- Speaker #0
Bienvenue au 12-14 de l'URPS Médecins libéraux, le rendez-vous de l'Organisation des soins en Ile-de-France. Une heure d'échange sur les initiatives locales qui font bouger les lignes. Aujourd'hui, le 12-14 de l'URPS est consacré aux dérives sectaires dans le domaine de la santé. Pour en parler, l'URPS Médecins a invité Donatien Levaillant, chef de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, le Dr Claire Siret, présidente de la section santé publique du Conseil national de l'Ordre des médecins, et Pascal Duval, directrice de l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu victime de secte. Les échanges sont animés par le Dr Eric Tannot, psychiatre à Paris et élu de l'URPS. RPS, Médecins libéraux, Île-de-France.
- Speaker #1
Bonjour et bienvenue dans ce podcast 12-14 sur les dérives sectaires dans le domaine de la santé. Nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui trois intervenants. Le docteur Claire Siret, présidente de la section santé publique du CNOM, qui est intervenue au nom du CNOM sur les premières assises nationales de la lutte contre les dérives sectaires en mars 2023. Et dans les suites, un rapport est paru sur les pratiques de soins non conventionnelles en juin 2023. Deuxième intervenante, madame Pascale Duval, directrice de l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu victime de secte, une ATFI qui lutte depuis 1974 contre l'emprise sectaire, et monsieur Donatien Levaillant, chef de la mission interministérielle de vigilance et de lutte, contre les dérives sectaires. Je vous remercie tous les trois. On va essayer, dans cette heure, passée ensemble, d'aborder quelques généralités sur les sectes et l'emprise sectaire, sur une confusion peut-être de plus en plus prégnante entre science et non-science, les rapports de collaboration harmonieuse entre les ordres, les associations, et la mi-vilude sur ces questions-là. Ensuite, nous aborderons les particularités dans le domaine de la santé avec une loi récente qu'on détaillera, quelques exemples de désinformation scientifique et d'emprise, et puis des éléments d'actualité éventuellement avant de conclure. Je passe la parole à M. Le Vaillant dans un premier temps, qui peut nous définir ce que c'est finalement les sectes et l'emprise sectaire.
- Speaker #2
Merci beaucoup. alors c'est vrai que le... Déjà, je suis très heureux d'être présent parmi vous pour parler de ce sujet important, puisque les dérives sectaires dans le domaine de la santé, c'est le premier secteur concerné par les dérives sectaires, d'après les analyses qu'on vient de faire et dont on vient de rendre compte dans le cadre de notre rapport d'activité qui vient d'être publié le mois dernier, et même ce mois-ci, puisqu'on n'est pas encore au mois de mai, donc au début de ce mois. Donc, vous me demandez de définir les sectes et l'emprise sectaire. Déjà, je vous dirais que nous, nous n'employons pas le mot de secte pour la raison précise que, en fait, nous visons des comportements qui peuvent être dangereux et qui, pour beaucoup d'entre eux, tombent sous le coup de la loi et on ne vise pas des groupes particuliers. Et donc, on n'est pas chargé d'ailleurs de prononcer des dissolutions de groupes, que ce soit administratifs ou sur le plan judiciaire, mais on est là pour rendre compte. des signalements qu'on reçoit sur des comportements qui sont dangereux pour les personnes, pour la famille et pour la société. Donc pour répondre à votre question, c'est que les dérives sectaires dans le domaine de la santé, elles se définissent comme n'importe quelle dérive sectaire, comme un phénomène d'emprise mentale, qui a des conséquences en termes d'atteinte aux personnes ou d'atteinte aux biens. Et dans le domaine de la santé, il y a un préjudice supplémentaire qui est évidemment l'atteinte à la santé des personnes qui peuvent être malades et qui ne se soignent plus et qui n'ont même plus conscience de devoir le faire. Donc ça c'est un enjeu extrêmement important. On pourra détailler, je ne veux pas monopoliser la parole.
- Speaker #1
Une attaque sur des personnes déjà fragilisées ?
- Speaker #2
Absolument. De notre côté, nous avons donc ces... dans le domaine de la santé, c'est 37% de nos signalements et demandes d'informations, donc plus d'un tiers, et dans un contexte où les signalements et demandes d'informations à la mi-ville, ont plus que doublé depuis 2015. On est passé à 2100 et quelques. Demande d'information et signalement, et on est à 4570 en 2024. Vous voyez que cette augmentation continue et préoccupante, plus 50% depuis 2020. Et donc, effectivement, pour répondre à votre question, inflation importante. Et ce que je peux vous dire aussi, c'est pour ça qu'il est bon que chacun soit informé, c'est que dans le domaine de la santé, nous avons... Une majorité de cinémas qui concerne le cancer, c'est ce que je voulais vous dire. Donc ce sont des maladies graves, il n'est pas question d'homéopathie ou de ces choses-là. Nous ne sommes pas une autorité de santé, il ne nous appartient pas d'ailleurs de nous prononcer sur l'utilité de telle ou telle pratique. Mais là il s'agit de risques de rupture thérapeutique, rupture de soins pour les personnes malades du cancer. Et donc lorsqu'on rencontre des oncologues, on est toujours très frappé. de voir à quel point le phénomène des dérives sectaires est quelque chose pour eux de très actuel, de très présent, même s'ils n'ont pas toujours les causes qui leur sont données, mais ils constatent ces ruptures de soins et ils subodorent qu'il puisse y avoir des pratiques qui se trouvent derrière et qui incitent à la rupture de ces soins. Je pourrais multiplier les exemples, la santé mentale c'est aussi un secteur qui est émergent.
- Speaker #1
On y reviendra sans doute. demandez à vos voisines, justement, cette confusion la science-non-science, est-ce que le Covid est un élément d'explication du coup, fait disparaître les frontières ?
- Speaker #3
Pas de l'expérience de l'INATI. L'INATI s'intéresse tout comme la Médicute, tout comme ceux qui s'intéressent au phénomène sectaire savent que la santé est au cœur de la problématique sectaire. C'est-à-dire qu'à la fois Elle est un moyen d'affaiblir les personnes, c'est-à-dire que les moyens de soigner à l'intérieur du groupe, ou justement l'absence de soins à l'intérieur du groupe, est une façon d'affaiblir les personnes pour faciliter la mise sous emprise. Ça, c'est un aspect. Et l'autre aspect qui est venu, je vais dire, sur ces 10-15 dernières années, c'est effectivement l'apparition de ces pratiques de soins non conventionnelles. Ça a eu plusieurs noms, mais là, on en est là. ces pratiques de soins non conventionnelles. qui sont venues comme des portes d'entrée pour des personnes qui, effectivement, comme l'a dit M. Le Vaillant juste avant moi, qui vont pouvoir asseoir une emprise. C'est-à-dire que pour l'UNACHI, les PSNC sont des croyances comme les autres, comme les croyances religieuses, c'est-à-dire qu'elles sont des portes d'entrée pour des dérives sectaires. Les personnes vont s'en servir, vont les utiliser en fait pour asseoir leur autorité aussi, mais aussi leur emprise sur les personnes. Donc cette confusion, elle est entretenue par les mouvements sectaires depuis de très nombreuses années. C'est-à-dire qu'on a dans nos archives des textes, des articles qui montrent bien que les mouvements sectaires avaient intérêt à entretenir la confusion entre science et non-science parce qu'ils attaquaient la science pour pouvoir vendre leurs pratiques non-scientifiques. Et que le danger que l'on voit nous aujourd'hui, c'est que cette confusion est aussi entretenue par la société, les médias. et malheureusement par un système de santé qui se fragilise et qui est un peu plus poreux à ces pratiques de soins non conventionnels. Donc le problème n'est pas l'accès à ces pratiques-là, mais plutôt à leur encadrement.
