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Épisode 2 - La linguistique punk cover
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Le poids des mots - Sonia Vignon

Épisode 2 - La linguistique punk

Épisode 2 - La linguistique punk

21min |29/01/2025
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Le poids des mots - Sonia Vignon

Épisode 2 - La linguistique punk

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Description

Être punk, c'est simplement redemander son propre droit à l'humanité, à l'erreur, à l'emportement et à la juste réalité dans laquelle on évolue. Réclamons, en tant que société, notre droit à l'honnêteté : nommer avec des paillettes ne changera pas la réalité. Ce qui peut tout changer c’est nommer avec justesse.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, être punk, je crois que c'est simplement redemander son propre droit à l'humanité, à l'erreur, à l'emportement et à la juste réalité dans laquelle on évolue. Bonjour, je m'appelle Sonia Vignon, je suis linguiste spécialiste en rhétorique et en sémantique. J'ai travaillé en France, au Canada, et j'ai rencontré tellement de gens merveilleux qui avaient un rapport au mot et à la langue différent, que je me suis rendue compte que c'est ce qui faisait notre singularité et notre humanité. Je me définis comme une linguiste punk. Plein de raisons, déjà, parce que ça me fait rire, et que globalement, si ça me fait rire, je suis pour. Et surtout parce que, pour moi, les punks, alors, outre les cheveux roses que je n'ai pas encore adoptés, c'était des gens qui refusaient l'ordre établi, et qui refusaient le "on a toujours fait comme ça". Évidemment, ils avaient aussi un talent pour la musique, que bon, j'ai pas. Mais c'est ça que je m'approprie un tout petit peu, à mon petit niveau, quand je dis que je suis une linguiste punk, c'est qu'en fait, j'aime... penser autrement, pas pour penser autrement, mais pour ne pas m'encrouter dans une espèce de vision un peu dogmatique de la vie et de la linguistique. Chacun aujourd'hui a sa propre vision de ses prises de parole, de son écriture, de ses mots, de son rapport aux autres et j'aime beaucoup l'idée de dire "viens on est tous comme on est et on assume ça pleinement" et ça va faire des échanges super chouettes et super vraie qui va transformer notre société et la rendre beaucoup plus humaine, beaucoup plus accueillante. Et pour le coup, on va peut-être un peu se marrer. Ça, ce serait ma vision de la linguistique. Les mots sont ce qui peut nous unir et nous réjouir tous ensemble. Preuve en est l'humour quand même, les jeux de mots, les calembours et même les carambars. Donc, la linguistique punk, c'est refuser les éléments de langage tout fait, très conventionnels, très institutionnels. Et c'est se souvenir que la langue fait le groupe. Preuve en est, t'as la ref, si t'as pas la ref, t'es pas dans le groupe. Ça veut dire que si t'as pas la ref, t'es un petit peu nul quand même. Donc, j'aime l'idée qu'on puisse créer une unité par les mots et que celle qu'on nous impose, avec des trucs genre : "on va se faire un call asap", on a le droit de dire que c'est de la merde et qu'on va se faire un appel bientôt. Et ça sera très bien comme ça. J'adore questionner certains mots qu'on nous a balancés comme ça en nous expliquant que c'était une réalité absolument non négociable. Sauf que moi, je suis le GIGN et c'est moi que je décide est-ce que c'est négociable ou est-ce que ce n'est pas négociable. Dans les mots vraiment qui m'exaspèrent en ce moment, il y a l'écriture inclusive. Alors, la linguiste dirait l'écriture inclusive est un non-sens. La linguiste punk que je suis dit souvent l'écriture inclusive, c'est de la merde. Et ce n'est pas très nuancé pour le coup, mais il n'empêche que c'est de la merde. Parce que, premièrement, l'écriture et la langue, en général, n'a jamais évolué en se complexifiant. L'être humain est une grosse feignasse et l'être humain n'a jamais complexifié la langue. On a toujours... toujours fonctionner en simplification. Sinon, on serait tous encore en train de faire des désignances et de parler latin et ce n'est pas du tout le cas. Donc, on simplifie la langue parce qu'à force de la prononcer et de parler vite, on avale les syllabes, on les transforme. La langue, par définition, c'est vivant et quand une langue est morte, c'est le latin et en l'occurrence, on ne le parle plus. Donc, ceci étant posé, pourquoi est-ce que l'écriture inclusive, c'est de la merde ? Parce que inclusif, l à, à ce moment-là, c'est un abus de langage. L'écriture inclusive n'inclut personne. Premièrement, parce qu'elle complexifie, alors qu'on ne peut pas complexifier une langue, c'est impossible si on veut qu'elle se transmette. Deuxièmement, parce qu'elle exclut de fait tous les dis. En neuro, il a été prouvé que les dyslexiques, dysorthographiques, l'intégralité des dix sont en incapacité de lire le point médian et de lire l'écriture inclusive. À quel moment donc on inclut qui que ce soit en créant une graphie de toute pièce, parce que ce n'est pas une évolution de la langue, c'est une création de l'humain, donc déjà c'est un non-sens intellectuel, qui va exclure une très grande partie de la population qui n'est pas en capacité de son cerveau, de lire, d'analyser, de comprendre ce point ? De la même manière que les étrangers ne sont pas en capacité. On exclut un nombre de personnes hallucinant. Donc, ça c'est important. Et surtout, si vous voulez des mots qui soient à la fois masculins et féminins, ça existe. Et là, je vais redire un gros mot, ça existe, bordel. Ça s'appelle des mots épicènes, et les mots épicènes sont à la fois masculins et féminins. Donc si vraiment vous voulez revenir à un langage qui ne soit pas genré, utilisez quelque chose qui existe déjà, à savoir les mots épicène comme ensemble. Et juste pour la petite anecdote, parce que ça m'a fait beaucoup rire, j'ai vu il n'y a pas longtemps dans un tract, tout tout.e.s, déjà c'était compliqué, ensemble, ensemble, bl.e. Et là, tu te dis, je crois qu'ils n'ont pas compris le principe de l'écriture inclusive qu'ils sont eux-mêmes en train d'utiliser. Donc en fait, que l'on veuille harmoniser la langue, que l'on refuse le patriarcat, qu'on ait des convictions, pourquoi pas, et ce n'est pas le sujet aujourd'hui du podcast, mais pour ça, il y a déjà des choses qui existent. Pourquoi ajouter une complexité qui va perdre beaucoup de gens, les rendre en incompétence et les exclure ? Le problème en plus de ce genre de choses, c'est que ça devient un phénomène, en l'occurrence un phénomène de mode, mais pas que. C'est-à-dire que c'est devenu un phénomène de société et qu'il y avait quelque chose de l'ordre du féminisme, de l'ordre de l'engagement, à utiliser l'écriture inclusive. Mais la linguiste en moi peut comprendre l'engagement, mais dit que ça n'est pas la bonne arme. Vous n'utilisez pas la bonne arme, c'est vraiment... aller faire la guerre avec des barbes à papa. Enfin, quel est le rapport entre vos deux trucs là ? Ça ne marche pas. Et donc, utiliser parce que ça fait bien, parce que t'as la ref, parce que ça fait de nous des gens RSE, je ne sais pas quoi, inclusifs, parce qu'on bosse dans l'humanitaire et qu'on veut que toutes les femmes se sentent les bienvenues. Mais est-ce qu'il n'y a pas une manière plus honnête de faire se sentir bienvenue les femmes que de mettre un point ? Sincèrement, est-ce qu'on peut pas envisager une société plus équitariste ? Alors le mot n'existe pas, je l'ai inventé, mais moi je l'aime bien. Ou en tout cas une société d'équité, une société qui réellement ferait des hommes et des femmes, des gens de même importance dans les faits, plutôt que d'essayer de masquer le fait que ça n'existe pas, avec l'élément de langage sorti de nulle part, imposé, dogmatique, débile. Ça m'énerve l'écriture inclusive, vraiment, ça me monte en l'air. Parce que j'aurais préféré qu'on trouve dans le langage des mots déjà existants et qu'on valorise le fait qu'ils soient épicènes. J'aurais préféré qu'on tourne les phrases, qu'on les module, qu'on assemble les mots différemment, créer un sens nouveau plutôt que d'essayer... d'imposer à une grande partie de la population quelque chose qu'elle n'est pas en capacité neuronale et cérébrale de traiter, ce qui la met en défiance. Et je ne vois pas comment on peut inclure en excluant dans les faits. C'est vraiment quelque chose qui est pour moi très compliqué. Ce sont les mots qui masquent la réalité. Alors qu'on pourrait essayer de trouver ensemble des mots pour nommer justement la réalité. Et ça, ça fait vraiment partie du mensonge sociétal actuel. Tant qu'on ne traitera pas les petits garçons et les petites filles de la même manière, tant qu'on n'aura pas en CE2, c'est des vraies statistiques, une déperdition très forte des petites filles qui envisagent des études scientifiques. Parce qu'à partir du CE2, que ce soit les enseignants, les parents, la société, sans le faire exprès, utilisent des mots qui vont valoriser les sciences chez les garçons et qui vont les rendre difficiles pour les filles. "Ah, t'as pas compris tes exercices de maths ? Bah c'est normal, t'es une fille, c'est pas grave." Mais en fait, à partir du moment où on fait ça, on est à ce moment-là en train de créer la dissonance. C'est pas derrière, en me mettant un point E, point S, point je sais pas quoi, qu'on va rendre la chose moins réelle. Pour moi, aujourd'hui, la vraie punkitude, c'est d'oser nommer le fait que changer les mots pour les rendre jolis ne change pas la réalité. Oser nommer avec justesse la réalité peut la changer. Là où on peut avoir tout plein d'exemples, c'est hôtesse de caisse. Alors, est-ce que le jour où on a appelé les caissières hôtesses de caisse, on leur a donné un meilleur salaire, de meilleures conditions de travail, on a demandé aux clients de leur dire bonjour, merci, au revoir, on a imposé une politesse, on a remis du respect ? Je ne suis pas sûre, en fait. Donc, à quel moment changer le mot va changer la réalité ? Jamais. Et c'est ça, ma punkitude à moi. C'est d'oser nommer