- Speaker #0
Les histoires d'entrepreneurs, les échos du territoire, le territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.
- Speaker #1
Bonjour et bienvenue dans cette série réalisée pour et par les entrepreneurs du territoire de Roissy Pays de France. Dans ce podcast, vous découvrirez les parcours inspirants de celles et ceux qui façonnent l'économie locale. Aujourd'hui, vous avez rendez-vous avec le dirigeant du groupe Godet, le représentant de la quatrième génération de ces spécialistes du levage, tirage, manutention et équipement de protection. C'est un insomniaque et rêveur à la fois, jovial et dit-il optimiste en titane inoxydable. Voici la première partie d'un rendez-vous avec Rémi Godet.
- Speaker #0
Le Territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.
- Speaker #1
Bonjour Rémi. Bonjour David. Vous êtes spécialiste du levage, alors vous vous êtes levé avec quelle énergie ce matin ?
- Speaker #2
C'est vendredi, donc petite énergie, grosse semaine, mais tout va bien, c'est intense en ce moment.
- Speaker #1
C'est intense en ce moment. Le levage ça s'adresse à qui et qu'est-ce que vous faites ? ça on va en parler un petit peu plus tard, on va parler évidemment de la carte d'identité de votre entreprise. D'abord, vous "partîmes 500" comme on dit dans la littérature ou un petit peu moins ?
- Speaker #2
Un tout petit peu moins ! Donc non, j'ai attaqué dans une petite structure qui était d'une filiale, donc Manufort Services. C'était une structure de 7 personnes. Et c'était en 2003, tout de suite après mes études de commerce, on m'a projeté en tout jeune directeur d'un petit site.
- Speaker #1
On vous a projeté là, on vous a lancé, vous avez envie de ça ?
- Speaker #2
Oui, oui, oui. C'est de façon très inconsciente, parce qu'à 23 ans quand j'ai été directeur, on s'est dit, oui, on va le faire. Et puis, effectivement, on se cogne à la responsabilité, à prendre une équipe de gars qui sont là depuis 20 ou 30 ans, où il va falloir leur expliquer comment bosser. Ça a été une belle aventure.
- Speaker #1
C'est vrai ? Vous aviez envie de leur expliquer comment bosser ? Ou est-ce que vous êtes arrivé quand même avec un peu de fraîcheur, avec l'envie de regarder ce qu'ils faisaient ?
- Speaker #2
Non vous le verrez dans la suite de la discussion, je pense que très humblement, j'ai absorbé leur savoir-faire. Je me suis collé surtout à eux, à leur rythme de travail. C'est eux qui m'ont plus formé que moi, j'ai bossé. Et d'ailleurs,
- Speaker #1
vous passiez pas mal de temps avec eux, y compris sur des chantiers de nuit. Et puis un jour, ils vous disent…
- Speaker #2
J'ai un gros client qui est un fabricant de tracteurs industriels français, racheté par les Allemands, tant pis. On s'est retrouvé, j'ai accompagné mes gars sur le chantier, j'ai refait un coup de main pour des chantiers de nuit. Et à trois heures du matin, je me retrouve en train de marcher sur la crête d'un mur en parpaings absolument pas en sécurité, mais la fatigue aidant, et je me suis retrouvé à être mis de côté par mes gars de chantier en me disant "c'est bon, on va gérer".
- Speaker #1
Laisse faire les pros. Ça vous fait prendre conscience de quoi à ce moment-là ?
- Speaker #2
Le professionnisme de mes gars ? de la beauté du travail en équipe parce que c'était avec mon chef d'atelier. Aujourd'hui, c'est un gars avec qui j'ai passé 25 ans de ma vie aujourd'hui. Donc humainement, ça a toujours été des moments, j'en parle comme ça, c'était sur le moment absolument inconscient de ma part, mais une très belle aventure humaine avec mes gars.
- Speaker #1
Et puis alors, les aventures humaines, heureusement, ça se termine bien, mais au départ, ça ne commence pas très bien. Ce jour-là, une erreur de destinataire de mail. Faites attention à qui vous répondez.
- Speaker #2
Beaucoup, beaucoup plus tard. J'espère qu'il écoutera le podcast. J'ai Laurent, mon seul associé. Un client nous embête un petit peu, plutôt beaucoup.
- Speaker #1
Il est exigeant, le client, c'est ça ? Quand vous dites qu'il nous embête un peu ?
- Speaker #2
Oui, oui, il nous... ils nous payaient pas et puis ils réclamaient des choses ; situation assez classique du très très mauvais payeur et la très très mauvaise foi. Et puis ils le traitent de con dans le mail en pensant répondre à moi et forcément ils répondent à tout le monde donc faites gaffe aux erreurs d'outlook c'est très très dangereux ! Après le client m'appelle mais dans la seconde il me dit "Rémi on me traite de con" je lui dis mais c'est vrai t'es un con regarde comment tu nous parles, regarde machin et puis client il a bien compris c'était un langage familier dans le domaine commun. Où est ce que vous avez appris le dialogue ? où est ce que vous avez appris le respect des hommes et des femmes ? Parce que je vous sais très attaché à ces notions Rémi. Pour ça on va remercier ma mère parce que c'est la base de la bonne éducation bonne éducation au moment où toute la famille, au moment les grands- mères, les grands-pères qui m'ont...
- Speaker #1
Vous avez quand même salué la jante féminine avant la jante masculine.