- Speaker #1
Et alors avec peut-être l'utilisation d'un vernis pseudo-scientifique, pseudo-médical, docteur Siret, les raisons contextuelles de l'augmentation de ces pratiques, vous représentez l'ordre ? Est-ce que vous le notez et comment on peut réagir face à ça ?
- Speaker #4
Oui, je vais rebondir sur ce qu'ont dit mes deux collègues. Effectivement, nous, dans la section santé publique, nous sommes signalés de nombreux dysfonctionnements. Et pour vous dire, après la crise Covid, une fois que le Covid est heureusement terminé et ça a pris beaucoup d'énergie au niveau de la section, eh bien on s'est rendu compte en faisant le constat qu'il y avait un nombre de signalements énormes qui augmentaient avec le temps sur ces fameuses pratiques de soins non conventionnels. Donc il faut quand même donner la définition, puisque c'est le ministère de la Santé qui le donne. Ce sont donc des pratiques qui ne sont pas intégrées aux modules initiaux de formation des médecins et qui en plus ne sont pas validées scientifiquement. Si on s'arrête effectivement à cette définition-là, et on doit s'y arrêter puisque c'est la seule, il y a beaucoup de pratiques qui sont concernées par cette définition. Ça ne veut pas dire qu'elles sont toutes diaboliques et que notamment elles sont toutes dangereuses, mais néanmoins elles rentrent dans une définition et c'est ce qui pose le problème aujourd'hui. Ça pose le problème de leur dysfonctionnement, puisque aujourd'hui, nous, nous avons été énormément signalés, et on a dû, par un rapport dont vous avez parlé tout à l'heure, que nous avons publié en juin, mais qui était écrit bien avant, qui effectivement a fait un peu le bilan de l'ensemble des dérives que l'on peut constater dans ces pratiques. Et les dérives, elles sont l'exercice illégal de la médecine, qui est un gros pourvoyeur de signalement pour nous. Vous avez aussi l'abus de faiblesse, vous avez aussi la perte de chance, dès lors qu'on vous dit « prenez telle chose à la place des médicaments conventionnels » . Et puis vous avez bien sûr l'escroquerie, le charlatanisme. Et nous, dès lors qu'il y a en prise mentale dans l'ensemble de ces dérives, nous on parle de dérives sectaires. Voilà comment nous avons un petit peu catalogué l'ensemble de ces dérives.
- Speaker #1
Une question me brûlait l'air. Qui décrète qu'une pratique est conventionnelle ou pas ? L'académie de médecine ? Une autre instance ?
- Speaker #4
Alors nous, c'est très simple. Dès lors qu'on est signalé d'une nouvelle... Pratique parce que je peux vous dire que dans ce domaine-là, l'imagination est foisonnante et sans fin. Nous, nous nous adressons aux sociétés savantes que nous interrogeons systématiquement. C'est les collèges nationaux de professionnels. Et dès lors que, par exemple, il y en a encore une qui est arrivée ce matin. Je ne me souviens plus très bien de son nom. Si vous me donnez deux minutes, je vais vous la donner. Parce que c'est assez intéressant quand même. Voilà, ça s'appelle la dynervologie. Alors, je n'ai pas encore bien étudié ce que c'était. Mais effectivement, nous allons donc interroger les sociétés savantes. qui vont pratiquer, qui seraient possiblement capables de l'utiliser. Et en général, ils nous font un retour avec les indications, les dangerosités éventuelles ou en tout cas la non-indication. Je ne connais pas. Et en tout cas, nous, on respecte et on attend l'avis des sociétés savantes.
- Speaker #1
Merci à vous. Alors, vous voyez qu'il en arrive tous les jours, mais la loi aussi a évolué par rapport à ça. Alors, monsieur Levaillant, est-ce que vous pouvez nous en parler ? parler, j'ai découvert en préparant ce 12-14 qu'il y avait une loi qui concernait plus spécifiquement le champ de la santé, que j'ignorais. Donc il faut le faire savoir.
- Speaker #2
Merci d'y contribuer. En effet, cette loi a été votée, elle s'inscrit dans une stratégie nationale de lutte contre les dérives sectaires, qui elle-même fait suite aux assises nationales de la lutte contre les dérives sectaires. Donc il y a eu une concertation, une discussion, une réflexion. organisé avec des professionnels de santé, avec des parlementaires, avec des fonctionnaires, des acteurs associatifs, des magistrats, etc., avocats, pour voir comment on pouvait améliorer la lutte contre les dérives sectaires. Étant précisé qu'il y a un aspect lutte et puis un aspect prévention qui est peut-être encore plus important. Et donc, comme il n'y a pas besoin de loi pour faire de la prévention, en revanche, il en faut. faux pour mieux réprimer un certain nombre d'actes. Et donc cette loi, elle a permis l'adoption de plusieurs mesures, notamment le délit de provocation à l'abandon de soins lorsqu'il s'accompagne de manœuvres de pression réitérées et qu'il met en péril la santé des personnes. Donc l'exemple typique, ça peut être le fait d'inciter une personne malade d'abandonner une chimiothérapie. Et puis de prendre n'importe quel remède à la place. Mais ça peut être le cas aussi pour un traitement psychiatrique lourd, qui pourrait être soigné d'une autre manière. Enfin, on pourrait multiplier les exemples, mais c'est dans les cas les plus graves. Ça a donné lieu à pas mal de discussions devant le Parlement, d'ailleurs. Mais ce délit a été considéré comme conforme à la Constitution, par le Conseil constitutionnel. Il y a d'autres mesures dans cette loi qui sont utiles, notamment sur le secret médical. Il y a une nouvelle exception au secret médical. En plus de l'emprise dans le couple, il y a également le cas de suggestion, ce qui est un petit peu la même chose dans le cadre de l'emprise sectaire. Lorsque la personne, si vous voulez, est dépendante et que cette situation la place face à des conséquences graves, soit sur le plan de sa santé, soit sur le plan de son patrimoine, le médecin est délié du secret médical et peut dénoncer les faits au procureur de la République. C'est la manière d'agir dans ce cas.