le fait que ce n'est pas parce que vous utilisez des mots que vous trouvez mignons, jolis, chouchounais, que vous changez la réalité dégueulasse qu'il y a derrière. Et donc, je préférerais qu'on mette bien au clair les clients en leur disant une hôtesse de caisse est un être humain et on va lui dire bonjour, on va lui dire merci, on va la regarder dans les yeux, on va lui tendre sa carte bleue, on va pas lui jeter à la gueule. Et si possible, on va pas être au téléphone quand on passe en caisse, ce qui me semble à moi des règles de base d'humanité. Plutôt que dire on va les appeler des hôtesses de caisse, ça sera plus valorisant. à quel moment elles se sentent plus valorisées en fait. Donc moi j'aurais préféré qu'elles gardent leur nom de caissière, parce qu'en plus pour le coup je ne vois pas ce qu'il y a de mal à être caissière, et qu'on apprenne aux clients le respect de base d'être humain à être humain. Qu'on explique à des gens qui sont censés être des adultes responsables, qu'on dit bonjour, on dit merci, on dit s'il vous plaît, on regarde les gens dans les yeux quand on passe en caisse, et si possible on raccroche le téléphone. Aujourd'hui, hôtesse de caisse, c'est pas du tout... avoir valorisé un métier qui est très enclin tous les jours à se faire manquer de respect. Et ça, je suis navrée, mais c'est vraiment la dissonance majeure. Et l'écriture inclusive, c'est la même chose. Et personne de petite taille, c'est la même chose. Et tout ce qui tourne autour du fait de travestir la réalité par la langue, c'est la même chose. Donc là, pour le coup, je suis moi-même pas tellement nuancée, on va pas se mentir, et un tout petit peu agacée, mais... parce que je trouve que c'est une grande violence que de nier la réalité en la nommant différemment. Et c'est vraiment quelque chose qui fait beaucoup de mal dans la société actuelle. Nommer avec des paillettes quelque chose qui est triste, qui est moche, ça n'est pas transformer cette réalité triste et moche, c'est simplement couvrir, mettre un paravent, mettre un filtre. On est en train de transformer le monde en Instagram. C'est plus joli dans l'image que dans la réalité. Je peux aujourd'hui, moi, dire des gros mots. Il paraît, j'ai une étude géniale là-dessus, qui dit que c'est une preuve de grande intelligence, et donc j'ai envie de me dire que je suis très intelligente. Mais je peux aujourd'hui dire des gros mots de façon consciente et assumée parce que le sujet me heurte et parce que je vais choisir dans un panel de 15 mots différents celui qui me semble le plus en adéquation avec mon émotion du moment, et en l'occurrence, là, pour le coup, un gros mot. Pourquoi est-ce qu'on interdit le gros mot ? Le gros mot en lui-même, il n'est pas grave, si vraiment à ce moment-là, l'émotion est à ce point-là en haut. Le truc, c'est simplement, est-ce que c'est en adéquation avec la réalité ? Donc quand je disais dans l'épisode précédent qu'il faut être nuancé, qu'il faut faire attention à l'autre, eh bien c'est aussi accepter de dire des gros mots, c'est aussi accepter que quand l'autre est vraiment en train de faire quelque chose de pas ok, on peut le dire, on peut le nommer, on a le droit d'être en... colère, on a le droit de dire, il y a des métiers aujourd'hui qui sont des métiers de grande pécarité et je suis navrée, mais de les transformer par le langage ne transforme pas leur pénibilité. Et je ne suis pas persuadée que "techniciens de surface" soient moins pénibles dans les faits que femmes de ménage ou hommes de ménage. Et ça me rend dingue, parce que nous sommes dans une société, non seulement qui ne nuance pas, c'est du mensonge. ne pas utiliser volontairement un mot pour cacher une réalité, plutôt que de nommer cette réalité et d'essayer de l'améliorer, si toutefois elle est améliorable. Ça, je trouve que c'est la grande tristesse de notre siècle. Une fois qu'on a dit ça, qu'est-ce qu'on a dit ? On a dit que dans la société, au sens de la société générale dans laquelle on vit, dans laquelle on évolue, et dans la société au sens de l'entreprise à laquelle on contribue, nous sommes tous... enclin à ne pas nommer la réalité parce qu'on a le sentiment qu'en cachant sous le tapis, qu'en mettant des petites paillettes, qu'en mettant un voile devant, on va changer les faits. Or, ça n'est pas le cas. L'être humain n'est pas débile. Beaucoup des conflits en entreprise viennent du fait qu'on a essayé de nier une réalité en lui mettant des mots tout à fait erronés. Et on va faire un podcast au sujet des mots de la RH qui essayent de camoufler plus qu'ils n'assument et des effets délétères que ça peut avoir. Aujourd'hui, être linguiste punk, être humain punk, c'est juste demander à ce qu'on nous fasse assez confiance en tant qu'adulte pour nommer la réalité avec justesse. De manière à ce qu'on puisse la vivre en pleine conscience et en vraie adéquation entre ce qu'on voit, ce qu'on pense et ce qu'on entend. Si ce n'est pas le cas, ça crée des dissonances cognitives et ces dissonances cognitives seront également l'objet d'un épisode du podcast parce que ce n'est jamais le mot le problème, ce n'est jamais le mot le problème et ça n'est jamais le mot la solution non plus. Même si j'adorerais en tant que linguiste, que les mots soient la solution à tout, ce n'est pas vrai. Ce qui est la solution, c'est l'honnêteté, c'est l'authenticité, c'est parfois le courage, parce que pour nommer correctement une situation, c'est souvent un acte de grand courage, d'oser dire. Pour tous les gens ici qui nous écoutent, qui ont des familles dysfonctionnelles, c'est souvent ce qui fait de nous le vilain petit canard de la famille, d'être celui qui ose nommer les manquements. les douleurs, les petites trahisons, ce genre de choses. Et tout ça, finalement, ça n'est que de l'humanité. Aujourd'hui, être punk, je crois que c'est simplement redemander son propre droit à l'humanité, à l'erreur, à l'emportement et à la juste réalité dans laquelle on évolue. Et je vais profiter de ce podcast pour lancer un projet auquel je tiens beaucoup et depuis longtemps, et sur lequel je me suis penchée, mais sans oser encore aller au bout, et je vais aller au bout. (Je viens de me lancer le défi à moi-même, comme ça s'est fait.) Aujourd'hui, dans ma vie personnelle, comme beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes de plus de 40 ans, ou d'êtres humains adultes, tout simplement, je vis ce qu'on appelle une famille recomposée. il y a des endroits dans lesquels la société peut créer des mots. On a des néologismes absolument dans tout. Parce que ce qui n'est pas nommé n'existe pas. Donc si je crée un nouvel outil, notamment digital, un nouvel outil informatique, il faut bien que je le nomme puisqu'il n'existait pas avant et que maintenant il existe. Tous les ans, on entre de nouveaux mots dans le dictionnaire. Donc ce qui n'est pas nommé n'existe pas. Tout ce qui est nouveau a besoin d'un nom. Et l'endroit dans lequel on n'a jamais nommé, volontairement à mon avis, mais alors là on peut en débattre, c'est dans le cadre notamment de la famille recomposée, la notion de belle-mère. Aujourd'hui, dans tous les pays d'Europe, je ne vais pas regarder partout dans le monde, mais j'ai fait une vraie étude dans tous les pays d'Europe, la belle-mère, la mère du mari, et la belle-mère, la nouvelle femme du papa, ont des noms différents. En Italie, il y a deux noms différents. En Espagne, il y a deux noms différents. En Angleterre, il y a deux noms différents. Dans l'intégralité du monde, il y a deux noms différents, mais pas en France. Parce que peut-être nos origines judéo-chrétiennes estiment que ce n'est pas une vraie place dans la famille, je ne sais pas. Mais en tout cas, une chose est sûre, aujourd'hui, on est capable de créer une écriture inclusive excluante et on n'est pas capable de trouver un mot différent pour nommer cette femme qui arrive dans la famille et qui va, de toutes les manières, avoir une interaction avec des enfants qui ne sont pas les siens. Et je trouve ça, par exemple, d'une grande violence humaine que de ne pas avoir pensé qu'il était important qu'elle ait un nom. Ça donne une vraie signification, une vraie représentation de ce qu'on en pense quand même et de l'importance qu'on lui donne. Si aujourd'hui, on a été capable d'inventer des mots pour tout, n'importe quoi, les applis de rencontre, les machins, les bidules. Chaque jour, il y a de nouveaux mots qui sortent. Moi, mes gosses, la moitié du temps, quand ils me parlent, je n'ai pas la ref, je ne connais pas le mot dont ils vont me parler. Mais eux, ils l'ont. Pourquoi est-ce qu'il y a eu une omerta sur ce mot-là, par exemple ? Eh bien ça, précisément, ça vient étayer le propos. Alors moi, en temps normal, j'interviens dans l'entreprise et là, on sort du cadre de l'entreprise. Mais malgré tout, je trouve que c'est un très bon exemple du fait de dire le mot... crée la réalité, le mot nomme la réalité, et soit il est juste, et auquel cas c'est sublime, soit il est menteur, auquel cas on crée de la dissonance, soit il n'est pas là. Et ça, ça veut dire qu'on nous nie. Et je trouve ça d'une grande violence, que ce soit de nier une réalité ou d'essayer de la transformer, de la faire rentrer dans d'autres cases pour la rendre socialement acceptable. Donc, la linguistique punk, finalement, c'est quoi ? On va essayer de conclure après 20 minutes d'agacement. La linguistique punk, c'est oser avoir le courage de la justesse et de la justice. Alors si vous aussi, vous êtes des punks de la linguistique et du monde en général, et que vous avez envie de militer pour le juste mot, pour le fait de dire que la réalité, ce n'est pas très grave, il vaut mieux essayer de la nommer correctement que de la transformer avec des petites paillettes inefficaces, rejoignez le mouvement, contactez-nous sur notre page LinkedIn, sur notre site internet. Et je vais lancer le mouvement "Belle Maman" pour essayer de trouver un mot pour toutes ces femmes qui s'occupent avec beaucoup d'amour des enfants qui ne sont pas les leurs et qui méritent d'être nommées à leur juste valeur.

