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Les Afters de la Transformation

#118 Ekwateur : l’audace d’un fournisseur qui défie les géants avec Julien Tchernia

#118 Ekwateur : l’audace d’un fournisseur qui défie les géants avec Julien Tchernia

41min |12/06/2025
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Les Afters de la Transformation

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#118 Ekwateur : l’audace d’un fournisseur qui défie les géants avec Julien Tchernia

41min |12/06/2025
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Description

🎙️ Dans cet épisode des Afters de la Transformation, Julien Tchernia, président et cofondateur d’Ekwateur, revient sur l’audace de créer un fournisseur d’énergie 100 % renouvelable dans un secteur dominé par des géants historiques. Un récit inspirant de transition personnelle, de résilience entrepreneuriale et de convictions écologiques chevillées au corps.


Au programme :


  • Un parcours atypique pour une reconversion engagée
    Initialement issu du monde des télécoms et du conseil, Julien Tchernia bascule vers l’énergie après une prise de conscience écologique profonde. Il retourne sur les bancs de l’école, quitte un confort professionnel sécurisant, et se lance dans une nouvelle trajectoire avec pour seul moteur : agir concrètement pour le climat.


  • Ekwateur : la start-up devenue référence du renouvelable
    Née dans une chambre de bonne en 2015 avec 500 000 € d’économies personnelles, Ekwateur a grandi malgré les difficultés de financement. Aujourd’hui, c’est plus de 450 millions d’euros de chiffre d’affaires, 150 salariés, plus de 250 000 compteurs et une diversification vers le solaire, la mobilité électrique ou encore l’efficacité énergétique.


  • Une stratégie fondée sur les valeurs et l’innovation
    Face à des concurrents misant sur les prix, Ekwateur choisit de convaincre par le sens : des valeurs fortes, une marque engagée, des offres personnalisées et une communication directe. Le tout soutenu par une innovation constante, comme la traçabilité énergétique régionale ou la production distribuée via des panneaux solaires.


  • Un management pragmatique et humain
    Culture startup, recrutements exigeants, responsabilisation des équipes et autonomie sont au cœur du modèle. Malgré les épreuves (Covid, crise de l’énergie, IPO avortée), l’entreprise tient le cap grâce à un duo de fondateurs solide et une gouvernance ouverte où chaque collaborateur peut porter des initiatives.


  • Une croissance sobre et maîtrisée
    Ayant appris des secousses du marché, Julien Tchernia privilégie une croissance rentable et résiliente. Loin des effets d’annonce, Ekwateur consolide son modèle sur la durée, allant jusqu’à racheter deux concurrents récemment.


  • Entreprise à mission, certifiée B Corp : des engagements assumés
    Sans rien changer à sa structure initiale, Ekwateur décroche la certification B Corp et adopte le statut d’entreprise à mission. Non pas comme vitrine, mais comme prolongement naturel de ses convictions. Chaque salarié est invité à contribuer, quel que soit son point de départ écologique.


  • Une vision décentralisée de l’énergie
    Demain, chaque client pourrait devenir producteur, stocker son énergie, choisir ses sources de production, voire offrir son surplus à ses proches. Julien Tchernia rêve d’un modèle inspiré du forfait télécom, où l’énergie serait gérée intelligemment, localement, et sans gaspillage.


  • Une philosophie : se battre, encore et toujours
    À la manière d’un Cyrano qu’il cite avec ferveur, Julien Tchernia incarne une vision militante de l’entrepreneuriat : se battre pour ses convictions, même quand c’est difficile, voire inutile. Parce que c’est là que réside la beauté du combat.


Un témoignage puissant d’un entrepreneur qui change les règles, sans jamais trahir ses valeurs.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Julien Tchernia

    J'ai jamais trouvé que c'était facile de financer Ekwateur. Jamais, jamais, jamais. On a toujours cru que ça allait l'être. En fait, avant de se lancer, on a discuté avec plein de gens qui ont dit « Mais c'est génial, mais moi je serais le premier à te mettre de l'argent. » Bon, ils nous ont jamais mis d'argent, ces gens-là. Donc nous, on a d'abord démarré sur notre argent à nous, puisqu'on a mis toutes nos économies, chacun, Jonathan et moi, 250 000 euros chacun, pour démarrer la boîte. Et puis avec la certitude qu'il faudrait lever des fonds. On s'est retrouvés, ça c'était en septembre 2015, en juillet 2016, on n'avait plus beaucoup d'argent, on n'avait toujours pas lancé le service, on devait le lancer en septembre. Il y a une banque qui a bien voulu nous prêter je sais plus 100 ou 200 000 euros. Ensuite, on a fait une levée de fonds participative, la première, où on a levé des obligations, qui nous a permis de tenir jusqu'en décembre, où là on a réussi à boucler notre première levée de fonds de 2 millions d'euros.

  • Anne-Laure Daniel

    Bonjour, je suis Anne-Laure Daniel, et vous écoutez... Les afters de la transformation, un podcast Adequancy qui donne la parole aux leaders et acteurs des enjeux de demain. Bonne écoute à tous. Alors que l'urgence de la transition énergétique semble un peu mise à mal dans un contexte international fluctuant, certains acteurs continuent de bousculer les codes d'un secteur longtemps dominé par les géants historiques. Et oui, aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Julien Tchernia, président et cofondateur d'Ekwateur. un pionnier de la fourniture d'énergie 100% renouvelable qui a profondément transformé le marché de l'énergie en France. Bienvenue Julien.

  • Julien Tchernia

    Merci de m'avoir invité.

  • Anne-Laure Daniel

    On est très très heureux de vous accueillir. Rapidement, on va revenir un petit peu sur votre parcours, on va parler d'Ekwateur, de ce beau parcours qui est devenu une vraie pépite française du renouvelable. Et puis on va parler aussi un petit peu de vos engagements à côté, parce qu'au-delà d'Ekwateur, vous êtes un infatigable pionnier pour la transition énergétique.

  • Julien Tchernia

    Merci, je ne sais pas si je mérite tout ça, mais en tout cas je serais ravi d'en parler.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors Julien, vous venez du monde des télécoms au départ, c'est ça ? Alors vous avez navigué entre énergie et télécoms, dans des entreprises de conseil, un peu partout en Europe. Et puis finalement, vous avez posé vos valises dans l'énergie.

  • Julien Tchernia

    Exactement.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ça, c'était en 2013.

  • Julien Tchernia

    C'était en 2013, j'ai travaillé dans l'énergie et j'ai essayé d'y rentrer sérieusement depuis 2007.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Donc il a fallu être patient pour y rentrer sérieusement. Oui. C'est une patience qui aura payé du coup ?

  • Julien Tchernia

    Oui. A priori.

  • Anne-Laure Daniel

    Je suis content. Et donc vous êtes arrivé avec l'Empiris pour lancer l'Empiris en France, qui a été vraiment le lancement de vos activités dans la fourniture d'énergie. Et c'est là que vous avez rencontré Jonathan Martelli, avec qui vous avez fondé Ekwateur en 2015.

  • Julien Tchernia

    C'est exactement ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors qu'est-ce qui fait, juste avant Ekwateur, que vous vous êtes dit qu'il fallait changer les règles du jeu de l'énergie ?

  • Julien Tchernia

    En fait, ça commence un peu avant, c'est ce que je vous disais. J'étais à Milan à l'époque, ça devait être donc 2006. Merci. où je faisais ce fameux métier de conseil. À l'époque, c'était surtout des télécoms. Il y avait moins d'énergie qu'avant. Et je me suis rendu compte qu'il se passait quelque chose au niveau du climat et qu'il fallait agir. Et je me suis dit que plutôt de se limiter seulement à titre personnel à arrêter son robinet pendant qu'on se lave les dents, il était peut-être temps d'essayer de faire plus. Et j'ai décidé de tout arrêter. Donc, j'ai tout lâché, j'ai démissionné. Je suis parti sur les bancs de l'école pour apprendre le métier de l'énergie. puisque je trouvais que je voulais le faire, mais que je ne le faisais pas. Je me suis dit, il doit te manquer quelque chose. Et donc, je suis allé aux mines de Paris, l'antenne de Sophie Antipolis, Pasteur Oz, où j'ai recommencé ma vie d'étudiant à un âge certain.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est hyper audacieux.

  • Julien Tchernia

    Oui, on m'a déjà dit ça. Non, c'était absolument nécessaire. J'étais tellement malheureux, malgré les kilos euros et le beau bureau. J'étais trop malheureux, donc il fallait faire quelque chose. Par contre, comme vous dites, Je suis sorti du master en octobre 2008. C'était Lehman Brothers, les Subprime. Et donc, ça a été beaucoup plus compliqué que prévu pour finir par retomber dans l'énergie. Donc, j'ai dû reprendre un peu de télécom. Il fallait bien manger. Et puis, en 2013, c'est des Belges qui m'ont appelé, puisque j'avais travaillé en Belgique avant. Et qui m'ont dit, tiens, on connaît une boîte qui cherche un directeur France. Alors, je n'ai pas vraiment lancé l'Empiric. Ils s'étaient lancés trois ans avant. Ils avaient réussi 5000 compteurs en trois ans. D'accord. Et moi, j'ai démarré, j'ai fait 150 000 compteurs de plus en un an et demi.

  • Anne-Laure Daniel

    Vous avez scalé,

  • Julien Tchernia

    vraiment. On a accéléré beaucoup. Et c'est effectivement là où j'ai rencontré Jonathan. Je ne sais plus, dix jours après mon recrutement, je l'ai vu en entretien. Je l'ai recruté direct et on est partis ensemble.

  • Anne-Laure Daniel

    Et vous n'avez plus quitté finalement. Et on ne s'est plus quittés. Super. Avant Ekwateur, Lampiris, il y a eu un petit passage, chez Total ? Non,

  • Julien Tchernia

    non, non, jamais. J'étais chez l'Empiris et on a quitté l'Empiris avant que l'Empiris se fasse racheter par Total.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord, et c'est là qu'est né Ekwateur.

  • Julien Tchernia

    Et c'est là qu'est né Équateur. J'ai travaillé un peu dans le pétrole, avouons-le. D'abord, ma mère a été chez BP, donc voilà, en raffinerie de la Vera dans le sud de la France. Et moi, j'ai travaillé, j'ai fait mon stage du master dans l'énergie dans une entreprise qui était un sous-traitant des raffineries. Et donc là, j'ai visité une petite vingtaine de raffineries en Italie, en France, un peu partout.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord, un secteur industriel passionnant.

  • Julien Tchernia

    C'est passionnant, c'est pas positif pour le climat, mais pour un ingénieur, c'est merveilleux. Quel génie humain ! C'est grand et ça marche bien.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est vrai. Pour autant, vous avez envie de changer un petit peu la donne, le marché.

  • Julien Tchernia

    De toute façon, oui.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc, vous étiez un des pionniers, parce qu'à l'époque, il faut quand même remettre ça dans son contexte, les accords de Paris n'étaient même pas encore signés quand vous avez lancé Équateur. Donc, ce n'était quand même pas les sujets de tendance. Il fallait avoir une conviction chevillée au corps pour se lancer dans ce pari fou ?

  • Julien Tchernia

    Oui, bien sûr. C'était pour ça que j'avais fait le master. C'est pour ça que j'avais arrêté toute mon activité professionnelle. Et donc, j'avais envie de le faire. Et donc, je l'ai fait.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Non, mais ce n'était pas la question que ce soit le bon moment. Il fallait y aller, en fait.

  • Julien Tchernia

    Oui, c'était le bon moment parce que chez l'Empiris, justement parce qu'ils étaient en train de se faire racheter, on ne le savait pas. Mais en tous les cas, on avait senti un changement d'ambiance, un changement de vision. et donc ça ne nous allait plus et donc on a dit on va le faire tout seul. Et puis on s'est mis dans ma chambre de bonne, on a acheté un cahier, un crayon et on a démarré.

  • Anne-Laure Daniel

    Comme les belles start-up.

  • Julien Tchernia

    C'est exactement la start-up parisienne, alors là c'est ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors aujourd'hui, Équateur, c'est plus la start-up parisienne.

  • Julien Tchernia

    On a du mal à dire start-up, on ne peut plus.

  • Anne-Laure Daniel

    On ne peut plus, on ne peut plus. C'est 450 millions de chiffres d'affaires, c'est plus de 251 000 compteurs, ce sont des panneaux solaires, c'est de la mobilité électrique, de l'efficacité énergétique. Vous êtes beaucoup diversifié, c'est aussi près de 150 collaborateurs en France. Et c'est surtout une pépite du CAC 40 du futur. C'est comme ça qu'on l'appelle, le fameux DEX 40 de la Fremdtech. Le label Impact 40, encore confirmé la semaine dernière. C'est ça. Donc, vous êtes vraiment un pionnier. Et vous montrez la voie à beaucoup de startups derrière vous.

  • Julien Tchernia

    Alors, moi, ça me gêne quand on dit ça. Donc, il y a des gens qui nous jugent comme pionniers. Et tant mieux si ça a des vocations. Ça, c'est le plus important. Après, nous, on fait ce qu'on aime faire et ce qu'on a envie de faire. On le fait avec les moyens qu'on a, qu'on trouve. C'est un monde très contraint. Ça a l'air magique, vous le décrivez, mais effectivement, c'est plus contraint que ça. Et on est loin de ce qu'on voudrait faire. On est encore très loin de ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, ce n'était pas un bouton magique. Vous êtes née dans un marché qui était ultra dominé par des acteurs historiques bien en place et qui sont d'ailleurs toujours dans le décor. C'était surtout très réglementé. Et il a fallu bousculer aussi les lignes face à la réglementation. Alors comment vous avez trouvé votre place face à ces géants ?

  • Julien Tchernia

    Alors c'est effectivement toujours très très compliqué au niveau réglementaire et affaires publiques, c'est d'ailleurs maintenant presque 50% de mon temps. J'ai été formé très vite par Direct Energy, donc quand on a démarré chez Lampiris, le fournisseur alternatif de référence c'était Direct Energy, qui cartonnait et qui a été racheté depuis par Total aussi, qui définitivement fait son marché partout. Et qui avait lancé dès 2007, voire même un peu avant, à travers de Fabien Chonnet, qui est un des trois fondateurs de DirectEnergie, une activité réglementaire et d'affaires publiques très efficace. Et qui avait créé une association dans laquelle l'Empiris était. Et donc moi, j'ai commencé à siéger à cette association. Et j'ai compris en voyant Fabien travailler et Martial Houle aussi, qui était son responsable juridique. de la nécessité de s'unir, de la nécessité de travailler aussi sur ce segment-là, puisque dans le métier où j'étais précédemment, c'était complètement inutile, et de la façon de le faire. Donc vous êtes petit, vous tapez du poing sur la table et puis c'est tout, et vous vous appuyez sur les règles, les lois, et vous faites respecter les règles et les lois. Un monopole a du pouvoir, tout pouvoir tend à l'abus de pouvoir, et donc en permanence, vous avez les acteurs monopolistiques français qui font de l'abus de pouvoir, et c'est à vous. de surveiller ça et de protéger ça. Sinon, personne ne le fera à votre place.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Mais à l'époque, vous étiez peu d'acteurs. Et donc, ça devait demander beaucoup d'énergie quand même.

  • Julien Tchernia

    Ça en demande beaucoup, encore plus maintenant, avec la crise. Il y a eu un grand, grand retour en force des acteurs historiques, en particulier dans l'électricité. Et donc, depuis décembre, j'ai été élu président de l'association des fournisseurs, justement celle qui avait été créée par Fabien Cholet.

  • Anne-Laure Daniel

    L'ANODE, la fameuse ANODE.

  • Julien Tchernia

    Et donc, je parlais encore ce matin avec... des personnes qui doivent donner un rapport à la Commission européenne. Je suis auditionné par le Sénat la semaine prochaine, par la Commission de régulation de l'énergie lundi. Donc c'est un travail quotidien.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Et c'est quoi les grands sujets en ce moment ? Je imagine qu'on parle de l'AREN. Peut-être qu'il faut qu'on en parle un petit peu et préciser ce que c'est pour nos auditeurs. Mais c'est quand même un sujet sur le...

  • Julien Tchernia

    Oui, l'AREN, je vais vous préciser ce que c'est. On en parle parce que ça se termine. Donc ça se termine au 1er janvier. Donc l'AREN, c'est un système qui a été mis en place, entre autres justement par Fabien Chonet, qui a permis à tous les Français de bénéficier de la rente du nucléaire historique. Donc EDF a hérité d'un parc de production nucléaire historique qui avait été construit pendant le monopole. Donc vous l'ayez voulu ou pas, vous avez dû l'avoir. Vous avez dû le payer aussi. L'électricité a augmenté de 10-15% par an tous les ans de 1974 à 1986 pour financer ça. Donc on l'a payé. Il est amorti. c'est C'est un facteur de compétitivité. Tous les Français doivent pouvoir en profiter. Les politiques étaient d'accord avec ça. Et donc, ce système a imposé à EDF de vendre à tous les Français un prix qui était le coût de production de l'époque, 42 euros. 42 est devenu un chiffre dans notre secteur. Une partie de leur énergie.

  • Anne-Laure Daniel

    Quel que soit le fournisseur, en fait, peut changer de fournisseur et bénéficier de la rente nucléaire.

  • Julien Tchernia

    Voilà, c'est ça. Alors, historiquement, c'était 68%. Ça a diminué à 50%. 68% de l'énergie que vous aviez était payée au prix coûtant. Et puis ensuite, 50%. C'est un système qu'évidemment, EDF a décrié autant que faire se peut, puisque leur métier, c'est de produire. Ils n'avaient pas envie de vendre à prix coûtant. C'est normal, c'est leur métier. Donc, ils ont beaucoup, beaucoup hurlé contre. Et donc, ils ont réussi à le faire supprimer. Et maintenant la question c'est qu'est-ce qu'il y a après ? Aujourd'hui il n'y a rien après. Et donc je vous annonce qu'après, s'il y a une nouvelle crise d'énergie, c'est game over pour les Français. C'est-à-dire que EDF a fait quand même plus de 10 milliards de bénéfices en 2023 et 14 en 2024. Donc quand on laisse la possibilité aux producteurs de vendre au prix qu'ils veulent, évidemment ils gagnent beaucoup d'argent. Et c'est au détriment des consommateurs tout simplement. Et nous ça fait partie des batailles qu'on mène cette année à l'anode.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc vous arrivez avec vos propositions concrètes.

  • Julien Tchernia

    Qu'est-ce qu'on peut faire à la place ? Nous, on pense qu'on devrait continuer à distribuer cette rente nucléaire pour le nucléaire historique, pas pour le nouveau nucléaire. Le nouveau nucléaire est un choix d'une entreprise privée d'investir dans un certain type de moyens de production. Ça a eu les bénéfices. Ultra coûteux pour l'instant. Ils promettent que ce sera beaucoup moins cher dans 70 ans. Donc on verra. Mais pour l'instant, c'est effectivement ultra coûteux. En attendant, le nucléaire historique, lui, il devrait être mis quelque part comme... Une espèce de service public de l'électricité avec un prix réglementé vers le haut et vers le bas. Parce que l'arène avait des défauts, en particulier l'optionalité. Ça, ce n'était pas très juste par rapport au producteur. On pouvait choisir de ne pas l'acheter si on trouvait moins cher ailleurs.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, quand le marché était moins cher, du coup, EDF se retrouvait avec son nucléaire un peu plus cher que le marché.

  • Julien Tchernia

    C'est ça. Et donc, ils vendaient moins cher puisque c'était la même énergie, mais qu'ils vendaient sur les marchés.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc ça, j'ai bien compris que ça vous occupait beaucoup. Pour autant, vous êtes quand même toujours président d'Equateur. Oui. Ça doit aussi vous occuper encore beaucoup ? Oui. Bon. Je vous propose qu'on revienne un petit peu quand même sur votre histoire, sur comment s'est fait Équateur, quelles ont été les grandes phases de son histoire. Quand on est un jeune fournisseur, on a besoin de financement pour se lancer. C'est un métier qui est très demandeur de financement. C'est un métier qui se finance bien d'être fournisseur d'énergie ou c'est une difficulté quand on est une jeune pousse ?

  • Julien Tchernia

    Je ne sais pas comment se financent les autres, mais je n'ai jamais trouvé que c'était facile de financer Équateur. Jamais, jamais, jamais. On a toujours cru que ça allait l'être. En fait, avant de se lancer, on a discuté avec plein de gens qui ont dit « Mais c'est génial, mais moi je serais le premier à te mettre de l'argent ! » Bon, ils ne nous ont jamais mis d'argent, ces gens-là. Donc nous, on a d'abord démarré sur notre argent à nous, puisqu'on a mis toutes nos économies chacun, Jonathan et moi, 250 000 euros chacun, pour démarrer la boîte. Et puis avec la certitude qu'il faudrait lever des fonds. On s'est retrouvés, ça c'était en septembre 2015, en juillet 2016, on n'avait plus beaucoup d'argent, on n'avait toujours pas lancé le service, on devait le lancer en septembre. Il y a une banque qui a bien voulu nous prêter plus de 100 ou 200 000 euros. Ensuite, on a fait une levée de fonds participative, la première, où on a levé des obligations, qui nous a permis de tenir jusqu'en décembre, où là, on a réussi à boucler notre première levée de fonds de 2 millions d'euros. Et ça,

  • Anne-Laure Daniel

    c'était pour financer le développement de votre plateforme, parce que vous êtes un acteur du digital.

  • Julien Tchernia

    Oui, donc il y a deux choses à faire. Il y a trois choses. Je vais le refaire en deux choses, et puis après, je vais faire des sous-choses, parce que je suis quand même ingénieur. Donc, il y a deux choses. Il y a un, financer l'activité. Et donc là, les deux sous-choses, c'est difficile à prononcer. C'est un, la plateforme digitale et deux, l'acquisition. Il faut faire connaître sa marque. On est sur un produit qui est le même pour tous. Donc, la différence, c'est la marque. Et donc, ça, ça coûte de l'argent, évidemment. Et en parallèle, vous avez besoin de mobiliser beaucoup d'argent pour racheter l'énergie. Tout simplement, quand vous allez voir un producteur international en disant super. J'ai créé un fournisseur, je voudrais t'acheter du gaz. Je me souviens, j'étais allé voir les fournisseurs de l'Empiris. Ils m'avaient invité dans des restos géniaux. Là, ils avaient dit, bon, mais quand tu seras un peu plus grand, on s'occupera de toi. Mais de toute façon, là, on n'aurait pas le droit de te vendre parce que tu n'es pas assez solide financièrement. Et donc, on est obligé de donner des garanties financières. Et donc, plus on grandit, plus on achète de l'énergie, plus on achète de l'énergie, plus on est obligé de mettre des garanties financières. C'est-à-dire que la banque vous demande de bloquer du cash. et en plus considère ça comme de l'endettement. Donc vous êtes obligé de faire des levées de frais. Double peine. Et puis finalement, nous, on a fini par trouver des solutions avec d'autres fournisseurs où ils prennent leur sécurité sur nos factures, etc. Mais voilà, il a fallu jongler et il faut encore jongler tout le temps.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Donc, quand on est jeune, c'est des enjeux financiers monumentaux.

  • Julien Tchernia

    Oui. Et ce qui est intéressant, c'est qu'on ne s'y attendait pas du tout. Un peu naïf, peut-être. Et donc, on a démarré, bim, bim, on a eu la licence, on a commencé la plateforme. Et puis...

  • Anne-Laure Daniel

    C'était bien parce que peut-être que vous ne seriez jamais allé sinon.

  • Julien Tchernia

    Je pense qu'on ne serait jamais allé sinon. On aurait fait différemment dès le début.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était peut-être pour le meilleur.

  • Julien Tchernia

    Bye bye Oui, non, non, c'est toujours pour le meilleur. C'est toujours pour le meilleur. Dans les financements qui sont très difficiles, toutes les levées de fonds étaient difficiles. Je ne sais pas si vous avez prévu d'en parler, mais on a raté une IPO. C'était a posteriori pour le meilleur. Sur le coût ? Non, pas pour le meilleur.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, pour rebondir.

  • Julien Tchernia

    Beaucoup de travail. Mais si on avait réussi, on aurait lancé la croissance à tout va, sans chercher la rentabilité. Or, c'était vers 2021, mi-2021, donc en juin 2021. Et donc là, vous aviez le prix du gaz qui commençait à augmenter, et puis ensuite le prix de l'élec. Et puis ensuite, nous, on a vu la crise dès octobre 2021, qui a empiré ensuite en 2022, avec la corrosion sous contrainte qui arrivait en décembre 2021 et qui arrivait partout pour les centrales françaises. Et donc, heureusement... Comme on avait raté l'IPO, avec le board, on avait dit, bon ben, on arrête cette croissance à tout va, on se concentre sur la croissance rentable. Et puis, tant pis, on ne sera pas aussi gros que ce qu'on voulait, mais on sera rentable.

  • Anne-Laure Daniel

    On ne sera pas EDF demain, mais en fait, on le fait bien.

  • Julien Tchernia

    On le fait bien et comme ça, on est plus indépendant. Puis surtout, finalement, il faut comprendre le message du marché. Pourquoi ils n'ont pas voulu investir ? On s'est dit, c'est parce que ça, ils ne trouvaient pas assez rentable, donc on va le faire. Et grâce à ça, on est parti sur une politique très prudente dès juillet 2021. qui nous a bien aidé à passer mieux la crise que nos concurrents. D'ailleurs, depuis, on en a racheté deux. Donc voilà, on a fait le bon pari à ce moment-là.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc la contrainte a été finalement un succès.

  • Julien Tchernia

    Tout vient à point pour qui sait attendre.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, dans les points de développement d'Equateur, vous avez quand même parlé du marché. Il faut aller chercher ses clients. L'achat d'énergie en ligne, ce n'était quand même pas monnaie courante à l'époque. Il a fallu quand même pousser les lignes, vraiment changer les mentalités. Comment vous avez réussi ce pari fou ?

  • Julien Tchernia

    Je ne sais pas si on l'a réussi, en tous les cas c'est très difficile. Et la chose spécifique qu'on a fait avec Equateur sur le commerce, c'est que j'ai constaté que mes concurrents, avant qu'on arrive sur le marché, ils ne faisaient qu'une chose, c'est qu'ils vendaient équivalence de service pour moins cher. C'était ça leur credo. En quelques minutes, vous allez changer, c'est la même énergie, il y aura une coupe, et vous ferez 4% d'économie, 5%. Donc pas grand-chose en fait. 5 euros par mois, 10 euros par mois. Heureusement encore pour nous en France. Il y a beaucoup de gens pour qui ça ne représente pas grand-chose. Pour ceux pour qui c'est important, tant mieux, et ils en ont profité. Et nous, on s'est dit, mais le sujet, il est ailleurs. En fait, ça doit être un sujet d'adhésion de marques et de valeurs. Aujourd'hui, les marques, ce sont des valeurs. De toute façon, moi, j'avais mes valeurs qui étaient les miennes que je portais depuis que j'ai fait le master. Et donc, on a développé la société autour de ça. Un, les valeurs. Et deux, l'innovation. Parce que l'innovation, ça permet, ça intéresse les journalistes, qui ensuite parlent de vous. Et ça, c'est beaucoup moins cher que de faire de la pub dans le métro ou de la pub sur Google, qui est quand même aussi excessivement cher. Et donc, c'est comme ça qu'on a réussi à faire connaître le nom, parce que vous n'allez pas changer de fournisseur d'énergie si vous ne connaissez pas le nom, même s'il n'y a aucun risque. Et faites-le, choisissez votre fournisseur en fonction des critères qui vous plaît.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était l'instant pub !

  • Julien Tchernia

    Voilà, même si vous ne connaissez pas le fournisseur, prenez-en un sur les critères qui vous plaît. Mais c'est sûr que l'énergie étant tellement importante chez nous, Pour chacun, en fait, qu'on a envie de connaître le nom avant de prendre la boîte qui vient de se créer il y a deux semaines.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, puis il n'y a pas que le nom, il y a la finalité chez vous aussi. Il y a le nom,

  • Julien Tchernia

    il y a la finalité, les valeurs. Au début, c'est assez marrant. On a eu plus de clients parce qu'on était une startup qui cartonnait que parce qu'on était vert.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était l'attrait de la nouveauté. Oui,

  • Julien Tchernia

    l'attrait de la nouveauté, l'attrait du succès. Le succès entraîne le succès. Le vert, c'est arrivé plutôt en 2018-2019, où là, c'est devenu un sujet qui est important. Avant, c'était un moyen de fidéliser, mais c'était rarement la première raison pour laquelle les clients venaient chez nous.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Et qu'est-ce qui fait que ça a basculé du coup comme un enjeu ?

  • Julien Tchernia

    2018-2019, il y a eu une prise de conscience, je pense, mondiale, petit à petit. Je ne me souviens plus exactement ce qu'il y a eu. Il y a dû y avoir la COP à Paris, puis il y a dû y avoir...

  • Anne-Laure Daniel

    Les COP qui commencent à se répéter.

  • Julien Tchernia

    Ça se répétait.

  • Anne-Laure Daniel

    Les rapports du GIEC.

  • Julien Tchernia

    Premier rapport du GIEC qui devait dater d'avant, mais il y a dû y avoir des méga-incendies, des choses comme ça. enfin il y a une prise de conscience Vers cette date-là, il faudrait que je vérifie effectivement ce qui s'était passé exactement en 2018. Mais on a bien senti le changement, où les gens ont commencé à s'intéresser aux renouvelables.

  • Anne-Laure Daniel

    Et à comprendre du coup, c'est quoi le renouvelable ? Parce que le renouvelable, pour ceux qui ne connaissent pas forcément bien, on peut trouver du renouvelable qu'on fait venir du Brésil, ou on peut avoir du renouvelable local. Vous êtes plutôt sur un renouvelable local. Et ça fait aussi partie de vos promesses, d'ailleurs, c'est le régional.

