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Le Phil d'Actu - Philosophie et Actualité

Ukraine : une philosophie de la guerre

Ukraine : une philosophie de la guerre

13min |15/03/2024
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Le Phil d'Actu - Philosophie et Actualité

Ukraine : une philosophie de la guerre

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Description

Et si la philosophie permettait de penser la guerre juste ?


Suite à l’accord de sécurité signé entre la France et l’Ukraine, en février, le Parlement Français était à se prononcer cette semaine sur cet accord. Il a voté largement en faveur de cet accord, à l’exception de la France Insoumise et du PCF, qui ont voté contre, et du Rassemblement National, qui s’est abstenu. Emmanuel Macron a lui réitéré son soutien inconditionnel à l’Ukraine, allant jusqu’à ne pas exclure l’envoi de troupes – ce qui a été immédiatement retoqué par l’Europe.


Le choix n’est pas simple. Faut-il privilégier la paix, au risque de laisser libre court l’impérialisme russe, ou s’engager dans la défense de l’Ukraine, quitte à embraser l’Europe ? Que sont les Accords de Munich, dont on entend si souvent parler en ce moment ?


Aujourd’hui, je vous propose une philosophie de la guerre.

On va parler seconde guerre mondiale, guerre juste, état-nation, philosophie de Michael Walzer, et bien sûr, de guerre.


Alors, vous êtes pour ou contre l'accord de sécurité ?

Si vous aimez l'épisode, n'oubliez pas de vous abonner et de mettre 5 étoiles !

