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Journée du 8 mars : une philosophie des droits des femmes cover
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Le Phil d'Actu - Philosophie et Actualité

Journée du 8 mars : une philosophie des droits des femmes

Journée du 8 mars : une philosophie des droits des femmes

14min |05/03/2025
Play
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14min |05/03/2025
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Description

Et si la philosophie permettait de progresser sur l'égalité hommes/femmes ?


Le 8 mars, ce sera la journée internationale des droits des femmes. Pour célébrer la lutte pour l’égalité, quoi de mieux que de mêler deux regards féminins sur la question ? Alors, j’ai le plaisir de vous présenter un épisode coécrit avec Margot Petro, professeur de philosophie et féministe.

On parle droits des femmes avec la philosophe Carol Pateman.


Le Phil d'Actu, c'est le podcast engagé qui met la philosophie au cœur de l'actualité !

Ce podcast est 100% indépendant, gratuit, sans publicité. Il ne survit que grâce à vos dons.


🙏 Pour me soutenir, vous pouvez faire un don, ponctuel ou régulier, sur cette page.

💜 Merci pour votre soutien !


Si vous aimez l'épisode, n'oubliez pas de vous abonner, de mettre 5 étoiles, et de le partager sur les réseaux sociaux.


Pour ne rien manquer du Phil d'Actu, suivez-moi sur Instagram !


Un grand merci aux tipeur-ses : Matthieu, Clément, Augustin, Laurent, Thomas, Elodie, Bruno, Alexandre, Etienne, Juliette, Bob, Anaïs, Khadija, Yoann, Charles, Quentin, Nico, Solène, Corinne, Vivien, Olivier, Jonathan, Jean-Michel, Nathalie.

