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#13 EXPERTS ENGAGES – Brieuc Saffré – Circulab – Faire mieux avec moins grâce à l'économie circulaire

#13 EXPERTS ENGAGES – Brieuc Saffré – Circulab – Faire mieux avec moins grâce à l'économie circulaire

56min |17/05/2024|

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#13 EXPERTS ENGAGES – Brieuc Saffré – Circulab – Faire mieux avec moins grâce à l'économie circulaire

56min |17/05/2024|

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Description

Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Leaders Engagés, le podcast qui recycle vos idées sur l’économie comme Brieuc Saffré recycle… eh bien, à peu près tout ! Nous avons l’honneur d’accueillir un invité qui voit la circularité là où d’autres voient une fin de vie. Il ne s’agit pas d’un magicien, mais il pourrait tout aussi bien l’être, car il transforme les déchets en ressources.

 

Nous allons parler recyclage, mais pas celui de votre vieux journal ou de votre bouteille en plastique. Non, nous allons parler de recyclage d’idées, de modèles économiques, et de visions pour l’avenir. Et pour cela, je suis allée chercher pour vous la référence française, que dis-je, mondiale, de l’économie circulaire, Brieuc Saffré, le co-pilote de Circulab, le studio et la communauté éponyme qui depuis 2012, aide entreprises, institutions et collectivités à s’adapter aux limites planétaires avec une approche systémique et pragmatique1. Leur boulot ? Nous aider à faire mieux avec moins et à nous sortir les doigts du short ! Dis comme ça donne envie non ?

 

Ici je vous propose un épisode un peu spécial. Il fait partie de la mini-série les Experts Engagés mais il aurait aussi pu faire partie du format classique de Leaders Engagés car Brieuc n’a pas toujours été sur ces sujets et lui aussi a eu son point de bascule. Mais c’est l’expert à qui je vais m’adresser en particulier pour qu’il vous débroussaille le sujet de l’économie circulaire, que vous en compreniez les enjeux et surtout, qu’il vous présente les outils fabuleux qu’il a développé avec ses équipes pour mettre nos entreprises en actions, le tout en Open source car Brieuc, c’est quelqu’un de généreux et qui aime croire à l’effet papillon.

 

Alors préparez-vous à découvrir comment on peut générer des revenus avec les déchets d’entreprise ou repenser l’expérience du stade Vélodrome ou de la ville de Paris pour réduire les déchets, car aujourd’hui, Brieuc va nous montrer qu’en économie circulaire, le dernier mot est toujours ‘possible’.


Bonne écoute !


📍 Pour en savoir plus sur Circulab: https://circulab.com/fr


✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨


Je m’appelle Nathalie Bellion. Je suis la dirigeante de Sèves, le premier cabinet de conseil en fusion et acquisition engagé, au service des acteurs de la Tech et de l’Impact. Ce podcast est l’une des contributions de SèveS en tant que société à mission. Il a vocation à inspirer les dirigeants sur des modèles innovants au service des enjeux environnementaux et sociaux.


Vous êtes dirigeant·e d'entreprise ?


👉 Si vous êtes une société à impact positif, Tech for good, ESS..., nous pouvons vous aider dans votre recherche de fonds ou dans vos croissances externes ou de cession, pour vous rapprocher du terreau qui démultipliera votre impact.


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Pour en savoir plus :

SèveS : Présentation | LinkedIn


 🌍 Nathalie (LEFRANCOIS) BELLION | LinkedIn 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Leader Engagé, le podcast qui recycle vos idées sur l'économie, comme Brieuc après recycle... eh bien à peu près tout. Aujourd'hui, nous avons l'honneur d'accueillir un invité qui voit la circularité là où d'autres voient une fin de vie. Il ne s'agit pas d'un magicien, mais il pourrait tout aussi bien l'être, car il transforme les déchets en ressources. Aujourd'hui, nous allons parler recyclage, mais pas celui de vos vieux journaux ou de votre bouteille en plastique. Non, nous allons parler du recyclage d'idées, de modèles économiques et de visions pour l'avenir. Pour cela, je suis allée chercher pour vous la référence française, que dis-je, mondiale, sur l'économie circulaire. Brios a fait le copilote de Circulab, le studio et la communauté éponyme, qui depuis 2012 aide les entreprises, institutions et collectivités à s'adapter aux limites planétaires avec une approche systémique et pragmatique. Leur boulot ? Nous aider à faire mieux avec moins et à nous sortir les doigts du short comme ils disent. Bienvenue dans ce nouvel épisode qui inspire les professionnels sur les nouveaux imaginaires économiques. Je suis Nathalie Bélier, la dirigeante de SEV, le cabinet de conseil en fusion et acquisition réinventé, autour du sens et de la valeur, au service des acteurs du numérique et des entreprises à impact positif. Je vous propose un épisode un peu spécial. Il fait partie de la mini-série Les experts engagés que nous avons entamée il y a quelques semaines avec Delphine Gibassier sur la fameuse CSRD. Si vous ne savez pas encore bien ce qui se cache derrière ces acronymes, je vous invite à écouter l'épisode. Je vous dis un peu spécial car Brieux aurait aussi pu faire partie du format classique de leader engagé. Il n'a pas toujours été sur ce sujet et lui aussi a eu un point de bascule. Mais c'est l'expert à qui je veux m'adresser en particulier pour qu'il nous débroussaille le sujet de l'économie circulaire, que vous en compreniez les enjeux et surtout qu'il vous présente les outils fabuleux qu'il a développés avec ses équipes pour mettre nos entreprises en action, le tout en open source car Brieux c'est plutôt quelqu'un de généreux et aussi quelqu'un qui aime croire à l'effet papillon. Alors, préparez-vous à découvrir comment on peut générer des revenus avec les déchets d'entreprise ou repenser l'expérience, par exemple, du stade Vélodrome ou de la ville de Paris. Car aujourd'hui, Brieux va nous montrer qu'en économie circulaire, le dernier mot, c'est tout est possible Bonjour Brilleux.

  • Speaker #1

    Bonjour, bonjour Nathalie. Je suis super mal à l'aise. Merci pour toute cette présentation. Je n'ai pas du tout l'habitude et je ne me considère toujours pas comme expert de l'économie circulaire. Mais un grand merci pour cette présentation.

  • Speaker #0

    Alors, je suis une nouvelle fois embêtée qu'on n'ait pas filmé en fait. Parce que je vois effectivement ton émotion. Ce n'était pas forcément le but de notre introduction, mais ça me touche aussi. et on voit à quel point ce que tu fais a du sens pour toi et est important. On va faire un petit retour arrière avant que tu nous parles d'économie circulaire. Quelles études as-tu fait ?

  • Speaker #1

    J'ai fait un bac ES et ensuite j'ai fait une école de commerce que tu connais bien puisque c'est l'ESCA à Angers, donc de 2003 à 2008. J'ai adoré cette période-là, j'étais hyper engagé dans la vie associative et puis j'ai eu des expériences à l'international pendant cette période-là qui étaient hyper sympas, j'ai fait un stage en Inde. J'ai fait un autre stage au Canada et au Québec plus particulièrement. Et ensuite, après mon diplôme, où j'ai fait mon stage de fin d'études à Paris dans le groupe Publicis, eh bien, j'ai décidé de partir un an en Australie avec un ami. J'estime que cette année en Australie fait partie un peu de mon expérience aussi, parce que, enfin, initiale dans le sens où j'ai pas mal appris là-bas. Je fais des petits boulots comme des boulots plus classiques. C'était une super année également.

  • Speaker #0

    C'était un peu une année de césure finalement, tu t'es fait avant de bosser pour de vrai ?

  • Speaker #1

    Exactement, je l'ai considéré comme tel parce que je ne l'avais pas fait pendant l'ESCA. Et en plus, je pense que j'avais un bon timing parce que le jour où je suis arrivé à Sydney, c'était le crack de Lehman Brothers. Et j'ai eu pas mal de potes de promo qui ont galéré à trouver des jobs pendant cette année-là. Et donc je me suis dit, finalement avec le recul, j'ai eu le bon timing.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te souviens ? Pourquoi tu avais fait cette école, pourquoi tu avais fait ces études ? Est-ce que tu avais un rêve précis à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Il y avait une notion de facilité parce que là, ça ne va pas être très glorieux dans le sens où moi en seconde, je voulais plutôt faire l'école de design de Nantes, être en Nantais. Et je m'étais même inscrit dans l'option art plastique de mon lycée et tout, j'étais assez motivé. Et puis je pense une certaine forme de pression sociale, le design, bof, bof, bof. Et l'ESCA en plus à Nantes était bien réputé, et donc comme je n'avais pas trop d'idées précises, je me suis lancé dans cette aventure-là. Mais finalement le design, j'avais ouvert une porte à l'époque, et même quand j'étais petit je voulais faire architecte, et finalement j'y suis revenu plus tard.

  • Speaker #0

    Je trouve ça chouette que tu me partages ça, parce qu'il y a un côté créatif que tu avais en toi, et puis finalement aujourd'hui tu designs des modèles économiques, donc je trouve ça plutôt sympa, et tu as créé pas mal d'outils, donc c'est aussi une autre forme de design. Donc là tu fais ton année en Australie, petit job, j'imagine pas mal la fête et des bons moments.

  • Speaker #1

    Oui, et puis le voyage et tout, donc on a de super rencontres en plus dans cette étape.

  • Speaker #0

    Une connexion particulière avec la nature ou pas forcément ?

  • Speaker #1

    En fait, là, c'est plus ma période en Inde qui m'a mis le doigt, enfin, la puce à l'oreille, disons. Et je savais que le sujet que j'appelais environnement à l'époque m'intéressait, mais étant à l'ESCA, etc., je n'étais pas forcément sensibilisé au sujet. Il y avait une journée, un moment sur l'écologie industrielle, ça, c'était tout le premier semestre, ça m'avait marqué aussi. Et finalement, en Australie, ça revient un peu parce que j'étais en discussion. Sur Skype avec un ami qui lui était au Mexique, qui venait de venir à l'ESCA comme moi, qui était dans ma promo entrepreneuriat, qui est connu maintenant puisque c'est Alexis Lerossignol qui est maintenant humoriste entre autres sur France Inter, avec qui on se disait putain ce serait pas mal de créer une boîte sur tout ce qui est recyclage etc. Bon, c'était une simple discussion sur Skype qui n'a finalement pas donné lieu à grand chose par la suite. Bah voilà, c'est resté comme ça, dans un coin de la tête, mais c'est resté enfoui un bon moment.

  • Speaker #0

    Donc quand tu rentres d'Australie, quel est ton projet de vie professionnel ?

  • Speaker #1

    Alors quand je rentre d'Australie, je reste un peu bloqué sur le marketing dans le sens où à ce moment-là, donc on est en 2008. En 2009, à mon retour, les médias sociaux commencent à prendre de plus en plus de place. Et puis en Australie, j'ai bossé dans plusieurs agences sur le sujet, donc ça m'a pas mal intéressé. Et je vais rejoindre Scanblog, qui était une boîte qui avait été co-créée par un ancien SK, Cyril Chaudoy. Je lui propose un déjeuner parce que je l'avais vu pour mon mémoire de fin d'études. Et je lui dis, pendant le déj, je lui dis, vous faites de la veille des études pour vos clients, qui sont des grands groupes, sur qu'est-ce que sont les médias sociaux et comment les gens... On parle de vous Marc sur les médias sociaux et en fait ce qu'il faudrait faire, enfin ce que je te propose de faire, c'est de les accompagner sur comment bien utiliser les médias sociaux. Il me dit bah ça tombe bien parce que ce matin sur mon scoop c'est ce que je me disais qu'il fallait qu'on fasse.

  • Speaker #0

    On est flippés.

  • Speaker #1

    Complètement. Et donc c'est comme ça que j'ai rejoint Scanblog et ça a été deux années assez intenses, hyper intéressantes. où j'ai pas mal développé ce que j'appelais la brand utility, c'est-à-dire un marketing utile qui répond aux besoins, pas uniquement des consommateurs, mais aussi aux besoins sociétaux des citoyens. Faire en sorte que les marques s'engagent pour faire des choses qui ont du sens. Pourquoi ? Parce qu'en fait, à cette époque-là, Internet était toujours considéré comme un média de masse, enfin, il était mal considéré finalement. Et donc les marques disaient, si je fais une vidéo, il faut que je fasse 1 million de vues, 2 millions de vues. Et en fait, j'essayais tant bien que mal d'expliquer que ce n'était pas ça. Internet, c'est un média d'interaction. Et donc, ce qui importe, ce n'est pas le message que vous diffusez, c'est ce que les gens vont dire de vous. Et donc, c'est votre réputation. La réputation, ça dépend des actes. Et quand on repart des actes, ça veut dire des bons produits, des services de qualité, une expérience intéressante, etc. Et... Il s'est passé que j'ai fait un livre sur ce sujet là qui est sorti en février 2012, c'était la suite d'un blog que j'avais initié en 2010 avec un stagiaire de CSKBlog qui s'appelle Marwan et Marwan Al Saadi que je salue. On a fait ce blog, on l'a animé, on a fait pas mal de présentations et tout, mais ça marchait pas, enfin je veux dire, les annonceurs avaient pas encore cette maturité sur le sujet, et donc j'avais vraiment l'impression de rester dans le désert. Il s'est passé tout simplement le fait qu'après j'ai aussi beaucoup bossé pour des entreprises qui bossaient notamment dans la viande ou des sujets un petit peu comme ça. Et donc... En faisant beaucoup d'études sur les médias sociaux, je suis aussi tombé beaucoup sur des documentaires qui rappelaient un petit peu toutes les problématiques. Et en fait, là, l'aspect environnemental est revenu au fur et à mesure. Et enfin, toujours dans mon travail sur la brand utility, à un moment, je suis tombé sur une vidéo de la fondation Ellen MacArthur, donc une fondation référence sur le sujet, qui, comment dirais-je, avait fait une vidéo qui présentait ce qu'était l'économie circulaire. et j'ai trouvé ça passionnant parce que je me suis dit putain mais c'est trop bien ce truc et en fait j'ai fini par comprendre qu'il ne se passait pas grand chose aussi sur le sujet mis à part cette vidéo et c'est comme ça que je me suis inscrit à un startup week-end En janvier 2012, je venais de quitter Scanblog et j'ai intégré une autre entreprise en tant que responsable marketing. Mais j'ai fait quand même ce startup week-end et c'est là que j'ai rencontré Nicolas, qui est devenu mon premier associé pour Circulab. Et on a initié Circulab à ce moment-là, en janvier 2012.

  • Speaker #0

    Le temps d'un week-end.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est toujours...

  • Speaker #0

    En tout cas, n'est pas à toi.

  • Speaker #1

    Ouais, on a allumé l'étincelle.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu étais allé chercher dans cet atelier ? Tu sentais qu'il y avait quelque chose à créer, que tu voulais...

  • Speaker #1

    Je pense que je faisais un peu ma crise de la trentaine avant l'heure aussi. J'avais vraiment envie d'entreprendre quelque chose. Bonne rencontre à ce moment-là. On était plusieurs, mais avec Nico, ça... Ça a matché et on était assez différents mais on avait envie de bosser ensemble. C'est comme ça qu'on a avancé.

  • Speaker #0

    Donc l'idée de base de Circulab, qui n'était peut-être pas comme ça d'ailleurs à l'époque.

  • Speaker #1

    Ça avait un nom un petit peu imprononçable et surtout avec une grammaire très particulière, c'était de l'aborigène. Ça s'appelait WITA. I-I-T-H-A-A

  • Speaker #0

    Pas très très fin. Le marketeur avait prêté très bon le dessus.

  • Speaker #1

    C'était très compliqué d'un point de vue référencement, mail, etc. Toutes les erreurs qu'on pouvait faire, on les a faites, je pense. Mais il y avait une belle histoire à laquelle Nico tenait beaucoup. A raison d'ailleurs. Le Wita, c'est le nom aborigène d'un oiseau qu'on appelle le Bowerbird en anglais, qui vit principalement en Australie, qui fait des niches. Il est poli. paille, des pinces à linge, etc. qui sont venues, par exemple, ou même des canettes, etc. Et donc, en fait, lui ne les a pas considérées comme déchets, mais comme des ressources. Il a fait des nids aussi, il y a des belles photos d'ailleurs que vous pouvez voir sur Google Images ou autre, de nids de bowerbirds qui sont assez dingues d'un point de vue esthétique, d'un point de vue couleur, etc. Et donc, finalement, lui a retourné la contrainte en opportunité. Et donc, c'était une belle métaphore que d'utiliser le WITA pour dire ce qu'on... ce qu'on faisait, mais effectivement d'un point de vue non, c'était une catastrophe.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup l'histoire et la symbolique. Oui, tout à fait. Merci de l'avoir partagé. Wita, c'était quoi son projet au départ ?

  • Speaker #1

    Oui, alors le projet était très différent, mais en fait, le projet initial, c'était faire une sorte de eBay de l'upcycling. Alors, on est en 2012, donc eBay, ça reste une référence, mais de l'upcycling, c'est-à-dire qu'on allait avoir trois activités, c'est-à-dire vendre. des objets qui ont été faits avec des ressources non désirées ou laissées pour compte. Vendre également des ateliers. On a fait des ateliers avec des designers qui formaient des gens à réutiliser des matières dont ils ne voulaient pas. Troisième activité, mais là c'était plus en B2B, c'était organiser, concevoir des scénographies, des décors, des événements pour des entreprises, que ce soit culturelles ou des entreprises classiques. Et finalement c'est plus sur cette voie-là qu'on a... qu'on a accéléré en 2013, mais le seul truc sur lequel on était vraiment sûr de nous, c'était pas tant nos prestations, c'était plus, la raison d'être de WITA, c'était faire disparaître la notion de déchet. Parce que finalement, le déchet, c'est une invention humaine relativement récente. Si on regarde l'histoire de l'humanité, il n'y a qu'une seule espèce qui fait des déchets. dont quasiment aucune autre espèce vivante est capable de retraiter. Et donc l'idée c'était de dire, faisons en sorte de faire disparaître ce mot, parce que finalement, quand on oublie ce mot, ça devient des ressources. Et d'un coup d'un seul, par ce simple changement sémantique, le fait de parler de ressources plutôt que de déchets, ça crée des opportunités. économique, sociale, environnementale. Donc voilà pourquoi on insistait sur cette raison d'être-là qui nous a fait faire plein de trucs différents avant qu'on se fixe véritablement en 2014.

  • Speaker #0

    Et donc en 2014, vous avez pris un nouveau virage, vous avez enlevé les activités peut-être plus accessoires ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, dès 2013, on a arrêté notre site en ligne. Parce qu'on avait un super développeur qui était Edouard, ça se passait bien et tout, mais c'est juste qu'on avait l'impression d'être trois et on bossait quasiment chacun de notre côté. Et donc assez vite, en 2013, on a arrêté le site, on s'est concentré sur les prestations aux entreprises, donc principalement l'événementiel à ce moment-là, mais avec toujours en tête l'idée de conseiller les entreprises. sur justement comment on fait pour les faire travailler sur ces aspects-là. Et l'événementiel nous a beaucoup appris, parce que finalement, notre première grosse prestation, c'était pour l'île 3000, gros événement culturel qui avait été créé suite pour l'année où l'île avait été capitale européenne de la culture. Et régulièrement, peut-être tous les ans ou tous les 2-3 ans, ils refont... des grandes expositions, une grande suite d'événements. Et on avait été sollicité pour faire une scénographie. Et c'est comme ça qu'on a commencé à concevoir des scénographies, uniquement avec des ressources dont personne ne voulait. Et donc on mobilisait des designers pour les utiliser.

  • Speaker #0

    Donc il y avait un côté très très créatif et le côté... Finalement, architecte dont tu parlais, tu l'as mis en œuvre là avec de la scénographie, finalement, directement, mais on n'est pas encore dans le conseil B2B sur l'économie circulaire. C'est-à-dire que toi-même, tu fais de l'économie circulaire pour tes clients, finalement, pour un événement.

  • Speaker #1

    Oui, je suis complètement d'accord avec toi, on n'est pas dedans encore. Mais par contre, au fur et à mesure des événements, on applique une méthode qui allait finalement devenir la base de la méthode circulable, c'est que dès la conception... de l'événement, on pense l'après-événement. Et donc quand on pense l'après-événement, ça te fait voir très différemment le avant-événement. Comment tu produis, avec quoi tu produis, avec qui tu produis. Et en fait, on se rendait compte que plus on faisait des scénographies de qualité, plus on allait travailler avec des artisans proches de nous et proches du lieu où on allait faire l'événement. Et puis surtout, peut-être qu'on allait aussi avoir des matériaux de meilleure qualité, peut-être qu'on allait... emprunter, louer plus que si on avait acheté à bas prix pour jeter par la suite, plutôt que de penser une seule étape où on essaye de tirer les prix dans tous les sens pour avoir le plus de marge possible, en fait on disait, ben non, l'événement n'est qu'une étape. Bien sûr, il faut que l'événement soit hyper inspirant, qu'il réponde bien, qu'il y ait des charges du client, mais en fait, ça va être une suite d'opportunités. L'étape événement n'est qu'une opportunité parmi d'autres qui vont arriver avant. pendant et après.

  • Speaker #0

    Je trouve ça très chouette parce qu'en fait, tu es parti de ta propre expérience pour finalement en tirer une méthode ou des étapes, une organisation pour après développer Circula, peut-être qu'il est aujourd'hui et tu vas nous expliquer. Juste, tu n'étais pas designer, toi. Comment tu as fait à l'époque ? Tu étais designer ?

  • Speaker #1

    Effectivement, je ne suis toujours pas designer d'ailleurs. Mais Nico, lui, avait un diplôme en design et c'est aussi pour ça qu'on bossait beaucoup avec des designers. produits ou autres qui avaient envie de bosser avec nous, parce qu'il y a beaucoup aussi de designers qu'on rencontrait à l'époque qui étaient très sensibles à ces enjeux de ressources, et donc au fur et à mesure on s'apprenait tous des trucs les uns les autres. Donc non, ça c'était assez intéressant, et puis c'est surtout que les designers qu'on rencontrait, ils étaient très concentrés, c'est normal, c'est leur formation sur le produit ou la scénographie en question. Et ils étaient moins sur ces notions de flux sur l'avant-après. Et donc des interactions qu'on avait, on s'enrichissait mutuellement, on se posait des questions tout simplement. Et on a fait en 2013, en 2014 d'autres expos, d'autres scénographies dans des centres commerciaux, etc. On avait fait aussi une expo à la Design Week à la Galerie Ben Simon, on avait fait des ateliers au Palais de Tokyo, enfin bref c'était... C'est assez rigolo, on testait plein de trucs, mais c'était vraiment le début du début.

  • Speaker #0

    Et quelle a été l'étape d'après ?

  • Speaker #1

    Et en fait, l'étape d'après, on était installé à ce moment-là à Essie-Montreuil. Et Nicolas Barre, qui est le fondateur d'Essie-Montreuil, me dit Là, je bosse avec une boîte dans le bâtiment, et ils aimeraient appliquer l'économie circulaire dans leur business model. C'était un truc, là. Je suis évidemment, j'ai un truc Nico, il n'y a pas de souci. Donc c'est comme ça qu'avec Nicolas et Flora, notre designer de l'époque, on a commencé à concevoir un début de méthode de façon à ce que l'entreprise qu'on allait accompagner puisse déjà poser ses différents business models et surtout, deuxième étape, faire en sorte de repenser son business model avec les principes d'économie circulaire. Et là c'est devenu assez intéressant parce qu'on les a vus sur deux ou trois sessions et ils ont généré des idées hyper intéressantes et surtout sur les quatre idées qu'ils avaient générées assez rapidement ils en ont mis deux en place par la suite. Et on s'est dit mais putain c'est génial si ça marche avec eux, ça marchera avec d'autres. Et c'est comme ça qu'on s'est dit bon bah on va travailler cette méthode, on va l'améliorer puis surtout on va la... la promouvoir. Et donc ça, tu vois, c'était il y a quasiment 10 ans, puisque l'accompagnement de cette entreprise, c'était en octobre 2014. Et on a fait notre premier atelier public en janvier 2015.

  • Speaker #0

    Circulab était lancé ?

  • Speaker #1

    Oui, et effectivement, on a fini par appeler ça la méthode Circulab. Et donc, c'était Wita qui portait la méthode Circulab. Et ça, on a mis un peu de temps à comprendre qu'avoir deux marques dans une petite structure, c'est quand même compliqué. Mais ça, ça reviendra plus tard. C'est en 2019, où avec Justine, qui est devenue mon associée entre-temps. Merci. on s'est dit on arrête WITA et maintenant on s'appelle Circulum.

  • Speaker #0

    Donc ça c'était il y a dix ans, j'imagine que la méthode elle a grandi, elle a évolué, mais surtout vous étiez quand même ultra pionnier. On n'en parlait quand même pas énormément de l'économie circulaire à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, il y avait pas mal de documents, de livres, notamment à l'époque... Vanguard et McDonough, un auteur américain et allemand, ils rédigeaient au début des années 2000 Cradle to Cradle, donc c'était une grosse référence. On parlait aussi un peu de biomimétisme avec Janine Binius, et puis évidemment la fondation de MacArthur que j'ai évoquée. Et en fait, en France, effectivement, on n'était pas nombreux, et puis il n'y avait pas trop de connexion entre les gens. Donc voilà, ça c'était un petit peu le contexte de l'époque.

  • Speaker #0

    Ok, donc quelles ont été les étapes après, qui ont fait un petit raccourci entre 2014 et 2024, et rentrer sur les produits ?

  • Speaker #1

    C'est rigolo parce que j'ai du mal à dire que c'était il y a 10 ans. En gros, il y a eu une première grosse étape, c'était septembre 2015. En fait, au fur et à mesure qu'on faisait des ateliers, les gens nous disaient, mais nous aussi on veut vos outils. Ben, on ne sait pas pourquoi, mais ok. Et donc c'est comme ça qu'on a créé la Circulab Community, qui finalement... On a appliqué la méthode circulable pour répondre à cette problématique et c'est comme ça qu'on a créé donc une communauté où on allait former les professionnels qui le souhaitaient à utiliser nos outils auprès de leurs clients, soit pour les former, soit tout simplement pour les accompagner à appliquer les principes de l'économie circulaire dans leur modèle économique. On était les premiers surpris parce qu'en fait les gens qui sont venus nous voir on les considérait un peu comme des concurrents mais c'était tout simplement des consultants indépendants et consultants et consultantes et donc on a commencé avec une première promo en septembre 2015. Et avec six personnes, il y en a qui sont toujours là, donc ça c'est assez génial. Donc ça c'est la première grosse étape pour Circulab. Et puis dans les années qui ont suivi, on a travaillé pour des grosses entreprises comme Veolia, comme Suez, comme Ikea, L'Oréal, etc. Et ça c'était assez intéressant parce que ça nous permettait… En fait on avait vraiment tourné ça sous forme de jeu. C'est pas un jeu à proprement parler mais on avait gamifié beaucoup de choses. Et en fait, ça avait un côté ludique, mais surtout, ça permettait de faire comprendre toute la complexité des sujets. Parce qu'il n'y a pas un responsable économie circulaire, comme il n'y a pas un responsable médias sociaux. En fait, c'est des paradigmes qui sont transverses. Il n'y a pas une personne qui va être capable de répondre à toutes les problématiques. Et en fait, notre méthode s'appuie beaucoup sur l'intelligence collective. Parce qu'on part du principe que sur des sujets aussi complexes, il n'y a pas un cerveau qui va pouvoir répondre à tout. De cette façon de faire travailler les gens, ça a pas mal... marchait et ça permettait vraiment aux gens de s'impliquer dedans. Donc ça, c'est les premières années. Dès 2016, on a commencé à former les gens qui ne souhaitaient pas forcément rejoindre la communauté, mais à appliquer notre méthode. Donc on a continué les formations. Et puis 2018, on a aussi amélioré la méthode encore. Là aussi, ça repartait d'un besoin client qu'on a réintégré dans la méthode Circulab. C'était comprendre vraiment le contexte global. d'un secteur d'activité, pas uniquement le business model d'une entreprise. Et c'est comme ça qu'on a créé un nouvel outil, qui était le Value Chain Canva, qui nous permettait de faire, j'aime bien prendre cette métaphore, c'est prendre la main des gens et on les amène en haut de la montagne pour qu'ils regardent un petit peu comment ça se passe et surtout faire en sorte qu'ils sortent la tête du guidon. Et en fait, en sortant comme ça, en ouvrant un peu les yeux plus grands, souvent les gens viennent nous voir parce que, mettons, ils ont un problème. de génération de déchets. Et puis en fait, quand on regarde les grandes étapes du début à la fin, alors là on n'est plus sur le business model, mais ça peut être aussi la même réflexion sur la chaîne de valeur, en fait ils se rendent compte que le problème il est ailleurs, il est peut-être à l'assemblage, ou à la conception, ou à la façon de distribuer, la façon d'enlever, de récupérer les produits, et en fait ça permet d'avoir beaucoup d'autres opportunités que si on avait essayé de rajouter un patch sur comment on recycle ces déchets que personne n'arrive à recycler.

  • Speaker #0

    Quand tu accompagnes des gens comme Ikea, par exemple, justement tu disais il faut plusieurs cerveaux, qui sont tes interlocuteurs ?

  • Speaker #1

    À l'époque, c'était des interlocuteurs qui étaient aux Pays-Bas, c'était la branche Ikea Concept, donc on était encore sur l'aspect... concept, c'est-à-dire qu'ils testaient plein de choses chez Ikea. Et donc, on a fait quelques ateliers en Espagne et puis en Suède, tout simplement. Et là, on a fait pas mal de travaux sur les magasins pour qu'ils puissent concevoir des nouvelles offres. Parce que, bien sûr, l'idéal serait d'être avec les designers, mais il y avait aussi des grosses marges de progression avec les magasins sur les façons de vendre, selon les types de clients, par exemple. faire des offres spéciales pour les étudiants, qui n'ont pas forcément besoin d'acheter, mais qui ont peut-être besoin de meubles pour une dizaine de mois, mettons. Et donc ça, c'était assez intéressant, parce que ça leur permet peut-être de se dire, mais oui, juste en repensant l'expérience dans sa globalité, le modèle économique, et pas uniquement le produit, on avait aussi encore des marges de progression.

  • Speaker #0

    On est un peu sur l'économie de la fonctionnalité dans cette réflexion.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Ça fait partie des leviers qu'on peut activer pour justement respecter les principes de l'économie circulaire. Je ne les ai pas énoncées. Et puis, surtout, il y a un problème, c'est que maintenant, il y a des chercheurs qui ont fait une étude pour trouver le nombre de définitions de l'économie circulaire. Il y en a plus de 250.

  • Speaker #0

    Tu peux nous en donner une à toi, la tienne.

  • Speaker #1

    Nous, on défend quelque chose d'assez simple. Déjà, c'est une économie où la notion de déchet n'existe pas. Mais surtout, c'est une économie qui va respecter trois principes. Le premier, c'est la sobriété dans l'approvisionnement. C'est-à-dire qu'il va falloir faire en sorte de sortir... des modèles extractifs qu'on a aujourd'hui, parce que c'est précisément le problème qu'on a. C'est-à-dire que toutes les extractions de matière, c'est 90% d'impact sur la biodiversité, ça vient des activités extractives, et c'est quasiment plus de la moitié de l'empreinte carbone mondiale. Donc en fait, le moins on va extraire, le mieux on va se porter, et le mieux les écosystèmes vivants pourront se régénérer. Donc ça c'est le premier aspect, c'est vraiment... non négociables qui amène ensuite au deuxième c'est l'efficience l'efficience dans l'utilisation des ressources donc j'insiste beaucoup sur l'efficience alors c'est peut-être un délire de consultant mais il ya une vraie différence entre efficience et efficacité efficacité c'est le fait d'atteindre un objectif quels que soient les moyens comprends mais l'efficience c'est atteindre l'objectif avec le moins de moyens à disposition et donc c'est précisément ce qu'il faut faire c'est à dire faire plus avec moi et ça évidemment évidemment n'importe quelle entreprise est intéressée par ça. Et d'ailleurs, la plupart des grandes entreprises, quand elles parlent d'économie circulaire, parlent principalement d'efficience, mais elles ne parlent pas de sobriété. Et c'est un vrai problème parce que la plupart du temps, Jean Covici d'ailleurs en parle très bien, c'est que notre croissance économique est parfaitement corrélée sur la croissance des activités extractives. C'est-à-dire que tout... Tout est parfaitement corrélé. Et donc, si on arrête d'extraire, la croissance s'arrête et donc le modèle de société qu'on a s'arrête aussi sec. Mais c'est précisément ce qu'il faut dès maintenant anticiper, c'est de dire qu'il n'y a plus de ressources, il n'y a plus de matière comme ça, c'est plus open bar, c'est terminé, depuis bien longtemps. Et donc, il faut non seulement intégrer l'efficience, faire plus avec moins, mais surtout sortir de ce modèle extractif. Donc ça, c'est les deux premiers principes. Le troisième, c'est une fois qu'on est plus sobre, c'est aussi faire en sorte de régénérer. Et régénérer, c'est tout simplement faire en sorte de régénérer les écosystèmes vivants et humains, et donc les remettre dans un meilleur état, disons, que ce qu'on a trouvé. Et donc la régénération, c'est hyper important dans le sens où on a une chance incroyable, c'est que la vie peut se régénérer si on lui permet d'avoir les conditions de se régénérer. Et ça c'est fondamental parce qu'un sol de mauvaise qualité, en fait il va se dégénérer, il sera de moins en moins productif d'un point de vue agricole. Mais si on lui permet d'avoir de nouveau de la vie, on recrée de la biodiversité, on recrée un sol qui absorbe l'eau, qui relâche l'eau quand les plantes en ont besoin, qui rend plein de services écosystémiques. Donc c'est ça qui est assez important dans l'aspect régénération. c'est de faire en sorte de permettre, à notre simple niveau d'humain, de faire en sorte qu'autour de nous, les écosystèmes se portent mieux que ce qu'on les a trouvés.

