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Marion Baeckeroot fait rimer carrière ambitieuse et maternité dans le monde de la transition énergétique

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47min |11/02/2025
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Marion Baeckeroot fait rimer carrière ambitieuse et maternité dans le monde de la transition énergétique

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47min |11/02/2025
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Description

Marion est à 32 ans directrice d’activité dans le monde de la transition énergétique. Elle est tout simplement le rôle model que je n’ai pas trouvé quand je suis rentrée dans le monde professionnel.

 

Marion est comme elle le dit si bien, une bonne élève qui est rentré dans un grand groupe dès sa sortie d’école dans son job de rêve. Mais ce job est vite devenu le job de la désillusion du monde du travail.

Marion détonne avec son pragmatisme et son enthousiasme à tout épreuve dans une équipe avec un état d’esprit … décourageant.

Après plusieurs mois à se contorsionner, elle finit par s’en aller, loin, avec son compagnon sous le bras dans une bien plus petite structure.

Et ce choix sera le début d’une belle aventure dans le monde de la transition énergétique dans lequel les femmes occupent moins de 25 % des effectifs.

 

Avec Marion, on a parlé d’ambition, de burn-out, de parentalité et de tant de choses qui ont raisonné que cet épisode se doit d’être placé dans toutes les oreilles des jeunes professionnelles en quête d’inspiration.

 

Merci infiniment Marion pour ton partage qui raisonnera très fort pour nombre d’entre vous.

 

Place à ce nouvel épisode des alignées


✨ Si veux en savoir plus sur Les alignées, file découvrir le site internet www.lesalignees.com ou sur mon LinkedIn dans lequel tu découvriras comment nous oeuvrons pour transformer le monde professionnel pour plus d'alignement des salarié·es et la mixité femme/homme.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Marion est à 32 ans, directrice d'activité dans le monde de la transition énergétique. Elle est tout simplement le rôle modèle que je n'ai pas trouvé quand je suis rentrée dans le monde professionnel. Marion est, comme elle le dit si bien, une bonne élève, qui est rentrée dans un grand groupe dès sa sortie d'école dans son job de rêve. Et ce job est vite devenu le job de la désillusion du monde du travail. Marion détonne avec son pragmatisme et son enthousiasme à toute épreuve dans une équipe avec un état d'esprit décourageant. Après plusieurs mois à se contorsionner, elle finit par s'en aller, loin, avec son compagnon sous le bras dans une bien plus petite structure. Et ce choix sera le début d'une belle aventure dans le monde de la transition énergétique, dans lequel les femmes occupent moins de 25% des effectifs. Avec Marion, on a parlé d'ambition, de burn-out, de parentalité et de tant de choses qui ont résonné que cet épisode se doit d'être placé dans toutes les oreilles des jeunes professionnels en quête d'inspiration. Merci infiniment Marion ! pour ton partage qui résonnera très fort pour nombre d'entre vous. Place à ce nouvel épisode des Alignés.

  • Speaker #1

    Bonjour Marion. Bonjour Charline.

  • Speaker #2

    Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Ça va, merci.

  • Speaker #2

    Je suis ravie d'être là avec toi, en haut d'une tour. Je pense que c'est la première fois que je fais un interview aussi haut. Là, je ne sais pas à quel étage on est.

  • Speaker #1

    On n'est pas si haut, on est au sixième. Avant, on était plus haut, mais tu vois, c'est déjà très lumineux quand même.

  • Speaker #2

    Oui, c'est très lumineux et quand on regarde dehors, on voit la défense. Donc on est très loin de certains interviews que j'ai pu faire avec des entrepreneuses. Et justement, c'est pour ça que j'ai choisi de faire appel à toi aujourd'hui, pour que tu nous donnes un autre regard, que tu puisses nous parler de ton parcours. Et en fait, dans les alignés, je ne présente pas mes invités. Je leur pose déjà la question. Marion, back route, qui es-tu ?

  • Speaker #1

    Vaste question. Je m'appelle Marion, j'ai 32 ans, je suis maman... d'un petit garçon formidable qui s'appelle Léon, qui a deux ans et demi. Je suis mariée et je suis directrice de l'activité photovoltaïque au sol dans une entreprise qui est productrice d'énergie et qui est un acteur de la transition énergétique. Et je pense que je pourrais compléter en disant que je suis une femme féministe, engagée et passionnée par les sujets de transition énergétique. Et là, on va dire que c'est à peu près complet.

  • Speaker #2

    Et là, quand on commence à entendre ça, on se dit... Je commence à comprendre pourquoi elle lui tend le micro. Parce qu'effectivement, dans ce podcast, l'objectif, c'est que des femmes parlent à des femmes de leur vie et de leurs grands moments d'alignement qui leur ont permis justement d'avoir une vie avec l'impact qu'elles ont choisi, avec leurs propres valeurs. Et du coup, pour ce faire, j'ai un process qui est très clair, dans lequel on rembobine un peu. La machine, on rembobine l'histoire. La première question pour toi, en fait, c'est une question qui semble simple, mais qui en réalité est assez complexe. C'est plutôt de se dire, quel est le tout premier moment qui pour toi a été ton premier grand moment d'alignement dans lequel tu as ressenti ce besoin d'aligner ta tête, ton cœur et ton corps ?

  • Speaker #1

    Je pense à deux, mais le premier qui, chronologiquement parlant, est arrivé, c'est un de mes premiers jobs dans une grande entreprise française. Dans le monde de l'environnement, j'avais l'impression d'être à ma place, puisque c'est tout ce que j'avais toujours voulu après mes études, c'était de rentrer dans une grosse boîte, mais dans un domaine qui m'intéresse. En l'occurrence, là, c'était lié à l'environnement. Je me suis retrouvée dans une direction commerciale avec 90%, voire peut-être même 95% d'hommes, peut-être 80% plus de 50 ans. et moi j'avais à l'époque 24 ans plein je pense d'idéaux d'énergie à revendre et voilà et vraiment envie de faire bouger les choses je me suis pris une claque dans ce service parce que j'ai vite compris que ça allait pas fonctionner comme je l'imaginais en fait bah eux là tu vois ce service là on travaille pas avec eux parce qu'on les aime pas ah d'accord mais en fait on a besoin d'eux le market et la com, non bon d'accord il y avait des gens au bout de 8 mois j'avais toujours pas compris ce qu'ils faisaient là et quel était leur métier et puis surtout il y a eu cette phrase à un moment donné, comme je pense que j'étais impliquée j'avais envie de faire plein de choses, je proposais des trucs et à un moment on m'a dit bon Marion ça suffit va falloir que tu fasses avec les vieux cons que nous on est et là je me suis dit bah je n'ai pas envie de faire avec les vieux cons que vous êtes. Et là, je me suis dit, ce n'est pas pour moi. Je suis peut-être là, sur le papier, où j'avais envie. J'ai un parcours un peu classique de Bac plus 5, d'une fille qui était assez scolaire, etc., qui arrivait dans une grosse boîte, après des process de recrutement, etc. Et un peu désillusion, je me suis dit, mais non, en fait, je n'ai pas du tout envie qu'un me considère comme ça. parce que clairement, je pense que j'avais beaucoup de handicaps. J'étais jeune, j'étais une femme. En plus, je n'étais pas ingénieure dans un truc où il y avait quand même beaucoup d'ingés. Peut-être qu'à leurs yeux, en tout cas, je cumulais, clairement. Et là, je me suis dit, non. J'ai quitté ce groupe, en partie aussi pour ça. Et après, je suis partie à l'étranger, avec une autre boîte et sur un autre boulot. Mais c'est la première fois. Et en fait, ça arrivait assez tôt dans ma... jeune carrière, je pense que j'étais diplômée depuis un an, un an et demi et je ne pensais pas vivre ça à ce moment-là et je me suis dit non en fait on va aussi maintenant peut-être choisir les boîtes, pas sur la liste du 440 mais peut-être juste sur les valeurs qu'il y a derrière et peut-être sur du management, un feeling en recrutement sur d'autres choses. C'était le premier vrai grand alignement.

  • Speaker #2

    Et tu vois je me permets de rebondir parce que je pense que cette désillusion dont tu parles ... C'est aussi la raison pour laquelle il y a aussi beaucoup de personnes qui se sentent désalignées. Et ce que j'entends, en fait, c'est que toi, vu que c'est arrivé assez tôt dans ta carrière, tu as eu la capacité à dire, mais en fait, non, je ne vais pas changer celle que je suis. Et l'image même qui me vient, c'est plutôt cette flamme-là. Je ne vais pas l'éteindre. Pour vous ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas venu non plus du jour au lendemain. Tu te remets quand même en question. Tu te dis, bon, j'ai sûrement dû être à la droite. Je n'ai pas beaucoup d'expérience. J'ai sûrement... Mais au bout d'un moment, c'est tellement gros. Je suis désolée, mais en fait, lui, le monsieur, franchement, il est là, mais je ne sais pas quoi il sert. Je ne sais pas ce qu'il fait. Ça fait huit mois, avoir organisé des petits déjeuners et des déjeuners en faisant venir tous les commerciaux de France et de Navarre, franchement. Et en fait, il y a eu la désillusion peut-être de la boîte, de l'équipe et puis la désillusion peut-être du monde du travail. Oui. Ah ouais. Donc, il y a autant de planqués comme ça ou de gens. D'accord. très bien, bon, ok, ça aussi, ça va faire partie des choses dont j'ai pas envie. Je me suis dirigée après vers des boîtes plus petites aussi, du coup, parce que ça m'a un peu vaccinée. Mais oui, c'est arrivé tôt. Je pensais pas que ça arriverait aussi tôt. Après, l'impact que ça a sur le moment, c'est que du coup, t'as plus envie. Par exemple, moi, ils m'ont épuisée, quoi. Je me suis dit bon, bah, en fait, si c'est ça, je vais chercher ailleurs, quoi. Au début, j'aurais pensé... ... Je pensais que j'allais me dire, je vais me battre, je vais leur montrer. Et en fait, t'as 24 piges, t'es une femme, t'es rien. T'es au début, t'es quand même, en termes de hiérarchie, t'es tout en bas. Donc, il y a quand même cette... Je voyais les choses en face en me disant, bon, il ne faudra pas faire grand-chose. En tout cas, t'as un peu essayé. Tu t'es prise cette phrase dans la tronche. OK, du coup, ce n'est pas pour moi. Stop.

  • Speaker #2

    Et tu vois, je trouve ça aussi hyper intéressant que tu aies retenu cette phrase. Déjà, ça fait complètement écho pour moi qui aussi ai retenu une certaine phrase un jour qui m'a fait partir d'une très grosse entreprise. Donc ça, tu vois, on parlait tout à l'heure de la capacité de certaines conversations, de podcasts à résonner pour d'autres. En tout cas, déjà, sache que je pense que ça va résonner pour beaucoup de monde. Et du coup, j'ai envie de dire OK, tu as 24 ans. Du coup, effectivement, la claque est quand même là. Tu te dis bon, je ne vais pas rester là. Je vais aller chercher ailleurs et je vais aller sélectionner d'autres boîtes. et j'ai entendu que tu me disais on est parti enfin je suis partie à l'étranger et j'ai envie de savoir comment ça s'est passé pour toi du coup parce que là tu passais de cette bande de je cite vieux con à je pars à l'étranger une plus petite boîte alors je suis partie en Amérique latine en Colombie j'avais déjà eu une expérience en Amérique latine pendant mes études je suis partie un an en Argentine j'avais envie l'Amérique

  • Speaker #1

    latine c'est un continent que j'aime vraiment que j'aime beaucoup j'avais envie de repartir dans cette zone l'espagnol c'est une langue que j'aime beaucoup Il y a eu cette opportunité de partir pour une boîte dans laquelle je suis toujours huit ans plus tard, qui était beaucoup plus petite et sur des sujets de transition énergétique, d'efficacité énergétique, de photovoltaïque. Et donc, quand je suis arrivée, on était peut-être 15, 20 à peine. J'ai pris mon conjoint sous le bras aussi, qui ne connaissait pas ni l'espagnol ni l'Amérique latine. Et on est parti, on est resté trois ans. Ça a été une expérience incroyable. Dans un pays incroyable, j'ai appris plus, plus, plus. J'ai eu un manager super qui a cru en moi, qui m'a donné très vite des responsabilités. Et oui, ça a été vraiment une expérience hyper enrichissante. J'ai l'impression que souvent, l'étranger, quand je parle avec les gens qui ont une expérience à l'étranger, et souvent des jeunes, comme moi, je suis partie dans le cadre d'un VIE, c'est une formation accélérée. Parce que... Tu apprends sur le plan culturel, ce n'est pas du tout le même management sur place. Là, moi, mon chef était français, mais je voyais comment ça se passait quand même en Colombie. Tu apprends vraiment d'autres choses. Et du coup, tu te nourris différemment. La Colombie, pour revenir sur des sujets de relations entre les hommes et les femmes, c'est pas culturellement parlant, c'est pas du tout la même chose qu'en France. Et du coup, c'est très intéressant. Franchement, avoir une expérience, pour ceux qui en ont envie ou si ça les attire, moi je pense que c'est un des moments de ma carrière où j'ai le plus appris. Je me suis débrouillée, je me suis retrouvée dans des situations ubuesques à parler. Même quand on était une petite équipe et qu'on était à l'étranger, je me souviens que je me chargeais du marketing et de la com, de la boîte sur place. J'y connaissais rien, je discutais avec des espèces de journalistes pour parler de trucs avec un espagnol parfois avec des mots approximatifs. Et puis, culturellement parlant, quand t'approches Noël en Colombie, c'est la teuf partout. Il y a les Ausha. Donc, tu te retrouves dans un open space où il y a de la musique. Tu fais un call avec la France et les gens te disent « Mais t'es au bureau ? » Ouais, je te promets, je suis au bureau.

  • Speaker #2

    Et par rapport aux hommes et aux femmes, du coup, parce qu'effectivement, t'avais eu tes vieux cons qui t'avaient expliqué que tu devais être dans ta case. Là, du coup, tu te retrouvais avec d'autres codes. pour juste qu'on se projette, parce que pour les personnes qui ne connaissent pas spécialement la Colombie, à quoi tu as été confrontée et qu'est-ce que tu en as appris ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'en Colombie, c'est marrant parce que on pourrait, enfin moi, les gens ont l'image d'une société peut-être un peu machiste. Ça peut être le cas et en même temps moi j'ai été plutôt confrontée à des femmes de pouvoir qui vraiment c'était elles qui tenaient la baraque. en Colombie, c'était ça qui était assez rigolo. Je n'ai pas eu du tout, dans le monde professionnel, j'ai pas eu l'impression d'être sous-estimée à aucun moment. Il y avait un assez bon équilibre. Il y avait plus d'hommes que de femmes, parce que de toute façon, moi, je suis dans une filière et dans un monde quand même d'ingénierie. Donc, il y a toujours plus d'hommes pour le moment. Mais je n'ai jamais ressenti aucun jugement là-dessus. Dans la vie perso, c'est différent parce qu'il n'y a pas forcément d'égalité homme-femme en Colombie, mais dans la vie pro, je ne l'ai pas ressenti. J'ai ressenti plutôt des hommes qui devaient accumuler ce qu'ils appellent chez eux des matripuntos pour avoir le droit de sortir. Si tu viens au pot de départ ce soir, oui, j'ai accumulé assez de matripuntos.

  • Speaker #2

    Ah ouais,

  • Speaker #1

    d'accord. Il y a un espèce d'empowerment de la femme qui tient un peu la baraque. Alors, il y a aussi du sexisme, je ne dis pas, mais... C'est assez rigolo pour ça, la Colombie. Et non, il y avait un équilibre. Pour le coup, professionnellement parlant, je n'ai jamais senti de mise à l'écart ou de discuter du fait que j'étais une femme ou quoi que ce soit. Jamais. Et ça m'est arrivé, tu vois, parce que depuis la Colombie, je travaillais aussi sur les Antilles et la Guyane. Et pour le coup, là, quand j'allais aux Antilles, on me faisait comprendre qu'on voulait voir le chef. Ah ! Je me suis dit, c'est moi, le chef. Oui,

  • Speaker #2

    mais tu étais la stagiaire, non ?

  • Speaker #1

    C'est ça. devant en plus mon N-1 pour le coup. Déjà souvent on s'adressait à mon N-1 qui avait un homme, en pensant que c'est lui le chef. Ça m'est arrivé tout le temps.

  • Speaker #2

    Je peux imaginer.

  • Speaker #1

    Et ça par contre c'était très souvent.

  • Speaker #2

    Alors du coup comment on se sent quand on passe de cette grosse boîte avec les vieux cons à finalement une boîte qui te fait confiance avec qui du coup tu deviens la chef, notamment pour les personnes qui nous écoutent qui sont plutôt dans leur open space avec leurs vieux cons qui te donnent un peu de perspective de voilà, comment on se sent.

  • Speaker #1

    C'est un nouveau monde, vraiment, parce que déjà, rien que la taille de boîte, c'est vraiment, il y a une différence. Là, pour le coup, tu ne cherches pas à les planquer. Tu dis, je voudrais bien deux, trois personnes de plus, parce qu'en fait, on a beaucoup de boulot. Et puis, ouais, en fait, ce que tu dis, c'est la confiance. La confiance et le fait aussi qu'on donne sa place aux jeunes, peu importe qu'on soit une femme ou un homme. Et puis, comment on le sent ? J'ai envie de te dire, ça fait huit ans que je suis dans la même boîte. Donc, je pense qu'on peut juste dire ça. Je trouve que le peu d'expérience que j'ai dans les grosses boîtes est de ce que j'entends de certains. nos amis et moi qui sommes dans des grosses boîtes, il y a quand même ce sujet de l'âge aussi. Tu ne peux pas passer la strade du dessus, le niveau du dessus, le niveau, je ne sais pas, partenaire, seigneur ou que sais-je. De toute façon, il faut un certain nombre d'années. Là aussi, moi, dans cette plus petite boîte, vraiment, ton âge, on s'en fout. Si tu fais le taf, si tu es impliqué, passionné, franchement, vas-y. Moi, j'ai été impressionnée des responsabilités qu'on m'a vite données. Après, j'adorais mon taf. Franchement, j'aime toujours mon taf, d'ailleurs. Moi, mon manager, qui a été mon manager pendant cinq ans, m'a dit que le talent n'attend pas les années. Et on n'est pas honte de le dire.

  • Speaker #2

    Carrément.

  • Speaker #1

    Elle peut paraître bateau, mais si on se l'applique vraiment dans la boîte, vraiment, ce n'est pas une question d'âge. Alors, tu as toujours encore, dans le monde du business, ce qu'on appelle la caution grisonnante. Tu te dis, il faut quand même que tu viennes, parce que c'est la caution grisonnante de machin, parce que moi, je suis plus jeune et on ne va pas me prendre au sérieux. Ça peut arriver, mais ça, c'est génial. Et ça, moi, j'ai vu la différence d'être dans une boîte à taille un peu plus humaine où on te confie des tâches. OK, tu sais bien le faire, vas-y, prends la tâche d'après et la tâche du dessus, d'ailleurs.

  • Speaker #2

    Et tu vois, ça, vraiment, c'est quelque chose que je retiens, que tu es la même personne. Avec la même envie, la même ambition. Et en fait, l'écosystème dans lequel tu évolues est en différent. En fait, du coup, finalement, je vois un peu comme une fleur qui éclot. C'est toutes tes capacités qui sont décuplées parce qu'il y a cette confiance, parce qu'il y a cette culture d'entreprise qui va aller permettre aux jeunes talents de se développer. Et tu vois, c'est vrai que dans les grosses boîtes, on parle beaucoup de people development. On invente plein de choses pour faire évoluer la culture de la boîte. Et en fait... quand les boîtes ont vraiment déjà ça en elles, ça permet à certains talents de vraiment se développer. Et c'est ça qui est intéressant de voir dans ton histoire.

  • Speaker #1

    Il faut développer les talents et il faut développer les talents aussi féminins. On a un problème quand même, dans la filière ou dans le monde des énergies, c'est quand même une filière plutôt d'ingénieurs. Donc statistiquement parlant, si tu regardes les stats des écoles d'ingé, forcément, il y a plus d'hommes que de femmes. Et c'est toujours le cas actuellement. Il faut qu'on remplisse ce vivier de femmes et pour pouvoir... potentiellement avoir un vivier ensuite de cadres et de dirigeants qui puissent que ce soit des hommes ou des femmes et monter. Moi dans ma carrière ce qui m'a quand même manqué jusqu'ici c'est des rôles modèles, de pouvoir m'identifier quand même dans ces boîtes et dans cette filière qui est quand même très masculine à des femmes et à des femmes qui ont un équilibre aussi parce que j'en ai vu des femmes et qui bon alors c'était peut-être mon interprétation mais j'avais l'impression qu'elles devaient en faire deux fois plus pour peut-être prouver qu'elles étaient à la hauteur de tout le monde mais Des femmes qui ont des enfants ou pas, mais en tout cas qui sont équilibrées et qui ont des postes à responsabilité. Moi, je trouve que les rôles modèles, c'est hyper important. Depuis qu'on est tout petit, on s'identifie, c'est humain. T'es enfant, tu t'identifies à tes parents, t'es obligé de faire pareil, mais ça t'inspire. Je trouve que dans mon industrie, aujourd'hui, il manque encore... Alors, il y a un vivier de plus en plus grand, c'est très bien, mais il faut les accompagner et il faut leur donner... Moi, j'ai eu la chance, j'ai fait du... co-développement, j'ai fait du coaching, on m'a accompagnée pour pouvoir me dire que c'était possible. Parce qu'en fait, si tu vois pas tes rôles modèles, si tu vois pas si t'as personne, peu de monde à t'identifier, c'est difficile de te projeter toi aussi là-dessus.

