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Légendes cavalières #41 : Les aventures paralympiques de Vladimir Vinchon, l’un des quatre cavaliers français sélectionnés pour Paris 2024 cover
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Légendes cavalières

Légendes cavalières #41 : Les aventures paralympiques de Vladimir Vinchon, l’un des quatre cavaliers français sélectionnés pour Paris 2024

Légendes cavalières #41 : Les aventures paralympiques de Vladimir Vinchon, l’un des quatre cavaliers français sélectionnés pour Paris 2024

46min |25/08/2024
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Description

Dans quelques jours, au stade équestre éphémère de Versailles, Vladimir Vinchon va vivre ses troisièmes Jeux paralympiques. Trente ans tout juste après l’accident de la route qui lui avait causé l’amputation de sa jambe droite, le cavalier des Pays-de-la-Loire va fièrement représenter la France en selle sur Pégase Mayenne, un immense cheval né sous le nom de Fidertanz for Rosi. Le para-dresseur de cinquante ans est l’invité de Pascal Boutreau dans le quarante et unième épisode de Légendes cavalières, le podcast de GRANDPRIX qui vous replonge dans l’histoire des sports équestres. Avant ce long entretien, nourri d’anecdotes et de sincères confidences, un récit retrace la vie de Vladimir Vinchon, ancien jockey de courses d’obstacles qui n’aurait jamais imaginer s’épanouir sur les rectangles de dressage. Légendes cavalières revient notamment sur ses deux premières expériences paralympiques, en 2012 à Londres et 2021 à Tokyo.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est un cheval qui fait partie de la famille, on était partis avec Clara le chercher en Allemagne. Donc ça a été le premier contact familial et quand on parle effectivement d'un cheval d'une vie, je pense que j'ai mis le doigt dessus.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Légendes Cavalières, le podcast de Grand Prix qui vous replonge dans l'histoire des sports équestres. Je suis Pascal Boutreau, journaliste passionné par l'histoire du sport. Les Jeux Olympiques Paris 2024 ont offert un spectacle grandiose à un public bien plus large que la sphère des amoureux de sport. Organisés dans le fabuleux écrin du parc du château de Versailles, les épreuves équestres ont elles aussi enthousiasmé spectateurs et téléspectateurs. Depuis plusieurs mois, Légende Cavalière vous a fait revivre quelques grands moments olympiques. De Pierre Durand et Japlou à l'allemand Michael Jung, sacré pour la troisième fois à Versailles. En passant par Marc Todd et Charisma, Pierre Jonquière d'Oriola, Nix Kelton et Big Star. Ou encore Simon Delestre et ses précédentes expériences olympiques. Mais les Jeux ne sont pas encore terminés. Après les Jeux olympiques, place aux Jeux paralympiques. Versailles accueillera les épreuves de paradressage. Les gens de Cavalière a souhaité consacrer son 41e épisode à cette discipline. Membre de l'équipe de France, Vladimir Vinchon participera pour la troisième fois à cet événement planétaire. Je vous propose d'aller à sa rencontre, de découvrir son histoire. L'occasion aussi de se projeter vers ces Jeux paralympiques de Paris 2024. Dans la seconde partie de ce podcast, Vladimir reviendra sur ses souvenirs de Londres et de Tokyo. N'oubliez pas de vous abonner à Légende Cavalière. C'est gratuit sur toutes les plateformes. Résilience Le mot est souvent utilisé. Il est défini comme la capacité à surmonter les chocs traumatiques. Durant les Jeux paralympiques de Paris 2024, il sera probablement l'un des plus prononcés pour caractériser des champions souvent touchés par des accidents de la vie comme l'on dit, mais qui ont trouvé la force d'écrire une suite à leur histoire et même de lui donner un nouvel élan. Le destin de Vladimir Vinchon a basculé le 1er septembre 1994. Le Mayennais est alors âgé de 20 ans. Dès ses plus jeunes années, il a découvert son amour pour les chevaux. Jockey en vue dans l'univers des courses d'obstacles, il monte pour des entraîneurs réputés comme Serge Fouché ou François Coffin. Dans une émission de Business 365, il raconte.

  • Speaker #0

    L'équitation parce que l'animal m'attirait énormément, donc j'ai voulu essayer de sympathiser un petit peu avec lui et avec cette bête assez costaud. C'est étonnant,

  • Speaker #1

    ça fait quand même des grands trucs.

  • Speaker #0

    On a commencé avec les poneys quand même.

  • Speaker #1

    Les poneys, d'abord bien évidemment, avec ses premiers cours au centre équestre près de chez lui. Très vite, il a compris qu'il voulait en faire son métier. A 15 ans, il effectue un apprentissage dans l'univers hippique en qualité de ladjockey. puis passe son CAP jockey pour obtenir sa licence. Suivent les premières victoires sur les champs de course, au nombre de 18. La carrière de Vladimir est pleine de promesses. Mais la vie de jockey, c'est aussi de multiples déplacements, d'un hippodrome à un autre. Finir tard, rentrer vite, pour être prêt à monter à l'entraînement tôt le lendemain matin. Le 1er septembre 1994, Vladimir rentre d'une grosse réunion sur l'hippodrome de Varighem en Belgique. Il y a gagné. Sur le chemin du retour, c'est l'accident. Terrible.

  • Speaker #0

    C'est la pleine ascension. Je gagnais beaucoup de courses à cette époque-là. Et le fait de faire des voyages à droite, à gauche, la fatigue, à un moment donné, m'a un peu emporté. Et voilà, tragique, l'accident est intervenu.

  • Speaker #1

    C'était avec son voiture.

  • Speaker #0

    Je conduisais et puis bon... Petite voiture à l'époque, choc frontal avec une autre voiture, le moteur sur les jambes.

  • Speaker #1

    Le verdict tombe. Vladimir doit être amputé de sa jambe droite. Pendant des mois de rééducation, il va réapprendre à marcher en s'adaptant à sa prothèse. Nourri toutes ses premières années par l'adrénaline du sport, il tente d'abord de se lancer dans le basket-fauteuil. Il évoluera jusqu'au niveau national. Grâce au sport, il surmonte son handicap et acquiert la force de se battre, avec la volonté de rendre sa vie marquante et inoubliable, comme il le confie. Mais l'envie de remonter à cheval est toujours très présente. Il n'a pas perdu son équilibre de jockey. Après quelques petits canters matinaux et sauts de tronc d'arbre chez Philippe Cotin, son ancien entraîneur de course, Vladimir s'essaye au saut d'obstacle avec une jument prénommée 5 o'clock tigre, dénichée par un ami de l'entraîneur. Il remporte trois titres de champion de France. Quelques années plus tard, au début des années 2010, il est invité par la Fédération française d'équitation au cadre noir de Saumur pour une séance de paradressage. Pas forcément une évidence quand on est habitué à franchir des obstacles ou à lancer son cheval au grand galop. Il est alors associé à Flipperdor, un sel français auparavant monté par Maxime Collard et habitué à se produire en solo dans les spectacles du cadre. Ses a priori tombent. Une nouvelle carrière peut débuter avec, très vite, les premières sélections en équipe de France. Il remporte ses premiers succès en CPEDI 3 étoiles, puis son premier titre de champion de France. A l'occasion du CPEDI de Deauville, il est interrogé sur cette nouvelle expérience par le blog du handicap.

  • Speaker #0

    Je suis le petit dernier arrivé dans la discipline et en équipe de France. C'est super. Je dirais que les instants sont à vivre au présent. Aujourd'hui, je suis sélectionné. On fait partie, on court les championnats d'Europe. Demain, on travaillera pour autre chose, pour une autre échéance. Maintenant, on recherche une qualification pour les Jeux de 2012. Et à côté de ça, étant le petit dernier, comme vous l'aviez précisé au départ, on a un stade qui est extraordinaire. On a des cavaliers qui ont déjà un petit peu de bouteille au centre d'équipe et avec qui ça se passe très bien. Très bien intégrés, très bien accueillis. C'est super. Il y a vraiment du positif. Je dirais qu'aujourd'hui, c'était mes premiers gros internationaux. C'est le premier championnat d'Europe. Ça arrive avec un peu de stress. Je pense qu'il faut aussi passer par là pour progresser à l'avenir.

  • Speaker #1

    Le voilà même sélectionné pour ses premiers championnats d'Europe en 2011 à Morcel, en Belgique. Il y termine quatrième de la reprise individuelle et neuvième de la libre. Quelques mois plus tard, direction Londres pour ses premiers Jeux paralympiques. Dans l'un de ses journaux, France 3 Pays de la Loire lui consacre un sujet. On y retrouve Marc-André Morin, écuyé du cadre noir.

  • Speaker #0

    Vladimir Vinchon a été amputé d'une jambe suite à un accident. Il ne monte flipper d'or que depuis un an. Ce cheval, aujourd'hui âgé de 19 ans, termine sa carrière avec ce cavalier. Compétiteur,

  • Speaker #1

    Vlad et Flip se sont vite trouvés.

  • Speaker #0

    Dès qu'il quitte la maison et qu'il monte dans un camion pour partir en concours, on sait que là, il va nous donner le meilleur de lui-même. Il faut que je sois compétiteur, que ce soit à pied, à cheval, en vélo, à ski, voilà. Il faut que ça aille à ce qu'il faut que j'aille le plus vite, il faut que ça passe, il faut qu'on avance. Quand on a l'esprit de compétition, voilà, si on veut toujours aller plus loin, toujours se dépasser et atteindre en tout cas le haut niveau. Sauf que pour concourir au plus haut niveau,

  • Speaker #1

    l'ancien jockey professionnel a dû délaisser le saut d'obstacle qu'il pratiquait valide pour le dressage,

  • Speaker #0

    seule discipline en 10 sports reconnue au niveau international. D'un point de vue extérieur, effectivement, en néophyte, je trouvais ça très ennuyeux. Et je me suis vite rendu compte que c'était beaucoup plus fatigant que le saut d'obsacre. Et là, j'ai dit, bon, vive les a priori. Moi, étant, je dirais, très jeune dans la discipline, le cheval d'expérience qui m'a été confié, ça a pu harmoniser, je dirais. Vladimir a eu un très bon feeling avec le cheval, le cheval aussi d'ailleurs. Et après, le cheval aussi, ce qu'il faut savoir par rapport au handicap, c'est que le cheval est adapté à son handicap, puisque son côté souple, c'est son côté droit. Et c'est de ce côté-là où Vladimir n'a plus sa jambe droite. Donc cette compatibilité d'handicap convenait très bien.

  • Speaker #1

    Hélas, la médaille ne sera pas au rendez-vous. Loin de là même. Par équipe, la France, également représentée par José Letartre, Nathalie Bizet et Valérie Salle, prend... la 9e place. A titre individuel, Vladimir et Flipperdor terminent au 7e rang. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, le cavalier reviendra sur cette première expérience paralympique. 2013 est une année noire. D'abord, son cheval, Hino del Castegno, se blesse et le contraint à renoncer au championnat de France. Malgré tout, il profite d'un forfait pour arracher une sélection pour les championnats d'Europe à Erning. Ceux qui sacreront Roger Yves Bost et Myrtille Polois, une page d'histoire des sports équestres tricolores que vous pouvez d'ailleurs revivre dans l'épisode 6 de Légende Cavalière. Vladimir est loin de ce scénario. À la descente du camion, Beau Vébé, jument belge auparavant monté par Céline Jarny et quatrième des Jeux équestres mondiaux de Lexington, trébuche, tombe et se blesse. Le cavalier réduit au rôle de supporter. Pour les JEM de Normandie 2014, Vladimir est à nouveau sélectionné pour les épreuves de paradressage organisées sur l'hippodrome de Caen. Il est cette fois associé à Rockford 17, Hongre à Novrien, appartenant à sa coéquipière Anne-Frédérique Royon. Les résultats sont mitigés. Seulement 17e par équipe et 9e en individuel. Il ne peut se hisser jusqu'en finale individuelle. Quatre ans plus tard, le Mayennais est de retour dans un grand championnat à Troyes pour les Jeux équestres 2018. Il fait cette fois équipe avec Tarantino Fleury, un self français alors âgé de 11 ans, avec lequel il concourt en CPEDI depuis trois saisons. Le journal de TF1 lui consacre un sujet. Privé de sa jambe droite sur sa monture.

  • Speaker #0

    Son obsession,

  • Speaker #1

    c'est de trouver l'équilibre.

  • Speaker #0

    Ma jambe, aujourd'hui, ma jambe droite, elle est là. En tout cas, cet artifice m'aide dans le travail régulier de mon équitation.

  • Speaker #1

    Avec cette fine cravache, Vladimir compense son handicap. Mais le cheval y est aussi pour beaucoup. Un subtil équilibre,

  • Speaker #0

    preuve qu'il est possible de se remettre en selle,

  • Speaker #1

    quel que soit son handicap. Sur la piste, là encore, les bleus sont en retrait. Onzième par équipe, Vladimir conclut ses JEM à un modeste dixième rang en individuel. Au retour des Etats-Unis, Vladimir part à la recherche d'une nouvelle monture. En 2019, lors d'un essai en Allemagne, il est immédiatement séduit par un jeune Holden bourgeois, né en mai 2013 et nommé Fiedertanz for Rosy. Dans une vidéo tournée pour la Fédération Française d'équitation, Clara La fille de Vladimir raconte cette première rencontre. Tout de suite,

  • Speaker #0

    le feeling est venu. Tout de suite, il est venu au contact nous dire bonjour. C'était vraiment un moment touchant parce qu'on savait qu'on repartait avec. Et tout de suite, savoir que le cheval était OK de repartir avec nous, c'était exceptionnel.

  • Speaker #1

    Toujours présente aujourd'hui auprès de celui que tout le monde surnomme Fitzy, Clara définit son rôle.

  • Speaker #0

    Mon rôle auprès de Fitzy, c'est de l'accompagner au quotidien, d'en prendre soin, de s'en occuper. Je peux prendre des vacances et partir une semaine complète avec papa et Fidzi en concours.

  • Speaker #1

    Je le fais avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Quand j'arrive à me détacher parce que j'ai un métier qui me prend beaucoup de temps. On est là pour le faire tout beau,

  • Speaker #1

    pour les épreuves. Et c'est beau de voir son travail briller sur les pistes de concours. Le grand Feeder Tons for Rosie, 1m76, est devenu Pegas Mayen. L'occasion pour le cavalier de mettre en avant son département, également un soutien financier. et dont l'emblème est un Pégase, cheval ailé divin. Après quelques concours, Vladimir a compris qu'il avait mis la main sur un cheval d'exception.

  • Speaker #0

    C'est un cheval qui fait partie de la famille. On était partis avec Clara le chercher en Allemagne. Donc, ça a été le premier contact familial. Et quand on parle effectivement d'un cheval d'une vie, je pense que j'ai mis le doigt dessus.

  • Speaker #1

    En 2021, Pégase s'envole jusqu'au Japon. Pour des Jeux paralympiques disputés à huis clos, on raison de la pandémie de la Covid-19. Bilan, une sixième place par équipe, une cinquième place dans l'épreuve team et une neuvième dans le test individuel. Insuffisante pour accéder à la libre ouverte seulement aux huit meilleurs couples. Mais les grands championnats s'enchaînent. Après les Jeux de Tokyo, place au Championnat du Monde de Erning, avec notamment une sixième place dans la libre, puis au Championnat d'Europe de Riesenbeck l'été dernier. avec cette fois une quatrième place dans la libre, notée à près de 76%, le record international du couple. Depuis plusieurs mois, Vladimir, également agent Enedis, a décidé de quitter régulièrement sa Mayenne pour rejoindre le haras de Chamqueuil, dans l'Essonne. Tout y a été mis en place pour l'amener au top. Un exemple, la préparation physique du cavalier. Dans une vidéo de Mayenne TV, la coach sportive Claudine Deville explique son travail. une remise en forme cardio,

  • Speaker #0

    un travail cardiovasculaire. pouvoir mener à bien sans effort la reprise de 5-6 minutes environ. Travail musculaire,

  • Speaker #1

    renforcement musculaire, au niveau bas du corps,

  • Speaker #0

    jambes gauches exclusivement, et travail centré sur le peinage, le renforcement du haut du corps, tout en gardant en haut,

  • Speaker #1

    pouvoir maintenir les rêves de manière très détendue,

  • Speaker #0

    très souple.

  • Speaker #1

    Côté dressage, Marina Caplin-Saint-André Ainsi que sa fille, Alix Vandenberghe, tiennent également un rôle essentiel. Petit détour par le manège.

  • Speaker #0

    Encore une fois,

  • Speaker #1

    la flexion,

  • Speaker #0

    garde ta reine droite, un peu plus rassemblée.

  • Speaker #1

    Petit galop,

  • Speaker #0

    rassemble, rassemble, rassemble. Et monte, monte, garde le rythme. D'abord, c'est un beau cheval qui a une grande complicité avec son cavalier. quand même essentiel. Vladimir est quelqu'un d'assez organisé et travailleur. Le cheval a trois très bonnes allures. Il marche, il trotte, il galope. Il n'y a pas d'impasse. C'est un cheval qui est sérieux. Ça se présente très bien,

  • Speaker #1

    à mon avis. Au-delà des rectangles de dressage, Vladimir est aussi devenu un ambassadeur du paradressage. Récemment, pour les chaînes du groupe M6, il a rencontré le journaliste Xavier Demoulin, passionné d'équitation.

  • Speaker #0

    Une impression,

  • Speaker #1

    l'admiration.

  • Speaker #0

    Impressionné,

  • Speaker #1

    je relève son défi. Monté, moi aussi, enfin, essayé, avec une seule chance. L'expérience est une rencontre bouleversante. J'apprends de Vladimir beaucoup. J'admire son talent, sa volonté. Vladimir Vinchon est un homme libre, une force de la nature. Un exemple à suivre. Dans quelques jours, Vladimir Vinchon, mais aussi Lisa Seize, Alexia Pitié, Chiara Zenati et Céline Jerny, autres grandes figures du paradressage tricolore, désignées cette année comme remplaçantes, fouleront la piste du stade équestre éphémère de Versailles. Les Français y recevront sans aucun doute les plus gros encouragements de leur vie. Engagés en grade 4, Vladimir et Pegas Mayenne débuteront leur compétition le 4 septembre, tout juste 30 ans après l'accident. qui fit basculer la vie du jockey devenu aujourd'hui brillant cavalier. Histoire d'une résilience. Il est désormais temps de retrouver Vladimir Vinchon. Vladimir Vinchon, merci de nous accorder quelques instants. On est à quelques jours des Jeux paralympiques maintenant. Comment vous sentez-vous ?

  • Speaker #0

    On n'a jamais été aussi près des Jeux para. Effectivement, j'en profite encore pour la semaine dernière, fin de semaine, j'étais venu voir la grande semaine du dressage. Là, je suis venu faire un petit tour, voir les poneys. On n'est pas très loin, comme vous le disiez, du Haras-Chankoy. Et puis, ça me permet aussi de libérer mon esprit et de le garder en tout cas sans pression encore pour l'instant.

  • Speaker #1

    Alors, ce que je vous propose, c'est un petit peu la philosophie de Légende Cavalière. C'est de faire un petit retour en arrière avec le paradressage, la découverte du paradressage. On va partir de là parce que votre histoire, on la connaît. L'accident, jockey, etc. On y revient dans l'épisode juste avant. Le paradressage, comment êtes-vous tombé dedans ?

  • Speaker #0

    Le paradressage a été un concours de circonstances puisqu'auparavant on faisait également du para-CSO. Dans le para-CSO, il y avait Fanny Delaval et un ancien DTN adjoint qui m'ont proposé d'aller essayer, puisqu'il y avait un essai de 2 chevaux à l'ENE à l'époque, qui était donc Flipper d'Or et Varina ENEHN. On a été quelques cavaliers à être proposés à l'essai de ses chevaux. Après y avoir été allé, j'ai été retenu sur l'un des deux qui était flippeur d'or. Ce jour-là, son écuyer du moment n'était pas là. Il était un petit peu surpris au son retour d'avoir eu des cavaliers paras à monter sur le dos de son cheval. C'était sous la coupe de l'écuyer Philippe Limousin, donc c'était une bonne référence, mais effectivement il était un petit peu surpris de ne pas avoir été présent ce jour-là. Ça a été une entame un petit peu sportive entre nous, mais l'écuyer, pour ne pas citer Marc-André Morin, après cette petite rencontre sportive, m'a beaucoup encadré, m'a beaucoup appris et m'a appris surtout à aimer le dressage.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire, parce que quand on a fait des courses en tant que jockey, ça va vite au galop, obstacle mais galop, ça va très très vite. Et puis quand on vous parle de dressage... Le mot dressage pour un ancien jockey d'obstacle, c'est bizarre, j'ai du mal à les associer.

  • Speaker #0

    Moi aussi, je vous rassure. C'est quelque chose qui n'était pas du tout prédestiné. Maintenant, ce qui m'a vraiment emballé, c'est encore une fois le challenge, le dépassement au quotidien de la personne que je suis. Je me suis dit qu'aujourd'hui, il y a des échéances, les championnats d'Europe, du monde, les Jeux paralympiques. J'ai dit Waouh, ça fait quand même rêver tout ça ! Et puis sportivement, tout du moins. Et puis j'ai dit Mais il y en a qui arrivent. Je n'avais jamais mis les fesses sur un cheval de dressage, même si c'est un cheval, je dirais, un peu comme les autres. Mais en tout cas, dans la discipline, et encore moins sur un rectangle. Et je me suis vraiment fait la remarque de… Je crois que je vais me faire chier au milieu d'un rectangle. Je me suis dit Qu'est-ce que je vais faire ? Il faut faire des ronds, il faut faire des diagonales, il faut faire des… Je me suis dit qu'il n'y avait rien de compliqué là-dedans. Au bout de 15 jours, je me suis engagé dans quelque chose. Maintenant, je ne peux plus faire marche arrière. On va redoubler d'efforts, on va tout mettre en œuvre pour y arriver. J'étais très bien accompagné par Marc-André Morin. Comme je vous dis, il m'a fait apprécier, il m'a fait découvrir, apprécier. Je peux vous dire qu'il avait eu du boulot.