Grâce à vous, on n'a pas fini de réfléchir ensemble à l'actualité politique !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le 8 mars, ce sera la journée internationale des droits des femmes. Et pour célébrer la lutte pour l'égalité, quoi de mieux que de mêler deux regards féminins sur la question ? Alors, j'ai le plaisir de vous présenter un épisode co-écrit avec Margot Petrault, professeure de philosophie et féministe. On va parler droits des femmes avec la philosophe Carole Peitman. Je suis Alice de Rochechouart et vous écoutez le Fil d'Actu. le podcast engagé qui met la philosophie au cœur de l'actualité. Ce podcast est totalement indépendant et il ne survit que grâce à vos dons. Alors, si vous voulez soutenir mon travail, vous pouvez faire un don ponctuel ou récurrent en cliquant sur la page indiquée en description. Merci pour votre soutien. Le 8 mars, ce sera la journée internationale des droits des femmes. Oui, journée des droits des femmes, et non pas fête de la femme. Rangez les bouquets de fleurs, il est question de droit et de lutte politique pour l'égalité. Un peu d'histoire. Nous sommes le 26 août 1789, dans les premiers temps de la Révolution française. Ce jour-là, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est adoptée par l'Assemblée Constituante. Victoire ! Fini les injustices, le peuple est libéré des chaînes qui l'asservissent à l'Ancien Régime. Désormais, c'est écrit noir sur blanc. Les hommes naissent et demeurent, libres et égaux, en droit. Dans cette déclaration, le terme « homme » est générique. Il s'agit des hommes et des femmes, sans distinction. Lorsqu'on parle du mot « homme » , on entend en réalité l'être appartenant au genre humain, on inclut donc les femmes. Qui viendrait remettre ça en question ? Sinon les féministes qui veulent défaire un certain ordre ou complexifier le langage ordinaire. Pourtant, quelques mois après la déclaration des droits de l'homme, se pose la question de l'accès à la citoyenneté. Tout de suite, c'est beaucoup moins universel. Sont exclus de la citoyenneté les jeunes, ceux qu'on qualifie de fous, les domestiques, car étant soumis à leur maître, ils vont voter comme eux, Et les pauvres, car on pourrait facilement les acheter. Quant aux femmes, la question ne se pose même pas. C'est une évidence, elles ne sont pas citoyennes. Et puis quoi encore ? Deux ans après la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, Olympe de Gouges, femme de lettres et femme politique, dénonce cette injustice et rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle dénonce l'hypocrisie de la Déclaration des droits de l'homme et montre que l'homme dont il est question dans cette déclaration, ce n'est pas l'homme comme être générique, mais l'homme de sexe masculin. L'homme masculin a voulu, dit-elle, commander un despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles. Comment faire penser, sinon par un tour de force, que le masculin est l'universel et qu'il l'emporte sur le féminin ? On ne peut le comprendre qu'en faisant l'histoire du patriarcat, comme exclusion des femmes hors de la sphère publique. D'ailleurs, saviez-vous quelle est l'étymologie du mot « public » ? Il est issu du latin « pubes » , qui signifie « les poils de l'homme à la puberté » . Autrement dit, la sphère publique, l'État, ce sont les hommes adultes. Avez-vous déjà entendu parler des théories du contrat social ? Ce sont des théories philosophiques, portées par exemple par Hobbes au XVIIe siècle ou Jean-Jacques Rousseau au XVIIIe siècle. Ces théories imaginent un contrat, fictif, qui aurait été passé entre les citoyens. Grâce à ce contrat social, les hommes passent d'une société chaotique, sans loi pour les protéger, à une société dans laquelle l'État leur garantit leur protection et leur liberté civile. L'État de nature, la guerre de tous contre tous, devient un État moderne, régi par des lois politiques. On passe donc d'un pouvoir fondé sur la divinité, sur le pouvoir des pères, des patriarches, à un pouvoir fondé rationnellement, en partant de la volonté des individus de s'unir et d'obéir à des lois. C'est une révolution dans la philosophie politique. Mais là encore, il y a un piège. Et c'est la philosophe américaine Carol Paitman qui le révèle, dans son ouvrage Le contrat sexuel, publié en 1988. Elle montre qu'à première vue, tous les philosophes du contrat social présupposent une égalité naturelle entre les hommes. Aucune force physique ou morale ne peut justifier un droit sur l'autre. Sauf qu'à y regarder de plus près, chaque auteur admet à sa façon que la femme se soumet naturellement à l'homme lorsqu'elle devient mère et épouse. C'est ce que Peitman appelle le contrat sexuel, qui implique obéissance contre protection. Le contrat de mariage, par exemple, est un contrat sexuel, car les hommes disposent du droit conjugal sur leur femme. Ils peuvent user de leur corps comme d'une propriété. Or, ce contrat sexuel est un préalable au contrat social, si bien que ce sont seulement les individus de sexe masculin qui contractent librement. Carol Paitman nous dit « Toutes les femmes deviennent des servantes, et toutes les femmes sont exclues du pacte originel. Cela signifie que les femmes sont également exclues de la possibilité de devenir des individus civils. Aucune femme n'est un sujet libre. » Peitman montre que toutes les formes de justification sont bonnes pour exclure les femmes du statut d'individu. Par exemple, leur constitution physique. Les femmes sont soumises au changement, au cycle menstruel. Elles sont sans cesse déréglées. Ou encore, elles manquent de force physique et ont donc besoin de la protection de leur père puis de leur mari. Jean-Jacques Rousseau, qui est quand même l'inspirateur de la République française moderne, fait de la femme un être d'émotion, de passion, de passivité. La timidité, la modestie et la honte ont été données par la nature à la femme pour asservir l'homme et le faire succomber à ses charmes. Il faut donc s'en méfier et cantonner les femmes à la sphère privée, domestique. Les femmes sont ainsi caractérisées par le manque et l'absence. Elles sont un réceptacle vide que l'homme doit remplir. Ainsi, le patriarcat n'est pas un accident de l'histoire. Oups, on a oublié les femmes. Et si on les rajoutait ? Ce que montre Peitman, c'est que la théorie politique du contrat social, qui fonde la modernité politique, est intrinsèquement patriarcale, puisqu'elle implique le contrat sexuel, c'est-à-dire la subordination naturelle des femmes aux hommes. Le contrat social n'est pas, comme on le pensait, la fin du patriarcat classique. mais sa transformation en patriarcat moderne. D'ailleurs, la communauté politique est une fraternité, une communauté des frères. Ce n'est pas que linguistique, cela définit le genre comme position sociale. Les hommes sont les maîtres, qui appartiennent à la sphère publique, et les femmes sont les esclaves, qui relèvent de la sphère privée. Alors qu'on croyait enfin s'émanciper de la domination patriarcale, on se rend compte que seuls les hommes sont concernés. Il a donc fallu plusieurs siècles pour conquérir ce dont on avait scrupuleusement été dépossédé, le droit de participer à la vie politique, c'est-à-dire d'être des citoyennes, membres à part entière de la communauté politique. Rappelons que les femmes n'obtiennent le droit de vote qu'en 1944. Pourtant, en dépit des droits acquis au XIXe et XXe siècle, le rapport de subordination des femmes à l'égard des hommes n'est pas encore révolu. Selon Peitman, le mariage perpétue ce rapport de domination. Les femmes sont encore obligées d'effectuer le travail domestique gratuitement pour leur mari. La répartition des tâches ménagères est encore très inégalitaire aujourd'hui. Et ça ne progresse pas tellement, contrairement à ce qu'on entend souvent. Les femmes font aujourd'hui les deux tiers des tâches domestiques. Et elles prennent en charge les tâches les plus pénibles et répétitives, comme la cuisine, le ménage, la lessive, les devoirs des enfants. Les hommes, quant à eux, réalisent les tâches plus ponctuelles et moins déplaisantes, comme les jeux avec les enfants, les courses ou le bricolage. Quand les femmes arrivent sur le marché du travail, elles sont d'abord considérées comme des femmes, c'est-à-dire qu'elles sont moins bien considérées que les hommes. Les inégalités de salaire sont considérables, et les femmes travaillent plus souvent à temps partiel, notamment pour garder les enfants. Le travail domestique, qui n'est pas considéré comme du vrai travail, produit pourtant de la valeur. C'est bien parce que les femmes gèrent la maisonnée, les enfants la nourriture, que les hommes peuvent se reposer sur elles au quotidien et s'investir dans leur travail, le vrai, celui qui est rémunéré. Quant aux inégalités de patrimoine, elles augmentent. Tiens, connaissez-vous la théorie du pot de yaourt proposée par l'autrice Titu Lokok ? Elle explique que dans la plupart des couples, l'homme gère les grosses dépenses, comme le remboursement du crédit de la maison et de la voiture, et les femmes gèrent les petites, comme les courses et le quotidien. À la fin, que se passe-t-il ? L'homme a une maison et la femme un pot de yaourt. En cas de séparation, le niveau de vie baisse considérablement pour les femmes. On estime qu'après un divorce, une femme sur cinq bascule dans la pauvreté et que beaucoup de femmes ne peuvent pas divorcer, même si elles le souhaitent, pour des raisons financières. Le contrat sexuel, qui a enterriné la séparation entre sphère publique et sphère privée, est donc loin d'être révolu. Et c'est cette séparation stricte qui explique que pendant longtemps, la société fermait les yeux sur ce qui se passait à l'intérieur des maisons. Le viol conjugal n'est reconnu que depuis les années 90. Et jusqu'en 1994, le caractère passionnel d'un crime était une circonstance atténuante. Autrement dit, si vous tuiez quelqu'un, c'était moins grave si ce quelqu'un était votre femme. Et même si la société commence enfin à prendre conscience de la gravité des violences intrafamiliales, le combat est loin d'être gagné. En témoigne le nombre de féminicides tous les ans. Alors, insistons encore sur le fait que la journée internationale des droits des femmes est une journée de lutte. Les droits des femmes avancent, sans aucun doute, mais le chemin est encore long. Il y a un an, la France a été le premier pays à constitutionnaliser le droit à l'IVG, ce qui est une avancée extraordinaire. Enfin, plus exactement, c'est la liberté garantie de recourir à l'IVG qui a été constitutionnalisée. Cette différence n'est pas anodine. Car une liberté, c'est quelque chose auquel on ne peut pas s'opposer. Ça n'en fait pas pour autant un droit, c'est-à-dire qu'on n'y garantit pas forcément l'accès. Pour vous donner un exemple concret, en Italie, l'IVG est une liberté, certes pas constitutionnelle. L'IVG n'est donc pas interdit. Pourtant, le nombre d'IVG recule, il a presque été divisé par deux en 15 ans. Et c'est l'un des plus faibles d'Europe. Pourquoi ? Parce qu'énormément de médecins pratiquent la clause de conscience, qui existe aussi en France d'ailleurs, et permet aux médecins de ne pas pratiquer l'IVG pour des raisons morales ou religieuses. En Italie, 70% des médecins refusent de pratiquer l'IVG, et dans certaines régions c'est 90%. Alors, l'accès à l'IVG est très difficile, d'autant que les femmes subissent humiliation et réprobation. Voilà pourquoi de nombreuses féministes ont réclamé que la notion de droit, et non celle de liberté, soit inscrite. dans la Constitution française. Alors, qu'est-ce que la formule de « liberté garantie » qui a finalement été adoptée signifie ? On ne sait pas exactement, car ce terme n'a jamais été employé auparavant. Il faudra donc voir si on ira plutôt dans le sens du « liberté » ou dans le sens d'un « droit » avec la garantie de sa mise en œuvre effective. Pour l'instant, le Conseil d'État semble, fort heureusement, aller dans le sens d'une garantie de l'accès à l'IVG. Mais ce débat sur la notion de droit ou de liberté montre à quel point les droits des femmes sont un combat de tous les instants. D'ailleurs, n'hésitez pas à rejoindre la grève féministe, un mouvement qui appelle à faire le 8 mars la grève du travail économique, du travail domestique et de la consommation. Comme le disait Olympe de Gouges, « Femme, réveille-toi ! » Le toxin de la raison se fait entendre dans tout l'univers. Reconnais les droits. C'est la fin de cet épisode. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode du Fil d'Actu. En attendant, pour des infos exclusives et parfois des petites blagues, vous pouvez me suivre sur Instagram, sur mon compte, lefildactu.podcast. Et pour cette occasion spéciale, je souhaitais faire une dédicace à Natacha, qui du haut de ses 11 ans est sans aucun doute l'auditrice la plus jeune du Fil d'Actu. Alors, merci pour ta fidélité Natacha, et on se retrouve très vite. pour de nouvelles aventures. Et d'ici là, je vous souhaite une excellente journée des droits des femmes.

