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Les Afters de la Transformation

#115 Quand l’IA chamboule les métiers : la stratégie RH de Malakoff Humanis avec Valérie Mussard

#115 Quand l’IA chamboule les métiers : la stratégie RH de Malakoff Humanis avec Valérie Mussard

37min |07/05/2025
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#115 Quand l’IA chamboule les métiers : la stratégie RH de Malakoff Humanis avec Valérie Mussard

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37min |07/05/2025
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Description

Découvrez la vision de Valérie Mussard et les grandes mutations du travail à l’ère de l’intelligence artificielle


Face à l’accélération technologique et à l’arrivée massive de l’IA générative, les entreprises doivent faire preuve d’anticipation. Chez Malakoff Humanis, Valérie Mussard pilote la prospective RH avec une ambition claire : aider les métiers à se projeter, s’adapter, et surtout, co-construire l’avenir du travail en associant toutes les parties prenantes.


Au programme :

  • Prospective RH : comment anticiper les ruptures à venir
    Penser au-delà de la transformation : la prospective permet de construire des scénarios du plus utopique au plus critique pour mieux préparer l’entreprise et éviter de subir les chocs à venir.

  • L’intégration de l’IA générative : une transformation collaborative
    Loin d’un déploiement imposé, l’approche choisie repose sur l’acculturation, les tests concrets, et surtout la participation active des collaborateurs dans l'identification des usages.

  • Des compétences qui évoluent : vers une nouvelle culture de l’expertise
    Face à l’IA, le besoin d’expertise humaine reste fondamental : compréhension, supervision, éthique... L’enjeu est de renforcer la capacité de raisonnement, et non de la déléguer à la machine.

  • Un impact organisationnel profond : le travail, les rôles, le management
    Des métiers hybrides, une gouvernance de l’IA renforcée, de nouvelles formes de collaboration : l’intelligence artificielle redessine en profondeur les modes de travail et la place du management.

  • Le contrat social réinventé : modularité, inclusion et sens au travail
    Chez Malakoff Humanis, les transformations technologiques s’inscrivent dans un cadre plus large : rémunération, temps de travail flexible, parcours professionnels et engagement sociétal composent un socle de stabilité dans un monde en mouvement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Valérie Mussard

    Pour moi, la prospective, c'est quelque chose qui est essentiel. On a souvent tendance à ne parler que transformation, et pour moi, la transformation, c'est ce qui arrive avant. C'est cette capacité qu'on doit garder quand on est dirigeant, quand on est manager, à envisager tous les scénarios possibles qui peuvent impacter ou concerner l'entreprise. Et ce, avec une vision un peu 360, pour être au maximum en proaction plus qu'en réaction. Quand on est dans la transformation, on a déjà réagi à quelque chose. On a souvent tendance à faire des plans à un an, deux ans, trois ans, et puis d'un coup, il se passe quelque chose, comme l'arrivée de l'intelligence artificielle, et on s'agite un petit peu, on s'affole, on essaye de comprendre ce qui se passe, en quoi ça peut changer les différents champs autour de l'entreprise. Et le fait d'avoir cette prise de recul régulière, et envisager tous les scénarios possibles, du plus catastrophique au plus utopiste, permet, à mon sens, d'un peu mieux se préparer, et de ne pas subir la transformation. parfois comme un choc. En tout cas, ça peut être ressenti comme ça par les collaborateurs d'une entreprise dès qu'il se passe quelque chose dans l'environnement.

  • Jingle

    Les Afters de la Transformation, le podcast des acteurs qui façonnent l'entreprise de demain. Un rendez-vous qui donne la parole aux dirigeants, une production Adequancy.

  • Anne-Laure Daniel

    Bonjour et bienvenue dans Les Afters de la Transformation, le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui font bouger l'économie de l'intérieur, avec des impacts bien réels sur les organisations. les territoires et la société. Alors aujourd'hui, on a le plaisir d'accueillir Valérie Mussard. Elle travaille chez Malakoff Humanis depuis bientôt 9 ans, un groupe de protection sociale engagé dans la santé, la prévoyance et la retraite complémentaire. Valérie a un parcours passionnant au sein des RH qu'elle a exploré sous toutes les coutures, de l'administration du personnel à l'expérience collaborateur, en passant par le digital RH et le développement des compétences. Aujourd'hui, elle occupe un rôle clé, tourné vers la prospective RH. et elle accompagne les métiers dans l'intégration de l'intelligence artificielle et des nouvelles façons de travailler. Avec elle, on va parler de ce que l'IA change concrètement dans les métiers, des compétences qui émergent et de la manière dont une entreprise comme Malakoff Humanis prépare ses équipes à ces grandes transformations. Bonjour Valérie.

  • Valérie Mussard

    Bonjour Anne-Laure.

  • Anne-Laure Daniel

    Soyez la bienvenue, on est très heureux de vous accueillir. Merci,

  • Valérie Mussard

    ravie.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, on va parler d'IA, on l'a dit, mais avant qu'on plonge vraiment dans le concret de l'IA, j'aurais bien aimé qu'on parle un petit peu de ce que c'est que la... Prospective RH, qu'est-ce qu'on entend par prospective RH ?

  • Valérie Mussard

    Alors prospective RH, c'est un domaine qui est un peu nouveau pour moi aussi, même si depuis très longtemps je m'intéresse à ce qui se passe autour de l'environnement de mon entreprise. Et pour moi la prospective c'est quelque chose qui est essentiel. On a souvent tendance à ne parler que transformation, et pour moi la transformation c'est ce qui arrive avant. C'est cette capacité qu'on doit garder quand on est dirigeant, quand on est manager, à envisager tous les scénarios possibles. qui peuvent impacter ou concerner l'entreprise. Et ce, avec une vision un peu 360, pour être au maximum en proaction plus qu'en réaction. Quand on est dans la transformation, on a déjà réagi à quelque chose. On a souvent tendance à faire des plans à un an, deux ans, trois ans. Et puis, d'un coup, il se passe quelque chose, comme l'arrivée de l'intelligence artificielle, et on s'agite un petit peu, on s'affole, on essaye de comprendre ce qui se passe, en quoi ça peut changer les différents champs autour de l'entreprise. Et le fait d'avoir cette prise de recul régulière et envisager tous les scénarios possibles, du plus catastrophique au plus utopiste, permet, à mon sens, d'un peu mieux se préparer et de ne pas subir la transformation, parfois comme un choc. En tout cas, ça peut être ressenti comme ça par les collaborateurs d'une entreprise dès qu'il se passe quelque chose dans l'environnement.

  • Anne-Laure Daniel

    La prospective, en fait, ce n'est pas à l'instant T, c'est en continu.

  • Valérie Mussard

    Pour moi, c'est en continu, avec une vision qui n'existe pas. Dans le sens où ce ne sont que des scénarios, certains qui peuvent être très disruptifs, certains qui peuvent s'appuyer sur des signaux faibles qui commencent à émerger, ou d'autres qui ne sont que la continuité de ce que l'on est en train de faire, mais de manière très accélérée par exemple.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Alors on voit que c'est quand même toujours un petit peu lointain, pas toujours très palpable. Qu'est-ce que ça va changer dans la façon d'agir ?

  • Valérie Mussard

    Si on prend l'exemple de l'intelligence artificielle, Aujourd'hui, on voit bien que... Il y a des chocs autour de la régulation, l'IA ACT et puis tout ce qui arrive en France. Mais justement, si on se projette plus loin, est-ce qu'on va avoir un renforcement de cette régulation ? Est-ce que d'un coup, on va avoir beaucoup plus de contrôles et des contrôles différents par rapport à ce qui existe aujourd'hui ? Ou est-ce qu'au contraire, on va rester à peu près sur les mêmes mécaniques que l'on connaît à ce jour ? Sur le champ, par exemple, technopolitique, on parle beaucoup de souveraineté numérique. Et justement, si on prend les dernières actualités liées aux droits de douane des Américains, si demain, on n'a plus recours au service des GAFAM, comment on fait ? Est-ce qu'on a du cloud français ? Comment on fait ? Est-ce qu'on a déjà des options ou des choix qui pourraient être choisis ? Sur l'économie, on voit que les concurrents avancent. Est-ce que justement on essaye de se projeter en essayant de garder de l'avance, en essayant de récupérer de l'avance ou en faisant complètement autre chose, quitte à se tromper et à réessayer autre chose ? Donc là aussi il peut y avoir des stratégies qui peuvent évoluer en fonction des scénarios. Sur les usages et modes de vie, moi je fais partie de la génération qui a découvert Internet et qui est née avec Internet. Moi aussi. Voilà. Oui, ceux qui vont rejoindre le marché du travail demain, ils ont déjà acquis des réflexes dans leurs usages qui ne sont pas du tout les mêmes. Donc, comment on arrive à se projeter à beaucoup plus loin ? Et c'est pareil sur la manière d'apprendre, sur les compétences, les impacts sur l'environnement, on en parle. Mais justement, et si demain, on avait beaucoup plus d'impact que l'on ne pense ou si demain, on avait beaucoup plus de mesures à prendre, comment on arriverait avec tous ces éléments qui arrivent autour de l'entreprise, cette vision 360, à avoir quelque part plusieurs coups d'avance.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc vous partez d'une grande vue macro et vous redescendez après pour chaque stream, exactement ?

  • Valérie Mussard

    Avec plusieurs scénarios pour chaque stream, qui sont ou en lien avec la stratégie d'entreprise déjà dessinée sur les années à venir, ou complètement différentes. Alors on peut passer pour des savants fous qui inventent des choses qui n'ont rien à voir, mais c'est... C'est une façon de prendre du recul et de se dire quand je fais ce choix-là, je réponds à tel scénario ou pas, je fais tel choix et ce que ça pourrait donner dans l'avenir.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc pas de limite à l'imagination là ?

  • Valérie Mussard

    C'est de la créativité pure.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est génial. Qu'est-ce que ça change concrètement ? Comment on applique ça plus exactement à l'évolution des métiers et des organisations ?

  • Valérie Mussard

    Alors si je garde toujours l'exemple de l'intelligence artificielle, si demain on a des agents partout, l'année 2025 c'est le phénomène agentique, qu'est-ce que ça va transformer dans l'organisation du travail. Donc là, on a le scénario qui est je mets des agents juste sur des tâches, on va dire répétitives, qui permettent de dégager du temps sur des tâches, comme on dit, à plus forte valeur ajoutée ou de se tourner vers des services qu'on ne propose pas aujourd'hui ou pas suffisamment à nos clients. Et puis, on peut avoir un scénario complètement extrême qui est de dire je mets des agents partout. Et là, qu'est-ce qu'on fait ? Déjà, des collaborateurs qui faisaient le travail. Comment on les fait évoluer ? Vers quel type d'emploi ? Ça peut nous obliger à penser des responsabilités différentes ou peut-être même à revoir le modèle économique de l'entreprise parce qu'un certain nombre de métiers devront être pensés complètement autrement. Et puis, il y a le scénario intermédiaire où l'entreprise fait le choix de conserver certaines expertises et pas de s'en remettre à l'IA ou au contraire, des choix complètement différents de diversification d'activités ou autres.

  • Anne-Laure Daniel

    Ca par exemple, on va plonger dedans si vous le voulez bien. Parce que vous l'avez dit, anticiper les évolutions, c'est aussi se préparer à des ruptures, à des grosses accélérations, comme on le voit avec le Gen-AI récemment. Et parmi ces grands bouleversements, l'IA c'est central à tout point de vue. Donc chez Malakoff Humanis, vous avez déjà travaillé sur l'intégration de l'IA dans tous vos métiers. Est-ce que vous pouvez nous dire comment cette transformation s'est amorcée ? Par quoi ça a commencé ?

  • Valérie Mussard

    Alors l'intelligence artificielle chez Malakoff Humanis, c'est pas nouveau, dans le sens où ça fait déjà 7-8 ans. qu'on travaille avec de l'intelligence artificielle, on va dire traditionnelle, statistique, prédictive, parce qu'on a des termes un peu différents. Donc, on est déjà habitué à avoir des cas d'usage très précis sur des petits processus ou certaines tâches, comme la fraude, par exemple, la fraude aux arrêts de travail, la fraude optique, la fraude sur les devis. Donc ça, c'est très ciblé. Et depuis l'arrivée de l'intelligence artificielle générative, au-delà des équipes tech et, on va dire, des early adopters, on se dit que c'est important de comprendre comment ça fonctionne. Et moi, c'est le premier réflexe que j'ai eu, c'est d'aller voir comment ça fonctionnait.

  • Anne-Laure Daniel

    Vous avez tout exploré, vous avez testé tous les avis.

  • Valérie Mussard

    On n'a jamais tout exploré avec L'IA Gen, parce que tous les jours, il y a des nouvelles, des montées de versions de ChatGPT, de MeetJourney ou de tout autre outil qui fait de la génération. Mais en tout cas, d'essayer de comprendre pour arriver à se projeter. Et du coup, ce que l'on a fait, c'est déjà travailler avec nos partenaires sociaux. pour expliquer ce que c'était que l'intelligence artificielle générative à travers ce qu'on appelle une commission de digitalisation. Puis on a reproduit un peu ce travail pour nos collaborateurs avec de l'IA pour faire un module de e-learning qui explique les bases de l'intelligence artificielle et qui explique aussi que l'intelligence artificielle, elle est déjà présente dans notre quotidien. Quand on est en période de transformation ou de grand changement, c'est toujours rassurant pour les gens de se rendre compte de ce que ça fait dans leur quotidien personnel. avant d'aller dans le quotidien professionnel. Donc quand on dit ça existe dans Netflix, dans Instagram et autres, déjà ça permet de relativiser un peu certaines craintes ou certaines peurs qu'on pourrait avoir.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, il faut être dédiaboliser.

  • Valérie Mussard

    Exactement. Ensuite, on a lancé plusieurs initiatives. Il y avait deux façons de faire où des collaborateurs avaient déjà, avec leur manager, identifié des cas d'usage, mais qui restent assez opportunistes ou ponctuels. Mais c'est avec des collaborateurs qui sont déjà À la manœuvre, on va dire, avec de l'intelligence artificielle. Là, on voulait toucher tout le monde. Parce que la transformation, elle réussit si tout le monde comprend ce qui se passe et contribue à faire. Parce que la transformation, ça c'est ma conviction personnelle, c'est ceux qui font, qui savent comment il faut transformer leur métier.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc on part du terrain, on va vraiment au plus près des équipes.

  • Valérie Mussard

    En tout cas, c'est complémentaire à ce qui peut partir d'une décision stratégique d'entreprise. Parce qu'il faut que ce soit compris, le mouvement pour être mis en œuvre doit être compris. Donc, on a lancé plusieurs dispositifs au-delà des e-learning. Par exemple, on a une communauté qui s'appelle la communauté MIA, parce que notre petit chatbot interne s'appelle MIA, Mon Intelligence Artificielle, pour que tout le monde, déjà, puisse faire quelques promptes et se rendre compte de ce qu'on peut faire en reformulant des courriers, en préparant des comptes-rendus, des présentations PowerPoint ou autre. On a également diffusé certains témoignages de collègues qui avaient travaillé sur des cas d'usage plus complexes pour que... les gens se rendent compte aussi que ça se fait pas comme ça. On appuie sur un bouton et tout est magique. On a également fait les journées... de l'IA sur chacun de nos grands sites avec quatre ateliers différents. Donc ça, on l'a organisé avec nos équipes tech. Un atelier pour faire du prompt. Donc là, chacun vient avec ses questions, ses exemples et on essaye tous ensemble. Donc des petites classes où il n'y a pas de règles, chacun s'exprime. On a un atelier sur l'éthique, parce que pour nous, c'est quelque chose de très important. On a un atelier sur déceler le vrai du faux, parce que les fake news... Les contenus qui sont générés, on ne sait pas par qui, on ne sait pas comment, c'est très important et ça fait également écho à tout ce qu'on fait autour de la fraude. Donc sensibiliser nos collègues sur reconnaître ce qui est généré par une IA ou pas, ça nous paraît important. Et puis aussi des échanges libres. On a également commencé à lancer des ateliers avec les métiers, donc être au plus proche d'un besoin d'expertise. versus les ateliers où ça se voulait, les journées de l'IA où ça se voulait être très généraliste. De l'acculturation. Voilà, de l'acculturation. Là, ce qu'on demande avec les managers, c'est remonter vos idées. Si l'IA pouvait tout faire, donc là, on rentre dans le champ des possibles, peut-être de l'utopie complète, qu'est-ce qu'on pourrait déléguer à la machine ? Et là, on se rend compte que, justement, il y a ce complément avec des décisions de stratégie d'entreprise, là où... Dans une stratégie d'entreprise, on pourrait dire on va transformer telle activité. En miroir, on a des collaborateurs qui disent moi j'ai besoin qu'on m'aide pour faire des comptes rendus, qu'on m'aide pour faire de la reformulation, qu'on m'aide pour préparer un rendez-vous client. Donc des choses, on va dire du quotidien, qui sont parfois pas toujours intégrées de cette même façon lorsque l'on donne des gros programmes de transformation. Et donc là, c'est tout ce travail que l'on fait pour justement que les collaborateurs... s'approprient avec ce dont ils ont besoin dans le quotidien, l'intelligence artificielle générative, et qu'ils soient à l'origine de cas d'usage beaucoup plus complexes. C'est aussi culturellement plus facile pour eux de se projeter. Et c'est aussi, je trouve, mieux que d'arriver avec un outil en disant « Voilà, il y a de l'intelligence artificielle dedans, tu cliques ici et ça marche. » Là, c'est eux qui vont construire leur outil. Et ça sera du coup aussi beaucoup mieux accepté parce que... Comme ils auront eu toute la mécanique pour faire les choses, ça casse aussi les peurs et ça permet aussi aux équipes de poser elles-mêmes les limites.

  • Anne-Laure Daniel

    Le cadre.

  • Valérie Mussard

    Et les limites de l'usage. Ça, on veut bien, ça, non.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, vous nous parlez de peur. On en est où des peurs, justement, du coup, dans vos équipes ? Ils ont toujours peur de l'IA ou au contraire, ils ont saisi l'opportunité ?

  • Valérie Mussard

    Aujourd'hui, je pense que c'est un petit peu tôt pour avoir des statistiques. claires sur ceux qui sont... Alors, les early adopters, on les détecte très vite, ils essayent plein de choses, ils posent plein de questions. On a des collègues qui sont pas forcément technophiles. On n'en a pas beaucoup, mais tout le monde n'est pas à l'aise avec l'informatique. Tout le monde n'aime pas ça. Il y a aussi ceux qui n'aiment pas ça. Ceux-là, aujourd'hui, ils ne disent pas qu'ils sont contre, mais ils ne s'y intéressent pas. On est plutôt comme ça. Il y en a certains qui viennent avec leur manager ou qui viennent en équipe dans les journées de l'IA et... qui viennent parce qu'on les a un peu obligés, on va dire. Et puis finalement, quand ils voient les démonstrations, là, il y a le déclic. Ils disent, ah, OK, on peut faire ça. Parce que ce qui est important aussi dans les actions de transformation, c'est ce que c'est et ce que c'est pas. Et parfois, on s'en fait toute une image, tout un drame. Et le fait de venir au contact et de montrer ce que ça peut faire et ce que ça ne fait pas, ça permet aussi aux collaborateurs de mieux se positionner.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Donc, c'est plus un fantasme aujourd'hui. C'est quelque chose de concret, applicable. au quotidien par les équipes.

  • Valérie Mussard

    Exactement. Après, il y a quand même cette inquiétude, puisque le monde entier en parle, de « ça va nous remplacer » . Bon, quand même, on se rend compte, à travers les différents exemples, que ça ne nous remplace pas en cinq minutes, que ça ne nous remplacera pas tant qu'on ne dira pas à la machine ce qu'il y a à faire. Et en plus, sur notre secteur d'activité, où on a des données confidentielles, on a un gros portefeuille de clients en assurance, en retraite, en épargne. Tout ça, ça ne se fait pas comme ça. On doit aussi garantir, nous, la satisfaction du client, l'expérience client. On est très attachés avec les collaborateurs pour ça. Et ça ne sera pas pour faire de l'IA au détriment de tout ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc aujourd'hui, vous avez monté une boîte à outils d'agenda autorisé. J'imagine qu'ils sont sécurisés, qu'ils sont propres à Malakoff Humanis.

  • Valérie Mussard

    Aujourd'hui, on a effectivement un chat GPT sécurisé dans lequel on peut justement mettre des informations et on sait que ça ne sort pas de Malakoff Humanis. on est en train avec les équipes tech, d'y ajouter d'autres LLM type Mistral. Et puis, on a aussi des cas d'usage qui sont très sécurisés avec nos données. Ce n'est pas quelque chose qu'on fait faire en externe. On a de la chance d'avoir des équipes de data scientiste très pointues sur le sujet parce que c'est aussi notre patrimoine. Et puis, ce sont nos clients. On n'a pas envie que les données, à un moment, disparaissent dans la nature, donc c'est très important aussi pour nous de créer une IA responsable et une IA de confiance et que nos clients et nos retraités soient assurés que leurs données ne servent pas pour faire n'importe quoi et ne sont pas stockées n'importe où.

  • Anne-Laure Daniel

    Aujourd'hui, vous le portez bien par le terrain. J'imagine que c'est aussi un projet qui est porté par le COMEX directement et qui appuie l'adoption en interne ?

  • Valérie Mussard

    Oui, ça a toujours été le cas. On n'a jamais freiné les initiatives d'IA depuis plusieurs années. Il y a des points réguliers qui sont faits en COMEX. Là, on restructure un peu un nouveau programme pour justement que le foisonnement soit un peu, pas limité, mais ordonnancé. Parce que là, tout le monde veut faire de l'IA, ce qui est normal, parce qu'au fur et à mesure des découvertes, on se rend compte du potentiel et en quoi ça peut nous aider dans le travail et soulager un peu la pénibilité des tâches. parce que dans des entreprises de prestations de services, nous aussi, on peut avoir du travail pénible, copier-coller toujours la même chose, faire toujours le même workflow, faire toujours le même type de courrier. Quand on fait ça toute la journée, il y a une forme de pénibilité, là où on aurait besoin d'aller plus en contact avec le client ou être plus dans l'innovation. Donc là, on retravaille un peu cette façon de mener le prochain programme. Mais effectivement, c'est un sujet qui est très poussé par le COMEX et par l'ensemble des cadres de direction du groupe.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc là, le premier programme, c'était l'acculturation et la découverte. Et là, vous allez passer à l'ancrage. Comment on arrive à vraiment faire rentrer de façon durable l'utilisation de l'IA ?