  • Speaker #2

    Je suis complètement d'accord avec toi.

  • Speaker #1

    Donc il faut aussi donner les clés. Et moi je trouve qu'il faut donner les clés à toutes les personnes qui le méritent, mais bah... les femmes, en fait, on n'en voit pas beaucoup des femmes à responsabilité à des postes sur des boîtes d'ingénieurs. Tous les colloques que je fais sur le photovoltaïque, etc., ouais, alors il y a de plus en plus de femmes qui y assistent. À chaque fois, je compte à la fin de la journée combien de femmes ont pris la parole sur la scène. Là, on est toujours très mauvais dans les statistiques.

  • Speaker #2

    Et par rapport à ces personnes aussi qui sont là, elles n'ont pas forcément le même statut que toi, à savoir les responsabilités qui vont avec. Après, du coup, Par rapport à cette question de rôle modèle, là, nous, on te lâchait en Colombie avec ton conjoint et on se dit, ça roulait super bien pour toi. Qu'est-ce qui s'est passé ? Parce que du coup, là, on se retrouve à la défense. Peut-être que tu me parles de parentalité. Il s'est passé peut-être des petites choses entre-temps.

  • Speaker #1

    Il y a eu peut-être... Avant la parentalité, il y a eu l'envie de rentrer aussi. Tu parles d'alignement. Il y a eu un alignement peut-être perso aussi qui est de se dire, c'est cool, je me suis bien éclatée, ça fait trois ans. Les copains et la famille sont quand même loin. Et ça, c'est des choses qui me nourrissent. On va peut-être rentrer. Mon manager aussi m'a dit, je rentre en France. Pareil, du coup.

  • Speaker #2

    En même avion.

  • Speaker #1

    Je veux bien, moi aussi. Et puis, mon conjoint aussi avait professionnellement un peu fait le tour. C'était le temps pour nous de rentrer. Les proches manquaient quand même. On est rentrés, on s'est mariés. Et puis, il y a eu un grand moment aussi. Moi, je suis toujours très impliquée. Quand je fais, je fais, je fais à fond. Et puis, un jour... post-Covid, je me réveille et je n'arrive pas à me lever de mon lit. Je me dis, j'ai le Covid. Non, madame, vous n'avez pas le Covid, en fait, madame, vous êtes fatiguée, vous êtes surmenée. En fait, ça s'appelle du surmenage, du burn-out, de... Voilà. Parce que le travail a toujours pris une place très importante pour moi et puis, je pense, je te parlais, tu sais, des femmes qui, inconsciemment peut-être, pensent qu'elles doivent en faire plus pour prouver qu'elles ont leur place. Moi, je pense qu'inconsciemment, personne ne m'a dit ça j'ai jamais entendu ça dans mon entreprise mais je pense qu'inconsciemment j'ai toujours voulu, j'ai cette personnalité tu me dis qu'il faut faire 100 j'irais bien faire 110 ou 120 quand même mais en plus pour montrer que je suis capable parce que sinon on va penser que je ne suis pas capable et du coup j'ai un peu trop fait j'ai pas dit non, j'ai jamais dit que c'était trop et je me suis épuisée donc là je me suis fait arrêter un mois, un mois et demi j'ai pris du recul en disant, ouais, le boulot, c'est important, mais peut-être que là, elle est un peu trop loin. J'ai eu la chance d'avoir mon manager qui, à mon retour, m'a dit, OK, on se pose. et on voit ce qu'on a loupé, toi et moi. Qu'est-ce qu'on a loupé ? Qu'est-ce que l'entreprise a loupé ? Comment, dans l'organisation, on a merdé pour qu'on en arrive là ? Et je me suis fait accompagner, en fait, sur, OK, ça, ça dégage de ton scope, ou ça, on va mettre quelqu'un, ou ça... C'est la belle histoire du « burnout » , parce que c'est jamais cool d'aller jusque-là, d'être surmenée, mais il y a quand même un chemin où tu peux avoir un manager qui te dit, OK, putain, pardon, j'ai pas vu. Moi... aussi j'ai pas dit non et j'ai pas dit stop et j'ai pas dit c'était trop et à partir de ce jour là j'ai appris à dire non j'ai appris à dire non alors vous voulez faire ça très bien par contre en fait on va prendre la palette et si vous voulez que je fasse ça on va enlever ça ça on va le mettre au frigo tant qu'on fasse ça parce

  • Speaker #2

    qu'on peut pas tout faire et aussi il y a quelque chose que t'as dit à plusieurs reprises c'est parce que je dois faire plus pour montrer que je suis capable Est-ce que ce burn-out, ça a aidé à réfléchir à tout ça ? Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Parce que ça,

  • Speaker #2

    c'est quelque chose qui, je pense, va résonner pas mal. On appelle ça le syndrome de l'imposteur, mais en fait, c'est plutôt de l'impostrice, on va se le dire. Tu en as fait quoi, après ce burn-out de ça, de cette envie de prouver tout le temps que tu étais capable d'y voir toujours plus ?

  • Speaker #1

    J'ai pris du recul. Déjà, j'ai arrêté de penser que c'est parce qu'on est dans une industrie... d'ingénieur qui fait un diplôme d'ingénieur. Que moi, ça, ça a toujours été un gros complexe. En me disant, moi, je ne suis pas ingénieur. Les gars, vous me parlez, quand vous commencez à parler de schéma électrique, moi, j'ai arrêté la physique en seconde, franchement, la physique, l'électricité, tout ça. Et de me dire que du coup, je n'avais pas forcément ma place à des postes de responsabilité dans cette boîte parce que je n'avais pas le bagage technique. Ça, en fait, c'est une connerie.

  • Speaker #2

    Alors qu'en plus, tu étais vraiment sur la partie développement, sales, etc. On ne te demandait pas d'aller...

  • Speaker #1

    J'étais quand même sur la partie opérationnelle, on commençait à me parler de pieux, d'études de structure. Première de la classe, toujours première, oh là là, donnez-moi un bouquin que je regarde et que j'étudie.

  • Speaker #2

    Je vais faire une petite thèse en parallèle.

  • Speaker #1

    Non mais c'est ça, tu vois. Et en fait, il faut qu'on libère le truc, qu'on se dise, oui, tu ne peux pas tout savoir. Oui, pose des questions et n'aie pas peur. Et ce n'est pas grave et tu vas apprendre. Et ça, maintenant, je pose des questions. Maintenant, je n'ai plus peur de dire... Je ne comprends pas ce que tu dis. Et même à mes équipes, à moi. Heureusement, j'ai plutôt assez grosse équipe. Et il y a des gens qui sont beaucoup plus experts que moi, évidemment, sur des sujets. Attends, tu me fais un schéma parce que je ne comprends rien à ce que tu racontes.

  • Speaker #2

    Simplifie.

  • Speaker #1

    Et en fait, ce n'est pas pour ça que ça ne m'empêche pas de prendre des décisions et de trancher. En fait, pour moi, quand tu n'étais pas expert sur le sujet, tu ne pouvais pas trancher. Alors, je connais quand même le métier, je connais des choses. Je n'ai pas certaines compétences techniques comme peuvent avoir mes équipes. Mais une fois que tu m'expliques les enjeux, je suis capable de dire, OK, on va faire comme ça. Et ça, je pensais que ce n'était pas possible, en fait. Je pensais que ce sujet de légitimité aussi, que tu dises syndrome de l'imposteur, j'ai pris du recul dessus en me disant... J'ai pris du recul parce que j'ai eu autour de moi, j'ai eu des exemples de gens, hommes ou femmes pour le coup, qui n'avaient pas forcément les compétences, mais qui étaient capables de trancher parce qu'ils avaient compris le sujet dans sa globalité. Et au bout d'un moment, j'ai dit, ok, c'est pas une question de diplôme, en fait, ou de savoir faire des calculs savants, d'études de structure ou quoi que ce soit. En fait, le sujet, Marion, il n'est pas du tout là. Donc, j'ai pris du recul, j'ai posé mes limites. Ça, j'ai appris à poser mes limites, à dire stop quand il faut dire stop. Et puis, hasard ou non du calendrier, c'est pendant que j'étais en arrêt que je suis tombée enceinte.

  • Speaker #2

    Et ouais. Alors que c'était peut-être prévu depuis un petit moment.

  • Speaker #1

    C'était prévu depuis quelques mois. Et là, l'arrêt de s'arrêter, c'est bizarrement, à ce moment-là, ça a fonctionné.

  • Speaker #2

    Ah ouais ? C'est drôle quand même.

  • Speaker #1

    Je peux te dire que c'est très drôle. Alors psychologiquement, quand tu dis je vais reprendre le boulot, mais en plus je vais leur dire, après un mois d'arrêt, je vais leur dire que je suis enceinte, il faut mouliner là-haut.

  • Speaker #2

    Eh bien ouais, j'aimerais bien être dans ta tête.

  • Speaker #1

    Il y a un petit côté quand même. de culpabilité. Le chemin de, déjà, à moi, accepter quand on m'a dit « Vous êtes surmenée » , je dis « Mais non ! »

  • Speaker #2

    Non, franchement, ça va, c'est juste que j'avais du mal ce jour-là, j'étais fatiguée.

  • Speaker #1

    Ça, il faut accepter de dire « Ok, en fait, tu vas pas bien. » Déjà, ça a été... Je me suis fait accompagner par une psy. J'avais repris depuis une semaine ou deux et je veux faire un bilan avec la psy. Je dis « Bah alors, j'ai repris, je suis enceinte et on a signé une offre d'achat pour un appartement. » Elle m'a dit « Ok, on va bien se parler du coup, là. » Très bien. donc là ça fait quand même beaucoup elle se dit ouais ouais ça fait beaucoup et en même temps c'était le package complet c'est de dire ok bah en fait j'ai pris du recul je me suis arrêtée je vais mettre mes limites et je suis ok du coup pour accueillir un enfant dans ce cadre là quoi en fait je vais je vais borner le truc après ça met du temps il faut le processer mais j'ai pris le truc en me disant en fait ouais ça veut dire que c'était ce moment là après tu réfléchis quand même tu dis bon alors va quand même je me réabsente j'organise le fait que je vais m'absenter en plus j'avais pris une décision qui était de se dire cet enfant je vais m'en occuper pour ses premiers mois et je vais faire un congé assez long moi la personne que dans mon Moi qui suis la personne dont mon entourage pense que je suis un peu workholique, j'avais dit, mon fils, il arrivera en janvier, je vais partir en congé fin novembre et je reviendrai en septembre. Je me souviens, on m'a dit, oui, bien sûr,

  • Speaker #2

    tout à fait.

  • Speaker #1

    La bonne blague. Et c'est ce que j'ai fait. Parce que j'avais, c'était un truc perso, j'étais mon premier enfant, je veux prendre le temps et je veux prendre le temps de comprendre que je suis maman. Et du coup, je l'ai fait. J'avais dit à mon entreprise que j'allais faire ça. Ça n'a pas posé de problème. Ça n'a tellement pas posé de problème qu'enceinte de six mois, on m'a proposé une promotion. Là, j'étais un peu bouche bée, je t'avoue. J'avais envie de leur dire, vous m'avez bien regardée ou pas ?

  • Speaker #2

    C'est-à-dire, je sors d'un burn-out, je suis enceinte de six mois, et là ?

  • Speaker #1

    Vous me proposez un nouveau poste de prendre la direction du développement. Franchement, j'avais l'impression que vous étiez un peu bolsy, les gars, quand même.

  • Speaker #2

    Carrément.

  • Speaker #1

    Du coup. Et ce qui était assez ouf, c'est que, je leur ai dit, mais vous savez que... Je n'ai pas sens savoir que je suis enceinte. En plus, j'ai dit que je vais faire un congé mat un peu long. Elle m'a dit oui, mais en fait, cette question ne s'est pas posée quand ton nom a été évoqué.

  • Speaker #2

    Ok.

  • Speaker #1

    Tu vois,

  • Speaker #2

    pour faire un petit arrêt sur image pour les personnes qui écoutent, parce qu'effectivement, le sujet de comment tu te positionnes quand tu as de l'ambition en tant que femme, que tu as envie d'avoir une place dans une organisation et aussi d'être maman et de faire ça. dans tes règles, en fait, avec, tu vois, « my babies, my rules » , comme on peut dire, je trouve ça génial, en fait, que tu partages ça, notamment le sujet du rôle modèle. Parce que pour avoir eu aussi des enfants, je sais que c'est quand même un stress d'annoncer une grossesse. Énorme. C'est un stress de vivre cette grossesse au sein d'une organisation, de montrer que l'ambition est toujours là, qu'on est toujours présente. Donc, ça rajoute au stress. Donc, toi, tu fais ça en plus d'une sortie de burn-out. Et ton organisation te dit, OK, en fait, on te fait confiance et on te laisse être la maman que tu as envie. Et à ton retour, tu prends les responsabilités.

  • Speaker #1

    Ouais, et je me suis dit, ouais, c'est bolsy. Et je me suis dit, mais en fait, pourquoi ils l'ont fait, quoi ? Et je me dis aujourd'hui, parce que, un, je pense que j'ai toujours été très loyale envers cette entreprise. Et j'ai un vrai sentiment d'appartenance à cette entreprise. C'est une boîte qui m'a fait grandir. Et j'ai appris beaucoup de choses. Je pense qu'en fait, on se donne mutuellement. Parce que j'ai beaucoup donné à cette entreprise. Je pense que cette entreprise me le rend bien aussi. C'est un bon deal entre nous, en fait.

  • Speaker #2

    C'est intéressant.

  • Speaker #1

    Et du coup, je pense que tout ça, c'est OK. Après, lâcher ton équipe autant de temps. Moi, j'avais très peur pour mes équipes. Et du coup, la charge que je laissais en partant. Mais ça s'est fait. Et je me souviens d'un truc super. On a eu, en ce moment-là, j'étais enceinte et ça avait été annoncé que j'allais prendre cette direction du développement. Il y a eu un séminaire qui s'est calé entre deux. Je viens d'une stagiaire ou une alternante, je ne sais plus, qui me disait, ouais, j'ai su. Putain, mais moi, du coup, ça me donne trop envie de bosser dans cette boîte.

  • Speaker #2

    C'est là,

  • Speaker #1

    je me suis dit, évidemment, c'est là où ce genre d'actes et de trucs un peu modèles, évidemment, que ça te donne envie quand tu es une meuf et que tu vois que c'est possible et que non, tout le monde ne se fait pas mettre à la porte quand on annonce qu'il est enceinte ou au placard ou je ne sais pas quoi. C'est cool en fait. Et ouais, ça a été un grand moment dont je suis très fière. Je suis très fière de l'entreprise qui m'a proposé ça. Je suis très fière des managers qui ont voulu ça. Et franchement, c'était une super nouvelle. Et puis, on m'a attendue finalement. Et c'était bien.

  • Speaker #2

    Et toi qui étais workaholic, tu adores le travail pour les personnes qui ne sont pas très fans de ce mot, qui se donnent à fond. Tu as eu ton petit garçon et rester six mois plus plus avec lui 100% du temps sans toucher un PC. Comment ça s'est passé pour toi ?

  • Speaker #0

    Je t'avoue que je n'ai pas trop posé au PC parce qu'il fallait que je pense à endormir mon fils. Clairement, le boulot à côté de rester H24 avec un bébé de 6 ou 8 mois, c'est les vacances. On ne va pas se mentir. J'ai été vraiment mise à l'épreuve avec l'arrivée de mon fils parce que j'ai un profil, encore une fois, très scolaire, très dans l'organisation. Moi, mon fils, je veux dire, très bien, il ne dort pas, mais donnez-moi le planning dès quelle heure il va se réveiller pour que je m'organise. En fait, du coup, je ne comprends pas. Comment ça, il n'a pas de rythme et je ne peux pas savoir à quelle heure il va avoir envie de téter, de machin. Moi, complètement pas ma zone de confort. La maternité avec un nourrisson où il faut lâcher prise. Le lâcher prise, c'est un délire. Ouais, ce n'était pas simple. Je suis hyper fière de l'avoir fait. Je suis hyper fière du lien que ça a pu avoir avec. avec mon fils aussi difficile. Ça n'a plus été. Je peux dire qu'il est né en janvier et que je devais reprendre en septembre. Fin juillet, j'étais en mode genre « Oui, j'ai quand même prête de reprendre. » Il y a eu un switch, si tu veux. Début juillet, j'étais en mode genre « Ils ne vont jamais me revoir. Jamais, je laisse mon fils. » Et fin juillet, j'étais en mode genre « Franchement, reprenez-moi. »

  • Speaker #1

    Très vite. Je vous appelle pour organiser ma venue.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, je pense que j'étais arrivée et je souhaiterais à tout le monde Alors, ce mois, il a peut-être été à sept mois. Il y en a, ça peut être deux mois. Mais je ne souhaite pas à tout le monde d'avoir la chance d'arriver au bout, de dire « Ok, c'est bon. » Moi, c'était sept mois. Ça y est, j'ai compris. Je suis maman. Ça y est, je l'ai, les gars. Je ne m'entends plus juste dire, quand je dis « mon fils » , je ne m'écoute plus le dire en disant « waouh, c'est bizarre » . Ça y est, je l'ai. Je peux faire autre chose maintenant. Enfin, je peux faire aussi autre chose. Je peux être maman et autre chose. Donc, je suis contente d'avoir eu l'opportunité d'aller jusqu'à ce moment-là et de me dire « je veux reprendre le taf » . parce que je pense à certaines qui peut-être certaines c'est dix mois, peut-être certaines c'est deux mois mais celles qui n'ont pas l'opportunité d'arriver à cette phase-là et qui du coup reprennent un peu à contre-cœur je t'ai refaite de reprendre et donc ça, ça a été et il y a eu un grand moment aussi de ma reprise je crois que c'est deux ou trois jours avant ma reprise, ma DRH m'appelle et elle me dit ça va, comment tu te sens ? nous on est hyper content de te retrouver et tout Je lui dis, c'est hyper organisé, de toute façon, c'est la première semaine de reprise, c'est mon mari qui va tout faire. Elle me dit, ah non, ah non, non, non. En fait, là, c'est conseil de DRH, mais aussi de maman à maman, tu cales ton rythme le premier jour. C'est-à-dire que si le premier jour, tu dois te barrer à 17h30 pour aller chercher ton fils qui est chez la nounou, tu te barres à 17h. Sinon, tu vas te faire bouffer. Et j'étais vraiment genre, ah bon ? Ah bah, mais moi, je sais pas, c'était la reprise,

  • Speaker #1

    je voulais reprendre. Moi, je reprenais comme si de rien n'était.

  • Speaker #0

    Vas-y, je suis à... un de mes meilleurs conseils professionnels de toute ma vie. Et donc, j'ai fait ce qu'elle m'a dit. On a fait le planning avec mon mari de qui va le matin, le soir, dès le début. Et en fait, les gens s'adaptent. Je me souviens très bien quand on a commencé à chercher les nounous et qu'on a commencé à regarder les horaires quand les noms étaient encore petits. Et on s'est dit, mais 8h30, 18h30. Mais attends, moi, à 8h30, j'étais au travail, à 18h30... globalement, j'étais encore souvent au travail.

  • Speaker #1

    Et pour un petit moment, encore. Du coup,

  • Speaker #0

    comment je vais faire ? J'en ai pas dormi pendant trois jours. Et mon mari m'a dit, en fait, c'est un truc très simple. Tu vas moins travailler.

  • Speaker #1

    Ah, il est pragmatique,

  • Speaker #0

    ton mari ! Donc ça, d'accord. Ok. Mais du coup, comment je vais faire, en fait ? Et en fait, tu fais. C'est-à-dire que tu fais différemment. Tu délègues. Et tu vois, j'avais déjà eu un premier, après mon burn-out, de dire je dis non ou je mets les limites. Bah tu remets des limites en fait. Parce que de toute manière, t'as un truc vachement plus important. J'aborde adorément taf. Quand même un truc plus important que mon taf, c'est quand même mon fils quoi.

  • Speaker #1

    Alors oui, et j'ai envie de me faire un peu l'avocat du diable. Parce que là, si je me trompe pas, du coup t'as pris des responsabilités.

  • Speaker #0

    Il y a peu de temps,

  • Speaker #1

    oui. T'es dans un monde d'hommes. Oui. Où clairement, il n'y en a pas beaucoup. qui vont chercher leur fils ou leur fille à 17h30 ou à 18h. Peut-être que je me trompe, que dans cette boîte, c'est extraordinaire. Non,

  • Speaker #0

    c'est pas parfait.