- Speaker #2
C'est le moment. C'est le moment, oui, oui. Je dis toujours, quand quelqu'un est bien élevé, je lui dis plutôt que de lui dire merci à lui, tu diras merci à maman de t'avoir expliqué que quand tu rentres dans une pièce, tu dis bonjour. C'est les valeurs, je pense, simples et de bon sens. Qu'on devrait tous avoir.
- Speaker #1
Bien sûr. Alors aujourd'hui, tout le monde veut prendre sa place, comme on dit en télé. Et vous êtes prêt à laisser votre place. Racontez-nous. Et c'est un choix audacieux, en l'occurrence.
- Speaker #2
Sans perdre la main sur mon entreprise, j'arrive là après 23 ans de croissance. Je suis parti à 7. Aujourd'hui, je dirige un groupe de 112 salariés.
- Speaker #1
Pour être plus précis, vous êtes parti à 7 avec Manufort. Et puis en 2014 ?
- Speaker #2
Je rachète l'entreprise familiale, la société Godet. Puis en 2015, une petite société qui s'appelle Gattegno. J'avais trois petites PME qu'on a fusionnées ces quatre dernières années de façon ordonnée, je vais dire. Et effectivement, de 7 à 1,5 million que je suis parti en 2014, quand j'entreprends de reprendre de l'entreprise familiale, on était 25, on faisait 5 millions. J'ai repris l'entreprise familiale, c'était 45 personnes de plus, et 20 personnes de plus après pour Gattegno. Donc là, on se retrouve à avoir fusionné ces trois sociétés, ça s'appelle le groupe Godet, 112 salariés pour 18 millions. Et depuis 4-5 ans, depuis 3-4 ans après la Covid, j'ai effectivement un peu de mal à faire évoluer ma petite PME. On a l'objectif d'aller prendre le statut de l'ETI. Je suis au milieu d'énormes industries. Le plus gros groupe européen avec qui on se bat régulièrement, c'est un groupe suédois qui fait un peu plus de 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires. C'est un monstre. C'est une bagarre de la compétition classique de business, mais on ne parle pas de la même dimension. Je suis dans le top 4 français dans ce métier-là, mais les trois tops devant moi sont des multinationales.
- Speaker #1
Il y a une limite à vos ambitions ? Vous êtes dans le top 4 français et vous envisagez de viser quoi ?
- Speaker #2
Mon héros, vous savez, c'est Forrest Gump. Il court Forrest. Mais pourquoi tu cours ? Vous savez, quand il arrive au bout de la jetée, il dit je vais rentrer chez moi. Non, non, là, tant que j'ai l'énergie, c'est sans limite. Donc, comme je vous le disais, je me retrouve dans une phase où je suis limité par ma culture de PME et d'être resté dans une entreprise pendant 23 ans. J'ai évolué avec tous les gens qui sont venus de l'extérieur qui m'ont apporté la culture des autres entreprises, de ce qui se fait ailleurs aussi, etc. Donc, on a une très, très belle évolution. Et là, récemment, j'ai embauché, on disait prendre ma place, mais j'ai embauché une personne pour prendre la main sur le développement, la continuité du développement de l'entreprise, d'aller vers au moins l'ETI, je pense, et sincèrement, plus on est gros, plus c'est facile.
- Speaker #1
L'ETI, c'est quoi ? Ça impose quoi ?
- Speaker #2
L'ETI, c'est 250 personnes, mais c'est l'image de l'ETI, au moins le fonctionnement de l'ETI, et des changements de fonctions. Alors, c'est marrant parce qu'il a fait des grosses boîtes américaines, donc on anglicise beaucoup les termes, les organigrammes, les postes, c'est vrai qu'il y a... Il faut se l'avouer, il y a un format de la mondialisation qui est cohérent. Nos enfants ne font plus de maîtrise, ils font des masters. On ne fait pas le licence, on fait un bachelor. En 5-6 mois, je peux lui tirer mon chapeau, on a enfin une perspective de redépart, de croissance. Vous savez, les entreprises ont des cycles de vie en S. Je pense qu'on est sur le haut de la crête, il faut relancer le S.
- Speaker #1
Quand vous êtes arrivé à la tête du groupe en 2014, vous avez voulu tout remettre à plat pour coller à la réalité du marché. A quelle réalité vous avez échappé ?
- Speaker #2
Quelle réalité m'a échappé ? En fait, pas grand-chose, parce que j'ai un père extraordinaire qui m'a bien dit Rémi, il faut vraiment que tu sois bien accompagné. Il a, lui, souffert de cette culture familiale. J'ai... tout drivé depuis, effectivement, avec l'expérience des autres.
- Speaker #1
Il avait souffert de quoi, votre père ?
- Speaker #2
De la façon de travailler, du côté patriarcal, respect du père dans l'entreprise. Je pense qu'il y a beaucoup de sociétés familiales qui en souffrent. Je pense que ça a été fabuleux pour moi et pour l'entreprise, qu'il laisse vraiment libre cours à mes envies de changements. La totale confiance de me passer les clés et de ne pas redire sur ce que j'avais pu prendre comme décision.
- Speaker #1
On continue à parler de liberté et de changement de votre vision pour faire grimper ce groupe Godet vers le statut d'ETI dans le prochain épisode. Merci beaucoup Rémi, à très vite.
- Speaker #0
Les histoires d'entrepreneurs, les échos du territoire, le territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.