  • Valérie Mussard

    Alors, le premier programme, c'était plutôt sur l'IA prédictive. Là, on regarde comment intégrer l'intelligence artificielle générative. L'acculturation en fait partie, mais il faut qu'on continue de la muscler. et aussi parce que c'est très attendu et très suivi. au-delà du COMEX, par nos administrateurs, par la gouvernance, par nos partenaires sociaux avec qui on co-construit tout ça. On a déjà fait deux informations-consultations pour expliquer la manière dont on souhaitait procéder, des phases d'expérimentation, des phases de tests à plus grande échelle, avant de se dire qu'on allait déployer. On a remusclé aussi notre gouvernance autour des systèmes d'intelligence artificielle, que ce soit avec les équipes juridiques, les équipes achats, les équipes tech évidemment, les équipes RH. les équipes DPO, parce que le RGPD, il ne faut pas l'oublier, il n'y a pas que l'IA ACT. Donc voilà, et au fur et à mesure, on va monter en gamme et structurer les choses, toujours en ayant le regard de la symétrie des attentions entre ce qu'on fait pour aider nos collaborateurs à mieux travailler, et donc enlever cette pénibilité de répétition, et ce qu'on propose à nos clients en termes d'expérience.

  • Anne-Laure Daniel

    Ce sont lesquels les métiers qui vont le plus évoluer ? Chez Malakoff Humanis, avec l'IA ?

  • Valérie Mussard

    Alors, il y a beaucoup de légendes, je trouve, sur le sujet des compétences. Alors, il y a des études qui disent 50% des métiers vont disparaître, et puis finalement, que 20, et puis finalement dans 5 ans, et puis finalement, ça dépend de tout un tas de choses. Aujourd'hui, notre approche, elle est de travailler par processus et d'identifier quelles sont les missions ou les tâches qui peuvent être ou aidées par l'IA ou remplacées parfois par l'IA. Donc ça ne va pas se tordre tout de suite. En revanche, on va intégrer de nouvelles compétences sur l'utilisation de l'intelligence artificielle. On peut voir que l'éthique prend énormément de place et nous, c'est vraiment quelque chose qui nous tient à cœur. On peut voir que la culture data-driven prend encore plus de place et ça doit concerner tout le monde. Là où avant, on saisit et puis on verra bien ce que ça donne après en termes de saisie. Des grandes modifications tout de suite, peut-être pas. Néanmoins, on va à un moment peut-être se retrouver à... J'ai quelques exemples. Je parlais de l'éthique. Est-ce que demain, j'ai des éthiciens dans toutes les directions, à la communication, à la RH, à la tech ? Ou est-ce que je renforce une direction des risques, voire je crée une direction de l'éthique ? Ça, ça peut être un premier effet qui bouge l'organisation. Sur la data... Moi, quand j'ai commencé ma carrière, j'étais contrôleur de gestion sociale, donc je faisais des études RH à la DRH. On a souvent eu un débat sur est-ce que c'est un métier RH ou est-ce que c'est un métier dit financier, un métier de chiffres. Demain, on peut se retrouver avec le même débat sur est-ce qu'un data analyst RH, il est plutôt dans les métiers de la tech ou dans les métiers de la RH. Et ce n'est pas tout à fait la même chose dans l'exploitation de la data. Donc, on peut aussi avoir des métiers qui... prennent une empreinte, là sur la data RH, plus data que RH. On peut avoir aussi des métiers d'architecte d'expérience, parce qu'il va falloir combiner l'expérience du client digital, mais aussi relationnel, omnicanal. Et donc tout ça, ça peut... aussi un peu modifier les organisations et les métiers.

  • Anne-Laure Daniel

    Tous les métiers qu'on voyait propres à l'IA, finalement, ils sont en train d'infuser dans toutes les directions ?

  • Valérie Mussard

    Oui, parce que l'IA, c'est un outil. Et donc, à chaque fois qu'on utilise un outil, quelque part, ça touche tout le monde. Au début, si je prends les workflows, avant, on recevait tous des enveloppes qu'on allait chercher dans le couloir. Aujourd'hui, c'est des workflows, des alertes, des notifications. Donc, inévitablement, ça va se retrouver, se distiller dans tous les métiers du groupe. ce qu'il va falloir surveiller et accompagner, c'est en quoi ça transforme les compétences, parce que l'IA va nous demander d'autres actions comme superviser les résultats d'une IA. Si on veut superviser les résultats d'une IA, ça veut dire qu'il faut se renforcer aussi sur son expertise première. Si vous vous faites un prompt sur de la RH, vous allez lire, vous allez dire oui, bon ok, le biais de cohérence...

  • Anne-Laure Daniel

    C'est bien formulé, allez ça passe.

  • Valérie Mussard

    Voilà, c'est ça, c'est le biais de cohérence. Et moi, je peux faire pareil sur la finance. Je vais dire oui, effectivement, ça a l'air d'être ça. Un expert vous dira tout de suite non, non, ça, c'est trop généraliste, ça ne correspond pas. Donc, ça va être aussi très important de bien conserver, de toujours garder au top, si je puis dire, l'expertise métier. Parce que c'est ce qui fera la différence. Ce n'est pas que l'IA et les agents IA et tout ce qu'on va monter autour qui feront la différence demain. C'est aussi l'expertise.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc, en fait, ça va au-delà de l'outil en soi aussi. C'est aussi la façon dont on va travailler qui va être impactée. Plus largement, ça va être l'organisation des métiers et du travail.

  • Valérie Mussard

    Oui, et justement, dans la manière de travailler, on a un sujet avec le management, par exemple. Pas que. Aujourd'hui, lorsque je demande quelque chose à mon équipe, chacun fait sa part ou ils travaillent ensemble. Et je vais vérifier ou challenger le travail restitué par l'équipe. Demain, ils vont avoir recours à une IA. Je vérifie quoi ? Ce que fait l'IA, ce que vérifie l'équipe ? Et d'ailleurs, ils ont utilisé l'IA comment ? Ils ont fait le brainstorming d'abord et ils ont fait challenger par l'IA ou est-ce que c'est l'IA qui a fait le brainstorming et ils sont allés piquant les trois, quatre idées ? Donc la place, ne serait-ce que d'un assistant conversationnel comme ChatGPT, est très importante à positionner quand on est manager. Et si on rentre dans le système des agents, Là, pareil, comment on va évaluer que le résultat a été challengé avec l'expertise des équipes et n'est pas juste le fruit d'une génération de différents agents ?

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, donc là, c'est une vraie éducation.

  • Jingle

    C'est une vraie éducation. Moi, je dis souvent, l'IA, c'est un autre membre de l'équipe et on ne va pas tous demander la même chose au même membre de l'équipe, sinon le membre de l'équipe ne va pas y arriver. Là, en l'occurrence, il va consommer beaucoup d'énergie pour rien. Donc, il faut savoir travailler avec l'IA. Et si on est dans une transformation, on va dire, plus profonde, où on vient mettre de l'intelligence artificielle, quelle qu'elle soit, prédictive, générative, avec d'autres systèmes d'automatisation de l'informatique qu'on connaît aujourd'hui, là, c'est pareil. Comment on va vérifier, contrôler à chaque point pertinent que cela fonctionne et comment on réorganise aussi les flux de travail ?

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Bon, là, il y a un travail de cartographie. ça ne se fait pas en un claquement de doigt.

  • Valérie Mussard

    Et pas qu'une cartographie de processus dans les applications, mais un vrai travail d'ergonomie sur le poste de travail. Parce qu'on parle beaucoup des tâches que l'on voit à travers des systèmes d'information, mais moi, je ne fais pas que cliquer sur mon ordinateur toute la journée. Il y a plein d'autres choses que je fais et c'est comme l'information. Il y en a aussi beaucoup à la machine à café. Elles ne viennent pas toutes de ChaGPT.

  • Anne-Laure Daniel

    Il ne faut pas oublier la machine à café. Vous avez bien raison. ce qu'on voit donc, si je comprends bien il y a de l'évolution des métiers et des compétences en place, il y aura aussi des nouvelles compétences à aller chercher pour venir enrichir les organisations et les équipes en place. Est-ce qu'il va y avoir de la tension sur certains métiers ? Est-ce qu'on va avoir accès à ces nouvelles ressources et ces nouvelles compétences qui vont être demandées par toutes les entreprises en même temps ? Et quand on fait de la prospective, est-ce qu'on prévoit cette pénurie de compétences ?

  • Valérie Mussard

    Oui, on prévoit. Alors après, on a toujours, bon là en ce moment, c'est les data scientists, les développeurs, même si récemment, il y a eu un gros buzz sur les développeurs, les développeurs vont disparaître parce que l'IA va être capable de coder toute seule. Bon, enfin, si elle est capable de coder toute seule, c'est parce qu'à un moment, il y a un développeur qui le code pour faire en sorte qu'elle soit capable de coder toute seule. Donc bon, tout ça, c'est un peu fouillis. Mais oui, il va falloir au fur et à mesure capter les tendances, mais on pourrait se dire, tiens, il me faut telle compétence. Mais il faut aussi que ce soit en lien avec le rythme de l'entreprise et le rythme des investissements, que ce soit en argent ou en homme. Parce qu'on a beaucoup d'ambition les uns les autres sur des programmes d'intelligence artificielle, sauf que ce n'est pas gratuit. Il faut des data centers, il faut des partenaires sérieux. Pendant que les équipes font des expériences, elles ne sont pas en production, entre guillemets. Tout ça, ça a un coût. Et on a beau se dire, dans trois ans, il va me falloir Shiva. Oui, mais si dans trois ans, je ne suis pas prête à intégrer Shiva, parce que mon projet n'est pas terminé, ça ne servira à rien.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc l'IA, ça va toucher bien plus largement toute l'organisation. Il y a un enjeu de génération pour l'adoption. On en avait parlé un petit peu lorsqu'on s'est appelé avant de se voir aujourd'hui. C'est un tabou, les gaps générationnels sur l'adoption de l'IA, c'est un mythe, c'est réel. Qu'est-ce qu'on en dit ?

  • Valérie Mussard

    Alors, je pense qu'il y a un peu de mythe. Quand même, même si effectivement, les jeunes générations, elles sont nées, on dit souvent avec le téléphone dans la main. Aujourd'hui, on voit bien dans l'éducation nationale, c'est un peu le sujet. Ils ne font plus les devoirs tout seuls, ils font les devoirs avec Chadjipiti. Donc, il faut réadapter notre système d'apprentissage. Mais aussi parce qu'il y a un gros changement là-dessus, c'est que notre système d'éducation est basé sur la mémoire. On ingurgite toute l'histoire de France, toute l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, etc. etc. Là, il n'y a plus besoin de le faire puisque ChatGPT a tout. Et la seule manière que l'on a de travailler notre raisonnement, c'est avec les maths. Donc déjà, rien que les jeunes générations, il va falloir un peu changer la manière d'apprendre parce que pour avoir l'esprit critique et utiliser des IA à terme et arriver à construire toutes ces transformations...

  • Anne-Laure Daniel

    Il faut garder sa capacité de raisonnement.

  • Valérie Mussard

    Il faut garder sa capacité de raisonnement. Ça, c'est le premier point. Ensuite, quand les nouvelles générations vont arriver sur le marché du travail, comme on va avoir... relayer d'une certaine manière toutes ces tâches un peu de débutant à l'IA, comment on fait rentrer un nouveau juriste dans l'entreprise si l'IA est capable de sortir tous les matins une veille juridique sur les dernières jurisprudences qui sortent.

  • Anne-Laure Daniel

    Vous nous emmenez vers les bacs plus 12 là.

  • Valérie Mussard

    En tout cas, nous managers, il faut qu'on se prépare à ça. Comment on apprend à quelqu'un qui n'a plus ce sas d'expérience de débutant à avoir l'esprit critique sur une matière qui n'a pas appris ? au sens expérimenté dans son quotidien. Ensuite, sur les générations, on va dire à l'extrême, les générations seniors, il y en a qui n'ont absolument pas peur de faire de la techno. C'est même les premiers à aller dans le chat GPT ou autre. Nous, on fait des challenges aussi de prompte et tout le monde y va, il y a tous les âges. Et on voit, moi, j'ai quatre générations dans mon équipe. Chacun échange très facilement ses bonnes pratiques. Moi, j'ai des jeunes alternants. Les Canval et tout ça, ils sont à fond dedans. Et puis, nous, en contrepartie, on est tout content d'apprendre ça. Mais on leur dit, oui, mais ça, en termes d'éléments de langage, ça ne va pas. Là, ce n'est pas en lien avec le projet d'entreprise. Ça, ce n'est pas du tout RH. Donc, ça se fait assez facilement, mais comme ça s'est fait sur à peu près toutes les générations. En revanche, quelque chose qui va vraiment être déterminant, et pour toutes les générations d'ailleurs, c'est celui qui est contre la techno, ou qui n'y arrivent pas. Et ça, peu importe l'âge.

  • Anne-Laure Daniel

    ça c'est quelqu'un qui se met en risque quand même aujourd'hui dans une organisation. On ne peut plus être complètement anti-techno.

  • Valérie Mussard

    Alors, on ne peut plus être anti-techno même dans la vie de tous les jours. Les impôts, tout le monde le fait en dématérialisé. Donc, ça devient de plus en plus compliqué. Vous voulez même aller réserver un billet de train dans une agence SNCF. Je vous défie de faire la queue pendant deux heures parce qu'il n'y a plus beaucoup d'agences SNCF en physique. mais il faut quand même trouver aussi de l'emploi et des missions plus vers le relationnel, plus vers le métier du care, pour ces personnes qui sont, voilà, la techno ne passera pas par eux, bon, c'est comme ça, mais ils ont d'autres choses à apporter. Et souvent, ce sont ces personnes-là qui amènent des services un peu différents, autres que techno, parce que tout ne peut pas être techno de toute façon, et encore moins nous dans notre métier.

  • Anne-Laure Daniel

    Super, on a beaucoup parlé d'IA. J'aurais voulu juste qu'on revienne un petit peu de... qu'on dézoome un petit peu et qu'on regarde, parce que vous traitez la prospective pas que sur l'intégration de l'intelligence artificielle, comment ça s'intègre dans les autres transformations qui sont en cours, et notamment l'organisation du travail, les équilibres, la qualité de vie au quotidien, qui a été largement chamboulée ces dernières années et qui sont à nouveau chamboulées également par l'IA. Alors, comment on fait cohabiter tout ça ? Parce que si on avait qu'une seule révolution, ça serait bien, mais tout ça s'enchaîne.

  • Valérie Mussard

    Alors nous, on a posé il y a déjà deux ans, et c'est quelque chose qu'on suit de manière récurrente, notre contrat social qui se déroule en quatre axes. Le premier axe, c'est tout ce qui est lié à la rémunération et au partage de la valeur, où là, on essaye d'être innovant pour justement répondre à toutes les générations et toutes les bourses aussi, parlant d'intéressement, de participation, de placement épargne, de manière de pouvoir aussi percevoir les fruits de l'entreprise et de son travail. Et à côté de ça, on a un deuxième pilier qui correspond à la modularité du temps et des espaces, où là, on va retrouver plusieurs formules de temps de travail, par exemple, parce que quand on est jeune maman, on a besoin peut-être de partir plus tôt le soir ou d'avoir plus de vacances. Ou jeune papa, ça marche aussi. Quand on est senior, on a peut-être besoin d'avoir un peu plus de temps pour soi pour préparer. Sa retraite, par exemple, quand on est en situation de handicap, c'est encore autre chose. Ou quand on est dans une période de sa vie, certains préfèrent avoir des journées plus longues, mais que sur quatre jours, et d'autres, des journées plus courtes, mais que sur cinq jours. Donc, on essaye d'avoir déjà plusieurs formules de temps de travail qui répondent un peu à toutes les générations et tous les besoins. Sur la modularité, on a aussi la modularité de l'espace. Et donc là, on a le deuxième choc, qui était le premier en l'occurrence, l'hybridation du travail. et qui va être un peu difficile. En tout cas, il va falloir être très attentif à la manière dont l'hybridation du travail vient se greffer avec l'IA. Là, on a beaucoup travaillé sur nos espaces de travail sur site, mais aussi sur la manière de travailler lorsqu'on est sur un site distant ou à son domicile. Et avec l'IA, on voit bien qu'on pourrait aller vers de l'isolement. social dans son quotidien professionnel.

  • Anne-Laure Daniel

    Avec tous les excès que cela peut en faire.

  • Valérie Mussard

    Avec tous les excès, parce que quand je suis au bureau, je lève ma tête, j'ai mon collègue, je peux lui poser une question. Quand le collègue, il n'est pas là ou qu'il est en rouge dans le team, c'est parce qu'il est en communication, je demande à Chagipiti. Chagipiti, c'est super, il est disponible 24h sur 24, 7 jours sur 7. Sauf que la charge cognitive, déjà, peut prendre un coup. Et ensuite, ça casse le contact. D'où, là, l'importance de faire revenir. Alors, c'est un peu moche de dire ça, mais en tout cas, Faire revenir les gens sur site pour faire quelque chose ensemble, différent de ce qui se passe à la maison, pour justement continuer à générer de la créativité, de l'échange, de l'esprit critique ensemble, parce que c'est quand même ensemble qu'on apprend des nouvelles choses, qu'on apprend ensemble et qu'on développe de nouveaux services. Quand on est à la maison, c'est pour faire des choses un peu routinières, on va dire, et avec de l'IA, mais pas trop. Il va falloir doser aussi ça. On a notre troisième pilier qui est plutôt sur le développement des carrières, des compétences et des parcours professionnels. Donc là, justement, comment on peut devenir demain un coach IA ou un superviseur de l'IA ou être plus tech qu'expert lorsque l'on crée, par exemple, des cas d'usage complexes ? Comment on peut devenir spécialiste de l'éthique ? Comment on peut aller beaucoup plus sur de l'expérience digitale pour les clients ou pour les collègues aussi en interne ? Donc là, c'est aussi tout ça dans l'évolution des compétences que l'on travaille. Et puis, le dernier point est autour de la RSE, puisque les équipes RH ont aussi un rôle à jouer sur la RSE. Comment on garde toujours de l'inclusion, de la diversité ? Comment on contribue aux enjeux sociétaux du groupe et de la société à travers les différents programmes qu'on peut proposer en interne comme à nos clients ?

  • Anne-Laure Daniel

    Ça va vraiment tout chambouler. Vous vous sentez prêt ? à affronter cette transformation en profondeur ?

  • Valérie Mussard

    Je pense que quand on fait de la prospective et qu'on prend le temps, et c'est ce qu'on fait chez Malakoff Humanis, on teste des choses et on sait s'arrêter quand on se dit, non, là, il y a un risque, là, le résultat est bien, mais on pourrait faire mieux. Et on n'hésite pas à arrêter des pokes et en refaire d'autres. Quand on prend le temps d'échanger et de regarder un peu ce qui se passe autour, je pense qu'on peut être prêt à tout. Il faut avoir le réflexe du droit à l'erreur. Ça, c'est souvent quelque chose qui n'est pas trop admis dans les groupes. Nous, c'est vraiment quelque chose qu'on autorise. Je ne veux pas dire qu'on le favorise, mais en tout cas, il faut essayer. Et si ça ne marche pas, ce n'est pas grave. Mais essayer, c'est apprendre aussi. Et donc, ça, c'est important de garder ce droit à l'erreur. Et il faut être constamment à regarder ce qui se passe autour, s'inspirer des autres. nous on a co-créé un label qui s'appelle Positive AI. Donc, c'était avant l'arrivée de l'IA ACT, ce qui nous a permis d'être en avance aussi sur l'éthique, la robustesse des algorithmes, la transparence, l'explicabilité, l'intervention humaine. Donc, on a tout un champ comme ça. Et tout ça, c'est quelque chose qu'on regarde de manière continue et qu'on nourrit de nos expériences et des expériences externes, puisqu'on l'a co-construit avec d'autres entreprises qui, tout comme nous, partagent leurs bonnes et mauvaises expériences. Donc, c'est important de rester ouvert sur ce qui se passe et pas se fermer des portes par principe.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, si on parle de mauvaises expériences ou peut-être d'erreurs ou de moments où vous êtes cherché, est-ce que vous-même, vous auriez peut-être une petite erreur ou un écueil à éviter si vous devez faire une recommandation à vos confrères des RH qui cherchent à intégrer l'IA dans leurs organisations ? Il y a un truc qu'il faut éviter ? Il y a un mauvais départ qu'on peut prendre ?

  • Valérie Mussard

    Pour moi, le mauvais départ, c'est de partir que de la stratégie d'entreprise et pas écouter le terrain. Je l'ai fait moi-même en tant que manager avec mes équipes quand il a fallu changer des systèmes de paie, faire de l'harmonisation des statuts ou autre. Sans les équipes, moi, je ne sais rien faire. Sans les équipes, je ne suis pas manager déjà. Donc, pour moi, ça, c'est important. Et puis, je pense aussi qu'il faut faire attention un peu à l'appel des sirènes. C'est le jeu du business. On a beaucoup d'éditeurs qui appellent, qui ont toujours une solution magique. Et forcément, on se dit qu'on va passer à côté. Il faut prendre le temps de se poser et de se reposer les questions.

  • Anne-Laure Daniel

    Super, merci beaucoup Valérie. Notre épisode touche déjà à sa fin. C'est passé très vite. On l'a vu, au-delà des outils et des compétences, c'est bien une nouvelle façon de penser le travail qui se dessine avec des impacts profonds sur les organisations, les parcours et même le lien entre l'individu et l'entreprise. En toile de fond, moi, je vois une vraie question qui émerge. C'est comment ces évolutions vont redessiner le contrat social, comme vous en parliez. Ce contrat entre les employeurs, les collaborateurs et la société, parce que ça va bien au-delà de nos organisations. Donc, c'est sans doute là que va se jouer une grande partie de la transfo à venir. Encore merci beaucoup, Valérie.