  • Speaker #1

    Mais du coup, comment tu fais pour être celle qui a décidé de dire « Non, mais en fait, je vais être aussi maman, avoir mes responsabilités. » Est-ce que c'est facile ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas facile. Encore une fois, ce n'est pas facile. Tu vois, quand on m'a proposé ce nouveau poste, une des premières choses que je me suis dite, c'est « Est-ce que je ne vais pas faire flamber l'équilibre familial entre mon mari, mon fils et moi ? » Parce que nouveau poste, responsabilité encore au-dessus, on va en attendre encore peut-être plus de mois, plus d'équipes à manager. Est-ce que c'est la marge du dessus ? En fait, au vu du contexte familial, elle est OK. Et en fait, j'en ai discuté avec des gens. On m'a dit, mais en fait, je ne vois pas où il est le sujet. En fait, tu as des compétences, tu es maman, tu mets tes barrières, tu mets tes limites. La première fois que j'ai dû, quand je suis rentrée de congé maternité, je me souviens très bien, il y avait une réunion en fin de journée qui commençait à s'éterniser et moi, je devais partir. Une réunion, on était peut-être huit ou neuf. J'étais la seule meuf. Et j'ai dû me lever de la réunion pour dire, je suis désolée, il faut que je parte, je vais chercher mon fils. Ce jour-là, j'étais énervée. Je me suis dit, putain, déjà, coïncidence de fou, je suis la seule fille, je suis la seule femme de ce truc, c'est moi qui dois me lever pour aller chercher... Mon fils, bon, après, hasard du calendrier, ça aurait pu être le soir où c'était mon mari, mais ce jour-là, il se trouve que c'était moi. J'étais énervée parce qu'en fait, je n'avais pas envie d'aller chercher mon fils, j'avais envie de continuer cette réunion, de savoir quelles étaient les conclusions. Je me suis dit, ah ouais, donc ça va être ça maintenant. Le sujet, c'est qu'il y a des trucs que je vais devoir zapper parce que je suis devenue maman. Et en fait, j'ai appris à vivre avec ça et à mettre des barrières. Et après, mon rêve, c'est qu'on n'attende pas d'être parent. pour le faire. J'adorerais que des personnes ici puissent se sentir légitimes à partir à 17h30, mais pas parce qu'ils sont parents. J'essaye de le dire au effort dans l'open space, quand lundi je me bats à 17h30, dire bonsoir, et malgré la position hiérarchique que je peux avoir. Tout le monde a le droit d'avoir une vie à côté, et si le taf il est fait, on s'en fout. Mais du coup, après, le fait est... Alors tout le monde dit, oui, tu vas travailler différemment, plus efficacement. Oui, sûrement. je suis désolée, je travaille moins la vérité c'est qu'avant mon fils et maintenant je travaille moins il n'y a pas de débat et ça c'est ok maintenant et les résultats ? je pense qu'ils sont les mêmes sinon on ne m'aurait pas proposé une promotion juillet dernier je pense qu'on considère que je fais toujours du bon boulot donc comme quoi c'est pas une question de temps passé au bureau on pourra toujours faire plus on en dira toujours Moi, je pourrais travailler le samedi, le dimanche, je pourrais toujours améliorer des trucs. Tant pis, on fait des choix, en fait. Moi, aujourd'hui, je choisis mes combats aussi. Ouais, c'est pas parfait, il faudrait qu'on fasse un process pour ça, il faudrait qu'on crée ce PowerPoint, il faudrait qu'on fasse plus. Ouais, mais les journées font que 24 heures. Et puis, j'ai beau être super fière de ce que je fais et de participer à la transition énergétique, à faire un job qui a de l'impact avec des équipes que j'adore. mais à un moment donné, ça se stoppe. On ne va pas coucher là non plus. Donc, oui, accepter qu'on travaille moins, ça, je l'ai accepté. Je ne pensais pas en être capable.

  • Speaker #1

    Finalement, pour reboucler la boucle avec le début de notre discussion sur « je n'ai pas de rôle modèle » , finalement, du coup, c'est toi qui deviens le rôle modèle. C'est ça qui est intéressant.

  • Speaker #0

    Oui, peut-être. J'aimerais qu'il y en ait plein d'autres. C'est peut-être aussi un petit peu... J'ai toujours eu de l'ambition, j'ai toujours voulu manager, avoir une équipe, faire des choses qui avaient du sens. C'est un peu aussi, aujourd'hui, peut-être, il y a un petit côté militant, féministe, de prendre ces promotions à chaque fois pour peut-être être rôle modèle et pour dire si je peux montrer à d'autres femmes que oui, c'est possible, peut-être oui. Alors, ce n'est pas ce qui me drive non plus. Moi, j'aimerais en avoir plus aussi. J'aimerais avoir plus de rôle modèle. J'aimerais pouvoir m'identifier à d'autres personnes, notamment celles... Il y a des jours où c'est dur. Il y a des jours où tu te dis... putain mais en fait elles font comment les filles les meufs qui ont des enfants tu fais comment entre ton couple tes enfants, ton taf tes responsabilités, ton envie de faire ou même l'associatif franchement expliquez-moi les meufs expliquez-moi comment on fait mais ils aimeraient pouvoir en discuter un peu plus et il en manque encore il y a encore du boulot

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Encore du taf.

  • Speaker #1

    Et du coup, c'est intéressant parce que tu parles d'ambition. Et du coup, là, quand je t'entends, je me dis, ouais, donc en fait, elle est arrivée à un super poste à responsabilité. Elle est maman, elle arrive quand même à dire non et puis à créer son propre système dans lequel elle a de l'impact. Donc là, clairement, je me dis, t'es arrivée. Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Je pense que tu vois, j'aimerais... Ce qui me manque aujourd'hui, c'est peut-être la première chose que je fais aujourd'hui avec toi, c'est peut-être de transmettre. Je suis très intéressée de faire du mentoring, des choses comme ça, que je n'ai pas encore pris le temps de faire ça. Je pense qu'aujourd'hui, c'est plus ça qui pourrait être la suite, ou discuter. C'est toujours très intéressant de pouvoir transmettre. Aujourd'hui, il n'y a pas longtemps, on m'a proposé d'intervenir là où j'ai fait mes études, à Dauphine. Ça, c'est des choses où montrer aussi, mais même à plus petite échelle. Je viens de Picardie, dans un lycée qui était, à une époque, je ne sais pas si c'est toujours le cas, classé en ZEP. Quand j'ai fait un dossier pour Dauphine... On m'a dit, mais c'est quoi, tu postules, là ?

  • Speaker #1

    C'est très élevé. Ouais,

  • Speaker #0

    et un peu transmettre ce sujet-là, dire, en fait, c'est possible. Et il suffit aussi de rencontrer les bonnes personnes aussi qui peuvent vous dire que c'est possible, en fait. Essayer d'oublier ce que tu vois ou tu vois peut-être pas beaucoup de représentations féminines. Essayer d'enlever le bruit des gens qui te disent que c'est pas possible ou des choses comme ça. Et écouter aussi, essayer de prendre attache avec des ressources, des médias, des gens qui t'ont envie et qui t'inspirent. C'est aussi ça, écouter des podcasts. On parlait tout à l'heure du podcast de Bliss sur la maternité. Il y en a d'autres, il y a la matrescence, il y a d'autres sujets. Il y a un podcast que j'adore qui s'appelle Les couilles sur la table sur des sujets de féminisme. Et en fait, écouter des femmes parler ou des trajectoires de femmes où il n'y a pas assez de rôles modèles mais du coup, je vais les chercher ailleurs. Ça fait du bien. Mais ouais, je pense que la suite, ce serait peut-être d'essayer de transmettre et d'essayer de pouvoir accompagner des plus jeunes. Ça y est, je suis des plus jeunes que moi. Je ne suis pas vieille, mais... Non,

  • Speaker #1

    mais bon, on ne va pas se cacher. Il y a quand même des plus jeunes que nous maintenant.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. Voilà, c'est peut-être ça la suite.

  • Speaker #1

    Chouette, génial. Donc ça, c'est toi. Vu que tu as quand même le recul de plusieurs organisations, de ta place de femme dans les organisations, si tu devais donner trois conseils... Que ce soit de ton choix, soit à des organisations qui sont en train de se dire « Non mais en fait, moi, je veux plein de Marion dans mon organisation. Qu'est-ce que je fais en premier ? » Ou à des femmes qui ont vraiment été super inspirées par ton parcours et les trois conseils que tu leur donnerais. Alors, on peut faire trois et trois, si tu veux, si tu es super inspirée. Mais voilà, soit pour les organisations, soit pour les personnes qui nous écoutent, qui se disent « Non mais en fait, j'ai envie d'aller sur son chemin. »

  • Speaker #0

    Pour les organisations, la première chose qui me vient, c'est en fait former vos managers. Que ce soit des hommes ou des femmes, il faut développer les talents. Pour moi, il faut, dans notre filière, par exemple, essayer de développer les talents féminins parce qu'il n'y en a pas assez. Pour développer les talents, je dis que c'est aussi une question de rencontre avec des gens qui sont bienveillants et qui vont t'amener quelque part. Et donc, faites en sorte d'avoir des bons managers, franchement, les gars, à toute une fois. Et donc, formez vos managers. Il y en a, ils sont de base très bons managers, mais accompagnez les gens qui deviennent managers pour justement... eux-mêmes accompagnent demain les talents. Il y a trop peu de bons managers en fait. Ça te brise une ascension ou même sans parler d'ascension, ça ne développe pas toutes tes compétences et toute ton envie et toute ton ambition. Donc déjà pour moi, c'est vraiment former vos managers. Ça fait tellement de gens malheureux dans l'entreprise d'avoir des mauvais managers que c'est la première chose que je pourrais dire comme conseil.

  • Speaker #1

    J'ai envie de rebondir là-dessus parce que c'est vrai que dans ton histoire, ce que je retiens, c'est que c'est plusieurs choses. C'est à des moments clés de la vie, après ton burn-out, pendant que tu es enceinte, ce manager qui t'explique comment est-ce que vous allez trouver des solutions ensemble. Et aussi cette DRH qui t'appelle pour te donner un peu des tips sur comment est-ce qu'on gère cette nouvelle vie. Et je me dis, mais en fait, ces gens-là, c'est peut-être des toutes petites choses qui leur semblaient simples, parce que ça faisait partie de leur culture, ça faisait partie de qui ils sont. Mais en fait, dans des entreprises, quand des gens vont écouter ce podcast, ils vont se dire, mais attends, je vais aller chercher sur LinkedIn. Dans quelle entreprise elle est ? Ça m'a l'air, mais qu'est-ce que c'est que cette entreprise incroyable ? Donc, je suis d'accord avec toi. Le côté formé des managers pour leur permettre de faire preuve d'humanité et d'accompagner vraiment les équipes, effectivement, ça semble, au vu de toute ton histoire, un fondamental. Ouais,

  • Speaker #0

    je dirais ça. Après, je pense que j'en ai déjà dit pour d'autres personnes, notamment des femmes. Comme c'est... Pas avoir peur. Moi, j'ai posé des questions, par exemple. C'est un truc, ça a mis des années. Je préférais aller chercher dans mon coin, sur Google, alors qu'on pourrait gagner vachement plus de temps à interroger les experts. Donc, poser des questions et pas avoir peur de le faire, c'est compliqué. Parce que, justement, je te parlais de ce sentiment de syndrome de l'imposteur. Et tu posais des questions, on se dit qu'on va toujours se mettre un peu dans une situation. Ah ben, elle sait pas. Non, c'est pas grave, en fait. ça et mettre des limites, être capable de dire, là, en fait, ça ne marche pas. Malheureusement, je trouve que ça prend du temps à le faire. Ça prend du temps aussi parce que ce n'est pas des trucs qu'on t'apprend à l'école. Ce n'est pas des trucs qu'on te dit à l'école, à la rentrée, de te dire bonjour, vous êtes l'élite de la nation. Super.

  • Speaker #1

    Complètement. Et puis, surtout, c'est ce que tu as dit, on t'apprend à être bonne élève. Je pense que ce mot-là, tu l'as dit au moins 4-5 fois.

  • Speaker #0

    Parce que je suis de base d'une personnalité un peu scolaire et bonne élève. J'aimerais bien que demain, dans les écoles, on puisse apprendre des choses un peu différentes aussi, et notamment des sujets de santé mentale. C'est pas une mauvaise idée de mettre des limites. Et alors, c'est pas pour ça que tu seras moins performant. C'est pas pour ça qu'il faut pas être impliqué, pas être dynamique, pas être engagé. Mais savoir dire où sont tes stops aussi. Ouais. Et savoir dire non. Et puis, en effet, toujours poser des questions. Moi, je sais que je continue à poser des questions, à m'interroger et à me dire, bah ouais, je sais pas. Je pense que c'est beaucoup plus facile quand t'as fait ton trou dans l'entreprise ou que t'as prouvé que. C'est plus facile. de lever la main et de dire franchement, je n'ai pas compris.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est sûr que le premier jour, ce n'est pas très vendeur. Mais en même temps, c'est un peu ce que ta DRH disait, c'est que mettre aussi le ton d'être plutôt quelqu'un qui est dans la recherche, d'aller chercher l'information vers les bonnes personnes.

  • Speaker #0

    La curiosité en entreprise, moi, je trouve que c'est un truc que je valorise beaucoup. Des gens qui vont, même par eux-mêmes, tu vois, d'essayer de creuser. même quelqu'un qui va pas oser poser une question et qui va se dire j'ai quand même un peu cherché mais je suis pas sûre d'avoir compris je trouve ça génial donc ouais la curiosité ça reste quand même quelque chose soyez curieux quoi tout à l'heure tu nous as parlé de certaines ressources que t'aimais bien est-ce qu'il y a d'autres ressources là t'as parlé des couilles sur la table,

  • Speaker #1

    de Blizz, de la mastressance est-ce qu'il y a un bouquin un média que tu as envie de partager avec nous ?

  • Speaker #0

    il y avait un bouquin c'était merci mais non merci que j'ai lu au moment de mon burnout de Alix.

  • Speaker #1

    De Céline Alix.

  • Speaker #0

    De Céline Alix, exactement. Ça a beaucoup résonné en moi, ce bouquin.

  • Speaker #1

    Je rigole parce que c'est probablement la raison pour laquelle ce podcast existe.

  • Speaker #0

    C'est vrai ?

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est vraiment un bouquin que j'ai trouvé extraordinaire et qui, petit teasing, explique comment des femmes qui ont réussi à atteindre des postes à responsabilité témoignent sur des choses. qui se passe en entreprise, que ce soit le côté très politique, des événements comme une réunion qui commence à 9h au lieu de 9h30, qui ne permet pas à toute personne d'emmener ses enfants à l'école, pose problème. Ce genre de choses qui sont vraiment des réalités de terrain, de vécu de femmes, qui finalement abandonnent les organisations au profit de créer leur propre écosystème, parce que ces organisations ne leur permettent pas d'être elles-mêmes. Et effectivement, tu vois, c'est drôle que tu cites ça, parce qu'effectivement...

  • Speaker #0

    Ce livre, il m'a fait vachement de bien. Le livre « Foutez-vous la paix » aussi, il m'a fait vraiment de bien aussi. C'est surtout ça que je dirais. Puis après, en fait, les meilleures ressources, c'est parler avec les gens de tout ça, en fait. Et tu vois, c'est là où je pense qu'en effet, le mentoring, aller discuter avec des jeunes, etc. Je pense que je vais avoir envie de faire ça. C'est les meilleures ressources.

  • Speaker #1

    Génial. Écoute... est-ce qu'il y a un endroit où on peut te suivre ?

  • Speaker #0

    Je ne suis pas quelqu'un de très actif mais j'ai pris une résolution sur LinkedIn j'avais envie d'être de plus en plus active donc je dirais LinkedIn parce que pour parler de sujet de transition énergétique parce que c'est quand même mon métier et que ça me tient à cœur et que j'adore ça je dirais que c'est le mieux Parfait

  • Speaker #1

    Écoute, merci beaucoup Marion c'était une conversation hyper riche hyper intéressante merci beaucoup Merci à toi et puis j'ai envie de te dire à très bientôt

  • Speaker #0

    À très bientôt

Chapters

  • Introduction et présentation de Marion

    00:08

  • Parcours professionnel et désillusion initiale

    00:54

  • Choix de carrière et transition vers une petite structure

    02:00

  • Expérience en Amérique Latine et apprentissages

    03:14

  • Retour en France et équilibre travail-famille

    04:50

  • Gestion du burn-out et leçons apprises

    19:45

  • Conseils pour les femmes et organisations

    40:43

  • Conclusion et remerciements

    47:25

Description

Marion est à 32 ans directrice d’activité dans le monde de la transition énergétique. Elle est tout simplement le rôle model que je n’ai pas trouvé quand je suis rentrée dans le monde professionnel.

 

Marion est comme elle le dit si bien, une bonne élève qui est rentré dans un grand groupe dès sa sortie d’école dans son job de rêve. Mais ce job est vite devenu le job de la désillusion du monde du travail.

Marion détonne avec son pragmatisme et son enthousiasme à tout épreuve dans une équipe avec un état d’esprit … décourageant.

Après plusieurs mois à se contorsionner, elle finit par s’en aller, loin, avec son compagnon sous le bras dans une bien plus petite structure.

Et ce choix sera le début d’une belle aventure dans le monde de la transition énergétique dans lequel les femmes occupent moins de 25 % des effectifs.

 

Avec Marion, on a parlé d’ambition, de burn-out, de parentalité et de tant de choses qui ont raisonné que cet épisode se doit d’être placé dans toutes les oreilles des jeunes professionnelles en quête d’inspiration.

 

Merci infiniment Marion pour ton partage qui raisonnera très fort pour nombre d’entre vous.

 

Place à ce nouvel épisode des alignées


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Transcription

  • Speaker #0

    Marion est à 32 ans, directrice d'activité dans le monde de la transition énergétique. Elle est tout simplement le rôle modèle que je n'ai pas trouvé quand je suis rentrée dans le monde professionnel. Marion est, comme elle le dit si bien, une bonne élève, qui est rentrée dans un grand groupe dès sa sortie d'école dans son job de rêve. Et ce job est vite devenu le job de la désillusion du monde du travail. Marion détonne avec son pragmatisme et son enthousiasme à toute épreuve dans une équipe avec un état d'esprit décourageant. Après plusieurs mois à se contorsionner, elle finit par s'en aller, loin, avec son compagnon sous le bras dans une bien plus petite structure. Et ce choix sera le début d'une belle aventure dans le monde de la transition énergétique, dans lequel les femmes occupent moins de 25% des effectifs. Avec Marion, on a parlé d'ambition, de burn-out, de parentalité et de tant de choses qui ont résonné que cet épisode se doit d'être placé dans toutes les oreilles des jeunes professionnels en quête d'inspiration. Merci infiniment Marion ! pour ton partage qui résonnera très fort pour nombre d'entre vous. Place à ce nouvel épisode des Alignés.

  • Speaker #1

    Bonjour Marion. Bonjour Charline.

  • Speaker #2

    Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Ça va, merci.

  • Speaker #2

    Je suis ravie d'être là avec toi, en haut d'une tour. Je pense que c'est la première fois que je fais un interview aussi haut. Là, je ne sais pas à quel étage on est.

  • Speaker #1

    On n'est pas si haut, on est au sixième. Avant, on était plus haut, mais tu vois, c'est déjà très lumineux quand même.

  • Speaker #2

    Oui, c'est très lumineux et quand on regarde dehors, on voit la défense. Donc on est très loin de certains interviews que j'ai pu faire avec des entrepreneuses. Et justement, c'est pour ça que j'ai choisi de faire appel à toi aujourd'hui, pour que tu nous donnes un autre regard, que tu puisses nous parler de ton parcours. Et en fait, dans les alignés, je ne présente pas mes invités. Je leur pose déjà la question. Marion, back route, qui es-tu ?

  • Speaker #1

    Vaste question. Je m'appelle Marion, j'ai 32 ans, je suis maman... d'un petit garçon formidable qui s'appelle Léon, qui a deux ans et demi. Je suis mariée et je suis directrice de l'activité photovoltaïque au sol dans une entreprise qui est productrice d'énergie et qui est un acteur de la transition énergétique. Et je pense que je pourrais compléter en disant que je suis une femme féministe, engagée et passionnée par les sujets de transition énergétique. Et là, on va dire que c'est à peu près complet.

  • Speaker #2

    Et là, quand on commence à entendre ça, on se dit... Je commence à comprendre pourquoi elle lui tend le micro. Parce qu'effectivement, dans ce podcast, l'objectif, c'est que des femmes parlent à des femmes de leur vie et de leurs grands moments d'alignement qui leur ont permis justement d'avoir une vie avec l'impact qu'elles ont choisi, avec leurs propres valeurs. Et du coup, pour ce faire, j'ai un process qui est très clair, dans lequel on rembobine un peu. La machine, on rembobine l'histoire. La première question pour toi, en fait, c'est une question qui semble simple, mais qui en réalité est assez complexe. C'est plutôt de se dire, quel est le tout premier moment qui pour toi a été ton premier grand moment d'alignement dans lequel tu as ressenti ce besoin d'aligner ta tête, ton cœur et ton corps ?