- Speaker #1
par rapport au secret médical, du coup ? Alors,
- Speaker #2
je vois le docteur Siré qui souhaiterait réagir, donc moi je ne suis pas expert de ces questions. Ce que je veux dire, c'est qu'en tous les cas, le médecin est délié pour écrire au Procureur de la République. C'est l'exception qui est prévue de cette manière-là, et c'est une mesure qu'ont souhaité les parlementaires. Parce que, notamment s'agissant de mineurs, il faut l'accord toujours de la personne concernée, mais pour les mineurs cet accord n'est pas nécessaire. Et malheureusement, les dérives sectaires concernent aussi les mineurs puisqu'on a 20% de nos signalements qui concernent des mineurs. Donc c'est quelque chose d'extrêmement important. Je termine rapidement par les autres mesures. C'est notamment l'obligation pour les parquets d'informer les ordres professionnels de santé. toutes les infractions commises par ces professionnels de santé lorsqu'ils sont placés sous contrôle judiciaire ou lorsqu'ils sont condamnés même de manière non définitive. Donc cette mesure est faite, si vous voulez, pour protéger la santé publique et pour permettre aux ordres des professionnels de santé d'agir et d'être diligents parce que parfois il peut y avoir effectivement des sanctions prononcées par les ordres qui peuvent être de nature différente que les seules infractions pénales et puis surtout d'agir peut-être plus vite dans le but de protéger les patients sur ce plan. Et puis, il y a d'autres mesures, mais je pourrais vous parler notamment du fait que la Mivilud pourra aussi intervenir auprès des tribunaux à la demande des juridictions des parquets en qualité de damicus curiae. Et puis, il y a également des mesures qui permettront aussi aux associations d'agir plus facilement en justice de ce constitué parti civil.
- Speaker #1
Merci. Merci pour cette info. Alors, comment il s'appelle la loi ?
- Speaker #2
La loi, comme beaucoup de lois, c'est des lois, lorsqu'on prononce tous les mots, qui peuvent être un peu longs, mais c'est la loi du 10 mai 2024 qui vise à renforcer la lutte contre les dérives sectaires et l'accompagnement des victimes. C'est une loi qui a été portée par le gouvernement, donc c'était un projet de loi. Il y avait une loi précédemment dans le domaine des dérives sectaires, mais qui remontait à 20 ans, la loi Aboupika, qui était le les noms des députés concernés. Là, c'est le gouvernement, donc voilà.
- Speaker #1
Comme l'activité était un peu chargée à cette période-là, sans doute que c'est passé un petit peu sous le feu de l'actualité.
- Speaker #2
Pas des nôtres,
- Speaker #1
en tout cas. Pas des nôtres, mais tant mieux. Maintenant qu'elle existe, tant mieux. Il faut le faire savoir abondamment. Alors, les ordres communiquent les uns avec les autres. Si vous avez, les médecins, une info, vous délivrez l'info aux autres ordres. et puis quid quand on est médecin, puisqu'on a le droit de prescrire ce qu'on veut, a priori, dès l'instant où ça respecte, etc. Comment on s'y retrouve ?
- Speaker #4
Alors là, j'ai deux questions.
- Speaker #1
Et la troisième, qu'est-ce qu'on risque alors si on dénonce ?
- Speaker #4
Oui, alors ce sont des questions extrêmement intéressantes. Effectivement, je vous remercie parce que je vais rebondir sur ce qu'a dit M. Le Vaillant. Alors, en tout cas, en ce qui concerne la loi, je peux vous assurer que tous les ordres de santé étaient là, étaient présents, étaient d'accord. Nous avons été auditionnés au Sénat, nous avons été auditionnés au Parlement, et à chaque fois, nous étions tous en phase sur la nécessité absolue d'avoir un nouvel outil juridique, si vous voulez, pour pouvoir condamner des gens qui dysfonctionnent aussi gravement. Et donc, nous avons été ravis, nous avons beaucoup œuvré auprès de l'amie Villud, et nous la remercions d'avoir porté cette loi pour qu'elle, effectivement, soit votée. Et donc, c'est un vrai plus. Et si on parle tout de suite de la dérogation au secret médical, parce que c'est quand même quelque chose dont il faut qu'on informe les médecins. Les médecins ont tellement d'informations qu'il faut le redire et le dire encore, puisque nous l'avons fait par nos voies de canaux habituelles, mais évidemment qu'on ne regarde pas toujours ses mails, on ne regarde pas toujours son bref. Donc ce n'est pas toujours évident de communiquer avec les médecins. Donc je suis ravie de pouvoir leur réexpliquer ce que c'est. En fait, on est un petit peu dans la même réalisation que ce qui s'est passé pour le 30 juillet 2020 sur les violences faites aux femmes. C'est le même type de dérogation. Vous êtes dans un contexte où vous avez des conditions. de dérogation, c'est-à-dire qu'on vous délie du secret médical dans des conditions absolument nécessaires pour pouvoir le faire. La première chose, c'est qu'il faut se rendre compte que le patient est en situation de suggestion psychologique ou physique, ça s'appelle l'emprise mentale, et ça c'est pas évident, parce que finalement, c'est pas la famille qu'il faut faire ça. C'est pas la maman qui vient se plaindre pour son enfant, c'est plutôt l'adolescent qui est sous emprise, qu'il faut avoir en consultation, et c'est là toute la difficulté. La deuxième condition étant qu'il faut une gravité de l'atteinte à la santé. C'est-à-dire qu'il faut le sentir en danger. Et là, la notion de danger, il faut qu'elle puisse être exprimée, et c'est encore une deuxième difficulté. Néanmoins, il faut aussi s'assurer de pouvoir avoir l'accord de la victime. Alors, attention, si on ne l'obtient pas, ça ne nous empêche pas de faire ce signalement. Mais il faut au moins l'avoir informé de notre intention de le faire. Et comme l'a dit si bien M. Le Vaillant, en cas de mineur, évidemment que nous ne demandons pas d'autorisation, et que nous devons le faire, parce qu'effectivement, il en va de la santé de l'enfant. Voilà.
- Speaker #1
« Mineur » au sens 18 ans ?
- Speaker #4
« Mineur » .
- Speaker #1
« Mineur » .
- Speaker #4
Voilà. Donc après, au niveau de la nature de la dérogation, elle est permissive, elle n'est pas obligatoire. Ce n'est pas une obligation, et nous luttons contre cette notion d'obligation à la dérogation de secret médical. C'est-à-dire que le médecin dans son cabinet a la mesure de le faire ou de ne pas le faire selon les circonstances dans lesquelles il se trouve avec son patient.
- Speaker #1
Et si c'est un mineur, il faut informer les parents aussi, ou pas ?
