je pense que c'est comme tout projet entrepreneurial. Les premiers trucs, tu fais tellement d'erreurs que tu fais pas de bénéfices.

  • Speaker #0

    Mais en fait, là, c'est même pas question d'erreur. C'est que j'ai même pas pensé à me payer.

  • Speaker #1

    Ah, ok.

  • Speaker #0

    Je me rappelle, le premier groupe m'a dit Mais t'es folle ou quoi ? Parce qu'ils savaient pas. Tu vois, ils pensaient pas. Il y a quelqu'un qui m'a fait la réflexion.

  • Speaker #1

    T'as dit, bah non, moi non.

  • Speaker #0

    Ouais, ta commission elle est méritée ou un truc comme ça.

  • Speaker #1

    Quelle commission ?

  • Speaker #0

    J'ai dit, mais non, je prends pas de commission. Il m'a regardé. T'as organisé tout ça, t'as fait tout ça et tu prends rien. Et donc, tu vois, c'est rentré, c'est ressorti. Et il m'a fallu au moins 3-4 voyages.

  • Speaker #1

    Pour comprendre que tout travail mérite... Ah oui, tout travail mérite...

  • Speaker #0

    C'est du travail, c'est du stress. Bien sûr. J'ai la responsabilité des gens. Pendant tout le séjour, jusqu'à ce qu'ils retournent chez eux, dans leur maison qu'ils ont quittée. Ils sont sous ma responsabilité.

  • Speaker #1

    Et donc là, ça fait quoi ? Depuis 2021 ? 2022. Ça fait deux ans que tu organises les voyages ?

  • Speaker #0

    Le deuxième voyage, dans trois semaines.

  • Speaker #1

    Inch'Allah.

  • Speaker #0

    Au Kenya.

  • Speaker #1

    Et donc, tu arrives quand au Kenya pour t'installer ?

  • Speaker #0

    Alors, au départ, je n'y vais pas pour m'installer. Au départ, j'y vais pour me reposer. Parce que je sors... Alors, j'ai fait une première tournée d'Afrique enceinte. J'ai accouché. J'ai fait une deuxième tournée d'Afrique avec mon bébé. Ok. Voilà. Donc, ça a duré... Le tout a duré trois ans. 2000... Fin de...

  • Speaker #1

    Elle est complètement folle, cette... Mais où ?

  • Speaker #0

    Fin 2022, je fais une pause dans cette tournée-là. Je me repose parce que je... Les hôtels à 10 euros... Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui.

  • Speaker #0

    Tout ça, là. Prendre des avions toutes les semaines ou faire des 14 heures de voiture, je suis épuisée. Donc je vais au Kenya, je vais dans un endroit qui n'a rien à voir avec le documentaire, que je ne comptais pas mettre dans le documentaire, pour être sûre que je ne sois pas tentée d'aller faire tout. Donc je vais dans un endroit exprès qui n'a rien à voir, je vais dans un endroit perdu où je me dis que je ne vais pas en ville, parce qu'en ville il y aura des musées, je vais pouvoir aller filmer. Je vais dans un petit village. Je tombe amoureuse du village. Donc, je devrais rester un mois, je reste deux mois et demi. Je n'ai pas envie de repartir. Bon, je repars faire la tournée, tout ça. Mais je ne pense qu'il y a une chose, c'est de retourner dans ce village. Donc, quand j'ai fini le repérage, quand j'ai fini ce tour d'Afrique, c'est une évidence pour moi que...

  • Speaker #1

    Dans ton cœur, dans ton... Tu sais que maintenant, je rentre là-bas.

  • Speaker #0

    Je continue le travail du documentaire parce que là, c'est autre chose. Bref, il y a d'autres étapes. Mais je peux rester sédant. je peux m'installer cette fois-ci. Pour ces étapes-là, je peux travailler du même endroit. Donc, c'est évident pour moi que je retourne là-bas dans ce village. Je retourne une première fois pour me renseigner. Je reste trois mois pour me renseigner sur le visa, le permis de séjour, tout ça. Je me rappelle, je fais un saut en France. Moi, je pense que c'était le saut pour dire au revoir à ma famille. Franchement. Et après, fin 2023, je m'installe vraiment. Mais quand je dis que je m'installe vraiment, c'est que j'ai emmené des livres à moi. Si j'emmène mes livres, c'est que c'est chez moi.

  • Speaker #1

    Ça t'a fait quoi émotionnellement quand tu as réalisé que ça y est, je me suis installé sur le continent ?

  • Speaker #0

    Une délivrance. Alors, pas sur le continent, mais juste le fait de redevenir sédentaire. Oui. C'est une délivrance. Avec un enfant en bas âge.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Parce que tu as vécu quand même sur la route avec un enfant en bas âge. Seul. Seul.

  • Speaker #0

    Parce que je pense qu'en groupe, tu vois, tu peux...

  • Speaker #1

    Oui, tu peux gérer. Oui, effectivement. Follé. Effectivement.

  • Speaker #0

    quand tu veux souffler, il y a quelqu'un qui prend le relais sur les enfants.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça que pour moi, c'était important de te recevoir. Et je te l'ai dit, et je le redis devant les gens, parce que pour moi, je trouve qu'il faut que les gens comprennent l'amour et la passion que tu as pour ton travail. Parce que pour faire tout ça, seul, avec un enfant en bas âge, être sur la route, dans les avions, avec les valises, les bagages, préparer tes tournages en amont, faire tes tournages, faire tes montages, publier. Gérer la communauté qui te pose des questions Gérer les voyages que tu vas faire En fait je sais même pas si toi même Tu te rends compte de les 2-3 années Qui viennent de passer Tout ce que tu as dû gérer Gérer les... T'arrives dans un truc peut-être le visa Il est pas bon, t'es dans une galère, il faut que tu gères ça Le contact qu'on t'avait donné Qui t'avait dit que oui je serais le chauffeur Je vais t'amener et qui vient pas Je sais pas si toi même tu réalises Tout ce que tu as eu à traverser Mais en même temps, je ne sais pas si tu réalises ce que tu es en train de faire vivre à cet enfant, cette chance. Parce que pour moi, c'est une chance. Cette enfance qui voyage, qui découvre ses cultures, c'est tout ça. Même si c'est un enfant en bas âge, je trouve que c'est même là où tu enregistres inconsciemment plus tout.

  • Speaker #0

    En fait, on les sous-estime.

  • Speaker #1

    On les sous-estime de fou. Et tu vois, en plus, attends, je rajoute un truc. Parce qu'en plus, tu fais l'école de ton enfant à la maison. Donc tu t'occupes de l'éducation d'enfants à la maison. Toi, tu n'es pas un couteau suisse. Toi, tu es un... Je ne sais pas ce que tu es, mais tu as 10 milliards de choses. Et je trouve que... Et c'est pour ça que je voulais surtout te recevoir, parce qu'au-delà du parcours qui est hyper inspirant, parce que tu montres aux gens qu'il n'y a pas de voie arrêtée. Tu vois ? Tu as eu une éducation scientifique, tu es passé, tu as eu des moments où tu ne t'es pas senti bien, mais tu as su remonter. Tu te destinais vers quelque chose. Mais finalement, ta passion, tu l'as rattrapée et tu l'as développée. Tu ne savais pas où tu allais avec ça. Tu as une idée de documentaire, mais finalement, aujourd'hui, tu te retrouves à organiser, faire vivre des souvenirs de vie qui vont marquer des gens toute leur vie dans les voyages qu'ils font. Tu vois qu'ils vont marquer, ils vont le raconter à leurs enfants, leurs petits-enfants. Tu te retrouves à impacter des vies. Tu vois aujourd'hui, que ce soit par les contenus que tu produis, que ce soit par les coups de gueule que tu fais, tout ça, que ce soit par les voyages que tu organises, Je ne sais pas si tu prends conscience à un moment de la dimension de tout ce que tu fais. Et c'est pour ça que pour moi, je voulais t'avoir, pour que les gens qui peut-être ne te connaissent pas, qui suivent le podcast, te découvrent, mais que surtout les gens qui te connaissent, qui regardent le podcast, et qui se disent mais ouais, en fait, Safia, c'est une ouf, en fait. Elle fait tout ça, c'est une grosse dingue. Safia, elle aurait pu faire une carrière dans l'humour, faire des voyages en business dans les hôtels 5 étoiles tous les jours pour faire ses spectacles, faire rire les gens et tout. Maintenant, elle a choisi une autre voie et aujourd'hui, elle est là, elle nous éduque. En plus, attends, il faut que je rajoute, parce que tu subis aussi, certes, pour l'instant, on n'a parlé que des gens qui te supportent, mais il y a les haters sur les réseaux sociaux, il y a la diffamation sur les réseaux sociaux, c'est une grosse pression psychologique. Donc, pour moi, c'est ça qui est inspirant. Et ce qui est encore plus inspirant, c'est de se dire que...

  • Speaker #0

    T'es né en France, t'as vécu en Guyane. Oui, effectivement, par ton géniteur, t'as une touche africaine. Mais finalement, tu racontes mieux l'Afrique que beaucoup d'Africains. Tu connais mieux l'Afrique que beaucoup d'Africains. Tu es plus africaine finalement que beaucoup d'Africains.

  • Speaker #1

    Tu as créé des problèmes dans les commentaires là.

  • Speaker #0

    Commentez, c'est bon pour l'algorithme. Allez-y, les rachets, commentez, commentez, commentez. Il n'y a pas de problème. Donc voilà, pour moi, c'était ça qui était important d'avoir comme discussion avec toi. Même tu vois, pour moi aujourd'hui, même si on se parle souvent, j'ai appris des choses dans cette discussion. Et avant de la terminer cette discussion, pour moi, il y a la question que je pose à tous mes invités, c'est tu te vois où dans cinq ans ? Est-ce qu'aujourd'hui, quand tu... Parce que ce n'est pas tous mes invités qui réfléchissent pareil. Tu vois, par exemple, j'ai reçu Kai qui a une vision très claire de où est-ce qu'il veut aller dans cinq ans. Mais est-ce que toi, dans ton côté entrepreneurial aujourd'hui... Parce qu'aujourd'hui, maintenant, tu es une entrepreneur à 100%. Est-ce que tu te projettes déjà à Ok, voilà où est-ce que j'aimerais aller dans 5 ans, dans 10 ans ? Ou est-ce que pour l'instant, tu te laisses le temps de maîtriser ce que tu fais, de mûrir ce que tu fais et de le développer au fur et à mesure ? Est-ce que tu es dans la projection ou tu es plus dans l'adaptation au fur et à mesure ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne vais pas être dans une projection parce qu'en fait, je vis une vie d'incertitude et de menaces tout le temps. J'ai un... contenu qui est quand même pas mal politisé, qui fait que j'ai des représailles dans ma vie. Ah oui ? Tu vois, même si mon contenu est sur les réseaux et que c'est un contenu digital, je représente une menace réelle pour certains intérêts occidentaux qui me le font payer dans ma vie réelle. Pas sur la vie digitale, c'est pas juste du shadowban. J'ai des sanctions dans la vie digitale, comme le shadowban,

  • Speaker #0

    comme les vidéos qui sont prémées.

  • Speaker #1

    Preuve à l'appui, je montre quand il supprime les vidéos, les messages que je reçois et de suppression et tout. Mais j'ai aussi dans la vie réelle. Pas plus tard qu'hier, sur le chemin entre Saint-Louis et Dakar, je reçois un courrier recommandé qui est arrivé et qui m'a envoyé en screenshot. Donc, c'est arrivé à mon adresse en Occident. Ma banque qui me rejette, qui me vire. Troisième banque qui clôture mon compte en deux ans.

  • Speaker #0

    Ouais, et pour quel prétexte ?

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de prétexte, il n'y a pas de justification. Tu reçois un message, nous ne souhaitons pas plus collaborer avec vous, vous avez tant de temps pour enlever vos sous et c'est clôturé. Le souci c'est que quand c'est très difficile pour toi d'ouvrir un compte parce que les banques te disent non, moi c'est le cas, les banques me disent non, j'ai fait je ne sais pas combien de banques, c'est non. On ne te donne pas d'explication non plus, les banques ont le droit de refuser, donc on ne te donne pas d'explication.

  • Speaker #0

    Tu vois, je n'en recevais pas ça.

  • Speaker #1

    Et d'un autre côté, on te clôture ton compte. Tu fais quoi ? Tu fais comment pour payer tes billets d'avion ? Tu fais comment pour payer ton loyer ? Tu vois ? Même si je suis installée au Kenya, j'ai la nationalité française uniquement. Je n'ai pas la nationalité, je n'ai pas d'autre nationalité. Et même si ce n'est pas une nationalité que je souhaite, parce que je l'ai héritée du colon qui est venu m'arracher à mon continent, moi et ma lignée. Je n'ai que ça en fait. Donc je ne peux pas juste tourner mon dos, dire bye bye, tout ouvrir au Kenya. Parce que demain au Kenya, la loi change, il y a un nouveau gouvernement. Ils disent bon les expatriés là, rentrez chez vous, je ne sais quoi. Je rentre où ?

  • Speaker #0

    Ce sera la France.

  • Speaker #1

    Donc je ne peux pas ne rien avoir en France, sachant que mes parents sont Guyanais, ils vivent encore en Guyane, ils vieillissent. Demain, il y a des hospitalisations à gérer pour eux. Peu importe le souci qu'il peut y avoir. Mais... Si je dois payer un billet d'avion pour un enterrement, rentrer en Guyane ou quoi, il faut que j'ai un compte en banque français, il faut que je puisse fonctionner. Donc du coup, quand on te jette dehors et que tu n'as pas de solution au niveau de la banque, tu es hors système, c'est très grave. Même pour ma société, ma société ne peut être basée qu'en France actuellement. Elle ne peut pas être basée au Kenya. Je ne correspond pas aux critères pour pouvoir ouvrir cette société-là au Kenya. Donc étant en France cette société, si elle n'a pas de compte en banque, on fait comment ? Comment je reçois les paiements ? Comment j'effectue moi les paiements des prestataires ? Donc ça ce sont des sanctions. Donc je suis tout le temps sur le qui-vive. Hier, quand j'ai reçu ça, il a fallu retourner chercher une banque. Dans l'urgence, pour ma société, pour mon compte personnel, pour mon association. là où il y a la cagnotte, fais quoi de la cagnotte si j'ai pas de compte en banque tu vois donc voilà c'est tout le temps un stress et ça c'est pas des choses que je partage forcément sur les réseaux mais Tous les jours, Olivier, tous les jours, j'ai des attaques. Tous les jours. Ça peut être la banque, ça peut être autre chose. Quand je voyage, ça ne se passe jamais bien. Que ce soit la frontière quand je quitte un pays ou la frontière quand j'arrive, il y a toujours un truc. On va me prendre à côté, on va me dire Madame, attendez On va me poser des questions, on va me fouiller, on va me retourner mon sac. On va me traiter comme si j'étais une trafiquante de drogue, tu vois. Comme si je cherchais, je ne sais pas, un truc. Alors qu'en fait, non. C'est juste que mon passeport, il y a certainement quelque chose qui est en haut du mur. peut-être des messages et voilà ça signale des choses qui font que même des fois on me refuse certains territoires dinguerie c'est sûr que d'avoir des contenus où

  • Speaker #0

    tu mets des vraies opinions avec des vrais arguments c'est pas mettre des opinions pour juste mettre des opinions mais c'est en plus avec des arguments et des argumentaires qui sont très précis ça dérange des gens donc du coup je n'ai pas le temps

  • Speaker #1

    de penser à me projeter. Il n'est pas ce temps-là de me poser et de pouvoir faire un plan de ce que je vais devenir parce que tout peut s'effondrer à tout moment. Là, tu vois, je vais devoir me battre les prochains jours pour trouver un compte en banque pour ma société GNTV, pour mon application, parce que sinon tout s'effondre.

  • Speaker #0

    Oui, sinon tout s'effondre, effectivement. Donc,

  • Speaker #1

    je suis tout le temps dans l'urgence. Tous les jours de ma vie, je suis dans une urgence. Et en plus de ça, il faut penser au contenu, au sujet. Il faut garder le sourire quand on les présente, il faut garder l'énergie de dire générique. Donc je n'ai pas le temps de me projeter malheureusement.

  • Speaker #0

    Il faut gérer le quotidien de la maison.

  • Speaker #1

    J'aurais cette intense pression. Je pense que c'est fait pour ça. Je ne pourrais pas me sortir de l'instant présent.

  • Speaker #0

    Et gérer le futur. Voilà pour les projections. Et c'est ça que les gens ne réalisent pas toujours. quand ils voient les contenus que tu fais, parce qu'ils voient juste le contenu, ils se disent, ça va, tout va bien. C'est pour ça que c'est important que tu mettes des mots dessus, pour que les gens réalisent. En tout cas, ça fait deux heures qu'on parle. Moi, j'aurais envie de continuer cette discussion. Je pense qu'on aurait beaucoup de choses à dire, qu'il y a beaucoup de choses à développer. On est allé vraiment en surface sur beaucoup de choses, parce que tu as beaucoup de choses à dire. En tout cas, moi, ce que je retiens de cette discussion, c'est que tu es une battante, c'est la première chose que je retiens. Tu es une personne qui ne baisse pas les bras, tu es une personne qui finalement a toujours avancé avec ses convictions. Même si à un moment tu as eu des doutes, quand tu as eu cette période de dépression, tu as su retrouver tes connexions, tu as su retrouver tes motivations, tu as su retrouver ce qui t'anime, ce qui t'allume. Tu as essayé des choses. Tu as réussi dans des choses, tu as même découvert des talents que tu avais par hasard, tu as fait de l'argent avec ces talents-là, mais à la facilité parce que c'est du travail, tu as choisi encore une fois ce qui t'anime pour continuer ta vie. Aujourd'hui, tu as encore choisi ce qui t'anime parce que tu vis ta vie, tu t'es senti à la maison, tu t'es senti chez toi, tu changes la vie de personne, que ce soit par le contenu qu'il regarde. que ce soit par les voyages qu'ils font avec toi. Moi, tout ce que je te souhaite, c'est de continuer, de continuer à éduquer les gens. Parce que ce qu'il faut que les gens retiennent, c'est que depuis tes premières vidéos, tu as fait rire les gens. Tu as toujours cherché à éduquer. Je te souhaite de continuer à éduquer les gens, comme tu as envie de le faire. Je te souhaite qu'il y ait encore plus de voyages, que tu fasses venir encore plus de gens sur le continent et même faire que des gens du continent quittent pour aller peut-être en Guyane, pour aller peut-être aux Antilles, parce qu'on parle souvent du retour...

  • Speaker #1

    Aux chenitapes.

  • Speaker #0

    Tu vois, on part souvent du retour pour que les Antillais, les Guyanais viennent, voir d'où ils viennent. Mais je pense que ce sera aussi important que les Africains regardent ce que leurs frères vivent, où ils sont. Et s'intéressent à où ces gens sont parce que c'est leur famille, on fait partie d'un tout. Et ce n'est pas que les autres qui doivent venir. C'est à nous aussi de partir et d'aller découvrir et de comprendre et de retrouver peut-être certains de nos codes là-bas et de se dire que, ah ouais, on fait vraiment... que un. Tu vois, donc j'espère qu'à ça la cite, en tout cas de Grand Or Noir, de tout ce que tu vas faire. Merci beaucoup d'être venue t'asseoir. Je suis honorée. On vous a dit l'heure. Il est exactement 3h pile du matin. Pour les gens qui voient, il est 3h. 3h pile du matin. Mais quelle discussion, quel échange. Donc vous voyez pourquoi il faut mettre des commentaires, des likes sur le contenu qu'on fait, parce que vous voyez pas tout ce qui se passe derrière. En tout cas, merci la team incroyable d'avoir suivi ce podcast. Merci à tous ceux qui l'ont écouté. Mettez des commentaires, des likes. partagez allez voir les différents réseaux de Safia je vous les mettrai dans la description et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode du Off Show

  • Speaker #1

    Peace !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • L'enfance en Guyane

    04:38

  • L'université en France

    19:15

  • Sa dépression

    26:54

  • La Jamaïque, le déclic

    33:47

  • Sa carrière de professeur

    42:12

  • La naissance de Safia Enjoylife

    49:48

  • Tout quitter pour Grandeur Noire

    01:03:35

  • Réaliser un documentaire

    01:11:26

  • Le premier voyage en Afrique

    01:23:40

  • Créer sa maison d'édition

    01:29:23

  • L'aide de sa communauté

    01:31:54

  • Le premier voyage de groupe

    01:43:54

  • L'installation au Kenya

    01:53:53

  • Difficile de se projeter

    02:00:21

  • Conclusion

    02:06:47

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Description

Êtes-vous prêt à découvrir comment une passion pour la culture africaine peut transformer une vie et inspirer des milliers d'autres ? Dans cet épisode captivant du OV Show, Olivier Vullierme reçoit Safia EnjoyLife, une femme dont le parcours de vie exceptionnel nous plonge au cœur de l'Afrique, de la Guyane au Kenya. Safia, véritable ambassadrice de la culture africaine, partage son amour pour le continent, une passion héritée de sa mère, et nous raconte comment elle a commencé à raconter des histoires qui mettent en valeur la richesse et la diversité de l'Afrique.


Au fil de cette conversation inspirante, Safia aborde des thèmes profonds tels que la dépression et les défis personnels qu'elle a dû surmonter pour se consacrer à sa passion. Son parcours n'est pas seulement une histoire de passion, mais aussi un exemple de résilience et de détermination. En tant qu'enseignante, elle a trouvé un moyen d'éduquer et d'inspirer les autres à travers des contenus qui célèbrent l'Afrique, en touchant des sujets allant du Sénégal à la Côte d'Ivoire, en passant par le Cameroun.


Safia partage avec nous les secrets de son projet de documentaire sur l'Afrique, ainsi que les obstacles qu'elle a rencontrés, notamment à cause de la pandémie. Comment financer un projet aussi ambitieux ? Comment continuer à croire en ses rêves malgré les difficultés ? Ces questions trouvent leurs réponses tout au long de notre échange.


Ce qui ressort de cet épisode du OV Show, c'est l'importance de raconter des histoires authentiques qui mettent en lumière la beauté et la richesse de l'Afrique. Safia nous rappelle que chaque parcours de vie exceptionnel mérite d'être entendu et que chaque voix peut contribuer à un changement de vie significatif. Que vous soyez un entrepreneur passionné, un amateur de culture ou simplement en quête de motivation, cet épisode est fait pour vous.


Ne manquez pas cette occasion d'être inspiré par une femme qui utilise sa voix pour défendre la culture africaine et encourager les autres à découvrir le continent. Rejoignez-nous dans cette aventure où l'éducation, l'inspiration et la passion se rencontrent pour créer un impact durable.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allow me to reintroduce my son and my soul Hello, hello les incroyables, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien. Bienvenue sur un nouvel épisode du OVSHOW. Merci à toute la communauté qui grandit, merci à toute la team. incroyable qui commente, qui partage, qui like, qui s'abonne à chaque épisode. Merci à tous ceux qui nous écoutent sur les différentes plateformes podcast. Et aujourd'hui, je reçois quelqu'un que je connais depuis bien longtemps. Je reçois une amie. Je reçois une amoureuse de l'Afrique et du continent. Je reçois une femme d'histoire. Je reçois Madame... générique, elle va nous le faire après. Je reçois Safia Enjoy Life, qui est grandeur noire dans le Off Show. Hello Safia.

  • Speaker #1

    Ah ouais. Ah ouais. Comment tu vas ? Ça va très bien. Maintenant, ça va là.

  • Speaker #0

    En forme ? Bien installée ? T'es à l'aise ?

  • Speaker #1

    Super.

  • Speaker #0

    Bon, je vous le dis, la vérité, elle stresse. Depuis tout à l'heure, elle stresse à la peur des questions que je vais lui poser. Mais c'est pas qu'ici, on est en famille. C'est tranquille, il n'y a pas de stress. On va discuter calmement. Ça me fait plaisir de te recevoir.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Parce que pour la petite anecdote, pour vous dire tout de suite, Safia et moi, on se connaît de Guyane. J'ai vécu en Guyane française entre 2000-2002.

  • Speaker #1

    Si tu dis les dates, ils vont savoir qu'on est vieux.

  • Speaker #0

    Non, mais ils savent déjà qu'on est vieux. Ne t'inquiète pas, ils le savent déjà. Mais j'ai fait deux ans, ma première et ma terminale, et on s'est connus là-bas. On s'est perdus de vue. Les réseaux ont fait qu'on s'est retrouvés. Et aujourd'hui, c'est elle qui est à Dakar pendant quelques jours pour le travail, slash vacances, slash contenu. Et je me suis dit non, t'es là, il faut absolument que tu viennes t'asseoir. Je vous dis tout, il est minuit 53. Minuit 53, on est en train de tourner. Je vous dis non, vraiment, on vous dit tout ici. Et donc, elle a fait le... Elle m'a donné la chance de pouvoir la recevoir. Elle a pris du temps pour venir. Donc déjà, juste pour ça, merci énormément.

  • Speaker #1

    Je suis honorée parce que je suis une grande fan de ton émission depuis la première heure.

  • Speaker #0

    Depuis, elle me tire les oreilles, elle me botte les fesses, elle me dit fais ça, fais ci. Ouais, ça c'est bien. Non,

  • Speaker #1

    il faut toujours que je mette mon petit nez à donner des conseils qu'on ne m'a pas demandé.

  • Speaker #0

    Elle me donne des feedbacks, j'aime bien.

  • Speaker #1

    Mais en tout cas, je suis super fan et j'ai adoré absolument. tous les invités que j'ai vu passer chez toi.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    D'où mon stress.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    La barre est tellement haute.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de stress. Toi-même, tu vas lever la barre. Mais donc, on va commencer étape par étape. Donc, la question que je pose d'abord à tous mes invités, quand ils arrivent, c'est aujourd'hui, Safia, comment tu te présentes avec tout ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    C'est très difficile parce que je pense que le métier, enfin, ce n'est même pas un métier. Les activités que je fais pour gagner ma vie n'ont pas encore de nom. Ça n'a pas encore de nom en fait, ça n'a pas encore d'intitulé. Donc les gens... Faudrait que je... Je vais utiliser plusieurs mots. D'abord, je suis maman. Ça, ce métier, on le connaît.

  • Speaker #0

    Ça, ce métier, on le connaît, ouais.

  • Speaker #1

    C'est mon premier métier depuis que je suis maman, c'est devenu mon premier métier. Ensuite, je suis raconteuse. Parce que finalement, je raconte. Je ne suis pas forcément...

  • Speaker #0

    T'es une griotte.

  • Speaker #1

    Que l'histoire, que la culture, je raconte plein de choses. Ça peut être la politique, ça peut être les voyages, ça peut être... pour les enfants, je raconte. Donc mon métier, c'est de raconter des choses qui valorisent l'Afrique. Et c'est devenu un métier, parce qu'au départ c'était une activité, bon je pense que je raconterai plus tard, mais c'était une activité que je faisais à côté d'un autre métier, sans savoir que ça pouvait être un métier et que ça pouvait générer un revenu.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Donc je suis raconteuse, et je ne sais pas, il y a plein d'autres qualificatifs parce que j'ai écrit des livres. J'ai une maison d'édition, j'organise des voyages. Ah oui, activité importante aussi, je présente des vidéos, j'anime des vidéos. Des vidéos qui, comme je l'ai dit, traitent de diverses thématiques autour de l'Afrique. Et je travaille pour mon propre média, mais également pour le média Afrique Résurrection.

  • Speaker #0

    Ça fait déjà beaucoup de choses. Mais on va commencer étape par étape. Alors toi, Safia, tu n'es où ?

  • Speaker #1

    Je nais à Paris, dans le 9 de...

  • Speaker #0

    Ah ah, 9 de i !

  • Speaker #1

    Je nais dans le 9 de... Très tôt, à quelques mois, ma mère retourne en Guyane et je grandis là-bas toute ma vie. Voilà, je quitte la Guyane à 18 ans pour les études, comme malheureusement beaucoup de jeunes Antillais, Guyanais, Réunionnais, bref, de jeunes colonisés. Parce que chez nous, souvent, il n'y a pas les structures de formation.

  • Speaker #0

    En tout cas,

  • Speaker #1

    à mon époque, il n'y avait pas les structures de formation.

  • Speaker #0

    Tu grandis en Guyane. C'était comment, grandir en Guyane ? Pour les gens qui ne connaissent pas, parce que moi, je connais un petit peu la Guyane française. Mais quand je dis un petit peu, c'est un petit peu parce que j'ai fait que deux ans. Mais toi, si tu devais nous décrire, c'était quoi grandir en Guyane ? Comment tu décrirais ça ?

  • Speaker #1

    Après avoir voyagé et vu pas mal de la planète, pas mal d'endroits différents, j'estime que la Guyane, c'est vraiment le meilleur endroit où grandir de façon saine et équilibrée. Parce qu'on a ce regard global. En fait, la Guyane, c'est vraiment... la planète en miniature. Tu as toutes les populations de la planète en Guyane. Et même pas seulement en Guyane, même dans un petit quartier de Guyane, tu vas avoir toutes les populations. Tu vas avoir des Chinois, tu vas avoir des Mongs. Il n'y a pas beaucoup d'endroits dans le monde où tu vas côtoyer des Mongs, aller en classe avec des Mongs.

  • Speaker #0

    Alors est-ce que tu peux expliquer juste pour les gens qui ne comprennent pas, c'est quoi des Mongs ?

  • Speaker #1

    Les Mongs, c'est une population originaire du Laos qui a trouvé refuge... en Guyane, après la guerre d'Indochine. Bon, bref, on ne va pas raconter les alliances et tout. En gros, ils se sont alliés à la France. Et du coup, lorsque la France a perdu, ils ont été persécutés dans leur pays. Donc, certains d'entre eux ont été recueillis en Guyane. Et c'est devenu une communauté extrêmement forte et inspirante parce qu'ils ont développé notamment l'agriculture, pas que, mais l'agriculture. Et aujourd'hui, l'agriculture en Guyane est beaucoup, beaucoup, beaucoup approvisionnée par les populations monges.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    qui en plus, qui ont été installés dans un endroit qu'on pensait être assez hostile, tu vois, dans les montagnes, reculés et tout, et au final, ils ont transformé ça en une manne. Et je trouve que c'est inspirant pour les populations guyanaises de regarder ce qu'ils ont réussi à faire dans un pays étranger, sans maîtriser la langue, sans maîtriser la législation et tout. Ils ont réussi à construire des empires qui se transmettent de génération en génération. Donc nous... Les autres populations à Guyane, il faudrait peut-être qu'on regarde dans cette direction et que chez nous-mêmes, on soit capable de faire aussi bien.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai, parce que ce que tu dis, c'est tellement vrai. Parce que moi, de mon souvenir de Guyane, j'ai rencontré tellement de gens d'origine différente. Même, tu vois, moi je suis un gourmand, des cuisines différentes.

  • Speaker #1

    C'est là où on mange le mieux dans le monde.

  • Speaker #0

    Franchement, j'avoue.

  • Speaker #1

    Parce que justement, tu peux, dans le même quartier, tu vas manger des spécialités brésiliennes. dominicaines, haïtiennes, amérindiennes, bouchininguées, tout ça dans le même quartier en fait. Même au Palmiste, tu fais juste... enfin le Palmiste c'est une place où il y a des carambulants qui vendent de la nourriture.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est la place centrale, je veux dire, de Cayenne vraiment.

  • Speaker #1

    Et du coup là, il y a plein de carambulants qui vendent de la nourriture, juste tu fais le tour, tu fais le tour du monde culinaire.

  • Speaker #0

    C'est vrai, non c'est vrai. Et donc toi c'est ça le... Le souvenir que tu gardes ? Oui,

  • Speaker #1

    parce que pour avoir vécu dans différents endroits dans le monde, j'ai vu qu'il y avait quand même des endroits qui sont très beaux, mais qui sont très fermés aux autres. Et où il ne fait pas forcément bon vivre dans le lien des gens entre eux dans le pays. Donc, voilà, ce n'est pas aussi convivial, accueillant. Il y a une mixité en Guyane que je n'ai pas retrouvée ailleurs dans le monde. Et les gens ne comprennent pas que quelqu'un qui est chinois en Guyane... qui a grandi en Guyane, qui est né en Guyane, qui a été en classe avec d'autres personnes, va se sentir Guyanais avant d'être Chinois, va parler le Guyanais, va jouer le domino, va cuisiner. Il sera vraiment Guyanais dans sa culture. Et c'est cette culture qui nous lie tous, qu'on soit blanc, descendant d'esclaves. En fait, je ne sais pas comment expliquer, mais le Guyanais, c'est vraiment particulier. Il faut y aller pour comprendre. Mais du coup, d'avoir grandi dans... Cette ouverture au monde de par les cultures, parce que par exemple pour eux, parler des mondes, ils ont gardé leur tradition, ils sont restés ancrés dans leur tradition. Ils fêtent leur nouvel an, qui n'a rien à voir avec notre calendrier. Ils portent leur tenue traditionnelle, ils font des activités typiques de chez eux, malgré la distance et les années qui les séparent de leur pays. Et donc, tu peux aller assister au nouvel an, voir leur tenue, voir... Et cette ouverture au monde de pouvoir voyager en restant en Guyane, juste en changeant de commune ou de quartier. Mais c'est énorme comme richesse, c'est énorme. Je me sens dépaysée nulle part. Je vais aller au Cambodge ou au Vietnam, je vais retrouver une place de Guyane.

  • Speaker #0

    Tu vas retrouver des côtes, bien sûr.

  • Speaker #1

    Je vais au Brésil à côté, je vais retrouver la Guyane. Partout en fait où je vais, même en Afrique quand je suis venue, j'ai dit mais attends, c'est chez moi, Saint-Laurent-du-Maroni, Grand-Santi où j'ai vécu. C'est la même chose, c'est le Gabon, c'est la Côte d'Ivoire. Donc je ne suis dépaysée nulle part et j'ai parcouru la planète juste pendant mon enfance en Guyane.

  • Speaker #0

    Donc des très beaux souvenirs d'enfance. Ah oui. Très beaux souvenirs d'enfance. Et donc, pendant que tu es en Guyane, tu fais ton cursus scolaire, tout se passe bien. Quand arrive la période du lycée, où tu commences à t'orienter professionnellement ? En tout cas, pas professionnellement, mais tu prends déjà des premières orientations. Toi, tu t'orientes vers quoi ?

  • Speaker #1

    Ah, alors, ça a été compliqué parce que je ne savais pas ce que je voulais faire. Et dès la première, on te dit, il faut choisir entre

  • Speaker #0

    S, E, S, L.

  • Speaker #1

    Et donc, il faut savoir, parce que si tu veux plus tard être scientifique et que tu prends L, ça va coincer. L, c'est littérature, je ne sais pas si ça s'appelle toujours comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, je crois qu'on est trop vieux, on le sait, on ne sait plus L. Donc,

  • Speaker #1

    si tu prends une filière littéraire et que plus tard, tu veux faire des sciences, tu ne seras pas admis en université dans la filière scientifique. Donc, comme je ne savais pas, on m'a envoyé, la CPE a insisté auprès de mes parents pour m'envoyer dans la filière scientifique parce que c'était la seule filière où tu peux tout te permettre après. Sauf que les sciences... Mon cerveau n'est pas paramétré pour ça. Donc, j'ai souffert en pensant que j'étais nulle, que je ne savais rien faire, qu'il n'y avait rien pour moi dans la vie, en fait. Parce que quand tout le monde a des bonnes notes sans forcer, des 14, des 16, et que toi, dans les contrôles, tu te retrouves avec des notes qui n'ont rien à voir, qui sont à l'opposé, tu ne comprends rien pendant les leçons, tu ne retiens rien. T'as beau réviser avec les meilleurs de la classe, y'a rien qui en ressort. Tu te dis mais ta vie est foutue en fait, parce qu'on te fait croire que c'est le bac qui te donne la clé.

  • Speaker #0

    Pour la suite, effectivement. C'est le bac. T'as l'impression que si t'as pas le bac, tu vas jamais réussir quelque chose dans ta vie.

  • Speaker #1

    Et surtout là-bas, en Guyane, aux Antilles, où on nous fait croire que quand t'as le bac, finalement, c'est une porte ouverte vers l'extérieur parce que tu peux partir à l'université.

  • Speaker #0

    Faire tes études à l'étranger.

  • Speaker #1

    Ailleurs, tu peux t'ouvrir sur le monde. Tu as plus d'opportunités que si tu restes au pays où, je suis obligée de le dire, mais en tant que colonisé, on nous ferme les portes de beaucoup de choses. Donc finalement, pour se libérer de cette cage sous laquelle on est, il faut avoir ce bac, pour avoir une chance de partir, d'avoir son billet d'avion payé par des subventions ou autre. Donc le bac, c'est le sésame. Et puis en fait, j'ai appris plus tard qu'en fait, pas du tout. J'étais pas nulle. J'étais pas moins intelligente.

  • Speaker #0

    Non, c'est vrai, le système éducatif français tel qu'on le connaît, il est très clivant et il te met dans des cases très vite. Et après, il te met dans des cases très vite et en même temps, il te demande très vite de prendre une décision d'orientation pour le reste de ta vie, comme si c'est le moment là tout de suite. Si tu fais l'erreur, ta vie, elle est foutue. Et est-ce que quand tu es dans ces années collège, lycée, est-ce que tu as déjà une curiosité ? Envers le continent. Est-ce que tu... Alors... C'est ça, c'est intéressant comme question, je pense.

  • Speaker #1

    C'est très ambivalent parce que ma mère, elle est née au Sénégal, à Saint-Louis. Et elle m'a toujours parlé de l'Afrique dans des termes positifs. Vraiment. Même elle avait des livres, en fait, qui nous montraient l'Afrique.

  • Speaker #0

    Mais elle est née, elle est restée longtemps ? Elle a des souvenirs ?

  • Speaker #1

    Elle est née au Sénégal, mais elle est partie du Sénégal petite pour grandir au Burkina Faso. Wow ! elle a grandi au Burkina Faso et ce n'est que plus tard qu'elle est partie en France finalement et qu'ensuite elle est rentrée en Guyane avec moi intéressant elle se sent plus africaine d'ailleurs que guyanaise parce que c'est vraiment les premiers souvenirs de vie sont en Afrique elle s'est construite et puis tu

  • Speaker #0

    vas dans un pays qui est quand même le Burkina qui est un pays très fort d'histoire de par les prises de position de Thomas Sankara et tout donc ça... C'est un pays fort qui te marque, j'imagine. D'autant plus à ces époques-là.

  • Speaker #1

    Surtout qu'elle a grandi dans quelque chose d'authentique. Ce n'était pas encore transformé, occidentalisé. Donc, elle a beaucoup connu l'Afrique traditionnelle. Et elle est beaucoup revenue aussi en vacances quand elle était installée ailleurs. Donc, elle a continué, elle a gardé ce lien avec l'Afrique.

  • Speaker #0

    Donc, toi,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et elle l'a transmise.

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc, toi, tu as ta mère qui déjà te transmet. un petit peu cet amour du continent parce qu'elle te raconte ce qu'elle a vécu elle te raconte ses voyages

  • Speaker #1

    de sa jeunesse, de ses voyages, mais également les livres. Et puis, elle me parle déjà de certaines personnes. Sankara, c'est un nom avec lequel j'ai grandi. Donc, il y a ce lien qu'elle a. Mais moi, ça ne me parle pas.

  • Speaker #0

    C'est ça que je voulais te demander. Est-ce que tu, quand elle t'en parle, tu as une curiosité ? Ou bon, oui, c'est les histoires de maman.

  • Speaker #1

    Dès la primaire, moi, j'ai un nom sénégalais, j'ai un nom africain. Mon nom entier, c'est Safiatou.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, à la rentrée scolaire, à chaque rentrée scolaire, on dit ça.

  • Speaker #0

    Fais l'appel.

  • Speaker #1

    À l'africaine ! Et à cette époque,

  • Speaker #0

    c'était une insulte. Oui, oui.

  • Speaker #1

    En Guyane, aux Antilles, c'était une insulte de se faire traiter d'Africain. C'est comme si on t'a dit que t'es pauvre, t'es rempli de maladies, tu fais peur, t'es moche. En fait, l'Afrique était complètement incarcée.

  • Speaker #0

    Des peintres d'une mauvaise manière.

  • Speaker #1

    Dans la négativité, dans la laideur et dans l'échec. Donc, c'était rattaché à ça. Et du coup... Non, je voulais au contraire me séparer le plus possible de tout ce qui était Afrique. Et du coup, non, je n'étais pas du tout attirée, j'étais repoussée. Il n'était pas question même de seulement voyager là-bas. Pour moi, c'est des cases, de la poussière, ça pue, il y a des maladies, il y a des gens pauvres, la famine. Qu'est-ce que je vais aller en vacances là-bas ?

  • Speaker #0

    C'est incroyable la vie. T'imagines si cette petite Safia la savait aujourd'hui, tout ce que tu fais et tout, elle dirait non, c'est pas possible.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Donc, tu as tes premières... C'est ça. Donc, en gros, tu as tes premières informations, tu as tes premières images via ta mère, mais sans plus d'intérêt. Tu arrives donc au lycée, tu t'orientes première S, tu finis ton bac en terminale S ou tu te ré-re...

  • Speaker #1

    Non, non, moi, j'ai continué très longtemps. Même à l'université, j'ai fait des études scientifiques. Ah oui, oui,

  • Speaker #0

    oui. Alors ça, tu vois, c'est intéressant parce que ça veut dire que malgré le fait que tu te sentais entre guillemets en difficulté dans ce cursus, tu as toujours quand même été une battante. Tu t'es battue parce que tu as réussi quand même à passer les classes.

  • Speaker #1

    Oui, mais ça, c'est très mal fini. Pourquoi ? Parce que quand tu forces un carré à rentrer dans un rond ou un triangle à rentrer dans un carré, mais au bout d'un moment, ça casse. Si tu veux vraiment forcer.