Suivez-nous sur Instagram : https://www.instagram.com/lephildactu.podcast/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Après l'accord de sécurité signé entre la France et l'Ukraine en février, le Parlement français était appelé à se prononcer cette semaine sur cet accord. Il a voté largement en faveur de l'accord, à l'exception de la France insoumise et du Parti communiste français, qui ont voté contre, et du Rassemblement national, qui s'est abstenu. Emmanuel Macron a, lui, réitéré son soutien inconditionnel à l'Ukraine, allant jusqu'à ne pas exclure l'envoi de troupes, ce qui a été immédiatement retoqué par l'Europe. La France insoumise, quant à elle, dénonce une surenchère du discours belliciste. Elle alerte contre l'escalade nucléaire et réaffirme la nécessité d'avancer vers des négociations pour la paix. Ils sont favorables à aider l'Ukraine à se défendre, et donc à fournir des armes, mais ils mettent une limite claire, celle de devenir co-belligérants de l'Ukraine. Leur objectif est que la France soit non-alignée par rapport à l'OTAN et qu'elle prenne la tête d'une diplomatie pour négocier la paix. Le choix n'est pas simple. Faut-il privilégier la paix, au risque de laisser libre cours à l'impérialisme russe, ou s'engager dans la défense de l'Ukraine, quitte à embraser l'Europe ? Aujourd'hui, je vous propose une philosophie de la guerre. On va parler Seconde Guerre mondiale, guerre juste, État-nation, philosophie de Michael Wolter, et bien sûr, de guerre. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans le fil d'actu, le podcast qui porte un regard philosophique sur l'actualité, par Alice de Rochechouart. Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, le conflit s'enlise. L'Ukraine, aidée par l'OTAN, résiste face à l'agression russe. Cette semaine, et sur fond de préparation des élections européennes, Les partis politiques français se sont écharpés sur la stratégie géopolitique à tenir, qui a pour enjeu non seulement la victoire, ou du moins la non-défaite de l'Ukraine, mais également la reconfiguration de l'Europe, c'est-à-dire la capacité des pays européens à faire front et à former une alliance crédible face à une Russie expansionniste. On a pu entendre que cette guerre n'est pas une guerre entre deux États, mais entre deux systèmes, l'autoritarisme et la démocratie. Les événements font écho à une période sombre de notre histoire européenne, la Deuxième Guerre mondiale. Valérie Ayer, tête de liste du parti de Macron aux Européennes, a prononcé cette phrase. Nous sommes à Munich en 1938 Elle fait référence aux Accords de Munich, signés en septembre 1938. La Grande-Bretagne, la France et l'Italie se réunissent avec l'Allemagne d'Adolf Hitler, suite à son annexion des Sudètes, des territoires tchécoslovaques. Les trois pays ? mû par une volonté pacifiste et encore traumatisé par l'horreur de la Première Guerre mondiale qui s'est achevée seulement 20 ans auparavant, accorde à Hitler ce qu'il veut, en espérant que cela mette un terme à ses velléités impérialistes. En France, Léon Blum, chef de l'Union de la Gauche, oscille entre pacifisme et volonté d'arrêter Hitler. Il écrit, après la signature des accords, Je me sens partagé entre la honte et un lâche soulagement Et puis, nombreux sont ceux qui pensent, en Europe, que le nazisme peut être un rempart face au communisme soviétique. Plutôt Hitler que le Front populaire, comme le résume un slogan de l'époque. L'histoire leur donnera tort. Les accords de Munich marquent le début de l'expansion hitlérienne. Alors, le courant pacifiste a parfois été lourdement critiqué pour sa lâcheté. L'ombre de la Seconde Guerre mondiale et de ces honteux accords de Munich planent sur la situation actuelle. Poutine est-il le Hitler du XXIe siècle ? Cette hantise de l'histoire est d'autant plus prégnante que l'identité russe s'est construite sur son statut de seul libérateur de l'Europe face au nazisme, face à la lâcheté des Européens de l'Ouest et leur capitulation municoise. L'URSS aurait été la seule nation à avoir résisté à Hitler. Quant aux États-Unis, leur débarquement européen n'aurait eu pour seul but d'installer leur domination sur le monde. Évidemment, ce récit national passe sous silence le pacte germano-soviétique signé en 1939 entre Staline et Hitler, qui prévoyait la non-agression entre les deux États, et qui a pris fin avec l'attaque nazie sur la Russie en 1941. Qu'importe, l'identité russe, c'est celle de la résistance face au nazisme, dont Poutine est l'héritier. À tel point qu'en 2020, il a introduit dans la Constitution russe l'interdiction de minimiser la signification de l'héroïsme des défenseurs de la patrie. On comprend mieux pourquoi il a au début justifié l'invasion de l'Ukraine par sa volonté de dénazifier le pays. L'ombre de la Deuxième Guerre mondiale n'est pas anodine, car elle détermine la manière dont nous interrogeons notre participation au conflit en Ukraine. La peur de voir l'histoire se répéter, en laissant le champ libre à un Poutine qui serait un nouveau Führer, fagocite les débats. Alors que la construction européenne est celle de la paix et de la coopération, devons-nous nous engager dans cette guerre ? Et d'ailleurs, une guerre peut-elle être juste ? Le philosophe contemporain Michael Walter, figure de la gauche américaine, s'est posé cette question dans un livre paru en 1977. Guerre juste et injuste. Oui, la guerre est un enfer, dit-il. Mais nous ne pouvons pas nous cacher derrière un pacifisme à toute épreuve. Le recours à la violence est parfois inévitable. Certaines guerres sont justes et il faut pouvoir l'évaluer. Sa démarche, qu'il appelle le réalisme moral, consiste à analyser une grande quantité d'exemples historiques pour montrer que derrière les grandes notions théoriques se cache une réalité souvent plus ambivalente. En général, Le juste et l'injuste se côtoient. Wolter s'ancre dans une tradition ancienne. Saint Thomas d'Aquin, au XIIIe siècle, avait déjà élaboré une doctrine de la guerre juste. Wolter reprend donc une distinction entre trois critères qui permettent d'évaluer la moralité d'une guerre. D'abord, les raisons d'entrer en guerre. Ensuite, les moyens d'action pendant la guerre. Et enfin, l'attitude adoptée à l'issue de la guerre. En suivant ces trois critères, on peut déterminer qu'une guerre juste, c'est celle qui, tout d'abord, répond à une agression. La raison juste d'entrer en guerre, c'est l'autodéfense. C'est d'ailleurs inscrit dans les traités internationaux, comme la Charte des Nations Unies. Tout pays attaqué peut répondre à l'agression et mener une guerre pour protéger sa souveraineté. Le droit international reconnaît donc que certaines guerres sont justes. Ensuite, il faut respecter le droit de la guerre, tel qu'il a été défini dans la Convention de Genève. Ainsi, une guerre peut être déclarée pour de bonnes raisons, mais devenir immorale en raison de la conduite de l'armée, qui se livre à des exactions envers les civils. C'est ce qu'il se passe actuellement en Palestine. Si Israël avait le droit de se défendre après les attaques du 7 octobre, ses actions ont rapidement franchi la limite de l'inhumanité. Enfin, quand la guerre est achevée, il faut traiter le perdant comme un futur partenaire géopolitique et non tenter de l'annihiler ou de l'humilier. Comme par exemple avec la signature du traité de Versailles en 1918, qui a tellement humilié l'Allemagne qu'il a sans doute en partie causé la Seconde Guerre mondiale, 20 ans plus tard. Cette grille d'analyse permet de définir ce qu'est une guerre juste. La guerre doit être le dernier recours face à une agression et elle doit rester proportionnée dans les moyens qu'elle emploie. Comme le dit Michael Walter, la limitation de la guerre est le début de la paix. Michael Walter a ainsi analysé la guerre entre la Russie et l'Ukraine à partir de ces trois critères. Sans surprise, il a trouvé que cette guerre était injuste. Prenons tout d'abord les raisons d'entrer en guerre. La Russie n'avait pas de raison légitime et la dénazification n'est qu'une propagande. L'autre argument avancé par Poutine, qui serait la défense contre un OTAN de plus en plus menaçant envers lui, est également faux, ou du moins, il ne justifie pas une invasion de l'Ukraine. Si Poutine a sans cesse parlé de défense pour apparaître dans son droit, affirmant notamment qu'il faut, je cite, défendre les populations du Donbass soumises à un génocide par le régime de Kiev Cela ne reste pas moins un mensonge. La véritable raison de cette invasion, c'est l'impérialisme russe, le rêve d'une grande Russie et l'affirmation que l'Ukraine n'est pas une réelle nation, un vrai peuple. L'extraordinaire résistance ukrainienne depuis deux ans, contre une armée russe censée être l'une des plus fortes au monde, aura fait mentir Poutine. Ensuite, prenons les moyens employés pendant la guerre. Poutine se livre à des exactions indignes, comme le bombardement de civils et l'enlèvement et la déportation d'enfants ukrainiens pour les russifier. La menace nucléaire est également immorale, car elle concernerait la mort de milliers, voire de millions de gens. Selon Walzer, les armes nucléaires pulvérisent la théorie de la guerre juste, et nous devons condamner jusqu'à la menace de les utiliser. Quant à l'attitude à adopter après la guerre, il est évidemment trop tôt pour en parler. Walter met néanmoins en garde contre le fait de traiter Poutine de criminel de guerre en l'excluant de la communauté internationale. Car cela empêche toute négociation. Or, selon lui, c'est la seule issue possible de la guerre aujourd'hui. On sera d'accord ou non. La guerre que la Russie mène à l'Ukraine n'est donc pas juste. La résistance de l'Ukraine, à l'inverse, l'est. Mais ce qui est surtout intéressant, selon Wolter, c'est ce que cette guerre révèle. Le retour à l'idée d'État-nation. Wolter n'est pas un universaliste. Son idée centrale est celle de la communauté. Celle-ci organiserait les hommes bien plus que l'universalité. D'ailleurs, cela est inscrit dans le concept de guerre juste, comme autodéfense de sa propre souveraineté. Wolter s'oppose à la vision libérale de l'unité des nations et à l'idée d'un État mondial qui serait capable de maintenir la sécurité internationale, car celui-ci équivaudrait à un nouvel État impérialiste, à une tyrannie globale. Il défend alors l'idée d'une pluralité d'organisations, aussi bien étatiques que civiles, qui s'associeraient pour défendre les droits et la démocratie. Selon Wolter, c'est précisément cela que la guerre en Ukraine met en lumière. la défense de la nation démocratique et le retour à une plus petite échelle face à la mondialisation. C'est ce qu'on observe aujourd'hui, à l'heure où l'extrême droite et son discours de repli identitaire triomphent partout en Europe et dans le monde. Alors, il ne faudrait pas abandonner l'idée de communauté aux partis identitaires et nationalistes, mais faire de la communauté une valeur positive, permettant d'organiser une coopération internationale. D'ailleurs, un gouverneur russe a récemment dénoncé le philosophe Emmanuel Kant comme étant le responsable de ce conflit européen, depuis la Première Guerre mondiale jusqu'à la guerre en Ukraine. Kant et ses idées de morale universelle, son libéralisme impie, son idée de société des nations, auraient écrasé et humilié les identités nationales. Évidemment, ce gouverneur en déduit que l'attaque russe en Ukraine est justifiée, et son analyse paraît un peu ridicule. Mais avec Walser, on peut poser la question de la légitimité de l'universalisme, qui peut parfois s'apparenter à un impérialisme. Les débats au Parlement ont relancé la vive opposition entre pacifisme et bellicisme. Certains sont accusés de lâcheté, voire de complaisance envers la Russie, les autres d'être des vates en guerre. Tous se reprochent des manœuvres électorales avant les élections européennes. Macron et Attal défendent l'idée d'une Europe forte, fondée sur le droit. La France insoumise défend une position de non-alignement pour recouvrer une souveraineté diplomatique. Les premiers évoquent la défense de la démocratie, les autres le rejet du bellicisme. Alors, que penser de cet accord de sécurité ? Faut-il le défendre avec la majorité du Parlement ou s'y opposer avec la France insoumise ? Eh bien, pour être tout à fait sincère avec vous, je n'ai pas d'avis. Chaque position me paraît défendable, selon que l'on mette l'accent sur telle ou telle valeur. Le spectre de l'histoire du XXe siècle, qui hante cette guerre russo-ukrainienne, est là pour nous rappeler que l'histoire ne s'écrit pas de manière logique et rationnelle, mais qu'elle s'écrit avec le sang et l'absurdité. Alors, l'histoire tranchera, et nous n'aurons plus qu'à espérer avoir fait le bon choix. C'est la fin de cet épisode, on se retrouve bientôt pour un nouveau fil d'actu !