  • Speaker #0

    Merci pour cette définition. Je me permets de faire un petit arrêt sur image, parce que ça fait écho à mon actualité. J'étais hier à un événement d'ADN Ouest dans lequel... sur le numérique responsable, j'animais la plénière. Et lors de cette plénière, j'ai voulu poser les enjeux autour du numérique responsable. Et une des slides que j'ai partagées, qui était sur la base de l'étude ARCEP-ADEME, c'était le sac à dos écologique du matériel informatique qu'on utilise.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Les informations que j'ai partagées, moi, quand je les ai découvertes, je suis tombée de ma chaise, en fait. On considère qu'on crée 300 kilos de déchets par an et par personne en France sur le matériel informatique. Les numériques d'une façon générale, ça inclut aussi les télévisions, mais on a détruit une tonne de matière. pour générer ce matériel informatique qu'on utilise au quotidien. Et ça, c'est par personne, par an et rien qu'en France. C'est juste monumental. Donc on imagine au niveau de l'échelle mondiale à quel point cette extraction est extrêmement destructrice de tout ce qu'il y a autour et avec. Et il y a une autre dimension qu'on a abordée. Tu parlais de la difficulté d'extraire aujourd'hui ou de la raréflexion des ressources. C'est aussi un point que j'ai abordé. Notamment, on a beaucoup de terres rares, de minerais, de matériaux. qui sont indispensables pour construire tout notre matériel numérique. Le nombre de matières qui est nécessaire pour construire les smartphones tels qu'on les a aujourd'hui, c'est multiplié par 10 par rapport à nos premiers téléphones. Et ces matières, elles sont de plus en plus rares. Alors, elles pourraient encore exister au niveau de la Terre, mais elles sont extrêmement difficiles à extraire et elles demandent encore plus d'énergie qu'avant pour aller les chercher, encore plus d'eau et elles génèrent encore plus de pollution. Donc, en fait, c'est un système extrêmement... destructeur dans lequel on est de continuer à aller chercher cette matière donc toi par l'approche d'économie circulaire tu dis la matière elle existe déjà essayons de l'utiliser et quand on l'a essayons de l'utiliser le mieux possible et essayons de réparer les dégâts qu'on a fait en amont tout

  • Speaker #1

    à fait c'est exactement ça c'est surtout il faut avoir un petit ordre d'idée mais on ne se rend pas trop compte mais chacun de nos smartphones a plus de capacité de calcul que le matériel qui a permis à aux Américains d'atterrir sur la Lune. On parle d'un événement qui a eu lieu en 1969. C'est assez dingue de se dire, bah ouais, effectivement, on n'a pas rien sans rien, et tu sais, cadeau écologique est parfaitement représentatif.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est absolument nécessaire de partager ces ordres de grandeur et d'éduquer, parce que... On fait des choix après en conscience de se dire est-ce que je veux vraiment du matériel neuf et donc ce sac à dos qui est lié à ce matériel neuf. Mais on a l'impression qu'on a, moi mon PC doit faire moins de 2 kilos quoi. Tu te dis quoi c'est 2 kilos de déchets, au pire c'est pas grave. C'est pas ça la réalité. Sur un smartphone je crois que c'est 200 kilos. Bien qu'un smartphone, donc un ordinateur, j'ai pas l'ordre de grandeur.

  • Speaker #1

    Je crois qu'un ordi c'est 200 kilos, enfin à vérifier, mais un smartphone j'ai plus entre 100 et 120 kilos de matière extraite, déplacée, transformée. Et puis c'est surtout que ce qui est dramatique, c'est que les gens ne se rendent pas compte, mais c'est que par exemple l'Europe a des objectifs d'électrification, de génération d'énergie renouvelable qui sont hyper ambitieux. Mais quand on regarde les capacités d'extraction, entre guillemets les stocks qu'on peut imaginer à l'échelle mondiale, techniquement c'est impossible de répondre aux objectifs en question.

  • Speaker #0

    Donc le tout électrique pour les voitures par exemple, c'est à ça que tu fais référence notamment ?

  • Speaker #1

    Les voitures, même pour la construction d'éoliennes, par exemple. Un autre ordre d'idée, une voiture thermique, disons c'est à peu près une vingtaine de kilos de cuivre, avec tous les câbles, etc. Une voiture hybride, on passe déjà entre 40 et 60 kilos. Une voiture électrique normale, enfin classique, on va dire 100 à 120 kilos de cuivre. Une Tesla, 220 à 240 kilos. Sans compter qu'une bande de cuivre. c'est encore 100 kg de cuivre en moyenne. Et le cuivre, quand on regarde un petit peu en termes d'extraction, par exemple, il y a un exemple qu'on prend souvent, c'est la mine de Shukikamata qui est au Chili, à côté du désert d'Atacama. C'est un désert donc, et il faut savoir que la concentration de cuivre dans une tonne de minerai qu'on va extraire, c'est de l'ordre de 0,1%, 0,4% maximum. Et tout dépend, alors ça c'est variable parce que... Tout dépend aussi de la santé de la mine, est-ce qu'on est au début de l'extraction ou à la fin. Et donc ça veut dire que quand tu extrais une tonne de minerai, tu vas avoir quelques dizaines, quelques centaines de grammes de cuivre qu'il va falloir passer dans des traitements chimiques. qui vont nécessiter beaucoup d'eau. Comme je te l'ai dit, dans le désert d'Atacama, il n'y a plus beaucoup d'eau. Il y avait une nappe phréatique qui a été vidée en quelques années. Donc, qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils ont mis en place une usine de désalinisation. Une usine de désalinisation, ça nécessite... Enfin, il faut quand même faire venir des pipelines du Pacifique, avec de l'eau salée. Puis, l'usine de désalinisation, qui elle-même nécessite de l'énergie. Cette énergie, le mix énergétique au Chili, c'est principalement du charbon, qui vient soit de Colombie, soit de Nouvelle-Zélande. Bref, ça c'est toute une partie coup caché qu'on n'imagine pas forcément quand on a le produit en main. Et pourtant, le cuivre, vous pourrez le garder à peu près partout autour de vous, que ce soit dans ton ordi, dans nos fils électriques, etc. C'est partout.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dis pour qu'on ait notre voiture électrique, ou la Tesla, qu'on décrit comme la voiture la plus performante ?

  • Speaker #1

    La plus performante, je ne sais pas, c'est quand même des voitures qui font 2 tonnes. Donc avec un quart de produit, c'est juste la batterie.

  • Speaker #0

    En amont de cette thèse-là, il y a eu une destruction de matière et une production de gaz à effet de serre. Une destruction d'écosystème qui est juste colossale.

  • Speaker #1

    Et puis là, on ne parle que du cuivre. Mais c'est pareil pour le lithium, c'est pareil pour le cobalt. Par exemple, un PKI comme la République démocratique du Congo. C'est des conflits qui ont généré plus de 6 millions de morts, je ne sais plus sur combien d'années, sur 10 ou 20 ans, je ne sais plus. Mais c'est parce qu'en fait, c'est des conflits armés qui sont principalement basés sur ces exploitations de minéraux ou de métaux.

  • Speaker #0

    On pourrait imaginer que tout ce qu'on a déjà extrait de la Terre puisse être utile aujourd'hui, qu'on réutilise ce qui a été extrait des années précédentes. Mais c'est aussi un point qu'on a abordé hier. les filières de recyclage sont loin d'être aussi vertueuses qu'on voudrait aujourd'hui. Et globalement, ces matériaux-là, ils sont hyper durs à récupérer, parce qu'ils sont mélangés avec plein d'autres choses. Et souvent, il n'y a pas la bonne filière pour les stocker. Et pour reparler de l'informatique, c'est quelques pouillèmes aujourd'hui qui sont récupérées. s'améliorer, mais c'est vraiment rien par rapport au volume produit. Et on parlait de 800 millions d'équipements informatiques au niveau de la France actuellement, une tendance, si on continue sur notre lancée, de 11 milliards d'équipements d'ici 2050, qui potentiellement ont tous cette matière qui est dure à sourcer. et on n'est toujours pas dans la réalisation de ce qu'on a créé ou utilisé dans le passé. Et donc, toi, la démarche que tu proposes, c'est tout l'inverse. C'est-à-dire de réfléchir dès maintenant à ce que va devenir finalement potentiellement le PC, si on restait là-dessus, mais on peut prendre d'autres exemples.

  • Speaker #1

    Alors, c'est même plutôt aller encore à l'étape d'avant, c'est de repartir déjà du besoin. Est-ce que les gens ont besoin d'un ordi ? À quoi sert l'ordi ? Quelles sont les fonctions de l'ordi ? Et donc, là, on a pris un produit qui est un peu complexe, mais qui est multifonction en plus. Mais l'idée c'est de repartir toujours de cette question là, c'est à quoi ça sert ? Typiquement, tu parlais tout à l'heure d'Aville de Paris, si on était entre guillemets un grand minéralier, je ne vais pas les citer, ils font déjà trop de pubs, les responsables des minéraliers nous diraient repenser la bouteille, faites en sorte qu'ils utilisent moins de plastique. Mais si on se positionne plus d'un point de vue systémique, et comme finalement notre client l'Aville de Paris nous l'impose finalement, à quoi sert la bouteille d'eau ? La bouteille d'eau, elle sert à s'hydrater. Et finalement, là on repart, qu'est-ce qui permet aux gens de s'hydrater ? En l'occurrence, il y a pas mal de robinets un peu partout, et même depuis quelques décennies, on les a pas mal enlevés, les fontaines. Et donc c'est comme ça que finalement on retourne le problème, c'est-à-dire qu'on a déjà des choses à disposition, utilisons-les ou favorisons leur utilisation. Et c'est comme ça aussi que Haute-Paris a mis en place tout un réseau de commerce où en fait les commerçants proposent aux gens de remplir. leur gourde et donc en fait d'un coup d'un seul on change la focale et on repart vraiment du besoin essentiel Et on fait la correspondance avec les ressources à disposition pour répondre à ce besoin, plutôt que de repenser un produit, etc., qui en fait n'a pas de sens quand on regarde l'ensemble des étapes de ce produit-là, c'est-à-dire que de l'eau des Alpes, quand on va la consommer à Brest, à Bayonne ou à Marseille, finalement c'est un peu idiot parce qu'il y a d'autres sources qui sont à proximité. Et puis surtout, on est dans un pays où la qualité de l'eau au robinet est plutôt bonne. Et en plus... Si elle n'est pas suffisamment bonne, on peut encore imaginer améliorer. Imaginer des machines comme des osmosers qui vont améliorer la qualité de l'eau chez les particuliers ou chez les restaurateurs, etc. Encore une fois, c'est vraiment toujours repartir du besoin essentiel et faire la correspondance avec les capacités de l'écosystème en l'occurrence. Et c'est comme ça que finalement on se rend compte qu'on n'a pas besoin de concevoir de bouteilles d'eau.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous parler de tes différents outils ? Un, quel est leur principe ? Dans quel contexte on peut les utiliser ? Et puis à un moment donné, dans un ordre ou dans un autre, pourquoi tu as décidé de les mettre en open source ? Parce que ça aussi, c'est un vrai sujet.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors, on va y aller par étapes. En gros, l'idée, c'est un peu les utiliser comme un entonnoir. C'est-à-dire que je prenais la métaphore tout à l'heure d'emmener les gens au haut de la montagne. ou les emmener en hélicoptère pour avoir la grande vue, ça c'est ce qu'on va faire avec le Value Chain Canva. Faire en sorte finalement de comprendre toutes les étapes, de la conception jusqu'à l'utilisation prochaine des composants ou des matières qu'on a utilisées. Et on va passer par le choix des matières ou l'extraction des matières qu'on ne peut pas faire autrement, la production, la distribution, l'utilisation, tout ce qui est réparation, réemploi. la logistique retour, et donc l'usage suivant. Et en fait, c'est ça qui est assez dingue, c'est que cet exercice-là, alors il y a plein de combinaisons, mais quand on invite les gens à comprendre leur chaîne de valeur, que ce soit des personnes qui viennent d'arriver dans le secteur d'activité, ou des vieux de la vieille, qui sont là depuis 30 ou 40 ans, quasiment à chaque fois, ils tombent un peu de leur chaîne de valeur. Et on dit, ah mais ça... j'avais jamais imaginé qu'on pouvait avoir ça. Moi, je n'ai jamais entendu parler de ce truc-là. Ben ouais, c'est normal. On est dans un monde avec 8 milliards d'habitants, avec des initiatives dans tous les sens, une complexité qu'on n'a jamais vue à l'échelle de l'humanité. Donc, c'est normal que vous ne puissiez pas tout savoir. Et donc, en fait, le fait de dézoomer, ça leur permet aussi d'identifier le véritable défi stratégique qui va leur permettre d'agir de façon beaucoup plus pertinente. Tu vois, j'ai envie de dire bon ben... En fait, si on reprend l'exemple de la bouteille d'eau, c'est pas notre approvisionnement en plastique qu'il faut vérifier, c'est juste l'approvisionnement en eau qui va nous intéresser et comment on va fournir les gens. Une fois qu'on a, avec le value chain Canva, défini un petit peu le défi stratégique, on va passer à une autre focale un petit peu plus resserrée sur quelles sont les parties prenantes. qui font partie de cet écosystème, qui vont nous aider à relever ce défi stratégique. Parce que, encore une fois, dans un monde complexe, la seule façon de s'en sortir, c'est de coopérer. Donc ça, c'est le partenaire MAP qui permet d'identifier les parties prenantes avec lesquelles on peut travailler pour résoudre un défi, donc le défi stratégique et défini dans la première étape. Une fois qu'on a fait ces deux premières étapes-là, il va falloir repenser le modèle économique. Et donc c'est comme ça qu'on utilise le circuit Air Canva. qui était le premier outil qu'on avait conçu, mais qui permet justement à la fois de comprendre les impacts d'un business model actuel ou de faire toute une suite d'hypothèses sur des nouveaux business models. Et c'est là que c'est intéressant parce qu'en concevant d'abord le business model, on ne va pas tout de suite concevoir le produit, parce qu'on va vérifier avant si c'est vraiment utile de concevoir ce produit-là et s'il n'y a pas d'autres moyens de répondre à ce fameux besoin initial. Et donc c'est ça qui est intéressant, c'est qu'en faisant... Ce business model, en fait, on anticipe toutes les fameuses étapes qu'on évoquait tout à l'heure dans l'événementiel, c'est-à-dire aussi bien l'approvisionnement, la fabrication, la distribution, l'utilisation, mais surtout la pré-utilisation. Et en fait, on se rend compte qu'il ne va pas y avoir qu'une seule étape qui va être, disons, la vente ou l'utilisation. En fait, il y a plein d'étapes sur lesquelles il va y avoir d'autres interlocuteurs, d'autres opportunités. Et donc, ça va créer des opportunités économiques, sociales, environnementales. C'est tout simplement ce fait d'avoir une multitude de faisceaux. qu'on va anticiper dès la conception et qui va nous permettre de faire évoluer aussi la conception du produit de façon à se dire, peut-être qu'il faut le rendre démontable. Peut-être, si on reprend l'exemple aussi du smartphone, faisons en sorte qu'on ne prenne que des vis standards plutôt que de prendre des vis propriétaires. On va peut-être faire des modules, on va peut-être créer des réseaux de réparateurs agréés de façon à décentraliser la réparation. etc. Et donc c'est ça qui est assez intéressant, c'est que une fois qu'on a pris cette focale, et là en fait on voit qu'on a une multitude d'opportunités et qu'elles sont pas uniquement économiques, mais elles sont sociales et environnementales, mais en plus, et c'est ça qui est passionnant, c'est qu'on peut faire beaucoup plus avec moi et c'est ça qui fait un chemin d'enthousiasme en fait, c'est qu'on est dans un paradigme qui est complètement déconnecté des réalités physiques. Mais là justement, on peut faire des choses beaucoup plus intelligentes, qui respectent finalement beaucoup plus les principes du vivant, tout simplement en adoptant aussi cette approche globale systémique.

  • Speaker #0

    Selon toi, tous les business économiques pourraient passer à travers justement ces outils et cette réflexion, ou il y en a qui sont plus adaptés que d'autres ?

  • Speaker #1

    Oui, globalement, ça marche très bien pour tous les business models. Parce que souvent les gens nous disent oui mais pour les services ça marche moins bien. Ça marche moins bien mais en fait les gens ont tendance à oublier que à peu près tous les services dépendent de produits, dépendent d'équipements. Et donc il y a différentes façons de considérer ces équipements, de façon à ce qu'ils soient bien utilisés, et ce qu'on les considère bien du début à la fin. Donc là-dessus bien sûr il y a toujours des ajustements etc. Mais pour tous les business models qui... qui touche de près ou de loin à de la matière, je suis assez confiant.

  • Speaker #0

    Ça veut dire quand même un grand nombre.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et donc, ces différents outils, à un moment donné, tu t'es dit, nous, on les utilise, on a formé un certain nombre de personnes à les utiliser aussi, ils sont ou pas membres de ta communauté, mais à quel moment tu t'es dit, je vais encore plus loin, je les mets sur le marché, je les offre, en fait. C'est quand même énorme.

  • Speaker #1

    C'était dès le début en fait, parce qu'en fait, avec Nico à l'époque, ça nous semblait normal dans le sens où nous, on s'était inspiré de beaucoup d'autres personnes. Évidemment, le business model Canva d'Ostervalder, mais plein d'autres. Donc en fait, ça nous semblait être un... une façon maligne, tout simplement, de se faire connaître et puis d'aider les gens parce qu'on est toujours partis du principe qu'on n'était pas là pour créer le nouveau Big Four. C'était vraiment faire en sorte de dire on est là pour ramer dans le même sens que tout le monde, faisant en sorte qu'on puisse aider d'autres personnes si elles estiment que ça leur est utile.

  • Speaker #0

    Ce qui est génial avec cette démarche, effectivement, c'est que tu multiplies potentiellement ton action. permet au maximum de personnes de se poser les bonnes questions et de revoir des business models, mais en tant que chef d'entreprise, tu peux aussi te mettre un peu en danger, c'est-à-dire que tu mets à disposition de tes concurrents les mêmes outils que ceux que tu utilises toi. J'ai adoré, parce que je te tiens à préciser que tu animes aussi un podcast, comment s'appelle-t-il ?

  • Speaker #1

    Radio Circulable.

  • Speaker #0

    Que je vous invite à découvrir, j'ai vraiment adoré les différents épisodes que j'ai écoutés, il y en a un qui m'a marqué, c'est cette réflexion que tu as effectivement sur Est-ce que quand on forme nos concurrents, est-ce qu'on ne se tire pas une balle dans le pied ? Est-ce que ce ne sont pas des entreprises que je ne vais pas pouvoir accompagner ? Et est-ce que quand on veut faire du bien, est-ce qu'on ne veut pas... On se dit qu'il faut tellement démultiplier notre impact qu'on est prêt à faire des choix qu'on ne ferait pas du tout, effectivement, dans une industrie ou une économie classique ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de certitude pleine et entière sur le sujet. J'estime juste qu'encore une fois, on s'est inspiré de d'autres. Et puis, si on peut être utile à d'autres, c'est très bien. Evidemment on s'est coupé des opportunités comme ça, mais j'ai pas créé Circulab pour être millionnaire. Mon idée derrière Circulab c'est de faire en sorte que je remette la génération de ma fille, monte dans un meilleur état que ce que j'ai trouvé. Moi tout seul ce serait impossible, donc voilà pourquoi l'idée c'est de se dire faisons en sorte à notre échelle et dans notre domaine d'être cohérent et d'aider les autres si ça leur est utile. Encore une fois... Je ne sais pas, ce n'est pas grand chose ce qu'on a fait. Et puis après, en plus, je pense que les gens nous le rendent bien. Comme dans tous les modèles open source, je pense que si ce qu'on propose est de qualité, les gens aussi sont reconnaissants. Et puis je pense qu'il y a des interactions, il y a des relations qui se créent. Et je trouve que finalement, on a tous à gagner comme ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as des exemples concrets d'entreprises que tu as pu accompagner, qui ont vraiment revu leur business model ?

  • Speaker #1

    Oui, ce qui est assez intéressant, c'est qu'on a aussi initié des projets. O n travaille aussi avec une entreprise luxembourgeoise sur la mise en place d'un outil de veille sur tous les business models de l'économie circulaire. Donc là on a conçu pour eux tout un outil pour justement bien identifier, avoir cette veille sur les business models circulaires. Et puis un autre exemple que j'aime beaucoup aussi, c'est on a travaillé aussi pour JC Decaux, qui avait ce fameux... Le problème de génération de déchets des affiches en fin de vie, c'est-à-dire que toutes les affiches qu'on voit, les 4 par 2 dans les vitrines, c'est des affiches qui roulent. Et bien en fait, on a refait ce fameux circulaire Canva où on a été rencontrer l'imprimeur des affiches, on a été voir comment elles étaient assemblées, comment elles étaient installées dans les vitrines, etc. Et puis on a été voir un recycleur de papier. Et en fait, il y avait plusieurs problèmes qu'on a soulevés et qui... Ça vous permet finalement de dire, mais ce papier-là, que vous êtes obligés de payer pour détruire, 20 euros la tonne, en faisant les ajustements à la conception et à l'installation et désinstallation des affiches, et en fait, maintenant, vous pouvez le revendre 150 euros la tonne. Donc c'est ça qui est assez intéressant, c'est qu'encore une fois, nous, on n'est pas du tout des spécialistes du papier ou de la publicité dans les villes, mais c'était simplement le fait de se dire que, encore une fois, dans les entreprises, il y a toujours des grands spécialistes sur leur domaine. Mais il n'y a personne, quasiment jamais, qui est un spécialiste de tout, ou en tout cas qui prend le recul pour voir toutes les différentes étapes. Et donc nous, c'est ça notre valeur ajoutée, c'est qu'on ne sait rien, on ne fait que suivre les flux et voir comment ça peut changer.

  • Speaker #0

    Super intéressant. Donc là, tu as un point de vue économique ici. Mais si ce papier est mieux valorisé, c'est qu'il est quoi ? En meilleur état ? Et qu'il peut être mieux recyclé ou réutilisé ?

  • Speaker #1

    Alors là, en l'occurrence, c'était pour recyclage. Ce n'est pas tant ce qu'on cherche à faire à chaque fois, mais pour le papier, c'est intéressant. Et en fait, c'est surtout que les affiches qu'on voit, il y a un double assemblage. Ce sont quatre affiches de 2 mètres carrés qui sont assemblées, avec au-dessus, en dessous... ce qu'on appelle des zips. C'est la même usine qui fait les zips pour les sachets de gruyère que pour l'assemblage des affiches. Donc déjà, ça te fait du plastique. Et ensuite, ces quatre affiches de 2 mètres carrés sont assemblées par une croix d'assemblage qui est tout simplement deux lignes de scotch, enfin, dans les deux droites perpendiculaires. Et donc, ce scotch plus ce zip bloquait les pulpeuses des imprimeurs. Et donc, il fallait penser tout un dispositif soit pour changer l'assemblage des affiches et surtout pour désassembler les affiches. En plus, ce n'est pas des sujets évidents dans le sens où, comme on peut s'en douter, JC Decaux, ça fait 50 ans qu'il bosse sur ces domaines-là, il y a plein d'optimisation dans tous les sens. Donc, il fallait s'ajouter au process quand c'était pertinent.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un conseil peut-être que tu pourrais donner aux chefs d'entreprise ou aux professionnels qui nous écoutent pour commencer à initier cette réflexion autour de l'économie circulaire dans leur entreprise ?

  • Speaker #1

    Je vais être assez bateau, mais par rapport à ce qu'on disait tout à l'heure, l'idée c'est de dire mais est-ce que mon entreprise répond véritablement à un besoin du 21e siècle ? C'est une question assez large, mais qui a l'avantage d'être assez tranchante, dans le sens où si on ne répond pas aux besoins... essentiel des populations au XXIe siècle. Et donc là, je vais être assez cash. C'est vraiment... dormir, être logé correctement, manger, etc. Je pense qu'il faut avoir le courage de se dire, en fait, j'arrête cette activité-là, parce que les besoins, nos besoins, ce n'est pas ceux de nos enfants ou quoi, c'est dès maintenant, il va falloir intégrer le fait qu'on est dans un monde fini et qu'il va y avoir beaucoup de perturbations, et donc il va falloir se concentrer sur l'essentiel, plutôt que... de se concentrer sur le superflu comme on sait bien le faire malheureusement dans notre société. Donc avoir le courage de le faire maintenant, effectivement ce n'est pas facile, mais par contre ça permet d'anticiper, de s'adapter. Bien sûr il faut atténuer ces impacts, mais en fait ce ne sera plus suffisant. Il faut non seulement atténuer ces impacts, mais en plus s'adapter. Et la bonne nouvelle c'est que si on le fait en anticipant, je n'ai pas dit qu'il fallait tout changer du jour au lendemain, dans une entreprise c'est compliqué, mais rien n'empêche d'initier de nouvelles activités sur le côté, qui peuvent prendre le relais demain. Et ce qui est assez intéressant, c'est qu'il y a plein d'activités, de savoir-faire qui existent, qui sont peut-être dans des domaines très profitables aujourd'hui, qui pourraient être reconsidérées dans d'autres secteurs d'activité. Typiquement, c'est un exemple que je prends souvent, mais les développeurs informatiques en Islande, quand il y a eu le krach, nous en trouvons 2010 en Islande, en fait, ils ont quitté les banques, et en fait, ils ont été dans des boîtes beaucoup plus petites, qui pouvaient enfin se les offrir, et finalement, ça a donné un nouveau souffle à l'économie islandaise. Il faut le voir aussi comme un besoin de transformation, mais hyper enthousiasmant, en se disant, oui, on va renoncer à des choses, mais finalement, encore une fois, il faut garder en tête qu'on n'est que de passage sur cette planète, et que finalement, il faut faire en sorte que ce passage soit le plus vertueux possible pour ceux qui vont nous succéder.

  • Speaker #0

    Alors je vais faire un petit peu l'avocat du diable, parce que je comprends les discours que tu tiens, mais on vient de citer l'exemple de J.C. Decaux, en tant que tel, de cette activité de publicité. C'est vraiment nécessaire.

  • Speaker #1

    Je me suis fait la réflexion quand je te l'ai dit. Oui, tout à fait, mais ça, c'est un projet qu'on avait fait en 2017. On n'était pas encore aussi tranché qu'on l'est aujourd'hui. Mais c'est pareil, il y a un autre projet sur lequel on a bossé, on bosse encore cette année, c'est repenser l'expérience du spectateur pour le Stade Vélodrome, pour l'Olympique de Marseille. La problématique était la suivante, c'est comment réduire, trier. valoriser les déchets du stade pendant un match de l'Olympique de Marseille. Au bas mot, chaque match génère au minimum, enfin de ce qui est mesurable en tout cas, pas ce qui est autour du stade, c'est 10 tonnes de déchets par match. En fait, avant qu'on fasse ce projet-là, j'ai dit à l'équipe, mais enfin typiquement, un petit peu comme tu viens de le faire, ça ne sert à rien d'aller là-bas, c'est de l'entertainment, c'est complètement con, et l'équipe m'a dit, mais t'es con, en fait, si on arrive à le faire là-bas, on pourra le faire partout. Et je fais Ah, effectivement ! Et en fait, c'est ça qui est assez intéressant, c'est que oui, il faut se poser la question du sens prochain sur lequel on va travailler, mais il faut surtout aussi se poser la question des conséquences que ça peut avoir si on réussit à faire tel ou tel sujet. Effectivement, JC Decaux, en plus, entre-temps, ils se sont beaucoup plus basés sur le numérique que sur le papier entre-temps, etc. Mais on apprend aussi tous les jours, donc c'est aussi pour ça qu'on essaie d'avoir un maximum d'humilité sur... sur ce qu'on fait.

  • Speaker #0

    Et puis globalement, c'est aussi une étape parfois nécessaire et intermédiaire pour aller plus loin demain. Et effectivement, peut-être que le loisir, on pourrait se dire que ce n'est pas indispensable, mais c'est quand même utile dans la cohésion et dans le bien-être des hommes. Après, s'il est moins polluant et plus vertueux, il peut un peu plus trouver sa place tel qu'il existe effectivement brut aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Je te rejoins. Peut-être une dernière question. De quoi tu es le plus fier aujourd'hui, Nibri ?

  • Speaker #1

    Je suis assez fier, effectivement, de tout ce qu'on a réussi à faire avec l'équipe. C'est-à-dire que, surtout, très fier aussi d'être associé avec Justine, mon associée qui est plus basée à Paris. Depuis janvier 2016 qu'on bosse ensemble. Et je suis assez fier de tout ce qu'on a réussi à faire. d'avoir aussi créé cette fameuse équipe et puis finalement d'avoir créé un job qui me plaît en fait et où je me dis, je ne me pose pas la question le matin de pourquoi je me lève, ce qui était le cas quand j'étais salarié, la fin où j'avais un mal fou à me lever en fait ça fait 12 ans que je me dis, enfin je ne me pose pas la question et même si évidemment tout n'est pas parfait et qu'on aimerait faire beaucoup mieux sur plein plein plein plein d'aspects, bah au moins je sais que normalement je devrais pouvoir me regarder dans la glace plus tard.

  • Speaker #0

    Merci pour ce mot de la fin moi je vous invite vraiment à aller sur ton site, à découvrir les outils à découvrir les exemples j'aime beaucoup d'ailleurs votre approche il y a beaucoup d'humour dans votre façon d'aborder le sujet.

  • Speaker #1

    Ça c'est Fabrice je suis très fan

  • Speaker #0

    Et je vous invite aussi à vous rapprocher de cette communauté Circula parce qu'il y a plein de professionnels fabuleux qui sont appropriés vos outils et qui sont capables de vous accompagner dans l'évolution de votre entreprise. Bien sûr, sollicitez Circula, mais aussi cette communauté, notamment pour avoir des accompagnants de proximité.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. D'ailleurs, on est en train de... Peut-être qu'il sera fini quand tu puissiras l'interview, mais on est en train de faire le site de la communauté, donc ça sera circula.community et les outils sont disponibles sur circula.com. Académie.

  • Speaker #0

    Super, et puis je vous invite aussi à découvrir le podcast parce qu'encore une fois, c'est une belle source d'inspiration. Je vous remercie d'avoir été avec nous jusqu'au bout, d'avoir découvert les principes de l'économie circulaire, donc c'est un vaste sujet auquel ça mériterait plusieurs épisodes. Peut-être qu'on en fera d'autres, c'était la première couche, mais je vous invite vraiment à investiguer, à aller plus loin parce que ça détient les clés. pour amener notre monde à être plus résilient et plus protecteur. Et j'aime aussi cette démarche, non seulement d'éviter de trop polluer, mais de reconstruire derrière. On l'a un petit peu moins abordé, mais c'est aussi un angle que je trouve vraiment nécessaire et important. Et je vous invite, comme d'habitude, à prendre le temps de mettre des petites étoiles sur l'épisode, à le poster dans vos réseaux, à le partager. Parce que moi aussi je crois à l'effet papillon, je crois à cette petite graine qu'on va mettre à un moment donné dans la tête d'un professionnel, d'un dirigeant, qui va avoir envie de créer sa boîte, qui va avoir envie de bouger les lignes. Et c'est comme ça qu'on va petit à petit faire bouger les choses. Et hier, dans l'animation de l'événement, Samuel Lepore de la société Trival qui me rappelait qu'il ne suffit que 12% de la population et adopter un mode de fonctionnement pour faire basculer l'ensemble de la population. Donc allons chercher ces 12% tous ensemble. donc diffusons, diffusons, partageons et merci encore d'être là et à très bientôt

Description

Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Leaders Engagés, le podcast qui recycle vos idées sur l’économie comme Brieuc Saffré recycle… eh bien, à peu près tout ! Nous avons l’honneur d’accueillir un invité qui voit la circularité là où d’autres voient une fin de vie. Il ne s’agit pas d’un magicien, mais il pourrait tout aussi bien l’être, car il transforme les déchets en ressources.

