Speaker #0Cet épisode est tiré du volume 7, « Se reconstruire » , de la série de livres à sortir le 3 octobre 2025, en version papier, numérique et audio. Moment clé du processus de reconstruction, abordons aujourd'hui, le fantasme réorganisé. La compulsion de répétition et ce mécanisme qui vous pousse à rejouer sans cesse les mêmes scénarios dans votre tête. Freud y voyait une tentative du psychisme de maîtriser, après coup, ce qui n'a pu l'être sur le moment. Mais cette tentative échoue systématiquement. Le scénario se répète, identique, sans résolution possible. Dans vos fantasmes, vous rejouez mille fois la même confrontation. Vous lui dites enfin ce que vous n'avez jamais osé dire. Vous partez au bon moment, vous résistez là où vous avez cédé. Mais ces victoires imaginaires ne procurent aucun soulagement durable. Le lendemain, le même fantasme revient, parce que rien n'a été résolu. Cette répétition peut prendre des formes plus étonnantes. Vous imaginez des retrouvailles. Il a changé, reconnaît ses torts. Il pleure, supplie. Ces fantasmes de rédemption sont particulièrement cruels car ils maintiennent l'espoir là où il n'y a rien à espérer. Depuis plus de 30 ans, mon équipe de psychologues spécialisés et moi-même avons accompagné des milliers de victimes de pervers narcissiques partout dans le monde grâce à la vidéoconsultation. Continuez à nous suivre sur cette chaîne et sur www.pervers-narcissique.com Rendez-vous le 3 octobre pour la sortie événement de cette collection. Les fantasmes de sauvetage, l'illusion de la toute-puissance réparatrice. Les fantasmes de sauvetage sont particulièrement tenaces. Vous imaginez le sauver de lui-même, trouver enfin les mots, les gestes, l'amour qui le guérirait de sa perversion. Ces scénarios vous replacent dans une position de toute-puissance. puissance illusoire où votre amour aurait le pouvoir de transformer l'autre. Ces fantasmes s'enracinent dans une blessure narcissique profonde. Si vous pouviez le sauver, cela prouverait que vous n'étiez pas impuissante, que vous aviez de la valeur, que votre amour avait du sens. Le fantasme de sauvetage est une tentative désespérée de donner du sens à ceux qui n'en avaient pas. Dans ces scénarios, vous êtes thérapeute, mère, infirmière. Vous avez une patience infinie, une compréhension totale, un amour inconditionnel. Le fantasme perpétue, ainsi le schéma toxique de la relation. L'échec répété de ces fantasmes de sauvetage, car même dans l'imaginaire, il finit toujours par redevenir lui-même, aggrave la blessure. Vous échouez même dans vos propres fantasmes. Cette impuissance fantasmatique Redouble l'impuissance réelle. Les fantasmes de domination reprendent le contrôle par l'imaginaire. À l'opposé peuvent surgir des fantasmes de domination. Vous avez le pouvoir, vous contrôlez, décidez, humiliez. Ces scénarios inversent radicalement la dynamique de la relation réelle, vous plaçant en position de force absolue. Ces fantasmes peuvent être d'une violence surprenante. Vous imaginez des scénarios de vengeance élaborés. Cette violence fantasmée vous effraie. Suis-je en train de devenir comme lui ? Vous vous reconnaissez à peine dans cette violence. Ces fantasmes sont une tentative de votre psychisme de retrouver une position active après avoir été si longtemps maintenu passif. Les fantasmes de domination sexuelle sont particulièrement troublants. L'excitation qu'ils peuvent générer vous dégoûte. Mais cette excitation n'est pas vraiment sexuelle. C'est l'excitation du pouvoir retrouvé, de la reconquête de l'action, même si elle s'exprime dans un registre que vous réprouvez moralement. Ces fantasmes de domination révèlent aussi l'empreinte qu'il a laissée dans votre psychisme. Vous avez intériorisé ses modes de fonctionnement, sa façon d'exercer le pouvoir. Dans vos fantasmes, vous utilisez ses propres armes. C'est une forme d'identification à l'agresseur qui permet, temporairement, de sortir de la position de victime. La fascination toxique, l'addiction à l'intensité. Ces fantasmes répétitifs sont perturbants parce qu'ils peuvent entretenir une forme de fascination. Non pas pour lui en tant que personne, mais pour l'intensité de la dynamique toxique. Votre psychisme, habitué aux montagnes russes émotionnelles, trouve dans ces fantasmes une intensité familière. Votre système nerveux en sevrage confond intensité et vitalité. Les fantasmes toxiques maintiennent artificiellement cette intensité comme une drogue qu'on s'administre psychiquement. La honte qui accompagne cette fascination est puissante. Comment pouvez-vous encore être attiré par ces dynamiques que vous savez destructrices ? Cette attraction n'est pas un choix conscient, mais un conditionnement neurobiologique qu'il faudra progressivement déconditionner. Le travail du rêve. Quand l'inconscient prend le relais. Les rêves nocturnes, contrairement aux fantasmes diurnes, échappent au contrôle conscient. Ils révèlent le travail souterrain du psychisme pour traiter le matériel traumatique. Ces rêves sont souvent répétitifs au début, rejouant les mêmes scènes avec peu de