  • Speaker #1

    Je pense à deux, mais le premier qui, chronologiquement parlant, est arrivé, c'est un de mes premiers jobs dans une grande entreprise française. Dans le monde de l'environnement, j'avais l'impression d'être à ma place, puisque c'est tout ce que j'avais toujours voulu après mes études, c'était de rentrer dans une grosse boîte, mais dans un domaine qui m'intéresse. En l'occurrence, là, c'était lié à l'environnement. Je me suis retrouvée dans une direction commerciale avec 90%, voire peut-être même 95% d'hommes, peut-être 80% plus de 50 ans. et moi j'avais à l'époque 24 ans plein je pense d'idéaux d'énergie à revendre et voilà et vraiment envie de faire bouger les choses je me suis pris une claque dans ce service parce que j'ai vite compris que ça allait pas fonctionner comme je l'imaginais en fait bah eux là tu vois ce service là on travaille pas avec eux parce qu'on les aime pas ah d'accord mais en fait on a besoin d'eux le market et la com, non bon d'accord il y avait des gens au bout de 8 mois j'avais toujours pas compris ce qu'ils faisaient là et quel était leur métier et puis surtout il y a eu cette phrase à un moment donné, comme je pense que j'étais impliquée j'avais envie de faire plein de choses, je proposais des trucs et à un moment on m'a dit bon Marion ça suffit va falloir que tu fasses avec les vieux cons que nous on est et là je me suis dit bah je n'ai pas envie de faire avec les vieux cons que vous êtes. Et là, je me suis dit, ce n'est pas pour moi. Je suis peut-être là, sur le papier, où j'avais envie. J'ai un parcours un peu classique de Bac plus 5, d'une fille qui était assez scolaire, etc., qui arrivait dans une grosse boîte, après des process de recrutement, etc. Et un peu désillusion, je me suis dit, mais non, en fait, je n'ai pas du tout envie qu'un me considère comme ça. parce que clairement, je pense que j'avais beaucoup de handicaps. J'étais jeune, j'étais une femme. En plus, je n'étais pas ingénieure dans un truc où il y avait quand même beaucoup d'ingés. Peut-être qu'à leurs yeux, en tout cas, je cumulais, clairement. Et là, je me suis dit, non. J'ai quitté ce groupe, en partie aussi pour ça. Et après, je suis partie à l'étranger, avec une autre boîte et sur un autre boulot. Mais c'est la première fois. Et en fait, ça arrivait assez tôt dans ma... jeune carrière, je pense que j'étais diplômée depuis un an, un an et demi et je ne pensais pas vivre ça à ce moment-là et je me suis dit non en fait on va aussi maintenant peut-être choisir les boîtes, pas sur la liste du 440 mais peut-être juste sur les valeurs qu'il y a derrière et peut-être sur du management, un feeling en recrutement sur d'autres choses. C'était le premier vrai grand alignement.

  • Speaker #2

    Et tu vois je me permets de rebondir parce que je pense que cette désillusion dont tu parles ... C'est aussi la raison pour laquelle il y a aussi beaucoup de personnes qui se sentent désalignées. Et ce que j'entends, en fait, c'est que toi, vu que c'est arrivé assez tôt dans ta carrière, tu as eu la capacité à dire, mais en fait, non, je ne vais pas changer celle que je suis. Et l'image même qui me vient, c'est plutôt cette flamme-là. Je ne vais pas l'éteindre. Pour vous ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas venu non plus du jour au lendemain. Tu te remets quand même en question. Tu te dis, bon, j'ai sûrement dû être à la droite. Je n'ai pas beaucoup d'expérience. J'ai sûrement... Mais au bout d'un moment, c'est tellement gros. Je suis désolée, mais en fait, lui, le monsieur, franchement, il est là, mais je ne sais pas quoi il sert. Je ne sais pas ce qu'il fait. Ça fait huit mois, avoir organisé des petits déjeuners et des déjeuners en faisant venir tous les commerciaux de France et de Navarre, franchement. Et en fait, il y a eu la désillusion peut-être de la boîte, de l'équipe et puis la désillusion peut-être du monde du travail. Oui. Ah ouais. Donc, il y a autant de planqués comme ça ou de gens. D'accord. très bien, bon, ok, ça aussi, ça va faire partie des choses dont j'ai pas envie. Je me suis dirigée après vers des boîtes plus petites aussi, du coup, parce que ça m'a un peu vaccinée. Mais oui, c'est arrivé tôt. Je pensais pas que ça arriverait aussi tôt. Après, l'impact que ça a sur le moment, c'est que du coup, t'as plus envie. Par exemple, moi, ils m'ont épuisée, quoi. Je me suis dit bon, bah, en fait, si c'est ça, je vais chercher ailleurs, quoi. Au début, j'aurais pensé... ... Je pensais que j'allais me dire, je vais me battre, je vais leur montrer. Et en fait, t'as 24 piges, t'es une femme, t'es rien. T'es au début, t'es quand même, en termes de hiérarchie, t'es tout en bas. Donc, il y a quand même cette... Je voyais les choses en face en me disant, bon, il ne faudra pas faire grand-chose. En tout cas, t'as un peu essayé. Tu t'es prise cette phrase dans la tronche. OK, du coup, ce n'est pas pour moi. Stop.

  • Speaker #2

    Et tu vois, je trouve ça aussi hyper intéressant que tu aies retenu cette phrase. Déjà, ça fait complètement écho pour moi qui aussi ai retenu une certaine phrase un jour qui m'a fait partir d'une très grosse entreprise. Donc ça, tu vois, on parlait tout à l'heure de la capacité de certaines conversations, de podcasts à résonner pour d'autres. En tout cas, déjà, sache que je pense que ça va résonner pour beaucoup de monde. Et du coup, j'ai envie de dire OK, tu as 24 ans. Du coup, effectivement, la claque est quand même là. Tu te dis bon, je ne vais pas rester là. Je vais aller chercher ailleurs et je vais aller sélectionner d'autres boîtes. et j'ai entendu que tu me disais on est parti enfin je suis partie à l'étranger et j'ai envie de savoir comment ça s'est passé pour toi du coup parce que là tu passais de cette bande de je cite vieux con à je pars à l'étranger une plus petite boîte alors je suis partie en Amérique latine en Colombie j'avais déjà eu une expérience en Amérique latine pendant mes études je suis partie un an en Argentine j'avais envie l'Amérique

  • Speaker #1

    latine c'est un continent que j'aime vraiment que j'aime beaucoup j'avais envie de repartir dans cette zone l'espagnol c'est une langue que j'aime beaucoup Il y a eu cette opportunité de partir pour une boîte dans laquelle je suis toujours huit ans plus tard, qui était beaucoup plus petite et sur des sujets de transition énergétique, d'efficacité énergétique, de photovoltaïque. Et donc, quand je suis arrivée, on était peut-être 15, 20 à peine. J'ai pris mon conjoint sous le bras aussi, qui ne connaissait pas ni l'espagnol ni l'Amérique latine. Et on est parti, on est resté trois ans. Ça a été une expérience incroyable. Dans un pays incroyable, j'ai appris plus, plus, plus. J'ai eu un manager super qui a cru en moi, qui m'a donné très vite des responsabilités. Et oui, ça a été vraiment une expérience hyper enrichissante. J'ai l'impression que souvent, l'étranger, quand je parle avec les gens qui ont une expérience à l'étranger, et souvent des jeunes, comme moi, je suis partie dans le cadre d'un VIE, c'est une formation accélérée. Parce que... Tu apprends sur le plan culturel, ce n'est pas du tout le même management sur place. Là, moi, mon chef était français, mais je voyais comment ça se passait quand même en Colombie. Tu apprends vraiment d'autres choses. Et du coup, tu te nourris différemment. La Colombie, pour revenir sur des sujets de relations entre les hommes et les femmes, c'est pas culturellement parlant, c'est pas du tout la même chose qu'en France. Et du coup, c'est très intéressant. Franchement, avoir une expérience, pour ceux qui en ont envie ou si ça les attire, moi je pense que c'est un des moments de ma carrière où j'ai le plus appris. Je me suis débrouillée, je me suis retrouvée dans des situations ubuesques à parler. Même quand on était une petite équipe et qu'on était à l'étranger, je me souviens que je me chargeais du marketing et de la com, de la boîte sur place. J'y connaissais rien, je discutais avec des espèces de journalistes pour parler de trucs avec un espagnol parfois avec des mots approximatifs. Et puis, culturellement parlant, quand t'approches Noël en Colombie, c'est la teuf partout. Il y a les Ausha. Donc, tu te retrouves dans un open space où il y a de la musique. Tu fais un call avec la France et les gens te disent « Mais t'es au bureau ? » Ouais, je te promets, je suis au bureau.

  • Speaker #2

    Et par rapport aux hommes et aux femmes, du coup, parce qu'effectivement, t'avais eu tes vieux cons qui t'avaient expliqué que tu devais être dans ta case. Là, du coup, tu te retrouvais avec d'autres codes. pour juste qu'on se projette, parce que pour les personnes qui ne connaissent pas spécialement la Colombie, à quoi tu as été confrontée et qu'est-ce que tu en as appris ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'en Colombie, c'est marrant parce que on pourrait, enfin moi, les gens ont l'image d'une société peut-être un peu machiste. Ça peut être le cas et en même temps moi j'ai été plutôt confrontée à des femmes de pouvoir qui vraiment c'était elles qui tenaient la baraque. en Colombie, c'était ça qui était assez rigolo. Je n'ai pas eu du tout, dans le monde professionnel, j'ai pas eu l'impression d'être sous-estimée à aucun moment. Il y avait un assez bon équilibre. Il y avait plus d'hommes que de femmes, parce que de toute façon, moi, je suis dans une filière et dans un monde quand même d'ingénierie. Donc, il y a toujours plus d'hommes pour le moment. Mais je n'ai jamais ressenti aucun jugement là-dessus. Dans la vie perso, c'est différent parce qu'il n'y a pas forcément d'égalité homme-femme en Colombie, mais dans la vie pro, je ne l'ai pas ressenti. J'ai ressenti plutôt des hommes qui devaient accumuler ce qu'ils appellent chez eux des matripuntos pour avoir le droit de sortir. Si tu viens au pot de départ ce soir, oui, j'ai accumulé assez de matripuntos.

  • Speaker #2

    Ah ouais,

  • Speaker #1

    d'accord. Il y a un espèce d'empowerment de la femme qui tient un peu la baraque. Alors, il y a aussi du sexisme, je ne dis pas, mais... C'est assez rigolo pour ça, la Colombie. Et non, il y avait un équilibre. Pour le coup, professionnellement parlant, je n'ai jamais senti de mise à l'écart ou de discuter du fait que j'étais une femme ou quoi que ce soit. Jamais. Et ça m'est arrivé, tu vois, parce que depuis la Colombie, je travaillais aussi sur les Antilles et la Guyane. Et pour le coup, là, quand j'allais aux Antilles, on me faisait comprendre qu'on voulait voir le chef. Ah ! Je me suis dit, c'est moi, le chef. Oui,

  • Speaker #2

    mais tu étais la stagiaire, non ?

  • Speaker #1

    C'est ça. devant en plus mon N-1 pour le coup. Déjà souvent on s'adressait à mon N-1 qui avait un homme, en pensant que c'est lui le chef. Ça m'est arrivé tout le temps.

  • Speaker #2

    Je peux imaginer.

  • Speaker #1

    Et ça par contre c'était très souvent.

  • Speaker #2

    Alors du coup comment on se sent quand on passe de cette grosse boîte avec les vieux cons à finalement une boîte qui te fait confiance avec qui du coup tu deviens la chef, notamment pour les personnes qui nous écoutent qui sont plutôt dans leur open space avec leurs vieux cons qui te donnent un peu de perspective de voilà, comment on se sent.

  • Speaker #1

    C'est un nouveau monde, vraiment, parce que déjà, rien que la taille de boîte, c'est vraiment, il y a une différence. Là, pour le coup, tu ne cherches pas à les planquer. Tu dis, je voudrais bien deux, trois personnes de plus, parce qu'en fait, on a beaucoup de boulot. Et puis, ouais, en fait, ce que tu dis, c'est la confiance. La confiance et le fait aussi qu'on donne sa place aux jeunes, peu importe qu'on soit une femme ou un homme. Et puis, comment on le sent ? J'ai envie de te dire, ça fait huit ans que je suis dans la même boîte. Donc, je pense qu'on peut juste dire ça. Je trouve que le peu d'expérience que j'ai dans les grosses boîtes est de ce que j'entends de certains. nos amis et moi qui sommes dans des grosses boîtes, il y a quand même ce sujet de l'âge aussi. Tu ne peux pas passer la strade du dessus, le niveau du dessus, le niveau, je ne sais pas, partenaire, seigneur ou que sais-je. De toute façon, il faut un certain nombre d'années. Là aussi, moi, dans cette plus petite boîte, vraiment, ton âge, on s'en fout. Si tu fais le taf, si tu es impliqué, passionné, franchement, vas-y. Moi, j'ai été impressionnée des responsabilités qu'on m'a vite données. Après, j'adorais mon taf. Franchement, j'aime toujours mon taf, d'ailleurs. Moi, mon manager, qui a été mon manager pendant cinq ans, m'a dit que le talent n'attend pas les années. Et on n'est pas honte de le dire.

  • Speaker #2

    Carrément.

  • Speaker #1

    Elle peut paraître bateau, mais si on se l'applique vraiment dans la boîte, vraiment, ce n'est pas une question d'âge. Alors, tu as toujours encore, dans le monde du business, ce qu'on appelle la caution grisonnante. Tu te dis, il faut quand même que tu viennes, parce que c'est la caution grisonnante de machin, parce que moi, je suis plus jeune et on ne va pas me prendre au sérieux. Ça peut arriver, mais ça, c'est génial. Et ça, moi, j'ai vu la différence d'être dans une boîte à taille un peu plus humaine où on te confie des tâches. OK, tu sais bien le faire, vas-y, prends la tâche d'après et la tâche du dessus, d'ailleurs.

  • Speaker #2

    Et tu vois, ça, vraiment, c'est quelque chose que je retiens, que tu es la même personne. Avec la même envie, la même ambition. Et en fait, l'écosystème dans lequel tu évolues est en différent. En fait, du coup, finalement, je vois un peu comme une fleur qui éclot. C'est toutes tes capacités qui sont décuplées parce qu'il y a cette confiance, parce qu'il y a cette culture d'entreprise qui va aller permettre aux jeunes talents de se développer. Et tu vois, c'est vrai que dans les grosses boîtes, on parle beaucoup de people development. On invente plein de choses pour faire évoluer la culture de la boîte. Et en fait... quand les boîtes ont vraiment déjà ça en elles, ça permet à certains talents de vraiment se développer. Et c'est ça qui est intéressant de voir dans ton histoire.

  • Speaker #1

    Il faut développer les talents et il faut développer les talents aussi féminins. On a un problème quand même, dans la filière ou dans le monde des énergies, c'est quand même une filière plutôt d'ingénieurs. Donc statistiquement parlant, si tu regardes les stats des écoles d'ingé, forcément, il y a plus d'hommes que de femmes. Et c'est toujours le cas actuellement. Il faut qu'on remplisse ce vivier de femmes et pour pouvoir... potentiellement avoir un vivier ensuite de cadres et de dirigeants qui puissent que ce soit des hommes ou des femmes et monter. Moi dans ma carrière ce qui m'a quand même manqué jusqu'ici c'est des rôles modèles, de pouvoir m'identifier quand même dans ces boîtes et dans cette filière qui est quand même très masculine à des femmes et à des femmes qui ont un équilibre aussi parce que j'en ai vu des femmes et qui bon alors c'était peut-être mon interprétation mais j'avais l'impression qu'elles devaient en faire deux fois plus pour peut-être prouver qu'elles étaient à la hauteur de tout le monde mais Des femmes qui ont des enfants ou pas, mais en tout cas qui sont équilibrées et qui ont des postes à responsabilité. Moi, je trouve que les rôles modèles, c'est hyper important. Depuis qu'on est tout petit, on s'identifie, c'est humain. T'es enfant, tu t'identifies à tes parents, t'es obligé de faire pareil, mais ça t'inspire. Je trouve que dans mon industrie, aujourd'hui, il manque encore... Alors, il y a un vivier de plus en plus grand, c'est très bien, mais il faut les accompagner et il faut leur donner... Moi, j'ai eu la chance, j'ai fait du... co-développement, j'ai fait du coaching, on m'a accompagnée pour pouvoir me dire que c'était possible. Parce qu'en fait, si tu vois pas tes rôles modèles, si tu vois pas si t'as personne, peu de monde à t'identifier, c'est difficile de te projeter toi aussi là-dessus.

  • Speaker #2

    Je suis complètement d'accord avec toi.

  • Speaker #1

    Donc il faut aussi donner les clés. Et moi je trouve qu'il faut donner les clés à toutes les personnes qui le méritent, mais bah... les femmes, en fait, on n'en voit pas beaucoup des femmes à responsabilité à des postes sur des boîtes d'ingénieurs. Tous les colloques que je fais sur le photovoltaïque, etc., ouais, alors il y a de plus en plus de femmes qui y assistent. À chaque fois, je compte à la fin de la journée combien de femmes ont pris la parole sur la scène. Là, on est toujours très mauvais dans les statistiques.

  • Speaker #2

    Et par rapport à ces personnes aussi qui sont là, elles n'ont pas forcément le même statut que toi, à savoir les responsabilités qui vont avec. Après, du coup, Par rapport à cette question de rôle modèle, là, nous, on te lâchait en Colombie avec ton conjoint et on se dit, ça roulait super bien pour toi. Qu'est-ce qui s'est passé ? Parce que du coup, là, on se retrouve à la défense. Peut-être que tu me parles de parentalité. Il s'est passé peut-être des petites choses entre-temps.

  • Speaker #1

    Il y a eu peut-être... Avant la parentalité, il y a eu l'envie de rentrer aussi. Tu parles d'alignement. Il y a eu un alignement peut-être perso aussi qui est de se dire, c'est cool, je me suis bien éclatée, ça fait trois ans. Les copains et la famille sont quand même loin. Et ça, c'est des choses qui me nourrissent. On va peut-être rentrer. Mon manager aussi m'a dit, je rentre en France. Pareil, du coup.

  • Speaker #2

    En même avion.

  • Speaker #1

    Je veux bien, moi aussi. Et puis, mon conjoint aussi avait professionnellement un peu fait le tour. C'était le temps pour nous de rentrer. Les proches manquaient quand même. On est rentrés, on s'est mariés. Et puis, il y a eu un grand moment aussi. Moi, je suis toujours très impliquée. Quand je fais, je fais, je fais à fond. Et puis, un jour... post-Covid, je me réveille et je n'arrive pas à me lever de mon lit. Je me dis, j'ai le Covid. Non, madame, vous n'avez pas le Covid, en fait, madame, vous êtes fatiguée, vous êtes surmenée. En fait, ça s'appelle du surmenage, du burn-out, de... Voilà. Parce que le travail a toujours pris une place très importante pour moi et puis, je pense, je te parlais, tu sais, des femmes qui, inconsciemment peut-être, pensent qu'elles doivent en faire plus pour prouver qu'elles ont leur place. Moi, je pense qu'inconsciemment, personne ne m'a dit ça j'ai jamais entendu ça dans mon entreprise mais je pense qu'inconsciemment j'ai toujours voulu, j'ai cette personnalité tu me dis qu'il faut faire 100 j'irais bien faire 110 ou 120 quand même mais en plus pour montrer que je suis capable parce que sinon on va penser que je ne suis pas capable et du coup j'ai un peu trop fait j'ai pas dit non, j'ai jamais dit que c'était trop et je me suis épuisée donc là je me suis fait arrêter un mois, un mois et demi j'ai pris du recul en disant, ouais, le boulot, c'est important, mais peut-être que là, elle est un peu trop loin. J'ai eu la chance d'avoir mon manager qui, à mon retour, m'a dit, OK, on se pose. et on voit ce qu'on a loupé, toi et moi. Qu'est-ce qu'on a loupé ? Qu'est-ce que l'entreprise a loupé ? Comment, dans l'organisation, on a merdé pour qu'on en arrive là ? Et je me suis fait accompagner, en fait, sur, OK, ça, ça dégage de ton scope, ou ça, on va mettre quelqu'un, ou ça... C'est la belle histoire du « burnout » , parce que c'est jamais cool d'aller jusque-là, d'être surmenée, mais il y a quand même un chemin où tu peux avoir un manager qui te dit, OK, putain, pardon, j'ai pas vu. Moi... aussi j'ai pas dit non et j'ai pas dit stop et j'ai pas dit c'était trop et à partir de ce jour là j'ai appris à dire non j'ai appris à dire non alors vous voulez faire ça très bien par contre en fait on va prendre la palette et si vous voulez que je fasse ça on va enlever ça ça on va le mettre au frigo tant qu'on fasse ça parce

  • Speaker #2

    qu'on peut pas tout faire et aussi il y a quelque chose que t'as dit à plusieurs reprises c'est parce que je dois faire plus pour montrer que je suis capable Est-ce que ce burn-out, ça a aidé à réfléchir à tout ça ? Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Parce que ça,

  • Speaker #2

    c'est quelque chose qui, je pense, va résonner pas mal. On appelle ça le syndrome de l'imposteur, mais en fait, c'est plutôt de l'impostrice, on va se le dire. Tu en as fait quoi, après ce burn-out de ça, de cette envie de prouver tout le temps que tu étais capable d'y voir toujours plus ?

  • Speaker #1

    J'ai pris du recul. Déjà, j'ai arrêté de penser que c'est parce qu'on est dans une industrie... d'ingénieur qui fait un diplôme d'ingénieur. Que moi, ça, ça a toujours été un gros complexe. En me disant, moi, je ne suis pas ingénieur. Les gars, vous me parlez, quand vous commencez à parler de schéma électrique, moi, j'ai arrêté la physique en seconde, franchement, la physique, l'électricité, tout ça. Et de me dire que du coup, je n'avais pas forcément ma place à des postes de responsabilité dans cette boîte parce que je n'avais pas le bagage technique. Ça, en fait, c'est une connerie.

  • Speaker #2

    Alors qu'en plus, tu étais vraiment sur la partie développement, sales, etc. On ne te demandait pas d'aller...