  • Julien Tchernia

    Tout à fait. On ne peut pas trouver du renouvelable qui vient du Brésil en France ? Donc le renouvelable déjà, c'est une réalité et c'est compliqué à vendre parce que l'énergie qui va arriver dans votre prise, ce sera la même, quel que soit votre fournisseur. Puisqu'il n'y a qu'un seul réseau, tous les électrons se mélangent. Pareil pour le gaz, on vend du biométhane, la molécule de méthane, elle ne se reconnaît pas et elles ne sont pas traçables. Donc à partir de là, ce que vous devez utiliser, c'est ce qu'on appelle une garantie d'origine, qui est un certificat de traçabilité européen. c'est pour ça que je dis que le Brésil c'est pas possible et qui va garantir que effectivement il y a un volume d'énergie renouvelable qui a bien été injecté sur le réseau et qu'il n'est compté que pour vous. C'est-à-dire qu'on achète cette garantie d'origine et ensuite on va l'annuler sur un registre. On peut aller jusqu'en Islande, mais alors nous on s'y refuse parce que justement il n'y a pas d'interconnexion entre l'Islande et l'Europe. Par contre, on a une première offre qui est la moins chère où on dit, nous on va chercher l'énergie la moins chère d'Europe et si c'est norvégien, c'est norvégien. Et finalement, Et puis, ce qu'on fait, c'est une offre premium où là, on change un peu l'état d'esprit. On dit non, non, mais là, vous, ce que vous voulez, c'est pas seulement acheter des renouvelables, c'est avancer sur la transition énergétique et aider à. Et donc là, on choisit des petites centrales de production en France qu'on va flécher. Et puis, les gens choisissent sur une carte et puis cliquent et ils aiment bien.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ça, ils comprennent maintenant. Le consommateur est vraiment alerte sur ces choses-là.

  • Julien Tchernia

    Alors, il manque encore un point qu'on a commencé à faire, puis on a arrêté. Ça ne marche pas encore très bien, qui est le 24-7. Parce qu'évidemment, quand vous achetez un parc solaire, Dans les Bouches-du-Rhône, vous vous doutez bien que la nuit, ce n'est pas lui qui vous fournit. Et donc, en fait, ce qu'on fait, c'est qu'on en achète plus la journée pour compenser la nuit. Et on aimerait qu'il y ait quelque chose qui se voit là. Et que quelqu'un puisse dire à son voisin, non, non, mais en ce moment, je t'assure, c'est mon parc éolien. Il y a bien du vent là-bas. ou bien, non mais hier il y en avait beaucoup et là on a pris de l'avance.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc là, c'est de la gestion de réseaux ultra diffus qui va certainement devenir un peu l'avenir des réseaux énergétiques. C'est une des visions que vous défendez ?

  • Julien Tchernia

    Oui, c'est une des visions qu'on défend. On avait commencé un projet avec une cité qui s'appelle Powerledger australienne, qui fait toujours d'ailleurs un système de blockchain qui permet, quart d'heure par quart d'heure, de voir ce qui a été produit, ce qui a été consommé. Et ça permet même à terme, ça permettra à nos clients qui ont des panneaux, de prendre leur surplus et de le revendre à leurs voisins. Ou de l'offrir à leurs enfants qui font leurs études à Paris, par exemple. Et donc ça, on l'a mis en œuvre, mais aujourd'hui, c'est encore embryonnaire. Ça ne marche pas assez vite, à mon goût. Ce n'est pas du temps réel et c'est un peu cher encore. D'accord. Même si c'est trop cher. Et donc, je suis désolé, c'est trop cher. Et donc, on a arrêté, mais on était prêt techniquement. Enfin, prêt techniquement, non, parce que ce n'était pas aussi temps réel qu'on voulait. Mais en tous les cas, ça fonctionnait. C'était encore un peu cher. et je pense que ça reviendra vers là. Oui, bien sûr.

  • Anne-Laure Daniel

    Pour développer, c'est un nouvel acteur comme ça, on a besoin de nouveaux métiers. Comment on trouve les talents ? Comment on va chercher les bonnes compétences sur un marché qui est en train de se créer, où on n'a pas encore tous les ingénieurs, toutes les ressources marketing qui connaissent ces ressorts de vente, etc.

  • Julien Tchernia

    Comment on s'entend ? Alors, le marché de la fourniture, il existe quand même depuis longtemps.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, mais il était en pleine transformation à cette époque-là.

  • Julien Tchernia

    Moi, j'ai eu la chance de travailler dans une boîte qui s'appelait Altran. qui a été revendu depuis de 1998, puisque j'étais en Belgique, de 1998 à 2007. Et à partir de 2000, j'étais responsable d'équipe et je faisais mes recrutements moi-même. C'était 10 entretiens par semaine pendant 6 ans. Et j'ai dû recruter, je ne sais pas, aucune idée, 200, 500 personnes, je n'ai aucune idée. Et on a recruté deux par mois, si vous pouvez faire le calcul. Et on apprend beaucoup à comprendre le mieux les personnes qu'on a en face de soi en une heure. C'est très compliqué, c'est un exercice épuisant, entre autres, quand c'est bien fait. Et ça évite de se tromper, ça c'est la première chose. Et deuxièmement, on a été sévère dès le début, et chez Equator, une période d'essai, c'est une période d'essai. Et donc si ça ne passe pas, ça ne passe pas. Et on s'arrête et on ne continue pas. Par opposition à toutes les boîtes du CAC 40 dans lesquelles j'avais bossé quand j'étais plus jeune, où une fois qu'on rentrait, on rentrait, j'avais jamais vu une période d'essai se terminer. Nous, on en a fermé beaucoup. Mais je vous confirme que... au début, pour recruter les premiers informaticiens pour développer la plateforme, on a utilisé un petit truc. C'est-à-dire que les gens pensent, les jeunes en particulier, qu'une start-up, c'est Google, qui a des poufs de toutes les couleurs partout. Des baby-foods, des soirées pizza. Et nous, on n'avait pas ça. Puisqu'on avait ma chambre de bonne, au début même, on se réunissait dans des salles à droite à gauche. Et puis, on avait une petite salle à l'incubateur qui devait faire à peu près la taille de cette table. Et donc, on s'est dit, ça ne passera pas. Et on a souloué des bureaux à une banque d'affaires, Place de l'Opéra.

  • Anne-Laure Daniel

    Ah,

  • Julien Tchernia

    le chat des cultures ! Ils nous ont souloué un bureau et une belle salle de réunion. Et quand les gens arrivaient, ils arrivaient dans la banque d'affaires. Et donc, ils voyaient, succès, succès, succès, succès, succès, succès. Et puis après, ils montaient, puis on les recevait là. Et donc, ça mettait un état d'esprit positif.

  • Anne-Laure Daniel

    L'ambition. Au moins, ça marquait l'ambition d'entreprise.

  • Julien Tchernia

    Ça marquait une boîte solide. Et puis ensuite, on a loué des petits bureaux beaucoup moins sexy à côté de Notre-Dame de Lorette. Et on a passé le week-end avec tous les employés à monter les meubles Ikea.

  • Anne-Laure Daniel

    Ça, ça crée aussi une culture d'entreprise forte. Ça crée une culture d'entreprise,

  • Julien Tchernia

    effectivement.

  • Anne-Laure Daniel

    Et cette culture startup, vous avez réussi à la garder en grandissant ?

  • Julien Tchernia

    À moins, je trouve. Oui, c'est ça. C'est difficile, c'est des questions qu'on se pose tout le temps avec mon associé. Et c'est très compliqué. C'est très compliqué, je la trouve moins qu'avant. Par contre, il y a quelques piliers qui se battent avec nous pour la créer, la recréer. Et puis, on s'est tapé le Covid. Ensuite, on s'est tapé l'IPO qui a raté. Ensuite, on s'est tapé la plus grosse crise de l'énergie depuis 1974. Et donc, ça fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de coups dans la figure. Et donc, ça crée des gens très solides, mais un peu plus protégés dans leur coquille que courant devant. Il faut retrouver de l'élan et de la liberté et de l'envie d'entreprendre. Parce qu'on était sous l'orage pendant quatre ans. C'était compliqué, ce secteur.

  • Anne-Laure Daniel

    Et le binôme de fondateur, comment il tient bon dans la tempête ?

  • Julien Tchernia

    Il fait ce qu'il peut, le binôme. Il fait ce qu'il peut, on travaille ensemble depuis 13 ans. On a eu une règle implicite, c'est qu'on n'est pas amis. Je n'ai jamais dîné chez lui, il n'a jamais dîné chez moi. Et donc ça permet de s'engueuler.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est bien, c'est sain. Au moins on en est. Oui, oui. Vous allez jusqu'au bout de vos engagements. Votre entreprise est certifiée Bicorp. Vous êtes entreprise à mission depuis...

  • Julien Tchernia

    2021.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est ça. Qu'est-ce que ça change ? En fait, parce que vous étiez déjà très engagé, j'imagine très aligné dans votre façon de gérer votre entreprise. Qu'est-ce que ça change de se faire certifier, de devenir vraiment... entreprise à mission, Bicorp ?

  • Julien Tchernia

    C'est simplement une preuve d'une réalité. Bicorp, par exemple, ça a été l'initiative de notre responsable communication et valeurs de l'époque, qui a dit, mais ça me paraît important, moi j'ai dit, ouh, ça sert à rien. Elle m'a dit, non mais je vais le faire, je lui ai dit, bah fais-le, écoute, très bien. Elle l'a fait, on n'a rien eu à changer pour être Bicorp. Mais non. Très très peu.

  • Anne-Laure Daniel

    Je ne sais pas si nos auditeurs ont tenté une certification Bicorp, c'est quand même très rare, c'est très exigeant la certification Bicorp. Pour l'avoir tenté dans une autre entreprise avant d'être...

  • Julien Tchernia

    Et là, on a été renouvelés. Et donc, c'est aussi très compliqué d'être renouvelés, surtout qu'on n'a plus la même taille et qu'avant, on avait des points d'avance parce qu'on était petits. Oui, j'imagine. Et donc là, on les a perdus les points d'avance. Et là, il y a eu plus de travail à faire.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord.

  • Julien Tchernia

    Par contre, voilà, c'était nos valeurs. Et donc, comme on dit Cyrano, je l'ai tant et tant répété dans ma tête, cette lettre, qu'il suffit de mettre mon âme à côté du papier pour pouvoir la recopier. C'est ça qu'on a fait pour être Bicamp. Et entreprise à mission, ça allait de soi. On rentrait en bourse potentiellement, on ne l'a pas fait, et on ne voulait pas qu'il soit possible de changer l'état d'esprit de la boîte quand on ne maîtriserait plus les actionnaires.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était une façon de sécuriser votre modèle ?

  • Julien Tchernia

    C'était une façon de sécuriser le modèle.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Et aujourd'hui, ça change dans le leadership, dans la façon dont vous recrutez ? Ou en tout cas, c'est un fil rouge ?

  • Julien Tchernia

    Non, parce que l'écologie chez nous, les gens ne viennent pas nécessairement parce qu'ils sont écolos, mais souvent ils le deviennent. Et après, il y a des angoisses. D'ailleurs, une période où on faisait des formations parce que les gens...

  • Anne-Laure Daniel

    Des co-anxiétés ?

  • Julien Tchernia

    Oui, parce que les gens se rendaient compte de le tsunami qui nous attend. Et ils commençaient à faire un peu des co-anxiétés. Et donc, voilà, chez Équateur, manger un kebab au milieu de la cantine, ce n'est pas simple. Il n'y avait pas de sectaire.

  • Anne-Laure Daniel

    Le coca au déjeuner ne passe pas...

  • Julien Tchernia

    Le coca, ça va, mais beaucoup de viande, etc. Cela dit, on mange beaucoup de viennoiserie, je trouve. Mais non, beaucoup de démarches ont été créées par les employés même, récupéré... Les premiers traits de déchets, de mettre des fontaines à eau, de récupérer le mar de café, de distribuer des tupperware pour que quand les gens prennent à emporter, ils ne prennent pas dans des petits sacs en plastique. On a été labellisé à vélo, donc une boîte qui met en avant le vélo. Tout ça, c'est l'état d'esprit qu'on a avec Jonathan. Ce qu'il faut, c'est laisser l'espace aux gens de trouver les idées, parce qu'à deux, vous n'avez pas toutes les idées. Et puis, à mettre en œuvre ensuite, c'est toujours agréable. Et ça, ça crée un état d'esprit qui fait que dès que les gens rentrent, donc il y a ceux qui rentrent parce qu'ils cherchaient une entreprise à mission en plus du métier, et puis ceux qui voulaient juste le métier et qui petit à petit se font emporter dans le flot.

  • Anne-Laure Daniel

    Ça ne crée pas un côté communautaire qui pourrait...

  • Julien Tchernia

    gêné à l'intégration ?

  • Anne-Laure Daniel

    Récemment, on a eu des employés qui sont venus me voir et qui m'ont dit « Oui, non, on trouve que ça baisse un peu. Et il faudrait recruter que des gens qui sont convaincus. » Alors là, je me suis fâché.

  • Julien Tchernia

    Comment on sait qu'ils sont convaincus ?

  • Anne-Laure Daniel

    Mais non, mais c'est même pas ça. C'est justement pas ça notre métier. Nous, on est des prosélites. Moi, je suis pas là pour vendre à des gens qui sont déjà convaincus. Ils sont déjà convaincus, ben très bien. Mon métier, c'est d'aller convaincre des gens qui ne sont pas convaincus. Et les employés aussi. Et donc, c'est à nous de refaire le travail. et on s'est rendu compte qu'il y avait... On faisait des apéros de l'écolo, donc il y avait des quiz sur l'écologie, etc. qui avaient disparu parce que la personne qui les avait inventés était partie faire de la permaculture en creuse. Et bonjour Rémi. Et donc là, on a repris ça. On s'est dit, tiens, en fait, non, ce n'est pas nous, direction. C'est là où je dis, ça perd un petit peu la startup. Ah, vous, la direction. Non, non, c'est toujours vous. Ça te plaisait, ça n'existe plus. Fais-le. Et ça a marché. Ils ont très bien compris. Ils ont relancé. Il y en a un demain soir. Et donc voilà, ça, ça fait partie des méthodes, on va dire.

  • Julien Tchernia

    Super. Alors, au-delà de la fourniture, vous êtes aussi beaucoup diversifié. Donc, ça aussi, ça a dû beaucoup bouger votre activité. Qu'est-ce qui vous a amené à décider de cette diversification d'activité ? Pourquoi ? Parce que c'est quand même des métiers différents. Quand on va aller poser des panneaux, quand on va installer des bornes électriques, on n'est plus dans les métiers de la fourniture et du service pur. Comment on fait le switch ?

  • Anne-Laure Daniel

    En fait, si, on s'est débrouillé pour que ça reste le même métier. Tout simplement, nous, on est des commerçants. Ce n'est pas nous qui produisons, ce n'est pas nous qui transportons le réseau. nous tout ce qu'on fait, entre guillemets, c'est d'acheter à des gens de l'électricité et du gaz et de le revendre à d'autres personnes en choisissant nos produits, comme n'importe quel commerçant qui vendrait des tomates. Et donc, acheter des panneaux solaires, les faire livrer et installer, nous, c'est ce qu'on fait. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce n'est pas encore nous. Peut-être que ça viendra, mais pour l'instant, ce n'est pas nous qui les installons. On a notre réseau, entre guillemets, d'installateurs, de confiance. Ce n'est même pas un réseau à nous, c'est des partenaires qu'on a sélectionnés. On va récupérer des clients qui ont envie de ça, parce qu'ils sont chez Equateur aussi pour ça. et puis surtout parce que c'est moins cher. Parce qu'à la fin, dans l'esprit, par contre, dans le métier d'équateur, un panneau solaire, par exemple, c'est de l'énergie électrique prépayée. Vous nous payez tout de suite 20 ans d'électricité que vous allez avoir gratuitement ensuite. Et donc, c'est pareil. Donc, on vend de l'énergie renouvelable, en fait, sous une autre forme. C'est ça qui est nouveau. En fait, ce n'est pas le métier qui est nouveau, c'est la vision qui est nouvelle. Et pourquoi nous, on l'a fait et que les autres ne l'ont pas fait ? Et donc, ça a l'air d'être une innovation parce que les autres sont producteurs. Le principal métier de nos gros concurrents, c'est la production. Ils gagnent de l'argent sur la production. Donc évidemment, chaque fois que quelqu'un installe un panneau solaire chez lui, il se crée de la concurrence. Et donc, ce n'est pas leur intérêt économique, tout simplement. Nous, en n'étant que commerçants et pas producteurs, qui fait partie des valeurs fortes d'Équateur, on évite ce conflit d'intérêts-là. Et donc, c'est notre intérêt d'aller vendre de l'énergie sous forme de panneau solaire et puis aussi de transférer les usages. Évidemment, quand vous passez du fuel à la pompe à chaleur, vous êtes obligé d'acheter de l'électricité. Vous ne pouvez plus acheter de fuel, donc là, c'est aussi notre intérêt.

  • Julien Tchernia

    Ok. Le renouvelable, c'est infini, on peut en développer à l'infini ?

  • Anne-Laure Daniel

    On peut en développer beaucoup plus que ce dont on a besoin dans le monde entier. Par contre, la technologie, qui aujourd'hui est très intéressante, ne permet pas encore de tout faire. Qu'est-ce que je veux dire par là ? D'abord, on reçoit assez d'énergie solaire sur la Terre pour faire, je ne sais plus combien, j'avais le chiffre en tête avant, mais je ne sais plus si c'est 50 ou 500 fois ce qu'on consomme tous les ans. On est vraiment largement, largement tranquille. Deuxièmement, aujourd'hui, le renouvelable cartonne parce que c'est le moyen le moins cher de produire de l'électricité. Donc, il faut bien le comprendre. Historiquement, c'était vendu pour la transition énergétique. Aujourd'hui, c'est déployé et installé par des boîtes comme Total Echelle.

  • Julien Tchernia

    Pour des raisons économiques.

  • Anne-Laure Daniel

    Qui disent que c'est pour la transition et qui n'oublient, c'est certain. pas que c'est surtout le moyen de production le moins cher. Vous avez eu ce week-end un prix spot, donc le prix de l'électricité sur les marchés heure par heure. Dimanche, il était négatif sur la journée. C'est-à-dire qu'en moyenne, le prix était à moins 5 euros en France. Et ça,

  • Julien Tchernia

    on le voit de plus en plus.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ça, on le voit de plus en plus. Pourquoi ? Parce qu'une fois que vous avez installé votre panneau, et donc on va dire payer votre abonnement, c'est un coût fixe, en fait, il y a trop d'énergie maintenant. Et donc, vous pouvez consommer tout ce que vous voulez, ça ne coûte pas plus cher. Il y aura une limite, mais on n'y est pas. C'est comme les réseaux télécoms. Avant, on payait la minute, on payait le kilobit. Maintenant, une fibre permet tellement de transfert de data qu'une fois qu'on a payé la fibre, on ne s'embête plus à limiter les gens sur leur conso. Ça, c'est l'ambition, c'est l'objectif, c'est là où on va. Et il y a de quoi y aller. Ce qui manque encore, c'est la pilotabilité. qui est effectivement le talon d'Achille aujourd'hui du système, puisqu'on est habitué à un système qui est uniquement piloté par la production. La production s'adapte complètement aux demandes de la consommation, et puis c'est tout. Et maintenant, il faut mixer sur quelque chose qui va s'adapter, une consommation qui va s'adapter à la production. Et donc là, par exemple, la discussion que j'ai avec la commission de régulation de l'énergie la semaine prochaine, c'est comment on change la tarification en pleine heure creuse pour pousser les gens à consommer plus à midi que le soir, par exemple, l'été seulement. pas l'hiver. Et puis, c'est aussi des systèmes technologiques de stockage qui ne sont pas encore aussi au point que les panneaux solaires ou les éoliennes. Ils sont au point, mais ils ne sont pas encore aussi de taille suffisante.

  • Julien Tchernia

    Ils ne sont pas les capacités suffisantes, ils ne sont pas assez nombreux.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ils sont un peu chers encore. Mais ça aussi, c'est une technologie qui avance. Si on a ça, plus encore un mix de nucléaire, moi je pense qu'il ne faut pas supprimer le nucléaire, c'est de la très bonne énergie de base, elle est décarbonée. Elle marche encore pour 50-60 ans, on ne va pas arrêter. Je suis beaucoup plus circonspect avec l'idée de construire des nouveaux EPR, parce que là, je pense que c'est trop cher, et que la demande ne va pas suivre, et que donc, ça va nous coûter très très cher. Mais sur ce qui existe, très bien. Tant qu'il y a de l'uranium, il y a de l'uranium. Parce qu'il ne faut pas oublier que le nucléaire n'est pas renouvelable, simplement parce que l'uranium n'est pas renouvelable. L'uranium, on va le chercher à l'étranger.

  • Julien Tchernia

    Non, c'est décarboné.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est décarboné et pas renouvelable. On parle d'indépendance énergétique par rapport au nucléaire. Non, c'est une indépendance énergétique. Par rapport aux fossiles, on n'a plus d'uranium en France, ça baissine sur Gartan en plein milieu et vide. Donc, il faut aller le chercher dans différents pays. Ça peut créer un problème un jour. Évidemment, on a du stock, c'est facile à stocker, c'est peu volumineux à stocker par rapport à l'énergie que ça produit. Alors que le panneau solaire, une fois qu'il est installé...

  • Julien Tchernia

    On est propriétaire de notre soleil, là.

  • Anne-Laure Daniel

    On est propriétaire du soleil.

  • Julien Tchernia

    Et de notre vent.

  • Anne-Laure Daniel

    Voilà.

  • Julien Tchernia

    Et de notre vent. Après, ils ont quand même des impacts, ta fabrication de ces panneaux solaires, de ces éoliennes. ça doit cohabiter quand même avec les efforts de sobriété ?

  • Anne-Laure Daniel

    Bien sûr ! Il n'y a pas d'énergie qui ne pollue pas quelque part. Ça pollue moins en réalité, effectivement. C'est beaucoup plus simple dans le marketing de dire c'est propre. Non, c'est plus propre. Et plus propre au niveau du CO2. Plus propre aussi au niveau des déchets radioactifs. Un peu moins propre au niveau des mines, parce que les mines de terre rares polluent plus que les mines d'uranium. Et donc, bon an, mal an, c'est plus propre. Mais ce n'est pas parfait, bien sûr. La perfection, ce sera quoi ? Peut-être un jour la fusion froide, je ne sais pas.

  • Julien Tchernia

    On continue quand même encore à faire attention à ce qu'on consomme, quoi qu'il arrive.

  • Anne-Laure Daniel

    Il faut faire attention. Et maintenant, il faut faire attention quand on consomme. Faites vos machines à laver à midi, pas le soir, s'il vous plaît.

  • Julien Tchernia

    Ça, c'est fou que ce soit pas encore programmé.

  • Anne-Laure Daniel

    Eh bien, c'est fou que ce soit pas encore programmé. On est d'accord, on est d'accord.

  • Julien Tchernia

    Bon, prochaine diversification. Alors, en ce moment, le contexte géopolitique, il est quand même compliqué quand on parle de transition énergétique. C'est quand même chahuté. On se rend compte que ça tend même à être légué presque au second plan, que c'est de moins en moins la priorité de nos dirigeants. Est-ce que vous le constatez aussi sur le terrain ? Est-ce qu'il faut faire face à la vague, mais ça va passer ? Ou est-ce que vous pensez qu'il y a un vrai délitement de la prise de conscience climatique ?

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, un délitement de la prise de conscience climatique, oui. Ça, c'est probable. En tous les cas, ça peut s'analyser comme ça. C'est très, très dur d'accepter que tout ce qu'on a fait avant, c'était de la connerie. Surtout si on est un boomer et qu'on est quand même complètement responsable. Et de se dire, merde, en fait, j'aurais pas dû. Merde, j'ai fait une bêtise. C'est très, très compliqué. Et donc, on peut comprendre qu'il y a une réticence. En plus, ça fait tellement peur parce qu'on se sent incapable d'agir ou d'agir à une échelle massive qu'on préfère dire que ça n'existe pas. C'est très, très rassurant. Je comprends tout à fait la psychologie derrière tout ça. La bonne nouvelle sur l'électricité, c'est que le renouvelable a gagné. Il est juste tellement moins cher que c'est mort. Le fossile coûte encore un peu moins cher pour l'instant. Mais pourquoi ? Parce que les Américains, Trump en fait, les Américains au sens USA, artificiellement produisent beaucoup et font baisser les cours. Parce que c'est leur intérêt et que c'est le premier producteur mondial de produits fossiles. Et donc évidemment, ils préfèrent vendre ça, ça fait de l'argent tout de suite. Ça détruit les sols, le cracking pour le gaz de schiste. Et de toute façon, ça ne les empêche pas aujourd'hui de continuer à déployer du renouvelable. Parce que c'est beaucoup moins cher. Et quand on voit le nombre de sociétés qui bossent sur le stockage, on se dit que là aussi, la technologie va finir par apporter une solution. Est-ce que ce sera assez rapide ? Est-ce qu'on finira tous comme dans Mad Max 2 ? Je ne sais pas. Ce qui compte, c'est que chacun fasse le max de ce qu'il peut faire. Moi, c'est tout ce que je demande. Dites-vous, tiens, moi j'ai fait ça. Alors, par exemple, moi j'ai fait Équateur, je ne peux pas faire mieux. Moi, je ne suis pas... C'est déjà pas mal. C'est déjà pas mal. Je ne sais pas si ce sera suffisant ou pas. Mais j'aurais fait ce que j'ai pu.

  • Julien Tchernia

    Que chacun mette sa pierre à l'édifice.

  • Anne-Laure Daniel

    Chaque kilo de CO2 évité vaut la peine. Et puis adaptez-vous un peu, ça va se réchauffer, ça c'est sûr, parce que même si on arrêtait tout de suite les émissions de CO2, comme le CO2 reste un siècle dans l'atmosphère, on est sur une tendance où ça va continuer à chauffer.

  • Julien Tchernia

    L'accumulation va continuer, c'est vrai. Alors il n'y a pas que l'énergie à notre émission écologique, on va en parler aujourd'hui, parce qu'on pourra en parler des heures, je le rappelle juste, c'est vrai que l'énergie a plutôt bien avancé quand même, sur des trajectoires de correction. Après, il y a d'autres limites planétaires qui nous mettent un petit peu en danger aussi. La biodiversité,

  • Anne-Laure Daniel

    c'est le deuxième aspect, mais je ne peux pas faire tout.

  • Julien Tchernia

    Non, on trouvera quelqu'un d'autre pour venir nous parler de la biodiversité, ne vous inquiétez pas. Vous en avez déjà fait beaucoup, c'est vrai. Qu'est-ce qui vous anime encore aujourd'hui ? Qu'est-ce qui vous donne envie ?

  • Anne-Laure Daniel

    J'ai le modèle. Donc aujourd'hui, effectivement, principalement, on vend de l'électricité et un peu des panneaux, vous l'avez dit. Là, j'aimerais que tout le monde devienne producteur. et adapte beaucoup mieux sa consommation. C'est imaginer une maison où on maîtrise tellement les moments de consommation, plus de l'autoconsommation, plus un peu de stockage qui peut être fait dans une voiture électrique, que finalement on arrive, nous, d'un point de vue purement commercial, à faire ce fameux forfait énergétique et puis ensuite tout est à zéro. Les changements de société se sont créés par les entreprises. C'est iPhone qui a changé la société, c'est Microsoft qui a changé la société, je ne sais plus qui a inventé Internet, et rarement parler politique. Et donc, c'est nous, entreprises, qui sommes les mieux placées pour créer ce changement, parce qu'on va trouver des solutions qui plaisent aux gens et qui ont de la valeur. Bon, voilà, mon idée, c'est que les gens arrivent à avoir un forfait énergie comme ils ont un forfait télécom aujourd'hui.

  • Julien Tchernia

    On va déjà devoir équator dans dix ans, alors ça va encore beaucoup bouger l'innovation.

  • Anne-Laure Daniel

    Écoutez, merci.

  • Julien Tchernia

    On va arriver à la fin de ce podcast, c'est passé très vite. Si vous deviez transmettre une conviction à une nouvelle génération d'entrepreneurs, parce qu'elles ont bien changé nos entrepreneurs aujourd'hui, qu'est-ce que vous leur diriez ?

  • Anne-Laure Daniel

    Il faut se battre, c'est tout. Il faut se battre.

  • Julien Tchernia

    Oui,

  • Anne-Laure Daniel

    c'est la bataille. Moi, j'ai un modèle absolu, c'est Cyrano. Donc voilà, n'importe, je me bats, je me bats, je me bats.

  • Julien Tchernia

    Vous avez la compatibilité dans les valeurs de votre entreprise ? Oui, on a la compatibilité. C'est ma surprise parce que c'est rare de voir ce terme.

  • Anne-Laure Daniel

    On nous le reproche, c'est pas une valeur, c'est un état d'esprit. Si, il faut accepter de se battre. Et c'est évidemment dur, mais c'est ça qui est beau. Et si même on va plus loin dans la citation de Cyrano, c'est comment n'importe je me bats, je me bats, je me bats, comment c'est inutile, mais on ne se bat pas dans l'espoir de gagner. C'est beaucoup plus beau lorsque c'est inutile. Et voilà, c'est-à-dire battez-vous, battez-vous et puis on verra bien. Et si ça marche, ça marche. Et si ça ne marche pas, au moment où vous serez battus.

  • Julien Tchernia

    Vous avez été dans l'action. C'est très beau. Merci. C'est une très belle phrase de fin. Merci beaucoup, Julien Tchernia, pour votre... transparence, pour votre authenticité et votre engagement. Votre parcours nous montre qu'on peut transformer un secteur à la racine sans jamais trahir ses convictions. Merci pour ce temps passé ensemble.

  • Anne-Laure Daniel

    Merci à vous, c'est une très belle fin, merci, je suis très fier.