 

Nous allons parler recyclage, mais pas celui de votre vieux journal ou de votre bouteille en plastique. Non, nous allons parler de recyclage d’idées, de modèles économiques, et de visions pour l’avenir. Et pour cela, je suis allée chercher pour vous la référence française, que dis-je, mondiale, de l’économie circulaire, Brieuc Saffré, le co-pilote de Circulab, le studio et la communauté éponyme qui depuis 2012, aide entreprises, institutions et collectivités à s’adapter aux limites planétaires avec une approche systémique et pragmatique1. Leur boulot ? Nous aider à faire mieux avec moins et à nous sortir les doigts du short ! Dis comme ça donne envie non ?

 

Ici je vous propose un épisode un peu spécial. Il fait partie de la mini-série les Experts Engagés mais il aurait aussi pu faire partie du format classique de Leaders Engagés car Brieuc n’a pas toujours été sur ces sujets et lui aussi a eu son point de bascule. Mais c’est l’expert à qui je vais m’adresser en particulier pour qu’il vous débroussaille le sujet de l’économie circulaire, que vous en compreniez les enjeux et surtout, qu’il vous présente les outils fabuleux qu’il a développé avec ses équipes pour mettre nos entreprises en actions, le tout en Open source car Brieuc, c’est quelqu’un de généreux et qui aime croire à l’effet papillon.

 

Alors préparez-vous à découvrir comment on peut générer des revenus avec les déchets d’entreprise ou repenser l’expérience du stade Vélodrome ou de la ville de Paris pour réduire les déchets, car aujourd’hui, Brieuc va nous montrer qu’en économie circulaire, le dernier mot est toujours ‘possible’.


Bonne écoute !


📍 Pour en savoir plus sur Circulab: https://circulab.com/fr


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Je m’appelle Nathalie Bellion. Je suis la dirigeante de Sèves, le premier cabinet de conseil en fusion et acquisition engagé, au service des acteurs de la Tech et de l’Impact. Ce podcast est l’une des contributions de SèveS en tant que société à mission. Il a vocation à inspirer les dirigeants sur des modèles innovants au service des enjeux environnementaux et sociaux.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Leader Engagé, le podcast qui recycle vos idées sur l'économie, comme Brieuc après recycle... eh bien à peu près tout. Aujourd'hui, nous avons l'honneur d'accueillir un invité qui voit la circularité là où d'autres voient une fin de vie. Il ne s'agit pas d'un magicien, mais il pourrait tout aussi bien l'être, car il transforme les déchets en ressources. Aujourd'hui, nous allons parler recyclage, mais pas celui de vos vieux journaux ou de votre bouteille en plastique. Non, nous allons parler du recyclage d'idées, de modèles économiques et de visions pour l'avenir. Pour cela, je suis allée chercher pour vous la référence française, que dis-je, mondiale, sur l'économie circulaire. Brios a fait le copilote de Circulab, le studio et la communauté éponyme, qui depuis 2012 aide les entreprises, institutions et collectivités à s'adapter aux limites planétaires avec une approche systémique et pragmatique. Leur boulot ? Nous aider à faire mieux avec moins et à nous sortir les doigts du short comme ils disent. Bienvenue dans ce nouvel épisode qui inspire les professionnels sur les nouveaux imaginaires économiques. Je suis Nathalie Bélier, la dirigeante de SEV, le cabinet de conseil en fusion et acquisition réinventé, autour du sens et de la valeur, au service des acteurs du numérique et des entreprises à impact positif. Je vous propose un épisode un peu spécial. Il fait partie de la mini-série Les experts engagés que nous avons entamée il y a quelques semaines avec Delphine Gibassier sur la fameuse CSRD. Si vous ne savez pas encore bien ce qui se cache derrière ces acronymes, je vous invite à écouter l'épisode. Je vous dis un peu spécial car Brieux aurait aussi pu faire partie du format classique de leader engagé. Il n'a pas toujours été sur ce sujet et lui aussi a eu un point de bascule. Mais c'est l'expert à qui je veux m'adresser en particulier pour qu'il nous débroussaille le sujet de l'économie circulaire, que vous en compreniez les enjeux et surtout qu'il vous présente les outils fabuleux qu'il a développés avec ses équipes pour mettre nos entreprises en action, le tout en open source car Brieux c'est plutôt quelqu'un de généreux et aussi quelqu'un qui aime croire à l'effet papillon. Alors, préparez-vous à découvrir comment on peut générer des revenus avec les déchets d'entreprise ou repenser l'expérience, par exemple, du stade Vélodrome ou de la ville de Paris. Car aujourd'hui, Brieux va nous montrer qu'en économie circulaire, le dernier mot, c'est tout est possible Bonjour Brilleux.

  • Speaker #1

    Bonjour, bonjour Nathalie. Je suis super mal à l'aise. Merci pour toute cette présentation. Je n'ai pas du tout l'habitude et je ne me considère toujours pas comme expert de l'économie circulaire. Mais un grand merci pour cette présentation.

  • Speaker #0

    Alors, je suis une nouvelle fois embêtée qu'on n'ait pas filmé en fait. Parce que je vois effectivement ton émotion. Ce n'était pas forcément le but de notre introduction, mais ça me touche aussi. et on voit à quel point ce que tu fais a du sens pour toi et est important. On va faire un petit retour arrière avant que tu nous parles d'économie circulaire. Quelles études as-tu fait ?

  • Speaker #1

    J'ai fait un bac ES et ensuite j'ai fait une école de commerce que tu connais bien puisque c'est l'ESCA à Angers, donc de 2003 à 2008. J'ai adoré cette période-là, j'étais hyper engagé dans la vie associative et puis j'ai eu des expériences à l'international pendant cette période-là qui étaient hyper sympas, j'ai fait un stage en Inde. J'ai fait un autre stage au Canada et au Québec plus particulièrement. Et ensuite, après mon diplôme, où j'ai fait mon stage de fin d'études à Paris dans le groupe Publicis, eh bien, j'ai décidé de partir un an en Australie avec un ami. J'estime que cette année en Australie fait partie un peu de mon expérience aussi, parce que, enfin, initiale dans le sens où j'ai pas mal appris là-bas. Je fais des petits boulots comme des boulots plus classiques. C'était une super année également.

  • Speaker #0

    C'était un peu une année de césure finalement, tu t'es fait avant de bosser pour de vrai ?

  • Speaker #1

    Exactement, je l'ai considéré comme tel parce que je ne l'avais pas fait pendant l'ESCA. Et en plus, je pense que j'avais un bon timing parce que le jour où je suis arrivé à Sydney, c'était le crack de Lehman Brothers. Et j'ai eu pas mal de potes de promo qui ont galéré à trouver des jobs pendant cette année-là. Et donc je me suis dit, finalement avec le recul, j'ai eu le bon timing.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te souviens ? Pourquoi tu avais fait cette école, pourquoi tu avais fait ces études ? Est-ce que tu avais un rêve précis à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Il y avait une notion de facilité parce que là, ça ne va pas être très glorieux dans le sens où moi en seconde, je voulais plutôt faire l'école de design de Nantes, être en Nantais. Et je m'étais même inscrit dans l'option art plastique de mon lycée et tout, j'étais assez motivé. Et puis je pense une certaine forme de pression sociale, le design, bof, bof, bof. Et l'ESCA en plus à Nantes était bien réputé, et donc comme je n'avais pas trop d'idées précises, je me suis lancé dans cette aventure-là. Mais finalement le design, j'avais ouvert une porte à l'époque, et même quand j'étais petit je voulais faire architecte, et finalement j'y suis revenu plus tard.

  • Speaker #0

    Je trouve ça chouette que tu me partages ça, parce qu'il y a un côté créatif que tu avais en toi, et puis finalement aujourd'hui tu designs des modèles économiques, donc je trouve ça plutôt sympa, et tu as créé pas mal d'outils, donc c'est aussi une autre forme de design. Donc là tu fais ton année en Australie, petit job, j'imagine pas mal la fête et des bons moments.

  • Speaker #1

    Oui, et puis le voyage et tout, donc on a de super rencontres en plus dans cette étape.

  • Speaker #0

    Une connexion particulière avec la nature ou pas forcément ?

  • Speaker #1

    En fait, là, c'est plus ma période en Inde qui m'a mis le doigt, enfin, la puce à l'oreille, disons. Et je savais que le sujet que j'appelais environnement à l'époque m'intéressait, mais étant à l'ESCA, etc., je n'étais pas forcément sensibilisé au sujet. Il y avait une journée, un moment sur l'écologie industrielle, ça, c'était tout le premier semestre, ça m'avait marqué aussi. Et finalement, en Australie, ça revient un peu parce que j'étais en discussion. Sur Skype avec un ami qui lui était au Mexique, qui venait de venir à l'ESCA comme moi, qui était dans ma promo entrepreneuriat, qui est connu maintenant puisque c'est Alexis Lerossignol qui est maintenant humoriste entre autres sur France Inter, avec qui on se disait putain ce serait pas mal de créer une boîte sur tout ce qui est recyclage etc. Bon, c'était une simple discussion sur Skype qui n'a finalement pas donné lieu à grand chose par la suite. Bah voilà, c'est resté comme ça, dans un coin de la tête, mais c'est resté enfoui un bon moment.

  • Speaker #0

    Donc quand tu rentres d'Australie, quel est ton projet de vie professionnel ?

  • Speaker #1

    Alors quand je rentre d'Australie, je reste un peu bloqué sur le marketing dans le sens où à ce moment-là, donc on est en 2008. En 2009, à mon retour, les médias sociaux commencent à prendre de plus en plus de place. Et puis en Australie, j'ai bossé dans plusieurs agences sur le sujet, donc ça m'a pas mal intéressé. Et je vais rejoindre Scanblog, qui était une boîte qui avait été co-créée par un ancien SK, Cyril Chaudoy. Je lui propose un déjeuner parce que je l'avais vu pour mon mémoire de fin d'études. Et je lui dis, pendant le déj, je lui dis, vous faites de la veille des études pour vos clients, qui sont des grands groupes, sur qu'est-ce que sont les médias sociaux et comment les gens... On parle de vous Marc sur les médias sociaux et en fait ce qu'il faudrait faire, enfin ce que je te propose de faire, c'est de les accompagner sur comment bien utiliser les médias sociaux. Il me dit bah ça tombe bien parce que ce matin sur mon scoop c'est ce que je me disais qu'il fallait qu'on fasse.

  • Speaker #0

    On est flippés.

  • Speaker #1

    Complètement. Et donc c'est comme ça que j'ai rejoint Scanblog et ça a été deux années assez intenses, hyper intéressantes. où j'ai pas mal développé ce que j'appelais la brand utility, c'est-à-dire un marketing utile qui répond aux besoins, pas uniquement des consommateurs, mais aussi aux besoins sociétaux des citoyens. Faire en sorte que les marques s'engagent pour faire des choses qui ont du sens. Pourquoi ? Parce qu'en fait, à cette époque-là, Internet était toujours considéré comme un média de masse, enfin, il était mal considéré finalement. Et donc les marques disaient, si je fais une vidéo, il faut que je fasse 1 million de vues, 2 millions de vues. Et en fait, j'essayais tant bien que mal d'expliquer que ce n'était pas ça. Internet, c'est un média d'interaction. Et donc, ce qui importe, ce n'est pas le message que vous diffusez, c'est ce que les gens vont dire de vous. Et donc, c'est votre réputation. La réputation, ça dépend des actes. Et quand on repart des actes, ça veut dire des bons produits, des services de qualité, une expérience intéressante, etc. Et... Il s'est passé que j'ai fait un livre sur ce sujet là qui est sorti en février 2012, c'était la suite d'un blog que j'avais initié en 2010 avec un stagiaire de CSKBlog qui s'appelle Marwan et Marwan Al Saadi que je salue. On a fait ce blog, on l'a animé, on a fait pas mal de présentations et tout, mais ça marchait pas, enfin je veux dire, les annonceurs avaient pas encore cette maturité sur le sujet, et donc j'avais vraiment l'impression de rester dans le désert. Il s'est passé tout simplement le fait qu'après j'ai aussi beaucoup bossé pour des entreprises qui bossaient notamment dans la viande ou des sujets un petit peu comme ça. Et donc... En faisant beaucoup d'études sur les médias sociaux, je suis aussi tombé beaucoup sur des documentaires qui rappelaient un petit peu toutes les problématiques. Et en fait, là, l'aspect environnemental est revenu au fur et à mesure. Et enfin, toujours dans mon travail sur la brand utility, à un moment, je suis tombé sur une vidéo de la fondation Ellen MacArthur, donc une fondation référence sur le sujet, qui, comment dirais-je, avait fait une vidéo qui présentait ce qu'était l'économie circulaire. et j'ai trouvé ça passionnant parce que je me suis dit putain mais c'est trop bien ce truc et en fait j'ai fini par comprendre qu'il ne se passait pas grand chose aussi sur le sujet mis à part cette vidéo et c'est comme ça que je me suis inscrit à un startup week-end En janvier 2012, je venais de quitter Scanblog et j'ai intégré une autre entreprise en tant que responsable marketing. Mais j'ai fait quand même ce startup week-end et c'est là que j'ai rencontré Nicolas, qui est devenu mon premier associé pour Circulab. Et on a initié Circulab à ce moment-là, en janvier 2012.

  • Speaker #0

    Le temps d'un week-end.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est toujours...

  • Speaker #0

    En tout cas, n'est pas à toi.

  • Speaker #1

    Ouais, on a allumé l'étincelle.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu étais allé chercher dans cet atelier ? Tu sentais qu'il y avait quelque chose à créer, que tu voulais...

  • Speaker #1

    Je pense que je faisais un peu ma crise de la trentaine avant l'heure aussi. J'avais vraiment envie d'entreprendre quelque chose. Bonne rencontre à ce moment-là. On était plusieurs, mais avec Nico, ça... Ça a matché et on était assez différents mais on avait envie de bosser ensemble. C'est comme ça qu'on a avancé.

  • Speaker #0

    Donc l'idée de base de Circulab, qui n'était peut-être pas comme ça d'ailleurs à l'époque.

  • Speaker #1

    Ça avait un nom un petit peu imprononçable et surtout avec une grammaire très particulière, c'était de l'aborigène. Ça s'appelait WITA. I-I-T-H-A-A

  • Speaker #0

    Pas très très fin. Le marketeur avait prêté très bon le dessus.

  • Speaker #1

    C'était très compliqué d'un point de vue référencement, mail, etc. Toutes les erreurs qu'on pouvait faire, on les a faites, je pense. Mais il y avait une belle histoire à laquelle Nico tenait beaucoup. A raison d'ailleurs. Le Wita, c'est le nom aborigène d'un oiseau qu'on appelle le Bowerbird en anglais, qui vit principalement en Australie, qui fait des niches. Il est poli. paille, des pinces à linge, etc. qui sont venues, par exemple, ou même des canettes, etc. Et donc, en fait, lui ne les a pas considérées comme déchets, mais comme des ressources. Il a fait des nids aussi, il y a des belles photos d'ailleurs que vous pouvez voir sur Google Images ou autre, de nids de bowerbirds qui sont assez dingues d'un point de vue esthétique, d'un point de vue couleur, etc. Et donc, finalement, lui a retourné la contrainte en opportunité. Et donc, c'était une belle métaphore que d'utiliser le WITA pour dire ce qu'on... ce qu'on faisait, mais effectivement d'un point de vue non, c'était une catastrophe.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup l'histoire et la symbolique. Oui, tout à fait. Merci de l'avoir partagé. Wita, c'était quoi son projet au départ ?

  • Speaker #1

    Oui, alors le projet était très différent, mais en fait, le projet initial, c'était faire une sorte de eBay de l'upcycling. Alors, on est en 2012, donc eBay, ça reste une référence, mais de l'upcycling, c'est-à-dire qu'on allait avoir trois activités, c'est-à-dire vendre. des objets qui ont été faits avec des ressources non désirées ou laissées pour compte. Vendre également des ateliers. On a fait des ateliers avec des designers qui formaient des gens à réutiliser des matières dont ils ne voulaient pas. Troisième activité, mais là c'était plus en B2B, c'était organiser, concevoir des scénographies, des décors, des événements pour des entreprises, que ce soit culturelles ou des entreprises classiques. Et finalement c'est plus sur cette voie-là qu'on a... qu'on a accéléré en 2013, mais le seul truc sur lequel on était vraiment sûr de nous, c'était pas tant nos prestations, c'était plus, la raison d'être de WITA, c'était faire disparaître la notion de déchet. Parce que finalement, le déchet, c'est une invention humaine relativement récente. Si on regarde l'histoire de l'humanité, il n'y a qu'une seule espèce qui fait des déchets. dont quasiment aucune autre espèce vivante est capable de retraiter. Et donc l'idée c'était de dire, faisons en sorte de faire disparaître ce mot, parce que finalement, quand on oublie ce mot, ça devient des ressources. Et d'un coup d'un seul, par ce simple changement sémantique, le fait de parler de ressources plutôt que de déchets, ça crée des opportunités. économique, sociale, environnementale. Donc voilà pourquoi on insistait sur cette raison d'être-là qui nous a fait faire plein de trucs différents avant qu'on se fixe véritablement en 2014.

  • Speaker #0

    Et donc en 2014, vous avez pris un nouveau virage, vous avez enlevé les activités peut-être plus accessoires ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, dès 2013, on a arrêté notre site en ligne. Parce qu'on avait un super développeur qui était Edouard, ça se passait bien et tout, mais c'est juste qu'on avait l'impression d'être trois et on bossait quasiment chacun de notre côté. Et donc assez vite, en 2013, on a arrêté le site, on s'est concentré sur les prestations aux entreprises, donc principalement l'événementiel à ce moment-là, mais avec toujours en tête l'idée de conseiller les entreprises. sur justement comment on fait pour les faire travailler sur ces aspects-là. Et l'événementiel nous a beaucoup appris, parce que finalement, notre première grosse prestation, c'était pour l'île 3000, gros événement culturel qui avait été créé suite pour l'année où l'île avait été capitale européenne de la culture. Et régulièrement, peut-être tous les ans ou tous les 2-3 ans, ils refont... des grandes expositions, une grande suite d'événements. Et on avait été sollicité pour faire une scénographie. Et c'est comme ça qu'on a commencé à concevoir des scénographies, uniquement avec des ressources dont personne ne voulait. Et donc on mobilisait des designers pour les utiliser.

  • Speaker #0

    Donc il y avait un côté très très créatif et le côté... Finalement, architecte dont tu parlais, tu l'as mis en œuvre là avec de la scénographie, finalement, directement, mais on n'est pas encore dans le conseil B2B sur l'économie circulaire. C'est-à-dire que toi-même, tu fais de l'économie circulaire pour tes clients, finalement, pour un événement.

  • Speaker #1

    Oui, je suis complètement d'accord avec toi, on n'est pas dedans encore. Mais par contre, au fur et à mesure des événements, on applique une méthode qui allait finalement devenir la base de la méthode circulable, c'est que dès la conception... de l'événement, on pense l'après-événement. Et donc quand on pense l'après-événement, ça te fait voir très différemment le avant-événement. Comment tu produis, avec quoi tu produis, avec qui tu produis. Et en fait, on se rendait compte que plus on faisait des scénographies de qualité, plus on allait travailler avec des artisans proches de nous et proches du lieu où on allait faire l'événement. Et puis surtout, peut-être qu'on allait aussi avoir des matériaux de meilleure qualité, peut-être qu'on allait... emprunter, louer plus que si on avait acheté à bas prix pour jeter par la suite, plutôt que de penser une seule étape où on essaye de tirer les prix dans tous les sens pour avoir le plus de marge possible, en fait on disait, ben non, l'événement n'est qu'une étape. Bien sûr, il faut que l'événement soit hyper inspirant, qu'il réponde bien, qu'il y ait des charges du client, mais en fait, ça va être une suite d'opportunités. L'étape événement n'est qu'une opportunité parmi d'autres qui vont arriver avant. pendant et après.

  • Speaker #0

    Je trouve ça très chouette parce qu'en fait, tu es parti de ta propre expérience pour finalement en tirer une méthode ou des étapes, une organisation pour après développer Circula, peut-être qu'il est aujourd'hui et tu vas nous expliquer. Juste, tu n'étais pas designer, toi. Comment tu as fait à l'époque ? Tu étais designer ?

  • Speaker #1

    Effectivement, je ne suis toujours pas designer d'ailleurs. Mais Nico, lui, avait un diplôme en design et c'est aussi pour ça qu'on bossait beaucoup avec des designers. produits ou autres qui avaient envie de bosser avec nous, parce qu'il y a beaucoup aussi de designers qu'on rencontrait à l'époque qui étaient très sensibles à ces enjeux de ressources, et donc au fur et à mesure on s'apprenait tous des trucs les uns les autres. Donc non, ça c'était assez intéressant, et puis c'est surtout que les designers qu'on rencontrait, ils étaient très concentrés, c'est normal, c'est leur formation sur le produit ou la scénographie en question. Et ils étaient moins sur ces notions de flux sur l'avant-après. Et donc des interactions qu'on avait, on s'enrichissait mutuellement, on se posait des questions tout simplement. Et on a fait en 2013, en 2014 d'autres expos, d'autres scénographies dans des centres commerciaux, etc. On avait fait aussi une expo à la Design Week à la Galerie Ben Simon, on avait fait des ateliers au Palais de Tokyo, enfin bref c'était... C'est assez rigolo, on testait plein de trucs, mais c'était vraiment le début du début.

  • Speaker #0

    Et quelle a été l'étape d'après ?

  • Speaker #1

    Et en fait, l'étape d'après, on était installé à ce moment-là à Essie-Montreuil. Et Nicolas Barre, qui est le fondateur d'Essie-Montreuil, me dit Là, je bosse avec une boîte dans le bâtiment, et ils aimeraient appliquer l'économie circulaire dans leur business model. C'était un truc, là. Je suis évidemment, j'ai un truc Nico, il n'y a pas de souci. Donc c'est comme ça qu'avec Nicolas et Flora, notre designer de l'époque, on a commencé à concevoir un début de méthode de façon à ce que l'entreprise qu'on allait accompagner puisse déjà poser ses différents business models et surtout, deuxième étape, faire en sorte de repenser son business model avec les principes d'économie circulaire. Et là c'est devenu assez intéressant parce qu'on les a vus sur deux ou trois sessions et ils ont généré des idées hyper intéressantes et surtout sur les quatre idées qu'ils avaient générées assez rapidement ils en ont mis deux en place par la suite. Et on s'est dit mais putain c'est génial si ça marche avec eux, ça marchera avec d'autres. Et c'est comme ça qu'on s'est dit bon bah on va travailler cette méthode, on va l'améliorer puis surtout on va la... la promouvoir. Et donc ça, tu vois, c'était il y a quasiment 10 ans, puisque l'accompagnement de cette entreprise, c'était en octobre 2014. Et on a fait notre premier atelier public en janvier 2015.

  • Speaker #0

    Circulab était lancé ?

  • Speaker #1

    Oui, et effectivement, on a fini par appeler ça la méthode Circulab. Et donc, c'était Wita qui portait la méthode Circulab. Et ça, on a mis un peu de temps à comprendre qu'avoir deux marques dans une petite structure, c'est quand même compliqué. Mais ça, ça reviendra plus tard. C'est en 2019, où avec Justine, qui est devenue mon associée entre-temps. Merci. on s'est dit on arrête WITA et maintenant on s'appelle Circulum.

  • Speaker #0

    Donc ça c'était il y a dix ans, j'imagine que la méthode elle a grandi, elle a évolué, mais surtout vous étiez quand même ultra pionnier. On n'en parlait quand même pas énormément de l'économie circulaire à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, il y avait pas mal de documents, de livres, notamment à l'époque... Vanguard et McDonough, un auteur américain et allemand, ils rédigeaient au début des années 2000 Cradle to Cradle, donc c'était une grosse référence. On parlait aussi un peu de biomimétisme avec Janine Binius, et puis évidemment la fondation de MacArthur que j'ai évoquée. Et en fait, en France, effectivement, on n'était pas nombreux, et puis il n'y avait pas trop de connexion entre les gens. Donc voilà, ça c'était un petit peu le contexte de l'époque.

  • Speaker #0

    Ok, donc quelles ont été les étapes après, qui ont fait un petit raccourci entre 2014 et 2024, et rentrer sur les produits ?

  • Speaker #1

    C'est rigolo parce que j'ai du mal à dire que c'était il y a 10 ans. En gros, il y a eu une première grosse étape, c'était septembre 2015. En fait, au fur et à mesure qu'on faisait des ateliers, les gens nous disaient, mais nous aussi on veut vos outils. Ben, on ne sait pas pourquoi, mais ok. Et donc c'est comme ça qu'on a créé la Circulab Community, qui finalement... On a appliqué la méthode circulable pour répondre à cette problématique et c'est comme ça qu'on a créé donc une communauté où on allait former les professionnels qui le souhaitaient à utiliser nos outils auprès de leurs clients, soit pour les former, soit tout simplement pour les accompagner à appliquer les principes de l'économie circulaire dans leur modèle économique. On était les premiers surpris parce qu'en fait les gens qui sont venus nous voir on les considérait un peu comme des concurrents mais c'était tout simplement des consultants indépendants et consultants et consultantes et donc on a commencé avec une première promo en septembre 2015. Et avec six personnes, il y en a qui sont toujours là, donc ça c'est assez génial. Donc ça c'est la première grosse étape pour Circulab. Et puis dans les années qui ont suivi, on a travaillé pour des grosses entreprises comme Veolia, comme Suez, comme Ikea, L'Oréal, etc. Et ça c'était assez intéressant parce que ça nous permettait… En fait on avait vraiment tourné ça sous forme de jeu. C'est pas un jeu à proprement parler mais on avait gamifié beaucoup de choses. Et en fait, ça avait un côté ludique, mais surtout, ça permettait de faire comprendre toute la complexité des sujets. Parce qu'il n'y a pas un responsable économie circulaire, comme il n'y a pas un responsable médias sociaux. En fait, c'est des paradigmes qui sont transverses. Il n'y a pas une personne qui va être capable de répondre à toutes les problématiques. Et en fait, notre méthode s'appuie beaucoup sur l'intelligence collective. Parce qu'on part du principe que sur des sujets aussi complexes, il n'y a pas un cerveau qui va pouvoir répondre à tout. De cette façon de faire travailler les gens, ça a pas mal... marchait et ça permettait vraiment aux gens de s'impliquer dedans. Donc ça, c'est les premières années. Dès 2016, on a commencé à former les gens qui ne souhaitaient pas forcément rejoindre la communauté, mais à appliquer notre méthode. Donc on a continué les formations. Et puis 2018, on a aussi amélioré la méthode encore. Là aussi, ça repartait d'un besoin client qu'on a réintégré dans la méthode Circulab. C'était comprendre vraiment le contexte global. d'un secteur d'activité, pas uniquement le business model d'une entreprise. Et c'est comme ça qu'on a créé un nouvel outil, qui était le Value Chain Canva, qui nous permettait de faire, j'aime bien prendre cette métaphore, c'est prendre la main des gens et on les amène en haut de la montagne pour qu'ils regardent un petit peu comment ça se passe et surtout faire en sorte qu'ils sortent la tête du guidon. Et en fait, en sortant comme ça, en ouvrant un peu les yeux plus grands, souvent les gens viennent nous voir parce que, mettons, ils ont un problème. de génération de déchets. Et puis en fait, quand on regarde les grandes étapes du début à la fin, alors là on n'est plus sur le business model, mais ça peut être aussi la même réflexion sur la chaîne de valeur, en fait ils se rendent compte que le problème il est ailleurs, il est peut-être à l'assemblage, ou à la conception, ou à la façon de distribuer, la façon d'enlever, de récupérer les produits, et en fait ça permet d'avoir beaucoup d'autres opportunités que si on avait essayé de rajouter un patch sur comment on recycle ces déchets que personne n'arrive à recycler.

  • Speaker #0

    Quand tu accompagnes des gens comme Ikea, par exemple, justement tu disais il faut plusieurs cerveaux, qui sont tes interlocuteurs ?

  • Speaker #1

    À l'époque, c'était des interlocuteurs qui étaient aux Pays-Bas, c'était la branche Ikea Concept, donc on était encore sur l'aspect... concept, c'est-à-dire qu'ils testaient plein de choses chez Ikea. Et donc, on a fait quelques ateliers en Espagne et puis en Suède, tout simplement. Et là, on a fait pas mal de travaux sur les magasins pour qu'ils puissent concevoir des nouvelles offres. Parce que, bien sûr, l'idéal serait d'être avec les designers, mais il y avait aussi des grosses marges de progression avec les magasins sur les façons de vendre, selon les types de clients, par exemple. faire des offres spéciales pour les étudiants, qui n'ont pas forcément besoin d'acheter, mais qui ont peut-être besoin de meubles pour une dizaine de mois, mettons. Et donc ça, c'était assez intéressant, parce que ça leur permet peut-être de se dire, mais oui, juste en repensant l'expérience dans sa globalité, le modèle économique, et pas uniquement le produit, on avait aussi encore des marges de progression.

  • Speaker #0

    On est un peu sur l'économie de la fonctionnalité dans cette réflexion.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Ça fait partie des leviers qu'on peut activer pour justement respecter les principes de l'économie circulaire. Je ne les ai pas énoncées. Et puis, surtout, il y a un problème, c'est que maintenant, il y a des chercheurs qui ont fait une étude pour trouver le nombre de définitions de l'économie circulaire. Il y en a plus de 250.

  • Speaker #0

    Tu peux nous en donner une à toi, la tienne.

  • Speaker #1

    Nous, on défend quelque chose d'assez simple. Déjà, c'est une économie où la notion de déchet n'existe pas. Mais surtout, c'est une économie qui va respecter trois principes. Le premier, c'est la sobriété dans l'approvisionnement. C'est-à-dire qu'il va falloir faire en sorte de sortir... des modèles extractifs qu'on a aujourd'hui, parce que c'est précisément le problème qu'on a. C'est-à-dire que toutes les extractions de matière, c'est 90% d'impact sur la biodiversité, ça vient des activités extractives, et c'est quasiment plus de la moitié de l'empreinte carbone mondiale. Donc en fait, le moins on va extraire, le mieux on va se porter, et le mieux les écosystèmes vivants pourront se régénérer. Donc ça c'est le premier aspect, c'est vraiment... non négociables qui amène ensuite au deuxième c'est l'efficience l'efficience dans l'utilisation des ressources donc j'insiste beaucoup sur l'efficience alors c'est peut-être un délire de consultant mais il ya une vraie différence entre efficience et efficacité efficacité c'est le fait d'atteindre un objectif quels que soient les moyens comprends mais l'efficience c'est atteindre l'objectif avec le moins de moyens à disposition et donc c'est précisément ce qu'il faut faire c'est à dire faire plus avec moi et ça évidemment évidemment n'importe quelle entreprise est intéressée par ça. Et d'ailleurs, la plupart des grandes entreprises, quand elles parlent d'économie circulaire, parlent principalement d'efficience, mais elles ne parlent pas de sobriété. Et c'est un vrai problème parce que la plupart du temps, Jean Covici d'ailleurs en parle très bien, c'est que notre croissance économique est parfaitement corrélée sur la croissance des activités extractives. C'est-à-dire que tout... Tout est parfaitement corrélé. Et donc, si on arrête d'extraire, la croissance s'arrête et donc le modèle de société qu'on a s'arrête aussi sec. Mais c'est précisément ce qu'il faut dès maintenant anticiper, c'est de dire qu'il n'y a plus de ressources, il n'y a plus de matière comme ça, c'est plus open bar, c'est terminé, depuis bien longtemps. Et donc, il faut non seulement intégrer l'efficience, faire plus avec moins, mais surtout sortir de ce modèle extractif. Donc ça, c'est les deux premiers principes. Le troisième, c'est une fois qu'on est plus sobre, c'est aussi faire en sorte de régénérer. Et régénérer, c'est tout simplement faire en sorte de régénérer les écosystèmes vivants et humains, et donc les remettre dans un meilleur état, disons, que ce qu'on a trouvé. Et donc la régénération, c'est hyper important dans le sens où on a une chance incroyable, c'est que la vie peut se régénérer si on lui permet d'avoir les conditions de se régénérer. Et ça c'est fondamental parce qu'un sol de mauvaise qualité, en fait il va se dégénérer, il sera de moins en moins productif d'un point de vue agricole. Mais si on lui permet d'avoir de nouveau de la vie, on recrée de la biodiversité, on recrée un sol qui absorbe l'eau, qui relâche l'eau quand les plantes en ont besoin, qui rend plein de services écosystémiques. Donc c'est ça qui est assez important dans l'aspect régénération. c'est de faire en sorte de permettre, à notre simple niveau d'humain, de faire en sorte qu'autour de nous, les écosystèmes se portent mieux que ce qu'on les a trouvés.