  • Speaker #0

    Mais tu sais où je dis que t'as été forte ? C'est que t'as quand même réussi à passer, à avoir le bac et tout. Pourquoi je dis que t'as été forte ? Parce que moi, j'ai vécu ce que t'as vécu. Quand je dis que j'ai vécu ce que t'as vécu, c'est-à-dire que mon père est prof de maths. Et comme tu dis, à un moment, la série scientifique, c'était vu comme c'est la série qu'il faut faire. Si ton enfant n'est pas en série scientifique, vas-y, tu vois. ES encore, ça va, mais L, non. Tu ne le vois jamais. Mes parents m'ont forcé à faire une première S, alors que je ne voulais pas du tout. Mais pas du tout. J'étais... bons en maths parce que j'avais un prof de maths à la maison. En physique, j'ai été éclaté au sol, mais je pense que je n'avais pas les bons professeurs qui ne m'ont pas intéressé. Donc moi, j'ai fait une première S, je l'ai redoublée. C'est une des raisons aussi pourquoi on arrive en Guyane, parce qu'on était encore en France avant. Et mes parents veulent me sortir un petit peu de cet engrenage-là. Parce qu'eux, ils pensent que c'est à cause de mon entourage, ils pensent que c'est à cause de où on est, je ne suis pas concentré à l'école et que je ne fais pas une bonne année scolaire, que non, il faut qu'on sorte Olivier Delas, naninana. C'est comme ça aussi qu'on arrive en Guyane, tu vois. Et quand j'arrive en Guyane, je redouble et je fais une première ES. Et là, tout se passe nickel.

  • Speaker #1

    Mais c'est toi la vraie force. Parce que la vraie force, c'est de rester qui tu es. Moi, j'ai cédé. J'ai cédé et j'ai été jusqu'à un point critique. J'ai cédé, je n'ai pas vécu ma vraie vie pendant des années. Tandis que toi, très rapidement, tu as eu cette force de te dire ce n'est pas pour moi, je ne rentre pas dans le moule et donc je redouble et c'est un cri d'alarme et il faut me mettre ailleurs. Et finalement, tu as forcé tes parents à admettre que ça ne te correspondait pas et à te mettre là où ça te correspondait mieux. C'est toi la vraie force.

  • Speaker #0

    En fait, je pense que chacun en a une force. Toi, tu as une force dans la résilience. Moi, j'ai une force dans... Non, je ne veux pas le faire et je ne le ferai pas. Tu vois ? Donc, on a chacun sa force de son côté. Donc, tu as ton bac et tu vas où après ton bac, alors ?

  • Speaker #1

    Donc, après mon bac, trop contente. Ouais, je quitte la Guyane, c'est bon, je pars. Parce que tu sais, le truc, c'est qu'en Guyane, comme aux Antilles, je parle beaucoup des Antilles aussi, parce qu'on est très proche au niveau histoire, culture et contexte, contexte social. Aux Antilles et en Guyane, à mon époque, en tout cas... Quand tu avais ton bac, tu voyais tous tes cousins, les grands frères, même les oncles, les tantes, tout le monde était parti. Tous ceux qui ont réussi dans la vie, qui ont eu des études, des diplômes, des carrières, ils sont partis étudier. ailleurs. Donc, quand enfin toi, c'est ton tour, tu te dis ça y est,

  • Speaker #0

    tu vas... Ma vie commence.

  • Speaker #1

    Tu pars, t'es content.

  • Speaker #0

    Tu peux me le faire, s'il te plaît ? Fais-le-moi, s'il te plaît. Générique.

  • Speaker #1

    Générique.

  • Speaker #0

    Non, non, tu l'as pas bien fait. Voilà, tu vois, c'est ça.

  • Speaker #1

    Générique. Là, c'est pas l'heure, ça sort pas. Mais en tout cas, je suis partie et j'ai découvert le froid, l'hiver, parce que moi...

  • Speaker #0

    Tu pars dans quelle ville ?

  • Speaker #1

    Alors Lyon.

  • Speaker #0

    Team Lyon. Mais pourquoi ils sont à Lyon ? Mon père est Lyon. Fais attention à ce que tu vas dire sur la ville. Non,

  • Speaker #1

    j'ai adoré. Je me suis toujours dit, mais si j'étais à Paris, je n'aurais pas survécu.

  • Speaker #0

    Ville froide. Tu es à Paris ? Moi, j'ai quitté la Guyane. Moi, je suis resté en Guyane. Je suis allé à Toulouse.

  • Speaker #1

    Encore ? Tu es resté en Guyane ?

  • Speaker #0

    C'est ça, je suis resté en Guyane. Moi, je suis allé à Toulouse. Parce que tous mes gars de Guyane, ils allaient à Toulouse. En plus, on disait Toulouse, il ne fait pas trop froid. Non, moi,

  • Speaker #1

    j'ai découvert l'hiver. Parce que quand j'ai été en vacances, en France, voir de la famille.

  • Speaker #0

    C'était toujours l'été,

  • Speaker #1

    les grandes vacances, tu vois. Là, là, je suis arrivée fin août pour une rentrée en septembre. Je n'ai pas compris ce qui m'est arrivé en octobre, en fait. Tu vois, en septembre,

  • Speaker #0

    tu fais la maline.

  • Speaker #1

    J'ai fait la maline avec des petits morts, des petits french, tu vois. Octobre est arrivé, là. Et yeah ! Je n'étais pas prête. Je n'étais pas prête. Personne ne m'avait expliqué. C'est quoi l'hiver, les degrés qui… Je n'ai pas compris. Donc, j'ai… Je me suis fait gifler le premier hiver, je me suis fait gifler par le froid. Et je n'ai jamais aimé le froid. Et en fait, ça a été une catastrophe.

  • Speaker #0

    Mais tu t'es inscrite à quoi ? À la fac à Lyon ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis inscrite en première année de biologie. Non, ce n'était pas tout de suite. Je voulais faire orthophoniste. Donc, j'ai fait une année de prépa.

  • Speaker #0

    Oh là là, j'ai peur. Comment tu rigoles ?

  • Speaker #1

    Une année de prépa catastrophique parce que là, non là. Là, vraiment, j'étais au bout du bout de ce que je pouvais supporter dans le fait d'être forcée dans un truc qui ne me correspond pas. Donc la prépa, je n'y croyais pas. Ça ne me correspondait pas du tout les cours qu'on faisait. Et j'ai quand même été au concours d'orthophonie. Et le matin, c'était sur deux jours, avec quatre sessions. Une session le matin, une session l'après-midi. Le lendemain, pareil. J'étais à la session du matin le premier jour. Je ne suis jamais retournée. Je ne suis jamais retournée. Quand j'ai vu la feuille, j'ai vu le type de questions qui n'avaient rien à voir avec le métier. C'est même pas de la culture générale, c'était vraiment des choses... Tu peux pas... Même une pré... Je me suis dit, mais attends, j'ai payé une pré... Mes parents ont payé une prépa, ça m'a pas préparé. Les trucs qui étaient dedans, c'était débile, c'était nul et c'était imprévisible. Donc je me suis dit, j'aurai pas ce concours avec ce genre de questions. Je me suis levée, mes autres camarades qui étaient en prépa avec moi m'ont regardé, mais qu'est-ce qu'elle fait ? J'ai déposé ma feuille. La dame m'a dit vous êtes sûre parce que si vous quittez la salle c'est terminé. J'ai dit je suis pas sûre mais c'est terminé en tout cas. Je suis sortie donc j'ai rendu, là je me suis dit je retourne pas l'après-midi, c'est mort, c'est fini. Et je me rappelle que j'ai été faire du shopping avec un argent qui n'était pas à moi, c'était mes parents qui m'ont envoyé de l'argent. Je sais pas pourquoi, j'ai été faire du shopping, j'ai été m'offrir un vêtement et tout. Et au sortir du shopping j'ai appelé ma maman parce qu'à l'époque bon... C'est pas les téléphones comme maintenant où tu appelles en illimité et tout, quand t'appelles en Guyane.

  • Speaker #0

    Y'a pas WhatsApp.

  • Speaker #1

    C'est gratuit. T'avais des unités, ça filait vite. Surtout que quand tu appelles en Guyane, c'était pas considéré comme la France. C'est pas comme si t'appelais à l'étranger. Bref. Donc j'appelle ma mère, je lui annonce que j'y retourne pas. Ça passe pas, l'info passe pas. Parce qu'eux, ils ont payé une prépa. Bien sûr. Donc déjà, il y a eu cette année-là. Je leur ai dit non, mais il faut juste que je me réoriente. C'était pas le bon. Je me réoriente en biologie. d'accord pire ouais là je finis pas le premier semestre ok parce que ben voilà 2, 4 en physique chimie parce que c'est pas que de la biologie malheureusement c'est tout un set avec physique chimie et maths encore et là autant en biologie j'ai toujours été à l'aise c'est pour ça d'ailleurs que j'avais choisi j'avais d'ailleurs une excellente note au bac mais je suis plus là par un reste physique chimie non là c'était tout et là en fait ben là a commencé une dépression Une grosse, grosse, grosse dépression qui a continué. À l'époque, en plus, on était dans les années 2000,

  • Speaker #0

    on ne parlait pas de santé mentale d'aujourd'hui.

  • Speaker #1

    De santé mentale, de dépression. Ce n'était pas décomplexé, ce n'était pas vulgarisé. Et nous-mêmes, on ne savait pas les mots à mettre sur ce qu'on ressentait, comment on se sentait. Donc du coup, je suis partie dans une autre filière scientifique, les sciences cognitives. Donc après avoir laissé tomber la biologie, mes parents n'en pouvaient plus. Chaque année, c'était une autre. nouvelle première année, il fallait payer. Il payait mon logement. Quoique non, non, non, non. Après...

  • Speaker #0

    La deuxième année ?

  • Speaker #1

    Après avoir laissé tomber l'orthophonie, j'ai pris un emploi. J'avais oublié ça.

  • Speaker #0

    C'était quoi ton premier boulot ? Dans un fast-food.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Dans un fast-food, équipière polyvalente, nettoyer les tables, vendre les sandwiches, nettoyer les WC.

  • Speaker #0

    Tu sais, je te dis, c'était quoi mon premier boulot ?

  • Speaker #1

    C'était quoi ?

  • Speaker #0

    Tu te rappelles à Cayenne, il y avait un magasin de CD qui marchait grave. Nuggets. Exactement.

  • Speaker #1

    T'as travaillé Nuggets ?

  • Speaker #0

    J'ai travaillé là-bas, je vendais des CD. Mon premier boulot.

  • Speaker #1

    des musiques en exclusivité.

  • Speaker #0

    Ouais, les riddim dancehall, j'ai découvert... Il y a un riddim de Juice Riddim.

  • Speaker #1

    C'est là-bas que je l'ai découvert.

  • Speaker #0

    C'était mon premier boulot. Mais bon, bref, oui, donc...

  • Speaker #1

    On n'a clairement pas eu la...

  • Speaker #0

    Tu m'as ramené loin, là.

  • Speaker #1

    De l'entrée dans la vie active, parce que... Laisse tomber.

  • Speaker #0

    Donc tu trouves un petit boulot pour, finalement, pouvoir payer des choses et libérer un peu les parents du poids de...

  • Speaker #1

    Ah ouais, parce que mes parents m'ont dit, ok, mais il faut assumer jusqu'au bout. T'as laissé tomber. Bref. Donc du coup, j'ai commencé à travailler, à me prendre en charge totalement. C'est vrai, oui. Donc biologie, j'étais déjà à mon compte. Enfin, à mon compte, je travaillais, je ramenais mes sous. Et sciences cognitives aussi, je travaillais en même temps.

  • Speaker #0

    Que tu faisais des cours.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Mais pareil, sciences cognitives, tu t'accroches pas.

  • Speaker #1

    Ah non, c'était une catastrophe. Les deux premières années de licence, je suis passée à chaque fois au rare. 10,60 ou tu vois, des 10 virgules, des trucs. J'étais à deux doigts du rattrapage. La troisième année, c'est pas passé. Le dernier semestre, j'ai eu le premier semestre. Le dernier semestre, j'ai eu une 9,64. Je m'en rappellerai toute ma vie. 9,64, je me suis dit. Et je suis passée en rattrapage. Et pareil, j'étais à la station de rattrapage le matin. Et en fait, je me suis dit, non, ça sert à rien. C'est pas ce que je veux faire. Même si j'ai la licence là, je vais rien faire avec ça. Et donc j'ai tourné le dos et là c'était le truc de trop pour mes parents. Ils m'ont dit mais attends, t'es en troisième année de licence, tu lâches ! Ah ouais, là ils n'ont pas appris la blague. Donc ça a été très difficile après. Donc du coup j'ai fait une grosse dépression. Et ça a participé aussi à une tentative de suicide. Parce que j'étais tellement pas alignée que j'avais perdu le goût de tout. Ma vie n'avait pas de sens.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu étais quand même à Lyon entourée ? Tu avais quand même des gens ?

  • Speaker #1

    Ah non, j'étais seule. Je me rappelle que ma petite sœur venait en études. Je crois qu'elle était déjà en études. Et où elle venait, elle arrivait. En tout cas, ce que je me rappelle, c'est que j'étais seule dans mon appartement. Je n'avais pas beaucoup d'amis. Et ce n'était que les collègues de travail, en fait. Des camarades de classe, mais je ne sympathisais avec personne. Quand j'ai fait ça, c'était avant que ma sœur n'arrive, parce que je voulais pas qu'elle trouve mon corps. Elle était pas encore arrivée en France, en fait. Je suis arrivée en France avant elle. Et donc, bon bref, en tout cas, bon, les ancêtres m'ont gardée, ils savent pourquoi. Mais en tout cas, j'étais pas du tout alignée. Et le fait de forcer, forcer, forcer, franchement, je le dis, s'il y a des parents qui regardent, s'il vous plaît, soyez attentifs aux aspirations, aux compétences, aux facultés de vos enfants. Parce que si l'enfant vous dit c'est pas ça, c'est pas pour lui je vous jure, des fois c'est une question de vie ou de mort, il ne faut pas insister.

  • Speaker #0

    Waouh, tu vois, c'est pour ça que pour moi c'est important de discuter avec toi, parce que tu vois, finalement on se connaît, et je ne savais pas que tu avais vécu ça, tu vois. Je ne savais pas que tu étais passé par là et tout, et qu'est-ce qui te... Qu'est-ce qui te rebooste après ça ? Qu'est-ce qui te remotive après ça ? Ah, c'est pas venu tout de suite. C'est ça. Combien de temps tu mets à sortir de cette dépression, déjà ? Déjà, à quel moment tu... Est-ce que c'est aujourd'hui que tu comprends que c'était une dépression ou est-ce que... Ah,

  • Speaker #1

    c'est après,

  • Speaker #0

    ouais. Très rapidement, sur le moment, tu comprends que c'est une dépression. Non, tu le comprends pas sur le moment.

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    Tu vois ?

  • Speaker #1

    Sur le moment, moi, ce que je comprends, c'est que...

  • Speaker #0

    Si tu veux pas en parler, on en parle pas. Ça fait un... Respire. Aujourd'hui, regarde où tu es. Regarde où tu es aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Non, mais je vais témoigner pour les jeunes parce que je te jure, il y a beaucoup de jeunes qui sont seuls.

  • Speaker #0

    D'abord, respire. Si tu veux bien témoigner, il faut que tu prennes le temps de bien l'expliquer. D'accord ? Aujourd'hui, regarde. Regarde-moi, Safia. Aujourd'hui, regarde où tu es. Regarde où tu es aujourd'hui. Regarde tout ce que tu as surmonté. Regarde tout ce que tu as fait. Je comprends que ça doit être dur de t'ouvrir sur ça aujourd'hui. Prends le temps de respirer, prends le temps de te calmer, si tu veux aider ces jeunes. Si tu veux leur donner les bons mots, tout, respire, calme-toi. Et si tu veux mettre des mots sur ça, tu les mets. Si tu veux qu'on passe à autre chose, on passera à autre chose.

  • Speaker #1

    Non, je vais mettre les mots parce que c'est utile. En fait, moi, sur le moment, et pendant de longues années, j'ai cru que j'étais faible. Parce qu'à cette époque-là, c'était le message qui était renvoyé, même par les équipes médicales qui prennent en charge, culpabilisent beaucoup. Et moi, je me suis retrouvée hospitalisée. Parce qu'on m'a sauvée de justesse.

  • Speaker #0

    En fait, tu veux dire que les services médicaux, au lieu de t'accompagner à ce moment-là, voulaient encore te remettre la faute sur toi et te dire que c'est toi qui ne sais pas...

  • Speaker #1

    Je ne vais pas généraliser, mais je suis tombée sur du personnel qui, effectivement, n'avait pas la psychologie, la pédagogie et même, je dirais, la bienveillance. Donc, les premiers mots que j'ai entendus...

  • Speaker #0

    Au lieu de te rééquilibrer ton... Oui,

  • Speaker #1

    ça m'a beaucoup fait croire que j'étais faible. que j'étais ingrate parce que moi, je vis et que d'autres partent, tu vois, par des accidents ou autre, d'autres, leur vie est arrachée. Moi, j'ai une vie, je la gaspille. Enfin, voilà.

  • Speaker #0

    C'est pas ce que tu avais besoin d'entendre à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Déjà, je pense que ça se dit même pas à aucun moment parce que chacun gère sa souffrance à sa manière. Et moi, j'avais différentes souffrances. Et celle de ne pas avoir de sens dans ma vie, c'était... C'était une de plus, une de trop, mais il y avait d'autres souffrances familiales et autres. Et du coup...

  • Speaker #0

    Tout ça a cumulé.

  • Speaker #1

    Moi, sur le banc, j'ai cru que j'étais faible, que j'étais insignifiante. C'était pire, quoi. De m'être ratée, c'était pire. En fait, j'ai surtout regretté de m'être ratée. Donc...

  • Speaker #0

    Un moment très dur. Un moment très dur. Et tu dirais que ça dure combien de temps, ce moment-là ? Un an ? Un an et demi ?

  • Speaker #1

    Ça a duré plus longtemps. Je ne me suis pas sentie pas bien dans ma vie, dans ma peau, pendant longtemps. Ce qui m'a fait rencontrer des personnes toxiques, parce que quand on est fragile, vulnérable, on est une proie pour les prédateurs qui reniflent au loin cette fragilité. et qui s'en nourrissent, tu vois. Donc je suis tombée sur des personnes, que ce soit des amis, que ce soit mon petit ami de l'époque, sur des personnes qui m'ont vampirisé. Le peu qui restait, ils l'ont vampirisé. Donc c'est trois...

  • Speaker #0

    Et puis j'imagine que, comme tu l'as dit tout à l'heure, aujourd'hui on est dans des générations où on met des mots sur ça, on donne la parole à ça. Je ne veux pas défendre les parents à l'époque, mais en plus déjà, tu es loin, tu es à distance. Et pour les parents, pour comprendre le mal-être que tu vis à ce moment-là, sachant qu'ils eux-mêmes n'ont pas grandi avec ces codes de mettre des mots sur ça, on te dit juste, vas-y, arrête, travaille, fais tes trucs. Donc ça doit être très dur, effectivement. Ça doit être très dur à vivre. Et bon, voilà.

  • Speaker #1

    parce que eux mes parents ont souffert énormément énormément en fait je pense qu'on réalise pas que nos parents ont souffert ah bah oui parce que de toute façon quand on est parent et que notre enfant il va pas bien on culpabilise on se dit on a une part de responsabilité et quand en plus notre enfant fait ça va jusque là on se dit qu'on a failli on a failli on a pas vu le truc donc mes parents ont beaucoup souffert de ça et ils ont je pense traîné une peur que je commence pendant longtemps mais on va aller dans le positif qu'est-ce qui te fait sortir de ça ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te redonne ce goût ?

  • Speaker #1

    J'ai séjourné au Jamaïque. C'était un rêve pour moi.

  • Speaker #0

    Merci la Jamaïque ! Merci à eux ! Vous avez redonné le sourire à sa fière. Merci à eux ! Merci ! Je t'ai obligé.

  • Speaker #1

    La Jamaïque m'a repêchée. Parce que déjà, c'était un rêve. J'ai toujours été fan de Den Sol. C'est la première fois que j'en ai entendu. très très jeune en Guyane et ça aussi, c'est une des richesses de la Guyane.

  • Speaker #0

    Moi, je remercie la Guyane pour ça. J'ai découvert la dentole en Guyane. Ceux qui me connaissent savent qu'aujourd'hui, je suis piqué à mort. Gaza, mais c'est...

  • Speaker #1

    Donc voilà, depuis petite, je rêvais d'aller sur la terre de Biniman, de Bounty Killer, de General Degree. J'ai vraiment grandi avec certains personnages.

  • Speaker #0

    Et tu pars en quelle année ?

  • Speaker #1

    En 2010 ou 2011.

  • Speaker #0

    11.

  • Speaker #1

    Donc je pars là-bas et ce qui est drôle, c'est que j'avais essayé de partir en vacances plusieurs fois, ça avait échoué et là je suis partie pour un échange universitaire. C'était prévu que ce soit quatre mois, je crois.

  • Speaker #0

    T'as fait quatre mois là-bas ?

  • Speaker #1

    Ben non, j'ai fait neuf mois parce que... Bon,

  • Speaker #0

    mon beau glade !

  • Speaker #1

    J'ai fait mon semestre et après j'ai trouvé un emploi, enfin l'emploi m'a trouvé et j'ai pu prolonger mon visa et rester un peu plus longtemps.

  • Speaker #0

    Je suis jaloux de toi, très très très jaloux.

  • Speaker #1

    À travailler chez Nuggets, on est quitte.

  • Speaker #0

    Non, on n'est pas quitte. Là, tu as vécu un de mes rêves. Moi, j'ai eu la chance d'y aller, mais je n'estime pas que j'y suis allé. Parce que j'y suis allé en vacances, quand j'habitais au Canada. J'y suis allé une semaine. Je suis allé et j'ai été déçu. Ah ouais ? Parce qu'en fait, c'était mon ex de l'époque qui m'avait amené là-bas pour me faire plaisir. Sauf qu'on a fait une semaine en resort. Ah ouais,

  • Speaker #1

    non, d'accord.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas du tout la Jamaïque que je voulais vivre. Tu vois, je me rappelle d'une anecdote. Un jour, je suis parti faire du jet ski. Et tu avais des animateurs du jet ski. C'était que des gars, des jeunes. Ils devaient avoir 20, 25 ans et tout. Ils écoutaient la radio. Tous les sons d'Handsoul qui passaient, ils voient que je les connaissais. Tous les sons d'Handsoul qui passent à la radio, ils voient que je les connais. Et ils me disent, en anglais, tu vois, t'aimes ça, t'écoutes ça. Je dis, mais j'écoute que ça. Ils me disent, ah ouais, mais si tu veux, on peut te sortir. On peut t'amener dans une soirée et tout et tout. Et tu sais, malheureusement, avec le storytelling qu'on te raconte sur la Jamaïque, j'avais envie d'y aller. Mais après, je me suis dit, attends, mais toi, t'es un touriste, t'es un vacancier. Ça se trouve, les mecs, ils t'ont déjà calculé qu'après, quand ils vont t'amener, ils vont te... Et je ne suis pas allé. Et si c'est à refaire, en tout cas, j'espère y retourner un jour, mais si je retourne, j'irai chez l'habitant. Parce que je veux vivre la vraie Jamaïque, aller dans des vraies soirées, aller dans des vrais endroits. Et moi, c'est ça que je regrette aujourd'hui. J'ai vu de belles choses là-bas, mais je n'ai pas vécu la Jamaïque comme j'aimerais la vivre. Donc, quand toi, tu me dis que tu as fait neuf mois là-bas, oh là, tu as dû vivre des dingueries.

  • Speaker #1

    Complètement. Des trucs de dingue. Surtout que j'ai été à l'époque où Usain Bolt était au Jeux de la

  • Speaker #0

    Marseille. Oh là là !

  • Speaker #1

    Il gagnait toutes les médailles, il pétait tous les records. Et c'était l'ami d'un de mes meilleurs amis là-bas. Je le voyais tout le temps.

  • Speaker #0

    Tu veux que j'arrête ? Tu veux que j'arrête le podcast ici ? Tu veux qu'on se dépêche ? On était amis avant que ce podcast ne commence.

  • Speaker #1

    Maintenant, Usain Bolt, même les jeunes ne connaissent plus peut-être.

  • Speaker #0

    Il fait la pub pour des trucs de machines à laver. Je ne sais pas si tu as vu, il y a cette pub qui passe en ce moment à la télé. Il fait des pubs de lessive. Mais bon, bref.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'était la belle époque pour lui. Non seulement j'ai rencontré toutes les stars que je rêvais de rencontrer dans mon enfance.

  • Speaker #0

    Elle fait exprès. Je vous le dirai, elle fait exprès.

  • Speaker #1

    Mais en tout cas... Bon, je vais écouter, mais la Jamaïque, ça a été l'étincelle pour justement ce que tu dis, le storytelling. Quand j'ai vécu là-bas, et que j'ai vécu... En fait, j'ai pas retrouvé la Jamaïque. On te vend. On faisait peur avec les trafiquants, l'insécurité.

  • Speaker #0

    Les gangs.

  • Speaker #1

    Tu te bats juste en marchant dans la rue, tu te fais des balles. Non mais tous les sites avec lesquels j'ai grandi en Jamaïque, ils se tirent dans la rue comme ça. entre gangs et puis voilà quoi.

  • Speaker #0

    Que des gars drogués partout.

  • Speaker #1

    Et finalement, j'ai trouvé qu'il n'y avait pas tant de personnes avec des locks là-bas finalement, parce que moi, j'en portais déjà. Et déjà, je sortais du lot quand j'allais quelque part parce que tout, enfin, c'était pas si courant que ça. Donc, quand j'ai vu ça, je me suis dit Ah ouais, en fait, il y a un vrai décalage.

  • Speaker #0

    On se fait laver le cerveau.

  • Speaker #1

    Et ce qu'on peut vivre sur place. Et là, je crois qu'il y a une étincelle qui s'est allumée et j'ai commencé à comprendre qu'en fait... Mais peut-être qu'il y a d'autres endroits dans le monde où c'est comme ça, tu vois, Haïti, les pays africains. Donc, je pense que là, j'ai commencé à...

  • Speaker #0

    Et quand tu pars en Jamaïque, est-ce que tu as déjà des réseaux ? Je veux dire, tu as déjà une page Instagram ? Est-ce qu'il y a déjà Instagram ? Non,

  • Speaker #1

    il n'y a pas Instagram, ça c'est sûr, parce que j'ai eu Instagram en...

  • Speaker #0

    Donc, tu ne...

  • Speaker #1

    Dans mon smartphone.

  • Speaker #0

    Ok, donc tu ne documentes pas. C'est vraiment, tu vis ton expérience pour toi à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Ce qui est drôle, c'est que j'ai été avant-gardiste parce que... Partout où j'ai été depuis très tôt, j'ai toujours acheté des petits appareils photos. Parce qu'à l'époque, les téléphones ne faisaient que téléphoner ou envoyer des messages. Et les appareils photos étaient à part, c'était séparé. Donc à chaque fois, j'achetais un appareil photo. Alors au départ, quand j'étais très jeune, c'était des pellicules.

  • Speaker #0

    Oui, jetables.

  • Speaker #1

    Qu'on devait emmener dans un magasin, faire développer, attendre des fois une semaine.

  • Speaker #0

    Une semaine, je te jure. Tu ne sais même pas si la photo est nette.

  • Speaker #1

    Tu avais raté la photo. Bref. Mais là, c'était l'époque des cartes mémoires.

  • Speaker #0

    Numériques,

  • Speaker #1

    ouais. Je prenais des photos et je sortais les photos, je les mettais... Je ne sais plus comment je faisais, mais je pense que sur des ordinateurs fixes, je transférais sur ordinateur, puis sur un disque dur, enfin bref. Sauf que malheureusement, ces disques durs, avec le temps, ils n'ont pas survécu. Mais j'avais documenté. J'ai été dans toutes les soirées où tu voulais aller. Tous les passe-à-passe, les... Désolée, Olivier. Mais j'ai documenté. J'ai des vidéos où je suis à côté de Sean Paul. Franchement, j'ai vécu... Là-bas, je n'ai pas les mots. Je n'aurais jamais pensé dans ma vie. Je n'en demandais pas tant. Je voulais juste faire 10 jours en Jamaïque.

  • Speaker #0

    Tu voulais faire 10 jours et tu fais 9 mois.

  • Speaker #1

    Neuf mois où j'ai vraiment fait le tour, c'est-à-dire les personnes très riches, les personnes très pauvres, les personnes au milieu, travailler là-bas, étudier là-bas, s'amuser là-bas. J'ai tout fait. En neuf mois, j'ai fait... Là, je le dis vraiment en toute humilité, c'est-à-dire que même les Jamaïcains m'ont dit mais en fait, tu as fait plus de choses que nous en toute humilité.

  • Speaker #0

    Oui, parce que souvent, quand tu nais quelque part... Et que tu te rendis quelque part.

  • Speaker #1

    Moi, je savais que mon temps était compté là.

  • Speaker #0

    Tu te dis, ça, j'irai plus tard. Et finalement, tu y vas jamais. Exactement. Ça, je découvrirai plus tard et tu y vas jamais. Donc, quand tu fais ces neuf mois-là, tu ressors plus forte, tu ressors boostée. Tu fais quoi après ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai appris deux choses en Jamaïque. La première, c'est qu'il ne faut pas se fier à ce que racontent les médias. La deuxième, c'est entreprendre. Mais je ne savais pas. C'était juste une graine qui avait été plantée.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    La graine de... Je peux faire moi-même ce que je ne trouve pas là et que j'aimerais qu'il soit fait. Je peux le faire moi-même. Et surtout, je peux faire des choses différentes. Tu vois, parce que dans l'état d'esprit français, comme tu as dit, on te sectorise. Toi, c'est les sciences. Toi, c'est la littérature. Toi, tu es un artiste. Toi, tu es un sportif. Mais là-bas, j'ai compris qu'en fait, non, tu peux faire de la biologie et en même temps être un sportif de haut niveau. Tu peux être psychologue et en même temps mannequin pour des maillots de bain. Tu vois, les gens se permettaient de faire ce qu'ils veulent et ce qu'ils savent faire. Si ça fait plusieurs choses, ils utilisent toutes leurs compétences. Et ça, je l'ai retenu. Aujourd'hui, je l'applique longtemps après. Mais ça a été des graines, deux graines qui ont germé par la suite. Celle de l'entrepreneuriat et de pouvoir être multitâche. Et celle de ne pas me fier aux médias et de peut-être aller voir la version sur place, la vraie version.

  • Speaker #0

    Donc, tu quittes la Jamaïque après neuf mois. Voilà. Est-ce que tu retournes en France ?

  • Speaker #1

    Non, alors je n'étais pas en France avant la Jamaïque, j'étais en Martinique. D'accord. Donc, je retourne en Martinique, terminer mon master. Oui. Et voilà, après je rentre en Guyane.

  • Speaker #0

    Oui, tu rentres en Guyane.

  • Speaker #1

    Parce que là, alors... Là, c'était un master d'anglais. Alors ça, c'était après ma dépression. OK. Avant la Jamaïque, j'étais toujours en dépression, toujours fragile et tout. La Jamaïque m'a vraiment redressée. Même au niveau bien manger, pas de stress. Enfin, les gens là-bas, vraiment, ça m'a ravivée, tu vois. Et aussi, j'ai été coupée des personnes toxiques que j'avais.

  • Speaker #0

    Autour de toi à ce moment-là, oui.

  • Speaker #1

    Avant. Donc, ça m'a beaucoup fait du bien. Ça m'a régénérée. Et sortie de là... Quand j'ai terminé mon master, c'était un master d'anglais. D'où le fait que j'ai fait un voyage là-bas. Et je ne savais pas ce que je voulais faire avec ce master d'anglais. Donc j'ai un ami, si jamais il passe par là, coucou Marvin. Marvin me dit, écoute, en Guyane, ils ont besoin de profs. Donc viens, parce que le temps que tu trouves ce que tu veux faire, tu auras un salaire. Assurément, parce qu'ils ont besoin. effectivement je postule je suis prise tout de suite parce qu'ils ont tellement besoin qu'il n'y a même pas d'entretien tu peux renvoyer ton CV de maçon et lui donner des cours d'histoire géographie ils ont besoin ils prennent n'importe qui c'est n'importe quoi donc du coup ils m'ont pris pour master d'anglais et d'ailleurs j'ai pas fait de l'anglais tout de suite ils m'ont mis prof en secpa je faisais tout toutes les matières secpa en plus c'est pas comme si t'as eu les élèves les plus calmes voilà donc Donc, en fait, ça a été très bien pour moi de commencer par là. Parce que moi-même...

  • Speaker #0

    Attends, attends, attends. S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît. Parce que, attends, tu ne t'orientes pas pour être prof. Tu arrives prof. En plus, ce n'est pas pour enseigner l'anglais.

  • Speaker #1

    Non, mais c'était la catastrophe.

  • Speaker #0

    Juste, s'il te plaît, raconte-moi le premier jour.

  • Speaker #1

    Ah, c'était... Attends, mais parce que si je dois tout te raconter, on m'envoie à Grand Senti.

  • Speaker #0

    Est-ce que Grand Senti...

  • Speaker #1

    Sans livre, sans manuel. Grand Senti serait...

  • Speaker #0

    Est-ce que tu pourrais donner... Quelle comparaison tu pourrais donner grand senti pour les gens qui connaissent pas si tu devais dire une ville française ?

  • Speaker #1

    Ah mais non, ça n'existe pas. Non mais non. La Guyane n'a rien à voir avec la France. En aucun point. Donc de toute façon, il ne faut pas commencer à comparer. Nous, on est dans l'Amazonie.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça.

  • Speaker #1

    Donc déjà, au niveau environnement, ça n'a rien à voir. Il n'y a aucun environnement en France. qui est plongée au cœur d'une forêt dense et luxuriante avec...

  • Speaker #0

    Le seul moyen de se déplacer, c'est avec des...

  • Speaker #1

    Et puis enclavé, tu vois ? C'est-à-dire que quand tu as un avion, tant mieux, mais quand tu n'as pas d'avion, c'est 9 heures de pirogue. Des fois, deux jours si l'eau est trop basse.

  • Speaker #0

    Et donc, toi, tu arrives pour être enseignante là-bas.

  • Speaker #1

    Donc, on me catapulte là-bas où je n'ai jamais été. En fait, la Guyane, je dirais que c'est trois zones d'habitation. Il y a la zone est... avec la partie vers le Brésil. Je dirais la zone Est, donc les communes qui commencent à donner sur le Brésil. Donc, ils sont sur le fleuve qu'on partage avec le Brésil. La zone Ouest, avec le fleuve qu'on partage avec le Suriname. Donc, moi, c'était dans cette partie-là que j'étais. Et il y a la côte maritime où il y a les villes les plus connues. Cayenne. Moi, je n'ai jamais été plus loin que Saint-Laurent, qui est sur la partie Ouest. Mais c'est une ville qui est encore, tu vois...

  • Speaker #0

    T'es encore un peu côtier, ouais, voilà. T'es pas rentré au côté...

  • Speaker #1

    Là, tu peux y aller par la route. Mais yeah, quand tu commences à remonter le fleuve, qu'on partage avec le Suriname, et à partir dans la forêt, là, la plupart des Guyanais qui sont sur la côte, ils n'ont jamais été... 12 mois à cette époque-là, je n'avais jamais été. Donc je suis catapultée dans une autre dimension. Ça n'a rien à voir avec Cayenne-Courou, les pays que je connais, Rémi-Hermont-Joli, ça n'a rien à voir. Déjà, ils ont leur langue. Il faut savoir que les bouchinangais, ce sont des peuples qui ont résisté à l'esclavage en s'enfuyant des plantations et en recréant une vie totalement africaine. Non parasité par je ne sais pas quel apport occidental. Non, peut-être ils se sont laissés un peu influencer par certaines cultures amérindiennes, un petit peu. Il y a eu certainement des fusions, mais... ils sont restés authentiquement africains, dans tout. Donc ils ont leur langue, ils ont créé leur langue, qui est très basée sur l'Afrique. Donc quand j'arrive là-bas, il y a très peu de personnes qui parlent français, notamment les élèves. Et la première année, je crois que j'ai eu des sixièmes, cinquièmes, en cinq pas. J'ai des élèves qui ne me comprennent pas, que je ne comprends pas, je n'ai pas de manuel, parce que bien évidemment, comme on est loin de tout et que c'est très peu accessible, c'est très abandonné. Donc du coup, il y a... pas forcément tout le matériel scolaire. Et on me dit, vas-y, fais cours. On va faire histoire géo, maths, français, SVT, sport, yo !

  • Speaker #0

    T'es courageuse, hein ? T'as accepté ça !

  • Speaker #1

    Mais est-ce que t'as le choix ? Est-ce que tu sais ? Est-ce que tu sais ? C'est-à-dire que c'est quand tu es arrivé à Grand-Santi que t'as pris un avion, que t'as traversé au-dessus de la Guyane, toute l'Amazonie, t'es arrivé en avion avec toutes tes affaires. Et là, on te dit, en fait, ah bon, anglais ? Ah, mais ça, c'est pas ce qu'il y a écrit ici, hein ? Nous, on a prof de secte. pas, vous commencez demain. T'es pas formé, voilà. Donc, improvisation,

  • Speaker #0

    les gars,

  • Speaker #1

    premier temps. Mais, bon, je pense que j'ai un don pour raconter. Donc, du coup, au fur et à mesure, j'ai mis en place des cours qui les ont intéressés. Et en fait, quand tu commences aussi difficilement, tu peux que être, si c'est ta vocation de transmettre et d'enseigner, tu peux que être une excellente enseignante. Parce que t'as commencé par le feu.

  • Speaker #0

    Ouais. Ça, c'est le feu même ! Là,

  • Speaker #1

    c'est le feu, c'est la lave-char ! On t'a lâché dans la nature, c'est le cas de le dire. Et tu te débrouilles. Et j'ai fait classe, tu vois, à ces élèves. Déjà la première année, et puis la deuxième année, j'avais des petites choses de prêt. J'ai fabriqué des jeux, il n'y avait rien. Il n'y avait pas Internet. Il y avait deux ordinateurs post-fix dans la salle de prof. C'était pris d'assaut. Tu n'avais jamais accès aux ordinateurs. Il y avait toujours un prof qui en avait besoin. Donc, je n'avais pas accès à Internet.

  • Speaker #0

    Donc tu dois développer d'autres skills.

  • Speaker #1

    J'ai ramené des petites fiches de bristol, j'ai commencé à faire des choses un peu manuelles parce que ce sont des élèves qui sont forts parce qu'ils ne se laissent pas embrigader dans le moule qui ne leur correspond pas. Ce n'est pas leur façon de pouvoir apprendre. Ils n'acceptent pas d'apprendre comme ça. Et donc je me suis adaptée à eux. Donc moi, j'ai vraiment adoré. Déjà, j'aime beaucoup les enfants. qu'ils soient turbulents ou pas, donc j'ai beaucoup accroché avec eux. Et voilà, donc du coup, ça a été ma première expérience de prof.

  • Speaker #0

    Et tu fais combien de temps à Grand Sentier ?

  • Speaker #1

    Deux ans.

  • Speaker #0

    Deux ans. Et après, tu retournes sur Skyline ?

  • Speaker #1

    Je me déplace parce que aussi, quand je suis rentrée en Guyane pour devenir prof, j'avais pas de diplôme, j'ai pas passé de certification ou quoi. Donc du coup, je suis ce qu'on appelle contractuelle. Et les contractuelles, on te balade comme ça au gré des besoins. Oui. Malheureusement pour moi, ils ne m'ont pas gardé à grands sentiers. Je voulais rester, contrairement à d'autres qui ne veulent surtout pas aller là. Moi, je voulais rester. Ils m'ont catapultée dans une autre ville à Saint-Laurent, où j'ai fait un an et après ils m'ont encore changée. Pour me rapprocher cette fois des villes que je connaissais, notamment Rémire. Et je suis restée là des années.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc tu restes là-bas des années. Et je pense que c'est là où on arrive à ce qui fait que beaucoup aujourd'hui de gens te connaissent. Est-ce que c'est à cette période-là, finalement ? C'est à quel moment qu'arrive la création de contenu ? Parce que, si je ne dis pas de bêtises, pour moi, je pense que tu as... Deux phases dans la création de contenu. Il y a d'abord Safia Enjoy Life qui arrive, et après il y a Grandeur Noire qui arrive. Corrige-moi si je ne me trompe pas. Je te corrige. Vas-y.

  • Speaker #1

    C'est d'abord Grandeur Noire, mais les gens ne savent pas. Ah ouais ? Tu vois,

  • Speaker #0

    c'est marrant.

  • Speaker #1

    J'ai créé la page Grandeur Noire en juillet 2016. Wow,

  • Speaker #0

    2016 !

  • Speaker #1

    Ouais, j'ai créé cette page en juillet 2016.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Et j'ai commencé à faire des vidéos qui ont plu. et que les gens ont trouvé drôle en août 2016.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Et ce n'était pas fait pour être drôle.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'était pas fait exprès.

  • Speaker #1

    Et ce n'était pas fait pour buzzer, ce n'était pas fait pour... Tu vois, je ne m'y attendais pas du tout.

  • Speaker #0

    Ta première vidéo virale où tu réalises qu'il y a quelque chose qui se passe, c'était quoi ?

  • Speaker #1

    C'était sur les administrations, je me rappellerai toujours. Parce que j'étais sortie des impôts et je m'étais fait traiter comme une serpillère par la dame. Alors que je venais payer, donner mon argent durement gagné à un État qui me vole, qui me braque, et on me traite en plus comme ça ? Non, c'était trop. La dame m'a trop manqué de respect. Donc comme ça, tu devais... Sachant que quand tu vas aux impôts... Bon, déjà, on te fait attendre. Bon, bref, c'est déjà... Les administrations, quoi. Donc, tu souffres, mais tu peux rien dire parce que...

  • Speaker #0

    C'est malheureusement le système et t'as besoin de faire...

  • Speaker #1

    Il y a un seul centre des impôts. Si tu payes pas là, après, t'as des problèmes. Donc, tu supportes, tu subis. Mais... J'ai relâché toute ma frustration en me filmant. Je conduisais, je me suis arrêtée. J'ai dit non, c'est trop pour moi et tout. Et j'ai fait une vidéo. Je ne sais plus ce que je disais, mais en gros, je lui disais même si c'est 11h59, tu me serres. Un truc comme ça, parce que la femme était pressée. Elle m'a jeté tout et tout. Et j'ai fait une vidéo comme ça, mais c'était un coup de gueule.

  • Speaker #0

    Oui, toi, tu voulais juste lâcher l'énervement que tu avais.

  • Speaker #1

    Oui, c'était juste de dire mais. En fait, les administrations, mais respectez-nous, calmez-vous. Et puis nous, clientèle, on ne doit pas accepter ça et tout. C'était juste un coup de gueule. Les gens ont rigolé. En fait, ça a fait rire les gens. Et à l'époque, je devais être suivie par, je ne sais pas, 500 personnes. C'était ma page personnelle.

  • Speaker #0

    Tu contrôlais ton petit univers. Tu connais la plupart des gens qui te suivent.