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Être punk, c'est simplement redemander son propre droit à l'humanité, à l'erreur, à l'emportement et à la juste réalité dans laquelle on évolue. Réclamons, en tant que société, notre droit à l'honnêteté : nommer avec des paillettes ne changera pas la réalité. Ce qui peut tout changer c’est nommer avec justesse.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Aujourd'hui, être punk, je crois que c'est simplement redemander son propre droit à l'humanité, à l'erreur, à l'emportement et à la juste réalité dans laquelle on évolue. Bonjour, je m'appelle Sonia Vignon, je suis linguiste spécialiste en rhétorique et en sémantique. J'ai travaillé en France, au Canada, et j'ai rencontré tellement de gens merveilleux qui avaient un rapport au mot et à la langue différent, que je me suis rendue compte que c'est ce qui faisait notre singularité et notre humanité. Je me définis comme une linguiste punk. Plein de raisons, déjà, parce que ça me fait rire, et que globalement, si ça me fait rire, je suis pour. Et surtout parce que, pour moi, les punks, alors, outre les cheveux roses que je n'ai pas encore adoptés, c'était des gens qui refusaient l'ordre établi, et qui refusaient le "on a toujours fait comme ça". Évidemment, ils avaient aussi un talent pour la musique, que bon, j'ai pas. Mais c'est ça que je m'approprie un tout petit peu, à mon petit niveau, quand je dis que je suis une linguiste punk, c'est qu'en fait, j'aime... penser autrement, pas pour penser autrement, mais pour ne pas m'encrouter dans une espèce de vision un peu dogmatique de la vie et de la linguistique. Chacun aujourd'hui a sa propre vision de ses prises de parole, de son écriture, de ses mots, de son rapport aux autres et j'aime beaucoup l'idée de dire "viens on est tous comme on est et on assume ça pleinement" et ça va faire des échanges super chouettes et super vraie qui va transformer notre société et la rendre beaucoup plus humaine, beaucoup plus accueillante. Et pour le coup, on va peut-être un peu se marrer. Ça, ce serait ma vision de la linguistique. Les mots sont ce qui peut nous unir et nous réjouir tous ensemble. Preuve en est l'humour quand même, les jeux de mots, les calembours et même les carambars. Donc, la linguistique punk, c'est refuser les éléments de langage tout fait, très conventionnels, très institutionnels. Et c'est se souvenir que la langue fait le groupe. Preuve en est, t'as la ref, si t'as pas la ref, t'es pas dans le groupe. Ça veut dire que si t'as pas la ref, t'es un petit peu nul quand même. Donc, j'aime l'idée qu'on puisse créer une unité par les mots et que celle qu'on nous impose, avec des trucs genre : "on va se faire un call asap", on a le droit de dire que c'est de la merde et qu'on va se faire un appel bientôt. Et ça sera très bien comme ça. J'adore questionner certains mots qu'on nous a balancés comme ça en nous expliquant que c'était une réalité absolument non négociable. Sauf que moi, je suis le GIGN et c'est moi que je décide est-ce que c'est négociable ou est-ce que ce n'est pas négociable. Dans les mots vraiment qui m'exaspèrent en ce moment, il y a l'écriture inclusive. Alors, la linguiste dirait l'écriture inclusive est un non-sens. La linguiste punk que je suis dit souvent l'écriture inclusive, c'est de la merde. Et ce n'est pas très nuancé pour le coup, mais il n'empêche que c'est de la merde. Parce que, premièrement, l'écriture et la langue, en général, n'a jamais évolué en se complexifiant. L'être humain est une grosse feignasse et l'être humain n'a jamais complexifié la langue. On a toujours... toujours fonctionner en simplification. Sinon, on serait tous encore en train de faire des désignances et de parler latin et ce n'est pas du tout le cas. Donc, on simplifie la langue parce qu'à force de la prononcer et de parler vite, on avale les syllabes, on les transforme. La langue, par définition, c'est vivant et quand une langue est morte, c'est le latin et en l'occurrence, on ne le parle plus. Donc, ceci étant posé, pourquoi est-ce que l'écriture inclusive, c'est de la merde ? Parce que inclusif, l à, à ce moment-là, c'est un abus de langage. L'écriture inclusive n'inclut personne. Premièrement, parce qu'elle complexifie, alors qu'on ne peut pas complexifier une langue, c'est impossible si on veut qu'elle se transmette. Deuxièmement, parce qu'elle exclut de fait tous les dis. En neuro, il a été prouvé que les dyslexiques, dysorthographiques, l'intégralité des dix sont en incapacité de lire le point médian et de lire l'écriture inclusive. À quel moment donc on inclut qui que ce soit en créant une graphie de toute pièce, parce que ce n'est pas une évolution de la langue, c'est une création de l'humain, donc déjà c'est un non-sens intellectuel, qui va exclure une très grande partie de la population qui n'est pas en capacité de son cerveau, de lire, d'analyser, de comprendre ce point ? De la même manière que les étrangers ne sont pas en capacité. On exclut un nombre de personnes hallucinant. Donc, ça c'est important. Et surtout, si vous voulez des mots qui soient à la fois masculins et féminins, ça existe. Et là, je vais redire un gros mot, ça existe, bordel. Ça s'appelle des mots épicènes, et les mots épicènes sont à la fois masculins et féminins. Donc si vraiment vous voulez revenir à un langage qui ne soit pas genré, utilisez quelque chose qui existe déjà, à savoir les mots épicène comme ensemble. Et juste pour la petite anecdote, parce que ça m'a fait beaucoup rire, j'ai vu il n'y a pas longtemps dans un tract, tout tout.e.s, déjà c'était compliqué, ensemble, ensemble, bl.e. Et là, tu te dis, je crois qu'ils n'ont pas compris le principe de l'écriture inclusive qu'ils sont eux-mêmes en train d'utiliser. Donc en fait, que l'on veuille harmoniser la langue, que l'on refuse le patriarcat, qu'on ait des convictions, pourquoi pas, et ce n'est pas le sujet aujourd'hui du podcast, mais pour ça, il y a déjà des choses qui existent. Pourquoi ajouter une complexité qui va perdre beaucoup de gens, les rendre en incompétence et les exclure ? Le problème en plus de ce genre de choses, c'est que ça devient un phénomène, en l'occurrence un phénomène de mode, mais pas que. C'est-à-dire que c'est devenu un phénomène de société et qu'il y avait quelque chose de l'ordre du féminisme, de l'ordre de l'engagement, à utiliser l'écriture inclusive. Mais la linguiste en moi peut comprendre l'engagement, mais dit que ça n'est pas la bonne arme. Vous n'utilisez pas la bonne arme, c'est vraiment... aller faire la guerre avec des barbes à papa. Enfin, quel est le rapport entre vos deux trucs là ? Ça ne marche pas. Et donc, utiliser parce que ça fait bien, parce que t'as la ref, parce que ça fait de nous des gens RSE, je ne sais pas quoi, inclusifs, parce qu'on bosse dans l'humanitaire et qu'on veut que toutes les femmes se sentent les bienvenues. Mais est-ce qu'il n'y a pas une manière plus honnête de faire se sentir bienvenue les femmes que de mettre un point ? Sincèrement, est-ce qu'on peut pas envisager une société plus équitariste ? Alors le mot n'existe pas, je l'ai inventé, mais moi je l'aime bien. Ou en tout cas une société d'équité, une société qui réellement ferait des hommes et des femmes, des gens de même importance dans les faits, plutôt que d'essayer de masquer le fait que ça n'existe pas, avec l'élément de langage sorti de nulle part, imposé, dogmatique, débile. Ça m'énerve l'écriture inclusive, vraiment, ça me monte en l'air. Parce que j'aurais préféré qu'on trouve dans le langage des mots déjà existants et qu'on valorise le fait qu'ils soient épicènes. J'aurais préféré qu'on tourne les phrases, qu'on les module, qu'on assemble les mots différemment, créer un sens nouveau plutôt que d'essayer... d'imposer à une grande partie de la population quelque chose qu'elle n'est pas en capacité neuronale et cérébrale de traiter, ce qui la met en défiance. Et je ne vois pas comment on peut inclure en excluant dans les faits. C'est vraiment quelque chose qui est pour moi très compliqué. Ce sont les mots qui masquent la réalité. Alors qu'on pourrait essayer de trouver ensemble des mots pour nommer justement la réalité. Et ça, ça fait vraiment partie du mensonge sociétal actuel. Tant qu'on ne traitera pas les petits garçons et les petites filles de la même manière, tant qu'on n'aura pas en CE2, c'est des vraies statistiques, une déperdition très forte des petites filles qui envisagent des études scientifiques. Parce qu'à partir du CE2, que ce soit les enseignants, les parents, la société, sans le faire exprès, utilisent des mots qui vont valoriser les sciences chez les garçons et qui vont les rendre difficiles pour les filles. "Ah, t'as pas compris tes exercices de maths ? Bah c'est normal, t'es une fille, c'est pas grave." Mais en fait, à partir du moment où on fait ça, on est à ce moment-là en train de créer la dissonance. C'est pas derrière, en me mettant un point E, point S, point je sais pas quoi, qu'on va rendre la chose moins réelle. Pour moi, aujourd'hui, la vraie punkitude, c'est d'oser nommer le fait que changer les mots pour les rendre jolis ne change pas la réalité. Oser nommer avec justesse la réalité peut la changer. Là où on peut avoir tout plein d'exemples, c'est hôtesse de caisse. Alors, est-ce que le jour où on a appelé les caissières hôtesses de caisse, on leur a donné un meilleur salaire, de meilleures conditions de travail, on a demandé aux clients de leur dire bonjour, merci, au revoir, on a imposé une politesse, on a remis du respect ? Je ne suis pas sûre, en fait. Donc, à quel moment changer le mot va changer la réalité ? Jamais. Et c'est ça, ma punkitude à moi. C'est d'oser nommer le fait que ce n'est pas parce que vous utilisez des mots que vous trouvez mignons, jolis, chouchounais, que vous changez la réalité dégueulasse qu'il y a derrière. Et donc, je préférerais qu'on