Description

Et si la philosophie permettait de penser la guerre juste ?


Suite à l’accord de sécurité signé entre la France et l’Ukraine, en février, le Parlement Français était à se prononcer cette semaine sur cet accord. Il a voté largement en faveur de cet accord, à l’exception de la France Insoumise et du PCF, qui ont voté contre, et du Rassemblement National, qui s’est abstenu. Emmanuel Macron a lui réitéré son soutien inconditionnel à l’Ukraine, allant jusqu’à ne pas exclure l’envoi de troupes – ce qui a été immédiatement retoqué par l’Europe.


Le choix n’est pas simple. Faut-il privilégier la paix, au risque de laisser libre court l’impérialisme russe, ou s’engager dans la défense de l’Ukraine, quitte à embraser l’Europe ? Que sont les Accords de Munich, dont on entend si souvent parler en ce moment ?


Aujourd’hui, je vous propose une philosophie de la guerre.

On va parler seconde guerre mondiale, guerre juste, état-nation, philosophie de Michael Walzer, et bien sûr, de guerre.


Alors, vous êtes pour ou contre l'accord de sécurité ?

Si vous aimez l'épisode, n'oubliez pas de vous abonner et de mettre 5 étoiles !

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  • Speaker #0

    Après l'accord de sécurité signé entre la France et l'Ukraine en février, le Parlement français était appelé à se prononcer cette semaine sur cet accord. Il a voté largement en faveur de l'accord, à l'exception de la France insoumise et du Parti communiste français, qui ont voté contre, et du Rassemblement national, qui s'est abstenu. Emmanuel Macron a, lui, réitéré son soutien inconditionnel à l'Ukraine, allant jusqu'à ne pas exclure l'envoi de troupes, ce qui a été immédiatement retoqué par l'Europe. La France insoumise, quant à elle, dénonce une surenchère du discours belliciste. Elle alerte contre l'escalade nucléaire et réaffirme la nécessité d'avancer vers des négociations pour la paix. Ils sont favorables à aider l'Ukraine à se défendre, et donc à fournir des armes, mais ils mettent une limite claire, celle de devenir co-belligérants de l'Ukraine. Leur objectif est que la France soit non-alignée par rapport à l'OTAN et qu'elle prenne la tête d'une diplomatie pour négocier la paix. Le choix n'est pas simple. Faut-il privilégier la paix, au risque de laisser libre cours à l'impérialisme russe, ou s'engager dans la défense de l'Ukraine, quitte à embraser l'Europe ? Aujourd'hui, je vous propose une philosophie de la guerre. On va parler Seconde Guerre mondiale, guerre juste, État-nation, philosophie de Michael Wolter, et bien sûr, de guerre. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans le fil d'actu, le podcast qui porte un regard philosophique sur l'actualité, par Alice de Rochechouart. Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, le conflit s'enlise. L'Ukraine, aidée par l'OTAN, résiste face à l'agression russe. Cette semaine, et sur fond de préparation des élections européennes, Les partis politiques français se sont écharpés sur la stratégie géopolitique à tenir, qui a pour enjeu non seulement la victoire, ou du moins la non-défaite de l'Ukraine, mais également la reconfiguration de l'Europe, c'est-à-dire la capacité des pays européens à faire front et à former une alliance crédible face à une Russie expansionniste. On a pu entendre que cette guerre n'est pas une guerre entre deux États, mais entre deux systèmes, l'autoritarisme et la démocratie. Les événements font écho à une période sombre de notre histoire européenne, la Deuxième Guerre mondiale. Valérie Ayer, tête de liste du parti de Macron aux Européennes, a prononcé cette phrase. Nous sommes à Munich en 1938 Elle fait référence aux Accords de Munich, signés en septembre 1938. La Grande-Bretagne, la France et l'Italie se réunissent avec l'Allemagne d'Adolf Hitler, suite à son annexion des Sudètes, des territoires tchécoslovaques. Les trois pays ? mû par une volonté pacifiste et encore traumatisé par l'horreur de la Première Guerre mondiale qui s'est achevée seulement 20 ans auparavant, accorde à Hitler ce qu'il veut, en espérant que cela mette un terme à ses velléités impérialistes. En France, Léon Blum, chef de l'Union de la Gauche, oscille entre pacifisme et volonté d'arrêter Hitler. Il écrit, après la signature des accords, Je me sens partagé entre la honte et un lâche soulagement Et puis, nombreux sont ceux qui pensent, en Europe, que le nazisme peut être un rempart face au communisme soviétique. Plutôt Hitler que le Front populaire, comme le résume un slogan de l'époque. L'histoire leur donnera tort. Les accords de Munich marquent le début de l'expansion hitlérienne. Alors, le courant pacifiste a parfois été lourdement critiqué pour sa lâcheté. L'ombre de la Seconde Guerre mondiale et de ces honteux accords de Munich planent sur la situation actuelle. Poutine est-il le Hitler du XXIe siècle ? Cette hantise de l'histoire est d'autant plus prégnante que l'identité russe s'est construite sur son statut de seul libérateur de l'Europe face au nazisme, face à la lâcheté des Européens de l'Ouest et leur capitulation municoise. L'URSS aurait été la seule nation à avoir résisté à Hitler. Quant aux États-Unis, leur débarquement européen n'aurait eu pour seul but d'installer leur domination sur le monde. Évidemment, ce récit national passe sous silence le pacte germano-soviétique signé en 1939 entre Staline et Hitler, qui prévoyait la non-agression entre les deux États, et qui a pris fin avec l'attaque nazie sur la Russie en 1941. Qu'importe, l'identité russe, c'est celle de la résistance face au nazisme, dont Poutine est l'héritier. À tel point qu'en 2020, il a introduit dans la Constitution russe l'interdiction de minimiser la signification de l'héroïsme des défenseurs de la patrie. On comprend mieux pourquoi il a au début justifié l'invasion de l'Ukraine par sa volonté de dénazifier le pays. L'ombre de la Deuxième Guerre mondiale n'est pas anodine, car elle détermine la manière dont nous interrogeons notre participation au conflit en Ukraine. La peur de voir l'histoire se répéter, en laissant le champ libre à un Poutine qui serait un nouveau Führer, fagocite les débats. Alors que la construction européenne est celle de la paix et de la coopération, devons-nous nous engager dans cette guerre ? Et d'ailleurs, une guerre peut-elle être juste ? Le philosophe contemporain Michael Walter, figure de la gauche américaine, s'est posé cette question dans un livre paru en 1977. Guerre juste et injuste. Oui, la guerre est un enfer, dit-il. Mais nous ne pouvons pas nous cacher derrière un pacifisme à toute épreuve. Le recours à la violence est parfois inévitable. Certaines guerres sont justes et il faut pouvoir l'évaluer. Sa démarche, qu'il appelle le réalisme moral, consiste à analyser une grande quantité d'exemples historiques pour montrer que derrière les grandes notions théoriques se cache une réalité souvent plus ambivalente. En général, Le juste et l'injuste se côtoient. Wolter