Description

Et si la philosophie permettait de progresser sur l'égalité hommes/femmes ?


Le 8 mars, ce sera la journée internationale des droits des femmes. Pour célébrer la lutte pour l’égalité, quoi de mieux que de mêler deux regards féminins sur la question ? Alors, j’ai le plaisir de vous présenter un épisode coécrit avec Margot Petro, professeur de philosophie et féministe.

On parle droits des femmes avec la philosophe Carol Pateman.


Le Phil d'Actu, c'est le podcast engagé qui met la philosophie au cœur de l'actualité !

Ce podcast est 100% indépendant, gratuit, sans publicité. Il ne survit que grâce à vos dons.


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Un grand merci aux tipeur-ses : Matthieu, Clément, Augustin, Laurent, Thomas, Elodie, Bruno, Alexandre, Etienne, Juliette, Bob, Anaïs, Khadija, Yoann, Charles, Quentin, Nico, Solène, Corinne, Vivien, Olivier, Jonathan, Jean-Michel, Nathalie.

Grâce à vous, on n'a pas fini de réfléchir ensemble à l'actualité politique !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le 8 mars, ce sera la journée internationale des droits des femmes. Et pour célébrer la lutte pour l'égalité, quoi de mieux que de mêler deux regards féminins sur la question ? Alors, j'ai le plaisir de vous présenter un épisode co-écrit avec Margot Petrault, professeure de philosophie et féministe. On va parler droits des femmes avec la philosophe Carole Peitman. Je suis Alice de Rochechouart et vous écoutez le Fil d'Actu. le podcast engagé qui met la philosophie au cœur de l'actualité. Ce podcast est totalement indépendant et il ne survit que grâce à vos dons. Alors, si vous voulez soutenir mon travail, vous pouvez faire un don ponctuel ou récurrent en cliquant sur la page indiquée en description. Merci pour votre soutien. Le 8 mars, ce sera la journée internationale des droits des femmes. Oui, journée des droits des femmes, et non pas fête de la femme. Rangez les bouquets de fleurs, il est question de droit et de lutte politique pour l'égalité. Un peu d'histoire. Nous sommes le 26 août 1789, dans les premiers temps de la Révolution française. Ce jour-là, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est adoptée par l'Assemblée Constituante. Victoire ! Fini les injustices, le peuple est libéré des chaînes qui l'asservissent à l'Ancien Régime. Désormais, c'est écrit noir sur blanc. Les hommes naissent et demeurent, libres et égaux, en droit. Dans cette déclaration, le terme « homme » est générique. Il s'agit des hommes et des femmes, sans distinction. Lorsqu'on parle du mot « homme » , on entend en réalité l'être appartenant au genre humain, on inclut donc les femmes. Qui viendrait remettre ça en question ? Sinon les féministes qui veulent défaire un certain ordre ou complexifier le langage ordinaire. Pourtant, quelques mois après la déclaration des droits de l'homme, se pose la question de l'accès à la citoyenneté. Tout de suite, c'est beaucoup moins universel. Sont exclus de la citoyenneté les jeunes, ceux qu'on qualifie de fous, les domestiques, car étant soumis à leur maître, ils vont voter comme eux, Et les pauvres, car on pourrait facilement les acheter. Quant aux femmes, la question ne se pose même pas. C'est une évidence, elles ne sont pas citoyennes. Et puis quoi encore ? Deux ans après la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, Olympe de Gouges, femme de lettres et femme politique, dénonce cette injustice et rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle dénonce l'hypocrisie de la Déclaration des droits de l'homme et montre que l'homme dont il est question dans cette déclaration, ce n'est pas l'homme comme être générique, mais l'homme de sexe masculin. L'homme masculin a voulu, dit-elle, commander un despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles. Comment faire penser, sinon par un tour de force, que le masculin est l'universel et qu'il l'emporte sur le féminin ? On ne peut le comprendre qu'en faisant l'histoire du patriarcat, comme exclusion des femmes hors de la sphère publique. D'ailleurs, saviez-vous quelle est l'étymologie du mot « public » ? Il est issu du latin « pubes » , qui signifie « les poils de l'homme à la puberté » . Autrement dit, la sphère publique, l'État, ce sont les hommes adultes. Avez-vous déjà entendu parler des théories du contrat social ? Ce sont des théories philosophiques, portées par exemple par Hobbes au XVIIe siècle ou Jean-Jacques Rousseau au XVIIIe siècle. Ces théories imaginent un contrat, fictif, qui aurait été passé entre les citoyens. Grâce à ce contrat social, les hommes passent d'une société chaotique, sans loi pour les protéger, à une société dans laquelle l'État leur garantit leur protection et leur liberté civile. L'État de nature, la guerre de tous contre tous, devient un État moderne, régi par des lois politiques. On passe donc d'un pouvoir fondé sur la divinité, sur le pouvoir des pères, des patriarches, à un pouvoir fondé rationnellement, en partant de la volonté des individus de s'unir et d'obéir à des lois. C'est une révolution dans la philosophie politique. Mais là encore, il y a un piège. Et c'est la philosophe américaine Carol Paitman qui le révèle, dans son ouvrage Le contrat sexuel, publié en 1988. Elle montre qu'à première vue, tous les philosophes du contrat social présupposent une égalité naturelle entre les hommes. Aucune force physique ou morale ne peut justifier un droit sur l'autre. Sauf qu'à y regarder de plus près, chaque auteur admet à sa façon que la femme se soumet naturellement à l'homme lorsqu'elle devient mère et épouse. C'est ce que Peitman appelle le contrat sexuel, qui implique obéissance contre protection. Le contrat de mariage, par exemple, est un contrat sexuel, car les hommes disposent du droit conjugal sur leur femme. Ils peuvent user de leur corps comme d'une propriété. Or, ce contrat sexuel est un préalable au contrat social, si bien que ce sont seulement les individus de sexe masculin qui contractent librement. Carol Paitman nous dit « Toutes les femmes deviennent des servantes, et toutes les femmes sont exclues du pacte originel. Cela signifie que les femmes sont également exclues de la possibilité de devenir des individus civils. Aucune femme n'est un sujet libre. » Peitman montre que toutes les formes de justification sont bonnes pour exclure les femmes du statut d'individu. Par exemple, leur constitution physique. Les femmes sont soumises au changement, au cycle menstruel. Elles sont sans cesse déréglées. Ou encore, elles manquent de force physique et ont donc besoin de la protection de leur père puis de leur mari. Jean-Jacques Rousseau, qui est quand même l'inspirateur de la République française moderne, fait de la femme un être d'émotion, de passion, de passivité. La timidité, la modestie et la honte ont été données par la nature à la femme pour asservir l'homme et le faire succomber à ses charmes. Il faut donc s'en méfier et cantonner les femmes à la sphère privée, domestique. Les femmes sont