- Speaker #4
Alors ça, c'est une question un peu épineuse, parce qu'effectivement, si le parent est responsable de l'emprise... Ils sont aussi dans le même mouvement. C'est dans le même mouvement, mais ils ont l'obligation, en tout cas, de faire un signalement au procureur, tout à fait.
- Speaker #1
Bon, donc des nouvelles obligations, mais sans doute très importantes pour les médecins. Le mal-être des adolescents, ça peut s'expliquer par des dérives ? le hasard de l'actualité fait qu'il y a des propositions pour limiter les réseaux sociaux des adolescents. Peut-être on n'ira pas jusque-là, mais est-ce qu'il y a plus d'emprise qu'avant pour les mineurs ? Et du coup, est-ce que ça peut expliquer le mal-être des jeunes ?
- Speaker #4
Alors, si vous me posez la question, je vais vous dire que dans le contexte de l'augmentation de ces pratiques de soins non conventionnels, quand même l'existence des réseaux sociaux et du confinement a été une des raisons pour lesquelles ces nouveaux médias sont pourvoyeurs d'informations. Et la désinformation en santé est un sujet important pour lequel le ministre de la Santé a fait un colloque récemment. Et donc, il est vrai effectivement que nous, nous avions parmi nos actions, parce que dans ce rapport, nous avons fait un constat, mais il faut aussi avoir des actions, sinon ça n'a pas d'utilité, on estime qu'il faut aller jusqu'au bout. Et nous avions ce constat de dire, on va se rapprocher des réseaux, parce que quand même, on s'inquiète de savoir comment ça fonctionne. Et donc, nous avons contacté l'ensemble des réseaux au niveau du Conseil national de l'ordre des médecins. Et Youtube nous a répondu Ils ont fait un travail extrêmement productif, intéressant et efficace, moi je n'ai pas honte de le dire, en créant une charte des médecins créateurs de contenu. Et cette charte reprend les principes fondamentaux du code de déontologie, appliqués en dix principes que les médecins créateurs de contenu de cette plateforme ont écrits. Nous, nous avons sorti les articles qui correspondaient, et les médecins ont écrit cette charte. Et aujourd'hui, nous avons inscrit dans les conseils départementaux, dès lors qu'on s'inscrit ou qu'on vient signifier que l'on fait cette activité particulière. un engagement avec une signature de cette charte. Et donc, c'est une première, on va dire, un premier encadrement. Mais nous, on s'informe auprès des médecins. En tout cas, c'est eux qu'on accompagne. Et je pense que c'est quelque chose de vertueux qui va permettre, avec une phrase qui va être dans les contenus sur YouTube, de comprendre que les médecins qui font cette information ou formation médicale sont dans un engagement vertueux de qualité d'information.
- Speaker #0
Tant mieux, tant mieux. Alors, j'ai passé la parole à Madame Duval. On peut aussi obtenir plein d'informations auprès de vous, des aides, des guides, etc. Qu'est-ce que vous pouvez proposer ? Avant d'aller dénoncer, on peut déjà se faire aider, essayer de comprendre un peu ce qui se passe.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Alors, c'est vrai, vous l'avez dit, mais je pense qu'il faut le répéter, c'est qu'on travaille tous la main dans la main, je peux le dire comme ça. On est aussi en contact avec Mme Siré, elle est présente, mais on est aussi en contact avec les autres ordres. Pourquoi ? Parce que c'est important, l'UNATI a aussi en charge l'accompagnement des victimes principalement, mais également la prévention. Donc il est important de savoir, de faire les choses en fonction des lois, de faire en fonction de la réalité du terrain. Et on a chacun nos réalités qu'on met en copain. Donc l'UNATI, oui, l'UNATI recueille les témoignages. tous les témoignages parce que je pense très sincèrement que les victimes de mouvements sectaires sont un peu comme les femmes victimes de viols il y a 20 ans. C'est-à-dire qu'elles n'ont pas encore cette reconnaissance de la société et de leurs problématiques et que du coup, elles ont tendance à le taire parce que même parfois, elles ne l'identifient pas. C'est-à-dire que quand on n'identifie pas ce qui nous arrive, il est difficile d'aller chercher de l'aide. C'est aussi bel que ça. Ce que je voulais dire aussi, c'est que Nous, depuis le confinement, depuis la Covid, ce qu'on voit pas mal, ce sont des médecins qui, justement, ont un changement dans leur façon de pratiquer, qui ont tendance à aussi avoir recours à des pratiques de soins non conventionnelles. Il y a eu des attitudes assez étranges qui nous ont été dévoilées par leurs proches, en fait, en disant « je ne comprends pas, mon proche est infirmier, mon proche est médecin, donc je ne comprends pas qu'il verse là-dedans » . J'ai même entendu, en pire des cas, une jeune femme en pleurs qui nous a dit « je ne sais pas quoi faire, je veux me faire vacciner parce que ma mère médecin m'a élevé comme ça, mais aujourd'hui ma même mère médecin me dit que si je me vaccine, elle se suicide » .
- Speaker #0
Ça met la pression.
- Speaker #1
Oui, c'est-à-dire que vous voyez, il y a des formes de radicalisation dans ces pratiques de soins ou ces non-pratiques de soins qui sont équivalentes à d'autres croyances. et qui amènent ce genre de situation. Ce que je peux dire concrètement sur les appels qui nous arrivent, c'est qu'on est à peu près dans les mêmes proportions que la mi-vie lutte, c'est-à-dire qu'on est un peu plus... Parce que nous, on intègre dans la santé tout ce qui est développement personnel, parce que ça va de pair, en fait, et qu'on est quasiment à 50% de nos appels. Donc ça reste quand même un problème très prégnant. Moi, je viens juste de finir mon rapport d'activité, M. Lévaillant-Sourçac. Vous n'avez pas tout encore. Mais on a beaucoup de signalements en santé, et ça depuis un certain temps. J'avais fait un graphique il y a peu de temps qui montre que ça s'est exponentiel depuis presque 15-20 ans. Donc c'est un sujet qui augmente et qui pendant quelques années, c'est-à-dire dans les années 2010, on a vraiment assisté à un phénomène de mode. Aujourd'hui, je sens quand même un peu que les gens se réfrègnent un peu parce qu'elles ont compris les dangers potentiels. Mais pendant dix ans, on a vraiment eu un phénomène de mode qui a amené toutes ces pratiques sur le marché. Parce qu'il ne faut pas oublier que derrière ces pratiques, il y a aussi un marché.
- Speaker #0
Sujet numéro un, la santé, mais au sens large avec le coaching. Et puis pour voir quelques exemples, on peut commencer, docteur Siret, avec la nutrition ?
- Speaker #2
Bien sûr.
- Speaker #0
C'est sujet à la mode aussi ?