  • Julien Tchernia

    A bientôt. Merci d'avoir écouté les After de la Transformation, une production à des coins de scie. Retrouvez l'intégralité de nos épisodes sur les plateformes de streaming. A bientôt pour un nouvel épisode.

Description

🎙️ Dans cet épisode des Afters de la Transformation, Julien Tchernia, président et cofondateur d’Ekwateur, revient sur l’audace de créer un fournisseur d’énergie 100 % renouvelable dans un secteur dominé par des géants historiques. Un récit inspirant de transition personnelle, de résilience entrepreneuriale et de convictions écologiques chevillées au corps.


Au programme :


  • Un parcours atypique pour une reconversion engagée
    Initialement issu du monde des télécoms et du conseil, Julien Tchernia bascule vers l’énergie après une prise de conscience écologique profonde. Il retourne sur les bancs de l’école, quitte un confort professionnel sécurisant, et se lance dans une nouvelle trajectoire avec pour seul moteur : agir concrètement pour le climat.


  • Ekwateur : la start-up devenue référence du renouvelable
    Née dans une chambre de bonne en 2015 avec 500 000 € d’économies personnelles, Ekwateur a grandi malgré les difficultés de financement. Aujourd’hui, c’est plus de 450 millions d’euros de chiffre d’affaires, 150 salariés, plus de 250 000 compteurs et une diversification vers le solaire, la mobilité électrique ou encore l’efficacité énergétique.


  • Une stratégie fondée sur les valeurs et l’innovation
    Face à des concurrents misant sur les prix, Ekwateur choisit de convaincre par le sens : des valeurs fortes, une marque engagée, des offres personnalisées et une communication directe. Le tout soutenu par une innovation constante, comme la traçabilité énergétique régionale ou la production distribuée via des panneaux solaires.


  • Un management pragmatique et humain
    Culture startup, recrutements exigeants, responsabilisation des équipes et autonomie sont au cœur du modèle. Malgré les épreuves (Covid, crise de l’énergie, IPO avortée), l’entreprise tient le cap grâce à un duo de fondateurs solide et une gouvernance ouverte où chaque collaborateur peut porter des initiatives.


  • Une croissance sobre et maîtrisée
    Ayant appris des secousses du marché, Julien Tchernia privilégie une croissance rentable et résiliente. Loin des effets d’annonce, Ekwateur consolide son modèle sur la durée, allant jusqu’à racheter deux concurrents récemment.


  • Entreprise à mission, certifiée B Corp : des engagements assumés
    Sans rien changer à sa structure initiale, Ekwateur décroche la certification B Corp et adopte le statut d’entreprise à mission. Non pas comme vitrine, mais comme prolongement naturel de ses convictions. Chaque salarié est invité à contribuer, quel que soit son point de départ écologique.


  • Une vision décentralisée de l’énergie
    Demain, chaque client pourrait devenir producteur, stocker son énergie, choisir ses sources de production, voire offrir son surplus à ses proches. Julien Tchernia rêve d’un modèle inspiré du forfait télécom, où l’énergie serait gérée intelligemment, localement, et sans gaspillage.


  • Une philosophie : se battre, encore et toujours
    À la manière d’un Cyrano qu’il cite avec ferveur, Julien Tchernia incarne une vision militante de l’entrepreneuriat : se battre pour ses convictions, même quand c’est difficile, voire inutile. Parce que c’est là que réside la beauté du combat.


Un témoignage puissant d’un entrepreneur qui change les règles, sans jamais trahir ses valeurs.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Julien Tchernia

    J'ai jamais trouvé que c'était facile de financer Ekwateur. Jamais, jamais, jamais. On a toujours cru que ça allait l'être. En fait, avant de se lancer, on a discuté avec plein de gens qui ont dit « Mais c'est génial, mais moi je serais le premier à te mettre de l'argent. » Bon, ils nous ont jamais mis d'argent, ces gens-là. Donc nous, on a d'abord démarré sur notre argent à nous, puisqu'on a mis toutes nos économies, chacun, Jonathan et moi, 250 000 euros chacun, pour démarrer la boîte. Et puis avec la certitude qu'il faudrait lever des fonds. On s'est retrouvés, ça c'était en septembre 2015, en juillet 2016, on n'avait plus beaucoup d'argent, on n'avait toujours pas lancé le service, on devait le lancer en septembre. Il y a une banque qui a bien voulu nous prêter je sais plus 100 ou 200 000 euros. Ensuite, on a fait une levée de fonds participative, la première, où on a levé des obligations, qui nous a permis de tenir jusqu'en décembre, où là on a réussi à boucler notre première levée de fonds de 2 millions d'euros.

  • Anne-Laure Daniel

    Bonjour, je suis Anne-Laure Daniel, et vous écoutez... Les afters de la transformation, un podcast Adequancy qui donne la parole aux leaders et acteurs des enjeux de demain. Bonne écoute à tous. Alors que l'urgence de la transition énergétique semble un peu mise à mal dans un contexte international fluctuant, certains acteurs continuent de bousculer les codes d'un secteur longtemps dominé par les géants historiques. Et oui, aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Julien Tchernia, président et cofondateur d'Ekwateur. un pionnier de la fourniture d'énergie 100% renouvelable qui a profondément transformé le marché de l'énergie en France. Bienvenue Julien.

  • Julien Tchernia

    Merci de m'avoir invité.

  • Anne-Laure Daniel

    On est très très heureux de vous accueillir. Rapidement, on va revenir un petit peu sur votre parcours, on va parler d'Ekwateur, de ce beau parcours qui est devenu une vraie pépite française du renouvelable. Et puis on va parler aussi un petit peu de vos engagements à côté, parce qu'au-delà d'Ekwateur, vous êtes un infatigable pionnier pour la transition énergétique.

  • Julien Tchernia

    Merci, je ne sais pas si je mérite tout ça, mais en tout cas je serais ravi d'en parler.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors Julien, vous venez du monde des télécoms au départ, c'est ça ? Alors vous avez navigué entre énergie et télécoms, dans des entreprises de conseil, un peu partout en Europe. Et puis finalement, vous avez posé vos valises dans l'énergie.

  • Julien Tchernia

    Exactement.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ça, c'était en 2013.

  • Julien Tchernia

    C'était en 2013, j'ai travaillé dans l'énergie et j'ai essayé d'y rentrer sérieusement depuis 2007.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Donc il a fallu être patient pour y rentrer sérieusement. Oui. C'est une patience qui aura payé du coup ?

  • Julien Tchernia

    Oui. A priori.

  • Anne-Laure Daniel

    Je suis content. Et donc vous êtes arrivé avec l'Empiris pour lancer l'Empiris en France, qui a été vraiment le lancement de vos activités dans la fourniture d'énergie. Et c'est là que vous avez rencontré Jonathan Martelli, avec qui vous avez fondé Ekwateur en 2015.

  • Julien Tchernia

    C'est exactement ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors qu'est-ce qui fait, juste avant Ekwateur, que vous vous êtes dit qu'il fallait changer les règles du jeu de l'énergie ?

  • Julien Tchernia

    En fait, ça commence un peu avant, c'est ce que je vous disais. J'étais à Milan à l'époque, ça devait être donc 2006. Merci. où je faisais ce fameux métier de conseil. À l'époque, c'était surtout des télécoms. Il y avait moins d'énergie qu'avant. Et je me suis rendu compte qu'il se passait quelque chose au niveau du climat et qu'il fallait agir. Et je me suis dit que plutôt de se limiter seulement à titre personnel à arrêter son robinet pendant qu'on se lave les dents, il était peut-être temps d'essayer de faire plus. Et j'ai décidé de tout arrêter. Donc, j'ai tout lâché, j'ai démissionné. Je suis parti sur les bancs de l'école pour apprendre le métier de l'énergie. puisque je trouvais que je voulais le faire, mais que je ne le faisais pas. Je me suis dit, il doit te manquer quelque chose. Et donc, je suis allé aux mines de Paris, l'antenne de Sophie Antipolis, Pasteur Oz, où j'ai recommencé ma vie d'étudiant à un âge certain.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est hyper audacieux.

  • Julien Tchernia

    Oui, on m'a déjà dit ça. Non, c'était absolument nécessaire. J'étais tellement malheureux, malgré les kilos euros et le beau bureau. J'étais trop malheureux, donc il fallait faire quelque chose. Par contre, comme vous dites, Je suis sorti du master en octobre 2008. C'était Lehman Brothers, les Subprime. Et donc, ça a été beaucoup plus compliqué que prévu pour finir par retomber dans l'énergie. Donc, j'ai dû reprendre un peu de télécom. Il fallait bien manger. Et puis, en 2013, c'est des Belges qui m'ont appelé, puisque j'avais travaillé en Belgique avant. Et qui m'ont dit, tiens, on connaît une boîte qui cherche un directeur France. Alors, je n'ai pas vraiment lancé l'Empiric. Ils s'étaient lancés trois ans avant. Ils avaient réussi 5000 compteurs en trois ans. D'accord. Et moi, j'ai démarré, j'ai fait 150 000 compteurs de plus en un an et demi.

  • Anne-Laure Daniel

    Vous avez scalé,

  • Julien Tchernia

    vraiment. On a accéléré beaucoup. Et c'est effectivement là où j'ai rencontré Jonathan. Je ne sais plus, dix jours après mon recrutement, je l'ai vu en entretien. Je l'ai recruté direct et on est partis ensemble.

  • Anne-Laure Daniel

    Et vous n'avez plus quitté finalement. Et on ne s'est plus quittés. Super. Avant Ekwateur, Lampiris, il y a eu un petit passage, chez Total ? Non,

  • Julien Tchernia

    non, non, jamais. J'étais chez l'Empiris et on a quitté l'Empiris avant que l'Empiris se fasse racheter par Total.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord, et c'est là qu'est né Ekwateur.

  • Julien Tchernia

    Et c'est là qu'est né Équateur. J'ai travaillé un peu dans le pétrole, avouons-le. D'abord, ma mère a été chez BP, donc voilà, en raffinerie de la Vera dans le sud de la France. Et moi, j'ai travaillé, j'ai fait mon stage du master dans l'énergie dans une entreprise qui était un sous-traitant des raffineries. Et donc là, j'ai visité une petite vingtaine de raffineries en Italie, en France, un peu partout.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord, un secteur industriel passionnant.

  • Julien Tchernia

    C'est passionnant, c'est pas positif pour le climat, mais pour un ingénieur, c'est merveilleux. Quel génie humain ! C'est grand et ça marche bien.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est vrai. Pour autant, vous avez envie de changer un petit peu la donne, le marché.

  • Julien Tchernia

    De toute façon, oui.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc, vous étiez un des pionniers, parce qu'à l'époque, il faut quand même remettre ça dans son contexte, les accords de Paris n'étaient même pas encore signés quand vous avez lancé Équateur. Donc, ce n'était quand même pas les sujets de tendance. Il fallait avoir une conviction chevillée au corps pour se lancer dans ce pari fou ?

  • Julien Tchernia

    Oui, bien sûr. C'était pour ça que j'avais fait le master. C'est pour ça que j'avais arrêté toute mon activité professionnelle. Et donc, j'avais envie de le faire. Et donc, je l'ai fait.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Non, mais ce n'était pas la question que ce soit le bon moment. Il fallait y aller, en fait.

  • Julien Tchernia

    Oui, c'était le bon moment parce que chez l'Empiris, justement parce qu'ils étaient en train de se faire racheter, on ne le savait pas. Mais en tous les cas, on avait senti un changement d'ambiance, un changement de vision. et donc ça ne nous allait plus et donc on a dit on va le faire tout seul. Et puis on s'est mis dans ma chambre de bonne, on a acheté un cahier, un crayon et on a démarré.

  • Anne-Laure Daniel

    Comme les belles start-up.

  • Julien Tchernia

    C'est exactement la start-up parisienne, alors là c'est ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors aujourd'hui, Équateur, c'est plus la start-up parisienne.

  • Julien Tchernia

    On a du mal à dire start-up, on ne peut plus.

  • Anne-Laure Daniel

    On ne peut plus, on ne peut plus. C'est 450 millions de chiffres d'affaires, c'est plus de 251 000 compteurs, ce sont des panneaux solaires, c'est de la mobilité électrique, de l'efficacité énergétique. Vous êtes beaucoup diversifié, c'est aussi près de 150 collaborateurs en France. Et c'est surtout une pépite du CAC 40 du futur. C'est comme ça qu'on l'appelle, le fameux DEX 40 de la Fremdtech. Le label Impact 40, encore confirmé la semaine dernière. C'est ça. Donc, vous êtes vraiment un pionnier. Et vous montrez la voie à beaucoup de startups derrière vous.

  • Julien Tchernia

    Alors, moi, ça me gêne quand on dit ça. Donc, il y a des gens qui nous jugent comme pionniers. Et tant mieux si ça a des vocations. Ça, c'est le plus important. Après, nous, on fait ce qu'on aime faire et ce qu'on a envie de faire. On le fait avec les moyens qu'on a, qu'on trouve. C'est un monde très contraint. Ça a l'air magique, vous le décrivez, mais effectivement, c'est plus contraint que ça. Et on est loin de ce qu'on voudrait faire. On est encore très loin de ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, ce n'était pas un bouton magique. Vous êtes née dans un marché qui était ultra dominé par des acteurs historiques bien en place et qui sont d'ailleurs toujours dans le décor. C'était surtout très réglementé. Et il a fallu bousculer aussi les lignes face à la réglementation. Alors comment vous avez trouvé votre place face à ces géants ?

  • Julien Tchernia

    Alors c'est effectivement toujours très très compliqué au niveau réglementaire et affaires publiques, c'est d'ailleurs maintenant presque 50% de mon temps. J'ai été formé très vite par Direct Energy, donc quand on a démarré chez Lampiris, le fournisseur alternatif de référence c'était Direct Energy, qui cartonnait et qui a été racheté depuis par Total aussi, qui définitivement fait son marché partout. Et qui avait lancé dès 2007, voire même un peu avant, à travers de Fabien Chonnet, qui est un des trois fondateurs de DirectEnergie, une activité réglementaire et d'affaires publiques très efficace. Et qui avait créé une association dans laquelle l'Empiris était. Et donc moi, j'ai commencé à siéger à cette association. Et j'ai compris en voyant Fabien travailler et Martial Houle aussi, qui était son responsable juridique. de la nécessité de s'unir, de la nécessité de travailler aussi sur ce segment-là, puisque dans le métier où j'étais précédemment, c'était complètement inutile, et de la façon de le faire. Donc vous êtes petit, vous tapez du poing sur la table et puis c'est tout, et vous vous appuyez sur les règles, les lois, et vous faites respecter les règles et les lois. Un monopole a du pouvoir, tout pouvoir tend à l'abus de pouvoir, et donc en permanence, vous avez les acteurs monopolistiques français qui font de l'abus de pouvoir, et c'est à vous. de surveiller ça et de protéger ça. Sinon, personne ne le fera à votre place.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Mais à l'époque, vous étiez peu d'acteurs. Et donc, ça devait demander beaucoup d'énergie quand même.

  • Julien Tchernia

    Ça en demande beaucoup, encore plus maintenant, avec la crise. Il y a eu un grand, grand retour en force des acteurs historiques, en particulier dans l'électricité. Et donc, depuis décembre, j'ai été élu président de l'association des fournisseurs, justement celle qui avait été créée par Fabien Cholet.

  • Anne-Laure Daniel

    L'ANODE, la fameuse ANODE.

  • Julien Tchernia

    Et donc, je parlais encore ce matin avec... des personnes qui doivent donner un rapport à la Commission européenne. Je suis auditionné par le Sénat la semaine prochaine, par la Commission de régulation de l'énergie lundi. Donc c'est un travail quotidien.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Et c'est quoi les grands sujets en ce moment ? Je imagine qu'on parle de l'AREN. Peut-être qu'il faut qu'on en parle un petit peu et préciser ce que c'est pour nos auditeurs. Mais c'est quand même un sujet sur le...

  • Julien Tchernia

    Oui, l'AREN, je vais vous préciser ce que c'est. On en parle parce que ça se termine. Donc ça se termine au 1er janvier. Donc l'AREN, c'est un système qui a été mis en place, entre autres justement par Fabien Chonet, qui a permis à tous les Français de bénéficier de la rente du nucléaire historique. Donc EDF a hérité d'un parc de production nucléaire historique qui avait été construit pendant le monopole. Donc vous l'ayez voulu ou pas, vous avez dû l'avoir. Vous avez dû le payer aussi. L'électricité a augmenté de 10-15% par an tous les ans de 1974 à 1986 pour financer ça. Donc on l'a payé. Il est amorti. c'est C'est un facteur de compétitivité. Tous les Français doivent pouvoir en profiter. Les politiques étaient d'accord avec ça. Et donc, ce système a imposé à EDF de vendre à tous les Français un prix qui était le coût de production de l'époque, 42 euros. 42 est devenu un chiffre dans notre secteur. Une partie de leur énergie.

  • Anne-Laure Daniel

    Quel que soit le fournisseur, en fait, peut changer de fournisseur et bénéficier de la rente nucléaire.

  • Julien Tchernia

    Voilà, c'est ça. Alors, historiquement, c'était 68%. Ça a diminué à 50%. 68% de l'énergie que vous aviez était payée au prix coûtant. Et puis ensuite, 50%. C'est un système qu'évidemment, EDF a décrié autant que faire se peut, puisque leur métier, c'est de produire. Ils n'avaient pas envie de vendre à prix coûtant. C'est normal, c'est leur métier. Donc, ils ont beaucoup, beaucoup hurlé contre. Et donc, ils ont réussi à le faire supprimer. Et maintenant la question c'est qu'est-ce qu'il y a après ? Aujourd'hui il n'y a rien après. Et donc je vous annonce qu'après, s'il y a une nouvelle crise d'énergie, c'est game over pour les Français. C'est-à-dire que EDF a fait quand même plus de 10 milliards de bénéfices en 2023 et 14 en 2024. Donc quand on laisse la possibilité aux producteurs de vendre au prix qu'ils veulent, évidemment ils gagnent beaucoup d'argent. Et c'est au détriment des consommateurs tout simplement. Et nous ça fait partie des batailles qu'on mène cette année à l'anode.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc vous arrivez avec vos propositions concrètes.

  • Julien Tchernia

    Qu'est-ce qu'on peut faire à la place ? Nous, on pense qu'on devrait continuer à distribuer cette rente nucléaire pour le nucléaire historique, pas pour le nouveau nucléaire. Le nouveau nucléaire est un choix d'une entreprise privée d'investir dans un certain type de moyens de production. Ça a eu les bénéfices. Ultra coûteux pour l'instant. Ils promettent que ce sera beaucoup moins cher dans 70 ans. Donc on verra. Mais pour l'instant, c'est effectivement ultra coûteux. En attendant, le nucléaire historique, lui, il devrait être mis quelque part comme... Une espèce de service public de l'électricité avec un prix réglementé vers le haut et vers le bas. Parce que l'arène avait des défauts, en particulier l'optionalité. Ça, ce n'était pas très juste par rapport au producteur. On pouvait choisir de ne pas l'acheter si on trouvait moins cher ailleurs.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, quand le marché était moins cher, du coup, EDF se retrouvait avec son nucléaire un peu plus cher que le marché.

  • Julien Tchernia

    C'est ça. Et donc, ils vendaient moins cher puisque c'était la même énergie, mais qu'ils vendaient sur les marchés.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc ça, j'ai bien compris que ça vous occupait beaucoup. Pour autant, vous êtes quand même toujours président d'Equateur. Oui. Ça doit aussi vous occuper encore beaucoup ? Oui. Bon. Je vous propose qu'on revienne un petit peu quand même sur votre histoire, sur comment s'est fait Équateur, quelles ont été les grandes phases de son histoire. Quand on est un jeune fournisseur, on a besoin de financement pour se lancer. C'est un métier qui est très demandeur de financement. C'est un métier qui se finance bien d'être fournisseur d'énergie ou c'est une difficulté quand on est une jeune pousse ?

  • Julien Tchernia

    Je ne sais pas comment se financent les autres, mais je n'ai jamais trouvé que c'était facile de financer Équateur. Jamais, jamais, jamais. On a toujours cru que ça allait l'être. En fait, avant de se lancer, on a discuté avec plein de gens qui ont dit « Mais c'est génial, mais moi je serais le premier à te mettre de l'argent ! » Bon, ils ne nous ont jamais mis d'argent, ces gens-là. Donc nous, on a d'abord démarré sur notre argent à nous, puisqu'on a mis toutes nos économies chacun, Jonathan et moi, 250 000 euros chacun, pour démarrer la boîte. Et puis avec la certitude qu'il faudrait lever des fonds. On s'est retrouvés, ça c'était en septembre 2015, en juillet 2016, on n'avait plus beaucoup d'argent, on n'avait toujours pas lancé le service, on devait le lancer en septembre. Il y a une banque qui a bien voulu nous prêter plus de 100 ou 200 000 euros. Ensuite, on a fait une levée de fonds participative, la première, où on a levé des obligations, qui nous a permis de tenir jusqu'en décembre, où là, on a réussi à boucler notre première levée de fonds de 2 millions d'euros. Et ça,

  • Anne-Laure Daniel

    c'était pour financer le développement de votre plateforme, parce que vous êtes un acteur du digital.

  • Julien Tchernia

    Oui, donc il y a deux choses à faire. Il y a trois choses. Je vais le refaire en deux choses, et puis après, je vais faire des sous-choses, parce que je suis quand même ingénieur. Donc, il y a deux choses. Il y a un, financer l'activité. Et donc là, les deux sous-choses, c'est difficile à prononcer. C'est un, la plateforme digitale et deux, l'acquisition. Il faut faire connaître sa marque. On est sur un produit qui est le même pour tous. Donc, la différence, c'est la marque. Et donc, ça, ça coûte de l'argent, évidemment. Et en parallèle, vous avez besoin de mobiliser beaucoup d'argent pour racheter l'énergie. Tout simplement, quand vous allez voir un producteur international en disant super. J'ai créé un fournisseur, je voudrais t'acheter du gaz. Je me souviens, j'étais allé voir les fournisseurs de l'Empiris. Ils m'avaient invité dans des restos géniaux. Là, ils avaient dit, bon, mais quand tu seras un peu plus grand, on s'occupera de toi. Mais de toute façon, là, on n'aurait pas le droit de te vendre parce que tu n'es pas assez solide financièrement. Et donc, on est obligé de donner des garanties financières. Et donc, plus on grandit, plus on achète de l'énergie, plus on achète de l'énergie, plus on est obligé de mettre des garanties financières. C'est-à-dire que la banque vous demande de bloquer du cash. et en plus considère ça comme de l'endettement. Donc vous êtes obligé de faire des levées de frais. Double peine. Et puis finalement, nous, on a fini par trouver des solutions avec d'autres fournisseurs où ils prennent leur sécurité sur nos factures, etc. Mais voilà, il a fallu jongler et il faut encore jongler tout le temps.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Donc, quand on est jeune, c'est des enjeux financiers monumentaux.

  • Julien Tchernia

    Oui. Et ce qui est intéressant, c'est qu'on ne s'y attendait pas du tout. Un peu naïf, peut-être. Et donc, on a démarré, bim, bim, on a eu la licence, on a commencé la plateforme. Et puis...

  • Anne-Laure Daniel

    C'était bien parce que peut-être que vous ne seriez jamais allé sinon.

  • Julien Tchernia

    Je pense qu'on ne serait jamais allé sinon. On aurait fait différemment dès le début.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était peut-être pour le meilleur.

  • Julien Tchernia

    Bye bye Oui, non, non, c'est toujours pour le meilleur. C'est toujours pour le meilleur. Dans les financements qui sont très difficiles, toutes les levées de fonds étaient difficiles. Je ne sais pas si vous avez prévu d'en parler, mais on a raté une IPO. C'était a posteriori pour le meilleur. Sur le coût ? Non, pas pour le meilleur.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, pour rebondir.

  • Julien Tchernia

    Beaucoup de travail. Mais si on avait réussi, on aurait lancé la croissance à tout va, sans chercher la rentabilité. Or, c'était vers 2021, mi-2021, donc en juin 2021. Et donc là, vous aviez le prix du gaz qui commençait à augmenter, et puis ensuite le prix de l'élec. Et puis ensuite, nous, on a vu la crise dès octobre 2021, qui a empiré ensuite en 2022, avec la corrosion sous contrainte qui arrivait en décembre 2021 et qui arrivait partout pour les centrales françaises. Et donc, heureusement... Comme on avait raté l'IPO, avec le board, on avait dit, bon ben, on arrête cette croissance à tout va, on se concentre sur la croissance rentable. Et puis, tant pis, on ne sera pas aussi gros que ce qu'on voulait, mais on sera rentable.

  • Anne-Laure Daniel

    On ne sera pas EDF demain, mais en fait, on le fait bien.

  • Julien Tchernia

    On le fait bien et comme ça, on est plus indépendant. Puis surtout, finalement, il faut comprendre le message du marché. Pourquoi ils n'ont pas voulu investir ? On s'est dit, c'est parce que ça, ils ne trouvaient pas assez rentable, donc on va le faire. Et grâce à ça, on est parti sur une politique très prudente dès juillet 2021. qui nous a bien aidé à passer mieux la crise que nos concurrents. D'ailleurs, depuis, on en a racheté deux. Donc voilà, on a fait le bon pari à ce moment-là.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc la contrainte a été finalement un succès.

  • Julien Tchernia

    Tout vient à point pour qui sait attendre.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, dans les points de développement d'Equateur, vous avez quand même parlé du marché. Il faut aller chercher ses clients. L'achat d'énergie en ligne, ce n'était quand même pas monnaie courante à l'époque. Il a fallu quand même pousser les lignes, vraiment changer les mentalités. Comment vous avez réussi ce pari fou ?

  • Julien Tchernia

    Je ne sais pas si on l'a réussi, en tous les cas c'est très difficile. Et la chose spécifique qu'on a fait avec Equateur sur le commerce, c'est que j'ai constaté que mes concurrents, avant qu'on arrive sur le marché, ils ne faisaient qu'une chose, c'est qu'ils vendaient équivalence de service pour moins cher. C'était ça leur credo. En quelques minutes, vous allez changer, c'est la même énergie, il y aura une coupe, et vous ferez 4% d'économie, 5%. Donc pas grand-chose en fait. 5 euros par mois, 10 euros par mois. Heureusement encore pour nous en France. Il y a beaucoup de gens pour qui ça ne représente pas grand-chose. Pour ceux pour qui c'est important, tant mieux, et ils en ont profité. Et nous, on s'est dit, mais le sujet, il est ailleurs. En fait, ça doit être un sujet d'adhésion de marques et de valeurs. Aujourd'hui, les marques, ce sont des valeurs. De toute façon, moi, j'avais mes valeurs qui étaient les miennes que je portais depuis que j'ai fait le master. Et donc, on a développé la société autour de ça. Un, les valeurs. Et deux, l'innovation. Parce que l'innovation, ça permet, ça intéresse les journalistes, qui ensuite parlent de vous. Et ça, c'est beaucoup moins cher que de faire de la pub dans le métro ou de la pub sur Google, qui est quand même aussi excessivement cher. Et donc, c'est comme ça qu'on a réussi à faire connaître le nom, parce que vous n'allez pas changer de fournisseur d'énergie si vous ne connaissez pas le nom, même s'il n'y a aucun risque. Et faites-le, choisissez votre fournisseur en fonction des critères qui vous plaît.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était l'instant pub !

  • Julien Tchernia

    Voilà, même si vous ne connaissez pas le fournisseur, prenez-en un sur les critères qui vous plaît. Mais c'est sûr que l'énergie étant tellement importante chez nous, Pour chacun, en fait, qu'on a envie de connaître le nom avant de prendre la boîte qui vient de se créer il y a deux semaines.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, puis il n'y a pas que le nom, il y a la finalité chez vous aussi. Il y a le nom,

  • Julien Tchernia

    il y a la finalité, les valeurs. Au début, c'est assez marrant. On a eu plus de clients parce qu'on était une startup qui cartonnait que parce qu'on était vert.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était l'attrait de la nouveauté. Oui,

  • Julien Tchernia

    l'attrait de la nouveauté, l'attrait du succès. Le succès entraîne le succès. Le vert, c'est arrivé plutôt en 2018-2019, où là, c'est devenu un sujet qui est important. Avant, c'était un moyen de fidéliser, mais c'était rarement la première raison pour laquelle les clients venaient chez nous.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Et qu'est-ce qui fait que ça a basculé du coup comme un enjeu ?

  • Julien Tchernia

    2018-2019, il y a eu une prise de conscience, je pense, mondiale, petit à petit. Je ne me souviens plus exactement ce qu'il y a eu. Il y a dû y avoir la COP à Paris, puis il y a dû y avoir...

  • Anne-Laure Daniel

    Les COP qui commencent à se répéter.

  • Julien Tchernia

    Ça se répétait.

  • Anne-Laure Daniel

    Les rapports du GIEC.

  • Julien Tchernia

    Premier rapport du GIEC qui devait dater d'avant, mais il y a dû y avoir des méga-incendies, des choses comme ça. enfin il y a une prise de conscience Vers cette date-là, il faudrait que je vérifie effectivement ce qui s'était passé exactement en 2018. Mais on a bien senti le changement, où les gens ont commencé à s'intéresser aux renouvelables.

  • Anne-Laure Daniel

    Et à comprendre du coup, c'est quoi le renouvelable ? Parce que le renouvelable, pour ceux qui ne connaissent pas forcément bien, on peut trouver du renouvelable qu'on fait venir du Brésil, ou on peut avoir du renouvelable local. Vous êtes plutôt sur un renouvelable local. Et ça fait aussi partie de vos promesses, d'ailleurs, c'est le régional.