ainsi caractérisées par le manque et l'absence. Elles sont un réceptacle vide que l'homme doit remplir. Ainsi, le patriarcat n'est pas un accident de l'histoire. Oups, on a oublié les femmes. Et si on les rajoutait ? Ce que montre Peitman, c'est que la théorie politique du contrat social, qui fonde la modernité politique, est intrinsèquement patriarcale, puisqu'elle implique le contrat sexuel, c'est-à-dire la subordination naturelle des femmes aux hommes. Le contrat social n'est pas, comme on le pensait, la fin du patriarcat classique. mais sa transformation en patriarcat moderne. D'ailleurs, la communauté politique est une fraternité, une communauté des frères. Ce n'est pas que linguistique, cela définit le genre comme position sociale. Les hommes sont les maîtres, qui appartiennent à la sphère publique, et les femmes sont les esclaves, qui relèvent de la sphère privée. Alors qu'on croyait enfin s'émanciper de la domination patriarcale, on se rend compte que seuls les hommes sont concernés. Il a donc fallu plusieurs siècles pour conquérir ce dont on avait scrupuleusement été dépossédé, le droit de participer à la vie politique, c'est-à-dire d'être des citoyennes, membres à part entière de la communauté politique. Rappelons que les femmes n'obtiennent le droit de vote qu'en 1944. Pourtant, en dépit des droits acquis au XIXe et XXe siècle, le rapport de subordination des femmes à l'égard des hommes n'est pas encore révolu. Selon Peitman, le mariage perpétue ce rapport de domination. Les femmes sont encore obligées d'effectuer le travail domestique gratuitement pour leur mari. La répartition des tâches ménagères est encore très inégalitaire aujourd'hui. Et ça ne progresse pas tellement, contrairement à ce qu'on entend souvent. Les femmes font aujourd'hui les deux tiers des tâches domestiques. Et elles prennent en charge les tâches les plus pénibles et répétitives, comme la cuisine, le ménage, la lessive, les devoirs des enfants. Les hommes, quant à eux, réalisent les tâches plus ponctuelles et moins déplaisantes, comme les jeux avec les enfants, les courses ou le bricolage. Quand les femmes arrivent sur le marché du travail, elles sont d'abord considérées comme des femmes, c'est-à-dire qu'elles sont moins bien considérées que les hommes. Les inégalités de salaire sont considérables, et les femmes travaillent plus souvent à temps partiel, notamment pour garder les enfants. Le travail domestique, qui n'est pas considéré comme du vrai travail, produit pourtant de la valeur. C'est bien parce que les femmes gèrent la maisonnée, les enfants la nourriture, que les hommes peuvent se reposer sur elles au quotidien et s'investir dans leur travail, le vrai, celui qui est rémunéré. Quant aux inégalités de patrimoine, elles augmentent. Tiens, connaissez-vous la théorie du pot de yaourt proposée par l'autrice Titu Lokok ? Elle explique que dans la plupart des couples, l'homme gère les grosses dépenses, comme le remboursement du crédit de la maison et de la voiture, et les femmes gèrent les petites, comme les courses et le quotidien. À la fin, que se passe-t-il ? L'homme a une maison et la femme un pot de yaourt. En cas de séparation, le niveau de vie baisse considérablement pour les femmes. On estime qu'après un divorce, une femme sur cinq bascule dans la pauvreté et que beaucoup de femmes ne peuvent pas divorcer, même si elles le souhaitent, pour des raisons financières. Le contrat sexuel, qui a enterriné la séparation entre sphère publique et sphère privée, est donc loin d'être révolu. Et c'est cette séparation stricte qui explique que pendant longtemps, la société fermait les yeux sur ce qui se passait à l'intérieur des maisons. Le viol conjugal n'est reconnu que depuis les années 90. Et jusqu'en 1994, le caractère passionnel d'un crime était une circonstance atténuante. Autrement dit, si vous tuiez quelqu'un, c'était moins grave si ce quelqu'un était votre femme. Et même si la société commence enfin à prendre conscience de la gravité des violences intrafamiliales, le combat est loin d'être gagné. En témoigne le nombre de féminicides tous les ans. Alors, insistons encore sur le fait que la journée internationale des droits des femmes est une journée de lutte. Les droits des femmes avancent, sans aucun doute, mais le chemin est encore long. Il y a un an, la France a été le premier pays à constitutionnaliser le droit à l'IVG, ce qui est une avancée extraordinaire. Enfin, plus exactement, c'est la liberté garantie de recourir à l'IVG qui a été constitutionnalisée. Cette différence n'est pas anodine. Car une liberté, c'est quelque chose auquel on ne peut pas s'opposer. Ça n'en fait pas pour autant un droit, c'est-à-dire qu'on n'y garantit pas forcément l'accès. Pour vous donner un exemple concret, en Italie, l'IVG est une liberté, certes pas constitutionnelle. L'IVG n'est donc pas interdit. Pourtant, le nombre d'IVG recule, il a presque été divisé par deux en 15 ans. Et c'est l'un des plus faibles d'Europe. Pourquoi ? Parce qu'énormément de médecins pratiquent la clause de conscience, qui existe aussi en France d'ailleurs, et permet aux médecins de ne pas pratiquer l'IVG pour des raisons morales ou religieuses. En Italie, 70% des médecins refusent de pratiquer l'IVG, et dans certaines régions c'est 90%. Alors, l'accès à l'IVG est très difficile, d'autant que les femmes subissent humiliation et réprobation. Voilà pourquoi de nombreuses féministes ont réclamé que la notion de droit, et non celle de liberté, soit inscrite. dans la Constitution française. Alors, qu'est-ce que la formule de « liberté garantie » qui a finalement été adoptée signifie ? On ne sait pas exactement, car ce terme n'a jamais été employé auparavant. Il faudra donc voir si on ira plutôt dans le sens du « liberté » ou dans le sens d'un « droit » avec la garantie de sa mise en œuvre effective. Pour l'instant, le Conseil d'État semble, fort heureusement, aller dans le sens d'une garantie de l'accès à l'IVG. Mais ce débat sur la notion de droit ou de liberté montre à quel point les droits des femmes sont un combat de tous les instants. D'ailleurs, n'hésitez pas à rejoindre la grève féministe, un mouvement qui appelle à faire le 8 mars la grève du travail économique, du travail domestique et de la consommation. Comme le disait Olympe de Gouges, « Femme, réveille-toi ! » Le toxin de la raison se fait entendre dans tout l'univers. Reconnais les droits. C'est la fin de cet épisode. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode du Fil d'Actu. En attendant, pour des infos exclusives et parfois des petites blagues, vous pouvez me suivre sur Instagram, sur mon compte, lefildactu.podcast. Et pour cette occasion spéciale, je souhaitais faire une dédicace à Natacha, qui du haut de ses 11 ans est sans aucun doute l'auditrice la plus jeune du Fil d'Actu. Alors, merci pour ta fidélité Natacha, et on se retrouve très vite. pour de nouvelles aventures. Et d'ici là, je vous souhaite une excellente journée des droits des femmes.