- Speaker #2
Oui, alors à la mode, ça l'a toujours été. La nutrition, ça fait partie de notre éducation même. C'est vrai que sur la nutrition, notre section travaille aussi sur les médecins qui dysfonctionnent. Je parle aussi, pour rebondir sur Mme Duval, si vous permettez que je fasse une petite précision sur le fait qu'un médecin aussi dysfonctionne. On ne fait pas que de l'exercice illégal de la médecine. Et nous avons aussi systématiquement un travail de transmission acquis de droits de tous ces signalements de médecins qui dysfonctionnent. Alors c'est vrai que le médecin a beaucoup de droits, mais pas tous. Et donc ce qu'on peut dire, c'est qu'on a le code de déontologie. Et dans ce code de déontologie, l'article 8 dit qu'il est libre de ses prescriptions, ce qui est quand même quelque chose d'important. Mais vous avez l'article 3 qui dit qu'il doit respecter en toutes circonstances les principes de moralité, de probité et de dévouement. Alors ça signifie en fait qu'il peut utiliser ses pratiques de soins non conventionnelles. À condition que ça reste dans le domaine du bien-être, parce qu'on n'en a pas parlé, mais toute la problématique, c'est que les pratiques de soins conventionnels sont utilisées comme des alternatives thérapeutiques, comme une médecine soi-disant douce. Et c'est tout cet aspect confusionnel qui fait qu'on est dans l'exercice illégal de la médecine, qui entre nous est très compliqué à définir sur le plan juridique. Et donc, il peut l'utiliser dans le cadre du bien-être, en complément et non pas en remplacement de son exercice médical.
- Speaker #0
Surtout dans le champ du cancer.
- Speaker #2
Sans mise en danger pour le patient, c'est-à-dire qu'il utilise une pratique. qui n'est pas dangereuse, sans caractère d'exclusivité. Il doit rester médecin avant toute autre chose. Et il ne doit pas faire de publicité. Bien évidemment, pas d'escroquerie. je ne vends pas mes compléments, etc. Et l'article 39 nous dit toute pratique de charlatanisme est interdite. Vous voyez que le code encadre et que nous aussi, nous suivons dès lors qu'il y a un dysfonctionnement ou une sortie du cadre. Alors pour ce qui est de la nutrition, il y a des sorties de cadre importantes. Sauf que nous avons, je pense que tout le monde connaît le cas de M. Casasnovas qui est un nutritionniste, en tout cas qui se dit comme tel alors que c'est une spécialité médicale, la nutrition. Il n'y a que les médecins qui peuvent porter ce type.
- Speaker #0
Donc il se dit nutritionniste, mais il n'est pas médecin nutritionniste.
- Speaker #2
Il n'est pas médecin, c'est un non-professionnel de santé qui s'est tôt proclamé professionnel et qui, depuis de nombreuses années, travaille pour promouvoir à travers les réseaux, notamment des produits qu'il a soi-disant profité, en tout cas qu'il prône. Alors vous avez l'utilisation du plasma de Quinton, c'est de l'eau de mer. Les jus de fruits ou de légumes, ça s'appelle le grudivorisme. mais vous voyez, il est à l'origine de... De pratique, il met un nom. Alors, l'hydrothérapie du côlon, c'est quelque chose de dangereux. Pour le coup, c'est une pratique par les sociétés savantes, non seulement sans aucune indication, mais en plus dangereuse. Et puis, il fait de la géophagie. On agisse de l'argile dans un but thérapeutique. Et puis, il utilise bien sûr des plantes médicinales, de l'huile salanaturopathie. Enfin, pas la naturopathie, mais le retour aux plantes et aux vertus bio. C'est aussi quelque chose que la société apprécie énormément et de plus en plus. Donc voilà, nous avons une action contre lui qui est pénale. On a déposé plainte pour exercice égal de la médecine en 2021. Et aujourd'hui, nous sommes toujours dans l'attente. Il a huit mises en examen.
- Speaker #0
Au début du Covid, quoi.
- Speaker #2
Oui, on est toujours dans l'attente de la sanction pénale qui ne vient pas. Donc, il continue sur Internet et c'est inquiétant.
- Speaker #0
Le temps pour... L'action pénale, c'est quoi ? C'est de récolter les preuves ?
- Speaker #2
Il faut demander au procureur. Parce que l'épreuve, il y a beaucoup de personnes qui ont porté plainte.
- Speaker #0
Tous les patients qui arrêtent leur chimiothérapie pour prendre ces plantes, ils n'ont peut-être pas le temps d'attendre.
- Speaker #2
Oui, c'est-à-dire que là, il y a une perte de chance évidente.
- Speaker #0
D'autres exemples ?
- Speaker #1
J'en profite pour... Je rebondis aussi sur Mme Siré. qui a rebondi sur moi tout à l'heure.
- Speaker #2
C'est la terre de l'ébarde.
- Speaker #1
C'est un jeu de ping-pong. Non, mais pour dire que l'UNEDFIS est constituée par des civils contre M. Casasnovas, et ce qui me permet de vous dire surtout que dans le cadre de la santé, le lobby est extrêmement puissant et extrêmement féroce. Pourquoi je vous dis ça ? Parce que dans le cadre de la loi qui a été votée, le lobby le plus fort et le plus féroce ça a été celui pour... l'article sur la santé, et que dans le cadre de notre constitution en partie civile, pour la première fois depuis les 50 ans de l'UNATI, l'UNATI a reçu des menaces de mort. Donc pour vous dire que la santé n'est pas un sujet anodin, bien au contraire, c'est un sujet très préoccupant dans le phénomène sectaire.
- Speaker #0
C'est un gros marché, j'imagine.