  • Valérie Mussard

    Merci à vous.

  • Anne-Laure Daniel

    Je recevais aujourd'hui Valérie Mussard, en charge de la prospective RH pour le groupe Malakoff Humanis.

  • Jingle

    Les Afters de la Transformation, une émission à écouter et à télécharger sur... adequancy.com et toutes les plateformes de podcast.

Description

Découvrez la vision de Valérie Mussard et les grandes mutations du travail à l’ère de l’intelligence artificielle


Face à l’accélération technologique et à l’arrivée massive de l’IA générative, les entreprises doivent faire preuve d’anticipation. Chez Malakoff Humanis, Valérie Mussard pilote la prospective RH avec une ambition claire : aider les métiers à se projeter, s’adapter, et surtout, co-construire l’avenir du travail en associant toutes les parties prenantes.


Au programme :

  • Prospective RH : comment anticiper les ruptures à venir
    Penser au-delà de la transformation : la prospective permet de construire des scénarios du plus utopique au plus critique pour mieux préparer l’entreprise et éviter de subir les chocs à venir.

  • L’intégration de l’IA générative : une transformation collaborative
    Loin d’un déploiement imposé, l’approche choisie repose sur l’acculturation, les tests concrets, et surtout la participation active des collaborateurs dans l'identification des usages.

  • Des compétences qui évoluent : vers une nouvelle culture de l’expertise
    Face à l’IA, le besoin d’expertise humaine reste fondamental : compréhension, supervision, éthique... L’enjeu est de renforcer la capacité de raisonnement, et non de la déléguer à la machine.

  • Un impact organisationnel profond : le travail, les rôles, le management
    Des métiers hybrides, une gouvernance de l’IA renforcée, de nouvelles formes de collaboration : l’intelligence artificielle redessine en profondeur les modes de travail et la place du management.

  • Le contrat social réinventé : modularité, inclusion et sens au travail
    Chez Malakoff Humanis, les transformations technologiques s’inscrivent dans un cadre plus large : rémunération, temps de travail flexible, parcours professionnels et engagement sociétal composent un socle de stabilité dans un monde en mouvement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Valérie Mussard

    Pour moi, la prospective, c'est quelque chose qui est essentiel. On a souvent tendance à ne parler que transformation, et pour moi, la transformation, c'est ce qui arrive avant. C'est cette capacité qu'on doit garder quand on est dirigeant, quand on est manager, à envisager tous les scénarios possibles qui peuvent impacter ou concerner l'entreprise. Et ce, avec une vision un peu 360, pour être au maximum en proaction plus qu'en réaction. Quand on est dans la transformation, on a déjà réagi à quelque chose. On a souvent tendance à faire des plans à un an, deux ans, trois ans, et puis d'un coup, il se passe quelque chose, comme l'arrivée de l'intelligence artificielle, et on s'agite un petit peu, on s'affole, on essaye de comprendre ce qui se passe, en quoi ça peut changer les différents champs autour de l'entreprise. Et le fait d'avoir cette prise de recul régulière, et envisager tous les scénarios possibles, du plus catastrophique au plus utopiste, permet, à mon sens, d'un peu mieux se préparer, et de ne pas subir la transformation. parfois comme un choc. En tout cas, ça peut être ressenti comme ça par les collaborateurs d'une entreprise dès qu'il se passe quelque chose dans l'environnement.

  • Jingle

    Les Afters de la Transformation, le podcast des acteurs qui façonnent l'entreprise de demain. Un rendez-vous qui donne la parole aux dirigeants, une production Adequancy.

  • Anne-Laure Daniel

    Bonjour et bienvenue dans Les Afters de la Transformation, le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui font bouger l'économie de l'intérieur, avec des impacts bien réels sur les organisations. les territoires et la société. Alors aujourd'hui, on a le plaisir d'accueillir Valérie Mussard. Elle travaille chez Malakoff Humanis depuis bientôt 9 ans, un groupe de protection sociale engagé dans la santé, la prévoyance et la retraite complémentaire. Valérie a un parcours passionnant au sein des RH qu'elle a exploré sous toutes les coutures, de l'administration du personnel à l'expérience collaborateur, en passant par le digital RH et le développement des compétences. Aujourd'hui, elle occupe un rôle clé, tourné vers la prospective RH. et elle accompagne les métiers dans l'intégration de l'intelligence artificielle et des nouvelles façons de travailler. Avec elle, on va parler de ce que l'IA change concrètement dans les métiers, des compétences qui émergent et de la manière dont une entreprise comme Malakoff Humanis prépare ses équipes à ces grandes transformations. Bonjour Valérie.

  • Valérie Mussard

    Bonjour Anne-Laure.

  • Anne-Laure Daniel

    Soyez la bienvenue, on est très heureux de vous accueillir. Merci,

  • Valérie Mussard

    ravie.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, on va parler d'IA, on l'a dit, mais avant qu'on plonge vraiment dans le concret de l'IA, j'aurais bien aimé qu'on parle un petit peu de ce que c'est que la... Prospective RH, qu'est-ce qu'on entend par prospective RH ?

  • Valérie Mussard

    Alors prospective RH, c'est un domaine qui est un peu nouveau pour moi aussi, même si depuis très longtemps je m'intéresse à ce qui se passe autour de l'environnement de mon entreprise. Et pour moi la prospective c'est quelque chose qui est essentiel. On a souvent tendance à ne parler que transformation, et pour moi la transformation c'est ce qui arrive avant. C'est cette capacité qu'on doit garder quand on est dirigeant, quand on est manager, à envisager tous les scénarios possibles. qui peuvent impacter ou concerner l'entreprise. Et ce, avec une vision un peu 360, pour être au maximum en proaction plus qu'en réaction. Quand on est dans la transformation, on a déjà réagi à quelque chose. On a souvent tendance à faire des plans à un an, deux ans, trois ans. Et puis, d'un coup, il se passe quelque chose, comme l'arrivée de l'intelligence artificielle, et on s'agite un petit peu, on s'affole, on essaye de comprendre ce qui se passe, en quoi ça peut changer les différents champs autour de l'entreprise. Et le fait d'avoir cette prise de recul régulière et envisager tous les scénarios possibles, du plus catastrophique au plus utopiste, permet, à mon sens, d'un peu mieux se préparer et de ne pas subir la transformation, parfois comme un choc. En tout cas, ça peut être ressenti comme ça par les collaborateurs d'une entreprise dès qu'il se passe quelque chose dans l'environnement.

  • Anne-Laure Daniel

    La prospective, en fait, ce n'est pas à l'instant T, c'est en continu.

  • Valérie Mussard

    Pour moi, c'est en continu, avec une vision qui n'existe pas. Dans le sens où ce ne sont que des scénarios, certains qui peuvent être très disruptifs, certains qui peuvent s'appuyer sur des signaux faibles qui commencent à émerger, ou d'autres qui ne sont que la continuité de ce que l'on est en train de faire, mais de manière très accélérée par exemple.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Alors on voit que c'est quand même toujours un petit peu lointain, pas toujours très palpable. Qu'est-ce que ça va changer dans la façon d'agir ?

  • Valérie Mussard

    Si on prend l'exemple de l'intelligence artificielle, Aujourd'hui, on voit bien que... Il y a des chocs autour de la régulation, l'IA ACT et puis tout ce qui arrive en France. Mais justement, si on se projette plus loin, est-ce qu'on va avoir un renforcement de cette régulation ? Est-ce que d'un coup, on va avoir beaucoup plus de contrôles et des contrôles différents par rapport à ce qui existe aujourd'hui ? Ou est-ce qu'au contraire, on va rester à peu près sur les mêmes mécaniques que l'on connaît à ce jour ? Sur le champ, par exemple, technopolitique, on parle beaucoup de souveraineté numérique. Et justement, si on prend les dernières actualités liées aux droits de douane des Américains, si demain, on n'a plus recours au service des GAFAM, comment on fait ? Est-ce qu'on a du cloud français ? Comment on fait ? Est-ce qu'on a déjà des options ou des choix qui pourraient être choisis ? Sur l'économie, on voit que les concurrents avancent. Est-ce que justement on essaye de se projeter en essayant de garder de l'avance, en essayant de récupérer de l'avance ou en faisant complètement autre chose, quitte à se tromper et à réessayer autre chose ? Donc là aussi il peut y avoir des stratégies qui peuvent évoluer en fonction des scénarios. Sur les usages et modes de vie, moi je fais partie de la génération qui a découvert Internet et qui est née avec Internet. Moi aussi. Voilà. Oui, ceux qui vont rejoindre le marché du travail demain, ils ont déjà acquis des réflexes dans leurs usages qui ne sont pas du tout les mêmes. Donc, comment on arrive à se projeter à beaucoup plus loin ? Et c'est pareil sur la manière d'apprendre, sur les compétences, les impacts sur l'environnement, on en parle. Mais justement, et si demain, on avait beaucoup plus d'impact que l'on ne pense ou si demain, on avait beaucoup plus de mesures à prendre, comment on arriverait avec tous ces éléments qui arrivent autour de l'entreprise, cette vision 360, à avoir quelque part plusieurs coups d'avance.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc vous partez d'une grande vue macro et vous redescendez après pour chaque stream, exactement ?

  • Valérie Mussard

    Avec plusieurs scénarios pour chaque stream, qui sont ou en lien avec la stratégie d'entreprise déjà dessinée sur les années à venir, ou complètement différentes. Alors on peut passer pour des savants fous qui inventent des choses qui n'ont rien à voir, mais c'est... C'est une façon de prendre du recul et de se dire quand je fais ce choix-là, je réponds à tel scénario ou pas, je fais tel choix et ce que ça pourrait donner dans l'avenir.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc pas de limite à l'imagination là ?

  • Valérie Mussard

    C'est de la créativité pure.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est génial. Qu'est-ce que ça change concrètement ? Comment on applique ça plus exactement à l'évolution des métiers et des organisations ?

  • Valérie Mussard

    Alors si je garde toujours l'exemple de l'intelligence artificielle, si demain on a des agents partout, l'année 2025 c'est le phénomène agentique, qu'est-ce que ça va transformer dans l'organisation du travail. Donc là, on a le scénario qui est je mets des agents juste sur des tâches, on va dire répétitives, qui permettent de dégager du temps sur des tâches, comme on dit, à plus forte valeur ajoutée ou de se tourner vers des services qu'on ne propose pas aujourd'hui ou pas suffisamment à nos clients. Et puis, on peut avoir un scénario complètement extrême qui est de dire je mets des agents partout. Et là, qu'est-ce qu'on fait ? Déjà, des collaborateurs qui faisaient le travail. Comment on les fait évoluer ? Vers quel type d'emploi ? Ça peut nous obliger à penser des responsabilités différentes ou peut-être même à revoir le modèle économique de l'entreprise parce qu'un certain nombre de métiers devront être pensés complètement autrement. Et puis, il y a le scénario intermédiaire où l'entreprise fait le choix de conserver certaines expertises et pas de s'en remettre à l'IA ou au contraire, des choix complètement différents de diversification d'activités ou autres.

  • Anne-Laure Daniel

    Ca par exemple, on va plonger dedans si vous le voulez bien. Parce que vous l'avez dit, anticiper les évolutions, c'est aussi se préparer à des ruptures, à des grosses accélérations, comme on le voit avec le Gen-AI récemment. Et parmi ces grands bouleversements, l'IA c'est central à tout point de vue. Donc chez Malakoff Humanis, vous avez déjà travaillé sur l'intégration de l'IA dans tous vos métiers. Est-ce que vous pouvez nous dire comment cette transformation s'est amorcée ? Par quoi ça a commencé ?

  • Valérie Mussard

    Alors l'intelligence artificielle chez Malakoff Humanis, c'est pas nouveau, dans le sens où ça fait déjà 7-8 ans. qu'on travaille avec de l'intelligence artificielle, on va dire traditionnelle, statistique, prédictive, parce qu'on a des termes un peu différents. Donc, on est déjà habitué à avoir des cas d'usage très précis sur des petits processus ou certaines tâches, comme la fraude, par exemple, la fraude aux arrêts de travail, la fraude optique, la fraude sur les devis. Donc ça, c'est très ciblé. Et depuis l'arrivée de l'intelligence artificielle générative, au-delà des équipes tech et, on va dire, des early adopters, on se dit que c'est important de comprendre comment ça fonctionne. Et moi, c'est le premier réflexe que j'ai eu, c'est d'aller voir comment ça fonctionnait.

  • Anne-Laure Daniel

    Vous avez tout exploré, vous avez testé tous les avis.

  • Valérie Mussard

    On n'a jamais tout exploré avec L'IA Gen, parce que tous les jours, il y a des nouvelles, des montées de versions de ChatGPT, de MeetJourney ou de tout autre outil qui fait de la génération. Mais en tout cas, d'essayer de comprendre pour arriver à se projeter. Et du coup, ce que l'on a fait, c'est déjà travailler avec nos partenaires sociaux. pour expliquer ce que c'était que l'intelligence artificielle générative à travers ce qu'on appelle une commission de digitalisation. Puis on a reproduit un peu ce travail pour nos collaborateurs avec de l'IA pour faire un module de e-learning qui explique les bases de l'intelligence artificielle et qui explique aussi que l'intelligence artificielle, elle est déjà présente dans notre quotidien. Quand on est en période de transformation ou de grand changement, c'est toujours rassurant pour les gens de se rendre compte de ce que ça fait dans leur quotidien personnel. avant d'aller dans le quotidien professionnel. Donc quand on dit ça existe dans Netflix, dans Instagram et autres, déjà ça permet de relativiser un peu certaines craintes ou certaines peurs qu'on pourrait avoir.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, il faut être dédiaboliser.

  • Valérie Mussard

    Exactement. Ensuite, on a lancé plusieurs initiatives. Il y avait deux façons de faire où des collaborateurs avaient déjà, avec leur manager, identifié des cas d'usage, mais qui restent assez opportunistes ou ponctuels. Mais c'est avec des collaborateurs qui sont déjà À la manœuvre, on va dire, avec de l'intelligence artificielle. Là, on voulait toucher tout le monde. Parce que la transformation, elle réussit si tout le monde comprend ce qui se passe et contribue à faire. Parce que la transformation, ça c'est ma conviction personnelle, c'est ceux qui font, qui savent comment il faut transformer leur métier.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc on part du terrain, on va vraiment au plus près des équipes.

  • Valérie Mussard

    En tout cas, c'est complémentaire à ce qui peut partir d'une décision stratégique d'entreprise. Parce qu'il faut que ce soit compris, le mouvement pour être mis en œuvre doit être compris. Donc, on a lancé plusieurs dispositifs au-delà des e-learning. Par exemple, on a une communauté qui s'appelle la communauté MIA, parce que notre petit chatbot interne s'appelle MIA, Mon Intelligence Artificielle, pour que tout le monde, déjà, puisse faire quelques promptes et se rendre compte de ce qu'on peut faire en reformulant des courriers, en préparant des comptes-rendus, des présentations PowerPoint ou autre. On a également diffusé certains témoignages de collègues qui avaient travaillé sur des cas d'usage plus complexes pour que... les gens se rendent compte aussi que ça se fait pas comme ça. On appuie sur un bouton et tout est magique. On a également fait les journées... de l'IA sur chacun de nos grands sites avec quatre ateliers différents. Donc ça, on l'a organisé avec nos équipes tech. Un atelier pour faire du prompt. Donc là, chacun vient avec ses questions, ses exemples et on essaye tous ensemble. Donc des petites classes où il n'y a pas de règles, chacun s'exprime. On a un atelier sur l'éthique, parce que pour nous, c'est quelque chose de très important. On a un atelier sur déceler le vrai du faux, parce que les fake news... Les contenus qui sont générés, on ne sait pas par qui, on ne sait pas comment, c'est très important et ça fait également écho à tout ce qu'on fait autour de la fraude. Donc sensibiliser nos collègues sur reconnaître ce qui est généré par une IA ou pas, ça nous paraît important. Et puis aussi des échanges libres. On a également commencé à lancer des ateliers avec les métiers, donc être au plus proche d'un besoin d'expertise. versus les ateliers où ça se voulait, les journées de l'IA où ça se voulait être très généraliste. De l'acculturation. Voilà, de l'acculturation. Là, ce qu'on demande avec les managers, c'est remonter vos idées. Si l'IA pouvait tout faire, donc là, on rentre dans le champ des possibles, peut-être de l'utopie complète, qu'est-ce qu'on pourrait déléguer à la machine ? Et là, on se rend compte que, justement, il y a ce complément avec des décisions de stratégie d'entreprise, là où... Dans une stratégie d'entreprise, on pourrait dire on va transformer telle activité. En miroir, on a des collaborateurs qui disent moi j'ai besoin qu'on m'aide pour faire des comptes rendus, qu'on m'aide pour faire de la reformulation, qu'on m'aide pour préparer un rendez-vous client. Donc des choses, on va dire du quotidien, qui sont parfois pas toujours intégrées de cette même façon lorsque l'on donne des gros programmes de transformation. Et donc là, c'est tout ce travail que l'on fait pour justement que les collaborateurs... s'approprient avec ce dont ils ont besoin dans le quotidien, l'intelligence artificielle générative, et qu'ils soient à l'origine de cas d'usage beaucoup plus complexes. C'est aussi culturellement plus facile pour eux de se projeter. Et c'est aussi, je trouve, mieux que d'arriver avec un outil en disant « Voilà, il y a de l'intelligence artificielle dedans, tu cliques ici et ça marche. » Là, c'est eux qui vont construire leur outil. Et ça sera du coup aussi beaucoup mieux accepté parce que... Comme ils auront eu toute la mécanique pour faire les choses, ça casse aussi les peurs et ça permet aussi aux équipes de poser elles-mêmes les limites.

  • Anne-Laure Daniel

    Le cadre.

  • Valérie Mussard

    Et les limites de l'usage. Ça, on veut bien, ça, non.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, vous nous parlez de peur. On en est où des peurs, justement, du coup, dans vos équipes ? Ils ont toujours peur de l'IA ou au contraire, ils ont saisi l'opportunité ?

  • Valérie Mussard

    Aujourd'hui, je pense que c'est un petit peu tôt pour avoir des statistiques. claires sur ceux qui sont... Alors, les early adopters, on les détecte très vite, ils essayent plein de choses, ils posent plein de questions. On a des collègues qui sont pas forcément technophiles. On n'en a pas beaucoup, mais tout le monde n'est pas à l'aise avec l'informatique. Tout le monde n'aime pas ça. Il y a aussi ceux qui n'aiment pas ça. Ceux-là, aujourd'hui, ils ne disent pas qu'ils sont contre, mais ils ne s'y intéressent pas. On est plutôt comme ça. Il y en a certains qui viennent avec leur manager ou qui viennent en équipe dans les journées de l'IA et... qui viennent parce qu'on les a un peu obligés, on va dire. Et puis finalement, quand ils voient les démonstrations, là, il y a le déclic. Ils disent, ah, OK, on peut faire ça. Parce que ce qui est important aussi dans les actions de transformation, c'est ce que c'est et ce que c'est pas. Et parfois, on s'en fait toute une image, tout un drame. Et le fait de venir au contact et de montrer ce que ça peut faire et ce que ça ne fait pas, ça permet aussi aux collaborateurs de mieux se positionner.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Donc, c'est plus un fantasme aujourd'hui. C'est quelque chose de concret, applicable. au quotidien par les équipes.

  • Valérie Mussard

    Exactement. Après, il y a quand même cette inquiétude, puisque le monde entier en parle, de « ça va nous remplacer » . Bon, quand même, on se rend compte, à travers les différents exemples, que ça ne nous remplace pas en cinq minutes, que ça ne nous remplacera pas tant qu'on ne dira pas à la machine ce qu'il y a à faire. Et en plus, sur notre secteur d'activité, où on a des données confidentielles, on a un gros portefeuille de clients en assurance, en retraite, en épargne. Tout ça, ça ne se fait pas comme ça. On doit aussi garantir, nous, la satisfaction du client, l'expérience client. On est très attachés avec les collaborateurs pour ça. Et ça ne sera pas pour faire de l'IA au détriment de tout ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc aujourd'hui, vous avez monté une boîte à outils d'agenda autorisé. J'imagine qu'ils sont sécurisés, qu'ils sont propres à Malakoff Humanis.

  • Valérie Mussard

    Aujourd'hui, on a effectivement un chat GPT sécurisé dans lequel on peut justement mettre des informations et on sait que ça ne sort pas de Malakoff Humanis. on est en train avec les équipes tech, d'y ajouter d'autres LLM type Mistral. Et puis, on a aussi des cas d'usage qui sont très sécurisés avec nos données. Ce n'est pas quelque chose qu'on fait faire en externe. On a de la chance d'avoir des équipes de data scientiste très pointues sur le sujet parce que c'est aussi notre patrimoine. Et puis, ce sont nos clients. On n'a pas envie que les données, à un moment, disparaissent dans la nature, donc c'est très important aussi pour nous de créer une IA responsable et une IA de confiance et que nos clients et nos retraités soient assurés que leurs données ne servent pas pour faire n'importe quoi et ne sont pas stockées n'importe où.

  • Anne-Laure Daniel

    Aujourd'hui, vous le portez bien par le terrain. J'imagine que c'est aussi un projet qui est porté par le COMEX directement et qui appuie l'adoption en interne ?

  • Valérie Mussard

    Oui, ça a toujours été le cas. On n'a jamais freiné les initiatives d'IA depuis plusieurs années. Il y a des points réguliers qui sont faits en COMEX. Là, on restructure un peu un nouveau programme pour justement que le foisonnement soit un peu, pas limité, mais ordonnancé. Parce que là, tout le monde veut faire de l'IA, ce qui est normal, parce qu'au fur et à mesure des découvertes, on se rend compte du potentiel et en quoi ça peut nous aider dans le travail et soulager un peu la pénibilité des tâches. parce que dans des entreprises de prestations de services, nous aussi, on peut avoir du travail pénible, copier-coller toujours la même chose, faire toujours le même workflow, faire toujours le même type de courrier. Quand on fait ça toute la journée, il y a une forme de pénibilité, là où on aurait besoin d'aller plus en contact avec le client ou être plus dans l'innovation. Donc là, on retravaille un peu cette façon de mener le prochain programme. Mais effectivement, c'est un sujet qui est très poussé par le COMEX et par l'ensemble des cadres de direction du groupe.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc là, le premier programme, c'était l'acculturation et la découverte. Et là, vous allez passer à l'ancrage. Comment on arrive à vraiment faire rentrer de façon durable l'utilisation de l'IA ?