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Et si la philosophie permettait de progresser sur l'égalité hommes/femmes ?


Le 8 mars, ce sera la journée internationale des droits des femmes. Pour célébrer la lutte pour l’égalité, quoi de mieux que de mêler deux regards féminins sur la question ? Alors, j’ai le plaisir de vous présenter un épisode coécrit avec Margot Petro, professeur de philosophie et féministe.

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Transcription

  • Speaker #0

    Le 8 mars, ce sera la journée internationale des droits des femmes. Et pour célébrer la lutte pour l'égalité, quoi de mieux que de mêler deux regards féminins sur la question ? Alors, j'ai le plaisir de vous présenter un épisode co-écrit avec Margot Petrault, professeure de philosophie et féministe. On va parler droits des femmes avec la philosophe Carole Peitman. Je suis Alice de Rochechouart et vous écoutez le Fil d'Actu. le podcast engagé qui met la philosophie au cœur de l'actualité. Ce podcast est totalement indépendant et il ne survit que grâce à vos dons. Alors, si vous voulez soutenir mon travail, vous pouvez faire un don ponctuel ou récurrent en cliquant sur la page indiquée en description. Merci pour votre soutien. Le 8 mars, ce sera la journée internationale des droits des femmes. Oui, journée des droits des femmes, et non pas fête de la femme. Rangez les bouquets de fleurs, il est question de droit et de lutte politique pour l'égalité. Un peu d'histoire. Nous sommes le 26 août 1789, dans les premiers temps de la Révolution française. Ce jour-là, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est adoptée par l'Assemblée Constituante. Victoire ! Fini les injustices, le peuple est libéré des chaînes qui l'asservissent à l'Ancien Régime. Désormais, c'est écrit noir sur blanc. Les hommes naissent et demeurent, libres et égaux, en droit. Dans cette déclaration, le terme « homme » est générique. Il s'agit des hommes et des femmes, sans distinction. Lorsqu'on parle du mot « homme » , on entend en réalité l'être appartenant au genre humain, on inclut donc les femmes. Qui viendrait remettre ça en question ? Sinon les féministes qui veulent défaire un certain ordre ou complexifier le langage ordinaire. Pourtant, quelques mois après la déclaration des droits de l'homme, se pose la question de l'accès à la citoyenneté. Tout de suite, c'est beaucoup moins universel. Sont exclus de la citoyenneté les jeunes, ceux qu'on qualifie de fous, les domestiques, car étant soumis à leur maître, ils vont voter comme eux, Et les pauvres, car on pourrait facilement les acheter. Quant aux femmes, la question ne se pose même pas. C'est une évidence, elles ne sont pas citoyennes. Et puis quoi encore ? Deux ans après la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, Olympe de Gouges, femme de lettres et femme politique, dénonce cette injustice et rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle dénonce l'hypocrisie de la Déclaration des droits de l'homme et montre que l'homme dont il est question dans cette déclaration, ce n'est pas l'homme comme être générique, mais l'homme de sexe masculin. L'homme masculin a voulu, dit-elle, commander un despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles. Comment faire penser, sinon par un tour de force, que le masculin est l'universel et qu'il l'emporte sur le féminin ? On ne peut le comprendre qu'en faisant l'histoire du patriarcat, comme exclusion des femmes hors de la sphère publique. D'ailleurs, saviez-vous quelle est l'étymologie du mot « public » ? Il est issu du latin « pubes » , qui signifie « les poils de l'homme à la puberté » . Autrement dit, la sphère publique, l'État, ce sont les hommes adultes. Avez-vous déjà entendu parler des théories du contrat social ? Ce sont des théories philosophiques, portées par exemple par Hobbes au XVIIe siècle ou Jean-Jacques Rousseau au XVIIIe siècle. Ces théories imaginent un contrat, fictif, qui aurait été passé entre les citoyens. Grâce à ce contrat social, les hommes passent d'une société chaotique, sans loi pour les protéger, à une société dans laquelle l'État leur garantit leur protection et leur liberté civile. L'État de nature, la guerre de tous contre tous, devient un État moderne, régi par des lois politiques. On passe donc d'un pouvoir fondé sur la divinité, sur le pouvoir des pères, des patriarches, à un pouvoir fondé rationnellement, en partant de la volonté des individus de s'unir et d'obéir à des lois. C'est une révolution dans la philosophie politique. Mais là encore, il y a un piège. Et c'est la philosophe américaine Carol Paitman qui le révèle, dans son ouvrage Le contrat sexuel, publié en 1988. Elle montre qu'à première vue, tous les philosophes du contrat social présupposent une égalité naturelle entre les hommes. Aucune force physique ou morale ne peut justifier un droit sur l'autre. Sauf qu'à y regarder de plus près, chaque auteur admet à sa façon que la femme se soumet naturellement à l'homme lorsqu'elle devient mère et épouse. C'est ce que Peitman appelle le contrat sexuel, qui implique obéissance contre protection. Le contrat de mariage, par exemple, est un contrat sexuel, car les hommes disposent du droit conjugal sur leur femme. Ils peuvent user de leur corps comme d'une propriété. Or, ce contrat sexuel est un préalable au contrat social, si bien que ce sont seulement les individus de sexe masculin qui contractent librement. Carol Paitman nous dit « Toutes les femmes deviennent des servantes, et toutes les femmes sont exclues du pacte originel. Cela signifie que les femmes sont également exclues de la possibilité de devenir des individus civils. Aucune femme n'est un sujet libre. » Peitman montre que toutes les formes de justification sont bonnes pour exclure les femmes du statut d'individu. Par exemple, leur constitution physique. Les femmes sont soumises au changement, au cycle menstruel. Elles sont sans cesse déréglées. Ou encore, elles manquent de force physique et ont donc besoin de la protection de leur père puis de leur mari. Jean-Jacques Rousseau, qui est quand même l'inspirateur de la République française moderne, fait de la femme un être d'émotion, de passion, de passivité. La timidité, la modestie et la honte ont été données par la nature à la femme pour asservir l'homme et le faire succomber à ses charmes. Il faut donc s'en méfier et cantonner les femmes à la sphère privée, domestique. Les femmes sont ainsi caractérisées par le manque et l'absence. Elles sont un réceptacle vide que l'homme doit remplir. Ainsi, le patriarcat n'est pas un accident de l'histoire. Oups, on a oublié les femmes. Et si on les rajoutait ? Ce que montre Peitman, c'est que la théorie politique du