variation. Progressivement, les rêves commencent à se transformer. Le décor change, les personnages se diversifient, l'issue varie. Ces transformations oniriques signalent que le psychisme commence à métaboliser l'expérience, à la digérer, à la transformer en autre chose que du traumatisme brut. Les rêves de fuite sont fréquents. Vous courez, mais vos jambes sont lourdes. Criez, mais aucun son ne sort. Ces rêves d'impuissance traduisent l'expérience vécue de paralysie psychique. Mais parfois, dans le rêve, vous réussissez à courir, à crier, à frapper. Ces victoires oniriques sont des signes de récupération de votre puissance d'agir. Les rêves sexuels perturbants ne sont pas rares. Ils peuvent mélanger désir et dégoût, plaisir et terreur. Ces rêves révèlent le travail du psychisme pour démêler les fils emmêlés de l'intimité, du pouvoir, de la sexualité et de la violence qui ont été confondus dans la relation toxique. La désaliénation progressive La désaliénation est le processus par lequel l'emprise fantasmatique se relâche progressivement. Les scénarios perdent de leur charge émotionnelle, les images s'estompent, l'urgence de rejouer diminue. Ce processus suit son rythme propre. La première étape est la prise de conscience, reconnaître ses fantasmes pour ce qu'ils sont, non pas des désirs, mais des symptômes, des tentatives de guérison. Cette reconnaissance permet de prendre de la distance, de devenir observatrice de ses propres processus psychiques. L'ennui est paradoxalement un bon signe. Quand les mêmes fantasmes commencent à vous lasser, c'est qu'ils perdent leur fonction. Votre psychisme n'a plus besoin de cette aide. Il commence à trouver d'autres voies pour traiter l'expérience traumatique. La désaliénation passe aussi par l'expérience réelle positive. une vraie conversation un vrai moment de tendresse une vraie résolution de conflit viennent contredire l'univers fantasmatique le réel reprend progressivement ses droits ouvrir l'imaginaire de nouveaux territoires psychiques l'enjeu n'est pas de supprimer toute vie fantasmatique ce serait un appauvrissement psychique il s'agit de libérer l'imaginaire captifs dans les scénarios toxiques pour qu'ils puissent explorer de nouveaux territoires. Imaginez un scénario de voyage, un projet créatif, une transformation personnelle. Ces fantasmes, orientés vers l'action et la création, mobilisent l'énergie psychique dans des directions nouvelles. Les rêveries créatives remplacent progressivement les ruminations toxiques. Au lieu de rejouer la confrontation, vous imaginez une œuvre. Au lieu de fantasmer la vengeance, vous construisez mentalement un projet. Cette réorientation de l'imaginaire est un acte de résistance psychique. L'érotisme peut progressivement se réinventer. De nouveaux fantasmes émergent, déconnectés de la relation toxique. Une sensualité différente. Des scénarios où vous êtes pleinement sujet, désirant. Cette reconstruction de l'imaginaire érotique est fondamental pour retrouver une sexualité libre. Le fantasme créatif, Sublimation et transformation La sublimation, cette transformation de l'énergie pulsionnelle en création, offre une voie royale pour réorganiser le fantasme. L'intensité qui alimentait les scénarios toxiques peut être redirigée vers la création artistique, intellectuelle, relationnelle. La création n'efface pas le traumatisme, mais le métabolise, le digère. L'énergie qui tournait en rond ... Dans les fantasmes répétitifs trouve une issue, elle produit quelque chose, une œuvre, un projet, une transformation de soi. Cette production est l'antithèse de la stérilité de la répétition compulsive. De nouvelles sources d'excitation peuvent être explorées. Le défi intellectuel, l'aventure physique, la création artistique, l'engagement politique. Ces domaines offrent de l'intensité sans toxicité. De l'adrénaline sans danger relationnel. La découverte que l'excitation peut exister dans la sécurité est nouvelle. On peut vibrer sans être en danger, ressentir de l'intensité sans violence. Cette découverte reconfigure progressivement vos circuits de récompenses neuronaux. Le fantasme apaisé, rêvé sans répéter. Progressivement, vos fantasmes retrouvent leur liberté. Ils ne sont plus prisonniers de la répétition. Ils peuvent vagabonder, explorer, inventer. Cette liberté retrouvée de l'imaginaire est le signe que le trauma relâche son emprise sur votre vie psychique. Les rêves nocturnes se diversifient. Votre inconscient raconte de nouvelles histoires, explore d'autres territoires. Les rêveries diurnes s'orientent vers l'avenir. Vous imaginez ce qui pourrait être plutôt que de rejouer ce qui a été. Cette projection dans le futur signe la sortie du temps cyclique du traumatisme. Le fantasme réorganisé n'est plus une prison, mais un espace de jeu psychique. Vous pouvez imaginer sans être aliéné, rêver sans répéter, fantasmer sans vous perdre. Cette liberté reconquise de l'imaginaire est une victoire précieuse de votre reconstruction. Votre vie psychique vous appartient à nouveau. Les territoires de votre imaginaire sont libérés de l'occupation.