  • Speaker #1

    Il a eu beaucoup de flou.

  • Speaker #0

    Ça partait de très loin. Je suis avec ma selle de CSO quand même, à l'INE, à l'IFCE maintenant. Je suis avec ma petite selle de CSO, il m'a regardé et a fait Tu fais du dressage ? Ouais. Et ? Avec une selle de CSO, ce n'est pas possible ? Non, il faut qu'on aille vers… Bon, d'accord. Donc, on a fait appel à d'autres professionnels, en tout cas à un cellier professionnel qui n'est autre qu'Olyon Cellier. et donc qui m'a fait une selle sur mesure.

  • Speaker #1

    Alors finalement ça a été assez vite parce que le début de cette aventure, on est en 2011 à peu près et puis tout de suite des championnats d'Europe et un an après les jeux paralympiques à Londres, cette ascension elle a été assez fulgurante.

  • Speaker #0

    Elle a été fulgurante, cette ascension a été fulgurante mais effectivement ça a dû être un peu trop rapide. C'était un peu trop rapide, je pense à mon goût, malgré que j'ai engrangé beaucoup de victoires internationales pendant ces deux années, un titre de champion de France pour une première année. Moi, en tout cas, la première année en 2011, je ne sais même pas si j'avais fait les championnats de France. En tout cas, j'étais effectivement tout de suite accaparé au championnat d'Europe. En individuel, je prends une quatrième place derrière José Le Tartre, qui avait déjà une bonne vingtaine d'années d'expérience dans la discipline. je me dis waouh ça commence super bien en fait et là je dis bon allez on continue Marc-André était vraiment très enjoué sur ce fait là après voilà j'ai rencontré des difficultés de je pense de concentration des difficultés d'acquisition d'appréhension d'apprentissage en tant que jeune cavalier dans la discipline. Maintenant on m'avait associé à ce merveilleux cheval qui était flipper d'or, un cheval de métier qui avait d'ailleurs monté Maxime Collard dans des grandes échéances. Et donc je dirais que l'association jeunes cavaliers de la discipline, j'entends bien, aux cheval d'expérience a vraiment bien matché et en 2012 on prend un titre de champion de France. malgré des erreurs de parcours même d'ailleurs j'avais encore des problèmes de concentration et puis surtout une sélection pour les jeux paralympiques de Londres et alors Greenwich Park,

  • Speaker #1

    les jeux paralympiques déjà avant d'y aller on se les imagine, on fantasme parce que voilà ça sonne,

  • Speaker #0

    ça claque jeux paralympiques quand même ça claque jeux paralympiques mais la vitesse à laquelle ça a été ça n'a pas le temps de me claquer tant que ça en fait La plus grosse claque que j'ai prise, c'est en arrivant au village olympique où là j'ai commencé à regarder un petit peu autour de moi et il y avait plein de personnes en situation de handicap. J'ai dit mais en fait moi je ne suis pas handicapé, moi je dis il y a des choses, il y a des handicaps bizarres quand même et puis... Mais des handicaps, alors je dis pas bizarres, mais des handicaps dont on ne s'imagine même pas. Quand on voit, j'ai rencontré une cavalière danoise qui était amputée au tronc. Et là j'ai dit, comment elle fait pour faire du cheval cette demoiselle ? Non, non, mais voilà, et puis je me rappelle d'une chose qui m'a vraiment marqué, c'est d'être tombé en marchant au village. Je passe à côté des américains, il y en avait un qui était bi-amputé fémoral, il marchait plus vite qu'invalide, je suis là pour lui. Et puis à côté, je ne sais pas quelle nation c'était, je ne m'en souviens plus, mais un jeune homme aussi qui marchait, qui était amputé fémoral, comme moi, droit, je m'en rappelle, et il avait un bambou qui devait faire 2 mètres de long, et en fait il marchait avec ça, mais il marchait plus vite que moi encore. Je fais, en fait, ouais non, moi je ne suis pas handicapé, je n'ai rien à faire là. Et là, j'ai pris une vraie claque. J'ai pris une vraie claque et une remise en question. J'ai dit, il fallait que je me remobilise. Et ça s'est fait. Non sans mal, mais j'ai mis deux jours avant de remettre les pieds sur terre.

  • Speaker #1

    Et quel souvenir vous avez de la compétition en elle-même ?

  • Speaker #0

    Un merveilleux souvenir parce que Londres, ça a été déjà mes premiers Jeux. Et puis cet engouement des anglo-saxons pour le para-dressage, pour les disciplines para. C'est une vraie culture chez eux en fait. Et là l'engouement des bénévoles, j'ai dit waouh et aujourd'hui je vais même faire la liaison, on a été aussi bons que nos bénévoles, on a été aussi bons que les anglais. Peut-être même un peu meilleur parce que je suis un peu chauvin. Mais non, ça a été un rêve, un rêve éveillé. Et d'ailleurs, j'ai eu un petit peu de mal à redescendre. La descente a été très difficile en rentrant. Je me suis dit, j'ai vécu sur les toits du monde. J'ai vécu sur le toit du monde. Et c'est le plus beau. le plus bel événement planétaire. J'ai fait partie des plus grands sportifs de leur pays. J'ai dit waouh ! J'ai dit maintenant, il faut remettre ça Il y a eu des Jeux équestres mondiaux,

  • Speaker #1

    il y a eu des championnats d'Europe, il n'y a pas eu Rio 2016 ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas eu Rio. Mon cheval s'était blessé à l'époque. Et effectivement, il n'y a pas eu Rio. Mais derrière Rio, le cheval qui était blessé pour les Jeux était partant pour les derniers Jeux équestres mondiaux de Ryan. Exactement. Et là, Pegas Mayen était déjà présent, était déjà réserviste. Mais ouais, ouais, c'est... Un certain nombre de grandes échéances font qu'aujourd'hui, effectivement, on se sent un petit peu pilier, on se sent... Voilà, on arrive à la veille de la grande échéance des Jeux de Paris et je me sens vraiment serein. D'ailleurs, j'ai même un peu de mal à rentrer dedans, mais je pense que ça va venir. Mais j'aborde les Jeux à quelques jours maintenant, très sereinement, je n'ai aucune pression.

  • Speaker #1

    Alors parlez-nous un petit peu justement de Pegas Mayenne, de son... Petit nom d'origine, un peu plus compliqué à prononcer. Feeder Tent for Rosie. Feedsie pour les intimes.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Parlez-nous un petit peu de la rencontre. Dans Légende Cavalière, on a montré un extrait de Clara, votre fille, qui raconte un petit peu la rencontre justement. Et vous, de votre côté, comment vous avez perçu ce cheval dès la première fois ?

  • Speaker #0

    La première fois où j'ai vu le cheval, j'ai vu un cheval très imposant. J'ai vu un... Un cheval de taille moyenne, parce qu'il m'a surpris en prenant encore 8 cm derrière à l'âge de 6 ans. Mais en fait, le premier contact, la première caresse à ce cheval, quand je dis bien contact au sens propre du terme, c'est qu'on avait un cheval pareil qui était très serein, malgré le fait que je sois déjà en train de sauter avec le cheval à côté de lui. pour aller voir la détente du cavalier et du cheval. Et là, quand je suis monté dessus... Ça a été comme un livre ouvert. Il me connaissait depuis toujours. J'ai demandé tout ce que je voulais, j'ai obtenu tout ce que je voulais. Sans aucun stress, parce qu'il est d'une nature très zen, même s'il intériorise énormément. C'est un cheval d'une extrême gentillesse, d'une extrême décontraction derrière son grand gabarit. mais avec une très grosse puissance. C'était le challenge que je me suis lancé, je me suis dit ok il y a un très bon cheval par contre il est très puissant, Vlad est très puissant, ça va matcher. Mais en fait je rame derrière en fait maintenant. Donc ouais ce Feeder Tons for Rosie initialement appelé de sa naisseuse Je le compare aujourd'hui à Balou, ce petit bonhomme. de Walt Disney. C'est la force tranquille. On pourrait imaginer derrière un gros cheval comme ça, un cheval très très pâteau, et en fait il a une prestance sur le rectangle. Il est un peu nonchalant mais après ça va avec lui, c'est un petit peu le défaut de sa qualité. Mais voilà, le challenge était lancé et je me suis dit ok, on rentre. Et en rentrant, ça faisait déjà 24 heures ou 26 heures que je conduisais sans arrêt. Parce qu'on était parti de la Mayenne avec ma fille Clara pour aller chercher en Allemagne, là-bas. Et puis en rentrant, j'ai appelé Fanny Delaval, notre DTN et chef d'équipe. Je lui ai dit, tu ne connaîtrais pas une étape parce que là, je suis cuit. J'étais presque à Lille, au retour. Je lui ai dit, je suis cuit, on s'arrête. Elle m'a dit, attendez, voilà. On s'est arrêté chez une cavalière de l'équipe de France. Et là j'ai dit bon, le cheval a pris 9 ou 10 heures de route, 6 ans. Je lui ai dit je vais mettre une petite longe pour qu'il se dérouille. Et j'ai la longe en fait qui a cassé. Et là où je longeais, ce n'était pas fermé. Et là j'ai regardé, j'ai dit mon investissement va finir à plat-vente sur la route quelque part. Et je vais pleurer toute la soirée. Et il est resté là. Il m'a attendu, j'ai appelé, il est resté. J'ai raccroché, je l'ai rentré au box, j'ai remis les bandes, j'ai dit allez à demain.

  • Speaker #1

    C'était une anecdote qui montre que tout de suite il y a eu le lien.

  • Speaker #0

    Effectivement, il y a eu un lien, il y a eu cette connexion entre lui et moi qui s'est faite d'entrée de jeu. Mais je pense qu'il fait connexion avec beaucoup de monde ce cheval, il est tellement adorable. Mais j'ai la chance d'avoir la primaire.

  • Speaker #1

    Il vous a donc emmené à Tokyo au Japon pour les Jeux Paralympiques 2021. Particulier forcément parce qu'à huis clos ça reste quand même un bon souvenir ?

  • Speaker #0

    Oui ça reste un très bon souvenir. C'était un cheval qui a fait les Jeux quand même à 8 ans. Ça n'a pas été tout simple. On découvrait aussi un petit peu le cheval. On ne connaissait pas encore très bien le cheval, son mode de fonctionnement. Et puis quoi qu'on en dise, Tokyo... La piste n'était pas simple à monter dans le sens où il n'y avait personne comme vous le disiez dans les tribunes et que le moindre bruit était un échappatoire possible aux chevaux à leur concentration. Et j'ai eu du bruit à un moment donné, c'était une petite faute qui m'a mis juste à la porte de la freestyle. Voilà exactement, mais le cheval... Depuis qu'on court ces échéances, championnats d'Europe, du monde et les Jeux, il grandit toujours derrière ces échéances et progresse tout le temps. Donc là, j'espère qu'il est dans sa dernière étape de progression. Parce que Paris, c'est un but. J'y pense depuis que j'ai pris la route pour aller le chercher en Allemagne.

  • Speaker #1

    On vous sent très impatient d'y être. Ce niveau d'adrénaline, justement, votre souvenir de l'adrénaline que vous aviez avant de monter en course, quand vous étiez jockey, Vladimir, et celui maintenant, avant de dérouler une reprise dans une grosse compétition. Il y a des similitudes entre ces deux univers ?

  • Speaker #0

    Les attentes sont les mêmes, il faut gagner. Les attentes, c'est la même, il faut gagner. Mais j'ai toujours dit que le dressage était la discipline la plus... compliqué que j'ai pu monter. C'est vraiment ce qui m'a coûté le plus. Alors je pensais qu'effectivement... Ma puissance et autres, ma robustesse, mon état d'esprit un peu casse-cou allait être facilitant pour le dressage, mais en fait pas du tout. Donc on est sur des univers différents, mais je dirais que l'objectif est le même, l'objectif c'est de gagner. Aujourd'hui,

  • Speaker #1

    comment avez-vous pu vous réveiller dans le monde de la course ? A quoi ressemble la vie de Vladimir Vinchon, cavalier de paradressage à quelques jours des Jeux paralympiques ? Votre vie au quotidien, c'est quoi ? C'est que de l'entraînement à temps plein ? Vous travaillez aussi, vous avez un emploi à côté.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, j'ai un emploi. Je suis resté, je suis agent Enedis. J'ai souhaité conserver un mi-temps parce que je suis arrivé chez Marina Caplin-Saint-André au Hara-Chamkoy il y a un an. un petit peu plus d'un an maintenant parce que je suis arrivé en juin 2023, juste avant les championnats d'Europe. Et en fait, grâce à une CIP, un contrat d'insertion professionnelle, qui lie Enedis, la Fédération Française d'équitation, l'Agence Nationale du Sport et le CREPS des Pays de la Loire, grâce à tout ce monde-là, j'ai pu bénéficier d'un aménagement de temps de travail, d'être... détaché à 50% quasiment de mon temps de travail. Donc le lundi, pour une semaine type, le lundi je suis à Laval à travailler sur site et dans la nuit de lundi à mardi, je rentre en région parisienne. Et puis à ce moment-là, je suis en télétravail tous les matins, 8h midi, et l'après-midi est consacré au sport, la préparation mentale, donc préparation physique, natation et autres. et la montée à cheval, et les entraînements avec Marina.

  • Speaker #1

    C'est intense.

  • Speaker #0

    C'est intense. Effectivement, on m'avait proposé d'être à temps complet, mais je n'y voyais pas l'intérêt. Et puis, j'ai un métier que j'aime bien et je ne voulais pas lâcher ça comme ça. Je me suis réservé simplement un mois et demi avant les Jeux. de me retirer effectivement de mon emploi, de cet emploi du temps en tout cas de télétravail. Et puis aujourd'hui, je cours moins en fait, ma journée est moins rythmée. Et on a toujours toutes ces, comment dire, l'emploi du temps ne change pas hormis effectivement le télétravail. Donc pour moi, c'est un petit peu plus cool, ça fait du bien. et ça permet de mieux vivre et de mieux finaliser, je dirais, de mieux finaliser, on va dire, la préparation. Et tout ça également aussi grâce à EquiAction, le fonds de dotation de la Fédération française d'équitation, qui nous permet également d'avoir un appartement, un petit logement là, à côté de Chamqueuil, et puis d'avoir une aide sur la prise en charge des chevaux. Donc ça, c'est vraiment... très intéressant dans une préparation finale. Et aujourd'hui, j'ai vécu depuis un an quelque chose vraiment de... Je me sens sportif de haut niveau. J'ai vraiment l'idée d'être un sportif de haut niveau et d'être accompagné en tant que tel. Et ce que sent l'aide effectivement aussi des K-Action. et tous mes partenaires qui sont sponsors, qui m'accompagnent depuis déjà un certain nombre d'années, je n'aurais pas eu cette préparation aussi fine pour arriver avec quelques jours avec des vraies chances. Tout à fait, parce que moi je pars pour une médaille, sinon... Alors on dit toujours, ce qu'on rêve c'est une médaille, mais là aujourd'hui on est... On va dire qu'on est cinq cavaliers qui peuvent à tout moment renverser la situation. Il y a des leaders, il y a deux, trois leaders. On va dire qu'il y a trois leaders aujourd'hui et puis on est trois autres derrière, deux, trois autres qui sont là en embuscade. Mais qui aussi par moment savent devancer ces leaders. Donc ça donne encore plus de baume au cœur et d'envie de dire... Ouais, ouais. Aujourd'hui, j'y vais pour une médaille parce que voilà, il faudra que ça soit le bon jour, que la chance soit aussi de notre côté, que l'on monte bien, que le cheval soit bien, que tout soit aligné. Pour moi, les autres, ce n'est pas grave. Le principal, c'est moi.

  • Speaker #1

    Un petit point que je voulais aussi aborder avec vous, Vladimir, c'est le côté ambassadeur aussi. Vous répondez presque toujours oui à toutes les sollicitations. Je peux en témoigner pour ce podcast, mais pas que pour ce podcast. C'est quelque chose qui vous tient à cœur aussi de mettre en avant votre discipline et votre itinéraire aussi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, bien sûr, mettre en avant notre discipline, c'est vraiment comme je dis. Le sport pour tous, c'est quelque chose qui doit se transmettre. On est des ambassadeurs, on se doit aussi d'aller chercher des nouveaux cavaliers, on se doit d'être disponible, on se doit de donner de l'information, on se doit de répondre à vos sollicitations, je dirais aussi, pas à n'importe quel prix non plus. On se met dans une petite bulle à un moment donné.

  • Speaker #1

    Souvent, les athlètes handisport qui ont percé, qui ont performé dans leur discipline après leur accident de la vie, comme on dit, on leur demande par rapport à ta vie avant, etc. Et beaucoup répondent moi, aujourd'hui, ma vie d'aujourd'hui, elle me va très bien par rapport à ma vie d'avant l'accident. Vous, quel est votre état d'esprit là dessus ?

  • Speaker #0

    Je me dis que j'ai eu de la chance dans mon malheur. Donc, effectivement, je n'aurais jamais fait les Jeux Olympiques. J'ai eu un accident, j'ai la chance de faire les Jeux paralympiques. Voilà, effectivement, la réponse est la même que celle que vous entendez toujours. Mais oui, ce n'est pas une revanche sur la vie, c'est simplement que l'on essaye de persévérer. Et puis, encore une fois, c'est un dépassement de soi au quotidien. Cet état d'esprit, on l'avait avant, sinon on ne l'aurait pas maintenant. Je pense que ceux qui l'ont maintenant l'avaient déjà avant leur accident. Et puis non, on fait du sport pour se dépasser, pour être les meilleurs. Avant je vivais de ma passion et aujourd'hui je vis pour une passion. Donc c'est une grande différence parce que j'ai réussi aussi à motiver, à embarquer des gens avec moi, tous mes partenaires qui sont là aujourd'hui à mes côtés. Je ne les ai pas embarqués en allant faire du charme, mais simplement en leur présentant ce qu'était aujourd'hui cet objectif, avoir également des valeurs, leur présenter mes valeurs, qui étaient également les parallèles des valeurs d'un chef d'entreprise, d'une personne humaine qui entend et qui voit effectivement la performance puisque chaque chef d'entreprise cherche aussi la performance de son côté avec ses collaborateurs. Mais moi aujourd'hui, la performance, si je suis performant, c'est aussi grâce à tout mon entourage, mon maréchal Ferrand, mes vétérinaires et tous mes partenaires. Sans oublier surtout, parce que si aujourd'hui on est aussi performant, c'est parce que notre famille, femmes, enfants, partagent notre passion, vivent notre passion. Et puis, je pense qu'elles se sacrifient aussi. Je dis elles parce que je dis que des filles et une femme. Donc, elles se sacrifient aussi pour cette passion. Et elles sont d'autant plus heureuses pour moi et pour elles quand on performe. Et c'est vrai qu'on a tous les ans un concours international que l'on faisait au CPE de Deauville, par exemple, où mes filles sont avec moi, mon épouse également. Et c'est elle qui groume. Et ça se passe merveilleusement bien, puisque l'année dernière, on a dû remporter deux épreuves sur les trois. On est deuxième de la troisième.

  • Speaker #1

    Le témoigné, il était tiré.

  • Speaker #0

    Donc voilà, c'est quelque chose que l'on vit en famille. Et ça, ça n'a pas de prix, parce qu'effectivement, ce sacrifice et en tout cas, tout ce qu'elle m'amène, ça ne peut que me rembourser. Et puis, je ne dois surtout pas les décevoir. Quand on est ici tout seul, L'idée, ce n'est pas de se reposer et de flâner, c'est de se dire, le choix de venir ici a été aussi collégial, dans le sens où j'ai dit, on fait une parenthèse d'un an, je pars à la semaine. Il fallait aussi pouvoir le faire. Ça devient dur à la maison, en tout cas. Mon épouse gère tout, plus ce que je lui rajoute par-dessus. avec mes mails et mes compagnies parce que ça c'est pas mon fort. Mais ouais ouais ça commence à être dur. Mais j'espère leur ramener, en tout cas, je vais leur ramener une belle récompense des Jeux de Paris.

  • Speaker #1

    Écoutez, c'est parfait. Merci, Vladimir. Vous savez qu'il y a 15 000 personnes qui vont vous attendre dans les tribunes. Ça, ça va faire bizarre.

  • Speaker #0

    Mais ça, j'espère que ça va faire du bruit. Et j'espère, en tout cas, faites du bruit pour moi. Ça ne sera que bénéfique, en tout cas. Donc, n'osez pas être discret. Faites du bruit.

  • Speaker #1

    Le message est passé. Merci beaucoup, Vladimir.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

  • Speaker #2

    C'était un podcast de Grand Prix. Un très grand merci à Vladimir Vinchon. Merci à Sébastien Roulier pour son précieux soutien éditorial et à Swan de Cam, notre fidèle monteur et mixeur. Merci à vous d'avoir écouté ce podcast que vous pouvez bien évidemment partager sur les réseaux sociaux. N'hésitez pas à vous abonner et à nous soutenir par vos votes et vos commentaires sur les plateformes d'écoute. Vous pouvez évidemment y réécouter tous les épisodes précédents. Et surtout... Rendez-vous au prochain épisode de Légendes Cavalières.