  • Julien Tchernia

    Tout à fait. On ne peut pas trouver du renouvelable qui vient du Brésil en France ? Donc le renouvelable déjà, c'est une réalité et c'est compliqué à vendre parce que l'énergie qui va arriver dans votre prise, ce sera la même, quel que soit votre fournisseur. Puisqu'il n'y a qu'un seul réseau, tous les électrons se mélangent. Pareil pour le gaz, on vend du biométhane, la molécule de méthane, elle ne se reconnaît pas et elles ne sont pas traçables. Donc à partir de là, ce que vous devez utiliser, c'est ce qu'on appelle une garantie d'origine, qui est un certificat de traçabilité européen. c'est pour ça que je dis que le Brésil c'est pas possible et qui va garantir que effectivement il y a un volume d'énergie renouvelable qui a bien été injecté sur le réseau et qu'il n'est compté que pour vous. C'est-à-dire qu'on achète cette garantie d'origine et ensuite on va l'annuler sur un registre. On peut aller jusqu'en Islande, mais alors nous on s'y refuse parce que justement il n'y a pas d'interconnexion entre l'Islande et l'Europe. Par contre, on a une première offre qui est la moins chère où on dit, nous on va chercher l'énergie la moins chère d'Europe et si c'est norvégien, c'est norvégien. Et finalement, Et puis, ce qu'on fait, c'est une offre premium où là, on change un peu l'état d'esprit. On dit non, non, mais là, vous, ce que vous voulez, c'est pas seulement acheter des renouvelables, c'est avancer sur la transition énergétique et aider à. Et donc là, on choisit des petites centrales de production en France qu'on va flécher. Et puis, les gens choisissent sur une carte et puis cliquent et ils aiment bien.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ça, ils comprennent maintenant. Le consommateur est vraiment alerte sur ces choses-là.

  • Julien Tchernia

    Alors, il manque encore un point qu'on a commencé à faire, puis on a arrêté. Ça ne marche pas encore très bien, qui est le 24-7. Parce qu'évidemment, quand vous achetez un parc solaire, Dans les Bouches-du-Rhône, vous vous doutez bien que la nuit, ce n'est pas lui qui vous fournit. Et donc, en fait, ce qu'on fait, c'est qu'on en achète plus la journée pour compenser la nuit. Et on aimerait qu'il y ait quelque chose qui se voit là. Et que quelqu'un puisse dire à son voisin, non, non, mais en ce moment, je t'assure, c'est mon parc éolien. Il y a bien du vent là-bas. ou bien, non mais hier il y en avait beaucoup et là on a pris de l'avance.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc là, c'est de la gestion de réseaux ultra diffus qui va certainement devenir un peu l'avenir des réseaux énergétiques. C'est une des visions que vous défendez ?

  • Julien Tchernia

    Oui, c'est une des visions qu'on défend. On avait commencé un projet avec une cité qui s'appelle Powerledger australienne, qui fait toujours d'ailleurs un système de blockchain qui permet, quart d'heure par quart d'heure, de voir ce qui a été produit, ce qui a été consommé. Et ça permet même à terme, ça permettra à nos clients qui ont des panneaux, de prendre leur surplus et de le revendre à leurs voisins. Ou de l'offrir à leurs enfants qui font leurs études à Paris, par exemple. Et donc ça, on l'a mis en œuvre, mais aujourd'hui, c'est encore embryonnaire. Ça ne marche pas assez vite, à mon goût. Ce n'est pas du temps réel et c'est un peu cher encore. D'accord. Même si c'est trop cher. Et donc, je suis désolé, c'est trop cher. Et donc, on a arrêté, mais on était prêt techniquement. Enfin, prêt techniquement, non, parce que ce n'était pas aussi temps réel qu'on voulait. Mais en tous les cas, ça fonctionnait. C'était encore un peu cher. et je pense que ça reviendra vers là. Oui, bien sûr.

  • Anne-Laure Daniel

    Pour développer, c'est un nouvel acteur comme ça, on a besoin de nouveaux métiers. Comment on trouve les talents ? Comment on va chercher les bonnes compétences sur un marché qui est en train de se créer, où on n'a pas encore tous les ingénieurs, toutes les ressources marketing qui connaissent ces ressorts de vente, etc.

  • Julien Tchernia

    Comment on s'entend ? Alors, le marché de la fourniture, il existe quand même depuis longtemps.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, mais il était en pleine transformation à cette époque-là.

  • Julien Tchernia

    Moi, j'ai eu la chance de travailler dans une boîte qui s'appelait Altran. qui a été revendu depuis de 1998, puisque j'étais en Belgique, de 1998 à 2007. Et à partir de 2000, j'étais responsable d'équipe et je faisais mes recrutements moi-même. C'était 10 entretiens par semaine pendant 6 ans. Et j'ai dû recruter, je ne sais pas, aucune idée, 200, 500 personnes, je n'ai aucune idée. Et on a recruté deux par mois, si vous pouvez faire le calcul. Et on apprend beaucoup à comprendre le mieux les personnes qu'on a en face de soi en une heure. C'est très compliqué, c'est un exercice épuisant, entre autres, quand c'est bien fait. Et ça évite de se tromper, ça c'est la première chose. Et deuxièmement, on a été sévère dès le début, et chez Equator, une période d'essai, c'est une période d'essai. Et donc si ça ne passe pas, ça ne passe pas. Et on s'arrête et on ne continue pas. Par opposition à toutes les boîtes du CAC 40 dans lesquelles j'avais bossé quand j'étais plus jeune, où une fois qu'on rentrait, on rentrait, j'avais jamais vu une période d'essai se terminer. Nous, on en a fermé beaucoup. Mais je vous confirme que... au début, pour recruter les premiers informaticiens pour développer la plateforme, on a utilisé un petit truc. C'est-à-dire que les gens pensent, les jeunes en particulier, qu'une start-up, c'est Google, qui a des poufs de toutes les couleurs partout. Des baby-foods, des soirées pizza. Et nous, on n'avait pas ça. Puisqu'on avait ma chambre de bonne, au début même, on se réunissait dans des salles à droite à gauche. Et puis, on avait une petite salle à l'incubateur qui devait faire à peu près la taille de cette table. Et donc, on s'est dit, ça ne passera pas. Et on a souloué des bureaux à une banque d'affaires, Place de l'Opéra.

  • Anne-Laure Daniel

    Ah,

  • Julien Tchernia

    le chat des cultures ! Ils nous ont souloué un bureau et une belle salle de réunion. Et quand les gens arrivaient, ils arrivaient dans la banque d'affaires. Et donc, ils voyaient, succès, succès, succès, succès, succès, succès. Et puis après, ils montaient, puis on les recevait là. Et donc, ça mettait un état d'esprit positif.

  • Anne-Laure Daniel

    L'ambition. Au moins, ça marquait l'ambition d'entreprise.

  • Julien Tchernia

    Ça marquait une boîte solide. Et puis ensuite, on a loué des petits bureaux beaucoup moins sexy à côté de Notre-Dame de Lorette. Et on a passé le week-end avec tous les employés à monter les meubles Ikea.

  • Anne-Laure Daniel

    Ça, ça crée aussi une culture d'entreprise forte. Ça crée une culture d'entreprise,

  • Julien Tchernia

    effectivement.

  • Anne-Laure Daniel

    Et cette culture startup, vous avez réussi à la garder en grandissant ?

  • Julien Tchernia

    À moins, je trouve. Oui, c'est ça. C'est difficile, c'est des questions qu'on se pose tout le temps avec mon associé. Et c'est très compliqué. C'est très compliqué, je la trouve moins qu'avant. Par contre, il y a quelques piliers qui se battent avec nous pour la créer, la recréer. Et puis, on s'est tapé le Covid. Ensuite, on s'est tapé l'IPO qui a raté. Ensuite, on s'est tapé la plus grosse crise de l'énergie depuis 1974. Et donc, ça fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de coups dans la figure. Et donc, ça crée des gens très solides, mais un peu plus protégés dans leur coquille que courant devant. Il faut retrouver de l'élan et de la liberté et de l'envie d'entreprendre. Parce qu'on était sous l'orage pendant quatre ans. C'était compliqué, ce secteur.

  • Anne-Laure Daniel

    Et le binôme de fondateur, comment il tient bon dans la tempête ?

  • Julien Tchernia

    Il fait ce qu'il peut, le binôme. Il fait ce qu'il peut, on travaille ensemble depuis 13 ans. On a eu une règle implicite, c'est qu'on n'est pas amis. Je n'ai jamais dîné chez lui, il n'a jamais dîné chez moi. Et donc ça permet de s'engueuler.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est bien, c'est sain. Au moins on en est. Oui, oui. Vous allez jusqu'au bout de vos engagements. Votre entreprise est certifiée Bicorp. Vous êtes entreprise à mission depuis...

  • Julien Tchernia

    2021.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est ça. Qu'est-ce que ça change ? En fait, parce que vous étiez déjà très engagé, j'imagine très aligné dans votre façon de gérer votre entreprise. Qu'est-ce que ça change de se faire certifier, de devenir vraiment... entreprise à mission, Bicorp ?

  • Julien Tchernia

    C'est simplement une preuve d'une réalité. Bicorp, par exemple, ça a été l'initiative de notre responsable communication et valeurs de l'époque, qui a dit, mais ça me paraît important, moi j'ai dit, ouh, ça sert à rien. Elle m'a dit, non mais je vais le faire, je lui ai dit, bah fais-le, écoute, très bien. Elle l'a fait, on n'a rien eu à changer pour être Bicorp. Mais non. Très très peu.

  • Anne-Laure Daniel

    Je ne sais pas si nos auditeurs ont tenté une certification Bicorp, c'est quand même très rare, c'est très exigeant la certification Bicorp. Pour l'avoir tenté dans une autre entreprise avant d'être...

  • Julien Tchernia

    Et là, on a été renouvelés. Et donc, c'est aussi très compliqué d'être renouvelés, surtout qu'on n'a plus la même taille et qu'avant, on avait des points d'avance parce qu'on était petits. Oui, j'imagine. Et donc là, on les a perdus les points d'avance. Et là, il y a eu plus de travail à faire.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord.

  • Julien Tchernia

    Par contre, voilà, c'était nos valeurs. Et donc, comme on dit Cyrano, je l'ai tant et tant répété dans ma tête, cette lettre, qu'il suffit de mettre mon âme à côté du papier pour pouvoir la recopier. C'est ça qu'on a fait pour être Bicamp. Et entreprise à mission, ça allait de soi. On rentrait en bourse potentiellement, on ne l'a pas fait, et on ne voulait pas qu'il soit possible de changer l'état d'esprit de la boîte quand on ne maîtriserait plus les actionnaires.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était une façon de sécuriser votre modèle ?

  • Julien Tchernia

    C'était une façon de sécuriser le modèle.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Et aujourd'hui, ça change dans le leadership, dans la façon dont vous recrutez ? Ou en tout cas, c'est un fil rouge ?

  • Julien Tchernia

    Non, parce que l'écologie chez nous, les gens ne viennent pas nécessairement parce qu'ils sont écolos, mais souvent ils le deviennent. Et après, il y a des angoisses. D'ailleurs, une période où on faisait des formations parce que les gens...

  • Anne-Laure Daniel

    Des co-anxiétés ?

  • Julien Tchernia

    Oui, parce que les gens se rendaient compte de le tsunami qui nous attend. Et ils commençaient à faire un peu des co-anxiétés. Et donc, voilà, chez Équateur, manger un kebab au milieu de la cantine, ce n'est pas simple. Il n'y avait pas de sectaire.

  • Anne-Laure Daniel

    Le coca au déjeuner ne passe pas...

  • Julien Tchernia

    Le coca, ça va, mais beaucoup de viande, etc. Cela dit, on mange beaucoup de viennoiserie, je trouve. Mais non, beaucoup de démarches ont été créées par les employés même, récupéré... Les premiers traits de déchets, de mettre des fontaines à eau, de récupérer le mar de café, de distribuer des tupperware pour que quand les gens prennent à emporter, ils ne prennent pas dans des petits sacs en plastique. On a été labellisé à vélo, donc une boîte qui met en avant le vélo. Tout ça, c'est l'état d'esprit qu'on a avec Jonathan. Ce qu'il faut, c'est laisser l'espace aux gens de trouver les idées, parce qu'à deux, vous n'avez pas toutes les idées. Et puis, à mettre en œuvre ensuite, c'est toujours agréable. Et ça, ça crée un état d'esprit qui fait que dès que les gens rentrent, donc il y a ceux qui rentrent parce qu'ils cherchaient une entreprise à mission en plus du métier, et puis ceux qui voulaient juste le métier et qui petit à petit se font emporter dans le flot.

  • Anne-Laure Daniel

    Ça ne crée pas un côté communautaire qui pourrait...

  • Julien Tchernia

    gêné à l'intégration ?

  • Anne-Laure Daniel

    Récemment, on a eu des employés qui sont venus me voir et qui m'ont dit « Oui, non, on trouve que ça baisse un peu. Et il faudrait recruter que des gens qui sont convaincus. » Alors là, je me suis fâché.

  • Julien Tchernia

    Comment on sait qu'ils sont convaincus ?

  • Anne-Laure Daniel

    Mais non, mais c'est même pas ça. C'est justement pas ça notre métier. Nous, on est des prosélites. Moi, je suis pas là pour vendre à des gens qui sont déjà convaincus. Ils sont déjà convaincus, ben très bien. Mon métier, c'est d'aller convaincre des gens qui ne sont pas convaincus. Et les employés aussi. Et donc, c'est à nous de refaire le travail. et on s'est rendu compte qu'il y avait... On faisait des apéros de l'écolo, donc il y avait des quiz sur l'écologie, etc. qui avaient disparu parce que la personne qui les avait inventés était partie faire de la permaculture en creuse. Et bonjour Rémi. Et donc là, on a repris ça. On s'est dit, tiens, en fait, non, ce n'est pas nous, direction. C'est là où je dis, ça perd un petit peu la startup. Ah, vous, la direction. Non, non, c'est toujours vous. Ça te plaisait, ça n'existe plus. Fais-le. Et ça a marché. Ils ont très bien compris. Ils ont relancé. Il y en a un demain soir. Et donc voilà, ça, ça fait partie des méthodes, on va dire.

  • Julien Tchernia

    Super. Alors, au-delà de la fourniture, vous êtes aussi beaucoup diversifié. Donc, ça aussi, ça a dû beaucoup bouger votre activité. Qu'est-ce qui vous a amené à décider de cette diversification d'activité ? Pourquoi ? Parce que c'est quand même des métiers différents. Quand on va aller poser des panneaux, quand on va installer des bornes électriques, on n'est plus dans les métiers de la fourniture et du service pur. Comment on fait le switch ?

  • Anne-Laure Daniel

    En fait, si, on s'est débrouillé pour que ça reste le même métier. Tout simplement, nous, on est des commerçants. Ce n'est pas nous qui produisons, ce n'est pas nous qui transportons le réseau. nous tout ce qu'on fait, entre guillemets, c'est d'acheter à des gens de l'électricité et du gaz et de le revendre à d'autres personnes en choisissant nos produits, comme n'importe quel commerçant qui vendrait des tomates. Et donc, acheter des panneaux solaires, les faire livrer et installer, nous, c'est ce qu'on fait. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce n'est pas encore nous. Peut-être que ça viendra, mais pour l'instant, ce n'est pas nous qui les installons. On a notre réseau, entre guillemets, d'installateurs, de confiance. Ce n'est même pas un réseau à nous, c'est des partenaires qu'on a sélectionnés. On va récupérer des clients qui ont envie de ça, parce qu'ils sont chez Equateur aussi pour ça. et puis surtout parce que c'est moins cher. Parce qu'à la fin, dans l'esprit, par contre, dans le métier d'équateur, un panneau solaire, par exemple, c'est de l'énergie électrique prépayée. Vous nous payez tout de suite 20 ans d'électricité que vous allez avoir gratuitement ensuite. Et donc, c'est pareil. Donc, on vend de l'énergie renouvelable, en fait, sous une autre forme. C'est ça qui est nouveau. En fait, ce n'est pas le métier qui est nouveau, c'est la vision qui est nouvelle. Et pourquoi nous, on l'a fait et que les autres ne l'ont pas fait ? Et donc, ça a l'air d'être une innovation parce que les autres sont producteurs. Le principal métier de nos gros concurrents, c'est la production. Ils gagnent de l'argent sur la production. Donc évidemment, chaque fois que quelqu'un installe un panneau solaire chez lui, il se crée de la concurrence. Et donc, ce n'est pas leur intérêt économique, tout simplement. Nous, en n'étant que commerçants et pas producteurs, qui fait partie des valeurs fortes d'Équateur, on évite ce conflit d'intérêts-là. Et donc, c'est notre intérêt d'aller vendre de l'énergie sous forme de panneau solaire et puis aussi de transférer les usages. Évidemment, quand vous passez du fuel à la pompe à chaleur, vous êtes obligé d'acheter de l'électricité. Vous ne pouvez plus acheter de fuel, donc là, c'est aussi notre intérêt.

  • Julien Tchernia

    Ok. Le renouvelable, c'est infini, on peut en développer à l'infini ?

  • Anne-Laure Daniel

    On peut en développer beaucoup plus que ce dont on a besoin dans le monde entier. Par contre, la technologie, qui aujourd'hui est très intéressante, ne permet pas encore de tout faire. Qu'est-ce que je veux dire par là ? D'abord, on reçoit assez d'énergie solaire sur la Terre pour faire, je ne sais plus combien, j'avais le chiffre en tête avant, mais je ne sais plus si c'est 50 ou 500 fois ce qu'on consomme tous les ans. On est vraiment largement, largement tranquille. Deuxièmement, aujourd'hui, le renouvelable cartonne parce que c'est le moyen le moins cher de produire de l'électricité. Donc, il faut bien le comprendre. Historiquement, c'était vendu pour la transition énergétique. Aujourd'hui, c'est déployé et installé par des boîtes comme Total Echelle.

  • Julien Tchernia

    Pour des raisons économiques.

  • Anne-Laure Daniel

    Qui disent que c'est pour la transition et qui n'oublient, c'est certain. pas que c'est surtout le moyen de production le moins cher. Vous avez eu ce week-end un prix spot, donc le prix de l'électricité sur les marchés heure par heure. Dimanche, il était négatif sur la journée. C'est-à-dire qu'en moyenne, le prix était à moins 5 euros en France. Et ça,

  • Julien Tchernia

    on le voit de plus en plus.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ça, on le voit de plus en plus. Pourquoi ? Parce qu'une fois que vous avez installé votre panneau, et donc on va dire payer votre abonnement, c'est un coût fixe, en fait, il y a trop d'énergie maintenant. Et donc, vous pouvez consommer tout ce que vous voulez, ça ne coûte pas plus cher. Il y aura une limite, mais on n'y est pas. C'est comme les réseaux télécoms. Avant, on payait la minute, on payait le kilobit. Maintenant, une fibre permet tellement de transfert de data qu'une fois qu'on a payé la fibre, on ne s'embête plus à limiter les gens sur leur conso. Ça, c'est l'ambition, c'est l'objectif, c'est là où on va. Et il y a de quoi y aller. Ce qui manque encore, c'est la pilotabilité. qui est effectivement le talon d'Achille aujourd'hui du système, puisqu'on est habitué à un système qui est uniquement piloté par la production. La production s'adapte complètement aux demandes de la consommation, et puis c'est tout. Et maintenant, il faut mixer sur quelque chose qui va s'adapter, une consommation qui va s'adapter à la production. Et donc là, par exemple, la discussion que j'ai avec la commission de régulation de l'énergie la semaine prochaine, c'est comment on change la tarification en pleine heure creuse pour pousser les gens à consommer plus à midi que le soir, par exemple, l'été seulement. pas l'hiver. Et puis, c'est aussi des systèmes technologiques de stockage qui ne sont pas encore aussi au point que les panneaux solaires ou les éoliennes. Ils sont au point, mais ils ne sont pas encore aussi de taille suffisante.

  • Julien Tchernia

    Ils ne sont pas les capacités suffisantes, ils ne sont pas assez nombreux.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ils sont un peu chers encore. Mais ça aussi, c'est une technologie qui avance. Si on a ça, plus encore un mix de nucléaire, moi je pense qu'il ne faut pas supprimer le nucléaire, c'est de la très bonne énergie de base, elle est décarbonée. Elle marche encore pour 50-60 ans, on ne va pas arrêter. Je suis beaucoup plus circonspect avec l'idée de construire des nouveaux EPR, parce que là, je pense que c'est trop cher, et que la demande ne va pas suivre, et que donc, ça va nous coûter très très cher. Mais sur ce qui existe, très bien. Tant qu'il y a de l'uranium, il y a de l'uranium. Parce qu'il ne faut pas oublier que le nucléaire n'est pas renouvelable, simplement parce que l'uranium n'est pas renouvelable. L'uranium, on va le chercher à l'étranger.

  • Julien Tchernia

    Non, c'est décarboné.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est décarboné et pas renouvelable. On parle d'indépendance énergétique par rapport au nucléaire. Non, c'est une indépendance énergétique. Par rapport aux fossiles, on n'a plus d'uranium en France, ça baissine sur Gartan en plein milieu et vide. Donc, il faut aller le chercher dans différents pays. Ça peut créer un problème un jour. Évidemment, on a du stock, c'est facile à stocker, c'est peu volumineux à stocker par rapport à l'énergie que ça produit. Alors que le panneau solaire, une fois qu'il est installé...

  • Julien Tchernia

    On est propriétaire de notre soleil, là.

  • Anne-Laure Daniel

    On est propriétaire du soleil.

  • Julien Tchernia

    Et de notre vent.

  • Anne-Laure Daniel

    Voilà.

  • Julien Tchernia

    Et de notre vent. Après, ils ont quand même des impacts, ta fabrication de ces panneaux solaires, de ces éoliennes. ça doit cohabiter quand même avec les efforts de sobriété ?

  • Anne-Laure Daniel

    Bien sûr ! Il n'y a pas d'énergie qui ne pollue pas quelque part. Ça pollue moins en réalité, effectivement. C'est beaucoup plus simple dans le marketing de dire c'est propre. Non, c'est plus propre. Et plus propre au niveau du CO2. Plus propre aussi au niveau des déchets radioactifs. Un peu moins propre au niveau des mines, parce que les mines de terre rares polluent plus que les mines d'uranium. Et donc, bon an, mal an, c'est plus propre. Mais ce n'est pas parfait, bien sûr. La perfection, ce sera quoi ? Peut-être un jour la fusion froide, je ne sais pas.

  • Julien Tchernia

    On continue quand même encore à faire attention à ce qu'on consomme, quoi qu'il arrive.

  • Anne-Laure Daniel

    Il faut faire attention. Et maintenant, il faut faire attention quand on consomme. Faites vos machines à laver à midi, pas le soir, s'il vous plaît.

  • Julien Tchernia

    Ça, c'est fou que ce soit pas encore programmé.

  • Anne-Laure Daniel

    Eh bien, c'est fou que ce soit pas encore programmé. On est d'accord, on est d'accord.

  • Julien Tchernia

    Bon, prochaine diversification. Alors, en ce moment, le contexte géopolitique, il est quand même compliqué quand on parle de transition énergétique. C'est quand même chahuté. On se rend compte que ça tend même à être légué presque au second plan, que c'est de moins en moins la priorité de nos dirigeants. Est-ce que vous le constatez aussi sur le terrain ? Est-ce qu'il faut faire face à la vague, mais ça va passer ? Ou est-ce que vous pensez qu'il y a un vrai délitement de la prise de conscience climatique ?

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, un délitement de la prise de conscience climatique, oui. Ça, c'est probable. En tous les cas, ça peut s'analyser comme ça. C'est très, très dur d'accepter que tout ce qu'on a fait avant, c'était de la connerie. Surtout si on est un boomer et qu'on est quand même complètement responsable. Et de se dire, merde, en fait, j'aurais pas dû. Merde, j'ai fait une bêtise. C'est très, très compliqué. Et donc, on peut comprendre qu'il y a une réticence. En plus, ça fait tellement peur parce qu'on se sent incapable d'agir ou d'agir à une échelle massive qu'on préfère dire que ça n'existe pas. C'est très, très rassurant. Je comprends tout à fait la psychologie derrière tout ça. La bonne nouvelle sur l'électricité, c'est que le renouvelable a gagné. Il est juste tellement moins cher que c'est mort. Le fossile coûte encore un peu moins cher pour l'instant. Mais pourquoi ? Parce que les Américains, Trump en fait, les Américains au sens USA, artificiellement produisent beaucoup et font baisser les cours. Parce que c'est leur intérêt et que c'est le premier producteur mondial de produits fossiles. Et donc évidemment, ils préfèrent vendre ça, ça fait de l'argent tout de suite. Ça détruit les sols, le cracking pour le gaz de schiste. Et de toute façon, ça ne les empêche pas aujourd'hui de continuer à déployer du renouvelable. Parce que c'est beaucoup moins cher. Et quand on voit le nombre de sociétés qui bossent sur le stockage, on se dit que là aussi, la technologie va finir par apporter une solution. Est-ce que ce sera assez rapide ? Est-ce qu'on finira tous comme dans Mad Max 2 ? Je ne sais pas. Ce qui compte, c'est que chacun fasse le max de ce qu'il peut faire. Moi, c'est tout ce que je demande. Dites-vous, tiens, moi j'ai fait ça. Alors, par exemple, moi j'ai fait Équateur, je ne peux pas faire mieux. Moi, je ne suis pas... C'est déjà pas mal. C'est déjà pas mal. Je ne sais pas si ce sera suffisant ou pas. Mais j'aurais fait ce que j'ai pu.

  • Julien Tchernia

    Que chacun mette sa pierre à l'édifice.

  • Anne-Laure Daniel

    Chaque kilo de CO2 évité vaut la peine. Et puis adaptez-vous un peu, ça va se réchauffer, ça c'est sûr, parce que même si on arrêtait tout de suite les émissions de CO2, comme le CO2 reste un siècle dans l'atmosphère, on est sur une tendance où ça va continuer à chauffer.

  • Julien Tchernia

    L'accumulation va continuer, c'est vrai. Alors il n'y a pas que l'énergie à notre émission écologique, on va en parler aujourd'hui, parce qu'on pourra en parler des heures, je le rappelle juste, c'est vrai que l'énergie a plutôt bien avancé quand même, sur des trajectoires de correction. Après, il y a d'autres limites planétaires qui nous mettent un petit peu en danger aussi. La biodiversité,

  • Anne-Laure Daniel

    c'est le deuxième aspect, mais je ne peux pas faire tout.

  • Julien Tchernia

    Non, on trouvera quelqu'un d'autre pour venir nous parler de la biodiversité, ne vous inquiétez pas. Vous en avez déjà fait beaucoup, c'est vrai. Qu'est-ce qui vous anime encore aujourd'hui ? Qu'est-ce qui vous donne envie ?

  • Anne-Laure Daniel

    J'ai le modèle. Donc aujourd'hui, effectivement, principalement, on vend de l'électricité et un peu des panneaux, vous l'avez dit. Là, j'aimerais que tout le monde devienne producteur. et adapte beaucoup mieux sa consommation. C'est imaginer une maison où on maîtrise tellement les moments de consommation, plus de l'autoconsommation, plus un peu de stockage qui peut être fait dans une voiture électrique, que finalement on arrive, nous, d'un point de vue purement commercial, à faire ce fameux forfait énergétique et puis ensuite tout est à zéro. Les changements de société se sont créés par les entreprises. C'est iPhone qui a changé la société, c'est Microsoft qui a changé la société, je ne sais plus qui a inventé Internet, et rarement parler politique. Et donc, c'est nous, entreprises, qui sommes les mieux placées pour créer ce changement, parce qu'on va trouver des solutions qui plaisent aux gens et qui ont de la valeur. Bon, voilà, mon idée, c'est que les gens arrivent à avoir un forfait énergie comme ils ont un forfait télécom aujourd'hui.

  • Julien Tchernia

    On va déjà devoir équator dans dix ans, alors ça va encore beaucoup bouger l'innovation.

  • Anne-Laure Daniel

    Écoutez, merci.

  • Julien Tchernia

    On va arriver à la fin de ce podcast, c'est passé très vite. Si vous deviez transmettre une conviction à une nouvelle génération d'entrepreneurs, parce qu'elles ont bien changé nos entrepreneurs aujourd'hui, qu'est-ce que vous leur diriez ?

  • Anne-Laure Daniel

    Il faut se battre, c'est tout. Il faut se battre.

  • Julien Tchernia

    Oui,

  • Anne-Laure Daniel

    c'est la bataille. Moi, j'ai un modèle absolu, c'est Cyrano. Donc voilà, n'importe, je me bats, je me bats, je me bats.

  • Julien Tchernia

    Vous avez la compatibilité dans les valeurs de votre entreprise ? Oui, on a la compatibilité. C'est ma surprise parce que c'est rare de voir ce terme.

  • Anne-Laure Daniel

    On nous le reproche, c'est pas une valeur, c'est un état d'esprit. Si, il faut accepter de se battre. Et c'est évidemment dur, mais c'est ça qui est beau. Et si même on va plus loin dans la citation de Cyrano, c'est comment n'importe je me bats, je me bats, je me bats, comment c'est inutile, mais on ne se bat pas dans l'espoir de gagner. C'est beaucoup plus beau lorsque c'est inutile. Et voilà, c'est-à-dire battez-vous, battez-vous et puis on verra bien. Et si ça marche, ça marche. Et si ça ne marche pas, au moment où vous serez battus.

  • Julien Tchernia

    Vous avez été dans l'action. C'est très beau. Merci. C'est une très belle phrase de fin. Merci beaucoup, Julien Tchernia, pour votre... transparence, pour votre authenticité et votre engagement. Votre parcours nous montre qu'on peut transformer un secteur à la racine sans jamais trahir ses convictions. Merci pour ce temps passé ensemble.

  • Anne-Laure Daniel

    Merci à vous, c'est une très belle fin, merci, je suis très fier.

  • Julien Tchernia

    A bientôt. Merci d'avoir écouté les After de la Transformation, une production à des coins de scie. Retrouvez l'intégralité de nos épisodes sur les plateformes de streaming. A bientôt pour un nouvel épisode.