  • Speaker #1

    J'avais ma petite page Instagram anonyme. Et puis, je publie ça sur Instagram. J'avais déjà plus Facebook, j'avais plus Instagram. Et voilà, j'ai publié, j'ai fini avec ça. Et puis, c'est quelques jours plus tard que j'ai des amis qui m'envoient. Mais je n'ai pas pris tout de suite la mesure du truc. Parce que je n'ai jamais été très réseau sociaux, tu vois. J'ai toujours été assez fermée dans ma petite bulle. Donc, une personne me fait la réflexion. Hé, mais c'est quoi cette vidéo qui tourne ? Mais ce n'est pas toi et tout ! Je ne m'occupe pas. Deuxième personne. Et c'est quand un ami en France... m'a envoyé une capture d'écran et m'a dit Mais qu'est-ce que tu fais sur le groupe WhatsApp de ma famille ? Mon père qui partage ta vidéo, c'est quoi ça ? Et en fait, je n'avais pas Facebook. La vidéo avait été emmenée sur Facebook. Elle avait fait des centaines de vidéos. Donc moi, sur ma page Instagram, ça n'avait pas forcément… Toi,

  • Speaker #0

    tu ne sais pas que quelqu'un a repris et que c'est en train de… Mais la vidéo avait été reprise ailleurs.

  • Speaker #1

    Et donc, ça avait fait plein de vues. Et puis, les gens commençaient à m'arrêter dans la rue. Mais c'est fou la date des impôts et tout ! Mais je me suis dit… ça va s'arrêter, tu vois, ça va durer huit jours. Mais à peu près, ça ne dure pas. Un mois après, les gens sont encore en train de faire tourner la vidéo, de me reconnaître et tout. Et je pense que ça m'a encouragée parce que, comme il y a beaucoup de choses à dénoncer en Guyane, j'ai commencé à faire des coups de gueule.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que plus que les gens aiment ça quand je dénonce… Mais surtout,

  • Speaker #1

    c'est même pas qu'ils aiment ça, c'est surtout puisque ça circule et que le message est entendu, peut-être qu'à force, il va être compris ou que les gens, même en commentaire, vont réagir et que ça va… un peu faire bouger des choses, un peu, tu vois.

  • Speaker #0

    Tu vois, c'est marrant que tu dises ça, parce que finalement, quand toi, tu vois ce buzz, ou beaucoup auraient vu ce buzz en se disant Ah ouais, les gens, ils aiment bien, ben attends, je vais continuer parce que j'ai envie d'être connu. Toi, tu vois ce buzz en te disant Ah ben, j'ai une manière de dénoncer, où les gens m'écoutent. Donc toi, tu te dis Ben, vu que c'est de cette manière que vous voulez bien m'écouter quand je suis comme ça, toi, tu veux transmettre des messages. avec un sens et tu te dis, vu que vous aimez ça, je vais continuer, mais toujours en essayant d'éduquer la personne derrière. Et moi, c'est ça que je trouve qui est fort, c'est que tu as toujours cette notion d'éducation. Même si oui, tu fais rire, mais tu cherches toi, tu dis... Vu que c'est par le rire que je peux vous éduquer, je vais vous faire rire, mais je vais vous éduquer et vous allez apprendre des choses. Tu vois ?

  • Speaker #1

    Mais tu es un psychanalyste, en fait.

  • Speaker #0

    Ouais, tu as vu ça ? Tu as grave le diplôme que tu n'y as pas. Je pense que, incha'Allah, dans le futur, je vais mettre un canapé pour que mes invités s'allongent comme ça et tout. Et donc, tu continues à faire des vidéos. Et moi, quand je regarde un petit peu ton évolution sur les réseaux, je vois que ce côté, finalement... People, même si toi, tu sais que tu veux passer des messages, ça prend très vite de l'ampleur. Parce que je vois, ça grandit très vite.

  • Speaker #1

    Ça allait super vite. Franchement…

  • Speaker #0

    Parce que je vois, on commence à t'inviter dans d'autres pays.

  • Speaker #1

    Ah ouais, ça allait vite. Tu te dis, j'ai la première vidéo qui buzz. En fait, en août, je fais mon coup de gueule, ça buzz tout de suite. Je fais un deuxième coup de gueule peut-être en septembre, ça buzz encore. Ils sont en mode… Ah, c'est encore la fille de l'eau la dernière fois. Donc, OK. Je me rappelle la deuxième vidéo qui a buzzé, c'était sur les menteuses. J'avais dit...

  • Speaker #0

    Menteuses.

  • Speaker #1

    Non, mais celle-là, dinguerie.

  • Speaker #0

    Le truc a tourné des chansons.

  • Speaker #1

    Ils ont fait des chansons avec.

  • Speaker #0

    T'as les bonnes attitudes aussi quand tu racontes le truc. Je sais pas. Non, mais c'est que t'as les bonnes attitudes, t'as les bonnes mimiques, t'as les bonnes trucs.

  • Speaker #1

    Et les gens à l'époque... on fait ce que maintenant on fait sur TikTok, c'est-à-dire reprendre la vidéo en parlant eux-mêmes avec exactement tout le script. Comme si c'était un script. Non, le truc, non, ça a trop buzzé. Donc en tout cas, du coup, on m'a demandé de venir jouer des scènes.

  • Speaker #0

    Ben oui, c'est ça. Parce que je te vois, c'est ça, tu commences à faire des spectacles.

  • Speaker #1

    Franchement, j'arrive pas à croire que...

  • Speaker #0

    Mais c'est ça, c'est ça qui est une dinguerie. C'est que je te vois, tu vois, tu commences à faire des spectacles. C'est-à-dire que... T'arrives à un moment... Avant de te poser cette question, tes élèves, ils voient ces contenus-là ? Ouais,

  • Speaker #1

    mais pas tous. Ouais, ouais,

  • Speaker #0

    en fait. Est-ce que quand tu viens en classe, tes élèves te parlent des contenus que tu fais ?

  • Speaker #1

    Très rigoureuse, j'ai une rigueur, j'ai une autorité, que ce soit sur tout le monde, sur les gens avec qui je travaille, sur mes élèves, ouais. C'est-à-dire, moi, je suis dans l'autorité, mais dans le respect. Donc, comme j'ai toujours respecté mes élèves, ils m'écoutent. Ils donnent du crédit à ce que je dis. Et moi, je leur dis dès la rentrée, parce qu'ils me reconnaissent.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Mais je leur dis, tout ce qui se passe dans cette classe, ça doit concerner l'anglais. Si vous voulez me parler d'autre chose, c'est dans le couloir, c'est sur le parking, quand vous me croisez. Mais ce n'est pas dans ma salle de cours. Ma salle de cours n'est pas faite pour ça. Mais en fait, les élèves ont mieux respecté que les adultes.

  • Speaker #0

    Oui, souvent.

  • Speaker #1

    Les surveillants, mon Dieu. Souvent, ça tourne, les surveillants. Tu vois, c'est des petits contrats. Quand il y avait un nouveau surveillant qui arrivait dans la salle pour prendre l'appel. Moi, je suis dans mon cours et tout. Il sabote mon autorité parce qu'il parle de ça dans la classe. Les enfants, là, c'est la porte ouverte. Là, ils s'infilent dans la faille.

  • Speaker #0

    C'est que tu ne dois pas t'attendre à voir la fille que tu suis. Tu ouvres la salle de classe et tu la vois, elle donne un cours.

  • Speaker #1

    Les surveillants, les collègues profs qui viennent te parler. C'est une réunion de profs, tu vois. Ils viennent te parler. Franchement, les élèves étaient... plus disciplinés que les adultes. Mais oui, les gens savaient en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr, parce que ça va vite. Ça va vite avec les réseaux et tout. Donc je me demande ça, comment tu gères le fait d'être enseignante ?

  • Speaker #1

    C'est le bon levier.

  • Speaker #0

    Et surtout que c'est des gamins, eux ils sont sur le téléphone tout le temps, donc eux ils sont encore plus vraiment connectés et ils voient tous les buzz.

  • Speaker #1

    J'ai trouvé qu'ils étaient très respectueux et très mûrs, matures dans leur comportement. Mais peut-être parce qu'eux ils sont nés avec les réseaux. ils savent faire la part des choses comprennent que il y a la vie des réseaux et il y a leur vie à eux le prof c'est pareil tu vois c'est je sais pas mais en tout cas les élèves big up s'il y en a qui passent sur la vidéo et donc tu as grandeur noire à ce moment là tu fais ces contenus là sur ta page Safia Enjoy Life c'est ça c'est que Safia Enjoy Life ça apprend tout de suite je me rappelle en un mois j'ai gagné 8000 abonnés ouais

  • Speaker #0

    Alors que tu avais 500 commentaires.

  • Speaker #1

    C'est pas la même chose. Tu vois même plus tes commentaires. Parce qu'à l'époque, je pouvais avoir 500 commentaires et je peux pas lire tout ça. J'ai plus ma petite communauté de 3-4 commentaires, je réponds, je spawnais et tout. Donc tout change. Et tout de suite, on me propose de faire des spectacles. Donc moi, je dis non. J'ai pas besoin d'argent, je gagnais très bien ma vie. Donc je vais pas le faire pour l'argent. Et non parce que c'est un vrai métier de faire des spectacles. Je ne peux pas m'improviser et manquer de respect à ceux qui prient par des spectacles. Quand on m'a dit le prix, j'ai dit il n'y a plus de respect. Je veux apprendre. Je vais faire aussi.

  • Speaker #0

    Mais tu vois, en plus, ce qui est bien, c'est que les spectacles... Il y a un humoriste que je kiffe en ce moment. J'ai tellement envie qu'il vienne à Dakar pour recevoir Edgar Eve.

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    Parce que... Il est tellement fort pour te passer des messages. Mais c'est ça. Il a une connaissance. Il a un sens des mots, des vocabulaire. Il est tellement précis quand il parle. Il est tellement conscient de ses mots, de son vocabulaire, de son français. Bon, de toute façon, son père est avocat. Sa famille est avocat. Tu vois, le... Je ne savais pas. L'arbre tombe. C'est cultivé. Non, très cultivé. Il a eu une cassure, justement, avec son père parce qu'il a voulu se lancer dans l'humour. C'était très difficile. Mais aujourd'hui, pour moi, quand je le regarde, son côté éloquent, humoriste, ça vient de là. Ben oui. Tu vois. Et tu vois, aujourd'hui, moi, je t'aurais vu, à ce moment-là, continuer ce que tu faisais. Passer des messages.

  • Speaker #1

    Tout le monde.

  • Speaker #0

    via l'humour, et je suis sûr que t'aurais cartonné.

  • Speaker #1

    Mais tout le monde. Et donc, mon manager, le jour où je lui ai dit, en fait, j'arrête pour Candeur Noire, qu'est-ce qu'elle raconte ?

  • Speaker #0

    Mais attends, attends, qu'est-ce qu'elle dit, là ?

  • Speaker #1

    Parce qu'on gagnait beaucoup d'argent, tu vois.

  • Speaker #0

    Tu fais combien de temps à travailler sur Safia Enjoy Life ? C'est-à-dire que c'est combien de temps ?

  • Speaker #1

    Sur l'humour, tu veux dire ?

  • Speaker #0

    Ouais, c'est un an, deux ans ?

  • Speaker #1

    Je pense même trois ans.

  • Speaker #0

    Trois ans, ouais. Parce que,

  • Speaker #1

    ouais, ça a pris en 2016. Tout de suite, on m'a proposé des contrats. Donc des contrats pour monter sur scène, mais des contrats pour donner des spectacles privés. Même, on me payait pour que je puisse dire certaines phrases pour des anniversaires. Des mariages ! Non mais des cadeaux de mariage, c'est quoi ça ? C'est trop bizarre ! Pour des cadeaux de mariage, ils voulaient des messages avec ma voix, que je dise certaines choses. Donc l'argent rentrait comme ça, comme ça, comme ça. Et j'étais payée pour ça, pour les spectacles, mais pour les publicités aussi. Ah ouais, ça payait mieux la publicité que les spectacles.

  • Speaker #0

    C'est quoi, tu faisais des voix pour des publicités ? Non, non,

  • Speaker #1

    non, j'apparaissais dans une pub. Soit j'apparaissais pour certaines marques, je disais les lunettes, la voiture, ceci, cela.

  • Speaker #0

    Mais nous on veut voir ces pubs, on n'a jamais vu ces pubs-là. Je ne sais pas,

  • Speaker #1

    je ne fais pas de ce qu'elles sont. Ou alors de la pub sur mon profil, puisque tu sais, c'était vraiment les débuts, 2016, je pense qu'on était encore dans le début de l'influence. Donc du coup, les marques recherchaient des personnes. qui avait beaucoup d'abonnés et pouvait payer cher.

  • Speaker #0

    Oui, pour faire du...

  • Speaker #1

    Une publication sur mon feed, je me rappelle, c'était très cher. Je crois qu'il n'y avait pas encore de story, je ne sais plus. En tout cas, les pubs rapportaient plus que les spectacles et c'était moins de travail parce que je n'avais pas à écrire, je n'avais pas à compter sur les rires des gens ou pas. Donc, au début, du coup, c'est parti très vite. Ça payait bien. Mais en fait, je me suis rendu compte que je savais faire rire les gens. Parce qu'au départ, rappelle-toi, j'ai fait des coups de gueule. Pour moi, ce n'est pas pour faire rire les gens.

  • Speaker #0

    C'est... Passer des messages.

  • Speaker #1

    Et en fait, j'ai appris que... Quand j'étais à l'école aussi, je faisais beaucoup rire la classe. Donc, il y avait quelque chose qui était là, que moi, je ne voyais pas et que je prenais pour des coups de gueule. Mais dans ma façon de faire, ça faisait rire. Et donc, j'ai appliqué ça sur les spectacles. Finalement, j'ai eu le syndrome de l'imposteur en me disant Mais attends, moi, j'ai des références comme Viviane émigrée en Guyane, comme... Et en fait, je ne me sentais pas à ma place. Je me sentais comme si je volais leur métier. Mais en fait, j'avais ma place. Et là où je me suis sentie à l'aise et que j'ai abandonné ce syndrome, c'est quand justement Viviane Émigré m'a reconnue. Quand je dis m'a reconnue, pour moi, c'est ma marraine. C'est ma marraine la fée. Et quand elle, elle te dit, moi, c'est mon idole. Viviane Émigré, vraiment, c'est mon idole. Je ne sais pas comment le dire, mais elle sait tout faire. Ce n'est pas juste une humoriste. Elle sait faire énormément de choses. Et donc, je l'admire énormément. Donc, quand elle, elle me dit...

  • Speaker #0

    Que tu as ta place.

  • Speaker #1

    Elle est capable de me sortir une phrase d'un spectacle qu'elle apprécie. Et qu'elle me dit, continue.

  • Speaker #0

    Oui. Tous les feux sont verts.

  • Speaker #1

    Je me suis sentie légitime.

  • Speaker #0

    Mais tu arrêtes tout ça.

  • Speaker #1

    Mais j'arrête. Parce que, en fait, je voulais que le message, finalement, soit... plus straight, soit plus évident, tu vois. Parce que je passais des messages à travers l'humour,

  • Speaker #0

    mais... Mais est-ce que les gens retenaient vraiment le message ?

  • Speaker #1

    Des fois, ils ne l'ont pas interprété dans le bon sens parce qu'ils n'avaient pas la culture qui va derrière les rêves, etc. D'accord. Et le message passait un peu à côté, ça tombait à plat. Donc il y avait ça, et il y avait le côté où... divertissement. C'est l'univers du divertissement, et c'est... ça emmène quand même vers des dérives, tu vois, le divertissement. Donc, c'est pas l'univers où je voulais évoluer. être dans des soirées qui finissent tard avec des gens qui boivent de l'alcool moi je ne buvais pas d'alcool qui veulent faire la fête après le spectacle moi je ne veux pas, je veux rentrer dormir ça ne correspondait pas à ton rythme de vie à ta perso il y a surtout que je développais quand on dort noir déjà moi et j'essayais de rabattre avec Safia Enjoy Life j'essayais d'amener les gens vers quand on dort avec Safia Enjoy Life Je faisais des petits posts sur ma page Safia Angel Life, ben voilà, j'ai fait une publication sur Grand Ordre Noire, j'avais séparé les pages exprès. Allez voir ! Et petit à petit, ça ramenait une, deux personnes, trois personnes. Et je me suis dit non, il faut que je me concentre, toute l'énergie que je mets dans l'humour, il faut que je me concentre. sur grandeur noire pour vraiment développer ça. Donc, quand j'ai dit...

  • Speaker #0

    Au manager.

  • Speaker #1

    Même à mes amis, j'ai dit...

  • Speaker #0

    Ils voient que la croissance est comme ça, qu'il y a des choses qui se développent, qu'on peut aller plus loin et tout, tu dis, ben non, j'arrête ?

  • Speaker #1

    Ouais, parce que je me souviens, on avait signé un gros contrat avec une marque de... Alors, c'est une chaîne de salles de sport, très connue. Et j'avais signé avec eux pour être un peu...

  • Speaker #0

    Il n'est géré, de toute façon.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais c'était un gros truc, tu vois. Et lui, il voyait que... Les demandes affluaient comme ça, parce que c'est lui qui gérait. C'est lui qui voyait les demandes. Il me disait, ça va pas, non ? Qu'est-ce que tu fais là ? Donc, bref, en tout cas, j'ai fait le virage total. J'ai annoncé, je me rappelle, sur les réseaux que je vais pas continuer dans l'humour parce que je choisis Grandeur Noire, de raconter l'histoire de l'Afrique, l'histoire des diasporas. Et en fait, au moment où j'ai annoncé ça, je n'étais pas très suivie sur Grandeur Noire. Même d'ailleurs, au départ... Les premières conférences que j'ai faites, les gens connaissaient que la partie humour et se disaient Mais qu'est-ce qu'elle fait ?

  • Speaker #0

    Pourquoi elle est sérieuse comme ça ?

  • Speaker #1

    D'où est-ce qu'elle est ?

  • Speaker #0

    Elle est où la blague ? Historière ?

  • Speaker #1

    Elle nous fait rire ? Il faut qu'elle se calme un petit peu.

  • Speaker #0

    La question que je ne t'ai pas demandé, c'est que quand tu crées la page de Grandeur Noire, c'est le voyage en Jamaïque qui est le déclic pour te dire que je vais créer cette page ? C'est quoi le déclic pour te dire que je vais créer cette page ?

  • Speaker #1

    C'est ma cousine qui a le... Je porte son prénom, en fait. Ma mère m'a donné son prénom par rapport à elle. Donc, elle s'appelle Safiatou. Et ma cousine, dont je suis très proche, je ne sais plus de quoi on parlait, mais en gros, je ne sais plus de quoi on parlait, mais elle me dit, enfin, je ne sais pas, elle a dû me faire une réflexion sur le fait que j'avais beaucoup de connaissances sur l'histoire et tout. Et elle me disait mais pourquoi tu ne partages pas ça ? Je lui ai dit non, mais quand j'aurai des enfants, je vais transmettre à mes enfants Elle me dit ouais, mais déjà, tu ne sais pas si tu en auras, et de deux, tu ne sais pas quand, en attendant, tu peux peut-être diffuser Et je me suis dit mais non, pourquoi je vais me lever pour aller diffuser ? Je ne suis personne, tu vois Elle m'a dit, écoute, tente, tu n'as rien à perdre. Donc, au départ, quand j'ai créé la page, c'était anonyme. J'ai mis une photo qui n'était pas la mienne. Je n'ai fait aucun... Je ne me suis même pas abonnée à ma propre page.

  • Speaker #0

    Il ne faut pas te reconnaître. Il ne faut pas savoir ce que c'est.

  • Speaker #1

    Je n'ai fait aucun lien. Parce que j'avais peur. J'étais très frileuse. Ça n'existait pas. Aujourd'hui, il y a plein de pages qui parlent des cultures africaines, des pays, des voyages. Mais 2016 ? Non,

  • Speaker #0

    je suis d'accord. C'est vrai.

  • Speaker #1

    En tout cas dans l'univers francophone ça n'existait pas donc arriver là et parler de l'Afrique donner des connaissances, les héros, les machins voilà, t'es qui donc j'ai pas pris de risque j'ai fait ça de façon anonyme

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses pas que t'as eu peur aussi le fait de te dire que je suis en Guyane et même si je suis Guyanaise, si moi je viens parler de l'Afrique est-ce que les gens vont dire mais toi tu connais Au début je t'ai pas dit ça mais après on m'a fait la réflexion oui que j'étais pas esthétique parce que tu imagines que tu as de la neige pas africaine ouais bref mais donc ouais donc tu crées la page à cause de ta cousine voilà grâce grâce à elle grâce à ta cousine pardon oui donc du coup bah voilà j'ai tenté tu crées la page comme sa grandeur noire tu évolues avec Safia Enjoy Life sur 3 ans voilà en essayant de rabattre de ramener et au bout d'un moment tu te dis bah non je vais me concentrer sur

  • Speaker #1

    Oui parce qu'entre temps, comme je développais quand j'étais en grandeur noire, j'étais de plus en plus invité dans les conférences. Au début, j'ai produit mes propres conférences. Ça veut dire que j'ai tout payé, j'ai tout organisé, que ce soit les flyers pour faire connaître la conférence, choisir l'endroit, tout organiser, tout écrire la conférence. D'ailleurs c'était une catastrophe, au début j'étais assise, je lisais un texte, c'était horrible. Mais bref, avant de savoir que je donnais des conférences, il y a des gens qui m'ont invité à des conférences qu'eux organisaient. Et là, ça a commencé à prendre de l'ampleur parce que là, j'ai commencé à constater que je voyageais grâce à Grandeur Noire. Non plus uniquement pour l'humour, parce que l'humour, j'étais invitée aussi, je voyageais. Mais là, Grandeur Noire réussissait à me faire voyager. Et là, je me suis dit, ouais, il y a un filon, il faut y aller.

  • Speaker #0

    Donc finalement, ça veut dire qu'émotionnellement, tu te sentais plus proche de Grandeur Noire que de Safia Angel.

  • Speaker #1

    Ah mais carrément, jusqu'à maintenant.

  • Speaker #0

    Non, mais ça, encore plus maintenant. Non, ça, c'est sûr, on va y venir. Et donc, tu arrêtes. Tu es en Guyane, tu lances grandeur noire à 100%, tu te mets à 100% dessus. Aujourd'hui, tu vis au Kenya. Combien de temps se passe entre le moment où tu décides de te mettre à 100% sur grandeur noire et ton installation au Kenya ?

  • Speaker #1

    Quatre ans.

  • Speaker #0

    Quatre ans. Qu'est-ce qui se passe ? Pendant ces quatre ans, est-ce que tu peux nous expliquer ?

  • Speaker #1

    La traversée du désert, Olivier. Olivier, aïe aïe aïe. Mon Dieu, j'ai souffert. Alors déjà, en 2020, la crise Covid a été une délivrance et une révélation pour moi. Parce que le fait que le monde s'arrête... Tout en même temps, je ne me suis pas sentie en retard de m'arrêter et de penser.

  • Speaker #0

    Excuse-moi, pour que les gens comprennent bien, tu es prof aussi toujours pendant ce temps-là.

  • Speaker #1

    C'est ça. Je suis prof, je suis enseignante dans un collège, enseignante d'anglais. Le Covid arrive, confinement, donc je reste un mois, plus d'un mois à réfléchir chez moi et à me rendre compte que c'est ça la vie que je veux, me lever à l'heure que je veux. Je ne veux plus d'alarme qui me réveille, je ne veux plus de ça. Ça c'est un truc qui depuis petite je ne supporte pas d'être réveillée par une alarme. Je trouve que c'est une vie gâchée. Et donc là je me suis dit ouais, en fait je dois changer, je ne suis pas à la bonne place, je ne suis pas alignée. Il y a plein de choses que j'ai remarqué, je vivais à mon rythme en fait. Pendant ce mois-là j'ai vécu à mon rythme et j'ai comme une fleur, j'ai éclos, j'ai épanoui quoi. Et donc au sortir de ça... Je ne me voyais pas retourner dans les alarmes, les sonneries d'école, on te dit à quelle heure tu rentres en cours, à quelle heure tu enseignes, qu'est-ce que tu enseignes, le programme à respecter, je ne pouvais plus. Donc j'ai eu une espèce de révélation où je me suis dit non, en fait il faut que je me donne corps et âme à grandeur noire, c'est ça que je veux faire et j'ai donné ma démission. Je ne pense pas que ce soit un coup de tête parce que même si ma décision a été prise très radicalement et très vite, je pense que c'est quelque chose qui était là. depuis longtemps qui était latent et qui...

  • Speaker #0

    Qui attendait juste le déclic.

  • Speaker #1

    Il y a eu le déclic avec le Covid. Donc, j'ai posé ma démission et le projet était de produire, de réaliser un documentaire sur l'Afrique.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Sur réunir toutes les connaissances que j'avais, mais avec des images de terrain et des enquêtes de terrain. Sauf que moi, entre faire des petites vidéos et les publier sur Instagram et réaliser un documentaire, ça n'a rien à voir.

  • Speaker #0

    Il y a 10 000 mondes.

  • Speaker #1

    Et ça, je ne le savais pas. Je n'en avais pas du tout conscience. Pour moi, j'ai une GoPro, j'ai une caméra, j'ai un trépied, j'ai un petit micro qui s'accroche, c'est bon. Eh non, si c'est un truc cinématographique que je veux faire.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Non, il y a des opérateurs son, des opérateurs pour la caméra.

  • Speaker #0

    Oui, lumière.

  • Speaker #1

    Tu as le monteur. en fait, tu as plein de métiers. Et il faut les payer, ces gens-là. Donc, le budget n'a rien à voir avec faire une vidéo YouTube ou faire une vidéo Instagram. Donc, j'ai lancé une cagnotte que j'ai très mal évaluée. Vraiment, j'étais dix fois en dessous. J'ai lancé une cagnotte qui était clairement insuffisante pour mener le projet d'un documentaire.

  • Speaker #0

    Tu as lancé la cagnotte seule ?

  • Speaker #1

    Oui. En fait, je faisais déjà des vidéos YouTube depuis 2019. Et le Covid m'a aidé à... Pop ! Ah ouais, parce que du coup les gens ont eu le temps de regarder mes longues vidéos de 45 minutes, 1 heure, ils avaient le temps. Et ils ont eu envie aussi avec l'effet George Floyd de se renseigner. Donc le côté Black Lives Matter, ils ont commencé à se renseigner et là il y a beaucoup de gens qui ont découvert ma chaîne, qui se sont abonnés. Et là vraiment j'ai explosé sur les réseaux sociaux, que ce soit la page Instagram, la page YouTube. Et ça, ça m'a apporté une légitimité. Et quand j'ai proposé la cagnotte, du coup, il y avait un engouement. Et je pense aussi que je suis l'une des premières, si ce n'est la première cagnotte, française en tout cas, sur un projet tourné vers l'Afrique. Un projet de documentaire tourné vers l'Afrique, le financer avec une participation de la communauté. Je pense que...

  • Speaker #0

    Moi, à part ça, je n'en ai pas vu.

  • Speaker #1

    Et comme c'était la première, les gens, il y a eu un engouement, ils ont fait confiance. Ils ont voulu participer en fait. Il n'y avait pas le côté, ah on a déjà eu ça, c'était une arnaque, donc on se méfie. Il y a le côté très spontané, on y va. Et aussi parce que j'avais gagné leur confiance avec du contenu.

  • Speaker #0

    De qualité.

  • Speaker #1

    Et de qualité.

  • Speaker #0

    La régularité.

  • Speaker #1

    Elle va nous faire un contenu de qualité. Parce que déjà gratuitement, elle nous fait du contenu de qualité. Donc j'ai fait la cagnotte.

  • Speaker #0

    Pourquoi je t'ai demandé si tu l'as fait seule ? Parce que tu sais, nous on a fait une cagnotte il y a... Ça va faire un an, un an et demi. Et nous, au début, on voulait le faire seul. Mais Dieu a fait qu'on a été accompagnés. On est tombés sur deux profils, dont c'est le métier. Oui,

  • Speaker #1

    celui-là. Des cagnottes ?

  • Speaker #0

    Donc c'est le métier d'accompagner des gens qui veulent faire des cagnottes. Parce qu'en fait, faire une cagnotte, si tu n'es pas accompagné, que tu y vas seul, tu vas faire énormément d'erreurs. Énormément d'erreurs. Et nous... Heureusement qu'on a eu ces personnes qui nous ont coaché. On a travaillé pendant cinq mois avant de faire la cagnotte. Elles nous ont fait travailler pendant cinq mois. Mais quand je dis travailler,

  • Speaker #1

    c'est à dire avant de faire la cagnotte. Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Par exemple, un truc que j'ai appris, et c'est pour ça que je veux le partager pour que les gens le sachent. Par exemple, quand elles nous ont fait travailler, elles nous ont demandé de définir 5 ou 7 personas. C'est-à-dire 5 ou 7 personnes qui correspondent à notre audience, qu'on vise avec la cagnotte. D'accord ? Une fois qu'on a pu définir ces 7 personnes, elles nous ont demandé que pour chacune de ces personnes, on soit capable de trouver 10 questions. que ces personnes vont se poser sur notre produit. Mais il fallait que ça soit 10 questions différentes. On ne peut pas retrouver la même question chez une autre personne. Donc en gros, ça faisait 70 questions différentes sur le produit.

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est des professionnels.

  • Speaker #0

    Pour que quand on va faire la cagnotte, que quand les gens nous posent des questions sur le produit, on ait déjà anticipé toutes ces questions et qu'on ait les réponses, qu'on n'ait aucun moment de attends, je ne sais pas, je réfléchis à une chose comme ça Et ça, c'est le type de travail qu'elles nous ont fait faire. Mais je n'aurais pas cru en moi. Elles nous ont préparé sur comment une cagnotte, ça fonctionne. Savoir que quand on va commencer, il y aura beaucoup d'engouement la première semaine, on va recevoir beaucoup de dons. Mais qu'après, elles nous ont expliqué, ça fait un U. Ça commence très fort, ça descend, ça se calme, ça se calme, ça se calme. Et souvent, la dernière semaine, les derniers jours, c'est là où ça repart parce que les gens veulent participer, encourager. Donc, on était déjà prêts mentalement à savoir qu'il y aurait un moment de down et il faut t'accrocher pendant ce moment de down parce qu'il faut continuer à alimenter, à en parler. Donc c'est pour ça que je te pose la question.

  • Speaker #1

    Tu vois, voilà. Moi, l'erreur que j'ai faite, je pense, c'est justement de la faire la cagnotte. Parce que oui, elle a atteint l'objectif. Mais je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais pas faire le projet avec ce montant-là.

  • Speaker #0

    Parce que tu n'avais pas calculé bien le montant de départ.

  • Speaker #1

    Et parce que si j'avais préparé avec eux, j'aurais étudié en amont ce que coûte un documentaire avec la façon dont je voulais le faire, c'est-à-dire avec plusieurs pays.

  • Speaker #0

    Toi, la vision que tu as.

  • Speaker #1

    Mais j'aurais étudié ça en amont. et du coup, soit j'aurais fait une cagnotte avec le vrai montant, et je pense que ça n'aurait pas été atteignable, même avec toute la communauté du monde,

  • Speaker #0

    soit j'aurais pas fait,

  • Speaker #1

    tu vois j'aurais été vers des subventions, vers des professionnels du cinéma ce que je fais en ce moment aller vers des professionnels du cinéma qui eux, ont les cordes savent quelles cordes tirer pour trouver les financements qui sont dédiés à ça et qui existent d'ailleurs donc moi j'ai fait les choses à l'envers pas à moi. Voilà.

  • Speaker #0

    Mais au moins, tu as essayé. Et moi, c'est ça que je trouve qui est bien. C'est que tu t'es lancé. Parce que tu as plein de gens qui ont des idées, qui veulent faire des choses, mais qui ne t'entendent pas. Au moins, tu as tenté. Et tu as réussi à atteindre ton objectif. Et même si, certes, aujourd'hui, tu n'as pas encore terminé ton documentaire comme tu aimerais le faire, tu as déjà lancé un pas. Et c'est ça le plus important. C'est de commencer et de faire. Tu as appris des choses, tu améliores, et tu vas amener ce documentaire à son terme. Inch'Allah. Donc, tu as le COVID, tu comprends que c'est ce que tu veux faire. Tu lances une cagnotte en te disant, je vais faire un documentaire sur l'Afrique. Tu réussis à lever, à atteindre l'objectif que tu t'es fixé.

  • Speaker #1

    On a dépassé.

  • Speaker #0

    Tu as dépassé l'objectif que tu t'es fixé. La cagnotte est finie, tu as l'argent. Qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    Alors là, il ne se passe que des choses, que des obstacles. On était censé partir. Alors déjà, on a recruté. Quand je dis on, j'étais avec quelqu'un qui était censé m'accompagner sur le projet et qui était censé réaliser. Avec cette personne qui est professionnelle du milieu, qui est réalisatrice, elle a recruté, parce qu'elle s'y connaît, elle a recruté 4 personnes. On était censé partir à 4, donc il y avait un auteur qui devait rester. Bon bref, elle recrute une équipe. Et là, on a les dates, on a tout. Moi, j'avais même commencé à payer des choses, des hôtels, des réservations et tout. Et là, fermeture des frontières. Fermeture des frontières en juillet. Parce que bon... Il y a eu le premier confinement. Quand on est sortis, on croyait que c'était fini.

  • Speaker #0

    C'était fini, bien sûr.

  • Speaker #1

    Ah ben non ! Fermeture des frontières africaines. Mais toutes les frontières... Le continent était fermé. Donc moi, je n'ai pas annulé tout de suite. Parce que je me suis dit, bon, c'est comme le premier. Tu vois, ça va faire un mois, deux mois. Non, non. Jusqu'à la fin de l'année 2020, rien n'a rouvert. Donc déjà, j'ai perdu une partie des sous de la cagnotte sur des réservations que les gens n'ont pas pu rembourser parce qu'ils ont eu trop d'annulations d'un coup. Donc bref. Et en plus, quand tu as payé un truc en Namibie là-bas, va chercher ton argent. Va réclamer ton argent dans l'hôtel au fond de Namibie. C'est dur. Donc j'ai perdu une partie des sous sur ça déjà. Ensuite, j'avais payé plein de choses parce qu'il y avait du travail préparatoire. Donc il y avait, tu sais, louer des espaces pour que les équipes... Franchement, bref, je ne vais pas me remémorer ça parce que c'est une frustration incroyable. Mais le Covid a coûté beaucoup d'argent dans cette affaire-là. Et la réalisatrice m'a dit, écoute, on est bloqué là pour 2020, on ne pourra pas partir. Mais à défaut, pour que ta communauté sache que tu as commencé un travail sur le truc, on va faire un prologue. Exactement. Parce que c'était quoi un prologue ? Oui. J'étais pas d'accord. Quand elle m'a dit le prix, j'ai dit non, on va pas faire ça, on va encore retirer des sous dans la cagnotte, on a besoin de ces sous-là. Parce qu'en plus, on avait payé pour du matériel. On avait déjà acheté le matériel pour partir. Mais des choses chères, parce qu'en fait, moi je savais pas que ça coûtait cher. Ah oui,

  • Speaker #0

    la production, ça coûte cher. Les gens se rendent pas compte, mais ça coûte cher. Excuse-moi, je reviens sur un truc parce que j'ai peur d'avoir loupé quelque chose. Parce que tu as écrit des livres, mais ces livres c'est avant. N'est-ce pas ?

  • Speaker #1

    Après.

  • Speaker #0

    C'est après, ok. J'avais peur d'avoir sauté, c'est pour ça que je ne voulais pas louper. Donc, tu travailles sur le prologue ?

  • Speaker #1

    On travaille sur le prologue en amont. On fait, franchement, merci aux personnes qui nous ont accompagnées. On a fait des budgets. On est resté des journées entières, des nuits entières à budgétiser. Parce qu'il fallait que tout rentre, à acheter des choses et tout. Finalement, on ne part pas. Bref. Donc, on ne part pas. Et elle me dit, on fait le prologue. Le prologue, je ne voulais pas. par rapport au montant qu'elle m'avait annoncé. Elle me dit, je te promets, le montant sera respecté et tout. On le fait. Le montant a été plus que dépassé. Plus que dépassé. Pour cinq minutes de court-métrage. Ah, yeah ! Moi, en fait, tu sais, cette cagnotte, ça a été un énorme... Enfin, tu le sais, parce que tu en as fait une, ça a été un énorme boulot.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est un énorme boulot.

  • Speaker #1

    D'atteindre l'objectif. C'est un projet de tous les jours. Et à cette époque, j'étais encore prof. Je faisais des conférences. Je faisais des spectacles, je faisais tout en fait en même temps, plus dire aux gens, s'il vous plaît, mettez chaque vidéo, faire des vidéos. C'était dur. Donc chaque centime, c'est comme si c'est le mien, tu vois, parce que j'ai galéré pour aller chercher ce centime. Et donc, chaque centime qu'on dépense, ça fait mal de lâcher là. Il faut que ça rapporte quelque chose au projet, tu vois. Donc bref, de l'argent a été dépensé pour le prologue. La promesse de ce prologue, c'était... Tu verras, ça va faire pleuvoir les financements, des gens riches vont nous donner de l'argent et tout. Ils vont nous prendre au sérieux avec ça.

  • Speaker #0

    D'accord. R. En gros, c'était un petit peu appâté, en tout cas. Montrer que voilà la qualité qu'on est capable de proposer. Y'a plus de visite. Voilà l'idée qu'on veut montrer. Voilà la qualité qu'on est capable de proposer. Venez investir sur le documentaire.

  • Speaker #1

    R. Zéro investisseur, zéro donateur, zéro mécène. Rien du tout. Rien s'est déclenché. J'ai envoyé le prologue à combien de personnes, combien de célébrités françaises, des sportifs, des acteurs, des machins. Aucune réaction de personne. Alors que ça n'avait pas forcément été vu. Quelque chose avec des petits moyens, tu vois, de cette qualité, avec des effets spéciaux. C'était très court, mais c'était très émouvant et avec du sens, tu vois, plein de sens. Si tu regardes cinq fois... il y a des choses que tu vas voir à chaque fois. Bref, c'était vraiment très bien fait. Bon, écoute, ce prologue, beaucoup d'argent finalement dépensé, mais pas récupéré. Ça, ça m'a... C'était le coup de massue, quoi. Donc, 2020 a été vraiment catastrophique. J'ai démissionné pour ce documentaire. On n'est pas parti. L'argent a été dépensé dans du matériel, dans des machins, dans des trucs. Il en restait, mais c'est pas suffisamment pour partir.

  • Speaker #0

    Oui, pour repartir.

  • Speaker #1

    Donc... J'ai décidé d'organiser un gala pour réunir de l'argent encore.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    En fait, je te jure, ce truc-là m'a aspirée plus pour le marché. Donc 2021, non c'est... Oui c'est ça, attends, ça c'est 2020. Le gala c'est en 2022, qu'est-ce qui s'est passé ? 2021, il y a eu plein de confinements encore. 2020, j'avais plus d'argent. J'avais démissionné, j'avais plus d'argent. Et mon truc aussi, c'est que j'ai jamais voulu toucher à la cagnotte pour mes frais personnels, tu vois. Bien sûr, bien sûr. Parce que c'est pour le documentaire.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est dangereux si tu fais ça. Là,

  • Speaker #1

    je n'avais pas d'argent. Même s'il y a ce que tu veux comme somme à la banque pour le documentaire, je ne m'y touche pas. Je vais crever la bouche ouverte, mais je ne vais pas toucher cet argent. Donc du coup, je me suis retrouvée sans argent. Et avec les 400 derniers euros qui me restaient de mes économies, parce que j'ai aussi beaucoup investi mes économies dans le prologue, dans plein de choses en fait. Fin 2020, je décide de partir en Afrique avec ces 400 euros parce que je n'ai pas d'issue en France. Je n'ai pas de logement, je n'ai pas de travail, je n'ai pas droit aux allocations parce que c'est une démission. Je n'ai rien. Je pars en Afrique. 400 euros, ça me dure un mois. Tu vas où ?

  • Speaker #0

    Tanzanie.

  • Speaker #1

    Premier pays, Tanzanie. Premier pays africain.

  • Speaker #0

    Ton premier contact avec la terre du continent, c'est la Tanzanie. J'en s'y pars. Il y a pire qu'en premier rang. Je me suis dit,

  • Speaker #1

    c'est ça l'Afrique ? J'ai perdu du temps. Ouais !

  • Speaker #0

    Parce qu'en plus, Zanzibar, je crois, c'est un des seuls pays qui est resté vraiment ouvert pendant le Covid. C'est compliqué,

  • Speaker #1

    mon frère. J'ai été là où c'était ouvert.

  • Speaker #0

    C'est tout.

  • Speaker #1

    Parce que peut-être j'allais commencer par le Sénégal, moi, avec mes origines. Parce que mon géniteur est sénégalais. Donc, j'aurais commencé par aller au Sénégal.

  • Speaker #0

    Donc, tu arrives en Tanzanie.

  • Speaker #1

    J'arrive en Tanzanie. Donc, je fais un mois avec les 400 euros. Comment ça s'est passé ? Avant les 400 euros, j'avais 1000 euros. En fait, il me restait 1400 euros. Et les 1000 euros, je les ai investis dans une formation chez Chion Yang au Sénégal. Donc, j'ai tout réservé, tout pour venir à la formation au Sénégal. Et les 400 derniers euros, je vais en Tanzanie.

  • Speaker #0

    D'accord. Avant d'aller à la formation sénégale.