  • Speaker #3

    Sous-titrage Société Radio-Canada

Description

Dans quelques jours, au stade équestre éphémère de Versailles, Vladimir Vinchon va vivre ses troisièmes Jeux paralympiques. Trente ans tout juste après l’accident de la route qui lui avait causé l’amputation de sa jambe droite, le cavalier des Pays-de-la-Loire va fièrement représenter la France en selle sur Pégase Mayenne, un immense cheval né sous le nom de Fidertanz for Rosi. Le para-dresseur de cinquante ans est l’invité de Pascal Boutreau dans le quarante et unième épisode de Légendes cavalières, le podcast de GRANDPRIX qui vous replonge dans l’histoire des sports équestres. Avant ce long entretien, nourri d’anecdotes et de sincères confidences, un récit retrace la vie de Vladimir Vinchon, ancien jockey de courses d’obstacles qui n’aurait jamais imaginer s’épanouir sur les rectangles de dressage. Légendes cavalières revient notamment sur ses deux premières expériences paralympiques, en 2012 à Londres et 2021 à Tokyo.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est un cheval qui fait partie de la famille, on était partis avec Clara le chercher en Allemagne. Donc ça a été le premier contact familial et quand on parle effectivement d'un cheval d'une vie, je pense que j'ai mis le doigt dessus.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Légendes Cavalières, le podcast de Grand Prix qui vous replonge dans l'histoire des sports équestres. Je suis Pascal Boutreau, journaliste passionné par l'histoire du sport. Les Jeux Olympiques Paris 2024 ont offert un spectacle grandiose à un public bien plus large que la sphère des amoureux de sport. Organisés dans le fabuleux écrin du parc du château de Versailles, les épreuves équestres ont elles aussi enthousiasmé spectateurs et téléspectateurs. Depuis plusieurs mois, Légende Cavalière vous a fait revivre quelques grands moments olympiques. De Pierre Durand et Japlou à l'allemand Michael Jung, sacré pour la troisième fois à Versailles. En passant par Marc Todd et Charisma, Pierre Jonquière d'Oriola, Nix Kelton et Big Star. Ou encore Simon Delestre et ses précédentes expériences olympiques. Mais les Jeux ne sont pas encore terminés. Après les Jeux olympiques, place aux Jeux paralympiques. Versailles accueillera les épreuves de paradressage. Les gens de Cavalière a souhaité consacrer son 41e épisode à cette discipline. Membre de l'équipe de France, Vladimir Vinchon participera pour la troisième fois à cet événement planétaire. Je vous propose d'aller à sa rencontre, de découvrir son histoire. L'occasion aussi de se projeter vers ces Jeux paralympiques de Paris 2024. Dans la seconde partie de ce podcast, Vladimir reviendra sur ses souvenirs de Londres et de Tokyo. N'oubliez pas de vous abonner à Légende Cavalière. C'est gratuit sur toutes les plateformes. Résilience Le mot est souvent utilisé. Il est défini comme la capacité à surmonter les chocs traumatiques. Durant les Jeux paralympiques de Paris 2024, il sera probablement l'un des plus prononcés pour caractériser des champions souvent touchés par des accidents de la vie comme l'on dit, mais qui ont trouvé la force d'écrire une suite à leur histoire et même de lui donner un nouvel élan. Le destin de Vladimir Vinchon a basculé le 1er septembre 1994. Le Mayennais est alors âgé de 20 ans. Dès ses plus jeunes années, il a découvert son amour pour les chevaux. Jockey en vue dans l'univers des courses d'obstacles, il monte pour des entraîneurs réputés comme Serge Fouché ou François Coffin. Dans une émission de Business 365, il raconte.

  • Speaker #0

    L'équitation parce que l'animal m'attirait énormément, donc j'ai voulu essayer de sympathiser un petit peu avec lui et avec cette bête assez costaud. C'est étonnant,

  • Speaker #1

    ça fait quand même des grands trucs.

  • Speaker #0

    On a commencé avec les poneys quand même.

  • Speaker #1

    Les poneys, d'abord bien évidemment, avec ses premiers cours au centre équestre près de chez lui. Très vite, il a compris qu'il voulait en faire son métier. A 15 ans, il effectue un apprentissage dans l'univers hippique en qualité de ladjockey. puis passe son CAP jockey pour obtenir sa licence. Suivent les premières victoires sur les champs de course, au nombre de 18. La carrière de Vladimir est pleine de promesses. Mais la vie de jockey, c'est aussi de multiples déplacements, d'un hippodrome à un autre. Finir tard, rentrer vite, pour être prêt à monter à l'entraînement tôt le lendemain matin. Le 1er septembre 1994, Vladimir rentre d'une grosse réunion sur l'hippodrome de Varighem en Belgique. Il y a gagné. Sur le chemin du retour, c'est l'accident. Terrible.

  • Speaker #0

    C'est la pleine ascension. Je gagnais beaucoup de courses à cette époque-là. Et le fait de faire des voyages à droite, à gauche, la fatigue, à un moment donné, m'a un peu emporté. Et voilà, tragique, l'accident est intervenu.

  • Speaker #1

    C'était avec son voiture.

  • Speaker #0

    Je conduisais et puis bon... Petite voiture à l'époque, choc frontal avec une autre voiture, le moteur sur les jambes.

  • Speaker #1

    Le verdict tombe. Vladimir doit être amputé de sa jambe droite. Pendant des mois de rééducation, il va réapprendre à marcher en s'adaptant à sa prothèse. Nourri toutes ses premières années par l'adrénaline du sport, il tente d'abord de se lancer dans le basket-fauteuil. Il évoluera jusqu'au niveau national. Grâce au sport, il surmonte son handicap et acquiert la force de se battre, avec la volonté de rendre sa vie marquante et inoubliable, comme il le confie. Mais l'envie de remonter à cheval est toujours très présente. Il n'a pas perdu son équilibre de jockey. Après quelques petits canters matinaux et sauts de tronc d'arbre chez Philippe Cotin, son ancien entraîneur de course, Vladimir s'essaye au saut d'obstacle avec une jument prénommée 5 o'clock tigre, dénichée par un ami de l'entraîneur. Il remporte trois titres de champion de France. Quelques années plus tard, au début des années 2010, il est invité par la Fédération française d'équitation au cadre noir de Saumur pour une séance de paradressage. Pas forcément une évidence quand on est habitué à franchir des obstacles ou à lancer son cheval au grand galop. Il est alors associé à Flipperdor, un sel français auparavant monté par Maxime Collard et habitué à se produire en solo dans les spectacles du cadre. Ses a priori tombent. Une nouvelle carrière peut débuter avec, très vite, les premières sélections en équipe de France. Il remporte ses premiers succès en CPEDI 3 étoiles, puis son premier titre de champion de France. A l'occasion du CPEDI de Deauville, il est interrogé sur cette nouvelle expérience par le blog du handicap.

  • Speaker #0

    Je suis le petit dernier arrivé dans la discipline et en équipe de France. C'est super. Je dirais que les instants sont à vivre au présent. Aujourd'hui, je suis sélectionné. On fait partie, on court les championnats d'Europe. Demain, on travaillera pour autre chose, pour une autre échéance. Maintenant, on recherche une qualification pour les Jeux de 2012. Et à côté de ça, étant le petit dernier, comme vous l'aviez précisé au départ, on a un stade qui est extraordinaire. On a des cavaliers qui ont déjà un petit peu de bouteille au centre d'équipe et avec qui ça se passe très bien. Très bien intégrés, très bien accueillis. C'est super. Il y a vraiment du positif. Je dirais qu'aujourd'hui, c'était mes premiers gros internationaux. C'est le premier championnat d'Europe. Ça arrive avec un peu de stress. Je pense qu'il faut aussi passer par là pour progresser à l'avenir.

  • Speaker #1

    Le voilà même sélectionné pour ses premiers championnats d'Europe en 2011 à Morcel, en Belgique. Il y termine quatrième de la reprise individuelle et neuvième de la libre. Quelques mois plus tard, direction Londres pour ses premiers Jeux paralympiques. Dans l'un de ses journaux, France 3 Pays de la Loire lui consacre un sujet. On y retrouve Marc-André Morin, écuyé du cadre noir.

  • Speaker #0

    Vladimir Vinchon a été amputé d'une jambe suite à un accident. Il ne monte flipper d'or que depuis un an. Ce cheval, aujourd'hui âgé de 19 ans, termine sa carrière avec ce cavalier. Compétiteur,

  • Speaker #1

    Vlad et Flip se sont vite trouvés.

  • Speaker #0

    Dès qu'il quitte la maison et qu'il monte dans un camion pour partir en concours, on sait que là, il va nous donner le meilleur de lui-même. Il faut que je sois compétiteur, que ce soit à pied, à cheval, en vélo, à ski, voilà. Il faut que ça aille à ce qu'il faut que j'aille le plus vite, il faut que ça passe, il faut qu'on avance. Quand on a l'esprit de compétition, voilà, si on veut toujours aller plus loin, toujours se dépasser et atteindre en tout cas le haut niveau. Sauf que pour concourir au plus haut niveau,

  • Speaker #1

    l'ancien jockey professionnel a dû délaisser le saut d'obstacle qu'il pratiquait valide pour le dressage,

  • Speaker #0

    seule discipline en 10 sports reconnue au niveau international. D'un point de vue extérieur, effectivement, en néophyte, je trouvais ça très ennuyeux. Et je me suis vite rendu compte que c'était beaucoup plus fatigant que le saut d'obsacre. Et là, j'ai dit, bon, vive les a priori. Moi, étant, je dirais, très jeune dans la discipline, le cheval d'expérience qui m'a été confié, ça a pu harmoniser, je dirais. Vladimir a eu un très bon feeling avec le cheval, le cheval aussi d'ailleurs. Et après, le cheval aussi, ce qu'il faut savoir par rapport au handicap, c'est que le cheval est adapté à son handicap, puisque son côté souple, c'est son côté droit. Et c'est de ce côté-là où Vladimir n'a plus sa jambe droite. Donc cette compatibilité d'handicap convenait très bien.

  • Speaker #1

    Hélas, la médaille ne sera pas au rendez-vous. Loin de là même. Par équipe, la France, également représentée par José Letartre, Nathalie Bizet et Valérie Salle, prend... la 9e place. A titre individuel, Vladimir et Flipperdor terminent au 7e rang. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, le cavalier reviendra sur cette première expérience paralympique. 2013 est une année noire. D'abord, son cheval, Hino del Castegno, se blesse et le contraint à renoncer au championnat de France. Malgré tout, il profite d'un forfait pour arracher une sélection pour les championnats d'Europe à Erning. Ceux qui sacreront Roger Yves Bost et Myrtille Polois, une page d'histoire des sports équestres tricolores que vous pouvez d'ailleurs revivre dans l'épisode 6 de Légende Cavalière. Vladimir est loin de ce scénario. À la descente du camion, Beau Vébé, jument belge auparavant monté par Céline Jarny et quatrième des Jeux équestres mondiaux de Lexington, trébuche, tombe et se blesse. Le cavalier réduit au rôle de supporter. Pour les JEM de Normandie 2014, Vladimir est à nouveau sélectionné pour les épreuves de paradressage organisées sur l'hippodrome de Caen. Il est cette fois associé à Rockford 17, Hongre à Novrien, appartenant à sa coéquipière Anne-Frédérique Royon. Les résultats sont mitigés. Seulement 17e par équipe et 9e en individuel. Il ne peut se hisser jusqu'en finale individuelle. Quatre ans plus tard, le Mayennais est de retour dans un grand championnat à Troyes pour les Jeux équestres 2018. Il fait cette fois équipe avec Tarantino Fleury, un self français alors âgé de 11 ans, avec lequel il concourt en CPEDI depuis trois saisons. Le journal de TF1 lui consacre un sujet. Privé de sa jambe droite sur sa monture.

  • Speaker #0

    Son obsession,

  • Speaker #1

    c'est de trouver l'équilibre.

  • Speaker #0

    Ma jambe, aujourd'hui, ma jambe droite, elle est là. En tout cas, cet artifice m'aide dans le travail régulier de mon équitation.

  • Speaker #1

    Avec cette fine cravache, Vladimir compense son handicap. Mais le cheval y est aussi pour beaucoup. Un subtil équilibre,

  • Speaker #0

    preuve qu'il est possible de se remettre en selle,

  • Speaker #1

    quel que soit son handicap. Sur la piste, là encore, les bleus sont en retrait. Onzième par équipe, Vladimir conclut ses JEM à un modeste dixième rang en individuel. Au retour des Etats-Unis, Vladimir part à la recherche d'une nouvelle monture. En 2019, lors d'un essai en Allemagne, il est immédiatement séduit par un jeune Holden bourgeois, né en mai 2013 et nommé Fiedertanz for Rosy. Dans une vidéo tournée pour la Fédération Française d'équitation, Clara La fille de Vladimir raconte cette première rencontre. Tout de suite,

  • Speaker #0

    le feeling est venu. Tout de suite, il est venu au contact nous dire bonjour. C'était vraiment un moment touchant parce qu'on savait qu'on repartait avec. Et tout de suite, savoir que le cheval était OK de repartir avec nous, c'était exceptionnel.

  • Speaker #1

    Toujours présente aujourd'hui auprès de celui que tout le monde surnomme Fitzy, Clara définit son rôle.

  • Speaker #0

    Mon rôle auprès de Fitzy, c'est de l'accompagner au quotidien, d'en prendre soin, de s'en occuper. Je peux prendre des vacances et partir une semaine complète avec papa et Fidzi en concours.

  • Speaker #1

    Je le fais avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Quand j'arrive à me détacher parce que j'ai un métier qui me prend beaucoup de temps. On est là pour le faire tout beau,

  • Speaker #1

    pour les épreuves. Et c'est beau de voir son travail briller sur les pistes de concours. Le grand Feeder Tons for Rosie, 1m76, est devenu Pegas Mayen. L'occasion pour le cavalier de mettre en avant son département, également un soutien financier. et dont l'emblème est un Pégase, cheval ailé divin. Après quelques concours, Vladimir a compris qu'il avait mis la main sur un cheval d'exception.

  • Speaker #0

    C'est un cheval qui fait partie de la famille. On était partis avec Clara le chercher en Allemagne. Donc, ça a été le premier contact familial. Et quand on parle effectivement d'un cheval d'une vie, je pense que j'ai mis le doigt dessus.

  • Speaker #1

    En 2021, Pégase s'envole jusqu'au Japon. Pour des Jeux paralympiques disputés à huis clos, on raison de la pandémie de la Covid-19. Bilan, une sixième place par équipe, une cinquième place dans l'épreuve team et une neuvième dans le test individuel. Insuffisante pour accéder à la libre ouverte seulement aux huit meilleurs couples. Mais les grands championnats s'enchaînent. Après les Jeux de Tokyo, place au Championnat du Monde de Erning, avec notamment une sixième place dans la libre, puis au Championnat d'Europe de Riesenbeck l'été dernier. avec cette fois une quatrième place dans la libre, notée à près de 76%, le record international du couple. Depuis plusieurs mois, Vladimir, également agent Enedis, a décidé de quitter régulièrement sa Mayenne pour rejoindre le haras de Chamqueuil, dans l'Essonne. Tout y a été mis en place pour l'amener au top. Un exemple, la préparation physique du cavalier. Dans une vidéo de Mayenne TV, la coach sportive Claudine Deville explique son travail. une remise en forme cardio,

  • Speaker #0

    un travail cardiovasculaire. pouvoir mener à bien sans effort la reprise de 5-6 minutes environ. Travail musculaire,

  • Speaker #1

    renforcement musculaire, au niveau bas du corps,

  • Speaker #0

    jambes gauches exclusivement, et travail centré sur le peinage, le renforcement du haut du corps, tout en gardant en haut,

  • Speaker #1

    pouvoir maintenir les rêves de manière très détendue,

  • Speaker #0

    très souple.

  • Speaker #1

    Côté dressage, Marina Caplin-Saint-André Ainsi que sa fille, Alix Vandenberghe, tiennent également un rôle essentiel. Petit détour par le manège.

  • Speaker #0

    Encore une fois,

  • Speaker #1

    la flexion,

  • Speaker #0

    garde ta reine droite, un peu plus rassemblée.

  • Speaker #1

    Petit galop,

  • Speaker #0

    rassemble, rassemble, rassemble. Et monte, monte, garde le rythme. D'abord, c'est un beau cheval qui a une grande complicité avec son cavalier. quand même essentiel. Vladimir est quelqu'un d'assez organisé et travailleur. Le cheval a trois très bonnes allures. Il marche, il trotte, il galope. Il n'y a pas d'impasse. C'est un cheval qui est sérieux. Ça se présente très bien,

  • Speaker #1

    à mon avis. Au-delà des rectangles de dressage, Vladimir est aussi devenu un ambassadeur du paradressage. Récemment, pour les chaînes du groupe M6, il a rencontré le journaliste Xavier Demoulin, passionné d'équitation.

  • Speaker #0

    Une impression,

  • Speaker #1

    l'admiration.

  • Speaker #0

    Impressionné,

  • Speaker #1

    je relève son défi. Monté, moi aussi, enfin, essayé, avec une seule chance. L'expérience est une rencontre bouleversante. J'apprends de Vladimir beaucoup. J'admire son talent, sa volonté. Vladimir Vinchon est un homme libre, une force de la nature. Un exemple à suivre. Dans quelques jours, Vladimir Vinchon, mais aussi Lisa Seize, Alexia Pitié, Chiara Zenati et Céline Jerny, autres grandes figures du paradressage tricolore, désignées cette année comme remplaçantes, fouleront la piste du stade équestre éphémère de Versailles. Les Français y recevront sans aucun doute les plus gros encouragements de leur vie. Engagés en grade 4, Vladimir et Pegas Mayenne débuteront leur compétition le 4 septembre, tout juste 30 ans après l'accident. qui fit basculer la vie du jockey devenu aujourd'hui brillant cavalier. Histoire d'une résilience. Il est désormais temps de retrouver Vladimir Vinchon. Vladimir Vinchon, merci de nous accorder quelques instants. On est à quelques jours des Jeux paralympiques maintenant. Comment vous sentez-vous ?

  • Speaker #0

    On n'a jamais été aussi près des Jeux para. Effectivement, j'en profite encore pour la semaine dernière, fin de semaine, j'étais venu voir la grande semaine du dressage. Là, je suis venu faire un petit tour, voir les poneys. On n'est pas très loin, comme vous le disiez, du Haras-Chankoy. Et puis, ça me permet aussi de libérer mon esprit et de le garder en tout cas sans pression encore pour l'instant.

  • Speaker #1

    Alors, ce que je vous propose, c'est un petit peu la philosophie de Légende Cavalière. C'est de faire un petit retour en arrière avec le paradressage, la découverte du paradressage. On va partir de là parce que votre histoire, on la connaît. L'accident, jockey, etc. On y revient dans l'épisode juste avant. Le paradressage, comment êtes-vous tombé dedans ?

  • Speaker #0

    Le paradressage a été un concours de circonstances puisqu'auparavant on faisait également du para-CSO. Dans le para-CSO, il y avait Fanny Delaval et un ancien DTN adjoint qui m'ont proposé d'aller essayer, puisqu'il y avait un essai de 2 chevaux à l'ENE à l'époque, qui était donc Flipper d'Or et Varina ENEHN. On a été quelques cavaliers à être proposés à l'essai de ses chevaux. Après y avoir été allé, j'ai été retenu sur l'un des deux qui était flippeur d'or. Ce jour-là, son écuyer du moment n'était pas là. Il était un petit peu surpris au son retour d'avoir eu des cavaliers paras à monter sur le dos de son cheval. C'était sous la coupe de l'écuyer Philippe Limousin, donc c'était une bonne référence, mais effectivement il était un petit peu surpris de ne pas avoir été présent ce jour-là. Ça a été une entame un petit peu sportive entre nous, mais l'écuyer, pour ne pas citer Marc-André Morin, après cette petite rencontre sportive, m'a beaucoup encadré, m'a beaucoup appris et m'a appris surtout à aimer le dressage.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire, parce que quand on a fait des courses en tant que jockey, ça va vite au galop, obstacle mais galop, ça va très très vite. Et puis quand on vous parle de dressage... Le mot dressage pour un ancien jockey d'obstacle, c'est bizarre, j'ai du mal à les associer.

  • Speaker #0

    Moi aussi, je vous rassure. C'est quelque chose qui n'était pas du tout prédestiné. Maintenant, ce qui m'a vraiment emballé, c'est encore une fois le challenge, le dépassement au quotidien de la personne que je suis. Je me suis dit qu'aujourd'hui, il y a des échéances, les championnats d'Europe, du monde, les Jeux paralympiques. J'ai dit Waouh, ça fait quand même rêver tout ça ! Et puis sportivement, tout du moins. Et puis j'ai dit Mais il y en a qui arrivent. Je n'avais jamais mis les fesses sur un cheval de dressage, même si c'est un cheval, je dirais, un peu comme les autres. Mais en tout cas, dans la discipline, et encore moins sur un rectangle. Et je me suis vraiment fait la remarque de… Je crois que je vais me faire chier au milieu d'un rectangle. Je me suis dit Qu'est-ce que je vais faire ? Il faut faire des ronds, il faut faire des diagonales, il faut faire des… Je me suis dit qu'il n'y avait rien de compliqué là-dedans. Au bout de 15 jours, je me suis engagé dans quelque chose. Maintenant, je ne peux plus faire marche arrière. On va redoubler d'efforts, on va tout mettre en œuvre pour y arriver. J'étais très bien accompagné par Marc-André Morin. Comme je vous dis, il m'a fait apprécier, il m'a fait découvrir, apprécier. Je peux vous dire qu'il avait eu du boulot.