s'ancre dans une tradition ancienne. Saint Thomas d'Aquin, au XIIIe siècle, avait déjà élaboré une doctrine de la guerre juste. Wolter reprend donc une distinction entre trois critères qui permettent d'évaluer la moralité d'une guerre. D'abord, les raisons d'entrer en guerre. Ensuite, les moyens d'action pendant la guerre. Et enfin, l'attitude adoptée à l'issue de la guerre. En suivant ces trois critères, on peut déterminer qu'une guerre juste, c'est celle qui, tout d'abord, répond à une agression. La raison juste d'entrer en guerre, c'est l'autodéfense. C'est d'ailleurs inscrit dans les traités internationaux, comme la Charte des Nations Unies. Tout pays attaqué peut répondre à l'agression et mener une guerre pour protéger sa souveraineté. Le droit international reconnaît donc que certaines guerres sont justes. Ensuite, il faut respecter le droit de la guerre, tel qu'il a été défini dans la Convention de Genève. Ainsi, une guerre peut être déclarée pour de bonnes raisons, mais devenir immorale en raison de la conduite de l'armée, qui se livre à des exactions envers les civils. C'est ce qu'il se passe actuellement en Palestine. Si Israël avait le droit de se défendre après les attaques du 7 octobre, ses actions ont rapidement franchi la limite de l'inhumanité. Enfin, quand la guerre est achevée, il faut traiter le perdant comme un futur partenaire géopolitique et non tenter de l'annihiler ou de l'humilier. Comme par exemple avec la signature du traité de Versailles en 1918, qui a tellement humilié l'Allemagne qu'il a sans doute en partie causé la Seconde Guerre mondiale, 20 ans plus tard. Cette grille d'analyse permet de définir ce qu'est une guerre juste. La guerre doit être le dernier recours face à une agression et elle doit rester proportionnée dans les moyens qu'elle emploie. Comme le dit Michael Walter, la limitation de la guerre est le début de la paix. Michael Walter a ainsi analysé la guerre entre la Russie et l'Ukraine à partir de ces trois critères. Sans surprise, il a trouvé que cette guerre était injuste. Prenons tout d'abord les raisons d'entrer en guerre. La Russie n'avait pas de raison légitime et la dénazification n'est qu'une propagande. L'autre argument avancé par Poutine, qui serait la défense contre un OTAN de plus en plus menaçant envers lui, est également faux, ou du moins, il ne justifie pas une invasion de l'Ukraine. Si Poutine a sans cesse parlé de défense pour apparaître dans son droit, affirmant notamment qu'il faut, je cite, défendre les populations du Donbass soumises à un génocide par le régime de Kiev Cela ne reste pas moins un mensonge. La véritable raison de cette invasion, c'est l'impérialisme russe, le rêve d'une grande Russie et l'affirmation que l'Ukraine n'est pas une réelle nation, un vrai peuple. L'extraordinaire résistance ukrainienne depuis deux ans, contre une armée russe censée être l'une des plus fortes au monde, aura fait mentir Poutine. Ensuite, prenons les moyens employés pendant la guerre. Poutine se livre à des exactions indignes, comme le bombardement de civils et l'enlèvement et la déportation d'enfants ukrainiens pour les russifier. La menace nucléaire est également immorale, car elle concernerait la mort de milliers, voire de millions de gens. Selon Walzer, les armes nucléaires pulvérisent la théorie de la guerre juste, et nous devons condamner jusqu'à la menace de les utiliser. Quant à l'attitude à adopter après la guerre, il est évidemment trop tôt pour en parler. Walter met néanmoins en garde contre le fait de traiter Poutine de criminel de guerre en l'excluant de la communauté internationale. Car cela empêche toute négociation. Or, selon lui, c'est la seule issue possible de la guerre aujourd'hui. On sera d'accord ou non. La guerre que la Russie mène à l'Ukraine n'est donc pas juste. La résistance de l'Ukraine, à l'inverse, l'est. Mais ce qui est surtout intéressant, selon Wolter, c'est ce que cette guerre révèle. Le retour à l'idée d'État-nation. Wolter n'est pas un universaliste. Son idée centrale est celle de la communauté. Celle-ci organiserait les hommes bien plus que l'universalité. D'ailleurs, cela est inscrit dans le concept de guerre juste, comme autodéfense de sa propre souveraineté. Wolter s'oppose à la vision libérale de l'unité des nations et à l'idée d'un État mondial qui serait capable de maintenir la sécurité internationale, car celui-ci équivaudrait à un nouvel État impérialiste, à une tyrannie globale. Il défend alors l'idée d'une pluralité d'organisations, aussi bien étatiques que civiles, qui s'associeraient pour défendre les droits et la démocratie. Selon Wolter, c'est précisément cela que la guerre en Ukraine met en lumière. la défense de la nation démocratique et le retour à une plus petite échelle face à la mondialisation. C'est ce qu'on observe aujourd'hui, à l'heure où l'extrême droite et son discours de repli identitaire triomphent partout en Europe et dans le monde. Alors, il ne faudrait pas abandonner l'idée de communauté aux partis identitaires et nationalistes, mais faire de la communauté une valeur positive, permettant d'organiser une coopération internationale. D'ailleurs, un gouverneur russe a récemment dénoncé le philosophe Emmanuel Kant comme étant le responsable de ce conflit européen, depuis la Première Guerre mondiale jusqu'à la guerre en Ukraine. Kant et ses idées de morale universelle, son libéralisme impie, son idée de société des nations, auraient écrasé et humilié les identités nationales. Évidemment, ce gouverneur en déduit que l'attaque russe en Ukraine est justifiée, et son analyse paraît un peu ridicule. Mais avec Walser, on peut poser la question de la légitimité de l'universalisme, qui peut parfois s'apparenter à un impérialisme. Les débats au Parlement ont relancé la vive opposition entre pacifisme et bellicisme. Certains sont accusés de lâcheté, voire de complaisance envers la Russie, les autres d'être des vates en guerre. Tous se reprochent des manœuvres électorales avant les élections européennes. Macron et Attal défendent l'idée d'une Europe forte, fondée sur le droit. La France insoumise défend une position de non-alignement pour recouvrer une souveraineté diplomatique. Les premiers évoquent la défense de la démocratie, les autres le rejet du bellicisme. Alors, que penser de cet accord de sécurité ? Faut-il le défendre avec la majorité du Parlement ou s'y opposer avec la France insoumise ? Eh bien, pour être tout à fait sincère avec vous, je n'ai pas d'avis. Chaque position me paraît défendable, selon que l'on mette l'accent sur telle ou telle valeur. Le spectre de l'histoire du XXe siècle, qui hante cette guerre russo-ukrainienne, est là pour nous rappeler que l'histoire ne s'écrit pas de manière logique et rationnelle, mais qu'elle s'écrit avec le sang et l'absurdité. Alors, l'histoire tranchera, et nous n'aurons plus qu'à espérer avoir fait le bon choix. C'est la fin de cet épisode, on se retrouve bientôt pour un nouveau fil d'actu !