  • Speaker #1

    J'étais quand même sur la partie opérationnelle, on commençait à me parler de pieux, d'études de structure. Première de la classe, toujours première, oh là là, donnez-moi un bouquin que je regarde et que j'étudie.

  • Speaker #2

    Je vais faire une petite thèse en parallèle.

  • Speaker #1

    Non mais c'est ça, tu vois. Et en fait, il faut qu'on libère le truc, qu'on se dise, oui, tu ne peux pas tout savoir. Oui, pose des questions et n'aie pas peur. Et ce n'est pas grave et tu vas apprendre. Et ça, maintenant, je pose des questions. Maintenant, je n'ai plus peur de dire... Je ne comprends pas ce que tu dis. Et même à mes équipes, à moi. Heureusement, j'ai plutôt assez grosse équipe. Et il y a des gens qui sont beaucoup plus experts que moi, évidemment, sur des sujets. Attends, tu me fais un schéma parce que je ne comprends rien à ce que tu racontes.

  • Speaker #2

    Simplifie.

  • Speaker #1

    Et en fait, ce n'est pas pour ça que ça ne m'empêche pas de prendre des décisions et de trancher. En fait, pour moi, quand tu n'étais pas expert sur le sujet, tu ne pouvais pas trancher. Alors, je connais quand même le métier, je connais des choses. Je n'ai pas certaines compétences techniques comme peuvent avoir mes équipes. Mais une fois que tu m'expliques les enjeux, je suis capable de dire, OK, on va faire comme ça. Et ça, je pensais que ce n'était pas possible, en fait. Je pensais que ce sujet de légitimité aussi, que tu dises syndrome de l'imposteur, j'ai pris du recul dessus en me disant... J'ai pris du recul parce que j'ai eu autour de moi, j'ai eu des exemples de gens, hommes ou femmes pour le coup, qui n'avaient pas forcément les compétences, mais qui étaient capables de trancher parce qu'ils avaient compris le sujet dans sa globalité. Et au bout d'un moment, j'ai dit, ok, c'est pas une question de diplôme, en fait, ou de savoir faire des calculs savants, d'études de structure ou quoi que ce soit. En fait, le sujet, Marion, il n'est pas du tout là. Donc, j'ai pris du recul, j'ai posé mes limites. Ça, j'ai appris à poser mes limites, à dire stop quand il faut dire stop. Et puis, hasard ou non du calendrier, c'est pendant que j'étais en arrêt que je suis tombée enceinte.

  • Speaker #2

    Et ouais. Alors que c'était peut-être prévu depuis un petit moment.

  • Speaker #1

    C'était prévu depuis quelques mois. Et là, l'arrêt de s'arrêter, c'est bizarrement, à ce moment-là, ça a fonctionné.

  • Speaker #2

    Ah ouais ? C'est drôle quand même.

  • Speaker #1

    Je peux te dire que c'est très drôle. Alors psychologiquement, quand tu dis je vais reprendre le boulot, mais en plus je vais leur dire, après un mois d'arrêt, je vais leur dire que je suis enceinte, il faut mouliner là-haut.

  • Speaker #2

    Eh bien ouais, j'aimerais bien être dans ta tête.

  • Speaker #1

    Il y a un petit côté quand même. de culpabilité. Le chemin de, déjà, à moi, accepter quand on m'a dit « Vous êtes surmenée » , je dis « Mais non ! »

  • Speaker #2

    Non, franchement, ça va, c'est juste que j'avais du mal ce jour-là, j'étais fatiguée.

  • Speaker #1

    Ça, il faut accepter de dire « Ok, en fait, tu vas pas bien. » Déjà, ça a été... Je me suis fait accompagner par une psy. J'avais repris depuis une semaine ou deux et je veux faire un bilan avec la psy. Je dis « Bah alors, j'ai repris, je suis enceinte et on a signé une offre d'achat pour un appartement. » Elle m'a dit « Ok, on va bien se parler du coup, là. » Très bien. donc là ça fait quand même beaucoup elle se dit ouais ouais ça fait beaucoup et en même temps c'était le package complet c'est de dire ok bah en fait j'ai pris du recul je me suis arrêtée je vais mettre mes limites et je suis ok du coup pour accueillir un enfant dans ce cadre là quoi en fait je vais je vais borner le truc après ça met du temps il faut le processer mais j'ai pris le truc en me disant en fait ouais ça veut dire que c'était ce moment là après tu réfléchis quand même tu dis bon alors va quand même je me réabsente j'organise le fait que je vais m'absenter en plus j'avais pris une décision qui était de se dire cet enfant je vais m'en occuper pour ses premiers mois et je vais faire un congé assez long moi la personne que dans mon Moi qui suis la personne dont mon entourage pense que je suis un peu workholique, j'avais dit, mon fils, il arrivera en janvier, je vais partir en congé fin novembre et je reviendrai en septembre. Je me souviens, on m'a dit, oui, bien sûr,

  • Speaker #2

    tout à fait.

  • Speaker #1

    La bonne blague. Et c'est ce que j'ai fait. Parce que j'avais, c'était un truc perso, j'étais mon premier enfant, je veux prendre le temps et je veux prendre le temps de comprendre que je suis maman. Et du coup, je l'ai fait. J'avais dit à mon entreprise que j'allais faire ça. Ça n'a pas posé de problème. Ça n'a tellement pas posé de problème qu'enceinte de six mois, on m'a proposé une promotion. Là, j'étais un peu bouche bée, je t'avoue. J'avais envie de leur dire, vous m'avez bien regardée ou pas ?

  • Speaker #2

    C'est-à-dire, je sors d'un burn-out, je suis enceinte de six mois, et là ?

  • Speaker #1

    Vous me proposez un nouveau poste de prendre la direction du développement. Franchement, j'avais l'impression que vous étiez un peu bolsy, les gars, quand même.

  • Speaker #2

    Carrément.

  • Speaker #1

    Du coup. Et ce qui était assez ouf, c'est que, je leur ai dit, mais vous savez que... Je n'ai pas sens savoir que je suis enceinte. En plus, j'ai dit que je vais faire un congé mat un peu long. Elle m'a dit oui, mais en fait, cette question ne s'est pas posée quand ton nom a été évoqué.

  • Speaker #2

    Ok.

  • Speaker #1

    Tu vois,

  • Speaker #2

    pour faire un petit arrêt sur image pour les personnes qui écoutent, parce qu'effectivement, le sujet de comment tu te positionnes quand tu as de l'ambition en tant que femme, que tu as envie d'avoir une place dans une organisation et aussi d'être maman et de faire ça. dans tes règles, en fait, avec, tu vois, « my babies, my rules » , comme on peut dire, je trouve ça génial, en fait, que tu partages ça, notamment le sujet du rôle modèle. Parce que pour avoir eu aussi des enfants, je sais que c'est quand même un stress d'annoncer une grossesse. Énorme. C'est un stress de vivre cette grossesse au sein d'une organisation, de montrer que l'ambition est toujours là, qu'on est toujours présente. Donc, ça rajoute au stress. Donc, toi, tu fais ça en plus d'une sortie de burn-out. Et ton organisation te dit, OK, en fait, on te fait confiance et on te laisse être la maman que tu as envie. Et à ton retour, tu prends les responsabilités.

  • Speaker #1

    Ouais, et je me suis dit, ouais, c'est bolsy. Et je me suis dit, mais en fait, pourquoi ils l'ont fait, quoi ? Et je me dis aujourd'hui, parce que, un, je pense que j'ai toujours été très loyale envers cette entreprise. Et j'ai un vrai sentiment d'appartenance à cette entreprise. C'est une boîte qui m'a fait grandir. Et j'ai appris beaucoup de choses. Je pense qu'en fait, on se donne mutuellement. Parce que j'ai beaucoup donné à cette entreprise. Je pense que cette entreprise me le rend bien aussi. C'est un bon deal entre nous, en fait.

  • Speaker #2

    C'est intéressant.

  • Speaker #1

    Et du coup, je pense que tout ça, c'est OK. Après, lâcher ton équipe autant de temps. Moi, j'avais très peur pour mes équipes. Et du coup, la charge que je laissais en partant. Mais ça s'est fait. Et je me souviens d'un truc super. On a eu, en ce moment-là, j'étais enceinte et ça avait été annoncé que j'allais prendre cette direction du développement. Il y a eu un séminaire qui s'est calé entre deux. Je viens d'une stagiaire ou une alternante, je ne sais plus, qui me disait, ouais, j'ai su. Putain, mais moi, du coup, ça me donne trop envie de bosser dans cette boîte.

  • Speaker #2

    C'est là,

  • Speaker #1

    je me suis dit, évidemment, c'est là où ce genre d'actes et de trucs un peu modèles, évidemment, que ça te donne envie quand tu es une meuf et que tu vois que c'est possible et que non, tout le monde ne se fait pas mettre à la porte quand on annonce qu'il est enceinte ou au placard ou je ne sais pas quoi. C'est cool en fait. Et ouais, ça a été un grand moment dont je suis très fière. Je suis très fière de l'entreprise qui m'a proposé ça. Je suis très fière des managers qui ont voulu ça. Et franchement, c'était une super nouvelle. Et puis, on m'a attendue finalement. Et c'était bien.

  • Speaker #2

    Et toi qui étais workaholic, tu adores le travail pour les personnes qui ne sont pas très fans de ce mot, qui se donnent à fond. Tu as eu ton petit garçon et rester six mois plus plus avec lui 100% du temps sans toucher un PC. Comment ça s'est passé pour toi ?

  • Speaker #0

    Je t'avoue que je n'ai pas trop posé au PC parce qu'il fallait que je pense à endormir mon fils. Clairement, le boulot à côté de rester H24 avec un bébé de 6 ou 8 mois, c'est les vacances. On ne va pas se mentir. J'ai été vraiment mise à l'épreuve avec l'arrivée de mon fils parce que j'ai un profil, encore une fois, très scolaire, très dans l'organisation. Moi, mon fils, je veux dire, très bien, il ne dort pas, mais donnez-moi le planning dès quelle heure il va se réveiller pour que je m'organise. En fait, du coup, je ne comprends pas. Comment ça, il n'a pas de rythme et je ne peux pas savoir à quelle heure il va avoir envie de téter, de machin. Moi, complètement pas ma zone de confort. La maternité avec un nourrisson où il faut lâcher prise. Le lâcher prise, c'est un délire. Ouais, ce n'était pas simple. Je suis hyper fière de l'avoir fait. Je suis hyper fière du lien que ça a pu avoir avec. avec mon fils aussi difficile. Ça n'a plus été. Je peux dire qu'il est né en janvier et que je devais reprendre en septembre. Fin juillet, j'étais en mode genre « Oui, j'ai quand même prête de reprendre. » Il y a eu un switch, si tu veux. Début juillet, j'étais en mode genre « Ils ne vont jamais me revoir. Jamais, je laisse mon fils. » Et fin juillet, j'étais en mode genre « Franchement, reprenez-moi. »

  • Speaker #1

    Très vite. Je vous appelle pour organiser ma venue.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, je pense que j'étais arrivée et je souhaiterais à tout le monde Alors, ce mois, il a peut-être été à sept mois. Il y en a, ça peut être deux mois. Mais je ne souhaite pas à tout le monde d'avoir la chance d'arriver au bout, de dire « Ok, c'est bon. » Moi, c'était sept mois. Ça y est, j'ai compris. Je suis maman. Ça y est, je l'ai, les gars. Je ne m'entends plus juste dire, quand je dis « mon fils » , je ne m'écoute plus le dire en disant « waouh, c'est bizarre » . Ça y est, je l'ai. Je peux faire autre chose maintenant. Enfin, je peux faire aussi autre chose. Je peux être maman et autre chose. Donc, je suis contente d'avoir eu l'opportunité d'aller jusqu'à ce moment-là et de me dire « je veux reprendre le taf » . parce que je pense à certaines qui peut-être certaines c'est dix mois, peut-être certaines c'est deux mois mais celles qui n'ont pas l'opportunité d'arriver à cette phase-là et qui du coup reprennent un peu à contre-cœur je t'ai refaite de reprendre et donc ça, ça a été et il y a eu un grand moment aussi de ma reprise je crois que c'est deux ou trois jours avant ma reprise, ma DRH m'appelle et elle me dit ça va, comment tu te sens ? nous on est hyper content de te retrouver et tout Je lui dis, c'est hyper organisé, de toute façon, c'est la première semaine de reprise, c'est mon mari qui va tout faire. Elle me dit, ah non, ah non, non, non. En fait, là, c'est conseil de DRH, mais aussi de maman à maman, tu cales ton rythme le premier jour. C'est-à-dire que si le premier jour, tu dois te barrer à 17h30 pour aller chercher ton fils qui est chez la nounou, tu te barres à 17h. Sinon, tu vas te faire bouffer. Et j'étais vraiment genre, ah bon ? Ah bah, mais moi, je sais pas, c'était la reprise,

  • Speaker #1

    je voulais reprendre. Moi, je reprenais comme si de rien n'était.

  • Speaker #0

    Vas-y, je suis à... un de mes meilleurs conseils professionnels de toute ma vie. Et donc, j'ai fait ce qu'elle m'a dit. On a fait le planning avec mon mari de qui va le matin, le soir, dès le début. Et en fait, les gens s'adaptent. Je me souviens très bien quand on a commencé à chercher les nounous et qu'on a commencé à regarder les horaires quand les noms étaient encore petits. Et on s'est dit, mais 8h30, 18h30. Mais attends, moi, à 8h30, j'étais au travail, à 18h30... globalement, j'étais encore souvent au travail.

  • Speaker #1

    Et pour un petit moment, encore. Du coup,

  • Speaker #0

    comment je vais faire ? J'en ai pas dormi pendant trois jours. Et mon mari m'a dit, en fait, c'est un truc très simple. Tu vas moins travailler.

  • Speaker #1

    Ah, il est pragmatique,

  • Speaker #0

    ton mari ! Donc ça, d'accord. Ok. Mais du coup, comment je vais faire, en fait ? Et en fait, tu fais. C'est-à-dire que tu fais différemment. Tu délègues. Et tu vois, j'avais déjà eu un premier, après mon burn-out, de dire je dis non ou je mets les limites. Bah tu remets des limites en fait. Parce que de toute manière, t'as un truc vachement plus important. J'aborde adorément taf. Quand même un truc plus important que mon taf, c'est quand même mon fils quoi.

  • Speaker #1

    Alors oui, et j'ai envie de me faire un peu l'avocat du diable. Parce que là, si je me trompe pas, du coup t'as pris des responsabilités.

  • Speaker #0

    Il y a peu de temps,

  • Speaker #1

    oui. T'es dans un monde d'hommes. Oui. Où clairement, il n'y en a pas beaucoup. qui vont chercher leur fils ou leur fille à 17h30 ou à 18h. Peut-être que je me trompe, que dans cette boîte, c'est extraordinaire. Non,

  • Speaker #0

    c'est pas parfait.

  • Speaker #1

    Mais du coup, comment tu fais pour être celle qui a décidé de dire « Non, mais en fait, je vais être aussi maman, avoir mes responsabilités. » Est-ce que c'est facile ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas facile. Encore une fois, ce n'est pas facile. Tu vois, quand on m'a proposé ce nouveau poste, une des premières choses que je me suis dite, c'est « Est-ce que je ne vais pas faire flamber l'équilibre familial entre mon mari, mon fils et moi ? » Parce que nouveau poste, responsabilité encore au-dessus, on va en attendre encore peut-être plus de mois, plus d'équipes à manager. Est-ce que c'est la marge du dessus ? En fait, au vu du contexte familial, elle est OK. Et en fait, j'en ai discuté avec des gens. On m'a dit, mais en fait, je ne vois pas où il est le sujet. En fait, tu as des compétences, tu es maman, tu mets tes barrières, tu mets tes limites. La première fois que j'ai dû, quand je suis rentrée de congé maternité, je me souviens très bien, il y avait une réunion en fin de journée qui commençait à s'éterniser et moi, je devais partir. Une réunion, on était peut-être huit ou neuf. J'étais la seule meuf. Et j'ai dû me lever de la réunion pour dire, je suis désolée, il faut que je parte, je vais chercher mon fils. Ce jour-là, j'étais énervée. Je me suis dit, putain, déjà, coïncidence de fou, je suis la seule fille, je suis la seule femme de ce truc, c'est moi qui dois me lever pour aller chercher... Mon fils, bon, après, hasard du calendrier, ça aurait pu être le soir où c'était mon mari, mais ce jour-là, il se trouve que c'était moi. J'étais énervée parce qu'en fait, je n'avais pas envie d'aller chercher mon fils, j'avais envie de continuer cette réunion, de savoir quelles étaient les conclusions. Je me suis dit, ah ouais, donc ça va être ça maintenant. Le sujet, c'est qu'il y a des trucs que je vais devoir zapper parce que je suis devenue maman. Et en fait, j'ai appris à vivre avec ça et à mettre des barrières. Et après, mon rêve, c'est qu'on n'attende pas d'être parent. pour le faire. J'adorerais que des personnes ici puissent se sentir légitimes à partir à 17h30, mais pas parce qu'ils sont parents. J'essaye de le dire au effort dans l'open space, quand lundi je me bats à 17h30, dire bonsoir, et malgré la position hiérarchique que je peux avoir. Tout le monde a le droit d'avoir une vie à côté, et si le taf il est fait, on s'en fout. Mais du coup, après, le fait est... Alors tout le monde dit, oui, tu vas travailler différemment, plus efficacement. Oui, sûrement. je suis désolée, je travaille moins la vérité c'est qu'avant mon fils et maintenant je travaille moins il n'y a pas de débat et ça c'est ok maintenant et les résultats ? je pense qu'ils sont les mêmes sinon on ne m'aurait pas proposé une promotion juillet dernier je pense qu'on considère que je fais toujours du bon boulot donc comme quoi c'est pas une question de temps passé au bureau on pourra toujours faire plus on en dira toujours Moi, je pourrais travailler le samedi, le dimanche, je pourrais toujours améliorer des trucs. Tant pis, on fait des choix, en fait. Moi, aujourd'hui, je choisis mes combats aussi. Ouais, c'est pas parfait, il faudrait qu'on fasse un process pour ça, il faudrait qu'on crée ce PowerPoint, il faudrait qu'on fasse plus. Ouais, mais les journées font que 24 heures. Et puis, j'ai beau être super fière de ce que je fais et de participer à la transition énergétique, à faire un job qui a de l'impact avec des équipes que j'adore. mais à un moment donné, ça se stoppe. On ne va pas coucher là non plus. Donc, oui, accepter qu'on travaille moins, ça, je l'ai accepté. Je ne pensais pas en être capable.

  • Speaker #1

    Finalement, pour reboucler la boucle avec le début de notre discussion sur « je n'ai pas de rôle modèle » , finalement, du coup, c'est toi qui deviens le rôle modèle. C'est ça qui est intéressant.

  • Speaker #0

    Oui, peut-être. J'aimerais qu'il y en ait plein d'autres. C'est peut-être aussi un petit peu... J'ai toujours eu de l'ambition, j'ai toujours voulu manager, avoir une équipe, faire des choses qui avaient du sens. C'est un peu aussi, aujourd'hui, peut-être, il y a un petit côté militant, féministe, de prendre ces promotions à chaque fois pour peut-être être rôle modèle et pour dire si je peux montrer à d'autres femmes que oui, c'est possible, peut-être oui. Alors, ce n'est pas ce qui me drive non plus. Moi, j'aimerais en avoir plus aussi. J'aimerais avoir plus de rôle modèle. J'aimerais pouvoir m'identifier à d'autres personnes, notamment celles... Il y a des jours où c'est dur. Il y a des jours où tu te dis... putain mais en fait elles font comment les filles les meufs qui ont des enfants tu fais comment entre ton couple tes enfants, ton taf tes responsabilités, ton envie de faire ou même l'associatif franchement expliquez-moi les meufs expliquez-moi comment on fait mais ils aimeraient pouvoir en discuter un peu plus et il en manque encore il y a encore du boulot

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Encore du taf.

  • Speaker #1

    Et du coup, c'est intéressant parce que tu parles d'ambition. Et du coup, là, quand je t'entends, je me dis, ouais, donc en fait, elle est arrivée à un super poste à responsabilité. Elle est maman, elle arrive quand même à dire non et puis à créer son propre système dans lequel elle a de l'impact. Donc là, clairement, je me dis, t'es arrivée. Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Je pense que tu vois, j'aimerais... Ce qui me manque aujourd'hui, c'est peut-être la première chose que je fais aujourd'hui avec toi, c'est peut-être de transmettre. Je suis très intéressée de faire du mentoring, des choses comme ça, que je n'ai pas encore pris le temps de faire ça. Je pense qu'aujourd'hui, c'est plus ça qui pourrait être la suite, ou discuter. C'est toujours très intéressant de pouvoir transmettre. Aujourd'hui, il n'y a pas longtemps, on m'a proposé d'intervenir là où j'ai fait mes études, à Dauphine. Ça, c'est des choses où montrer aussi, mais même à plus petite échelle. Je viens de Picardie, dans un lycée qui était, à une époque, je ne sais pas si c'est toujours le cas, classé en ZEP. Quand j'ai fait un dossier pour Dauphine... On m'a dit, mais c'est quoi, tu postules, là ?