- Speaker #1
Je pense que c'est cela, oui, je pense que c'est lié à ce que ça représente sur le plan financier. Mais, alors... Oui, peut-être, mais il y a la santé des personnes derrière, c'est surtout ça. Je voulais aussi, par exemple, vous parler du Reiki, parce que le Reiki est une pratique que l'on rencontre souvent, autant que le magnétisme, autant que plein d'autres pratiques. Mais le Reiki est intéressant parce qu'il a commencé à arriver il y a à peu près une petite quinzaine d'années. Et je me souviens d'une femme qui avait été violée par un maître Reiki en Belgique. Ça avait valu une émotion très poussée de la presse, qui ce jour-là, j'ai dû recevoir à peu près sept appels téléphoniques. Au bout du septième appel, j'ai quand même expliqué que ce soit le Reiki ou le magnétisme ou tout autre PSNC. Le problème, c'est que la femme avait été violée et que ça aurait pu être n'importe quelle pratique. Donc ça, j'en profite pour vous dire aussi que ce n'est pas tant le contenu de la pratique qui va nous préoccuper, mais plutôt la façon dont on va l'utiliser. Ça, on l'a déjà dit, mais on le répète, ce n'est pas grave. Et puis, pourquoi je prends l'exemple du Reiki ? Parce que c'est vraiment très intéressant. On nous vend le Reiki, ces promoteurs nous le vendent comme une pratique ancestral japonaise qu'on ne connaissait pas avant en Europe. Nous, pauvres Européens, on était un culte sur le sujet. Et donc, c'était une pratique ayant toutes les vertus. Mais en général, toutes ces pratiques ont toujours toutes les vertus. Au point de se demander pourquoi... Pourquoi les médecins existent ? Enfin bon, bref. Et donc, ce qui m'a valu, parce que Lunachia a un correspondant au Japon, d'interroger ce correspondant japonais en lui demandant ce qu'il connaissait, le Reiki au Japon. Ce à quoi il me dit le quoi. Et là, j'ai compris qu'il y avait un malaise. Donc, je lui demande gentiment s'il pouvait se renseigner pour moi. Lui, très humblement, me répond, ça ne fait que 25 ans que je suis au Japon, je vais demander à des locaux. Il a pour moi interrogé 50 personnes plutôt d'un certain âge qui lui ont dit, les 50 personnes à l'unanimité lui ont dit qu'ils ne connaissaient pas le Reiki. Donc il faut savoir que la plupart de ses pratiques, pas toutes, mais beaucoup de ses pratiques sont nées, dans ce cas-là, c'est née d'une personne qui a migré aux Etats-Unis dans les années 50-60, là où sont nés les plus gros mouvements sectaires, qu'il a fait un petit mélange entre ses traditions. Et le New Age, parce qu'à peu près tout le monde a, dans les années 50-60, mélangé un peu New Age avec des traditions orientales. Il en a fait le Reiki, qui a fait un tabac. Il faut lui reconnaître que c'est un excellent homme d'affaires, en fait. Mais voilà, c'est tout. Mais néanmoins, effectivement, ces journalistes avaient raison ce jour-là. Le Reiki avait amené un maître de cette pratique. à abuser de femmes.
- Speaker #0
On va l'importer en Europe et en France, et peut-être on va l'exporter au Japon.
- Speaker #1
C'est exactement le cas. C'est exactement le cas. C'est-à-dire que notre correspondant japonais m'a dit récemment au fait, ça y est, le Reiki est arrivé au Japon.
- Speaker #0
Les marchés sont devenus mondiaux.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Monsieur Leveilland, le Covid nous a amené un lot d'actualités sur les vaccins. Oui, alors de l'anti-vaccinisme.
- Speaker #3
Oui, ça c'est un phénomène qu'on retrouve très fréquemment, notamment sur les réseaux sociaux, mais qui correspond à une réalité dans notre pays. Il y a même des missions qui sont faites par des autorités publiques sur ces questions de personnes qui ne se vaccinent plus. Au-delà de ça, ça a amené tout un discours complotiste, une remise en cause de la science, des attaques contre la médecine, contre les professionnels de santé.
- Speaker #0
Virulentes parfois.
- Speaker #3
Extrêmement virulentes. et puis qui ont parfois tout un programme politique. Au-delà de ça, il y a des liens également avec les dérives sectaires, parce que tout ce discours-là de dire ne croyez plus les institutions publiques, ne croyez plus les médecins, donc tournez-vous vers des remèdes entre guillemets naturels, attaquez-vous ou tournez-vous vers les vraies causes, plutôt que les symptômes, ce type de discours. se retrouvent habituellement et avec des conséquences qui sont graves en termes de santé publique. Donc nous, on le constate évidemment très fréquemment, parce que, notamment au sein de certaines écoles hors contrat, ou dans des communautés qui sont à la frange d'ailleurs du domaine des dérives sectaires, où il y a tout un discours d'exclusion par rapport à la société, on retrouve très souvent des personnes qui ne se vaccinent plus. qui pour certaines d'entre elles ne vont plus voir le médecin et parfois où les enfants ne sont plus scolarisés. Donc là, il faut vraiment qu'on ait conscience des enjeux dans ce domaine. C'est à la fois effectivement un enjeu d'information des personnes. Il nous semble que trop souvent, les personnes ne savent pas si les pratiques proposées sont médicales ou non, y compris à l'hôpital. Il y a des questions qui se posent parfois. Donc là, il y a un enjeu. Il y a également un enjeu de... où certains professionnels de santé s'installent avec des non-professionnels de santé. Je parle sous le contrôle de responsables ordinaux, mais il me semble que c'est contraire à la déontologie médicale. C'est-à-dire qu'un médecin ne peut pas s'installer avec un réflexologue, etc. Donc il faut que l'information soit très claire là-dessus. Premier enjeu, c'est ce risque de confusion auquel on remédie par de l'information pour les personnes. Deuxième risque, c'est l'éviction des professionnels de santé. par ces non-professionnels de santé qu'on appelle nous des pseudo-thérapeutes et qui vendent toutes sortes de choses, ils s'en inventent tous les jours donc ça pose pas de problème si les gens pensent que ça leur fait du bien et qu'ils ne subissent pas l'emprise de ce pseudo-thérapeute qui pourrait dénigrer la médecine traditionnelle mais également dans les cas les plus graves, le milieu familial et qui de stage ou en propositions diverses et variées va éloigner la personne de son cadre naturel et et la placer sous une forme d'emprise. Malheureusement, il n'y a pas de remède miracle contre cela, mais il faut faire de l'information, prévenir. Et suite à ce qu'a indiqué tout à l'heure le docteur Siré, je rappelle que dans les signalements et demandes d'informations reçus à la MIVILU dans le domaine de la santé, 20% concernent des professionnels de santé et que les médecins généralistes sont la deuxième profession mise en cause parmi ces professionnels de santé, donc ces minoritaires, bien évidemment.
- Speaker #0
Pardon ?
- Speaker #3
La première profession, c'est les psychologues.
- Speaker #0
Ils ne sont déjà pas professionnels de santé.
- Speaker #3
C'est pour ça que je vais parler des professionnels dans le domaine de la santé. Je ne vais pas parler de professionnels de santé, me semble-t-il. Mais c'est une question plus large, parce que d'ailleurs, parmi ces psychologues, il faut vérifier à chaque fois, puisqu'il y a aussi des confusions sur les termes. Les personnes ne savent pas à qui ils s'adressent. On voit psy-conseil, psy-coach, alors qu'évidemment, il s'agit de personnes qui ne sont pas titulaires d'un diplôme reconnu par l'État, et qui ne sont soumis à aucune déontologie. Donc ça, il faut s'en souvenir. Et quand on va avoir ce type de non-professionnel de santé, c'est évidemment une liberté que l'on a, mais on a moins de garantie quand on a que le droit pénal en cas de recours et de difficultés. Donc ça, c'est bon à savoir. J'en profite pour vous dire qu'on travaille très bien avec les ordres des professionnels de santé, notamment... compte tenu des signalements qui nous sont adressés, c'est-à-dire qu'on les transmet aussi aux ordres des professionnels de santé pour qu'ils prennent les mesures utiles.