  • Speaker #1

    Il a eu beaucoup de flou.

  • Speaker #0

    Ça partait de très loin. Je suis avec ma selle de CSO quand même, à l'INE, à l'IFCE maintenant. Je suis avec ma petite selle de CSO, il m'a regardé et a fait Tu fais du dressage ? Ouais. Et ? Avec une selle de CSO, ce n'est pas possible ? Non, il faut qu'on aille vers… Bon, d'accord. Donc, on a fait appel à d'autres professionnels, en tout cas à un cellier professionnel qui n'est autre qu'Olyon Cellier. et donc qui m'a fait une selle sur mesure.

  • Speaker #1

    Alors finalement ça a été assez vite parce que le début de cette aventure, on est en 2011 à peu près et puis tout de suite des championnats d'Europe et un an après les jeux paralympiques à Londres, cette ascension elle a été assez fulgurante.

  • Speaker #0

    Elle a été fulgurante, cette ascension a été fulgurante mais effectivement ça a dû être un peu trop rapide. C'était un peu trop rapide, je pense à mon goût, malgré que j'ai engrangé beaucoup de victoires internationales pendant ces deux années, un titre de champion de France pour une première année. Moi, en tout cas, la première année en 2011, je ne sais même pas si j'avais fait les championnats de France. En tout cas, j'étais effectivement tout de suite accaparé au championnat d'Europe. En individuel, je prends une quatrième place derrière José Le Tartre, qui avait déjà une bonne vingtaine d'années d'expérience dans la discipline. je me dis waouh ça commence super bien en fait et là je dis bon allez on continue Marc-André était vraiment très enjoué sur ce fait là après voilà j'ai rencontré des difficultés de je pense de concentration des difficultés d'acquisition d'appréhension d'apprentissage en tant que jeune cavalier dans la discipline. Maintenant on m'avait associé à ce merveilleux cheval qui était flipper d'or, un cheval de métier qui avait d'ailleurs monté Maxime Collard dans des grandes échéances. Et donc je dirais que l'association jeunes cavaliers de la discipline, j'entends bien, aux cheval d'expérience a vraiment bien matché et en 2012 on prend un titre de champion de France. malgré des erreurs de parcours même d'ailleurs j'avais encore des problèmes de concentration et puis surtout une sélection pour les jeux paralympiques de Londres et alors Greenwich Park,

  • Speaker #1

    les jeux paralympiques déjà avant d'y aller on se les imagine, on fantasme parce que voilà ça sonne,

  • Speaker #0

    ça claque jeux paralympiques quand même ça claque jeux paralympiques mais la vitesse à laquelle ça a été ça n'a pas le temps de me claquer tant que ça en fait La plus grosse claque que j'ai prise, c'est en arrivant au village olympique où là j'ai commencé à regarder un petit peu autour de moi et il y avait plein de personnes en situation de handicap. J'ai dit mais en fait moi je ne suis pas handicapé, moi je dis il y a des choses, il y a des handicaps bizarres quand même et puis... Mais des handicaps, alors je dis pas bizarres, mais des handicaps dont on ne s'imagine même pas. Quand on voit, j'ai rencontré une cavalière danoise qui était amputée au tronc. Et là j'ai dit, comment elle fait pour faire du cheval cette demoiselle ? Non, non, mais voilà, et puis je me rappelle d'une chose qui m'a vraiment marqué, c'est d'être tombé en marchant au village. Je passe à côté des américains, il y en avait un qui était bi-amputé fémoral, il marchait plus vite qu'invalide, je suis là pour lui. Et puis à côté, je ne sais pas quelle nation c'était, je ne m'en souviens plus, mais un jeune homme aussi qui marchait, qui était amputé fémoral, comme moi, droit, je m'en rappelle, et il avait un bambou qui devait faire 2 mètres de long, et en fait il marchait avec ça, mais il marchait plus vite que moi encore. Je fais, en fait, ouais non, moi je ne suis pas handicapé, je n'ai rien à faire là. Et là, j'ai pris une vraie claque. J'ai pris une vraie claque et une remise en question. J'ai dit, il fallait que je me remobilise. Et ça s'est fait. Non sans mal, mais j'ai mis deux jours avant de remettre les pieds sur terre.

  • Speaker #1

    Et quel souvenir vous avez de la compétition en elle-même ?

  • Speaker #0

    Un merveilleux souvenir parce que Londres, ça a été déjà mes premiers Jeux. Et puis cet engouement des anglo-saxons pour le para-dressage, pour les disciplines para. C'est une vraie culture chez eux en fait. Et là l'engouement des bénévoles, j'ai dit waouh et aujourd'hui je vais même faire la liaison, on a été aussi bons que nos bénévoles, on a été aussi bons que les anglais. Peut-être même un peu meilleur parce que je suis un peu chauvin. Mais non, ça a été un rêve, un rêve éveillé. Et d'ailleurs, j'ai eu un petit peu de mal à redescendre. La descente a été très difficile en rentrant. Je me suis dit, j'ai vécu sur les toits du monde. J'ai vécu sur le toit du monde. Et c'est le plus beau. le plus bel événement planétaire. J'ai fait partie des plus grands sportifs de leur pays. J'ai dit waouh ! J'ai dit maintenant, il faut remettre ça Il y a eu des Jeux équestres mondiaux,

  • Speaker #1

    il y a eu des championnats d'Europe, il n'y a pas eu Rio 2016 ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas eu Rio. Mon cheval s'était blessé à l'époque. Et effectivement, il n'y a pas eu Rio. Mais derrière Rio, le cheval qui était blessé pour les Jeux était partant pour les derniers Jeux équestres mondiaux de Ryan. Exactement. Et là, Pegas Mayen était déjà présent, était déjà réserviste. Mais ouais, ouais, c'est... Un certain nombre de grandes échéances font qu'aujourd'hui, effectivement, on se sent un petit peu pilier, on se sent... Voilà, on arrive à la veille de la grande échéance des Jeux de Paris et je me sens vraiment serein. D'ailleurs, j'ai même un peu de mal à rentrer dedans, mais je pense que ça va venir. Mais j'aborde les Jeux à quelques jours maintenant, très sereinement, je n'ai aucune pression.

  • Speaker #1

    Alors parlez-nous un petit peu justement de Pegas Mayenne, de son... Petit nom d'origine, un peu plus compliqué à prononcer. Feeder Tent for Rosie. Feedsie pour les intimes.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Parlez-nous un petit peu de la rencontre. Dans Légende Cavalière, on a montré un extrait de Clara, votre fille, qui raconte un petit peu la rencontre justement. Et vous, de votre côté, comment vous avez perçu ce cheval dès la première fois ?

  • Speaker #0

    La première fois où j'ai vu le cheval, j'ai vu un cheval très imposant. J'ai vu un... Un cheval de taille moyenne, parce qu'il m'a surpris en prenant encore 8 cm derrière à l'âge de 6 ans. Mais en fait, le premier contact, la première caresse à ce cheval, quand je dis bien contact au sens propre du terme, c'est qu'on avait un cheval pareil qui était très serein, malgré le fait que je sois déjà en train de sauter avec le cheval à côté de lui. pour aller voir la détente du cavalier et du cheval. Et là, quand je suis monté dessus... Ça a été comme un livre ouvert. Il me connaissait depuis toujours. J'ai demandé tout ce que je voulais, j'ai obtenu tout ce que je voulais. Sans aucun stress, parce qu'il est d'une nature très zen, même s'il intériorise énormément. C'est un cheval d'une extrême gentillesse, d'une extrême décontraction derrière son grand gabarit. mais avec une très grosse puissance. C'était le challenge que je me suis lancé, je me suis dit ok il y a un très bon cheval par contre il est très puissant, Vlad est très puissant, ça va matcher. Mais en fait je rame derrière en fait maintenant. Donc ouais ce Feeder Tons for Rosie initialement appelé de sa naisseuse Je le compare aujourd'hui à Balou, ce petit bonhomme. de Walt Disney. C'est la force tranquille. On pourrait imaginer derrière un gros cheval comme ça, un cheval très très pâteau, et en fait il a une prestance sur le rectangle. Il est un peu nonchalant mais après ça va avec lui, c'est un petit peu le défaut de sa qualité. Mais voilà, le challenge était lancé et je me suis dit ok, on rentre. Et en rentrant, ça faisait déjà 24 heures ou 26 heures que je conduisais sans arrêt. Parce qu'on était parti de la Mayenne avec ma fille Clara pour aller chercher en Allemagne, là-bas. Et puis en rentrant, j'ai appelé Fanny Delaval, notre DTN et chef d'équipe. Je lui ai dit, tu ne connaîtrais pas une étape parce que là, je suis cuit. J'étais presque à Lille, au retour. Je lui ai dit, je suis cuit, on s'arrête. Elle m'a dit, attendez, voilà. On s'est arrêté chez une cavalière de l'équipe de France. Et là j'ai dit bon, le cheval a pris 9 ou 10 heures de route, 6 ans. Je lui ai dit je vais mettre une petite longe pour qu'il se dérouille. Et j'ai la longe en fait qui a cassé. Et là où je longeais, ce n'était pas fermé. Et là j'ai regardé, j'ai dit mon investissement va finir à plat-vente sur la route quelque part. Et je vais pleurer toute la soirée. Et il est resté là. Il m'a attendu, j'ai appelé, il est resté. J'ai raccroché, je l'ai rentré au box, j'ai remis les bandes, j'ai dit allez à demain.

  • Speaker #1

    C'était une anecdote qui montre que tout de suite il y a eu le lien.

  • Speaker #0

    Effectivement, il y a eu un lien, il y a eu cette connexion entre lui et moi qui s'est faite d'entrée de jeu. Mais je pense qu'il fait connexion avec beaucoup de monde ce cheval, il est tellement adorable. Mais j'ai la chance d'avoir la primaire.

  • Speaker #1

    Il vous a donc emmené à Tokyo au Japon pour les Jeux Paralympiques 2021. Particulier forcément parce qu'à huis clos ça reste quand même un bon souvenir ?

  • Speaker #0

    Oui ça reste un très bon souvenir. C'était un cheval qui a fait les Jeux quand même à 8 ans. Ça n'a pas été tout simple. On découvrait aussi un petit peu le cheval. On ne connaissait pas encore très bien le cheval, son mode de fonctionnement. Et puis quoi qu'on en dise, Tokyo... La piste n'était pas simple à monter dans le sens où il n'y avait personne comme vous le disiez dans les tribunes et que le moindre bruit était un échappatoire possible aux chevaux à leur concentration. Et j'ai eu du bruit à un moment donné, c'était une petite faute qui m'a mis juste à la porte de la freestyle. Voilà exactement, mais le cheval... Depuis qu'on court ces échéances, championnats d'Europe, du monde et les Jeux, il grandit toujours derrière ces échéances et progresse tout le temps. Donc là, j'espère qu'il est dans sa dernière étape de progression. Parce que Paris, c'est un but. J'y pense depuis que j'ai pris la route pour aller le chercher en Allemagne.

  • Speaker #1

    On vous sent très impatient d'y être. Ce niveau d'adrénaline, justement, votre souvenir de l'adrénaline que vous aviez avant de monter en course, quand vous étiez jockey, Vladimir, et celui maintenant, avant de dérouler une reprise dans une grosse compétition. Il y a des similitudes entre ces deux univers ?

  • Speaker #0

    Les attentes sont les mêmes, il faut gagner. Les attentes, c'est la même, il faut gagner. Mais j'ai toujours dit que le dressage était la discipline la plus... compliqué que j'ai pu monter. C'est vraiment ce qui m'a coûté le plus. Alors je pensais qu'effectivement... Ma puissance et autres, ma robustesse, mon état d'esprit un peu casse-cou allait être facilitant pour le dressage, mais en fait pas du tout. Donc on est sur des univers différents, mais je dirais que l'objectif est le même, l'objectif c'est de gagner. Aujourd'hui,

  • Speaker #1

    comment avez-vous pu vous réveiller dans le monde de la course ? A quoi ressemble la vie de Vladimir Vinchon, cavalier de paradressage à quelques jours des Jeux paralympiques ? Votre vie au quotidien, c'est quoi ? C'est que de l'entraînement à temps plein ? Vous travaillez aussi, vous avez un emploi à côté.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, j'ai un emploi. Je suis resté, je suis agent Enedis. J'ai souhaité conserver un mi-temps parce que je suis arrivé chez Marina Caplin-Saint-André au Hara-Chamkoy il y a un an. un petit peu plus d'un an maintenant parce que je suis arrivé en juin 2023, juste avant les championnats d'Europe. Et en fait, grâce à une CIP, un contrat d'insertion professionnelle, qui lie Enedis, la Fédération Française d'équitation, l'Agence Nationale du Sport et le CREPS des Pays de la Loire, grâce à tout ce monde-là, j'ai pu bénéficier d'un aménagement de temps de travail, d'être... détaché à 50% quasiment de mon temps de travail. Donc le lundi, pour une semaine type, le lundi je suis à Laval à travailler sur site et dans la nuit de lundi à mardi, je rentre en région parisienne. Et puis à ce moment-là, je suis en télétravail tous les matins, 8h midi, et l'après-midi est consacré au sport, la préparation mentale, donc préparation physique, natation et autres. et la montée à cheval, et les entraînements avec Marina.

  • Speaker #1

    C'est intense.

  • Speaker #0

    C'est intense. Effectivement, on m'avait proposé d'être à temps complet, mais je n'y voyais pas l'intérêt. Et puis, j'ai un métier que j'aime bien et je ne voulais pas lâcher ça comme ça. Je me suis réservé simplement un mois et demi avant les Jeux. de me retirer effectivement de mon emploi, de cet emploi du temps en tout cas de télétravail. Et puis aujourd'hui, je cours moins en fait, ma journée est moins rythmée. Et on a toujours toutes ces, comment dire, l'emploi du temps ne change pas hormis effectivement le télétravail. Donc pour moi, c'est un petit peu plus cool, ça fait du bien. et ça permet de mieux vivre et de mieux finaliser, je dirais, de mieux finaliser, on va dire, la préparation. Et tout ça également aussi grâce à EquiAction, le fonds de dotation de la Fédération française d'équitation, qui nous permet également d'avoir un appartement, un petit logement là, à côté de Chamqueuil, et puis d'avoir une aide sur la prise en charge des chevaux. Donc ça, c'est vraiment... très intéressant dans une préparation finale. Et aujourd'hui, j'ai vécu depuis un an quelque chose vraiment de... Je me sens sportif de haut niveau. J'ai vraiment l'idée d'être un sportif de haut niveau et d'être accompagné en tant que tel. Et ce que sent l'aide effectivement aussi des K-Action. et tous mes partenaires qui sont sponsors, qui m'accompagnent depuis déjà un certain nombre d'années, je n'aurais pas eu cette préparation aussi fine pour arriver avec quelques jours avec des vraies chances. Tout à fait, parce que moi je pars pour une médaille, sinon... Alors on dit toujours, ce qu'on rêve c'est une médaille, mais là aujourd'hui on est... On va dire qu'on est cinq cavaliers qui peuvent à tout moment renverser la situation. Il y a des leaders, il y a deux, trois leaders. On va dire qu'il y a trois leaders aujourd'hui et puis on est trois autres derrière, deux, trois autres qui sont là en embuscade. Mais qui aussi par moment savent devancer ces leaders. Donc ça donne encore plus de baume au cœur et d'envie de dire... Ouais, ouais. Aujourd'hui, j'y vais pour une médaille parce que voilà, il faudra que ça soit le bon jour, que la chance soit aussi de notre côté, que l'on monte bien, que le cheval soit bien, que tout soit aligné. Pour moi, les autres, ce n'est pas grave. Le principal, c'est moi.

  • Speaker #1

    Un petit point que je voulais aussi aborder avec vous, Vladimir, c'est le côté ambassadeur aussi. Vous répondez presque toujours oui à toutes les sollicitations. Je peux en témoigner pour ce podcast, mais pas que pour ce podcast. C'est quelque chose qui vous tient à cœur aussi de mettre en avant votre discipline et votre itinéraire aussi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, bien sûr, mettre en avant notre discipline, c'est vraiment comme je dis. Le sport pour tous, c'est quelque chose qui doit se transmettre. On est des ambassadeurs, on se doit aussi d'aller chercher des nouveaux cavaliers, on se doit d'être disponible, on se doit de donner de l'information, on se doit de répondre à vos sollicitations, je dirais aussi, pas à n'importe quel prix non plus. On se met dans une petite bulle à un moment donné.

  • Speaker #1

    Souvent, les athlètes handisport qui ont percé, qui ont performé dans leur discipline après leur accident de la vie, comme on dit, on leur demande par rapport à ta vie avant, etc. Et beaucoup répondent moi, aujourd'hui, ma vie d'aujourd'hui, elle me va très bien par rapport à ma vie d'avant l'accident. Vous, quel est votre état d'esprit là dessus ?

  • Speaker #0

    Je me dis que j'ai eu de la chance dans mon malheur. Donc, effectivement, je n'aurais jamais fait les Jeux Olympiques. J'ai eu un accident, j'ai la chance de faire les Jeux paralympiques. Voilà, effectivement, la réponse est la même que celle que vous entendez toujours. Mais oui, ce n'est pas une revanche sur la vie, c'est simplement que l'on essaye de persévérer. Et puis, encore une fois, c'est un dépassement de soi au quotidien. Cet état d'esprit, on l'avait avant, sinon on ne l'aurait pas maintenant. Je pense que ceux qui l'ont maintenant l'avaient déjà avant leur accident. Et puis non, on fait du sport pour se dépasser, pour être les meilleurs. Avant je vivais de ma passion et aujourd'hui je vis pour une passion. Donc c'est une grande différence parce que j'ai réussi aussi à motiver, à embarquer des gens avec moi, tous mes partenaires qui sont là aujourd'hui à mes côtés. Je ne les ai pas embarqués en allant faire du charme, mais simplement en leur présentant ce qu'était aujourd'hui cet objectif, avoir également des valeurs, leur présenter mes valeurs, qui étaient également les parallèles des valeurs d'un chef d'entreprise, d'une personne humaine qui entend et qui voit effectivement la performance puisque chaque chef d'entreprise cherche aussi la performance de son côté avec ses collaborateurs. Mais moi aujourd'hui, la performance, si je suis performant, c'est aussi grâce à tout mon entourage, mon maréchal Ferrand, mes vétérinaires et tous mes partenaires. Sans oublier surtout, parce que si aujourd'hui on est aussi performant, c'est parce que notre famille, femmes, enfants, partagent notre passion, vivent notre passion. Et puis, je pense qu'elles se sacrifient aussi. Je dis elles parce que je dis que des filles et une femme. Donc, elles se sacrifient aussi pour cette passion. Et elles sont d'autant plus heureuses pour moi et pour elles quand on performe. Et c'est vrai qu'on a tous les ans un concours international que l'on faisait au CPE de Deauville, par exemple, où mes filles sont avec moi, mon épouse également. Et c'est elle qui groume. Et ça se passe merveilleusement bien, puisque l'année dernière, on a dû remporter deux épreuves sur les trois. On est deuxième de la troisième.

  • Speaker #1

    Le témoigné, il était tiré.

  • Speaker #0

    Donc voilà, c'est quelque chose que l'on vit en famille. Et ça, ça n'a pas de prix, parce qu'effectivement, ce sacrifice et en tout cas, tout ce qu'elle m'amène, ça ne peut que me rembourser. Et puis, je ne dois surtout pas les décevoir. Quand on est ici tout seul, L'idée, ce n'est pas de se reposer et de flâner, c'est de se dire, le choix de venir ici a été aussi collégial, dans le sens où j'ai dit, on fait une parenthèse d'un an, je pars à la semaine. Il fallait aussi pouvoir le faire. Ça devient dur à la maison, en tout cas. Mon épouse gère tout, plus ce que je lui rajoute par-dessus. avec mes mails et mes compagnies parce que ça c'est pas mon fort. Mais ouais ouais ça commence à être dur. Mais j'espère leur ramener, en tout cas, je vais leur ramener une belle récompense des Jeux de Paris.

  • Speaker #1

    Écoutez, c'est parfait. Merci, Vladimir. Vous savez qu'il y a 15 000 personnes qui vont vous attendre dans les tribunes. Ça, ça va faire bizarre.

  • Speaker #0

    Mais ça, j'espère que ça va faire du bruit. Et j'espère, en tout cas, faites du bruit pour moi. Ça ne sera que bénéfique, en tout cas. Donc, n'osez pas être discret. Faites du bruit.

  • Speaker #1

    Le message est passé. Merci beaucoup, Vladimir.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

  • Speaker #2

    C'était un podcast de Grand Prix. Un très grand merci à Vladimir Vinchon. Merci à Sébastien Roulier pour son précieux soutien éditorial et à Swan de Cam, notre fidèle monteur et mixeur. Merci à vous d'avoir écouté ce podcast que vous pouvez bien évidemment partager sur les réseaux sociaux. N'hésitez pas à vous abonner et à nous soutenir par vos votes et vos commentaires sur les plateformes d'écoute. Vous pouvez évidemment y réécouter tous les épisodes précédents. Et surtout... Rendez-vous au prochain épisode de Légendes Cavalières.