  • Speaker #1

    C'est très élevé. Ouais,

  • Speaker #0

    et un peu transmettre ce sujet-là, dire, en fait, c'est possible. Et il suffit aussi de rencontrer les bonnes personnes aussi qui peuvent vous dire que c'est possible, en fait. Essayer d'oublier ce que tu vois ou tu vois peut-être pas beaucoup de représentations féminines. Essayer d'enlever le bruit des gens qui te disent que c'est pas possible ou des choses comme ça. Et écouter aussi, essayer de prendre attache avec des ressources, des médias, des gens qui t'ont envie et qui t'inspirent. C'est aussi ça, écouter des podcasts. On parlait tout à l'heure du podcast de Bliss sur la maternité. Il y en a d'autres, il y a la matrescence, il y a d'autres sujets. Il y a un podcast que j'adore qui s'appelle Les couilles sur la table sur des sujets de féminisme. Et en fait, écouter des femmes parler ou des trajectoires de femmes où il n'y a pas assez de rôles modèles mais du coup, je vais les chercher ailleurs. Ça fait du bien. Mais ouais, je pense que la suite, ce serait peut-être d'essayer de transmettre et d'essayer de pouvoir accompagner des plus jeunes. Ça y est, je suis des plus jeunes que moi. Je ne suis pas vieille, mais... Non,

  • Speaker #1

    mais bon, on ne va pas se cacher. Il y a quand même des plus jeunes que nous maintenant.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. Voilà, c'est peut-être ça la suite.

  • Speaker #1

    Chouette, génial. Donc ça, c'est toi. Vu que tu as quand même le recul de plusieurs organisations, de ta place de femme dans les organisations, si tu devais donner trois conseils... Que ce soit de ton choix, soit à des organisations qui sont en train de se dire « Non mais en fait, moi, je veux plein de Marion dans mon organisation. Qu'est-ce que je fais en premier ? » Ou à des femmes qui ont vraiment été super inspirées par ton parcours et les trois conseils que tu leur donnerais. Alors, on peut faire trois et trois, si tu veux, si tu es super inspirée. Mais voilà, soit pour les organisations, soit pour les personnes qui nous écoutent, qui se disent « Non mais en fait, j'ai envie d'aller sur son chemin. »

  • Speaker #0

    Pour les organisations, la première chose qui me vient, c'est en fait former vos managers. Que ce soit des hommes ou des femmes, il faut développer les talents. Pour moi, il faut, dans notre filière, par exemple, essayer de développer les talents féminins parce qu'il n'y en a pas assez. Pour développer les talents, je dis que c'est aussi une question de rencontre avec des gens qui sont bienveillants et qui vont t'amener quelque part. Et donc, faites en sorte d'avoir des bons managers, franchement, les gars, à toute une fois. Et donc, formez vos managers. Il y en a, ils sont de base très bons managers, mais accompagnez les gens qui deviennent managers pour justement... eux-mêmes accompagnent demain les talents. Il y a trop peu de bons managers en fait. Ça te brise une ascension ou même sans parler d'ascension, ça ne développe pas toutes tes compétences et toute ton envie et toute ton ambition. Donc déjà pour moi, c'est vraiment former vos managers. Ça fait tellement de gens malheureux dans l'entreprise d'avoir des mauvais managers que c'est la première chose que je pourrais dire comme conseil.

  • Speaker #1

    J'ai envie de rebondir là-dessus parce que c'est vrai que dans ton histoire, ce que je retiens, c'est que c'est plusieurs choses. C'est à des moments clés de la vie, après ton burn-out, pendant que tu es enceinte, ce manager qui t'explique comment est-ce que vous allez trouver des solutions ensemble. Et aussi cette DRH qui t'appelle pour te donner un peu des tips sur comment est-ce qu'on gère cette nouvelle vie. Et je me dis, mais en fait, ces gens-là, c'est peut-être des toutes petites choses qui leur semblaient simples, parce que ça faisait partie de leur culture, ça faisait partie de qui ils sont. Mais en fait, dans des entreprises, quand des gens vont écouter ce podcast, ils vont se dire, mais attends, je vais aller chercher sur LinkedIn. Dans quelle entreprise elle est ? Ça m'a l'air, mais qu'est-ce que c'est que cette entreprise incroyable ? Donc, je suis d'accord avec toi. Le côté formé des managers pour leur permettre de faire preuve d'humanité et d'accompagner vraiment les équipes, effectivement, ça semble, au vu de toute ton histoire, un fondamental. Ouais,

  • Speaker #0

    je dirais ça. Après, je pense que j'en ai déjà dit pour d'autres personnes, notamment des femmes. Comme c'est... Pas avoir peur. Moi, j'ai posé des questions, par exemple. C'est un truc, ça a mis des années. Je préférais aller chercher dans mon coin, sur Google, alors qu'on pourrait gagner vachement plus de temps à interroger les experts. Donc, poser des questions et pas avoir peur de le faire, c'est compliqué. Parce que, justement, je te parlais de ce sentiment de syndrome de l'imposteur. Et tu posais des questions, on se dit qu'on va toujours se mettre un peu dans une situation. Ah ben, elle sait pas. Non, c'est pas grave, en fait. ça et mettre des limites, être capable de dire, là, en fait, ça ne marche pas. Malheureusement, je trouve que ça prend du temps à le faire. Ça prend du temps aussi parce que ce n'est pas des trucs qu'on t'apprend à l'école. Ce n'est pas des trucs qu'on te dit à l'école, à la rentrée, de te dire bonjour, vous êtes l'élite de la nation. Super.

  • Speaker #1

    Complètement. Et puis, surtout, c'est ce que tu as dit, on t'apprend à être bonne élève. Je pense que ce mot-là, tu l'as dit au moins 4-5 fois.

  • Speaker #0

    Parce que je suis de base d'une personnalité un peu scolaire et bonne élève. J'aimerais bien que demain, dans les écoles, on puisse apprendre des choses un peu différentes aussi, et notamment des sujets de santé mentale. C'est pas une mauvaise idée de mettre des limites. Et alors, c'est pas pour ça que tu seras moins performant. C'est pas pour ça qu'il faut pas être impliqué, pas être dynamique, pas être engagé. Mais savoir dire où sont tes stops aussi. Ouais. Et savoir dire non. Et puis, en effet, toujours poser des questions. Moi, je sais que je continue à poser des questions, à m'interroger et à me dire, bah ouais, je sais pas. Je pense que c'est beaucoup plus facile quand t'as fait ton trou dans l'entreprise ou que t'as prouvé que. C'est plus facile. de lever la main et de dire franchement, je n'ai pas compris.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est sûr que le premier jour, ce n'est pas très vendeur. Mais en même temps, c'est un peu ce que ta DRH disait, c'est que mettre aussi le ton d'être plutôt quelqu'un qui est dans la recherche, d'aller chercher l'information vers les bonnes personnes.

  • Speaker #0

    La curiosité en entreprise, moi, je trouve que c'est un truc que je valorise beaucoup. Des gens qui vont, même par eux-mêmes, tu vois, d'essayer de creuser. même quelqu'un qui va pas oser poser une question et qui va se dire j'ai quand même un peu cherché mais je suis pas sûre d'avoir compris je trouve ça génial donc ouais la curiosité ça reste quand même quelque chose soyez curieux quoi tout à l'heure tu nous as parlé de certaines ressources que t'aimais bien est-ce qu'il y a d'autres ressources là t'as parlé des couilles sur la table,

  • Speaker #1

    de Blizz, de la mastressance est-ce qu'il y a un bouquin un média que tu as envie de partager avec nous ?

  • Speaker #0

    il y avait un bouquin c'était merci mais non merci que j'ai lu au moment de mon burnout de Alix.

  • Speaker #1

    De Céline Alix.

  • Speaker #0

    De Céline Alix, exactement. Ça a beaucoup résonné en moi, ce bouquin.

  • Speaker #1

    Je rigole parce que c'est probablement la raison pour laquelle ce podcast existe.

  • Speaker #0

    C'est vrai ?

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est vraiment un bouquin que j'ai trouvé extraordinaire et qui, petit teasing, explique comment des femmes qui ont réussi à atteindre des postes à responsabilité témoignent sur des choses. qui se passe en entreprise, que ce soit le côté très politique, des événements comme une réunion qui commence à 9h au lieu de 9h30, qui ne permet pas à toute personne d'emmener ses enfants à l'école, pose problème. Ce genre de choses qui sont vraiment des réalités de terrain, de vécu de femmes, qui finalement abandonnent les organisations au profit de créer leur propre écosystème, parce que ces organisations ne leur permettent pas d'être elles-mêmes. Et effectivement, tu vois, c'est drôle que tu cites ça, parce qu'effectivement...

  • Speaker #0

    Ce livre, il m'a fait vachement de bien. Le livre « Foutez-vous la paix » aussi, il m'a fait vraiment de bien aussi. C'est surtout ça que je dirais. Puis après, en fait, les meilleures ressources, c'est parler avec les gens de tout ça, en fait. Et tu vois, c'est là où je pense qu'en effet, le mentoring, aller discuter avec des jeunes, etc. Je pense que je vais avoir envie de faire ça. C'est les meilleures ressources.

  • Speaker #1

    Génial. Écoute... est-ce qu'il y a un endroit où on peut te suivre ?

  • Speaker #0

    Je ne suis pas quelqu'un de très actif mais j'ai pris une résolution sur LinkedIn j'avais envie d'être de plus en plus active donc je dirais LinkedIn parce que pour parler de sujet de transition énergétique parce que c'est quand même mon métier et que ça me tient à cœur et que j'adore ça je dirais que c'est le mieux Parfait

  • Speaker #1

    Écoute, merci beaucoup Marion c'était une conversation hyper riche hyper intéressante merci beaucoup Merci à toi et puis j'ai envie de te dire à très bientôt

  • Speaker #0

    À très bientôt

Chapters

  • Introduction et présentation de Marion

    00:08

  • Parcours professionnel et désillusion initiale

    00:54

  • Choix de carrière et transition vers une petite structure

    02:00

  • Expérience en Amérique Latine et apprentissages

    03:14

  • Retour en France et équilibre travail-famille

    04:50

  • Gestion du burn-out et leçons apprises

    19:45

  • Conseils pour les femmes et organisations

    40:43

  • Conclusion et remerciements

    47:25

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Description

Marion est à 32 ans directrice d’activité dans le monde de la transition énergétique. Elle est tout simplement le rôle model que je n’ai pas trouvé quand je suis rentrée dans le monde professionnel.

 

Marion est comme elle le dit si bien, une bonne élève qui est rentré dans un grand groupe dès sa sortie d’école dans son job de rêve. Mais ce job est vite devenu le job de la désillusion du monde du travail.

Marion détonne avec son pragmatisme et son enthousiasme à tout épreuve dans une équipe avec un état d’esprit … décourageant.

Après plusieurs mois à se contorsionner, elle finit par s’en aller, loin, avec son compagnon sous le bras dans une bien plus petite structure.

Et ce choix sera le début d’une belle aventure dans le monde de la transition énergétique dans lequel les femmes occupent moins de 25 % des effectifs.

 

Avec Marion, on a parlé d’ambition, de burn-out, de parentalité et de tant de choses qui ont raisonné que cet épisode se doit d’être placé dans toutes les oreilles des jeunes professionnelles en quête d’inspiration.

 

Merci infiniment Marion pour ton partage qui raisonnera très fort pour nombre d’entre vous.

 

Place à ce nouvel épisode des alignées


✨ Si veux en savoir plus sur Les alignées, file découvrir le site internet www.lesalignees.com ou sur mon LinkedIn dans lequel tu découvriras comment nous oeuvrons pour transformer le monde professionnel pour plus d'alignement des salarié·es et la mixité femme/homme.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Marion est à 32 ans, directrice d'activité dans le monde de la transition énergétique. Elle est tout simplement le rôle modèle que je n'ai pas trouvé quand je suis rentrée dans le monde professionnel. Marion est, comme elle le dit si bien, une bonne élève, qui est rentrée dans un grand groupe dès sa sortie d'école dans son job de rêve. Et ce job est vite devenu le job de la désillusion du monde du travail. Marion détonne avec son pragmatisme et son enthousiasme à toute épreuve dans une équipe avec un état d'esprit décourageant. Après plusieurs mois à se contorsionner, elle finit par s'en aller, loin, avec son compagnon sous le bras dans une bien plus petite structure. Et ce choix sera le début d'une belle aventure dans le monde de la transition énergétique, dans lequel les femmes occupent moins de 25% des effectifs. Avec Marion, on a parlé d'ambition, de burn-out, de parentalité et de tant de choses qui ont résonné que cet épisode se doit d'être placé dans toutes les oreilles des jeunes professionnels en quête d'inspiration. Merci infiniment Marion ! pour ton partage qui résonnera très fort pour nombre d'entre vous. Place à ce nouvel épisode des Alignés.

  • Speaker #1

    Bonjour Marion. Bonjour Charline.

  • Speaker #2

    Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Ça va, merci.

  • Speaker #2

    Je suis ravie d'être là avec toi, en haut d'une tour. Je pense que c'est la première fois que je fais un interview aussi haut. Là, je ne sais pas à quel étage on est.

  • Speaker #1

    On n'est pas si haut, on est au sixième. Avant, on était plus haut, mais tu vois, c'est déjà très lumineux quand même.

  • Speaker #2

    Oui, c'est très lumineux et quand on regarde dehors, on voit la défense. Donc on est très loin de certains interviews que j'ai pu faire avec des entrepreneuses. Et justement, c'est pour ça que j'ai choisi de faire appel à toi aujourd'hui, pour que tu nous donnes un autre regard, que tu puisses nous parler de ton parcours. Et en fait, dans les alignés, je ne présente pas mes invités. Je leur pose déjà la question. Marion, back route, qui es-tu ?

  • Speaker #1

    Vaste question. Je m'appelle Marion, j'ai 32 ans, je suis maman... d'un petit garçon formidable qui s'appelle Léon, qui a deux ans et demi. Je suis mariée et je suis directrice de l'activité photovoltaïque au sol dans une entreprise qui est productrice d'énergie et qui est un acteur de la transition énergétique. Et je pense que je pourrais compléter en disant que je suis une femme féministe, engagée et passionnée par les sujets de transition énergétique. Et là, on va dire que c'est à peu près complet.

  • Speaker #2

    Et là, quand on commence à entendre ça, on se dit... Je commence à comprendre pourquoi elle lui tend le micro. Parce qu'effectivement, dans ce podcast, l'objectif, c'est que des femmes parlent à des femmes de leur vie et de leurs grands moments d'alignement qui leur ont permis justement d'avoir une vie avec l'impact qu'elles ont choisi, avec leurs propres valeurs. Et du coup, pour ce faire, j'ai un process qui est très clair, dans lequel on rembobine un peu. La machine, on rembobine l'histoire. La première question pour toi, en fait, c'est une question qui semble simple, mais qui en réalité est assez complexe. C'est plutôt de se dire, quel est le tout premier moment qui pour toi a été ton premier grand moment d'alignement dans lequel tu as ressenti ce besoin d'aligner ta tête, ton cœur et ton corps ?

  • Speaker #1

    Je pense à deux, mais le premier qui, chronologiquement parlant, est arrivé, c'est un de mes premiers jobs dans une grande entreprise française. Dans le monde de l'environnement, j'avais l'impression d'être à ma place, puisque c'est tout ce que j'avais toujours voulu après mes études, c'était de rentrer dans une grosse boîte, mais dans un domaine qui m'intéresse. En l'occurrence, là, c'était lié à l'environnement. Je me suis retrouvée dans une direction commerciale avec 90%, voire peut-être même 95% d'hommes, peut-être 80% plus de 50 ans. et moi j'avais à l'époque 24 ans plein je pense d'idéaux d'énergie à revendre et voilà et vraiment envie de faire bouger les choses je me suis pris une claque dans ce service parce que j'ai vite compris que ça allait pas fonctionner comme je l'imaginais en fait bah eux là tu vois ce service là on travaille pas avec eux parce qu'on les aime pas ah d'accord mais en fait on a besoin d'eux le market et la com, non bon d'accord il y avait des gens au bout de 8 mois j'avais toujours pas compris ce qu'ils faisaient là et quel était leur métier et puis surtout il y a eu cette phrase à un moment donné, comme je pense que j'étais impliquée j'avais envie de faire plein de choses, je proposais des trucs et à un moment on m'a dit bon Marion ça suffit va falloir que tu fasses avec les vieux cons que nous on est et là je me suis dit bah je n'ai pas envie de faire avec les vieux cons que vous êtes. Et là, je me suis dit, ce n'est pas pour moi. Je suis peut-être là, sur le papier, où j'avais envie. J'ai un parcours un peu classique de Bac plus 5, d'une fille qui était assez scolaire, etc., qui arrivait dans une grosse boîte, après des process de recrutement, etc. Et un peu désillusion, je me suis dit, mais non, en fait, je n'ai pas du tout envie qu'un me considère comme ça. parce que clairement, je pense que j'avais beaucoup de handicaps. J'étais jeune, j'étais une femme. En plus, je n'étais pas ingénieure dans un truc où il y avait quand même beaucoup d'ingés. Peut-être qu'à leurs yeux, en tout cas, je cumulais, clairement. Et là, je me suis dit, non. J'ai quitté ce groupe, en partie aussi pour ça. Et après, je suis partie à l'étranger, avec une autre boîte et sur un autre boulot. Mais c'est la première fois. Et en fait, ça arrivait assez tôt dans ma... jeune carrière, je pense que j'étais diplômée depuis un an, un an et demi et je ne pensais pas vivre ça à ce moment-là et je me suis dit non en fait on va aussi maintenant peut-être choisir les boîtes, pas sur la liste du 440 mais peut-être juste sur les valeurs qu'il y a derrière et peut-être sur du management, un feeling en recrutement sur d'autres choses. C'était le premier vrai grand alignement.

  • Speaker #2

    Et tu vois je me permets de rebondir parce que je pense que cette désillusion dont tu parles ... C'est aussi la raison pour laquelle il y a aussi beaucoup de personnes qui se sentent désalignées. Et ce que j'entends, en fait, c'est que toi, vu que c'est arrivé assez tôt dans ta carrière, tu as eu la capacité à dire, mais en fait, non, je ne vais pas changer celle que je suis. Et l'image même qui me vient, c'est plutôt cette flamme-là. Je ne vais pas l'éteindre. Pour vous ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas venu non plus du jour au lendemain. Tu te remets quand même en question. Tu te dis, bon, j'ai sûrement dû être à la droite. Je n'ai pas beaucoup d'expérience. J'ai sûrement... Mais au bout d'un moment, c'est tellement gros. Je suis désolée, mais en fait, lui, le monsieur, franchement, il est là, mais je ne sais pas quoi il sert. Je ne sais pas ce qu'il fait. Ça fait huit mois, avoir organisé des petits déjeuners et des déjeuners en faisant venir tous les commerciaux de France et de Navarre, franchement. Et en fait, il y a eu la désillusion peut-être de la boîte, de l'équipe et puis la désillusion peut-être du monde du travail. Oui. Ah ouais. Donc, il y a autant de planqués comme ça ou de gens. D'accord. très bien, bon, ok, ça aussi, ça va faire partie des choses dont j'ai pas envie. Je me suis dirigée après vers des boîtes plus petites aussi, du coup, parce que ça m'a un peu vaccinée. Mais oui, c'est arrivé tôt. Je pensais pas que ça arriverait aussi tôt. Après, l'impact que ça a sur le moment, c'est que du coup, t'as plus envie. Par exemple, moi, ils m'ont épuisée, quoi. Je me suis dit bon, bah, en fait, si c'est ça, je vais chercher ailleurs, quoi. Au début, j'aurais pensé... ... Je pensais que j'allais me dire, je vais me battre, je vais leur montrer. Et en fait, t'as 24 piges, t'es une femme, t'es rien. T'es au début, t'es quand même, en termes de hiérarchie, t'es tout en bas. Donc, il y a quand même cette... Je voyais les choses en face en me disant, bon, il ne faudra pas faire grand-chose. En tout cas, t'as un peu essayé. Tu t'es prise cette phrase dans la tronche. OK, du coup, ce n'est pas pour moi. Stop.