- Speaker #0
Donc on retient, une question pour tout à l'heure, on retient qu'il ne faut pas qu'un médecin s'installe avec un ostéopathe et un psychopraticien qui fait du Reiki en plus. Madame la présidente de l'UIRP, c'est une question.
- Speaker #4
Eh bien, merci de me donner la parole. Justement, c'est les questions de définition qui pour moi sont primordiales et qui rejoignent toutes vos actions à tous les trois, à l'Ordre et à la Milieu. parce que, en fait, les pratiques non conventionnées, elles peuvent sembler anodines, c'est-à-dire, ben oui, moi je suis végane, c'est bon pour la planète, etc., sauf que peut-être qu'un enfant l'élevé dans le véganisme, c'est pas très bon pour lui, c'est pas très bon pour son squelette, moi je suis rhumatologue, je vois beaucoup de fractures dues à des régimes chez des jeunes personnes, et ça s'étend, et pour moi c'est une atteinte à la santé des personnes. Donc, à quel moment on détermine qu'une pratique qui paraît saine sort du champ de la santé et de la convention ? Donc, on cite, bon, il y a des ostéopathes qui font des manipulations pour les nourrissons. On montre ça comme si c'était quelque chose qu'il faut faire. Donc, c'est très inquiétant. On voit qu'on a des accompagnements à l'installation dans des maisons de santé pour combler les bureaux. On rajoute des soignants. qui ne sont pas des soignants. Et il y a le problème du référencement qu'on avait soulevé à plusieurs reprises. Dès lors qu'ils vont être référencés sur des sites comme Doctolib, les gens vont faire cette fameuse confusion entre c'est du soin, c'est reconnu par l'État et c'est une pratique avec pas de diplôme. Et qui dit pas de diplôme, dit pas de recours derrière. Moi, c'est pas rare que je vois des gens qui développent des déficits parce qu'ils ont consulté tel ou tel praticien non diplômé d'État. des déficits moteurs qui sont graves. Et quand vous parliez également de l'emprise des réseaux sociaux, là, les TikTok, c'est quelque chose... À quel moment est-ce qu'il ne faut pas quand même définir des seuils d'utilisation ou des thèmes d'utilisation ? Parce qu'on a tous peut-être vu cette fameuse série sur l'adolescence qui était vraiment dans le thème de l'emprise. Et à ce moment-là, des réseaux sociaux, du fait d'être... populaire, d'une échelle de valeur complètement modifiée chez les jeunes qui mettent en premier le fait d'être populaire et que finalement on écoute une chanson triste, on a 15 ans et du coup on va être sans cesse avec des vidéos qui vont vous amener vers des pratiques même suicidaires etc. et comment faire des régulations de ces systèmes-là qui font du mal à nos jeunes. Voilà, beaucoup de questions, pardon.
- Speaker #0
Je te donne des éléments de réponse et après on vient aux questions d'actualité et puis on clôturera pour aujourd'hui.
- Speaker #1
Juste une illustration par rapport à votre première question, c'est-à-dire jusqu'où le changement d'alimentation des parents par rapport à des croyances peut avoir une influence. On a un cas tout à fait clair, net et précis malheureusement. Il y a une dizaine d'années, un papa nous a sollicité. parce qu'il avait quitté sa femme qui était devenue maître Reiki et qui était végétarienne. Et deux ans après, alors qu'elle avait la garde des enfants, il nous a questionné pour savoir s'il ne fallait pas qu'il récupère ces deux filles parce qu'il trouvait qu'elles avaient des problèmes et de comportement et des problèmes physiques. Effectivement, on lui a conseillé de s'adresser à un médecin pour qu'il fasse une contre-visite des petites puisque la maman disait que tout allait bien, bien sûr. Mais en fait, il s'est avéré que les petites n'avaient quasiment pas pris un gramme en deux ans. et que la maman était passée à un régime végétalien qu'elle imposait aux enfants. Donc les enfants étaient dénutris. La lunatique, bien sûr, a pris en charge, même s'il y avait... On a eu juste une action civile, c'est-à-dire devant le JAF, pour aider ce papa à récupérer ses petites filles pour des raisons tout à fait légitimes. Dix ans après, malheureusement, ces filles ont grandi. Elles ont aujourd'hui 17 et 15 ans. Elles vont aller au tribunal. Parce qu'elles ont porté plainte contre leur beau-père, qui était le chevalier noir, lui aussi maître Reiki, dans la forêt de Bruxelles-Lyande, à qui ce chevalier noir a fait deux enfants à sa maman. Et en fait, elles ont porté plainte, enfin, elles essayent de porter plainte, parce qu'elles se battent, ces deux gamines, parce qu'elles ont une petite sœur qu'elles n'ont jamais connue et qui est décidée de nutrition et de bébé secoué. Donc, elles le vivent très mal, parce qu'elles pensent qu'elles ont été sauvées il y a dix ans et qu'elles n'ont. Donc, dans les comportements alimentaires des parents, je vous confirme qu'il peut y avoir des incidences très graves sur les enfants.
- Speaker #0
Merci, allez-y.
- Speaker #2
Oui, je voudrais bien rebondir encore une fois, je ne fais que rebondir, sur ce que dit Mme Duval. Et je voulais quand même dire que dans tout ce que dit Mme Riol, et c'est vrai que c'est notre quotidien de médecin, de voir tous ces dysfonctionnements, et on est presque en bout de chaîne parfois, et c'est ça qui est grave. Il y a tellement de dysfonctionnements dans tout ce domaine-là, que je voudrais juste clôturer en disant... que notre ministre de la Santé, dans son colloque sur la désinformation en santé, a promis quatre objectifs. Ou cinq, quatre, moi j'en ai quatre. En tout cas, il a promis un observatoire, et ça je crois que c'est très important, national. Il a promis aussi qu'il y ait un meilleur contrôle sur les réseaux, parce qu'on ne peut pas quand même empêcher cette désinformation en santé d'être responsable de beaucoup de dérives. Retrouver de la bonne information, alors là je ne fais pas cocorico, mais quand même, notre charte a été un tout petit peu dans cette mouvance-là, Merci. C'est un grain de sable, mais c'est déjà un début. Et puis ensuite, une cellule riposte. Et je crois que c'est ça, peut-être, qu'on attend. C'est qu'effectivement, il y ait une forme d'harmonisation. Alors, pas de cadre, je ne sais pas ce qu'il faudrait dire, mais en tout cas, ça appartient effectivement à l'État de mettre ça en place. Et on a bon espoir, en tout cas, on est très en attente de ces groupes de travail qu'il promet. Voilà.