  • Speaker #0

    Merci pour cette définition. Je me permets de faire un petit arrêt sur image, parce que ça fait écho à mon actualité. J'étais hier à un événement d'ADN Ouest dans lequel... sur le numérique responsable, j'animais la plénière. Et lors de cette plénière, j'ai voulu poser les enjeux autour du numérique responsable. Et une des slides que j'ai partagées, qui était sur la base de l'étude ARCEP-ADEME, c'était le sac à dos écologique du matériel informatique qu'on utilise.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Les informations que j'ai partagées, moi, quand je les ai découvertes, je suis tombée de ma chaise, en fait. On considère qu'on crée 300 kilos de déchets par an et par personne en France sur le matériel informatique. Les numériques d'une façon générale, ça inclut aussi les télévisions, mais on a détruit une tonne de matière. pour générer ce matériel informatique qu'on utilise au quotidien. Et ça, c'est par personne, par an et rien qu'en France. C'est juste monumental. Donc on imagine au niveau de l'échelle mondiale à quel point cette extraction est extrêmement destructrice de tout ce qu'il y a autour et avec. Et il y a une autre dimension qu'on a abordée. Tu parlais de la difficulté d'extraire aujourd'hui ou de la raréflexion des ressources. C'est aussi un point que j'ai abordé. Notamment, on a beaucoup de terres rares, de minerais, de matériaux. qui sont indispensables pour construire tout notre matériel numérique. Le nombre de matières qui est nécessaire pour construire les smartphones tels qu'on les a aujourd'hui, c'est multiplié par 10 par rapport à nos premiers téléphones. Et ces matières, elles sont de plus en plus rares. Alors, elles pourraient encore exister au niveau de la Terre, mais elles sont extrêmement difficiles à extraire et elles demandent encore plus d'énergie qu'avant pour aller les chercher, encore plus d'eau et elles génèrent encore plus de pollution. Donc, en fait, c'est un système extrêmement... destructeur dans lequel on est de continuer à aller chercher cette matière donc toi par l'approche d'économie circulaire tu dis la matière elle existe déjà essayons de l'utiliser et quand on l'a essayons de l'utiliser le mieux possible et essayons de réparer les dégâts qu'on a fait en amont tout

  • Speaker #1

    à fait c'est exactement ça c'est surtout il faut avoir un petit ordre d'idée mais on ne se rend pas trop compte mais chacun de nos smartphones a plus de capacité de calcul que le matériel qui a permis à aux Américains d'atterrir sur la Lune. On parle d'un événement qui a eu lieu en 1969. C'est assez dingue de se dire, bah ouais, effectivement, on n'a pas rien sans rien, et tu sais, cadeau écologique est parfaitement représentatif.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est absolument nécessaire de partager ces ordres de grandeur et d'éduquer, parce que... On fait des choix après en conscience de se dire est-ce que je veux vraiment du matériel neuf et donc ce sac à dos qui est lié à ce matériel neuf. Mais on a l'impression qu'on a, moi mon PC doit faire moins de 2 kilos quoi. Tu te dis quoi c'est 2 kilos de déchets, au pire c'est pas grave. C'est pas ça la réalité. Sur un smartphone je crois que c'est 200 kilos. Bien qu'un smartphone, donc un ordinateur, j'ai pas l'ordre de grandeur.

  • Speaker #1

    Je crois qu'un ordi c'est 200 kilos, enfin à vérifier, mais un smartphone j'ai plus entre 100 et 120 kilos de matière extraite, déplacée, transformée. Et puis c'est surtout que ce qui est dramatique, c'est que les gens ne se rendent pas compte, mais c'est que par exemple l'Europe a des objectifs d'électrification, de génération d'énergie renouvelable qui sont hyper ambitieux. Mais quand on regarde les capacités d'extraction, entre guillemets les stocks qu'on peut imaginer à l'échelle mondiale, techniquement c'est impossible de répondre aux objectifs en question.

  • Speaker #0

    Donc le tout électrique pour les voitures par exemple, c'est à ça que tu fais référence notamment ?

  • Speaker #1

    Les voitures, même pour la construction d'éoliennes, par exemple. Un autre ordre d'idée, une voiture thermique, disons c'est à peu près une vingtaine de kilos de cuivre, avec tous les câbles, etc. Une voiture hybride, on passe déjà entre 40 et 60 kilos. Une voiture électrique normale, enfin classique, on va dire 100 à 120 kilos de cuivre. Une Tesla, 220 à 240 kilos. Sans compter qu'une bande de cuivre. c'est encore 100 kg de cuivre en moyenne. Et le cuivre, quand on regarde un petit peu en termes d'extraction, par exemple, il y a un exemple qu'on prend souvent, c'est la mine de Shukikamata qui est au Chili, à côté du désert d'Atacama. C'est un désert donc, et il faut savoir que la concentration de cuivre dans une tonne de minerai qu'on va extraire, c'est de l'ordre de 0,1%, 0,4% maximum. Et tout dépend, alors ça c'est variable parce que... Tout dépend aussi de la santé de la mine, est-ce qu'on est au début de l'extraction ou à la fin. Et donc ça veut dire que quand tu extrais une tonne de minerai, tu vas avoir quelques dizaines, quelques centaines de grammes de cuivre qu'il va falloir passer dans des traitements chimiques. qui vont nécessiter beaucoup d'eau. Comme je te l'ai dit, dans le désert d'Atacama, il n'y a plus beaucoup d'eau. Il y avait une nappe phréatique qui a été vidée en quelques années. Donc, qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils ont mis en place une usine de désalinisation. Une usine de désalinisation, ça nécessite... Enfin, il faut quand même faire venir des pipelines du Pacifique, avec de l'eau salée. Puis, l'usine de désalinisation, qui elle-même nécessite de l'énergie. Cette énergie, le mix énergétique au Chili, c'est principalement du charbon, qui vient soit de Colombie, soit de Nouvelle-Zélande. Bref, ça c'est toute une partie coup caché qu'on n'imagine pas forcément quand on a le produit en main. Et pourtant, le cuivre, vous pourrez le garder à peu près partout autour de vous, que ce soit dans ton ordi, dans nos fils électriques, etc. C'est partout.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dis pour qu'on ait notre voiture électrique, ou la Tesla, qu'on décrit comme la voiture la plus performante ?

  • Speaker #1

    La plus performante, je ne sais pas, c'est quand même des voitures qui font 2 tonnes. Donc avec un quart de produit, c'est juste la batterie.

  • Speaker #0

    En amont de cette thèse-là, il y a eu une destruction de matière et une production de gaz à effet de serre. Une destruction d'écosystème qui est juste colossale.

  • Speaker #1

    Et puis là, on ne parle que du cuivre. Mais c'est pareil pour le lithium, c'est pareil pour le cobalt. Par exemple, un PKI comme la République démocratique du Congo. C'est des conflits qui ont généré plus de 6 millions de morts, je ne sais plus sur combien d'années, sur 10 ou 20 ans, je ne sais plus. Mais c'est parce qu'en fait, c'est des conflits armés qui sont principalement basés sur ces exploitations de minéraux ou de métaux.

  • Speaker #0

    On pourrait imaginer que tout ce qu'on a déjà extrait de la Terre puisse être utile aujourd'hui, qu'on réutilise ce qui a été extrait des années précédentes. Mais c'est aussi un point qu'on a abordé hier. les filières de recyclage sont loin d'être aussi vertueuses qu'on voudrait aujourd'hui. Et globalement, ces matériaux-là, ils sont hyper durs à récupérer, parce qu'ils sont mélangés avec plein d'autres choses. Et souvent, il n'y a pas la bonne filière pour les stocker. Et pour reparler de l'informatique, c'est quelques pouillèmes aujourd'hui qui sont récupérées. s'améliorer, mais c'est vraiment rien par rapport au volume produit. Et on parlait de 800 millions d'équipements informatiques au niveau de la France actuellement, une tendance, si on continue sur notre lancée, de 11 milliards d'équipements d'ici 2050, qui potentiellement ont tous cette matière qui est dure à sourcer. et on n'est toujours pas dans la réalisation de ce qu'on a créé ou utilisé dans le passé. Et donc, toi, la démarche que tu proposes, c'est tout l'inverse. C'est-à-dire de réfléchir dès maintenant à ce que va devenir finalement potentiellement le PC, si on restait là-dessus, mais on peut prendre d'autres exemples.

  • Speaker #1

    Alors, c'est même plutôt aller encore à l'étape d'avant, c'est de repartir déjà du besoin. Est-ce que les gens ont besoin d'un ordi ? À quoi sert l'ordi ? Quelles sont les fonctions de l'ordi ? Et donc, là, on a pris un produit qui est un peu complexe, mais qui est multifonction en plus. Mais l'idée c'est de repartir toujours de cette question là, c'est à quoi ça sert ? Typiquement, tu parlais tout à l'heure d'Aville de Paris, si on était entre guillemets un grand minéralier, je ne vais pas les citer, ils font déjà trop de pubs, les responsables des minéraliers nous diraient repenser la bouteille, faites en sorte qu'ils utilisent moins de plastique. Mais si on se positionne plus d'un point de vue systémique, et comme finalement notre client l'Aville de Paris nous l'impose finalement, à quoi sert la bouteille d'eau ? La bouteille d'eau, elle sert à s'hydrater. Et finalement, là on repart, qu'est-ce qui permet aux gens de s'hydrater ? En l'occurrence, il y a pas mal de robinets un peu partout, et même depuis quelques décennies, on les a pas mal enlevés, les fontaines. Et donc c'est comme ça que finalement on retourne le problème, c'est-à-dire qu'on a déjà des choses à disposition, utilisons-les ou favorisons leur utilisation. Et c'est comme ça aussi que Haute-Paris a mis en place tout un réseau de commerce où en fait les commerçants proposent aux gens de remplir. leur gourde et donc en fait d'un coup d'un seul on change la focale et on repart vraiment du besoin essentiel Et on fait la correspondance avec les ressources à disposition pour répondre à ce besoin, plutôt que de repenser un produit, etc., qui en fait n'a pas de sens quand on regarde l'ensemble des étapes de ce produit-là, c'est-à-dire que de l'eau des Alpes, quand on va la consommer à Brest, à Bayonne ou à Marseille, finalement c'est un peu idiot parce qu'il y a d'autres sources qui sont à proximité. Et puis surtout, on est dans un pays où la qualité de l'eau au robinet est plutôt bonne. Et en plus... Si elle n'est pas suffisamment bonne, on peut encore imaginer améliorer. Imaginer des machines comme des osmosers qui vont améliorer la qualité de l'eau chez les particuliers ou chez les restaurateurs, etc. Encore une fois, c'est vraiment toujours repartir du besoin essentiel et faire la correspondance avec les capacités de l'écosystème en l'occurrence. Et c'est comme ça que finalement on se rend compte qu'on n'a pas besoin de concevoir de bouteilles d'eau.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous parler de tes différents outils ? Un, quel est leur principe ? Dans quel contexte on peut les utiliser ? Et puis à un moment donné, dans un ordre ou dans un autre, pourquoi tu as décidé de les mettre en open source ? Parce que ça aussi, c'est un vrai sujet.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors, on va y aller par étapes. En gros, l'idée, c'est un peu les utiliser comme un entonnoir. C'est-à-dire que je prenais la métaphore tout à l'heure d'emmener les gens au haut de la montagne. ou les emmener en hélicoptère pour avoir la grande vue, ça c'est ce qu'on va faire avec le Value Chain Canva. Faire en sorte finalement de comprendre toutes les étapes, de la conception jusqu'à l'utilisation prochaine des composants ou des matières qu'on a utilisées. Et on va passer par le choix des matières ou l'extraction des matières qu'on ne peut pas faire autrement, la production, la distribution, l'utilisation, tout ce qui est réparation, réemploi. la logistique retour, et donc l'usage suivant. Et en fait, c'est ça qui est assez dingue, c'est que cet exercice-là, alors il y a plein de combinaisons, mais quand on invite les gens à comprendre leur chaîne de valeur, que ce soit des personnes qui viennent d'arriver dans le secteur d'activité, ou des vieux de la vieille, qui sont là depuis 30 ou 40 ans, quasiment à chaque fois, ils tombent un peu de leur chaîne de valeur. Et on dit, ah mais ça... j'avais jamais imaginé qu'on pouvait avoir ça. Moi, je n'ai jamais entendu parler de ce truc-là. Ben ouais, c'est normal. On est dans un monde avec 8 milliards d'habitants, avec des initiatives dans tous les sens, une complexité qu'on n'a jamais vue à l'échelle de l'humanité. Donc, c'est normal que vous ne puissiez pas tout savoir. Et donc, en fait, le fait de dézoomer, ça leur permet aussi d'identifier le véritable défi stratégique qui va leur permettre d'agir de façon beaucoup plus pertinente. Tu vois, j'ai envie de dire bon ben... En fait, si on reprend l'exemple de la bouteille d'eau, c'est pas notre approvisionnement en plastique qu'il faut vérifier, c'est juste l'approvisionnement en eau qui va nous intéresser et comment on va fournir les gens. Une fois qu'on a, avec le value chain Canva, défini un petit peu le défi stratégique, on va passer à une autre focale un petit peu plus resserrée sur quelles sont les parties prenantes. qui font partie de cet écosystème, qui vont nous aider à relever ce défi stratégique. Parce que, encore une fois, dans un monde complexe, la seule façon de s'en sortir, c'est de coopérer. Donc ça, c'est le partenaire MAP qui permet d'identifier les parties prenantes avec lesquelles on peut travailler pour résoudre un défi, donc le défi stratégique et défini dans la première étape. Une fois qu'on a fait ces deux premières étapes-là, il va falloir repenser le modèle économique. Et donc c'est comme ça qu'on utilise le circuit Air Canva. qui était le premier outil qu'on avait conçu, mais qui permet justement à la fois de comprendre les impacts d'un business model actuel ou de faire toute une suite d'hypothèses sur des nouveaux business models. Et c'est là que c'est intéressant parce qu'en concevant d'abord le business model, on ne va pas tout de suite concevoir le produit, parce qu'on va vérifier avant si c'est vraiment utile de concevoir ce produit-là et s'il n'y a pas d'autres moyens de répondre à ce fameux besoin initial. Et donc c'est ça qui est intéressant, c'est qu'en faisant... Ce business model, en fait, on anticipe toutes les fameuses étapes qu'on évoquait tout à l'heure dans l'événementiel, c'est-à-dire aussi bien l'approvisionnement, la fabrication, la distribution, l'utilisation, mais surtout la pré-utilisation. Et en fait, on se rend compte qu'il ne va pas y avoir qu'une seule étape qui va être, disons, la vente ou l'utilisation. En fait, il y a plein d'étapes sur lesquelles il va y avoir d'autres interlocuteurs, d'autres opportunités. Et donc, ça va créer des opportunités économiques, sociales, environnementales. C'est tout simplement ce fait d'avoir une multitude de faisceaux. qu'on va anticiper dès la conception et qui va nous permettre de faire évoluer aussi la conception du produit de façon à se dire, peut-être qu'il faut le rendre démontable. Peut-être, si on reprend l'exemple aussi du smartphone, faisons en sorte qu'on ne prenne que des vis standards plutôt que de prendre des vis propriétaires. On va peut-être faire des modules, on va peut-être créer des réseaux de réparateurs agréés de façon à décentraliser la réparation. etc. Et donc c'est ça qui est assez intéressant, c'est que une fois qu'on a pris cette focale, et là en fait on voit qu'on a une multitude d'opportunités et qu'elles sont pas uniquement économiques, mais elles sont sociales et environnementales, mais en plus, et c'est ça qui est passionnant, c'est qu'on peut faire beaucoup plus avec moi et c'est ça qui fait un chemin d'enthousiasme en fait, c'est qu'on est dans un paradigme qui est complètement déconnecté des réalités physiques. Mais là justement, on peut faire des choses beaucoup plus intelligentes, qui respectent finalement beaucoup plus les principes du vivant, tout simplement en adoptant aussi cette approche globale systémique.

  • Speaker #0

    Selon toi, tous les business économiques pourraient passer à travers justement ces outils et cette réflexion, ou il y en a qui sont plus adaptés que d'autres ?

  • Speaker #1

    Oui, globalement, ça marche très bien pour tous les business models. Parce que souvent les gens nous disent oui mais pour les services ça marche moins bien. Ça marche moins bien mais en fait les gens ont tendance à oublier que à peu près tous les services dépendent de produits, dépendent d'équipements. Et donc il y a différentes façons de considérer ces équipements, de façon à ce qu'ils soient bien utilisés, et ce qu'on les considère bien du début à la fin. Donc là-dessus bien sûr il y a toujours des ajustements etc. Mais pour tous les business models qui... qui touche de près ou de loin à de la matière, je suis assez confiant.

  • Speaker #0

    Ça veut dire quand même un grand nombre.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et donc, ces différents outils, à un moment donné, tu t'es dit, nous, on les utilise, on a formé un certain nombre de personnes à les utiliser aussi, ils sont ou pas membres de ta communauté, mais à quel moment tu t'es dit, je vais encore plus loin, je les mets sur le marché, je les offre, en fait. C'est quand même énorme.

  • Speaker #1

    C'était dès le début en fait, parce qu'en fait, avec Nico à l'époque, ça nous semblait normal dans le sens où nous, on s'était inspiré de beaucoup d'autres personnes. Évidemment, le business model Canva d'Ostervalder, mais plein d'autres. Donc en fait, ça nous semblait être un... une façon maligne, tout simplement, de se faire connaître et puis d'aider les gens parce qu'on est toujours partis du principe qu'on n'était pas là pour créer le nouveau Big Four. C'était vraiment faire en sorte de dire on est là pour ramer dans le même sens que tout le monde, faisant en sorte qu'on puisse aider d'autres personnes si elles estiment que ça leur est utile.

  • Speaker #0

    Ce qui est génial avec cette démarche, effectivement, c'est que tu multiplies potentiellement ton action. permet au maximum de personnes de se poser les bonnes questions et de revoir des business models, mais en tant que chef d'entreprise, tu peux aussi te mettre un peu en danger, c'est-à-dire que tu mets à disposition de tes concurrents les mêmes outils que ceux que tu utilises toi. J'ai adoré, parce que je te tiens à préciser que tu animes aussi un podcast, comment s'appelle-t-il ?

  • Speaker #1

    Radio Circulable.

  • Speaker #0

    Que je vous invite à découvrir, j'ai vraiment adoré les différents épisodes que j'ai écoutés, il y en a un qui m'a marqué, c'est cette réflexion que tu as effectivement sur Est-ce que quand on forme nos concurrents, est-ce qu'on ne se tire pas une balle dans le pied ? Est-ce que ce ne sont pas des entreprises que je ne vais pas pouvoir accompagner ? Et est-ce que quand on veut faire du bien, est-ce qu'on ne veut pas... On se dit qu'il faut tellement démultiplier notre impact qu'on est prêt à faire des choix qu'on ne ferait pas du tout, effectivement, dans une industrie ou une économie classique ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de certitude pleine et entière sur le sujet. J'estime juste qu'encore une fois, on s'est inspiré de d'autres. Et puis, si on peut être utile à d'autres, c'est très bien. Evidemment on s'est coupé des opportunités comme ça, mais j'ai pas créé Circulab pour être millionnaire. Mon idée derrière Circulab c'est de faire en sorte que je remette la génération de ma fille, monte dans un meilleur état que ce que j'ai trouvé. Moi tout seul ce serait impossible, donc voilà pourquoi l'idée c'est de se dire faisons en sorte à notre échelle et dans notre domaine d'être cohérent et d'aider les autres si ça leur est utile. Encore une fois... Je ne sais pas, ce n'est pas grand chose ce qu'on a fait. Et puis après, en plus, je pense que les gens nous le rendent bien. Comme dans tous les modèles open source, je pense que si ce qu'on propose est de qualité, les gens aussi sont reconnaissants. Et puis je pense qu'il y a des interactions, il y a des relations qui se créent. Et je trouve que finalement, on a tous à gagner comme ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as des exemples concrets d'entreprises que tu as pu accompagner, qui ont vraiment revu leur business model ?

  • Speaker #1

    Oui, ce qui est assez intéressant, c'est qu'on a aussi initié des projets. O n travaille aussi avec une entreprise luxembourgeoise sur la mise en place d'un outil de veille sur tous les business models de l'économie circulaire. Donc là on a conçu pour eux tout un outil pour justement bien identifier, avoir cette veille sur les business models circulaires. Et puis un autre exemple que j'aime beaucoup aussi, c'est on a travaillé aussi pour JC Decaux, qui avait ce fameux... Le problème de génération de déchets des affiches en fin de vie, c'est-à-dire que toutes les affiches qu'on voit, les 4 par 2 dans les vitrines, c'est des affiches qui roulent. Et bien en fait, on a refait ce fameux circulaire Canva où on a été rencontrer l'imprimeur des affiches, on a été voir comment elles étaient assemblées, comment elles étaient installées dans les vitrines, etc. Et puis on a été voir un recycleur de papier. Et en fait, il y avait plusieurs problèmes qu'on a soulevés et qui... Ça vous permet finalement de dire, mais ce papier-là, que vous êtes obligés de payer pour détruire, 20 euros la tonne, en faisant les ajustements à la conception et à l'installation et désinstallation des affiches, et en fait, maintenant, vous pouvez le revendre 150 euros la tonne. Donc c'est ça qui est assez intéressant, c'est qu'encore une fois, nous, on n'est pas du tout des spécialistes du papier ou de la publicité dans les villes, mais c'était simplement le fait de se dire que, encore une fois, dans les entreprises, il y a toujours des grands spécialistes sur leur domaine. Mais il n'y a personne, quasiment jamais, qui est un spécialiste de tout, ou en tout cas qui prend le recul pour voir toutes les différentes étapes. Et donc nous, c'est ça notre valeur ajoutée, c'est qu'on ne sait rien, on ne fait que suivre les flux et voir comment ça peut changer.

  • Speaker #0

    Super intéressant. Donc là, tu as un point de vue économique ici. Mais si ce papier est mieux valorisé, c'est qu'il est quoi ? En meilleur état ? Et qu'il peut être mieux recyclé ou réutilisé ?

  • Speaker #1

    Alors là, en l'occurrence, c'était pour recyclage. Ce n'est pas tant ce qu'on cherche à faire à chaque fois, mais pour le papier, c'est intéressant. Et en fait, c'est surtout que les affiches qu'on voit, il y a un double assemblage. Ce sont quatre affiches de 2 mètres carrés qui sont assemblées, avec au-dessus, en dessous... ce qu'on appelle des zips. C'est la même usine qui fait les zips pour les sachets de gruyère que pour l'assemblage des affiches. Donc déjà, ça te fait du plastique. Et ensuite, ces quatre affiches de 2 mètres carrés sont assemblées par une croix d'assemblage qui est tout simplement deux lignes de scotch, enfin, dans les deux droites perpendiculaires. Et donc, ce scotch plus ce zip bloquait les pulpeuses des imprimeurs. Et donc, il fallait penser tout un dispositif soit pour changer l'assemblage des affiches et surtout pour désassembler les affiches. En plus, ce n'est pas des sujets évidents dans le sens où, comme on peut s'en douter, JC Decaux, ça fait 50 ans qu'il bosse sur ces domaines-là, il y a plein d'optimisation dans tous les sens. Donc, il fallait s'ajouter au process quand c'était pertinent.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un conseil peut-être que tu pourrais donner aux chefs d'entreprise ou aux professionnels qui nous écoutent pour commencer à initier cette réflexion autour de l'économie circulaire dans leur entreprise ?

  • Speaker #1

    Je vais être assez bateau, mais par rapport à ce qu'on disait tout à l'heure, l'idée c'est de dire mais est-ce que mon entreprise répond véritablement à un besoin du 21e siècle ? C'est une question assez large, mais qui a l'avantage d'être assez tranchante, dans le sens où si on ne répond pas aux besoins... essentiel des populations au XXIe siècle. Et donc là, je vais être assez cash. C'est vraiment... dormir, être logé correctement, manger, etc. Je pense qu'il faut avoir le courage de se dire, en fait, j'arrête cette activité-là, parce que les besoins, nos besoins, ce n'est pas ceux de nos enfants ou quoi, c'est dès maintenant, il va falloir intégrer le fait qu'on est dans un monde fini et qu'il va y avoir beaucoup de perturbations, et donc il va falloir se concentrer sur l'essentiel, plutôt que... de se concentrer sur le superflu comme on sait bien le faire malheureusement dans notre société. Donc avoir le courage de le faire maintenant, effectivement ce n'est pas facile, mais par contre ça permet d'anticiper, de s'adapter. Bien sûr il faut atténuer ces impacts, mais en fait ce ne sera plus suffisant. Il faut non seulement atténuer ces impacts, mais en plus s'adapter. Et la bonne nouvelle c'est que si on le fait en anticipant, je n'ai pas dit qu'il fallait tout changer du jour au lendemain, dans une entreprise c'est compliqué, mais rien n'empêche d'initier de nouvelles activités sur le côté, qui peuvent prendre le relais demain. Et ce qui est assez intéressant, c'est qu'il y a plein d'activités, de savoir-faire qui existent, qui sont peut-être dans des domaines très profitables aujourd'hui, qui pourraient être reconsidérées dans d'autres secteurs d'activité. Typiquement, c'est un exemple que je prends souvent, mais les développeurs informatiques en Islande, quand il y a eu le krach, nous en trouvons 2010 en Islande, en fait, ils ont quitté les banques, et en fait, ils ont été dans des boîtes beaucoup plus petites, qui pouvaient enfin se les offrir, et finalement, ça a donné un nouveau souffle à l'économie islandaise. Il faut le voir aussi comme un besoin de transformation, mais hyper enthousiasmant, en se disant, oui, on va renoncer à des choses, mais finalement, encore une fois, il faut garder en tête qu'on n'est que de passage sur cette planète, et que finalement, il faut faire en sorte que ce passage soit le plus vertueux possible pour ceux qui vont nous succéder.

  • Speaker #0

    Alors je vais faire un petit peu l'avocat du diable, parce que je comprends les discours que tu tiens, mais on vient de citer l'exemple de J.C. Decaux, en tant que tel, de cette activité de publicité. C'est vraiment nécessaire.

  • Speaker #1

    Je me suis fait la réflexion quand je te l'ai dit. Oui, tout à fait, mais ça, c'est un projet qu'on avait fait en 2017. On n'était pas encore aussi tranché qu'on l'est aujourd'hui. Mais c'est pareil, il y a un autre projet sur lequel on a bossé, on bosse encore cette année, c'est repenser l'expérience du spectateur pour le Stade Vélodrome, pour l'Olympique de Marseille. La problématique était la suivante, c'est comment réduire, trier. valoriser les déchets du stade pendant un match de l'Olympique de Marseille. Au bas mot, chaque match génère au minimum, enfin de ce qui est mesurable en tout cas, pas ce qui est autour du stade, c'est 10 tonnes de déchets par match. En fait, avant qu'on fasse ce projet-là, j'ai dit à l'équipe, mais enfin typiquement, un petit peu comme tu viens de le faire, ça ne sert à rien d'aller là-bas, c'est de l'entertainment, c'est complètement con, et l'équipe m'a dit, mais t'es con, en fait, si on arrive à le faire là-bas, on pourra le faire partout. Et je fais Ah, effectivement ! Et en fait, c'est ça qui est assez intéressant, c'est que oui, il faut se poser la question du sens prochain sur lequel on va travailler, mais il faut surtout aussi se poser la question des conséquences que ça peut avoir si on réussit à faire tel ou tel sujet. Effectivement, JC Decaux, en plus, entre-temps, ils se sont beaucoup plus basés sur le numérique que sur le papier entre-temps, etc. Mais on apprend aussi tous les jours, donc c'est aussi pour ça qu'on essaie d'avoir un maximum d'humilité sur... sur ce qu'on fait.

  • Speaker #0

    Et puis globalement, c'est aussi une étape parfois nécessaire et intermédiaire pour aller plus loin demain. Et effectivement, peut-être que le loisir, on pourrait se dire que ce n'est pas indispensable, mais c'est quand même utile dans la cohésion et dans le bien-être des hommes. Après, s'il est moins polluant et plus vertueux, il peut un peu plus trouver sa place tel qu'il existe effectivement brut aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Je te rejoins. Peut-être une dernière question. De quoi tu es le plus fier aujourd'hui, Nibri ?

  • Speaker #1

    Je suis assez fier, effectivement, de tout ce qu'on a réussi à faire avec l'équipe. C'est-à-dire que, surtout, très fier aussi d'être associé avec Justine, mon associée qui est plus basée à Paris. Depuis janvier 2016 qu'on bosse ensemble. Et je suis assez fier de tout ce qu'on a réussi à faire. d'avoir aussi créé cette fameuse équipe et puis finalement d'avoir créé un job qui me plaît en fait et où je me dis, je ne me pose pas la question le matin de pourquoi je me lève, ce qui était le cas quand j'étais salarié, la fin où j'avais un mal fou à me lever en fait ça fait 12 ans que je me dis, enfin je ne me pose pas la question et même si évidemment tout n'est pas parfait et qu'on aimerait faire beaucoup mieux sur plein plein plein plein d'aspects, bah au moins je sais que normalement je devrais pouvoir me regarder dans la glace plus tard.

  • Speaker #0

    Merci pour ce mot de la fin moi je vous invite vraiment à aller sur ton site, à découvrir les outils à découvrir les exemples j'aime beaucoup d'ailleurs votre approche il y a beaucoup d'humour dans votre façon d'aborder le sujet.

  • Speaker #1

    Ça c'est Fabrice je suis très fan

  • Speaker #0

    Et je vous invite aussi à vous rapprocher de cette communauté Circula parce qu'il y a plein de professionnels fabuleux qui sont appropriés vos outils et qui sont capables de vous accompagner dans l'évolution de votre entreprise. Bien sûr, sollicitez Circula, mais aussi cette communauté, notamment pour avoir des accompagnants de proximité.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. D'ailleurs, on est en train de... Peut-être qu'il sera fini quand tu puissiras l'interview, mais on est en train de faire le site de la communauté, donc ça sera circula.community et les outils sont disponibles sur circula.com. Académie.

  • Speaker #0

    Super, et puis je vous invite aussi à découvrir le podcast parce qu'encore une fois, c'est une belle source d'inspiration. Je vous remercie d'avoir été avec nous jusqu'au bout, d'avoir découvert les principes de l'économie circulaire, donc c'est un vaste sujet auquel ça mériterait plusieurs épisodes. Peut-être qu'on en fera d'autres, c'était la première couche, mais je vous invite vraiment à investiguer, à aller plus loin parce que ça détient les clés. pour amener notre monde à être plus résilient et plus protecteur. Et j'aime aussi cette démarche, non seulement d'éviter de trop polluer, mais de reconstruire derrière. On l'a un petit peu moins abordé, mais c'est aussi un angle que je trouve vraiment nécessaire et important. Et je vous invite, comme d'habitude, à prendre le temps de mettre des petites étoiles sur l'épisode, à le poster dans vos réseaux, à le partager. Parce que moi aussi je crois à l'effet papillon, je crois à cette petite graine qu'on va mettre à un moment donné dans la tête d'un professionnel, d'un dirigeant, qui va avoir envie de créer sa boîte, qui va avoir envie de bouger les lignes. Et c'est comme ça qu'on va petit à petit faire bouger les choses. Et hier, dans l'animation de l'événement, Samuel Lepore de la société Trival qui me rappelait qu'il ne suffit que 12% de la population et adopter un mode de fonctionnement pour faire basculer l'ensemble de la population. Donc allons chercher ces 12% tous ensemble. donc diffusons, diffusons, partageons et merci encore d'être là et à très bientôt

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Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Leaders Engagés, le podcast qui recycle vos idées sur l’économie comme Brieuc Saffré recycle… eh bien, à peu près tout ! Nous avons l’honneur d’accueillir un invité qui voit la circularité là où d’autres voient une fin de vie. Il ne s’agit pas d’un magicien, mais il pourrait tout aussi bien l’être, car il transforme les déchets en ressources.