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Description

🎙️ Dans cet épisode des Afters de la Transformation, Julien Tchernia, président et cofondateur d’Ekwateur, revient sur l’audace de créer un fournisseur d’énergie 100 % renouvelable dans un secteur dominé par des géants historiques. Un récit inspirant de transition personnelle, de résilience entrepreneuriale et de convictions écologiques chevillées au corps.


Au programme :


  • Un parcours atypique pour une reconversion engagée
    Initialement issu du monde des télécoms et du conseil, Julien Tchernia bascule vers l’énergie après une prise de conscience écologique profonde. Il retourne sur les bancs de l’école, quitte un confort professionnel sécurisant, et se lance dans une nouvelle trajectoire avec pour seul moteur : agir concrètement pour le climat.


  • Ekwateur : la start-up devenue référence du renouvelable
    Née dans une chambre de bonne en 2015 avec 500 000 € d’économies personnelles, Ekwateur a grandi malgré les difficultés de financement. Aujourd’hui, c’est plus de 450 millions d’euros de chiffre d’affaires, 150 salariés, plus de 250 000 compteurs et une diversification vers le solaire, la mobilité électrique ou encore l’efficacité énergétique.


  • Une stratégie fondée sur les valeurs et l’innovation
    Face à des concurrents misant sur les prix, Ekwateur choisit de convaincre par le sens : des valeurs fortes, une marque engagée, des offres personnalisées et une communication directe. Le tout soutenu par une innovation constante, comme la traçabilité énergétique régionale ou la production distribuée via des panneaux solaires.


  • Un management pragmatique et humain
    Culture startup, recrutements exigeants, responsabilisation des équipes et autonomie sont au cœur du modèle. Malgré les épreuves (Covid, crise de l’énergie, IPO avortée), l’entreprise tient le cap grâce à un duo de fondateurs solide et une gouvernance ouverte où chaque collaborateur peut porter des initiatives.


  • Une croissance sobre et maîtrisée
    Ayant appris des secousses du marché, Julien Tchernia privilégie une croissance rentable et résiliente. Loin des effets d’annonce, Ekwateur consolide son modèle sur la durée, allant jusqu’à racheter deux concurrents récemment.


  • Entreprise à mission, certifiée B Corp : des engagements assumés
    Sans rien changer à sa structure initiale, Ekwateur décroche la certification B Corp et adopte le statut d’entreprise à mission. Non pas comme vitrine, mais comme prolongement naturel de ses convictions. Chaque salarié est invité à contribuer, quel que soit son point de départ écologique.


  • Une vision décentralisée de l’énergie
    Demain, chaque client pourrait devenir producteur, stocker son énergie, choisir ses sources de production, voire offrir son surplus à ses proches. Julien Tchernia rêve d’un modèle inspiré du forfait télécom, où l’énergie serait gérée intelligemment, localement, et sans gaspillage.


  • Une philosophie : se battre, encore et toujours
    À la manière d’un Cyrano qu’il cite avec ferveur, Julien Tchernia incarne une vision militante de l’entrepreneuriat : se battre pour ses convictions, même quand c’est difficile, voire inutile. Parce que c’est là que réside la beauté du combat.


Un témoignage puissant d’un entrepreneur qui change les règles, sans jamais trahir ses valeurs.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Julien Tchernia

    J'ai jamais trouvé que c'était facile de financer Ekwateur. Jamais, jamais, jamais. On a toujours cru que ça allait l'être. En fait, avant de se lancer, on a discuté avec plein de gens qui ont dit « Mais c'est génial, mais moi je serais le premier à te mettre de l'argent. » Bon, ils nous ont jamais mis d'argent, ces gens-là. Donc nous, on a d'abord démarré sur notre argent à nous, puisqu'on a mis toutes nos économies, chacun, Jonathan et moi, 250 000 euros chacun, pour démarrer la boîte. Et puis avec la certitude qu'il faudrait lever des fonds. On s'est retrouvés, ça c'était en septembre 2015, en juillet 2016, on n'avait plus beaucoup d'argent, on n'avait toujours pas lancé le service, on devait le lancer en septembre. Il y a une banque qui a bien voulu nous prêter je sais plus 100 ou 200 000 euros. Ensuite, on a fait une levée de fonds participative, la première, où on a levé des obligations, qui nous a permis de tenir jusqu'en décembre, où là on a réussi à boucler notre première levée de fonds de 2 millions d'euros.

  • Anne-Laure Daniel

    Bonjour, je suis Anne-Laure Daniel, et vous écoutez... Les afters de la transformation, un podcast Adequancy qui donne la parole aux leaders et acteurs des enjeux de demain. Bonne écoute à tous. Alors que l'urgence de la transition énergétique semble un peu mise à mal dans un contexte international fluctuant, certains acteurs continuent de bousculer les codes d'un secteur longtemps dominé par les géants historiques. Et oui, aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Julien Tchernia, président et cofondateur d'Ekwateur. un pionnier de la fourniture d'énergie 100% renouvelable qui a profondément transformé le marché de l'énergie en France. Bienvenue Julien.

  • Julien Tchernia

    Merci de m'avoir invité.

  • Anne-Laure Daniel

    On est très très heureux de vous accueillir. Rapidement, on va revenir un petit peu sur votre parcours, on va parler d'Ekwateur, de ce beau parcours qui est devenu une vraie pépite française du renouvelable. Et puis on va parler aussi un petit peu de vos engagements à côté, parce qu'au-delà d'Ekwateur, vous êtes un infatigable pionnier pour la transition énergétique.

  • Julien Tchernia

    Merci, je ne sais pas si je mérite tout ça, mais en tout cas je serais ravi d'en parler.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors Julien, vous venez du monde des télécoms au départ, c'est ça ? Alors vous avez navigué entre énergie et télécoms, dans des entreprises de conseil, un peu partout en Europe. Et puis finalement, vous avez posé vos valises dans l'énergie.

  • Julien Tchernia

    Exactement.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ça, c'était en 2013.

  • Julien Tchernia

    C'était en 2013, j'ai travaillé dans l'énergie et j'ai essayé d'y rentrer sérieusement depuis 2007.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Donc il a fallu être patient pour y rentrer sérieusement. Oui. C'est une patience qui aura payé du coup ?

  • Julien Tchernia

    Oui. A priori.

  • Anne-Laure Daniel

    Je suis content. Et donc vous êtes arrivé avec l'Empiris pour lancer l'Empiris en France, qui a été vraiment le lancement de vos activités dans la fourniture d'énergie. Et c'est là que vous avez rencontré Jonathan Martelli, avec qui vous avez fondé Ekwateur en 2015.

  • Julien Tchernia

    C'est exactement ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors qu'est-ce qui fait, juste avant Ekwateur, que vous vous êtes dit qu'il fallait changer les règles du jeu de l'énergie ?

  • Julien Tchernia

    En fait, ça commence un peu avant, c'est ce que je vous disais. J'étais à Milan à l'époque, ça devait être donc 2006. Merci. où je faisais ce fameux métier de conseil. À l'époque, c'était surtout des télécoms. Il y avait moins d'énergie qu'avant. Et je me suis rendu compte qu'il se passait quelque chose au niveau du climat et qu'il fallait agir. Et je me suis dit que plutôt de se limiter seulement à titre personnel à arrêter son robinet pendant qu'on se lave les dents, il était peut-être temps d'essayer de faire plus. Et j'ai décidé de tout arrêter. Donc, j'ai tout lâché, j'ai démissionné. Je suis parti sur les bancs de l'école pour apprendre le métier de l'énergie. puisque je trouvais que je voulais le faire, mais que je ne le faisais pas. Je me suis dit, il doit te manquer quelque chose. Et donc, je suis allé aux mines de Paris, l'antenne de Sophie Antipolis, Pasteur Oz, où j'ai recommencé ma vie d'étudiant à un âge certain.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est hyper audacieux.

  • Julien Tchernia

    Oui, on m'a déjà dit ça. Non, c'était absolument nécessaire. J'étais tellement malheureux, malgré les kilos euros et le beau bureau. J'étais trop malheureux, donc il fallait faire quelque chose. Par contre, comme vous dites, Je suis sorti du master en octobre 2008. C'était Lehman Brothers, les Subprime. Et donc, ça a été beaucoup plus compliqué que prévu pour finir par retomber dans l'énergie. Donc, j'ai dû reprendre un peu de télécom. Il fallait bien manger. Et puis, en 2013, c'est des Belges qui m'ont appelé, puisque j'avais travaillé en Belgique avant. Et qui m'ont dit, tiens, on connaît une boîte qui cherche un directeur France. Alors, je n'ai pas vraiment lancé l'Empiric. Ils s'étaient lancés trois ans avant. Ils avaient réussi 5000 compteurs en trois ans. D'accord. Et moi, j'ai démarré, j'ai fait 150 000 compteurs de plus en un an et demi.

  • Anne-Laure Daniel

    Vous avez scalé,

  • Julien Tchernia

    vraiment. On a accéléré beaucoup. Et c'est effectivement là où j'ai rencontré Jonathan. Je ne sais plus, dix jours après mon recrutement, je l'ai vu en entretien. Je l'ai recruté direct et on est partis ensemble.

  • Anne-Laure Daniel

    Et vous n'avez plus quitté finalement. Et on ne s'est plus quittés. Super. Avant Ekwateur, Lampiris, il y a eu un petit passage, chez Total ? Non,

  • Julien Tchernia

    non, non, jamais. J'étais chez l'Empiris et on a quitté l'Empiris avant que l'Empiris se fasse racheter par Total.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord, et c'est là qu'est né Ekwateur.

  • Julien Tchernia

    Et c'est là qu'est né Équateur. J'ai travaillé un peu dans le pétrole, avouons-le. D'abord, ma mère a été chez BP, donc voilà, en raffinerie de la Vera dans le sud de la France. Et moi, j'ai travaillé, j'ai fait mon stage du master dans l'énergie dans une entreprise qui était un sous-traitant des raffineries. Et donc là, j'ai visité une petite vingtaine de raffineries en Italie, en France, un peu partout.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord, un secteur industriel passionnant.

  • Julien Tchernia

    C'est passionnant, c'est pas positif pour le climat, mais pour un ingénieur, c'est merveilleux. Quel génie humain ! C'est grand et ça marche bien.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est vrai. Pour autant, vous avez envie de changer un petit peu la donne, le marché.

  • Julien Tchernia

    De toute façon, oui.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc, vous étiez un des pionniers, parce qu'à l'époque, il faut quand même remettre ça dans son contexte, les accords de Paris n'étaient même pas encore signés quand vous avez lancé Équateur. Donc, ce n'était quand même pas les sujets de tendance. Il fallait avoir une conviction chevillée au corps pour se lancer dans ce pari fou ?

  • Julien Tchernia

    Oui, bien sûr. C'était pour ça que j'avais fait le master. C'est pour ça que j'avais arrêté toute mon activité professionnelle. Et donc, j'avais envie de le faire. Et donc, je l'ai fait.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Non, mais ce n'était pas la question que ce soit le bon moment. Il fallait y aller, en fait.

  • Julien Tchernia

    Oui, c'était le bon moment parce que chez l'Empiris, justement parce qu'ils étaient en train de se faire racheter, on ne le savait pas. Mais en tous les cas, on avait senti un changement d'ambiance, un changement de vision. et donc ça ne nous allait plus et donc on a dit on va le faire tout seul. Et puis on s'est mis dans ma chambre de bonne, on a acheté un cahier, un crayon et on a démarré.

  • Anne-Laure Daniel

    Comme les belles start-up.

  • Julien Tchernia

    C'est exactement la start-up parisienne, alors là c'est ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors aujourd'hui, Équateur, c'est plus la start-up parisienne.

  • Julien Tchernia

    On a du mal à dire start-up, on ne peut plus.

  • Anne-Laure Daniel

    On ne peut plus, on ne peut plus. C'est 450 millions de chiffres d'affaires, c'est plus de 251 000 compteurs, ce sont des panneaux solaires, c'est de la mobilité électrique, de l'efficacité énergétique. Vous êtes beaucoup diversifié, c'est aussi près de 150 collaborateurs en France. Et c'est surtout une pépite du CAC 40 du futur. C'est comme ça qu'on l'appelle, le fameux DEX 40 de la Fremdtech. Le label Impact 40, encore confirmé la semaine dernière. C'est ça. Donc, vous êtes vraiment un pionnier. Et vous montrez la voie à beaucoup de startups derrière vous.

  • Julien Tchernia

    Alors, moi, ça me gêne quand on dit ça. Donc, il y a des gens qui nous jugent comme pionniers. Et tant mieux si ça a des vocations. Ça, c'est le plus important. Après, nous, on fait ce qu'on aime faire et ce qu'on a envie de faire. On le fait avec les moyens qu'on a, qu'on trouve. C'est un monde très contraint. Ça a l'air magique, vous le décrivez, mais effectivement, c'est plus contraint que ça. Et on est loin de ce qu'on voudrait faire. On est encore très loin de ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, ce n'était pas un bouton magique. Vous êtes née dans un marché qui était ultra dominé par des acteurs historiques bien en place et qui sont d'ailleurs toujours dans le décor. C'était surtout très réglementé. Et il a fallu bousculer aussi les lignes face à la réglementation. Alors comment vous avez trouvé votre place face à ces géants ?

  • Julien Tchernia

    Alors c'est effectivement toujours très très compliqué au niveau réglementaire et affaires publiques, c'est d'ailleurs maintenant presque 50% de mon temps. J'ai été formé très vite par Direct Energy, donc quand on a démarré chez Lampiris, le fournisseur alternatif de référence c'était Direct Energy, qui cartonnait et qui a été racheté depuis par Total aussi, qui définitivement fait son marché partout. Et qui avait lancé dès 2007, voire même un peu avant, à travers de Fabien Chonnet, qui est un des trois fondateurs de DirectEnergie, une activité réglementaire et d'affaires publiques très efficace. Et qui avait créé une association dans laquelle l'Empiris était. Et donc moi, j'ai commencé à siéger à cette association. Et j'ai compris en voyant Fabien travailler et Martial Houle aussi, qui était son responsable juridique. de la nécessité de s'unir, de la nécessité de travailler aussi sur ce segment-là, puisque dans le métier où j'étais précédemment, c'était complètement inutile, et de la façon de le faire. Donc vous êtes petit, vous tapez du poing sur la table et puis c'est tout, et vous vous appuyez sur les règles, les lois, et vous faites respecter les règles et les lois. Un monopole a du pouvoir, tout pouvoir tend à l'abus de pouvoir, et donc en permanence, vous avez les acteurs monopolistiques français qui font de l'abus de pouvoir, et c'est à vous. de surveiller ça et de protéger ça. Sinon, personne ne le fera à votre place.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Mais à l'époque, vous étiez peu d'acteurs. Et donc, ça devait demander beaucoup d'énergie quand même.

  • Julien Tchernia

    Ça en demande beaucoup, encore plus maintenant, avec la crise. Il y a eu un grand, grand retour en force des acteurs historiques, en particulier dans l'électricité. Et donc, depuis décembre, j'ai été élu président de l'association des fournisseurs, justement celle qui avait été créée par Fabien Cholet.

  • Anne-Laure Daniel

    L'ANODE, la fameuse ANODE.

  • Julien Tchernia

    Et donc, je parlais encore ce matin avec... des personnes qui doivent donner un rapport à la Commission européenne. Je suis auditionné par le Sénat la semaine prochaine, par la Commission de régulation de l'énergie lundi. Donc c'est un travail quotidien.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Et c'est quoi les grands sujets en ce moment ? Je imagine qu'on parle de l'AREN. Peut-être qu'il faut qu'on en parle un petit peu et préciser ce que c'est pour nos auditeurs. Mais c'est quand même un sujet sur le...

  • Julien Tchernia

    Oui, l'AREN, je vais vous préciser ce que c'est. On en parle parce que ça se termine. Donc ça se termine au 1er janvier. Donc l'AREN, c'est un système qui a été mis en place, entre autres justement par Fabien Chonet, qui a permis à tous les Français de bénéficier de la rente du nucléaire historique. Donc EDF a hérité d'un parc de production nucléaire historique qui avait été construit pendant le monopole. Donc vous l'ayez voulu ou pas, vous avez dû l'avoir. Vous avez dû le payer aussi. L'électricité a augmenté de 10-15% par an tous les ans de 1974 à 1986 pour financer ça. Donc on l'a payé. Il est amorti. c'est C'est un facteur de compétitivité. Tous les Français doivent pouvoir en profiter. Les politiques étaient d'accord avec ça. Et donc, ce système a imposé à EDF de vendre à tous les Français un prix qui était le coût de production de l'époque, 42 euros. 42 est devenu un chiffre dans notre secteur. Une partie de leur énergie.

  • Anne-Laure Daniel

    Quel que soit le fournisseur, en fait, peut changer de fournisseur et bénéficier de la rente nucléaire.

  • Julien Tchernia

    Voilà, c'est ça. Alors, historiquement, c'était 68%. Ça a diminué à 50%. 68% de l'énergie que vous aviez était payée au prix coûtant. Et puis ensuite, 50%. C'est un système qu'évidemment, EDF a décrié autant que faire se peut, puisque leur métier, c'est de produire. Ils n'avaient pas envie de vendre à prix coûtant. C'est normal, c'est leur métier. Donc, ils ont beaucoup, beaucoup hurlé contre. Et donc, ils ont réussi à le faire supprimer. Et maintenant la question c'est qu'est-ce qu'il y a après ? Aujourd'hui il n'y a rien après. Et donc je vous annonce qu'après, s'il y a une nouvelle crise d'énergie, c'est game over pour les Français. C'est-à-dire que EDF a fait quand même plus de 10 milliards de bénéfices en 2023 et 14 en 2024. Donc quand on laisse la possibilité aux producteurs de vendre au prix qu'ils veulent, évidemment ils gagnent beaucoup d'argent. Et c'est au détriment des consommateurs tout simplement. Et nous ça fait partie des batailles qu'on mène cette année à l'anode.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc vous arrivez avec vos propositions concrètes.

  • Julien Tchernia

    Qu'est-ce qu'on peut faire à la place ? Nous, on pense qu'on devrait continuer à distribuer cette rente nucléaire pour le nucléaire historique, pas pour le nouveau nucléaire. Le nouveau nucléaire est un choix d'une entreprise privée d'investir dans un certain type de moyens de production. Ça a eu les bénéfices. Ultra coûteux pour l'instant. Ils promettent que ce sera beaucoup moins cher dans 70 ans. Donc on verra. Mais pour l'instant, c'est effectivement ultra coûteux. En attendant, le nucléaire historique, lui, il devrait être mis quelque part comme... Une espèce de service public de l'électricité avec un prix réglementé vers le haut et vers le bas. Parce que l'arène avait des défauts, en particulier l'optionalité. Ça, ce n'était pas très juste par rapport au producteur. On pouvait choisir de ne pas l'acheter si on trouvait moins cher ailleurs.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, quand le marché était moins cher, du coup, EDF se retrouvait avec son nucléaire un peu plus cher que le marché.

  • Julien Tchernia

    C'est ça. Et donc, ils vendaient moins cher puisque c'était la même énergie, mais qu'ils vendaient sur les marchés.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc ça, j'ai bien compris que ça vous occupait beaucoup. Pour autant, vous êtes quand même toujours président d'Equateur. Oui. Ça doit aussi vous occuper encore beaucoup ? Oui. Bon. Je vous propose qu'on revienne un petit peu quand même sur votre histoire, sur comment s'est fait Équateur, quelles ont été les grandes phases de son histoire. Quand on est un jeune fournisseur, on a besoin de financement pour se lancer. C'est un métier qui est très demandeur de financement. C'est un métier qui se finance bien d'être fournisseur d'énergie ou c'est une difficulté quand on est une jeune pousse ?

  • Julien Tchernia

    Je ne sais pas comment se financent les autres, mais je n'ai jamais trouvé que c'était facile de financer Équateur. Jamais, jamais, jamais. On a toujours cru que ça allait l'être. En fait, avant de se lancer, on a discuté avec plein de gens qui ont dit « Mais c'est génial, mais moi je serais le premier à te mettre de l'argent ! » Bon, ils ne nous ont jamais mis d'argent, ces gens-là. Donc nous, on a d'abord démarré sur notre argent à nous, puisqu'on a mis toutes nos économies chacun, Jonathan et moi, 250 000 euros chacun, pour démarrer la boîte. Et puis avec la certitude qu'il faudrait lever des fonds. On s'est retrouvés, ça c'était en septembre 2015, en juillet 2016, on n'avait plus beaucoup d'argent, on n'avait toujours pas lancé le service, on devait le lancer en septembre. Il y a une banque qui a bien voulu nous prêter plus de 100 ou 200 000 euros. Ensuite, on a fait une levée de fonds participative, la première, où on a levé des obligations, qui nous a permis de tenir jusqu'en décembre, où là, on a réussi à boucler notre première levée de fonds de 2 millions d'euros. Et ça,

  • Anne-Laure Daniel

    c'était pour financer le développement de votre plateforme, parce que vous êtes un acteur du digital.

  • Julien Tchernia

    Oui, donc il y a deux choses à faire. Il y a trois choses. Je vais le refaire en deux choses, et puis après, je vais faire des sous-choses, parce que je suis quand même ingénieur. Donc, il y a deux choses. Il y a un, financer l'activité. Et donc là, les deux sous-choses, c'est difficile à prononcer. C'est un, la plateforme digitale et deux, l'acquisition. Il faut faire connaître sa marque. On est sur un produit qui est le même pour tous. Donc, la différence, c'est la marque. Et donc, ça, ça coûte de l'argent, évidemment. Et en parallèle, vous avez besoin de mobiliser beaucoup d'argent pour racheter l'énergie. Tout simplement, quand vous allez voir un producteur international en disant super. J'ai créé un fournisseur, je voudrais t'acheter du gaz. Je me souviens, j'étais allé voir les fournisseurs de l'Empiris. Ils m'avaient invité dans des restos géniaux. Là, ils avaient dit, bon, mais quand tu seras un peu plus grand, on s'occupera de toi. Mais de toute façon, là, on n'aurait pas le droit de te vendre parce que tu n'es pas assez solide financièrement. Et donc, on est obligé de donner des garanties financières. Et donc, plus on grandit, plus on achète de l'énergie, plus on achète de l'énergie, plus on est obligé de mettre des garanties financières. C'est-à-dire que la banque vous demande de bloquer du cash. et en plus considère ça comme de l'endettement. Donc vous êtes obligé de faire des levées de frais. Double peine. Et puis finalement, nous, on a fini par trouver des solutions avec d'autres fournisseurs où ils prennent leur sécurité sur nos factures, etc. Mais voilà, il a fallu jongler et il faut encore jongler tout le temps.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Donc, quand on est jeune, c'est des enjeux financiers monumentaux.

  • Julien Tchernia

    Oui. Et ce qui est intéressant, c'est qu'on ne s'y attendait pas du tout. Un peu naïf, peut-être. Et donc, on a démarré, bim, bim, on a eu la licence, on a commencé la plateforme. Et puis...

  • Anne-Laure Daniel

    C'était bien parce que peut-être que vous ne seriez jamais allé sinon.

  • Julien Tchernia

    Je pense qu'on ne serait jamais allé sinon. On aurait fait différemment dès le début.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était peut-être pour le meilleur.

  • Julien Tchernia

    Bye bye Oui, non, non, c'est toujours pour le meilleur. C'est toujours pour le meilleur. Dans les financements qui sont très difficiles, toutes les levées de fonds étaient difficiles. Je ne sais pas si vous avez prévu d'en parler, mais on a raté une IPO. C'était a posteriori pour le meilleur. Sur le coût ? Non, pas pour le meilleur.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, pour rebondir.

  • Julien Tchernia

    Beaucoup de travail. Mais si on avait réussi, on aurait lancé la croissance à tout va, sans chercher la rentabilité. Or, c'était vers 2021, mi-2021, donc en juin 2021. Et donc là, vous aviez le prix du gaz qui commençait à augmenter, et puis ensuite le prix de l'élec. Et puis ensuite, nous, on a vu la crise dès octobre 2021, qui a empiré ensuite en 2022, avec la corrosion sous contrainte qui arrivait en décembre 2021 et qui arrivait partout pour les centrales françaises. Et donc, heureusement... Comme on avait raté l'IPO, avec le board, on avait dit, bon ben, on arrête cette croissance à tout va, on se concentre sur la croissance rentable. Et puis, tant pis, on ne sera pas aussi gros que ce qu'on voulait, mais on sera rentable.

  • Anne-Laure Daniel

    On ne sera pas EDF demain, mais en fait, on le fait bien.

  • Julien Tchernia

    On le fait bien et comme ça, on est plus indépendant. Puis surtout, finalement, il faut comprendre le message du marché. Pourquoi ils n'ont pas voulu investir ? On s'est dit, c'est parce que ça, ils ne trouvaient pas assez rentable, donc on va le faire. Et grâce à ça, on est parti sur une politique très prudente dès juillet 2021. qui nous a bien aidé à passer mieux la crise que nos concurrents. D'ailleurs, depuis, on en a racheté deux. Donc voilà, on a fait le bon pari à ce moment-là.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc la contrainte a été finalement un succès.

  • Julien Tchernia

    Tout vient à point pour qui sait attendre.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, dans les points de développement d'Equateur, vous avez quand même parlé du marché. Il faut aller chercher ses clients. L'achat d'énergie en ligne, ce n'était quand même pas monnaie courante à l'époque. Il a fallu quand même pousser les lignes, vraiment changer les mentalités. Comment vous avez réussi ce pari fou ?

  • Julien Tchernia

    Je ne sais pas si on l'a réussi, en tous les cas c'est très difficile. Et la chose spécifique qu'on a fait avec Equateur sur le commerce, c'est que j'ai constaté que mes concurrents, avant qu'on arrive sur le marché, ils ne faisaient qu'une chose, c'est qu'ils vendaient équivalence de service pour moins cher. C'était ça leur credo. En quelques minutes, vous allez changer, c'est la même énergie, il y aura une coupe, et vous ferez 4% d'économie, 5%. Donc pas grand-chose en fait. 5 euros par mois, 10 euros par mois. Heureusement encore pour nous en France. Il y a beaucoup de gens pour qui ça ne représente pas grand-chose. Pour ceux pour qui c'est important, tant mieux, et ils en ont profité. Et nous, on s'est dit, mais le sujet, il est ailleurs. En fait, ça doit être un sujet d'adhésion de marques et de valeurs. Aujourd'hui, les marques, ce sont des valeurs. De toute façon, moi, j'avais mes valeurs qui étaient les miennes que je portais depuis que j'ai fait le master. Et donc, on a développé la société autour de ça. Un, les valeurs. Et deux, l'innovation. Parce que l'innovation, ça permet, ça intéresse les journalistes, qui ensuite parlent de vous. Et ça, c'est beaucoup moins cher que de faire de la pub dans le métro ou de la pub sur Google, qui est quand même aussi excessivement cher. Et donc, c'est comme ça qu'on a réussi à faire connaître le nom, parce que vous n'allez pas changer de fournisseur d'énergie si vous ne connaissez pas le nom, même s'il n'y a aucun risque. Et faites-le, choisissez votre fournisseur en fonction des critères qui vous plaît.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était l'instant pub !

  • Julien Tchernia

    Voilà, même si vous ne connaissez pas le fournisseur, prenez-en un sur les critères qui vous plaît. Mais c'est sûr que l'énergie étant tellement importante chez nous, Pour chacun, en fait, qu'on a envie de connaître le nom avant de prendre la boîte qui vient de se créer il y a deux semaines.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, puis il n'y a pas que le nom, il y a la finalité chez vous aussi. Il y a le nom,

  • Julien Tchernia

    il y a la finalité, les valeurs. Au début, c'est assez marrant. On a eu plus de clients parce qu'on était une startup qui cartonnait que parce qu'on était vert.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était l'attrait de la nouveauté. Oui,

  • Julien Tchernia

    l'attrait de la nouveauté, l'attrait du succès. Le succès entraîne le succès. Le vert, c'est arrivé plutôt en 2018-2019, où là, c'est devenu un sujet qui est important. Avant, c'était un moyen de fidéliser, mais c'était rarement la première raison pour laquelle les clients venaient chez nous.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Et qu'est-ce qui fait que ça a basculé du coup comme un enjeu ?

  • Julien Tchernia

    2018-2019, il y a eu une prise de conscience, je pense, mondiale, petit à petit. Je ne me souviens plus exactement ce qu'il y a eu. Il y a dû y avoir la COP à Paris, puis il y a dû y avoir...

  • Anne-Laure Daniel

    Les COP qui commencent à se répéter.

  • Julien Tchernia

    Ça se répétait.

  • Anne-Laure Daniel

    Les rapports du GIEC.

  • Julien Tchernia

    Premier rapport du GIEC qui devait dater d'avant, mais il y a dû y avoir des méga-incendies, des choses comme ça. enfin il y a une prise de conscience Vers cette date-là, il faudrait que je vérifie effectivement ce qui s'était passé exactement en 2018. Mais on a bien senti le changement, où les gens ont commencé à s'intéresser aux renouvelables.

  • Anne-Laure Daniel

    Et à comprendre du coup, c'est quoi le renouvelable ? Parce que le renouvelable, pour ceux qui ne connaissent pas forcément bien, on peut trouver du renouvelable qu'on fait venir du Brésil, ou on peut avoir du renouvelable local. Vous êtes plutôt sur un renouvelable local. Et ça fait aussi partie de vos promesses, d'ailleurs, c'est le régional.