contrat social, qui fonde la modernité politique, est intrinsèquement patriarcale, puisqu'elle implique le contrat sexuel, c'est-à-dire la subordination naturelle des femmes aux hommes. Le contrat social n'est pas, comme on le pensait, la fin du patriarcat classique. mais sa transformation en patriarcat moderne. D'ailleurs, la communauté politique est une fraternité, une communauté des frères. Ce n'est pas que linguistique, cela définit le genre comme position sociale. Les hommes sont les maîtres, qui appartiennent à la sphère publique, et les femmes sont les esclaves, qui relèvent de la sphère privée. Alors qu'on croyait enfin s'émanciper de la domination patriarcale, on se rend compte que seuls les hommes sont concernés. Il a donc fallu plusieurs siècles pour conquérir ce dont on avait scrupuleusement été dépossédé, le droit de participer à la vie politique, c'est-à-dire d'être des citoyennes, membres à part entière de la communauté politique. Rappelons que les femmes n'obtiennent le droit de vote qu'en 1944. Pourtant, en dépit des droits acquis au XIXe et XXe siècle, le rapport de subordination des femmes à l'égard des hommes n'est pas encore révolu. Selon Peitman, le mariage perpétue ce rapport de domination. Les femmes sont encore obligées d'effectuer le travail domestique gratuitement pour leur mari. La répartition des tâches ménagères est encore très inégalitaire aujourd'hui. Et ça ne progresse pas tellement, contrairement à ce qu'on entend souvent. Les femmes font aujourd'hui les deux tiers des tâches domestiques. Et elles prennent en charge les tâches les plus pénibles et répétitives, comme la cuisine, le ménage, la lessive, les devoirs des enfants. Les hommes, quant à eux, réalisent les tâches plus ponctuelles et moins déplaisantes, comme les jeux avec les enfants, les courses ou le bricolage. Quand les femmes arrivent sur le marché du travail, elles sont d'abord considérées comme des femmes, c'est-à-dire qu'elles sont moins bien considérées que les hommes. Les inégalités de salaire sont considérables, et les femmes travaillent plus souvent à temps partiel, notamment pour garder les enfants. Le travail domestique, qui n'est pas considéré comme du vrai travail, produit pourtant de la valeur. C'est bien parce que les femmes gèrent la maisonnée, les enfants la nourriture, que les hommes peuvent se reposer sur elles au quotidien et s'investir dans leur travail, le vrai, celui qui est rémunéré. Quant aux inégalités de patrimoine, elles augmentent. Tiens, connaissez-vous la théorie du pot de yaourt proposée par l'autrice Titu Lokok ? Elle explique que dans la plupart des couples, l'homme gère les grosses dépenses, comme le remboursement du crédit de la maison et de la voiture, et les femmes gèrent les petites, comme les courses et le quotidien. À la fin, que se passe-t-il ? L'homme a une maison et la femme un pot de yaourt. En cas de séparation, le niveau de vie baisse considérablement pour les femmes. On estime qu'après un divorce, une femme sur cinq bascule dans la pauvreté et que beaucoup de femmes ne peuvent pas divorcer, même si elles le souhaitent, pour des raisons financières. Le contrat sexuel, qui a enterriné la séparation entre sphère publique et sphère privée, est donc loin d'être révolu. Et c'est cette séparation stricte qui explique que pendant longtemps, la société fermait les yeux sur ce qui se passait à l'intérieur des maisons. Le viol conjugal n'est reconnu que depuis les années 90. Et jusqu'en 1994, le caractère passionnel d'un crime était une circonstance atténuante. Autrement dit, si vous tuiez quelqu'un, c'était moins grave si ce quelqu'un était votre femme. Et même si la société commence enfin à prendre conscience de la gravité des violences intrafamiliales, le combat est loin d'être gagné. En témoigne le nombre de féminicides tous les ans. Alors, insistons encore sur le fait que la journée internationale des droits des femmes est une journée de lutte. Les droits des femmes avancent, sans aucun doute, mais le chemin est encore long. Il y a un an, la France a été le premier pays à constitutionnaliser le droit à l'IVG, ce qui est une avancée extraordinaire. Enfin, plus exactement, c'est la liberté garantie de recourir à l'IVG qui a été constitutionnalisée. Cette différence n'est pas anodine. Car une liberté, c'est quelque chose auquel on ne peut pas s'opposer. Ça n'en fait pas pour autant un droit, c'est-à-dire qu'on n'y garantit pas forcément l'accès. Pour vous donner un exemple concret, en Italie, l'IVG est une liberté, certes pas constitutionnelle. L'IVG n'est donc pas interdit. Pourtant, le nombre d'IVG recule, il a presque été divisé par deux en 15 ans. Et c'est l'un des plus faibles d'Europe. Pourquoi ? Parce qu'énormément de médecins pratiquent la clause de conscience, qui existe aussi en France d'ailleurs, et permet aux médecins de ne pas pratiquer l'IVG pour des raisons morales ou religieuses. En Italie, 70% des médecins refusent de pratiquer l'IVG, et dans certaines régions c'est 90%. Alors, l'accès à l'IVG est très difficile, d'autant que les femmes subissent humiliation et réprobation. Voilà pourquoi de nombreuses féministes ont réclamé que la notion de droit, et non celle de liberté, soit inscrite. dans la Constitution française. Alors, qu'est-ce que la formule de « liberté garantie » qui a finalement été adoptée signifie ? On ne sait pas exactement, car ce terme n'a jamais été employé auparavant. Il faudra donc voir si on ira plutôt dans le sens du « liberté » ou dans le sens d'un « droit » avec la garantie de sa mise en œuvre effective. Pour l'instant, le Conseil d'État semble, fort heureusement, aller dans le sens d'une garantie de l'accès à l'IVG. Mais ce débat sur la notion de droit ou de liberté montre à quel point les droits des femmes sont un combat de tous les instants. D'ailleurs, n'hésitez pas à rejoindre la grève féministe, un mouvement qui appelle à faire le 8 mars la grève du travail économique, du travail domestique et de la consommation. Comme le disait Olympe de Gouges, « Femme, réveille-toi ! » Le toxin de la raison se fait entendre dans tout l'univers. Reconnais les droits. C'est la fin de cet épisode. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode du Fil d'Actu. En attendant, pour des infos exclusives et parfois des petites blagues, vous pouvez me suivre sur Instagram, sur mon compte, lefildactu.podcast. Et pour cette occasion spéciale, je souhaitais faire une dédicace à Natacha, qui du haut de ses 11 ans est sans aucun doute l'auditrice la plus jeune du Fil d'Actu. Alors, merci pour ta fidélité Natacha, et on se retrouve très vite. pour de nouvelles aventures. Et d'ici là, je vous souhaite une excellente journée des droits des femmes.