  • Valérie Mussard

    Alors, le premier programme, c'était plutôt sur l'IA prédictive. Là, on regarde comment intégrer l'intelligence artificielle générative. L'acculturation en fait partie, mais il faut qu'on continue de la muscler. et aussi parce que c'est très attendu et très suivi. au-delà du COMEX, par nos administrateurs, par la gouvernance, par nos partenaires sociaux avec qui on co-construit tout ça. On a déjà fait deux informations-consultations pour expliquer la manière dont on souhaitait procéder, des phases d'expérimentation, des phases de tests à plus grande échelle, avant de se dire qu'on allait déployer. On a remusclé aussi notre gouvernance autour des systèmes d'intelligence artificielle, que ce soit avec les équipes juridiques, les équipes achats, les équipes tech évidemment, les équipes RH. les équipes DPO, parce que le RGPD, il ne faut pas l'oublier, il n'y a pas que l'IA ACT. Donc voilà, et au fur et à mesure, on va monter en gamme et structurer les choses, toujours en ayant le regard de la symétrie des attentions entre ce qu'on fait pour aider nos collaborateurs à mieux travailler, et donc enlever cette pénibilité de répétition, et ce qu'on propose à nos clients en termes d'expérience.

  • Anne-Laure Daniel

    Ce sont lesquels les métiers qui vont le plus évoluer ? Chez Malakoff Humanis, avec l'IA ?

  • Valérie Mussard

    Alors, il y a beaucoup de légendes, je trouve, sur le sujet des compétences. Alors, il y a des études qui disent 50% des métiers vont disparaître, et puis finalement, que 20, et puis finalement dans 5 ans, et puis finalement, ça dépend de tout un tas de choses. Aujourd'hui, notre approche, elle est de travailler par processus et d'identifier quelles sont les missions ou les tâches qui peuvent être ou aidées par l'IA ou remplacées parfois par l'IA. Donc ça ne va pas se tordre tout de suite. En revanche, on va intégrer de nouvelles compétences sur l'utilisation de l'intelligence artificielle. On peut voir que l'éthique prend énormément de place et nous, c'est vraiment quelque chose qui nous tient à cœur. On peut voir que la culture data-driven prend encore plus de place et ça doit concerner tout le monde. Là où avant, on saisit et puis on verra bien ce que ça donne après en termes de saisie. Des grandes modifications tout de suite, peut-être pas. Néanmoins, on va à un moment peut-être se retrouver à... J'ai quelques exemples. Je parlais de l'éthique. Est-ce que demain, j'ai des éthiciens dans toutes les directions, à la communication, à la RH, à la tech ? Ou est-ce que je renforce une direction des risques, voire je crée une direction de l'éthique ? Ça, ça peut être un premier effet qui bouge l'organisation. Sur la data... Moi, quand j'ai commencé ma carrière, j'étais contrôleur de gestion sociale, donc je faisais des études RH à la DRH. On a souvent eu un débat sur est-ce que c'est un métier RH ou est-ce que c'est un métier dit financier, un métier de chiffres. Demain, on peut se retrouver avec le même débat sur est-ce qu'un data analyst RH, il est plutôt dans les métiers de la tech ou dans les métiers de la RH. Et ce n'est pas tout à fait la même chose dans l'exploitation de la data. Donc, on peut aussi avoir des métiers qui... prennent une empreinte, là sur la data RH, plus data que RH. On peut avoir aussi des métiers d'architecte d'expérience, parce qu'il va falloir combiner l'expérience du client digital, mais aussi relationnel, omnicanal. Et donc tout ça, ça peut... aussi un peu modifier les organisations et les métiers.

  • Anne-Laure Daniel

    Tous les métiers qu'on voyait propres à l'IA, finalement, ils sont en train d'infuser dans toutes les directions ?

  • Valérie Mussard

    Oui, parce que l'IA, c'est un outil. Et donc, à chaque fois qu'on utilise un outil, quelque part, ça touche tout le monde. Au début, si je prends les workflows, avant, on recevait tous des enveloppes qu'on allait chercher dans le couloir. Aujourd'hui, c'est des workflows, des alertes, des notifications. Donc, inévitablement, ça va se retrouver, se distiller dans tous les métiers du groupe. ce qu'il va falloir surveiller et accompagner, c'est en quoi ça transforme les compétences, parce que l'IA va nous demander d'autres actions comme superviser les résultats d'une IA. Si on veut superviser les résultats d'une IA, ça veut dire qu'il faut se renforcer aussi sur son expertise première. Si vous vous faites un prompt sur de la RH, vous allez lire, vous allez dire oui, bon ok, le biais de cohérence...

  • Anne-Laure Daniel

    C'est bien formulé, allez ça passe.

  • Valérie Mussard

    Voilà, c'est ça, c'est le biais de cohérence. Et moi, je peux faire pareil sur la finance. Je vais dire oui, effectivement, ça a l'air d'être ça. Un expert vous dira tout de suite non, non, ça, c'est trop généraliste, ça ne correspond pas. Donc, ça va être aussi très important de bien conserver, de toujours garder au top, si je puis dire, l'expertise métier. Parce que c'est ce qui fera la différence. Ce n'est pas que l'IA et les agents IA et tout ce qu'on va monter autour qui feront la différence demain. C'est aussi l'expertise.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc, en fait, ça va au-delà de l'outil en soi aussi. C'est aussi la façon dont on va travailler qui va être impactée. Plus largement, ça va être l'organisation des métiers et du travail.

  • Valérie Mussard

    Oui, et justement, dans la manière de travailler, on a un sujet avec le management, par exemple. Pas que. Aujourd'hui, lorsque je demande quelque chose à mon équipe, chacun fait sa part ou ils travaillent ensemble. Et je vais vérifier ou challenger le travail restitué par l'équipe. Demain, ils vont avoir recours à une IA. Je vérifie quoi ? Ce que fait l'IA, ce que vérifie l'équipe ? Et d'ailleurs, ils ont utilisé l'IA comment ? Ils ont fait le brainstorming d'abord et ils ont fait challenger par l'IA ou est-ce que c'est l'IA qui a fait le brainstorming et ils sont allés piquant les trois, quatre idées ? Donc la place, ne serait-ce que d'un assistant conversationnel comme ChatGPT, est très importante à positionner quand on est manager. Et si on rentre dans le système des agents, Là, pareil, comment on va évaluer que le résultat a été challengé avec l'expertise des équipes et n'est pas juste le fruit d'une génération de différents agents ?

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, donc là, c'est une vraie éducation.

  • Jingle

    C'est une vraie éducation. Moi, je dis souvent, l'IA, c'est un autre membre de l'équipe et on ne va pas tous demander la même chose au même membre de l'équipe, sinon le membre de l'équipe ne va pas y arriver. Là, en l'occurrence, il va consommer beaucoup d'énergie pour rien. Donc, il faut savoir travailler avec l'IA. Et si on est dans une transformation, on va dire, plus profonde, où on vient mettre de l'intelligence artificielle, quelle qu'elle soit, prédictive, générative, avec d'autres systèmes d'automatisation de l'informatique qu'on connaît aujourd'hui, là, c'est pareil. Comment on va vérifier, contrôler à chaque point pertinent que cela fonctionne et comment on réorganise aussi les flux de travail ?

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Bon, là, il y a un travail de cartographie. ça ne se fait pas en un claquement de doigt.

  • Valérie Mussard

    Et pas qu'une cartographie de processus dans les applications, mais un vrai travail d'ergonomie sur le poste de travail. Parce qu'on parle beaucoup des tâches que l'on voit à travers des systèmes d'information, mais moi, je ne fais pas que cliquer sur mon ordinateur toute la journée. Il y a plein d'autres choses que je fais et c'est comme l'information. Il y en a aussi beaucoup à la machine à café. Elles ne viennent pas toutes de ChaGPT.

  • Anne-Laure Daniel

    Il ne faut pas oublier la machine à café. Vous avez bien raison. ce qu'on voit donc, si je comprends bien il y a de l'évolution des métiers et des compétences en place, il y aura aussi des nouvelles compétences à aller chercher pour venir enrichir les organisations et les équipes en place. Est-ce qu'il va y avoir de la tension sur certains métiers ? Est-ce qu'on va avoir accès à ces nouvelles ressources et ces nouvelles compétences qui vont être demandées par toutes les entreprises en même temps ? Et quand on fait de la prospective, est-ce qu'on prévoit cette pénurie de compétences ?

  • Valérie Mussard

    Oui, on prévoit. Alors après, on a toujours, bon là en ce moment, c'est les data scientists, les développeurs, même si récemment, il y a eu un gros buzz sur les développeurs, les développeurs vont disparaître parce que l'IA va être capable de coder toute seule. Bon, enfin, si elle est capable de coder toute seule, c'est parce qu'à un moment, il y a un développeur qui le code pour faire en sorte qu'elle soit capable de coder toute seule. Donc bon, tout ça, c'est un peu fouillis. Mais oui, il va falloir au fur et à mesure capter les tendances, mais on pourrait se dire, tiens, il me faut telle compétence. Mais il faut aussi que ce soit en lien avec le rythme de l'entreprise et le rythme des investissements, que ce soit en argent ou en homme. Parce qu'on a beaucoup d'ambition les uns les autres sur des programmes d'intelligence artificielle, sauf que ce n'est pas gratuit. Il faut des data centers, il faut des partenaires sérieux. Pendant que les équipes font des expériences, elles ne sont pas en production, entre guillemets. Tout ça, ça a un coût. Et on a beau se dire, dans trois ans, il va me falloir Shiva. Oui, mais si dans trois ans, je ne suis pas prête à intégrer Shiva, parce que mon projet n'est pas terminé, ça ne servira à rien.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc l'IA, ça va toucher bien plus largement toute l'organisation. Il y a un enjeu de génération pour l'adoption. On en avait parlé un petit peu lorsqu'on s'est appelé avant de se voir aujourd'hui. C'est un tabou, les gaps générationnels sur l'adoption de l'IA, c'est un mythe, c'est réel. Qu'est-ce qu'on en dit ?

  • Valérie Mussard

    Alors, je pense qu'il y a un peu de mythe. Quand même, même si effectivement, les jeunes générations, elles sont nées, on dit souvent avec le téléphone dans la main. Aujourd'hui, on voit bien dans l'éducation nationale, c'est un peu le sujet. Ils ne font plus les devoirs tout seuls, ils font les devoirs avec Chadjipiti. Donc, il faut réadapter notre système d'apprentissage. Mais aussi parce qu'il y a un gros changement là-dessus, c'est que notre système d'éducation est basé sur la mémoire. On ingurgite toute l'histoire de France, toute l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, etc. etc. Là, il n'y a plus besoin de le faire puisque ChatGPT a tout. Et la seule manière que l'on a de travailler notre raisonnement, c'est avec les maths. Donc déjà, rien que les jeunes générations, il va falloir un peu changer la manière d'apprendre parce que pour avoir l'esprit critique et utiliser des IA à terme et arriver à construire toutes ces transformations...

  • Anne-Laure Daniel

    Il faut garder sa capacité de raisonnement.

  • Valérie Mussard

    Il faut garder sa capacité de raisonnement. Ça, c'est le premier point. Ensuite, quand les nouvelles générations vont arriver sur le marché du travail, comme on va avoir... relayer d'une certaine manière toutes ces tâches un peu de débutant à l'IA, comment on fait rentrer un nouveau juriste dans l'entreprise si l'IA est capable de sortir tous les matins une veille juridique sur les dernières jurisprudences qui sortent.

  • Anne-Laure Daniel

    Vous nous emmenez vers les bacs plus 12 là.

  • Valérie Mussard

    En tout cas, nous managers, il faut qu'on se prépare à ça. Comment on apprend à quelqu'un qui n'a plus ce sas d'expérience de débutant à avoir l'esprit critique sur une matière qui n'a pas appris ? au sens expérimenté dans son quotidien. Ensuite, sur les générations, on va dire à l'extrême, les générations seniors, il y en a qui n'ont absolument pas peur de faire de la techno. C'est même les premiers à aller dans le chat GPT ou autre. Nous, on fait des challenges aussi de prompte et tout le monde y va, il y a tous les âges. Et on voit, moi, j'ai quatre générations dans mon équipe. Chacun échange très facilement ses bonnes pratiques. Moi, j'ai des jeunes alternants. Les Canval et tout ça, ils sont à fond dedans. Et puis, nous, en contrepartie, on est tout content d'apprendre ça. Mais on leur dit, oui, mais ça, en termes d'éléments de langage, ça ne va pas. Là, ce n'est pas en lien avec le projet d'entreprise. Ça, ce n'est pas du tout RH. Donc, ça se fait assez facilement, mais comme ça s'est fait sur à peu près toutes les générations. En revanche, quelque chose qui va vraiment être déterminant, et pour toutes les générations d'ailleurs, c'est celui qui est contre la techno, ou qui n'y arrivent pas. Et ça, peu importe l'âge.

  • Anne-Laure Daniel

    ça c'est quelqu'un qui se met en risque quand même aujourd'hui dans une organisation. On ne peut plus être complètement anti-techno.

  • Valérie Mussard

    Alors, on ne peut plus être anti-techno même dans la vie de tous les jours. Les impôts, tout le monde le fait en dématérialisé. Donc, ça devient de plus en plus compliqué. Vous voulez même aller réserver un billet de train dans une agence SNCF. Je vous défie de faire la queue pendant deux heures parce qu'il n'y a plus beaucoup d'agences SNCF en physique. mais il faut quand même trouver aussi de l'emploi et des missions plus vers le relationnel, plus vers le métier du care, pour ces personnes qui sont, voilà, la techno ne passera pas par eux, bon, c'est comme ça, mais ils ont d'autres choses à apporter. Et souvent, ce sont ces personnes-là qui amènent des services un peu différents, autres que techno, parce que tout ne peut pas être techno de toute façon, et encore moins nous dans notre métier.

  • Anne-Laure Daniel

    Super, on a beaucoup parlé d'IA. J'aurais voulu juste qu'on revienne un petit peu de... qu'on dézoome un petit peu et qu'on regarde, parce que vous traitez la prospective pas que sur l'intégration de l'intelligence artificielle, comment ça s'intègre dans les autres transformations qui sont en cours, et notamment l'organisation du travail, les équilibres, la qualité de vie au quotidien, qui a été largement chamboulée ces dernières années et qui sont à nouveau chamboulées également par l'IA. Alors, comment on fait cohabiter tout ça ? Parce que si on avait qu'une seule révolution, ça serait bien, mais tout ça s'enchaîne.

  • Valérie Mussard

    Alors nous, on a posé il y a déjà deux ans, et c'est quelque chose qu'on suit de manière récurrente, notre contrat social qui se déroule en quatre axes. Le premier axe, c'est tout ce qui est lié à la rémunération et au partage de la valeur, où là, on essaye d'être innovant pour justement répondre à toutes les générations et toutes les bourses aussi, parlant d'intéressement, de participation, de placement épargne, de manière de pouvoir aussi percevoir les fruits de l'entreprise et de son travail. Et à côté de ça, on a un deuxième pilier qui correspond à la modularité du temps et des espaces, où là, on va retrouver plusieurs formules de temps de travail, par exemple, parce que quand on est jeune maman, on a besoin peut-être de partir plus tôt le soir ou d'avoir plus de vacances. Ou jeune papa, ça marche aussi. Quand on est senior, on a peut-être besoin d'avoir un peu plus de temps pour soi pour préparer. Sa retraite, par exemple, quand on est en situation de handicap, c'est encore autre chose. Ou quand on est dans une période de sa vie, certains préfèrent avoir des journées plus longues, mais que sur quatre jours, et d'autres, des journées plus courtes, mais que sur cinq jours. Donc, on essaye d'avoir déjà plusieurs formules de temps de travail qui répondent un peu à toutes les générations et tous les besoins. Sur la modularité, on a aussi la modularité de l'espace. Et donc là, on a le deuxième choc, qui était le premier en l'occurrence, l'hybridation du travail. et qui va être un peu difficile. En tout cas, il va falloir être très attentif à la manière dont l'hybridation du travail vient se greffer avec l'IA. Là, on a beaucoup travaillé sur nos espaces de travail sur site, mais aussi sur la manière de travailler lorsqu'on est sur un site distant ou à son domicile. Et avec l'IA, on voit bien qu'on pourrait aller vers de l'isolement. social dans son quotidien professionnel.

  • Anne-Laure Daniel

    Avec tous les excès que cela peut en faire.

  • Valérie Mussard

    Avec tous les excès, parce que quand je suis au bureau, je lève ma tête, j'ai mon collègue, je peux lui poser une question. Quand le collègue, il n'est pas là ou qu'il est en rouge dans le team, c'est parce qu'il est en communication, je demande à Chagipiti. Chagipiti, c'est super, il est disponible 24h sur 24, 7 jours sur 7. Sauf que la charge cognitive, déjà, peut prendre un coup. Et ensuite, ça casse le contact. D'où, là, l'importance de faire revenir. Alors, c'est un peu moche de dire ça, mais en tout cas, Faire revenir les gens sur site pour faire quelque chose ensemble, différent de ce qui se passe à la maison, pour justement continuer à générer de la créativité, de l'échange, de l'esprit critique ensemble, parce que c'est quand même ensemble qu'on apprend des nouvelles choses, qu'on apprend ensemble et qu'on développe de nouveaux services. Quand on est à la maison, c'est pour faire des choses un peu routinières, on va dire, et avec de l'IA, mais pas trop. Il va falloir doser aussi ça. On a notre troisième pilier qui est plutôt sur le développement des carrières, des compétences et des parcours professionnels. Donc là, justement, comment on peut devenir demain un coach IA ou un superviseur de l'IA ou être plus tech qu'expert lorsque l'on crée, par exemple, des cas d'usage complexes ? Comment on peut devenir spécialiste de l'éthique ? Comment on peut aller beaucoup plus sur de l'expérience digitale pour les clients ou pour les collègues aussi en interne ? Donc là, c'est aussi tout ça dans l'évolution des compétences que l'on travaille. Et puis, le dernier point est autour de la RSE, puisque les équipes RH ont aussi un rôle à jouer sur la RSE. Comment on garde toujours de l'inclusion, de la diversité ? Comment on contribue aux enjeux sociétaux du groupe et de la société à travers les différents programmes qu'on peut proposer en interne comme à nos clients ?

  • Anne-Laure Daniel

    Ça va vraiment tout chambouler. Vous vous sentez prêt ? à affronter cette transformation en profondeur ?

  • Valérie Mussard

    Je pense que quand on fait de la prospective et qu'on prend le temps, et c'est ce qu'on fait chez Malakoff Humanis, on teste des choses et on sait s'arrêter quand on se dit, non, là, il y a un risque, là, le résultat est bien, mais on pourrait faire mieux. Et on n'hésite pas à arrêter des pokes et en refaire d'autres. Quand on prend le temps d'échanger et de regarder un peu ce qui se passe autour, je pense qu'on peut être prêt à tout. Il faut avoir le réflexe du droit à l'erreur. Ça, c'est souvent quelque chose qui n'est pas trop admis dans les groupes. Nous, c'est vraiment quelque chose qu'on autorise. Je ne veux pas dire qu'on le favorise, mais en tout cas, il faut essayer. Et si ça ne marche pas, ce n'est pas grave. Mais essayer, c'est apprendre aussi. Et donc, ça, c'est important de garder ce droit à l'erreur. Et il faut être constamment à regarder ce qui se passe autour, s'inspirer des autres. nous on a co-créé un label qui s'appelle Positive AI. Donc, c'était avant l'arrivée de l'IA ACT, ce qui nous a permis d'être en avance aussi sur l'éthique, la robustesse des algorithmes, la transparence, l'explicabilité, l'intervention humaine. Donc, on a tout un champ comme ça. Et tout ça, c'est quelque chose qu'on regarde de manière continue et qu'on nourrit de nos expériences et des expériences externes, puisqu'on l'a co-construit avec d'autres entreprises qui, tout comme nous, partagent leurs bonnes et mauvaises expériences. Donc, c'est important de rester ouvert sur ce qui se passe et pas se fermer des portes par principe.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, si on parle de mauvaises expériences ou peut-être d'erreurs ou de moments où vous êtes cherché, est-ce que vous-même, vous auriez peut-être une petite erreur ou un écueil à éviter si vous devez faire une recommandation à vos confrères des RH qui cherchent à intégrer l'IA dans leurs organisations ? Il y a un truc qu'il faut éviter ? Il y a un mauvais départ qu'on peut prendre ?

  • Valérie Mussard

    Pour moi, le mauvais départ, c'est de partir que de la stratégie d'entreprise et pas écouter le terrain. Je l'ai fait moi-même en tant que manager avec mes équipes quand il a fallu changer des systèmes de paie, faire de l'harmonisation des statuts ou autre. Sans les équipes, moi, je ne sais rien faire. Sans les équipes, je ne suis pas manager déjà. Donc, pour moi, ça, c'est important. Et puis, je pense aussi qu'il faut faire attention un peu à l'appel des sirènes. C'est le jeu du business. On a beaucoup d'éditeurs qui appellent, qui ont toujours une solution magique. Et forcément, on se dit qu'on va passer à côté. Il faut prendre le temps de se poser et de se reposer les questions.

  • Anne-Laure Daniel

    Super, merci beaucoup Valérie. Notre épisode touche déjà à sa fin. C'est passé très vite. On l'a vu, au-delà des outils et des compétences, c'est bien une nouvelle façon de penser le travail qui se dessine avec des impacts profonds sur les organisations, les parcours et même le lien entre l'individu et l'entreprise. En toile de fond, moi, je vois une vraie question qui émerge. C'est comment ces évolutions vont redessiner le contrat social, comme vous en parliez. Ce contrat entre les employeurs, les collaborateurs et la société, parce que ça va bien au-delà de nos organisations. Donc, c'est sans doute là que va se jouer une grande partie de la transfo à venir. Encore merci beaucoup, Valérie.

  • Valérie Mussard

    Merci à vous.

  • Anne-Laure Daniel

    Je recevais aujourd'hui Valérie Mussard, en charge de la prospective RH pour le groupe Malakoff Humanis.