  • Speaker #1

    C'est ça. Après, je fais un mois en Tanzanie où je me repose l'esprit parce que l'histoire du prologue m'avait aspiré le sang. Parce qu'il y a la partie dépense, mais il y a la partie physique, tu vois. Oui, bien sûr. J'ai porté le projet de tout mon corps avec la réalisatrice d'ailleurs, qui s'est beaucoup donnée. Donc, je vais me reposer là-bas. Je vais à la formation de Chon Yang qui a révolutionné ma vie. Et là, en fait, les graines... qui avaient été plantés en Jamaïque. Il les a arrosés. Le truc a poussé en une nuit. Je me suis réveillée, il y avait des plantes dans mon cerveau. Il y avait un jardin d'Éden dans mon cerveau. C'était l'Amazonie. Mon cerveau avait poussé. J'ai fait une semaine chez Tionion. Non, ce monsieur, c'est quelque chose. Je ne connais personne d'autre comme lui. C'est un catalyseur. En fait, lui, il a cru à mon projet. de grandeur noire, là où moi-même, je n'avais même pas vu le potentiel. Parce qu'au cours des exercices qu'ils nous avaient donné à faire, il fallait s'imaginer les entreprises qu'on aurait pu monter, etc. Et moi, j'ai fait tout mon petit plan et tout. Mais pour moi, comme d'habitude, tu sais, à l'école, j'avais toujours été nulle parce que je n'étais pas dans les bonnes voies. Donc, quand je suis arrivée là, j'étais toujours… En plus, j'étais la seule fille du groupe. On était un groupe, je crois, de 9 ou 10. J'étais la seule fille. Les garçons avaient l'air à l'aise, certains avaient déjà des compagnies. Je me rappelle, il y a des Gambiens, deux Gambiens qui étaient venus, ils avaient déjà une compagnie. Quand il a demandé de faire des exercices, il fallait s'imaginer avoir une compagnie sur le long terme. Je me suis dit, là, je vais foirer devant tout le monde. En plus, il faut faire la présentation et tout. Je n'osais pas, je suis dans ma chambre, j'ai peur de présenter devant les autres. Et finalement, quand j'ai eu l'entretien avec lui, parce qu'à la fin de l'expérience, il y a un entretien avec lui, et que je lui ai montré le fameux truc que j'avais préparé, il m'a dit, mais en fait, tu es venu à ma formation pour... quoi pour apprendre quoi tu as déjà tout là tout est là c'est là c'est pas de l'imagination c'est quelque chose qui est viable et quand lui m'a dit lui qui a de l'expérience il a écrit chez pas pour un livre il lâchait pas comme une société il réussit tout ce qui touche je me suis dit mais si quelqu'un comme ça qui a ce qui est l'expérience de l'entrepreneuriat que ça c'est bon voir le potentiel voit que c'est viable ah mais là c'est je fonce et comme les fèves vision immigrés je fonce toutes les peurs tout donc là Je me suis prise au sérieux. Parce que mon histoire de documentaire, quand je l'ai annoncé en Guyane à ma famille, à mes amis, que je démissionne d'être fonctionnaire. Parce qu'entre-temps, j'avais passé ma certification, ce qu'on appelle le CAPES. J'ai commencé comme contractuelle, mais entre-temps, j'ai passé mon diplôme et j'étais agréée.

  • Speaker #0

    Là, tu étais officiellement un professeur.

  • Speaker #1

    À vie. Donc là, j'ai un emploi à vie, avec. deux mois de vacances par an minimum.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas beaucoup de gens qui ont ça. Et tu es payé pendant ces mois.

  • Speaker #1

    Tous les mois et demi, j'ai deux semaines de vacances. Je suis payé pendant mes vacances. Je suis payé si je suis malade. Je suis payé si je fais une dépression et que j'aurai chez moi dix ans.

  • Speaker #0

    Hé !

  • Speaker #1

    Je quitte ça, là. Je quitte ça.

  • Speaker #0

    Pour te lancer dans l'entrepreneuriat. Même elle y réfléchit maintenant.

  • Speaker #1

    Je cotise à la retraite. Bref. Tu vois, si je veux un prêt pour acheter une voiture, si je veux un prêt pour acheter une maison, si je veux... J'avais même des économies, j'ai pu faire des économies des sous-côtés. Je quitte ça là, pour partir dans un endroit où j'ai jamais été, où je connais personne, où ce sont des langues que je ne maîtrise pas. Ils m'ont dit, ça y est, elle se craquait en fait. Elle va recraquer tous les combien là, c'est bon. Donc, ils m'ont vu partir avec beaucoup de peur, surtout mes parents. Bien sûr. Désolée. En tout cas, j'ai fait ce voyage de quitter la Guyane, de partir, de me retrouver en Tanzanie, ensuite au Sénégal. Et là au Sénégal, quand il m'a dit, lui, que je ne suis pas folle, en fait l'idée elle est bonne de créer un média à grandeur noire. Là, j'ai ouvert, peut-être trois mois après, j'ai ouvert ma maison d'édition. Donc ça a commencé par les livres, parce que j'ai toujours été passionnée des livres et que c'était...

  • Speaker #0

    Quelque chose que je n'imaginais même pas, de pouvoir écrire un livre. J'ai grandi dans une cité, je ne pensais pas que c'était accessible à des gens comme moi. Des livres joyeux, des scientifiques, des savants, des gens qui ont fait des études. Tu sais, tu vois. Donc là, j'ai écrit un premier livre qui a eu beaucoup de succès. En fait, j'avais fait un test de 500 exemplaires pour la première édition.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il est parti en 10 jours. Seulement en Guyane. Quand j'ai vu ça...

  • Speaker #1

    C'était à un moment.

  • Speaker #0

    J'ai cadré le truc, on est parti. Donc j'ai fait une maison d'édition qui a finalement proposé trois livres. Deux de moi et un d'une autrice guadeloupéenne que j'ai produit. Et puis beaucoup de jeux éducatifs, tu vois, des quiz, des puzzles, des coloriages. J'ai toujours des choses en rapport avec l'Afrique. Parce que oui, mes livres, le premier, ça racontait 42 figures féminines africaines. Et je pense que... Ce format-là, imagé, pour les enfants, à destination des enfants, je pense qu'en 2019, où j'ai sorti le livre, soit je fais partie des toutes premières, soit je suis la première à sortir un livre comme ça. Oui,

  • Speaker #1

    je le pense aussi.

  • Speaker #0

    Mais vraiment, une page biographie, la page d'en face, le personnage illustré, un peu cartoon pour les enfants, même les adultes l'ont aimé au final. Au final, il s'est bien vendu parce que les adultes achetaient et les parents achetaient pour les enfants. Voilà, il y a eu ce premier livre. Deuxième livre, c'était un conte qui s'inspirait d'une héroïne africaine. Donc toujours autour de l'Afrique, tu vois. Même les jeux et tout. Donc ça, c'est la maison d'édition qui a très bien fonctionné. Mais avec la distance, le fait que j'ai voyagé par la suite, franchement, ça a été dur à gérer.

  • Speaker #1

    Dur à gérer, bien sûr.

  • Speaker #0

    J'ai dû aussi me concentrer parce que j'ai appris que finalement, il vaut mieux faire un très bien que dix moyens, tu vois. Ça,

  • Speaker #1

    je suis d'accord.

  • Speaker #0

    Donc ça, ça a été la maison d'édition 2021. après le passage chez Tianyang qui m'a révélé vraiment je recommande, si vous faites toujours ce genre de formation allez-y après la maison d'édition du coup ça et tu sais quoi en fait la maison d'édition tout l'argent allait pour le documentaire je ne touchais pas d'argent au début,

  • Speaker #1

    je ne touchais pas d'argent toi tu as toujours cette idée de ce documentaire je vais le faire et ce sont les dons Paypal des gens

  • Speaker #0

    par rapport à mes vidéos YouTube que je continue à faire, qui m'ont permis de vivre, tu vois, de payer des logements, de payer à manger. Et en plus, j'étais enceinte, donc payer les frais médicaux, les examens et tout, quoi.

  • Speaker #1

    Parce que c'est ça, t'arrives au Sénégal, t'es enceinte.

  • Speaker #0

    Je suis partie, en fait, en Tanzanie, j'étais enceinte. J'étais enceinte, j'étais seule, j'étais perdue, j'avais pas d'argent, j'ai pas osé dire à mes parents et à qui que ce soit que j'étais enceinte. J'ai dit à personne. J'avais pas d'argent, j'avais pas de situation. Le père m'a lâchée, c'était chaud quoi, c'était vraiment chaud. Et puis surtout, toute ma vie, je me suis vue être maman, déjà de plusieurs enfants, mais être maman avec un papa à mes côtés, toute ma vie. J'ai grandi avec mes parents, ils sont toujours ensemble. C'était évident pour moi d'élever mon enfant en couple. Donc le premier choc de la rupture amoureuse, c'était dur à encaisser et de devoir annoncer à mes parents. que je vais être maman célibataire, c'est chaud. Et maman célibataire sans emploi, sans revenu, sans logement, catapultée en Afrique, là on ne sait pas où, au Père.

  • Speaker #1

    Beaucoup de stress.

  • Speaker #0

    C'était trop. Je n'ai pas dit. Je n'ai pas dit parce que là, il serait venu m'arracher par les cheveux en Afrique pour me faire rentrer en Ségane.

  • Speaker #1

    C'est bon,

  • Speaker #0

    ça suffit. Je n'aurais pas été au bout de mes projets.

  • Speaker #1

    Mais donc, tu es ici, au Sénégal, enceinte, tu restes. Combien de temps au Sénégal ?

  • Speaker #0

    Alors, je ne reste pas longtemps, je reste une semaine pour la formation.

  • Speaker #1

    Après, tu rentres en France ?

  • Speaker #0

    Non, jamais je ne rentre en France, jamais. Ok. Bénin, Nigeria, Afrique du Sud.

  • Speaker #1

    D'accord, donc là, finalement, attends, attends, attends, parce que je comprends bien. Donc, tu as tes 400 euros quand tu es partie en temps de l'année. Tu avais déjà payé tu en n'en, donc tu vas. Donc, finalement, c'est de celle, de là, tu lances la maison d'édition.

  • Speaker #0

    En fait, avant. Quand j'ai plus d'argent dans les années, en fait moi mes vidéos j'ai commencé à demander des dons Paypal, j'ai commencé à dire dans mes vidéos s'il vous plaît soutenez-moi.

  • Speaker #1

    Si vous aimez ce type de contenu, aidez-moi à continuer à créer du contenu.

  • Speaker #0

    Et à l'époque c'était pas très commun de soutenir financièrement quelqu'un sur YouTube. Tu regardais les vidéos, c'était gratuit et puis c'est tout. Et donc moi je n'osais pas, je n'osais pas. Surtout que j'avais déjà demandé des sous pour la cagnotte pour le projet. Donc redemander des sous à côté là, je n'osais pas. Et finalement le jour j'étais comme ça, j'avais pas le choix, j'ai essayé. Et là les gens ont donné.

  • Speaker #1

    ma communauté c'est une communauté en or ta communauté elle est très engagée et elle te suit parce que ta communauté elle sait que tu mets un travail derrière ce que tu fais Tu mets un engagement derrière ce que tu fais. Je pense que c'est pour ça qu'ils sont aussi enclins à t'aider financièrement. Parce que ce n'est pas que la personne qu'ils supportent, c'est les idées. Ce qu'ils supportent, c'est les idées. Ce qu'ils supportent, c'est les valeurs que tu défends. Et je pense qu'ils ne le voient pas comme un don d'argent, mais ils le voient vraiment comme accompagner l'idée et accompagner le... Tu vois, c'est ça, faire grandir le média, tu vois, pour faire passer le message.

  • Speaker #0

    Mais c'est marrant que tu dises ça parce que l'étape suivante, après les dons Paypal, parce que je me suis dit, moi j'ai toujours été quelqu'un de très indépendant financièrement. T'as vu, très tôt, à 19 ans. Oui,

  • Speaker #1

    bah oui, t'as commencé à travailler.

  • Speaker #0

    J'ai assumé. Et ma mère m'a élevé comme ça, toujours à me dire, ne dépend de personne, ni d'un homme, ni d'amis, ni de personne. Donc, les dons Paypal, je n'étais pas à l'aise avec dépendre de s'ils me donnent, s'ils ne me donnent pas. Et l'étape suivante, c'est dingue, c'est un homme sorti de nulle part, un de mes abonnés qui m'a dit, En fait, moi, je te vois t'éteindre parce que tu travailles, tu travailles, tu travailles pour une misère. Ce que tu gagnes avec les dons Paypal, ce n'est pas la valeur de ce que tu donnes. Et si ça continue comme ça, tu vas arrêter. Et moi, je veux que mon enfant puisse profiter de tes contenus. Il n'avait pas encore d'enfant. Il m'a dit, je veux que mon enfant profite de tes contenus si j'en ai un jour. Et que donc, tu dures dans le temps. Donc, le gars, il m'a mis en place un business plan qui, jusqu'à aujourd'hui. perdure. C'est lui qui a créé GNTV en fait. Parce que lui, il m'a dit, mais ton contenu que tu proposes sur YouTube et puis tu demandes des clopinettes ceux qui veulent bien donner, mets-le sur un site payant avec un système d'abonnement.

  • Speaker #1

    Mais ça, c'est fort.

  • Speaker #0

    Je n'y aurais jamais pensé.

  • Speaker #1

    Mais tu vois, c'est là où je dis que la force de ton message et de ton travail, elle est forte, c'est que même des gens vont jusqu'à chercher des solutions pour toi, pour que tu continues.

  • Speaker #0

    C'est clair.

  • Speaker #1

    Et pour que tu améliores ton travail.

  • Speaker #0

    Et il m'avait vu très juste, j'étais vraiment au bout du rouleau. Je n'avais plus d'argent. Avec la grossesse, j'arrivais à un stade où je ne pouvais plus filmer parce que j'étais trop fatiguée. Je ne pouvais plus avoir le rythme d'avant. Et là, quand tu fais une vidéo, ou deux vidéos, ou trois vidéos, et que ça te rapporte ton budget du mois, tu peux te reposer, tu vois. Tu n'es pas obligé d'être tout le temps en train de chercher une solution. Donc, il m'a donné cette idée.

  • Speaker #1

    Et même, ça te laisse du temps pour travailler tes prochaines vidéos.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et pour travailler dans des bonnes conditions. Du coup, grâce à lui, j'ai créé une première plateforme qui s'appelle Écorder en noir.

  • Speaker #1

    Bravo, bravo monsieur. Franchement, merci.

  • Speaker #0

    Allez le découvrir sur Instagram. Je fais sa petite pub parce que vraiment, c'est quelqu'un d'exceptionnel. Vraiment, allez voir ses contenus. Donc du coup, merci Lémuel. Ça a été l'étape suivante, après les dons Paypal qui m'ont permis de survivre. Franchement, ce documentaire, je te jure, j'étais complètement obsédée. Je suis obsédée toujours parce que... Enceinte, sans argent, dès que j'avais un argent, c'était pour faire un pays, aller dans un nouveau pays, et préparer le terrain pour l'équipe en me disant mais on y va bientôt, il faut préparer le terrain, il faut baliser, c'est ce qu'on appelle faire du repérage. Donc moi, je suis allée enceinte là, dans des pays que je ne connais pas, au fin fond, c'est pas que je suis dans la capitale.

  • Speaker #1

    Elle est folle cette meuf !

  • Speaker #0

    En poteau, en toutouk, en machin, en taxi, je sais pas. En tout cas...

  • Speaker #1

    Mais tu vois, on le dit comme ça aujourd'hui, mais est-ce que tu imagines tout ce que tu auras à raconter plus tard, Inch'Allah, tes petits-enfants et tout et tout ?

  • Speaker #0

    Écoute, moi, j'ai documenté le plus possible. Ben ouais ! Ils n'ont qu'à prendre les disques durs et...

  • Speaker #1

    C'est dinguerie !

  • Speaker #0

    Mais j'ai documenté parce que c'est dingue. Mais en fait, j'ai documenté, tu sais pourquoi ? Pour les aléas, j'ai rencontré tellement de bullshit.

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. T'as dû rencontrer autant de... Très belle chose, mais en même temps, t'as dû voir des dingueries.

  • Speaker #0

    Surtout, le pire pour moi, c'était que, comme tu vois, c'était des non-paypages. Des fois 400 euros, des fois 300 euros, c'était pas énorme. Je me payais des hôtels à 10 euros la nuit.

  • Speaker #1

    T'as dû voir des chambres, ma chère.

  • Speaker #0

    Au fin fond du Nigeria, là, que tu n'as que 10 euros pour dormir, c'est chaud.

  • Speaker #1

    T'as dû voir des dingueries.

  • Speaker #0

    C'est chaud, c'est chaud. Tu dors avec les cafards, tu dors dans des endroits... Donc ouais c'est chaud. Et du coup moi j'étais à fond sur le documentaire. Donc dès que j'avais un argent je l'investissais dans le repérage du documentaire. Et c'est comme ça que j'ai fait tout un tour de tous les pays que j'envisageais pour le documentaire. Et enceinte. Et puis un jour il a bien fallu préparer l'accouchement. Donc il fallait faire rentrer un peu plus de sous. Et l'émuel est arrivé mais tout arrive toujours.

  • Speaker #1

    Ouais Dieu est grand.

  • Speaker #0

    Le timing. Notre temps n'est pas le temps de Dieu. Il faut qu'on soit patient parce que nous, là, on n'a pas l'image d'ensemble. Lui, il sait c'est quand le moment pour nous. Il faut juste s'accrocher jusqu'au bon timing. Et effectivement, l'émuelle arrive dans ma vie, non seulement avec cette idée. Et c'est lui qui l'a mise en application. Parce que moi, je ne suis pas du tout digitale, tous ces trucs-là. Donc, il a fait, pour moi, la plateforme, il a mis en place la page de vente, tout, tout, tout. Moi, j'ai juste fait l'annonce et les gens se sont rendus.

  • Speaker #1

    En fait,

  • Speaker #0

    je me suis dit, j'ai perdu tout ça de temps à galérer, à ne pas gagner d'argent, alors qu'ils étaient prêts, en fait, à payer.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas perdu du temps. Au contraire, je trouve que, je pense que, justement, d'avoir vécu tout ça, te permet encore mieux d'apprécier aujourd'hui la qualité de l'acte. communauté que tu as.

  • Speaker #0

    Ah non, mais ils sont en normatif.

  • Speaker #1

    Parce que tu as vraiment une communauté incroyable qui te soutient, mais corps et âme, qui est derrière toi. Et donc, tu montes la plateforme GNTV.

  • Speaker #0

    C'est ça. La première s'appelait Grandeur Noire TV. Donc ça, c'est une plateforme sur ordinateur uniquement. Donc, c'était des vidéos horizontales, longues, et avec plusieurs rubriques. Donc là, on était dans les prémices. Et en fait, encore une fois, un abonné. qui sort de nulle part, qui a la compétence d'être un concepteur d'application. J'aimerais contribuer à ce que tu fais que je trouve grandiose. J'aimerais apporter ma contribution en travaillant avec toi sur une application. Qu'est-ce que tu veux faire comme application ?

  • Speaker #1

    Oh ! Hé, la team Grande Dornoire, vous êtes des oufs ! Voilà, vous êtes des oufs !

  • Speaker #0

    Non, mais en fait, c'est un réseau. Le jour où j'ai les moyens, là, ce réseau, quand les gens, là... les compétences vont être mis en lien et on va soulever le continent comme ça. En tout cas, il est arrivé, il m'a mis ses compétences à disposition et on a créé ensemble GNTV. Et il a fait un travail de dingue. Moi, l'application, je suis amoureuse de mon application, de notre application. Elle est à lui aussi, tu vois. Vraiment, je pense qu'on a été le bon duo parce qu'on a eu beaucoup de bâtons dans les roues avec...

  • Speaker #1

    C'est dur, les gens ne se rendent pas compte, mais développer une application pour iOS, c'est très très dur.

  • Speaker #0

    Il faut se lever tôt et il faut avoir les bonnes personnes qui ont l'expérience dans ce milieu-là. Ah, c'est dingue ! Donc ça a été très repoussé, c'était chaud et c'était très cher. Donc du coup, l'application est née. Ça a été, on va dire, la version avancée de la plateforme. Et cette fois, l'application, c'était sur les téléphones.

  • Speaker #1

    Format vertical.

  • Speaker #0

    Plus court, parce que aussi, beaucoup, les gens râlaient que c'est trop long, on n'a plus le temps, c'est plus le Covid, on n'est plus confiné, on n'a pas le temps. Donc j'ai raccourci, j'ai dynamisé avec beaucoup d'enquêtes de terrain, puisque j'avais voyagé, je me suis servi de ces images-là.

  • Speaker #1

    Finalement, tu n'es plus dans j'ai lu dans tel livre, telle chose, telle chose c'est regardez C'est du terrain.

  • Speaker #0

    Et ça aussi, on me le reprochait beaucoup. On m'a reproché de ne pas être née en Afrique, de ne pas avoir grandi en Afrique. Mais on m'a reproché de ne m'appuyer que sur de la théorie, des livres et tout. Donc là, j'étais sur le terrain et je ramène aussi des images pour que les gens aient envie de traverser l'écran et d'aller vivre eux-mêmes. Et ça m'a amené à finalement organiser des voyages carrément.

  • Speaker #1

    C'est l'étape où je voulais arriver. Mais les voyages, tu les commences avant d'être établi au Kenya ?

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Ok, d'accord. Organiser des voyages pour les gens, tu les fais avant.

  • Speaker #0

    Ah oui. Donc, fin 2021. Je crée la plateforme Grandeur Noir TV où les gens s'abonnent pour 2 euros par mois. Il n'y a pas d'engagement, tu t'arrêtes quand tu veux. Il y a eu énormément d'abonnés. Le moment de ma vie où j'ai le plus gagné d'argent, c'est à ce moment-là avec cette plateforme. Vraiment, je ne m'attendais pas. Les gens, peut-être que c'est les 2 euros ou pour eux c'est rien, mais ils ont répondu présent. Et donc, ça m'a énormément aidée. Ça m'a aidée à payer l'application. J'ai pu la financer, j'ai pu financer mon accouchement, j'ai pu financer plein de choses. Mais toujours des choses qui me permettent d'avancer dans ma vie. Pas acheter des sacs. Donc voilà, j'ai avancé dans mes projets grâce à ça. Et 2022, j'organise un gala. Parce que dans tout ça, c'est les fonds que j'ai récupérés avec mes contenus que je propose payants. C'est des fonds que j'utilise pour moi, à la limite pour l'application, mais pas pour le documentaire. Là, je commence à m'éloigner un peu.

  • Speaker #1

    C'est ta première mission. Oui,

  • Speaker #0

    donc je reste sur ma mission. J'ai quitté la Guyane pour mon documentaire, pas pour autre chose. Donc, j'organise un gala avec un co-producteur, un partenaire qui me donne l'idée. D'ailleurs, c'est lui qui me donne l'idée. Il m'aide à trouver la salle et tout. Et puis on y va, on fonce. Bon, par contre, tout le reste, c'est moi qui ai fait. Tout le reste... Et organiser un gala, c'est quelque chose. À Paris, dans une communauté que je ne connais pas. Je ne connais personne à Paris. Franchement, je vais dire un grand merci à Eden de Glamethnik, qui m'a fait profiter de son réseau et qui a invité la crème de la crème au gala. J'ai eu des VIP de dingue. que je ne connaissais pas, quoi. Je n'aurais jamais pu imaginer les avoir. Elle les a fait venir parce qu'elle connaît beaucoup de monde. Donc, ça a été un vrai défi. On a soulevé des sous, toujours pas suffisamment, c'est clair. Mais on a soulevé des sous et encore une fois, avec la réalisatrice qui devait réaliser, on s'est dit, ça y est, là, c'est bon,

  • Speaker #1

    on part du tout.

  • Speaker #0

    Et là, je ne sais plus qu'est-ce qui s'est passé. On n'est pas parti. Mais on était à ça, quoi. On devait... Est-ce qu'on devait aller filmer la balle au Rwanda ?

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    J'étais... Attends.

  • Speaker #1

    Ouais, tu t'es dit encore. Malheureusement, on part pas.

  • Speaker #0

    Les finales et tout. On avait tout. Tout était set-up. C'est-à-dire, on devait suivre un joueur de NBA américain invité là-bas, être dans les loges, interviewer les... On a les autorisations. Le caméraman est OK, il est dispo. Le cam... L'ingé son... Le truc, c'est pas fait. Le truc, c'est pas fait.

  • Speaker #1

    Le timing, le timing. Il y a sûrement une raison qu'on comprendra plus tard.

  • Speaker #0

    Donc du coup, super déception 2022. Parce que malgré tous les efforts que j'ai mis dans le gala, encore une fois, on part pas. Et là, du coup, 2020, ouais, c'est septembre 2022, au gala, on rencontre le directeur de Ethiopian Airlines.

  • Speaker #1

    OK, d'accord.

  • Speaker #0

    Il est complètement subjugué. par ce qu'il a vu au gala ce soir, la façon dont ça a été organisé, ce qui a été présenté, les prises de paroles. J'avais eu des intervenants incroyables. Donc, il m'a pris au sérieux et il m'a invité dans ses bureaux. Il m'a dit, voilà, il faut qu'on fasse un partenariat. Je te propose de faire un voyage avec des gens de ta communauté.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Dans trois semaines. Ah !

  • Speaker #1

    Ah !

  • Speaker #0

    Tu sais, là, je te dis, ma communauté, dingue ! Ils sont dingues ! Ils sont prêts ! Quoi qu'il arrive, ils sont là, au taquet, ils attendent.

  • Speaker #1

    Donc,

  • Speaker #0

    fin août, j'annonce qu'un voyage est organisé vers l'Ethiopie pour septembre. Et donc, l'idée, c'est qu'ils payent leur voyage à moindre coût. Parce qu'il y a ce partenariat où on bloque les billets au tarif le plus intéressant. Sur place, on est pris en charge par une agence et tout. Donc, au départ, le premier voyage, moi, je ne fais rien. J'annonce, je suis sur place avec eux.

  • Speaker #1

    En fait, toi, t'es même comme eux. Tu découvres un petit peu. Vas-y, on est parti.

  • Speaker #0

    C'est déjà les plus hauts prix qu'il y avait été. Mais si tu veux, j'ai pas organisé. Ils m'ont proposé trois circuits.

  • Speaker #1

    C'est Ethiopien qui organise.

  • Speaker #0

    Mais c'est pas moi qui fais guide. C'est pas moi qui explique. C'est pas les vies d'avion internes. J'ai rien fait. Par contre, on a fait le séjour et tout. Quand j'ai vu ça, et que j'ai vu qu'il y avait beaucoup la diapositive, c'était beaucoup des personnes qui n'avaient jamais mis leur pied en défrécie. Ils ont été émerveillés. Ils ont eu envie de revenir. Ils ont adoré. Je me suis dit, mais en fait, pourquoi ce serait que eux ? Pourquoi ce serait qu'une fois ? Il y a d'autres personnes qui veulent découvrir dans ces conditions-là, c'est-à-dire être un groupe avec les mêmes...

  • Speaker #1

    Les mêmes valeurs, bien sûr.

  • Speaker #0

    Les mêmes valeurs, la même vision pour l'Afrique. Parce que des fois, c'est dur de trouver dans son propre entourage des gens avec qui avoir des conversations sur tel livre ou sur telle émission.

  • Speaker #1

    Parce que tu as ceux qui veulent venir, qui veulent être dans les resorts.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Et tu as ceux qui veulent découvrir vraiment.

  • Speaker #0

    Et puis t'as ceux qui ne veulent pas partir en Afrique, avec, tout simplement.

  • Speaker #1

    Oui, aussi.

  • Speaker #0

    Donc là, au moins, tu pars avec un groupe qui est dans la même vibe que toi. Tu pars, tout est encadré. Tu fais juste un paiement, tout le reste est pour le charge. T'as pas à faire de recherche, t'as pas à...

  • Speaker #1

    T'as juste à venir à l'aéroport avec tes valises.

  • Speaker #0

    T'as pas à avoir peur d'une arnaque. Tu fais ta valise, même ton visa en tête. Donc, quand j'ai vu cette formule-là, j'ai dit, tu sais quoi ?

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose.

  • Speaker #0

    Là, j'ai gardé la formule. Bon, j'ai dû le refaire à ma sauce parce qu'il y avait plein de trucs touristiques qui n'étaient pas forcément intéressants.

  • Speaker #1

    En accord avec ce que tu veux.

  • Speaker #0

    En accord, mais je veux dire, si on veut rentrer dans vraiment raconter l'Afrique, ce n'était pas forcément le plus intéressant. Donc, j'ai refait mon petit circuit. J'ai trouvé un super guide. Et donc, j'ai commencé par offrir l'Éthiopie comme proposition de voyage.

  • Speaker #1

    Des destinations, oui.

  • Speaker #0

    Les gens, ils n'attendaient que ça. Franchement. Et là encore... Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de personnes issues des Antilles ou de la Guyane qui proposent des voyages vers l'Afrique, cette communauté-là notamment, l'Antille-Guyane, vers l'Afrique où c'est vraiment cadré, tu vois, et c'est sécurisé. Donc, à chaque fois, j'arrive sur des créneaux. Mon application aussi. Aujourd'hui, ça n'existait pas. Une application qui propose des vidéos sur l'Afrique, l'histoire, la culture, la mode, la santé. Tu vois, les voyages, l'entrepreneuriat, le développement personnel, il n'y en a pas. Donc, à chaque fois, je me suis rendu compte que j'amenais quelque chose de nouveau. Et c'est pour ça que les gens sautent dessus, parce que j'étais en mode... Comment ça se fait qu'à chaque fois que je fais un truc, les gens ils sont au taquet, ils viennent ? C'est quoi ? En fait, c'est que je propose des choses qu'il n'y a pas et que les gens attendent.

  • Speaker #1

    Ouais, et n'oublie pas surtout une chose, c'est que depuis 2016, tu le fais.

  • Speaker #0

    Aussi.

  • Speaker #1

    Et ça, pour les gens, c'est quelque chose.

  • Speaker #0

    La réputation.

  • Speaker #1

    La réputation et la régularité, l'endurance, montrer qu'elle ne fait pas ça pour un buzz, elle ne fait pas ça depuis un an, elle fait ça depuis 2016. Elle nous parle de ça, elle avait quatre abonnés. Tu vois ? Donc c'est qu'elle est vraiment passionnée. Tu as confiance parce que tu te dis, elle n'est pas là. Oui, bien sûr, elle veut faire du business. Bien sûr, elle veut faire de l'argent parce qu'elle a des projets, parce qu'elle a une vie de famille, parce qu'elle doit payer ses trucs comme tout le monde. Mais tu sais que le but premier, ce n'est pas de faire de l'argent. Et je pense que c'est ce qui fait que les gens ont encore plus envie de participer parce qu'ils savent que ton but premier, c'est de raconter l'Afrique comme elle doit être racontée.

  • Speaker #0

    Tu sais quoi, j'ai évolué sur cette question-là. Parce que par exemple, là j'ai pris les choses à l'envers. J'ai longtemps pensé que le but premier n'était pas de faire de l'argent, mais de raconter l'Afrique. Maintenant mon but premier c'est de faire de l'argent pour pouvoir mieux rappeler l'Afrique, mieux proposer l'Afrique en voyage, mieux mener des projets qui permettent de... De continuer ce travail-là,

  • Speaker #1

    dans de bonnes conditions. Quand tu rentres dans le comté entrepreneur, effectivement, tu comprends qu'il faut de l'argent pour bien faire les choses.

  • Speaker #0

    C'est l'argent qui permet dans ce système-là d'entretenir. Bien sûr. Donc autant se servir. On est dans ce système, on est piégé dedans.

  • Speaker #1

    Donc autant s'en servir. Bien sûr, exactement. Et là,

  • Speaker #0

    j'ai compris tardivement, parce que pareil, on n'est pas élevé dans cette mentalité-là en Guyane ou aux Antilles. Nous, on est colonisés, on est dominés. Donc on n'est pas élevé dans le fait de... de l'éducation financière déjà, et dans le fait de devenir riche. C'est mal vu. Les riches, c'est les méchants. Les riches, c'est les corrompus. Les riches, c'est ceux qui écrasent les autres. Ben non, pas forcément.

  • Speaker #1

    Non, pas forcément. Bien sûr.

  • Speaker #0

    Il y a des personnes comme Cheung Yang qui sont riches et qui utilisent leur argent à bon escient. Tu vois, il a fait des fermes. Il a fait des instituts de formation. Il en a trois. Trois instituts différents de formation. Et il a financé ça lui-même. Il y a zéro subvention. Donc, on peut utiliser son argent à bon escient. quand j'ai compris avec Chen Yang ça c'est un des exemples, je me suis dit en fait l'argent c'est pas sale,

  • Speaker #1

    c'est pas mauvais il faut juste savoir l'utiliser comme toi si tu l'utilises bien,

  • Speaker #0

    pour la lumière donc moi maintenant c'est je deviens riche je fais l'argent et je n'ai plus honte de faire l'argent c'est important,

  • Speaker #1

    donc tu fais ce premier voyage en Ethiopie, premier groupe qui part tu te rends compte qu'il y a économiquement il y a quelque chose à faire et

  • Speaker #0

    Tu vois, là, j'en étais pas encore là.

  • Speaker #1

    Oui, t'en étais pas encore là, mais toi, tu te rends compte ?

  • Speaker #0

    Parce que tu sais quoi ? Je me suis pas payée avec les premiers voyages.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    Je touchais rien du tout.

  • Speaker #1

    De toute façon, je pense que c'est comme tout projet entrepreneurial. Les premiers trucs, tu fais tellement d'erreurs que tu fais pas de bénéfices.

  • Speaker #0

    Mais en fait, là, c'est même pas question d'erreur. C'est que j'ai même pas pensé à me payer.

  • Speaker #1

    Ah, ok.

  • Speaker #0

    Je me rappelle, le premier groupe m'a dit Mais t'es folle ou quoi ? Parce qu'ils savaient pas. Tu vois, ils pensaient pas. Il y a quelqu'un qui m'a fait la réflexion.

  • Speaker #1

    T'as dit, bah non, moi non.

  • Speaker #0

    Ouais, ta commission elle est méritée ou un truc comme ça.

  • Speaker #1

    Quelle commission ?

  • Speaker #0

    J'ai dit, mais non, je prends pas de commission. Il m'a regardé. T'as organisé tout ça, t'as fait tout ça et tu prends rien. Et donc, tu vois, c'est rentré, c'est ressorti. Et il m'a fallu au moins 3-4 voyages.

  • Speaker #1

    Pour comprendre que tout travail mérite... Ah oui, tout travail mérite...

  • Speaker #0

    C'est du travail, c'est du stress. Bien sûr. J'ai la responsabilité des gens. Pendant tout le séjour, jusqu'à ce qu'ils retournent chez eux, dans leur maison qu'ils ont quittée. Ils sont sous ma responsabilité.

  • Speaker #1

    Et donc là, ça fait quoi ? Depuis 2021 ? 2022. Ça fait deux ans que tu organises les voyages ?

  • Speaker #0

    Le deuxième voyage, dans trois semaines.

  • Speaker #1

    Inch'Allah.

  • Speaker #0

    Au Kenya.

  • Speaker #1

    Et donc, tu arrives quand au Kenya pour t'installer ?

  • Speaker #0

    Alors, au départ, je n'y vais pas pour m'installer. Au départ, j'y vais pour me reposer. Parce que je sors... Alors, j'ai fait une première tournée d'Afrique enceinte. J'ai accouché. J'ai fait une deuxième tournée d'Afrique avec mon bébé. Ok. Voilà. Donc, ça a duré... Le tout a duré trois ans. 2000... Fin de...

  • Speaker #1

    Elle est complètement folle, cette... Mais où ?

  • Speaker #0

    Fin 2022, je fais une pause dans cette tournée-là. Je me repose parce que je... Les hôtels à 10 euros... Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui.

  • Speaker #0

    Tout ça, là. Prendre des avions toutes les semaines ou faire des 14 heures de voiture, je suis épuisée. Donc je vais au Kenya, je vais dans un endroit qui n'a rien à voir avec le documentaire, que je ne comptais pas mettre dans le documentaire, pour être sûre que je ne sois pas tentée d'aller faire tout. Donc je vais dans un endroit exprès qui n'a rien à voir, je vais dans un endroit perdu où je me dis que je ne vais pas en ville, parce qu'en ville il y aura des musées, je vais pouvoir aller filmer. Je vais dans un petit village. Je tombe amoureuse du village. Donc, je devrais rester un mois, je reste deux mois et demi. Je n'ai pas envie de repartir. Bon, je repars faire la tournée, tout ça. Mais je ne pense qu'il y a une chose, c'est de retourner dans ce village. Donc, quand j'ai fini le repérage, quand j'ai fini ce tour d'Afrique, c'est une évidence pour moi que...

  • Speaker #1

    Dans ton cœur, dans ton... Tu sais que maintenant, je rentre là-bas.

  • Speaker #0

    Je continue le travail du documentaire parce que là, c'est autre chose. Bref, il y a d'autres étapes. Mais je peux rester sédant. je peux m'installer cette fois-ci. Pour ces étapes-là, je peux travailler du même endroit. Donc, c'est évident pour moi que je retourne là-bas dans ce village. Je retourne une première fois pour me renseigner. Je reste trois mois pour me renseigner sur le visa, le permis de séjour, tout ça. Je me rappelle, je fais un saut en France. Moi, je pense que c'était le saut pour dire au revoir à ma famille. Franchement. Et après, fin 2023, je m'installe vraiment. Mais quand je dis que je m'installe vraiment, c'est que j'ai emmené des livres à moi. Si j'emmène mes livres, c'est que c'est chez moi.

  • Speaker #1

    Ça t'a fait quoi émotionnellement quand tu as réalisé que ça y est, je me suis installé sur le continent ?

  • Speaker #0

    Une délivrance. Alors, pas sur le continent, mais juste le fait de redevenir sédentaire. Oui. C'est une délivrance. Avec un enfant en bas âge.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Parce que tu as vécu quand même sur la route avec un enfant en bas âge. Seul. Seul.

  • Speaker #0

    Parce que je pense qu'en groupe, tu vois, tu peux...

  • Speaker #1

    Oui, tu peux gérer. Oui, effectivement. Follé. Effectivement.

  • Speaker #0

    quand tu veux souffler, il y a quelqu'un qui prend le relais sur les enfants.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça que pour moi, c'était important de te recevoir. Et je te l'ai dit, et je le redis devant les gens, parce que pour moi, je trouve qu'il faut que les gens comprennent l'amour et la passion que tu as pour ton travail. Parce que pour faire tout ça, seul, avec un enfant en bas âge, être sur la route, dans les avions, avec les valises, les bagages, préparer tes tournages en amont, faire tes tournages, faire tes montages, publier. Gérer la communauté qui te pose des questions Gérer les voyages que tu vas faire En fait je sais même pas si toi même Tu te rends compte de les 2-3 années Qui viennent de passer Tout ce que tu as dû gérer Gérer les... T'arrives dans un truc peut-être le visa Il est pas bon, t'es dans une galère, il faut que tu gères ça Le contact qu'on t'avait donné Qui t'avait dit que oui je serais le chauffeur Je vais t'amener et qui vient pas Je sais pas si toi même tu réalises Tout ce que tu as eu à traverser Mais en même temps, je ne sais pas si tu réalises ce que tu es en train de faire vivre à cet enfant, cette chance. Parce que pour moi, c'est une chance. Cette enfance qui voyage, qui découvre ses cultures, c'est tout ça. Même si c'est un enfant en bas âge, je trouve que c'est même là où tu enregistres inconsciemment plus tout.

  • Speaker #0

    En fait, on les sous-estime.

  • Speaker #1

    On les sous-estime de fou. Et tu vois, en plus, attends, je rajoute un truc. Parce qu'en plus, tu fais l'école de ton enfant à la maison. Donc tu t'occupes de l'éducation d'enfants à la maison. Toi, tu n'es pas un couteau suisse. Toi, tu es un... Je ne sais pas ce que tu es, mais tu as 10 milliards de choses. Et je trouve que... Et c'est pour ça que je voulais surtout te recevoir, parce qu'au-delà du parcours qui est hyper inspirant, parce que tu montres aux gens qu'il n'y a pas de voie arrêtée. Tu vois ? Tu as eu une éducation scientifique, tu es passé, tu as eu des moments où tu ne t'es pas senti bien, mais tu as su remonter. Tu te destinais vers quelque chose. Mais finalement, ta passion, tu l'as rattrapée et tu l'as développée. Tu ne savais pas où tu allais avec ça. Tu as une idée de documentaire, mais finalement, aujourd'hui, tu te retrouves à organiser, faire vivre des souvenirs de vie qui vont marquer des gens toute leur vie dans les voyages qu'ils font. Tu vois qu'ils vont marquer, ils vont le raconter à leurs enfants, leurs petits-enfants. Tu te retrouves à impacter des vies. Tu vois aujourd'hui, que ce soit par les contenus que tu produis, que ce soit par les coups de gueule que tu fais, tout ça, que ce soit par les voyages que tu organises, Je ne sais pas si tu prends conscience à un moment de la dimension de tout ce que tu fais. Et c'est pour ça que pour moi, je voulais t'avoir, pour que les gens qui peut-être ne te connaissent pas, qui suivent le podcast, te découvrent, mais que surtout les gens qui te connaissent, qui regardent le podcast, et qui se disent mais ouais, en fait, Safia, c'est une ouf, en fait. Elle fait tout ça, c'est une grosse dingue. Safia, elle aurait pu faire une carrière dans l'humour, faire des voyages en business dans les hôtels 5 étoiles tous les jours pour faire ses spectacles, faire rire les gens et tout. Maintenant, elle a choisi une autre voie et aujourd'hui, elle est là, elle nous éduque. En plus, attends, il faut que je rajoute, parce que tu subis aussi, certes, pour l'instant, on n'a parlé que des gens qui te supportent, mais il y a les haters sur les réseaux sociaux, il y a la diffamation sur les réseaux sociaux, c'est une grosse pression psychologique. Donc, pour moi, c'est ça qui est inspirant. Et ce qui est encore plus inspirant, c'est de se dire que...

  • Speaker #0

    T'es né en France, t'as vécu en Guyane. Oui, effectivement, par ton géniteur, t'as une touche africaine. Mais finalement, tu racontes mieux l'Afrique que beaucoup d'Africains. Tu connais mieux l'Afrique que beaucoup d'Africains. Tu es plus africaine finalement que beaucoup d'Africains.

  • Speaker #1

    Tu as créé des problèmes dans les commentaires là.

  • Speaker #0

    Commentez, c'est bon pour l'algorithme. Allez-y, les rachets, commentez, commentez, commentez. Il n'y a pas de problème. Donc voilà, pour moi, c'était ça qui était important d'avoir comme discussion avec toi. Même tu vois, pour moi aujourd'hui, même si on se parle souvent, j'ai appris des choses dans cette discussion. Et avant de la terminer cette discussion, pour moi, il y a la question que je pose à tous mes invités, c'est tu te vois où dans cinq ans ? Est-ce qu'aujourd'hui, quand tu... Parce que ce n'est pas tous mes invités qui réfléchissent pareil. Tu vois, par exemple, j'ai reçu Kai qui a une vision très claire de où est-ce qu'il veut aller dans cinq ans. Mais est-ce que toi, dans ton côté entrepreneurial aujourd'hui... Parce qu'aujourd'hui, maintenant, tu es une entrepreneur à 100%. Est-ce que tu te projettes déjà à Ok, voilà où est-ce que j'aimerais aller dans 5 ans, dans 10 ans ? Ou est-ce que pour l'instant, tu te laisses le temps de maîtriser ce que tu fais, de mûrir ce que tu fais et de le développer au fur et à mesure ? Est-ce que tu es dans la projection ou tu es plus dans l'adaptation au fur et à mesure ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne vais pas être dans une projection parce qu'en fait, je vis une vie d'incertitude et de menaces tout le temps. J'ai un... contenu qui est quand même pas mal politisé, qui fait que j'ai des représailles dans ma vie. Ah oui ? Tu vois, même si mon contenu est sur les réseaux et que c'est un contenu digital, je représente une menace réelle pour certains intérêts occidentaux qui me le font payer dans ma vie réelle. Pas sur la vie digitale, c'est pas juste du shadowban. J'ai des sanctions dans la vie digitale, comme le shadowban,

  • Speaker #0

    comme les vidéos qui sont prémées.