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Et si la philosophie permettait de penser la guerre juste ?


Suite à l’accord de sécurité signé entre la France et l’Ukraine, en février, le Parlement Français était à se prononcer cette semaine sur cet accord. Il a voté largement en faveur de cet accord, à l’exception de la France Insoumise et du PCF, qui ont voté contre, et du Rassemblement National, qui s’est abstenu. Emmanuel Macron a lui réitéré son soutien inconditionnel à l’Ukraine, allant jusqu’à ne pas exclure l’envoi de troupes – ce qui a été immédiatement retoqué par l’Europe.


Le choix n’est pas simple. Faut-il privilégier la paix, au risque de laisser libre court l’impérialisme russe, ou s’engager dans la défense de l’Ukraine, quitte à embraser l’Europe ? Que sont les Accords de Munich, dont on entend si souvent parler en ce moment ?


Aujourd’hui, je vous propose une philosophie de la guerre.

On va parler seconde guerre mondiale, guerre juste, état-nation, philosophie de Michael Walzer, et bien sûr, de guerre.


Alors, vous êtes pour ou contre l'accord de sécurité ?

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  • Speaker #0

    Après l'accord de sécurité signé entre la France et l'Ukraine en février, le Parlement français était appelé à se prononcer cette semaine sur cet accord. Il a voté largement en faveur de l'accord, à l'exception de la France insoumise et du Parti communiste français, qui ont voté contre, et du Rassemblement national, qui s'est abstenu. Emmanuel Macron a, lui, réitéré son soutien inconditionnel à l'Ukraine, allant jusqu'à ne pas exclure l'envoi de troupes, ce qui a été immédiatement retoqué par l'Europe. La France insoumise, quant à elle, dénonce une surenchère du discours belliciste. Elle alerte contre l'escalade nucléaire et réaffirme la nécessité d'avancer vers des négociations pour la paix. Ils sont favorables à aider l'Ukraine à se défendre, et donc à fournir des armes, mais ils mettent une limite claire, celle de devenir co-belligérants de l'Ukraine. Leur objectif est que la France soit non-alignée par rapport à l'OTAN et qu'elle prenne la tête d'une diplomatie pour négocier la paix. Le choix n'est pas simple. Faut-il privilégier la paix, au risque de laisser libre cours à l'impérialisme russe, ou s'engager dans la défense de l'Ukraine, quitte à embraser l'Europe ? Aujourd'hui, je vous propose une philosophie de la guerre. On va parler Seconde Guerre mondiale, guerre juste, État-nation, philosophie de Michael Wolter, et bien sûr, de guerre. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans le fil d'actu, le podcast qui porte un regard philosophique sur l'actualité, par Alice de Rochechouart. Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, le conflit s'enlise. L'Ukraine, aidée par l'OTAN, résiste face à l'agression russe. Cette semaine, et sur fond de préparation des élections européennes, Les partis politiques français se sont écharpés sur la stratégie géopolitique à tenir, qui a pour enjeu non seulement la victoire, ou du moins la non-défaite de l'Ukraine, mais également la reconfiguration de l'Europe, c'est-à-dire la capacité des pays européens à faire front et à former une alliance crédible face à une Russie expansionniste. On a pu entendre que cette guerre n'est pas une guerre entre deux États, mais entre deux systèmes, l'autoritarisme et la démocratie. Les événements font écho à une période sombre de notre histoire européenne, la Deuxième Guerre mondiale. Valérie Ayer, tête de liste du parti de Macron aux Européennes, a prononcé cette phrase. Nous sommes à Munich en 1938 Elle fait référence aux Accords de Munich, signés en septembre 1938. La Grande-Bretagne, la France et l'Italie se réunissent avec l'Allemagne d'Adolf Hitler, suite à son annexion des Sudètes, des territoires tchécoslovaques. Les trois pays ? mû par une volonté pacifiste et encore traumatisé par l'horreur de la Première Guerre mondiale qui s'est achevée seulement 20 ans auparavant, accorde à Hitler ce qu'il veut, en espérant que cela mette un terme à ses velléités impérialistes. En France, Léon Blum, chef de l'Union de la Gauche, oscille entre pacifisme et volonté d'arrêter Hitler. Il écrit, après la signature des accords, Je me sens partagé entre la honte et un lâche soulagement Et puis, nombreux sont ceux qui pensent, en Europe, que le nazisme peut être un rempart face au communisme soviétique. Plutôt Hitler que le Front populaire, comme le résume un slogan de l'époque. L'histoire leur donnera tort. Les accords de Munich marquent le début de l'expansion hitlérienne. Alors, le courant pacifiste a parfois été lourdement critiqué pour sa lâcheté. L'ombre de la Seconde Guerre mondiale et de ces honteux accords de Munich planent sur la situation actuelle. Poutine est-il le Hitler du XXIe siècle ? Cette hantise de l'histoire est d'autant plus prégnante que l'identité russe s'est construite sur son statut de seul libérateur de l'Europe face au nazisme, face à la lâcheté des Européens de l'Ouest et leur capitulation municoise. L'URSS aurait été la seule nation à avoir résisté à Hitler. Quant aux États-Unis, leur débarquement européen n'aurait eu pour seul but d'installer leur domination sur le monde. Évidemment, ce récit national passe sous silence le pacte germano-soviétique signé en 1939 entre Staline et Hitler, qui prévoyait la non-agression entre les deux États, et qui a pris fin avec l'attaque nazie sur la Russie en 1941. Qu'importe, l'identité russe, c'est celle de la résistance face au nazisme, dont Poutine est l'héritier. À tel point qu'en 2020, il a introduit dans la Constitution russe l'interdiction de minimiser la signification de l'héroïsme des défenseurs de la patrie. On comprend mieux pourquoi il a au début justifié l'invasion de l'Ukraine par sa volonté de dénazifier le pays. L'ombre de la Deuxième Guerre mondiale n'est pas anodine, car elle détermine la manière dont nous interrogeons notre participation au conflit en Ukraine. La peur de voir l'histoire se répéter, en laissant le champ libre à un Poutine qui serait un nouveau Führer, fagocite les débats. Alors que la construction européenne est celle de la paix et de la coopération, devons-nous nous engager dans cette guerre ? Et d'ailleurs, une guerre peut-elle être juste ? Le philosophe contemporain Michael Walter, figure de la gauche américaine, s'est posé cette question dans un livre paru en 1977. Guerre juste et injuste. Oui, la guerre est un enfer, dit-il. Mais nous ne pouvons pas nous cacher derrière un pacifisme à toute épreuve. Le recours à la violence est parfois inévitable. Certaines guerres sont justes et il faut pouvoir l'évaluer. Sa démarche, qu'il appelle le réalisme moral, consiste à analyser une grande quantité d'exemples historiques pour montrer que derrière les grandes notions théoriques se cache une réalité souvent plus ambivalente. En général, Le juste et l'injuste se côtoient. Wolter s'ancre dans une tradition