  • Jingle

    Les Afters de la Transformation, une émission à écouter et à télécharger sur... adequancy.com et toutes les plateformes de podcast.

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Description

Découvrez la vision de Valérie Mussard et les grandes mutations du travail à l’ère de l’intelligence artificielle


Face à l’accélération technologique et à l’arrivée massive de l’IA générative, les entreprises doivent faire preuve d’anticipation. Chez Malakoff Humanis, Valérie Mussard pilote la prospective RH avec une ambition claire : aider les métiers à se projeter, s’adapter, et surtout, co-construire l’avenir du travail en associant toutes les parties prenantes.


Au programme :

  • Prospective RH : comment anticiper les ruptures à venir
    Penser au-delà de la transformation : la prospective permet de construire des scénarios du plus utopique au plus critique pour mieux préparer l’entreprise et éviter de subir les chocs à venir.

  • L’intégration de l’IA générative : une transformation collaborative
    Loin d’un déploiement imposé, l’approche choisie repose sur l’acculturation, les tests concrets, et surtout la participation active des collaborateurs dans l'identification des usages.

  • Des compétences qui évoluent : vers une nouvelle culture de l’expertise
    Face à l’IA, le besoin d’expertise humaine reste fondamental : compréhension, supervision, éthique... L’enjeu est de renforcer la capacité de raisonnement, et non de la déléguer à la machine.

  • Un impact organisationnel profond : le travail, les rôles, le management
    Des métiers hybrides, une gouvernance de l’IA renforcée, de nouvelles formes de collaboration : l’intelligence artificielle redessine en profondeur les modes de travail et la place du management.

  • Le contrat social réinventé : modularité, inclusion et sens au travail
    Chez Malakoff Humanis, les transformations technologiques s’inscrivent dans un cadre plus large : rémunération, temps de travail flexible, parcours professionnels et engagement sociétal composent un socle de stabilité dans un monde en mouvement.


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Transcription

  • Valérie Mussard

    Pour moi, la prospective, c'est quelque chose qui est essentiel. On a souvent tendance à ne parler que transformation, et pour moi, la transformation, c'est ce qui arrive avant. C'est cette capacité qu'on doit garder quand on est dirigeant, quand on est manager, à envisager tous les scénarios possibles qui peuvent impacter ou concerner l'entreprise. Et ce, avec une vision un peu 360, pour être au maximum en proaction plus qu'en réaction. Quand on est dans la transformation, on a déjà réagi à quelque chose. On a souvent tendance à faire des plans à un an, deux ans, trois ans, et puis d'un coup, il se passe quelque chose, comme l'arrivée de l'intelligence artificielle, et on s'agite un petit peu, on s'affole, on essaye de comprendre ce qui se passe, en quoi ça peut changer les différents champs autour de l'entreprise. Et le fait d'avoir cette prise de recul régulière, et envisager tous les scénarios possibles, du plus catastrophique au plus utopiste, permet, à mon sens, d'un peu mieux se préparer, et de ne pas subir la transformation. parfois comme un choc. En tout cas, ça peut être ressenti comme ça par les collaborateurs d'une entreprise dès qu'il se passe quelque chose dans l'environnement.

  • Jingle

    Les Afters de la Transformation, le podcast des acteurs qui façonnent l'entreprise de demain. Un rendez-vous qui donne la parole aux dirigeants, une production Adequancy.

  • Anne-Laure Daniel

    Bonjour et bienvenue dans Les Afters de la Transformation, le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui font bouger l'économie de l'intérieur, avec des impacts bien réels sur les organisations. les territoires et la société. Alors aujourd'hui, on a le plaisir d'accueillir Valérie Mussard. Elle travaille chez Malakoff Humanis depuis bientôt 9 ans, un groupe de protection sociale engagé dans la santé, la prévoyance et la retraite complémentaire. Valérie a un parcours passionnant au sein des RH qu'elle a exploré sous toutes les coutures, de l'administration du personnel à l'expérience collaborateur, en passant par le digital RH et le développement des compétences. Aujourd'hui, elle occupe un rôle clé, tourné vers la prospective RH. et elle accompagne les métiers dans l'intégration de l'intelligence artificielle et des nouvelles façons de travailler. Avec elle, on va parler de ce que l'IA change concrètement dans les métiers, des compétences qui émergent et de la manière dont une entreprise comme Malakoff Humanis prépare ses équipes à ces grandes transformations. Bonjour Valérie.

  • Valérie Mussard

    Bonjour Anne-Laure.

  • Anne-Laure Daniel

    Soyez la bienvenue, on est très heureux de vous accueillir. Merci,

  • Valérie Mussard

    ravie.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, on va parler d'IA, on l'a dit, mais avant qu'on plonge vraiment dans le concret de l'IA, j'aurais bien aimé qu'on parle un petit peu de ce que c'est que la... Prospective RH, qu'est-ce qu'on entend par prospective RH ?

  • Valérie Mussard

    Alors prospective RH, c'est un domaine qui est un peu nouveau pour moi aussi, même si depuis très longtemps je m'intéresse à ce qui se passe autour de l'environnement de mon entreprise. Et pour moi la prospective c'est quelque chose qui est essentiel. On a souvent tendance à ne parler que transformation, et pour moi la transformation c'est ce qui arrive avant. C'est cette capacité qu'on doit garder quand on est dirigeant, quand on est manager, à envisager tous les scénarios possibles. qui peuvent impacter ou concerner l'entreprise. Et ce, avec une vision un peu 360, pour être au maximum en proaction plus qu'en réaction. Quand on est dans la transformation, on a déjà réagi à quelque chose. On a souvent tendance à faire des plans à un an, deux ans, trois ans. Et puis, d'un coup, il se passe quelque chose, comme l'arrivée de l'intelligence artificielle, et on s'agite un petit peu, on s'affole, on essaye de comprendre ce qui se passe, en quoi ça peut changer les différents champs autour de l'entreprise. Et le fait d'avoir cette prise de recul régulière et envisager tous les scénarios possibles, du plus catastrophique au plus utopiste, permet, à mon sens, d'un peu mieux se préparer et de ne pas subir la transformation, parfois comme un choc. En tout cas, ça peut être ressenti comme ça par les collaborateurs d'une entreprise dès qu'il se passe quelque chose dans l'environnement.

  • Anne-Laure Daniel

    La prospective, en fait, ce n'est pas à l'instant T, c'est en continu.

  • Valérie Mussard

    Pour moi, c'est en continu, avec une vision qui n'existe pas. Dans le sens où ce ne sont que des scénarios, certains qui peuvent être très disruptifs, certains qui peuvent s'appuyer sur des signaux faibles qui commencent à émerger, ou d'autres qui ne sont que la continuité de ce que l'on est en train de faire, mais de manière très accélérée par exemple.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Alors on voit que c'est quand même toujours un petit peu lointain, pas toujours très palpable. Qu'est-ce que ça va changer dans la façon d'agir ?

  • Valérie Mussard

    Si on prend l'exemple de l'intelligence artificielle, Aujourd'hui, on voit bien que... Il y a des chocs autour de la régulation, l'IA ACT et puis tout ce qui arrive en France. Mais justement, si on se projette plus loin, est-ce qu'on va avoir un renforcement de cette régulation ? Est-ce que d'un coup, on va avoir beaucoup plus de contrôles et des contrôles différents par rapport à ce qui existe aujourd'hui ? Ou est-ce qu'au contraire, on va rester à peu près sur les mêmes mécaniques que l'on connaît à ce jour ? Sur le champ, par exemple, technopolitique, on parle beaucoup de souveraineté numérique. Et justement, si on prend les dernières actualités liées aux droits de douane des Américains, si demain, on n'a plus recours au service des GAFAM, comment on fait ? Est-ce qu'on a du cloud français ? Comment on fait ? Est-ce qu'on a déjà des options ou des choix qui pourraient être choisis ? Sur l'économie, on voit que les concurrents avancent. Est-ce que justement on essaye de se projeter en essayant de garder de l'avance, en essayant de récupérer de l'avance ou en faisant complètement autre chose, quitte à se tromper et à réessayer autre chose ? Donc là aussi il peut y avoir des stratégies qui peuvent évoluer en fonction des scénarios. Sur les usages et modes de vie, moi je fais partie de la génération qui a découvert Internet et qui est née avec Internet. Moi aussi. Voilà. Oui, ceux qui vont rejoindre le marché du travail demain, ils ont déjà acquis des réflexes dans leurs usages qui ne sont pas du tout les mêmes. Donc, comment on arrive à se projeter à beaucoup plus loin ? Et c'est pareil sur la manière d'apprendre, sur les compétences, les impacts sur l'environnement, on en parle. Mais justement, et si demain, on avait beaucoup plus d'impact que l'on ne pense ou si demain, on avait beaucoup plus de mesures à prendre, comment on arriverait avec tous ces éléments qui arrivent autour de l'entreprise, cette vision 360, à avoir quelque part plusieurs coups d'avance.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc vous partez d'une grande vue macro et vous redescendez après pour chaque stream, exactement ?

  • Valérie Mussard

    Avec plusieurs scénarios pour chaque stream, qui sont ou en lien avec la stratégie d'entreprise déjà dessinée sur les années à venir, ou complètement différentes. Alors on peut passer pour des savants fous qui inventent des choses qui n'ont rien à voir, mais c'est... C'est une façon de prendre du recul et de se dire quand je fais ce choix-là, je réponds à tel scénario ou pas, je fais tel choix et ce que ça pourrait donner dans l'avenir.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc pas de limite à l'imagination là ?

  • Valérie Mussard

    C'est de la créativité pure.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est génial. Qu'est-ce que ça change concrètement ? Comment on applique ça plus exactement à l'évolution des métiers et des organisations ?

  • Valérie Mussard

    Alors si je garde toujours l'exemple de l'intelligence artificielle, si demain on a des agents partout, l'année 2025 c'est le phénomène agentique, qu'est-ce que ça va transformer dans l'organisation du travail. Donc là, on a le scénario qui est je mets des agents juste sur des tâches, on va dire répétitives, qui permettent de dégager du temps sur des tâches, comme on dit, à plus forte valeur ajoutée ou de se tourner vers des services qu'on ne propose pas aujourd'hui ou pas suffisamment à nos clients. Et puis, on peut avoir un scénario complètement extrême qui est de dire je mets des agents partout. Et là, qu'est-ce qu'on fait ? Déjà, des collaborateurs qui faisaient le travail. Comment on les fait évoluer ? Vers quel type d'emploi ? Ça peut nous obliger à penser des responsabilités différentes ou peut-être même à revoir le modèle économique de l'entreprise parce qu'un certain nombre de métiers devront être pensés complètement autrement. Et puis, il y a le scénario intermédiaire où l'entreprise fait le choix de conserver certaines expertises et pas de s'en remettre à l'IA ou au contraire, des choix complètement différents de diversification d'activités ou autres.

  • Anne-Laure Daniel

    Ca par exemple, on va plonger dedans si vous le voulez bien. Parce que vous l'avez dit, anticiper les évolutions, c'est aussi se préparer à des ruptures, à des grosses accélérations, comme on le voit avec le Gen-AI récemment. Et parmi ces grands bouleversements, l'IA c'est central à tout point de vue. Donc chez Malakoff Humanis, vous avez déjà travaillé sur l'intégration de l'IA dans tous vos métiers. Est-ce que vous pouvez nous dire comment cette transformation s'est amorcée ? Par quoi ça a commencé ?

  • Valérie Mussard

    Alors l'intelligence artificielle chez Malakoff Humanis, c'est pas nouveau, dans le sens où ça fait déjà 7-8 ans. qu'on travaille avec de l'intelligence artificielle, on va dire traditionnelle, statistique, prédictive, parce qu'on a des termes un peu différents. Donc, on est déjà habitué à avoir des cas d'usage très précis sur des petits processus ou certaines tâches, comme la fraude, par exemple, la fraude aux arrêts de travail, la fraude optique, la fraude sur les devis. Donc ça, c'est très ciblé. Et depuis l'arrivée de l'intelligence artificielle générative, au-delà des équipes tech et, on va dire, des early adopters, on se dit que c'est important de comprendre comment ça fonctionne. Et moi, c'est le premier réflexe que j'ai eu, c'est d'aller voir comment ça fonctionnait.

  • Anne-Laure Daniel

    Vous avez tout exploré, vous avez testé tous les avis.

  • Valérie Mussard

    On n'a jamais tout exploré avec L'IA Gen, parce que tous les jours, il y a des nouvelles, des montées de versions de ChatGPT, de MeetJourney ou de tout autre outil qui fait de la génération. Mais en tout cas, d'essayer de comprendre pour arriver à se projeter. Et du coup, ce que l'on a fait, c'est déjà travailler avec nos partenaires sociaux. pour expliquer ce que c'était que l'intelligence artificielle générative à travers ce qu'on appelle une commission de digitalisation. Puis on a reproduit un peu ce travail pour nos collaborateurs avec de l'IA pour faire un module de e-learning qui explique les bases de l'intelligence artificielle et qui explique aussi que l'intelligence artificielle, elle est déjà présente dans notre quotidien. Quand on est en période de transformation ou de grand changement, c'est toujours rassurant pour les gens de se rendre compte de ce que ça fait dans leur quotidien personnel. avant d'aller dans le quotidien professionnel. Donc quand on dit ça existe dans Netflix, dans Instagram et autres, déjà ça permet de relativiser un peu certaines craintes ou certaines peurs qu'on pourrait avoir.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, il faut être dédiaboliser.

  • Valérie Mussard

    Exactement. Ensuite, on a lancé plusieurs initiatives. Il y avait deux façons de faire où des collaborateurs avaient déjà, avec leur manager, identifié des cas d'usage, mais qui restent assez opportunistes ou ponctuels. Mais c'est avec des collaborateurs qui sont déjà À la manœuvre, on va dire, avec de l'intelligence artificielle. Là, on voulait toucher tout le monde. Parce que la transformation, elle réussit si tout le monde comprend ce qui se passe et contribue à faire. Parce que la transformation, ça c'est ma conviction personnelle, c'est ceux qui font, qui savent comment il faut transformer leur métier.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc on part du terrain, on va vraiment au plus près des équipes.

  • Valérie Mussard

    En tout cas, c'est complémentaire à ce qui peut partir d'une décision stratégique d'entreprise. Parce qu'il faut que ce soit compris, le mouvement pour être mis en œuvre doit être compris. Donc, on a lancé plusieurs dispositifs au-delà des e-learning. Par exemple, on a une communauté qui s'appelle la communauté MIA, parce que notre petit chatbot interne s'appelle MIA, Mon Intelligence Artificielle, pour que tout le monde, déjà, puisse faire quelques promptes et se rendre compte de ce qu'on peut faire en reformulant des courriers, en préparant des comptes-rendus, des présentations PowerPoint ou autre. On a également diffusé certains témoignages de collègues qui avaient travaillé sur des cas d'usage plus complexes pour que... les gens se rendent compte aussi que ça se fait pas comme ça. On appuie sur un bouton et tout est magique. On a également fait les journées... de l'IA sur chacun de nos grands sites avec quatre ateliers différents. Donc ça, on l'a organisé avec nos équipes tech. Un atelier pour faire du prompt. Donc là, chacun vient avec ses questions, ses exemples et on essaye tous ensemble. Donc des petites classes où il n'y a pas de règles, chacun s'exprime. On a un atelier sur l'éthique, parce que pour nous, c'est quelque chose de très important. On a un atelier sur déceler le vrai du faux, parce que les fake news... Les contenus qui sont générés, on ne sait pas par qui, on ne sait pas comment, c'est très important et ça fait également écho à tout ce qu'on fait autour de la fraude. Donc sensibiliser nos collègues sur reconnaître ce qui est généré par une IA ou pas, ça nous paraît important. Et puis aussi des échanges libres. On a également commencé à lancer des ateliers avec les métiers, donc être au plus proche d'un besoin d'expertise. versus les ateliers où ça se voulait, les journées de l'IA où ça se voulait être très généraliste. De l'acculturation. Voilà, de l'acculturation. Là, ce qu'on demande avec les managers, c'est remonter vos idées. Si l'IA pouvait tout faire, donc là, on rentre dans le champ des possibles, peut-être de l'utopie complète, qu'est-ce qu'on pourrait déléguer à la machine ? Et là, on se rend compte que, justement, il y a ce complément avec des décisions de stratégie d'entreprise, là où... Dans une stratégie d'entreprise, on pourrait dire on va transformer telle activité. En miroir, on a des collaborateurs qui disent moi j'ai besoin qu'on m'aide pour faire des comptes rendus, qu'on m'aide pour faire de la reformulation, qu'on m'aide pour préparer un rendez-vous client. Donc des choses, on va dire du quotidien, qui sont parfois pas toujours intégrées de cette même façon lorsque l'on donne des gros programmes de transformation. Et donc là, c'est tout ce travail que l'on fait pour justement que les collaborateurs... s'approprient avec ce dont ils ont besoin dans le quotidien, l'intelligence artificielle générative, et qu'ils soient à l'origine de cas d'usage beaucoup plus complexes. C'est aussi culturellement plus facile pour eux de se projeter. Et c'est aussi, je trouve, mieux que d'arriver avec un outil en disant « Voilà, il y a de l'intelligence artificielle dedans, tu cliques ici et ça marche. » Là, c'est eux qui vont construire leur outil. Et ça sera du coup aussi beaucoup mieux accepté parce que... Comme ils auront eu toute la mécanique pour faire les choses, ça casse aussi les peurs et ça permet aussi aux équipes de poser elles-mêmes les limites.

  • Anne-Laure Daniel

    Le cadre.

  • Valérie Mussard

    Et les limites de l'usage. Ça, on veut bien, ça, non.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, vous nous parlez de peur. On en est où des peurs, justement, du coup, dans vos équipes ? Ils ont toujours peur de l'IA ou au contraire, ils ont saisi l'opportunité ?

  • Valérie Mussard

    Aujourd'hui, je pense que c'est un petit peu tôt pour avoir des statistiques. claires sur ceux qui sont... Alors, les early adopters, on les détecte très vite, ils essayent plein de choses, ils posent plein de questions. On a des collègues qui sont pas forcément technophiles. On n'en a pas beaucoup, mais tout le monde n'est pas à l'aise avec l'informatique. Tout le monde n'aime pas ça. Il y a aussi ceux qui n'aiment pas ça. Ceux-là, aujourd'hui, ils ne disent pas qu'ils sont contre, mais ils ne s'y intéressent pas. On est plutôt comme ça. Il y en a certains qui viennent avec leur manager ou qui viennent en équipe dans les journées de l'IA et... qui viennent parce qu'on les a un peu obligés, on va dire. Et puis finalement, quand ils voient les démonstrations, là, il y a le déclic. Ils disent, ah, OK, on peut faire ça. Parce que ce qui est important aussi dans les actions de transformation, c'est ce que c'est et ce que c'est pas. Et parfois, on s'en fait toute une image, tout un drame. Et le fait de venir au contact et de montrer ce que ça peut faire et ce que ça ne fait pas, ça permet aussi aux collaborateurs de mieux se positionner.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Donc, c'est plus un fantasme aujourd'hui. C'est quelque chose de concret, applicable. au quotidien par les équipes.

  • Valérie Mussard

    Exactement. Après, il y a quand même cette inquiétude, puisque le monde entier en parle, de « ça va nous remplacer » . Bon, quand même, on se rend compte, à travers les différents exemples, que ça ne nous remplace pas en cinq minutes, que ça ne nous remplacera pas tant qu'on ne dira pas à la machine ce qu'il y a à faire. Et en plus, sur notre secteur d'activité, où on a des données confidentielles, on a un gros portefeuille de clients en assurance, en retraite, en épargne. Tout ça, ça ne se fait pas comme ça. On doit aussi garantir, nous, la satisfaction du client, l'expérience client. On est très attachés avec les collaborateurs pour ça. Et ça ne sera pas pour faire de l'IA au détriment de tout ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc aujourd'hui, vous avez monté une boîte à outils d'agenda autorisé. J'imagine qu'ils sont sécurisés, qu'ils sont propres à Malakoff Humanis.

  • Valérie Mussard

    Aujourd'hui, on a effectivement un chat GPT sécurisé dans lequel on peut justement mettre des informations et on sait que ça ne sort pas de Malakoff Humanis. on est en train avec les équipes tech, d'y ajouter d'autres LLM type Mistral. Et puis, on a aussi des cas d'usage qui sont très sécurisés avec nos données. Ce n'est pas quelque chose qu'on fait faire en externe. On a de la chance d'avoir des équipes de data scientiste très pointues sur le sujet parce que c'est aussi notre patrimoine. Et puis, ce sont nos clients. On n'a pas envie que les données, à un moment, disparaissent dans la nature, donc c'est très important aussi pour nous de créer une IA responsable et une IA de confiance et que nos clients et nos retraités soient assurés que leurs données ne servent pas pour faire n'importe quoi et ne sont pas stockées n'importe où.

  • Anne-Laure Daniel

    Aujourd'hui, vous le portez bien par le terrain. J'imagine que c'est aussi un projet qui est porté par le COMEX directement et qui appuie l'adoption en interne ?

  • Valérie Mussard

    Oui, ça a toujours été le cas. On n'a jamais freiné les initiatives d'IA depuis plusieurs années. Il y a des points réguliers qui sont faits en COMEX. Là, on restructure un peu un nouveau programme pour justement que le foisonnement soit un peu, pas limité, mais ordonnancé. Parce que là, tout le monde veut faire de l'IA, ce qui est normal, parce qu'au fur et à mesure des découvertes, on se rend compte du potentiel et en quoi ça peut nous aider dans le travail et soulager un peu la pénibilité des tâches. parce que dans des entreprises de prestations de services, nous aussi, on peut avoir du travail pénible, copier-coller toujours la même chose, faire toujours le même workflow, faire toujours le même type de courrier. Quand on fait ça toute la journée, il y a une forme de pénibilité, là où on aurait besoin d'aller plus en contact avec le client ou être plus dans l'innovation. Donc là, on retravaille un peu cette façon de mener le prochain programme. Mais effectivement, c'est un sujet qui est très poussé par le COMEX et par l'ensemble des cadres de direction du groupe.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc là, le premier programme, c'était l'acculturation et la découverte. Et là, vous allez passer à l'ancrage. Comment on arrive à vraiment faire rentrer de façon durable l'utilisation de l'IA ?