  • Speaker #2

    Et tu vois, je trouve ça aussi hyper intéressant que tu aies retenu cette phrase. Déjà, ça fait complètement écho pour moi qui aussi ai retenu une certaine phrase un jour qui m'a fait partir d'une très grosse entreprise. Donc ça, tu vois, on parlait tout à l'heure de la capacité de certaines conversations, de podcasts à résonner pour d'autres. En tout cas, déjà, sache que je pense que ça va résonner pour beaucoup de monde. Et du coup, j'ai envie de dire OK, tu as 24 ans. Du coup, effectivement, la claque est quand même là. Tu te dis bon, je ne vais pas rester là. Je vais aller chercher ailleurs et je vais aller sélectionner d'autres boîtes. et j'ai entendu que tu me disais on est parti enfin je suis partie à l'étranger et j'ai envie de savoir comment ça s'est passé pour toi du coup parce que là tu passais de cette bande de je cite vieux con à je pars à l'étranger une plus petite boîte alors je suis partie en Amérique latine en Colombie j'avais déjà eu une expérience en Amérique latine pendant mes études je suis partie un an en Argentine j'avais envie l'Amérique

  • Speaker #1

    latine c'est un continent que j'aime vraiment que j'aime beaucoup j'avais envie de repartir dans cette zone l'espagnol c'est une langue que j'aime beaucoup Il y a eu cette opportunité de partir pour une boîte dans laquelle je suis toujours huit ans plus tard, qui était beaucoup plus petite et sur des sujets de transition énergétique, d'efficacité énergétique, de photovoltaïque. Et donc, quand je suis arrivée, on était peut-être 15, 20 à peine. J'ai pris mon conjoint sous le bras aussi, qui ne connaissait pas ni l'espagnol ni l'Amérique latine. Et on est parti, on est resté trois ans. Ça a été une expérience incroyable. Dans un pays incroyable, j'ai appris plus, plus, plus. J'ai eu un manager super qui a cru en moi, qui m'a donné très vite des responsabilités. Et oui, ça a été vraiment une expérience hyper enrichissante. J'ai l'impression que souvent, l'étranger, quand je parle avec les gens qui ont une expérience à l'étranger, et souvent des jeunes, comme moi, je suis partie dans le cadre d'un VIE, c'est une formation accélérée. Parce que... Tu apprends sur le plan culturel, ce n'est pas du tout le même management sur place. Là, moi, mon chef était français, mais je voyais comment ça se passait quand même en Colombie. Tu apprends vraiment d'autres choses. Et du coup, tu te nourris différemment. La Colombie, pour revenir sur des sujets de relations entre les hommes et les femmes, c'est pas culturellement parlant, c'est pas du tout la même chose qu'en France. Et du coup, c'est très intéressant. Franchement, avoir une expérience, pour ceux qui en ont envie ou si ça les attire, moi je pense que c'est un des moments de ma carrière où j'ai le plus appris. Je me suis débrouillée, je me suis retrouvée dans des situations ubuesques à parler. Même quand on était une petite équipe et qu'on était à l'étranger, je me souviens que je me chargeais du marketing et de la com, de la boîte sur place. J'y connaissais rien, je discutais avec des espèces de journalistes pour parler de trucs avec un espagnol parfois avec des mots approximatifs. Et puis, culturellement parlant, quand t'approches Noël en Colombie, c'est la teuf partout. Il y a les Ausha. Donc, tu te retrouves dans un open space où il y a de la musique. Tu fais un call avec la France et les gens te disent « Mais t'es au bureau ? » Ouais, je te promets, je suis au bureau.

  • Speaker #2

    Et par rapport aux hommes et aux femmes, du coup, parce qu'effectivement, t'avais eu tes vieux cons qui t'avaient expliqué que tu devais être dans ta case. Là, du coup, tu te retrouvais avec d'autres codes. pour juste qu'on se projette, parce que pour les personnes qui ne connaissent pas spécialement la Colombie, à quoi tu as été confrontée et qu'est-ce que tu en as appris ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'en Colombie, c'est marrant parce que on pourrait, enfin moi, les gens ont l'image d'une société peut-être un peu machiste. Ça peut être le cas et en même temps moi j'ai été plutôt confrontée à des femmes de pouvoir qui vraiment c'était elles qui tenaient la baraque. en Colombie, c'était ça qui était assez rigolo. Je n'ai pas eu du tout, dans le monde professionnel, j'ai pas eu l'impression d'être sous-estimée à aucun moment. Il y avait un assez bon équilibre. Il y avait plus d'hommes que de femmes, parce que de toute façon, moi, je suis dans une filière et dans un monde quand même d'ingénierie. Donc, il y a toujours plus d'hommes pour le moment. Mais je n'ai jamais ressenti aucun jugement là-dessus. Dans la vie perso, c'est différent parce qu'il n'y a pas forcément d'égalité homme-femme en Colombie, mais dans la vie pro, je ne l'ai pas ressenti. J'ai ressenti plutôt des hommes qui devaient accumuler ce qu'ils appellent chez eux des matripuntos pour avoir le droit de sortir. Si tu viens au pot de départ ce soir, oui, j'ai accumulé assez de matripuntos.

  • Speaker #2

    Ah ouais,

  • Speaker #1

    d'accord. Il y a un espèce d'empowerment de la femme qui tient un peu la baraque. Alors, il y a aussi du sexisme, je ne dis pas, mais... C'est assez rigolo pour ça, la Colombie. Et non, il y avait un équilibre. Pour le coup, professionnellement parlant, je n'ai jamais senti de mise à l'écart ou de discuter du fait que j'étais une femme ou quoi que ce soit. Jamais. Et ça m'est arrivé, tu vois, parce que depuis la Colombie, je travaillais aussi sur les Antilles et la Guyane. Et pour le coup, là, quand j'allais aux Antilles, on me faisait comprendre qu'on voulait voir le chef. Ah ! Je me suis dit, c'est moi, le chef. Oui,

  • Speaker #2

    mais tu étais la stagiaire, non ?

  • Speaker #1

    C'est ça. devant en plus mon N-1 pour le coup. Déjà souvent on s'adressait à mon N-1 qui avait un homme, en pensant que c'est lui le chef. Ça m'est arrivé tout le temps.

  • Speaker #2

    Je peux imaginer.

  • Speaker #1

    Et ça par contre c'était très souvent.

  • Speaker #2

    Alors du coup comment on se sent quand on passe de cette grosse boîte avec les vieux cons à finalement une boîte qui te fait confiance avec qui du coup tu deviens la chef, notamment pour les personnes qui nous écoutent qui sont plutôt dans leur open space avec leurs vieux cons qui te donnent un peu de perspective de voilà, comment on se sent.

  • Speaker #1

    C'est un nouveau monde, vraiment, parce que déjà, rien que la taille de boîte, c'est vraiment, il y a une différence. Là, pour le coup, tu ne cherches pas à les planquer. Tu dis, je voudrais bien deux, trois personnes de plus, parce qu'en fait, on a beaucoup de boulot. Et puis, ouais, en fait, ce que tu dis, c'est la confiance. La confiance et le fait aussi qu'on donne sa place aux jeunes, peu importe qu'on soit une femme ou un homme. Et puis, comment on le sent ? J'ai envie de te dire, ça fait huit ans que je suis dans la même boîte. Donc, je pense qu'on peut juste dire ça. Je trouve que le peu d'expérience que j'ai dans les grosses boîtes est de ce que j'entends de certains. nos amis et moi qui sommes dans des grosses boîtes, il y a quand même ce sujet de l'âge aussi. Tu ne peux pas passer la strade du dessus, le niveau du dessus, le niveau, je ne sais pas, partenaire, seigneur ou que sais-je. De toute façon, il faut un certain nombre d'années. Là aussi, moi, dans cette plus petite boîte, vraiment, ton âge, on s'en fout. Si tu fais le taf, si tu es impliqué, passionné, franchement, vas-y. Moi, j'ai été impressionnée des responsabilités qu'on m'a vite données. Après, j'adorais mon taf. Franchement, j'aime toujours mon taf, d'ailleurs. Moi, mon manager, qui a été mon manager pendant cinq ans, m'a dit que le talent n'attend pas les années. Et on n'est pas honte de le dire.

  • Speaker #2

    Carrément.

  • Speaker #1

    Elle peut paraître bateau, mais si on se l'applique vraiment dans la boîte, vraiment, ce n'est pas une question d'âge. Alors, tu as toujours encore, dans le monde du business, ce qu'on appelle la caution grisonnante. Tu te dis, il faut quand même que tu viennes, parce que c'est la caution grisonnante de machin, parce que moi, je suis plus jeune et on ne va pas me prendre au sérieux. Ça peut arriver, mais ça, c'est génial. Et ça, moi, j'ai vu la différence d'être dans une boîte à taille un peu plus humaine où on te confie des tâches. OK, tu sais bien le faire, vas-y, prends la tâche d'après et la tâche du dessus, d'ailleurs.

  • Speaker #2

    Et tu vois, ça, vraiment, c'est quelque chose que je retiens, que tu es la même personne. Avec la même envie, la même ambition. Et en fait, l'écosystème dans lequel tu évolues est en différent. En fait, du coup, finalement, je vois un peu comme une fleur qui éclot. C'est toutes tes capacités qui sont décuplées parce qu'il y a cette confiance, parce qu'il y a cette culture d'entreprise qui va aller permettre aux jeunes talents de se développer. Et tu vois, c'est vrai que dans les grosses boîtes, on parle beaucoup de people development. On invente plein de choses pour faire évoluer la culture de la boîte. Et en fait... quand les boîtes ont vraiment déjà ça en elles, ça permet à certains talents de vraiment se développer. Et c'est ça qui est intéressant de voir dans ton histoire.

  • Speaker #1

    Il faut développer les talents et il faut développer les talents aussi féminins. On a un problème quand même, dans la filière ou dans le monde des énergies, c'est quand même une filière plutôt d'ingénieurs. Donc statistiquement parlant, si tu regardes les stats des écoles d'ingé, forcément, il y a plus d'hommes que de femmes. Et c'est toujours le cas actuellement. Il faut qu'on remplisse ce vivier de femmes et pour pouvoir... potentiellement avoir un vivier ensuite de cadres et de dirigeants qui puissent que ce soit des hommes ou des femmes et monter. Moi dans ma carrière ce qui m'a quand même manqué jusqu'ici c'est des rôles modèles, de pouvoir m'identifier quand même dans ces boîtes et dans cette filière qui est quand même très masculine à des femmes et à des femmes qui ont un équilibre aussi parce que j'en ai vu des femmes et qui bon alors c'était peut-être mon interprétation mais j'avais l'impression qu'elles devaient en faire deux fois plus pour peut-être prouver qu'elles étaient à la hauteur de tout le monde mais Des femmes qui ont des enfants ou pas, mais en tout cas qui sont équilibrées et qui ont des postes à responsabilité. Moi, je trouve que les rôles modèles, c'est hyper important. Depuis qu'on est tout petit, on s'identifie, c'est humain. T'es enfant, tu t'identifies à tes parents, t'es obligé de faire pareil, mais ça t'inspire. Je trouve que dans mon industrie, aujourd'hui, il manque encore... Alors, il y a un vivier de plus en plus grand, c'est très bien, mais il faut les accompagner et il faut leur donner... Moi, j'ai eu la chance, j'ai fait du... co-développement, j'ai fait du coaching, on m'a accompagnée pour pouvoir me dire que c'était possible. Parce qu'en fait, si tu vois pas tes rôles modèles, si tu vois pas si t'as personne, peu de monde à t'identifier, c'est difficile de te projeter toi aussi là-dessus.

  • Speaker #2

    Je suis complètement d'accord avec toi.

  • Speaker #1

    Donc il faut aussi donner les clés. Et moi je trouve qu'il faut donner les clés à toutes les personnes qui le méritent, mais bah... les femmes, en fait, on n'en voit pas beaucoup des femmes à responsabilité à des postes sur des boîtes d'ingénieurs. Tous les colloques que je fais sur le photovoltaïque, etc., ouais, alors il y a de plus en plus de femmes qui y assistent. À chaque fois, je compte à la fin de la journée combien de femmes ont pris la parole sur la scène. Là, on est toujours très mauvais dans les statistiques.

  • Speaker #2

    Et par rapport à ces personnes aussi qui sont là, elles n'ont pas forcément le même statut que toi, à savoir les responsabilités qui vont avec. Après, du coup, Par rapport à cette question de rôle modèle, là, nous, on te lâchait en Colombie avec ton conjoint et on se dit, ça roulait super bien pour toi. Qu'est-ce qui s'est passé ? Parce que du coup, là, on se retrouve à la défense. Peut-être que tu me parles de parentalité. Il s'est passé peut-être des petites choses entre-temps.

  • Speaker #1

    Il y a eu peut-être... Avant la parentalité, il y a eu l'envie de rentrer aussi. Tu parles d'alignement. Il y a eu un alignement peut-être perso aussi qui est de se dire, c'est cool, je me suis bien éclatée, ça fait trois ans. Les copains et la famille sont quand même loin. Et ça, c'est des choses qui me nourrissent. On va peut-être rentrer. Mon manager aussi m'a dit, je rentre en France. Pareil, du coup.

  • Speaker #2

    En même avion.

  • Speaker #1

    Je veux bien, moi aussi. Et puis, mon conjoint aussi avait professionnellement un peu fait le tour. C'était le temps pour nous de rentrer. Les proches manquaient quand même. On est rentrés, on s'est mariés. Et puis, il y a eu un grand moment aussi. Moi, je suis toujours très impliquée. Quand je fais, je fais, je fais à fond. Et puis, un jour... post-Covid, je me réveille et je n'arrive pas à me lever de mon lit. Je me dis, j'ai le Covid. Non, madame, vous n'avez pas le Covid, en fait, madame, vous êtes fatiguée, vous êtes surmenée. En fait, ça s'appelle du surmenage, du burn-out, de... Voilà. Parce que le travail a toujours pris une place très importante pour moi et puis, je pense, je te parlais, tu sais, des femmes qui, inconsciemment peut-être, pensent qu'elles doivent en faire plus pour prouver qu'elles ont leur place. Moi, je pense qu'inconsciemment, personne ne m'a dit ça j'ai jamais entendu ça dans mon entreprise mais je pense qu'inconsciemment j'ai toujours voulu, j'ai cette personnalité tu me dis qu'il faut faire 100 j'irais bien faire 110 ou 120 quand même mais en plus pour montrer que je suis capable parce que sinon on va penser que je ne suis pas capable et du coup j'ai un peu trop fait j'ai pas dit non, j'ai jamais dit que c'était trop et je me suis épuisée donc là je me suis fait arrêter un mois, un mois et demi j'ai pris du recul en disant, ouais, le boulot, c'est important, mais peut-être que là, elle est un peu trop loin. J'ai eu la chance d'avoir mon manager qui, à mon retour, m'a dit, OK, on se pose. et on voit ce qu'on a loupé, toi et moi. Qu'est-ce qu'on a loupé ? Qu'est-ce que l'entreprise a loupé ? Comment, dans l'organisation, on a merdé pour qu'on en arrive là ? Et je me suis fait accompagner, en fait, sur, OK, ça, ça dégage de ton scope, ou ça, on va mettre quelqu'un, ou ça... C'est la belle histoire du « burnout » , parce que c'est jamais cool d'aller jusque-là, d'être surmenée, mais il y a quand même un chemin où tu peux avoir un manager qui te dit, OK, putain, pardon, j'ai pas vu. Moi... aussi j'ai pas dit non et j'ai pas dit stop et j'ai pas dit c'était trop et à partir de ce jour là j'ai appris à dire non j'ai appris à dire non alors vous voulez faire ça très bien par contre en fait on va prendre la palette et si vous voulez que je fasse ça on va enlever ça ça on va le mettre au frigo tant qu'on fasse ça parce

  • Speaker #2

    qu'on peut pas tout faire et aussi il y a quelque chose que t'as dit à plusieurs reprises c'est parce que je dois faire plus pour montrer que je suis capable Est-ce que ce burn-out, ça a aidé à réfléchir à tout ça ? Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Parce que ça,

  • Speaker #2

    c'est quelque chose qui, je pense, va résonner pas mal. On appelle ça le syndrome de l'imposteur, mais en fait, c'est plutôt de l'impostrice, on va se le dire. Tu en as fait quoi, après ce burn-out de ça, de cette envie de prouver tout le temps que tu étais capable d'y voir toujours plus ?

  • Speaker #1

    J'ai pris du recul. Déjà, j'ai arrêté de penser que c'est parce qu'on est dans une industrie... d'ingénieur qui fait un diplôme d'ingénieur. Que moi, ça, ça a toujours été un gros complexe. En me disant, moi, je ne suis pas ingénieur. Les gars, vous me parlez, quand vous commencez à parler de schéma électrique, moi, j'ai arrêté la physique en seconde, franchement, la physique, l'électricité, tout ça. Et de me dire que du coup, je n'avais pas forcément ma place à des postes de responsabilité dans cette boîte parce que je n'avais pas le bagage technique. Ça, en fait, c'est une connerie.

  • Speaker #2

    Alors qu'en plus, tu étais vraiment sur la partie développement, sales, etc. On ne te demandait pas d'aller...

  • Speaker #1

    J'étais quand même sur la partie opérationnelle, on commençait à me parler de pieux, d'études de structure. Première de la classe, toujours première, oh là là, donnez-moi un bouquin que je regarde et que j'étudie.

  • Speaker #2

    Je vais faire une petite thèse en parallèle.

  • Speaker #1

    Non mais c'est ça, tu vois. Et en fait, il faut qu'on libère le truc, qu'on se dise, oui, tu ne peux pas tout savoir. Oui, pose des questions et n'aie pas peur. Et ce n'est pas grave et tu vas apprendre. Et ça, maintenant, je pose des questions. Maintenant, je n'ai plus peur de dire... Je ne comprends pas ce que tu dis. Et même à mes équipes, à moi. Heureusement, j'ai plutôt assez grosse équipe. Et il y a des gens qui sont beaucoup plus experts que moi, évidemment, sur des sujets. Attends, tu me fais un schéma parce que je ne comprends rien à ce que tu racontes.

  • Speaker #2

    Simplifie.

  • Speaker #1

    Et en fait, ce n'est pas pour ça que ça ne m'empêche pas de prendre des décisions et de trancher. En fait, pour moi, quand tu n'étais pas expert sur le sujet, tu ne pouvais pas trancher. Alors, je connais quand même le métier, je connais des choses. Je n'ai pas certaines compétences techniques comme peuvent avoir mes équipes. Mais une fois que tu m'expliques les enjeux, je suis capable de dire, OK, on va faire comme ça. Et ça, je pensais que ce n'était pas possible, en fait. Je pensais que ce sujet de légitimité aussi, que tu dises syndrome de l'imposteur, j'ai pris du recul dessus en me disant... J'ai pris du recul parce que j'ai eu autour de moi, j'ai eu des exemples de gens, hommes ou femmes pour le coup, qui n'avaient pas forcément les compétences, mais qui étaient capables de trancher parce qu'ils avaient compris le sujet dans sa globalité. Et au bout d'un moment, j'ai dit, ok, c'est pas une question de diplôme, en fait, ou de savoir faire des calculs savants, d'études de structure ou quoi que ce soit. En fait, le sujet, Marion, il n'est pas du tout là. Donc, j'ai pris du recul, j'ai posé mes limites. Ça, j'ai appris à poser mes limites, à dire stop quand il faut dire stop. Et puis, hasard ou non du calendrier, c'est pendant que j'étais en arrêt que je suis tombée enceinte.

  • Speaker #2

    Et ouais. Alors que c'était peut-être prévu depuis un petit moment.

  • Speaker #1

    C'était prévu depuis quelques mois. Et là, l'arrêt de s'arrêter, c'est bizarrement, à ce moment-là, ça a fonctionné.

  • Speaker #2

    Ah ouais ? C'est drôle quand même.

  • Speaker #1

    Je peux te dire que c'est très drôle. Alors psychologiquement, quand tu dis je vais reprendre le boulot, mais en plus je vais leur dire, après un mois d'arrêt, je vais leur dire que je suis enceinte, il faut mouliner là-haut.

  • Speaker #2

    Eh bien ouais, j'aimerais bien être dans ta tête.

  • Speaker #1

    Il y a un petit côté quand même. de culpabilité. Le chemin de, déjà, à moi, accepter quand on m'a dit « Vous êtes surmenée » , je dis « Mais non ! »

  • Speaker #2

    Non, franchement, ça va, c'est juste que j'avais du mal ce jour-là, j'étais fatiguée.

  • Speaker #1

    Ça, il faut accepter de dire « Ok, en fait, tu vas pas bien. » Déjà, ça a été... Je me suis fait accompagner par une psy. J'avais repris depuis une semaine ou deux et je veux faire un bilan avec la psy. Je dis « Bah alors, j'ai repris, je suis enceinte et on a signé une offre d'achat pour un appartement. » Elle m'a dit « Ok, on va bien se parler du coup, là. » Très bien. donc là ça fait quand même beaucoup elle se dit ouais ouais ça fait beaucoup et en même temps c'était le package complet c'est de dire ok bah en fait j'ai pris du recul je me suis arrêtée je vais mettre mes limites et je suis ok du coup pour accueillir un enfant dans ce cadre là quoi en fait je vais je vais borner le truc après ça met du temps il faut le processer mais j'ai pris le truc en me disant en fait ouais ça veut dire que c'était ce moment là après tu réfléchis quand même tu dis bon alors va quand même je me réabsente j'organise le fait que je vais m'absenter en plus j'avais pris une décision qui était de se dire cet enfant je vais m'en occuper pour ses premiers mois et je vais faire un congé assez long moi la personne que dans mon Moi qui suis la personne dont mon entourage pense que je suis un peu workholique, j'avais dit, mon fils, il arrivera en janvier, je vais partir en congé fin novembre et je reviendrai en septembre. Je me souviens, on m'a dit, oui, bien sûr,

  • Speaker #2

    tout à fait.

  • Speaker #1

    La bonne blague. Et c'est ce que j'ai fait. Parce que j'avais, c'était un truc perso, j'étais mon premier enfant, je veux prendre le temps et je veux prendre le temps de comprendre que je suis maman. Et du coup, je l'ai fait. J'avais dit à mon entreprise que j'allais faire ça. Ça n'a pas posé de problème. Ça n'a tellement pas posé de problème qu'enceinte de six mois, on m'a proposé une promotion. Là, j'étais un peu bouche bée, je t'avoue. J'avais envie de leur dire, vous m'avez bien regardée ou pas ?

  • Speaker #2

    C'est-à-dire, je sors d'un burn-out, je suis enceinte de six mois, et là ?

  • Speaker #1

    Vous me proposez un nouveau poste de prendre la direction du développement. Franchement, j'avais l'impression que vous étiez un peu bolsy, les gars, quand même.

  • Speaker #2

    Carrément.

