Speaker #0Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du journal d'une agoraphobe. Dans ce podcast, je partage mon parcours d'ancienne agoraphobe. Je ne suis ni médecin ni thérapeute, mais si mon humble expérience peut offrir quelques pistes à certains d'entre vous et contribuer à libérer la parole sur un sujet qui stigmatise encore trop de personnes, eh bien, mission accomplie. Dans l'épisode précédent, que vous pouvez retrouver dans les notes si vous l'avez manqué, Je vous racontais à quel point je mettais toute mon énergie dans un travail sur moi. Avec mon psy, des lectures, des exercices de cohérence cardiaque, franchement, j'avais sorti l'artillerie lourde. Et même si ça allait un peu mieux, il y avait un gros hic. Je ne sortais toujours pas seule de chez moi. J'allais mieux soit, mais le fond du problème était toujours présent puisque finalement, je ne sortais toujours pas de chez moi. Alors oui, j'apprenais plein de choses. Ça, c'est vrai. Et franchement, c'était même un peu surprenant parfois, mais concrètement, impossible de mettre le nez dehors sans qu'un cas à mes côtés. En d'autres termes, aucun problème avec la théorie, mais en ce qui concerne la pratique, on est loin du con. La semaine dernière, nous avons évoqué également une idée un peu dérangeante qui est, et si cette résistance à sortir seule, c'était peur de guérir. Parce qu'il faut être honnête. Quand on est malade, les gens s'occupent de nous. Ils appellent, nous soutiennent. Et si je guéris, est-ce que je vais me retrouver toute seule ? C'est dur à avouer, mais cette question, inconsciemment, je me la suis posée tous les jours. Et c'est aussi pour ça que j'ai lancé ce podcast. Pour parler de ces trucs qu'on n'ose pas dire, mais qui méritent d'être entendus. Parce que non, la guérison n'est pas une erreur. On ne guérit pas d'un problème de santé mentale. comme on guérit d'une grippe ou d'une angine. Avec un protocole bien rodé, un doliprane toutes les 6 heures, et dans 3 jours, c'est terminé. En ce qui concerne un problème de santé mentale, la guérison, c'est une sacrée montagne russe. On avance, puis on se rend compte, ou on ne se rend pas compte d'ailleurs, d'un nouveau point de résistance. Et puis là, on stagne un peu avant d'avancer de nouveau. Alors, si vous accompagnez quelqu'un qui va mal, si parfois vous perdez patience ou que vous ne comprenez pas, écoutez bien. Ce n'est pas parce que la personne ne fait pas d'effort. C'est juste que certains blocages sont costauds. Ils demandent du temps. Et oui, c'est long pour vous, mais c'est encore plus long pour la personne qui n'est pas bien. Croyez-moi, ce n'est pas parce que c'est lent que le patient baisse les bras. Dans l'épisode de la semaine dernière... toujours, quand je parle d'un épisode, je vous mets les liens dans les notes, on a bien vu que malgré le fait que je ne sortais toujours pas non accompagnée de chez moi, ce n'est pas pour cela que j'ai tout abandonné. Non, la semaine dernière, nous avons vu que j'étais prête à tenter quelque chose de nouveau. Et pour cela, je me suis acheté un bel être journal. Alors là, j'étais comme une gamine avec un carnet tout neuf. Tous les matins, tous les soirs, j'ai passé une vingtaine de minutes. J'étais à fond. J'organisais ma vie, je faisais des listes à n'en plus finir, séries à voir, films à regarder, livres à lire, pays à visiter. J'écrivais mes objectifs, mes sous-objectifs, mes tout doux listes de la semaine. Bref, j'étais en mode architecte de ma vie. Et franchement, j'adorais ces moments. J'en étais presque accro, sauf que, deux semaines plus tard, grosse claque. Je reprends mes listes et là je réalise un truc pas glorieux du tout. Tout ce qui est ni urgent, ni pour quelqu'un d'autre, eh bien, n'a pas été fait. Rien, nada. Je passais du temps à planifier, mais pas à exécuter. Pas grand-chose en tout cas, même pas 20% de ce que j'écrivais. Et là, cerise sur le gâteau, je me rends compte que je déplace mes tâches non faites de jour en jour. Il y a certaines que j'ai reportées. 14 fois. Oui, vous avez bien entendu, 14 fois. Mon premier réflexe, me juger, sévèrement même, me dire « mais enfin, tu n'as que ça à faire, pourquoi tu n'y arrives pas ? » Puis, je me suis souvenue de ces lectures de développement personnel. Je comprends alors qu'il ne sert à rien de m'auto-juger, c'est même assez contre-productif. J'ai donc décidé de regarder les choses autrement. Je me suis posé une question toute simple. Qu'est-ce que je peux apprendre de ça ? Boiler, la réponse ne m'a pas plu tout de suite, parce qu'en réalité, cette procrastination, ce n'est pas nouveau chez moi. Ce truc de remettre au lendemain, je le traîne depuis toujours. J'ai souvent laissé de côté mes envies, mes projets, mes élans, et je ne m'en rendais même pas compte. Mais maintenant que je le vois, je me suis demandé pourquoi je fais ça. Alors j'ai regardé les tâches que j'ai reportées 14 fois. Et la révélation, elles avaient toutes un point en commun. Elle me faisait sortir de ma zone de confort. Ou alors, elle me demandait une confiance en moi que je n'avais pas encore complètement. Petit moment de vérité et d'humour. L'autre jour, j'étais dans la voiture d'une copine, un vrai danger public au volant. Et vous savez quoi ? Même si je conduis mieux qu'elle, je préfère monter avec elle plutôt que de conduire. Pourquoi, à votre avis ? Problème de confiance en moi. Bref, j'ai arrêté de me juger, j'ai commencé à comprendre. Oui, je procrastine, mais pas parce que je suis paresseuse ou parce que je suis un boulet. Je le fais quand une tâche me confronte à quelque chose qui me fait peur ou qui me met en insécurité. Et rien que de m'en rendre compte, ça change beaucoup de choses. C'est comme si j'avais mis le doigt sur mon propre mode de fonctionnement. Et ça, c'est une vraie prise de conscience. Et voilà comment je suis passée de l'auto-jugement à une certaine compréhension de la situation. Oui, j'ai procrastiné. J'ai procrastiné sur des choses qui me faisaient trop sortir de ma zone de confort ou sur des choses sur lesquelles je manquais de confiance en moi. C'est inconsciemment mon mode de fonctionnement. comme quoi on apprend tous les jours, même sur soi-même. Alors non, je ne vais pas me la jouer Socrate avec son « connais-toi toi-même » , mais il faut avouer que ça fait réfléchir. Parce que si on ne connaît pas son mode de fonctionnement, comment on peut espérer changer ? Et si, justement, c'est ce manque de connaissance de soi qui nous fait retomber dans les mêmes schémas encore et encore ? Et maintenant que j'ai compris ça, est-ce que je vais arrêter de procrastiner ? Ah, ça c'est une autre histoire. Et ce sera pour le prochain épisode. Ne manquez pas cela. En attendant, je vais aller profiter un peu de ce beau dimanche de printemps. Franchement, quelle chance. Merci du fond du cœur d'avoir écouté cet épisode. Si ça vous a parlé, si vous vous êtes reconnus quelque part, n'hésitez pas à me le dire, à laisser un petit commentaire, une note ou à vous abonner. Ça m'encourage. tellement à continuer à partager avec vous. J'espère que vous aussi, vous allez profiter de ce printemps et on se retrouve très vite dans un prochain épisode du Journal du Nagorafo.