Description

Et si la philosophie permettait de progresser sur l'égalité hommes/femmes ?


Le 8 mars, ce sera la journée internationale des droits des femmes. Pour célébrer la lutte pour l’égalité, quoi de mieux que de mêler deux regards féminins sur la question ? Alors, j’ai le plaisir de vous présenter un épisode coécrit avec Margot Petro, professeur de philosophie et féministe.

On parle droits des femmes avec la philosophe Carol Pateman.


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Transcription

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    Le 8 mars, ce sera la journée internationale des droits des femmes. Et pour célébrer la lutte pour l'égalité, quoi de mieux que de mêler deux regards féminins sur la question ? Alors, j'ai le plaisir de vous présenter un épisode co-écrit avec Margot Petrault, professeure de philosophie et féministe. On va parler droits des femmes avec la philosophe Carole Peitman. Je suis Alice de Rochechouart et vous écoutez le Fil d'Actu. le podcast engagé qui met la philosophie au cœur de l'actualité. Ce podcast est totalement indépendant et il ne survit que grâce à vos dons. Alors, si vous voulez soutenir mon travail, vous pouvez faire un don ponctuel ou récurrent en cliquant sur la page indiquée en description. Merci pour votre soutien. Le 8 mars, ce sera la journée internationale des droits des femmes. Oui, journée des droits des femmes, et non pas fête de la femme. Rangez les bouquets de fleurs, il est question de droit et de lutte politique pour l'égalité. Un peu d'histoire. Nous sommes le 26 août 1789, dans les premiers temps de la Révolution française. Ce jour-là, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est adoptée par l'Assemblée Constituante. Victoire ! Fini les injustices, le peuple est libéré des chaînes qui l'asservissent à l'Ancien Régime. Désormais, c'est écrit noir sur blanc. Les hommes naissent et demeurent, libres et égaux, en droit. Dans cette déclaration, le terme « homme » est générique. Il s'agit des hommes et des femmes, sans distinction. Lorsqu'on parle du mot « homme » , on entend en réalité l'être appartenant au genre humain, on inclut donc les femmes. Qui viendrait remettre ça en question ? Sinon les féministes qui veulent défaire un certain ordre ou complexifier le langage ordinaire. Pourtant, quelques mois après la déclaration des droits de l'homme, se pose la question de l'accès à la citoyenneté. Tout de suite, c'est beaucoup moins universel. Sont exclus de la citoyenneté les jeunes, ceux qu'on qualifie de fous, les domestiques, car étant soumis à leur maître, ils vont voter comme eux, Et les pauvres, car on pourrait facilement les acheter. Quant aux femmes, la question ne se pose même pas. C'est une évidence, elles ne sont pas citoyennes. Et puis quoi encore ? Deux ans après la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, Olympe de Gouges, femme de lettres et femme politique, dénonce cette injustice et rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle dénonce l'hypocrisie de la Déclaration des droits de l'homme et montre que l'homme dont il est question dans cette déclaration, ce n'est pas l'homme comme être générique, mais l'homme de sexe masculin. L'homme masculin a voulu, dit-elle, commander un despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles. Comment faire penser, sinon par un tour de force, que le masculin est l'universel et qu'il l'emporte sur le féminin ? On ne peut le comprendre qu'en faisant l'histoire du patriarcat, comme exclusion des femmes hors de la sphère publique. D'ailleurs, saviez-vous quelle est l'étymologie du mot « public » ? Il est issu du latin « pubes » , qui signifie « les poils de l'homme à la puberté » . Autrement dit, la sphère publique, l'État, ce sont les hommes adultes. Avez-vous déjà entendu parler des théories du contrat social ? Ce sont des théories philosophiques, portées par exemple par Hobbes au XVIIe siècle ou Jean-Jacques Rousseau au XVIIIe siècle. Ces théories imaginent un contrat, fictif, qui aurait été passé entre les citoyens. Grâce à ce contrat social, les hommes passent d'une société chaotique, sans loi pour les protéger, à une société dans laquelle l'État leur garantit leur protection et leur liberté civile. L'État de nature, la guerre de tous contre tous, devient un État moderne, régi par des lois politiques. On passe donc d'un pouvoir fondé sur la divinité, sur le pouvoir des pères, des patriarches, à un pouvoir fondé rationnellement, en partant de la volonté des individus de s'unir et d'obéir à des lois. C'est une révolution dans la philosophie politique. Mais là encore, il y a un piège. Et c'est la philosophe américaine Carol Paitman qui le révèle, dans son ouvrage Le contrat sexuel, publié en 1988. Elle montre qu'à première vue, tous les philosophes du contrat social présupposent une égalité naturelle entre les hommes. Aucune force physique ou morale ne peut justifier un droit sur l'autre. Sauf qu'à y regarder de plus près, chaque auteur admet à sa façon que la femme se soumet naturellement à l'homme lorsqu'elle devient mère et épouse. C'est ce que Peitman appelle le contrat sexuel, qui implique obéissance contre protection. Le contrat de mariage, par exemple, est un contrat sexuel, car les hommes disposent du droit conjugal sur leur femme. Ils peuvent user de leur corps comme d'une propriété. Or, ce contrat sexuel est un préalable au contrat social, si bien que ce sont seulement les individus de sexe masculin qui contractent librement. Carol Paitman nous dit « Toutes les femmes deviennent des servantes, et toutes les femmes sont exclues du pacte originel. Cela signifie que les femmes sont également exclues de la possibilité de devenir des individus civils. Aucune femme n'est un sujet libre. » Peitman montre que toutes les formes de justification sont bonnes pour exclure les femmes du statut d'individu. Par exemple, leur constitution physique. Les femmes sont soumises au changement, au cycle menstruel. Elles sont sans cesse déréglées. Ou encore, elles manquent de force physique et ont donc besoin de la protection de leur père puis de leur mari. Jean-Jacques Rousseau, qui est quand même l'inspirateur de la République française moderne, fait de la femme un être d'émotion, de passion, de passivité. La timidité, la modestie et la honte ont été données par la nature à la femme pour asservir l'homme et le faire succomber à ses charmes. Il faut donc s'en méfier et cantonner les femmes à la sphère privée, domestique. Les femmes sont ainsi caractérisées par le manque et l'absence. Elles sont un réceptacle vide que l'homme doit remplir. Ainsi, le patriarcat n'est pas un accident de l'histoire. Oups, on a oublié les femmes. Et si on les rajoutait ? Ce que montre Peitman, c'est que la théorie politique