mette bien au clair les clients en leur disant une hôtesse de caisse est un être humain et on va lui dire bonjour, on va lui dire merci, on va la regarder dans les yeux, on va lui tendre sa carte bleue, on va pas lui jeter à la gueule. Et si possible, on va pas être au téléphone quand on passe en caisse, ce qui me semble à moi des règles de base d'humanité. Plutôt que dire on va les appeler des hôtesses de caisse, ça sera plus valorisant. à quel moment elles se sentent plus valorisées en fait. Donc moi j'aurais préféré qu'elles gardent leur nom de caissière, parce qu'en plus pour le coup je ne vois pas ce qu'il y a de mal à être caissière, et qu'on apprenne aux clients le respect de base d'être humain à être humain. Qu'on explique à des gens qui sont censés être des adultes responsables, qu'on dit bonjour, on dit merci, on dit s'il vous plaît, on regarde les gens dans les yeux quand on passe en caisse, et si possible on raccroche le téléphone. Aujourd'hui, hôtesse de caisse, c'est pas du tout... avoir valorisé un métier qui est très enclin tous les jours à se faire manquer de respect. Et ça, je suis navrée, mais c'est vraiment la dissonance majeure. Et l'écriture inclusive, c'est la même chose. Et personne de petite taille, c'est la même chose. Et tout ce qui tourne autour du fait de travestir la réalité par la langue, c'est la même chose. Donc là, pour le coup, je suis moi-même pas tellement nuancée, on va pas se mentir, et un tout petit peu agacée, mais... parce que je trouve que c'est une grande violence que de nier la réalité en la nommant différemment. Et c'est vraiment quelque chose qui fait beaucoup de mal dans la société actuelle. Nommer avec des paillettes quelque chose qui est triste, qui est moche, ça n'est pas transformer cette réalité triste et moche, c'est simplement couvrir, mettre un paravent, mettre un filtre. On est en train de transformer le monde en Instagram. C'est plus joli dans l'image que dans la réalité. Je peux aujourd'hui, moi, dire des gros mots. Il paraît, j'ai une étude géniale là-dessus, qui dit que c'est une preuve de grande intelligence, et donc j'ai envie de me dire que je suis très intelligente. Mais je peux aujourd'hui dire des gros mots de façon consciente et assumée parce que le sujet me heurte et parce que je vais choisir dans un panel de 15 mots différents celui qui me semble le plus en adéquation avec mon émotion du moment, et en l'occurrence, là, pour le coup, un gros mot. Pourquoi est-ce qu'on interdit le gros mot ? Le gros mot en lui-même, il n'est pas grave, si vraiment à ce moment-là, l'émotion est à ce point-là en haut. Le truc, c'est simplement, est-ce que c'est en adéquation avec la réalité ? Donc quand je disais dans l'épisode précédent qu'il faut être nuancé, qu'il faut faire attention à l'autre, eh bien c'est aussi accepter de dire des gros mots, c'est aussi accepter que quand l'autre est vraiment en train de faire quelque chose de pas ok, on peut le dire, on peut le nommer, on a le droit d'être en... colère, on a le droit de dire, il y a des métiers aujourd'hui qui sont des métiers de grande pécarité et je suis navrée, mais de les transformer par le langage ne transforme pas leur pénibilité. Et je ne suis pas persuadée que "techniciens de surface" soient moins pénibles dans les faits que femmes de ménage ou hommes de ménage. Et ça me rend dingue, parce que nous sommes dans une société, non seulement qui ne nuance pas, c'est du mensonge. ne pas utiliser volontairement un mot pour cacher une réalité, plutôt que de nommer cette réalité et d'essayer de l'améliorer, si toutefois elle est améliorable. Ça, je trouve que c'est la grande tristesse de notre siècle. Une fois qu'on a dit ça, qu'est-ce qu'on a dit ? On a dit que dans la société, au sens de la société générale dans laquelle on vit, dans laquelle on évolue, et dans la société au sens de l'entreprise à laquelle on contribue, nous sommes tous... enclin à ne pas nommer la réalité parce qu'on a le sentiment qu'en cachant sous le tapis, qu'en mettant des petites paillettes, qu'en mettant un voile devant, on va changer les faits. Or, ça n'est pas le cas. L'être humain n'est pas débile. Beaucoup des conflits en entreprise viennent du fait qu'on a essayé de nier une réalité en lui mettant des mots tout à fait erronés. Et on va faire un podcast au sujet des mots de la RH qui essayent de camoufler plus qu'ils n'assument et des effets délétères que ça peut avoir. Aujourd'hui, être linguiste punk, être humain punk, c'est juste demander à ce qu'on nous fasse assez confiance en tant qu'adulte pour nommer la réalité avec justesse. De manière à ce qu'on puisse la vivre en pleine conscience et en vraie adéquation entre ce qu'on voit, ce qu'on pense et ce qu'on entend. Si ce n'est pas le cas, ça crée des dissonances cognitives et ces dissonances cognitives seront également l'objet d'un épisode du podcast parce que ce n'est jamais le mot le problème, ce n'est jamais le mot le problème et ça n'est jamais le mot la solution non plus. Même si j'adorerais en tant que linguiste, que les mots soient la solution à tout, ce n'est pas vrai. Ce qui est la solution, c'est l'honnêteté, c'est l'authenticité, c'est parfois le courage, parce que pour nommer correctement une situation, c'est souvent un acte de grand courage, d'oser dire. Pour tous les gens ici qui nous écoutent, qui ont des familles dysfonctionnelles, c'est souvent ce qui fait de nous le vilain petit canard de la famille, d'être celui qui ose nommer les manquements. les douleurs, les petites trahisons, ce genre de choses. Et tout ça, finalement, ça n'est que de l'humanité. Aujourd'hui, être punk, je crois que c'est simplement redemander son propre droit à l'humanité, à l'erreur, à l'emportement et à la juste réalité dans laquelle on évolue. Et je vais profiter de ce podcast pour lancer un projet auquel je tiens beaucoup et depuis longtemps, et sur lequel je me suis penchée, mais sans oser encore aller au bout, et je vais aller au bout. (Je viens de me lancer le défi à moi-même, comme ça s'est fait.) Aujourd'hui, dans ma vie personnelle, comme beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes de plus de 40 ans, ou d'êtres humains adultes, tout simplement, je vis ce qu'on appelle une famille recomposée. il y a des endroits dans lesquels la société peut créer des mots. On a des néologismes absolument dans tout. Parce que ce qui n'est pas nommé n'existe pas. Donc si je crée un nouvel outil, notamment digital, un nouvel outil informatique, il faut bien que je le nomme puisqu'il n'existait pas avant et que maintenant il existe. Tous les ans, on entre de nouveaux mots dans le dictionnaire. Donc ce qui n'est pas nommé n'existe pas. Tout ce qui est nouveau a besoin d'un nom. Et l'endroit dans lequel on n'a jamais nommé, volontairement à mon avis, mais alors là on peut en débattre, c'est dans le cadre notamment de la famille recomposée, la notion de belle-mère. Aujourd'hui, dans tous les pays d'Europe, je ne vais pas regarder partout dans le monde, mais j'ai fait une vraie étude dans tous les pays d'Europe, la belle-mère, la mère du mari, et la belle-mère, la nouvelle femme du papa, ont des noms différents. En Italie, il y a deux noms différents. En Espagne, il y a deux noms différents. En Angleterre, il y a deux noms différents. Dans l'intégralité du monde, il y a deux noms différents, mais pas en France. Parce que peut-être nos origines judéo-chrétiennes estiment que ce n'est pas une vraie place dans la famille, je ne sais pas. Mais en tout cas, une chose est sûre, aujourd'hui, on est capable de créer une écriture inclusive excluante et on n'est pas capable de trouver un mot différent pour nommer cette femme qui arrive dans la famille et qui va, de toutes les manières, avoir une interaction avec des enfants qui ne sont pas les siens. Et je trouve ça, par exemple, d'une grande violence humaine que de ne pas avoir pensé qu'il était important qu'elle ait un nom. Ça donne une vraie signification, une vraie représentation de ce qu'on en pense quand même et de l'importance qu'on lui donne. Si aujourd'hui, on a été capable d'inventer des mots pour tout, n'importe quoi, les applis de rencontre, les machins, les bidules. Chaque jour, il y a de nouveaux mots qui sortent. Moi, mes gosses, la moitié du temps, quand ils me parlent, je n'ai pas la ref, je ne connais pas le mot dont ils vont me parler. Mais eux, ils l'ont. Pourquoi est-ce qu'il y a eu une omerta sur ce mot-là, par exemple ? Eh bien ça, précisément, ça vient étayer le propos. Alors moi, en temps normal, j'interviens dans l'entreprise et là, on sort du cadre de l'entreprise. Mais malgré tout, je trouve que c'est un très bon exemple du fait de dire le mot... crée la réalité, le mot nomme la réalité, et soit il est juste, et auquel cas c'est sublime, soit il est menteur, auquel cas on crée de la dissonance, soit il n'est pas là. Et ça, ça veut dire qu'on nous nie. Et je trouve ça d'une grande violence, que ce soit de nier une réalité ou d'essayer de la transformer, de la faire rentrer dans d'autres cases pour la rendre socialement acceptable. Donc, la linguistique punk, finalement, c'est quoi ? On va essayer de conclure après 20 minutes d'agacement. La linguistique punk, c'est oser avoir le courage de la justesse et de la justice. Alors si vous aussi, vous êtes des punks de la linguistique et du monde en général, et que vous avez envie de militer pour le juste mot, pour le fait de dire que la réalité, ce n'est pas très grave, il vaut mieux essayer de la nommer correctement que de la transformer avec des petites paillettes inefficaces, rejoignez le mouvement, contactez-nous sur notre page LinkedIn, sur notre site internet. Et je vais lancer le mouvement "Belle Maman" pour essayer de trouver un mot pour toutes ces femmes qui s'occupent avec beaucoup d'amour des enfants qui ne sont pas les leurs et qui méritent d'être nommées à leur juste valeur.