  • Speaker #3

    Sous-titrage Société Radio-Canada

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Description

Dans quelques jours, au stade équestre éphémère de Versailles, Vladimir Vinchon va vivre ses troisièmes Jeux paralympiques. Trente ans tout juste après l’accident de la route qui lui avait causé l’amputation de sa jambe droite, le cavalier des Pays-de-la-Loire va fièrement représenter la France en selle sur Pégase Mayenne, un immense cheval né sous le nom de Fidertanz for Rosi. Le para-dresseur de cinquante ans est l’invité de Pascal Boutreau dans le quarante et unième épisode de Légendes cavalières, le podcast de GRANDPRIX qui vous replonge dans l’histoire des sports équestres. Avant ce long entretien, nourri d’anecdotes et de sincères confidences, un récit retrace la vie de Vladimir Vinchon, ancien jockey de courses d’obstacles qui n’aurait jamais imaginer s’épanouir sur les rectangles de dressage. Légendes cavalières revient notamment sur ses deux premières expériences paralympiques, en 2012 à Londres et 2021 à Tokyo.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est un cheval qui fait partie de la famille, on était partis avec Clara le chercher en Allemagne. Donc ça a été le premier contact familial et quand on parle effectivement d'un cheval d'une vie, je pense que j'ai mis le doigt dessus.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Légendes Cavalières, le podcast de Grand Prix qui vous replonge dans l'histoire des sports équestres. Je suis Pascal Boutreau, journaliste passionné par l'histoire du sport. Les Jeux Olympiques Paris 2024 ont offert un spectacle grandiose à un public bien plus large que la sphère des amoureux de sport. Organisés dans le fabuleux écrin du parc du château de Versailles, les épreuves équestres ont elles aussi enthousiasmé spectateurs et téléspectateurs. Depuis plusieurs mois, Légende Cavalière vous a fait revivre quelques grands moments olympiques. De Pierre Durand et Japlou à l'allemand Michael Jung, sacré pour la troisième fois à Versailles. En passant par Marc Todd et Charisma, Pierre Jonquière d'Oriola, Nix Kelton et Big Star. Ou encore Simon Delestre et ses précédentes expériences olympiques. Mais les Jeux ne sont pas encore terminés. Après les Jeux olympiques, place aux Jeux paralympiques. Versailles accueillera les épreuves de paradressage. Les gens de Cavalière a souhaité consacrer son 41e épisode à cette discipline. Membre de l'équipe de France, Vladimir Vinchon participera pour la troisième fois à cet événement planétaire. Je vous propose d'aller à sa rencontre, de découvrir son histoire. L'occasion aussi de se projeter vers ces Jeux paralympiques de Paris 2024. Dans la seconde partie de ce podcast, Vladimir reviendra sur ses souvenirs de Londres et de Tokyo. N'oubliez pas de vous abonner à Légende Cavalière. C'est gratuit sur toutes les plateformes. Résilience Le mot est souvent utilisé. Il est défini comme la capacité à surmonter les chocs traumatiques. Durant les Jeux paralympiques de Paris 2024, il sera probablement l'un des plus prononcés pour caractériser des champions souvent touchés par des accidents de la vie comme l'on dit, mais qui ont trouvé la force d'écrire une suite à leur histoire et même de lui donner un nouvel élan. Le destin de Vladimir Vinchon a basculé le 1er septembre 1994. Le Mayennais est alors âgé de 20 ans. Dès ses plus jeunes années, il a découvert son amour pour les chevaux. Jockey en vue dans l'univers des courses d'obstacles, il monte pour des entraîneurs réputés comme Serge Fouché ou François Coffin. Dans une émission de Business 365, il raconte.

  • Speaker #0

    L'équitation parce que l'animal m'attirait énormément, donc j'ai voulu essayer de sympathiser un petit peu avec lui et avec cette bête assez costaud. C'est étonnant,

  • Speaker #1

    ça fait quand même des grands trucs.

  • Speaker #0

    On a commencé avec les poneys quand même.

  • Speaker #1

    Les poneys, d'abord bien évidemment, avec ses premiers cours au centre équestre près de chez lui. Très vite, il a compris qu'il voulait en faire son métier. A 15 ans, il effectue un apprentissage dans l'univers hippique en qualité de ladjockey. puis passe son CAP jockey pour obtenir sa licence. Suivent les premières victoires sur les champs de course, au nombre de 18. La carrière de Vladimir est pleine de promesses. Mais la vie de jockey, c'est aussi de multiples déplacements, d'un hippodrome à un autre. Finir tard, rentrer vite, pour être prêt à monter à l'entraînement tôt le lendemain matin. Le 1er septembre 1994, Vladimir rentre d'une grosse réunion sur l'hippodrome de Varighem en Belgique. Il y a gagné. Sur le chemin du retour, c'est l'accident. Terrible.

  • Speaker #0

    C'est la pleine ascension. Je gagnais beaucoup de courses à cette époque-là. Et le fait de faire des voyages à droite, à gauche, la fatigue, à un moment donné, m'a un peu emporté. Et voilà, tragique, l'accident est intervenu.

  • Speaker #1

    C'était avec son voiture.

  • Speaker #0

    Je conduisais et puis bon... Petite voiture à l'époque, choc frontal avec une autre voiture, le moteur sur les jambes.

  • Speaker #1

    Le verdict tombe. Vladimir doit être amputé de sa jambe droite. Pendant des mois de rééducation, il va réapprendre à marcher en s'adaptant à sa prothèse. Nourri toutes ses premières années par l'adrénaline du sport, il tente d'abord de se lancer dans le basket-fauteuil. Il évoluera jusqu'au niveau national. Grâce au sport, il surmonte son handicap et acquiert la force de se battre, avec la volonté de rendre sa vie marquante et inoubliable, comme il le confie. Mais l'envie de remonter à cheval est toujours très présente. Il n'a pas perdu son équilibre de jockey. Après quelques petits canters matinaux et sauts de tronc d'arbre chez Philippe Cotin, son ancien entraîneur de course, Vladimir s'essaye au saut d'obstacle avec une jument prénommée 5 o'clock tigre, dénichée par un ami de l'entraîneur. Il remporte trois titres de champion de France. Quelques années plus tard, au début des années 2010, il est invité par la Fédération française d'équitation au cadre noir de Saumur pour une séance de paradressage. Pas forcément une évidence quand on est habitué à franchir des obstacles ou à lancer son cheval au grand galop. Il est alors associé à Flipperdor, un sel français auparavant monté par Maxime Collard et habitué à se produire en solo dans les spectacles du cadre. Ses a priori tombent. Une nouvelle carrière peut débuter avec, très vite, les premières sélections en équipe de France. Il remporte ses premiers succès en CPEDI 3 étoiles, puis son premier titre de champion de France. A l'occasion du CPEDI de Deauville, il est interrogé sur cette nouvelle expérience par le blog du handicap.

  • Speaker #0

    Je suis le petit dernier arrivé dans la discipline et en équipe de France. C'est super. Je dirais que les instants sont à vivre au présent. Aujourd'hui, je suis sélectionné. On fait partie, on court les championnats d'Europe. Demain, on travaillera pour autre chose, pour une autre échéance. Maintenant, on recherche une qualification pour les Jeux de 2012. Et à côté de ça, étant le petit dernier, comme vous l'aviez précisé au départ, on a un stade qui est extraordinaire. On a des cavaliers qui ont déjà un petit peu de bouteille au centre d'équipe et avec qui ça se passe très bien. Très bien intégrés, très bien accueillis. C'est super. Il y a vraiment du positif. Je dirais qu'aujourd'hui, c'était mes premiers gros internationaux. C'est le premier championnat d'Europe. Ça arrive avec un peu de stress. Je pense qu'il faut aussi passer par là pour progresser à l'avenir.

  • Speaker #1

    Le voilà même sélectionné pour ses premiers championnats d'Europe en 2011 à Morcel, en Belgique. Il y termine quatrième de la reprise individuelle et neuvième de la libre. Quelques mois plus tard, direction Londres pour ses premiers Jeux paralympiques. Dans l'un de ses journaux, France 3 Pays de la Loire lui consacre un sujet. On y retrouve Marc-André Morin, écuyé du cadre noir.

  • Speaker #0

    Vladimir Vinchon a été amputé d'une jambe suite à un accident. Il ne monte flipper d'or que depuis un an. Ce cheval, aujourd'hui âgé de 19 ans, termine sa carrière avec ce cavalier. Compétiteur,

  • Speaker #1

    Vlad et Flip se sont vite trouvés.

  • Speaker #0

    Dès qu'il quitte la maison et qu'il monte dans un camion pour partir en concours, on sait que là, il va nous donner le meilleur de lui-même. Il faut que je sois compétiteur, que ce soit à pied, à cheval, en vélo, à ski, voilà. Il faut que ça aille à ce qu'il faut que j'aille le plus vite, il faut que ça passe, il faut qu'on avance. Quand on a l'esprit de compétition, voilà, si on veut toujours aller plus loin, toujours se dépasser et atteindre en tout cas le haut niveau. Sauf que pour concourir au plus haut niveau,

  • Speaker #1

    l'ancien jockey professionnel a dû délaisser le saut d'obstacle qu'il pratiquait valide pour le dressage,

  • Speaker #0

    seule discipline en 10 sports reconnue au niveau international. D'un point de vue extérieur, effectivement, en néophyte, je trouvais ça très ennuyeux. Et je me suis vite rendu compte que c'était beaucoup plus fatigant que le saut d'obsacre. Et là, j'ai dit, bon, vive les a priori. Moi, étant, je dirais, très jeune dans la discipline, le cheval d'expérience qui m'a été confié, ça a pu harmoniser, je dirais. Vladimir a eu un très bon feeling avec le cheval, le cheval aussi d'ailleurs. Et après, le cheval aussi, ce qu'il faut savoir par rapport au handicap, c'est que le cheval est adapté à son handicap, puisque son côté souple, c'est son côté droit. Et c'est de ce côté-là où Vladimir n'a plus sa jambe droite. Donc cette compatibilité d'handicap convenait très bien.

  • Speaker #1

    Hélas, la médaille ne sera pas au rendez-vous. Loin de là même. Par équipe, la France, également représentée par José Letartre, Nathalie Bizet et Valérie Salle, prend... la 9e place. A titre individuel, Vladimir et Flipperdor terminent au 7e rang. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, le cavalier reviendra sur cette première expérience paralympique. 2013 est une année noire. D'abord, son cheval, Hino del Castegno, se blesse et le contraint à renoncer au championnat de France. Malgré tout, il profite d'un forfait pour arracher une sélection pour les championnats d'Europe à Erning. Ceux qui sacreront Roger Yves Bost et Myrtille Polois, une page d'histoire des sports équestres tricolores que vous pouvez d'ailleurs revivre dans l'épisode 6 de Légende Cavalière. Vladimir est loin de ce scénario. À la descente du camion, Beau Vébé, jument belge auparavant monté par Céline Jarny et quatrième des Jeux équestres mondiaux de Lexington, trébuche, tombe et se blesse. Le cavalier réduit au rôle de supporter. Pour les JEM de Normandie 2014, Vladimir est à nouveau sélectionné pour les épreuves de paradressage organisées sur l'hippodrome de Caen. Il est cette fois associé à Rockford 17, Hongre à Novrien, appartenant à sa coéquipière Anne-Frédérique Royon. Les résultats sont mitigés. Seulement 17e par équipe et 9e en individuel. Il ne peut se hisser jusqu'en finale individuelle. Quatre ans plus tard, le Mayennais est de retour dans un grand championnat à Troyes pour les Jeux équestres 2018. Il fait cette fois équipe avec Tarantino Fleury, un self français alors âgé de 11 ans, avec lequel il concourt en CPEDI depuis trois saisons. Le journal de TF1 lui consacre un sujet. Privé de sa jambe droite sur sa monture.

  • Speaker #0

    Son obsession,

  • Speaker #1

    c'est de trouver l'équilibre.

  • Speaker #0

    Ma jambe, aujourd'hui, ma jambe droite, elle est là. En tout cas, cet artifice m'aide dans le travail régulier de mon équitation.

  • Speaker #1

    Avec cette fine cravache, Vladimir compense son handicap. Mais le cheval y est aussi pour beaucoup. Un subtil équilibre,

  • Speaker #0

    preuve qu'il est possible de se remettre en selle,

  • Speaker #1

    quel que soit son handicap. Sur la piste, là encore, les bleus sont en retrait. Onzième par équipe, Vladimir conclut ses JEM à un modeste dixième rang en individuel. Au retour des Etats-Unis, Vladimir part à la recherche d'une nouvelle monture. En 2019, lors d'un essai en Allemagne, il est immédiatement séduit par un jeune Holden bourgeois, né en mai 2013 et nommé Fiedertanz for Rosy. Dans une vidéo tournée pour la Fédération Française d'équitation, Clara La fille de Vladimir raconte cette première rencontre. Tout de suite,

  • Speaker #0

    le feeling est venu. Tout de suite, il est venu au contact nous dire bonjour. C'était vraiment un moment touchant parce qu'on savait qu'on repartait avec. Et tout de suite, savoir que le cheval était OK de repartir avec nous, c'était exceptionnel.

  • Speaker #1

    Toujours présente aujourd'hui auprès de celui que tout le monde surnomme Fitzy, Clara définit son rôle.

  • Speaker #0

    Mon rôle auprès de Fitzy, c'est de l'accompagner au quotidien, d'en prendre soin, de s'en occuper. Je peux prendre des vacances et partir une semaine complète avec papa et Fidzi en concours.

  • Speaker #1

    Je le fais avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Quand j'arrive à me détacher parce que j'ai un métier qui me prend beaucoup de temps. On est là pour le faire tout beau,

  • Speaker #1

    pour les épreuves. Et c'est beau de voir son travail briller sur les pistes de concours. Le grand Feeder Tons for Rosie, 1m76, est devenu Pegas Mayen. L'occasion pour le cavalier de mettre en avant son département, également un soutien financier. et dont l'emblème est un Pégase, cheval ailé divin. Après quelques concours, Vladimir a compris qu'il avait mis la main sur un cheval d'exception.

  • Speaker #0

    C'est un cheval qui fait partie de la famille. On était partis avec Clara le chercher en Allemagne. Donc, ça a été le premier contact familial. Et quand on parle effectivement d'un cheval d'une vie, je pense que j'ai mis le doigt dessus.

  • Speaker #1

    En 2021, Pégase s'envole jusqu'au Japon. Pour des Jeux paralympiques disputés à huis clos, on raison de la pandémie de la Covid-19. Bilan, une sixième place par équipe, une cinquième place dans l'épreuve team et une neuvième dans le test individuel. Insuffisante pour accéder à la libre ouverte seulement aux huit meilleurs couples. Mais les grands championnats s'enchaînent. Après les Jeux de Tokyo, place au Championnat du Monde de Erning, avec notamment une sixième place dans la libre, puis au Championnat d'Europe de Riesenbeck l'été dernier. avec cette fois une quatrième place dans la libre, notée à près de 76%, le record international du couple. Depuis plusieurs mois, Vladimir, également agent Enedis, a décidé de quitter régulièrement sa Mayenne pour rejoindre le haras de Chamqueuil, dans l'Essonne. Tout y a été mis en place pour l'amener au top. Un exemple, la préparation physique du cavalier. Dans une vidéo de Mayenne TV, la coach sportive Claudine Deville explique son travail. une remise en forme cardio,

  • Speaker #0

    un travail cardiovasculaire. pouvoir mener à bien sans effort la reprise de 5-6 minutes environ. Travail musculaire,

  • Speaker #1

    renforcement musculaire, au niveau bas du corps,

  • Speaker #0

    jambes gauches exclusivement, et travail centré sur le peinage, le renforcement du haut du corps, tout en gardant en haut,

  • Speaker #1

    pouvoir maintenir les rêves de manière très détendue,

  • Speaker #0

    très souple.

  • Speaker #1

    Côté dressage, Marina Caplin-Saint-André Ainsi que sa fille, Alix Vandenberghe, tiennent également un rôle essentiel. Petit détour par le manège.

  • Speaker #0

    Encore une fois,

  • Speaker #1

    la flexion,

  • Speaker #0

    garde ta reine droite, un peu plus rassemblée.

  • Speaker #1

    Petit galop,

  • Speaker #0

    rassemble, rassemble, rassemble. Et monte, monte, garde le rythme. D'abord, c'est un beau cheval qui a une grande complicité avec son cavalier. quand même essentiel. Vladimir est quelqu'un d'assez organisé et travailleur. Le cheval a trois très bonnes allures. Il marche, il trotte, il galope. Il n'y a pas d'impasse. C'est un cheval qui est sérieux. Ça se présente très bien,

  • Speaker #1

    à mon avis. Au-delà des rectangles de dressage, Vladimir est aussi devenu un ambassadeur du paradressage. Récemment, pour les chaînes du groupe M6, il a rencontré le journaliste Xavier Demoulin, passionné d'équitation.

  • Speaker #0

    Une impression,

  • Speaker #1

    l'admiration.

  • Speaker #0

    Impressionné,

  • Speaker #1

    je relève son défi. Monté, moi aussi, enfin, essayé, avec une seule chance. L'expérience est une rencontre bouleversante. J'apprends de Vladimir beaucoup. J'admire son talent, sa volonté. Vladimir Vinchon est un homme libre, une force de la nature. Un exemple à suivre. Dans quelques jours, Vladimir Vinchon, mais aussi Lisa Seize, Alexia Pitié, Chiara Zenati et Céline Jerny, autres grandes figures du paradressage tricolore, désignées cette année comme remplaçantes, fouleront la piste du stade équestre éphémère de Versailles. Les Français y recevront sans aucun doute les plus gros encouragements de leur vie. Engagés en grade 4, Vladimir et Pegas Mayenne débuteront leur compétition le 4 septembre, tout juste 30 ans après l'accident. qui fit basculer la vie du jockey devenu aujourd'hui brillant cavalier. Histoire d'une résilience. Il est désormais temps de retrouver Vladimir Vinchon. Vladimir Vinchon, merci de nous accorder quelques instants. On est à quelques jours des Jeux paralympiques maintenant. Comment vous sentez-vous ?

  • Speaker #0

    On n'a jamais été aussi près des Jeux para. Effectivement, j'en profite encore pour la semaine dernière, fin de semaine, j'étais venu voir la grande semaine du dressage. Là, je suis venu faire un petit tour, voir les poneys. On n'est pas très loin, comme vous le disiez, du Haras-Chankoy. Et puis, ça me permet aussi de libérer mon esprit et de le garder en tout cas sans pression encore pour l'instant.

  • Speaker #1

    Alors, ce que je vous propose, c'est un petit peu la philosophie de Légende Cavalière. C'est de faire un petit retour en arrière avec le paradressage, la découverte du paradressage. On va partir de là parce que votre histoire, on la connaît. L'accident, jockey, etc. On y revient dans l'épisode juste avant. Le paradressage, comment êtes-vous tombé dedans ?

  • Speaker #0

    Le paradressage a été un concours de circonstances puisqu'auparavant on faisait également du para-CSO. Dans le para-CSO, il y avait Fanny Delaval et un ancien DTN adjoint qui m'ont proposé d'aller essayer, puisqu'il y avait un essai de 2 chevaux à l'ENE à l'époque, qui était donc Flipper d'Or et Varina ENEHN. On a été quelques cavaliers à être proposés à l'essai de ses chevaux. Après y avoir été allé, j'ai été retenu sur l'un des deux qui était flippeur d'or. Ce jour-là, son écuyer du moment n'était pas là. Il était un petit peu surpris au son retour d'avoir eu des cavaliers paras à monter sur le dos de son cheval. C'était sous la coupe de l'écuyer Philippe Limousin, donc c'était une bonne référence, mais effectivement il était un petit peu surpris de ne pas avoir été présent ce jour-là. Ça a été une entame un petit peu sportive entre nous, mais l'écuyer, pour ne pas citer Marc-André Morin, après cette petite rencontre sportive, m'a beaucoup encadré, m'a beaucoup appris et m'a appris surtout à aimer le dressage.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire, parce que quand on a fait des courses en tant que jockey, ça va vite au galop, obstacle mais galop, ça va très très vite. Et puis quand on vous parle de dressage... Le mot dressage pour un ancien jockey d'obstacle, c'est bizarre, j'ai du mal à les associer.

  • Speaker #0

    Moi aussi, je vous rassure. C'est quelque chose qui n'était pas du tout prédestiné. Maintenant, ce qui m'a vraiment emballé, c'est encore une fois le challenge, le dépassement au quotidien de la personne que je suis. Je me suis dit qu'aujourd'hui, il y a des échéances, les championnats d'Europe, du monde, les Jeux paralympiques. J'ai dit Waouh, ça fait quand même rêver tout ça ! Et puis sportivement, tout du moins. Et puis j'ai dit Mais il y en a qui arrivent. Je n'avais jamais mis les fesses sur un cheval de dressage, même si c'est un cheval, je dirais, un peu comme les autres. Mais en tout cas, dans la discipline, et encore moins sur un rectangle. Et je me suis vraiment fait la remarque de… Je crois que je vais me faire chier au milieu d'un rectangle. Je me suis dit Qu'est-ce que je vais faire ? Il faut faire des ronds, il faut faire des diagonales, il faut faire des… Je me suis dit qu'il n'y avait rien de compliqué là-dedans. Au bout de 15 jours, je me suis engagé dans quelque chose. Maintenant, je ne peux plus faire marche arrière. On va redoubler d'efforts, on va tout mettre en œuvre pour y arriver. J'étais très bien accompagné par Marc-André Morin. Comme je vous dis, il m'a fait apprécier, il m'a fait découvrir, apprécier. Je peux vous dire qu'il avait eu du boulot.