  • Julien Tchernia

    Tout à fait. On ne peut pas trouver du renouvelable qui vient du Brésil en France ? Donc le renouvelable déjà, c'est une réalité et c'est compliqué à vendre parce que l'énergie qui va arriver dans votre prise, ce sera la même, quel que soit votre fournisseur. Puisqu'il n'y a qu'un seul réseau, tous les électrons se mélangent. Pareil pour le gaz, on vend du biométhane, la molécule de méthane, elle ne se reconnaît pas et elles ne sont pas traçables. Donc à partir de là, ce que vous devez utiliser, c'est ce qu'on appelle une garantie d'origine, qui est un certificat de traçabilité européen. c'est pour ça que je dis que le Brésil c'est pas possible et qui va garantir que effectivement il y a un volume d'énergie renouvelable qui a bien été injecté sur le réseau et qu'il n'est compté que pour vous. C'est-à-dire qu'on achète cette garantie d'origine et ensuite on va l'annuler sur un registre. On peut aller jusqu'en Islande, mais alors nous on s'y refuse parce que justement il n'y a pas d'interconnexion entre l'Islande et l'Europe. Par contre, on a une première offre qui est la moins chère où on dit, nous on va chercher l'énergie la moins chère d'Europe et si c'est norvégien, c'est norvégien. Et finalement, Et puis, ce qu'on fait, c'est une offre premium où là, on change un peu l'état d'esprit. On dit non, non, mais là, vous, ce que vous voulez, c'est pas seulement acheter des renouvelables, c'est avancer sur la transition énergétique et aider à. Et donc là, on choisit des petites centrales de production en France qu'on va flécher. Et puis, les gens choisissent sur une carte et puis cliquent et ils aiment bien.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ça, ils comprennent maintenant. Le consommateur est vraiment alerte sur ces choses-là.

  • Julien Tchernia

    Alors, il manque encore un point qu'on a commencé à faire, puis on a arrêté. Ça ne marche pas encore très bien, qui est le 24-7. Parce qu'évidemment, quand vous achetez un parc solaire, Dans les Bouches-du-Rhône, vous vous doutez bien que la nuit, ce n'est pas lui qui vous fournit. Et donc, en fait, ce qu'on fait, c'est qu'on en achète plus la journée pour compenser la nuit. Et on aimerait qu'il y ait quelque chose qui se voit là. Et que quelqu'un puisse dire à son voisin, non, non, mais en ce moment, je t'assure, c'est mon parc éolien. Il y a bien du vent là-bas. ou bien, non mais hier il y en avait beaucoup et là on a pris de l'avance.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc là, c'est de la gestion de réseaux ultra diffus qui va certainement devenir un peu l'avenir des réseaux énergétiques. C'est une des visions que vous défendez ?

  • Julien Tchernia

    Oui, c'est une des visions qu'on défend. On avait commencé un projet avec une cité qui s'appelle Powerledger australienne, qui fait toujours d'ailleurs un système de blockchain qui permet, quart d'heure par quart d'heure, de voir ce qui a été produit, ce qui a été consommé. Et ça permet même à terme, ça permettra à nos clients qui ont des panneaux, de prendre leur surplus et de le revendre à leurs voisins. Ou de l'offrir à leurs enfants qui font leurs études à Paris, par exemple. Et donc ça, on l'a mis en œuvre, mais aujourd'hui, c'est encore embryonnaire. Ça ne marche pas assez vite, à mon goût. Ce n'est pas du temps réel et c'est un peu cher encore. D'accord. Même si c'est trop cher. Et donc, je suis désolé, c'est trop cher. Et donc, on a arrêté, mais on était prêt techniquement. Enfin, prêt techniquement, non, parce que ce n'était pas aussi temps réel qu'on voulait. Mais en tous les cas, ça fonctionnait. C'était encore un peu cher. et je pense que ça reviendra vers là. Oui, bien sûr.

  • Anne-Laure Daniel

    Pour développer, c'est un nouvel acteur comme ça, on a besoin de nouveaux métiers. Comment on trouve les talents ? Comment on va chercher les bonnes compétences sur un marché qui est en train de se créer, où on n'a pas encore tous les ingénieurs, toutes les ressources marketing qui connaissent ces ressorts de vente, etc.

  • Julien Tchernia

    Comment on s'entend ? Alors, le marché de la fourniture, il existe quand même depuis longtemps.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, mais il était en pleine transformation à cette époque-là.

  • Julien Tchernia

    Moi, j'ai eu la chance de travailler dans une boîte qui s'appelait Altran. qui a été revendu depuis de 1998, puisque j'étais en Belgique, de 1998 à 2007. Et à partir de 2000, j'étais responsable d'équipe et je faisais mes recrutements moi-même. C'était 10 entretiens par semaine pendant 6 ans. Et j'ai dû recruter, je ne sais pas, aucune idée, 200, 500 personnes, je n'ai aucune idée. Et on a recruté deux par mois, si vous pouvez faire le calcul. Et on apprend beaucoup à comprendre le mieux les personnes qu'on a en face de soi en une heure. C'est très compliqué, c'est un exercice épuisant, entre autres, quand c'est bien fait. Et ça évite de se tromper, ça c'est la première chose. Et deuxièmement, on a été sévère dès le début, et chez Equator, une période d'essai, c'est une période d'essai. Et donc si ça ne passe pas, ça ne passe pas. Et on s'arrête et on ne continue pas. Par opposition à toutes les boîtes du CAC 40 dans lesquelles j'avais bossé quand j'étais plus jeune, où une fois qu'on rentrait, on rentrait, j'avais jamais vu une période d'essai se terminer. Nous, on en a fermé beaucoup. Mais je vous confirme que... au début, pour recruter les premiers informaticiens pour développer la plateforme, on a utilisé un petit truc. C'est-à-dire que les gens pensent, les jeunes en particulier, qu'une start-up, c'est Google, qui a des poufs de toutes les couleurs partout. Des baby-foods, des soirées pizza. Et nous, on n'avait pas ça. Puisqu'on avait ma chambre de bonne, au début même, on se réunissait dans des salles à droite à gauche. Et puis, on avait une petite salle à l'incubateur qui devait faire à peu près la taille de cette table. Et donc, on s'est dit, ça ne passera pas. Et on a souloué des bureaux à une banque d'affaires, Place de l'Opéra.

  • Anne-Laure Daniel

    Ah,

  • Julien Tchernia

    le chat des cultures ! Ils nous ont souloué un bureau et une belle salle de réunion. Et quand les gens arrivaient, ils arrivaient dans la banque d'affaires. Et donc, ils voyaient, succès, succès, succès, succès, succès, succès. Et puis après, ils montaient, puis on les recevait là. Et donc, ça mettait un état d'esprit positif.

  • Anne-Laure Daniel

    L'ambition. Au moins, ça marquait l'ambition d'entreprise.

  • Julien Tchernia

    Ça marquait une boîte solide. Et puis ensuite, on a loué des petits bureaux beaucoup moins sexy à côté de Notre-Dame de Lorette. Et on a passé le week-end avec tous les employés à monter les meubles Ikea.

  • Anne-Laure Daniel

    Ça, ça crée aussi une culture d'entreprise forte. Ça crée une culture d'entreprise,

  • Julien Tchernia

    effectivement.

  • Anne-Laure Daniel

    Et cette culture startup, vous avez réussi à la garder en grandissant ?

  • Julien Tchernia

    À moins, je trouve. Oui, c'est ça. C'est difficile, c'est des questions qu'on se pose tout le temps avec mon associé. Et c'est très compliqué. C'est très compliqué, je la trouve moins qu'avant. Par contre, il y a quelques piliers qui se battent avec nous pour la créer, la recréer. Et puis, on s'est tapé le Covid. Ensuite, on s'est tapé l'IPO qui a raté. Ensuite, on s'est tapé la plus grosse crise de l'énergie depuis 1974. Et donc, ça fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de coups dans la figure. Et donc, ça crée des gens très solides, mais un peu plus protégés dans leur coquille que courant devant. Il faut retrouver de l'élan et de la liberté et de l'envie d'entreprendre. Parce qu'on était sous l'orage pendant quatre ans. C'était compliqué, ce secteur.

  • Anne-Laure Daniel

    Et le binôme de fondateur, comment il tient bon dans la tempête ?

  • Julien Tchernia

    Il fait ce qu'il peut, le binôme. Il fait ce qu'il peut, on travaille ensemble depuis 13 ans. On a eu une règle implicite, c'est qu'on n'est pas amis. Je n'ai jamais dîné chez lui, il n'a jamais dîné chez moi. Et donc ça permet de s'engueuler.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est bien, c'est sain. Au moins on en est. Oui, oui. Vous allez jusqu'au bout de vos engagements. Votre entreprise est certifiée Bicorp. Vous êtes entreprise à mission depuis...

  • Julien Tchernia

    2021.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est ça. Qu'est-ce que ça change ? En fait, parce que vous étiez déjà très engagé, j'imagine très aligné dans votre façon de gérer votre entreprise. Qu'est-ce que ça change de se faire certifier, de devenir vraiment... entreprise à mission, Bicorp ?

  • Julien Tchernia

    C'est simplement une preuve d'une réalité. Bicorp, par exemple, ça a été l'initiative de notre responsable communication et valeurs de l'époque, qui a dit, mais ça me paraît important, moi j'ai dit, ouh, ça sert à rien. Elle m'a dit, non mais je vais le faire, je lui ai dit, bah fais-le, écoute, très bien. Elle l'a fait, on n'a rien eu à changer pour être Bicorp. Mais non. Très très peu.

  • Anne-Laure Daniel

    Je ne sais pas si nos auditeurs ont tenté une certification Bicorp, c'est quand même très rare, c'est très exigeant la certification Bicorp. Pour l'avoir tenté dans une autre entreprise avant d'être...

  • Julien Tchernia

    Et là, on a été renouvelés. Et donc, c'est aussi très compliqué d'être renouvelés, surtout qu'on n'a plus la même taille et qu'avant, on avait des points d'avance parce qu'on était petits. Oui, j'imagine. Et donc là, on les a perdus les points d'avance. Et là, il y a eu plus de travail à faire.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord.

  • Julien Tchernia

    Par contre, voilà, c'était nos valeurs. Et donc, comme on dit Cyrano, je l'ai tant et tant répété dans ma tête, cette lettre, qu'il suffit de mettre mon âme à côté du papier pour pouvoir la recopier. C'est ça qu'on a fait pour être Bicamp. Et entreprise à mission, ça allait de soi. On rentrait en bourse potentiellement, on ne l'a pas fait, et on ne voulait pas qu'il soit possible de changer l'état d'esprit de la boîte quand on ne maîtriserait plus les actionnaires.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était une façon de sécuriser votre modèle ?

  • Julien Tchernia

    C'était une façon de sécuriser le modèle.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Et aujourd'hui, ça change dans le leadership, dans la façon dont vous recrutez ? Ou en tout cas, c'est un fil rouge ?

  • Julien Tchernia

    Non, parce que l'écologie chez nous, les gens ne viennent pas nécessairement parce qu'ils sont écolos, mais souvent ils le deviennent. Et après, il y a des angoisses. D'ailleurs, une période où on faisait des formations parce que les gens...

  • Anne-Laure Daniel

    Des co-anxiétés ?

  • Julien Tchernia

    Oui, parce que les gens se rendaient compte de le tsunami qui nous attend. Et ils commençaient à faire un peu des co-anxiétés. Et donc, voilà, chez Équateur, manger un kebab au milieu de la cantine, ce n'est pas simple. Il n'y avait pas de sectaire.

  • Anne-Laure Daniel

    Le coca au déjeuner ne passe pas...

  • Julien Tchernia

    Le coca, ça va, mais beaucoup de viande, etc. Cela dit, on mange beaucoup de viennoiserie, je trouve. Mais non, beaucoup de démarches ont été créées par les employés même, récupéré... Les premiers traits de déchets, de mettre des fontaines à eau, de récupérer le mar de café, de distribuer des tupperware pour que quand les gens prennent à emporter, ils ne prennent pas dans des petits sacs en plastique. On a été labellisé à vélo, donc une boîte qui met en avant le vélo. Tout ça, c'est l'état d'esprit qu'on a avec Jonathan. Ce qu'il faut, c'est laisser l'espace aux gens de trouver les idées, parce qu'à deux, vous n'avez pas toutes les idées. Et puis, à mettre en œuvre ensuite, c'est toujours agréable. Et ça, ça crée un état d'esprit qui fait que dès que les gens rentrent, donc il y a ceux qui rentrent parce qu'ils cherchaient une entreprise à mission en plus du métier, et puis ceux qui voulaient juste le métier et qui petit à petit se font emporter dans le flot.

  • Anne-Laure Daniel

    Ça ne crée pas un côté communautaire qui pourrait...

  • Julien Tchernia

    gêné à l'intégration ?

  • Anne-Laure Daniel

    Récemment, on a eu des employés qui sont venus me voir et qui m'ont dit « Oui, non, on trouve que ça baisse un peu. Et il faudrait recruter que des gens qui sont convaincus. » Alors là, je me suis fâché.

  • Julien Tchernia

    Comment on sait qu'ils sont convaincus ?

  • Anne-Laure Daniel

    Mais non, mais c'est même pas ça. C'est justement pas ça notre métier. Nous, on est des prosélites. Moi, je suis pas là pour vendre à des gens qui sont déjà convaincus. Ils sont déjà convaincus, ben très bien. Mon métier, c'est d'aller convaincre des gens qui ne sont pas convaincus. Et les employés aussi. Et donc, c'est à nous de refaire le travail. et on s'est rendu compte qu'il y avait... On faisait des apéros de l'écolo, donc il y avait des quiz sur l'écologie, etc. qui avaient disparu parce que la personne qui les avait inventés était partie faire de la permaculture en creuse. Et bonjour Rémi. Et donc là, on a repris ça. On s'est dit, tiens, en fait, non, ce n'est pas nous, direction. C'est là où je dis, ça perd un petit peu la startup. Ah, vous, la direction. Non, non, c'est toujours vous. Ça te plaisait, ça n'existe plus. Fais-le. Et ça a marché. Ils ont très bien compris. Ils ont relancé. Il y en a un demain soir. Et donc voilà, ça, ça fait partie des méthodes, on va dire.

  • Julien Tchernia

    Super. Alors, au-delà de la fourniture, vous êtes aussi beaucoup diversifié. Donc, ça aussi, ça a dû beaucoup bouger votre activité. Qu'est-ce qui vous a amené à décider de cette diversification d'activité ? Pourquoi ? Parce que c'est quand même des métiers différents. Quand on va aller poser des panneaux, quand on va installer des bornes électriques, on n'est plus dans les métiers de la fourniture et du service pur. Comment on fait le switch ?

  • Anne-Laure Daniel

    En fait, si, on s'est débrouillé pour que ça reste le même métier. Tout simplement, nous, on est des commerçants. Ce n'est pas nous qui produisons, ce n'est pas nous qui transportons le réseau. nous tout ce qu'on fait, entre guillemets, c'est d'acheter à des gens de l'électricité et du gaz et de le revendre à d'autres personnes en choisissant nos produits, comme n'importe quel commerçant qui vendrait des tomates. Et donc, acheter des panneaux solaires, les faire livrer et installer, nous, c'est ce qu'on fait. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce n'est pas encore nous. Peut-être que ça viendra, mais pour l'instant, ce n'est pas nous qui les installons. On a notre réseau, entre guillemets, d'installateurs, de confiance. Ce n'est même pas un réseau à nous, c'est des partenaires qu'on a sélectionnés. On va récupérer des clients qui ont envie de ça, parce qu'ils sont chez Equateur aussi pour ça. et puis surtout parce que c'est moins cher. Parce qu'à la fin, dans l'esprit, par contre, dans le métier d'équateur, un panneau solaire, par exemple, c'est de l'énergie électrique prépayée. Vous nous payez tout de suite 20 ans d'électricité que vous allez avoir gratuitement ensuite. Et donc, c'est pareil. Donc, on vend de l'énergie renouvelable, en fait, sous une autre forme. C'est ça qui est nouveau. En fait, ce n'est pas le métier qui est nouveau, c'est la vision qui est nouvelle. Et pourquoi nous, on l'a fait et que les autres ne l'ont pas fait ? Et donc, ça a l'air d'être une innovation parce que les autres sont producteurs. Le principal métier de nos gros concurrents, c'est la production. Ils gagnent de l'argent sur la production. Donc évidemment, chaque fois que quelqu'un installe un panneau solaire chez lui, il se crée de la concurrence. Et donc, ce n'est pas leur intérêt économique, tout simplement. Nous, en n'étant que commerçants et pas producteurs, qui fait partie des valeurs fortes d'Équateur, on évite ce conflit d'intérêts-là. Et donc, c'est notre intérêt d'aller vendre de l'énergie sous forme de panneau solaire et puis aussi de transférer les usages. Évidemment, quand vous passez du fuel à la pompe à chaleur, vous êtes obligé d'acheter de l'électricité. Vous ne pouvez plus acheter de fuel, donc là, c'est aussi notre intérêt.

  • Julien Tchernia

    Ok. Le renouvelable, c'est infini, on peut en développer à l'infini ?

  • Anne-Laure Daniel

    On peut en développer beaucoup plus que ce dont on a besoin dans le monde entier. Par contre, la technologie, qui aujourd'hui est très intéressante, ne permet pas encore de tout faire. Qu'est-ce que je veux dire par là ? D'abord, on reçoit assez d'énergie solaire sur la Terre pour faire, je ne sais plus combien, j'avais le chiffre en tête avant, mais je ne sais plus si c'est 50 ou 500 fois ce qu'on consomme tous les ans. On est vraiment largement, largement tranquille. Deuxièmement, aujourd'hui, le renouvelable cartonne parce que c'est le moyen le moins cher de produire de l'électricité. Donc, il faut bien le comprendre. Historiquement, c'était vendu pour la transition énergétique. Aujourd'hui, c'est déployé et installé par des boîtes comme Total Echelle.

  • Julien Tchernia

    Pour des raisons économiques.

  • Anne-Laure Daniel

    Qui disent que c'est pour la transition et qui n'oublient, c'est certain. pas que c'est surtout le moyen de production le moins cher. Vous avez eu ce week-end un prix spot, donc le prix de l'électricité sur les marchés heure par heure. Dimanche, il était négatif sur la journée. C'est-à-dire qu'en moyenne, le prix était à moins 5 euros en France. Et ça,

  • Julien Tchernia

    on le voit de plus en plus.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ça, on le voit de plus en plus. Pourquoi ? Parce qu'une fois que vous avez installé votre panneau, et donc on va dire payer votre abonnement, c'est un coût fixe, en fait, il y a trop d'énergie maintenant. Et donc, vous pouvez consommer tout ce que vous voulez, ça ne coûte pas plus cher. Il y aura une limite, mais on n'y est pas. C'est comme les réseaux télécoms. Avant, on payait la minute, on payait le kilobit. Maintenant, une fibre permet tellement de transfert de data qu'une fois qu'on a payé la fibre, on ne s'embête plus à limiter les gens sur leur conso. Ça, c'est l'ambition, c'est l'objectif, c'est là où on va. Et il y a de quoi y aller. Ce qui manque encore, c'est la pilotabilité. qui est effectivement le talon d'Achille aujourd'hui du système, puisqu'on est habitué à un système qui est uniquement piloté par la production. La production s'adapte complètement aux demandes de la consommation, et puis c'est tout. Et maintenant, il faut mixer sur quelque chose qui va s'adapter, une consommation qui va s'adapter à la production. Et donc là, par exemple, la discussion que j'ai avec la commission de régulation de l'énergie la semaine prochaine, c'est comment on change la tarification en pleine heure creuse pour pousser les gens à consommer plus à midi que le soir, par exemple, l'été seulement. pas l'hiver. Et puis, c'est aussi des systèmes technologiques de stockage qui ne sont pas encore aussi au point que les panneaux solaires ou les éoliennes. Ils sont au point, mais ils ne sont pas encore aussi de taille suffisante.

  • Julien Tchernia

    Ils ne sont pas les capacités suffisantes, ils ne sont pas assez nombreux.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ils sont un peu chers encore. Mais ça aussi, c'est une technologie qui avance. Si on a ça, plus encore un mix de nucléaire, moi je pense qu'il ne faut pas supprimer le nucléaire, c'est de la très bonne énergie de base, elle est décarbonée. Elle marche encore pour 50-60 ans, on ne va pas arrêter. Je suis beaucoup plus circonspect avec l'idée de construire des nouveaux EPR, parce que là, je pense que c'est trop cher, et que la demande ne va pas suivre, et que donc, ça va nous coûter très très cher. Mais sur ce qui existe, très bien. Tant qu'il y a de l'uranium, il y a de l'uranium. Parce qu'il ne faut pas oublier que le nucléaire n'est pas renouvelable, simplement parce que l'uranium n'est pas renouvelable. L'uranium, on va le chercher à l'étranger.

  • Julien Tchernia

    Non, c'est décarboné.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est décarboné et pas renouvelable. On parle d'indépendance énergétique par rapport au nucléaire. Non, c'est une indépendance énergétique. Par rapport aux fossiles, on n'a plus d'uranium en France, ça baissine sur Gartan en plein milieu et vide. Donc, il faut aller le chercher dans différents pays. Ça peut créer un problème un jour. Évidemment, on a du stock, c'est facile à stocker, c'est peu volumineux à stocker par rapport à l'énergie que ça produit. Alors que le panneau solaire, une fois qu'il est installé...

  • Julien Tchernia

    On est propriétaire de notre soleil, là.

  • Anne-Laure Daniel

    On est propriétaire du soleil.

  • Julien Tchernia

    Et de notre vent.

  • Anne-Laure Daniel

    Voilà.

  • Julien Tchernia

    Et de notre vent. Après, ils ont quand même des impacts, ta fabrication de ces panneaux solaires, de ces éoliennes. ça doit cohabiter quand même avec les efforts de sobriété ?

  • Anne-Laure Daniel

    Bien sûr ! Il n'y a pas d'énergie qui ne pollue pas quelque part. Ça pollue moins en réalité, effectivement. C'est beaucoup plus simple dans le marketing de dire c'est propre. Non, c'est plus propre. Et plus propre au niveau du CO2. Plus propre aussi au niveau des déchets radioactifs. Un peu moins propre au niveau des mines, parce que les mines de terre rares polluent plus que les mines d'uranium. Et donc, bon an, mal an, c'est plus propre. Mais ce n'est pas parfait, bien sûr. La perfection, ce sera quoi ? Peut-être un jour la fusion froide, je ne sais pas.

  • Julien Tchernia

    On continue quand même encore à faire attention à ce qu'on consomme, quoi qu'il arrive.

  • Anne-Laure Daniel

    Il faut faire attention. Et maintenant, il faut faire attention quand on consomme. Faites vos machines à laver à midi, pas le soir, s'il vous plaît.

  • Julien Tchernia

    Ça, c'est fou que ce soit pas encore programmé.

  • Anne-Laure Daniel

    Eh bien, c'est fou que ce soit pas encore programmé. On est d'accord, on est d'accord.

  • Julien Tchernia

    Bon, prochaine diversification. Alors, en ce moment, le contexte géopolitique, il est quand même compliqué quand on parle de transition énergétique. C'est quand même chahuté. On se rend compte que ça tend même à être légué presque au second plan, que c'est de moins en moins la priorité de nos dirigeants. Est-ce que vous le constatez aussi sur le terrain ? Est-ce qu'il faut faire face à la vague, mais ça va passer ? Ou est-ce que vous pensez qu'il y a un vrai délitement de la prise de conscience climatique ?

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, un délitement de la prise de conscience climatique, oui. Ça, c'est probable. En tous les cas, ça peut s'analyser comme ça. C'est très, très dur d'accepter que tout ce qu'on a fait avant, c'était de la connerie. Surtout si on est un boomer et qu'on est quand même complètement responsable. Et de se dire, merde, en fait, j'aurais pas dû. Merde, j'ai fait une bêtise. C'est très, très compliqué. Et donc, on peut comprendre qu'il y a une réticence. En plus, ça fait tellement peur parce qu'on se sent incapable d'agir ou d'agir à une échelle massive qu'on préfère dire que ça n'existe pas. C'est très, très rassurant. Je comprends tout à fait la psychologie derrière tout ça. La bonne nouvelle sur l'électricité, c'est que le renouvelable a gagné. Il est juste tellement moins cher que c'est mort. Le fossile coûte encore un peu moins cher pour l'instant. Mais pourquoi ? Parce que les Américains, Trump en fait, les Américains au sens USA, artificiellement produisent beaucoup et font baisser les cours. Parce que c'est leur intérêt et que c'est le premier producteur mondial de produits fossiles. Et donc évidemment, ils préfèrent vendre ça, ça fait de l'argent tout de suite. Ça détruit les sols, le cracking pour le gaz de schiste. Et de toute façon, ça ne les empêche pas aujourd'hui de continuer à déployer du renouvelable. Parce que c'est beaucoup moins cher. Et quand on voit le nombre de sociétés qui bossent sur le stockage, on se dit que là aussi, la technologie va finir par apporter une solution. Est-ce que ce sera assez rapide ? Est-ce qu'on finira tous comme dans Mad Max 2 ? Je ne sais pas. Ce qui compte, c'est que chacun fasse le max de ce qu'il peut faire. Moi, c'est tout ce que je demande. Dites-vous, tiens, moi j'ai fait ça. Alors, par exemple, moi j'ai fait Équateur, je ne peux pas faire mieux. Moi, je ne suis pas... C'est déjà pas mal. C'est déjà pas mal. Je ne sais pas si ce sera suffisant ou pas. Mais j'aurais fait ce que j'ai pu.

  • Julien Tchernia

    Que chacun mette sa pierre à l'édifice.

  • Anne-Laure Daniel

    Chaque kilo de CO2 évité vaut la peine. Et puis adaptez-vous un peu, ça va se réchauffer, ça c'est sûr, parce que même si on arrêtait tout de suite les émissions de CO2, comme le CO2 reste un siècle dans l'atmosphère, on est sur une tendance où ça va continuer à chauffer.

  • Julien Tchernia

    L'accumulation va continuer, c'est vrai. Alors il n'y a pas que l'énergie à notre émission écologique, on va en parler aujourd'hui, parce qu'on pourra en parler des heures, je le rappelle juste, c'est vrai que l'énergie a plutôt bien avancé quand même, sur des trajectoires de correction. Après, il y a d'autres limites planétaires qui nous mettent un petit peu en danger aussi. La biodiversité,

  • Anne-Laure Daniel

    c'est le deuxième aspect, mais je ne peux pas faire tout.

  • Julien Tchernia

    Non, on trouvera quelqu'un d'autre pour venir nous parler de la biodiversité, ne vous inquiétez pas. Vous en avez déjà fait beaucoup, c'est vrai. Qu'est-ce qui vous anime encore aujourd'hui ? Qu'est-ce qui vous donne envie ?

  • Anne-Laure Daniel

    J'ai le modèle. Donc aujourd'hui, effectivement, principalement, on vend de l'électricité et un peu des panneaux, vous l'avez dit. Là, j'aimerais que tout le monde devienne producteur. et adapte beaucoup mieux sa consommation. C'est imaginer une maison où on maîtrise tellement les moments de consommation, plus de l'autoconsommation, plus un peu de stockage qui peut être fait dans une voiture électrique, que finalement on arrive, nous, d'un point de vue purement commercial, à faire ce fameux forfait énergétique et puis ensuite tout est à zéro. Les changements de société se sont créés par les entreprises. C'est iPhone qui a changé la société, c'est Microsoft qui a changé la société, je ne sais plus qui a inventé Internet, et rarement parler politique. Et donc, c'est nous, entreprises, qui sommes les mieux placées pour créer ce changement, parce qu'on va trouver des solutions qui plaisent aux gens et qui ont de la valeur. Bon, voilà, mon idée, c'est que les gens arrivent à avoir un forfait énergie comme ils ont un forfait télécom aujourd'hui.

  • Julien Tchernia

    On va déjà devoir équator dans dix ans, alors ça va encore beaucoup bouger l'innovation.

  • Anne-Laure Daniel

    Écoutez, merci.

  • Julien Tchernia

    On va arriver à la fin de ce podcast, c'est passé très vite. Si vous deviez transmettre une conviction à une nouvelle génération d'entrepreneurs, parce qu'elles ont bien changé nos entrepreneurs aujourd'hui, qu'est-ce que vous leur diriez ?

  • Anne-Laure Daniel

    Il faut se battre, c'est tout. Il faut se battre.

  • Julien Tchernia

    Oui,

  • Anne-Laure Daniel

    c'est la bataille. Moi, j'ai un modèle absolu, c'est Cyrano. Donc voilà, n'importe, je me bats, je me bats, je me bats.

  • Julien Tchernia

    Vous avez la compatibilité dans les valeurs de votre entreprise ? Oui, on a la compatibilité. C'est ma surprise parce que c'est rare de voir ce terme.

  • Anne-Laure Daniel

    On nous le reproche, c'est pas une valeur, c'est un état d'esprit. Si, il faut accepter de se battre. Et c'est évidemment dur, mais c'est ça qui est beau. Et si même on va plus loin dans la citation de Cyrano, c'est comment n'importe je me bats, je me bats, je me bats, comment c'est inutile, mais on ne se bat pas dans l'espoir de gagner. C'est beaucoup plus beau lorsque c'est inutile. Et voilà, c'est-à-dire battez-vous, battez-vous et puis on verra bien. Et si ça marche, ça marche. Et si ça ne marche pas, au moment où vous serez battus.

  • Julien Tchernia

    Vous avez été dans l'action. C'est très beau. Merci. C'est une très belle phrase de fin. Merci beaucoup, Julien Tchernia, pour votre... transparence, pour votre authenticité et votre engagement. Votre parcours nous montre qu'on peut transformer un secteur à la racine sans jamais trahir ses convictions. Merci pour ce temps passé ensemble.

  • Anne-Laure Daniel

    Merci à vous, c'est une très belle fin, merci, je suis très fier.

  • Julien Tchernia

    A bientôt. Merci d'avoir écouté les After de la Transformation, une production à des coins de scie. Retrouvez l'intégralité de nos épisodes sur les plateformes de streaming. A bientôt pour un nouvel épisode.