  • Valérie Mussard

    Alors, le premier programme, c'était plutôt sur l'IA prédictive. Là, on regarde comment intégrer l'intelligence artificielle générative. L'acculturation en fait partie, mais il faut qu'on continue de la muscler. et aussi parce que c'est très attendu et très suivi. au-delà du COMEX, par nos administrateurs, par la gouvernance, par nos partenaires sociaux avec qui on co-construit tout ça. On a déjà fait deux informations-consultations pour expliquer la manière dont on souhaitait procéder, des phases d'expérimentation, des phases de tests à plus grande échelle, avant de se dire qu'on allait déployer. On a remusclé aussi notre gouvernance autour des systèmes d'intelligence artificielle, que ce soit avec les équipes juridiques, les équipes achats, les équipes tech évidemment, les équipes RH. les équipes DPO, parce que le RGPD, il ne faut pas l'oublier, il n'y a pas que l'IA ACT. Donc voilà, et au fur et à mesure, on va monter en gamme et structurer les choses, toujours en ayant le regard de la symétrie des attentions entre ce qu'on fait pour aider nos collaborateurs à mieux travailler, et donc enlever cette pénibilité de répétition, et ce qu'on propose à nos clients en termes d'expérience.

  • Anne-Laure Daniel

    Ce sont lesquels les métiers qui vont le plus évoluer ? Chez Malakoff Humanis, avec l'IA ?

  • Valérie Mussard

    Alors, il y a beaucoup de légendes, je trouve, sur le sujet des compétences. Alors, il y a des études qui disent 50% des métiers vont disparaître, et puis finalement, que 20, et puis finalement dans 5 ans, et puis finalement, ça dépend de tout un tas de choses. Aujourd'hui, notre approche, elle est de travailler par processus et d'identifier quelles sont les missions ou les tâches qui peuvent être ou aidées par l'IA ou remplacées parfois par l'IA. Donc ça ne va pas se tordre tout de suite. En revanche, on va intégrer de nouvelles compétences sur l'utilisation de l'intelligence artificielle. On peut voir que l'éthique prend énormément de place et nous, c'est vraiment quelque chose qui nous tient à cœur. On peut voir que la culture data-driven prend encore plus de place et ça doit concerner tout le monde. Là où avant, on saisit et puis on verra bien ce que ça donne après en termes de saisie. Des grandes modifications tout de suite, peut-être pas. Néanmoins, on va à un moment peut-être se retrouver à... J'ai quelques exemples. Je parlais de l'éthique. Est-ce que demain, j'ai des éthiciens dans toutes les directions, à la communication, à la RH, à la tech ? Ou est-ce que je renforce une direction des risques, voire je crée une direction de l'éthique ? Ça, ça peut être un premier effet qui bouge l'organisation. Sur la data... Moi, quand j'ai commencé ma carrière, j'étais contrôleur de gestion sociale, donc je faisais des études RH à la DRH. On a souvent eu un débat sur est-ce que c'est un métier RH ou est-ce que c'est un métier dit financier, un métier de chiffres. Demain, on peut se retrouver avec le même débat sur est-ce qu'un data analyst RH, il est plutôt dans les métiers de la tech ou dans les métiers de la RH. Et ce n'est pas tout à fait la même chose dans l'exploitation de la data. Donc, on peut aussi avoir des métiers qui... prennent une empreinte, là sur la data RH, plus data que RH. On peut avoir aussi des métiers d'architecte d'expérience, parce qu'il va falloir combiner l'expérience du client digital, mais aussi relationnel, omnicanal. Et donc tout ça, ça peut... aussi un peu modifier les organisations et les métiers.

  • Anne-Laure Daniel

    Tous les métiers qu'on voyait propres à l'IA, finalement, ils sont en train d'infuser dans toutes les directions ?

  • Valérie Mussard

    Oui, parce que l'IA, c'est un outil. Et donc, à chaque fois qu'on utilise un outil, quelque part, ça touche tout le monde. Au début, si je prends les workflows, avant, on recevait tous des enveloppes qu'on allait chercher dans le couloir. Aujourd'hui, c'est des workflows, des alertes, des notifications. Donc, inévitablement, ça va se retrouver, se distiller dans tous les métiers du groupe. ce qu'il va falloir surveiller et accompagner, c'est en quoi ça transforme les compétences, parce que l'IA va nous demander d'autres actions comme superviser les résultats d'une IA. Si on veut superviser les résultats d'une IA, ça veut dire qu'il faut se renforcer aussi sur son expertise première. Si vous vous faites un prompt sur de la RH, vous allez lire, vous allez dire oui, bon ok, le biais de cohérence...

  • Anne-Laure Daniel

    C'est bien formulé, allez ça passe.

  • Valérie Mussard

    Voilà, c'est ça, c'est le biais de cohérence. Et moi, je peux faire pareil sur la finance. Je vais dire oui, effectivement, ça a l'air d'être ça. Un expert vous dira tout de suite non, non, ça, c'est trop généraliste, ça ne correspond pas. Donc, ça va être aussi très important de bien conserver, de toujours garder au top, si je puis dire, l'expertise métier. Parce que c'est ce qui fera la différence. Ce n'est pas que l'IA et les agents IA et tout ce qu'on va monter autour qui feront la différence demain. C'est aussi l'expertise.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc, en fait, ça va au-delà de l'outil en soi aussi. C'est aussi la façon dont on va travailler qui va être impactée. Plus largement, ça va être l'organisation des métiers et du travail.

  • Valérie Mussard

    Oui, et justement, dans la manière de travailler, on a un sujet avec le management, par exemple. Pas que. Aujourd'hui, lorsque je demande quelque chose à mon équipe, chacun fait sa part ou ils travaillent ensemble. Et je vais vérifier ou challenger le travail restitué par l'équipe. Demain, ils vont avoir recours à une IA. Je vérifie quoi ? Ce que fait l'IA, ce que vérifie l'équipe ? Et d'ailleurs, ils ont utilisé l'IA comment ? Ils ont fait le brainstorming d'abord et ils ont fait challenger par l'IA ou est-ce que c'est l'IA qui a fait le brainstorming et ils sont allés piquant les trois, quatre idées ? Donc la place, ne serait-ce que d'un assistant conversationnel comme ChatGPT, est très importante à positionner quand on est manager. Et si on rentre dans le système des agents, Là, pareil, comment on va évaluer que le résultat a été challengé avec l'expertise des équipes et n'est pas juste le fruit d'une génération de différents agents ?

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, donc là, c'est une vraie éducation.

  • Jingle

    C'est une vraie éducation. Moi, je dis souvent, l'IA, c'est un autre membre de l'équipe et on ne va pas tous demander la même chose au même membre de l'équipe, sinon le membre de l'équipe ne va pas y arriver. Là, en l'occurrence, il va consommer beaucoup d'énergie pour rien. Donc, il faut savoir travailler avec l'IA. Et si on est dans une transformation, on va dire, plus profonde, où on vient mettre de l'intelligence artificielle, quelle qu'elle soit, prédictive, générative, avec d'autres systèmes d'automatisation de l'informatique qu'on connaît aujourd'hui, là, c'est pareil. Comment on va vérifier, contrôler à chaque point pertinent que cela fonctionne et comment on réorganise aussi les flux de travail ?

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Bon, là, il y a un travail de cartographie. ça ne se fait pas en un claquement de doigt.

  • Valérie Mussard

    Et pas qu'une cartographie de processus dans les applications, mais un vrai travail d'ergonomie sur le poste de travail. Parce qu'on parle beaucoup des tâches que l'on voit à travers des systèmes d'information, mais moi, je ne fais pas que cliquer sur mon ordinateur toute la journée. Il y a plein d'autres choses que je fais et c'est comme l'information. Il y en a aussi beaucoup à la machine à café. Elles ne viennent pas toutes de ChaGPT.

  • Anne-Laure Daniel

    Il ne faut pas oublier la machine à café. Vous avez bien raison. ce qu'on voit donc, si je comprends bien il y a de l'évolution des métiers et des compétences en place, il y aura aussi des nouvelles compétences à aller chercher pour venir enrichir les organisations et les équipes en place. Est-ce qu'il va y avoir de la tension sur certains métiers ? Est-ce qu'on va avoir accès à ces nouvelles ressources et ces nouvelles compétences qui vont être demandées par toutes les entreprises en même temps ? Et quand on fait de la prospective, est-ce qu'on prévoit cette pénurie de compétences ?

  • Valérie Mussard

    Oui, on prévoit. Alors après, on a toujours, bon là en ce moment, c'est les data scientists, les développeurs, même si récemment, il y a eu un gros buzz sur les développeurs, les développeurs vont disparaître parce que l'IA va être capable de coder toute seule. Bon, enfin, si elle est capable de coder toute seule, c'est parce qu'à un moment, il y a un développeur qui le code pour faire en sorte qu'elle soit capable de coder toute seule. Donc bon, tout ça, c'est un peu fouillis. Mais oui, il va falloir au fur et à mesure capter les tendances, mais on pourrait se dire, tiens, il me faut telle compétence. Mais il faut aussi que ce soit en lien avec le rythme de l'entreprise et le rythme des investissements, que ce soit en argent ou en homme. Parce qu'on a beaucoup d'ambition les uns les autres sur des programmes d'intelligence artificielle, sauf que ce n'est pas gratuit. Il faut des data centers, il faut des partenaires sérieux. Pendant que les équipes font des expériences, elles ne sont pas en production, entre guillemets. Tout ça, ça a un coût. Et on a beau se dire, dans trois ans, il va me falloir Shiva. Oui, mais si dans trois ans, je ne suis pas prête à intégrer Shiva, parce que mon projet n'est pas terminé, ça ne servira à rien.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc l'IA, ça va toucher bien plus largement toute l'organisation. Il y a un enjeu de génération pour l'adoption. On en avait parlé un petit peu lorsqu'on s'est appelé avant de se voir aujourd'hui. C'est un tabou, les gaps générationnels sur l'adoption de l'IA, c'est un mythe, c'est réel. Qu'est-ce qu'on en dit ?

  • Valérie Mussard

    Alors, je pense qu'il y a un peu de mythe. Quand même, même si effectivement, les jeunes générations, elles sont nées, on dit souvent avec le téléphone dans la main. Aujourd'hui, on voit bien dans l'éducation nationale, c'est un peu le sujet. Ils ne font plus les devoirs tout seuls, ils font les devoirs avec Chadjipiti. Donc, il faut réadapter notre système d'apprentissage. Mais aussi parce qu'il y a un gros changement là-dessus, c'est que notre système d'éducation est basé sur la mémoire. On ingurgite toute l'histoire de France, toute l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, etc. etc. Là, il n'y a plus besoin de le faire puisque ChatGPT a tout. Et la seule manière que l'on a de travailler notre raisonnement, c'est avec les maths. Donc déjà, rien que les jeunes générations, il va falloir un peu changer la manière d'apprendre parce que pour avoir l'esprit critique et utiliser des IA à terme et arriver à construire toutes ces transformations...

  • Anne-Laure Daniel

    Il faut garder sa capacité de raisonnement.

  • Valérie Mussard

    Il faut garder sa capacité de raisonnement. Ça, c'est le premier point. Ensuite, quand les nouvelles générations vont arriver sur le marché du travail, comme on va avoir... relayer d'une certaine manière toutes ces tâches un peu de débutant à l'IA, comment on fait rentrer un nouveau juriste dans l'entreprise si l'IA est capable de sortir tous les matins une veille juridique sur les dernières jurisprudences qui sortent.

  • Anne-Laure Daniel

    Vous nous emmenez vers les bacs plus 12 là.

  • Valérie Mussard

    En tout cas, nous managers, il faut qu'on se prépare à ça. Comment on apprend à quelqu'un qui n'a plus ce sas d'expérience de débutant à avoir l'esprit critique sur une matière qui n'a pas appris ? au sens expérimenté dans son quotidien. Ensuite, sur les générations, on va dire à l'extrême, les générations seniors, il y en a qui n'ont absolument pas peur de faire de la techno. C'est même les premiers à aller dans le chat GPT ou autre. Nous, on fait des challenges aussi de prompte et tout le monde y va, il y a tous les âges. Et on voit, moi, j'ai quatre générations dans mon équipe. Chacun échange très facilement ses bonnes pratiques. Moi, j'ai des jeunes alternants. Les Canval et tout ça, ils sont à fond dedans. Et puis, nous, en contrepartie, on est tout content d'apprendre ça. Mais on leur dit, oui, mais ça, en termes d'éléments de langage, ça ne va pas. Là, ce n'est pas en lien avec le projet d'entreprise. Ça, ce n'est pas du tout RH. Donc, ça se fait assez facilement, mais comme ça s'est fait sur à peu près toutes les générations. En revanche, quelque chose qui va vraiment être déterminant, et pour toutes les générations d'ailleurs, c'est celui qui est contre la techno, ou qui n'y arrivent pas. Et ça, peu importe l'âge.

  • Anne-Laure Daniel

    ça c'est quelqu'un qui se met en risque quand même aujourd'hui dans une organisation. On ne peut plus être complètement anti-techno.

  • Valérie Mussard

    Alors, on ne peut plus être anti-techno même dans la vie de tous les jours. Les impôts, tout le monde le fait en dématérialisé. Donc, ça devient de plus en plus compliqué. Vous voulez même aller réserver un billet de train dans une agence SNCF. Je vous défie de faire la queue pendant deux heures parce qu'il n'y a plus beaucoup d'agences SNCF en physique. mais il faut quand même trouver aussi de l'emploi et des missions plus vers le relationnel, plus vers le métier du care, pour ces personnes qui sont, voilà, la techno ne passera pas par eux, bon, c'est comme ça, mais ils ont d'autres choses à apporter. Et souvent, ce sont ces personnes-là qui amènent des services un peu différents, autres que techno, parce que tout ne peut pas être techno de toute façon, et encore moins nous dans notre métier.

  • Anne-Laure Daniel

    Super, on a beaucoup parlé d'IA. J'aurais voulu juste qu'on revienne un petit peu de... qu'on dézoome un petit peu et qu'on regarde, parce que vous traitez la prospective pas que sur l'intégration de l'intelligence artificielle, comment ça s'intègre dans les autres transformations qui sont en cours, et notamment l'organisation du travail, les équilibres, la qualité de vie au quotidien, qui a été largement chamboulée ces dernières années et qui sont à nouveau chamboulées également par l'IA. Alors, comment on fait cohabiter tout ça ? Parce que si on avait qu'une seule révolution, ça serait bien, mais tout ça s'enchaîne.

  • Valérie Mussard

    Alors nous, on a posé il y a déjà deux ans, et c'est quelque chose qu'on suit de manière récurrente, notre contrat social qui se déroule en quatre axes. Le premier axe, c'est tout ce qui est lié à la rémunération et au partage de la valeur, où là, on essaye d'être innovant pour justement répondre à toutes les générations et toutes les bourses aussi, parlant d'intéressement, de participation, de placement épargne, de manière de pouvoir aussi percevoir les fruits de l'entreprise et de son travail. Et à côté de ça, on a un deuxième pilier qui correspond à la modularité du temps et des espaces, où là, on va retrouver plusieurs formules de temps de travail, par exemple, parce que quand on est jeune maman, on a besoin peut-être de partir plus tôt le soir ou d'avoir plus de vacances. Ou jeune papa, ça marche aussi. Quand on est senior, on a peut-être besoin d'avoir un peu plus de temps pour soi pour préparer. Sa retraite, par exemple, quand on est en situation de handicap, c'est encore autre chose. Ou quand on est dans une période de sa vie, certains préfèrent avoir des journées plus longues, mais que sur quatre jours, et d'autres, des journées plus courtes, mais que sur cinq jours. Donc, on essaye d'avoir déjà plusieurs formules de temps de travail qui répondent un peu à toutes les générations et tous les besoins. Sur la modularité, on a aussi la modularité de l'espace. Et donc là, on a le deuxième choc, qui était le premier en l'occurrence, l'hybridation du travail. et qui va être un peu difficile. En tout cas, il va falloir être très attentif à la manière dont l'hybridation du travail vient se greffer avec l'IA. Là, on a beaucoup travaillé sur nos espaces de travail sur site, mais aussi sur la manière de travailler lorsqu'on est sur un site distant ou à son domicile. Et avec l'IA, on voit bien qu'on pourrait aller vers de l'isolement. social dans son quotidien professionnel.

  • Anne-Laure Daniel

    Avec tous les excès que cela peut en faire.

  • Valérie Mussard

    Avec tous les excès, parce que quand je suis au bureau, je lève ma tête, j'ai mon collègue, je peux lui poser une question. Quand le collègue, il n'est pas là ou qu'il est en rouge dans le team, c'est parce qu'il est en communication, je demande à Chagipiti. Chagipiti, c'est super, il est disponible 24h sur 24, 7 jours sur 7. Sauf que la charge cognitive, déjà, peut prendre un coup. Et ensuite, ça casse le contact. D'où, là, l'importance de faire revenir. Alors, c'est un peu moche de dire ça, mais en tout cas, Faire revenir les gens sur site pour faire quelque chose ensemble, différent de ce qui se passe à la maison, pour justement continuer à générer de la créativité, de l'échange, de l'esprit critique ensemble, parce que c'est quand même ensemble qu'on apprend des nouvelles choses, qu'on apprend ensemble et qu'on développe de nouveaux services. Quand on est à la maison, c'est pour faire des choses un peu routinières, on va dire, et avec de l'IA, mais pas trop. Il va falloir doser aussi ça. On a notre troisième pilier qui est plutôt sur le développement des carrières, des compétences et des parcours professionnels. Donc là, justement, comment on peut devenir demain un coach IA ou un superviseur de l'IA ou être plus tech qu'expert lorsque l'on crée, par exemple, des cas d'usage complexes ? Comment on peut devenir spécialiste de l'éthique ? Comment on peut aller beaucoup plus sur de l'expérience digitale pour les clients ou pour les collègues aussi en interne ? Donc là, c'est aussi tout ça dans l'évolution des compétences que l'on travaille. Et puis, le dernier point est autour de la RSE, puisque les équipes RH ont aussi un rôle à jouer sur la RSE. Comment on garde toujours de l'inclusion, de la diversité ? Comment on contribue aux enjeux sociétaux du groupe et de la société à travers les différents programmes qu'on peut proposer en interne comme à nos clients ?

  • Anne-Laure Daniel

    Ça va vraiment tout chambouler. Vous vous sentez prêt ? à affronter cette transformation en profondeur ?

  • Valérie Mussard

    Je pense que quand on fait de la prospective et qu'on prend le temps, et c'est ce qu'on fait chez Malakoff Humanis, on teste des choses et on sait s'arrêter quand on se dit, non, là, il y a un risque, là, le résultat est bien, mais on pourrait faire mieux. Et on n'hésite pas à arrêter des pokes et en refaire d'autres. Quand on prend le temps d'échanger et de regarder un peu ce qui se passe autour, je pense qu'on peut être prêt à tout. Il faut avoir le réflexe du droit à l'erreur. Ça, c'est souvent quelque chose qui n'est pas trop admis dans les groupes. Nous, c'est vraiment quelque chose qu'on autorise. Je ne veux pas dire qu'on le favorise, mais en tout cas, il faut essayer. Et si ça ne marche pas, ce n'est pas grave. Mais essayer, c'est apprendre aussi. Et donc, ça, c'est important de garder ce droit à l'erreur. Et il faut être constamment à regarder ce qui se passe autour, s'inspirer des autres. nous on a co-créé un label qui s'appelle Positive AI. Donc, c'était avant l'arrivée de l'IA ACT, ce qui nous a permis d'être en avance aussi sur l'éthique, la robustesse des algorithmes, la transparence, l'explicabilité, l'intervention humaine. Donc, on a tout un champ comme ça. Et tout ça, c'est quelque chose qu'on regarde de manière continue et qu'on nourrit de nos expériences et des expériences externes, puisqu'on l'a co-construit avec d'autres entreprises qui, tout comme nous, partagent leurs bonnes et mauvaises expériences. Donc, c'est important de rester ouvert sur ce qui se passe et pas se fermer des portes par principe.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, si on parle de mauvaises expériences ou peut-être d'erreurs ou de moments où vous êtes cherché, est-ce que vous-même, vous auriez peut-être une petite erreur ou un écueil à éviter si vous devez faire une recommandation à vos confrères des RH qui cherchent à intégrer l'IA dans leurs organisations ? Il y a un truc qu'il faut éviter ? Il y a un mauvais départ qu'on peut prendre ?

  • Valérie Mussard

    Pour moi, le mauvais départ, c'est de partir que de la stratégie d'entreprise et pas écouter le terrain. Je l'ai fait moi-même en tant que manager avec mes équipes quand il a fallu changer des systèmes de paie, faire de l'harmonisation des statuts ou autre. Sans les équipes, moi, je ne sais rien faire. Sans les équipes, je ne suis pas manager déjà. Donc, pour moi, ça, c'est important. Et puis, je pense aussi qu'il faut faire attention un peu à l'appel des sirènes. C'est le jeu du business. On a beaucoup d'éditeurs qui appellent, qui ont toujours une solution magique. Et forcément, on se dit qu'on va passer à côté. Il faut prendre le temps de se poser et de se reposer les questions.

  • Anne-Laure Daniel

    Super, merci beaucoup Valérie. Notre épisode touche déjà à sa fin. C'est passé très vite. On l'a vu, au-delà des outils et des compétences, c'est bien une nouvelle façon de penser le travail qui se dessine avec des impacts profonds sur les organisations, les parcours et même le lien entre l'individu et l'entreprise. En toile de fond, moi, je vois une vraie question qui émerge. C'est comment ces évolutions vont redessiner le contrat social, comme vous en parliez. Ce contrat entre les employeurs, les collaborateurs et la société, parce que ça va bien au-delà de nos organisations. Donc, c'est sans doute là que va se jouer une grande partie de la transfo à venir. Encore merci beaucoup, Valérie.

  • Valérie Mussard

    Merci à vous.

  • Anne-Laure Daniel

    Je recevais aujourd'hui Valérie Mussard, en charge de la prospective RH pour le groupe Malakoff Humanis.