  • Speaker #1

    Il a eu beaucoup de flou.

  • Speaker #0

    Ça partait de très loin. Je suis avec ma selle de CSO quand même, à l'INE, à l'IFCE maintenant. Je suis avec ma petite selle de CSO, il m'a regardé et a fait Tu fais du dressage ? Ouais. Et ? Avec une selle de CSO, ce n'est pas possible ? Non, il faut qu'on aille vers… Bon, d'accord. Donc, on a fait appel à d'autres professionnels, en tout cas à un cellier professionnel qui n'est autre qu'Olyon Cellier. et donc qui m'a fait une selle sur mesure.

  • Speaker #1

    Alors finalement ça a été assez vite parce que le début de cette aventure, on est en 2011 à peu près et puis tout de suite des championnats d'Europe et un an après les jeux paralympiques à Londres, cette ascension elle a été assez fulgurante.

  • Speaker #0

    Elle a été fulgurante, cette ascension a été fulgurante mais effectivement ça a dû être un peu trop rapide. C'était un peu trop rapide, je pense à mon goût, malgré que j'ai engrangé beaucoup de victoires internationales pendant ces deux années, un titre de champion de France pour une première année. Moi, en tout cas, la première année en 2011, je ne sais même pas si j'avais fait les championnats de France. En tout cas, j'étais effectivement tout de suite accaparé au championnat d'Europe. En individuel, je prends une quatrième place derrière José Le Tartre, qui avait déjà une bonne vingtaine d'années d'expérience dans la discipline. je me dis waouh ça commence super bien en fait et là je dis bon allez on continue Marc-André était vraiment très enjoué sur ce fait là après voilà j'ai rencontré des difficultés de je pense de concentration des difficultés d'acquisition d'appréhension d'apprentissage en tant que jeune cavalier dans la discipline. Maintenant on m'avait associé à ce merveilleux cheval qui était flipper d'or, un cheval de métier qui avait d'ailleurs monté Maxime Collard dans des grandes échéances. Et donc je dirais que l'association jeunes cavaliers de la discipline, j'entends bien, aux cheval d'expérience a vraiment bien matché et en 2012 on prend un titre de champion de France. malgré des erreurs de parcours même d'ailleurs j'avais encore des problèmes de concentration et puis surtout une sélection pour les jeux paralympiques de Londres et alors Greenwich Park,

  • Speaker #1

    les jeux paralympiques déjà avant d'y aller on se les imagine, on fantasme parce que voilà ça sonne,

  • Speaker #0

    ça claque jeux paralympiques quand même ça claque jeux paralympiques mais la vitesse à laquelle ça a été ça n'a pas le temps de me claquer tant que ça en fait La plus grosse claque que j'ai prise, c'est en arrivant au village olympique où là j'ai commencé à regarder un petit peu autour de moi et il y avait plein de personnes en situation de handicap. J'ai dit mais en fait moi je ne suis pas handicapé, moi je dis il y a des choses, il y a des handicaps bizarres quand même et puis... Mais des handicaps, alors je dis pas bizarres, mais des handicaps dont on ne s'imagine même pas. Quand on voit, j'ai rencontré une cavalière danoise qui était amputée au tronc. Et là j'ai dit, comment elle fait pour faire du cheval cette demoiselle ? Non, non, mais voilà, et puis je me rappelle d'une chose qui m'a vraiment marqué, c'est d'être tombé en marchant au village. Je passe à côté des américains, il y en avait un qui était bi-amputé fémoral, il marchait plus vite qu'invalide, je suis là pour lui. Et puis à côté, je ne sais pas quelle nation c'était, je ne m'en souviens plus, mais un jeune homme aussi qui marchait, qui était amputé fémoral, comme moi, droit, je m'en rappelle, et il avait un bambou qui devait faire 2 mètres de long, et en fait il marchait avec ça, mais il marchait plus vite que moi encore. Je fais, en fait, ouais non, moi je ne suis pas handicapé, je n'ai rien à faire là. Et là, j'ai pris une vraie claque. J'ai pris une vraie claque et une remise en question. J'ai dit, il fallait que je me remobilise. Et ça s'est fait. Non sans mal, mais j'ai mis deux jours avant de remettre les pieds sur terre.

  • Speaker #1

    Et quel souvenir vous avez de la compétition en elle-même ?

  • Speaker #0

    Un merveilleux souvenir parce que Londres, ça a été déjà mes premiers Jeux. Et puis cet engouement des anglo-saxons pour le para-dressage, pour les disciplines para. C'est une vraie culture chez eux en fait. Et là l'engouement des bénévoles, j'ai dit waouh et aujourd'hui je vais même faire la liaison, on a été aussi bons que nos bénévoles, on a été aussi bons que les anglais. Peut-être même un peu meilleur parce que je suis un peu chauvin. Mais non, ça a été un rêve, un rêve éveillé. Et d'ailleurs, j'ai eu un petit peu de mal à redescendre. La descente a été très difficile en rentrant. Je me suis dit, j'ai vécu sur les toits du monde. J'ai vécu sur le toit du monde. Et c'est le plus beau. le plus bel événement planétaire. J'ai fait partie des plus grands sportifs de leur pays. J'ai dit waouh ! J'ai dit maintenant, il faut remettre ça Il y a eu des Jeux équestres mondiaux,

  • Speaker #1

    il y a eu des championnats d'Europe, il n'y a pas eu Rio 2016 ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas eu Rio. Mon cheval s'était blessé à l'époque. Et effectivement, il n'y a pas eu Rio. Mais derrière Rio, le cheval qui était blessé pour les Jeux était partant pour les derniers Jeux équestres mondiaux de Ryan. Exactement. Et là, Pegas Mayen était déjà présent, était déjà réserviste. Mais ouais, ouais, c'est... Un certain nombre de grandes échéances font qu'aujourd'hui, effectivement, on se sent un petit peu pilier, on se sent... Voilà, on arrive à la veille de la grande échéance des Jeux de Paris et je me sens vraiment serein. D'ailleurs, j'ai même un peu de mal à rentrer dedans, mais je pense que ça va venir. Mais j'aborde les Jeux à quelques jours maintenant, très sereinement, je n'ai aucune pression.

  • Speaker #1

    Alors parlez-nous un petit peu justement de Pegas Mayenne, de son... Petit nom d'origine, un peu plus compliqué à prononcer. Feeder Tent for Rosie. Feedsie pour les intimes.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Parlez-nous un petit peu de la rencontre. Dans Légende Cavalière, on a montré un extrait de Clara, votre fille, qui raconte un petit peu la rencontre justement. Et vous, de votre côté, comment vous avez perçu ce cheval dès la première fois ?

  • Speaker #0

    La première fois où j'ai vu le cheval, j'ai vu un cheval très imposant. J'ai vu un... Un cheval de taille moyenne, parce qu'il m'a surpris en prenant encore 8 cm derrière à l'âge de 6 ans. Mais en fait, le premier contact, la première caresse à ce cheval, quand je dis bien contact au sens propre du terme, c'est qu'on avait un cheval pareil qui était très serein, malgré le fait que je sois déjà en train de sauter avec le cheval à côté de lui. pour aller voir la détente du cavalier et du cheval. Et là, quand je suis monté dessus... Ça a été comme un livre ouvert. Il me connaissait depuis toujours. J'ai demandé tout ce que je voulais, j'ai obtenu tout ce que je voulais. Sans aucun stress, parce qu'il est d'une nature très zen, même s'il intériorise énormément. C'est un cheval d'une extrême gentillesse, d'une extrême décontraction derrière son grand gabarit. mais avec une très grosse puissance. C'était le challenge que je me suis lancé, je me suis dit ok il y a un très bon cheval par contre il est très puissant, Vlad est très puissant, ça va matcher. Mais en fait je rame derrière en fait maintenant. Donc ouais ce Feeder Tons for Rosie initialement appelé de sa naisseuse Je le compare aujourd'hui à Balou, ce petit bonhomme. de Walt Disney. C'est la force tranquille. On pourrait imaginer derrière un gros cheval comme ça, un cheval très très pâteau, et en fait il a une prestance sur le rectangle. Il est un peu nonchalant mais après ça va avec lui, c'est un petit peu le défaut de sa qualité. Mais voilà, le challenge était lancé et je me suis dit ok, on rentre. Et en rentrant, ça faisait déjà 24 heures ou 26 heures que je conduisais sans arrêt. Parce qu'on était parti de la Mayenne avec ma fille Clara pour aller chercher en Allemagne, là-bas. Et puis en rentrant, j'ai appelé Fanny Delaval, notre DTN et chef d'équipe. Je lui ai dit, tu ne connaîtrais pas une étape parce que là, je suis cuit. J'étais presque à Lille, au retour. Je lui ai dit, je suis cuit, on s'arrête. Elle m'a dit, attendez, voilà. On s'est arrêté chez une cavalière de l'équipe de France. Et là j'ai dit bon, le cheval a pris 9 ou 10 heures de route, 6 ans. Je lui ai dit je vais mettre une petite longe pour qu'il se dérouille. Et j'ai la longe en fait qui a cassé. Et là où je longeais, ce n'était pas fermé. Et là j'ai regardé, j'ai dit mon investissement va finir à plat-vente sur la route quelque part. Et je vais pleurer toute la soirée. Et il est resté là. Il m'a attendu, j'ai appelé, il est resté. J'ai raccroché, je l'ai rentré au box, j'ai remis les bandes, j'ai dit allez à demain.

  • Speaker #1

    C'était une anecdote qui montre que tout de suite il y a eu le lien.

  • Speaker #0

    Effectivement, il y a eu un lien, il y a eu cette connexion entre lui et moi qui s'est faite d'entrée de jeu. Mais je pense qu'il fait connexion avec beaucoup de monde ce cheval, il est tellement adorable. Mais j'ai la chance d'avoir la primaire.

  • Speaker #1

    Il vous a donc emmené à Tokyo au Japon pour les Jeux Paralympiques 2021. Particulier forcément parce qu'à huis clos ça reste quand même un bon souvenir ?

  • Speaker #0

    Oui ça reste un très bon souvenir. C'était un cheval qui a fait les Jeux quand même à 8 ans. Ça n'a pas été tout simple. On découvrait aussi un petit peu le cheval. On ne connaissait pas encore très bien le cheval, son mode de fonctionnement. Et puis quoi qu'on en dise, Tokyo... La piste n'était pas simple à monter dans le sens où il n'y avait personne comme vous le disiez dans les tribunes et que le moindre bruit était un échappatoire possible aux chevaux à leur concentration. Et j'ai eu du bruit à un moment donné, c'était une petite faute qui m'a mis juste à la porte de la freestyle. Voilà exactement, mais le cheval... Depuis qu'on court ces échéances, championnats d'Europe, du monde et les Jeux, il grandit toujours derrière ces échéances et progresse tout le temps. Donc là, j'espère qu'il est dans sa dernière étape de progression. Parce que Paris, c'est un but. J'y pense depuis que j'ai pris la route pour aller le chercher en Allemagne.

  • Speaker #1

    On vous sent très impatient d'y être. Ce niveau d'adrénaline, justement, votre souvenir de l'adrénaline que vous aviez avant de monter en course, quand vous étiez jockey, Vladimir, et celui maintenant, avant de dérouler une reprise dans une grosse compétition. Il y a des similitudes entre ces deux univers ?

  • Speaker #0

    Les attentes sont les mêmes, il faut gagner. Les attentes, c'est la même, il faut gagner. Mais j'ai toujours dit que le dressage était la discipline la plus... compliqué que j'ai pu monter. C'est vraiment ce qui m'a coûté le plus. Alors je pensais qu'effectivement... Ma puissance et autres, ma robustesse, mon état d'esprit un peu casse-cou allait être facilitant pour le dressage, mais en fait pas du tout. Donc on est sur des univers différents, mais je dirais que l'objectif est le même, l'objectif c'est de gagner. Aujourd'hui,

  • Speaker #1

    comment avez-vous pu vous réveiller dans le monde de la course ? A quoi ressemble la vie de Vladimir Vinchon, cavalier de paradressage à quelques jours des Jeux paralympiques ? Votre vie au quotidien, c'est quoi ? C'est que de l'entraînement à temps plein ? Vous travaillez aussi, vous avez un emploi à côté.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, j'ai un emploi. Je suis resté, je suis agent Enedis. J'ai souhaité conserver un mi-temps parce que je suis arrivé chez Marina Caplin-Saint-André au Hara-Chamkoy il y a un an. un petit peu plus d'un an maintenant parce que je suis arrivé en juin 2023, juste avant les championnats d'Europe. Et en fait, grâce à une CIP, un contrat d'insertion professionnelle, qui lie Enedis, la Fédération Française d'équitation, l'Agence Nationale du Sport et le CREPS des Pays de la Loire, grâce à tout ce monde-là, j'ai pu bénéficier d'un aménagement de temps de travail, d'être... détaché à 50% quasiment de mon temps de travail. Donc le lundi, pour une semaine type, le lundi je suis à Laval à travailler sur site et dans la nuit de lundi à mardi, je rentre en région parisienne. Et puis à ce moment-là, je suis en télétravail tous les matins, 8h midi, et l'après-midi est consacré au sport, la préparation mentale, donc préparation physique, natation et autres. et la montée à cheval, et les entraînements avec Marina.

  • Speaker #1

    C'est intense.

  • Speaker #0

    C'est intense. Effectivement, on m'avait proposé d'être à temps complet, mais je n'y voyais pas l'intérêt. Et puis, j'ai un métier que j'aime bien et je ne voulais pas lâcher ça comme ça. Je me suis réservé simplement un mois et demi avant les Jeux. de me retirer effectivement de mon emploi, de cet emploi du temps en tout cas de télétravail. Et puis aujourd'hui, je cours moins en fait, ma journée est moins rythmée. Et on a toujours toutes ces, comment dire, l'emploi du temps ne change pas hormis effectivement le télétravail. Donc pour moi, c'est un petit peu plus cool, ça fait du bien. et ça permet de mieux vivre et de mieux finaliser, je dirais, de mieux finaliser, on va dire, la préparation. Et tout ça également aussi grâce à EquiAction, le fonds de dotation de la Fédération française d'équitation, qui nous permet également d'avoir un appartement, un petit logement là, à côté de Chamqueuil, et puis d'avoir une aide sur la prise en charge des chevaux. Donc ça, c'est vraiment... très intéressant dans une préparation finale. Et aujourd'hui, j'ai vécu depuis un an quelque chose vraiment de... Je me sens sportif de haut niveau. J'ai vraiment l'idée d'être un sportif de haut niveau et d'être accompagné en tant que tel. Et ce que sent l'aide effectivement aussi des K-Action. et tous mes partenaires qui sont sponsors, qui m'accompagnent depuis déjà un certain nombre d'années, je n'aurais pas eu cette préparation aussi fine pour arriver avec quelques jours avec des vraies chances. Tout à fait, parce que moi je pars pour une médaille, sinon... Alors on dit toujours, ce qu'on rêve c'est une médaille, mais là aujourd'hui on est... On va dire qu'on est cinq cavaliers qui peuvent à tout moment renverser la situation. Il y a des leaders, il y a deux, trois leaders. On va dire qu'il y a trois leaders aujourd'hui et puis on est trois autres derrière, deux, trois autres qui sont là en embuscade. Mais qui aussi par moment savent devancer ces leaders. Donc ça donne encore plus de baume au cœur et d'envie de dire... Ouais, ouais. Aujourd'hui, j'y vais pour une médaille parce que voilà, il faudra que ça soit le bon jour, que la chance soit aussi de notre côté, que l'on monte bien, que le cheval soit bien, que tout soit aligné. Pour moi, les autres, ce n'est pas grave. Le principal, c'est moi.

  • Speaker #1

    Un petit point que je voulais aussi aborder avec vous, Vladimir, c'est le côté ambassadeur aussi. Vous répondez presque toujours oui à toutes les sollicitations. Je peux en témoigner pour ce podcast, mais pas que pour ce podcast. C'est quelque chose qui vous tient à cœur aussi de mettre en avant votre discipline et votre itinéraire aussi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, bien sûr, mettre en avant notre discipline, c'est vraiment comme je dis. Le sport pour tous, c'est quelque chose qui doit se transmettre. On est des ambassadeurs, on se doit aussi d'aller chercher des nouveaux cavaliers, on se doit d'être disponible, on se doit de donner de l'information, on se doit de répondre à vos sollicitations, je dirais aussi, pas à n'importe quel prix non plus. On se met dans une petite bulle à un moment donné.

  • Speaker #1

    Souvent, les athlètes handisport qui ont percé, qui ont performé dans leur discipline après leur accident de la vie, comme on dit, on leur demande par rapport à ta vie avant, etc. Et beaucoup répondent moi, aujourd'hui, ma vie d'aujourd'hui, elle me va très bien par rapport à ma vie d'avant l'accident. Vous, quel est votre état d'esprit là dessus ?

  • Speaker #0

    Je me dis que j'ai eu de la chance dans mon malheur. Donc, effectivement, je n'aurais jamais fait les Jeux Olympiques. J'ai eu un accident, j'ai la chance de faire les Jeux paralympiques. Voilà, effectivement, la réponse est la même que celle que vous entendez toujours. Mais oui, ce n'est pas une revanche sur la vie, c'est simplement que l'on essaye de persévérer. Et puis, encore une fois, c'est un dépassement de soi au quotidien. Cet état d'esprit, on l'avait avant, sinon on ne l'aurait pas maintenant. Je pense que ceux qui l'ont maintenant l'avaient déjà avant leur accident. Et puis non, on fait du sport pour se dépasser, pour être les meilleurs. Avant je vivais de ma passion et aujourd'hui je vis pour une passion. Donc c'est une grande différence parce que j'ai réussi aussi à motiver, à embarquer des gens avec moi, tous mes partenaires qui sont là aujourd'hui à mes côtés. Je ne les ai pas embarqués en allant faire du charme, mais simplement en leur présentant ce qu'était aujourd'hui cet objectif, avoir également des valeurs, leur présenter mes valeurs, qui étaient également les parallèles des valeurs d'un chef d'entreprise, d'une personne humaine qui entend et qui voit effectivement la performance puisque chaque chef d'entreprise cherche aussi la performance de son côté avec ses collaborateurs. Mais moi aujourd'hui, la performance, si je suis performant, c'est aussi grâce à tout mon entourage, mon maréchal Ferrand, mes vétérinaires et tous mes partenaires. Sans oublier surtout, parce que si aujourd'hui on est aussi performant, c'est parce que notre famille, femmes, enfants, partagent notre passion, vivent notre passion. Et puis, je pense qu'elles se sacrifient aussi. Je dis elles parce que je dis que des filles et une femme. Donc, elles se sacrifient aussi pour cette passion. Et elles sont d'autant plus heureuses pour moi et pour elles quand on performe. Et c'est vrai qu'on a tous les ans un concours international que l'on faisait au CPE de Deauville, par exemple, où mes filles sont avec moi, mon épouse également. Et c'est elle qui groume. Et ça se passe merveilleusement bien, puisque l'année dernière, on a dû remporter deux épreuves sur les trois. On est deuxième de la troisième.

  • Speaker #1

    Le témoigné, il était tiré.

  • Speaker #0

    Donc voilà, c'est quelque chose que l'on vit en famille. Et ça, ça n'a pas de prix, parce qu'effectivement, ce sacrifice et en tout cas, tout ce qu'elle m'amène, ça ne peut que me rembourser. Et puis, je ne dois surtout pas les décevoir. Quand on est ici tout seul, L'idée, ce n'est pas de se reposer et de flâner, c'est de se dire, le choix de venir ici a été aussi collégial, dans le sens où j'ai dit, on fait une parenthèse d'un an, je pars à la semaine. Il fallait aussi pouvoir le faire. Ça devient dur à la maison, en tout cas. Mon épouse gère tout, plus ce que je lui rajoute par-dessus. avec mes mails et mes compagnies parce que ça c'est pas mon fort. Mais ouais ouais ça commence à être dur. Mais j'espère leur ramener, en tout cas, je vais leur ramener une belle récompense des Jeux de Paris.

  • Speaker #1

    Écoutez, c'est parfait. Merci, Vladimir. Vous savez qu'il y a 15 000 personnes qui vont vous attendre dans les tribunes. Ça, ça va faire bizarre.

  • Speaker #0

    Mais ça, j'espère que ça va faire du bruit. Et j'espère, en tout cas, faites du bruit pour moi. Ça ne sera que bénéfique, en tout cas. Donc, n'osez pas être discret. Faites du bruit.

  • Speaker #1

    Le message est passé. Merci beaucoup, Vladimir.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

  • Speaker #2

    C'était un podcast de Grand Prix. Un très grand merci à Vladimir Vinchon. Merci à Sébastien Roulier pour son précieux soutien éditorial et à Swan de Cam, notre fidèle monteur et mixeur. Merci à vous d'avoir écouté ce podcast que vous pouvez bien évidemment partager sur les réseaux sociaux. N'hésitez pas à vous abonner et à nous soutenir par vos votes et vos commentaires sur les plateformes d'écoute. Vous pouvez évidemment y réécouter tous les épisodes précédents. Et surtout... Rendez-vous au prochain épisode de Légendes Cavalières.