Description

🎙️ Dans cet épisode des Afters de la Transformation, Julien Tchernia, président et cofondateur d’Ekwateur, revient sur l’audace de créer un fournisseur d’énergie 100 % renouvelable dans un secteur dominé par des géants historiques. Un récit inspirant de transition personnelle, de résilience entrepreneuriale et de convictions écologiques chevillées au corps.


Au programme :


  • Un parcours atypique pour une reconversion engagée
    Initialement issu du monde des télécoms et du conseil, Julien Tchernia bascule vers l’énergie après une prise de conscience écologique profonde. Il retourne sur les bancs de l’école, quitte un confort professionnel sécurisant, et se lance dans une nouvelle trajectoire avec pour seul moteur : agir concrètement pour le climat.


  • Ekwateur : la start-up devenue référence du renouvelable
    Née dans une chambre de bonne en 2015 avec 500 000 € d’économies personnelles, Ekwateur a grandi malgré les difficultés de financement. Aujourd’hui, c’est plus de 450 millions d’euros de chiffre d’affaires, 150 salariés, plus de 250 000 compteurs et une diversification vers le solaire, la mobilité électrique ou encore l’efficacité énergétique.


  • Une stratégie fondée sur les valeurs et l’innovation
    Face à des concurrents misant sur les prix, Ekwateur choisit de convaincre par le sens : des valeurs fortes, une marque engagée, des offres personnalisées et une communication directe. Le tout soutenu par une innovation constante, comme la traçabilité énergétique régionale ou la production distribuée via des panneaux solaires.


  • Un management pragmatique et humain
    Culture startup, recrutements exigeants, responsabilisation des équipes et autonomie sont au cœur du modèle. Malgré les épreuves (Covid, crise de l’énergie, IPO avortée), l’entreprise tient le cap grâce à un duo de fondateurs solide et une gouvernance ouverte où chaque collaborateur peut porter des initiatives.


  • Une croissance sobre et maîtrisée
    Ayant appris des secousses du marché, Julien Tchernia privilégie une croissance rentable et résiliente. Loin des effets d’annonce, Ekwateur consolide son modèle sur la durée, allant jusqu’à racheter deux concurrents récemment.


  • Entreprise à mission, certifiée B Corp : des engagements assumés
    Sans rien changer à sa structure initiale, Ekwateur décroche la certification B Corp et adopte le statut d’entreprise à mission. Non pas comme vitrine, mais comme prolongement naturel de ses convictions. Chaque salarié est invité à contribuer, quel que soit son point de départ écologique.


  • Une vision décentralisée de l’énergie
    Demain, chaque client pourrait devenir producteur, stocker son énergie, choisir ses sources de production, voire offrir son surplus à ses proches. Julien Tchernia rêve d’un modèle inspiré du forfait télécom, où l’énergie serait gérée intelligemment, localement, et sans gaspillage.


  • Une philosophie : se battre, encore et toujours
    À la manière d’un Cyrano qu’il cite avec ferveur, Julien Tchernia incarne une vision militante de l’entrepreneuriat : se battre pour ses convictions, même quand c’est difficile, voire inutile. Parce que c’est là que réside la beauté du combat.


Un témoignage puissant d’un entrepreneur qui change les règles, sans jamais trahir ses valeurs.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Julien Tchernia

    J'ai jamais trouvé que c'était facile de financer Ekwateur. Jamais, jamais, jamais. On a toujours cru que ça allait l'être. En fait, avant de se lancer, on a discuté avec plein de gens qui ont dit « Mais c'est génial, mais moi je serais le premier à te mettre de l'argent. » Bon, ils nous ont jamais mis d'argent, ces gens-là. Donc nous, on a d'abord démarré sur notre argent à nous, puisqu'on a mis toutes nos économies, chacun, Jonathan et moi, 250 000 euros chacun, pour démarrer la boîte. Et puis avec la certitude qu'il faudrait lever des fonds. On s'est retrouvés, ça c'était en septembre 2015, en juillet 2016, on n'avait plus beaucoup d'argent, on n'avait toujours pas lancé le service, on devait le lancer en septembre. Il y a une banque qui a bien voulu nous prêter je sais plus 100 ou 200 000 euros. Ensuite, on a fait une levée de fonds participative, la première, où on a levé des obligations, qui nous a permis de tenir jusqu'en décembre, où là on a réussi à boucler notre première levée de fonds de 2 millions d'euros.

  • Anne-Laure Daniel

    Bonjour, je suis Anne-Laure Daniel, et vous écoutez... Les afters de la transformation, un podcast Adequancy qui donne la parole aux leaders et acteurs des enjeux de demain. Bonne écoute à tous. Alors que l'urgence de la transition énergétique semble un peu mise à mal dans un contexte international fluctuant, certains acteurs continuent de bousculer les codes d'un secteur longtemps dominé par les géants historiques. Et oui, aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Julien Tchernia, président et cofondateur d'Ekwateur. un pionnier de la fourniture d'énergie 100% renouvelable qui a profondément transformé le marché de l'énergie en France. Bienvenue Julien.

  • Julien Tchernia

    Merci de m'avoir invité.

  • Anne-Laure Daniel

    On est très très heureux de vous accueillir. Rapidement, on va revenir un petit peu sur votre parcours, on va parler d'Ekwateur, de ce beau parcours qui est devenu une vraie pépite française du renouvelable. Et puis on va parler aussi un petit peu de vos engagements à côté, parce qu'au-delà d'Ekwateur, vous êtes un infatigable pionnier pour la transition énergétique.

  • Julien Tchernia

    Merci, je ne sais pas si je mérite tout ça, mais en tout cas je serais ravi d'en parler.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors Julien, vous venez du monde des télécoms au départ, c'est ça ? Alors vous avez navigué entre énergie et télécoms, dans des entreprises de conseil, un peu partout en Europe. Et puis finalement, vous avez posé vos valises dans l'énergie.

  • Julien Tchernia

    Exactement.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ça, c'était en 2013.

  • Julien Tchernia

    C'était en 2013, j'ai travaillé dans l'énergie et j'ai essayé d'y rentrer sérieusement depuis 2007.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Donc il a fallu être patient pour y rentrer sérieusement. Oui. C'est une patience qui aura payé du coup ?

  • Julien Tchernia

    Oui. A priori.

  • Anne-Laure Daniel

    Je suis content. Et donc vous êtes arrivé avec l'Empiris pour lancer l'Empiris en France, qui a été vraiment le lancement de vos activités dans la fourniture d'énergie. Et c'est là que vous avez rencontré Jonathan Martelli, avec qui vous avez fondé Ekwateur en 2015.

  • Julien Tchernia

    C'est exactement ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors qu'est-ce qui fait, juste avant Ekwateur, que vous vous êtes dit qu'il fallait changer les règles du jeu de l'énergie ?

  • Julien Tchernia

    En fait, ça commence un peu avant, c'est ce que je vous disais. J'étais à Milan à l'époque, ça devait être donc 2006. Merci. où je faisais ce fameux métier de conseil. À l'époque, c'était surtout des télécoms. Il y avait moins d'énergie qu'avant. Et je me suis rendu compte qu'il se passait quelque chose au niveau du climat et qu'il fallait agir. Et je me suis dit que plutôt de se limiter seulement à titre personnel à arrêter son robinet pendant qu'on se lave les dents, il était peut-être temps d'essayer de faire plus. Et j'ai décidé de tout arrêter. Donc, j'ai tout lâché, j'ai démissionné. Je suis parti sur les bancs de l'école pour apprendre le métier de l'énergie. puisque je trouvais que je voulais le faire, mais que je ne le faisais pas. Je me suis dit, il doit te manquer quelque chose. Et donc, je suis allé aux mines de Paris, l'antenne de Sophie Antipolis, Pasteur Oz, où j'ai recommencé ma vie d'étudiant à un âge certain.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est hyper audacieux.

  • Julien Tchernia

    Oui, on m'a déjà dit ça. Non, c'était absolument nécessaire. J'étais tellement malheureux, malgré les kilos euros et le beau bureau. J'étais trop malheureux, donc il fallait faire quelque chose. Par contre, comme vous dites, Je suis sorti du master en octobre 2008. C'était Lehman Brothers, les Subprime. Et donc, ça a été beaucoup plus compliqué que prévu pour finir par retomber dans l'énergie. Donc, j'ai dû reprendre un peu de télécom. Il fallait bien manger. Et puis, en 2013, c'est des Belges qui m'ont appelé, puisque j'avais travaillé en Belgique avant. Et qui m'ont dit, tiens, on connaît une boîte qui cherche un directeur France. Alors, je n'ai pas vraiment lancé l'Empiric. Ils s'étaient lancés trois ans avant. Ils avaient réussi 5000 compteurs en trois ans. D'accord. Et moi, j'ai démarré, j'ai fait 150 000 compteurs de plus en un an et demi.

  • Anne-Laure Daniel

    Vous avez scalé,

  • Julien Tchernia

    vraiment. On a accéléré beaucoup. Et c'est effectivement là où j'ai rencontré Jonathan. Je ne sais plus, dix jours après mon recrutement, je l'ai vu en entretien. Je l'ai recruté direct et on est partis ensemble.

  • Anne-Laure Daniel

    Et vous n'avez plus quitté finalement. Et on ne s'est plus quittés. Super. Avant Ekwateur, Lampiris, il y a eu un petit passage, chez Total ? Non,

  • Julien Tchernia

    non, non, jamais. J'étais chez l'Empiris et on a quitté l'Empiris avant que l'Empiris se fasse racheter par Total.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord, et c'est là qu'est né Ekwateur.

  • Julien Tchernia

    Et c'est là qu'est né Équateur. J'ai travaillé un peu dans le pétrole, avouons-le. D'abord, ma mère a été chez BP, donc voilà, en raffinerie de la Vera dans le sud de la France. Et moi, j'ai travaillé, j'ai fait mon stage du master dans l'énergie dans une entreprise qui était un sous-traitant des raffineries. Et donc là, j'ai visité une petite vingtaine de raffineries en Italie, en France, un peu partout.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord, un secteur industriel passionnant.

  • Julien Tchernia

    C'est passionnant, c'est pas positif pour le climat, mais pour un ingénieur, c'est merveilleux. Quel génie humain ! C'est grand et ça marche bien.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est vrai. Pour autant, vous avez envie de changer un petit peu la donne, le marché.

  • Julien Tchernia

    De toute façon, oui.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc, vous étiez un des pionniers, parce qu'à l'époque, il faut quand même remettre ça dans son contexte, les accords de Paris n'étaient même pas encore signés quand vous avez lancé Équateur. Donc, ce n'était quand même pas les sujets de tendance. Il fallait avoir une conviction chevillée au corps pour se lancer dans ce pari fou ?

  • Julien Tchernia

    Oui, bien sûr. C'était pour ça que j'avais fait le master. C'est pour ça que j'avais arrêté toute mon activité professionnelle. Et donc, j'avais envie de le faire. Et donc, je l'ai fait.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Non, mais ce n'était pas la question que ce soit le bon moment. Il fallait y aller, en fait.

  • Julien Tchernia

    Oui, c'était le bon moment parce que chez l'Empiris, justement parce qu'ils étaient en train de se faire racheter, on ne le savait pas. Mais en tous les cas, on avait senti un changement d'ambiance, un changement de vision. et donc ça ne nous allait plus et donc on a dit on va le faire tout seul. Et puis on s'est mis dans ma chambre de bonne, on a acheté un cahier, un crayon et on a démarré.

  • Anne-Laure Daniel

    Comme les belles start-up.

  • Julien Tchernia

    C'est exactement la start-up parisienne, alors là c'est ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors aujourd'hui, Équateur, c'est plus la start-up parisienne.

  • Julien Tchernia

    On a du mal à dire start-up, on ne peut plus.

  • Anne-Laure Daniel

    On ne peut plus, on ne peut plus. C'est 450 millions de chiffres d'affaires, c'est plus de 251 000 compteurs, ce sont des panneaux solaires, c'est de la mobilité électrique, de l'efficacité énergétique. Vous êtes beaucoup diversifié, c'est aussi près de 150 collaborateurs en France. Et c'est surtout une pépite du CAC 40 du futur. C'est comme ça qu'on l'appelle, le fameux DEX 40 de la Fremdtech. Le label Impact 40, encore confirmé la semaine dernière. C'est ça. Donc, vous êtes vraiment un pionnier. Et vous montrez la voie à beaucoup de startups derrière vous.

  • Julien Tchernia

    Alors, moi, ça me gêne quand on dit ça. Donc, il y a des gens qui nous jugent comme pionniers. Et tant mieux si ça a des vocations. Ça, c'est le plus important. Après, nous, on fait ce qu'on aime faire et ce qu'on a envie de faire. On le fait avec les moyens qu'on a, qu'on trouve. C'est un monde très contraint. Ça a l'air magique, vous le décrivez, mais effectivement, c'est plus contraint que ça. Et on est loin de ce qu'on voudrait faire. On est encore très loin de ça.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, ce n'était pas un bouton magique. Vous êtes née dans un marché qui était ultra dominé par des acteurs historiques bien en place et qui sont d'ailleurs toujours dans le décor. C'était surtout très réglementé. Et il a fallu bousculer aussi les lignes face à la réglementation. Alors comment vous avez trouvé votre place face à ces géants ?

  • Julien Tchernia

    Alors c'est effectivement toujours très très compliqué au niveau réglementaire et affaires publiques, c'est d'ailleurs maintenant presque 50% de mon temps. J'ai été formé très vite par Direct Energy, donc quand on a démarré chez Lampiris, le fournisseur alternatif de référence c'était Direct Energy, qui cartonnait et qui a été racheté depuis par Total aussi, qui définitivement fait son marché partout. Et qui avait lancé dès 2007, voire même un peu avant, à travers de Fabien Chonnet, qui est un des trois fondateurs de DirectEnergie, une activité réglementaire et d'affaires publiques très efficace. Et qui avait créé une association dans laquelle l'Empiris était. Et donc moi, j'ai commencé à siéger à cette association. Et j'ai compris en voyant Fabien travailler et Martial Houle aussi, qui était son responsable juridique. de la nécessité de s'unir, de la nécessité de travailler aussi sur ce segment-là, puisque dans le métier où j'étais précédemment, c'était complètement inutile, et de la façon de le faire. Donc vous êtes petit, vous tapez du poing sur la table et puis c'est tout, et vous vous appuyez sur les règles, les lois, et vous faites respecter les règles et les lois. Un monopole a du pouvoir, tout pouvoir tend à l'abus de pouvoir, et donc en permanence, vous avez les acteurs monopolistiques français qui font de l'abus de pouvoir, et c'est à vous. de surveiller ça et de protéger ça. Sinon, personne ne le fera à votre place.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Mais à l'époque, vous étiez peu d'acteurs. Et donc, ça devait demander beaucoup d'énergie quand même.

  • Julien Tchernia

    Ça en demande beaucoup, encore plus maintenant, avec la crise. Il y a eu un grand, grand retour en force des acteurs historiques, en particulier dans l'électricité. Et donc, depuis décembre, j'ai été élu président de l'association des fournisseurs, justement celle qui avait été créée par Fabien Cholet.

  • Anne-Laure Daniel

    L'ANODE, la fameuse ANODE.

  • Julien Tchernia

    Et donc, je parlais encore ce matin avec... des personnes qui doivent donner un rapport à la Commission européenne. Je suis auditionné par le Sénat la semaine prochaine, par la Commission de régulation de l'énergie lundi. Donc c'est un travail quotidien.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Et c'est quoi les grands sujets en ce moment ? Je imagine qu'on parle de l'AREN. Peut-être qu'il faut qu'on en parle un petit peu et préciser ce que c'est pour nos auditeurs. Mais c'est quand même un sujet sur le...

  • Julien Tchernia

    Oui, l'AREN, je vais vous préciser ce que c'est. On en parle parce que ça se termine. Donc ça se termine au 1er janvier. Donc l'AREN, c'est un système qui a été mis en place, entre autres justement par Fabien Chonet, qui a permis à tous les Français de bénéficier de la rente du nucléaire historique. Donc EDF a hérité d'un parc de production nucléaire historique qui avait été construit pendant le monopole. Donc vous l'ayez voulu ou pas, vous avez dû l'avoir. Vous avez dû le payer aussi. L'électricité a augmenté de 10-15% par an tous les ans de 1974 à 1986 pour financer ça. Donc on l'a payé. Il est amorti. c'est C'est un facteur de compétitivité. Tous les Français doivent pouvoir en profiter. Les politiques étaient d'accord avec ça. Et donc, ce système a imposé à EDF de vendre à tous les Français un prix qui était le coût de production de l'époque, 42 euros. 42 est devenu un chiffre dans notre secteur. Une partie de leur énergie.

  • Anne-Laure Daniel

    Quel que soit le fournisseur, en fait, peut changer de fournisseur et bénéficier de la rente nucléaire.

  • Julien Tchernia

    Voilà, c'est ça. Alors, historiquement, c'était 68%. Ça a diminué à 50%. 68% de l'énergie que vous aviez était payée au prix coûtant. Et puis ensuite, 50%. C'est un système qu'évidemment, EDF a décrié autant que faire se peut, puisque leur métier, c'est de produire. Ils n'avaient pas envie de vendre à prix coûtant. C'est normal, c'est leur métier. Donc, ils ont beaucoup, beaucoup hurlé contre. Et donc, ils ont réussi à le faire supprimer. Et maintenant la question c'est qu'est-ce qu'il y a après ? Aujourd'hui il n'y a rien après. Et donc je vous annonce qu'après, s'il y a une nouvelle crise d'énergie, c'est game over pour les Français. C'est-à-dire que EDF a fait quand même plus de 10 milliards de bénéfices en 2023 et 14 en 2024. Donc quand on laisse la possibilité aux producteurs de vendre au prix qu'ils veulent, évidemment ils gagnent beaucoup d'argent. Et c'est au détriment des consommateurs tout simplement. Et nous ça fait partie des batailles qu'on mène cette année à l'anode.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc vous arrivez avec vos propositions concrètes.

  • Julien Tchernia

    Qu'est-ce qu'on peut faire à la place ? Nous, on pense qu'on devrait continuer à distribuer cette rente nucléaire pour le nucléaire historique, pas pour le nouveau nucléaire. Le nouveau nucléaire est un choix d'une entreprise privée d'investir dans un certain type de moyens de production. Ça a eu les bénéfices. Ultra coûteux pour l'instant. Ils promettent que ce sera beaucoup moins cher dans 70 ans. Donc on verra. Mais pour l'instant, c'est effectivement ultra coûteux. En attendant, le nucléaire historique, lui, il devrait être mis quelque part comme... Une espèce de service public de l'électricité avec un prix réglementé vers le haut et vers le bas. Parce que l'arène avait des défauts, en particulier l'optionalité. Ça, ce n'était pas très juste par rapport au producteur. On pouvait choisir de ne pas l'acheter si on trouvait moins cher ailleurs.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, quand le marché était moins cher, du coup, EDF se retrouvait avec son nucléaire un peu plus cher que le marché.

  • Julien Tchernia

    C'est ça. Et donc, ils vendaient moins cher puisque c'était la même énergie, mais qu'ils vendaient sur les marchés.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc ça, j'ai bien compris que ça vous occupait beaucoup. Pour autant, vous êtes quand même toujours président d'Equateur. Oui. Ça doit aussi vous occuper encore beaucoup ? Oui. Bon. Je vous propose qu'on revienne un petit peu quand même sur votre histoire, sur comment s'est fait Équateur, quelles ont été les grandes phases de son histoire. Quand on est un jeune fournisseur, on a besoin de financement pour se lancer. C'est un métier qui est très demandeur de financement. C'est un métier qui se finance bien d'être fournisseur d'énergie ou c'est une difficulté quand on est une jeune pousse ?

  • Julien Tchernia

    Je ne sais pas comment se financent les autres, mais je n'ai jamais trouvé que c'était facile de financer Équateur. Jamais, jamais, jamais. On a toujours cru que ça allait l'être. En fait, avant de se lancer, on a discuté avec plein de gens qui ont dit « Mais c'est génial, mais moi je serais le premier à te mettre de l'argent ! » Bon, ils ne nous ont jamais mis d'argent, ces gens-là. Donc nous, on a d'abord démarré sur notre argent à nous, puisqu'on a mis toutes nos économies chacun, Jonathan et moi, 250 000 euros chacun, pour démarrer la boîte. Et puis avec la certitude qu'il faudrait lever des fonds. On s'est retrouvés, ça c'était en septembre 2015, en juillet 2016, on n'avait plus beaucoup d'argent, on n'avait toujours pas lancé le service, on devait le lancer en septembre. Il y a une banque qui a bien voulu nous prêter plus de 100 ou 200 000 euros. Ensuite, on a fait une levée de fonds participative, la première, où on a levé des obligations, qui nous a permis de tenir jusqu'en décembre, où là, on a réussi à boucler notre première levée de fonds de 2 millions d'euros. Et ça,

  • Anne-Laure Daniel

    c'était pour financer le développement de votre plateforme, parce que vous êtes un acteur du digital.

  • Julien Tchernia

    Oui, donc il y a deux choses à faire. Il y a trois choses. Je vais le refaire en deux choses, et puis après, je vais faire des sous-choses, parce que je suis quand même ingénieur. Donc, il y a deux choses. Il y a un, financer l'activité. Et donc là, les deux sous-choses, c'est difficile à prononcer. C'est un, la plateforme digitale et deux, l'acquisition. Il faut faire connaître sa marque. On est sur un produit qui est le même pour tous. Donc, la différence, c'est la marque. Et donc, ça, ça coûte de l'argent, évidemment. Et en parallèle, vous avez besoin de mobiliser beaucoup d'argent pour racheter l'énergie. Tout simplement, quand vous allez voir un producteur international en disant super. J'ai créé un fournisseur, je voudrais t'acheter du gaz. Je me souviens, j'étais allé voir les fournisseurs de l'Empiris. Ils m'avaient invité dans des restos géniaux. Là, ils avaient dit, bon, mais quand tu seras un peu plus grand, on s'occupera de toi. Mais de toute façon, là, on n'aurait pas le droit de te vendre parce que tu n'es pas assez solide financièrement. Et donc, on est obligé de donner des garanties financières. Et donc, plus on grandit, plus on achète de l'énergie, plus on achète de l'énergie, plus on est obligé de mettre des garanties financières. C'est-à-dire que la banque vous demande de bloquer du cash. et en plus considère ça comme de l'endettement. Donc vous êtes obligé de faire des levées de frais. Double peine. Et puis finalement, nous, on a fini par trouver des solutions avec d'autres fournisseurs où ils prennent leur sécurité sur nos factures, etc. Mais voilà, il a fallu jongler et il faut encore jongler tout le temps.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Donc, quand on est jeune, c'est des enjeux financiers monumentaux.

  • Julien Tchernia

    Oui. Et ce qui est intéressant, c'est qu'on ne s'y attendait pas du tout. Un peu naïf, peut-être. Et donc, on a démarré, bim, bim, on a eu la licence, on a commencé la plateforme. Et puis...

  • Anne-Laure Daniel

    C'était bien parce que peut-être que vous ne seriez jamais allé sinon.

  • Julien Tchernia

    Je pense qu'on ne serait jamais allé sinon. On aurait fait différemment dès le début.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était peut-être pour le meilleur.

  • Julien Tchernia

    Bye bye Oui, non, non, c'est toujours pour le meilleur. C'est toujours pour le meilleur. Dans les financements qui sont très difficiles, toutes les levées de fonds étaient difficiles. Je ne sais pas si vous avez prévu d'en parler, mais on a raté une IPO. C'était a posteriori pour le meilleur. Sur le coût ? Non, pas pour le meilleur.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, pour rebondir.

  • Julien Tchernia

    Beaucoup de travail. Mais si on avait réussi, on aurait lancé la croissance à tout va, sans chercher la rentabilité. Or, c'était vers 2021, mi-2021, donc en juin 2021. Et donc là, vous aviez le prix du gaz qui commençait à augmenter, et puis ensuite le prix de l'élec. Et puis ensuite, nous, on a vu la crise dès octobre 2021, qui a empiré ensuite en 2022, avec la corrosion sous contrainte qui arrivait en décembre 2021 et qui arrivait partout pour les centrales françaises. Et donc, heureusement... Comme on avait raté l'IPO, avec le board, on avait dit, bon ben, on arrête cette croissance à tout va, on se concentre sur la croissance rentable. Et puis, tant pis, on ne sera pas aussi gros que ce qu'on voulait, mais on sera rentable.

  • Anne-Laure Daniel

    On ne sera pas EDF demain, mais en fait, on le fait bien.

  • Julien Tchernia

    On le fait bien et comme ça, on est plus indépendant. Puis surtout, finalement, il faut comprendre le message du marché. Pourquoi ils n'ont pas voulu investir ? On s'est dit, c'est parce que ça, ils ne trouvaient pas assez rentable, donc on va le faire. Et grâce à ça, on est parti sur une politique très prudente dès juillet 2021. qui nous a bien aidé à passer mieux la crise que nos concurrents. D'ailleurs, depuis, on en a racheté deux. Donc voilà, on a fait le bon pari à ce moment-là.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc la contrainte a été finalement un succès.

  • Julien Tchernia

    Tout vient à point pour qui sait attendre.

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, dans les points de développement d'Equateur, vous avez quand même parlé du marché. Il faut aller chercher ses clients. L'achat d'énergie en ligne, ce n'était quand même pas monnaie courante à l'époque. Il a fallu quand même pousser les lignes, vraiment changer les mentalités. Comment vous avez réussi ce pari fou ?

  • Julien Tchernia

    Je ne sais pas si on l'a réussi, en tous les cas c'est très difficile. Et la chose spécifique qu'on a fait avec Equateur sur le commerce, c'est que j'ai constaté que mes concurrents, avant qu'on arrive sur le marché, ils ne faisaient qu'une chose, c'est qu'ils vendaient équivalence de service pour moins cher. C'était ça leur credo. En quelques minutes, vous allez changer, c'est la même énergie, il y aura une coupe, et vous ferez 4% d'économie, 5%. Donc pas grand-chose en fait. 5 euros par mois, 10 euros par mois. Heureusement encore pour nous en France. Il y a beaucoup de gens pour qui ça ne représente pas grand-chose. Pour ceux pour qui c'est important, tant mieux, et ils en ont profité. Et nous, on s'est dit, mais le sujet, il est ailleurs. En fait, ça doit être un sujet d'adhésion de marques et de valeurs. Aujourd'hui, les marques, ce sont des valeurs. De toute façon, moi, j'avais mes valeurs qui étaient les miennes que je portais depuis que j'ai fait le master. Et donc, on a développé la société autour de ça. Un, les valeurs. Et deux, l'innovation. Parce que l'innovation, ça permet, ça intéresse les journalistes, qui ensuite parlent de vous. Et ça, c'est beaucoup moins cher que de faire de la pub dans le métro ou de la pub sur Google, qui est quand même aussi excessivement cher. Et donc, c'est comme ça qu'on a réussi à faire connaître le nom, parce que vous n'allez pas changer de fournisseur d'énergie si vous ne connaissez pas le nom, même s'il n'y a aucun risque. Et faites-le, choisissez votre fournisseur en fonction des critères qui vous plaît.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était l'instant pub !

  • Julien Tchernia

    Voilà, même si vous ne connaissez pas le fournisseur, prenez-en un sur les critères qui vous plaît. Mais c'est sûr que l'énergie étant tellement importante chez nous, Pour chacun, en fait, qu'on a envie de connaître le nom avant de prendre la boîte qui vient de se créer il y a deux semaines.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, puis il n'y a pas que le nom, il y a la finalité chez vous aussi. Il y a le nom,

  • Julien Tchernia

    il y a la finalité, les valeurs. Au début, c'est assez marrant. On a eu plus de clients parce qu'on était une startup qui cartonnait que parce qu'on était vert.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était l'attrait de la nouveauté. Oui,

  • Julien Tchernia

    l'attrait de la nouveauté, l'attrait du succès. Le succès entraîne le succès. Le vert, c'est arrivé plutôt en 2018-2019, où là, c'est devenu un sujet qui est important. Avant, c'était un moyen de fidéliser, mais c'était rarement la première raison pour laquelle les clients venaient chez nous.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Et qu'est-ce qui fait que ça a basculé du coup comme un enjeu ?

  • Julien Tchernia

    2018-2019, il y a eu une prise de conscience, je pense, mondiale, petit à petit. Je ne me souviens plus exactement ce qu'il y a eu. Il y a dû y avoir la COP à Paris, puis il y a dû y avoir...

  • Anne-Laure Daniel

    Les COP qui commencent à se répéter.

  • Julien Tchernia

    Ça se répétait.

  • Anne-Laure Daniel

    Les rapports du GIEC.

  • Julien Tchernia

    Premier rapport du GIEC qui devait dater d'avant, mais il y a dû y avoir des méga-incendies, des choses comme ça. enfin il y a une prise de conscience Vers cette date-là, il faudrait que je vérifie effectivement ce qui s'était passé exactement en 2018. Mais on a bien senti le changement, où les gens ont commencé à s'intéresser aux renouvelables.

  • Anne-Laure Daniel

    Et à comprendre du coup, c'est quoi le renouvelable ? Parce que le renouvelable, pour ceux qui ne connaissent pas forcément bien, on peut trouver du renouvelable qu'on fait venir du Brésil, ou on peut avoir du renouvelable local. Vous êtes plutôt sur un renouvelable local. Et ça fait aussi partie de vos promesses, d'ailleurs, c'est le régional.