  • Speaker #1

    Preuve à l'appui, je montre quand il supprime les vidéos, les messages que je reçois et de suppression et tout. Mais j'ai aussi dans la vie réelle. Pas plus tard qu'hier, sur le chemin entre Saint-Louis et Dakar, je reçois un courrier recommandé qui est arrivé et qui m'a envoyé en screenshot. Donc, c'est arrivé à mon adresse en Occident. Ma banque qui me rejette, qui me vire. Troisième banque qui clôture mon compte en deux ans.

  • Speaker #0

    Ouais, et pour quel prétexte ?

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de prétexte, il n'y a pas de justification. Tu reçois un message, nous ne souhaitons pas plus collaborer avec vous, vous avez tant de temps pour enlever vos sous et c'est clôturé. Le souci c'est que quand c'est très difficile pour toi d'ouvrir un compte parce que les banques te disent non, moi c'est le cas, les banques me disent non, j'ai fait je ne sais pas combien de banques, c'est non. On ne te donne pas d'explication non plus, les banques ont le droit de refuser, donc on ne te donne pas d'explication.

  • Speaker #0

    Tu vois, je n'en recevais pas ça.

  • Speaker #1

    Et d'un autre côté, on te clôture ton compte. Tu fais quoi ? Tu fais comment pour payer tes billets d'avion ? Tu fais comment pour payer ton loyer ? Tu vois ? Même si je suis installée au Kenya, j'ai la nationalité française uniquement. Je n'ai pas la nationalité, je n'ai pas d'autre nationalité. Et même si ce n'est pas une nationalité que je souhaite, parce que je l'ai héritée du colon qui est venu m'arracher à mon continent, moi et ma lignée. Je n'ai que ça en fait. Donc je ne peux pas juste tourner mon dos, dire bye bye, tout ouvrir au Kenya. Parce que demain au Kenya, la loi change, il y a un nouveau gouvernement. Ils disent bon les expatriés là, rentrez chez vous, je ne sais quoi. Je rentre où ?

  • Speaker #0

    Ce sera la France.

  • Speaker #1

    Donc je ne peux pas ne rien avoir en France, sachant que mes parents sont Guyanais, ils vivent encore en Guyane, ils vieillissent. Demain, il y a des hospitalisations à gérer pour eux. Peu importe le souci qu'il peut y avoir. Mais... Si je dois payer un billet d'avion pour un enterrement, rentrer en Guyane ou quoi, il faut que j'ai un compte en banque français, il faut que je puisse fonctionner. Donc du coup, quand on te jette dehors et que tu n'as pas de solution au niveau de la banque, tu es hors système, c'est très grave. Même pour ma société, ma société ne peut être basée qu'en France actuellement. Elle ne peut pas être basée au Kenya. Je ne correspond pas aux critères pour pouvoir ouvrir cette société-là au Kenya. Donc étant en France cette société, si elle n'a pas de compte en banque, on fait comment ? Comment je reçois les paiements ? Comment j'effectue moi les paiements des prestataires ? Donc ça ce sont des sanctions. Donc je suis tout le temps sur le qui-vive. Hier, quand j'ai reçu ça, il a fallu retourner chercher une banque. Dans l'urgence, pour ma société, pour mon compte personnel, pour mon association. là où il y a la cagnotte, fais quoi de la cagnotte si j'ai pas de compte en banque tu vois donc voilà c'est tout le temps un stress et ça c'est pas des choses que je partage forcément sur les réseaux mais Tous les jours, Olivier, tous les jours, j'ai des attaques. Tous les jours. Ça peut être la banque, ça peut être autre chose. Quand je voyage, ça ne se passe jamais bien. Que ce soit la frontière quand je quitte un pays ou la frontière quand j'arrive, il y a toujours un truc. On va me prendre à côté, on va me dire Madame, attendez On va me poser des questions, on va me fouiller, on va me retourner mon sac. On va me traiter comme si j'étais une trafiquante de drogue, tu vois. Comme si je cherchais, je ne sais pas, un truc. Alors qu'en fait, non. C'est juste que mon passeport, il y a certainement quelque chose qui est en haut du mur. peut-être des messages et voilà ça signale des choses qui font que même des fois on me refuse certains territoires dinguerie c'est sûr que d'avoir des contenus où

  • Speaker #0

    tu mets des vraies opinions avec des vrais arguments c'est pas mettre des opinions pour juste mettre des opinions mais c'est en plus avec des arguments et des argumentaires qui sont très précis ça dérange des gens donc du coup je n'ai pas le temps

  • Speaker #1

    de penser à me projeter. Il n'est pas ce temps-là de me poser et de pouvoir faire un plan de ce que je vais devenir parce que tout peut s'effondrer à tout moment. Là, tu vois, je vais devoir me battre les prochains jours pour trouver un compte en banque pour ma société GNTV, pour mon application, parce que sinon tout s'effondre.

  • Speaker #0

    Oui, sinon tout s'effondre, effectivement. Donc,

  • Speaker #1

    je suis tout le temps dans l'urgence. Tous les jours de ma vie, je suis dans une urgence. Et en plus de ça, il faut penser au contenu, au sujet. Il faut garder le sourire quand on les présente, il faut garder l'énergie de dire générique. Donc je n'ai pas le temps de me projeter malheureusement.

  • Speaker #0

    Il faut gérer le quotidien de la maison.

  • Speaker #1

    J'aurais cette intense pression. Je pense que c'est fait pour ça. Je ne pourrais pas me sortir de l'instant présent.

  • Speaker #0

    Et gérer le futur. Voilà pour les projections. Et c'est ça que les gens ne réalisent pas toujours. quand ils voient les contenus que tu fais, parce qu'ils voient juste le contenu, ils se disent, ça va, tout va bien. C'est pour ça que c'est important que tu mettes des mots dessus, pour que les gens réalisent. En tout cas, ça fait deux heures qu'on parle. Moi, j'aurais envie de continuer cette discussion. Je pense qu'on aurait beaucoup de choses à dire, qu'il y a beaucoup de choses à développer. On est allé vraiment en surface sur beaucoup de choses, parce que tu as beaucoup de choses à dire. En tout cas, moi, ce que je retiens de cette discussion, c'est que tu es une battante, c'est la première chose que je retiens. Tu es une personne qui ne baisse pas les bras, tu es une personne qui finalement a toujours avancé avec ses convictions. Même si à un moment tu as eu des doutes, quand tu as eu cette période de dépression, tu as su retrouver tes connexions, tu as su retrouver tes motivations, tu as su retrouver ce qui t'anime, ce qui t'allume. Tu as essayé des choses. Tu as réussi dans des choses, tu as même découvert des talents que tu avais par hasard, tu as fait de l'argent avec ces talents-là, mais à la facilité parce que c'est du travail, tu as choisi encore une fois ce qui t'anime pour continuer ta vie. Aujourd'hui, tu as encore choisi ce qui t'anime parce que tu vis ta vie, tu t'es senti à la maison, tu t'es senti chez toi, tu changes la vie de personne, que ce soit par le contenu qu'il regarde. que ce soit par les voyages qu'ils font avec toi. Moi, tout ce que je te souhaite, c'est de continuer, de continuer à éduquer les gens. Parce que ce qu'il faut que les gens retiennent, c'est que depuis tes premières vidéos, tu as fait rire les gens. Tu as toujours cherché à éduquer. Je te souhaite de continuer à éduquer les gens, comme tu as envie de le faire. Je te souhaite qu'il y ait encore plus de voyages, que tu fasses venir encore plus de gens sur le continent et même faire que des gens du continent quittent pour aller peut-être en Guyane, pour aller peut-être aux Antilles, parce qu'on parle souvent du retour...

  • Speaker #1

    Aux chenitapes.

  • Speaker #0

    Tu vois, on part souvent du retour pour que les Antillais, les Guyanais viennent, voir d'où ils viennent. Mais je pense que ce sera aussi important que les Africains regardent ce que leurs frères vivent, où ils sont. Et s'intéressent à où ces gens sont parce que c'est leur famille, on fait partie d'un tout. Et ce n'est pas que les autres qui doivent venir. C'est à nous aussi de partir et d'aller découvrir et de comprendre et de retrouver peut-être certains de nos codes là-bas et de se dire que, ah ouais, on fait vraiment... que un. Tu vois, donc j'espère qu'à ça la cite, en tout cas de Grand Or Noir, de tout ce que tu vas faire. Merci beaucoup d'être venue t'asseoir. Je suis honorée. On vous a dit l'heure. Il est exactement 3h pile du matin. Pour les gens qui voient, il est 3h. 3h pile du matin. Mais quelle discussion, quel échange. Donc vous voyez pourquoi il faut mettre des commentaires, des likes sur le contenu qu'on fait, parce que vous voyez pas tout ce qui se passe derrière. En tout cas, merci la team incroyable d'avoir suivi ce podcast. Merci à tous ceux qui l'ont écouté. Mettez des commentaires, des likes. partagez allez voir les différents réseaux de Safia je vous les mettrai dans la description et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode du Off Show

  • Speaker #1

    Peace !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • L'enfance en Guyane

    04:38

  • L'université en France

    19:15

  • Sa dépression

    26:54

  • La Jamaïque, le déclic

    33:47

  • Sa carrière de professeur

    42:12

  • La naissance de Safia Enjoylife

    49:48

  • Tout quitter pour Grandeur Noire

    01:03:35

  • Réaliser un documentaire

    01:11:26

  • Le premier voyage en Afrique

    01:23:40

  • Créer sa maison d'édition

    01:29:23

  • L'aide de sa communauté

    01:31:54

  • Le premier voyage de groupe

    01:43:54

  • L'installation au Kenya

    01:53:53

  • Difficile de se projeter

    02:00:21

  • Conclusion

    02:06:47

Description

Êtes-vous prêt à découvrir comment une passion pour la culture africaine peut transformer une vie et inspirer des milliers d'autres ? Dans cet épisode captivant du OV Show, Olivier Vullierme reçoit Safia EnjoyLife, une femme dont le parcours de vie exceptionnel nous plonge au cœur de l'Afrique, de la Guyane au Kenya. Safia, véritable ambassadrice de la culture africaine, partage son amour pour le continent, une passion héritée de sa mère, et nous raconte comment elle a commencé à raconter des histoires qui mettent en valeur la richesse et la diversité de l'Afrique.


Au fil de cette conversation inspirante, Safia aborde des thèmes profonds tels que la dépression et les défis personnels qu'elle a dû surmonter pour se consacrer à sa passion. Son parcours n'est pas seulement une histoire de passion, mais aussi un exemple de résilience et de détermination. En tant qu'enseignante, elle a trouvé un moyen d'éduquer et d'inspirer les autres à travers des contenus qui célèbrent l'Afrique, en touchant des sujets allant du Sénégal à la Côte d'Ivoire, en passant par le Cameroun.


Safia partage avec nous les secrets de son projet de documentaire sur l'Afrique, ainsi que les obstacles qu'elle a rencontrés, notamment à cause de la pandémie. Comment financer un projet aussi ambitieux ? Comment continuer à croire en ses rêves malgré les difficultés ? Ces questions trouvent leurs réponses tout au long de notre échange.


Ce qui ressort de cet épisode du OV Show, c'est l'importance de raconter des histoires authentiques qui mettent en lumière la beauté et la richesse de l'Afrique. Safia nous rappelle que chaque parcours de vie exceptionnel mérite d'être entendu et que chaque voix peut contribuer à un changement de vie significatif. Que vous soyez un entrepreneur passionné, un amateur de culture ou simplement en quête de motivation, cet épisode est fait pour vous.


Ne manquez pas cette occasion d'être inspiré par une femme qui utilise sa voix pour défendre la culture africaine et encourager les autres à découvrir le continent. Rejoignez-nous dans cette aventure où l'éducation, l'inspiration et la passion se rencontrent pour créer un impact durable.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allow me to reintroduce my son and my soul Hello, hello les incroyables, la team incroyable ! J'espère que vous allez bien. Bienvenue sur un nouvel épisode du OVSHOW. Merci à toute la communauté qui grandit, merci à toute la team. incroyable qui commente, qui partage, qui like, qui s'abonne à chaque épisode. Merci à tous ceux qui nous écoutent sur les différentes plateformes podcast. Et aujourd'hui, je reçois quelqu'un que je connais depuis bien longtemps. Je reçois une amie. Je reçois une amoureuse de l'Afrique et du continent. Je reçois une femme d'histoire. Je reçois Madame... générique, elle va nous le faire après. Je reçois Safia Enjoy Life, qui est grandeur noire dans le Off Show. Hello Safia.

  • Speaker #1

    Ah ouais. Ah ouais. Comment tu vas ? Ça va très bien. Maintenant, ça va là.

  • Speaker #0

    En forme ? Bien installée ? T'es à l'aise ?

  • Speaker #1

    Super.

  • Speaker #0

    Bon, je vous le dis, la vérité, elle stresse. Depuis tout à l'heure, elle stresse à la peur des questions que je vais lui poser. Mais c'est pas qu'ici, on est en famille. C'est tranquille, il n'y a pas de stress. On va discuter calmement. Ça me fait plaisir de te recevoir.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Parce que pour la petite anecdote, pour vous dire tout de suite, Safia et moi, on se connaît de Guyane. J'ai vécu en Guyane française entre 2000-2002.

  • Speaker #1

    Si tu dis les dates, ils vont savoir qu'on est vieux.

  • Speaker #0

    Non, mais ils savent déjà qu'on est vieux. Ne t'inquiète pas, ils le savent déjà. Mais j'ai fait deux ans, ma première et ma terminale, et on s'est connus là-bas. On s'est perdus de vue. Les réseaux ont fait qu'on s'est retrouvés. Et aujourd'hui, c'est elle qui est à Dakar pendant quelques jours pour le travail, slash vacances, slash contenu. Et je me suis dit non, t'es là, il faut absolument que tu viennes t'asseoir. Je vous dis tout, il est minuit 53. Minuit 53, on est en train de tourner. Je vous dis non, vraiment, on vous dit tout ici. Et donc, elle a fait le... Elle m'a donné la chance de pouvoir la recevoir. Elle a pris du temps pour venir. Donc déjà, juste pour ça, merci énormément.

  • Speaker #1

    Je suis honorée parce que je suis une grande fan de ton émission depuis la première heure.

  • Speaker #0

    Depuis, elle me tire les oreilles, elle me botte les fesses, elle me dit fais ça, fais ci. Ouais, ça c'est bien. Non,

  • Speaker #1

    il faut toujours que je mette mon petit nez à donner des conseils qu'on ne m'a pas demandé.

  • Speaker #0

    Elle me donne des feedbacks, j'aime bien.

  • Speaker #1

    Mais en tout cas, je suis super fan et j'ai adoré absolument. tous les invités que j'ai vu passer chez toi.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    D'où mon stress.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    La barre est tellement haute.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de stress. Toi-même, tu vas lever la barre. Mais donc, on va commencer étape par étape. Donc, la question que je pose d'abord à tous mes invités, quand ils arrivent, c'est aujourd'hui, Safia, comment tu te présentes avec tout ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    C'est très difficile parce que je pense que le métier, enfin, ce n'est même pas un métier. Les activités que je fais pour gagner ma vie n'ont pas encore de nom. Ça n'a pas encore de nom en fait, ça n'a pas encore d'intitulé. Donc les gens... Faudrait que je... Je vais utiliser plusieurs mots. D'abord, je suis maman. Ça, ce métier, on le connaît.

  • Speaker #0

    Ça, ce métier, on le connaît, ouais.

  • Speaker #1

    C'est mon premier métier depuis que je suis maman, c'est devenu mon premier métier. Ensuite, je suis raconteuse. Parce que finalement, je raconte. Je ne suis pas forcément...

  • Speaker #0

    T'es une griotte.

  • Speaker #1

    Que l'histoire, que la culture, je raconte plein de choses. Ça peut être la politique, ça peut être les voyages, ça peut être... pour les enfants, je raconte. Donc mon métier, c'est de raconter des choses qui valorisent l'Afrique. Et c'est devenu un métier, parce qu'au départ c'était une activité, bon je pense que je raconterai plus tard, mais c'était une activité que je faisais à côté d'un autre métier, sans savoir que ça pouvait être un métier et que ça pouvait générer un revenu.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Donc je suis raconteuse, et je ne sais pas, il y a plein d'autres qualificatifs parce que j'ai écrit des livres. J'ai une maison d'édition, j'organise des voyages. Ah oui, activité importante aussi, je présente des vidéos, j'anime des vidéos. Des vidéos qui, comme je l'ai dit, traitent de diverses thématiques autour de l'Afrique. Et je travaille pour mon propre média, mais également pour le média Afrique Résurrection.

  • Speaker #0

    Ça fait déjà beaucoup de choses. Mais on va commencer étape par étape. Alors toi, Safia, tu n'es où ?

  • Speaker #1

    Je nais à Paris, dans le 9 de...

  • Speaker #0

    Ah ah, 9 de i !

  • Speaker #1

    Je nais dans le 9 de... Très tôt, à quelques mois, ma mère retourne en Guyane et je grandis là-bas toute ma vie. Voilà, je quitte la Guyane à 18 ans pour les études, comme malheureusement beaucoup de jeunes Antillais, Guyanais, Réunionnais, bref, de jeunes colonisés. Parce que chez nous, souvent, il n'y a pas les structures de formation.

  • Speaker #0

    En tout cas,

  • Speaker #1

    à mon époque, il n'y avait pas les structures de formation.

  • Speaker #0

    Tu grandis en Guyane. C'était comment, grandir en Guyane ? Pour les gens qui ne connaissent pas, parce que moi, je connais un petit peu la Guyane française. Mais quand je dis un petit peu, c'est un petit peu parce que j'ai fait que deux ans. Mais toi, si tu devais nous décrire, c'était quoi grandir en Guyane ? Comment tu décrirais ça ?

  • Speaker #1

    Après avoir voyagé et vu pas mal de la planète, pas mal d'endroits différents, j'estime que la Guyane, c'est vraiment le meilleur endroit où grandir de façon saine et équilibrée. Parce qu'on a ce regard global. En fait, la Guyane, c'est vraiment... la planète en miniature. Tu as toutes les populations de la planète en Guyane. Et même pas seulement en Guyane, même dans un petit quartier de Guyane, tu vas avoir toutes les populations. Tu vas avoir des Chinois, tu vas avoir des Mongs. Il n'y a pas beaucoup d'endroits dans le monde où tu vas côtoyer des Mongs, aller en classe avec des Mongs.

  • Speaker #0

    Alors est-ce que tu peux expliquer juste pour les gens qui ne comprennent pas, c'est quoi des Mongs ?

  • Speaker #1

    Les Mongs, c'est une population originaire du Laos qui a trouvé refuge... en Guyane, après la guerre d'Indochine. Bon, bref, on ne va pas raconter les alliances et tout. En gros, ils se sont alliés à la France. Et du coup, lorsque la France a perdu, ils ont été persécutés dans leur pays. Donc, certains d'entre eux ont été recueillis en Guyane. Et c'est devenu une communauté extrêmement forte et inspirante parce qu'ils ont développé notamment l'agriculture, pas que, mais l'agriculture. Et aujourd'hui, l'agriculture en Guyane est beaucoup, beaucoup, beaucoup approvisionnée par les populations monges.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    qui en plus, qui ont été installés dans un endroit qu'on pensait être assez hostile, tu vois, dans les montagnes, reculés et tout, et au final, ils ont transformé ça en une manne. Et je trouve que c'est inspirant pour les populations guyanaises de regarder ce qu'ils ont réussi à faire dans un pays étranger, sans maîtriser la langue, sans maîtriser la législation et tout. Ils ont réussi à construire des empires qui se transmettent de génération en génération. Donc nous... Les autres populations à Guyane, il faudrait peut-être qu'on regarde dans cette direction et que chez nous-mêmes, on soit capable de faire aussi bien.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai, parce que ce que tu dis, c'est tellement vrai. Parce que moi, de mon souvenir de Guyane, j'ai rencontré tellement de gens d'origine différente. Même, tu vois, moi je suis un gourmand, des cuisines différentes.

  • Speaker #1

    C'est là où on mange le mieux dans le monde.

  • Speaker #0

    Franchement, j'avoue.

  • Speaker #1

    Parce que justement, tu peux, dans le même quartier, tu vas manger des spécialités brésiliennes. dominicaines, haïtiennes, amérindiennes, bouchininguées, tout ça dans le même quartier en fait. Même au Palmiste, tu fais juste... enfin le Palmiste c'est une place où il y a des carambulants qui vendent de la nourriture.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est la place centrale, je veux dire, de Cayenne vraiment.

  • Speaker #1

    Et du coup là, il y a plein de carambulants qui vendent de la nourriture, juste tu fais le tour, tu fais le tour du monde culinaire.

  • Speaker #0

    C'est vrai, non c'est vrai. Et donc toi c'est ça le... Le souvenir que tu gardes ? Oui,

  • Speaker #1

    parce que pour avoir vécu dans différents endroits dans le monde, j'ai vu qu'il y avait quand même des endroits qui sont très beaux, mais qui sont très fermés aux autres. Et où il ne fait pas forcément bon vivre dans le lien des gens entre eux dans le pays. Donc, voilà, ce n'est pas aussi convivial, accueillant. Il y a une mixité en Guyane que je n'ai pas retrouvée ailleurs dans le monde. Et les gens ne comprennent pas que quelqu'un qui est chinois en Guyane... qui a grandi en Guyane, qui est né en Guyane, qui a été en classe avec d'autres personnes, va se sentir Guyanais avant d'être Chinois, va parler le Guyanais, va jouer le domino, va cuisiner. Il sera vraiment Guyanais dans sa culture. Et c'est cette culture qui nous lie tous, qu'on soit blanc, descendant d'esclaves. En fait, je ne sais pas comment expliquer, mais le Guyanais, c'est vraiment particulier. Il faut y aller pour comprendre. Mais du coup, d'avoir grandi dans... Cette ouverture au monde de par les cultures, parce que par exemple pour eux, parler des mondes, ils ont gardé leur tradition, ils sont restés ancrés dans leur tradition. Ils fêtent leur nouvel an, qui n'a rien à voir avec notre calendrier. Ils portent leur tenue traditionnelle, ils font des activités typiques de chez eux, malgré la distance et les années qui les séparent de leur pays. Et donc, tu peux aller assister au nouvel an, voir leur tenue, voir... Et cette ouverture au monde de pouvoir voyager en restant en Guyane, juste en changeant de commune ou de quartier. Mais c'est énorme comme richesse, c'est énorme. Je me sens dépaysée nulle part. Je vais aller au Cambodge ou au Vietnam, je vais retrouver une place de Guyane.

  • Speaker #0

    Tu vas retrouver des côtes, bien sûr.

  • Speaker #1

    Je vais au Brésil à côté, je vais retrouver la Guyane. Partout en fait où je vais, même en Afrique quand je suis venue, j'ai dit mais attends, c'est chez moi, Saint-Laurent-du-Maroni, Grand-Santi où j'ai vécu. C'est la même chose, c'est le Gabon, c'est la Côte d'Ivoire. Donc je ne suis dépaysée nulle part et j'ai parcouru la planète juste pendant mon enfance en Guyane.

  • Speaker #0

    Donc des très beaux souvenirs d'enfance. Ah oui. Très beaux souvenirs d'enfance. Et donc, pendant que tu es en Guyane, tu fais ton cursus scolaire, tout se passe bien. Quand arrive la période du lycée, où tu commences à t'orienter professionnellement ? En tout cas, pas professionnellement, mais tu prends déjà des premières orientations. Toi, tu t'orientes vers quoi ?

  • Speaker #1

    Ah, alors, ça a été compliqué parce que je ne savais pas ce que je voulais faire. Et dès la première, on te dit, il faut choisir entre

  • Speaker #0

    S, E, S, L.

  • Speaker #1

    Et donc, il faut savoir, parce que si tu veux plus tard être scientifique et que tu prends L, ça va coincer. L, c'est littérature, je ne sais pas si ça s'appelle toujours comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, je crois qu'on est trop vieux, on le sait, on ne sait plus L. Donc,

  • Speaker #1

    si tu prends une filière littéraire et que plus tard, tu veux faire des sciences, tu ne seras pas admis en université dans la filière scientifique. Donc, comme je ne savais pas, on m'a envoyé, la CPE a insisté auprès de mes parents pour m'envoyer dans la filière scientifique parce que c'était la seule filière où tu peux tout te permettre après. Sauf que les sciences... Mon cerveau n'est pas paramétré pour ça. Donc, j'ai souffert en pensant que j'étais nulle, que je ne savais rien faire, qu'il n'y avait rien pour moi dans la vie, en fait. Parce que quand tout le monde a des bonnes notes sans forcer, des 14, des 16, et que toi, dans les contrôles, tu te retrouves avec des notes qui n'ont rien à voir, qui sont à l'opposé, tu ne comprends rien pendant les leçons, tu ne retiens rien. T'as beau réviser avec les meilleurs de la classe, y'a rien qui en ressort. Tu te dis mais ta vie est foutue en fait, parce qu'on te fait croire que c'est le bac qui te donne la clé.

  • Speaker #0

    Pour la suite, effectivement. C'est le bac. T'as l'impression que si t'as pas le bac, tu vas jamais réussir quelque chose dans ta vie.

  • Speaker #1

    Et surtout là-bas, en Guyane, aux Antilles, où on nous fait croire que quand t'as le bac, finalement, c'est une porte ouverte vers l'extérieur parce que tu peux partir à l'université.

  • Speaker #0

    Faire tes études à l'étranger.

  • Speaker #1

    Ailleurs, tu peux t'ouvrir sur le monde. Tu as plus d'opportunités que si tu restes au pays où, je suis obligée de le dire, mais en tant que colonisé, on nous ferme les portes de beaucoup de choses. Donc finalement, pour se libérer de cette cage sous laquelle on est, il faut avoir ce bac, pour avoir une chance de partir, d'avoir son billet d'avion payé par des subventions ou autre. Donc le bac, c'est le sésame. Et puis en fait, j'ai appris plus tard qu'en fait, pas du tout. J'étais pas nulle. J'étais pas moins intelligente.

  • Speaker #0

    Non, c'est vrai, le système éducatif français tel qu'on le connaît, il est très clivant et il te met dans des cases très vite. Et après, il te met dans des cases très vite et en même temps, il te demande très vite de prendre une décision d'orientation pour le reste de ta vie, comme si c'est le moment là tout de suite. Si tu fais l'erreur, ta vie, elle est foutue. Et est-ce que quand tu es dans ces années collège, lycée, est-ce que tu as déjà une curiosité ? Envers le continent. Est-ce que tu... Alors... C'est ça, c'est intéressant comme question, je pense.

  • Speaker #1

    C'est très ambivalent parce que ma mère, elle est née au Sénégal, à Saint-Louis. Et elle m'a toujours parlé de l'Afrique dans des termes positifs. Vraiment. Même elle avait des livres, en fait, qui nous montraient l'Afrique.

  • Speaker #0

    Mais elle est née, elle est restée longtemps ? Elle a des souvenirs ?

  • Speaker #1

    Elle est née au Sénégal, mais elle est partie du Sénégal petite pour grandir au Burkina Faso. Wow ! elle a grandi au Burkina Faso et ce n'est que plus tard qu'elle est partie en France finalement et qu'ensuite elle est rentrée en Guyane avec moi intéressant elle se sent plus africaine d'ailleurs que guyanaise parce que c'est vraiment les premiers souvenirs de vie sont en Afrique elle s'est construite et puis tu

  • Speaker #0

    vas dans un pays qui est quand même le Burkina qui est un pays très fort d'histoire de par les prises de position de Thomas Sankara et tout donc ça... C'est un pays fort qui te marque, j'imagine. D'autant plus à ces époques-là.

  • Speaker #1

    Surtout qu'elle a grandi dans quelque chose d'authentique. Ce n'était pas encore transformé, occidentalisé. Donc, elle a beaucoup connu l'Afrique traditionnelle. Et elle est beaucoup revenue aussi en vacances quand elle était installée ailleurs. Donc, elle a continué, elle a gardé ce lien avec l'Afrique.

  • Speaker #0

    Donc, toi,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et elle l'a transmise.

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc, toi, tu as ta mère qui déjà te transmet. un petit peu cet amour du continent parce qu'elle te raconte ce qu'elle a vécu elle te raconte ses voyages

  • Speaker #1

    de sa jeunesse, de ses voyages, mais également les livres. Et puis, elle me parle déjà de certaines personnes. Sankara, c'est un nom avec lequel j'ai grandi. Donc, il y a ce lien qu'elle a. Mais moi, ça ne me parle pas.

  • Speaker #0

    C'est ça que je voulais te demander. Est-ce que tu, quand elle t'en parle, tu as une curiosité ? Ou bon, oui, c'est les histoires de maman.

  • Speaker #1

    Dès la primaire, moi, j'ai un nom sénégalais, j'ai un nom africain. Mon nom entier, c'est Safiatou.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, à la rentrée scolaire, à chaque rentrée scolaire, on dit ça.

  • Speaker #0

    Fais l'appel.

  • Speaker #1

    À l'africaine ! Et à cette époque,

  • Speaker #0

    c'était une insulte. Oui, oui.

  • Speaker #1

    En Guyane, aux Antilles, c'était une insulte de se faire traiter d'Africain. C'est comme si on t'a dit que t'es pauvre, t'es rempli de maladies, tu fais peur, t'es moche. En fait, l'Afrique était complètement incarcée.

  • Speaker #0

    Des peintres d'une mauvaise manière.

  • Speaker #1

    Dans la négativité, dans la laideur et dans l'échec. Donc, c'était rattaché à ça. Et du coup... Non, je voulais au contraire me séparer le plus possible de tout ce qui était Afrique. Et du coup, non, je n'étais pas du tout attirée, j'étais repoussée. Il n'était pas question même de seulement voyager là-bas. Pour moi, c'est des cases, de la poussière, ça pue, il y a des maladies, il y a des gens pauvres, la famine. Qu'est-ce que je vais aller en vacances là-bas ?

  • Speaker #0

    C'est incroyable la vie. T'imagines si cette petite Safia la savait aujourd'hui, tout ce que tu fais et tout, elle dirait non, c'est pas possible.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Donc, tu as tes premières... C'est ça. Donc, en gros, tu as tes premières informations, tu as tes premières images via ta mère, mais sans plus d'intérêt. Tu arrives donc au lycée, tu t'orientes première S, tu finis ton bac en terminale S ou tu te ré-re...

  • Speaker #1

    Non, non, moi, j'ai continué très longtemps. Même à l'université, j'ai fait des études scientifiques. Ah oui, oui,

  • Speaker #0

    oui. Alors ça, tu vois, c'est intéressant parce que ça veut dire que malgré le fait que tu te sentais entre guillemets en difficulté dans ce cursus, tu as toujours quand même été une battante. Tu t'es battue parce que tu as réussi quand même à passer les classes.

  • Speaker #1

    Oui, mais ça, c'est très mal fini. Pourquoi ? Parce que quand tu forces un carré à rentrer dans un rond ou un triangle à rentrer dans un carré, mais au bout d'un moment, ça casse. Si tu veux vraiment forcer.

  • Speaker #0

    Mais tu sais où je dis que t'as été forte ? C'est que t'as quand même réussi à passer, à avoir le bac et tout. Pourquoi je dis que t'as été forte ? Parce que moi, j'ai vécu ce que t'as vécu. Quand je dis que j'ai vécu ce que t'as vécu, c'est-à-dire que mon père est prof de maths. Et comme tu dis, à un moment, la série scientifique, c'était vu comme c'est la série qu'il faut faire. Si ton enfant n'est pas en série scientifique, vas-y, tu vois. ES encore, ça va, mais L, non. Tu ne le vois jamais. Mes parents m'ont forcé à faire une première S, alors que je ne voulais pas du tout. Mais pas du tout. J'étais... bons en maths parce que j'avais un prof de maths à la maison. En physique, j'ai été éclaté au sol, mais je pense que je n'avais pas les bons professeurs qui ne m'ont pas intéressé. Donc moi, j'ai fait une première S, je l'ai redoublée. C'est une des raisons aussi pourquoi on arrive en Guyane, parce qu'on était encore en France avant. Et mes parents veulent me sortir un petit peu de cet engrenage-là. Parce qu'eux, ils pensent que c'est à cause de mon entourage, ils pensent que c'est à cause de où on est, je ne suis pas concentré à l'école et que je ne fais pas une bonne année scolaire, que non, il faut qu'on sorte Olivier Delas, naninana. C'est comme ça aussi qu'on arrive en Guyane, tu vois. Et quand j'arrive en Guyane, je redouble et je fais une première ES. Et là, tout se passe nickel.

  • Speaker #1

    Mais c'est toi la vraie force. Parce que la vraie force, c'est de rester qui tu es. Moi, j'ai cédé. J'ai cédé et j'ai été jusqu'à un point critique. J'ai cédé, je n'ai pas vécu ma vraie vie pendant des années. Tandis que toi, très rapidement, tu as eu cette force de te dire ce n'est pas pour moi, je ne rentre pas dans le moule et donc je redouble et c'est un cri d'alarme et il faut me mettre ailleurs. Et finalement, tu as forcé tes parents à admettre que ça ne te correspondait pas et à te mettre là où ça te correspondait mieux. C'est toi la vraie force.

  • Speaker #0

    En fait, je pense que chacun en a une force. Toi, tu as une force dans la résilience. Moi, j'ai une force dans... Non, je ne veux pas le faire et je ne le ferai pas. Tu vois ? Donc, on a chacun sa force de son côté. Donc, tu as ton bac et tu vas où après ton bac, alors ?

  • Speaker #1

    Donc, après mon bac, trop contente. Ouais, je quitte la Guyane, c'est bon, je pars. Parce que tu sais, le truc, c'est qu'en Guyane, comme aux Antilles, je parle beaucoup des Antilles aussi, parce qu'on est très proche au niveau histoire, culture et contexte, contexte social. Aux Antilles et en Guyane, à mon époque, en tout cas... Quand tu avais ton bac, tu voyais tous tes cousins, les grands frères, même les oncles, les tantes, tout le monde était parti. Tous ceux qui ont réussi dans la vie, qui ont eu des études, des diplômes, des carrières, ils sont partis étudier. ailleurs. Donc, quand enfin toi, c'est ton tour, tu te dis ça y est,

  • Speaker #0

    tu vas... Ma vie commence.

  • Speaker #1

    Tu pars, t'es content.

  • Speaker #0

    Tu peux me le faire, s'il te plaît ? Fais-le-moi, s'il te plaît. Générique.

  • Speaker #1

    Générique.

  • Speaker #0

    Non, non, tu l'as pas bien fait. Voilà, tu vois, c'est ça.

  • Speaker #1

    Générique. Là, c'est pas l'heure, ça sort pas. Mais en tout cas, je suis partie et j'ai découvert le froid, l'hiver, parce que moi...

  • Speaker #0

    Tu pars dans quelle ville ?

  • Speaker #1

    Alors Lyon.

  • Speaker #0

    Team Lyon. Mais pourquoi ils sont à Lyon ? Mon père est Lyon. Fais attention à ce que tu vas dire sur la ville. Non,

  • Speaker #1

    j'ai adoré. Je me suis toujours dit, mais si j'étais à Paris, je n'aurais pas survécu.

  • Speaker #0

    Ville froide. Tu es à Paris ? Moi, j'ai quitté la Guyane. Moi, je suis resté en Guyane. Je suis allé à Toulouse.

  • Speaker #1

    Encore ? Tu es resté en Guyane ?

  • Speaker #0

    C'est ça, je suis resté en Guyane. Moi, je suis allé à Toulouse. Parce que tous mes gars de Guyane, ils allaient à Toulouse. En plus, on disait Toulouse, il ne fait pas trop froid. Non, moi,

  • Speaker #1

    j'ai découvert l'hiver. Parce que quand j'ai été en vacances, en France, voir de la famille.

  • Speaker #0

    C'était toujours l'été,

  • Speaker #1

    les grandes vacances, tu vois. Là, là, je suis arrivée fin août pour une rentrée en septembre. Je n'ai pas compris ce qui m'est arrivé en octobre, en fait. Tu vois, en septembre,

  • Speaker #0

    tu fais la maline.

  • Speaker #1

    J'ai fait la maline avec des petits morts, des petits french, tu vois. Octobre est arrivé, là. Et yeah ! Je n'étais pas prête. Je n'étais pas prête. Personne ne m'avait expliqué. C'est quoi l'hiver, les degrés qui… Je n'ai pas compris. Donc, j'ai… Je me suis fait gifler le premier hiver, je me suis fait gifler par le froid. Et je n'ai jamais aimé le froid. Et en fait, ça a été une catastrophe.

  • Speaker #0

    Mais tu t'es inscrite à quoi ? À la fac à Lyon ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis inscrite en première année de biologie. Non, ce n'était pas tout de suite. Je voulais faire orthophoniste. Donc, j'ai fait une année de prépa.

  • Speaker #0

    Oh là là, j'ai peur. Comment tu rigoles ?

  • Speaker #1

    Une année de prépa catastrophique parce que là, non là. Là, vraiment, j'étais au bout du bout de ce que je pouvais supporter dans le fait d'être forcée dans un truc qui ne me correspond pas. Donc la prépa, je n'y croyais pas. Ça ne me correspondait pas du tout les cours qu'on faisait. Et j'ai quand même été au concours d'orthophonie. Et le matin, c'était sur deux jours, avec quatre sessions. Une session le matin, une session l'après-midi. Le lendemain, pareil. J'étais à la session du matin le premier jour. Je ne suis jamais retournée. Je ne suis jamais retournée. Quand j'ai vu la feuille, j'ai vu le type de questions qui n'avaient rien à voir avec le métier. C'est même pas de la culture générale, c'était vraiment des choses... Tu peux pas... Même une pré... Je me suis dit, mais attends, j'ai payé une pré... Mes parents ont payé une prépa, ça m'a pas préparé. Les trucs qui étaient dedans, c'était débile, c'était nul et c'était imprévisible. Donc je me suis dit, j'aurai pas ce concours avec ce genre de questions. Je me suis levée, mes autres camarades qui étaient en prépa avec moi m'ont regardé, mais qu'est-ce qu'elle fait ? J'ai déposé ma feuille. La dame m'a dit vous êtes sûre parce que si vous quittez la salle c'est terminé. J'ai dit je suis pas sûre mais c'est terminé en tout cas. Je suis sortie donc j'ai rendu, là je me suis dit je retourne pas l'après-midi, c'est mort, c'est fini. Et je me rappelle que j'ai été faire du shopping avec un argent qui n'était pas à moi, c'était mes parents qui m'ont envoyé de l'argent. Je sais pas pourquoi, j'ai été faire du shopping, j'ai été m'offrir un vêtement et tout. Et au sortir du shopping j'ai appelé ma maman parce qu'à l'époque bon... C'est pas les téléphones comme maintenant où tu appelles en illimité et tout, quand t'appelles en Guyane.

  • Speaker #0

    Y'a pas WhatsApp.

  • Speaker #1

    C'est gratuit. T'avais des unités, ça filait vite. Surtout que quand tu appelles en Guyane, c'était pas considéré comme la France. C'est pas comme si t'appelais à l'étranger. Bref. Donc j'appelle ma mère, je lui annonce que j'y retourne pas. Ça passe pas, l'info passe pas. Parce qu'eux, ils ont payé une prépa. Bien sûr. Donc déjà, il y a eu cette année-là. Je leur ai dit non, mais il faut juste que je me réoriente. C'était pas le bon. Je me réoriente en biologie. d'accord pire ouais là je finis pas le premier semestre ok parce que ben voilà 2, 4 en physique chimie parce que c'est pas que de la biologie malheureusement c'est tout un set avec physique chimie et maths encore et là autant en biologie j'ai toujours été à l'aise c'est pour ça d'ailleurs que j'avais choisi j'avais d'ailleurs une excellente note au bac mais je suis plus là par un reste physique chimie non là c'était tout et là en fait ben là a commencé une dépression Une grosse, grosse, grosse dépression qui a continué. À l'époque, en plus, on était dans les années 2000,

  • Speaker #0

    on ne parlait pas de santé mentale d'aujourd'hui.

  • Speaker #1

    De santé mentale, de dépression. Ce n'était pas décomplexé, ce n'était pas vulgarisé. Et nous-mêmes, on ne savait pas les mots à mettre sur ce qu'on ressentait, comment on se sentait. Donc du coup, je suis partie dans une autre filière scientifique, les sciences cognitives. Donc après avoir laissé tomber la biologie, mes parents n'en pouvaient plus. Chaque année, c'était une autre. nouvelle première année, il fallait payer. Il payait mon logement. Quoique non, non, non, non. Après...

  • Speaker #0

    La deuxième année ?

  • Speaker #1

    Après avoir laissé tomber l'orthophonie, j'ai pris un emploi. J'avais oublié ça.

  • Speaker #0

    C'était quoi ton premier boulot ? Dans un fast-food.

  • Speaker #1

    Ah ouais ? Dans un fast-food, équipière polyvalente, nettoyer les tables, vendre les sandwiches, nettoyer les WC.

  • Speaker #0

    Tu sais, je te dis, c'était quoi mon premier boulot ?

  • Speaker #1

    C'était quoi ?

  • Speaker #0

    Tu te rappelles à Cayenne, il y avait un magasin de CD qui marchait grave. Nuggets. Exactement.

  • Speaker #1

    T'as travaillé Nuggets ?

  • Speaker #0

    J'ai travaillé là-bas, je vendais des CD. Mon premier boulot.

  • Speaker #1

    des musiques en exclusivité.

  • Speaker #0

    Ouais, les riddim dancehall, j'ai découvert... Il y a un riddim de Juice Riddim.

  • Speaker #1

    C'est là-bas que je l'ai découvert.

  • Speaker #0

    C'était mon premier boulot. Mais bon, bref, oui, donc...

  • Speaker #1

    On n'a clairement pas eu la...

  • Speaker #0

    Tu m'as ramené loin, là.

  • Speaker #1

    De l'entrée dans la vie active, parce que... Laisse tomber.