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Description

Être punk, c'est simplement redemander son propre droit à l'humanité, à l'erreur, à l'emportement et à la juste réalité dans laquelle on évolue. Réclamons, en tant que société, notre droit à l'honnêteté : nommer avec des paillettes ne changera pas la réalité. Ce qui peut tout changer c’est nommer avec justesse.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, être punk, je crois que c'est simplement redemander son propre droit à l'humanité, à l'erreur, à l'emportement et à la juste réalité dans laquelle on évolue. Bonjour, je m'appelle Sonia Vignon, je suis linguiste spécialiste en rhétorique et en sémantique. J'ai travaillé en France, au Canada, et j'ai rencontré tellement de gens merveilleux qui avaient un rapport au mot et à la langue différent, que je me suis rendue compte que c'est ce qui faisait notre singularité et notre humanité. Je me définis comme une linguiste punk. Plein de raisons, déjà, parce que ça me fait rire, et que globalement, si ça me fait rire, je suis pour. Et surtout parce que, pour moi, les punks, alors, outre les cheveux roses que je n'ai pas encore adoptés, c'était des gens qui refusaient l'ordre établi, et qui refusaient le "on a toujours fait comme ça". Évidemment, ils avaient aussi un talent pour la musique, que bon, j'ai pas. Mais c'est ça que je m'approprie un tout petit peu, à mon petit niveau, quand je dis que je suis une linguiste punk, c'est qu'en fait, j'aime... penser autrement, pas pour penser autrement, mais pour ne pas m'encrouter dans une espèce de vision un peu dogmatique de la vie et de la linguistique. Chacun aujourd'hui a sa propre vision de ses prises de parole, de son écriture, de ses mots, de son rapport aux autres et j'aime beaucoup l'idée de dire "viens on est tous comme on est et on assume ça pleinement" et ça va faire des échanges super chouettes et super vraie qui va transformer notre société et la rendre beaucoup plus humaine, beaucoup plus accueillante. Et pour le coup, on va peut-être un peu se marrer. Ça, ce serait ma vision de la linguistique. Les mots sont ce qui peut nous unir et nous réjouir tous ensemble. Preuve en est l'humour quand même, les jeux de mots, les calembours et même les carambars. Donc, la linguistique punk, c'est refuser les éléments de langage tout fait, très conventionnels, très institutionnels. Et c'est se souvenir que la langue fait le groupe. Preuve en est, t'as la ref, si t'as pas la ref, t'es pas dans le groupe. Ça veut dire que si t'as pas la ref, t'es un petit peu nul quand même. Donc, j'aime l'idée qu'on puisse créer une unité par les mots et que celle qu'on nous impose, avec des trucs genre : "on va se faire un call asap", on a le droit de dire que c'est de la merde et qu'on va se faire un appel bientôt. Et ça sera très bien comme ça. J'adore questionner certains mots qu'on nous a balancés comme ça en nous expliquant que c'était une réalité absolument non négociable. Sauf que moi, je suis le GIGN et c'est moi que je décide est-ce que c'est négociable ou est-ce que ce n'est pas négociable. Dans les mots vraiment qui m'exaspèrent en ce moment, il y a l'écriture inclusive. Alors, la linguiste dirait l'écriture inclusive est un non-sens. La linguiste punk que je suis dit souvent l'écriture inclusive, c'est de la merde. Et ce n'est pas très nuancé pour le coup, mais il n'empêche que c'est de la merde. Parce que, premièrement, l'écriture et la langue, en général, n'a jamais évolué en se complexifiant. L'être humain est une grosse feignasse et l'être humain n'a jamais complexifié la langue. On a toujours... toujours fonctionner en simplification. Sinon, on serait tous encore en train de faire des désignances et de parler latin et ce n'est pas du tout le cas. Donc, on simplifie la langue parce qu'à force de la prononcer et de parler vite, on avale les syllabes, on les transforme. La langue, par définition, c'est vivant et quand une langue est morte, c'est le latin et en l'occurrence, on ne le parle plus. Donc, ceci étant posé, pourquoi est-ce que l'écriture inclusive, c'est de la merde ? Parce que inclusif, l à, à ce moment-là, c'est un abus de langage. L'écriture inclusive n'inclut personne. Premièrement, parce qu'elle complexifie, alors qu'on ne peut pas complexifier une langue, c'est impossible si on veut qu'elle se transmette. Deuxièmement, parce qu'elle exclut de fait tous les dis. En neuro, il a été prouvé que les dyslexiques, dysorthographiques, l'intégralité des dix sont en incapacité de lire le point médian et de lire l'écriture inclusive. À quel moment donc on inclut qui que ce soit en créant une graphie de toute pièce, parce que ce n'est pas une évolution de la langue, c'est une création de l'humain, donc déjà c'est un non-sens intellectuel, qui va exclure une très grande partie de la population qui n'est pas en capacité de son cerveau, de lire, d'analyser, de comprendre ce point ? De la même manière que les étrangers ne sont pas en capacité. On exclut un nombre de personnes hallucinant. Donc, ça c'est important. Et surtout, si vous voulez des mots qui soient à la fois masculins et féminins, ça existe. Et là, je vais redire un gros mot, ça existe, bordel. Ça s'appelle des mots épicènes, et les mots épicènes sont à la fois masculins et féminins. Donc si vraiment vous voulez revenir à un langage qui ne soit pas genré, utilisez quelque chose qui existe déjà, à savoir les mots épicène comme ensemble. Et juste pour la petite anecdote, parce que ça m'a fait beaucoup rire, j'ai vu il n'y a pas longtemps dans un tract, tout tout.e.s, déjà c'était compliqué, ensemble, ensemble, bl.e. Et là, tu te dis, je crois qu'ils n'ont pas compris le principe de l'écriture inclusive qu'ils sont eux-mêmes en train d'utiliser. Donc en fait, que l'on veuille harmoniser la langue, que l'on refuse le patriarcat, qu'on ait des convictions, pourquoi pas, et ce n'est pas le sujet aujourd'hui du podcast, mais pour ça, il y a déjà des choses qui existent. Pourquoi ajouter une complexité qui va perdre beaucoup de gens, les rendre en incompétence et les exclure ? Le problème en plus de ce genre de choses, c'est que ça devient un phénomène, en l'occurrence un phénomène de mode, mais pas que. C'est-à-dire que c'est devenu un phénomène de société et qu'il y avait quelque chose de l'ordre du féminisme, de l'ordre de l'engagement, à utiliser l'écriture inclusive. Mais la linguiste en moi peut comprendre l'engagement, mais dit que ça n'est pas la bonne arme. Vous n'utilisez pas la bonne arme, c'est vraiment... aller faire la guerre avec des barbes à papa. Enfin, quel est le rapport entre vos deux trucs là ? Ça ne marche pas. Et donc, utiliser parce que ça fait bien, parce que t'as la ref, parce que ça fait de nous des gens RSE, je ne sais pas quoi, inclusifs, parce qu'on bosse dans l'humanitaire et qu'on veut que toutes les femmes se sentent les bienvenues. Mais est-ce qu'il n'y a pas une manière plus honnête de faire se sentir bienvenue les femmes que de mettre un point ? Sincèrement, est-ce qu'on peut pas envisager une société plus équitariste ? Alors le mot n'existe pas, je l'ai inventé, mais moi je l'aime bien. Ou en tout cas une société d'équité, une société qui réellement ferait des hommes et des femmes, des gens de même importance dans les faits, plutôt que d'essayer de masquer le fait que ça n'existe pas, avec l'élément de langage sorti de nulle part, imposé, dogmatique, débile. Ça m'énerve l'écriture inclusive, vraiment, ça me monte en l'air. Parce que j'aurais préféré qu'on trouve dans le langage des mots déjà existants et qu'on valorise le fait qu'ils soient épicènes. J'aurais préféré qu'on tourne les phrases, qu'on les module, qu'on assemble les mots différemment, créer un sens nouveau plutôt que d'essayer... d'imposer à une grande partie de la population quelque chose qu'elle n'est pas en capacité neuronale et cérébrale de traiter, ce qui la met en défiance. Et je ne vois pas comment on peut inclure en excluant dans les faits. C'est vraiment quelque chose qui est pour moi très compliqué. Ce sont les mots qui masquent la réalité. Alors qu'on pourrait essayer de trouver ensemble des mots pour nommer justement la réalité. Et ça, ça fait vraiment partie du mensonge sociétal actuel. Tant qu'on ne traitera pas les petits garçons et les petites filles de la même manière, tant qu'on n'aura pas en CE2, c'est des vraies statistiques, une déperdition très forte des petites filles qui envisagent des études scientifiques. Parce qu'à partir du CE2, que ce soit les enseignants, les parents, la société, sans le faire exprès, utilisent des mots qui vont valoriser les sciences chez les garçons et qui vont les rendre difficiles pour les filles. "Ah, t'as pas compris tes exercices de maths ? Bah c'est normal, t'es une fille, c'est pas grave." Mais en fait, à partir du moment où on fait ça, on est à ce moment-là en train de créer la dissonance. C'est pas derrière, en me mettant un point E, point S, point je sais pas quoi, qu'on va rendre la chose moins réelle. Pour moi, aujourd'hui, la vraie punkitude, c'est d'oser nommer le fait que changer les mots pour les rendre jolis ne change pas la réalité. Oser nommer avec justesse la réalité peut la changer. Là où on peut avoir tout plein d'exemples, c'est hôtesse de caisse. Alors, est-ce que le jour où on a appelé les caissières hôtesses de caisse, on leur a donné un meilleur salaire, de meilleures conditions de travail, on a demandé aux clients de leur dire bonjour, merci, au revoir, on a imposé une politesse, on a remis du respect ? Je ne suis pas sûre, en fait. Donc, à quel moment changer le mot va changer la réalité ? Jamais. Et c'est ça, ma punkitude à moi. C'est d'oser nommer le fait que ce n'est pas parce que vous utilisez des mots que vous trouvez mignons, jolis, chouchounais, que vous changez la réalité dégueulasse qu'il y a derrière. Et donc, je préférerais qu'on