- Speaker #0
Du travail à venir, allez-y monsieur. Oui,
- Speaker #3
juste sur les points qui ont été évoqués, je pense que le renforcement de l'information des patients, c'était quelque chose de tout à fait essentiel. Il y avait un projet de dérivomètre qui avait été... On avait commencé à travailler avec des professionnels de santé sur ces sujets, puisque ce n'est pas forcément une démarcation claire qui peut se poser sur ces questions-là. Mais des choses qu'ils doivent interroger. Il y a la question des maisons de santé. Donc là, nous formons, nous sensibilisons les élus locaux, les ARS sur cet enjeu-là, parce qu'effectivement, en zone rurale, ce sont des enjeux, mais aussi les ordres des professionnels de santé ont un rôle à jouer sur ce plan-là pour rappeler les obligations de ces professionnels. Avec Doctolib, qui est une entreprise privée, c'est un vrai enjeu. Nous avons travaillé avec eux pour les aider à améliorer les choses sur ce plan-là. Et donc c'est un travail au long cours que nous devons mener avec eux. Et s'agissant des réseaux sociaux, je rappelle qu'il y a une réglementation européenne qui est mise en œuvre et qui donne lieu donc à l'identification d'un régulateur qui est l'ARCOM et qui doit identifier les risques systémiques pour la population. En France, nous travaillons sur les risques de manipulation de l'information. qui entraîne des conséquences pour l'État ou pour les élections, c'est notamment Viginum qui fait un travail excellent, et nous devons renforcer notre action sur la manipulation de l'information qui crée des préjudices aux personnes. Et donc nous, nous avons créé une boîte, une messagerie spécifique, nous l'avons rappelée dans notre rapport d'activité, miviludnumeric, arrobas, enfin tout ça est indiqué sur notre rapport d'activité, sur la partie du numérique, et c'est à partir de cela que nous pourrons documenter. Quelle est la nature des risques avec des exemples précis qui sont donnés pour adresser ces éléments-là à l'ARCOM qui elle-même, parce que c'est le sens de cette réglementation européenne, adressera ces éléments à Bruxelles, à la Commission européenne. Je rappelle qu'il y a des sanctions extrêmement lourdes qui peuvent être prononcées contre les réseaux sociaux jusqu'à 4% du chiffre d'affaires mondial. Donc tout ça doit être mis en œuvre maintenant que la réglementation est votée, qu'elle est appliquée, il faut la mettre en œuvre et que les personnes aient le réflexe d'analyser ces choses-là.
- Speaker #0
Diffuser l'information. Dans le futur, Docteur Sian, vous nous avez parlé des médecins créateurs des sites YouTube et puis peut-être un mot sur un cadrage en cours sur le titre de docteur. Oui,
- Speaker #2
ça faisait partie de nos actions. Sur la charte, nous l'avons fait en partenariat avec YouTube, mais nous avions cette envie un petit peu ambitieuse de dire que c'est une charte universelle qui peut se copier-coller. Oui, mais nos médecins créateurs de contenu, eux, sont sur tous les réseaux. Et donc, quand ils vont mettre leur phrase labellisante, je pense que c'est effectivement, ça va peut-être... C'est ça qui compte, en fait. Il y a les réseaux, mais il y a aussi celui qui produit, et c'est lui qui doit être vertueux. Alors, parmi nos actions, nous avions... C'est une vieille revendication. Vous savez que la sémantique, quand même, pour promulguer des pratiques, c'est quand même quelque chose d'important. Vous avez la blouse et le stétho, mais vous avez quand même aussi toute la sémantique. Et donc, médecine est un mot... qui n'est absolument pas protégé. Tout le monde peut dire médecine alors qu'il n'y a que les médecins qui peuvent faire de la médecine. C'est défini dans le Code de la Santé Publique, point barre. Sauf qu'aujourd'hui, ce terme, tout le monde peut l'utiliser. Donc nous avons une demande, c'est que ce terme soit protégé. Et le ministère de la Santé l'a entendu. Et nous avons une deuxième demande, c'est qu'effectivement, on puisse cadrer le titre de docteur. Parce qu'être docteur en psychologie et faire de l'hypnose, mais n'écrire que docteur et puis claircirait par exemple, eh bien c'est confusionnel et c'est voulu. Par contre, si vous écrivez docteur en psychologie ou docteur en médecine, tout d'un coup, on situe beaucoup mieux le professionnel que vous avez en face de vous.
- Speaker #0
Tout à fait. Et puis comme le but, c'est de donner une information exacte, claire, etc., il y a des règles là-dessus.
- Speaker #2
Ça s'appelle ce que je dis le consentement éclairé. Ça fait partie aussi de ce qu'on...
- Speaker #0
Et on a la chance en Europe que ça soit une obligation dans le RGPD, mais il y a aussi tout le reste du monde.
- Speaker #2
Oui parce que le dérivomètre dont a parlé monsieur Levaillant c'était la volonté que les personnes qui veulent faire des pratiques de soins non conventionnels aient une alerte, c'est-à-dire à ce niveau d'alerte, quand vous avez un dérivomètre avec des thèmes, dès lors que vous êtes informé que ces thèmes sont dysfonctionnants, on espère que les gens pourront se protéger eux-mêmes.
- Speaker #0
Moi, ça attire l'attention. Valérie, notre présidente du RPS.
- Speaker #4
Merci de cette précision sur les termes, parce qu'on entend désormais, nous ne sommes plus ni médecins ni docteurs en médecine, mais bien tous. des professionnels de santé, donc la confusion elle est aggravée par cette dénomination-là.
- Speaker #2
Tout à fait. On peut dire qu'effectivement, ce qu'on est sûr, c'est qu'il n'y a que les médecins qui peuvent faire de la médecine.
- Speaker #0
Oui, théoriquement, mais je rappelais tout à l'heure que moi je suis psychiatre. À un moment, la HHS a enlevé psychiatrie pour mettre santé mentale. Et puis, l'année suivante, il y a eu un rapport qui s'intitulait la santé mentale est l'affaire de tous. Donc évidemment... Plus on sera nombreux, mieux ça sera, théoriquement. Mais si on fait du Reiki ou du je-ne-sais-quoi pour soigner la santé mentale, on comprend que les gens, et les jeunes en particulier, n'aillent pas très bien. On va s'arrêter là pour aujourd'hui. Une information sur le prochain 12-14 qui sera le mercredi 21 mai, intitulé du protocole de coopération au glissement de tâches que pouvons-nous déléguer sans prendre de risques ? C'est presque une suite ! Merci à tous les trois et à nos organisateurs. Au revoir.
- Speaker #3
Merci à nos invités et au public pour ces échanges autour des dérives sectaires dans le domaine de la santé. L'URPS Médecins libéraux Île-de-France vous donne rendez-vous pour son prochain 12-14 qui aura pour thème du protocole de coopération au glissement de tâches que pouvons-nous déléguer sans prendre de risques ? Sous