 

Nous allons parler recyclage, mais pas celui de votre vieux journal ou de votre bouteille en plastique. Non, nous allons parler de recyclage d’idées, de modèles économiques, et de visions pour l’avenir. Et pour cela, je suis allée chercher pour vous la référence française, que dis-je, mondiale, de l’économie circulaire, Brieuc Saffré, le co-pilote de Circulab, le studio et la communauté éponyme qui depuis 2012, aide entreprises, institutions et collectivités à s’adapter aux limites planétaires avec une approche systémique et pragmatique1. Leur boulot ? Nous aider à faire mieux avec moins et à nous sortir les doigts du short ! Dis comme ça donne envie non ?

 

Ici je vous propose un épisode un peu spécial. Il fait partie de la mini-série les Experts Engagés mais il aurait aussi pu faire partie du format classique de Leaders Engagés car Brieuc n’a pas toujours été sur ces sujets et lui aussi a eu son point de bascule. Mais c’est l’expert à qui je vais m’adresser en particulier pour qu’il vous débroussaille le sujet de l’économie circulaire, que vous en compreniez les enjeux et surtout, qu’il vous présente les outils fabuleux qu’il a développé avec ses équipes pour mettre nos entreprises en actions, le tout en Open source car Brieuc, c’est quelqu’un de généreux et qui aime croire à l’effet papillon.

 

Alors préparez-vous à découvrir comment on peut générer des revenus avec les déchets d’entreprise ou repenser l’expérience du stade Vélodrome ou de la ville de Paris pour réduire les déchets, car aujourd’hui, Brieuc va nous montrer qu’en économie circulaire, le dernier mot est toujours ‘possible’.


Bonne écoute !


📍 Pour en savoir plus sur Circulab: https://circulab.com/fr


✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨


Je m’appelle Nathalie Bellion. Je suis la dirigeante de Sèves, le premier cabinet de conseil en fusion et acquisition engagé, au service des acteurs de la Tech et de l’Impact. Ce podcast est l’une des contributions de SèveS en tant que société à mission. Il a vocation à inspirer les dirigeants sur des modèles innovants au service des enjeux environnementaux et sociaux.


Vous êtes dirigeant·e d'entreprise ?


👉 Si vous êtes une société à impact positif, Tech for good, ESS..., nous pouvons vous aider dans votre recherche de fonds ou dans vos croissances externes ou de cession, pour vous rapprocher du terreau qui démultipliera votre impact.


👉 Si vous êtes une entreprise du numérique, en plus de l'accompagnement classique à l'achat, vente ou levée de fonds, nous pouvons vous aider à accélérer vos transitions grâce au M&A et à nos outils d'analyse de la maturité ESG des ESN.


👉 Et plus globalement venez découvrir comment nous réinventons vos projets de fusion et acquisition pour les faire rimer avec un futur désirable, à travers notre approche M&A 4 Impact.


Pour en savoir plus :

SèveS : Présentation | LinkedIn


 🌍 Nathalie (LEFRANCOIS) BELLION | LinkedIn 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Leader Engagé, le podcast qui recycle vos idées sur l'économie, comme Brieuc après recycle... eh bien à peu près tout. Aujourd'hui, nous avons l'honneur d'accueillir un invité qui voit la circularité là où d'autres voient une fin de vie. Il ne s'agit pas d'un magicien, mais il pourrait tout aussi bien l'être, car il transforme les déchets en ressources. Aujourd'hui, nous allons parler recyclage, mais pas celui de vos vieux journaux ou de votre bouteille en plastique. Non, nous allons parler du recyclage d'idées, de modèles économiques et de visions pour l'avenir. Pour cela, je suis allée chercher pour vous la référence française, que dis-je, mondiale, sur l'économie circulaire. Brios a fait le copilote de Circulab, le studio et la communauté éponyme, qui depuis 2012 aide les entreprises, institutions et collectivités à s'adapter aux limites planétaires avec une approche systémique et pragmatique. Leur boulot ? Nous aider à faire mieux avec moins et à nous sortir les doigts du short comme ils disent. Bienvenue dans ce nouvel épisode qui inspire les professionnels sur les nouveaux imaginaires économiques. Je suis Nathalie Bélier, la dirigeante de SEV, le cabinet de conseil en fusion et acquisition réinventé, autour du sens et de la valeur, au service des acteurs du numérique et des entreprises à impact positif. Je vous propose un épisode un peu spécial. Il fait partie de la mini-série Les experts engagés que nous avons entamée il y a quelques semaines avec Delphine Gibassier sur la fameuse CSRD. Si vous ne savez pas encore bien ce qui se cache derrière ces acronymes, je vous invite à écouter l'épisode. Je vous dis un peu spécial car Brieux aurait aussi pu faire partie du format classique de leader engagé. Il n'a pas toujours été sur ce sujet et lui aussi a eu un point de bascule. Mais c'est l'expert à qui je veux m'adresser en particulier pour qu'il nous débroussaille le sujet de l'économie circulaire, que vous en compreniez les enjeux et surtout qu'il vous présente les outils fabuleux qu'il a développés avec ses équipes pour mettre nos entreprises en action, le tout en open source car Brieux c'est plutôt quelqu'un de généreux et aussi quelqu'un qui aime croire à l'effet papillon. Alors, préparez-vous à découvrir comment on peut générer des revenus avec les déchets d'entreprise ou repenser l'expérience, par exemple, du stade Vélodrome ou de la ville de Paris. Car aujourd'hui, Brieux va nous montrer qu'en économie circulaire, le dernier mot, c'est tout est possible Bonjour Brilleux.

  • Speaker #1

    Bonjour, bonjour Nathalie. Je suis super mal à l'aise. Merci pour toute cette présentation. Je n'ai pas du tout l'habitude et je ne me considère toujours pas comme expert de l'économie circulaire. Mais un grand merci pour cette présentation.

  • Speaker #0

    Alors, je suis une nouvelle fois embêtée qu'on n'ait pas filmé en fait. Parce que je vois effectivement ton émotion. Ce n'était pas forcément le but de notre introduction, mais ça me touche aussi. et on voit à quel point ce que tu fais a du sens pour toi et est important. On va faire un petit retour arrière avant que tu nous parles d'économie circulaire. Quelles études as-tu fait ?

  • Speaker #1

    J'ai fait un bac ES et ensuite j'ai fait une école de commerce que tu connais bien puisque c'est l'ESCA à Angers, donc de 2003 à 2008. J'ai adoré cette période-là, j'étais hyper engagé dans la vie associative et puis j'ai eu des expériences à l'international pendant cette période-là qui étaient hyper sympas, j'ai fait un stage en Inde. J'ai fait un autre stage au Canada et au Québec plus particulièrement. Et ensuite, après mon diplôme, où j'ai fait mon stage de fin d'études à Paris dans le groupe Publicis, eh bien, j'ai décidé de partir un an en Australie avec un ami. J'estime que cette année en Australie fait partie un peu de mon expérience aussi, parce que, enfin, initiale dans le sens où j'ai pas mal appris là-bas. Je fais des petits boulots comme des boulots plus classiques. C'était une super année également.

  • Speaker #0

    C'était un peu une année de césure finalement, tu t'es fait avant de bosser pour de vrai ?

  • Speaker #1

    Exactement, je l'ai considéré comme tel parce que je ne l'avais pas fait pendant l'ESCA. Et en plus, je pense que j'avais un bon timing parce que le jour où je suis arrivé à Sydney, c'était le crack de Lehman Brothers. Et j'ai eu pas mal de potes de promo qui ont galéré à trouver des jobs pendant cette année-là. Et donc je me suis dit, finalement avec le recul, j'ai eu le bon timing.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te souviens ? Pourquoi tu avais fait cette école, pourquoi tu avais fait ces études ? Est-ce que tu avais un rêve précis à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Il y avait une notion de facilité parce que là, ça ne va pas être très glorieux dans le sens où moi en seconde, je voulais plutôt faire l'école de design de Nantes, être en Nantais. Et je m'étais même inscrit dans l'option art plastique de mon lycée et tout, j'étais assez motivé. Et puis je pense une certaine forme de pression sociale, le design, bof, bof, bof. Et l'ESCA en plus à Nantes était bien réputé, et donc comme je n'avais pas trop d'idées précises, je me suis lancé dans cette aventure-là. Mais finalement le design, j'avais ouvert une porte à l'époque, et même quand j'étais petit je voulais faire architecte, et finalement j'y suis revenu plus tard.

  • Speaker #0

    Je trouve ça chouette que tu me partages ça, parce qu'il y a un côté créatif que tu avais en toi, et puis finalement aujourd'hui tu designs des modèles économiques, donc je trouve ça plutôt sympa, et tu as créé pas mal d'outils, donc c'est aussi une autre forme de design. Donc là tu fais ton année en Australie, petit job, j'imagine pas mal la fête et des bons moments.

  • Speaker #1

    Oui, et puis le voyage et tout, donc on a de super rencontres en plus dans cette étape.

  • Speaker #0

    Une connexion particulière avec la nature ou pas forcément ?

  • Speaker #1

    En fait, là, c'est plus ma période en Inde qui m'a mis le doigt, enfin, la puce à l'oreille, disons. Et je savais que le sujet que j'appelais environnement à l'époque m'intéressait, mais étant à l'ESCA, etc., je n'étais pas forcément sensibilisé au sujet. Il y avait une journée, un moment sur l'écologie industrielle, ça, c'était tout le premier semestre, ça m'avait marqué aussi. Et finalement, en Australie, ça revient un peu parce que j'étais en discussion. Sur Skype avec un ami qui lui était au Mexique, qui venait de venir à l'ESCA comme moi, qui était dans ma promo entrepreneuriat, qui est connu maintenant puisque c'est Alexis Lerossignol qui est maintenant humoriste entre autres sur France Inter, avec qui on se disait putain ce serait pas mal de créer une boîte sur tout ce qui est recyclage etc. Bon, c'était une simple discussion sur Skype qui n'a finalement pas donné lieu à grand chose par la suite. Bah voilà, c'est resté comme ça, dans un coin de la tête, mais c'est resté enfoui un bon moment.

  • Speaker #0

    Donc quand tu rentres d'Australie, quel est ton projet de vie professionnel ?

  • Speaker #1

    Alors quand je rentre d'Australie, je reste un peu bloqué sur le marketing dans le sens où à ce moment-là, donc on est en 2008. En 2009, à mon retour, les médias sociaux commencent à prendre de plus en plus de place. Et puis en Australie, j'ai bossé dans plusieurs agences sur le sujet, donc ça m'a pas mal intéressé. Et je vais rejoindre Scanblog, qui était une boîte qui avait été co-créée par un ancien SK, Cyril Chaudoy. Je lui propose un déjeuner parce que je l'avais vu pour mon mémoire de fin d'études. Et je lui dis, pendant le déj, je lui dis, vous faites de la veille des études pour vos clients, qui sont des grands groupes, sur qu'est-ce que sont les médias sociaux et comment les gens... On parle de vous Marc sur les médias sociaux et en fait ce qu'il faudrait faire, enfin ce que je te propose de faire, c'est de les accompagner sur comment bien utiliser les médias sociaux. Il me dit bah ça tombe bien parce que ce matin sur mon scoop c'est ce que je me disais qu'il fallait qu'on fasse.

  • Speaker #0

    On est flippés.

  • Speaker #1

    Complètement. Et donc c'est comme ça que j'ai rejoint Scanblog et ça a été deux années assez intenses, hyper intéressantes. où j'ai pas mal développé ce que j'appelais la brand utility, c'est-à-dire un marketing utile qui répond aux besoins, pas uniquement des consommateurs, mais aussi aux besoins sociétaux des citoyens. Faire en sorte que les marques s'engagent pour faire des choses qui ont du sens. Pourquoi ? Parce qu'en fait, à cette époque-là, Internet était toujours considéré comme un média de masse, enfin, il était mal considéré finalement. Et donc les marques disaient, si je fais une vidéo, il faut que je fasse 1 million de vues, 2 millions de vues. Et en fait, j'essayais tant bien que mal d'expliquer que ce n'était pas ça. Internet, c'est un média d'interaction. Et donc, ce qui importe, ce n'est pas le message que vous diffusez, c'est ce que les gens vont dire de vous. Et donc, c'est votre réputation. La réputation, ça dépend des actes. Et quand on repart des actes, ça veut dire des bons produits, des services de qualité, une expérience intéressante, etc. Et... Il s'est passé que j'ai fait un livre sur ce sujet là qui est sorti en février 2012, c'était la suite d'un blog que j'avais initié en 2010 avec un stagiaire de CSKBlog qui s'appelle Marwan et Marwan Al Saadi que je salue. On a fait ce blog, on l'a animé, on a fait pas mal de présentations et tout, mais ça marchait pas, enfin je veux dire, les annonceurs avaient pas encore cette maturité sur le sujet, et donc j'avais vraiment l'impression de rester dans le désert. Il s'est passé tout simplement le fait qu'après j'ai aussi beaucoup bossé pour des entreprises qui bossaient notamment dans la viande ou des sujets un petit peu comme ça. Et donc... En faisant beaucoup d'études sur les médias sociaux, je suis aussi tombé beaucoup sur des documentaires qui rappelaient un petit peu toutes les problématiques. Et en fait, là, l'aspect environnemental est revenu au fur et à mesure. Et enfin, toujours dans mon travail sur la brand utility, à un moment, je suis tombé sur une vidéo de la fondation Ellen MacArthur, donc une fondation référence sur le sujet, qui, comment dirais-je, avait fait une vidéo qui présentait ce qu'était l'économie circulaire. et j'ai trouvé ça passionnant parce que je me suis dit putain mais c'est trop bien ce truc et en fait j'ai fini par comprendre qu'il ne se passait pas grand chose aussi sur le sujet mis à part cette vidéo et c'est comme ça que je me suis inscrit à un startup week-end En janvier 2012, je venais de quitter Scanblog et j'ai intégré une autre entreprise en tant que responsable marketing. Mais j'ai fait quand même ce startup week-end et c'est là que j'ai rencontré Nicolas, qui est devenu mon premier associé pour Circulab. Et on a initié Circulab à ce moment-là, en janvier 2012.

  • Speaker #0

    Le temps d'un week-end.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est toujours...

  • Speaker #0

    En tout cas, n'est pas à toi.

  • Speaker #1

    Ouais, on a allumé l'étincelle.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu étais allé chercher dans cet atelier ? Tu sentais qu'il y avait quelque chose à créer, que tu voulais...

  • Speaker #1

    Je pense que je faisais un peu ma crise de la trentaine avant l'heure aussi. J'avais vraiment envie d'entreprendre quelque chose. Bonne rencontre à ce moment-là. On était plusieurs, mais avec Nico, ça... Ça a matché et on était assez différents mais on avait envie de bosser ensemble. C'est comme ça qu'on a avancé.

  • Speaker #0

    Donc l'idée de base de Circulab, qui n'était peut-être pas comme ça d'ailleurs à l'époque.

  • Speaker #1

    Ça avait un nom un petit peu imprononçable et surtout avec une grammaire très particulière, c'était de l'aborigène. Ça s'appelait WITA. I-I-T-H-A-A

  • Speaker #0

    Pas très très fin. Le marketeur avait prêté très bon le dessus.

  • Speaker #1

    C'était très compliqué d'un point de vue référencement, mail, etc. Toutes les erreurs qu'on pouvait faire, on les a faites, je pense. Mais il y avait une belle histoire à laquelle Nico tenait beaucoup. A raison d'ailleurs. Le Wita, c'est le nom aborigène d'un oiseau qu'on appelle le Bowerbird en anglais, qui vit principalement en Australie, qui fait des niches. Il est poli. paille, des pinces à linge, etc. qui sont venues, par exemple, ou même des canettes, etc. Et donc, en fait, lui ne les a pas considérées comme déchets, mais comme des ressources. Il a fait des nids aussi, il y a des belles photos d'ailleurs que vous pouvez voir sur Google Images ou autre, de nids de bowerbirds qui sont assez dingues d'un point de vue esthétique, d'un point de vue couleur, etc. Et donc, finalement, lui a retourné la contrainte en opportunité. Et donc, c'était une belle métaphore que d'utiliser le WITA pour dire ce qu'on... ce qu'on faisait, mais effectivement d'un point de vue non, c'était une catastrophe.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup l'histoire et la symbolique. Oui, tout à fait. Merci de l'avoir partagé. Wita, c'était quoi son projet au départ ?

  • Speaker #1

    Oui, alors le projet était très différent, mais en fait, le projet initial, c'était faire une sorte de eBay de l'upcycling. Alors, on est en 2012, donc eBay, ça reste une référence, mais de l'upcycling, c'est-à-dire qu'on allait avoir trois activités, c'est-à-dire vendre. des objets qui ont été faits avec des ressources non désirées ou laissées pour compte. Vendre également des ateliers. On a fait des ateliers avec des designers qui formaient des gens à réutiliser des matières dont ils ne voulaient pas. Troisième activité, mais là c'était plus en B2B, c'était organiser, concevoir des scénographies, des décors, des événements pour des entreprises, que ce soit culturelles ou des entreprises classiques. Et finalement c'est plus sur cette voie-là qu'on a... qu'on a accéléré en 2013, mais le seul truc sur lequel on était vraiment sûr de nous, c'était pas tant nos prestations, c'était plus, la raison d'être de WITA, c'était faire disparaître la notion de déchet. Parce que finalement, le déchet, c'est une invention humaine relativement récente. Si on regarde l'histoire de l'humanité, il n'y a qu'une seule espèce qui fait des déchets. dont quasiment aucune autre espèce vivante est capable de retraiter. Et donc l'idée c'était de dire, faisons en sorte de faire disparaître ce mot, parce que finalement, quand on oublie ce mot, ça devient des ressources. Et d'un coup d'un seul, par ce simple changement sémantique, le fait de parler de ressources plutôt que de déchets, ça crée des opportunités. économique, sociale, environnementale. Donc voilà pourquoi on insistait sur cette raison d'être-là qui nous a fait faire plein de trucs différents avant qu'on se fixe véritablement en 2014.

  • Speaker #0

    Et donc en 2014, vous avez pris un nouveau virage, vous avez enlevé les activités peut-être plus accessoires ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, dès 2013, on a arrêté notre site en ligne. Parce qu'on avait un super développeur qui était Edouard, ça se passait bien et tout, mais c'est juste qu'on avait l'impression d'être trois et on bossait quasiment chacun de notre côté. Et donc assez vite, en 2013, on a arrêté le site, on s'est concentré sur les prestations aux entreprises, donc principalement l'événementiel à ce moment-là, mais avec toujours en tête l'idée de conseiller les entreprises. sur justement comment on fait pour les faire travailler sur ces aspects-là. Et l'événementiel nous a beaucoup appris, parce que finalement, notre première grosse prestation, c'était pour l'île 3000, gros événement culturel qui avait été créé suite pour l'année où l'île avait été capitale européenne de la culture. Et régulièrement, peut-être tous les ans ou tous les 2-3 ans, ils refont... des grandes expositions, une grande suite d'événements. Et on avait été sollicité pour faire une scénographie. Et c'est comme ça qu'on a commencé à concevoir des scénographies, uniquement avec des ressources dont personne ne voulait. Et donc on mobilisait des designers pour les utiliser.

  • Speaker #0

    Donc il y avait un côté très très créatif et le côté... Finalement, architecte dont tu parlais, tu l'as mis en œuvre là avec de la scénographie, finalement, directement, mais on n'est pas encore dans le conseil B2B sur l'économie circulaire. C'est-à-dire que toi-même, tu fais de l'économie circulaire pour tes clients, finalement, pour un événement.

  • Speaker #1

    Oui, je suis complètement d'accord avec toi, on n'est pas dedans encore. Mais par contre, au fur et à mesure des événements, on applique une méthode qui allait finalement devenir la base de la méthode circulable, c'est que dès la conception... de l'événement, on pense l'après-événement. Et donc quand on pense l'après-événement, ça te fait voir très différemment le avant-événement. Comment tu produis, avec quoi tu produis, avec qui tu produis. Et en fait, on se rendait compte que plus on faisait des scénographies de qualité, plus on allait travailler avec des artisans proches de nous et proches du lieu où on allait faire l'événement. Et puis surtout, peut-être qu'on allait aussi avoir des matériaux de meilleure qualité, peut-être qu'on allait... emprunter, louer plus que si on avait acheté à bas prix pour jeter par la suite, plutôt que de penser une seule étape où on essaye de tirer les prix dans tous les sens pour avoir le plus de marge possible, en fait on disait, ben non, l'événement n'est qu'une étape. Bien sûr, il faut que l'événement soit hyper inspirant, qu'il réponde bien, qu'il y ait des charges du client, mais en fait, ça va être une suite d'opportunités. L'étape événement n'est qu'une opportunité parmi d'autres qui vont arriver avant. pendant et après.

  • Speaker #0

    Je trouve ça très chouette parce qu'en fait, tu es parti de ta propre expérience pour finalement en tirer une méthode ou des étapes, une organisation pour après développer Circula, peut-être qu'il est aujourd'hui et tu vas nous expliquer. Juste, tu n'étais pas designer, toi. Comment tu as fait à l'époque ? Tu étais designer ?

  • Speaker #1

    Effectivement, je ne suis toujours pas designer d'ailleurs. Mais Nico, lui, avait un diplôme en design et c'est aussi pour ça qu'on bossait beaucoup avec des designers. produits ou autres qui avaient envie de bosser avec nous, parce qu'il y a beaucoup aussi de designers qu'on rencontrait à l'époque qui étaient très sensibles à ces enjeux de ressources, et donc au fur et à mesure on s'apprenait tous des trucs les uns les autres. Donc non, ça c'était assez intéressant, et puis c'est surtout que les designers qu'on rencontrait, ils étaient très concentrés, c'est normal, c'est leur formation sur le produit ou la scénographie en question. Et ils étaient moins sur ces notions de flux sur l'avant-après. Et donc des interactions qu'on avait, on s'enrichissait mutuellement, on se posait des questions tout simplement. Et on a fait en 2013, en 2014 d'autres expos, d'autres scénographies dans des centres commerciaux, etc. On avait fait aussi une expo à la Design Week à la Galerie Ben Simon, on avait fait des ateliers au Palais de Tokyo, enfin bref c'était... C'est assez rigolo, on testait plein de trucs, mais c'était vraiment le début du début.

  • Speaker #0

    Et quelle a été l'étape d'après ?

  • Speaker #1

    Et en fait, l'étape d'après, on était installé à ce moment-là à Essie-Montreuil. Et Nicolas Barre, qui est le fondateur d'Essie-Montreuil, me dit Là, je bosse avec une boîte dans le bâtiment, et ils aimeraient appliquer l'économie circulaire dans leur business model. C'était un truc, là. Je suis évidemment, j'ai un truc Nico, il n'y a pas de souci. Donc c'est comme ça qu'avec Nicolas et Flora, notre designer de l'époque, on a commencé à concevoir un début de méthode de façon à ce que l'entreprise qu'on allait accompagner puisse déjà poser ses différents business models et surtout, deuxième étape, faire en sorte de repenser son business model avec les principes d'économie circulaire. Et là c'est devenu assez intéressant parce qu'on les a vus sur deux ou trois sessions et ils ont généré des idées hyper intéressantes et surtout sur les quatre idées qu'ils avaient générées assez rapidement ils en ont mis deux en place par la suite. Et on s'est dit mais putain c'est génial si ça marche avec eux, ça marchera avec d'autres. Et c'est comme ça qu'on s'est dit bon bah on va travailler cette méthode, on va l'améliorer puis surtout on va la... la promouvoir. Et donc ça, tu vois, c'était il y a quasiment 10 ans, puisque l'accompagnement de cette entreprise, c'était en octobre 2014. Et on a fait notre premier atelier public en janvier 2015.

  • Speaker #0

    Circulab était lancé ?

  • Speaker #1

    Oui, et effectivement, on a fini par appeler ça la méthode Circulab. Et donc, c'était Wita qui portait la méthode Circulab. Et ça, on a mis un peu de temps à comprendre qu'avoir deux marques dans une petite structure, c'est quand même compliqué. Mais ça, ça reviendra plus tard. C'est en 2019, où avec Justine, qui est devenue mon associée entre-temps. Merci. on s'est dit on arrête WITA et maintenant on s'appelle Circulum.

  • Speaker #0

    Donc ça c'était il y a dix ans, j'imagine que la méthode elle a grandi, elle a évolué, mais surtout vous étiez quand même ultra pionnier. On n'en parlait quand même pas énormément de l'économie circulaire à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, il y avait pas mal de documents, de livres, notamment à l'époque... Vanguard et McDonough, un auteur américain et allemand, ils rédigeaient au début des années 2000 Cradle to Cradle, donc c'était une grosse référence. On parlait aussi un peu de biomimétisme avec Janine Binius, et puis évidemment la fondation de MacArthur que j'ai évoquée. Et en fait, en France, effectivement, on n'était pas nombreux, et puis il n'y avait pas trop de connexion entre les gens. Donc voilà, ça c'était un petit peu le contexte de l'époque.

  • Speaker #0

    Ok, donc quelles ont été les étapes après, qui ont fait un petit raccourci entre 2014 et 2024, et rentrer sur les produits ?

  • Speaker #1

    C'est rigolo parce que j'ai du mal à dire que c'était il y a 10 ans. En gros, il y a eu une première grosse étape, c'était septembre 2015. En fait, au fur et à mesure qu'on faisait des ateliers, les gens nous disaient, mais nous aussi on veut vos outils. Ben, on ne sait pas pourquoi, mais ok. Et donc c'est comme ça qu'on a créé la Circulab Community, qui finalement... On a appliqué la méthode circulable pour répondre à cette problématique et c'est comme ça qu'on a créé donc une communauté où on allait former les professionnels qui le souhaitaient à utiliser nos outils auprès de leurs clients, soit pour les former, soit tout simplement pour les accompagner à appliquer les principes de l'économie circulaire dans leur modèle économique. On était les premiers surpris parce qu'en fait les gens qui sont venus nous voir on les considérait un peu comme des concurrents mais c'était tout simplement des consultants indépendants et consultants et consultantes et donc on a commencé avec une première promo en septembre 2015. Et avec six personnes, il y en a qui sont toujours là, donc ça c'est assez génial. Donc ça c'est la première grosse étape pour Circulab. Et puis dans les années qui ont suivi, on a travaillé pour des grosses entreprises comme Veolia, comme Suez, comme Ikea, L'Oréal, etc. Et ça c'était assez intéressant parce que ça nous permettait… En fait on avait vraiment tourné ça sous forme de jeu. C'est pas un jeu à proprement parler mais on avait gamifié beaucoup de choses. Et en fait, ça avait un côté ludique, mais surtout, ça permettait de faire comprendre toute la complexité des sujets. Parce qu'il n'y a pas un responsable économie circulaire, comme il n'y a pas un responsable médias sociaux. En fait, c'est des paradigmes qui sont transverses. Il n'y a pas une personne qui va être capable de répondre à toutes les problématiques. Et en fait, notre méthode s'appuie beaucoup sur l'intelligence collective. Parce qu'on part du principe que sur des sujets aussi complexes, il n'y a pas un cerveau qui va pouvoir répondre à tout. De cette façon de faire travailler les gens, ça a pas mal... marchait et ça permettait vraiment aux gens de s'impliquer dedans. Donc ça, c'est les premières années. Dès 2016, on a commencé à former les gens qui ne souhaitaient pas forcément rejoindre la communauté, mais à appliquer notre méthode. Donc on a continué les formations. Et puis 2018, on a aussi amélioré la méthode encore. Là aussi, ça repartait d'un besoin client qu'on a réintégré dans la méthode Circulab. C'était comprendre vraiment le contexte global. d'un secteur d'activité, pas uniquement le business model d'une entreprise. Et c'est comme ça qu'on a créé un nouvel outil, qui était le Value Chain Canva, qui nous permettait de faire, j'aime bien prendre cette métaphore, c'est prendre la main des gens et on les amène en haut de la montagne pour qu'ils regardent un petit peu comment ça se passe et surtout faire en sorte qu'ils sortent la tête du guidon. Et en fait, en sortant comme ça, en ouvrant un peu les yeux plus grands, souvent les gens viennent nous voir parce que, mettons, ils ont un problème. de génération de déchets. Et puis en fait, quand on regarde les grandes étapes du début à la fin, alors là on n'est plus sur le business model, mais ça peut être aussi la même réflexion sur la chaîne de valeur, en fait ils se rendent compte que le problème il est ailleurs, il est peut-être à l'assemblage, ou à la conception, ou à la façon de distribuer, la façon d'enlever, de récupérer les produits, et en fait ça permet d'avoir beaucoup d'autres opportunités que si on avait essayé de rajouter un patch sur comment on recycle ces déchets que personne n'arrive à recycler.

  • Speaker #0

    Quand tu accompagnes des gens comme Ikea, par exemple, justement tu disais il faut plusieurs cerveaux, qui sont tes interlocuteurs ?

  • Speaker #1

    À l'époque, c'était des interlocuteurs qui étaient aux Pays-Bas, c'était la branche Ikea Concept, donc on était encore sur l'aspect... concept, c'est-à-dire qu'ils testaient plein de choses chez Ikea. Et donc, on a fait quelques ateliers en Espagne et puis en Suède, tout simplement. Et là, on a fait pas mal de travaux sur les magasins pour qu'ils puissent concevoir des nouvelles offres. Parce que, bien sûr, l'idéal serait d'être avec les designers, mais il y avait aussi des grosses marges de progression avec les magasins sur les façons de vendre, selon les types de clients, par exemple. faire des offres spéciales pour les étudiants, qui n'ont pas forcément besoin d'acheter, mais qui ont peut-être besoin de meubles pour une dizaine de mois, mettons. Et donc ça, c'était assez intéressant, parce que ça leur permet peut-être de se dire, mais oui, juste en repensant l'expérience dans sa globalité, le modèle économique, et pas uniquement le produit, on avait aussi encore des marges de progression.

  • Speaker #0

    On est un peu sur l'économie de la fonctionnalité dans cette réflexion.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Ça fait partie des leviers qu'on peut activer pour justement respecter les principes de l'économie circulaire. Je ne les ai pas énoncées. Et puis, surtout, il y a un problème, c'est que maintenant, il y a des chercheurs qui ont fait une étude pour trouver le nombre de définitions de l'économie circulaire. Il y en a plus de 250.

  • Speaker #0

    Tu peux nous en donner une à toi, la tienne.

  • Speaker #1

    Nous, on défend quelque chose d'assez simple. Déjà, c'est une économie où la notion de déchet n'existe pas. Mais surtout, c'est une économie qui va respecter trois principes. Le premier, c'est la sobriété dans l'approvisionnement. C'est-à-dire qu'il va falloir faire en sorte de sortir... des modèles extractifs qu'on a aujourd'hui, parce que c'est précisément le problème qu'on a. C'est-à-dire que toutes les extractions de matière, c'est 90% d'impact sur la biodiversité, ça vient des activités extractives, et c'est quasiment plus de la moitié de l'empreinte carbone mondiale. Donc en fait, le moins on va extraire, le mieux on va se porter, et le mieux les écosystèmes vivants pourront se régénérer. Donc ça c'est le premier aspect, c'est vraiment... non négociables qui amène ensuite au deuxième c'est l'efficience l'efficience dans l'utilisation des ressources donc j'insiste beaucoup sur l'efficience alors c'est peut-être un délire de consultant mais il ya une vraie différence entre efficience et efficacité efficacité c'est le fait d'atteindre un objectif quels que soient les moyens comprends mais l'efficience c'est atteindre l'objectif avec le moins de moyens à disposition et donc c'est précisément ce qu'il faut faire c'est à dire faire plus avec moi et ça évidemment évidemment n'importe quelle entreprise est intéressée par ça. Et d'ailleurs, la plupart des grandes entreprises, quand elles parlent d'économie circulaire, parlent principalement d'efficience, mais elles ne parlent pas de sobriété. Et c'est un vrai problème parce que la plupart du temps, Jean Covici d'ailleurs en parle très bien, c'est que notre croissance économique est parfaitement corrélée sur la croissance des activités extractives. C'est-à-dire que tout... Tout est parfaitement corrélé. Et donc, si on arrête d'extraire, la croissance s'arrête et donc le modèle de société qu'on a s'arrête aussi sec. Mais c'est précisément ce qu'il faut dès maintenant anticiper, c'est de dire qu'il n'y a plus de ressources, il n'y a plus de matière comme ça, c'est plus open bar, c'est terminé, depuis bien longtemps. Et donc, il faut non seulement intégrer l'efficience, faire plus avec moins, mais surtout sortir de ce modèle extractif. Donc ça, c'est les deux premiers principes. Le troisième, c'est une fois qu'on est plus sobre, c'est aussi faire en sorte de régénérer. Et régénérer, c'est tout simplement faire en sorte de régénérer les écosystèmes vivants et humains, et donc les remettre dans un meilleur état, disons, que ce qu'on a trouvé. Et donc la régénération, c'est hyper important dans le sens où on a une chance incroyable, c'est que la vie peut se régénérer si on lui permet d'avoir les conditions de se régénérer. Et ça c'est fondamental parce qu'un sol de mauvaise qualité, en fait il va se dégénérer, il sera de moins en moins productif d'un point de vue agricole. Mais si on lui permet d'avoir de nouveau de la vie, on recrée de la biodiversité, on recrée un sol qui absorbe l'eau, qui relâche l'eau quand les plantes en ont besoin, qui rend plein de services écosystémiques. Donc c'est ça qui est assez important dans l'aspect régénération. c'est de faire en sorte de permettre, à notre simple niveau d'humain, de faire en sorte qu'autour de nous, les écosystèmes se portent mieux que ce qu'on les a trouvés.