mette bien au clair les clients en leur disant une hôtesse de caisse est un être humain et on va lui dire bonjour, on va lui dire merci, on va la regarder dans les yeux, on va lui tendre sa carte bleue, on va pas lui jeter à la gueule. Et si possible, on va pas être au téléphone quand on passe en caisse, ce qui me semble à moi des règles de base d'humanité. Plutôt que dire on va les appeler des hôtesses de caisse, ça sera plus valorisant. à quel moment elles se sentent plus valorisées en fait. Donc moi j'aurais préféré qu'elles gardent leur nom de caissière, parce qu'en plus pour le coup je ne vois pas ce qu'il y a de mal à être caissière, et qu'on apprenne aux clients le respect de base d'être humain à être humain. Qu'on explique à des gens qui sont censés être des adultes responsables, qu'on dit bonjour, on dit merci, on dit s'il vous plaît, on regarde les gens dans les yeux quand on passe en caisse, et si possible on raccroche le téléphone. Aujourd'hui, hôtesse de caisse, c'est pas du tout... avoir valorisé un métier qui est très enclin tous les jours à se faire manquer de respect. Et ça, je suis navrée, mais c'est vraiment la dissonance majeure. Et l'écriture inclusive, c'est la même chose. Et personne de petite taille, c'est la même chose. Et tout ce qui tourne autour du fait de travestir la réalité par la langue, c'est la même chose. Donc là, pour le coup, je suis moi-même pas tellement nuancée, on va pas se mentir, et un tout petit peu agacée, mais... parce que je trouve que c'est une grande violence que de nier la réalité en la nommant différemment. Et c'est vraiment quelque chose qui fait beaucoup de mal dans la société actuelle. Nommer avec des paillettes quelque chose qui est triste, qui est moche, ça n'est pas transformer cette réalité triste et moche, c'est simplement couvrir, mettre un paravent, mettre un filtre. On est en train de transformer le monde en Instagram. C'est plus joli dans l'image que dans la réalité. Je peux aujourd'hui, moi, dire des gros mots. Il paraît, j'ai une étude géniale là-dessus, qui dit que c'est une preuve de grande intelligence, et donc j'ai envie de me dire que je suis très intelligente. Mais je peux aujourd'hui dire des gros mots de façon consciente et assumée parce que le sujet me heurte et parce que je vais choisir dans un panel de 15 mots différents celui qui me semble le plus en adéquation avec mon émotion du moment, et en l'occurrence, là, pour le coup, un gros mot. Pourquoi est-ce qu'on interdit le gros mot ? Le gros mot en lui-même, il n'est pas grave, si vraiment à ce moment-là, l'émotion est à ce point-là en haut. Le truc, c'est simplement, est-ce que c'est en adéquation avec la réalité ? Donc quand je disais dans l'épisode précédent qu'il faut être nuancé, qu'il faut faire attention à l'autre, eh bien c'est aussi accepter de dire des gros mots, c'est aussi accepter que quand l'autre est vraiment en train de faire quelque chose de pas ok, on peut le dire, on peut le nommer, on a le droit d'être en... colère, on a le droit de dire, il y a des métiers aujourd'hui qui sont des métiers de grande pécarité et je suis navrée, mais de les transformer par le langage ne transforme pas leur pénibilité. Et je ne suis pas persuadée que "techniciens de surface" soient moins pénibles dans les faits que femmes de ménage ou hommes de ménage. Et ça me rend dingue, parce que nous sommes dans une société, non seulement qui ne nuance pas, c'est du mensonge. ne pas utiliser volontairement un mot pour cacher une réalité, plutôt que de nommer cette réalité et d'essayer de l'améliorer, si toutefois elle est améliorable. Ça, je trouve que c'est la grande tristesse de notre siècle. Une fois qu'on a dit ça, qu'est-ce qu'on a dit ? On a dit que dans la société, au sens de la société générale dans laquelle on vit, dans laquelle on évolue, et dans la société au sens de l'entreprise à laquelle on contribue, nous sommes tous... enclin à ne pas nommer la réalité parce qu'on a le sentiment qu'en cachant sous le tapis, qu'en mettant des petites paillettes, qu'en mettant un voile devant, on va changer les faits. Or, ça n'est pas le cas. L'être humain n'est pas débile. Beaucoup des conflits en entreprise viennent du fait qu'on a essayé de nier une réalité en lui mettant des mots tout à fait erronés. Et on va faire un podcast au sujet des mots de la RH qui essayent de camoufler plus qu'ils n'assument et des effets délétères que ça peut avoir. Aujourd'hui, être linguiste punk, être humain punk, c'est juste demander à ce qu'on nous fasse assez confiance en tant qu'adulte pour nommer la réalité avec justesse. De manière à ce qu'on puisse la vivre en pleine conscience et en vraie adéquation entre ce qu'on voit, ce qu'on pense et ce qu'on entend. Si ce n'est pas le cas, ça crée des dissonances cognitives et ces dissonances cognitives seront également l'objet d'un épisode du podcast parce que ce n'est jamais le mot le problème, ce n'est jamais le mot le problème et ça n'est jamais le mot la solution non plus. Même si j'adorerais en tant que linguiste, que les mots soient la solution à tout, ce n'est pas vrai. Ce qui est la solution, c'est l'honnêteté, c'est l'authenticité, c'est parfois le courage, parce que pour nommer correctement une situation, c'est souvent un acte de grand courage, d'oser dire. Pour tous les gens ici qui nous écoutent, qui ont des familles dysfonctionnelles, c'est souvent ce qui fait de nous le vilain petit canard de la famille, d'être celui qui ose nommer les manquements. les douleurs, les petites trahisons, ce genre de choses. Et tout ça, finalement, ça n'est que de l'humanité. Aujourd'hui, être punk, je crois que c'est simplement redemander son propre droit à l'humanité, à l'erreur, à l'emportement et à la juste réalité dans laquelle on évolue. Et je vais profiter de ce podcast pour lancer un projet auquel je tiens beaucoup et depuis longtemps, et sur lequel je me suis penchée, mais sans oser encore aller au bout, et je vais aller au bout. (Je viens de me lancer le défi à moi-même, comme ça s'est fait.) Aujourd'hui, dans ma vie personnelle, comme beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes de plus de 40 ans, ou d'êtres humains adultes, tout simplement, je vis ce qu'on appelle une famille recomposée. il y a des endroits dans lesquels la société peut créer des mots. On a des néologismes absolument dans tout. Parce que ce qui n'est pas nommé n'existe pas. Donc si je crée un nouvel outil, notamment digital, un nouvel outil informatique, il faut bien que je le nomme puisqu'il n'existait pas avant et que maintenant il existe. Tous les ans, on entre de nouveaux mots dans le dictionnaire. Donc ce qui n'est pas nommé n'existe pas. Tout ce qui est nouveau a besoin d'un nom. Et l'endroit dans lequel on n'a jamais nommé, volontairement à mon avis, mais alors là on peut en débattre, c'est dans le cadre notamment de la famille recomposée, la notion de belle-mère. Aujourd'hui, dans tous les pays d'Europe, je ne vais pas regarder partout dans le monde, mais j'ai fait une vraie étude dans tous les pays d'Europe, la belle-mère, la mère du mari, et la belle-mère, la nouvelle femme du papa, ont des noms différents. En Italie, il y a deux noms différents. En Espagne, il y a deux noms différents. En Angleterre, il y a deux noms différents. Dans l'intégralité du monde, il y a deux noms différents, mais pas en France. Parce que peut-être nos origines judéo-chrétiennes estiment que ce n'est pas une vraie place dans la famille, je ne sais pas. Mais en tout cas, une chose est sûre, aujourd'hui, on est capable de créer une écriture inclusive excluante et on n'est pas capable de trouver un mot différent pour nommer cette femme qui arrive dans la famille et qui va, de toutes les manières, avoir une interaction avec des enfants qui ne sont pas les siens. Et je trouve ça, par exemple, d'une grande violence humaine que de ne pas avoir pensé qu'il était important qu'elle ait un nom. Ça donne une vraie signification, une vraie représentation de ce qu'on en pense quand même et de l'importance qu'on lui donne. Si aujourd'hui, on a été capable d'inventer des mots pour tout, n'importe quoi, les applis de rencontre, les machins, les bidules. Chaque jour, il y a de nouveaux mots qui sortent. Moi, mes gosses, la moitié du temps, quand ils me parlent, je n'ai pas la ref, je ne connais pas le mot dont ils vont me parler. Mais eux, ils l'ont. Pourquoi est-ce qu'il y a eu une omerta sur ce mot-là, par exemple ? Eh bien ça, précisément, ça vient étayer le propos. Alors moi, en temps normal, j'interviens dans l'entreprise et là, on sort du cadre de l'entreprise. Mais malgré tout, je trouve que c'est un très bon exemple du fait de dire le mot... crée la réalité, le mot nomme la réalité, et soit il est juste, et auquel cas c'est sublime, soit il est menteur, auquel cas on crée de la dissonance, soit il n'est pas là. Et ça, ça veut dire qu'on nous nie. Et je trouve ça d'une grande violence, que ce soit de nier une réalité ou d'essayer de la transformer, de la faire rentrer dans d'autres cases pour la rendre socialement acceptable. Donc, la linguistique punk, finalement, c'est quoi ? On va essayer de conclure après 20 minutes d'agacement. La linguistique punk, c'est oser avoir le courage de la justesse et de la justice. Alors si vous aussi, vous êtes des punks de la linguistique et du monde en général, et que vous avez envie de militer pour le juste mot, pour le fait de dire que la réalité, ce n'est pas très grave, il vaut mieux essayer de la nommer correctement que de la transformer avec des petites paillettes inefficaces, rejoignez le mouvement, contactez-nous sur notre page LinkedIn, sur notre site internet. Et je vais lancer le mouvement "Belle Maman" pour essayer de trouver un mot pour toutes ces femmes qui s'occupent avec beaucoup d'amour des enfants qui ne sont pas les leurs et qui méritent d'être nommées à leur juste valeur.