ancienne. Saint Thomas d'Aquin, au XIIIe siècle, avait déjà élaboré une doctrine de la guerre juste. Wolter reprend donc une distinction entre trois critères qui permettent d'évaluer la moralité d'une guerre. D'abord, les raisons d'entrer en guerre. Ensuite, les moyens d'action pendant la guerre. Et enfin, l'attitude adoptée à l'issue de la guerre. En suivant ces trois critères, on peut déterminer qu'une guerre juste, c'est celle qui, tout d'abord, répond à une agression. La raison juste d'entrer en guerre, c'est l'autodéfense. C'est d'ailleurs inscrit dans les traités internationaux, comme la Charte des Nations Unies. Tout pays attaqué peut répondre à l'agression et mener une guerre pour protéger sa souveraineté. Le droit international reconnaît donc que certaines guerres sont justes. Ensuite, il faut respecter le droit de la guerre, tel qu'il a été défini dans la Convention de Genève. Ainsi, une guerre peut être déclarée pour de bonnes raisons, mais devenir immorale en raison de la conduite de l'armée, qui se livre à des exactions envers les civils. C'est ce qu'il se passe actuellement en Palestine. Si Israël avait le droit de se défendre après les attaques du 7 octobre, ses actions ont rapidement franchi la limite de l'inhumanité. Enfin, quand la guerre est achevée, il faut traiter le perdant comme un futur partenaire géopolitique et non tenter de l'annihiler ou de l'humilier. Comme par exemple avec la signature du traité de Versailles en 1918, qui a tellement humilié l'Allemagne qu'il a sans doute en partie causé la Seconde Guerre mondiale, 20 ans plus tard. Cette grille d'analyse permet de définir ce qu'est une guerre juste. La guerre doit être le dernier recours face à une agression et elle doit rester proportionnée dans les moyens qu'elle emploie. Comme le dit Michael Walter, la limitation de la guerre est le début de la paix. Michael Walter a ainsi analysé la guerre entre la Russie et l'Ukraine à partir de ces trois critères. Sans surprise, il a trouvé que cette guerre était injuste. Prenons tout d'abord les raisons d'entrer en guerre. La Russie n'avait pas de raison légitime et la dénazification n'est qu'une propagande. L'autre argument avancé par Poutine, qui serait la défense contre un OTAN de plus en plus menaçant envers lui, est également faux, ou du moins, il ne justifie pas une invasion de l'Ukraine. Si Poutine a sans cesse parlé de défense pour apparaître dans son droit, affirmant notamment qu'il faut, je cite, défendre les populations du Donbass soumises à un génocide par le régime de Kiev Cela ne reste pas moins un mensonge. La véritable raison de cette invasion, c'est l'impérialisme russe, le rêve d'une grande Russie et l'affirmation que l'Ukraine n'est pas une réelle nation, un vrai peuple. L'extraordinaire résistance ukrainienne depuis deux ans, contre une armée russe censée être l'une des plus fortes au monde, aura fait mentir Poutine. Ensuite, prenons les moyens employés pendant la guerre. Poutine se livre à des exactions indignes, comme le bombardement de civils et l'enlèvement et la déportation d'enfants ukrainiens pour les russifier. La menace nucléaire est également immorale, car elle concernerait la mort de milliers, voire de millions de gens. Selon Walzer, les armes nucléaires pulvérisent la théorie de la guerre juste, et nous devons condamner jusqu'à la menace de les utiliser. Quant à l'attitude à adopter après la guerre, il est évidemment trop tôt pour en parler. Walter met néanmoins en garde contre le fait de traiter Poutine de criminel de guerre en l'excluant de la communauté internationale. Car cela empêche toute négociation. Or, selon lui, c'est la seule issue possible de la guerre aujourd'hui. On sera d'accord ou non. La guerre que la Russie mène à l'Ukraine n'est donc pas juste. La résistance de l'Ukraine, à l'inverse, l'est. Mais ce qui est surtout intéressant, selon Wolter, c'est ce que cette guerre révèle. Le retour à l'idée d'État-nation. Wolter n'est pas un universaliste. Son idée centrale est celle de la communauté. Celle-ci organiserait les hommes bien plus que l'universalité. D'ailleurs, cela est inscrit dans le concept de guerre juste, comme autodéfense de sa propre souveraineté. Wolter s'oppose à la vision libérale de l'unité des nations et à l'idée d'un État mondial qui serait capable de maintenir la sécurité internationale, car celui-ci équivaudrait à un nouvel État impérialiste, à une tyrannie globale. Il défend alors l'idée d'une pluralité d'organisations, aussi bien étatiques que civiles, qui s'associeraient pour défendre les droits et la démocratie. Selon Wolter, c'est précisément cela que la guerre en Ukraine met en lumière. la défense de la nation démocratique et le retour à une plus petite échelle face à la mondialisation. C'est ce qu'on observe aujourd'hui, à l'heure où l'extrême droite et son discours de repli identitaire triomphent partout en Europe et dans le monde. Alors, il ne faudrait pas abandonner l'idée de communauté aux partis identitaires et nationalistes, mais faire de la communauté une valeur positive, permettant d'organiser une coopération internationale. D'ailleurs, un gouverneur russe a récemment dénoncé le philosophe Emmanuel Kant comme étant le responsable de ce conflit européen, depuis la Première Guerre mondiale jusqu'à la guerre en Ukraine. Kant et ses idées de morale universelle, son libéralisme impie, son idée de société des nations, auraient écrasé et humilié les identités nationales. Évidemment, ce gouverneur en déduit que l'attaque russe en Ukraine est justifiée, et son analyse paraît un peu ridicule. Mais avec Walser, on peut poser la question de la légitimité de l'universalisme, qui peut parfois s'apparenter à un impérialisme. Les débats au Parlement ont relancé la vive opposition entre pacifisme et bellicisme. Certains sont accusés de lâcheté, voire de complaisance envers la Russie, les autres d'être des vates en guerre. Tous se reprochent des manœuvres électorales avant les élections européennes. Macron et Attal défendent l'idée d'une Europe forte, fondée sur le droit. La France insoumise défend une position de non-alignement pour recouvrer une souveraineté diplomatique. Les premiers évoquent la défense de la démocratie, les autres le rejet du bellicisme. Alors, que penser de cet accord de sécurité ? Faut-il le défendre avec la majorité du Parlement ou s'y opposer avec la France insoumise ? Eh bien, pour être tout à fait sincère avec vous, je n'ai pas d'avis. Chaque position me paraît défendable, selon que l'on mette l'accent sur telle ou telle valeur. Le spectre de l'histoire du XXe siècle, qui hante cette guerre russo-ukrainienne, est là pour nous rappeler que l'histoire ne s'écrit pas de manière logique et rationnelle, mais qu'elle s'écrit avec le sang et l'absurdité. Alors, l'histoire tranchera, et nous n'aurons plus qu'à espérer avoir fait le bon choix. C'est la fin de cet épisode, on se retrouve bientôt pour un nouveau fil d'actu !