  • Jingle

    Les Afters de la Transformation, une émission à écouter et à télécharger sur... adequancy.com et toutes les plateformes de podcast.

Description

Découvrez la vision de Valérie Mussard et les grandes mutations du travail à l’ère de l’intelligence artificielle


Face à l’accélération technologique et à l’arrivée massive de l’IA générative, les entreprises doivent faire preuve d’anticipation. Chez Malakoff Humanis, Valérie Mussard pilote la prospective RH avec une ambition claire : aider les métiers à se projeter, s’adapter, et surtout, co-construire l’avenir du travail en associant toutes les parties prenantes.


Au programme :

  • Prospective RH : comment anticiper les ruptures à venir
    Penser au-delà de la transformation : la prospective permet de construire des scénarios du plus utopique au plus critique pour mieux préparer l’entreprise et éviter de subir les chocs à venir.

  • L’intégration de l’IA générative : une transformation collaborative
    Loin d’un déploiement imposé, l’approche choisie repose sur l’acculturation, les tests concrets, et surtout la participation active des collaborateurs dans l'identification des usages.

  • Des compétences qui évoluent : vers une nouvelle culture de l’expertise
    Face à l’IA, le besoin d’expertise humaine reste fondamental : compréhension, supervision, éthique... L’enjeu est de renforcer la capacité de raisonnement, et non de la déléguer à la machine.

  • Un impact organisationnel profond : le travail, les rôles, le management
    Des métiers hybrides, une gouvernance de l’IA renforcée, de nouvelles formes de collaboration : l’intelligence artificielle redessine en profondeur les modes de travail et la place du management.

  • Le contrat social réinventé : modularité, inclusion et sens au travail
    Chez Malakoff Humanis, les transformations technologiques s’inscrivent dans un cadre plus large : rémunération, temps de travail flexible, parcours professionnels et engagement sociétal composent un socle de stabilité dans un monde en mouvement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Valérie Mussard

    Pour moi, la prospective, c'est quelque chose qui est essentiel. On a souvent tendance à ne parler que transformation, et pour moi, la transformation, c'est ce qui arrive avant. C'est cette capacité qu'on doit garder quand on est dirigeant, quand on est manager, à envisager tous les scénarios possibles qui peuvent impacter ou concerner l'entreprise. Et ce, avec une vision un peu 360, pour être au maximum en proaction plus qu'en réaction. Quand on est dans la transformation, on a déjà réagi à quelque chose. On a souvent tendance à faire des plans à un an, deux ans, trois ans, et puis d'un coup, il se passe quelque chose, comme l'arrivée de l'intelligence artificielle, et on s'agite un petit peu, on s'affole, on essaye de comprendre ce qui se passe, en quoi ça peut changer les différents champs autour de l'entreprise. Et le fait d'avoir cette prise de recul régulière, et envisager tous les scénarios possibles, du plus catastrophique au plus utopiste, permet, à mon sens, d'un peu mieux se préparer, et de ne pas subir la transformation. parfois comme un choc. En tout cas, ça peut être ressenti comme ça par les collaborateurs d'une entreprise dès qu'il se passe quelque chose dans l'environnement.

  • Jingle

    Les Afters de la Transformation, le podcast des acteurs qui façonnent l'entreprise de demain. Un rendez-vous qui donne la parole aux dirigeants, une production Adequancy.

  • Anne-Laure Daniel

    Bonjour et bienvenue dans Les Afters de la Transformation, le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui font bouger l'économie de l'intérieur, avec des impacts bien réels sur les organisations. les territoires et la société. Alors aujourd'hui, on a le plaisir d'accueillir Valérie Mussard. Elle travaille chez Malakoff Humanis depuis bientôt 9 ans, un groupe de protection sociale engagé dans la santé, la prévoyance et la retraite complémentaire. Valérie a un parcours passionnant au sein des RH qu'elle a exploré sous toutes les coutures, de l'administration du personnel à l'expérience collaborateur, en passant par le digital RH et le développement des compétences. Aujourd'hui, elle occupe un rôle clé, tourné vers la prospective RH. et elle accompagne les métiers dans l'intégration de l'intelligence artificielle et des nouvelles façons de travailler. Avec elle, on va parler de ce que l'IA change concrètement dans les métiers, des compétences qui émergent et de la manière dont une entreprise comme Malakoff Humanis prépare ses équipes à ces grandes transformations. Bonjour Valérie.

  • Valérie Mussard

    Bonjour Anne-Laure.

  • Anne-Laure Daniel

    Soyez la bienvenue, on est très heureux de vous accueillir. Merci,

  • Valérie Mussard

    ravie.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, on va parler d'IA, on l'a dit, mais avant qu'on plonge vraiment dans le concret de l'IA, j'aurais bien aimé qu'on parle un petit peu de ce que c'est que la... Prospective RH, qu'est-ce qu'on entend par prospective RH ?

  • Valérie Mussard

    Alors prospective RH, c'est un domaine qui est un peu nouveau pour moi aussi, même si depuis très longtemps je m'intéresse à ce qui se passe autour de l'environnement de mon entreprise. Et pour moi la prospective c'est quelque chose qui est essentiel. On a souvent tendance à ne parler que transformation, et pour moi la transformation c'est ce qui arrive avant. C'est cette capacité qu'on doit garder quand on est dirigeant, quand on est manager, à envisager tous les scénarios possibles. qui peuvent impacter ou concerner l'entreprise. Et ce, avec une vision un peu 360, pour être au maximum en proaction plus qu'en réaction. Quand on est dans la transformation, on a déjà réagi à quelque chose. On a souvent tendance à faire des plans à un an, deux ans, trois ans. Et puis, d'un coup, il se passe quelque chose, comme l'arrivée de l'intelligence artificielle, et on s'agite un petit peu, on s'affole, on essaye de comprendre ce qui se passe, en quoi ça peut changer les différents champs autour de l'entreprise. Et le fait d'avoir cette prise de recul régulière et envisager tous les scénarios possibles, du plus catastrophique au plus utopiste, permet, à mon sens, d'un peu mieux se préparer et de ne pas subir la transformation, parfois comme un choc. En tout cas, ça peut être ressenti comme ça par les collaborateurs d'une entreprise dès qu'il se passe quelque chose dans l'environnement.

  • Anne-Laure Daniel

    La prospective, en fait, ce n'est pas à l'instant T, c'est en continu.

  • Valérie Mussard

    Pour moi, c'est en continu, avec une vision qui n'existe pas. Dans le sens où ce ne sont que des scénarios, certains qui peuvent être très disruptifs, certains qui peuvent s'appuyer sur des signaux faibles qui commencent à émerger, ou d'autres qui ne sont que la continuité de ce que l'on est en train de faire, mais de manière très accélérée par exemple.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Alors on voit que c'est quand même toujours un petit peu lointain, pas toujours très palpable. Qu'est-ce que ça va changer dans la façon d'agir ?

  • Valérie Mussard

    Si on prend l'exemple de l'intelligence artificielle, Aujourd'hui, on voit bien que... Il y a des chocs autour de la régulation, l'IA ACT et puis tout ce qui arrive en France. Mais justement, si on se projette plus loin, est-ce qu'on va avoir un renforcement de cette régulation ? Est-ce que d'un coup, on va avoir beaucoup plus de contrôles et des contrôles différents par rapport à ce qui existe aujourd'hui ? Ou est-ce qu'au contraire, on va rester à peu près sur les mêmes mécaniques que l'on connaît à ce jour ? Sur le champ, par exemple, technopolitique, on parle beaucoup de souveraineté numérique. Et justement, si on prend les dernières actualités liées aux droits de douane des Américains, si demain, on n'a plus recours au service des GAFAM, comment on fait ? Est-ce qu'on a du cloud français ? Comment on fait ? Est-ce qu'on a déjà des options ou des choix qui pourraient être choisis ? Sur l'économie, on voit que les concurrents avancent. Est-ce que justement on essaye de se projeter en essayant de garder de l'avance, en essayant de récupérer de l'avance ou en faisant complètement autre chose, quitte à se tromper et à réessayer autre chose ? Donc là aussi il peut y avoir des stratégies qui peuvent évoluer en fonction des scénarios. Sur les usages et modes de vie, moi je fais partie de la génération qui a découvert Internet et qui est née avec Internet. Moi aussi. Voilà. Oui, ceux qui vont rejoindre le marché du travail demain, ils ont déjà acquis des réflexes dans leurs usages qui ne sont pas du tout les mêmes. Donc, comment on arrive à se projeter à beaucoup plus loin ? Et c'est pareil sur la manière d'apprendre, sur les compétences, les impacts sur l'environnement, on en parle. Mais justement, et si demain, on avait beaucoup plus d'impact que l'on ne pense ou si demain, on avait beaucoup plus de mesures à prendre, comment on arriverait avec tous ces éléments qui arrivent autour de l'entreprise, cette vision 360, à avoir quelque part plusieurs coups d'avance.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc vous partez d'une grande vue macro et vous redescendez après pour chaque stream, exactement ?

  • Valérie Mussard

    Avec plusieurs scénarios pour chaque stream, qui sont ou en lien avec la stratégie d'entreprise déjà dessinée sur les années à venir, ou complètement différentes. Alors on peut passer pour des savants fous qui inventent des choses qui n'ont rien à voir, mais c'est... C'est une façon de prendre du recul et de se dire quand je fais ce choix-là, je réponds à tel scénario ou pas, je fais tel choix et ce que ça pourrait donner dans l'avenir.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc pas de limite à l'imagination là ?

  • Valérie Mussard

    C'est de la créativité pure.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est génial. Qu'est-ce que ça change concrètement ? Comment on applique ça plus exactement à l'évolution des métiers et des organisations ?

  • Valérie Mussard

    Alors si je garde toujours l'exemple de l'intelligence artificielle, si demain on a des agents partout, l'année 2025 c'est le phénomène agentique, qu'est-ce que ça va transformer dans l'organisation du travail. Donc là, on a le scénario qui est je mets des agents juste sur des tâches, on va dire répétitives, qui permettent de dégager du temps sur des tâches, comme on dit, à plus forte valeur ajoutée ou de se tourner vers des services qu'on ne propose pas aujourd'hui ou pas suffisamment à nos clients. Et puis, on peut avoir un scénario complètement extrême qui est de dire je mets des agents partout. Et là, qu'est-ce qu'on fait ? Déjà, des collaborateurs qui faisaient le travail. Comment on les fait évoluer ? Vers quel type d'emploi ? Ça peut nous obliger à penser des responsabilités différentes ou peut-être même à revoir le modèle économique de l'entreprise parce qu'un certain nombre de métiers devront être pensés complètement autrement. Et puis, il y a le scénario intermédiaire où l'entreprise fait le choix de conserver certaines expertises et pas de s'en remettre à l'IA ou au contraire, des choix complètement différents de diversification d'activités ou autres.

  • Anne-Laure Daniel

    Ca par exemple, on va plonger dedans si vous le voulez bien. Parce que vous l'avez dit, anticiper les évolutions, c'est aussi se préparer à des ruptures, à des grosses accélérations, comme on le voit avec le Gen-AI récemment. Et parmi ces grands bouleversements, l'IA c'est central à tout point de vue. Donc chez Malakoff Humanis, vous avez déjà travaillé sur l'intégration de l'IA dans tous vos métiers. Est-ce que vous pouvez nous dire comment cette transformation s'est amorcée ? Par quoi ça a commencé ?

  • Valérie Mussard

    Alors l'intelligence artificielle chez Malakoff Humanis, c'est pas nouveau, dans le sens où ça fait déjà 7-8 ans. qu'on travaille avec de l'intelligence artificielle, on va dire traditionnelle, statistique, prédictive, parce qu'on a des termes un peu différents. Donc, on est déjà habitué à avoir des cas d'usage très précis sur des petits processus ou certaines tâches, comme la fraude, par exemple, la fraude aux arrêts de travail, la fraude optique, la fraude sur les devis. Donc ça, c'est très ciblé. Et depuis l'arrivée de l'intelligence artificielle générative, au-delà des équipes tech et, on va dire, des early adopters, on se dit que c'est important de comprendre comment ça fonctionne. Et moi, c'est le premier réflexe que j'ai eu, c'est d'aller voir comment ça fonctionnait.

  • Anne-Laure Daniel

    Vous avez tout exploré, vous avez testé tous les avis.

  • Valérie Mussard

    On n'a jamais tout exploré avec L'IA Gen, parce que tous les jours, il y a des nouvelles, des montées de versions de ChatGPT, de MeetJourney ou de tout autre outil qui fait de la génération. Mais en tout cas, d'essayer de comprendre pour arriver à se projeter. Et du coup, ce que l'on a fait, c'est déjà travailler avec nos partenaires sociaux. pour expliquer ce que c'était que l'intelligence artificielle générative à travers ce qu'on appelle une commission de digitalisation. Puis on a reproduit un peu ce travail pour nos collaborateurs avec de l'IA pour faire un module de e-learning qui explique les bases de l'intelligence artificielle et qui explique aussi que l'intelligence artificielle, elle est déjà présente dans notre quotidien. Quand on est en période de transformation ou de grand changement, c'est toujours rassurant pour les gens de se rendre compte de ce que ça fait dans leur quotidien personnel. avant d'aller dans le quotidien professionnel. Donc quand on dit ça existe dans Netflix, dans Instagram et autres, déjà ça permet de relativiser un peu certaines craintes ou certaines peurs qu'on pourrait avoir.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, il faut être dédiaboliser.

  • Valérie Mussard

    Exactement. Ensuite, on a lancé plusieurs initiatives. Il y avait deux façons de faire où des collaborateurs avaient déjà, avec leur manager, identifié des cas d'usage, mais qui restent assez opportunistes ou ponctuels. Mais c'est avec des collaborateurs qui sont déjà À la manœuvre, on va dire, avec de l'intelligence artificielle. Là, on voulait toucher tout le monde. Parce que la transformation, elle réussit si tout le monde comprend ce qui se passe et contribue à faire. Parce que la transformation, ça c'est ma conviction personnelle, c'est ceux qui font, qui savent comment il faut transformer leur métier.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc on part du terrain, on va vraiment au plus près des équipes.

  • Valérie Mussard

    En tout cas, c'est complémentaire à ce qui peut partir d'une décision stratégique d'entreprise. Parce qu'il faut que ce soit compris, le mouvement pour être mis en œuvre doit être compris. Donc, on a lancé plusieurs dispositifs au-delà des e-learning. Par exemple, on a une communauté qui s'appelle la communauté MIA, parce que notre petit chatbot interne s'appelle MIA, Mon Intelligence Artificielle, pour que tout le monde, déjà, puisse faire quelques promptes et se rendre compte de ce qu'on peut faire en reformulant des courriers, en préparant des comptes-rendus, des présentations PowerPoint ou autre. On a également diffusé certains témoignages de collègues qui avaient travaillé sur des cas d'usage plus complexes pour que... les gens se rendent compte aussi que ça se fait pas comme ça. On appuie sur un bouton et tout est magique. On a également fait les journées... de l'IA sur chacun de nos grands sites avec quatre ateliers différents. Donc ça, on l'a organisé avec nos équipes tech. Un atelier pour faire du prompt. Donc là, chacun vient avec ses questions, ses exemples et on essaye tous ensemble. Donc des petites classes où il n'y a pas de règles, chacun s'exprime. On a un atelier sur l'éthique, parce que pour nous, c'est quelque chose de très important. On a un atelier sur déceler le vrai du faux, parce que les fake news... Les contenus qui sont générés, on ne sait pas par qui, on ne sait pas comment, c'est très important et ça fait également écho à tout ce qu'on fait autour de la fraude. Donc sensibiliser nos collègues sur reconnaître ce qui est généré par une IA ou pas, ça nous paraît important. Et puis aussi des échanges libres. On a également commencé à lancer des ateliers avec les métiers, donc être au plus proche d'un besoin d'expertise. versus les ateliers où ça se voulait, les journées de l'IA où ça se voulait être très généraliste. De l'acculturation. Voilà, de l'acculturation. Là, ce qu'on demande avec les managers, c'est remonter vos idées. Si l'IA pouvait tout faire, donc là, on rentre dans le champ des possibles, peut-être de l'utopie complète, qu'est-ce qu'on pourrait déléguer à la machine ? Et là, on se rend compte que, justement, il y a ce complément avec des décisions de stratégie d'entreprise, là où... Dans une stratégie d'entreprise, on pourrait dire on va transformer telle activité. En miroir, on a des collaborateurs qui disent moi j'ai besoin qu'on m'aide pour faire des comptes rendus, qu'on m'aide pour faire de la reformulation, qu'on m'aide pour préparer un rendez-vous client. Donc des choses, on va dire du quotidien, qui sont parfois pas toujours intégrées de cette même façon lorsque l'on donne des gros programmes de transformation. Et donc là, c'est tout ce travail que l'on fait pour justement que les collaborateurs... s'approprient avec ce dont ils ont besoin dans le quotidien, l'intelligence artificielle générative, et qu'ils soient à l'origine de cas d'usage beaucoup plus complexes. C'est aussi culturellement plus facile pour eux de se projeter. Et c'est aussi, je trouve, mieux que d'arriver avec un outil en disant « Voilà, il y a de l'intelligence artificielle dedans, tu cliques ici et ça marche. » Là, c'est eux qui vont construire leur outil. Et ça sera du coup aussi beaucoup mieux accepté parce que... Comme ils auront eu toute la mécanique pour faire les choses, ça casse aussi les peurs et ça permet aussi aux équipes de poser elles-mêmes les limites.

  • Anne-Laure Daniel

    Le cadre.

  • Valérie Mussard

    Et les limites de l'usage. Ça, on veut bien, ça, non.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, vous nous parlez de peur. On en est où des peurs, justement, du coup, dans vos équipes ? Ils ont toujours peur de l'IA ou au contraire, ils ont saisi l'opportunité ?

  • Valérie Mussard

    Aujourd'hui, je pense que c'est un petit peu tôt pour avoir des statistiques. claires sur ceux qui sont... Alors, les early adopters, on les détecte très vite, ils essayent plein de choses, ils posent plein de questions. On a des collègues qui sont pas forcément technophiles. On n'en a pas beaucoup, mais tout le monde n'est pas à l'aise avec l'informatique. Tout le monde n'aime pas ça. Il y a aussi ceux qui n'aiment pas ça. Ceux-là, aujourd'hui, ils ne disent pas qu'ils sont contre, mais ils ne s'y intéressent pas. On est plutôt comme ça. Il y en a certains qui viennent avec leur manager ou qui viennent en équipe dans les journées de l'IA et... qui viennent parce qu'on les a un peu obligés, on va dire. Et puis finalement, quand ils voient les démonstrations, là, il y a le déclic. Ils disent, ah, OK, on peut faire ça. Parce que ce qui est important aussi dans les actions de transformation, c'est ce que c'est et ce que c'est pas. Et parfois, on s'en fait toute une image, tout un drame. Et le fait de venir au contact et de montrer ce que ça peut faire et ce que ça ne fait pas, ça permet aussi aux collaborateurs de mieux se positionner.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Donc, c'est plus un fantasme aujourd'hui. C'est quelque chose de concret, applicable. au quotidien par les équipes.

  • Valérie Mussard

    Exactement. Après, il y a quand même cette inquiétude, puisque le monde entier en parle, de « ça va nous remplacer » . Bon, quand même, on se rend compte, à travers les différents exemples, que ça ne nous remplace pas en cinq minutes, que ça ne nous remplacera pas tant qu'on ne dira pas à la machine ce qu'il y a à faire. Et en plus, sur notre secteur d'activité, où on a des données confidentielles, on a un gros portefeuille de clients en assurance, en retraite, en épargne. Tout ça, ça ne se fait pas comme ça. On doit aussi garantir, nous, la satisfaction du client, l'expérience client. On est très attachés avec les collaborateurs pour ça. Et ça ne sera pas pour faire de l'IA au détriment de tout ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc aujourd'hui, vous avez monté une boîte à outils d'agenda autorisé. J'imagine qu'ils sont sécurisés, qu'ils sont propres à Malakoff Humanis.

  • Valérie Mussard

    Aujourd'hui, on a effectivement un chat GPT sécurisé dans lequel on peut justement mettre des informations et on sait que ça ne sort pas de Malakoff Humanis. on est en train avec les équipes tech, d'y ajouter d'autres LLM type Mistral. Et puis, on a aussi des cas d'usage qui sont très sécurisés avec nos données. Ce n'est pas quelque chose qu'on fait faire en externe. On a de la chance d'avoir des équipes de data scientiste très pointues sur le sujet parce que c'est aussi notre patrimoine. Et puis, ce sont nos clients. On n'a pas envie que les données, à un moment, disparaissent dans la nature, donc c'est très important aussi pour nous de créer une IA responsable et une IA de confiance et que nos clients et nos retraités soient assurés que leurs données ne servent pas pour faire n'importe quoi et ne sont pas stockées n'importe où.

  • Anne-Laure Daniel

    Aujourd'hui, vous le portez bien par le terrain. J'imagine que c'est aussi un projet qui est porté par le COMEX directement et qui appuie l'adoption en interne ?

  • Valérie Mussard

    Oui, ça a toujours été le cas. On n'a jamais freiné les initiatives d'IA depuis plusieurs années. Il y a des points réguliers qui sont faits en COMEX. Là, on restructure un peu un nouveau programme pour justement que le foisonnement soit un peu, pas limité, mais ordonnancé. Parce que là, tout le monde veut faire de l'IA, ce qui est normal, parce qu'au fur et à mesure des découvertes, on se rend compte du potentiel et en quoi ça peut nous aider dans le travail et soulager un peu la pénibilité des tâches. parce que dans des entreprises de prestations de services, nous aussi, on peut avoir du travail pénible, copier-coller toujours la même chose, faire toujours le même workflow, faire toujours le même type de courrier. Quand on fait ça toute la journée, il y a une forme de pénibilité, là où on aurait besoin d'aller plus en contact avec le client ou être plus dans l'innovation. Donc là, on retravaille un peu cette façon de mener le prochain programme. Mais effectivement, c'est un sujet qui est très poussé par le COMEX et par l'ensemble des cadres de direction du groupe.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc là, le premier programme, c'était l'acculturation et la découverte. Et là, vous allez passer à l'ancrage. Comment on arrive à vraiment faire rentrer de façon durable l'utilisation de l'IA ?