  • Speaker #3

    Sous-titrage Société Radio-Canada

Description

Dans quelques jours, au stade équestre éphémère de Versailles, Vladimir Vinchon va vivre ses troisièmes Jeux paralympiques. Trente ans tout juste après l’accident de la route qui lui avait causé l’amputation de sa jambe droite, le cavalier des Pays-de-la-Loire va fièrement représenter la France en selle sur Pégase Mayenne, un immense cheval né sous le nom de Fidertanz for Rosi. Le para-dresseur de cinquante ans est l’invité de Pascal Boutreau dans le quarante et unième épisode de Légendes cavalières, le podcast de GRANDPRIX qui vous replonge dans l’histoire des sports équestres. Avant ce long entretien, nourri d’anecdotes et de sincères confidences, un récit retrace la vie de Vladimir Vinchon, ancien jockey de courses d’obstacles qui n’aurait jamais imaginer s’épanouir sur les rectangles de dressage. Légendes cavalières revient notamment sur ses deux premières expériences paralympiques, en 2012 à Londres et 2021 à Tokyo.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est un cheval qui fait partie de la famille, on était partis avec Clara le chercher en Allemagne. Donc ça a été le premier contact familial et quand on parle effectivement d'un cheval d'une vie, je pense que j'ai mis le doigt dessus.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Légendes Cavalières, le podcast de Grand Prix qui vous replonge dans l'histoire des sports équestres. Je suis Pascal Boutreau, journaliste passionné par l'histoire du sport. Les Jeux Olympiques Paris 2024 ont offert un spectacle grandiose à un public bien plus large que la sphère des amoureux de sport. Organisés dans le fabuleux écrin du parc du château de Versailles, les épreuves équestres ont elles aussi enthousiasmé spectateurs et téléspectateurs. Depuis plusieurs mois, Légende Cavalière vous a fait revivre quelques grands moments olympiques. De Pierre Durand et Japlou à l'allemand Michael Jung, sacré pour la troisième fois à Versailles. En passant par Marc Todd et Charisma, Pierre Jonquière d'Oriola, Nix Kelton et Big Star. Ou encore Simon Delestre et ses précédentes expériences olympiques. Mais les Jeux ne sont pas encore terminés. Après les Jeux olympiques, place aux Jeux paralympiques. Versailles accueillera les épreuves de paradressage. Les gens de Cavalière a souhaité consacrer son 41e épisode à cette discipline. Membre de l'équipe de France, Vladimir Vinchon participera pour la troisième fois à cet événement planétaire. Je vous propose d'aller à sa rencontre, de découvrir son histoire. L'occasion aussi de se projeter vers ces Jeux paralympiques de Paris 2024. Dans la seconde partie de ce podcast, Vladimir reviendra sur ses souvenirs de Londres et de Tokyo. N'oubliez pas de vous abonner à Légende Cavalière. C'est gratuit sur toutes les plateformes. Résilience Le mot est souvent utilisé. Il est défini comme la capacité à surmonter les chocs traumatiques. Durant les Jeux paralympiques de Paris 2024, il sera probablement l'un des plus prononcés pour caractériser des champions souvent touchés par des accidents de la vie comme l'on dit, mais qui ont trouvé la force d'écrire une suite à leur histoire et même de lui donner un nouvel élan. Le destin de Vladimir Vinchon a basculé le 1er septembre 1994. Le Mayennais est alors âgé de 20 ans. Dès ses plus jeunes années, il a découvert son amour pour les chevaux. Jockey en vue dans l'univers des courses d'obstacles, il monte pour des entraîneurs réputés comme Serge Fouché ou François Coffin. Dans une émission de Business 365, il raconte.

  • Speaker #0

    L'équitation parce que l'animal m'attirait énormément, donc j'ai voulu essayer de sympathiser un petit peu avec lui et avec cette bête assez costaud. C'est étonnant,

  • Speaker #1

    ça fait quand même des grands trucs.

  • Speaker #0

    On a commencé avec les poneys quand même.

  • Speaker #1

    Les poneys, d'abord bien évidemment, avec ses premiers cours au centre équestre près de chez lui. Très vite, il a compris qu'il voulait en faire son métier. A 15 ans, il effectue un apprentissage dans l'univers hippique en qualité de ladjockey. puis passe son CAP jockey pour obtenir sa licence. Suivent les premières victoires sur les champs de course, au nombre de 18. La carrière de Vladimir est pleine de promesses. Mais la vie de jockey, c'est aussi de multiples déplacements, d'un hippodrome à un autre. Finir tard, rentrer vite, pour être prêt à monter à l'entraînement tôt le lendemain matin. Le 1er septembre 1994, Vladimir rentre d'une grosse réunion sur l'hippodrome de Varighem en Belgique. Il y a gagné. Sur le chemin du retour, c'est l'accident. Terrible.

  • Speaker #0

    C'est la pleine ascension. Je gagnais beaucoup de courses à cette époque-là. Et le fait de faire des voyages à droite, à gauche, la fatigue, à un moment donné, m'a un peu emporté. Et voilà, tragique, l'accident est intervenu.

  • Speaker #1

    C'était avec son voiture.

  • Speaker #0

    Je conduisais et puis bon... Petite voiture à l'époque, choc frontal avec une autre voiture, le moteur sur les jambes.

  • Speaker #1

    Le verdict tombe. Vladimir doit être amputé de sa jambe droite. Pendant des mois de rééducation, il va réapprendre à marcher en s'adaptant à sa prothèse. Nourri toutes ses premières années par l'adrénaline du sport, il tente d'abord de se lancer dans le basket-fauteuil. Il évoluera jusqu'au niveau national. Grâce au sport, il surmonte son handicap et acquiert la force de se battre, avec la volonté de rendre sa vie marquante et inoubliable, comme il le confie. Mais l'envie de remonter à cheval est toujours très présente. Il n'a pas perdu son équilibre de jockey. Après quelques petits canters matinaux et sauts de tronc d'arbre chez Philippe Cotin, son ancien entraîneur de course, Vladimir s'essaye au saut d'obstacle avec une jument prénommée 5 o'clock tigre, dénichée par un ami de l'entraîneur. Il remporte trois titres de champion de France. Quelques années plus tard, au début des années 2010, il est invité par la Fédération française d'équitation au cadre noir de Saumur pour une séance de paradressage. Pas forcément une évidence quand on est habitué à franchir des obstacles ou à lancer son cheval au grand galop. Il est alors associé à Flipperdor, un sel français auparavant monté par Maxime Collard et habitué à se produire en solo dans les spectacles du cadre. Ses a priori tombent. Une nouvelle carrière peut débuter avec, très vite, les premières sélections en équipe de France. Il remporte ses premiers succès en CPEDI 3 étoiles, puis son premier titre de champion de France. A l'occasion du CPEDI de Deauville, il est interrogé sur cette nouvelle expérience par le blog du handicap.

  • Speaker #0

    Je suis le petit dernier arrivé dans la discipline et en équipe de France. C'est super. Je dirais que les instants sont à vivre au présent. Aujourd'hui, je suis sélectionné. On fait partie, on court les championnats d'Europe. Demain, on travaillera pour autre chose, pour une autre échéance. Maintenant, on recherche une qualification pour les Jeux de 2012. Et à côté de ça, étant le petit dernier, comme vous l'aviez précisé au départ, on a un stade qui est extraordinaire. On a des cavaliers qui ont déjà un petit peu de bouteille au centre d'équipe et avec qui ça se passe très bien. Très bien intégrés, très bien accueillis. C'est super. Il y a vraiment du positif. Je dirais qu'aujourd'hui, c'était mes premiers gros internationaux. C'est le premier championnat d'Europe. Ça arrive avec un peu de stress. Je pense qu'il faut aussi passer par là pour progresser à l'avenir.

  • Speaker #1

    Le voilà même sélectionné pour ses premiers championnats d'Europe en 2011 à Morcel, en Belgique. Il y termine quatrième de la reprise individuelle et neuvième de la libre. Quelques mois plus tard, direction Londres pour ses premiers Jeux paralympiques. Dans l'un de ses journaux, France 3 Pays de la Loire lui consacre un sujet. On y retrouve Marc-André Morin, écuyé du cadre noir.

  • Speaker #0

    Vladimir Vinchon a été amputé d'une jambe suite à un accident. Il ne monte flipper d'or que depuis un an. Ce cheval, aujourd'hui âgé de 19 ans, termine sa carrière avec ce cavalier. Compétiteur,

  • Speaker #1

    Vlad et Flip se sont vite trouvés.

  • Speaker #0

    Dès qu'il quitte la maison et qu'il monte dans un camion pour partir en concours, on sait que là, il va nous donner le meilleur de lui-même. Il faut que je sois compétiteur, que ce soit à pied, à cheval, en vélo, à ski, voilà. Il faut que ça aille à ce qu'il faut que j'aille le plus vite, il faut que ça passe, il faut qu'on avance. Quand on a l'esprit de compétition, voilà, si on veut toujours aller plus loin, toujours se dépasser et atteindre en tout cas le haut niveau. Sauf que pour concourir au plus haut niveau,

  • Speaker #1

    l'ancien jockey professionnel a dû délaisser le saut d'obstacle qu'il pratiquait valide pour le dressage,

  • Speaker #0

    seule discipline en 10 sports reconnue au niveau international. D'un point de vue extérieur, effectivement, en néophyte, je trouvais ça très ennuyeux. Et je me suis vite rendu compte que c'était beaucoup plus fatigant que le saut d'obsacre. Et là, j'ai dit, bon, vive les a priori. Moi, étant, je dirais, très jeune dans la discipline, le cheval d'expérience qui m'a été confié, ça a pu harmoniser, je dirais. Vladimir a eu un très bon feeling avec le cheval, le cheval aussi d'ailleurs. Et après, le cheval aussi, ce qu'il faut savoir par rapport au handicap, c'est que le cheval est adapté à son handicap, puisque son côté souple, c'est son côté droit. Et c'est de ce côté-là où Vladimir n'a plus sa jambe droite. Donc cette compatibilité d'handicap convenait très bien.

  • Speaker #1

    Hélas, la médaille ne sera pas au rendez-vous. Loin de là même. Par équipe, la France, également représentée par José Letartre, Nathalie Bizet et Valérie Salle, prend... la 9e place. A titre individuel, Vladimir et Flipperdor terminent au 7e rang. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, le cavalier reviendra sur cette première expérience paralympique. 2013 est une année noire. D'abord, son cheval, Hino del Castegno, se blesse et le contraint à renoncer au championnat de France. Malgré tout, il profite d'un forfait pour arracher une sélection pour les championnats d'Europe à Erning. Ceux qui sacreront Roger Yves Bost et Myrtille Polois, une page d'histoire des sports équestres tricolores que vous pouvez d'ailleurs revivre dans l'épisode 6 de Légende Cavalière. Vladimir est loin de ce scénario. À la descente du camion, Beau Vébé, jument belge auparavant monté par Céline Jarny et quatrième des Jeux équestres mondiaux de Lexington, trébuche, tombe et se blesse. Le cavalier réduit au rôle de supporter. Pour les JEM de Normandie 2014, Vladimir est à nouveau sélectionné pour les épreuves de paradressage organisées sur l'hippodrome de Caen. Il est cette fois associé à Rockford 17, Hongre à Novrien, appartenant à sa coéquipière Anne-Frédérique Royon. Les résultats sont mitigés. Seulement 17e par équipe et 9e en individuel. Il ne peut se hisser jusqu'en finale individuelle. Quatre ans plus tard, le Mayennais est de retour dans un grand championnat à Troyes pour les Jeux équestres 2018. Il fait cette fois équipe avec Tarantino Fleury, un self français alors âgé de 11 ans, avec lequel il concourt en CPEDI depuis trois saisons. Le journal de TF1 lui consacre un sujet. Privé de sa jambe droite sur sa monture.

  • Speaker #0

    Son obsession,

  • Speaker #1

    c'est de trouver l'équilibre.

  • Speaker #0

    Ma jambe, aujourd'hui, ma jambe droite, elle est là. En tout cas, cet artifice m'aide dans le travail régulier de mon équitation.

  • Speaker #1

    Avec cette fine cravache, Vladimir compense son handicap. Mais le cheval y est aussi pour beaucoup. Un subtil équilibre,

  • Speaker #0

    preuve qu'il est possible de se remettre en selle,

  • Speaker #1

    quel que soit son handicap. Sur la piste, là encore, les bleus sont en retrait. Onzième par équipe, Vladimir conclut ses JEM à un modeste dixième rang en individuel. Au retour des Etats-Unis, Vladimir part à la recherche d'une nouvelle monture. En 2019, lors d'un essai en Allemagne, il est immédiatement séduit par un jeune Holden bourgeois, né en mai 2013 et nommé Fiedertanz for Rosy. Dans une vidéo tournée pour la Fédération Française d'équitation, Clara La fille de Vladimir raconte cette première rencontre. Tout de suite,

  • Speaker #0

    le feeling est venu. Tout de suite, il est venu au contact nous dire bonjour. C'était vraiment un moment touchant parce qu'on savait qu'on repartait avec. Et tout de suite, savoir que le cheval était OK de repartir avec nous, c'était exceptionnel.

  • Speaker #1

    Toujours présente aujourd'hui auprès de celui que tout le monde surnomme Fitzy, Clara définit son rôle.

  • Speaker #0

    Mon rôle auprès de Fitzy, c'est de l'accompagner au quotidien, d'en prendre soin, de s'en occuper. Je peux prendre des vacances et partir une semaine complète avec papa et Fidzi en concours.

  • Speaker #1

    Je le fais avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Quand j'arrive à me détacher parce que j'ai un métier qui me prend beaucoup de temps. On est là pour le faire tout beau,

  • Speaker #1

    pour les épreuves. Et c'est beau de voir son travail briller sur les pistes de concours. Le grand Feeder Tons for Rosie, 1m76, est devenu Pegas Mayen. L'occasion pour le cavalier de mettre en avant son département, également un soutien financier. et dont l'emblème est un Pégase, cheval ailé divin. Après quelques concours, Vladimir a compris qu'il avait mis la main sur un cheval d'exception.

  • Speaker #0

    C'est un cheval qui fait partie de la famille. On était partis avec Clara le chercher en Allemagne. Donc, ça a été le premier contact familial. Et quand on parle effectivement d'un cheval d'une vie, je pense que j'ai mis le doigt dessus.

  • Speaker #1

    En 2021, Pégase s'envole jusqu'au Japon. Pour des Jeux paralympiques disputés à huis clos, on raison de la pandémie de la Covid-19. Bilan, une sixième place par équipe, une cinquième place dans l'épreuve team et une neuvième dans le test individuel. Insuffisante pour accéder à la libre ouverte seulement aux huit meilleurs couples. Mais les grands championnats s'enchaînent. Après les Jeux de Tokyo, place au Championnat du Monde de Erning, avec notamment une sixième place dans la libre, puis au Championnat d'Europe de Riesenbeck l'été dernier. avec cette fois une quatrième place dans la libre, notée à près de 76%, le record international du couple. Depuis plusieurs mois, Vladimir, également agent Enedis, a décidé de quitter régulièrement sa Mayenne pour rejoindre le haras de Chamqueuil, dans l'Essonne. Tout y a été mis en place pour l'amener au top. Un exemple, la préparation physique du cavalier. Dans une vidéo de Mayenne TV, la coach sportive Claudine Deville explique son travail. une remise en forme cardio,

  • Speaker #0

    un travail cardiovasculaire. pouvoir mener à bien sans effort la reprise de 5-6 minutes environ. Travail musculaire,

  • Speaker #1

    renforcement musculaire, au niveau bas du corps,

  • Speaker #0

    jambes gauches exclusivement, et travail centré sur le peinage, le renforcement du haut du corps, tout en gardant en haut,

  • Speaker #1

    pouvoir maintenir les rêves de manière très détendue,

  • Speaker #0

    très souple.

  • Speaker #1

    Côté dressage, Marina Caplin-Saint-André Ainsi que sa fille, Alix Vandenberghe, tiennent également un rôle essentiel. Petit détour par le manège.

  • Speaker #0

    Encore une fois,

  • Speaker #1

    la flexion,

  • Speaker #0

    garde ta reine droite, un peu plus rassemblée.

  • Speaker #1

    Petit galop,

  • Speaker #0

    rassemble, rassemble, rassemble. Et monte, monte, garde le rythme. D'abord, c'est un beau cheval qui a une grande complicité avec son cavalier. quand même essentiel. Vladimir est quelqu'un d'assez organisé et travailleur. Le cheval a trois très bonnes allures. Il marche, il trotte, il galope. Il n'y a pas d'impasse. C'est un cheval qui est sérieux. Ça se présente très bien,

  • Speaker #1

    à mon avis. Au-delà des rectangles de dressage, Vladimir est aussi devenu un ambassadeur du paradressage. Récemment, pour les chaînes du groupe M6, il a rencontré le journaliste Xavier Demoulin, passionné d'équitation.

  • Speaker #0

    Une impression,

  • Speaker #1

    l'admiration.

  • Speaker #0

    Impressionné,

  • Speaker #1

    je relève son défi. Monté, moi aussi, enfin, essayé, avec une seule chance. L'expérience est une rencontre bouleversante. J'apprends de Vladimir beaucoup. J'admire son talent, sa volonté. Vladimir Vinchon est un homme libre, une force de la nature. Un exemple à suivre. Dans quelques jours, Vladimir Vinchon, mais aussi Lisa Seize, Alexia Pitié, Chiara Zenati et Céline Jerny, autres grandes figures du paradressage tricolore, désignées cette année comme remplaçantes, fouleront la piste du stade équestre éphémère de Versailles. Les Français y recevront sans aucun doute les plus gros encouragements de leur vie. Engagés en grade 4, Vladimir et Pegas Mayenne débuteront leur compétition le 4 septembre, tout juste 30 ans après l'accident. qui fit basculer la vie du jockey devenu aujourd'hui brillant cavalier. Histoire d'une résilience. Il est désormais temps de retrouver Vladimir Vinchon. Vladimir Vinchon, merci de nous accorder quelques instants. On est à quelques jours des Jeux paralympiques maintenant. Comment vous sentez-vous ?

  • Speaker #0

    On n'a jamais été aussi près des Jeux para. Effectivement, j'en profite encore pour la semaine dernière, fin de semaine, j'étais venu voir la grande semaine du dressage. Là, je suis venu faire un petit tour, voir les poneys. On n'est pas très loin, comme vous le disiez, du Haras-Chankoy. Et puis, ça me permet aussi de libérer mon esprit et de le garder en tout cas sans pression encore pour l'instant.

  • Speaker #1

    Alors, ce que je vous propose, c'est un petit peu la philosophie de Légende Cavalière. C'est de faire un petit retour en arrière avec le paradressage, la découverte du paradressage. On va partir de là parce que votre histoire, on la connaît. L'accident, jockey, etc. On y revient dans l'épisode juste avant. Le paradressage, comment êtes-vous tombé dedans ?

  • Speaker #0

    Le paradressage a été un concours de circonstances puisqu'auparavant on faisait également du para-CSO. Dans le para-CSO, il y avait Fanny Delaval et un ancien DTN adjoint qui m'ont proposé d'aller essayer, puisqu'il y avait un essai de 2 chevaux à l'ENE à l'époque, qui était donc Flipper d'Or et Varina ENEHN. On a été quelques cavaliers à être proposés à l'essai de ses chevaux. Après y avoir été allé, j'ai été retenu sur l'un des deux qui était flippeur d'or. Ce jour-là, son écuyer du moment n'était pas là. Il était un petit peu surpris au son retour d'avoir eu des cavaliers paras à monter sur le dos de son cheval. C'était sous la coupe de l'écuyer Philippe Limousin, donc c'était une bonne référence, mais effectivement il était un petit peu surpris de ne pas avoir été présent ce jour-là. Ça a été une entame un petit peu sportive entre nous, mais l'écuyer, pour ne pas citer Marc-André Morin, après cette petite rencontre sportive, m'a beaucoup encadré, m'a beaucoup appris et m'a appris surtout à aimer le dressage.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire, parce que quand on a fait des courses en tant que jockey, ça va vite au galop, obstacle mais galop, ça va très très vite. Et puis quand on vous parle de dressage... Le mot dressage pour un ancien jockey d'obstacle, c'est bizarre, j'ai du mal à les associer.

  • Speaker #0

    Moi aussi, je vous rassure. C'est quelque chose qui n'était pas du tout prédestiné. Maintenant, ce qui m'a vraiment emballé, c'est encore une fois le challenge, le dépassement au quotidien de la personne que je suis. Je me suis dit qu'aujourd'hui, il y a des échéances, les championnats d'Europe, du monde, les Jeux paralympiques. J'ai dit Waouh, ça fait quand même rêver tout ça ! Et puis sportivement, tout du moins. Et puis j'ai dit Mais il y en a qui arrivent. Je n'avais jamais mis les fesses sur un cheval de dressage, même si c'est un cheval, je dirais, un peu comme les autres. Mais en tout cas, dans la discipline, et encore moins sur un rectangle. Et je me suis vraiment fait la remarque de… Je crois que je vais me faire chier au milieu d'un rectangle. Je me suis dit Qu'est-ce que je vais faire ? Il faut faire des ronds, il faut faire des diagonales, il faut faire des… Je me suis dit qu'il n'y avait rien de compliqué là-dedans. Au bout de 15 jours, je me suis engagé dans quelque chose. Maintenant, je ne peux plus faire marche arrière. On va redoubler d'efforts, on va tout mettre en œuvre pour y arriver. J'étais très bien accompagné par Marc-André Morin. Comme je vous dis, il m'a fait apprécier, il m'a fait découvrir, apprécier. Je peux vous dire qu'il avait eu du boulot.