Description

Et si la philosophie permettait de penser la guerre juste ?


Suite à l’accord de sécurité signé entre la France et l’Ukraine, en février, le Parlement Français était à se prononcer cette semaine sur cet accord. Il a voté largement en faveur de cet accord, à l’exception de la France Insoumise et du PCF, qui ont voté contre, et du Rassemblement National, qui s’est abstenu. Emmanuel Macron a lui réitéré son soutien inconditionnel à l’Ukraine, allant jusqu’à ne pas exclure l’envoi de troupes – ce qui a été immédiatement retoqué par l’Europe.


Le choix n’est pas simple. Faut-il privilégier la paix, au risque de laisser libre court l’impérialisme russe, ou s’engager dans la défense de l’Ukraine, quitte à embraser l’Europe ? Que sont les Accords de Munich, dont on entend si souvent parler en ce moment ?


Aujourd’hui, je vous propose une philosophie de la guerre.

On va parler seconde guerre mondiale, guerre juste, état-nation, philosophie de Michael Walzer, et bien sûr, de guerre.


Alors, vous êtes pour ou contre l'accord de sécurité ?

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Transcription

  • Speaker #0

    Après l'accord de sécurité signé entre la France et l'Ukraine en février, le Parlement français était appelé à se prononcer cette semaine sur cet accord. Il a voté largement en faveur de l'accord, à l'exception de la France insoumise et du Parti communiste français, qui ont voté contre, et du Rassemblement national, qui s'est abstenu. Emmanuel Macron a, lui, réitéré son soutien inconditionnel à l'Ukraine, allant jusqu'à ne pas exclure l'envoi de troupes, ce qui a été immédiatement retoqué par l'Europe. La France insoumise, quant à elle, dénonce une surenchère du discours belliciste. Elle alerte contre l'escalade nucléaire et réaffirme la nécessité d'avancer vers des négociations pour la paix. Ils sont favorables à aider l'Ukraine à se défendre, et donc à fournir des armes, mais ils mettent une limite claire, celle de devenir co-belligérants de l'Ukraine. Leur objectif est que la France soit non-alignée par rapport à l'OTAN et qu'elle prenne la tête d'une diplomatie pour négocier la paix. Le choix n'est pas simple. Faut-il privilégier la paix, au risque de laisser libre cours à l'impérialisme russe, ou s'engager dans la défense de l'Ukraine, quitte à embraser l'Europe ? Aujourd'hui, je vous propose une philosophie de la guerre. On va parler Seconde Guerre mondiale, guerre juste, État-nation, philosophie de Michael Wolter, et bien sûr, de guerre. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans le fil d'actu, le podcast qui porte un regard philosophique sur l'actualité, par Alice de Rochechouart. Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, le conflit s'enlise. L'Ukraine, aidée par l'OTAN, résiste face à l'agression russe. Cette semaine, et sur fond de préparation des élections européennes, Les partis politiques français se sont écharpés sur la stratégie géopolitique à tenir, qui a pour enjeu non seulement la victoire, ou du moins la non-défaite de l'Ukraine, mais également la reconfiguration de l'Europe, c'est-à-dire la capacité des pays européens à faire front et à former une alliance crédible face à une Russie expansionniste. On a pu entendre que cette guerre n'est pas une guerre entre deux États, mais entre deux systèmes, l'autoritarisme et la démocratie. Les événements font écho à une période sombre de notre histoire européenne, la Deuxième Guerre mondiale. Valérie Ayer, tête de liste du parti de Macron aux Européennes, a prononcé cette phrase. Nous sommes à Munich en 1938 Elle fait référence aux Accords de Munich, signés en septembre 1938. La Grande-Bretagne, la France et l'Italie se réunissent avec l'Allemagne d'Adolf Hitler, suite à son annexion des Sudètes, des territoires tchécoslovaques. Les trois pays ? mû par une volonté pacifiste et encore traumatisé par l'horreur de la Première Guerre mondiale qui s'est achevée seulement 20 ans auparavant, accorde à Hitler ce qu'il veut, en espérant que cela mette un terme à ses velléités impérialistes. En France, Léon Blum, chef de l'Union de la Gauche, oscille entre pacifisme et volonté d'arrêter Hitler. Il écrit, après la signature des accords, Je me sens partagé entre la honte et un lâche soulagement Et puis, nombreux sont ceux qui pensent, en Europe, que le nazisme peut être un rempart face au communisme soviétique. Plutôt Hitler que le Front populaire, comme le résume un slogan de l'époque. L'histoire leur donnera tort. Les accords de Munich marquent le début de l'expansion hitlérienne. Alors, le courant pacifiste a parfois été lourdement critiqué pour sa lâcheté. L'ombre de la Seconde Guerre mondiale et de ces honteux accords de Munich planent sur la situation actuelle. Poutine est-il le Hitler du XXIe siècle ? Cette hantise de l'histoire est d'autant plus prégnante que l'identité russe s'est construite sur son statut de seul libérateur de l'Europe face au nazisme, face à la lâcheté des Européens de l'Ouest et leur capitulation municoise. L'URSS aurait été la seule nation à avoir résisté à Hitler. Quant aux États-Unis, leur débarquement européen n'aurait eu pour seul but d'installer leur domination sur le monde. Évidemment, ce récit national passe sous silence le pacte germano-soviétique signé en 1939 entre Staline et Hitler, qui prévoyait la non-agression entre les deux États, et qui a pris fin avec l'attaque nazie sur la Russie en 1941. Qu'importe, l'identité russe, c'est celle de la résistance face au nazisme, dont Poutine est l'héritier. À tel point qu'en 2020, il a introduit dans la Constitution russe l'interdiction de minimiser la signification de l'héroïsme des défenseurs de la patrie. On comprend mieux pourquoi il a au début justifié l'invasion de l'Ukraine par sa volonté de dénazifier le pays. L'ombre de la Deuxième Guerre mondiale n'est pas anodine, car elle détermine la manière dont nous interrogeons notre participation au conflit en Ukraine. La peur de voir l'histoire se répéter, en laissant le champ libre à un Poutine qui serait un nouveau Führer, fagocite les débats. Alors que la construction européenne est celle de la paix et de la coopération, devons-nous nous engager dans cette guerre ? Et d'ailleurs, une guerre peut-elle être juste ? Le philosophe contemporain Michael Walter, figure de la gauche américaine, s'est posé cette question dans un livre paru en 1977. Guerre juste et injuste. Oui, la guerre est un enfer, dit-il. Mais nous ne pouvons pas nous cacher derrière un pacifisme à toute épreuve. Le recours à la violence est parfois inévitable. Certaines guerres sont justes et il faut pouvoir l'évaluer. Sa démarche, qu'il appelle le réalisme moral, consiste à analyser une grande quantité d'exemples historiques pour montrer que derrière les grandes notions théoriques se cache une réalité souvent plus ambivalente. En général, Le juste et l'injuste se côtoient. Wolter s'ancre dans une tradition ancienne. Saint Thomas d'Aquin, au