Description

Être punk, c'est simplement redemander son propre droit à l'humanité, à l'erreur, à l'emportement et à la juste réalité dans laquelle on évolue. Réclamons, en tant que société, notre droit à l'honnêteté : nommer avec des paillettes ne changera pas la réalité. Ce qui peut tout changer c’est nommer avec justesse.


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    Aujourd'hui, être punk, je crois que c'est simplement redemander son propre droit à l'humanité, à l'erreur, à l'emportement et à la juste réalité dans laquelle on évolue. Bonjour, je m'appelle Sonia Vignon, je suis linguiste spécialiste en rhétorique et en sémantique. J'ai travaillé en France, au Canada, et j'ai rencontré tellement de gens merveilleux qui avaient un rapport au mot et à la langue différent, que je me suis rendue compte que c'est ce qui faisait notre singularité et notre humanité. Je me définis comme une linguiste punk. Plein de raisons, déjà, parce que ça me fait rire, et que globalement, si ça me fait rire, je suis pour. Et surtout parce que, pour moi, les punks, alors, outre les cheveux roses que je n'ai pas encore adoptés, c'était des gens qui refusaient l'ordre établi, et qui refusaient le "on a toujours fait comme ça". Évidemment, ils avaient aussi un talent pour la musique, que bon, j'ai pas. Mais c'est ça que je m'approprie un tout petit peu, à mon petit niveau, quand je dis que je suis une linguiste punk, c'est qu'en fait, j'aime... penser autrement, pas pour penser autrement, mais pour ne pas m'encrouter dans une espèce de vision un peu dogmatique de la vie et de la linguistique. Chacun aujourd'hui a sa propre vision de ses prises de parole, de son écriture, de ses mots, de son rapport aux autres et j'aime beaucoup l'idée de dire "viens on est tous comme on est et on assume ça pleinement" et ça va faire des échanges super chouettes et super vraie qui va transformer notre société et la rendre beaucoup plus humaine, beaucoup plus accueillante. Et pour le coup, on va peut-être un peu se marrer. Ça, ce serait ma vision de la linguistique. Les mots sont ce qui peut nous unir et nous réjouir tous ensemble. Preuve en est l'humour quand même, les jeux de mots, les calembours et même les carambars. Donc, la linguistique punk, c'est refuser les éléments de langage tout fait, très conventionnels, très institutionnels. Et c'est se souvenir que la langue fait le groupe. Preuve en est, t'as la ref, si t'as pas la ref, t'es pas dans le groupe. Ça veut dire que si t'as pas la ref, t'es un petit peu nul quand même. Donc, j'aime l'idée qu'on puisse créer une unité par les mots et que celle qu'on nous impose, avec des trucs genre : "on va se faire un call asap", on a le droit de dire que c'est de la merde et qu'on va se faire un appel bientôt. Et ça sera très bien comme ça. J'adore questionner certains mots qu'on nous a balancés comme ça en nous expliquant que c'était une réalité absolument non négociable. Sauf que moi, je suis le GIGN et c'est moi que je décide est-ce que c'est négociable ou est-ce que ce n'est pas négociable. Dans les mots vraiment qui m'exaspèrent en ce moment, il y a l'écriture inclusive. Alors, la linguiste dirait l'écriture inclusive est un non-sens. La linguiste punk que je suis dit souvent l'écriture inclusive, c'est de la merde. Et ce n'est pas très nuancé pour le coup, mais il n'empêche que c'est de la merde. Parce que, premièrement, l'écriture et la langue, en général, n'a jamais évolué en se complexifiant. L'être humain est une grosse feignasse et l'être humain n'a jamais complexifié la langue. On a toujours... toujours fonctionner en simplification. Sinon, on serait tous encore en train de faire des désignances et de parler latin et ce n'est pas du tout le cas. Donc, on simplifie la langue parce qu'à force de la prononcer et de parler vite, on avale les syllabes, on les transforme. La langue, par définition, c'est vivant et quand une langue est morte, c'est le latin et en l'occurrence, on ne le parle plus. Donc, ceci étant posé, pourquoi est-ce que l'écriture inclusive, c'est de la merde ? Parce que inclusif, l à, à ce moment-là, c'est un abus de langage. L'écriture inclusive n'inclut personne. Premièrement, parce qu'elle complexifie, alors qu'on ne peut pas complexifier une langue, c'est impossible si on veut qu'elle se transmette. Deuxièmement, parce qu'elle exclut de fait tous les dis. En neuro, il a été prouvé que les dyslexiques, dysorthographiques, l'intégralité des dix sont en incapacité de lire le point médian et de lire l'écriture inclusive. À quel moment donc on inclut qui que ce soit en créant une graphie de toute pièce, parce que ce n'est pas une évolution de la langue, c'est une création de l'humain, donc déjà c'est un non-sens intellectuel, qui va exclure une très grande partie de la population qui n'est pas en capacité de son cerveau, de lire, d'analyser, de comprendre ce point ? De la même manière que les étrangers ne sont pas en capacité. On exclut un nombre de personnes hallucinant. Donc, ça c'est important. Et surtout, si vous voulez des mots qui soient à la fois masculins et féminins, ça existe. Et là, je vais redire un gros mot, ça existe, bordel. Ça s'appelle des mots épicènes, et les mots épicènes sont à la fois masculins et féminins. Donc si vraiment vous voulez revenir à un langage qui ne soit pas genré, utilisez quelque chose qui existe déjà, à savoir les mots épicène comme ensemble. Et juste pour la petite anecdote, parce que ça m'a fait beaucoup rire, j'ai vu il n'y a pas longtemps dans un tract, tout tout.e.s, déjà c'était compliqué, ensemble, ensemble, bl.e. Et là, tu te dis, je crois qu'ils n'ont pas compris le principe de l'écriture inclusive qu'ils sont eux-mêmes en train d'utiliser. Donc en fait, que l'on veuille harmoniser la langue, que l'on refuse le patriarcat, qu'on ait des convictions, pourquoi pas, et ce n'est pas le sujet aujourd'hui du podcast, mais pour ça, il y a déjà des choses qui existent. Pourquoi ajouter une complexité qui va perdre beaucoup de gens, les rendre en incompétence et les exclure ? Le problème en plus de ce genre de choses, c'est que ça devient un phénomène, en l'occurrence un phénomène de mode, mais pas que. C'est-à-dire que c'est devenu un phénomène de société et qu'il y avait quelque chose de l'ordre du féminisme, de l'ordre de l'engagement, à utiliser l'écriture inclusive. Mais la linguiste en moi peut comprendre l'engagement, mais dit que ça n'est pas la bonne arme. Vous n'utilisez pas la bonne arme, c'est vraiment... aller faire la guerre avec des barbes à papa. Enfin, quel est le rapport entre vos deux trucs là ? Ça ne marche pas. Et donc, utiliser parce que ça fait bien, parce que t'as la ref, parce que ça fait de nous des gens RSE, je ne sais pas quoi, inclusifs, parce qu'on bosse dans l'humanitaire et qu'on veut que toutes les femmes se sentent les bienvenues. Mais est-ce qu'il n'y a pas une manière plus honnête de faire se sentir bienvenue les femmes que de mettre un point ? Sincèrement, est-ce qu'on peut pas envisager une société plus équitariste ? Alors le mot n'existe pas, je l'ai inventé, mais moi je l'aime bien. Ou en tout cas une société d'équité, une société qui réellement ferait des hommes et des femmes, des gens de même importance dans les faits, plutôt que d'essayer de masquer le fait que ça n'existe pas, avec l'élément de langage sorti de nulle part, imposé, dogmatique, débile. Ça m'énerve l'écriture inclusive, vraiment, ça me monte en l'air. Parce que j'aurais préféré qu'on trouve dans le langage des mots déjà existants et qu'on valorise le fait qu'ils soient épicènes. J'aurais préféré qu'on tourne les phrases, qu'on les module, qu'on assemble les mots différemment, créer un sens nouveau plutôt que d'essayer... d'imposer à une grande partie de la population quelque chose qu'elle n'est pas en capacité neuronale et cérébrale de traiter, ce qui la met en défiance. Et je ne vois pas comment on peut inclure en excluant dans les faits. C'est vraiment quelque chose qui est pour moi très compliqué. Ce sont les mots qui masquent la réalité. Alors qu'on pourrait essayer de trouver ensemble des mots pour nommer justement la réalité. Et ça, ça fait vraiment partie du mensonge sociétal actuel. Tant qu'on ne traitera pas les petits garçons et les petites filles de la même manière, tant qu'on n'aura pas en CE2, c'est des vraies statistiques, une déperdition très forte des petites filles qui envisagent des études scientifiques. Parce qu'à partir du CE2, que ce soit les enseignants, les parents, la société, sans le faire exprès, utilisent des mots qui vont valoriser les sciences chez les garçons et qui vont les rendre difficiles pour les filles. "Ah, t'as pas compris tes exercices de maths ? Bah c'est normal, t'es une fille, c'est pas grave." Mais en fait, à partir du moment où on fait ça, on est à ce moment-là en train de créer la dissonance. C'est pas derrière, en me mettant un point E, point S, point je sais pas quoi, qu'on va rendre la chose moins réelle. Pour moi, aujourd'hui, la vraie punkitude, c'est d'oser nommer le fait que changer les mots pour les rendre jolis ne change pas la réalité. Oser nommer avec justesse la réalité peut la changer. Là où on peut avoir tout plein d'exemples, c'est hôtesse de caisse. Alors, est-ce que le jour où on a appelé les caissières hôtesses de caisse, on leur a donné un meilleur salaire, de meilleures conditions de travail, on a demandé aux clients de leur dire bonjour, merci, au revoir, on a imposé une politesse, on a remis du respect ? Je ne suis pas sûre, en fait. Donc, à quel moment changer le mot va changer la réalité ? Jamais. Et c'est ça, ma punkitude à moi. C'est d'oser nommer le fait que ce n'est pas parce que vous utilisez des mots que vous trouvez mignons, jolis, chouchounais, que vous changez la réalité dégueulasse qu'il y a derrière. Et donc, je préférerais qu'on mette bien au clair les clients en leur