  • Speaker #0

    Merci pour cette définition. Je me permets de faire un petit arrêt sur image, parce que ça fait écho à mon actualité. J'étais hier à un événement d'ADN Ouest dans lequel... sur le numérique responsable, j'animais la plénière. Et lors de cette plénière, j'ai voulu poser les enjeux autour du numérique responsable. Et une des slides que j'ai partagées, qui était sur la base de l'étude ARCEP-ADEME, c'était le sac à dos écologique du matériel informatique qu'on utilise.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Les informations que j'ai partagées, moi, quand je les ai découvertes, je suis tombée de ma chaise, en fait. On considère qu'on crée 300 kilos de déchets par an et par personne en France sur le matériel informatique. Les numériques d'une façon générale, ça inclut aussi les télévisions, mais on a détruit une tonne de matière. pour générer ce matériel informatique qu'on utilise au quotidien. Et ça, c'est par personne, par an et rien qu'en France. C'est juste monumental. Donc on imagine au niveau de l'échelle mondiale à quel point cette extraction est extrêmement destructrice de tout ce qu'il y a autour et avec. Et il y a une autre dimension qu'on a abordée. Tu parlais de la difficulté d'extraire aujourd'hui ou de la raréflexion des ressources. C'est aussi un point que j'ai abordé. Notamment, on a beaucoup de terres rares, de minerais, de matériaux. qui sont indispensables pour construire tout notre matériel numérique. Le nombre de matières qui est nécessaire pour construire les smartphones tels qu'on les a aujourd'hui, c'est multiplié par 10 par rapport à nos premiers téléphones. Et ces matières, elles sont de plus en plus rares. Alors, elles pourraient encore exister au niveau de la Terre, mais elles sont extrêmement difficiles à extraire et elles demandent encore plus d'énergie qu'avant pour aller les chercher, encore plus d'eau et elles génèrent encore plus de pollution. Donc, en fait, c'est un système extrêmement... destructeur dans lequel on est de continuer à aller chercher cette matière donc toi par l'approche d'économie circulaire tu dis la matière elle existe déjà essayons de l'utiliser et quand on l'a essayons de l'utiliser le mieux possible et essayons de réparer les dégâts qu'on a fait en amont tout

  • Speaker #1

    à fait c'est exactement ça c'est surtout il faut avoir un petit ordre d'idée mais on ne se rend pas trop compte mais chacun de nos smartphones a plus de capacité de calcul que le matériel qui a permis à aux Américains d'atterrir sur la Lune. On parle d'un événement qui a eu lieu en 1969. C'est assez dingue de se dire, bah ouais, effectivement, on n'a pas rien sans rien, et tu sais, cadeau écologique est parfaitement représentatif.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est absolument nécessaire de partager ces ordres de grandeur et d'éduquer, parce que... On fait des choix après en conscience de se dire est-ce que je veux vraiment du matériel neuf et donc ce sac à dos qui est lié à ce matériel neuf. Mais on a l'impression qu'on a, moi mon PC doit faire moins de 2 kilos quoi. Tu te dis quoi c'est 2 kilos de déchets, au pire c'est pas grave. C'est pas ça la réalité. Sur un smartphone je crois que c'est 200 kilos. Bien qu'un smartphone, donc un ordinateur, j'ai pas l'ordre de grandeur.

  • Speaker #1

    Je crois qu'un ordi c'est 200 kilos, enfin à vérifier, mais un smartphone j'ai plus entre 100 et 120 kilos de matière extraite, déplacée, transformée. Et puis c'est surtout que ce qui est dramatique, c'est que les gens ne se rendent pas compte, mais c'est que par exemple l'Europe a des objectifs d'électrification, de génération d'énergie renouvelable qui sont hyper ambitieux. Mais quand on regarde les capacités d'extraction, entre guillemets les stocks qu'on peut imaginer à l'échelle mondiale, techniquement c'est impossible de répondre aux objectifs en question.

  • Speaker #0

    Donc le tout électrique pour les voitures par exemple, c'est à ça que tu fais référence notamment ?

  • Speaker #1

    Les voitures, même pour la construction d'éoliennes, par exemple. Un autre ordre d'idée, une voiture thermique, disons c'est à peu près une vingtaine de kilos de cuivre, avec tous les câbles, etc. Une voiture hybride, on passe déjà entre 40 et 60 kilos. Une voiture électrique normale, enfin classique, on va dire 100 à 120 kilos de cuivre. Une Tesla, 220 à 240 kilos. Sans compter qu'une bande de cuivre. c'est encore 100 kg de cuivre en moyenne. Et le cuivre, quand on regarde un petit peu en termes d'extraction, par exemple, il y a un exemple qu'on prend souvent, c'est la mine de Shukikamata qui est au Chili, à côté du désert d'Atacama. C'est un désert donc, et il faut savoir que la concentration de cuivre dans une tonne de minerai qu'on va extraire, c'est de l'ordre de 0,1%, 0,4% maximum. Et tout dépend, alors ça c'est variable parce que... Tout dépend aussi de la santé de la mine, est-ce qu'on est au début de l'extraction ou à la fin. Et donc ça veut dire que quand tu extrais une tonne de minerai, tu vas avoir quelques dizaines, quelques centaines de grammes de cuivre qu'il va falloir passer dans des traitements chimiques. qui vont nécessiter beaucoup d'eau. Comme je te l'ai dit, dans le désert d'Atacama, il n'y a plus beaucoup d'eau. Il y avait une nappe phréatique qui a été vidée en quelques années. Donc, qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils ont mis en place une usine de désalinisation. Une usine de désalinisation, ça nécessite... Enfin, il faut quand même faire venir des pipelines du Pacifique, avec de l'eau salée. Puis, l'usine de désalinisation, qui elle-même nécessite de l'énergie. Cette énergie, le mix énergétique au Chili, c'est principalement du charbon, qui vient soit de Colombie, soit de Nouvelle-Zélande. Bref, ça c'est toute une partie coup caché qu'on n'imagine pas forcément quand on a le produit en main. Et pourtant, le cuivre, vous pourrez le garder à peu près partout autour de vous, que ce soit dans ton ordi, dans nos fils électriques, etc. C'est partout.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dis pour qu'on ait notre voiture électrique, ou la Tesla, qu'on décrit comme la voiture la plus performante ?

  • Speaker #1

    La plus performante, je ne sais pas, c'est quand même des voitures qui font 2 tonnes. Donc avec un quart de produit, c'est juste la batterie.

  • Speaker #0

    En amont de cette thèse-là, il y a eu une destruction de matière et une production de gaz à effet de serre. Une destruction d'écosystème qui est juste colossale.

  • Speaker #1

    Et puis là, on ne parle que du cuivre. Mais c'est pareil pour le lithium, c'est pareil pour le cobalt. Par exemple, un PKI comme la République démocratique du Congo. C'est des conflits qui ont généré plus de 6 millions de morts, je ne sais plus sur combien d'années, sur 10 ou 20 ans, je ne sais plus. Mais c'est parce qu'en fait, c'est des conflits armés qui sont principalement basés sur ces exploitations de minéraux ou de métaux.

  • Speaker #0

    On pourrait imaginer que tout ce qu'on a déjà extrait de la Terre puisse être utile aujourd'hui, qu'on réutilise ce qui a été extrait des années précédentes. Mais c'est aussi un point qu'on a abordé hier. les filières de recyclage sont loin d'être aussi vertueuses qu'on voudrait aujourd'hui. Et globalement, ces matériaux-là, ils sont hyper durs à récupérer, parce qu'ils sont mélangés avec plein d'autres choses. Et souvent, il n'y a pas la bonne filière pour les stocker. Et pour reparler de l'informatique, c'est quelques pouillèmes aujourd'hui qui sont récupérées. s'améliorer, mais c'est vraiment rien par rapport au volume produit. Et on parlait de 800 millions d'équipements informatiques au niveau de la France actuellement, une tendance, si on continue sur notre lancée, de 11 milliards d'équipements d'ici 2050, qui potentiellement ont tous cette matière qui est dure à sourcer. et on n'est toujours pas dans la réalisation de ce qu'on a créé ou utilisé dans le passé. Et donc, toi, la démarche que tu proposes, c'est tout l'inverse. C'est-à-dire de réfléchir dès maintenant à ce que va devenir finalement potentiellement le PC, si on restait là-dessus, mais on peut prendre d'autres exemples.

  • Speaker #1

    Alors, c'est même plutôt aller encore à l'étape d'avant, c'est de repartir déjà du besoin. Est-ce que les gens ont besoin d'un ordi ? À quoi sert l'ordi ? Quelles sont les fonctions de l'ordi ? Et donc, là, on a pris un produit qui est un peu complexe, mais qui est multifonction en plus. Mais l'idée c'est de repartir toujours de cette question là, c'est à quoi ça sert ? Typiquement, tu parlais tout à l'heure d'Aville de Paris, si on était entre guillemets un grand minéralier, je ne vais pas les citer, ils font déjà trop de pubs, les responsables des minéraliers nous diraient repenser la bouteille, faites en sorte qu'ils utilisent moins de plastique. Mais si on se positionne plus d'un point de vue systémique, et comme finalement notre client l'Aville de Paris nous l'impose finalement, à quoi sert la bouteille d'eau ? La bouteille d'eau, elle sert à s'hydrater. Et finalement, là on repart, qu'est-ce qui permet aux gens de s'hydrater ? En l'occurrence, il y a pas mal de robinets un peu partout, et même depuis quelques décennies, on les a pas mal enlevés, les fontaines. Et donc c'est comme ça que finalement on retourne le problème, c'est-à-dire qu'on a déjà des choses à disposition, utilisons-les ou favorisons leur utilisation. Et c'est comme ça aussi que Haute-Paris a mis en place tout un réseau de commerce où en fait les commerçants proposent aux gens de remplir. leur gourde et donc en fait d'un coup d'un seul on change la focale et on repart vraiment du besoin essentiel Et on fait la correspondance avec les ressources à disposition pour répondre à ce besoin, plutôt que de repenser un produit, etc., qui en fait n'a pas de sens quand on regarde l'ensemble des étapes de ce produit-là, c'est-à-dire que de l'eau des Alpes, quand on va la consommer à Brest, à Bayonne ou à Marseille, finalement c'est un peu idiot parce qu'il y a d'autres sources qui sont à proximité. Et puis surtout, on est dans un pays où la qualité de l'eau au robinet est plutôt bonne. Et en plus... Si elle n'est pas suffisamment bonne, on peut encore imaginer améliorer. Imaginer des machines comme des osmosers qui vont améliorer la qualité de l'eau chez les particuliers ou chez les restaurateurs, etc. Encore une fois, c'est vraiment toujours repartir du besoin essentiel et faire la correspondance avec les capacités de l'écosystème en l'occurrence. Et c'est comme ça que finalement on se rend compte qu'on n'a pas besoin de concevoir de bouteilles d'eau.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous parler de tes différents outils ? Un, quel est leur principe ? Dans quel contexte on peut les utiliser ? Et puis à un moment donné, dans un ordre ou dans un autre, pourquoi tu as décidé de les mettre en open source ? Parce que ça aussi, c'est un vrai sujet.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors, on va y aller par étapes. En gros, l'idée, c'est un peu les utiliser comme un entonnoir. C'est-à-dire que je prenais la métaphore tout à l'heure d'emmener les gens au haut de la montagne. ou les emmener en hélicoptère pour avoir la grande vue, ça c'est ce qu'on va faire avec le Value Chain Canva. Faire en sorte finalement de comprendre toutes les étapes, de la conception jusqu'à l'utilisation prochaine des composants ou des matières qu'on a utilisées. Et on va passer par le choix des matières ou l'extraction des matières qu'on ne peut pas faire autrement, la production, la distribution, l'utilisation, tout ce qui est réparation, réemploi. la logistique retour, et donc l'usage suivant. Et en fait, c'est ça qui est assez dingue, c'est que cet exercice-là, alors il y a plein de combinaisons, mais quand on invite les gens à comprendre leur chaîne de valeur, que ce soit des personnes qui viennent d'arriver dans le secteur d'activité, ou des vieux de la vieille, qui sont là depuis 30 ou 40 ans, quasiment à chaque fois, ils tombent un peu de leur chaîne de valeur. Et on dit, ah mais ça... j'avais jamais imaginé qu'on pouvait avoir ça. Moi, je n'ai jamais entendu parler de ce truc-là. Ben ouais, c'est normal. On est dans un monde avec 8 milliards d'habitants, avec des initiatives dans tous les sens, une complexité qu'on n'a jamais vue à l'échelle de l'humanité. Donc, c'est normal que vous ne puissiez pas tout savoir. Et donc, en fait, le fait de dézoomer, ça leur permet aussi d'identifier le véritable défi stratégique qui va leur permettre d'agir de façon beaucoup plus pertinente. Tu vois, j'ai envie de dire bon ben... En fait, si on reprend l'exemple de la bouteille d'eau, c'est pas notre approvisionnement en plastique qu'il faut vérifier, c'est juste l'approvisionnement en eau qui va nous intéresser et comment on va fournir les gens. Une fois qu'on a, avec le value chain Canva, défini un petit peu le défi stratégique, on va passer à une autre focale un petit peu plus resserrée sur quelles sont les parties prenantes. qui font partie de cet écosystème, qui vont nous aider à relever ce défi stratégique. Parce que, encore une fois, dans un monde complexe, la seule façon de s'en sortir, c'est de coopérer. Donc ça, c'est le partenaire MAP qui permet d'identifier les parties prenantes avec lesquelles on peut travailler pour résoudre un défi, donc le défi stratégique et défini dans la première étape. Une fois qu'on a fait ces deux premières étapes-là, il va falloir repenser le modèle économique. Et donc c'est comme ça qu'on utilise le circuit Air Canva. qui était le premier outil qu'on avait conçu, mais qui permet justement à la fois de comprendre les impacts d'un business model actuel ou de faire toute une suite d'hypothèses sur des nouveaux business models. Et c'est là que c'est intéressant parce qu'en concevant d'abord le business model, on ne va pas tout de suite concevoir le produit, parce qu'on va vérifier avant si c'est vraiment utile de concevoir ce produit-là et s'il n'y a pas d'autres moyens de répondre à ce fameux besoin initial. Et donc c'est ça qui est intéressant, c'est qu'en faisant... Ce business model, en fait, on anticipe toutes les fameuses étapes qu'on évoquait tout à l'heure dans l'événementiel, c'est-à-dire aussi bien l'approvisionnement, la fabrication, la distribution, l'utilisation, mais surtout la pré-utilisation. Et en fait, on se rend compte qu'il ne va pas y avoir qu'une seule étape qui va être, disons, la vente ou l'utilisation. En fait, il y a plein d'étapes sur lesquelles il va y avoir d'autres interlocuteurs, d'autres opportunités. Et donc, ça va créer des opportunités économiques, sociales, environnementales. C'est tout simplement ce fait d'avoir une multitude de faisceaux. qu'on va anticiper dès la conception et qui va nous permettre de faire évoluer aussi la conception du produit de façon à se dire, peut-être qu'il faut le rendre démontable. Peut-être, si on reprend l'exemple aussi du smartphone, faisons en sorte qu'on ne prenne que des vis standards plutôt que de prendre des vis propriétaires. On va peut-être faire des modules, on va peut-être créer des réseaux de réparateurs agréés de façon à décentraliser la réparation. etc. Et donc c'est ça qui est assez intéressant, c'est que une fois qu'on a pris cette focale, et là en fait on voit qu'on a une multitude d'opportunités et qu'elles sont pas uniquement économiques, mais elles sont sociales et environnementales, mais en plus, et c'est ça qui est passionnant, c'est qu'on peut faire beaucoup plus avec moi et c'est ça qui fait un chemin d'enthousiasme en fait, c'est qu'on est dans un paradigme qui est complètement déconnecté des réalités physiques. Mais là justement, on peut faire des choses beaucoup plus intelligentes, qui respectent finalement beaucoup plus les principes du vivant, tout simplement en adoptant aussi cette approche globale systémique.

  • Speaker #0

    Selon toi, tous les business économiques pourraient passer à travers justement ces outils et cette réflexion, ou il y en a qui sont plus adaptés que d'autres ?

  • Speaker #1

    Oui, globalement, ça marche très bien pour tous les business models. Parce que souvent les gens nous disent oui mais pour les services ça marche moins bien. Ça marche moins bien mais en fait les gens ont tendance à oublier que à peu près tous les services dépendent de produits, dépendent d'équipements. Et donc il y a différentes façons de considérer ces équipements, de façon à ce qu'ils soient bien utilisés, et ce qu'on les considère bien du début à la fin. Donc là-dessus bien sûr il y a toujours des ajustements etc. Mais pour tous les business models qui... qui touche de près ou de loin à de la matière, je suis assez confiant.

  • Speaker #0

    Ça veut dire quand même un grand nombre.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et donc, ces différents outils, à un moment donné, tu t'es dit, nous, on les utilise, on a formé un certain nombre de personnes à les utiliser aussi, ils sont ou pas membres de ta communauté, mais à quel moment tu t'es dit, je vais encore plus loin, je les mets sur le marché, je les offre, en fait. C'est quand même énorme.

  • Speaker #1

    C'était dès le début en fait, parce qu'en fait, avec Nico à l'époque, ça nous semblait normal dans le sens où nous, on s'était inspiré de beaucoup d'autres personnes. Évidemment, le business model Canva d'Ostervalder, mais plein d'autres. Donc en fait, ça nous semblait être un... une façon maligne, tout simplement, de se faire connaître et puis d'aider les gens parce qu'on est toujours partis du principe qu'on n'était pas là pour créer le nouveau Big Four. C'était vraiment faire en sorte de dire on est là pour ramer dans le même sens que tout le monde, faisant en sorte qu'on puisse aider d'autres personnes si elles estiment que ça leur est utile.

  • Speaker #0

    Ce qui est génial avec cette démarche, effectivement, c'est que tu multiplies potentiellement ton action. permet au maximum de personnes de se poser les bonnes questions et de revoir des business models, mais en tant que chef d'entreprise, tu peux aussi te mettre un peu en danger, c'est-à-dire que tu mets à disposition de tes concurrents les mêmes outils que ceux que tu utilises toi. J'ai adoré, parce que je te tiens à préciser que tu animes aussi un podcast, comment s'appelle-t-il ?

  • Speaker #1

    Radio Circulable.

  • Speaker #0

    Que je vous invite à découvrir, j'ai vraiment adoré les différents épisodes que j'ai écoutés, il y en a un qui m'a marqué, c'est cette réflexion que tu as effectivement sur Est-ce que quand on forme nos concurrents, est-ce qu'on ne se tire pas une balle dans le pied ? Est-ce que ce ne sont pas des entreprises que je ne vais pas pouvoir accompagner ? Et est-ce que quand on veut faire du bien, est-ce qu'on ne veut pas... On se dit qu'il faut tellement démultiplier notre impact qu'on est prêt à faire des choix qu'on ne ferait pas du tout, effectivement, dans une industrie ou une économie classique ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de certitude pleine et entière sur le sujet. J'estime juste qu'encore une fois, on s'est inspiré de d'autres. Et puis, si on peut être utile à d'autres, c'est très bien. Evidemment on s'est coupé des opportunités comme ça, mais j'ai pas créé Circulab pour être millionnaire. Mon idée derrière Circulab c'est de faire en sorte que je remette la génération de ma fille, monte dans un meilleur état que ce que j'ai trouvé. Moi tout seul ce serait impossible, donc voilà pourquoi l'idée c'est de se dire faisons en sorte à notre échelle et dans notre domaine d'être cohérent et d'aider les autres si ça leur est utile. Encore une fois... Je ne sais pas, ce n'est pas grand chose ce qu'on a fait. Et puis après, en plus, je pense que les gens nous le rendent bien. Comme dans tous les modèles open source, je pense que si ce qu'on propose est de qualité, les gens aussi sont reconnaissants. Et puis je pense qu'il y a des interactions, il y a des relations qui se créent. Et je trouve que finalement, on a tous à gagner comme ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as des exemples concrets d'entreprises que tu as pu accompagner, qui ont vraiment revu leur business model ?

  • Speaker #1

    Oui, ce qui est assez intéressant, c'est qu'on a aussi initié des projets. O n travaille aussi avec une entreprise luxembourgeoise sur la mise en place d'un outil de veille sur tous les business models de l'économie circulaire. Donc là on a conçu pour eux tout un outil pour justement bien identifier, avoir cette veille sur les business models circulaires. Et puis un autre exemple que j'aime beaucoup aussi, c'est on a travaillé aussi pour JC Decaux, qui avait ce fameux... Le problème de génération de déchets des affiches en fin de vie, c'est-à-dire que toutes les affiches qu'on voit, les 4 par 2 dans les vitrines, c'est des affiches qui roulent. Et bien en fait, on a refait ce fameux circulaire Canva où on a été rencontrer l'imprimeur des affiches, on a été voir comment elles étaient assemblées, comment elles étaient installées dans les vitrines, etc. Et puis on a été voir un recycleur de papier. Et en fait, il y avait plusieurs problèmes qu'on a soulevés et qui... Ça vous permet finalement de dire, mais ce papier-là, que vous êtes obligés de payer pour détruire, 20 euros la tonne, en faisant les ajustements à la conception et à l'installation et désinstallation des affiches, et en fait, maintenant, vous pouvez le revendre 150 euros la tonne. Donc c'est ça qui est assez intéressant, c'est qu'encore une fois, nous, on n'est pas du tout des spécialistes du papier ou de la publicité dans les villes, mais c'était simplement le fait de se dire que, encore une fois, dans les entreprises, il y a toujours des grands spécialistes sur leur domaine. Mais il n'y a personne, quasiment jamais, qui est un spécialiste de tout, ou en tout cas qui prend le recul pour voir toutes les différentes étapes. Et donc nous, c'est ça notre valeur ajoutée, c'est qu'on ne sait rien, on ne fait que suivre les flux et voir comment ça peut changer.

  • Speaker #0

    Super intéressant. Donc là, tu as un point de vue économique ici. Mais si ce papier est mieux valorisé, c'est qu'il est quoi ? En meilleur état ? Et qu'il peut être mieux recyclé ou réutilisé ?

  • Speaker #1

    Alors là, en l'occurrence, c'était pour recyclage. Ce n'est pas tant ce qu'on cherche à faire à chaque fois, mais pour le papier, c'est intéressant. Et en fait, c'est surtout que les affiches qu'on voit, il y a un double assemblage. Ce sont quatre affiches de 2 mètres carrés qui sont assemblées, avec au-dessus, en dessous... ce qu'on appelle des zips. C'est la même usine qui fait les zips pour les sachets de gruyère que pour l'assemblage des affiches. Donc déjà, ça te fait du plastique. Et ensuite, ces quatre affiches de 2 mètres carrés sont assemblées par une croix d'assemblage qui est tout simplement deux lignes de scotch, enfin, dans les deux droites perpendiculaires. Et donc, ce scotch plus ce zip bloquait les pulpeuses des imprimeurs. Et donc, il fallait penser tout un dispositif soit pour changer l'assemblage des affiches et surtout pour désassembler les affiches. En plus, ce n'est pas des sujets évidents dans le sens où, comme on peut s'en douter, JC Decaux, ça fait 50 ans qu'il bosse sur ces domaines-là, il y a plein d'optimisation dans tous les sens. Donc, il fallait s'ajouter au process quand c'était pertinent.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un conseil peut-être que tu pourrais donner aux chefs d'entreprise ou aux professionnels qui nous écoutent pour commencer à initier cette réflexion autour de l'économie circulaire dans leur entreprise ?

  • Speaker #1

    Je vais être assez bateau, mais par rapport à ce qu'on disait tout à l'heure, l'idée c'est de dire mais est-ce que mon entreprise répond véritablement à un besoin du 21e siècle ? C'est une question assez large, mais qui a l'avantage d'être assez tranchante, dans le sens où si on ne répond pas aux besoins... essentiel des populations au XXIe siècle. Et donc là, je vais être assez cash. C'est vraiment... dormir, être logé correctement, manger, etc. Je pense qu'il faut avoir le courage de se dire, en fait, j'arrête cette activité-là, parce que les besoins, nos besoins, ce n'est pas ceux de nos enfants ou quoi, c'est dès maintenant, il va falloir intégrer le fait qu'on est dans un monde fini et qu'il va y avoir beaucoup de perturbations, et donc il va falloir se concentrer sur l'essentiel, plutôt que... de se concentrer sur le superflu comme on sait bien le faire malheureusement dans notre société. Donc avoir le courage de le faire maintenant, effectivement ce n'est pas facile, mais par contre ça permet d'anticiper, de s'adapter. Bien sûr il faut atténuer ces impacts, mais en fait ce ne sera plus suffisant. Il faut non seulement atténuer ces impacts, mais en plus s'adapter. Et la bonne nouvelle c'est que si on le fait en anticipant, je n'ai pas dit qu'il fallait tout changer du jour au lendemain, dans une entreprise c'est compliqué, mais rien n'empêche d'initier de nouvelles activités sur le côté, qui peuvent prendre le relais demain. Et ce qui est assez intéressant, c'est qu'il y a plein d'activités, de savoir-faire qui existent, qui sont peut-être dans des domaines très profitables aujourd'hui, qui pourraient être reconsidérées dans d'autres secteurs d'activité. Typiquement, c'est un exemple que je prends souvent, mais les développeurs informatiques en Islande, quand il y a eu le krach, nous en trouvons 2010 en Islande, en fait, ils ont quitté les banques, et en fait, ils ont été dans des boîtes beaucoup plus petites, qui pouvaient enfin se les offrir, et finalement, ça a donné un nouveau souffle à l'économie islandaise. Il faut le voir aussi comme un besoin de transformation, mais hyper enthousiasmant, en se disant, oui, on va renoncer à des choses, mais finalement, encore une fois, il faut garder en tête qu'on n'est que de passage sur cette planète, et que finalement, il faut faire en sorte que ce passage soit le plus vertueux possible pour ceux qui vont nous succéder.

  • Speaker #0

    Alors je vais faire un petit peu l'avocat du diable, parce que je comprends les discours que tu tiens, mais on vient de citer l'exemple de J.C. Decaux, en tant que tel, de cette activité de publicité. C'est vraiment nécessaire.

  • Speaker #1

    Je me suis fait la réflexion quand je te l'ai dit. Oui, tout à fait, mais ça, c'est un projet qu'on avait fait en 2017. On n'était pas encore aussi tranché qu'on l'est aujourd'hui. Mais c'est pareil, il y a un autre projet sur lequel on a bossé, on bosse encore cette année, c'est repenser l'expérience du spectateur pour le Stade Vélodrome, pour l'Olympique de Marseille. La problématique était la suivante, c'est comment réduire, trier. valoriser les déchets du stade pendant un match de l'Olympique de Marseille. Au bas mot, chaque match génère au minimum, enfin de ce qui est mesurable en tout cas, pas ce qui est autour du stade, c'est 10 tonnes de déchets par match. En fait, avant qu'on fasse ce projet-là, j'ai dit à l'équipe, mais enfin typiquement, un petit peu comme tu viens de le faire, ça ne sert à rien d'aller là-bas, c'est de l'entertainment, c'est complètement con, et l'équipe m'a dit, mais t'es con, en fait, si on arrive à le faire là-bas, on pourra le faire partout. Et je fais Ah, effectivement ! Et en fait, c'est ça qui est assez intéressant, c'est que oui, il faut se poser la question du sens prochain sur lequel on va travailler, mais il faut surtout aussi se poser la question des conséquences que ça peut avoir si on réussit à faire tel ou tel sujet. Effectivement, JC Decaux, en plus, entre-temps, ils se sont beaucoup plus basés sur le numérique que sur le papier entre-temps, etc. Mais on apprend aussi tous les jours, donc c'est aussi pour ça qu'on essaie d'avoir un maximum d'humilité sur... sur ce qu'on fait.

  • Speaker #0

    Et puis globalement, c'est aussi une étape parfois nécessaire et intermédiaire pour aller plus loin demain. Et effectivement, peut-être que le loisir, on pourrait se dire que ce n'est pas indispensable, mais c'est quand même utile dans la cohésion et dans le bien-être des hommes. Après, s'il est moins polluant et plus vertueux, il peut un peu plus trouver sa place tel qu'il existe effectivement brut aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Je te rejoins. Peut-être une dernière question. De quoi tu es le plus fier aujourd'hui, Nibri ?

  • Speaker #1

    Je suis assez fier, effectivement, de tout ce qu'on a réussi à faire avec l'équipe. C'est-à-dire que, surtout, très fier aussi d'être associé avec Justine, mon associée qui est plus basée à Paris. Depuis janvier 2016 qu'on bosse ensemble. Et je suis assez fier de tout ce qu'on a réussi à faire. d'avoir aussi créé cette fameuse équipe et puis finalement d'avoir créé un job qui me plaît en fait et où je me dis, je ne me pose pas la question le matin de pourquoi je me lève, ce qui était le cas quand j'étais salarié, la fin où j'avais un mal fou à me lever en fait ça fait 12 ans que je me dis, enfin je ne me pose pas la question et même si évidemment tout n'est pas parfait et qu'on aimerait faire beaucoup mieux sur plein plein plein plein d'aspects, bah au moins je sais que normalement je devrais pouvoir me regarder dans la glace plus tard.

  • Speaker #0

    Merci pour ce mot de la fin moi je vous invite vraiment à aller sur ton site, à découvrir les outils à découvrir les exemples j'aime beaucoup d'ailleurs votre approche il y a beaucoup d'humour dans votre façon d'aborder le sujet.

  • Speaker #1

    Ça c'est Fabrice je suis très fan

  • Speaker #0

    Et je vous invite aussi à vous rapprocher de cette communauté Circula parce qu'il y a plein de professionnels fabuleux qui sont appropriés vos outils et qui sont capables de vous accompagner dans l'évolution de votre entreprise. Bien sûr, sollicitez Circula, mais aussi cette communauté, notamment pour avoir des accompagnants de proximité.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. D'ailleurs, on est en train de... Peut-être qu'il sera fini quand tu puissiras l'interview, mais on est en train de faire le site de la communauté, donc ça sera circula.community et les outils sont disponibles sur circula.com. Académie.

  • Speaker #0

    Super, et puis je vous invite aussi à découvrir le podcast parce qu'encore une fois, c'est une belle source d'inspiration. Je vous remercie d'avoir été avec nous jusqu'au bout, d'avoir découvert les principes de l'économie circulaire, donc c'est un vaste sujet auquel ça mériterait plusieurs épisodes. Peut-être qu'on en fera d'autres, c'était la première couche, mais je vous invite vraiment à investiguer, à aller plus loin parce que ça détient les clés. pour amener notre monde à être plus résilient et plus protecteur. Et j'aime aussi cette démarche, non seulement d'éviter de trop polluer, mais de reconstruire derrière. On l'a un petit peu moins abordé, mais c'est aussi un angle que je trouve vraiment nécessaire et important. Et je vous invite, comme d'habitude, à prendre le temps de mettre des petites étoiles sur l'épisode, à le poster dans vos réseaux, à le partager. Parce que moi aussi je crois à l'effet papillon, je crois à cette petite graine qu'on va mettre à un moment donné dans la tête d'un professionnel, d'un dirigeant, qui va avoir envie de créer sa boîte, qui va avoir envie de bouger les lignes. Et c'est comme ça qu'on va petit à petit faire bouger les choses. Et hier, dans l'animation de l'événement, Samuel Lepore de la société Trival qui me rappelait qu'il ne suffit que 12% de la population et adopter un mode de fonctionnement pour faire basculer l'ensemble de la population. Donc allons chercher ces 12% tous ensemble. donc diffusons, diffusons, partageons et merci encore d'être là et à très bientôt

Description

Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Leaders Engagés, le podcast qui recycle vos idées sur l’économie comme Brieuc Saffré recycle… eh bien, à peu près tout ! Nous avons l’honneur d’accueillir un invité qui voit la circularité là où d’autres voient une fin de vie. Il ne s’agit pas d’un magicien, mais il pourrait tout aussi bien l’être, car il transforme les déchets en ressources.