XIIIe siècle, avait déjà élaboré une doctrine de la guerre juste. Wolter reprend donc une distinction entre trois critères qui permettent d'évaluer la moralité d'une guerre. D'abord, les raisons d'entrer en guerre. Ensuite, les moyens d'action pendant la guerre. Et enfin, l'attitude adoptée à l'issue de la guerre. En suivant ces trois critères, on peut déterminer qu'une guerre juste, c'est celle qui, tout d'abord, répond à une agression. La raison juste d'entrer en guerre, c'est l'autodéfense. C'est d'ailleurs inscrit dans les traités internationaux, comme la Charte des Nations Unies. Tout pays attaqué peut répondre à l'agression et mener une guerre pour protéger sa souveraineté. Le droit international reconnaît donc que certaines guerres sont justes. Ensuite, il faut respecter le droit de la guerre, tel qu'il a été défini dans la Convention de Genève. Ainsi, une guerre peut être déclarée pour de bonnes raisons, mais devenir immorale en raison de la conduite de l'armée, qui se livre à des exactions envers les civils. C'est ce qu'il se passe actuellement en Palestine. Si Israël avait le droit de se défendre après les attaques du 7 octobre, ses actions ont rapidement franchi la limite de l'inhumanité. Enfin, quand la guerre est achevée, il faut traiter le perdant comme un futur partenaire géopolitique et non tenter de l'annihiler ou de l'humilier. Comme par exemple avec la signature du traité de Versailles en 1918, qui a tellement humilié l'Allemagne qu'il a sans doute en partie causé la Seconde Guerre mondiale, 20 ans plus tard. Cette grille d'analyse permet de définir ce qu'est une guerre juste. La guerre doit être le dernier recours face à une agression et elle doit rester proportionnée dans les moyens qu'elle emploie. Comme le dit Michael Walter, la limitation de la guerre est le début de la paix. Michael Walter a ainsi analysé la guerre entre la Russie et l'Ukraine à partir de ces trois critères. Sans surprise, il a trouvé que cette guerre était injuste. Prenons tout d'abord les raisons d'entrer en guerre. La Russie n'avait pas de raison légitime et la dénazification n'est qu'une propagande. L'autre argument avancé par Poutine, qui serait la défense contre un OTAN de plus en plus menaçant envers lui, est également faux, ou du moins, il ne justifie pas une invasion de l'Ukraine. Si Poutine a sans cesse parlé de défense pour apparaître dans son droit, affirmant notamment qu'il faut, je cite, défendre les populations du Donbass soumises à un génocide par le régime de Kiev Cela ne reste pas moins un mensonge. La véritable raison de cette invasion, c'est l'impérialisme russe, le rêve d'une grande Russie et l'affirmation que l'Ukraine n'est pas une réelle nation, un vrai peuple. L'extraordinaire résistance ukrainienne depuis deux ans, contre une armée russe censée être l'une des plus fortes au monde, aura fait mentir Poutine. Ensuite, prenons les moyens employés pendant la guerre. Poutine se livre à des exactions indignes, comme le bombardement de civils et l'enlèvement et la déportation d'enfants ukrainiens pour les russifier. La menace nucléaire est également immorale, car elle concernerait la mort de milliers, voire de millions de gens. Selon Walzer, les armes nucléaires pulvérisent la théorie de la guerre juste, et nous devons condamner jusqu'à la menace de les utiliser. Quant à l'attitude à adopter après la guerre, il est évidemment trop tôt pour en parler. Walter met néanmoins en garde contre le fait de traiter Poutine de criminel de guerre en l'excluant de la communauté internationale. Car cela empêche toute négociation. Or, selon lui, c'est la seule issue possible de la guerre aujourd'hui. On sera d'accord ou non. La guerre que la Russie mène à l'Ukraine n'est donc pas juste. La résistance de l'Ukraine, à l'inverse, l'est. Mais ce qui est surtout intéressant, selon Wolter, c'est ce que cette guerre révèle. Le retour à l'idée d'État-nation. Wolter n'est pas un universaliste. Son idée centrale est celle de la communauté. Celle-ci organiserait les hommes bien plus que l'universalité. D'ailleurs, cela est inscrit dans le concept de guerre juste, comme autodéfense de sa propre souveraineté. Wolter s'oppose à la vision libérale de l'unité des nations et à l'idée d'un État mondial qui serait capable de maintenir la sécurité internationale, car celui-ci équivaudrait à un nouvel État impérialiste, à une tyrannie globale. Il défend alors l'idée d'une pluralité d'organisations, aussi bien étatiques que civiles, qui s'associeraient pour défendre les droits et la démocratie. Selon Wolter, c'est précisément cela que la guerre en Ukraine met en lumière. la défense de la nation démocratique et le retour à une plus petite échelle face à la mondialisation. C'est ce qu'on observe aujourd'hui, à l'heure où l'extrême droite et son discours de repli identitaire triomphent partout en Europe et dans le monde. Alors, il ne faudrait pas abandonner l'idée de communauté aux partis identitaires et nationalistes, mais faire de la communauté une valeur positive, permettant d'organiser une coopération internationale. D'ailleurs, un gouverneur russe a récemment dénoncé le philosophe Emmanuel Kant comme étant le responsable de ce conflit européen, depuis la Première Guerre mondiale jusqu'à la guerre en Ukraine. Kant et ses idées de morale universelle, son libéralisme impie, son idée de société des nations, auraient écrasé et humilié les identités nationales. Évidemment, ce gouverneur en déduit que l'attaque russe en Ukraine est justifiée, et son analyse paraît un peu ridicule. Mais avec Walser, on peut poser la question de la légitimité de l'universalisme, qui peut parfois s'apparenter à un impérialisme. Les débats au Parlement ont relancé la vive opposition entre pacifisme et bellicisme. Certains sont accusés de lâcheté, voire de complaisance envers la Russie, les autres d'être des vates en guerre. Tous se reprochent des manœuvres électorales avant les élections européennes. Macron et Attal défendent l'idée d'une Europe forte, fondée sur le droit. La France insoumise défend une position de non-alignement pour recouvrer une souveraineté diplomatique. Les premiers évoquent la défense de la démocratie, les autres le rejet du bellicisme. Alors, que penser de cet accord de sécurité ? Faut-il le défendre avec la majorité du Parlement ou s'y opposer avec la France insoumise ? Eh bien, pour être tout à fait sincère avec vous, je n'ai pas d'avis. Chaque position me paraît défendable, selon que l'on mette l'accent sur telle ou telle valeur. Le spectre de l'histoire du XXe siècle, qui hante cette guerre russo-ukrainienne, est là pour nous rappeler que l'histoire ne s'écrit pas de manière logique et rationnelle, mais qu'elle s'écrit avec le sang et l'absurdité. Alors, l'histoire tranchera, et nous n'aurons plus qu'à espérer avoir fait le bon choix. C'est la fin de cet épisode, on se retrouve bientôt pour un nouveau fil d'actu !

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