Speaker #0Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du journal d'une agoraphobe. Que vous soyez un auditeur fidèle ou que ce soit votre première écoute, je suis ravie de vous accueillir ici. Dans ce podcast, je partage mon parcours d'ancienne agoraphobe. Je ne suis ni médecin ni thérapeute, mais si mon humble expérience peut offrir quelques pistes à un certain nombre d'entre vous ou contribuer à libérer la parole sur un sujet qui stigmatise encore trop de personnes, et bien... mission accomplie. Dans l'épisode précédent, je vous parlais de cette prise de conscience. J'attendais trop de l'extérieur pour aller mieux. Un psy plus génial que les autres, une méthode miracle. Et puis j'ai compris que tant que je chercherais le mouton à cinq pattes, je ne ferai que stagner. Et honnêtement, je ne peux plus me le permettre. Mis à part le fait qu'il est tout de même dommage de stagner, dans quelques mois je déménage dans un endroit qui va complètement me bousculer. Il va falloir que je sois plus autonome, que je prenne le bus, donc pas le choix. Il faut avancer. Pour ce faire, je travaille sur deux axes différents mais complémentaires. Le premier axe, l'instant présent et la méditation. Après avoir lu un livre de Christophe André, Méditer jour après jour, j'ai commencé à pratiquer la pleine conscience. L'idée, c'est d'apprendre à observer mes pensées sans jugement. Pourquoi cette pensée me traverse-t-elle maintenant ? Qu'est-ce qu'elle me fait ressentir ? C'est un exercice puissant qui me permet de mieux comprendre mes réactions, de mieux me connaître et d'être plus dans l'instant plutôt que dans l'anticipation anxieuse. Le deuxième axe, remonter aux origines, aux sources de mes angoisses. Avec ma psy, j'avais déjà pas mal creusé ce sujet mais j'essaie d'aller encore plus loin grâce à un livre de Michel Larivey, Angoisses et anxiété, les vigiles de l'équilibre mental. J'ai donc identifié trois grandes sources à mes angoisses. La première, la peur de la maladie. Quand j'étais enfant, je passais beaucoup de temps chez ma grand-mère qui avait huit frères et sœurs pour la plupart plus âgés. Forcément, avec les années, les soucis de santé se multipliaient autour d'elle et j'ai grandi dans cette atmosphère où la maladie était omniprésente. Chez nous, un simple 38 de fièvre prenait des proportions dramatiques et ça, forcément, ça laisse des traces. La deuxième source, l'angoisse du temps qui passe. Ma grand-mère me racontait souvent la guerre, l'après-guerre, et à quel point elle n'avait pas vu les années filer. Comment elle s'était retrouvée mariée, avec des enfants, puis grand-mère, sans s'en rendre compte. Petite, j'absorbais tout ça sans comprendre, mais avec du recul, je me rends compte que cette peur de voir la vie m'échapper est ancrée en moi depuis longtemps. La troisième source, la peur de la solitude. J'ai eu un énorme strabisme quand j'étais enfant, ce qui a fait de moi une cible facile pour les moqueries. Pendant des années, j'étais mise de côté, pas invitée aux anniversaires. Puis, après une opération, tout a changé. J'ai eu une vie sociale épanouie, mais visiblement ces années de solitude ont laissé des traces. Si j'avais vu un psy plus jeune, j'aurais évité bien des problèmes. J'avais une vie sociale plutôt équilibrée, avec des amis, des potes, des sorties, des voyages entre amis. Comment pouvais-je savoir que ces années avaient laissé autant de stigmates ? Et vous savez c'est quoi le plus fou dans tout ça ? En essayant de revenir aux sources de mes peurs, eh bien je me suis rendu compte que je fonçais littéralement dessus. J'ai peur de la maladie. Est-ce que je prends soin de ma santé ? Pas du tout. Je fumais comme un pompier et je mangeais n'importe comment. J'ai peur de perdre mon temps. Est-ce que je me bouge pour en profiter ? Non. J'étais une experte de la procrastination. J'ai peur de la solitude. Est-ce que je me donne une chance de construire une relation saine ? Absolument pas. J'étais attirée par des relations vouées à l'échec dès le départ, histoire de ne prendre aucun risque. Et donc, le message du jour ? On grandit tous avec un bagage qui nous appartient ou pas. Et parfois, sans s'en rendre compte, on se construit autour de ce bagage. Si j'avais pu en parler plus tôt, avec un psy par exemple, j'aurais peut-être évité bien des détours. La santé mentale manque cruellement de prévention. On est des milliers à porter des choses qui nous appartiennent ou pas. Et pour certains, ça finit à peser trop lourd. Et oui, quand on s'en rend compte, les dégâts peuvent être déjà assez considérables. On devrait tous apprendre, dès notre plus jeune âge, à se connaître. Cela éviterait bien des problèmes. Nous sommes en 2025, année de la santé mentale. J'espère que la prévention va prendre une plus grande place au sein de nos sociétés. Et voilà pour aujourd'hui. Merci d'avoir écouté cet épisode. Si ça vous a parlé, n'hésitez pas à me laisser un commentaire, une note ou à vous abonner. Votre soutien me motive à continuer ce partage avec vous. A très vite pour un nouvel épisode du Journal d'une agoraphobe.