  • Valérie Mussard

    Alors, le premier programme, c'était plutôt sur l'IA prédictive. Là, on regarde comment intégrer l'intelligence artificielle générative. L'acculturation en fait partie, mais il faut qu'on continue de la muscler. et aussi parce que c'est très attendu et très suivi. au-delà du COMEX, par nos administrateurs, par la gouvernance, par nos partenaires sociaux avec qui on co-construit tout ça. On a déjà fait deux informations-consultations pour expliquer la manière dont on souhaitait procéder, des phases d'expérimentation, des phases de tests à plus grande échelle, avant de se dire qu'on allait déployer. On a remusclé aussi notre gouvernance autour des systèmes d'intelligence artificielle, que ce soit avec les équipes juridiques, les équipes achats, les équipes tech évidemment, les équipes RH. les équipes DPO, parce que le RGPD, il ne faut pas l'oublier, il n'y a pas que l'IA ACT. Donc voilà, et au fur et à mesure, on va monter en gamme et structurer les choses, toujours en ayant le regard de la symétrie des attentions entre ce qu'on fait pour aider nos collaborateurs à mieux travailler, et donc enlever cette pénibilité de répétition, et ce qu'on propose à nos clients en termes d'expérience.

  • Anne-Laure Daniel

    Ce sont lesquels les métiers qui vont le plus évoluer ? Chez Malakoff Humanis, avec l'IA ?

  • Valérie Mussard

    Alors, il y a beaucoup de légendes, je trouve, sur le sujet des compétences. Alors, il y a des études qui disent 50% des métiers vont disparaître, et puis finalement, que 20, et puis finalement dans 5 ans, et puis finalement, ça dépend de tout un tas de choses. Aujourd'hui, notre approche, elle est de travailler par processus et d'identifier quelles sont les missions ou les tâches qui peuvent être ou aidées par l'IA ou remplacées parfois par l'IA. Donc ça ne va pas se tordre tout de suite. En revanche, on va intégrer de nouvelles compétences sur l'utilisation de l'intelligence artificielle. On peut voir que l'éthique prend énormément de place et nous, c'est vraiment quelque chose qui nous tient à cœur. On peut voir que la culture data-driven prend encore plus de place et ça doit concerner tout le monde. Là où avant, on saisit et puis on verra bien ce que ça donne après en termes de saisie. Des grandes modifications tout de suite, peut-être pas. Néanmoins, on va à un moment peut-être se retrouver à... J'ai quelques exemples. Je parlais de l'éthique. Est-ce que demain, j'ai des éthiciens dans toutes les directions, à la communication, à la RH, à la tech ? Ou est-ce que je renforce une direction des risques, voire je crée une direction de l'éthique ? Ça, ça peut être un premier effet qui bouge l'organisation. Sur la data... Moi, quand j'ai commencé ma carrière, j'étais contrôleur de gestion sociale, donc je faisais des études RH à la DRH. On a souvent eu un débat sur est-ce que c'est un métier RH ou est-ce que c'est un métier dit financier, un métier de chiffres. Demain, on peut se retrouver avec le même débat sur est-ce qu'un data analyst RH, il est plutôt dans les métiers de la tech ou dans les métiers de la RH. Et ce n'est pas tout à fait la même chose dans l'exploitation de la data. Donc, on peut aussi avoir des métiers qui... prennent une empreinte, là sur la data RH, plus data que RH. On peut avoir aussi des métiers d'architecte d'expérience, parce qu'il va falloir combiner l'expérience du client digital, mais aussi relationnel, omnicanal. Et donc tout ça, ça peut... aussi un peu modifier les organisations et les métiers.

  • Anne-Laure Daniel

    Tous les métiers qu'on voyait propres à l'IA, finalement, ils sont en train d'infuser dans toutes les directions ?

  • Valérie Mussard

    Oui, parce que l'IA, c'est un outil. Et donc, à chaque fois qu'on utilise un outil, quelque part, ça touche tout le monde. Au début, si je prends les workflows, avant, on recevait tous des enveloppes qu'on allait chercher dans le couloir. Aujourd'hui, c'est des workflows, des alertes, des notifications. Donc, inévitablement, ça va se retrouver, se distiller dans tous les métiers du groupe. ce qu'il va falloir surveiller et accompagner, c'est en quoi ça transforme les compétences, parce que l'IA va nous demander d'autres actions comme superviser les résultats d'une IA. Si on veut superviser les résultats d'une IA, ça veut dire qu'il faut se renforcer aussi sur son expertise première. Si vous vous faites un prompt sur de la RH, vous allez lire, vous allez dire oui, bon ok, le biais de cohérence...

  • Anne-Laure Daniel

    C'est bien formulé, allez ça passe.

  • Valérie Mussard

    Voilà, c'est ça, c'est le biais de cohérence. Et moi, je peux faire pareil sur la finance. Je vais dire oui, effectivement, ça a l'air d'être ça. Un expert vous dira tout de suite non, non, ça, c'est trop généraliste, ça ne correspond pas. Donc, ça va être aussi très important de bien conserver, de toujours garder au top, si je puis dire, l'expertise métier. Parce que c'est ce qui fera la différence. Ce n'est pas que l'IA et les agents IA et tout ce qu'on va monter autour qui feront la différence demain. C'est aussi l'expertise.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc, en fait, ça va au-delà de l'outil en soi aussi. C'est aussi la façon dont on va travailler qui va être impactée. Plus largement, ça va être l'organisation des métiers et du travail.

  • Valérie Mussard

    Oui, et justement, dans la manière de travailler, on a un sujet avec le management, par exemple. Pas que. Aujourd'hui, lorsque je demande quelque chose à mon équipe, chacun fait sa part ou ils travaillent ensemble. Et je vais vérifier ou challenger le travail restitué par l'équipe. Demain, ils vont avoir recours à une IA. Je vérifie quoi ? Ce que fait l'IA, ce que vérifie l'équipe ? Et d'ailleurs, ils ont utilisé l'IA comment ? Ils ont fait le brainstorming d'abord et ils ont fait challenger par l'IA ou est-ce que c'est l'IA qui a fait le brainstorming et ils sont allés piquant les trois, quatre idées ? Donc la place, ne serait-ce que d'un assistant conversationnel comme ChatGPT, est très importante à positionner quand on est manager. Et si on rentre dans le système des agents, Là, pareil, comment on va évaluer que le résultat a été challengé avec l'expertise des équipes et n'est pas juste le fruit d'une génération de différents agents ?

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, donc là, c'est une vraie éducation.

  • Jingle

    C'est une vraie éducation. Moi, je dis souvent, l'IA, c'est un autre membre de l'équipe et on ne va pas tous demander la même chose au même membre de l'équipe, sinon le membre de l'équipe ne va pas y arriver. Là, en l'occurrence, il va consommer beaucoup d'énergie pour rien. Donc, il faut savoir travailler avec l'IA. Et si on est dans une transformation, on va dire, plus profonde, où on vient mettre de l'intelligence artificielle, quelle qu'elle soit, prédictive, générative, avec d'autres systèmes d'automatisation de l'informatique qu'on connaît aujourd'hui, là, c'est pareil. Comment on va vérifier, contrôler à chaque point pertinent que cela fonctionne et comment on réorganise aussi les flux de travail ?

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Bon, là, il y a un travail de cartographie. ça ne se fait pas en un claquement de doigt.

  • Valérie Mussard

    Et pas qu'une cartographie de processus dans les applications, mais un vrai travail d'ergonomie sur le poste de travail. Parce qu'on parle beaucoup des tâches que l'on voit à travers des systèmes d'information, mais moi, je ne fais pas que cliquer sur mon ordinateur toute la journée. Il y a plein d'autres choses que je fais et c'est comme l'information. Il y en a aussi beaucoup à la machine à café. Elles ne viennent pas toutes de ChaGPT.

  • Anne-Laure Daniel

    Il ne faut pas oublier la machine à café. Vous avez bien raison. ce qu'on voit donc, si je comprends bien il y a de l'évolution des métiers et des compétences en place, il y aura aussi des nouvelles compétences à aller chercher pour venir enrichir les organisations et les équipes en place. Est-ce qu'il va y avoir de la tension sur certains métiers ? Est-ce qu'on va avoir accès à ces nouvelles ressources et ces nouvelles compétences qui vont être demandées par toutes les entreprises en même temps ? Et quand on fait de la prospective, est-ce qu'on prévoit cette pénurie de compétences ?

  • Valérie Mussard

    Oui, on prévoit. Alors après, on a toujours, bon là en ce moment, c'est les data scientists, les développeurs, même si récemment, il y a eu un gros buzz sur les développeurs, les développeurs vont disparaître parce que l'IA va être capable de coder toute seule. Bon, enfin, si elle est capable de coder toute seule, c'est parce qu'à un moment, il y a un développeur qui le code pour faire en sorte qu'elle soit capable de coder toute seule. Donc bon, tout ça, c'est un peu fouillis. Mais oui, il va falloir au fur et à mesure capter les tendances, mais on pourrait se dire, tiens, il me faut telle compétence. Mais il faut aussi que ce soit en lien avec le rythme de l'entreprise et le rythme des investissements, que ce soit en argent ou en homme. Parce qu'on a beaucoup d'ambition les uns les autres sur des programmes d'intelligence artificielle, sauf que ce n'est pas gratuit. Il faut des data centers, il faut des partenaires sérieux. Pendant que les équipes font des expériences, elles ne sont pas en production, entre guillemets. Tout ça, ça a un coût. Et on a beau se dire, dans trois ans, il va me falloir Shiva. Oui, mais si dans trois ans, je ne suis pas prête à intégrer Shiva, parce que mon projet n'est pas terminé, ça ne servira à rien.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc l'IA, ça va toucher bien plus largement toute l'organisation. Il y a un enjeu de génération pour l'adoption. On en avait parlé un petit peu lorsqu'on s'est appelé avant de se voir aujourd'hui. C'est un tabou, les gaps générationnels sur l'adoption de l'IA, c'est un mythe, c'est réel. Qu'est-ce qu'on en dit ?

  • Valérie Mussard

    Alors, je pense qu'il y a un peu de mythe. Quand même, même si effectivement, les jeunes générations, elles sont nées, on dit souvent avec le téléphone dans la main. Aujourd'hui, on voit bien dans l'éducation nationale, c'est un peu le sujet. Ils ne font plus les devoirs tout seuls, ils font les devoirs avec Chadjipiti. Donc, il faut réadapter notre système d'apprentissage. Mais aussi parce qu'il y a un gros changement là-dessus, c'est que notre système d'éducation est basé sur la mémoire. On ingurgite toute l'histoire de France, toute l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, etc. etc. Là, il n'y a plus besoin de le faire puisque ChatGPT a tout. Et la seule manière que l'on a de travailler notre raisonnement, c'est avec les maths. Donc déjà, rien que les jeunes générations, il va falloir un peu changer la manière d'apprendre parce que pour avoir l'esprit critique et utiliser des IA à terme et arriver à construire toutes ces transformations...

  • Anne-Laure Daniel

    Il faut garder sa capacité de raisonnement.

  • Valérie Mussard

    Il faut garder sa capacité de raisonnement. Ça, c'est le premier point. Ensuite, quand les nouvelles générations vont arriver sur le marché du travail, comme on va avoir... relayer d'une certaine manière toutes ces tâches un peu de débutant à l'IA, comment on fait rentrer un nouveau juriste dans l'entreprise si l'IA est capable de sortir tous les matins une veille juridique sur les dernières jurisprudences qui sortent.

  • Anne-Laure Daniel

    Vous nous emmenez vers les bacs plus 12 là.

  • Valérie Mussard

    En tout cas, nous managers, il faut qu'on se prépare à ça. Comment on apprend à quelqu'un qui n'a plus ce sas d'expérience de débutant à avoir l'esprit critique sur une matière qui n'a pas appris ? au sens expérimenté dans son quotidien. Ensuite, sur les générations, on va dire à l'extrême, les générations seniors, il y en a qui n'ont absolument pas peur de faire de la techno. C'est même les premiers à aller dans le chat GPT ou autre. Nous, on fait des challenges aussi de prompte et tout le monde y va, il y a tous les âges. Et on voit, moi, j'ai quatre générations dans mon équipe. Chacun échange très facilement ses bonnes pratiques. Moi, j'ai des jeunes alternants. Les Canval et tout ça, ils sont à fond dedans. Et puis, nous, en contrepartie, on est tout content d'apprendre ça. Mais on leur dit, oui, mais ça, en termes d'éléments de langage, ça ne va pas. Là, ce n'est pas en lien avec le projet d'entreprise. Ça, ce n'est pas du tout RH. Donc, ça se fait assez facilement, mais comme ça s'est fait sur à peu près toutes les générations. En revanche, quelque chose qui va vraiment être déterminant, et pour toutes les générations d'ailleurs, c'est celui qui est contre la techno, ou qui n'y arrivent pas. Et ça, peu importe l'âge.

  • Anne-Laure Daniel

    ça c'est quelqu'un qui se met en risque quand même aujourd'hui dans une organisation. On ne peut plus être complètement anti-techno.

  • Valérie Mussard

    Alors, on ne peut plus être anti-techno même dans la vie de tous les jours. Les impôts, tout le monde le fait en dématérialisé. Donc, ça devient de plus en plus compliqué. Vous voulez même aller réserver un billet de train dans une agence SNCF. Je vous défie de faire la queue pendant deux heures parce qu'il n'y a plus beaucoup d'agences SNCF en physique. mais il faut quand même trouver aussi de l'emploi et des missions plus vers le relationnel, plus vers le métier du care, pour ces personnes qui sont, voilà, la techno ne passera pas par eux, bon, c'est comme ça, mais ils ont d'autres choses à apporter. Et souvent, ce sont ces personnes-là qui amènent des services un peu différents, autres que techno, parce que tout ne peut pas être techno de toute façon, et encore moins nous dans notre métier.

  • Anne-Laure Daniel

    Super, on a beaucoup parlé d'IA. J'aurais voulu juste qu'on revienne un petit peu de... qu'on dézoome un petit peu et qu'on regarde, parce que vous traitez la prospective pas que sur l'intégration de l'intelligence artificielle, comment ça s'intègre dans les autres transformations qui sont en cours, et notamment l'organisation du travail, les équilibres, la qualité de vie au quotidien, qui a été largement chamboulée ces dernières années et qui sont à nouveau chamboulées également par l'IA. Alors, comment on fait cohabiter tout ça ? Parce que si on avait qu'une seule révolution, ça serait bien, mais tout ça s'enchaîne.

  • Valérie Mussard

    Alors nous, on a posé il y a déjà deux ans, et c'est quelque chose qu'on suit de manière récurrente, notre contrat social qui se déroule en quatre axes. Le premier axe, c'est tout ce qui est lié à la rémunération et au partage de la valeur, où là, on essaye d'être innovant pour justement répondre à toutes les générations et toutes les bourses aussi, parlant d'intéressement, de participation, de placement épargne, de manière de pouvoir aussi percevoir les fruits de l'entreprise et de son travail. Et à côté de ça, on a un deuxième pilier qui correspond à la modularité du temps et des espaces, où là, on va retrouver plusieurs formules de temps de travail, par exemple, parce que quand on est jeune maman, on a besoin peut-être de partir plus tôt le soir ou d'avoir plus de vacances. Ou jeune papa, ça marche aussi. Quand on est senior, on a peut-être besoin d'avoir un peu plus de temps pour soi pour préparer. Sa retraite, par exemple, quand on est en situation de handicap, c'est encore autre chose. Ou quand on est dans une période de sa vie, certains préfèrent avoir des journées plus longues, mais que sur quatre jours, et d'autres, des journées plus courtes, mais que sur cinq jours. Donc, on essaye d'avoir déjà plusieurs formules de temps de travail qui répondent un peu à toutes les générations et tous les besoins. Sur la modularité, on a aussi la modularité de l'espace. Et donc là, on a le deuxième choc, qui était le premier en l'occurrence, l'hybridation du travail. et qui va être un peu difficile. En tout cas, il va falloir être très attentif à la manière dont l'hybridation du travail vient se greffer avec l'IA. Là, on a beaucoup travaillé sur nos espaces de travail sur site, mais aussi sur la manière de travailler lorsqu'on est sur un site distant ou à son domicile. Et avec l'IA, on voit bien qu'on pourrait aller vers de l'isolement. social dans son quotidien professionnel.

  • Anne-Laure Daniel

    Avec tous les excès que cela peut en faire.

  • Valérie Mussard

    Avec tous les excès, parce que quand je suis au bureau, je lève ma tête, j'ai mon collègue, je peux lui poser une question. Quand le collègue, il n'est pas là ou qu'il est en rouge dans le team, c'est parce qu'il est en communication, je demande à Chagipiti. Chagipiti, c'est super, il est disponible 24h sur 24, 7 jours sur 7. Sauf que la charge cognitive, déjà, peut prendre un coup. Et ensuite, ça casse le contact. D'où, là, l'importance de faire revenir. Alors, c'est un peu moche de dire ça, mais en tout cas, Faire revenir les gens sur site pour faire quelque chose ensemble, différent de ce qui se passe à la maison, pour justement continuer à générer de la créativité, de l'échange, de l'esprit critique ensemble, parce que c'est quand même ensemble qu'on apprend des nouvelles choses, qu'on apprend ensemble et qu'on développe de nouveaux services. Quand on est à la maison, c'est pour faire des choses un peu routinières, on va dire, et avec de l'IA, mais pas trop. Il va falloir doser aussi ça. On a notre troisième pilier qui est plutôt sur le développement des carrières, des compétences et des parcours professionnels. Donc là, justement, comment on peut devenir demain un coach IA ou un superviseur de l'IA ou être plus tech qu'expert lorsque l'on crée, par exemple, des cas d'usage complexes ? Comment on peut devenir spécialiste de l'éthique ? Comment on peut aller beaucoup plus sur de l'expérience digitale pour les clients ou pour les collègues aussi en interne ? Donc là, c'est aussi tout ça dans l'évolution des compétences que l'on travaille. Et puis, le dernier point est autour de la RSE, puisque les équipes RH ont aussi un rôle à jouer sur la RSE. Comment on garde toujours de l'inclusion, de la diversité ? Comment on contribue aux enjeux sociétaux du groupe et de la société à travers les différents programmes qu'on peut proposer en interne comme à nos clients ?

  • Anne-Laure Daniel

    Ça va vraiment tout chambouler. Vous vous sentez prêt ? à affronter cette transformation en profondeur ?

  • Valérie Mussard

    Je pense que quand on fait de la prospective et qu'on prend le temps, et c'est ce qu'on fait chez Malakoff Humanis, on teste des choses et on sait s'arrêter quand on se dit, non, là, il y a un risque, là, le résultat est bien, mais on pourrait faire mieux. Et on n'hésite pas à arrêter des pokes et en refaire d'autres. Quand on prend le temps d'échanger et de regarder un peu ce qui se passe autour, je pense qu'on peut être prêt à tout. Il faut avoir le réflexe du droit à l'erreur. Ça, c'est souvent quelque chose qui n'est pas trop admis dans les groupes. Nous, c'est vraiment quelque chose qu'on autorise. Je ne veux pas dire qu'on le favorise, mais en tout cas, il faut essayer. Et si ça ne marche pas, ce n'est pas grave. Mais essayer, c'est apprendre aussi. Et donc, ça, c'est important de garder ce droit à l'erreur. Et il faut être constamment à regarder ce qui se passe autour, s'inspirer des autres. nous on a co-créé un label qui s'appelle Positive AI. Donc, c'était avant l'arrivée de l'IA ACT, ce qui nous a permis d'être en avance aussi sur l'éthique, la robustesse des algorithmes, la transparence, l'explicabilité, l'intervention humaine. Donc, on a tout un champ comme ça. Et tout ça, c'est quelque chose qu'on regarde de manière continue et qu'on nourrit de nos expériences et des expériences externes, puisqu'on l'a co-construit avec d'autres entreprises qui, tout comme nous, partagent leurs bonnes et mauvaises expériences. Donc, c'est important de rester ouvert sur ce qui se passe et pas se fermer des portes par principe.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, si on parle de mauvaises expériences ou peut-être d'erreurs ou de moments où vous êtes cherché, est-ce que vous-même, vous auriez peut-être une petite erreur ou un écueil à éviter si vous devez faire une recommandation à vos confrères des RH qui cherchent à intégrer l'IA dans leurs organisations ? Il y a un truc qu'il faut éviter ? Il y a un mauvais départ qu'on peut prendre ?

  • Valérie Mussard

    Pour moi, le mauvais départ, c'est de partir que de la stratégie d'entreprise et pas écouter le terrain. Je l'ai fait moi-même en tant que manager avec mes équipes quand il a fallu changer des systèmes de paie, faire de l'harmonisation des statuts ou autre. Sans les équipes, moi, je ne sais rien faire. Sans les équipes, je ne suis pas manager déjà. Donc, pour moi, ça, c'est important. Et puis, je pense aussi qu'il faut faire attention un peu à l'appel des sirènes. C'est le jeu du business. On a beaucoup d'éditeurs qui appellent, qui ont toujours une solution magique. Et forcément, on se dit qu'on va passer à côté. Il faut prendre le temps de se poser et de se reposer les questions.

  • Anne-Laure Daniel

    Super, merci beaucoup Valérie. Notre épisode touche déjà à sa fin. C'est passé très vite. On l'a vu, au-delà des outils et des compétences, c'est bien une nouvelle façon de penser le travail qui se dessine avec des impacts profonds sur les organisations, les parcours et même le lien entre l'individu et l'entreprise. En toile de fond, moi, je vois une vraie question qui émerge. C'est comment ces évolutions vont redessiner le contrat social, comme vous en parliez. Ce contrat entre les employeurs, les collaborateurs et la société, parce que ça va bien au-delà de nos organisations. Donc, c'est sans doute là que va se jouer une grande partie de la transfo à venir. Encore merci beaucoup, Valérie.

  • Valérie Mussard

    Merci à vous.

  • Anne-Laure Daniel

    Je recevais aujourd'hui Valérie Mussard, en charge de la prospective RH pour le groupe Malakoff Humanis.

  • Jingle

    Les Afters de la Transformation, une émission à écouter et à télécharger sur... adequancy.com et toutes les plateformes de podcast.

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