 

Nous allons parler recyclage, mais pas celui de votre vieux journal ou de votre bouteille en plastique. Non, nous allons parler de recyclage d’idées, de modèles économiques, et de visions pour l’avenir. Et pour cela, je suis allée chercher pour vous la référence française, que dis-je, mondiale, de l’économie circulaire, Brieuc Saffré, le co-pilote de Circulab, le studio et la communauté éponyme qui depuis 2012, aide entreprises, institutions et collectivités à s’adapter aux limites planétaires avec une approche systémique et pragmatique1. Leur boulot ? Nous aider à faire mieux avec moins et à nous sortir les doigts du short ! Dis comme ça donne envie non ?

 

Ici je vous propose un épisode un peu spécial. Il fait partie de la mini-série les Experts Engagés mais il aurait aussi pu faire partie du format classique de Leaders Engagés car Brieuc n’a pas toujours été sur ces sujets et lui aussi a eu son point de bascule. Mais c’est l’expert à qui je vais m’adresser en particulier pour qu’il vous débroussaille le sujet de l’économie circulaire, que vous en compreniez les enjeux et surtout, qu’il vous présente les outils fabuleux qu’il a développé avec ses équipes pour mettre nos entreprises en actions, le tout en Open source car Brieuc, c’est quelqu’un de généreux et qui aime croire à l’effet papillon.

 

Alors préparez-vous à découvrir comment on peut générer des revenus avec les déchets d’entreprise ou repenser l’expérience du stade Vélodrome ou de la ville de Paris pour réduire les déchets, car aujourd’hui, Brieuc va nous montrer qu’en économie circulaire, le dernier mot est toujours ‘possible’.


Bonne écoute !


📍 Pour en savoir plus sur Circulab: https://circulab.com/fr


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Je m’appelle Nathalie Bellion. Je suis la dirigeante de Sèves, le premier cabinet de conseil en fusion et acquisition engagé, au service des acteurs de la Tech et de l’Impact. Ce podcast est l’une des contributions de SèveS en tant que société à mission. Il a vocation à inspirer les dirigeants sur des modèles innovants au service des enjeux environnementaux et sociaux.


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👉 Si vous êtes une société à impact positif, Tech for good, ESS..., nous pouvons vous aider dans votre recherche de fonds ou dans vos croissances externes ou de cession, pour vous rapprocher du terreau qui démultipliera votre impact.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Leader Engagé, le podcast qui recycle vos idées sur l'économie, comme Brieuc après recycle... eh bien à peu près tout. Aujourd'hui, nous avons l'honneur d'accueillir un invité qui voit la circularité là où d'autres voient une fin de vie. Il ne s'agit pas d'un magicien, mais il pourrait tout aussi bien l'être, car il transforme les déchets en ressources. Aujourd'hui, nous allons parler recyclage, mais pas celui de vos vieux journaux ou de votre bouteille en plastique. Non, nous allons parler du recyclage d'idées, de modèles économiques et de visions pour l'avenir. Pour cela, je suis allée chercher pour vous la référence française, que dis-je, mondiale, sur l'économie circulaire. Brios a fait le copilote de Circulab, le studio et la communauté éponyme, qui depuis 2012 aide les entreprises, institutions et collectivités à s'adapter aux limites planétaires avec une approche systémique et pragmatique. Leur boulot ? Nous aider à faire mieux avec moins et à nous sortir les doigts du short comme ils disent. Bienvenue dans ce nouvel épisode qui inspire les professionnels sur les nouveaux imaginaires économiques. Je suis Nathalie Bélier, la dirigeante de SEV, le cabinet de conseil en fusion et acquisition réinventé, autour du sens et de la valeur, au service des acteurs du numérique et des entreprises à impact positif. Je vous propose un épisode un peu spécial. Il fait partie de la mini-série Les experts engagés que nous avons entamée il y a quelques semaines avec Delphine Gibassier sur la fameuse CSRD. Si vous ne savez pas encore bien ce qui se cache derrière ces acronymes, je vous invite à écouter l'épisode. Je vous dis un peu spécial car Brieux aurait aussi pu faire partie du format classique de leader engagé. Il n'a pas toujours été sur ce sujet et lui aussi a eu un point de bascule. Mais c'est l'expert à qui je veux m'adresser en particulier pour qu'il nous débroussaille le sujet de l'économie circulaire, que vous en compreniez les enjeux et surtout qu'il vous présente les outils fabuleux qu'il a développés avec ses équipes pour mettre nos entreprises en action, le tout en open source car Brieux c'est plutôt quelqu'un de généreux et aussi quelqu'un qui aime croire à l'effet papillon. Alors, préparez-vous à découvrir comment on peut générer des revenus avec les déchets d'entreprise ou repenser l'expérience, par exemple, du stade Vélodrome ou de la ville de Paris. Car aujourd'hui, Brieux va nous montrer qu'en économie circulaire, le dernier mot, c'est tout est possible Bonjour Brilleux.

  • Speaker #1

    Bonjour, bonjour Nathalie. Je suis super mal à l'aise. Merci pour toute cette présentation. Je n'ai pas du tout l'habitude et je ne me considère toujours pas comme expert de l'économie circulaire. Mais un grand merci pour cette présentation.

  • Speaker #0

    Alors, je suis une nouvelle fois embêtée qu'on n'ait pas filmé en fait. Parce que je vois effectivement ton émotion. Ce n'était pas forcément le but de notre introduction, mais ça me touche aussi. et on voit à quel point ce que tu fais a du sens pour toi et est important. On va faire un petit retour arrière avant que tu nous parles d'économie circulaire. Quelles études as-tu fait ?

  • Speaker #1

    J'ai fait un bac ES et ensuite j'ai fait une école de commerce que tu connais bien puisque c'est l'ESCA à Angers, donc de 2003 à 2008. J'ai adoré cette période-là, j'étais hyper engagé dans la vie associative et puis j'ai eu des expériences à l'international pendant cette période-là qui étaient hyper sympas, j'ai fait un stage en Inde. J'ai fait un autre stage au Canada et au Québec plus particulièrement. Et ensuite, après mon diplôme, où j'ai fait mon stage de fin d'études à Paris dans le groupe Publicis, eh bien, j'ai décidé de partir un an en Australie avec un ami. J'estime que cette année en Australie fait partie un peu de mon expérience aussi, parce que, enfin, initiale dans le sens où j'ai pas mal appris là-bas. Je fais des petits boulots comme des boulots plus classiques. C'était une super année également.

  • Speaker #0

    C'était un peu une année de césure finalement, tu t'es fait avant de bosser pour de vrai ?

  • Speaker #1

    Exactement, je l'ai considéré comme tel parce que je ne l'avais pas fait pendant l'ESCA. Et en plus, je pense que j'avais un bon timing parce que le jour où je suis arrivé à Sydney, c'était le crack de Lehman Brothers. Et j'ai eu pas mal de potes de promo qui ont galéré à trouver des jobs pendant cette année-là. Et donc je me suis dit, finalement avec le recul, j'ai eu le bon timing.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te souviens ? Pourquoi tu avais fait cette école, pourquoi tu avais fait ces études ? Est-ce que tu avais un rêve précis à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Il y avait une notion de facilité parce que là, ça ne va pas être très glorieux dans le sens où moi en seconde, je voulais plutôt faire l'école de design de Nantes, être en Nantais. Et je m'étais même inscrit dans l'option art plastique de mon lycée et tout, j'étais assez motivé. Et puis je pense une certaine forme de pression sociale, le design, bof, bof, bof. Et l'ESCA en plus à Nantes était bien réputé, et donc comme je n'avais pas trop d'idées précises, je me suis lancé dans cette aventure-là. Mais finalement le design, j'avais ouvert une porte à l'époque, et même quand j'étais petit je voulais faire architecte, et finalement j'y suis revenu plus tard.

  • Speaker #0

    Je trouve ça chouette que tu me partages ça, parce qu'il y a un côté créatif que tu avais en toi, et puis finalement aujourd'hui tu designs des modèles économiques, donc je trouve ça plutôt sympa, et tu as créé pas mal d'outils, donc c'est aussi une autre forme de design. Donc là tu fais ton année en Australie, petit job, j'imagine pas mal la fête et des bons moments.

  • Speaker #1

    Oui, et puis le voyage et tout, donc on a de super rencontres en plus dans cette étape.

  • Speaker #0

    Une connexion particulière avec la nature ou pas forcément ?

  • Speaker #1

    En fait, là, c'est plus ma période en Inde qui m'a mis le doigt, enfin, la puce à l'oreille, disons. Et je savais que le sujet que j'appelais environnement à l'époque m'intéressait, mais étant à l'ESCA, etc., je n'étais pas forcément sensibilisé au sujet. Il y avait une journée, un moment sur l'écologie industrielle, ça, c'était tout le premier semestre, ça m'avait marqué aussi. Et finalement, en Australie, ça revient un peu parce que j'étais en discussion. Sur Skype avec un ami qui lui était au Mexique, qui venait de venir à l'ESCA comme moi, qui était dans ma promo entrepreneuriat, qui est connu maintenant puisque c'est Alexis Lerossignol qui est maintenant humoriste entre autres sur France Inter, avec qui on se disait putain ce serait pas mal de créer une boîte sur tout ce qui est recyclage etc. Bon, c'était une simple discussion sur Skype qui n'a finalement pas donné lieu à grand chose par la suite. Bah voilà, c'est resté comme ça, dans un coin de la tête, mais c'est resté enfoui un bon moment.

  • Speaker #0

    Donc quand tu rentres d'Australie, quel est ton projet de vie professionnel ?

  • Speaker #1

    Alors quand je rentre d'Australie, je reste un peu bloqué sur le marketing dans le sens où à ce moment-là, donc on est en 2008. En 2009, à mon retour, les médias sociaux commencent à prendre de plus en plus de place. Et puis en Australie, j'ai bossé dans plusieurs agences sur le sujet, donc ça m'a pas mal intéressé. Et je vais rejoindre Scanblog, qui était une boîte qui avait été co-créée par un ancien SK, Cyril Chaudoy. Je lui propose un déjeuner parce que je l'avais vu pour mon mémoire de fin d'études. Et je lui dis, pendant le déj, je lui dis, vous faites de la veille des études pour vos clients, qui sont des grands groupes, sur qu'est-ce que sont les médias sociaux et comment les gens... On parle de vous Marc sur les médias sociaux et en fait ce qu'il faudrait faire, enfin ce que je te propose de faire, c'est de les accompagner sur comment bien utiliser les médias sociaux. Il me dit bah ça tombe bien parce que ce matin sur mon scoop c'est ce que je me disais qu'il fallait qu'on fasse.

  • Speaker #0

    On est flippés.

  • Speaker #1

    Complètement. Et donc c'est comme ça que j'ai rejoint Scanblog et ça a été deux années assez intenses, hyper intéressantes. où j'ai pas mal développé ce que j'appelais la brand utility, c'est-à-dire un marketing utile qui répond aux besoins, pas uniquement des consommateurs, mais aussi aux besoins sociétaux des citoyens. Faire en sorte que les marques s'engagent pour faire des choses qui ont du sens. Pourquoi ? Parce qu'en fait, à cette époque-là, Internet était toujours considéré comme un média de masse, enfin, il était mal considéré finalement. Et donc les marques disaient, si je fais une vidéo, il faut que je fasse 1 million de vues, 2 millions de vues. Et en fait, j'essayais tant bien que mal d'expliquer que ce n'était pas ça. Internet, c'est un média d'interaction. Et donc, ce qui importe, ce n'est pas le message que vous diffusez, c'est ce que les gens vont dire de vous. Et donc, c'est votre réputation. La réputation, ça dépend des actes. Et quand on repart des actes, ça veut dire des bons produits, des services de qualité, une expérience intéressante, etc. Et... Il s'est passé que j'ai fait un livre sur ce sujet là qui est sorti en février 2012, c'était la suite d'un blog que j'avais initié en 2010 avec un stagiaire de CSKBlog qui s'appelle Marwan et Marwan Al Saadi que je salue. On a fait ce blog, on l'a animé, on a fait pas mal de présentations et tout, mais ça marchait pas, enfin je veux dire, les annonceurs avaient pas encore cette maturité sur le sujet, et donc j'avais vraiment l'impression de rester dans le désert. Il s'est passé tout simplement le fait qu'après j'ai aussi beaucoup bossé pour des entreprises qui bossaient notamment dans la viande ou des sujets un petit peu comme ça. Et donc... En faisant beaucoup d'études sur les médias sociaux, je suis aussi tombé beaucoup sur des documentaires qui rappelaient un petit peu toutes les problématiques. Et en fait, là, l'aspect environnemental est revenu au fur et à mesure. Et enfin, toujours dans mon travail sur la brand utility, à un moment, je suis tombé sur une vidéo de la fondation Ellen MacArthur, donc une fondation référence sur le sujet, qui, comment dirais-je, avait fait une vidéo qui présentait ce qu'était l'économie circulaire. et j'ai trouvé ça passionnant parce que je me suis dit putain mais c'est trop bien ce truc et en fait j'ai fini par comprendre qu'il ne se passait pas grand chose aussi sur le sujet mis à part cette vidéo et c'est comme ça que je me suis inscrit à un startup week-end En janvier 2012, je venais de quitter Scanblog et j'ai intégré une autre entreprise en tant que responsable marketing. Mais j'ai fait quand même ce startup week-end et c'est là que j'ai rencontré Nicolas, qui est devenu mon premier associé pour Circulab. Et on a initié Circulab à ce moment-là, en janvier 2012.

  • Speaker #0

    Le temps d'un week-end.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est toujours...

  • Speaker #0

    En tout cas, n'est pas à toi.

  • Speaker #1

    Ouais, on a allumé l'étincelle.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu étais allé chercher dans cet atelier ? Tu sentais qu'il y avait quelque chose à créer, que tu voulais...

  • Speaker #1

    Je pense que je faisais un peu ma crise de la trentaine avant l'heure aussi. J'avais vraiment envie d'entreprendre quelque chose. Bonne rencontre à ce moment-là. On était plusieurs, mais avec Nico, ça... Ça a matché et on était assez différents mais on avait envie de bosser ensemble. C'est comme ça qu'on a avancé.

  • Speaker #0

    Donc l'idée de base de Circulab, qui n'était peut-être pas comme ça d'ailleurs à l'époque.

  • Speaker #1

    Ça avait un nom un petit peu imprononçable et surtout avec une grammaire très particulière, c'était de l'aborigène. Ça s'appelait WITA. I-I-T-H-A-A

  • Speaker #0

    Pas très très fin. Le marketeur avait prêté très bon le dessus.

  • Speaker #1

    C'était très compliqué d'un point de vue référencement, mail, etc. Toutes les erreurs qu'on pouvait faire, on les a faites, je pense. Mais il y avait une belle histoire à laquelle Nico tenait beaucoup. A raison d'ailleurs. Le Wita, c'est le nom aborigène d'un oiseau qu'on appelle le Bowerbird en anglais, qui vit principalement en Australie, qui fait des niches. Il est poli. paille, des pinces à linge, etc. qui sont venues, par exemple, ou même des canettes, etc. Et donc, en fait, lui ne les a pas considérées comme déchets, mais comme des ressources. Il a fait des nids aussi, il y a des belles photos d'ailleurs que vous pouvez voir sur Google Images ou autre, de nids de bowerbirds qui sont assez dingues d'un point de vue esthétique, d'un point de vue couleur, etc. Et donc, finalement, lui a retourné la contrainte en opportunité. Et donc, c'était une belle métaphore que d'utiliser le WITA pour dire ce qu'on... ce qu'on faisait, mais effectivement d'un point de vue non, c'était une catastrophe.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup l'histoire et la symbolique. Oui, tout à fait. Merci de l'avoir partagé. Wita, c'était quoi son projet au départ ?

  • Speaker #1

    Oui, alors le projet était très différent, mais en fait, le projet initial, c'était faire une sorte de eBay de l'upcycling. Alors, on est en 2012, donc eBay, ça reste une référence, mais de l'upcycling, c'est-à-dire qu'on allait avoir trois activités, c'est-à-dire vendre. des objets qui ont été faits avec des ressources non désirées ou laissées pour compte. Vendre également des ateliers. On a fait des ateliers avec des designers qui formaient des gens à réutiliser des matières dont ils ne voulaient pas. Troisième activité, mais là c'était plus en B2B, c'était organiser, concevoir des scénographies, des décors, des événements pour des entreprises, que ce soit culturelles ou des entreprises classiques. Et finalement c'est plus sur cette voie-là qu'on a... qu'on a accéléré en 2013, mais le seul truc sur lequel on était vraiment sûr de nous, c'était pas tant nos prestations, c'était plus, la raison d'être de WITA, c'était faire disparaître la notion de déchet. Parce que finalement, le déchet, c'est une invention humaine relativement récente. Si on regarde l'histoire de l'humanité, il n'y a qu'une seule espèce qui fait des déchets. dont quasiment aucune autre espèce vivante est capable de retraiter. Et donc l'idée c'était de dire, faisons en sorte de faire disparaître ce mot, parce que finalement, quand on oublie ce mot, ça devient des ressources. Et d'un coup d'un seul, par ce simple changement sémantique, le fait de parler de ressources plutôt que de déchets, ça crée des opportunités. économique, sociale, environnementale. Donc voilà pourquoi on insistait sur cette raison d'être-là qui nous a fait faire plein de trucs différents avant qu'on se fixe véritablement en 2014.

  • Speaker #0

    Et donc en 2014, vous avez pris un nouveau virage, vous avez enlevé les activités peut-être plus accessoires ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, dès 2013, on a arrêté notre site en ligne. Parce qu'on avait un super développeur qui était Edouard, ça se passait bien et tout, mais c'est juste qu'on avait l'impression d'être trois et on bossait quasiment chacun de notre côté. Et donc assez vite, en 2013, on a arrêté le site, on s'est concentré sur les prestations aux entreprises, donc principalement l'événementiel à ce moment-là, mais avec toujours en tête l'idée de conseiller les entreprises. sur justement comment on fait pour les faire travailler sur ces aspects-là. Et l'événementiel nous a beaucoup appris, parce que finalement, notre première grosse prestation, c'était pour l'île 3000, gros événement culturel qui avait été créé suite pour l'année où l'île avait été capitale européenne de la culture. Et régulièrement, peut-être tous les ans ou tous les 2-3 ans, ils refont... des grandes expositions, une grande suite d'événements. Et on avait été sollicité pour faire une scénographie. Et c'est comme ça qu'on a commencé à concevoir des scénographies, uniquement avec des ressources dont personne ne voulait. Et donc on mobilisait des designers pour les utiliser.

  • Speaker #0

    Donc il y avait un côté très très créatif et le côté... Finalement, architecte dont tu parlais, tu l'as mis en œuvre là avec de la scénographie, finalement, directement, mais on n'est pas encore dans le conseil B2B sur l'économie circulaire. C'est-à-dire que toi-même, tu fais de l'économie circulaire pour tes clients, finalement, pour un événement.

  • Speaker #1

    Oui, je suis complètement d'accord avec toi, on n'est pas dedans encore. Mais par contre, au fur et à mesure des événements, on applique une méthode qui allait finalement devenir la base de la méthode circulable, c'est que dès la conception... de l'événement, on pense l'après-événement. Et donc quand on pense l'après-événement, ça te fait voir très différemment le avant-événement. Comment tu produis, avec quoi tu produis, avec qui tu produis. Et en fait, on se rendait compte que plus on faisait des scénographies de qualité, plus on allait travailler avec des artisans proches de nous et proches du lieu où on allait faire l'événement. Et puis surtout, peut-être qu'on allait aussi avoir des matériaux de meilleure qualité, peut-être qu'on allait... emprunter, louer plus que si on avait acheté à bas prix pour jeter par la suite, plutôt que de penser une seule étape où on essaye de tirer les prix dans tous les sens pour avoir le plus de marge possible, en fait on disait, ben non, l'événement n'est qu'une étape. Bien sûr, il faut que l'événement soit hyper inspirant, qu'il réponde bien, qu'il y ait des charges du client, mais en fait, ça va être une suite d'opportunités. L'étape événement n'est qu'une opportunité parmi d'autres qui vont arriver avant. pendant et après.

  • Speaker #0

    Je trouve ça très chouette parce qu'en fait, tu es parti de ta propre expérience pour finalement en tirer une méthode ou des étapes, une organisation pour après développer Circula, peut-être qu'il est aujourd'hui et tu vas nous expliquer. Juste, tu n'étais pas designer, toi. Comment tu as fait à l'époque ? Tu étais designer ?

  • Speaker #1

    Effectivement, je ne suis toujours pas designer d'ailleurs. Mais Nico, lui, avait un diplôme en design et c'est aussi pour ça qu'on bossait beaucoup avec des designers. produits ou autres qui avaient envie de bosser avec nous, parce qu'il y a beaucoup aussi de designers qu'on rencontrait à l'époque qui étaient très sensibles à ces enjeux de ressources, et donc au fur et à mesure on s'apprenait tous des trucs les uns les autres. Donc non, ça c'était assez intéressant, et puis c'est surtout que les designers qu'on rencontrait, ils étaient très concentrés, c'est normal, c'est leur formation sur le produit ou la scénographie en question. Et ils étaient moins sur ces notions de flux sur l'avant-après. Et donc des interactions qu'on avait, on s'enrichissait mutuellement, on se posait des questions tout simplement. Et on a fait en 2013, en 2014 d'autres expos, d'autres scénographies dans des centres commerciaux, etc. On avait fait aussi une expo à la Design Week à la Galerie Ben Simon, on avait fait des ateliers au Palais de Tokyo, enfin bref c'était... C'est assez rigolo, on testait plein de trucs, mais c'était vraiment le début du début.

  • Speaker #0

    Et quelle a été l'étape d'après ?

  • Speaker #1

    Et en fait, l'étape d'après, on était installé à ce moment-là à Essie-Montreuil. Et Nicolas Barre, qui est le fondateur d'Essie-Montreuil, me dit Là, je bosse avec une boîte dans le bâtiment, et ils aimeraient appliquer l'économie circulaire dans leur business model. C'était un truc, là. Je suis évidemment, j'ai un truc Nico, il n'y a pas de souci. Donc c'est comme ça qu'avec Nicolas et Flora, notre designer de l'époque, on a commencé à concevoir un début de méthode de façon à ce que l'entreprise qu'on allait accompagner puisse déjà poser ses différents business models et surtout, deuxième étape, faire en sorte de repenser son business model avec les principes d'économie circulaire. Et là c'est devenu assez intéressant parce qu'on les a vus sur deux ou trois sessions et ils ont généré des idées hyper intéressantes et surtout sur les quatre idées qu'ils avaient générées assez rapidement ils en ont mis deux en place par la suite. Et on s'est dit mais putain c'est génial si ça marche avec eux, ça marchera avec d'autres. Et c'est comme ça qu'on s'est dit bon bah on va travailler cette méthode, on va l'améliorer puis surtout on va la... la promouvoir. Et donc ça, tu vois, c'était il y a quasiment 10 ans, puisque l'accompagnement de cette entreprise, c'était en octobre 2014. Et on a fait notre premier atelier public en janvier 2015.

  • Speaker #0

    Circulab était lancé ?

  • Speaker #1

    Oui, et effectivement, on a fini par appeler ça la méthode Circulab. Et donc, c'était Wita qui portait la méthode Circulab. Et ça, on a mis un peu de temps à comprendre qu'avoir deux marques dans une petite structure, c'est quand même compliqué. Mais ça, ça reviendra plus tard. C'est en 2019, où avec Justine, qui est devenue mon associée entre-temps. Merci. on s'est dit on arrête WITA et maintenant on s'appelle Circulum.

  • Speaker #0

    Donc ça c'était il y a dix ans, j'imagine que la méthode elle a grandi, elle a évolué, mais surtout vous étiez quand même ultra pionnier. On n'en parlait quand même pas énormément de l'économie circulaire à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, il y avait pas mal de documents, de livres, notamment à l'époque... Vanguard et McDonough, un auteur américain et allemand, ils rédigeaient au début des années 2000 Cradle to Cradle, donc c'était une grosse référence. On parlait aussi un peu de biomimétisme avec Janine Binius, et puis évidemment la fondation de MacArthur que j'ai évoquée. Et en fait, en France, effectivement, on n'était pas nombreux, et puis il n'y avait pas trop de connexion entre les gens. Donc voilà, ça c'était un petit peu le contexte de l'époque.

  • Speaker #0

    Ok, donc quelles ont été les étapes après, qui ont fait un petit raccourci entre 2014 et 2024, et rentrer sur les produits ?

  • Speaker #1

    C'est rigolo parce que j'ai du mal à dire que c'était il y a 10 ans. En gros, il y a eu une première grosse étape, c'était septembre 2015. En fait, au fur et à mesure qu'on faisait des ateliers, les gens nous disaient, mais nous aussi on veut vos outils. Ben, on ne sait pas pourquoi, mais ok. Et donc c'est comme ça qu'on a créé la Circulab Community, qui finalement... On a appliqué la méthode circulable pour répondre à cette problématique et c'est comme ça qu'on a créé donc une communauté où on allait former les professionnels qui le souhaitaient à utiliser nos outils auprès de leurs clients, soit pour les former, soit tout simplement pour les accompagner à appliquer les principes de l'économie circulaire dans leur modèle économique. On était les premiers surpris parce qu'en fait les gens qui sont venus nous voir on les considérait un peu comme des concurrents mais c'était tout simplement des consultants indépendants et consultants et consultantes et donc on a commencé avec une première promo en septembre 2015. Et avec six personnes, il y en a qui sont toujours là, donc ça c'est assez génial. Donc ça c'est la première grosse étape pour Circulab. Et puis dans les années qui ont suivi, on a travaillé pour des grosses entreprises comme Veolia, comme Suez, comme Ikea, L'Oréal, etc. Et ça c'était assez intéressant parce que ça nous permettait… En fait on avait vraiment tourné ça sous forme de jeu. C'est pas un jeu à proprement parler mais on avait gamifié beaucoup de choses. Et en fait, ça avait un côté ludique, mais surtout, ça permettait de faire comprendre toute la complexité des sujets. Parce qu'il n'y a pas un responsable économie circulaire, comme il n'y a pas un responsable médias sociaux. En fait, c'est des paradigmes qui sont transverses. Il n'y a pas une personne qui va être capable de répondre à toutes les problématiques. Et en fait, notre méthode s'appuie beaucoup sur l'intelligence collective. Parce qu'on part du principe que sur des sujets aussi complexes, il n'y a pas un cerveau qui va pouvoir répondre à tout. De cette façon de faire travailler les gens, ça a pas mal... marchait et ça permettait vraiment aux gens de s'impliquer dedans. Donc ça, c'est les premières années. Dès 2016, on a commencé à former les gens qui ne souhaitaient pas forcément rejoindre la communauté, mais à appliquer notre méthode. Donc on a continué les formations. Et puis 2018, on a aussi amélioré la méthode encore. Là aussi, ça repartait d'un besoin client qu'on a réintégré dans la méthode Circulab. C'était comprendre vraiment le contexte global. d'un secteur d'activité, pas uniquement le business model d'une entreprise. Et c'est comme ça qu'on a créé un nouvel outil, qui était le Value Chain Canva, qui nous permettait de faire, j'aime bien prendre cette métaphore, c'est prendre la main des gens et on les amène en haut de la montagne pour qu'ils regardent un petit peu comment ça se passe et surtout faire en sorte qu'ils sortent la tête du guidon. Et en fait, en sortant comme ça, en ouvrant un peu les yeux plus grands, souvent les gens viennent nous voir parce que, mettons, ils ont un problème. de génération de déchets. Et puis en fait, quand on regarde les grandes étapes du début à la fin, alors là on n'est plus sur le business model, mais ça peut être aussi la même réflexion sur la chaîne de valeur, en fait ils se rendent compte que le problème il est ailleurs, il est peut-être à l'assemblage, ou à la conception, ou à la façon de distribuer, la façon d'enlever, de récupérer les produits, et en fait ça permet d'avoir beaucoup d'autres opportunités que si on avait essayé de rajouter un patch sur comment on recycle ces déchets que personne n'arrive à recycler.

  • Speaker #0

    Quand tu accompagnes des gens comme Ikea, par exemple, justement tu disais il faut plusieurs cerveaux, qui sont tes interlocuteurs ?

  • Speaker #1

    À l'époque, c'était des interlocuteurs qui étaient aux Pays-Bas, c'était la branche Ikea Concept, donc on était encore sur l'aspect... concept, c'est-à-dire qu'ils testaient plein de choses chez Ikea. Et donc, on a fait quelques ateliers en Espagne et puis en Suède, tout simplement. Et là, on a fait pas mal de travaux sur les magasins pour qu'ils puissent concevoir des nouvelles offres. Parce que, bien sûr, l'idéal serait d'être avec les designers, mais il y avait aussi des grosses marges de progression avec les magasins sur les façons de vendre, selon les types de clients, par exemple. faire des offres spéciales pour les étudiants, qui n'ont pas forcément besoin d'acheter, mais qui ont peut-être besoin de meubles pour une dizaine de mois, mettons. Et donc ça, c'était assez intéressant, parce que ça leur permet peut-être de se dire, mais oui, juste en repensant l'expérience dans sa globalité, le modèle économique, et pas uniquement le produit, on avait aussi encore des marges de progression.

  • Speaker #0

    On est un peu sur l'économie de la fonctionnalité dans cette réflexion.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Ça fait partie des leviers qu'on peut activer pour justement respecter les principes de l'économie circulaire. Je ne les ai pas énoncées. Et puis, surtout, il y a un problème, c'est que maintenant, il y a des chercheurs qui ont fait une étude pour trouver le nombre de définitions de l'économie circulaire. Il y en a plus de 250.

  • Speaker #0

    Tu peux nous en donner une à toi, la tienne.

  • Speaker #1

    Nous, on défend quelque chose d'assez simple. Déjà, c'est une économie où la notion de déchet n'existe pas. Mais surtout, c'est une économie qui va respecter trois principes. Le premier, c'est la sobriété dans l'approvisionnement. C'est-à-dire qu'il va falloir faire en sorte de sortir... des modèles extractifs qu'on a aujourd'hui, parce que c'est précisément le problème qu'on a. C'est-à-dire que toutes les extractions de matière, c'est 90% d'impact sur la biodiversité, ça vient des activités extractives, et c'est quasiment plus de la moitié de l'empreinte carbone mondiale. Donc en fait, le moins on va extraire, le mieux on va se porter, et le mieux les écosystèmes vivants pourront se régénérer. Donc ça c'est le premier aspect, c'est vraiment... non négociables qui amène ensuite au deuxième c'est l'efficience l'efficience dans l'utilisation des ressources donc j'insiste beaucoup sur l'efficience alors c'est peut-être un délire de consultant mais il ya une vraie différence entre efficience et efficacité efficacité c'est le fait d'atteindre un objectif quels que soient les moyens comprends mais l'efficience c'est atteindre l'objectif avec le moins de moyens à disposition et donc c'est précisément ce qu'il faut faire c'est à dire faire plus avec moi et ça évidemment évidemment n'importe quelle entreprise est intéressée par ça. Et d'ailleurs, la plupart des grandes entreprises, quand elles parlent d'économie circulaire, parlent principalement d'efficience, mais elles ne parlent pas de sobriété. Et c'est un vrai problème parce que la plupart du temps, Jean Covici d'ailleurs en parle très bien, c'est que notre croissance économique est parfaitement corrélée sur la croissance des activités extractives. C'est-à-dire que tout... Tout est parfaitement corrélé. Et donc, si on arrête d'extraire, la croissance s'arrête et donc le modèle de société qu'on a s'arrête aussi sec. Mais c'est précisément ce qu'il faut dès maintenant anticiper, c'est de dire qu'il n'y a plus de ressources, il n'y a plus de matière comme ça, c'est plus open bar, c'est terminé, depuis bien longtemps. Et donc, il faut non seulement intégrer l'efficience, faire plus avec moins, mais surtout sortir de ce modèle extractif. Donc ça, c'est les deux premiers principes. Le troisième, c'est une fois qu'on est plus sobre, c'est aussi faire en sorte de régénérer. Et régénérer, c'est tout simplement faire en sorte de régénérer les écosystèmes vivants et humains, et donc les remettre dans un meilleur état, disons, que ce qu'on a trouvé. Et donc la régénération, c'est hyper important dans le sens où on a une chance incroyable, c'est que la vie peut se régénérer si on lui permet d'avoir les conditions de se régénérer. Et ça c'est fondamental parce qu'un sol de mauvaise qualité, en fait il va se dégénérer, il sera de moins en moins productif d'un point de vue agricole. Mais si on lui permet d'avoir de nouveau de la vie, on recrée de la biodiversité, on recrée un sol qui absorbe l'eau, qui relâche l'eau quand les plantes en ont besoin, qui rend plein de services écosystémiques. Donc c'est ça qui est assez important dans l'aspect régénération. c'est de faire en sorte de permettre, à notre simple niveau d'humain, de faire en sorte qu'autour de nous, les écosystèmes se portent mieux que ce qu'on les a trouvés.