disant une hôtesse de caisse est un être humain et on va lui dire bonjour, on va lui dire merci, on va la regarder dans les yeux, on va lui tendre sa carte bleue, on va pas lui jeter à la gueule. Et si possible, on va pas être au téléphone quand on passe en caisse, ce qui me semble à moi des règles de base d'humanité. Plutôt que dire on va les appeler des hôtesses de caisse, ça sera plus valorisant. à quel moment elles se sentent plus valorisées en fait. Donc moi j'aurais préféré qu'elles gardent leur nom de caissière, parce qu'en plus pour le coup je ne vois pas ce qu'il y a de mal à être caissière, et qu'on apprenne aux clients le respect de base d'être humain à être humain. Qu'on explique à des gens qui sont censés être des adultes responsables, qu'on dit bonjour, on dit merci, on dit s'il vous plaît, on regarde les gens dans les yeux quand on passe en caisse, et si possible on raccroche le téléphone. Aujourd'hui, hôtesse de caisse, c'est pas du tout... avoir valorisé un métier qui est très enclin tous les jours à se faire manquer de respect. Et ça, je suis navrée, mais c'est vraiment la dissonance majeure. Et l'écriture inclusive, c'est la même chose. Et personne de petite taille, c'est la même chose. Et tout ce qui tourne autour du fait de travestir la réalité par la langue, c'est la même chose. Donc là, pour le coup, je suis moi-même pas tellement nuancée, on va pas se mentir, et un tout petit peu agacée, mais... parce que je trouve que c'est une grande violence que de nier la réalité en la nommant différemment. Et c'est vraiment quelque chose qui fait beaucoup de mal dans la société actuelle. Nommer avec des paillettes quelque chose qui est triste, qui est moche, ça n'est pas transformer cette réalité triste et moche, c'est simplement couvrir, mettre un paravent, mettre un filtre. On est en train de transformer le monde en Instagram. C'est plus joli dans l'image que dans la réalité. Je peux aujourd'hui, moi, dire des gros mots. Il paraît, j'ai une étude géniale là-dessus, qui dit que c'est une preuve de grande intelligence, et donc j'ai envie de me dire que je suis très intelligente. Mais je peux aujourd'hui dire des gros mots de façon consciente et assumée parce que le sujet me heurte et parce que je vais choisir dans un panel de 15 mots différents celui qui me semble le plus en adéquation avec mon émotion du moment, et en l'occurrence, là, pour le coup, un gros mot. Pourquoi est-ce qu'on interdit le gros mot ? Le gros mot en lui-même, il n'est pas grave, si vraiment à ce moment-là, l'émotion est à ce point-là en haut. Le truc, c'est simplement, est-ce que c'est en adéquation avec la réalité ? Donc quand je disais dans l'épisode précédent qu'il faut être nuancé, qu'il faut faire attention à l'autre, eh bien c'est aussi accepter de dire des gros mots, c'est aussi accepter que quand l'autre est vraiment en train de faire quelque chose de pas ok, on peut le dire, on peut le nommer, on a le droit d'être en... colère, on a le droit de dire, il y a des métiers aujourd'hui qui sont des métiers de grande pécarité et je suis navrée, mais de les transformer par le langage ne transforme pas leur pénibilité. Et je ne suis pas persuadée que "techniciens de surface" soient moins pénibles dans les faits que femmes de ménage ou hommes de ménage. Et ça me rend dingue, parce que nous sommes dans une société, non seulement qui ne nuance pas, c'est du mensonge. ne pas utiliser volontairement un mot pour cacher une réalité, plutôt que de nommer cette réalité et d'essayer de l'améliorer, si toutefois elle est améliorable. Ça, je trouve que c'est la grande tristesse de notre siècle. Une fois qu'on a dit ça, qu'est-ce qu'on a dit ? On a dit que dans la société, au sens de la société générale dans laquelle on vit, dans laquelle on évolue, et dans la société au sens de l'entreprise à laquelle on contribue, nous sommes tous... enclin à ne pas nommer la réalité parce qu'on a le sentiment qu'en cachant sous le tapis, qu'en mettant des petites paillettes, qu'en mettant un voile devant, on va changer les faits. Or, ça n'est pas le cas. L'être humain n'est pas débile. Beaucoup des conflits en entreprise viennent du fait qu'on a essayé de nier une réalité en lui mettant des mots tout à fait erronés. Et on va faire un podcast au sujet des mots de la RH qui essayent de camoufler plus qu'ils n'assument et des effets délétères que ça peut avoir. Aujourd'hui, être linguiste punk, être humain punk, c'est juste demander à ce qu'on nous fasse assez confiance en tant qu'adulte pour nommer la réalité avec justesse. De manière à ce qu'on puisse la vivre en pleine conscience et en vraie adéquation entre ce qu'on voit, ce qu'on pense et ce qu'on entend. Si ce n'est pas le cas, ça crée des dissonances cognitives et ces dissonances cognitives seront également l'objet d'un épisode du podcast parce que ce n'est jamais le mot le problème, ce n'est jamais le mot le problème et ça n'est jamais le mot la solution non plus. Même si j'adorerais en tant que linguiste, que les mots soient la solution à tout, ce n'est pas vrai. Ce qui est la solution, c'est l'honnêteté, c'est l'authenticité, c'est parfois le courage, parce que pour nommer correctement une situation, c'est souvent un acte de grand courage, d'oser dire. Pour tous les gens ici qui nous écoutent, qui ont des familles dysfonctionnelles, c'est souvent ce qui fait de nous le vilain petit canard de la famille, d'être celui qui ose nommer les manquements. les douleurs, les petites trahisons, ce genre de choses. Et tout ça, finalement, ça n'est que de l'humanité. Aujourd'hui, être punk, je crois que c'est simplement redemander son propre droit à l'humanité, à l'erreur, à l'emportement et à la juste réalité dans laquelle on évolue. Et je vais profiter de ce podcast pour lancer un projet auquel je tiens beaucoup et depuis longtemps, et sur lequel je me suis penchée, mais sans oser encore aller au bout, et je vais aller au bout. (Je viens de me lancer le défi à moi-même, comme ça s'est fait.) Aujourd'hui, dans ma vie personnelle, comme beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes de plus de 40 ans, ou d'êtres humains adultes, tout simplement, je vis ce qu'on appelle une famille recomposée. il y a des endroits dans lesquels la société peut créer des mots. On a des néologismes absolument dans tout. Parce que ce qui n'est pas nommé n'existe pas. Donc si je crée un nouvel outil, notamment digital, un nouvel outil informatique, il faut bien que je le nomme puisqu'il n'existait pas avant et que maintenant il existe. Tous les ans, on entre de nouveaux mots dans le dictionnaire. Donc ce qui n'est pas nommé n'existe pas. Tout ce qui est nouveau a besoin d'un nom. Et l'endroit dans lequel on n'a jamais nommé, volontairement à mon avis, mais alors là on peut en débattre, c'est dans le cadre notamment de la famille recomposée, la notion de belle-mère. Aujourd'hui, dans tous les pays d'Europe, je ne vais pas regarder partout dans le monde, mais j'ai fait une vraie étude dans tous les pays d'Europe, la belle-mère, la mère du mari, et la belle-mère, la nouvelle femme du papa, ont des noms différents. En Italie, il y a deux noms différents. En Espagne, il y a deux noms différents. En Angleterre, il y a deux noms différents. Dans l'intégralité du monde, il y a deux noms différents, mais pas en France. Parce que peut-être nos origines judéo-chrétiennes estiment que ce n'est pas une vraie place dans la famille, je ne sais pas. Mais en tout cas, une chose est sûre, aujourd'hui, on est capable de créer une écriture inclusive excluante et on n'est pas capable de trouver un mot différent pour nommer cette femme qui arrive dans la famille et qui va, de toutes les manières, avoir une interaction avec des enfants qui ne sont pas les siens. Et je trouve ça, par exemple, d'une grande violence humaine que de ne pas avoir pensé qu'il était important qu'elle ait un nom. Ça donne une vraie signification, une vraie représentation de ce qu'on en pense quand même et de l'importance qu'on lui donne. Si aujourd'hui, on a été capable d'inventer des mots pour tout, n'importe quoi, les applis de rencontre, les machins, les bidules. Chaque jour, il y a de nouveaux mots qui sortent. Moi, mes gosses, la moitié du temps, quand ils me parlent, je n'ai pas la ref, je ne connais pas le mot dont ils vont me parler. Mais eux, ils l'ont. Pourquoi est-ce qu'il y a eu une omerta sur ce mot-là, par exemple ? Eh bien ça, précisément, ça vient étayer le propos. Alors moi, en temps normal, j'interviens dans l'entreprise et là, on sort du cadre de l'entreprise. Mais malgré tout, je trouve que c'est un très bon exemple du fait de dire le mot... crée la réalité, le mot nomme la réalité, et soit il est juste, et auquel cas c'est sublime, soit il est menteur, auquel cas on crée de la dissonance, soit il n'est pas là. Et ça, ça veut dire qu'on nous nie. Et je trouve ça d'une grande violence, que ce soit de nier une réalité ou d'essayer de la transformer, de la faire rentrer dans d'autres cases pour la rendre socialement acceptable. Donc, la linguistique punk, finalement, c'est quoi ? On va essayer de conclure après 20 minutes d'agacement. La linguistique punk, c'est oser avoir le courage de la justesse et de la justice. Alors si vous aussi, vous êtes des punks de la linguistique et du monde en général, et que vous avez envie de militer pour le juste mot, pour le fait de dire que la réalité, ce n'est pas très grave, il vaut mieux essayer de la nommer correctement que de la transformer avec des petites paillettes inefficaces, rejoignez le mouvement, contactez-nous sur notre page LinkedIn, sur notre site internet. Et je vais lancer le mouvement "Belle Maman" pour essayer de trouver un mot pour toutes ces femmes qui s'occupent avec beaucoup d'amour des enfants qui ne sont pas les leurs et qui méritent d'être nommées à leur juste valeur.

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