  • Speaker #0

    Donc tu trouves un petit boulot pour, finalement, pouvoir payer des choses et libérer un peu les parents du poids de...

  • Speaker #1

    Ah ouais, parce que mes parents m'ont dit, ok, mais il faut assumer jusqu'au bout. T'as laissé tomber. Bref. Donc du coup, j'ai commencé à travailler, à me prendre en charge totalement. C'est vrai, oui. Donc biologie, j'étais déjà à mon compte. Enfin, à mon compte, je travaillais, je ramenais mes sous. Et sciences cognitives aussi, je travaillais en même temps.

  • Speaker #0

    Que tu faisais des cours.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Mais pareil, sciences cognitives, tu t'accroches pas.

  • Speaker #1

    Ah non, c'était une catastrophe. Les deux premières années de licence, je suis passée à chaque fois au rare. 10,60 ou tu vois, des 10 virgules, des trucs. J'étais à deux doigts du rattrapage. La troisième année, c'est pas passé. Le dernier semestre, j'ai eu le premier semestre. Le dernier semestre, j'ai eu une 9,64. Je m'en rappellerai toute ma vie. 9,64, je me suis dit. Et je suis passée en rattrapage. Et pareil, j'étais à la station de rattrapage le matin. Et en fait, je me suis dit, non, ça sert à rien. C'est pas ce que je veux faire. Même si j'ai la licence là, je vais rien faire avec ça. Et donc j'ai tourné le dos et là c'était le truc de trop pour mes parents. Ils m'ont dit mais attends, t'es en troisième année de licence, tu lâches ! Ah ouais, là ils n'ont pas appris la blague. Donc ça a été très difficile après. Donc du coup j'ai fait une grosse dépression. Et ça a participé aussi à une tentative de suicide. Parce que j'étais tellement pas alignée que j'avais perdu le goût de tout. Ma vie n'avait pas de sens.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu étais quand même à Lyon entourée ? Tu avais quand même des gens ?

  • Speaker #1

    Ah non, j'étais seule. Je me rappelle que ma petite sœur venait en études. Je crois qu'elle était déjà en études. Et où elle venait, elle arrivait. En tout cas, ce que je me rappelle, c'est que j'étais seule dans mon appartement. Je n'avais pas beaucoup d'amis. Et ce n'était que les collègues de travail, en fait. Des camarades de classe, mais je ne sympathisais avec personne. Quand j'ai fait ça, c'était avant que ma sœur n'arrive, parce que je voulais pas qu'elle trouve mon corps. Elle était pas encore arrivée en France, en fait. Je suis arrivée en France avant elle. Et donc, bon bref, en tout cas, bon, les ancêtres m'ont gardée, ils savent pourquoi. Mais en tout cas, j'étais pas du tout alignée. Et le fait de forcer, forcer, forcer, franchement, je le dis, s'il y a des parents qui regardent, s'il vous plaît, soyez attentifs aux aspirations, aux compétences, aux facultés de vos enfants. Parce que si l'enfant vous dit c'est pas ça, c'est pas pour lui je vous jure, des fois c'est une question de vie ou de mort, il ne faut pas insister.

  • Speaker #0

    Waouh, tu vois, c'est pour ça que pour moi c'est important de discuter avec toi, parce que tu vois, finalement on se connaît, et je ne savais pas que tu avais vécu ça, tu vois. Je ne savais pas que tu étais passé par là et tout, et qu'est-ce qui te... Qu'est-ce qui te rebooste après ça ? Qu'est-ce qui te remotive après ça ? Ah, c'est pas venu tout de suite. C'est ça. Combien de temps tu mets à sortir de cette dépression, déjà ? Déjà, à quel moment tu... Est-ce que c'est aujourd'hui que tu comprends que c'était une dépression ou est-ce que... Ah,

  • Speaker #1

    c'est après,

  • Speaker #0

    ouais. Très rapidement, sur le moment, tu comprends que c'est une dépression. Non, tu le comprends pas sur le moment.

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    Tu vois ?

  • Speaker #1

    Sur le moment, moi, ce que je comprends, c'est que...

  • Speaker #0

    Si tu veux pas en parler, on en parle pas. Ça fait un... Respire. Aujourd'hui, regarde où tu es. Regarde où tu es aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Non, mais je vais témoigner pour les jeunes parce que je te jure, il y a beaucoup de jeunes qui sont seuls.

  • Speaker #0

    D'abord, respire. Si tu veux bien témoigner, il faut que tu prennes le temps de bien l'expliquer. D'accord ? Aujourd'hui, regarde. Regarde-moi, Safia. Aujourd'hui, regarde où tu es. Regarde où tu es aujourd'hui. Regarde tout ce que tu as surmonté. Regarde tout ce que tu as fait. Je comprends que ça doit être dur de t'ouvrir sur ça aujourd'hui. Prends le temps de respirer, prends le temps de te calmer, si tu veux aider ces jeunes. Si tu veux leur donner les bons mots, tout, respire, calme-toi. Et si tu veux mettre des mots sur ça, tu les mets. Si tu veux qu'on passe à autre chose, on passera à autre chose.

  • Speaker #1

    Non, je vais mettre les mots parce que c'est utile. En fait, moi, sur le moment, et pendant de longues années, j'ai cru que j'étais faible. Parce qu'à cette époque-là, c'était le message qui était renvoyé, même par les équipes médicales qui prennent en charge, culpabilisent beaucoup. Et moi, je me suis retrouvée hospitalisée. Parce qu'on m'a sauvée de justesse.

  • Speaker #0

    En fait, tu veux dire que les services médicaux, au lieu de t'accompagner à ce moment-là, voulaient encore te remettre la faute sur toi et te dire que c'est toi qui ne sais pas...

  • Speaker #1

    Je ne vais pas généraliser, mais je suis tombée sur du personnel qui, effectivement, n'avait pas la psychologie, la pédagogie et même, je dirais, la bienveillance. Donc, les premiers mots que j'ai entendus...

  • Speaker #0

    Au lieu de te rééquilibrer ton... Oui,

  • Speaker #1

    ça m'a beaucoup fait croire que j'étais faible. que j'étais ingrate parce que moi, je vis et que d'autres partent, tu vois, par des accidents ou autre, d'autres, leur vie est arrachée. Moi, j'ai une vie, je la gaspille. Enfin, voilà.

  • Speaker #0

    C'est pas ce que tu avais besoin d'entendre à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Déjà, je pense que ça se dit même pas à aucun moment parce que chacun gère sa souffrance à sa manière. Et moi, j'avais différentes souffrances. Et celle de ne pas avoir de sens dans ma vie, c'était... C'était une de plus, une de trop, mais il y avait d'autres souffrances familiales et autres. Et du coup...

  • Speaker #0

    Tout ça a cumulé.

  • Speaker #1

    Moi, sur le banc, j'ai cru que j'étais faible, que j'étais insignifiante. C'était pire, quoi. De m'être ratée, c'était pire. En fait, j'ai surtout regretté de m'être ratée. Donc...

  • Speaker #0

    Un moment très dur. Un moment très dur. Et tu dirais que ça dure combien de temps, ce moment-là ? Un an ? Un an et demi ?

  • Speaker #1

    Ça a duré plus longtemps. Je ne me suis pas sentie pas bien dans ma vie, dans ma peau, pendant longtemps. Ce qui m'a fait rencontrer des personnes toxiques, parce que quand on est fragile, vulnérable, on est une proie pour les prédateurs qui reniflent au loin cette fragilité. et qui s'en nourrissent, tu vois. Donc je suis tombée sur des personnes, que ce soit des amis, que ce soit mon petit ami de l'époque, sur des personnes qui m'ont vampirisé. Le peu qui restait, ils l'ont vampirisé. Donc c'est trois...

  • Speaker #0

    Et puis j'imagine que, comme tu l'as dit tout à l'heure, aujourd'hui on est dans des générations où on met des mots sur ça, on donne la parole à ça. Je ne veux pas défendre les parents à l'époque, mais en plus déjà, tu es loin, tu es à distance. Et pour les parents, pour comprendre le mal-être que tu vis à ce moment-là, sachant qu'ils eux-mêmes n'ont pas grandi avec ces codes de mettre des mots sur ça, on te dit juste, vas-y, arrête, travaille, fais tes trucs. Donc ça doit être très dur, effectivement. Ça doit être très dur à vivre. Et bon, voilà.

  • Speaker #1

    parce que eux mes parents ont souffert énormément énormément en fait je pense qu'on réalise pas que nos parents ont souffert ah bah oui parce que de toute façon quand on est parent et que notre enfant il va pas bien on culpabilise on se dit on a une part de responsabilité et quand en plus notre enfant fait ça va jusque là on se dit qu'on a failli on a failli on a pas vu le truc donc mes parents ont beaucoup souffert de ça et ils ont je pense traîné une peur que je commence pendant longtemps mais on va aller dans le positif qu'est-ce qui te fait sortir de ça ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te redonne ce goût ?

  • Speaker #1

    J'ai séjourné au Jamaïque. C'était un rêve pour moi.

  • Speaker #0

    Merci la Jamaïque ! Merci à eux ! Vous avez redonné le sourire à sa fière. Merci à eux ! Merci ! Je t'ai obligé.

  • Speaker #1

    La Jamaïque m'a repêchée. Parce que déjà, c'était un rêve. J'ai toujours été fan de Den Sol. C'est la première fois que j'en ai entendu. très très jeune en Guyane et ça aussi, c'est une des richesses de la Guyane.

  • Speaker #0

    Moi, je remercie la Guyane pour ça. J'ai découvert la dentole en Guyane. Ceux qui me connaissent savent qu'aujourd'hui, je suis piqué à mort. Gaza, mais c'est...

  • Speaker #1

    Donc voilà, depuis petite, je rêvais d'aller sur la terre de Biniman, de Bounty Killer, de General Degree. J'ai vraiment grandi avec certains personnages.

  • Speaker #0

    Et tu pars en quelle année ?

  • Speaker #1

    En 2010 ou 2011.

  • Speaker #0

    11.

  • Speaker #1

    Donc je pars là-bas et ce qui est drôle, c'est que j'avais essayé de partir en vacances plusieurs fois, ça avait échoué et là je suis partie pour un échange universitaire. C'était prévu que ce soit quatre mois, je crois.

  • Speaker #0

    T'as fait quatre mois là-bas ?

  • Speaker #1

    Ben non, j'ai fait neuf mois parce que... Bon,

  • Speaker #0

    mon beau glade !

  • Speaker #1

    J'ai fait mon semestre et après j'ai trouvé un emploi, enfin l'emploi m'a trouvé et j'ai pu prolonger mon visa et rester un peu plus longtemps.

  • Speaker #0

    Je suis jaloux de toi, très très très jaloux.

  • Speaker #1

    À travailler chez Nuggets, on est quitte.

  • Speaker #0

    Non, on n'est pas quitte. Là, tu as vécu un de mes rêves. Moi, j'ai eu la chance d'y aller, mais je n'estime pas que j'y suis allé. Parce que j'y suis allé en vacances, quand j'habitais au Canada. J'y suis allé une semaine. Je suis allé et j'ai été déçu. Ah ouais ? Parce qu'en fait, c'était mon ex de l'époque qui m'avait amené là-bas pour me faire plaisir. Sauf qu'on a fait une semaine en resort. Ah ouais,

  • Speaker #1

    non, d'accord.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas du tout la Jamaïque que je voulais vivre. Tu vois, je me rappelle d'une anecdote. Un jour, je suis parti faire du jet ski. Et tu avais des animateurs du jet ski. C'était que des gars, des jeunes. Ils devaient avoir 20, 25 ans et tout. Ils écoutaient la radio. Tous les sons d'Handsoul qui passaient, ils voient que je les connaissais. Tous les sons d'Handsoul qui passent à la radio, ils voient que je les connais. Et ils me disent, en anglais, tu vois, t'aimes ça, t'écoutes ça. Je dis, mais j'écoute que ça. Ils me disent, ah ouais, mais si tu veux, on peut te sortir. On peut t'amener dans une soirée et tout et tout. Et tu sais, malheureusement, avec le storytelling qu'on te raconte sur la Jamaïque, j'avais envie d'y aller. Mais après, je me suis dit, attends, mais toi, t'es un touriste, t'es un vacancier. Ça se trouve, les mecs, ils t'ont déjà calculé qu'après, quand ils vont t'amener, ils vont te... Et je ne suis pas allé. Et si c'est à refaire, en tout cas, j'espère y retourner un jour, mais si je retourne, j'irai chez l'habitant. Parce que je veux vivre la vraie Jamaïque, aller dans des vraies soirées, aller dans des vrais endroits. Et moi, c'est ça que je regrette aujourd'hui. J'ai vu de belles choses là-bas, mais je n'ai pas vécu la Jamaïque comme j'aimerais la vivre. Donc, quand toi, tu me dis que tu as fait neuf mois là-bas, oh là, tu as dû vivre des dingueries.

  • Speaker #1

    Complètement. Des trucs de dingue. Surtout que j'ai été à l'époque où Usain Bolt était au Jeux de la

  • Speaker #0

    Marseille. Oh là là !

  • Speaker #1

    Il gagnait toutes les médailles, il pétait tous les records. Et c'était l'ami d'un de mes meilleurs amis là-bas. Je le voyais tout le temps.

  • Speaker #0

    Tu veux que j'arrête ? Tu veux que j'arrête le podcast ici ? Tu veux qu'on se dépêche ? On était amis avant que ce podcast ne commence.

  • Speaker #1

    Maintenant, Usain Bolt, même les jeunes ne connaissent plus peut-être.

  • Speaker #0

    Il fait la pub pour des trucs de machines à laver. Je ne sais pas si tu as vu, il y a cette pub qui passe en ce moment à la télé. Il fait des pubs de lessive. Mais bon, bref.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'était la belle époque pour lui. Non seulement j'ai rencontré toutes les stars que je rêvais de rencontrer dans mon enfance.

  • Speaker #0

    Elle fait exprès. Je vous le dirai, elle fait exprès.

  • Speaker #1

    Mais en tout cas... Bon, je vais écouter, mais la Jamaïque, ça a été l'étincelle pour justement ce que tu dis, le storytelling. Quand j'ai vécu là-bas, et que j'ai vécu... En fait, j'ai pas retrouvé la Jamaïque. On te vend. On faisait peur avec les trafiquants, l'insécurité.

  • Speaker #0

    Les gangs.

  • Speaker #1

    Tu te bats juste en marchant dans la rue, tu te fais des balles. Non mais tous les sites avec lesquels j'ai grandi en Jamaïque, ils se tirent dans la rue comme ça. entre gangs et puis voilà quoi.

  • Speaker #0

    Que des gars drogués partout.

  • Speaker #1

    Et finalement, j'ai trouvé qu'il n'y avait pas tant de personnes avec des locks là-bas finalement, parce que moi, j'en portais déjà. Et déjà, je sortais du lot quand j'allais quelque part parce que tout, enfin, c'était pas si courant que ça. Donc, quand j'ai vu ça, je me suis dit Ah ouais, en fait, il y a un vrai décalage.

  • Speaker #0

    On se fait laver le cerveau.

  • Speaker #1

    Et ce qu'on peut vivre sur place. Et là, je crois qu'il y a une étincelle qui s'est allumée et j'ai commencé à comprendre qu'en fait... Mais peut-être qu'il y a d'autres endroits dans le monde où c'est comme ça, tu vois, Haïti, les pays africains. Donc, je pense que là, j'ai commencé à...

  • Speaker #0

    Et quand tu pars en Jamaïque, est-ce que tu as déjà des réseaux ? Je veux dire, tu as déjà une page Instagram ? Est-ce qu'il y a déjà Instagram ? Non,

  • Speaker #1

    il n'y a pas Instagram, ça c'est sûr, parce que j'ai eu Instagram en...

  • Speaker #0

    Donc, tu ne...

  • Speaker #1

    Dans mon smartphone.

  • Speaker #0

    Ok, donc tu ne documentes pas. C'est vraiment, tu vis ton expérience pour toi à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Ce qui est drôle, c'est que j'ai été avant-gardiste parce que... Partout où j'ai été depuis très tôt, j'ai toujours acheté des petits appareils photos. Parce qu'à l'époque, les téléphones ne faisaient que téléphoner ou envoyer des messages. Et les appareils photos étaient à part, c'était séparé. Donc à chaque fois, j'achetais un appareil photo. Alors au départ, quand j'étais très jeune, c'était des pellicules.

  • Speaker #0

    Oui, jetables.

  • Speaker #1

    Qu'on devait emmener dans un magasin, faire développer, attendre des fois une semaine.

  • Speaker #0

    Une semaine, je te jure. Tu ne sais même pas si la photo est nette.

  • Speaker #1

    Tu avais raté la photo. Bref. Mais là, c'était l'époque des cartes mémoires.

  • Speaker #0

    Numériques,

  • Speaker #1

    ouais. Je prenais des photos et je sortais les photos, je les mettais... Je ne sais plus comment je faisais, mais je pense que sur des ordinateurs fixes, je transférais sur ordinateur, puis sur un disque dur, enfin bref. Sauf que malheureusement, ces disques durs, avec le temps, ils n'ont pas survécu. Mais j'avais documenté. J'ai été dans toutes les soirées où tu voulais aller. Tous les passe-à-passe, les... Désolée, Olivier. Mais j'ai documenté. J'ai des vidéos où je suis à côté de Sean Paul. Franchement, j'ai vécu... Là-bas, je n'ai pas les mots. Je n'aurais jamais pensé dans ma vie. Je n'en demandais pas tant. Je voulais juste faire 10 jours en Jamaïque.

  • Speaker #0

    Tu voulais faire 10 jours et tu fais 9 mois.

  • Speaker #1

    Neuf mois où j'ai vraiment fait le tour, c'est-à-dire les personnes très riches, les personnes très pauvres, les personnes au milieu, travailler là-bas, étudier là-bas, s'amuser là-bas. J'ai tout fait. En neuf mois, j'ai fait... Là, je le dis vraiment en toute humilité, c'est-à-dire que même les Jamaïcains m'ont dit mais en fait, tu as fait plus de choses que nous en toute humilité.

  • Speaker #0

    Oui, parce que souvent, quand tu nais quelque part... Et que tu te rendis quelque part.

  • Speaker #1

    Moi, je savais que mon temps était compté là.

  • Speaker #0

    Tu te dis, ça, j'irai plus tard. Et finalement, tu y vas jamais. Exactement. Ça, je découvrirai plus tard et tu y vas jamais. Donc, quand tu fais ces neuf mois-là, tu ressors plus forte, tu ressors boostée. Tu fais quoi après ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai appris deux choses en Jamaïque. La première, c'est qu'il ne faut pas se fier à ce que racontent les médias. La deuxième, c'est entreprendre. Mais je ne savais pas. C'était juste une graine qui avait été plantée.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    La graine de... Je peux faire moi-même ce que je ne trouve pas là et que j'aimerais qu'il soit fait. Je peux le faire moi-même. Et surtout, je peux faire des choses différentes. Tu vois, parce que dans l'état d'esprit français, comme tu as dit, on te sectorise. Toi, c'est les sciences. Toi, c'est la littérature. Toi, tu es un artiste. Toi, tu es un sportif. Mais là-bas, j'ai compris qu'en fait, non, tu peux faire de la biologie et en même temps être un sportif de haut niveau. Tu peux être psychologue et en même temps mannequin pour des maillots de bain. Tu vois, les gens se permettaient de faire ce qu'ils veulent et ce qu'ils savent faire. Si ça fait plusieurs choses, ils utilisent toutes leurs compétences. Et ça, je l'ai retenu. Aujourd'hui, je l'applique longtemps après. Mais ça a été des graines, deux graines qui ont germé par la suite. Celle de l'entrepreneuriat et de pouvoir être multitâche. Et celle de ne pas me fier aux médias et de peut-être aller voir la version sur place, la vraie version.

  • Speaker #0

    Donc, tu quittes la Jamaïque après neuf mois. Voilà. Est-ce que tu retournes en France ?

  • Speaker #1

    Non, alors je n'étais pas en France avant la Jamaïque, j'étais en Martinique. D'accord. Donc, je retourne en Martinique, terminer mon master. Oui. Et voilà, après je rentre en Guyane.

  • Speaker #0

    Oui, tu rentres en Guyane.

  • Speaker #1

    Parce que là, alors... Là, c'était un master d'anglais. Alors ça, c'était après ma dépression. OK. Avant la Jamaïque, j'étais toujours en dépression, toujours fragile et tout. La Jamaïque m'a vraiment redressée. Même au niveau bien manger, pas de stress. Enfin, les gens là-bas, vraiment, ça m'a ravivée, tu vois. Et aussi, j'ai été coupée des personnes toxiques que j'avais.

  • Speaker #0

    Autour de toi à ce moment-là, oui.

  • Speaker #1

    Avant. Donc, ça m'a beaucoup fait du bien. Ça m'a régénérée. Et sortie de là... Quand j'ai terminé mon master, c'était un master d'anglais. D'où le fait que j'ai fait un voyage là-bas. Et je ne savais pas ce que je voulais faire avec ce master d'anglais. Donc j'ai un ami, si jamais il passe par là, coucou Marvin. Marvin me dit, écoute, en Guyane, ils ont besoin de profs. Donc viens, parce que le temps que tu trouves ce que tu veux faire, tu auras un salaire. Assurément, parce qu'ils ont besoin. effectivement je postule je suis prise tout de suite parce qu'ils ont tellement besoin qu'il n'y a même pas d'entretien tu peux renvoyer ton CV de maçon et lui donner des cours d'histoire géographie ils ont besoin ils prennent n'importe qui c'est n'importe quoi donc du coup ils m'ont pris pour master d'anglais et d'ailleurs j'ai pas fait de l'anglais tout de suite ils m'ont mis prof en secpa je faisais tout toutes les matières secpa en plus c'est pas comme si t'as eu les élèves les plus calmes voilà donc Donc, en fait, ça a été très bien pour moi de commencer par là. Parce que moi-même...

  • Speaker #0

    Attends, attends, attends. S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît. Parce que, attends, tu ne t'orientes pas pour être prof. Tu arrives prof. En plus, ce n'est pas pour enseigner l'anglais.

  • Speaker #1

    Non, mais c'était la catastrophe.

  • Speaker #0

    Juste, s'il te plaît, raconte-moi le premier jour.

  • Speaker #1

    Ah, c'était... Attends, mais parce que si je dois tout te raconter, on m'envoie à Grand Senti.

  • Speaker #0

    Est-ce que Grand Senti...

  • Speaker #1

    Sans livre, sans manuel. Grand Senti serait...

  • Speaker #0

    Est-ce que tu pourrais donner... Quelle comparaison tu pourrais donner grand senti pour les gens qui connaissent pas si tu devais dire une ville française ?

  • Speaker #1

    Ah mais non, ça n'existe pas. Non mais non. La Guyane n'a rien à voir avec la France. En aucun point. Donc de toute façon, il ne faut pas commencer à comparer. Nous, on est dans l'Amazonie.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça.

  • Speaker #1

    Donc déjà, au niveau environnement, ça n'a rien à voir. Il n'y a aucun environnement en France. qui est plongée au cœur d'une forêt dense et luxuriante avec...

  • Speaker #0

    Le seul moyen de se déplacer, c'est avec des...

  • Speaker #1

    Et puis enclavé, tu vois ? C'est-à-dire que quand tu as un avion, tant mieux, mais quand tu n'as pas d'avion, c'est 9 heures de pirogue. Des fois, deux jours si l'eau est trop basse.

  • Speaker #0

    Et donc, toi, tu arrives pour être enseignante là-bas.

  • Speaker #1

    Donc, on me catapulte là-bas où je n'ai jamais été. En fait, la Guyane, je dirais que c'est trois zones d'habitation. Il y a la zone est... avec la partie vers le Brésil. Je dirais la zone Est, donc les communes qui commencent à donner sur le Brésil. Donc, ils sont sur le fleuve qu'on partage avec le Brésil. La zone Ouest, avec le fleuve qu'on partage avec le Suriname. Donc, moi, c'était dans cette partie-là que j'étais. Et il y a la côte maritime où il y a les villes les plus connues. Cayenne. Moi, je n'ai jamais été plus loin que Saint-Laurent, qui est sur la partie Ouest. Mais c'est une ville qui est encore, tu vois...

  • Speaker #0

    T'es encore un peu côtier, ouais, voilà. T'es pas rentré au côté...

  • Speaker #1

    Là, tu peux y aller par la route. Mais yeah, quand tu commences à remonter le fleuve, qu'on partage avec le Suriname, et à partir dans la forêt, là, la plupart des Guyanais qui sont sur la côte, ils n'ont jamais été... 12 mois à cette époque-là, je n'avais jamais été. Donc je suis catapultée dans une autre dimension. Ça n'a rien à voir avec Cayenne-Courou, les pays que je connais, Rémi-Hermont-Joli, ça n'a rien à voir. Déjà, ils ont leur langue. Il faut savoir que les bouchinangais, ce sont des peuples qui ont résisté à l'esclavage en s'enfuyant des plantations et en recréant une vie totalement africaine. Non parasité par je ne sais pas quel apport occidental. Non, peut-être ils se sont laissés un peu influencer par certaines cultures amérindiennes, un petit peu. Il y a eu certainement des fusions, mais... ils sont restés authentiquement africains, dans tout. Donc ils ont leur langue, ils ont créé leur langue, qui est très basée sur l'Afrique. Donc quand j'arrive là-bas, il y a très peu de personnes qui parlent français, notamment les élèves. Et la première année, je crois que j'ai eu des sixièmes, cinquièmes, en cinq pas. J'ai des élèves qui ne me comprennent pas, que je ne comprends pas, je n'ai pas de manuel, parce que bien évidemment, comme on est loin de tout et que c'est très peu accessible, c'est très abandonné. Donc du coup, il y a... pas forcément tout le matériel scolaire. Et on me dit, vas-y, fais cours. On va faire histoire géo, maths, français, SVT, sport, yo !

  • Speaker #0

    T'es courageuse, hein ? T'as accepté ça !

  • Speaker #1

    Mais est-ce que t'as le choix ? Est-ce que tu sais ? Est-ce que tu sais ? C'est-à-dire que c'est quand tu es arrivé à Grand-Santi que t'as pris un avion, que t'as traversé au-dessus de la Guyane, toute l'Amazonie, t'es arrivé en avion avec toutes tes affaires. Et là, on te dit, en fait, ah bon, anglais ? Ah, mais ça, c'est pas ce qu'il y a écrit ici, hein ? Nous, on a prof de secte. pas, vous commencez demain. T'es pas formé, voilà. Donc, improvisation,

  • Speaker #0

    les gars,

  • Speaker #1

    premier temps. Mais, bon, je pense que j'ai un don pour raconter. Donc, du coup, au fur et à mesure, j'ai mis en place des cours qui les ont intéressés. Et en fait, quand tu commences aussi difficilement, tu peux que être, si c'est ta vocation de transmettre et d'enseigner, tu peux que être une excellente enseignante. Parce que t'as commencé par le feu.

  • Speaker #0

    Ouais. Ça, c'est le feu même ! Là,

  • Speaker #1

    c'est le feu, c'est la lave-char ! On t'a lâché dans la nature, c'est le cas de le dire. Et tu te débrouilles. Et j'ai fait classe, tu vois, à ces élèves. Déjà la première année, et puis la deuxième année, j'avais des petites choses de prêt. J'ai fabriqué des jeux, il n'y avait rien. Il n'y avait pas Internet. Il y avait deux ordinateurs post-fix dans la salle de prof. C'était pris d'assaut. Tu n'avais jamais accès aux ordinateurs. Il y avait toujours un prof qui en avait besoin. Donc, je n'avais pas accès à Internet.

  • Speaker #0

    Donc tu dois développer d'autres skills.

  • Speaker #1

    J'ai ramené des petites fiches de bristol, j'ai commencé à faire des choses un peu manuelles parce que ce sont des élèves qui sont forts parce qu'ils ne se laissent pas embrigader dans le moule qui ne leur correspond pas. Ce n'est pas leur façon de pouvoir apprendre. Ils n'acceptent pas d'apprendre comme ça. Et donc je me suis adaptée à eux. Donc moi, j'ai vraiment adoré. Déjà, j'aime beaucoup les enfants. qu'ils soient turbulents ou pas, donc j'ai beaucoup accroché avec eux. Et voilà, donc du coup, ça a été ma première expérience de prof.

  • Speaker #0

    Et tu fais combien de temps à Grand Sentier ?

  • Speaker #1

    Deux ans.

  • Speaker #0

    Deux ans. Et après, tu retournes sur Skyline ?

  • Speaker #1

    Je me déplace parce que aussi, quand je suis rentrée en Guyane pour devenir prof, j'avais pas de diplôme, j'ai pas passé de certification ou quoi. Donc du coup, je suis ce qu'on appelle contractuelle. Et les contractuelles, on te balade comme ça au gré des besoins. Oui. Malheureusement pour moi, ils ne m'ont pas gardé à grands sentiers. Je voulais rester, contrairement à d'autres qui ne veulent surtout pas aller là. Moi, je voulais rester. Ils m'ont catapultée dans une autre ville à Saint-Laurent, où j'ai fait un an et après ils m'ont encore changée. Pour me rapprocher cette fois des villes que je connaissais, notamment Rémire. Et je suis restée là des années.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc tu restes là-bas des années. Et je pense que c'est là où on arrive à ce qui fait que beaucoup aujourd'hui de gens te connaissent. Est-ce que c'est à cette période-là, finalement ? C'est à quel moment qu'arrive la création de contenu ? Parce que, si je ne dis pas de bêtises, pour moi, je pense que tu as... Deux phases dans la création de contenu. Il y a d'abord Safia Enjoy Life qui arrive, et après il y a Grandeur Noire qui arrive. Corrige-moi si je ne me trompe pas. Je te corrige. Vas-y.

  • Speaker #1

    C'est d'abord Grandeur Noire, mais les gens ne savent pas. Ah ouais ? Tu vois,

  • Speaker #0

    c'est marrant.

  • Speaker #1

    J'ai créé la page Grandeur Noire en juillet 2016. Wow,

  • Speaker #0

    2016 !

  • Speaker #1

    Ouais, j'ai créé cette page en juillet 2016.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Et j'ai commencé à faire des vidéos qui ont plu. et que les gens ont trouvé drôle en août 2016.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Et ce n'était pas fait pour être drôle.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'était pas fait exprès.

  • Speaker #1

    Et ce n'était pas fait pour buzzer, ce n'était pas fait pour... Tu vois, je ne m'y attendais pas du tout.

  • Speaker #0

    Ta première vidéo virale où tu réalises qu'il y a quelque chose qui se passe, c'était quoi ?

  • Speaker #1

    C'était sur les administrations, je me rappellerai toujours. Parce que j'étais sortie des impôts et je m'étais fait traiter comme une serpillère par la dame. Alors que je venais payer, donner mon argent durement gagné à un État qui me vole, qui me braque, et on me traite en plus comme ça ? Non, c'était trop. La dame m'a trop manqué de respect. Donc comme ça, tu devais... Sachant que quand tu vas aux impôts... Bon, déjà, on te fait attendre. Bon, bref, c'est déjà... Les administrations, quoi. Donc, tu souffres, mais tu peux rien dire parce que...

  • Speaker #0

    C'est malheureusement le système et t'as besoin de faire...

  • Speaker #1

    Il y a un seul centre des impôts. Si tu payes pas là, après, t'as des problèmes. Donc, tu supportes, tu subis. Mais... J'ai relâché toute ma frustration en me filmant. Je conduisais, je me suis arrêtée. J'ai dit non, c'est trop pour moi et tout. Et j'ai fait une vidéo. Je ne sais plus ce que je disais, mais en gros, je lui disais même si c'est 11h59, tu me serres. Un truc comme ça, parce que la femme était pressée. Elle m'a jeté tout et tout. Et j'ai fait une vidéo comme ça, mais c'était un coup de gueule.

  • Speaker #0

    Oui, toi, tu voulais juste lâcher l'énervement que tu avais.

  • Speaker #1

    Oui, c'était juste de dire mais. En fait, les administrations, mais respectez-nous, calmez-vous. Et puis nous, clientèle, on ne doit pas accepter ça et tout. C'était juste un coup de gueule. Les gens ont rigolé. En fait, ça a fait rire les gens. Et à l'époque, je devais être suivie par, je ne sais pas, 500 personnes. C'était ma page personnelle.

  • Speaker #0

    Tu contrôlais ton petit univers. Tu connais la plupart des gens qui te suivent.

  • Speaker #1

    J'avais ma petite page Instagram anonyme. Et puis, je publie ça sur Instagram. J'avais déjà plus Facebook, j'avais plus Instagram. Et voilà, j'ai publié, j'ai fini avec ça. Et puis, c'est quelques jours plus tard que j'ai des amis qui m'envoient. Mais je n'ai pas pris tout de suite la mesure du truc. Parce que je n'ai jamais été très réseau sociaux, tu vois. J'ai toujours été assez fermée dans ma petite bulle. Donc, une personne me fait la réflexion. Hé, mais c'est quoi cette vidéo qui tourne ? Mais ce n'est pas toi et tout ! Je ne m'occupe pas. Deuxième personne. Et c'est quand un ami en France... m'a envoyé une capture d'écran et m'a dit Mais qu'est-ce que tu fais sur le groupe WhatsApp de ma famille ? Mon père qui partage ta vidéo, c'est quoi ça ? Et en fait, je n'avais pas Facebook. La vidéo avait été emmenée sur Facebook. Elle avait fait des centaines de vidéos. Donc moi, sur ma page Instagram, ça n'avait pas forcément… Toi,

  • Speaker #0

    tu ne sais pas que quelqu'un a repris et que c'est en train de… Mais la vidéo avait été reprise ailleurs.

  • Speaker #1

    Et donc, ça avait fait plein de vues. Et puis, les gens commençaient à m'arrêter dans la rue. Mais c'est fou la date des impôts et tout ! Mais je me suis dit… ça va s'arrêter, tu vois, ça va durer huit jours. Mais à peu près, ça ne dure pas. Un mois après, les gens sont encore en train de faire tourner la vidéo, de me reconnaître et tout. Et je pense que ça m'a encouragée parce que, comme il y a beaucoup de choses à dénoncer en Guyane, j'ai commencé à faire des coups de gueule.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que plus que les gens aiment ça quand je dénonce… Mais surtout,

  • Speaker #1

    c'est même pas qu'ils aiment ça, c'est surtout puisque ça circule et que le message est entendu, peut-être qu'à force, il va être compris ou que les gens, même en commentaire, vont réagir et que ça va… un peu faire bouger des choses, un peu, tu vois.

  • Speaker #0

    Tu vois, c'est marrant que tu dises ça, parce que finalement, quand toi, tu vois ce buzz, ou beaucoup auraient vu ce buzz en se disant Ah ouais, les gens, ils aiment bien, ben attends, je vais continuer parce que j'ai envie d'être connu. Toi, tu vois ce buzz en te disant Ah ben, j'ai une manière de dénoncer, où les gens m'écoutent. Donc toi, tu te dis Ben, vu que c'est de cette manière que vous voulez bien m'écouter quand je suis comme ça, toi, tu veux transmettre des messages. avec un sens et tu te dis, vu que vous aimez ça, je vais continuer, mais toujours en essayant d'éduquer la personne derrière. Et moi, c'est ça que je trouve qui est fort, c'est que tu as toujours cette notion d'éducation. Même si oui, tu fais rire, mais tu cherches toi, tu dis... Vu que c'est par le rire que je peux vous éduquer, je vais vous faire rire, mais je vais vous éduquer et vous allez apprendre des choses. Tu vois ?

  • Speaker #1

    Mais tu es un psychanalyste, en fait.

  • Speaker #0

    Ouais, tu as vu ça ? Tu as grave le diplôme que tu n'y as pas. Je pense que, incha'Allah, dans le futur, je vais mettre un canapé pour que mes invités s'allongent comme ça et tout. Et donc, tu continues à faire des vidéos. Et moi, quand je regarde un petit peu ton évolution sur les réseaux, je vois que ce côté, finalement... People, même si toi, tu sais que tu veux passer des messages, ça prend très vite de l'ampleur. Parce que je vois, ça grandit très vite.

  • Speaker #1

    Ça allait super vite. Franchement…

  • Speaker #0

    Parce que je vois, on commence à t'inviter dans d'autres pays.

  • Speaker #1

    Ah ouais, ça allait vite. Tu te dis, j'ai la première vidéo qui buzz. En fait, en août, je fais mon coup de gueule, ça buzz tout de suite. Je fais un deuxième coup de gueule peut-être en septembre, ça buzz encore. Ils sont en mode… Ah, c'est encore la fille de l'eau la dernière fois. Donc, OK. Je me rappelle la deuxième vidéo qui a buzzé, c'était sur les menteuses. J'avais dit...

  • Speaker #0

    Menteuses.

  • Speaker #1

    Non, mais celle-là, dinguerie.

  • Speaker #0

    Le truc a tourné des chansons.

  • Speaker #1

    Ils ont fait des chansons avec.

  • Speaker #0

    T'as les bonnes attitudes aussi quand tu racontes le truc. Je sais pas. Non, mais c'est que t'as les bonnes attitudes, t'as les bonnes mimiques, t'as les bonnes trucs.

  • Speaker #1

    Et les gens à l'époque... on fait ce que maintenant on fait sur TikTok, c'est-à-dire reprendre la vidéo en parlant eux-mêmes avec exactement tout le script. Comme si c'était un script. Non, le truc, non, ça a trop buzzé. Donc en tout cas, du coup, on m'a demandé de venir jouer des scènes.

  • Speaker #0

    Ben oui, c'est ça. Parce que je te vois, c'est ça, tu commences à faire des spectacles.

  • Speaker #1

    Franchement, j'arrive pas à croire que...

  • Speaker #0

    Mais c'est ça, c'est ça qui est une dinguerie. C'est que je te vois, tu vois, tu commences à faire des spectacles. C'est-à-dire que... T'arrives à un moment... Avant de te poser cette question, tes élèves, ils voient ces contenus-là ? Ouais,

  • Speaker #1

    mais pas tous. Ouais, ouais,

  • Speaker #0

    en fait. Est-ce que quand tu viens en classe, tes élèves te parlent des contenus que tu fais ?

  • Speaker #1

    Très rigoureuse, j'ai une rigueur, j'ai une autorité, que ce soit sur tout le monde, sur les gens avec qui je travaille, sur mes élèves, ouais. C'est-à-dire, moi, je suis dans l'autorité, mais dans le respect. Donc, comme j'ai toujours respecté mes élèves, ils m'écoutent. Ils donnent du crédit à ce que je dis. Et moi, je leur dis dès la rentrée, parce qu'ils me reconnaissent.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Mais je leur dis, tout ce qui se passe dans cette classe, ça doit concerner l'anglais. Si vous voulez me parler d'autre chose, c'est dans le couloir, c'est sur le parking, quand vous me croisez. Mais ce n'est pas dans ma salle de cours. Ma salle de cours n'est pas faite pour ça. Mais en fait, les élèves ont mieux respecté que les adultes.

  • Speaker #0

    Oui, souvent.

  • Speaker #1

    Les surveillants, mon Dieu. Souvent, ça tourne, les surveillants. Tu vois, c'est des petits contrats. Quand il y avait un nouveau surveillant qui arrivait dans la salle pour prendre l'appel. Moi, je suis dans mon cours et tout. Il sabote mon autorité parce qu'il parle de ça dans la classe. Les enfants, là, c'est la porte ouverte. Là, ils s'infilent dans la faille.

  • Speaker #0

    C'est que tu ne dois pas t'attendre à voir la fille que tu suis. Tu ouvres la salle de classe et tu la vois, elle donne un cours.

  • Speaker #1

    Les surveillants, les collègues profs qui viennent te parler. C'est une réunion de profs, tu vois. Ils viennent te parler. Franchement, les élèves étaient... plus disciplinés que les adultes. Mais oui, les gens savaient en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr, parce que ça va vite. Ça va vite avec les réseaux et tout. Donc je me demande ça, comment tu gères le fait d'être enseignante ?

  • Speaker #1

    C'est le bon levier.

  • Speaker #0

    Et surtout que c'est des gamins, eux ils sont sur le téléphone tout le temps, donc eux ils sont encore plus vraiment connectés et ils voient tous les buzz.

  • Speaker #1

    J'ai trouvé qu'ils étaient très respectueux et très mûrs, matures dans leur comportement. Mais peut-être parce qu'eux ils sont nés avec les réseaux. ils savent faire la part des choses comprennent que il y a la vie des réseaux et il y a leur vie à eux le prof c'est pareil tu vois c'est je sais pas mais en tout cas les élèves big up s'il y en a qui passent sur la vidéo et donc tu as grandeur noire à ce moment là tu fais ces contenus là sur ta page Safia Enjoy Life c'est ça c'est que Safia Enjoy Life ça apprend tout de suite je me rappelle en un mois j'ai gagné 8000 abonnés ouais

  • Speaker #0

    Alors que tu avais 500 commentaires.

  • Speaker #1

    C'est pas la même chose. Tu vois même plus tes commentaires. Parce qu'à l'époque, je pouvais avoir 500 commentaires et je peux pas lire tout ça. J'ai plus ma petite communauté de 3-4 commentaires, je réponds, je spawnais et tout. Donc tout change. Et tout de suite, on me propose de faire des spectacles. Donc moi, je dis non. J'ai pas besoin d'argent, je gagnais très bien ma vie. Donc je vais pas le faire pour l'argent. Et non parce que c'est un vrai métier de faire des spectacles. Je ne peux pas m'improviser et manquer de respect à ceux qui prient par des spectacles. Quand on m'a dit le prix, j'ai dit il n'y a plus de respect. Je veux apprendre. Je vais faire aussi.

  • Speaker #0

    Mais tu vois, en plus, ce qui est bien, c'est que les spectacles... Il y a un humoriste que je kiffe en ce moment. J'ai tellement envie qu'il vienne à Dakar pour recevoir Edgar Eve.

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    Parce que... Il est tellement fort pour te passer des messages. Mais c'est ça. Il a une connaissance. Il a un sens des mots, des vocabulaire. Il est tellement précis quand il parle. Il est tellement conscient de ses mots, de son vocabulaire, de son français. Bon, de toute façon, son père est avocat. Sa famille est avocat. Tu vois, le... Je ne savais pas. L'arbre tombe. C'est cultivé. Non, très cultivé. Il a eu une cassure, justement, avec son père parce qu'il a voulu se lancer dans l'humour. C'était très difficile. Mais aujourd'hui, pour moi, quand je le regarde, son côté éloquent, humoriste, ça vient de là. Ben oui. Tu vois. Et tu vois, aujourd'hui, moi, je t'aurais vu, à ce moment-là, continuer ce que tu faisais. Passer des messages.