  • Speaker #0

    Merci pour cette définition. Je me permets de faire un petit arrêt sur image, parce que ça fait écho à mon actualité. J'étais hier à un événement d'ADN Ouest dans lequel... sur le numérique responsable, j'animais la plénière. Et lors de cette plénière, j'ai voulu poser les enjeux autour du numérique responsable. Et une des slides que j'ai partagées, qui était sur la base de l'étude ARCEP-ADEME, c'était le sac à dos écologique du matériel informatique qu'on utilise.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Les informations que j'ai partagées, moi, quand je les ai découvertes, je suis tombée de ma chaise, en fait. On considère qu'on crée 300 kilos de déchets par an et par personne en France sur le matériel informatique. Les numériques d'une façon générale, ça inclut aussi les télévisions, mais on a détruit une tonne de matière. pour générer ce matériel informatique qu'on utilise au quotidien. Et ça, c'est par personne, par an et rien qu'en France. C'est juste monumental. Donc on imagine au niveau de l'échelle mondiale à quel point cette extraction est extrêmement destructrice de tout ce qu'il y a autour et avec. Et il y a une autre dimension qu'on a abordée. Tu parlais de la difficulté d'extraire aujourd'hui ou de la raréflexion des ressources. C'est aussi un point que j'ai abordé. Notamment, on a beaucoup de terres rares, de minerais, de matériaux. qui sont indispensables pour construire tout notre matériel numérique. Le nombre de matières qui est nécessaire pour construire les smartphones tels qu'on les a aujourd'hui, c'est multiplié par 10 par rapport à nos premiers téléphones. Et ces matières, elles sont de plus en plus rares. Alors, elles pourraient encore exister au niveau de la Terre, mais elles sont extrêmement difficiles à extraire et elles demandent encore plus d'énergie qu'avant pour aller les chercher, encore plus d'eau et elles génèrent encore plus de pollution. Donc, en fait, c'est un système extrêmement... destructeur dans lequel on est de continuer à aller chercher cette matière donc toi par l'approche d'économie circulaire tu dis la matière elle existe déjà essayons de l'utiliser et quand on l'a essayons de l'utiliser le mieux possible et essayons de réparer les dégâts qu'on a fait en amont tout

  • Speaker #1

    à fait c'est exactement ça c'est surtout il faut avoir un petit ordre d'idée mais on ne se rend pas trop compte mais chacun de nos smartphones a plus de capacité de calcul que le matériel qui a permis à aux Américains d'atterrir sur la Lune. On parle d'un événement qui a eu lieu en 1969. C'est assez dingue de se dire, bah ouais, effectivement, on n'a pas rien sans rien, et tu sais, cadeau écologique est parfaitement représentatif.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est absolument nécessaire de partager ces ordres de grandeur et d'éduquer, parce que... On fait des choix après en conscience de se dire est-ce que je veux vraiment du matériel neuf et donc ce sac à dos qui est lié à ce matériel neuf. Mais on a l'impression qu'on a, moi mon PC doit faire moins de 2 kilos quoi. Tu te dis quoi c'est 2 kilos de déchets, au pire c'est pas grave. C'est pas ça la réalité. Sur un smartphone je crois que c'est 200 kilos. Bien qu'un smartphone, donc un ordinateur, j'ai pas l'ordre de grandeur.

  • Speaker #1

    Je crois qu'un ordi c'est 200 kilos, enfin à vérifier, mais un smartphone j'ai plus entre 100 et 120 kilos de matière extraite, déplacée, transformée. Et puis c'est surtout que ce qui est dramatique, c'est que les gens ne se rendent pas compte, mais c'est que par exemple l'Europe a des objectifs d'électrification, de génération d'énergie renouvelable qui sont hyper ambitieux. Mais quand on regarde les capacités d'extraction, entre guillemets les stocks qu'on peut imaginer à l'échelle mondiale, techniquement c'est impossible de répondre aux objectifs en question.

  • Speaker #0

    Donc le tout électrique pour les voitures par exemple, c'est à ça que tu fais référence notamment ?

  • Speaker #1

    Les voitures, même pour la construction d'éoliennes, par exemple. Un autre ordre d'idée, une voiture thermique, disons c'est à peu près une vingtaine de kilos de cuivre, avec tous les câbles, etc. Une voiture hybride, on passe déjà entre 40 et 60 kilos. Une voiture électrique normale, enfin classique, on va dire 100 à 120 kilos de cuivre. Une Tesla, 220 à 240 kilos. Sans compter qu'une bande de cuivre. c'est encore 100 kg de cuivre en moyenne. Et le cuivre, quand on regarde un petit peu en termes d'extraction, par exemple, il y a un exemple qu'on prend souvent, c'est la mine de Shukikamata qui est au Chili, à côté du désert d'Atacama. C'est un désert donc, et il faut savoir que la concentration de cuivre dans une tonne de minerai qu'on va extraire, c'est de l'ordre de 0,1%, 0,4% maximum. Et tout dépend, alors ça c'est variable parce que... Tout dépend aussi de la santé de la mine, est-ce qu'on est au début de l'extraction ou à la fin. Et donc ça veut dire que quand tu extrais une tonne de minerai, tu vas avoir quelques dizaines, quelques centaines de grammes de cuivre qu'il va falloir passer dans des traitements chimiques. qui vont nécessiter beaucoup d'eau. Comme je te l'ai dit, dans le désert d'Atacama, il n'y a plus beaucoup d'eau. Il y avait une nappe phréatique qui a été vidée en quelques années. Donc, qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils ont mis en place une usine de désalinisation. Une usine de désalinisation, ça nécessite... Enfin, il faut quand même faire venir des pipelines du Pacifique, avec de l'eau salée. Puis, l'usine de désalinisation, qui elle-même nécessite de l'énergie. Cette énergie, le mix énergétique au Chili, c'est principalement du charbon, qui vient soit de Colombie, soit de Nouvelle-Zélande. Bref, ça c'est toute une partie coup caché qu'on n'imagine pas forcément quand on a le produit en main. Et pourtant, le cuivre, vous pourrez le garder à peu près partout autour de vous, que ce soit dans ton ordi, dans nos fils électriques, etc. C'est partout.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dis pour qu'on ait notre voiture électrique, ou la Tesla, qu'on décrit comme la voiture la plus performante ?

  • Speaker #1

    La plus performante, je ne sais pas, c'est quand même des voitures qui font 2 tonnes. Donc avec un quart de produit, c'est juste la batterie.

  • Speaker #0

    En amont de cette thèse-là, il y a eu une destruction de matière et une production de gaz à effet de serre. Une destruction d'écosystème qui est juste colossale.

  • Speaker #1

    Et puis là, on ne parle que du cuivre. Mais c'est pareil pour le lithium, c'est pareil pour le cobalt. Par exemple, un PKI comme la République démocratique du Congo. C'est des conflits qui ont généré plus de 6 millions de morts, je ne sais plus sur combien d'années, sur 10 ou 20 ans, je ne sais plus. Mais c'est parce qu'en fait, c'est des conflits armés qui sont principalement basés sur ces exploitations de minéraux ou de métaux.

  • Speaker #0

    On pourrait imaginer que tout ce qu'on a déjà extrait de la Terre puisse être utile aujourd'hui, qu'on réutilise ce qui a été extrait des années précédentes. Mais c'est aussi un point qu'on a abordé hier. les filières de recyclage sont loin d'être aussi vertueuses qu'on voudrait aujourd'hui. Et globalement, ces matériaux-là, ils sont hyper durs à récupérer, parce qu'ils sont mélangés avec plein d'autres choses. Et souvent, il n'y a pas la bonne filière pour les stocker. Et pour reparler de l'informatique, c'est quelques pouillèmes aujourd'hui qui sont récupérées. s'améliorer, mais c'est vraiment rien par rapport au volume produit. Et on parlait de 800 millions d'équipements informatiques au niveau de la France actuellement, une tendance, si on continue sur notre lancée, de 11 milliards d'équipements d'ici 2050, qui potentiellement ont tous cette matière qui est dure à sourcer. et on n'est toujours pas dans la réalisation de ce qu'on a créé ou utilisé dans le passé. Et donc, toi, la démarche que tu proposes, c'est tout l'inverse. C'est-à-dire de réfléchir dès maintenant à ce que va devenir finalement potentiellement le PC, si on restait là-dessus, mais on peut prendre d'autres exemples.

  • Speaker #1

    Alors, c'est même plutôt aller encore à l'étape d'avant, c'est de repartir déjà du besoin. Est-ce que les gens ont besoin d'un ordi ? À quoi sert l'ordi ? Quelles sont les fonctions de l'ordi ? Et donc, là, on a pris un produit qui est un peu complexe, mais qui est multifonction en plus. Mais l'idée c'est de repartir toujours de cette question là, c'est à quoi ça sert ? Typiquement, tu parlais tout à l'heure d'Aville de Paris, si on était entre guillemets un grand minéralier, je ne vais pas les citer, ils font déjà trop de pubs, les responsables des minéraliers nous diraient repenser la bouteille, faites en sorte qu'ils utilisent moins de plastique. Mais si on se positionne plus d'un point de vue systémique, et comme finalement notre client l'Aville de Paris nous l'impose finalement, à quoi sert la bouteille d'eau ? La bouteille d'eau, elle sert à s'hydrater. Et finalement, là on repart, qu'est-ce qui permet aux gens de s'hydrater ? En l'occurrence, il y a pas mal de robinets un peu partout, et même depuis quelques décennies, on les a pas mal enlevés, les fontaines. Et donc c'est comme ça que finalement on retourne le problème, c'est-à-dire qu'on a déjà des choses à disposition, utilisons-les ou favorisons leur utilisation. Et c'est comme ça aussi que Haute-Paris a mis en place tout un réseau de commerce où en fait les commerçants proposent aux gens de remplir. leur gourde et donc en fait d'un coup d'un seul on change la focale et on repart vraiment du besoin essentiel Et on fait la correspondance avec les ressources à disposition pour répondre à ce besoin, plutôt que de repenser un produit, etc., qui en fait n'a pas de sens quand on regarde l'ensemble des étapes de ce produit-là, c'est-à-dire que de l'eau des Alpes, quand on va la consommer à Brest, à Bayonne ou à Marseille, finalement c'est un peu idiot parce qu'il y a d'autres sources qui sont à proximité. Et puis surtout, on est dans un pays où la qualité de l'eau au robinet est plutôt bonne. Et en plus... Si elle n'est pas suffisamment bonne, on peut encore imaginer améliorer. Imaginer des machines comme des osmosers qui vont améliorer la qualité de l'eau chez les particuliers ou chez les restaurateurs, etc. Encore une fois, c'est vraiment toujours repartir du besoin essentiel et faire la correspondance avec les capacités de l'écosystème en l'occurrence. Et c'est comme ça que finalement on se rend compte qu'on n'a pas besoin de concevoir de bouteilles d'eau.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous parler de tes différents outils ? Un, quel est leur principe ? Dans quel contexte on peut les utiliser ? Et puis à un moment donné, dans un ordre ou dans un autre, pourquoi tu as décidé de les mettre en open source ? Parce que ça aussi, c'est un vrai sujet.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors, on va y aller par étapes. En gros, l'idée, c'est un peu les utiliser comme un entonnoir. C'est-à-dire que je prenais la métaphore tout à l'heure d'emmener les gens au haut de la montagne. ou les emmener en hélicoptère pour avoir la grande vue, ça c'est ce qu'on va faire avec le Value Chain Canva. Faire en sorte finalement de comprendre toutes les étapes, de la conception jusqu'à l'utilisation prochaine des composants ou des matières qu'on a utilisées. Et on va passer par le choix des matières ou l'extraction des matières qu'on ne peut pas faire autrement, la production, la distribution, l'utilisation, tout ce qui est réparation, réemploi. la logistique retour, et donc l'usage suivant. Et en fait, c'est ça qui est assez dingue, c'est que cet exercice-là, alors il y a plein de combinaisons, mais quand on invite les gens à comprendre leur chaîne de valeur, que ce soit des personnes qui viennent d'arriver dans le secteur d'activité, ou des vieux de la vieille, qui sont là depuis 30 ou 40 ans, quasiment à chaque fois, ils tombent un peu de leur chaîne de valeur. Et on dit, ah mais ça... j'avais jamais imaginé qu'on pouvait avoir ça. Moi, je n'ai jamais entendu parler de ce truc-là. Ben ouais, c'est normal. On est dans un monde avec 8 milliards d'habitants, avec des initiatives dans tous les sens, une complexité qu'on n'a jamais vue à l'échelle de l'humanité. Donc, c'est normal que vous ne puissiez pas tout savoir. Et donc, en fait, le fait de dézoomer, ça leur permet aussi d'identifier le véritable défi stratégique qui va leur permettre d'agir de façon beaucoup plus pertinente. Tu vois, j'ai envie de dire bon ben... En fait, si on reprend l'exemple de la bouteille d'eau, c'est pas notre approvisionnement en plastique qu'il faut vérifier, c'est juste l'approvisionnement en eau qui va nous intéresser et comment on va fournir les gens. Une fois qu'on a, avec le value chain Canva, défini un petit peu le défi stratégique, on va passer à une autre focale un petit peu plus resserrée sur quelles sont les parties prenantes. qui font partie de cet écosystème, qui vont nous aider à relever ce défi stratégique. Parce que, encore une fois, dans un monde complexe, la seule façon de s'en sortir, c'est de coopérer. Donc ça, c'est le partenaire MAP qui permet d'identifier les parties prenantes avec lesquelles on peut travailler pour résoudre un défi, donc le défi stratégique et défini dans la première étape. Une fois qu'on a fait ces deux premières étapes-là, il va falloir repenser le modèle économique. Et donc c'est comme ça qu'on utilise le circuit Air Canva. qui était le premier outil qu'on avait conçu, mais qui permet justement à la fois de comprendre les impacts d'un business model actuel ou de faire toute une suite d'hypothèses sur des nouveaux business models. Et c'est là que c'est intéressant parce qu'en concevant d'abord le business model, on ne va pas tout de suite concevoir le produit, parce qu'on va vérifier avant si c'est vraiment utile de concevoir ce produit-là et s'il n'y a pas d'autres moyens de répondre à ce fameux besoin initial. Et donc c'est ça qui est intéressant, c'est qu'en faisant... Ce business model, en fait, on anticipe toutes les fameuses étapes qu'on évoquait tout à l'heure dans l'événementiel, c'est-à-dire aussi bien l'approvisionnement, la fabrication, la distribution, l'utilisation, mais surtout la pré-utilisation. Et en fait, on se rend compte qu'il ne va pas y avoir qu'une seule étape qui va être, disons, la vente ou l'utilisation. En fait, il y a plein d'étapes sur lesquelles il va y avoir d'autres interlocuteurs, d'autres opportunités. Et donc, ça va créer des opportunités économiques, sociales, environnementales. C'est tout simplement ce fait d'avoir une multitude de faisceaux. qu'on va anticiper dès la conception et qui va nous permettre de faire évoluer aussi la conception du produit de façon à se dire, peut-être qu'il faut le rendre démontable. Peut-être, si on reprend l'exemple aussi du smartphone, faisons en sorte qu'on ne prenne que des vis standards plutôt que de prendre des vis propriétaires. On va peut-être faire des modules, on va peut-être créer des réseaux de réparateurs agréés de façon à décentraliser la réparation. etc. Et donc c'est ça qui est assez intéressant, c'est que une fois qu'on a pris cette focale, et là en fait on voit qu'on a une multitude d'opportunités et qu'elles sont pas uniquement économiques, mais elles sont sociales et environnementales, mais en plus, et c'est ça qui est passionnant, c'est qu'on peut faire beaucoup plus avec moi et c'est ça qui fait un chemin d'enthousiasme en fait, c'est qu'on est dans un paradigme qui est complètement déconnecté des réalités physiques. Mais là justement, on peut faire des choses beaucoup plus intelligentes, qui respectent finalement beaucoup plus les principes du vivant, tout simplement en adoptant aussi cette approche globale systémique.

  • Speaker #0

    Selon toi, tous les business économiques pourraient passer à travers justement ces outils et cette réflexion, ou il y en a qui sont plus adaptés que d'autres ?

  • Speaker #1

    Oui, globalement, ça marche très bien pour tous les business models. Parce que souvent les gens nous disent oui mais pour les services ça marche moins bien. Ça marche moins bien mais en fait les gens ont tendance à oublier que à peu près tous les services dépendent de produits, dépendent d'équipements. Et donc il y a différentes façons de considérer ces équipements, de façon à ce qu'ils soient bien utilisés, et ce qu'on les considère bien du début à la fin. Donc là-dessus bien sûr il y a toujours des ajustements etc. Mais pour tous les business models qui... qui touche de près ou de loin à de la matière, je suis assez confiant.

  • Speaker #0

    Ça veut dire quand même un grand nombre.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et donc, ces différents outils, à un moment donné, tu t'es dit, nous, on les utilise, on a formé un certain nombre de personnes à les utiliser aussi, ils sont ou pas membres de ta communauté, mais à quel moment tu t'es dit, je vais encore plus loin, je les mets sur le marché, je les offre, en fait. C'est quand même énorme.

  • Speaker #1

    C'était dès le début en fait, parce qu'en fait, avec Nico à l'époque, ça nous semblait normal dans le sens où nous, on s'était inspiré de beaucoup d'autres personnes. Évidemment, le business model Canva d'Ostervalder, mais plein d'autres. Donc en fait, ça nous semblait être un... une façon maligne, tout simplement, de se faire connaître et puis d'aider les gens parce qu'on est toujours partis du principe qu'on n'était pas là pour créer le nouveau Big Four. C'était vraiment faire en sorte de dire on est là pour ramer dans le même sens que tout le monde, faisant en sorte qu'on puisse aider d'autres personnes si elles estiment que ça leur est utile.

  • Speaker #0

    Ce qui est génial avec cette démarche, effectivement, c'est que tu multiplies potentiellement ton action. permet au maximum de personnes de se poser les bonnes questions et de revoir des business models, mais en tant que chef d'entreprise, tu peux aussi te mettre un peu en danger, c'est-à-dire que tu mets à disposition de tes concurrents les mêmes outils que ceux que tu utilises toi. J'ai adoré, parce que je te tiens à préciser que tu animes aussi un podcast, comment s'appelle-t-il ?

  • Speaker #1

    Radio Circulable.

  • Speaker #0

    Que je vous invite à découvrir, j'ai vraiment adoré les différents épisodes que j'ai écoutés, il y en a un qui m'a marqué, c'est cette réflexion que tu as effectivement sur Est-ce que quand on forme nos concurrents, est-ce qu'on ne se tire pas une balle dans le pied ? Est-ce que ce ne sont pas des entreprises que je ne vais pas pouvoir accompagner ? Et est-ce que quand on veut faire du bien, est-ce qu'on ne veut pas... On se dit qu'il faut tellement démultiplier notre impact qu'on est prêt à faire des choix qu'on ne ferait pas du tout, effectivement, dans une industrie ou une économie classique ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de certitude pleine et entière sur le sujet. J'estime juste qu'encore une fois, on s'est inspiré de d'autres. Et puis, si on peut être utile à d'autres, c'est très bien. Evidemment on s'est coupé des opportunités comme ça, mais j'ai pas créé Circulab pour être millionnaire. Mon idée derrière Circulab c'est de faire en sorte que je remette la génération de ma fille, monte dans un meilleur état que ce que j'ai trouvé. Moi tout seul ce serait impossible, donc voilà pourquoi l'idée c'est de se dire faisons en sorte à notre échelle et dans notre domaine d'être cohérent et d'aider les autres si ça leur est utile. Encore une fois... Je ne sais pas, ce n'est pas grand chose ce qu'on a fait. Et puis après, en plus, je pense que les gens nous le rendent bien. Comme dans tous les modèles open source, je pense que si ce qu'on propose est de qualité, les gens aussi sont reconnaissants. Et puis je pense qu'il y a des interactions, il y a des relations qui se créent. Et je trouve que finalement, on a tous à gagner comme ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as des exemples concrets d'entreprises que tu as pu accompagner, qui ont vraiment revu leur business model ?

  • Speaker #1

    Oui, ce qui est assez intéressant, c'est qu'on a aussi initié des projets. O n travaille aussi avec une entreprise luxembourgeoise sur la mise en place d'un outil de veille sur tous les business models de l'économie circulaire. Donc là on a conçu pour eux tout un outil pour justement bien identifier, avoir cette veille sur les business models circulaires. Et puis un autre exemple que j'aime beaucoup aussi, c'est on a travaillé aussi pour JC Decaux, qui avait ce fameux... Le problème de génération de déchets des affiches en fin de vie, c'est-à-dire que toutes les affiches qu'on voit, les 4 par 2 dans les vitrines, c'est des affiches qui roulent. Et bien en fait, on a refait ce fameux circulaire Canva où on a été rencontrer l'imprimeur des affiches, on a été voir comment elles étaient assemblées, comment elles étaient installées dans les vitrines, etc. Et puis on a été voir un recycleur de papier. Et en fait, il y avait plusieurs problèmes qu'on a soulevés et qui... Ça vous permet finalement de dire, mais ce papier-là, que vous êtes obligés de payer pour détruire, 20 euros la tonne, en faisant les ajustements à la conception et à l'installation et désinstallation des affiches, et en fait, maintenant, vous pouvez le revendre 150 euros la tonne. Donc c'est ça qui est assez intéressant, c'est qu'encore une fois, nous, on n'est pas du tout des spécialistes du papier ou de la publicité dans les villes, mais c'était simplement le fait de se dire que, encore une fois, dans les entreprises, il y a toujours des grands spécialistes sur leur domaine. Mais il n'y a personne, quasiment jamais, qui est un spécialiste de tout, ou en tout cas qui prend le recul pour voir toutes les différentes étapes. Et donc nous, c'est ça notre valeur ajoutée, c'est qu'on ne sait rien, on ne fait que suivre les flux et voir comment ça peut changer.

  • Speaker #0

    Super intéressant. Donc là, tu as un point de vue économique ici. Mais si ce papier est mieux valorisé, c'est qu'il est quoi ? En meilleur état ? Et qu'il peut être mieux recyclé ou réutilisé ?

  • Speaker #1

    Alors là, en l'occurrence, c'était pour recyclage. Ce n'est pas tant ce qu'on cherche à faire à chaque fois, mais pour le papier, c'est intéressant. Et en fait, c'est surtout que les affiches qu'on voit, il y a un double assemblage. Ce sont quatre affiches de 2 mètres carrés qui sont assemblées, avec au-dessus, en dessous... ce qu'on appelle des zips. C'est la même usine qui fait les zips pour les sachets de gruyère que pour l'assemblage des affiches. Donc déjà, ça te fait du plastique. Et ensuite, ces quatre affiches de 2 mètres carrés sont assemblées par une croix d'assemblage qui est tout simplement deux lignes de scotch, enfin, dans les deux droites perpendiculaires. Et donc, ce scotch plus ce zip bloquait les pulpeuses des imprimeurs. Et donc, il fallait penser tout un dispositif soit pour changer l'assemblage des affiches et surtout pour désassembler les affiches. En plus, ce n'est pas des sujets évidents dans le sens où, comme on peut s'en douter, JC Decaux, ça fait 50 ans qu'il bosse sur ces domaines-là, il y a plein d'optimisation dans tous les sens. Donc, il fallait s'ajouter au process quand c'était pertinent.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un conseil peut-être que tu pourrais donner aux chefs d'entreprise ou aux professionnels qui nous écoutent pour commencer à initier cette réflexion autour de l'économie circulaire dans leur entreprise ?

  • Speaker #1

    Je vais être assez bateau, mais par rapport à ce qu'on disait tout à l'heure, l'idée c'est de dire mais est-ce que mon entreprise répond véritablement à un besoin du 21e siècle ? C'est une question assez large, mais qui a l'avantage d'être assez tranchante, dans le sens où si on ne répond pas aux besoins... essentiel des populations au XXIe siècle. Et donc là, je vais être assez cash. C'est vraiment... dormir, être logé correctement, manger, etc. Je pense qu'il faut avoir le courage de se dire, en fait, j'arrête cette activité-là, parce que les besoins, nos besoins, ce n'est pas ceux de nos enfants ou quoi, c'est dès maintenant, il va falloir intégrer le fait qu'on est dans un monde fini et qu'il va y avoir beaucoup de perturbations, et donc il va falloir se concentrer sur l'essentiel, plutôt que... de se concentrer sur le superflu comme on sait bien le faire malheureusement dans notre société. Donc avoir le courage de le faire maintenant, effectivement ce n'est pas facile, mais par contre ça permet d'anticiper, de s'adapter. Bien sûr il faut atténuer ces impacts, mais en fait ce ne sera plus suffisant. Il faut non seulement atténuer ces impacts, mais en plus s'adapter. Et la bonne nouvelle c'est que si on le fait en anticipant, je n'ai pas dit qu'il fallait tout changer du jour au lendemain, dans une entreprise c'est compliqué, mais rien n'empêche d'initier de nouvelles activités sur le côté, qui peuvent prendre le relais demain. Et ce qui est assez intéressant, c'est qu'il y a plein d'activités, de savoir-faire qui existent, qui sont peut-être dans des domaines très profitables aujourd'hui, qui pourraient être reconsidérées dans d'autres secteurs d'activité. Typiquement, c'est un exemple que je prends souvent, mais les développeurs informatiques en Islande, quand il y a eu le krach, nous en trouvons 2010 en Islande, en fait, ils ont quitté les banques, et en fait, ils ont été dans des boîtes beaucoup plus petites, qui pouvaient enfin se les offrir, et finalement, ça a donné un nouveau souffle à l'économie islandaise. Il faut le voir aussi comme un besoin de transformation, mais hyper enthousiasmant, en se disant, oui, on va renoncer à des choses, mais finalement, encore une fois, il faut garder en tête qu'on n'est que de passage sur cette planète, et que finalement, il faut faire en sorte que ce passage soit le plus vertueux possible pour ceux qui vont nous succéder.

  • Speaker #0

    Alors je vais faire un petit peu l'avocat du diable, parce que je comprends les discours que tu tiens, mais on vient de citer l'exemple de J.C. Decaux, en tant que tel, de cette activité de publicité. C'est vraiment nécessaire.

  • Speaker #1

    Je me suis fait la réflexion quand je te l'ai dit. Oui, tout à fait, mais ça, c'est un projet qu'on avait fait en 2017. On n'était pas encore aussi tranché qu'on l'est aujourd'hui. Mais c'est pareil, il y a un autre projet sur lequel on a bossé, on bosse encore cette année, c'est repenser l'expérience du spectateur pour le Stade Vélodrome, pour l'Olympique de Marseille. La problématique était la suivante, c'est comment réduire, trier. valoriser les déchets du stade pendant un match de l'Olympique de Marseille. Au bas mot, chaque match génère au minimum, enfin de ce qui est mesurable en tout cas, pas ce qui est autour du stade, c'est 10 tonnes de déchets par match. En fait, avant qu'on fasse ce projet-là, j'ai dit à l'équipe, mais enfin typiquement, un petit peu comme tu viens de le faire, ça ne sert à rien d'aller là-bas, c'est de l'entertainment, c'est complètement con, et l'équipe m'a dit, mais t'es con, en fait, si on arrive à le faire là-bas, on pourra le faire partout. Et je fais Ah, effectivement ! Et en fait, c'est ça qui est assez intéressant, c'est que oui, il faut se poser la question du sens prochain sur lequel on va travailler, mais il faut surtout aussi se poser la question des conséquences que ça peut avoir si on réussit à faire tel ou tel sujet. Effectivement, JC Decaux, en plus, entre-temps, ils se sont beaucoup plus basés sur le numérique que sur le papier entre-temps, etc. Mais on apprend aussi tous les jours, donc c'est aussi pour ça qu'on essaie d'avoir un maximum d'humilité sur... sur ce qu'on fait.

  • Speaker #0

    Et puis globalement, c'est aussi une étape parfois nécessaire et intermédiaire pour aller plus loin demain. Et effectivement, peut-être que le loisir, on pourrait se dire que ce n'est pas indispensable, mais c'est quand même utile dans la cohésion et dans le bien-être des hommes. Après, s'il est moins polluant et plus vertueux, il peut un peu plus trouver sa place tel qu'il existe effectivement brut aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Je te rejoins. Peut-être une dernière question. De quoi tu es le plus fier aujourd'hui, Nibri ?

  • Speaker #1

    Je suis assez fier, effectivement, de tout ce qu'on a réussi à faire avec l'équipe. C'est-à-dire que, surtout, très fier aussi d'être associé avec Justine, mon associée qui est plus basée à Paris. Depuis janvier 2016 qu'on bosse ensemble. Et je suis assez fier de tout ce qu'on a réussi à faire. d'avoir aussi créé cette fameuse équipe et puis finalement d'avoir créé un job qui me plaît en fait et où je me dis, je ne me pose pas la question le matin de pourquoi je me lève, ce qui était le cas quand j'étais salarié, la fin où j'avais un mal fou à me lever en fait ça fait 12 ans que je me dis, enfin je ne me pose pas la question et même si évidemment tout n'est pas parfait et qu'on aimerait faire beaucoup mieux sur plein plein plein plein d'aspects, bah au moins je sais que normalement je devrais pouvoir me regarder dans la glace plus tard.

  • Speaker #0

    Merci pour ce mot de la fin moi je vous invite vraiment à aller sur ton site, à découvrir les outils à découvrir les exemples j'aime beaucoup d'ailleurs votre approche il y a beaucoup d'humour dans votre façon d'aborder le sujet.

  • Speaker #1

    Ça c'est Fabrice je suis très fan

  • Speaker #0

    Et je vous invite aussi à vous rapprocher de cette communauté Circula parce qu'il y a plein de professionnels fabuleux qui sont appropriés vos outils et qui sont capables de vous accompagner dans l'évolution de votre entreprise. Bien sûr, sollicitez Circula, mais aussi cette communauté, notamment pour avoir des accompagnants de proximité.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. D'ailleurs, on est en train de... Peut-être qu'il sera fini quand tu puissiras l'interview, mais on est en train de faire le site de la communauté, donc ça sera circula.community et les outils sont disponibles sur circula.com. Académie.

  • Speaker #0

    Super, et puis je vous invite aussi à découvrir le podcast parce qu'encore une fois, c'est une belle source d'inspiration. Je vous remercie d'avoir été avec nous jusqu'au bout, d'avoir découvert les principes de l'économie circulaire, donc c'est un vaste sujet auquel ça mériterait plusieurs épisodes. Peut-être qu'on en fera d'autres, c'était la première couche, mais je vous invite vraiment à investiguer, à aller plus loin parce que ça détient les clés. pour amener notre monde à être plus résilient et plus protecteur. Et j'aime aussi cette démarche, non seulement d'éviter de trop polluer, mais de reconstruire derrière. On l'a un petit peu moins abordé, mais c'est aussi un angle que je trouve vraiment nécessaire et important. Et je vous invite, comme d'habitude, à prendre le temps de mettre des petites étoiles sur l'épisode, à le poster dans vos réseaux, à le partager. Parce que moi aussi je crois à l'effet papillon, je crois à cette petite graine qu'on va mettre à un moment donné dans la tête d'un professionnel, d'un dirigeant, qui va avoir envie de créer sa boîte, qui va avoir envie de bouger les lignes. Et c'est comme ça qu'on va petit à petit faire bouger les choses. Et hier, dans l'animation de l'événement, Samuel Lepore de la société Trival qui me rappelait qu'il ne suffit que 12% de la population et adopter un mode de fonctionnement pour faire basculer l'ensemble de la population. Donc allons chercher ces 12% tous ensemble. donc diffusons, diffusons, partageons et merci encore d'être là et à très bientôt

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