du contrat social, qui fonde la modernité politique, est intrinsèquement patriarcale, puisqu'elle implique le contrat sexuel, c'est-à-dire la subordination naturelle des femmes aux hommes. Le contrat social n'est pas, comme on le pensait, la fin du patriarcat classique. mais sa transformation en patriarcat moderne. D'ailleurs, la communauté politique est une fraternité, une communauté des frères. Ce n'est pas que linguistique, cela définit le genre comme position sociale. Les hommes sont les maîtres, qui appartiennent à la sphère publique, et les femmes sont les esclaves, qui relèvent de la sphère privée. Alors qu'on croyait enfin s'émanciper de la domination patriarcale, on se rend compte que seuls les hommes sont concernés. Il a donc fallu plusieurs siècles pour conquérir ce dont on avait scrupuleusement été dépossédé, le droit de participer à la vie politique, c'est-à-dire d'être des citoyennes, membres à part entière de la communauté politique. Rappelons que les femmes n'obtiennent le droit de vote qu'en 1944. Pourtant, en dépit des droits acquis au XIXe et XXe siècle, le rapport de subordination des femmes à l'égard des hommes n'est pas encore révolu. Selon Peitman, le mariage perpétue ce rapport de domination. Les femmes sont encore obligées d'effectuer le travail domestique gratuitement pour leur mari. La répartition des tâches ménagères est encore très inégalitaire aujourd'hui. Et ça ne progresse pas tellement, contrairement à ce qu'on entend souvent. Les femmes font aujourd'hui les deux tiers des tâches domestiques. Et elles prennent en charge les tâches les plus pénibles et répétitives, comme la cuisine, le ménage, la lessive, les devoirs des enfants. Les hommes, quant à eux, réalisent les tâches plus ponctuelles et moins déplaisantes, comme les jeux avec les enfants, les courses ou le bricolage. Quand les femmes arrivent sur le marché du travail, elles sont d'abord considérées comme des femmes, c'est-à-dire qu'elles sont moins bien considérées que les hommes. Les inégalités de salaire sont considérables, et les femmes travaillent plus souvent à temps partiel, notamment pour garder les enfants. Le travail domestique, qui n'est pas considéré comme du vrai travail, produit pourtant de la valeur. C'est bien parce que les femmes gèrent la maisonnée, les enfants la nourriture, que les hommes peuvent se reposer sur elles au quotidien et s'investir dans leur travail, le vrai, celui qui est rémunéré. Quant aux inégalités de patrimoine, elles augmentent. Tiens, connaissez-vous la théorie du pot de yaourt proposée par l'autrice Titu Lokok ? Elle explique que dans la plupart des couples, l'homme gère les grosses dépenses, comme le remboursement du crédit de la maison et de la voiture, et les femmes gèrent les petites, comme les courses et le quotidien. À la fin, que se passe-t-il ? L'homme a une maison et la femme un pot de yaourt. En cas de séparation, le niveau de vie baisse considérablement pour les femmes. On estime qu'après un divorce, une femme sur cinq bascule dans la pauvreté et que beaucoup de femmes ne peuvent pas divorcer, même si elles le souhaitent, pour des raisons financières. Le contrat sexuel, qui a enterriné la séparation entre sphère publique et sphère privée, est donc loin d'être révolu. Et c'est cette séparation stricte qui explique que pendant longtemps, la société fermait les yeux sur ce qui se passait à l'intérieur des maisons. Le viol conjugal n'est reconnu que depuis les années 90. Et jusqu'en 1994, le caractère passionnel d'un crime était une circonstance atténuante. Autrement dit, si vous tuiez quelqu'un, c'était moins grave si ce quelqu'un était votre femme. Et même si la société commence enfin à prendre conscience de la gravité des violences intrafamiliales, le combat est loin d'être gagné. En témoigne le nombre de féminicides tous les ans. Alors, insistons encore sur le fait que la journée internationale des droits des femmes est une journée de lutte. Les droits des femmes avancent, sans aucun doute, mais le chemin est encore long. Il y a un an, la France a été le premier pays à constitutionnaliser le droit à l'IVG, ce qui est une avancée extraordinaire. Enfin, plus exactement, c'est la liberté garantie de recourir à l'IVG qui a été constitutionnalisée. Cette différence n'est pas anodine. Car une liberté, c'est quelque chose auquel on ne peut pas s'opposer. Ça n'en fait pas pour autant un droit, c'est-à-dire qu'on n'y garantit pas forcément l'accès. Pour vous donner un exemple concret, en Italie, l'IVG est une liberté, certes pas constitutionnelle. L'IVG n'est donc pas interdit. Pourtant, le nombre d'IVG recule, il a presque été divisé par deux en 15 ans. Et c'est l'un des plus faibles d'Europe. Pourquoi ? Parce qu'énormément de médecins pratiquent la clause de conscience, qui existe aussi en France d'ailleurs, et permet aux médecins de ne pas pratiquer l'IVG pour des raisons morales ou religieuses. En Italie, 70% des médecins refusent de pratiquer l'IVG, et dans certaines régions c'est 90%. Alors, l'accès à l'IVG est très difficile, d'autant que les femmes subissent humiliation et réprobation. Voilà pourquoi de nombreuses féministes ont réclamé que la notion de droit, et non celle de liberté, soit inscrite. dans la Constitution française. Alors, qu'est-ce que la formule de « liberté garantie » qui a finalement été adoptée signifie ? On ne sait pas exactement, car ce terme n'a jamais été employé auparavant. Il faudra donc voir si on ira plutôt dans le sens du « liberté » ou dans le sens d'un « droit » avec la garantie de sa mise en œuvre effective. Pour l'instant, le Conseil d'État semble, fort heureusement, aller dans le sens d'une garantie de l'accès à l'IVG. Mais ce débat sur la notion de droit ou de liberté montre à quel point les droits des femmes sont un combat de tous les instants. D'ailleurs, n'hésitez pas à rejoindre la grève féministe, un mouvement qui appelle à faire le 8 mars la grève du travail économique, du travail domestique et de la consommation. Comme le disait Olympe de Gouges, « Femme, réveille-toi ! » Le toxin de la raison se fait entendre dans tout l'univers. Reconnais les droits. C'est la fin de cet épisode. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode du Fil d'Actu. En attendant, pour des infos exclusives et parfois des petites blagues, vous pouvez me suivre sur Instagram, sur mon compte, lefildactu.podcast. Et pour cette occasion spéciale, je souhaitais faire une dédicace à Natacha, qui du haut de ses 11 ans est sans aucun doute l'auditrice la plus jeune du Fil d'Actu. Alors, merci pour ta fidélité Natacha, et on se retrouve très vite. pour de nouvelles aventures. Et d'ici là, je vous souhaite une excellente journée des droits des femmes.

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