  • Speaker #1

    Il a eu beaucoup de flou.

  • Speaker #0

    Ça partait de très loin. Je suis avec ma selle de CSO quand même, à l'INE, à l'IFCE maintenant. Je suis avec ma petite selle de CSO, il m'a regardé et a fait Tu fais du dressage ? Ouais. Et ? Avec une selle de CSO, ce n'est pas possible ? Non, il faut qu'on aille vers… Bon, d'accord. Donc, on a fait appel à d'autres professionnels, en tout cas à un cellier professionnel qui n'est autre qu'Olyon Cellier. et donc qui m'a fait une selle sur mesure.

  • Speaker #1

    Alors finalement ça a été assez vite parce que le début de cette aventure, on est en 2011 à peu près et puis tout de suite des championnats d'Europe et un an après les jeux paralympiques à Londres, cette ascension elle a été assez fulgurante.

  • Speaker #0

    Elle a été fulgurante, cette ascension a été fulgurante mais effectivement ça a dû être un peu trop rapide. C'était un peu trop rapide, je pense à mon goût, malgré que j'ai engrangé beaucoup de victoires internationales pendant ces deux années, un titre de champion de France pour une première année. Moi, en tout cas, la première année en 2011, je ne sais même pas si j'avais fait les championnats de France. En tout cas, j'étais effectivement tout de suite accaparé au championnat d'Europe. En individuel, je prends une quatrième place derrière José Le Tartre, qui avait déjà une bonne vingtaine d'années d'expérience dans la discipline. je me dis waouh ça commence super bien en fait et là je dis bon allez on continue Marc-André était vraiment très enjoué sur ce fait là après voilà j'ai rencontré des difficultés de je pense de concentration des difficultés d'acquisition d'appréhension d'apprentissage en tant que jeune cavalier dans la discipline. Maintenant on m'avait associé à ce merveilleux cheval qui était flipper d'or, un cheval de métier qui avait d'ailleurs monté Maxime Collard dans des grandes échéances. Et donc je dirais que l'association jeunes cavaliers de la discipline, j'entends bien, aux cheval d'expérience a vraiment bien matché et en 2012 on prend un titre de champion de France. malgré des erreurs de parcours même d'ailleurs j'avais encore des problèmes de concentration et puis surtout une sélection pour les jeux paralympiques de Londres et alors Greenwich Park,

  • Speaker #1

    les jeux paralympiques déjà avant d'y aller on se les imagine, on fantasme parce que voilà ça sonne,

  • Speaker #0

    ça claque jeux paralympiques quand même ça claque jeux paralympiques mais la vitesse à laquelle ça a été ça n'a pas le temps de me claquer tant que ça en fait La plus grosse claque que j'ai prise, c'est en arrivant au village olympique où là j'ai commencé à regarder un petit peu autour de moi et il y avait plein de personnes en situation de handicap. J'ai dit mais en fait moi je ne suis pas handicapé, moi je dis il y a des choses, il y a des handicaps bizarres quand même et puis... Mais des handicaps, alors je dis pas bizarres, mais des handicaps dont on ne s'imagine même pas. Quand on voit, j'ai rencontré une cavalière danoise qui était amputée au tronc. Et là j'ai dit, comment elle fait pour faire du cheval cette demoiselle ? Non, non, mais voilà, et puis je me rappelle d'une chose qui m'a vraiment marqué, c'est d'être tombé en marchant au village. Je passe à côté des américains, il y en avait un qui était bi-amputé fémoral, il marchait plus vite qu'invalide, je suis là pour lui. Et puis à côté, je ne sais pas quelle nation c'était, je ne m'en souviens plus, mais un jeune homme aussi qui marchait, qui était amputé fémoral, comme moi, droit, je m'en rappelle, et il avait un bambou qui devait faire 2 mètres de long, et en fait il marchait avec ça, mais il marchait plus vite que moi encore. Je fais, en fait, ouais non, moi je ne suis pas handicapé, je n'ai rien à faire là. Et là, j'ai pris une vraie claque. J'ai pris une vraie claque et une remise en question. J'ai dit, il fallait que je me remobilise. Et ça s'est fait. Non sans mal, mais j'ai mis deux jours avant de remettre les pieds sur terre.

  • Speaker #1

    Et quel souvenir vous avez de la compétition en elle-même ?

  • Speaker #0

    Un merveilleux souvenir parce que Londres, ça a été déjà mes premiers Jeux. Et puis cet engouement des anglo-saxons pour le para-dressage, pour les disciplines para. C'est une vraie culture chez eux en fait. Et là l'engouement des bénévoles, j'ai dit waouh et aujourd'hui je vais même faire la liaison, on a été aussi bons que nos bénévoles, on a été aussi bons que les anglais. Peut-être même un peu meilleur parce que je suis un peu chauvin. Mais non, ça a été un rêve, un rêve éveillé. Et d'ailleurs, j'ai eu un petit peu de mal à redescendre. La descente a été très difficile en rentrant. Je me suis dit, j'ai vécu sur les toits du monde. J'ai vécu sur le toit du monde. Et c'est le plus beau. le plus bel événement planétaire. J'ai fait partie des plus grands sportifs de leur pays. J'ai dit waouh ! J'ai dit maintenant, il faut remettre ça Il y a eu des Jeux équestres mondiaux,

  • Speaker #1

    il y a eu des championnats d'Europe, il n'y a pas eu Rio 2016 ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas eu Rio. Mon cheval s'était blessé à l'époque. Et effectivement, il n'y a pas eu Rio. Mais derrière Rio, le cheval qui était blessé pour les Jeux était partant pour les derniers Jeux équestres mondiaux de Ryan. Exactement. Et là, Pegas Mayen était déjà présent, était déjà réserviste. Mais ouais, ouais, c'est... Un certain nombre de grandes échéances font qu'aujourd'hui, effectivement, on se sent un petit peu pilier, on se sent... Voilà, on arrive à la veille de la grande échéance des Jeux de Paris et je me sens vraiment serein. D'ailleurs, j'ai même un peu de mal à rentrer dedans, mais je pense que ça va venir. Mais j'aborde les Jeux à quelques jours maintenant, très sereinement, je n'ai aucune pression.

  • Speaker #1

    Alors parlez-nous un petit peu justement de Pegas Mayenne, de son... Petit nom d'origine, un peu plus compliqué à prononcer. Feeder Tent for Rosie. Feedsie pour les intimes.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Parlez-nous un petit peu de la rencontre. Dans Légende Cavalière, on a montré un extrait de Clara, votre fille, qui raconte un petit peu la rencontre justement. Et vous, de votre côté, comment vous avez perçu ce cheval dès la première fois ?

  • Speaker #0

    La première fois où j'ai vu le cheval, j'ai vu un cheval très imposant. J'ai vu un... Un cheval de taille moyenne, parce qu'il m'a surpris en prenant encore 8 cm derrière à l'âge de 6 ans. Mais en fait, le premier contact, la première caresse à ce cheval, quand je dis bien contact au sens propre du terme, c'est qu'on avait un cheval pareil qui était très serein, malgré le fait que je sois déjà en train de sauter avec le cheval à côté de lui. pour aller voir la détente du cavalier et du cheval. Et là, quand je suis monté dessus... Ça a été comme un livre ouvert. Il me connaissait depuis toujours. J'ai demandé tout ce que je voulais, j'ai obtenu tout ce que je voulais. Sans aucun stress, parce qu'il est d'une nature très zen, même s'il intériorise énormément. C'est un cheval d'une extrême gentillesse, d'une extrême décontraction derrière son grand gabarit. mais avec une très grosse puissance. C'était le challenge que je me suis lancé, je me suis dit ok il y a un très bon cheval par contre il est très puissant, Vlad est très puissant, ça va matcher. Mais en fait je rame derrière en fait maintenant. Donc ouais ce Feeder Tons for Rosie initialement appelé de sa naisseuse Je le compare aujourd'hui à Balou, ce petit bonhomme. de Walt Disney. C'est la force tranquille. On pourrait imaginer derrière un gros cheval comme ça, un cheval très très pâteau, et en fait il a une prestance sur le rectangle. Il est un peu nonchalant mais après ça va avec lui, c'est un petit peu le défaut de sa qualité. Mais voilà, le challenge était lancé et je me suis dit ok, on rentre. Et en rentrant, ça faisait déjà 24 heures ou 26 heures que je conduisais sans arrêt. Parce qu'on était parti de la Mayenne avec ma fille Clara pour aller chercher en Allemagne, là-bas. Et puis en rentrant, j'ai appelé Fanny Delaval, notre DTN et chef d'équipe. Je lui ai dit, tu ne connaîtrais pas une étape parce que là, je suis cuit. J'étais presque à Lille, au retour. Je lui ai dit, je suis cuit, on s'arrête. Elle m'a dit, attendez, voilà. On s'est arrêté chez une cavalière de l'équipe de France. Et là j'ai dit bon, le cheval a pris 9 ou 10 heures de route, 6 ans. Je lui ai dit je vais mettre une petite longe pour qu'il se dérouille. Et j'ai la longe en fait qui a cassé. Et là où je longeais, ce n'était pas fermé. Et là j'ai regardé, j'ai dit mon investissement va finir à plat-vente sur la route quelque part. Et je vais pleurer toute la soirée. Et il est resté là. Il m'a attendu, j'ai appelé, il est resté. J'ai raccroché, je l'ai rentré au box, j'ai remis les bandes, j'ai dit allez à demain.

  • Speaker #1

    C'était une anecdote qui montre que tout de suite il y a eu le lien.

  • Speaker #0

    Effectivement, il y a eu un lien, il y a eu cette connexion entre lui et moi qui s'est faite d'entrée de jeu. Mais je pense qu'il fait connexion avec beaucoup de monde ce cheval, il est tellement adorable. Mais j'ai la chance d'avoir la primaire.

  • Speaker #1

    Il vous a donc emmené à Tokyo au Japon pour les Jeux Paralympiques 2021. Particulier forcément parce qu'à huis clos ça reste quand même un bon souvenir ?

  • Speaker #0

    Oui ça reste un très bon souvenir. C'était un cheval qui a fait les Jeux quand même à 8 ans. Ça n'a pas été tout simple. On découvrait aussi un petit peu le cheval. On ne connaissait pas encore très bien le cheval, son mode de fonctionnement. Et puis quoi qu'on en dise, Tokyo... La piste n'était pas simple à monter dans le sens où il n'y avait personne comme vous le disiez dans les tribunes et que le moindre bruit était un échappatoire possible aux chevaux à leur concentration. Et j'ai eu du bruit à un moment donné, c'était une petite faute qui m'a mis juste à la porte de la freestyle. Voilà exactement, mais le cheval... Depuis qu'on court ces échéances, championnats d'Europe, du monde et les Jeux, il grandit toujours derrière ces échéances et progresse tout le temps. Donc là, j'espère qu'il est dans sa dernière étape de progression. Parce que Paris, c'est un but. J'y pense depuis que j'ai pris la route pour aller le chercher en Allemagne.

  • Speaker #1

    On vous sent très impatient d'y être. Ce niveau d'adrénaline, justement, votre souvenir de l'adrénaline que vous aviez avant de monter en course, quand vous étiez jockey, Vladimir, et celui maintenant, avant de dérouler une reprise dans une grosse compétition. Il y a des similitudes entre ces deux univers ?

  • Speaker #0

    Les attentes sont les mêmes, il faut gagner. Les attentes, c'est la même, il faut gagner. Mais j'ai toujours dit que le dressage était la discipline la plus... compliqué que j'ai pu monter. C'est vraiment ce qui m'a coûté le plus. Alors je pensais qu'effectivement... Ma puissance et autres, ma robustesse, mon état d'esprit un peu casse-cou allait être facilitant pour le dressage, mais en fait pas du tout. Donc on est sur des univers différents, mais je dirais que l'objectif est le même, l'objectif c'est de gagner. Aujourd'hui,

  • Speaker #1

    comment avez-vous pu vous réveiller dans le monde de la course ? A quoi ressemble la vie de Vladimir Vinchon, cavalier de paradressage à quelques jours des Jeux paralympiques ? Votre vie au quotidien, c'est quoi ? C'est que de l'entraînement à temps plein ? Vous travaillez aussi, vous avez un emploi à côté.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, j'ai un emploi. Je suis resté, je suis agent Enedis. J'ai souhaité conserver un mi-temps parce que je suis arrivé chez Marina Caplin-Saint-André au Hara-Chamkoy il y a un an. un petit peu plus d'un an maintenant parce que je suis arrivé en juin 2023, juste avant les championnats d'Europe. Et en fait, grâce à une CIP, un contrat d'insertion professionnelle, qui lie Enedis, la Fédération Française d'équitation, l'Agence Nationale du Sport et le CREPS des Pays de la Loire, grâce à tout ce monde-là, j'ai pu bénéficier d'un aménagement de temps de travail, d'être... détaché à 50% quasiment de mon temps de travail. Donc le lundi, pour une semaine type, le lundi je suis à Laval à travailler sur site et dans la nuit de lundi à mardi, je rentre en région parisienne. Et puis à ce moment-là, je suis en télétravail tous les matins, 8h midi, et l'après-midi est consacré au sport, la préparation mentale, donc préparation physique, natation et autres. et la montée à cheval, et les entraînements avec Marina.

  • Speaker #1

    C'est intense.

  • Speaker #0

    C'est intense. Effectivement, on m'avait proposé d'être à temps complet, mais je n'y voyais pas l'intérêt. Et puis, j'ai un métier que j'aime bien et je ne voulais pas lâcher ça comme ça. Je me suis réservé simplement un mois et demi avant les Jeux. de me retirer effectivement de mon emploi, de cet emploi du temps en tout cas de télétravail. Et puis aujourd'hui, je cours moins en fait, ma journée est moins rythmée. Et on a toujours toutes ces, comment dire, l'emploi du temps ne change pas hormis effectivement le télétravail. Donc pour moi, c'est un petit peu plus cool, ça fait du bien. et ça permet de mieux vivre et de mieux finaliser, je dirais, de mieux finaliser, on va dire, la préparation. Et tout ça également aussi grâce à EquiAction, le fonds de dotation de la Fédération française d'équitation, qui nous permet également d'avoir un appartement, un petit logement là, à côté de Chamqueuil, et puis d'avoir une aide sur la prise en charge des chevaux. Donc ça, c'est vraiment... très intéressant dans une préparation finale. Et aujourd'hui, j'ai vécu depuis un an quelque chose vraiment de... Je me sens sportif de haut niveau. J'ai vraiment l'idée d'être un sportif de haut niveau et d'être accompagné en tant que tel. Et ce que sent l'aide effectivement aussi des K-Action. et tous mes partenaires qui sont sponsors, qui m'accompagnent depuis déjà un certain nombre d'années, je n'aurais pas eu cette préparation aussi fine pour arriver avec quelques jours avec des vraies chances. Tout à fait, parce que moi je pars pour une médaille, sinon... Alors on dit toujours, ce qu'on rêve c'est une médaille, mais là aujourd'hui on est... On va dire qu'on est cinq cavaliers qui peuvent à tout moment renverser la situation. Il y a des leaders, il y a deux, trois leaders. On va dire qu'il y a trois leaders aujourd'hui et puis on est trois autres derrière, deux, trois autres qui sont là en embuscade. Mais qui aussi par moment savent devancer ces leaders. Donc ça donne encore plus de baume au cœur et d'envie de dire... Ouais, ouais. Aujourd'hui, j'y vais pour une médaille parce que voilà, il faudra que ça soit le bon jour, que la chance soit aussi de notre côté, que l'on monte bien, que le cheval soit bien, que tout soit aligné. Pour moi, les autres, ce n'est pas grave. Le principal, c'est moi.

  • Speaker #1

    Un petit point que je voulais aussi aborder avec vous, Vladimir, c'est le côté ambassadeur aussi. Vous répondez presque toujours oui à toutes les sollicitations. Je peux en témoigner pour ce podcast, mais pas que pour ce podcast. C'est quelque chose qui vous tient à cœur aussi de mettre en avant votre discipline et votre itinéraire aussi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, bien sûr, mettre en avant notre discipline, c'est vraiment comme je dis. Le sport pour tous, c'est quelque chose qui doit se transmettre. On est des ambassadeurs, on se doit aussi d'aller chercher des nouveaux cavaliers, on se doit d'être disponible, on se doit de donner de l'information, on se doit de répondre à vos sollicitations, je dirais aussi, pas à n'importe quel prix non plus. On se met dans une petite bulle à un moment donné.

  • Speaker #1

    Souvent, les athlètes handisport qui ont percé, qui ont performé dans leur discipline après leur accident de la vie, comme on dit, on leur demande par rapport à ta vie avant, etc. Et beaucoup répondent moi, aujourd'hui, ma vie d'aujourd'hui, elle me va très bien par rapport à ma vie d'avant l'accident. Vous, quel est votre état d'esprit là dessus ?

  • Speaker #0

    Je me dis que j'ai eu de la chance dans mon malheur. Donc, effectivement, je n'aurais jamais fait les Jeux Olympiques. J'ai eu un accident, j'ai la chance de faire les Jeux paralympiques. Voilà, effectivement, la réponse est la même que celle que vous entendez toujours. Mais oui, ce n'est pas une revanche sur la vie, c'est simplement que l'on essaye de persévérer. Et puis, encore une fois, c'est un dépassement de soi au quotidien. Cet état d'esprit, on l'avait avant, sinon on ne l'aurait pas maintenant. Je pense que ceux qui l'ont maintenant l'avaient déjà avant leur accident. Et puis non, on fait du sport pour se dépasser, pour être les meilleurs. Avant je vivais de ma passion et aujourd'hui je vis pour une passion. Donc c'est une grande différence parce que j'ai réussi aussi à motiver, à embarquer des gens avec moi, tous mes partenaires qui sont là aujourd'hui à mes côtés. Je ne les ai pas embarqués en allant faire du charme, mais simplement en leur présentant ce qu'était aujourd'hui cet objectif, avoir également des valeurs, leur présenter mes valeurs, qui étaient également les parallèles des valeurs d'un chef d'entreprise, d'une personne humaine qui entend et qui voit effectivement la performance puisque chaque chef d'entreprise cherche aussi la performance de son côté avec ses collaborateurs. Mais moi aujourd'hui, la performance, si je suis performant, c'est aussi grâce à tout mon entourage, mon maréchal Ferrand, mes vétérinaires et tous mes partenaires. Sans oublier surtout, parce que si aujourd'hui on est aussi performant, c'est parce que notre famille, femmes, enfants, partagent notre passion, vivent notre passion. Et puis, je pense qu'elles se sacrifient aussi. Je dis elles parce que je dis que des filles et une femme. Donc, elles se sacrifient aussi pour cette passion. Et elles sont d'autant plus heureuses pour moi et pour elles quand on performe. Et c'est vrai qu'on a tous les ans un concours international que l'on faisait au CPE de Deauville, par exemple, où mes filles sont avec moi, mon épouse également. Et c'est elle qui groume. Et ça se passe merveilleusement bien, puisque l'année dernière, on a dû remporter deux épreuves sur les trois. On est deuxième de la troisième.

  • Speaker #1

    Le témoigné, il était tiré.

  • Speaker #0

    Donc voilà, c'est quelque chose que l'on vit en famille. Et ça, ça n'a pas de prix, parce qu'effectivement, ce sacrifice et en tout cas, tout ce qu'elle m'amène, ça ne peut que me rembourser. Et puis, je ne dois surtout pas les décevoir. Quand on est ici tout seul, L'idée, ce n'est pas de se reposer et de flâner, c'est de se dire, le choix de venir ici a été aussi collégial, dans le sens où j'ai dit, on fait une parenthèse d'un an, je pars à la semaine. Il fallait aussi pouvoir le faire. Ça devient dur à la maison, en tout cas. Mon épouse gère tout, plus ce que je lui rajoute par-dessus. avec mes mails et mes compagnies parce que ça c'est pas mon fort. Mais ouais ouais ça commence à être dur. Mais j'espère leur ramener, en tout cas, je vais leur ramener une belle récompense des Jeux de Paris.

  • Speaker #1

    Écoutez, c'est parfait. Merci, Vladimir. Vous savez qu'il y a 15 000 personnes qui vont vous attendre dans les tribunes. Ça, ça va faire bizarre.

  • Speaker #0

    Mais ça, j'espère que ça va faire du bruit. Et j'espère, en tout cas, faites du bruit pour moi. Ça ne sera que bénéfique, en tout cas. Donc, n'osez pas être discret. Faites du bruit.

  • Speaker #1

    Le message est passé. Merci beaucoup, Vladimir.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

  • Speaker #2

    C'était un podcast de Grand Prix. Un très grand merci à Vladimir Vinchon. Merci à Sébastien Roulier pour son précieux soutien éditorial et à Swan de Cam, notre fidèle monteur et mixeur. Merci à vous d'avoir écouté ce podcast que vous pouvez bien évidemment partager sur les réseaux sociaux. N'hésitez pas à vous abonner et à nous soutenir par vos votes et vos commentaires sur les plateformes d'écoute. Vous pouvez évidemment y réécouter tous les épisodes précédents. Et surtout... Rendez-vous au prochain épisode de Légendes Cavalières.

  • Speaker #3

    Sous-titrage Société Radio-Canada

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