  • Julien Tchernia

    Tout à fait. On ne peut pas trouver du renouvelable qui vient du Brésil en France ? Donc le renouvelable déjà, c'est une réalité et c'est compliqué à vendre parce que l'énergie qui va arriver dans votre prise, ce sera la même, quel que soit votre fournisseur. Puisqu'il n'y a qu'un seul réseau, tous les électrons se mélangent. Pareil pour le gaz, on vend du biométhane, la molécule de méthane, elle ne se reconnaît pas et elles ne sont pas traçables. Donc à partir de là, ce que vous devez utiliser, c'est ce qu'on appelle une garantie d'origine, qui est un certificat de traçabilité européen. c'est pour ça que je dis que le Brésil c'est pas possible et qui va garantir que effectivement il y a un volume d'énergie renouvelable qui a bien été injecté sur le réseau et qu'il n'est compté que pour vous. C'est-à-dire qu'on achète cette garantie d'origine et ensuite on va l'annuler sur un registre. On peut aller jusqu'en Islande, mais alors nous on s'y refuse parce que justement il n'y a pas d'interconnexion entre l'Islande et l'Europe. Par contre, on a une première offre qui est la moins chère où on dit, nous on va chercher l'énergie la moins chère d'Europe et si c'est norvégien, c'est norvégien. Et finalement, Et puis, ce qu'on fait, c'est une offre premium où là, on change un peu l'état d'esprit. On dit non, non, mais là, vous, ce que vous voulez, c'est pas seulement acheter des renouvelables, c'est avancer sur la transition énergétique et aider à. Et donc là, on choisit des petites centrales de production en France qu'on va flécher. Et puis, les gens choisissent sur une carte et puis cliquent et ils aiment bien.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ça, ils comprennent maintenant. Le consommateur est vraiment alerte sur ces choses-là.

  • Julien Tchernia

    Alors, il manque encore un point qu'on a commencé à faire, puis on a arrêté. Ça ne marche pas encore très bien, qui est le 24-7. Parce qu'évidemment, quand vous achetez un parc solaire, Dans les Bouches-du-Rhône, vous vous doutez bien que la nuit, ce n'est pas lui qui vous fournit. Et donc, en fait, ce qu'on fait, c'est qu'on en achète plus la journée pour compenser la nuit. Et on aimerait qu'il y ait quelque chose qui se voit là. Et que quelqu'un puisse dire à son voisin, non, non, mais en ce moment, je t'assure, c'est mon parc éolien. Il y a bien du vent là-bas. ou bien, non mais hier il y en avait beaucoup et là on a pris de l'avance.

  • Anne-Laure Daniel

    Donc là, c'est de la gestion de réseaux ultra diffus qui va certainement devenir un peu l'avenir des réseaux énergétiques. C'est une des visions que vous défendez ?

  • Julien Tchernia

    Oui, c'est une des visions qu'on défend. On avait commencé un projet avec une cité qui s'appelle Powerledger australienne, qui fait toujours d'ailleurs un système de blockchain qui permet, quart d'heure par quart d'heure, de voir ce qui a été produit, ce qui a été consommé. Et ça permet même à terme, ça permettra à nos clients qui ont des panneaux, de prendre leur surplus et de le revendre à leurs voisins. Ou de l'offrir à leurs enfants qui font leurs études à Paris, par exemple. Et donc ça, on l'a mis en œuvre, mais aujourd'hui, c'est encore embryonnaire. Ça ne marche pas assez vite, à mon goût. Ce n'est pas du temps réel et c'est un peu cher encore. D'accord. Même si c'est trop cher. Et donc, je suis désolé, c'est trop cher. Et donc, on a arrêté, mais on était prêt techniquement. Enfin, prêt techniquement, non, parce que ce n'était pas aussi temps réel qu'on voulait. Mais en tous les cas, ça fonctionnait. C'était encore un peu cher. et je pense que ça reviendra vers là. Oui, bien sûr.

  • Anne-Laure Daniel

    Pour développer, c'est un nouvel acteur comme ça, on a besoin de nouveaux métiers. Comment on trouve les talents ? Comment on va chercher les bonnes compétences sur un marché qui est en train de se créer, où on n'a pas encore tous les ingénieurs, toutes les ressources marketing qui connaissent ces ressorts de vente, etc.

  • Julien Tchernia

    Comment on s'entend ? Alors, le marché de la fourniture, il existe quand même depuis longtemps.

  • Anne-Laure Daniel

    Oui, mais il était en pleine transformation à cette époque-là.

  • Julien Tchernia

    Moi, j'ai eu la chance de travailler dans une boîte qui s'appelait Altran. qui a été revendu depuis de 1998, puisque j'étais en Belgique, de 1998 à 2007. Et à partir de 2000, j'étais responsable d'équipe et je faisais mes recrutements moi-même. C'était 10 entretiens par semaine pendant 6 ans. Et j'ai dû recruter, je ne sais pas, aucune idée, 200, 500 personnes, je n'ai aucune idée. Et on a recruté deux par mois, si vous pouvez faire le calcul. Et on apprend beaucoup à comprendre le mieux les personnes qu'on a en face de soi en une heure. C'est très compliqué, c'est un exercice épuisant, entre autres, quand c'est bien fait. Et ça évite de se tromper, ça c'est la première chose. Et deuxièmement, on a été sévère dès le début, et chez Equator, une période d'essai, c'est une période d'essai. Et donc si ça ne passe pas, ça ne passe pas. Et on s'arrête et on ne continue pas. Par opposition à toutes les boîtes du CAC 40 dans lesquelles j'avais bossé quand j'étais plus jeune, où une fois qu'on rentrait, on rentrait, j'avais jamais vu une période d'essai se terminer. Nous, on en a fermé beaucoup. Mais je vous confirme que... au début, pour recruter les premiers informaticiens pour développer la plateforme, on a utilisé un petit truc. C'est-à-dire que les gens pensent, les jeunes en particulier, qu'une start-up, c'est Google, qui a des poufs de toutes les couleurs partout. Des baby-foods, des soirées pizza. Et nous, on n'avait pas ça. Puisqu'on avait ma chambre de bonne, au début même, on se réunissait dans des salles à droite à gauche. Et puis, on avait une petite salle à l'incubateur qui devait faire à peu près la taille de cette table. Et donc, on s'est dit, ça ne passera pas. Et on a souloué des bureaux à une banque d'affaires, Place de l'Opéra.

  • Anne-Laure Daniel

    Ah,

  • Julien Tchernia

    le chat des cultures ! Ils nous ont souloué un bureau et une belle salle de réunion. Et quand les gens arrivaient, ils arrivaient dans la banque d'affaires. Et donc, ils voyaient, succès, succès, succès, succès, succès, succès. Et puis après, ils montaient, puis on les recevait là. Et donc, ça mettait un état d'esprit positif.

  • Anne-Laure Daniel

    L'ambition. Au moins, ça marquait l'ambition d'entreprise.

  • Julien Tchernia

    Ça marquait une boîte solide. Et puis ensuite, on a loué des petits bureaux beaucoup moins sexy à côté de Notre-Dame de Lorette. Et on a passé le week-end avec tous les employés à monter les meubles Ikea.

  • Anne-Laure Daniel

    Ça, ça crée aussi une culture d'entreprise forte. Ça crée une culture d'entreprise,

  • Julien Tchernia

    effectivement.

  • Anne-Laure Daniel

    Et cette culture startup, vous avez réussi à la garder en grandissant ?

  • Julien Tchernia

    À moins, je trouve. Oui, c'est ça. C'est difficile, c'est des questions qu'on se pose tout le temps avec mon associé. Et c'est très compliqué. C'est très compliqué, je la trouve moins qu'avant. Par contre, il y a quelques piliers qui se battent avec nous pour la créer, la recréer. Et puis, on s'est tapé le Covid. Ensuite, on s'est tapé l'IPO qui a raté. Ensuite, on s'est tapé la plus grosse crise de l'énergie depuis 1974. Et donc, ça fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de coups dans la figure. Et donc, ça crée des gens très solides, mais un peu plus protégés dans leur coquille que courant devant. Il faut retrouver de l'élan et de la liberté et de l'envie d'entreprendre. Parce qu'on était sous l'orage pendant quatre ans. C'était compliqué, ce secteur.

  • Anne-Laure Daniel

    Et le binôme de fondateur, comment il tient bon dans la tempête ?

  • Julien Tchernia

    Il fait ce qu'il peut, le binôme. Il fait ce qu'il peut, on travaille ensemble depuis 13 ans. On a eu une règle implicite, c'est qu'on n'est pas amis. Je n'ai jamais dîné chez lui, il n'a jamais dîné chez moi. Et donc ça permet de s'engueuler.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est bien, c'est sain. Au moins on en est. Oui, oui. Vous allez jusqu'au bout de vos engagements. Votre entreprise est certifiée Bicorp. Vous êtes entreprise à mission depuis...

  • Julien Tchernia

    2021.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est ça. Qu'est-ce que ça change ? En fait, parce que vous étiez déjà très engagé, j'imagine très aligné dans votre façon de gérer votre entreprise. Qu'est-ce que ça change de se faire certifier, de devenir vraiment... entreprise à mission, Bicorp ?

  • Julien Tchernia

    C'est simplement une preuve d'une réalité. Bicorp, par exemple, ça a été l'initiative de notre responsable communication et valeurs de l'époque, qui a dit, mais ça me paraît important, moi j'ai dit, ouh, ça sert à rien. Elle m'a dit, non mais je vais le faire, je lui ai dit, bah fais-le, écoute, très bien. Elle l'a fait, on n'a rien eu à changer pour être Bicorp. Mais non. Très très peu.

  • Anne-Laure Daniel

    Je ne sais pas si nos auditeurs ont tenté une certification Bicorp, c'est quand même très rare, c'est très exigeant la certification Bicorp. Pour l'avoir tenté dans une autre entreprise avant d'être...

  • Julien Tchernia

    Et là, on a été renouvelés. Et donc, c'est aussi très compliqué d'être renouvelés, surtout qu'on n'a plus la même taille et qu'avant, on avait des points d'avance parce qu'on était petits. Oui, j'imagine. Et donc là, on les a perdus les points d'avance. Et là, il y a eu plus de travail à faire.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord.

  • Julien Tchernia

    Par contre, voilà, c'était nos valeurs. Et donc, comme on dit Cyrano, je l'ai tant et tant répété dans ma tête, cette lettre, qu'il suffit de mettre mon âme à côté du papier pour pouvoir la recopier. C'est ça qu'on a fait pour être Bicamp. Et entreprise à mission, ça allait de soi. On rentrait en bourse potentiellement, on ne l'a pas fait, et on ne voulait pas qu'il soit possible de changer l'état d'esprit de la boîte quand on ne maîtriserait plus les actionnaires.

  • Anne-Laure Daniel

    C'était une façon de sécuriser votre modèle ?

  • Julien Tchernia

    C'était une façon de sécuriser le modèle.

  • Anne-Laure Daniel

    D'accord. Et aujourd'hui, ça change dans le leadership, dans la façon dont vous recrutez ? Ou en tout cas, c'est un fil rouge ?

  • Julien Tchernia

    Non, parce que l'écologie chez nous, les gens ne viennent pas nécessairement parce qu'ils sont écolos, mais souvent ils le deviennent. Et après, il y a des angoisses. D'ailleurs, une période où on faisait des formations parce que les gens...

  • Anne-Laure Daniel

    Des co-anxiétés ?

  • Julien Tchernia

    Oui, parce que les gens se rendaient compte de le tsunami qui nous attend. Et ils commençaient à faire un peu des co-anxiétés. Et donc, voilà, chez Équateur, manger un kebab au milieu de la cantine, ce n'est pas simple. Il n'y avait pas de sectaire.

  • Anne-Laure Daniel

    Le coca au déjeuner ne passe pas...

  • Julien Tchernia

    Le coca, ça va, mais beaucoup de viande, etc. Cela dit, on mange beaucoup de viennoiserie, je trouve. Mais non, beaucoup de démarches ont été créées par les employés même, récupéré... Les premiers traits de déchets, de mettre des fontaines à eau, de récupérer le mar de café, de distribuer des tupperware pour que quand les gens prennent à emporter, ils ne prennent pas dans des petits sacs en plastique. On a été labellisé à vélo, donc une boîte qui met en avant le vélo. Tout ça, c'est l'état d'esprit qu'on a avec Jonathan. Ce qu'il faut, c'est laisser l'espace aux gens de trouver les idées, parce qu'à deux, vous n'avez pas toutes les idées. Et puis, à mettre en œuvre ensuite, c'est toujours agréable. Et ça, ça crée un état d'esprit qui fait que dès que les gens rentrent, donc il y a ceux qui rentrent parce qu'ils cherchaient une entreprise à mission en plus du métier, et puis ceux qui voulaient juste le métier et qui petit à petit se font emporter dans le flot.

  • Anne-Laure Daniel

    Ça ne crée pas un côté communautaire qui pourrait...

  • Julien Tchernia

    gêné à l'intégration ?

  • Anne-Laure Daniel

    Récemment, on a eu des employés qui sont venus me voir et qui m'ont dit « Oui, non, on trouve que ça baisse un peu. Et il faudrait recruter que des gens qui sont convaincus. » Alors là, je me suis fâché.

  • Julien Tchernia

    Comment on sait qu'ils sont convaincus ?

  • Anne-Laure Daniel

    Mais non, mais c'est même pas ça. C'est justement pas ça notre métier. Nous, on est des prosélites. Moi, je suis pas là pour vendre à des gens qui sont déjà convaincus. Ils sont déjà convaincus, ben très bien. Mon métier, c'est d'aller convaincre des gens qui ne sont pas convaincus. Et les employés aussi. Et donc, c'est à nous de refaire le travail. et on s'est rendu compte qu'il y avait... On faisait des apéros de l'écolo, donc il y avait des quiz sur l'écologie, etc. qui avaient disparu parce que la personne qui les avait inventés était partie faire de la permaculture en creuse. Et bonjour Rémi. Et donc là, on a repris ça. On s'est dit, tiens, en fait, non, ce n'est pas nous, direction. C'est là où je dis, ça perd un petit peu la startup. Ah, vous, la direction. Non, non, c'est toujours vous. Ça te plaisait, ça n'existe plus. Fais-le. Et ça a marché. Ils ont très bien compris. Ils ont relancé. Il y en a un demain soir. Et donc voilà, ça, ça fait partie des méthodes, on va dire.

  • Julien Tchernia

    Super. Alors, au-delà de la fourniture, vous êtes aussi beaucoup diversifié. Donc, ça aussi, ça a dû beaucoup bouger votre activité. Qu'est-ce qui vous a amené à décider de cette diversification d'activité ? Pourquoi ? Parce que c'est quand même des métiers différents. Quand on va aller poser des panneaux, quand on va installer des bornes électriques, on n'est plus dans les métiers de la fourniture et du service pur. Comment on fait le switch ?

  • Anne-Laure Daniel

    En fait, si, on s'est débrouillé pour que ça reste le même métier. Tout simplement, nous, on est des commerçants. Ce n'est pas nous qui produisons, ce n'est pas nous qui transportons le réseau. nous tout ce qu'on fait, entre guillemets, c'est d'acheter à des gens de l'électricité et du gaz et de le revendre à d'autres personnes en choisissant nos produits, comme n'importe quel commerçant qui vendrait des tomates. Et donc, acheter des panneaux solaires, les faire livrer et installer, nous, c'est ce qu'on fait. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce n'est pas encore nous. Peut-être que ça viendra, mais pour l'instant, ce n'est pas nous qui les installons. On a notre réseau, entre guillemets, d'installateurs, de confiance. Ce n'est même pas un réseau à nous, c'est des partenaires qu'on a sélectionnés. On va récupérer des clients qui ont envie de ça, parce qu'ils sont chez Equateur aussi pour ça. et puis surtout parce que c'est moins cher. Parce qu'à la fin, dans l'esprit, par contre, dans le métier d'équateur, un panneau solaire, par exemple, c'est de l'énergie électrique prépayée. Vous nous payez tout de suite 20 ans d'électricité que vous allez avoir gratuitement ensuite. Et donc, c'est pareil. Donc, on vend de l'énergie renouvelable, en fait, sous une autre forme. C'est ça qui est nouveau. En fait, ce n'est pas le métier qui est nouveau, c'est la vision qui est nouvelle. Et pourquoi nous, on l'a fait et que les autres ne l'ont pas fait ? Et donc, ça a l'air d'être une innovation parce que les autres sont producteurs. Le principal métier de nos gros concurrents, c'est la production. Ils gagnent de l'argent sur la production. Donc évidemment, chaque fois que quelqu'un installe un panneau solaire chez lui, il se crée de la concurrence. Et donc, ce n'est pas leur intérêt économique, tout simplement. Nous, en n'étant que commerçants et pas producteurs, qui fait partie des valeurs fortes d'Équateur, on évite ce conflit d'intérêts-là. Et donc, c'est notre intérêt d'aller vendre de l'énergie sous forme de panneau solaire et puis aussi de transférer les usages. Évidemment, quand vous passez du fuel à la pompe à chaleur, vous êtes obligé d'acheter de l'électricité. Vous ne pouvez plus acheter de fuel, donc là, c'est aussi notre intérêt.

  • Julien Tchernia

    Ok. Le renouvelable, c'est infini, on peut en développer à l'infini ?

  • Anne-Laure Daniel

    On peut en développer beaucoup plus que ce dont on a besoin dans le monde entier. Par contre, la technologie, qui aujourd'hui est très intéressante, ne permet pas encore de tout faire. Qu'est-ce que je veux dire par là ? D'abord, on reçoit assez d'énergie solaire sur la Terre pour faire, je ne sais plus combien, j'avais le chiffre en tête avant, mais je ne sais plus si c'est 50 ou 500 fois ce qu'on consomme tous les ans. On est vraiment largement, largement tranquille. Deuxièmement, aujourd'hui, le renouvelable cartonne parce que c'est le moyen le moins cher de produire de l'électricité. Donc, il faut bien le comprendre. Historiquement, c'était vendu pour la transition énergétique. Aujourd'hui, c'est déployé et installé par des boîtes comme Total Echelle.

  • Julien Tchernia

    Pour des raisons économiques.

  • Anne-Laure Daniel

    Qui disent que c'est pour la transition et qui n'oublient, c'est certain. pas que c'est surtout le moyen de production le moins cher. Vous avez eu ce week-end un prix spot, donc le prix de l'électricité sur les marchés heure par heure. Dimanche, il était négatif sur la journée. C'est-à-dire qu'en moyenne, le prix était à moins 5 euros en France. Et ça,

  • Julien Tchernia

    on le voit de plus en plus.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ça, on le voit de plus en plus. Pourquoi ? Parce qu'une fois que vous avez installé votre panneau, et donc on va dire payer votre abonnement, c'est un coût fixe, en fait, il y a trop d'énergie maintenant. Et donc, vous pouvez consommer tout ce que vous voulez, ça ne coûte pas plus cher. Il y aura une limite, mais on n'y est pas. C'est comme les réseaux télécoms. Avant, on payait la minute, on payait le kilobit. Maintenant, une fibre permet tellement de transfert de data qu'une fois qu'on a payé la fibre, on ne s'embête plus à limiter les gens sur leur conso. Ça, c'est l'ambition, c'est l'objectif, c'est là où on va. Et il y a de quoi y aller. Ce qui manque encore, c'est la pilotabilité. qui est effectivement le talon d'Achille aujourd'hui du système, puisqu'on est habitué à un système qui est uniquement piloté par la production. La production s'adapte complètement aux demandes de la consommation, et puis c'est tout. Et maintenant, il faut mixer sur quelque chose qui va s'adapter, une consommation qui va s'adapter à la production. Et donc là, par exemple, la discussion que j'ai avec la commission de régulation de l'énergie la semaine prochaine, c'est comment on change la tarification en pleine heure creuse pour pousser les gens à consommer plus à midi que le soir, par exemple, l'été seulement. pas l'hiver. Et puis, c'est aussi des systèmes technologiques de stockage qui ne sont pas encore aussi au point que les panneaux solaires ou les éoliennes. Ils sont au point, mais ils ne sont pas encore aussi de taille suffisante.

  • Julien Tchernia

    Ils ne sont pas les capacités suffisantes, ils ne sont pas assez nombreux.

  • Anne-Laure Daniel

    Et ils sont un peu chers encore. Mais ça aussi, c'est une technologie qui avance. Si on a ça, plus encore un mix de nucléaire, moi je pense qu'il ne faut pas supprimer le nucléaire, c'est de la très bonne énergie de base, elle est décarbonée. Elle marche encore pour 50-60 ans, on ne va pas arrêter. Je suis beaucoup plus circonspect avec l'idée de construire des nouveaux EPR, parce que là, je pense que c'est trop cher, et que la demande ne va pas suivre, et que donc, ça va nous coûter très très cher. Mais sur ce qui existe, très bien. Tant qu'il y a de l'uranium, il y a de l'uranium. Parce qu'il ne faut pas oublier que le nucléaire n'est pas renouvelable, simplement parce que l'uranium n'est pas renouvelable. L'uranium, on va le chercher à l'étranger.

  • Julien Tchernia

    Non, c'est décarboné.

  • Anne-Laure Daniel

    C'est décarboné et pas renouvelable. On parle d'indépendance énergétique par rapport au nucléaire. Non, c'est une indépendance énergétique. Par rapport aux fossiles, on n'a plus d'uranium en France, ça baissine sur Gartan en plein milieu et vide. Donc, il faut aller le chercher dans différents pays. Ça peut créer un problème un jour. Évidemment, on a du stock, c'est facile à stocker, c'est peu volumineux à stocker par rapport à l'énergie que ça produit. Alors que le panneau solaire, une fois qu'il est installé...

  • Julien Tchernia

    On est propriétaire de notre soleil, là.

  • Anne-Laure Daniel

    On est propriétaire du soleil.

  • Julien Tchernia

    Et de notre vent.

  • Anne-Laure Daniel

    Voilà.

  • Julien Tchernia

    Et de notre vent. Après, ils ont quand même des impacts, ta fabrication de ces panneaux solaires, de ces éoliennes. ça doit cohabiter quand même avec les efforts de sobriété ?

  • Anne-Laure Daniel

    Bien sûr ! Il n'y a pas d'énergie qui ne pollue pas quelque part. Ça pollue moins en réalité, effectivement. C'est beaucoup plus simple dans le marketing de dire c'est propre. Non, c'est plus propre. Et plus propre au niveau du CO2. Plus propre aussi au niveau des déchets radioactifs. Un peu moins propre au niveau des mines, parce que les mines de terre rares polluent plus que les mines d'uranium. Et donc, bon an, mal an, c'est plus propre. Mais ce n'est pas parfait, bien sûr. La perfection, ce sera quoi ? Peut-être un jour la fusion froide, je ne sais pas.

  • Julien Tchernia

    On continue quand même encore à faire attention à ce qu'on consomme, quoi qu'il arrive.

  • Anne-Laure Daniel

    Il faut faire attention. Et maintenant, il faut faire attention quand on consomme. Faites vos machines à laver à midi, pas le soir, s'il vous plaît.

  • Julien Tchernia

    Ça, c'est fou que ce soit pas encore programmé.

  • Anne-Laure Daniel

    Eh bien, c'est fou que ce soit pas encore programmé. On est d'accord, on est d'accord.

  • Julien Tchernia

    Bon, prochaine diversification. Alors, en ce moment, le contexte géopolitique, il est quand même compliqué quand on parle de transition énergétique. C'est quand même chahuté. On se rend compte que ça tend même à être légué presque au second plan, que c'est de moins en moins la priorité de nos dirigeants. Est-ce que vous le constatez aussi sur le terrain ? Est-ce qu'il faut faire face à la vague, mais ça va passer ? Ou est-ce que vous pensez qu'il y a un vrai délitement de la prise de conscience climatique ?

  • Anne-Laure Daniel

    Alors, un délitement de la prise de conscience climatique, oui. Ça, c'est probable. En tous les cas, ça peut s'analyser comme ça. C'est très, très dur d'accepter que tout ce qu'on a fait avant, c'était de la connerie. Surtout si on est un boomer et qu'on est quand même complètement responsable. Et de se dire, merde, en fait, j'aurais pas dû. Merde, j'ai fait une bêtise. C'est très, très compliqué. Et donc, on peut comprendre qu'il y a une réticence. En plus, ça fait tellement peur parce qu'on se sent incapable d'agir ou d'agir à une échelle massive qu'on préfère dire que ça n'existe pas. C'est très, très rassurant. Je comprends tout à fait la psychologie derrière tout ça. La bonne nouvelle sur l'électricité, c'est que le renouvelable a gagné. Il est juste tellement moins cher que c'est mort. Le fossile coûte encore un peu moins cher pour l'instant. Mais pourquoi ? Parce que les Américains, Trump en fait, les Américains au sens USA, artificiellement produisent beaucoup et font baisser les cours. Parce que c'est leur intérêt et que c'est le premier producteur mondial de produits fossiles. Et donc évidemment, ils préfèrent vendre ça, ça fait de l'argent tout de suite. Ça détruit les sols, le cracking pour le gaz de schiste. Et de toute façon, ça ne les empêche pas aujourd'hui de continuer à déployer du renouvelable. Parce que c'est beaucoup moins cher. Et quand on voit le nombre de sociétés qui bossent sur le stockage, on se dit que là aussi, la technologie va finir par apporter une solution. Est-ce que ce sera assez rapide ? Est-ce qu'on finira tous comme dans Mad Max 2 ? Je ne sais pas. Ce qui compte, c'est que chacun fasse le max de ce qu'il peut faire. Moi, c'est tout ce que je demande. Dites-vous, tiens, moi j'ai fait ça. Alors, par exemple, moi j'ai fait Équateur, je ne peux pas faire mieux. Moi, je ne suis pas... C'est déjà pas mal. C'est déjà pas mal. Je ne sais pas si ce sera suffisant ou pas. Mais j'aurais fait ce que j'ai pu.

  • Julien Tchernia

    Que chacun mette sa pierre à l'édifice.

  • Anne-Laure Daniel

    Chaque kilo de CO2 évité vaut la peine. Et puis adaptez-vous un peu, ça va se réchauffer, ça c'est sûr, parce que même si on arrêtait tout de suite les émissions de CO2, comme le CO2 reste un siècle dans l'atmosphère, on est sur une tendance où ça va continuer à chauffer.

  • Julien Tchernia

    L'accumulation va continuer, c'est vrai. Alors il n'y a pas que l'énergie à notre émission écologique, on va en parler aujourd'hui, parce qu'on pourra en parler des heures, je le rappelle juste, c'est vrai que l'énergie a plutôt bien avancé quand même, sur des trajectoires de correction. Après, il y a d'autres limites planétaires qui nous mettent un petit peu en danger aussi. La biodiversité,

  • Anne-Laure Daniel

    c'est le deuxième aspect, mais je ne peux pas faire tout.

  • Julien Tchernia

    Non, on trouvera quelqu'un d'autre pour venir nous parler de la biodiversité, ne vous inquiétez pas. Vous en avez déjà fait beaucoup, c'est vrai. Qu'est-ce qui vous anime encore aujourd'hui ? Qu'est-ce qui vous donne envie ?

  • Anne-Laure Daniel

    J'ai le modèle. Donc aujourd'hui, effectivement, principalement, on vend de l'électricité et un peu des panneaux, vous l'avez dit. Là, j'aimerais que tout le monde devienne producteur. et adapte beaucoup mieux sa consommation. C'est imaginer une maison où on maîtrise tellement les moments de consommation, plus de l'autoconsommation, plus un peu de stockage qui peut être fait dans une voiture électrique, que finalement on arrive, nous, d'un point de vue purement commercial, à faire ce fameux forfait énergétique et puis ensuite tout est à zéro. Les changements de société se sont créés par les entreprises. C'est iPhone qui a changé la société, c'est Microsoft qui a changé la société, je ne sais plus qui a inventé Internet, et rarement parler politique. Et donc, c'est nous, entreprises, qui sommes les mieux placées pour créer ce changement, parce qu'on va trouver des solutions qui plaisent aux gens et qui ont de la valeur. Bon, voilà, mon idée, c'est que les gens arrivent à avoir un forfait énergie comme ils ont un forfait télécom aujourd'hui.

  • Julien Tchernia

    On va déjà devoir équator dans dix ans, alors ça va encore beaucoup bouger l'innovation.

  • Anne-Laure Daniel

    Écoutez, merci.

  • Julien Tchernia

    On va arriver à la fin de ce podcast, c'est passé très vite. Si vous deviez transmettre une conviction à une nouvelle génération d'entrepreneurs, parce qu'elles ont bien changé nos entrepreneurs aujourd'hui, qu'est-ce que vous leur diriez ?

  • Anne-Laure Daniel

    Il faut se battre, c'est tout. Il faut se battre.

  • Julien Tchernia

    Oui,

  • Anne-Laure Daniel

    c'est la bataille. Moi, j'ai un modèle absolu, c'est Cyrano. Donc voilà, n'importe, je me bats, je me bats, je me bats.

  • Julien Tchernia

    Vous avez la compatibilité dans les valeurs de votre entreprise ? Oui, on a la compatibilité. C'est ma surprise parce que c'est rare de voir ce terme.

  • Anne-Laure Daniel

    On nous le reproche, c'est pas une valeur, c'est un état d'esprit. Si, il faut accepter de se battre. Et c'est évidemment dur, mais c'est ça qui est beau. Et si même on va plus loin dans la citation de Cyrano, c'est comment n'importe je me bats, je me bats, je me bats, comment c'est inutile, mais on ne se bat pas dans l'espoir de gagner. C'est beaucoup plus beau lorsque c'est inutile. Et voilà, c'est-à-dire battez-vous, battez-vous et puis on verra bien. Et si ça marche, ça marche. Et si ça ne marche pas, au moment où vous serez battus.

  • Julien Tchernia

    Vous avez été dans l'action. C'est très beau. Merci. C'est une très belle phrase de fin. Merci beaucoup, Julien Tchernia, pour votre... transparence, pour votre authenticité et votre engagement. Votre parcours nous montre qu'on peut transformer un secteur à la racine sans jamais trahir ses convictions. Merci pour ce temps passé ensemble.

  • Anne-Laure Daniel

    Merci à vous, c'est une très belle fin, merci, je suis très fier.

  • Julien Tchernia

    A bientôt. Merci d'avoir écouté les After de la Transformation, une production à des coins de scie. Retrouvez l'intégralité de nos épisodes sur les plateformes de streaming. A bientôt pour un nouvel épisode.

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