  • Speaker #1

    Tout le monde.

  • Speaker #0

    via l'humour, et je suis sûr que t'aurais cartonné.

  • Speaker #1

    Mais tout le monde. Et donc, mon manager, le jour où je lui ai dit, en fait, j'arrête pour Candeur Noire, qu'est-ce qu'elle raconte ?

  • Speaker #0

    Mais attends, attends, qu'est-ce qu'elle dit, là ?

  • Speaker #1

    Parce qu'on gagnait beaucoup d'argent, tu vois.

  • Speaker #0

    Tu fais combien de temps à travailler sur Safia Enjoy Life ? C'est-à-dire que c'est combien de temps ?

  • Speaker #1

    Sur l'humour, tu veux dire ?

  • Speaker #0

    Ouais, c'est un an, deux ans ?

  • Speaker #1

    Je pense même trois ans.

  • Speaker #0

    Trois ans, ouais. Parce que,

  • Speaker #1

    ouais, ça a pris en 2016. Tout de suite, on m'a proposé des contrats. Donc des contrats pour monter sur scène, mais des contrats pour donner des spectacles privés. Même, on me payait pour que je puisse dire certaines phrases pour des anniversaires. Des mariages ! Non mais des cadeaux de mariage, c'est quoi ça ? C'est trop bizarre ! Pour des cadeaux de mariage, ils voulaient des messages avec ma voix, que je dise certaines choses. Donc l'argent rentrait comme ça, comme ça, comme ça. Et j'étais payée pour ça, pour les spectacles, mais pour les publicités aussi. Ah ouais, ça payait mieux la publicité que les spectacles.

  • Speaker #0

    C'est quoi, tu faisais des voix pour des publicités ? Non, non,

  • Speaker #1

    non, j'apparaissais dans une pub. Soit j'apparaissais pour certaines marques, je disais les lunettes, la voiture, ceci, cela.

  • Speaker #0

    Mais nous on veut voir ces pubs, on n'a jamais vu ces pubs-là. Je ne sais pas,

  • Speaker #1

    je ne fais pas de ce qu'elles sont. Ou alors de la pub sur mon profil, puisque tu sais, c'était vraiment les débuts, 2016, je pense qu'on était encore dans le début de l'influence. Donc du coup, les marques recherchaient des personnes. qui avait beaucoup d'abonnés et pouvait payer cher.

  • Speaker #0

    Oui, pour faire du...

  • Speaker #1

    Une publication sur mon feed, je me rappelle, c'était très cher. Je crois qu'il n'y avait pas encore de story, je ne sais plus. En tout cas, les pubs rapportaient plus que les spectacles et c'était moins de travail parce que je n'avais pas à écrire, je n'avais pas à compter sur les rires des gens ou pas. Donc, au début, du coup, c'est parti très vite. Ça payait bien. Mais en fait, je me suis rendu compte que je savais faire rire les gens. Parce qu'au départ, rappelle-toi, j'ai fait des coups de gueule. Pour moi, ce n'est pas pour faire rire les gens.

  • Speaker #0

    C'est... Passer des messages.

  • Speaker #1

    Et en fait, j'ai appris que... Quand j'étais à l'école aussi, je faisais beaucoup rire la classe. Donc, il y avait quelque chose qui était là, que moi, je ne voyais pas et que je prenais pour des coups de gueule. Mais dans ma façon de faire, ça faisait rire. Et donc, j'ai appliqué ça sur les spectacles. Finalement, j'ai eu le syndrome de l'imposteur en me disant Mais attends, moi, j'ai des références comme Viviane émigrée en Guyane, comme... Et en fait, je ne me sentais pas à ma place. Je me sentais comme si je volais leur métier. Mais en fait, j'avais ma place. Et là où je me suis sentie à l'aise et que j'ai abandonné ce syndrome, c'est quand justement Viviane Émigré m'a reconnue. Quand je dis m'a reconnue, pour moi, c'est ma marraine. C'est ma marraine la fée. Et quand elle, elle te dit, moi, c'est mon idole. Viviane Émigré, vraiment, c'est mon idole. Je ne sais pas comment le dire, mais elle sait tout faire. Ce n'est pas juste une humoriste. Elle sait faire énormément de choses. Et donc, je l'admire énormément. Donc, quand elle, elle me dit...

  • Speaker #0

    Que tu as ta place.

  • Speaker #1

    Elle est capable de me sortir une phrase d'un spectacle qu'elle apprécie. Et qu'elle me dit, continue.

  • Speaker #0

    Oui. Tous les feux sont verts.

  • Speaker #1

    Je me suis sentie légitime.

  • Speaker #0

    Mais tu arrêtes tout ça.

  • Speaker #1

    Mais j'arrête. Parce que, en fait, je voulais que le message, finalement, soit... plus straight, soit plus évident, tu vois. Parce que je passais des messages à travers l'humour,

  • Speaker #0

    mais... Mais est-ce que les gens retenaient vraiment le message ?

  • Speaker #1

    Des fois, ils ne l'ont pas interprété dans le bon sens parce qu'ils n'avaient pas la culture qui va derrière les rêves, etc. D'accord. Et le message passait un peu à côté, ça tombait à plat. Donc il y avait ça, et il y avait le côté où... divertissement. C'est l'univers du divertissement, et c'est... ça emmène quand même vers des dérives, tu vois, le divertissement. Donc, c'est pas l'univers où je voulais évoluer. être dans des soirées qui finissent tard avec des gens qui boivent de l'alcool moi je ne buvais pas d'alcool qui veulent faire la fête après le spectacle moi je ne veux pas, je veux rentrer dormir ça ne correspondait pas à ton rythme de vie à ta perso il y a surtout que je développais quand on dort noir déjà moi et j'essayais de rabattre avec Safia Enjoy Life j'essayais d'amener les gens vers quand on dort avec Safia Enjoy Life Je faisais des petits posts sur ma page Safia Angel Life, ben voilà, j'ai fait une publication sur Grand Ordre Noire, j'avais séparé les pages exprès. Allez voir ! Et petit à petit, ça ramenait une, deux personnes, trois personnes. Et je me suis dit non, il faut que je me concentre, toute l'énergie que je mets dans l'humour, il faut que je me concentre. sur grandeur noire pour vraiment développer ça. Donc, quand j'ai dit...

  • Speaker #0

    Au manager.

  • Speaker #1

    Même à mes amis, j'ai dit...

  • Speaker #0

    Ils voient que la croissance est comme ça, qu'il y a des choses qui se développent, qu'on peut aller plus loin et tout, tu dis, ben non, j'arrête ?

  • Speaker #1

    Ouais, parce que je me souviens, on avait signé un gros contrat avec une marque de... Alors, c'est une chaîne de salles de sport, très connue. Et j'avais signé avec eux pour être un peu...

  • Speaker #0

    Il n'est géré, de toute façon.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais c'était un gros truc, tu vois. Et lui, il voyait que... Les demandes affluaient comme ça, parce que c'est lui qui gérait. C'est lui qui voyait les demandes. Il me disait, ça va pas, non ? Qu'est-ce que tu fais là ? Donc, bref, en tout cas, j'ai fait le virage total. J'ai annoncé, je me rappelle, sur les réseaux que je vais pas continuer dans l'humour parce que je choisis Grandeur Noire, de raconter l'histoire de l'Afrique, l'histoire des diasporas. Et en fait, au moment où j'ai annoncé ça, je n'étais pas très suivie sur Grandeur Noire. Même d'ailleurs, au départ... Les premières conférences que j'ai faites, les gens connaissaient que la partie humour et se disaient Mais qu'est-ce qu'elle fait ?

  • Speaker #0

    Pourquoi elle est sérieuse comme ça ?

  • Speaker #1

    D'où est-ce qu'elle est ?

  • Speaker #0

    Elle est où la blague ? Historière ?

  • Speaker #1

    Elle nous fait rire ? Il faut qu'elle se calme un petit peu.

  • Speaker #0

    La question que je ne t'ai pas demandé, c'est que quand tu crées la page de Grandeur Noire, c'est le voyage en Jamaïque qui est le déclic pour te dire que je vais créer cette page ? C'est quoi le déclic pour te dire que je vais créer cette page ?

  • Speaker #1

    C'est ma cousine qui a le... Je porte son prénom, en fait. Ma mère m'a donné son prénom par rapport à elle. Donc, elle s'appelle Safiatou. Et ma cousine, dont je suis très proche, je ne sais plus de quoi on parlait, mais en gros, je ne sais plus de quoi on parlait, mais elle me dit, enfin, je ne sais pas, elle a dû me faire une réflexion sur le fait que j'avais beaucoup de connaissances sur l'histoire et tout. Et elle me disait mais pourquoi tu ne partages pas ça ? Je lui ai dit non, mais quand j'aurai des enfants, je vais transmettre à mes enfants Elle me dit ouais, mais déjà, tu ne sais pas si tu en auras, et de deux, tu ne sais pas quand, en attendant, tu peux peut-être diffuser Et je me suis dit mais non, pourquoi je vais me lever pour aller diffuser ? Je ne suis personne, tu vois Elle m'a dit, écoute, tente, tu n'as rien à perdre. Donc, au départ, quand j'ai créé la page, c'était anonyme. J'ai mis une photo qui n'était pas la mienne. Je n'ai fait aucun... Je ne me suis même pas abonnée à ma propre page.

  • Speaker #0

    Il ne faut pas te reconnaître. Il ne faut pas savoir ce que c'est.

  • Speaker #1

    Je n'ai fait aucun lien. Parce que j'avais peur. J'étais très frileuse. Ça n'existait pas. Aujourd'hui, il y a plein de pages qui parlent des cultures africaines, des pays, des voyages. Mais 2016 ? Non,

  • Speaker #0

    je suis d'accord. C'est vrai.

  • Speaker #1

    En tout cas dans l'univers francophone ça n'existait pas donc arriver là et parler de l'Afrique donner des connaissances, les héros, les machins voilà, t'es qui donc j'ai pas pris de risque j'ai fait ça de façon anonyme

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses pas que t'as eu peur aussi le fait de te dire que je suis en Guyane et même si je suis Guyanaise, si moi je viens parler de l'Afrique est-ce que les gens vont dire mais toi tu connais Au début je t'ai pas dit ça mais après on m'a fait la réflexion oui que j'étais pas esthétique parce que tu imagines que tu as de la neige pas africaine ouais bref mais donc ouais donc tu crées la page à cause de ta cousine voilà grâce grâce à elle grâce à ta cousine pardon oui donc du coup bah voilà j'ai tenté tu crées la page comme sa grandeur noire tu évolues avec Safia Enjoy Life sur 3 ans voilà en essayant de rabattre de ramener et au bout d'un moment tu te dis bah non je vais me concentrer sur

  • Speaker #1

    Oui parce qu'entre temps, comme je développais quand j'étais en grandeur noire, j'étais de plus en plus invité dans les conférences. Au début, j'ai produit mes propres conférences. Ça veut dire que j'ai tout payé, j'ai tout organisé, que ce soit les flyers pour faire connaître la conférence, choisir l'endroit, tout organiser, tout écrire la conférence. D'ailleurs c'était une catastrophe, au début j'étais assise, je lisais un texte, c'était horrible. Mais bref, avant de savoir que je donnais des conférences, il y a des gens qui m'ont invité à des conférences qu'eux organisaient. Et là, ça a commencé à prendre de l'ampleur parce que là, j'ai commencé à constater que je voyageais grâce à Grandeur Noire. Non plus uniquement pour l'humour, parce que l'humour, j'étais invitée aussi, je voyageais. Mais là, Grandeur Noire réussissait à me faire voyager. Et là, je me suis dit, ouais, il y a un filon, il faut y aller.

  • Speaker #0

    Donc finalement, ça veut dire qu'émotionnellement, tu te sentais plus proche de Grandeur Noire que de Safia Angel.

  • Speaker #1

    Ah mais carrément, jusqu'à maintenant.

  • Speaker #0

    Non, mais ça, encore plus maintenant. Non, ça, c'est sûr, on va y venir. Et donc, tu arrêtes. Tu es en Guyane, tu lances grandeur noire à 100%, tu te mets à 100% dessus. Aujourd'hui, tu vis au Kenya. Combien de temps se passe entre le moment où tu décides de te mettre à 100% sur grandeur noire et ton installation au Kenya ?

  • Speaker #1

    Quatre ans.

  • Speaker #0

    Quatre ans. Qu'est-ce qui se passe ? Pendant ces quatre ans, est-ce que tu peux nous expliquer ?

  • Speaker #1

    La traversée du désert, Olivier. Olivier, aïe aïe aïe. Mon Dieu, j'ai souffert. Alors déjà, en 2020, la crise Covid a été une délivrance et une révélation pour moi. Parce que le fait que le monde s'arrête... Tout en même temps, je ne me suis pas sentie en retard de m'arrêter et de penser.

  • Speaker #0

    Excuse-moi, pour que les gens comprennent bien, tu es prof aussi toujours pendant ce temps-là.

  • Speaker #1

    C'est ça. Je suis prof, je suis enseignante dans un collège, enseignante d'anglais. Le Covid arrive, confinement, donc je reste un mois, plus d'un mois à réfléchir chez moi et à me rendre compte que c'est ça la vie que je veux, me lever à l'heure que je veux. Je ne veux plus d'alarme qui me réveille, je ne veux plus de ça. Ça c'est un truc qui depuis petite je ne supporte pas d'être réveillée par une alarme. Je trouve que c'est une vie gâchée. Et donc là je me suis dit ouais, en fait je dois changer, je ne suis pas à la bonne place, je ne suis pas alignée. Il y a plein de choses que j'ai remarqué, je vivais à mon rythme en fait. Pendant ce mois-là j'ai vécu à mon rythme et j'ai comme une fleur, j'ai éclos, j'ai épanoui quoi. Et donc au sortir de ça... Je ne me voyais pas retourner dans les alarmes, les sonneries d'école, on te dit à quelle heure tu rentres en cours, à quelle heure tu enseignes, qu'est-ce que tu enseignes, le programme à respecter, je ne pouvais plus. Donc j'ai eu une espèce de révélation où je me suis dit non, en fait il faut que je me donne corps et âme à grandeur noire, c'est ça que je veux faire et j'ai donné ma démission. Je ne pense pas que ce soit un coup de tête parce que même si ma décision a été prise très radicalement et très vite, je pense que c'est quelque chose qui était là. depuis longtemps qui était latent et qui...

  • Speaker #0

    Qui attendait juste le déclic.

  • Speaker #1

    Il y a eu le déclic avec le Covid. Donc, j'ai posé ma démission et le projet était de produire, de réaliser un documentaire sur l'Afrique.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Sur réunir toutes les connaissances que j'avais, mais avec des images de terrain et des enquêtes de terrain. Sauf que moi, entre faire des petites vidéos et les publier sur Instagram et réaliser un documentaire, ça n'a rien à voir.

  • Speaker #0

    Il y a 10 000 mondes.

  • Speaker #1

    Et ça, je ne le savais pas. Je n'en avais pas du tout conscience. Pour moi, j'ai une GoPro, j'ai une caméra, j'ai un trépied, j'ai un petit micro qui s'accroche, c'est bon. Eh non, si c'est un truc cinématographique que je veux faire.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Non, il y a des opérateurs son, des opérateurs pour la caméra.

  • Speaker #0

    Oui, lumière.

  • Speaker #1

    Tu as le monteur. en fait, tu as plein de métiers. Et il faut les payer, ces gens-là. Donc, le budget n'a rien à voir avec faire une vidéo YouTube ou faire une vidéo Instagram. Donc, j'ai lancé une cagnotte que j'ai très mal évaluée. Vraiment, j'étais dix fois en dessous. J'ai lancé une cagnotte qui était clairement insuffisante pour mener le projet d'un documentaire.

  • Speaker #0

    Tu as lancé la cagnotte seule ?

  • Speaker #1

    Oui. En fait, je faisais déjà des vidéos YouTube depuis 2019. Et le Covid m'a aidé à... Pop ! Ah ouais, parce que du coup les gens ont eu le temps de regarder mes longues vidéos de 45 minutes, 1 heure, ils avaient le temps. Et ils ont eu envie aussi avec l'effet George Floyd de se renseigner. Donc le côté Black Lives Matter, ils ont commencé à se renseigner et là il y a beaucoup de gens qui ont découvert ma chaîne, qui se sont abonnés. Et là vraiment j'ai explosé sur les réseaux sociaux, que ce soit la page Instagram, la page YouTube. Et ça, ça m'a apporté une légitimité. Et quand j'ai proposé la cagnotte, du coup, il y avait un engouement. Et je pense aussi que je suis l'une des premières, si ce n'est la première cagnotte, française en tout cas, sur un projet tourné vers l'Afrique. Un projet de documentaire tourné vers l'Afrique, le financer avec une participation de la communauté. Je pense que...

  • Speaker #0

    Moi, à part ça, je n'en ai pas vu.

  • Speaker #1

    Et comme c'était la première, les gens, il y a eu un engouement, ils ont fait confiance. Ils ont voulu participer en fait. Il n'y avait pas le côté, ah on a déjà eu ça, c'était une arnaque, donc on se méfie. Il y a le côté très spontané, on y va. Et aussi parce que j'avais gagné leur confiance avec du contenu.

  • Speaker #0

    De qualité.

  • Speaker #1

    Et de qualité.

  • Speaker #0

    La régularité.

  • Speaker #1

    Elle va nous faire un contenu de qualité. Parce que déjà gratuitement, elle nous fait du contenu de qualité. Donc j'ai fait la cagnotte.

  • Speaker #0

    Pourquoi je t'ai demandé si tu l'as fait seule ? Parce que tu sais, nous on a fait une cagnotte il y a... Ça va faire un an, un an et demi. Et nous, au début, on voulait le faire seul. Mais Dieu a fait qu'on a été accompagnés. On est tombés sur deux profils, dont c'est le métier. Oui,

  • Speaker #1

    celui-là. Des cagnottes ?

  • Speaker #0

    Donc c'est le métier d'accompagner des gens qui veulent faire des cagnottes. Parce qu'en fait, faire une cagnotte, si tu n'es pas accompagné, que tu y vas seul, tu vas faire énormément d'erreurs. Énormément d'erreurs. Et nous... Heureusement qu'on a eu ces personnes qui nous ont coaché. On a travaillé pendant cinq mois avant de faire la cagnotte. Elles nous ont fait travailler pendant cinq mois. Mais quand je dis travailler,

  • Speaker #1

    c'est à dire avant de faire la cagnotte. Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Par exemple, un truc que j'ai appris, et c'est pour ça que je veux le partager pour que les gens le sachent. Par exemple, quand elles nous ont fait travailler, elles nous ont demandé de définir 5 ou 7 personas. C'est-à-dire 5 ou 7 personnes qui correspondent à notre audience, qu'on vise avec la cagnotte. D'accord ? Une fois qu'on a pu définir ces 7 personnes, elles nous ont demandé que pour chacune de ces personnes, on soit capable de trouver 10 questions. que ces personnes vont se poser sur notre produit. Mais il fallait que ça soit 10 questions différentes. On ne peut pas retrouver la même question chez une autre personne. Donc en gros, ça faisait 70 questions différentes sur le produit.

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est des professionnels.

  • Speaker #0

    Pour que quand on va faire la cagnotte, que quand les gens nous posent des questions sur le produit, on ait déjà anticipé toutes ces questions et qu'on ait les réponses, qu'on n'ait aucun moment de attends, je ne sais pas, je réfléchis à une chose comme ça Et ça, c'est le type de travail qu'elles nous ont fait faire. Mais je n'aurais pas cru en moi. Elles nous ont préparé sur comment une cagnotte, ça fonctionne. Savoir que quand on va commencer, il y aura beaucoup d'engouement la première semaine, on va recevoir beaucoup de dons. Mais qu'après, elles nous ont expliqué, ça fait un U. Ça commence très fort, ça descend, ça se calme, ça se calme, ça se calme. Et souvent, la dernière semaine, les derniers jours, c'est là où ça repart parce que les gens veulent participer, encourager. Donc, on était déjà prêts mentalement à savoir qu'il y aurait un moment de down et il faut t'accrocher pendant ce moment de down parce qu'il faut continuer à alimenter, à en parler. Donc c'est pour ça que je te pose la question.

  • Speaker #1

    Tu vois, voilà. Moi, l'erreur que j'ai faite, je pense, c'est justement de la faire la cagnotte. Parce que oui, elle a atteint l'objectif. Mais je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais pas faire le projet avec ce montant-là.

  • Speaker #0

    Parce que tu n'avais pas calculé bien le montant de départ.

  • Speaker #1

    Et parce que si j'avais préparé avec eux, j'aurais étudié en amont ce que coûte un documentaire avec la façon dont je voulais le faire, c'est-à-dire avec plusieurs pays.

  • Speaker #0

    Toi, la vision que tu as.

  • Speaker #1

    Mais j'aurais étudié ça en amont. et du coup, soit j'aurais fait une cagnotte avec le vrai montant, et je pense que ça n'aurait pas été atteignable, même avec toute la communauté du monde,

  • Speaker #0

    soit j'aurais pas fait,

  • Speaker #1

    tu vois j'aurais été vers des subventions, vers des professionnels du cinéma ce que je fais en ce moment aller vers des professionnels du cinéma qui eux, ont les cordes savent quelles cordes tirer pour trouver les financements qui sont dédiés à ça et qui existent d'ailleurs donc moi j'ai fait les choses à l'envers pas à moi. Voilà.

  • Speaker #0

    Mais au moins, tu as essayé. Et moi, c'est ça que je trouve qui est bien. C'est que tu t'es lancé. Parce que tu as plein de gens qui ont des idées, qui veulent faire des choses, mais qui ne t'entendent pas. Au moins, tu as tenté. Et tu as réussi à atteindre ton objectif. Et même si, certes, aujourd'hui, tu n'as pas encore terminé ton documentaire comme tu aimerais le faire, tu as déjà lancé un pas. Et c'est ça le plus important. C'est de commencer et de faire. Tu as appris des choses, tu améliores, et tu vas amener ce documentaire à son terme. Inch'Allah. Donc, tu as le COVID, tu comprends que c'est ce que tu veux faire. Tu lances une cagnotte en te disant, je vais faire un documentaire sur l'Afrique. Tu réussis à lever, à atteindre l'objectif que tu t'es fixé.

  • Speaker #1

    On a dépassé.

  • Speaker #0

    Tu as dépassé l'objectif que tu t'es fixé. La cagnotte est finie, tu as l'argent. Qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    Alors là, il ne se passe que des choses, que des obstacles. On était censé partir. Alors déjà, on a recruté. Quand je dis on, j'étais avec quelqu'un qui était censé m'accompagner sur le projet et qui était censé réaliser. Avec cette personne qui est professionnelle du milieu, qui est réalisatrice, elle a recruté, parce qu'elle s'y connaît, elle a recruté 4 personnes. On était censé partir à 4, donc il y avait un auteur qui devait rester. Bon bref, elle recrute une équipe. Et là, on a les dates, on a tout. Moi, j'avais même commencé à payer des choses, des hôtels, des réservations et tout. Et là, fermeture des frontières. Fermeture des frontières en juillet. Parce que bon... Il y a eu le premier confinement. Quand on est sortis, on croyait que c'était fini.

  • Speaker #0

    C'était fini, bien sûr.

  • Speaker #1

    Ah ben non ! Fermeture des frontières africaines. Mais toutes les frontières... Le continent était fermé. Donc moi, je n'ai pas annulé tout de suite. Parce que je me suis dit, bon, c'est comme le premier. Tu vois, ça va faire un mois, deux mois. Non, non. Jusqu'à la fin de l'année 2020, rien n'a rouvert. Donc déjà, j'ai perdu une partie des sous de la cagnotte sur des réservations que les gens n'ont pas pu rembourser parce qu'ils ont eu trop d'annulations d'un coup. Donc bref. Et en plus, quand tu as payé un truc en Namibie là-bas, va chercher ton argent. Va réclamer ton argent dans l'hôtel au fond de Namibie. C'est dur. Donc j'ai perdu une partie des sous sur ça déjà. Ensuite, j'avais payé plein de choses parce qu'il y avait du travail préparatoire. Donc il y avait, tu sais, louer des espaces pour que les équipes... Franchement, bref, je ne vais pas me remémorer ça parce que c'est une frustration incroyable. Mais le Covid a coûté beaucoup d'argent dans cette affaire-là. Et la réalisatrice m'a dit, écoute, on est bloqué là pour 2020, on ne pourra pas partir. Mais à défaut, pour que ta communauté sache que tu as commencé un travail sur le truc, on va faire un prologue. Exactement. Parce que c'était quoi un prologue ? Oui. J'étais pas d'accord. Quand elle m'a dit le prix, j'ai dit non, on va pas faire ça, on va encore retirer des sous dans la cagnotte, on a besoin de ces sous-là. Parce qu'en plus, on avait payé pour du matériel. On avait déjà acheté le matériel pour partir. Mais des choses chères, parce qu'en fait, moi je savais pas que ça coûtait cher. Ah oui,

  • Speaker #0

    la production, ça coûte cher. Les gens se rendent pas compte, mais ça coûte cher. Excuse-moi, je reviens sur un truc parce que j'ai peur d'avoir loupé quelque chose. Parce que tu as écrit des livres, mais ces livres c'est avant. N'est-ce pas ?

  • Speaker #1

    Après.

  • Speaker #0

    C'est après, ok. J'avais peur d'avoir sauté, c'est pour ça que je ne voulais pas louper. Donc, tu travailles sur le prologue ?

  • Speaker #1

    On travaille sur le prologue en amont. On fait, franchement, merci aux personnes qui nous ont accompagnées. On a fait des budgets. On est resté des journées entières, des nuits entières à budgétiser. Parce qu'il fallait que tout rentre, à acheter des choses et tout. Finalement, on ne part pas. Bref. Donc, on ne part pas. Et elle me dit, on fait le prologue. Le prologue, je ne voulais pas. par rapport au montant qu'elle m'avait annoncé. Elle me dit, je te promets, le montant sera respecté et tout. On le fait. Le montant a été plus que dépassé. Plus que dépassé. Pour cinq minutes de court-métrage. Ah, yeah ! Moi, en fait, tu sais, cette cagnotte, ça a été un énorme... Enfin, tu le sais, parce que tu en as fait une, ça a été un énorme boulot.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est un énorme boulot.

  • Speaker #1

    D'atteindre l'objectif. C'est un projet de tous les jours. Et à cette époque, j'étais encore prof. Je faisais des conférences. Je faisais des spectacles, je faisais tout en fait en même temps, plus dire aux gens, s'il vous plaît, mettez chaque vidéo, faire des vidéos. C'était dur. Donc chaque centime, c'est comme si c'est le mien, tu vois, parce que j'ai galéré pour aller chercher ce centime. Et donc, chaque centime qu'on dépense, ça fait mal de lâcher là. Il faut que ça rapporte quelque chose au projet, tu vois. Donc bref, de l'argent a été dépensé pour le prologue. La promesse de ce prologue, c'était... Tu verras, ça va faire pleuvoir les financements, des gens riches vont nous donner de l'argent et tout. Ils vont nous prendre au sérieux avec ça.

  • Speaker #0

    D'accord. R. En gros, c'était un petit peu appâté, en tout cas. Montrer que voilà la qualité qu'on est capable de proposer. Y'a plus de visite. Voilà l'idée qu'on veut montrer. Voilà la qualité qu'on est capable de proposer. Venez investir sur le documentaire.

  • Speaker #1

    R. Zéro investisseur, zéro donateur, zéro mécène. Rien du tout. Rien s'est déclenché. J'ai envoyé le prologue à combien de personnes, combien de célébrités françaises, des sportifs, des acteurs, des machins. Aucune réaction de personne. Alors que ça n'avait pas forcément été vu. Quelque chose avec des petits moyens, tu vois, de cette qualité, avec des effets spéciaux. C'était très court, mais c'était très émouvant et avec du sens, tu vois, plein de sens. Si tu regardes cinq fois... il y a des choses que tu vas voir à chaque fois. Bref, c'était vraiment très bien fait. Bon, écoute, ce prologue, beaucoup d'argent finalement dépensé, mais pas récupéré. Ça, ça m'a... C'était le coup de massue, quoi. Donc, 2020 a été vraiment catastrophique. J'ai démissionné pour ce documentaire. On n'est pas parti. L'argent a été dépensé dans du matériel, dans des machins, dans des trucs. Il en restait, mais c'est pas suffisamment pour partir.

  • Speaker #0

    Oui, pour repartir.

  • Speaker #1

    Donc... J'ai décidé d'organiser un gala pour réunir de l'argent encore.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    En fait, je te jure, ce truc-là m'a aspirée plus pour le marché. Donc 2021, non c'est... Oui c'est ça, attends, ça c'est 2020. Le gala c'est en 2022, qu'est-ce qui s'est passé ? 2021, il y a eu plein de confinements encore. 2020, j'avais plus d'argent. J'avais démissionné, j'avais plus d'argent. Et mon truc aussi, c'est que j'ai jamais voulu toucher à la cagnotte pour mes frais personnels, tu vois. Bien sûr, bien sûr. Parce que c'est pour le documentaire.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est dangereux si tu fais ça. Là,

  • Speaker #1

    je n'avais pas d'argent. Même s'il y a ce que tu veux comme somme à la banque pour le documentaire, je ne m'y touche pas. Je vais crever la bouche ouverte, mais je ne vais pas toucher cet argent. Donc du coup, je me suis retrouvée sans argent. Et avec les 400 derniers euros qui me restaient de mes économies, parce que j'ai aussi beaucoup investi mes économies dans le prologue, dans plein de choses en fait. Fin 2020, je décide de partir en Afrique avec ces 400 euros parce que je n'ai pas d'issue en France. Je n'ai pas de logement, je n'ai pas de travail, je n'ai pas droit aux allocations parce que c'est une démission. Je n'ai rien. Je pars en Afrique. 400 euros, ça me dure un mois. Tu vas où ?

  • Speaker #0

    Tanzanie.

  • Speaker #1

    Premier pays, Tanzanie. Premier pays africain.

  • Speaker #0

    Ton premier contact avec la terre du continent, c'est la Tanzanie. J'en s'y pars. Il y a pire qu'en premier rang. Je me suis dit,

  • Speaker #1

    c'est ça l'Afrique ? J'ai perdu du temps. Ouais !

  • Speaker #0

    Parce qu'en plus, Zanzibar, je crois, c'est un des seuls pays qui est resté vraiment ouvert pendant le Covid. C'est compliqué,

  • Speaker #1

    mon frère. J'ai été là où c'était ouvert.

  • Speaker #0

    C'est tout.

  • Speaker #1

    Parce que peut-être j'allais commencer par le Sénégal, moi, avec mes origines. Parce que mon géniteur est sénégalais. Donc, j'aurais commencé par aller au Sénégal.

  • Speaker #0

    Donc, tu arrives en Tanzanie.

  • Speaker #1

    J'arrive en Tanzanie. Donc, je fais un mois avec les 400 euros. Comment ça s'est passé ? Avant les 400 euros, j'avais 1000 euros. En fait, il me restait 1400 euros. Et les 1000 euros, je les ai investis dans une formation chez Chion Yang au Sénégal. Donc, j'ai tout réservé, tout pour venir à la formation au Sénégal. Et les 400 derniers euros, je vais en Tanzanie.

  • Speaker #0

    D'accord. Avant d'aller à la formation sénégale.

  • Speaker #1

    C'est ça. Après, je fais un mois en Tanzanie où je me repose l'esprit parce que l'histoire du prologue m'avait aspiré le sang. Parce qu'il y a la partie dépense, mais il y a la partie physique, tu vois. Oui, bien sûr. J'ai porté le projet de tout mon corps avec la réalisatrice d'ailleurs, qui s'est beaucoup donnée. Donc, je vais me reposer là-bas. Je vais à la formation de Chon Yang qui a révolutionné ma vie. Et là, en fait, les graines... qui avaient été plantés en Jamaïque. Il les a arrosés. Le truc a poussé en une nuit. Je me suis réveillée, il y avait des plantes dans mon cerveau. Il y avait un jardin d'Éden dans mon cerveau. C'était l'Amazonie. Mon cerveau avait poussé. J'ai fait une semaine chez Tionion. Non, ce monsieur, c'est quelque chose. Je ne connais personne d'autre comme lui. C'est un catalyseur. En fait, lui, il a cru à mon projet. de grandeur noire, là où moi-même, je n'avais même pas vu le potentiel. Parce qu'au cours des exercices qu'ils nous avaient donné à faire, il fallait s'imaginer les entreprises qu'on aurait pu monter, etc. Et moi, j'ai fait tout mon petit plan et tout. Mais pour moi, comme d'habitude, tu sais, à l'école, j'avais toujours été nulle parce que je n'étais pas dans les bonnes voies. Donc, quand je suis arrivée là, j'étais toujours… En plus, j'étais la seule fille du groupe. On était un groupe, je crois, de 9 ou 10. J'étais la seule fille. Les garçons avaient l'air à l'aise, certains avaient déjà des compagnies. Je me rappelle, il y a des Gambiens, deux Gambiens qui étaient venus, ils avaient déjà une compagnie. Quand il a demandé de faire des exercices, il fallait s'imaginer avoir une compagnie sur le long terme. Je me suis dit, là, je vais foirer devant tout le monde. En plus, il faut faire la présentation et tout. Je n'osais pas, je suis dans ma chambre, j'ai peur de présenter devant les autres. Et finalement, quand j'ai eu l'entretien avec lui, parce qu'à la fin de l'expérience, il y a un entretien avec lui, et que je lui ai montré le fameux truc que j'avais préparé, il m'a dit, mais en fait, tu es venu à ma formation pour... quoi pour apprendre quoi tu as déjà tout là tout est là c'est là c'est pas de l'imagination c'est quelque chose qui est viable et quand lui m'a dit lui qui a de l'expérience il a écrit chez pas pour un livre il lâchait pas comme une société il réussit tout ce qui touche je me suis dit mais si quelqu'un comme ça qui a ce qui est l'expérience de l'entrepreneuriat que ça c'est bon voir le potentiel voit que c'est viable ah mais là c'est je fonce et comme les fèves vision immigrés je fonce toutes les peurs tout donc là Je me suis prise au sérieux. Parce que mon histoire de documentaire, quand je l'ai annoncé en Guyane à ma famille, à mes amis, que je démissionne d'être fonctionnaire. Parce qu'entre-temps, j'avais passé ma certification, ce qu'on appelle le CAPES. J'ai commencé comme contractuelle, mais entre-temps, j'ai passé mon diplôme et j'étais agréée.

  • Speaker #0

    Là, tu étais officiellement un professeur.

  • Speaker #1

    À vie. Donc là, j'ai un emploi à vie, avec. deux mois de vacances par an minimum.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas beaucoup de gens qui ont ça. Et tu es payé pendant ces mois.

  • Speaker #1

    Tous les mois et demi, j'ai deux semaines de vacances. Je suis payé pendant mes vacances. Je suis payé si je suis malade. Je suis payé si je fais une dépression et que j'aurai chez moi dix ans.

  • Speaker #0

    Hé !

  • Speaker #1

    Je quitte ça, là. Je quitte ça.

  • Speaker #0

    Pour te lancer dans l'entrepreneuriat. Même elle y réfléchit maintenant.

  • Speaker #1

    Je cotise à la retraite. Bref. Tu vois, si je veux un prêt pour acheter une voiture, si je veux un prêt pour acheter une maison, si je veux... J'avais même des économies, j'ai pu faire des économies des sous-côtés. Je quitte ça là, pour partir dans un endroit où j'ai jamais été, où je connais personne, où ce sont des langues que je ne maîtrise pas. Ils m'ont dit, ça y est, elle se craquait en fait. Elle va recraquer tous les combien là, c'est bon. Donc, ils m'ont vu partir avec beaucoup de peur, surtout mes parents. Bien sûr. Désolée. En tout cas, j'ai fait ce voyage de quitter la Guyane, de partir, de me retrouver en Tanzanie, ensuite au Sénégal. Et là au Sénégal, quand il m'a dit, lui, que je ne suis pas folle, en fait l'idée elle est bonne de créer un média à grandeur noire. Là, j'ai ouvert, peut-être trois mois après, j'ai ouvert ma maison d'édition. Donc ça a commencé par les livres, parce que j'ai toujours été passionnée des livres et que c'était...

  • Speaker #0

    Quelque chose que je n'imaginais même pas, de pouvoir écrire un livre. J'ai grandi dans une cité, je ne pensais pas que c'était accessible à des gens comme moi. Des livres joyeux, des scientifiques, des savants, des gens qui ont fait des études. Tu sais, tu vois. Donc là, j'ai écrit un premier livre qui a eu beaucoup de succès. En fait, j'avais fait un test de 500 exemplaires pour la première édition.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il est parti en 10 jours. Seulement en Guyane. Quand j'ai vu ça...

  • Speaker #1

    C'était à un moment.

  • Speaker #0

    J'ai cadré le truc, on est parti. Donc j'ai fait une maison d'édition qui a finalement proposé trois livres. Deux de moi et un d'une autrice guadeloupéenne que j'ai produit. Et puis beaucoup de jeux éducatifs, tu vois, des quiz, des puzzles, des coloriages. J'ai toujours des choses en rapport avec l'Afrique. Parce que oui, mes livres, le premier, ça racontait 42 figures féminines africaines. Et je pense que... Ce format-là, imagé, pour les enfants, à destination des enfants, je pense qu'en 2019, où j'ai sorti le livre, soit je fais partie des toutes premières, soit je suis la première à sortir un livre comme ça. Oui,

  • Speaker #1

    je le pense aussi.

  • Speaker #0

    Mais vraiment, une page biographie, la page d'en face, le personnage illustré, un peu cartoon pour les enfants, même les adultes l'ont aimé au final. Au final, il s'est bien vendu parce que les adultes achetaient et les parents achetaient pour les enfants. Voilà, il y a eu ce premier livre. Deuxième livre, c'était un conte qui s'inspirait d'une héroïne africaine. Donc toujours autour de l'Afrique, tu vois. Même les jeux et tout. Donc ça, c'est la maison d'édition qui a très bien fonctionné. Mais avec la distance, le fait que j'ai voyagé par la suite, franchement, ça a été dur à gérer.

  • Speaker #1

    Dur à gérer, bien sûr.

  • Speaker #0

    J'ai dû aussi me concentrer parce que j'ai appris que finalement, il vaut mieux faire un très bien que dix moyens, tu vois. Ça,

  • Speaker #1

    je suis d'accord.

  • Speaker #0

    Donc ça, ça a été la maison d'édition 2021. après le passage chez Tianyang qui m'a révélé vraiment je recommande, si vous faites toujours ce genre de formation allez-y après la maison d'édition du coup ça et tu sais quoi en fait la maison d'édition tout l'argent allait pour le documentaire je ne touchais pas d'argent au début,

  • Speaker #1

    je ne touchais pas d'argent toi tu as toujours cette idée de ce documentaire je vais le faire et ce sont les dons Paypal des gens

  • Speaker #0

    par rapport à mes vidéos YouTube que je continue à faire, qui m'ont permis de vivre, tu vois, de payer des logements, de payer à manger. Et en plus, j'étais enceinte, donc payer les frais médicaux, les examens et tout, quoi.

  • Speaker #1

    Parce que c'est ça, t'arrives au Sénégal, t'es enceinte.

  • Speaker #0

    Je suis partie, en fait, en Tanzanie, j'étais enceinte. J'étais enceinte, j'étais seule, j'étais perdue, j'avais pas d'argent, j'ai pas osé dire à mes parents et à qui que ce soit que j'étais enceinte. J'ai dit à personne. J'avais pas d'argent, j'avais pas de situation. Le père m'a lâchée, c'était chaud quoi, c'était vraiment chaud. Et puis surtout, toute ma vie, je me suis vue être maman, déjà de plusieurs enfants, mais être maman avec un papa à mes côtés, toute ma vie. J'ai grandi avec mes parents, ils sont toujours ensemble. C'était évident pour moi d'élever mon enfant en couple. Donc le premier choc de la rupture amoureuse, c'était dur à encaisser et de devoir annoncer à mes parents. que je vais être maman célibataire, c'est chaud. Et maman célibataire sans emploi, sans revenu, sans logement, catapultée en Afrique, là on ne sait pas où, au Père.

  • Speaker #1

    Beaucoup de stress.

  • Speaker #0

    C'était trop. Je n'ai pas dit. Je n'ai pas dit parce que là, il serait venu m'arracher par les cheveux en Afrique pour me faire rentrer en Ségane.

  • Speaker #1

    C'est bon,

  • Speaker #0

    ça suffit. Je n'aurais pas été au bout de mes projets.

  • Speaker #1

    Mais donc, tu es ici, au Sénégal, enceinte, tu restes. Combien de temps au Sénégal ?

  • Speaker #0

    Alors, je ne reste pas longtemps, je reste une semaine pour la formation.

  • Speaker #1

    Après, tu rentres en France ?

  • Speaker #0

    Non, jamais je ne rentre en France, jamais. Ok. Bénin, Nigeria, Afrique du Sud.

  • Speaker #1

    D'accord, donc là, finalement, attends, attends, attends, parce que je comprends bien. Donc, tu as tes 400 euros quand tu es partie en temps de l'année. Tu avais déjà payé tu en n'en, donc tu vas. Donc, finalement, c'est de celle, de là, tu lances la maison d'édition.

  • Speaker #0

    En fait, avant. Quand j'ai plus d'argent dans les années, en fait moi mes vidéos j'ai commencé à demander des dons Paypal, j'ai commencé à dire dans mes vidéos s'il vous plaît soutenez-moi.

  • Speaker #1

    Si vous aimez ce type de contenu, aidez-moi à continuer à créer du contenu.

  • Speaker #0

    Et à l'époque c'était pas très commun de soutenir financièrement quelqu'un sur YouTube. Tu regardais les vidéos, c'était gratuit et puis c'est tout. Et donc moi je n'osais pas, je n'osais pas. Surtout que j'avais déjà demandé des sous pour la cagnotte pour le projet. Donc redemander des sous à côté là, je n'osais pas. Et finalement le jour j'étais comme ça, j'avais pas le choix, j'ai essayé. Et là les gens ont donné.

  • Speaker #1

    ma communauté c'est une communauté en or ta communauté elle est très engagée et elle te suit parce que ta communauté elle sait que tu mets un travail derrière ce que tu fais Tu mets un engagement derrière ce que tu fais. Je pense que c'est pour ça qu'ils sont aussi enclins à t'aider financièrement. Parce que ce n'est pas que la personne qu'ils supportent, c'est les idées. Ce qu'ils supportent, c'est les idées. Ce qu'ils supportent, c'est les valeurs que tu défends. Et je pense qu'ils ne le voient pas comme un don d'argent, mais ils le voient vraiment comme accompagner l'idée et accompagner le... Tu vois, c'est ça, faire grandir le média, tu vois, pour faire passer le message.

  • Speaker #0

    Mais c'est marrant que tu dises ça parce que l'étape suivante, après les dons Paypal, parce que je me suis dit, moi j'ai toujours été quelqu'un de très indépendant financièrement. T'as vu, très tôt, à 19 ans. Oui,

  • Speaker #1

    bah oui, t'as commencé à travailler.

  • Speaker #0

    J'ai assumé. Et ma mère m'a élevé comme ça, toujours à me dire, ne dépend de personne, ni d'un homme, ni d'amis, ni de personne. Donc, les dons Paypal, je n'étais pas à l'aise avec dépendre de s'ils me donnent, s'ils ne me donnent pas. Et l'étape suivante, c'est dingue, c'est un homme sorti de nulle part, un de mes abonnés qui m'a dit, En fait, moi, je te vois t'éteindre parce que tu travailles, tu travailles, tu travailles pour une misère. Ce que tu gagnes avec les dons Paypal, ce n'est pas la valeur de ce que tu donnes. Et si ça continue comme ça, tu vas arrêter. Et moi, je veux que mon enfant puisse profiter de tes contenus. Il n'avait pas encore d'enfant. Il m'a dit, je veux que mon enfant profite de tes contenus si j'en ai un jour. Et que donc, tu dures dans le temps. Donc, le gars, il m'a mis en place un business plan qui, jusqu'à aujourd'hui. perdure. C'est lui qui a créé GNTV en fait. Parce que lui, il m'a dit, mais ton contenu que tu proposes sur YouTube et puis tu demandes des clopinettes ceux qui veulent bien donner, mets-le sur un site payant avec un système d'abonnement.

  • Speaker #1

    Mais ça, c'est fort.

  • Speaker #0

    Je n'y aurais jamais pensé.

  • Speaker #1

    Mais tu vois, c'est là où je dis que la force de ton message et de ton travail, elle est forte, c'est que même des gens vont jusqu'à chercher des solutions pour toi, pour que tu continues.

  • Speaker #0

    C'est clair.

  • Speaker #1

    Et pour que tu améliores ton travail.

  • Speaker #0

    Et il m'avait vu très juste, j'étais vraiment au bout du rouleau. Je n'avais plus d'argent. Avec la grossesse, j'arrivais à un stade où je ne pouvais plus filmer parce que j'étais trop fatiguée. Je ne pouvais plus avoir le rythme d'avant. Et là, quand tu fais une vidéo, ou deux vidéos, ou trois vidéos, et que ça te rapporte ton budget du mois, tu peux te reposer, tu vois. Tu n'es pas obligé d'être tout le temps en train de chercher une solution. Donc, il m'a donné cette idée.

  • Speaker #1

    Et même, ça te laisse du temps pour travailler tes prochaines vidéos.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et pour travailler dans des bonnes conditions. Du coup, grâce à lui, j'ai créé une première plateforme qui s'appelle Écorder en noir.

  • Speaker #1

    Bravo, bravo monsieur. Franchement, merci.

  • Speaker #0

    Allez le découvrir sur Instagram. Je fais sa petite pub parce que vraiment, c'est quelqu'un d'exceptionnel. Vraiment, allez voir ses contenus. Donc du coup, merci Lémuel. Ça a été l'étape suivante, après les dons Paypal qui m'ont permis de survivre. Franchement, ce documentaire, je te jure, j'étais complètement obsédée. Je suis obsédée toujours parce que... Enceinte, sans argent, dès que j'avais un argent, c'était pour faire un pays, aller dans un nouveau pays, et préparer le terrain pour l'équipe en me disant mais on y va bientôt, il faut préparer le terrain, il faut baliser, c'est ce qu'on appelle faire du repérage. Donc moi, je suis allée enceinte là, dans des pays que je ne connais pas, au fin fond, c'est pas que je suis dans la capitale.

  • Speaker #1

    Elle est folle cette meuf !

  • Speaker #0

    En poteau, en toutouk, en machin, en taxi, je sais pas. En tout cas...

  • Speaker #1

    Mais tu vois, on le dit comme ça aujourd'hui, mais est-ce que tu imagines tout ce que tu auras à raconter plus tard, Inch'Allah, tes petits-enfants et tout et tout ?

  • Speaker #0

    Écoute, moi, j'ai documenté le plus possible. Ben ouais ! Ils n'ont qu'à prendre les disques durs et...

  • Speaker #1

    C'est dinguerie !

  • Speaker #0

    Mais j'ai documenté parce que c'est dingue. Mais en fait, j'ai documenté, tu sais pourquoi ? Pour les aléas, j'ai rencontré tellement de bullshit.

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. T'as dû rencontrer autant de... Très belle chose, mais en même temps, t'as dû voir des dingueries.

  • Speaker #0

    Surtout, le pire pour moi, c'était que, comme tu vois, c'était des non-paypages. Des fois 400 euros, des fois 300 euros, c'était pas énorme. Je me payais des hôtels à 10 euros la nuit.

  • Speaker #1

    T'as dû voir des chambres, ma chère.

  • Speaker #0

    Au fin fond du Nigeria, là, que tu n'as que 10 euros pour dormir, c'est chaud.

  • Speaker #1

    T'as dû voir des dingueries.

  • Speaker #0

    C'est chaud, c'est chaud. Tu dors avec les cafards, tu dors dans des endroits... Donc ouais c'est chaud. Et du coup moi j'étais à fond sur le documentaire. Donc dès que j'avais un argent je l'investissais dans le repérage du documentaire. Et c'est comme ça que j'ai fait tout un tour de tous les pays que j'envisageais pour le documentaire. Et enceinte. Et puis un jour il a bien fallu préparer l'accouchement. Donc il fallait faire rentrer un peu plus de sous. Et l'émuel est arrivé mais tout arrive toujours.

  • Speaker #1

    Ouais Dieu est grand.

  • Speaker #0

    Le timing. Notre temps n'est pas le temps de Dieu. Il faut qu'on soit patient parce que nous, là, on n'a pas l'image d'ensemble. Lui, il sait c'est quand le moment pour nous. Il faut juste s'accrocher jusqu'au bon timing. Et effectivement, l'émuelle arrive dans ma vie, non seulement avec cette idée. Et c'est lui qui l'a mise en application. Parce que moi, je ne suis pas du tout digitale, tous ces trucs-là. Donc, il a fait, pour moi, la plateforme, il a mis en place la page de vente, tout, tout, tout. Moi, j'ai juste fait l'annonce et les gens se sont rendus.

  • Speaker #1

    En fait,

  • Speaker #0

    je me suis dit, j'ai perdu tout ça de temps à galérer, à ne pas gagner d'argent, alors qu'ils étaient prêts, en fait, à payer.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas perdu du temps. Au contraire, je trouve que, je pense que, justement, d'avoir vécu tout ça, te permet encore mieux d'apprécier aujourd'hui la qualité de l'acte. communauté que tu as.

  • Speaker #0

    Ah non, mais ils sont en normatif.

  • Speaker #1

    Parce que tu as vraiment une communauté incroyable qui te soutient, mais corps et âme, qui est derrière toi. Et donc, tu montes la plateforme GNTV.

  • Speaker #0

    C'est ça. La première s'appelait Grandeur Noire TV. Donc ça, c'est une plateforme sur ordinateur uniquement. Donc, c'était des vidéos horizontales, longues, et avec plusieurs rubriques. Donc là, on était dans les prémices. Et en fait, encore une fois, un abonné. qui sort de nulle part, qui a la compétence d'être un concepteur d'application. J'aimerais contribuer à ce que tu fais que je trouve grandiose. J'aimerais apporter ma contribution en travaillant avec toi sur une application. Qu'est-ce que tu veux faire comme application ?

  • Speaker #1

    Oh ! Hé, la team Grande Dornoire, vous êtes des oufs ! Voilà, vous êtes des oufs !

  • Speaker #0

    Non, mais en fait, c'est un réseau. Le jour où j'ai les moyens, là, ce réseau, quand les gens, là... les compétences vont être mis en lien et on va soulever le continent comme ça. En tout cas, il est arrivé, il m'a mis ses compétences à disposition et on a créé ensemble GNTV. Et il a fait un travail de dingue. Moi, l'application, je suis amoureuse de mon application, de notre application. Elle est à lui aussi, tu vois. Vraiment, je pense qu'on a été le bon duo parce qu'on a eu beaucoup de bâtons dans les roues avec...

  • Speaker #1

    C'est dur, les gens ne se rendent pas compte, mais développer une application pour iOS, c'est très très dur.

  • Speaker #0

    Il faut se lever tôt et il faut avoir les bonnes personnes qui ont l'expérience dans ce milieu-là. Ah, c'est dingue ! Donc ça a été très repoussé, c'était chaud et c'était très cher. Donc du coup, l'application est née. Ça a été, on va dire, la version avancée de la plateforme. Et cette fois, l'application, c'était sur les téléphones.

  • Speaker #1

    Format vertical.

  • Speaker #0

    Plus court, parce que aussi, beaucoup, les gens râlaient que c'est trop long, on n'a plus le temps, c'est plus le Covid, on n'est plus confiné, on n'a pas le temps. Donc j'ai raccourci, j'ai dynamisé avec beaucoup d'enquêtes de terrain, puisque j'avais voyagé, je me suis servi de ces images-là.

  • Speaker #1

    Finalement, tu n'es plus dans j'ai lu dans tel livre, telle chose, telle chose c'est regardez C'est du terrain.

  • Speaker #0

    Et ça aussi, on me le reprochait beaucoup. On m'a reproché de ne pas être née en Afrique, de ne pas avoir grandi en Afrique. Mais on m'a reproché de ne m'appuyer que sur de la théorie, des livres et tout. Donc là, j'étais sur le terrain et je ramène aussi des images pour que les gens aient envie de traverser l'écran et d'aller vivre eux-mêmes. Et ça m'a amené à finalement organiser des voyages carrément.

  • Speaker #1

    C'est l'étape où je voulais arriver. Mais les voyages, tu les commences avant d'être établi au Kenya ?

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Ok, d'accord. Organiser des voyages pour les gens, tu les fais avant.

  • Speaker #0

    Ah oui. Donc, fin 2021. Je crée la plateforme Grandeur Noir TV où les gens s'abonnent pour 2 euros par mois. Il n'y a pas d'engagement, tu t'arrêtes quand tu veux. Il y a eu énormément d'abonnés. Le moment de ma vie où j'ai le plus gagné d'argent, c'est à ce moment-là avec cette plateforme. Vraiment, je ne m'attendais pas. Les gens, peut-être que c'est les 2 euros ou pour eux c'est rien, mais ils ont répondu présent. Et donc, ça m'a énormément aidée. Ça m'a aidée à payer l'application. J'ai pu la financer, j'ai pu financer mon accouchement, j'ai pu financer plein de choses. Mais toujours des choses qui me permettent d'avancer dans ma vie. Pas acheter des sacs. Donc voilà, j'ai avancé dans mes projets grâce à ça. Et 2022, j'organise un gala. Parce que dans tout ça, c'est les fonds que j'ai récupérés avec mes contenus que je propose payants. C'est des fonds que j'utilise pour moi, à la limite pour l'application, mais pas pour le documentaire. Là, je commence à m'éloigner un peu.

  • Speaker #1

    C'est ta première mission. Oui,

  • Speaker #0

    donc je reste sur ma mission. J'ai quitté la Guyane pour mon documentaire, pas pour autre chose. Donc, j'organise un gala avec un co-producteur, un partenaire qui me donne l'idée. D'ailleurs, c'est lui qui me donne l'idée. Il m'aide à trouver la salle et tout. Et puis on y va, on fonce. Bon, par contre, tout le reste, c'est moi qui ai fait. Tout le reste... Et organiser un gala, c'est quelque chose. À Paris, dans une communauté que je ne connais pas. Je ne connais personne à Paris. Franchement, je vais dire un grand merci à Eden de Glamethnik, qui m'a fait profiter de son réseau et qui a invité la crème de la crème au gala. J'ai eu des VIP de dingue. que je ne connaissais pas, quoi. Je n'aurais jamais pu imaginer les avoir. Elle les a fait venir parce qu'elle connaît beaucoup de monde. Donc, ça a été un vrai défi. On a soulevé des sous, toujours pas suffisamment, c'est clair. Mais on a soulevé des sous et encore une fois, avec la réalisatrice qui devait réaliser, on s'est dit, ça y est, là, c'est bon,

  • Speaker #1

    on part du tout.

  • Speaker #0

    Et là, je ne sais plus qu'est-ce qui s'est passé. On n'est pas parti. Mais on était à ça, quoi. On devait... Est-ce qu'on devait aller filmer la balle au Rwanda ?

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    J'étais... Attends.

  • Speaker #1

    Ouais, tu t'es dit encore. Malheureusement, on part pas.

  • Speaker #0

    Les finales et tout. On avait tout. Tout était set-up. C'est-à-dire, on devait suivre un joueur de NBA américain invité là-bas, être dans les loges, interviewer les... On a les autorisations. Le caméraman est OK, il est dispo. Le cam... L'ingé son... Le truc, c'est pas fait. Le truc, c'est pas fait.

  • Speaker #1

    Le timing, le timing. Il y a sûrement une raison qu'on comprendra plus tard.

  • Speaker #0

    Donc du coup, super déception 2022. Parce que malgré tous les efforts que j'ai mis dans le gala, encore une fois, on part pas. Et là, du coup, 2020, ouais, c'est septembre 2022, au gala, on rencontre le directeur de Ethiopian Airlines.

  • Speaker #1

    OK, d'accord.

  • Speaker #0

    Il est complètement subjugué. par ce qu'il a vu au gala ce soir, la façon dont ça a été organisé, ce qui a été présenté, les prises de paroles. J'avais eu des intervenants incroyables. Donc, il m'a pris au sérieux et il m'a invité dans ses bureaux. Il m'a dit, voilà, il faut qu'on fasse un partenariat. Je te propose de faire un voyage avec des gens de ta communauté.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Dans trois semaines. Ah !

  • Speaker #1

    Ah !

  • Speaker #0

    Tu sais, là, je te dis, ma communauté, dingue ! Ils sont dingues ! Ils sont prêts ! Quoi qu'il arrive, ils sont là, au taquet, ils attendent.

  • Speaker #1

    Donc,

  • Speaker #0

    fin août, j'annonce qu'un voyage est organisé vers l'Ethiopie pour septembre. Et donc, l'idée, c'est qu'ils payent leur voyage à moindre coût. Parce qu'il y a ce partenariat où on bloque les billets au tarif le plus intéressant. Sur place, on est pris en charge par une agence et tout. Donc, au départ, le premier voyage, moi, je ne fais rien. J'annonce, je suis sur place avec eux.

  • Speaker #1

    En fait, toi, t'es même comme eux. Tu découvres un petit peu. Vas-y, on est parti.

  • Speaker #0

    C'est déjà les plus hauts prix qu'il y avait été. Mais si tu veux, j'ai pas organisé. Ils m'ont proposé trois circuits.

  • Speaker #1

    C'est Ethiopien qui organise.

  • Speaker #0

    Mais c'est pas moi qui fais guide. C'est pas moi qui explique. C'est pas les vies d'avion internes. J'ai rien fait. Par contre, on a fait le séjour et tout. Quand j'ai vu ça, et que j'ai vu qu'il y avait beaucoup la diapositive, c'était beaucoup des personnes qui n'avaient jamais mis leur pied en défrécie. Ils ont été émerveillés. Ils ont eu envie de revenir. Ils ont adoré. Je me suis dit, mais en fait, pourquoi ce serait que eux ? Pourquoi ce serait qu'une fois ? Il y a d'autres personnes qui veulent découvrir dans ces conditions-là, c'est-à-dire être un groupe avec les mêmes...

  • Speaker #1

    Les mêmes valeurs, bien sûr.

  • Speaker #0

    Les mêmes valeurs, la même vision pour l'Afrique. Parce que des fois, c'est dur de trouver dans son propre entourage des gens avec qui avoir des conversations sur tel livre ou sur telle émission.

  • Speaker #1

    Parce que tu as ceux qui veulent venir, qui veulent être dans les resorts.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Et tu as ceux qui veulent découvrir vraiment.

  • Speaker #0

    Et puis t'as ceux qui ne veulent pas partir en Afrique, avec, tout simplement.

  • Speaker #1

    Oui, aussi.

  • Speaker #0

    Donc là, au moins, tu pars avec un groupe qui est dans la même vibe que toi. Tu pars, tout est encadré. Tu fais juste un paiement, tout le reste est pour le charge. T'as pas à faire de recherche, t'as pas à...

  • Speaker #1

    T'as juste à venir à l'aéroport avec tes valises.

  • Speaker #0

    T'as pas à avoir peur d'une arnaque. Tu fais ta valise, même ton visa en tête. Donc, quand j'ai vu cette formule-là, j'ai dit, tu sais quoi ?

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose.

  • Speaker #0

    Là, j'ai gardé la formule. Bon, j'ai dû le refaire à ma sauce parce qu'il y avait plein de trucs touristiques qui n'étaient pas forcément intéressants.

  • Speaker #1

    En accord avec ce que tu veux.

  • Speaker #0

    En accord, mais je veux dire, si on veut rentrer dans vraiment raconter l'Afrique, ce n'était pas forcément le plus intéressant. Donc, j'ai refait mon petit circuit. J'ai trouvé un super guide. Et donc, j'ai commencé par offrir l'Éthiopie comme proposition de voyage.

  • Speaker #1

    Des destinations, oui.

  • Speaker #0

    Les gens, ils n'attendaient que ça. Franchement. Et là encore... Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de personnes issues des Antilles ou de la Guyane qui proposent des voyages vers l'Afrique, cette communauté-là notamment, l'Antille-Guyane, vers l'Afrique où c'est vraiment cadré, tu vois, et c'est sécurisé. Donc, à chaque fois, j'arrive sur des créneaux. Mon application aussi. Aujourd'hui, ça n'existait pas. Une application qui propose des vidéos sur l'Afrique, l'histoire, la culture, la mode, la santé. Tu vois, les voyages, l'entrepreneuriat, le développement personnel, il n'y en a pas. Donc, à chaque fois, je me suis rendu compte que j'amenais quelque chose de nouveau. Et c'est pour ça que les gens sautent dessus, parce que j'étais en mode... Comment ça se fait qu'à chaque fois que je fais un truc, les gens ils sont au taquet, ils viennent ? C'est quoi ? En fait, c'est que je propose des choses qu'il n'y a pas et que les gens attendent.

  • Speaker #1

    Ouais, et n'oublie pas surtout une chose, c'est que depuis 2016, tu le fais.

  • Speaker #0

    Aussi.

  • Speaker #1

    Et ça, pour les gens, c'est quelque chose.

  • Speaker #0

    La réputation.

  • Speaker #1

    La réputation et la régularité, l'endurance, montrer qu'elle ne fait pas ça pour un buzz, elle ne fait pas ça depuis un an, elle fait ça depuis 2016. Elle nous parle de ça, elle avait quatre abonnés. Tu vois ? Donc c'est qu'elle est vraiment passionnée. Tu as confiance parce que tu te dis, elle n'est pas là. Oui, bien sûr, elle veut faire du business. Bien sûr, elle veut faire de l'argent parce qu'elle a des projets, parce qu'elle a une vie de famille, parce qu'elle doit payer ses trucs comme tout le monde. Mais tu sais que le but premier, ce n'est pas de faire de l'argent. Et je pense que c'est ce qui fait que les gens ont encore plus envie de participer parce qu'ils savent que ton but premier, c'est de raconter l'Afrique comme elle doit être racontée.

  • Speaker #0

    Tu sais quoi, j'ai évolué sur cette question-là. Parce que par exemple, là j'ai pris les choses à l'envers. J'ai longtemps pensé que le but premier n'était pas de faire de l'argent, mais de raconter l'Afrique. Maintenant mon but premier c'est de faire de l'argent pour pouvoir mieux rappeler l'Afrique, mieux proposer l'Afrique en voyage, mieux mener des projets qui permettent de... De continuer ce travail-là,

  • Speaker #1

    dans de bonnes conditions. Quand tu rentres dans le comté entrepreneur, effectivement, tu comprends qu'il faut de l'argent pour bien faire les choses.

  • Speaker #0

    C'est l'argent qui permet dans ce système-là d'entretenir. Bien sûr. Donc autant se servir. On est dans ce système, on est piégé dedans.

  • Speaker #1

    Donc autant s'en servir. Bien sûr, exactement. Et là,

  • Speaker #0

    j'ai compris tardivement, parce que pareil, on n'est pas élevé dans cette mentalité-là en Guyane ou aux Antilles. Nous, on est colonisés, on est dominés. Donc on n'est pas élevé dans le fait de... de l'éducation financière déjà, et dans le fait de devenir riche. C'est mal vu. Les riches, c'est les méchants. Les riches, c'est les corrompus. Les riches, c'est ceux qui écrasent les autres. Ben non, pas forcément.

  • Speaker #1

    Non, pas forcément. Bien sûr.

  • Speaker #0

    Il y a des personnes comme Cheung Yang qui sont riches et qui utilisent leur argent à bon escient. Tu vois, il a fait des fermes. Il a fait des instituts de formation. Il en a trois. Trois instituts différents de formation. Et il a financé ça lui-même. Il y a zéro subvention. Donc, on peut utiliser son argent à bon escient. quand j'ai compris avec Chen Yang ça c'est un des exemples, je me suis dit en fait l'argent c'est pas sale,

  • Speaker #1

    c'est pas mauvais il faut juste savoir l'utiliser comme toi si tu l'utilises bien,

  • Speaker #0

    pour la lumière donc moi maintenant c'est je deviens riche je fais l'argent et je n'ai plus honte de faire l'argent c'est important,

  • Speaker #1

    donc tu fais ce premier voyage en Ethiopie, premier groupe qui part tu te rends compte qu'il y a économiquement il y a quelque chose à faire et

  • Speaker #0

    Tu vois, là, j'en étais pas encore là.

  • Speaker #1

    Oui, t'en étais pas encore là, mais toi, tu te rends compte ?

  • Speaker #0

    Parce que tu sais quoi ? Je me suis pas payée avec les premiers voyages.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    Je touchais rien du tout.

  • Speaker #1

    De toute façon, je pense que c'est comme tout projet entrepreneurial. Les premiers trucs, tu fais tellement d'erreurs que tu fais pas de bénéfices.

  • Speaker #0

    Mais en fait, là, c'est même pas question d'erreur. C'est que j'ai même pas pensé à me payer.

  • Speaker #1

    Ah, ok.

  • Speaker #0

    Je me rappelle, le premier groupe m'a dit Mais t'es folle ou quoi ? Parce qu'ils savaient pas. Tu vois, ils pensaient pas. Il y a quelqu'un qui m'a fait la réflexion.

  • Speaker #1

    T'as dit, bah non, moi non.

  • Speaker #0

    Ouais, ta commission elle est méritée ou un truc comme ça.

  • Speaker #1

    Quelle commission ?

  • Speaker #0

    J'ai dit, mais non, je prends pas de commission. Il m'a regardé. T'as organisé tout ça, t'as fait tout ça et tu prends rien. Et donc, tu vois, c'est rentré, c'est ressorti. Et il m'a fallu au moins 3-4 voyages.

  • Speaker #1

    Pour comprendre que tout travail mérite... Ah oui, tout travail mérite...

  • Speaker #0

    C'est du travail, c'est du stress. Bien sûr. J'ai la responsabilité des gens. Pendant tout le séjour, jusqu'à ce qu'ils retournent chez eux, dans leur maison qu'ils ont quittée. Ils sont sous ma responsabilité.

  • Speaker #1

    Et donc là, ça fait quoi ? Depuis 2021 ? 2022. Ça fait deux ans que tu organises les voyages ?

  • Speaker #0

    Le deuxième voyage, dans trois semaines.

  • Speaker #1

    Inch'Allah.

  • Speaker #0

    Au Kenya.

  • Speaker #1

    Et donc, tu arrives quand au Kenya pour t'installer ?

  • Speaker #0

    Alors, au départ, je n'y vais pas pour m'installer. Au départ, j'y vais pour me reposer. Parce que je sors... Alors, j'ai fait une première tournée d'Afrique enceinte. J'ai accouché. J'ai fait une deuxième tournée d'Afrique avec mon bébé. Ok. Voilà. Donc, ça a duré... Le tout a duré trois ans. 2000... Fin de...

  • Speaker #1

    Elle est complètement folle, cette... Mais où ?

  • Speaker #0

    Fin 2022, je fais une pause dans cette tournée-là. Je me repose parce que je... Les hôtels à 10 euros... Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui.

  • Speaker #0

    Tout ça, là. Prendre des avions toutes les semaines ou faire des 14 heures de voiture, je suis épuisée. Donc je vais au Kenya, je vais dans un endroit qui n'a rien à voir avec le documentaire, que je ne comptais pas mettre dans le documentaire, pour être sûre que je ne sois pas tentée d'aller faire tout. Donc je vais dans un endroit exprès qui n'a rien à voir, je vais dans un endroit perdu où je me dis que je ne vais pas en ville, parce qu'en ville il y aura des musées, je vais pouvoir aller filmer. Je vais dans un petit village. Je tombe amoureuse du village. Donc, je devrais rester un mois, je reste deux mois et demi. Je n'ai pas envie de repartir. Bon, je repars faire la tournée, tout ça. Mais je ne pense qu'il y a une chose, c'est de retourner dans ce village. Donc, quand j'ai fini le repérage, quand j'ai fini ce tour d'Afrique, c'est une évidence pour moi que...

  • Speaker #1

    Dans ton cœur, dans ton... Tu sais que maintenant, je rentre là-bas.

  • Speaker #0

    Je continue le travail du documentaire parce que là, c'est autre chose. Bref, il y a d'autres étapes. Mais je peux rester sédant. je peux m'installer cette fois-ci. Pour ces étapes-là, je peux travailler du même endroit. Donc, c'est évident pour moi que je retourne là-bas dans ce village. Je retourne une première fois pour me renseigner. Je reste trois mois pour me renseigner sur le visa, le permis de séjour, tout ça. Je me rappelle, je fais un saut en France. Moi, je pense que c'était le saut pour dire au revoir à ma famille. Franchement. Et après, fin 2023, je m'installe vraiment. Mais quand je dis que je m'installe vraiment, c'est que j'ai emmené des livres à moi. Si j'emmène mes livres, c'est que c'est chez moi.

  • Speaker #1

    Ça t'a fait quoi émotionnellement quand tu as réalisé que ça y est, je me suis installé sur le continent ?

  • Speaker #0

    Une délivrance. Alors, pas sur le continent, mais juste le fait de redevenir sédentaire. Oui. C'est une délivrance. Avec un enfant en bas âge.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Parce que tu as vécu quand même sur la route avec un enfant en bas âge. Seul. Seul.

  • Speaker #0

    Parce que je pense qu'en groupe, tu vois, tu peux...

  • Speaker #1

    Oui, tu peux gérer. Oui, effectivement. Follé. Effectivement.

  • Speaker #0

    quand tu veux souffler, il y a quelqu'un qui prend le relais sur les enfants.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça que pour moi, c'était important de te recevoir. Et je te l'ai dit, et je le redis devant les gens, parce que pour moi, je trouve qu'il faut que les gens comprennent l'amour et la passion que tu as pour ton travail. Parce que pour faire tout ça, seul, avec un enfant en bas âge, être sur la route, dans les avions, avec les valises, les bagages, préparer tes tournages en amont, faire tes tournages, faire tes montages, publier. Gérer la communauté qui te pose des questions Gérer les voyages que tu vas faire En fait je sais même pas si toi même Tu te rends compte de les 2-3 années Qui viennent de passer Tout ce que tu as dû gérer Gérer les... T'arrives dans un truc peut-être le visa Il est pas bon, t'es dans une galère, il faut que tu gères ça Le contact qu'on t'avait donné Qui t'avait dit que oui je serais le chauffeur Je vais t'amener et qui vient pas Je sais pas si toi même tu réalises Tout ce que tu as eu à traverser Mais en même temps, je ne sais pas si tu réalises ce que tu es en train de faire vivre à cet enfant, cette chance. Parce que pour moi, c'est une chance. Cette enfance qui voyage, qui découvre ses cultures, c'est tout ça. Même si c'est un enfant en bas âge, je trouve que c'est même là où tu enregistres inconsciemment plus tout.

  • Speaker #0

    En fait, on les sous-estime.

  • Speaker #1

    On les sous-estime de fou. Et tu vois, en plus, attends, je rajoute un truc. Parce qu'en plus, tu fais l'école de ton enfant à la maison. Donc tu t'occupes de l'éducation d'enfants à la maison. Toi, tu n'es pas un couteau suisse. Toi, tu es un... Je ne sais pas ce que tu es, mais tu as 10 milliards de choses. Et je trouve que... Et c'est pour ça que je voulais surtout te recevoir, parce qu'au-delà du parcours qui est hyper inspirant, parce que tu montres aux gens qu'il n'y a pas de voie arrêtée. Tu vois ? Tu as eu une éducation scientifique, tu es passé, tu as eu des moments où tu ne t'es pas senti bien, mais tu as su remonter. Tu te destinais vers quelque chose. Mais finalement, ta passion, tu l'as rattrapée et tu l'as développée. Tu ne savais pas où tu allais avec ça. Tu as une idée de documentaire, mais finalement, aujourd'hui, tu te retrouves à organiser, faire vivre des souvenirs de vie qui vont marquer des gens toute leur vie dans les voyages qu'ils font. Tu vois qu'ils vont marquer, ils vont le raconter à leurs enfants, leurs petits-enfants. Tu te retrouves à impacter des vies. Tu vois aujourd'hui, que ce soit par les contenus que tu produis, que ce soit par les coups de gueule que tu fais, tout ça, que ce soit par les voyages que tu organises, Je ne sais pas si tu prends conscience à un moment de la dimension de tout ce que tu fais. Et c'est pour ça que pour moi, je voulais t'avoir, pour que les gens qui peut-être ne te connaissent pas, qui suivent le podcast, te découvrent, mais que surtout les gens qui te connaissent, qui regardent le podcast, et qui se disent mais ouais, en fait, Safia, c'est une ouf, en fait. Elle fait tout ça, c'est une grosse dingue. Safia, elle aurait pu faire une carrière dans l'humour, faire des voyages en business dans les hôtels 5 étoiles tous les jours pour faire ses spectacles, faire rire les gens et tout. Maintenant, elle a choisi une autre voie et aujourd'hui, elle est là, elle nous éduque. En plus, attends, il faut que je rajoute, parce que tu subis aussi, certes, pour l'instant, on n'a parlé que des gens qui te supportent, mais il y a les haters sur les réseaux sociaux, il y a la diffamation sur les réseaux sociaux, c'est une grosse pression psychologique. Donc, pour moi, c'est ça qui est inspirant. Et ce qui est encore plus inspirant, c'est de se dire que...

  • Speaker #0

    T'es né en France, t'as vécu en Guyane. Oui, effectivement, par ton géniteur, t'as une touche africaine. Mais finalement, tu racontes mieux l'Afrique que beaucoup d'Africains. Tu connais mieux l'Afrique que beaucoup d'Africains. Tu es plus africaine finalement que beaucoup d'Africains.

  • Speaker #1

    Tu as créé des problèmes dans les commentaires là.

  • Speaker #0

    Commentez, c'est bon pour l'algorithme. Allez-y, les rachets, commentez, commentez, commentez. Il n'y a pas de problème. Donc voilà, pour moi, c'était ça qui était important d'avoir comme discussion avec toi. Même tu vois, pour moi aujourd'hui, même si on se parle souvent, j'ai appris des choses dans cette discussion. Et avant de la terminer cette discussion, pour moi, il y a la question que je pose à tous mes invités, c'est tu te vois où dans cinq ans ? Est-ce qu'aujourd'hui, quand tu... Parce que ce n'est pas tous mes invités qui réfléchissent pareil. Tu vois, par exemple, j'ai reçu Kai qui a une vision très claire de où est-ce qu'il veut aller dans cinq ans. Mais est-ce que toi, dans ton côté entrepreneurial aujourd'hui... Parce qu'aujourd'hui, maintenant, tu es une entrepreneur à 100%. Est-ce que tu te projettes déjà à Ok, voilà où est-ce que j'aimerais aller dans 5 ans, dans 10 ans ? Ou est-ce que pour l'instant, tu te laisses le temps de maîtriser ce que tu fais, de mûrir ce que tu fais et de le développer au fur et à mesure ? Est-ce que tu es dans la projection ou tu es plus dans l'adaptation au fur et à mesure ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne vais pas être dans une projection parce qu'en fait, je vis une vie d'incertitude et de menaces tout le temps. J'ai un... contenu qui est quand même pas mal politisé, qui fait que j'ai des représailles dans ma vie. Ah oui ? Tu vois, même si mon contenu est sur les réseaux et que c'est un contenu digital, je représente une menace réelle pour certains intérêts occidentaux qui me le font payer dans ma vie réelle. Pas sur la vie digitale, c'est pas juste du shadowban. J'ai des sanctions dans la vie digitale, comme le shadowban,

  • Speaker #0

    comme les vidéos qui sont prémées.

  • Speaker #1

    Preuve à l'appui, je montre quand il supprime les vidéos, les messages que je reçois et de suppression et tout. Mais j'ai aussi dans la vie réelle. Pas plus tard qu'hier, sur le chemin entre Saint-Louis et Dakar, je reçois un courrier recommandé qui est arrivé et qui m'a envoyé en screenshot. Donc, c'est arrivé à mon adresse en Occident. Ma banque qui me rejette, qui me vire. Troisième banque qui clôture mon compte en deux ans.

  • Speaker #0

    Ouais, et pour quel prétexte ?

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de prétexte, il n'y a pas de justification. Tu reçois un message, nous ne souhaitons pas plus collaborer avec vous, vous avez tant de temps pour enlever vos sous et c'est clôturé. Le souci c'est que quand c'est très difficile pour toi d'ouvrir un compte parce que les banques te disent non, moi c'est le cas, les banques me disent non, j'ai fait je ne sais pas combien de banques, c'est non. On ne te donne pas d'explication non plus, les banques ont le droit de refuser, donc on ne te donne pas d'explication.

  • Speaker #0

    Tu vois, je n'en recevais pas ça.

  • Speaker #1

    Et d'un autre côté, on te clôture ton compte. Tu fais quoi ? Tu fais comment pour payer tes billets d'avion ? Tu fais comment pour payer ton loyer ? Tu vois ? Même si je suis installée au Kenya, j'ai la nationalité française uniquement. Je n'ai pas la nationalité, je n'ai pas d'autre nationalité. Et même si ce n'est pas une nationalité que je souhaite, parce que je l'ai héritée du colon qui est venu m'arracher à mon continent, moi et ma lignée. Je n'ai que ça en fait. Donc je ne peux pas juste tourner mon dos, dire bye bye, tout ouvrir au Kenya. Parce que demain au Kenya, la loi change, il y a un nouveau gouvernement. Ils disent bon les expatriés là, rentrez chez vous, je ne sais quoi. Je rentre où ?

  • Speaker #0

    Ce sera la France.

  • Speaker #1

    Donc je ne peux pas ne rien avoir en France, sachant que mes parents sont Guyanais, ils vivent encore en Guyane, ils vieillissent. Demain, il y a des hospitalisations à gérer pour eux. Peu importe le souci qu'il peut y avoir. Mais... Si je dois payer un billet d'avion pour un enterrement, rentrer en Guyane ou quoi, il faut que j'ai un compte en banque français, il faut que je puisse fonctionner. Donc du coup, quand on te jette dehors et que tu n'as pas de solution au niveau de la banque, tu es hors système, c'est très grave. Même pour ma société, ma société ne peut être basée qu'en France actuellement. Elle ne peut pas être basée au Kenya. Je ne correspond pas aux critères pour pouvoir ouvrir cette société-là au Kenya. Donc étant en France cette société, si elle n'a pas de compte en banque, on fait comment ? Comment je reçois les paiements ? Comment j'effectue moi les paiements des prestataires ? Donc ça ce sont des sanctions. Donc je suis tout le temps sur le qui-vive. Hier, quand j'ai reçu ça, il a fallu retourner chercher une banque. Dans l'urgence, pour ma société, pour mon compte personnel, pour mon association. là où il y a la cagnotte, fais quoi de la cagnotte si j'ai pas de compte en banque tu vois donc voilà c'est tout le temps un stress et ça c'est pas des choses que je partage forcément sur les réseaux mais Tous les jours, Olivier, tous les jours, j'ai des attaques. Tous les jours. Ça peut être la banque, ça peut être autre chose. Quand je voyage, ça ne se passe jamais bien. Que ce soit la frontière quand je quitte un pays ou la frontière quand j'arrive, il y a toujours un truc. On va me prendre à côté, on va me dire Madame, attendez On va me poser des questions, on va me fouiller, on va me retourner mon sac. On va me traiter comme si j'étais une trafiquante de drogue, tu vois. Comme si je cherchais, je ne sais pas, un truc. Alors qu'en fait, non. C'est juste que mon passeport, il y a certainement quelque chose qui est en haut du mur. peut-être des messages et voilà ça signale des choses qui font que même des fois on me refuse certains territoires dinguerie c'est sûr que d'avoir des contenus où

  • Speaker #0

    tu mets des vraies opinions avec des vrais arguments c'est pas mettre des opinions pour juste mettre des opinions mais c'est en plus avec des arguments et des argumentaires qui sont très précis ça dérange des gens donc du coup je n'ai pas le temps

  • Speaker #1

    de penser à me projeter. Il n'est pas ce temps-là de me poser et de pouvoir faire un plan de ce que je vais devenir parce que tout peut s'effondrer à tout moment. Là, tu vois, je vais devoir me battre les prochains jours pour trouver un compte en banque pour ma société GNTV, pour mon application, parce que sinon tout s'effondre.

  • Speaker #0

    Oui, sinon tout s'effondre, effectivement. Donc,

  • Speaker #1

    je suis tout le temps dans l'urgence. Tous les jours de ma vie, je suis dans une urgence. Et en plus de ça, il faut penser au contenu, au sujet. Il faut garder le sourire quand on les présente, il faut garder l'énergie de dire générique. Donc je n'ai pas le temps de me projeter malheureusement.

  • Speaker #0

    Il faut gérer le quotidien de la maison.

  • Speaker #1

    J'aurais cette intense pression. Je pense que c'est fait pour ça. Je ne pourrais pas me sortir de l'instant présent.

  • Speaker #0

    Et gérer le futur. Voilà pour les projections. Et c'est ça que les gens ne réalisent pas toujours. quand ils voient les contenus que tu fais, parce qu'ils voient juste le contenu, ils se disent, ça va, tout va bien. C'est pour ça que c'est important que tu mettes des mots dessus, pour que les gens réalisent. En tout cas, ça fait deux heures qu'on parle. Moi, j'aurais envie de continuer cette discussion. Je pense qu'on aurait beaucoup de choses à dire, qu'il y a beaucoup de choses à développer. On est allé vraiment en surface sur beaucoup de choses, parce que tu as beaucoup de choses à dire. En tout cas, moi, ce que je retiens de cette discussion, c'est que tu es une battante, c'est la première chose que je retiens. Tu es une personne qui ne baisse pas les bras, tu es une personne qui finalement a toujours avancé avec ses convictions. Même si à un moment tu as eu des doutes, quand tu as eu cette période de dépression, tu as su retrouver tes connexions, tu as su retrouver tes motivations, tu as su retrouver ce qui t'anime, ce qui t'allume. Tu as essayé des choses. Tu as réussi dans des choses, tu as même découvert des talents que tu avais par hasard, tu as fait de l'argent avec ces talents-là, mais à la facilité parce que c'est du travail, tu as choisi encore une fois ce qui t'anime pour continuer ta vie. Aujourd'hui, tu as encore choisi ce qui t'anime parce que tu vis ta vie, tu t'es senti à la maison, tu t'es senti chez toi, tu changes la vie de personne, que ce soit par le contenu qu'il regarde. que ce soit par les voyages qu'ils font avec toi. Moi, tout ce que je te souhaite, c'est de continuer, de continuer à éduquer les gens. Parce que ce qu'il faut que les gens retiennent, c'est que depuis tes premières vidéos, tu as fait rire les gens. Tu as toujours cherché à éduquer. Je te souhaite de continuer à éduquer les gens, comme tu as envie de le faire. Je te souhaite qu'il y ait encore plus de voyages, que tu fasses venir encore plus de gens sur le continent et même faire que des gens du continent quittent pour aller peut-être en Guyane, pour aller peut-être aux Antilles, parce qu'on parle souvent du retour...

  • Speaker #1

    Aux chenitapes.

  • Speaker #0

    Tu vois, on part souvent du retour pour que les Antillais, les Guyanais viennent, voir d'où ils viennent. Mais je pense que ce sera aussi important que les Africains regardent ce que leurs frères vivent, où ils sont. Et s'intéressent à où ces gens sont parce que c'est leur famille, on fait partie d'un tout. Et ce n'est pas que les autres qui doivent venir. C'est à nous aussi de partir et d'aller découvrir et de comprendre et de retrouver peut-être certains de nos codes là-bas et de se dire que, ah ouais, on fait vraiment... que un. Tu vois, donc j'espère qu'à ça la cite, en tout cas de Grand Or Noir, de tout ce que tu vas faire. Merci beaucoup d'être venue t'asseoir. Je suis honorée. On vous a dit l'heure. Il est exactement 3h pile du matin. Pour les gens qui voient, il est 3h. 3h pile du matin. Mais quelle discussion, quel échange. Donc vous voyez pourquoi il faut mettre des commentaires, des likes sur le contenu qu'on fait, parce que vous voyez pas tout ce qui se passe derrière. En tout cas, merci la team incroyable d'avoir suivi ce podcast. Merci à tous ceux qui l'ont écouté. Mettez des commentaires, des likes. partagez allez voir les différents réseaux de Safia je vous les mettrai dans la description et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode du Off Show

  • Speaker #1

    Peace !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • L'enfance en Guyane

    04:38

  • L'université en France

    19:15

  • Sa dépression

    26:54

  • La Jamaïque, le déclic

    33:47

  • Sa carrière de professeur

    42:12

  • La naissance de Safia Enjoylife

    49:48

  • Tout quitter pour Grandeur Noire

    01:03:35

  • Réaliser un documentaire

    01:11:26

  • Le premier voyage en Afrique

    01:23:40

  • Créer sa maison d'édition

    01:29:23

  • L'aide de sa communauté

    01:31:54

  • Le premier voyage de groupe

    01:43:54

  • L'installation au Kenya

    01:53:53

  • Difficile de se projeter

    02:00:21

  • Conclusion

    02:06:47

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