  • Speaker #1

    Du coup. Et ce qui était assez ouf, c'est que, je leur ai dit, mais vous savez que... Je n'ai pas sens savoir que je suis enceinte. En plus, j'ai dit que je vais faire un congé mat un peu long. Elle m'a dit oui, mais en fait, cette question ne s'est pas posée quand ton nom a été évoqué.

  • Speaker #2

    Ok.

  • Speaker #1

    Tu vois,

  • Speaker #2

    pour faire un petit arrêt sur image pour les personnes qui écoutent, parce qu'effectivement, le sujet de comment tu te positionnes quand tu as de l'ambition en tant que femme, que tu as envie d'avoir une place dans une organisation et aussi d'être maman et de faire ça. dans tes règles, en fait, avec, tu vois, « my babies, my rules » , comme on peut dire, je trouve ça génial, en fait, que tu partages ça, notamment le sujet du rôle modèle. Parce que pour avoir eu aussi des enfants, je sais que c'est quand même un stress d'annoncer une grossesse. Énorme. C'est un stress de vivre cette grossesse au sein d'une organisation, de montrer que l'ambition est toujours là, qu'on est toujours présente. Donc, ça rajoute au stress. Donc, toi, tu fais ça en plus d'une sortie de burn-out. Et ton organisation te dit, OK, en fait, on te fait confiance et on te laisse être la maman que tu as envie. Et à ton retour, tu prends les responsabilités.

  • Speaker #1

    Ouais, et je me suis dit, ouais, c'est bolsy. Et je me suis dit, mais en fait, pourquoi ils l'ont fait, quoi ? Et je me dis aujourd'hui, parce que, un, je pense que j'ai toujours été très loyale envers cette entreprise. Et j'ai un vrai sentiment d'appartenance à cette entreprise. C'est une boîte qui m'a fait grandir. Et j'ai appris beaucoup de choses. Je pense qu'en fait, on se donne mutuellement. Parce que j'ai beaucoup donné à cette entreprise. Je pense que cette entreprise me le rend bien aussi. C'est un bon deal entre nous, en fait.

  • Speaker #2

    C'est intéressant.

  • Speaker #1

    Et du coup, je pense que tout ça, c'est OK. Après, lâcher ton équipe autant de temps. Moi, j'avais très peur pour mes équipes. Et du coup, la charge que je laissais en partant. Mais ça s'est fait. Et je me souviens d'un truc super. On a eu, en ce moment-là, j'étais enceinte et ça avait été annoncé que j'allais prendre cette direction du développement. Il y a eu un séminaire qui s'est calé entre deux. Je viens d'une stagiaire ou une alternante, je ne sais plus, qui me disait, ouais, j'ai su. Putain, mais moi, du coup, ça me donne trop envie de bosser dans cette boîte.

  • Speaker #2

    C'est là,

  • Speaker #1

    je me suis dit, évidemment, c'est là où ce genre d'actes et de trucs un peu modèles, évidemment, que ça te donne envie quand tu es une meuf et que tu vois que c'est possible et que non, tout le monde ne se fait pas mettre à la porte quand on annonce qu'il est enceinte ou au placard ou je ne sais pas quoi. C'est cool en fait. Et ouais, ça a été un grand moment dont je suis très fière. Je suis très fière de l'entreprise qui m'a proposé ça. Je suis très fière des managers qui ont voulu ça. Et franchement, c'était une super nouvelle. Et puis, on m'a attendue finalement. Et c'était bien.

  • Speaker #2

    Et toi qui étais workaholic, tu adores le travail pour les personnes qui ne sont pas très fans de ce mot, qui se donnent à fond. Tu as eu ton petit garçon et rester six mois plus plus avec lui 100% du temps sans toucher un PC. Comment ça s'est passé pour toi ?

  • Speaker #0

    Je t'avoue que je n'ai pas trop posé au PC parce qu'il fallait que je pense à endormir mon fils. Clairement, le boulot à côté de rester H24 avec un bébé de 6 ou 8 mois, c'est les vacances. On ne va pas se mentir. J'ai été vraiment mise à l'épreuve avec l'arrivée de mon fils parce que j'ai un profil, encore une fois, très scolaire, très dans l'organisation. Moi, mon fils, je veux dire, très bien, il ne dort pas, mais donnez-moi le planning dès quelle heure il va se réveiller pour que je m'organise. En fait, du coup, je ne comprends pas. Comment ça, il n'a pas de rythme et je ne peux pas savoir à quelle heure il va avoir envie de téter, de machin. Moi, complètement pas ma zone de confort. La maternité avec un nourrisson où il faut lâcher prise. Le lâcher prise, c'est un délire. Ouais, ce n'était pas simple. Je suis hyper fière de l'avoir fait. Je suis hyper fière du lien que ça a pu avoir avec. avec mon fils aussi difficile. Ça n'a plus été. Je peux dire qu'il est né en janvier et que je devais reprendre en septembre. Fin juillet, j'étais en mode genre « Oui, j'ai quand même prête de reprendre. » Il y a eu un switch, si tu veux. Début juillet, j'étais en mode genre « Ils ne vont jamais me revoir. Jamais, je laisse mon fils. » Et fin juillet, j'étais en mode genre « Franchement, reprenez-moi. »

  • Speaker #1

    Très vite. Je vous appelle pour organiser ma venue.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, je pense que j'étais arrivée et je souhaiterais à tout le monde Alors, ce mois, il a peut-être été à sept mois. Il y en a, ça peut être deux mois. Mais je ne souhaite pas à tout le monde d'avoir la chance d'arriver au bout, de dire « Ok, c'est bon. » Moi, c'était sept mois. Ça y est, j'ai compris. Je suis maman. Ça y est, je l'ai, les gars. Je ne m'entends plus juste dire, quand je dis « mon fils » , je ne m'écoute plus le dire en disant « waouh, c'est bizarre » . Ça y est, je l'ai. Je peux faire autre chose maintenant. Enfin, je peux faire aussi autre chose. Je peux être maman et autre chose. Donc, je suis contente d'avoir eu l'opportunité d'aller jusqu'à ce moment-là et de me dire « je veux reprendre le taf » . parce que je pense à certaines qui peut-être certaines c'est dix mois, peut-être certaines c'est deux mois mais celles qui n'ont pas l'opportunité d'arriver à cette phase-là et qui du coup reprennent un peu à contre-cœur je t'ai refaite de reprendre et donc ça, ça a été et il y a eu un grand moment aussi de ma reprise je crois que c'est deux ou trois jours avant ma reprise, ma DRH m'appelle et elle me dit ça va, comment tu te sens ? nous on est hyper content de te retrouver et tout Je lui dis, c'est hyper organisé, de toute façon, c'est la première semaine de reprise, c'est mon mari qui va tout faire. Elle me dit, ah non, ah non, non, non. En fait, là, c'est conseil de DRH, mais aussi de maman à maman, tu cales ton rythme le premier jour. C'est-à-dire que si le premier jour, tu dois te barrer à 17h30 pour aller chercher ton fils qui est chez la nounou, tu te barres à 17h. Sinon, tu vas te faire bouffer. Et j'étais vraiment genre, ah bon ? Ah bah, mais moi, je sais pas, c'était la reprise,

  • Speaker #1

    je voulais reprendre. Moi, je reprenais comme si de rien n'était.

  • Speaker #0

    Vas-y, je suis à... un de mes meilleurs conseils professionnels de toute ma vie. Et donc, j'ai fait ce qu'elle m'a dit. On a fait le planning avec mon mari de qui va le matin, le soir, dès le début. Et en fait, les gens s'adaptent. Je me souviens très bien quand on a commencé à chercher les nounous et qu'on a commencé à regarder les horaires quand les noms étaient encore petits. Et on s'est dit, mais 8h30, 18h30. Mais attends, moi, à 8h30, j'étais au travail, à 18h30... globalement, j'étais encore souvent au travail.

  • Speaker #1

    Et pour un petit moment, encore. Du coup,

  • Speaker #0

    comment je vais faire ? J'en ai pas dormi pendant trois jours. Et mon mari m'a dit, en fait, c'est un truc très simple. Tu vas moins travailler.

  • Speaker #1

    Ah, il est pragmatique,

  • Speaker #0

    ton mari ! Donc ça, d'accord. Ok. Mais du coup, comment je vais faire, en fait ? Et en fait, tu fais. C'est-à-dire que tu fais différemment. Tu délègues. Et tu vois, j'avais déjà eu un premier, après mon burn-out, de dire je dis non ou je mets les limites. Bah tu remets des limites en fait. Parce que de toute manière, t'as un truc vachement plus important. J'aborde adorément taf. Quand même un truc plus important que mon taf, c'est quand même mon fils quoi.

  • Speaker #1

    Alors oui, et j'ai envie de me faire un peu l'avocat du diable. Parce que là, si je me trompe pas, du coup t'as pris des responsabilités.

  • Speaker #0

    Il y a peu de temps,

  • Speaker #1

    oui. T'es dans un monde d'hommes. Oui. Où clairement, il n'y en a pas beaucoup. qui vont chercher leur fils ou leur fille à 17h30 ou à 18h. Peut-être que je me trompe, que dans cette boîte, c'est extraordinaire. Non,

  • Speaker #0

    c'est pas parfait.

  • Speaker #1

    Mais du coup, comment tu fais pour être celle qui a décidé de dire « Non, mais en fait, je vais être aussi maman, avoir mes responsabilités. » Est-ce que c'est facile ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas facile. Encore une fois, ce n'est pas facile. Tu vois, quand on m'a proposé ce nouveau poste, une des premières choses que je me suis dite, c'est « Est-ce que je ne vais pas faire flamber l'équilibre familial entre mon mari, mon fils et moi ? » Parce que nouveau poste, responsabilité encore au-dessus, on va en attendre encore peut-être plus de mois, plus d'équipes à manager. Est-ce que c'est la marge du dessus ? En fait, au vu du contexte familial, elle est OK. Et en fait, j'en ai discuté avec des gens. On m'a dit, mais en fait, je ne vois pas où il est le sujet. En fait, tu as des compétences, tu es maman, tu mets tes barrières, tu mets tes limites. La première fois que j'ai dû, quand je suis rentrée de congé maternité, je me souviens très bien, il y avait une réunion en fin de journée qui commençait à s'éterniser et moi, je devais partir. Une réunion, on était peut-être huit ou neuf. J'étais la seule meuf. Et j'ai dû me lever de la réunion pour dire, je suis désolée, il faut que je parte, je vais chercher mon fils. Ce jour-là, j'étais énervée. Je me suis dit, putain, déjà, coïncidence de fou, je suis la seule fille, je suis la seule femme de ce truc, c'est moi qui dois me lever pour aller chercher... Mon fils, bon, après, hasard du calendrier, ça aurait pu être le soir où c'était mon mari, mais ce jour-là, il se trouve que c'était moi. J'étais énervée parce qu'en fait, je n'avais pas envie d'aller chercher mon fils, j'avais envie de continuer cette réunion, de savoir quelles étaient les conclusions. Je me suis dit, ah ouais, donc ça va être ça maintenant. Le sujet, c'est qu'il y a des trucs que je vais devoir zapper parce que je suis devenue maman. Et en fait, j'ai appris à vivre avec ça et à mettre des barrières. Et après, mon rêve, c'est qu'on n'attende pas d'être parent. pour le faire. J'adorerais que des personnes ici puissent se sentir légitimes à partir à 17h30, mais pas parce qu'ils sont parents. J'essaye de le dire au effort dans l'open space, quand lundi je me bats à 17h30, dire bonsoir, et malgré la position hiérarchique que je peux avoir. Tout le monde a le droit d'avoir une vie à côté, et si le taf il est fait, on s'en fout. Mais du coup, après, le fait est... Alors tout le monde dit, oui, tu vas travailler différemment, plus efficacement. Oui, sûrement. je suis désolée, je travaille moins la vérité c'est qu'avant mon fils et maintenant je travaille moins il n'y a pas de débat et ça c'est ok maintenant et les résultats ? je pense qu'ils sont les mêmes sinon on ne m'aurait pas proposé une promotion juillet dernier je pense qu'on considère que je fais toujours du bon boulot donc comme quoi c'est pas une question de temps passé au bureau on pourra toujours faire plus on en dira toujours Moi, je pourrais travailler le samedi, le dimanche, je pourrais toujours améliorer des trucs. Tant pis, on fait des choix, en fait. Moi, aujourd'hui, je choisis mes combats aussi. Ouais, c'est pas parfait, il faudrait qu'on fasse un process pour ça, il faudrait qu'on crée ce PowerPoint, il faudrait qu'on fasse plus. Ouais, mais les journées font que 24 heures. Et puis, j'ai beau être super fière de ce que je fais et de participer à la transition énergétique, à faire un job qui a de l'impact avec des équipes que j'adore. mais à un moment donné, ça se stoppe. On ne va pas coucher là non plus. Donc, oui, accepter qu'on travaille moins, ça, je l'ai accepté. Je ne pensais pas en être capable.

  • Speaker #1

    Finalement, pour reboucler la boucle avec le début de notre discussion sur « je n'ai pas de rôle modèle » , finalement, du coup, c'est toi qui deviens le rôle modèle. C'est ça qui est intéressant.

  • Speaker #0

    Oui, peut-être. J'aimerais qu'il y en ait plein d'autres. C'est peut-être aussi un petit peu... J'ai toujours eu de l'ambition, j'ai toujours voulu manager, avoir une équipe, faire des choses qui avaient du sens. C'est un peu aussi, aujourd'hui, peut-être, il y a un petit côté militant, féministe, de prendre ces promotions à chaque fois pour peut-être être rôle modèle et pour dire si je peux montrer à d'autres femmes que oui, c'est possible, peut-être oui. Alors, ce n'est pas ce qui me drive non plus. Moi, j'aimerais en avoir plus aussi. J'aimerais avoir plus de rôle modèle. J'aimerais pouvoir m'identifier à d'autres personnes, notamment celles... Il y a des jours où c'est dur. Il y a des jours où tu te dis... putain mais en fait elles font comment les filles les meufs qui ont des enfants tu fais comment entre ton couple tes enfants, ton taf tes responsabilités, ton envie de faire ou même l'associatif franchement expliquez-moi les meufs expliquez-moi comment on fait mais ils aimeraient pouvoir en discuter un peu plus et il en manque encore il y a encore du boulot

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Encore du taf.

  • Speaker #1

    Et du coup, c'est intéressant parce que tu parles d'ambition. Et du coup, là, quand je t'entends, je me dis, ouais, donc en fait, elle est arrivée à un super poste à responsabilité. Elle est maman, elle arrive quand même à dire non et puis à créer son propre système dans lequel elle a de l'impact. Donc là, clairement, je me dis, t'es arrivée. Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Je pense que tu vois, j'aimerais... Ce qui me manque aujourd'hui, c'est peut-être la première chose que je fais aujourd'hui avec toi, c'est peut-être de transmettre. Je suis très intéressée de faire du mentoring, des choses comme ça, que je n'ai pas encore pris le temps de faire ça. Je pense qu'aujourd'hui, c'est plus ça qui pourrait être la suite, ou discuter. C'est toujours très intéressant de pouvoir transmettre. Aujourd'hui, il n'y a pas longtemps, on m'a proposé d'intervenir là où j'ai fait mes études, à Dauphine. Ça, c'est des choses où montrer aussi, mais même à plus petite échelle. Je viens de Picardie, dans un lycée qui était, à une époque, je ne sais pas si c'est toujours le cas, classé en ZEP. Quand j'ai fait un dossier pour Dauphine... On m'a dit, mais c'est quoi, tu postules, là ?

  • Speaker #1

    C'est très élevé. Ouais,

  • Speaker #0

    et un peu transmettre ce sujet-là, dire, en fait, c'est possible. Et il suffit aussi de rencontrer les bonnes personnes aussi qui peuvent vous dire que c'est possible, en fait. Essayer d'oublier ce que tu vois ou tu vois peut-être pas beaucoup de représentations féminines. Essayer d'enlever le bruit des gens qui te disent que c'est pas possible ou des choses comme ça. Et écouter aussi, essayer de prendre attache avec des ressources, des médias, des gens qui t'ont envie et qui t'inspirent. C'est aussi ça, écouter des podcasts. On parlait tout à l'heure du podcast de Bliss sur la maternité. Il y en a d'autres, il y a la matrescence, il y a d'autres sujets. Il y a un podcast que j'adore qui s'appelle Les couilles sur la table sur des sujets de féminisme. Et en fait, écouter des femmes parler ou des trajectoires de femmes où il n'y a pas assez de rôles modèles mais du coup, je vais les chercher ailleurs. Ça fait du bien. Mais ouais, je pense que la suite, ce serait peut-être d'essayer de transmettre et d'essayer de pouvoir accompagner des plus jeunes. Ça y est, je suis des plus jeunes que moi. Je ne suis pas vieille, mais... Non,

  • Speaker #1

    mais bon, on ne va pas se cacher. Il y a quand même des plus jeunes que nous maintenant.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. Voilà, c'est peut-être ça la suite.

  • Speaker #1

    Chouette, génial. Donc ça, c'est toi. Vu que tu as quand même le recul de plusieurs organisations, de ta place de femme dans les organisations, si tu devais donner trois conseils... Que ce soit de ton choix, soit à des organisations qui sont en train de se dire « Non mais en fait, moi, je veux plein de Marion dans mon organisation. Qu'est-ce que je fais en premier ? » Ou à des femmes qui ont vraiment été super inspirées par ton parcours et les trois conseils que tu leur donnerais. Alors, on peut faire trois et trois, si tu veux, si tu es super inspirée. Mais voilà, soit pour les organisations, soit pour les personnes qui nous écoutent, qui se disent « Non mais en fait, j'ai envie d'aller sur son chemin. »

  • Speaker #0

    Pour les organisations, la première chose qui me vient, c'est en fait former vos managers. Que ce soit des hommes ou des femmes, il faut développer les talents. Pour moi, il faut, dans notre filière, par exemple, essayer de développer les talents féminins parce qu'il n'y en a pas assez. Pour développer les talents, je dis que c'est aussi une question de rencontre avec des gens qui sont bienveillants et qui vont t'amener quelque part. Et donc, faites en sorte d'avoir des bons managers, franchement, les gars, à toute une fois. Et donc, formez vos managers. Il y en a, ils sont de base très bons managers, mais accompagnez les gens qui deviennent managers pour justement... eux-mêmes accompagnent demain les talents. Il y a trop peu de bons managers en fait. Ça te brise une ascension ou même sans parler d'ascension, ça ne développe pas toutes tes compétences et toute ton envie et toute ton ambition. Donc déjà pour moi, c'est vraiment former vos managers. Ça fait tellement de gens malheureux dans l'entreprise d'avoir des mauvais managers que c'est la première chose que je pourrais dire comme conseil.

  • Speaker #1

    J'ai envie de rebondir là-dessus parce que c'est vrai que dans ton histoire, ce que je retiens, c'est que c'est plusieurs choses. C'est à des moments clés de la vie, après ton burn-out, pendant que tu es enceinte, ce manager qui t'explique comment est-ce que vous allez trouver des solutions ensemble. Et aussi cette DRH qui t'appelle pour te donner un peu des tips sur comment est-ce qu'on gère cette nouvelle vie. Et je me dis, mais en fait, ces gens-là, c'est peut-être des toutes petites choses qui leur semblaient simples, parce que ça faisait partie de leur culture, ça faisait partie de qui ils sont. Mais en fait, dans des entreprises, quand des gens vont écouter ce podcast, ils vont se dire, mais attends, je vais aller chercher sur LinkedIn. Dans quelle entreprise elle est ? Ça m'a l'air, mais qu'est-ce que c'est que cette entreprise incroyable ? Donc, je suis d'accord avec toi. Le côté formé des managers pour leur permettre de faire preuve d'humanité et d'accompagner vraiment les équipes, effectivement, ça semble, au vu de toute ton histoire, un fondamental. Ouais,

  • Speaker #0

    je dirais ça. Après, je pense que j'en ai déjà dit pour d'autres personnes, notamment des femmes. Comme c'est... Pas avoir peur. Moi, j'ai posé des questions, par exemple. C'est un truc, ça a mis des années. Je préférais aller chercher dans mon coin, sur Google, alors qu'on pourrait gagner vachement plus de temps à interroger les experts. Donc, poser des questions et pas avoir peur de le faire, c'est compliqué. Parce que, justement, je te parlais de ce sentiment de syndrome de l'imposteur. Et tu posais des questions, on se dit qu'on va toujours se mettre un peu dans une situation. Ah ben, elle sait pas. Non, c'est pas grave, en fait. ça et mettre des limites, être capable de dire, là, en fait, ça ne marche pas. Malheureusement, je trouve que ça prend du temps à le faire. Ça prend du temps aussi parce que ce n'est pas des trucs qu'on t'apprend à l'école. Ce n'est pas des trucs qu'on te dit à l'école, à la rentrée, de te dire bonjour, vous êtes l'élite de la nation. Super.

  • Speaker #1

    Complètement. Et puis, surtout, c'est ce que tu as dit, on t'apprend à être bonne élève. Je pense que ce mot-là, tu l'as dit au moins 4-5 fois.

  • Speaker #0

    Parce que je suis de base d'une personnalité un peu scolaire et bonne élève. J'aimerais bien que demain, dans les écoles, on puisse apprendre des choses un peu différentes aussi, et notamment des sujets de santé mentale. C'est pas une mauvaise idée de mettre des limites. Et alors, c'est pas pour ça que tu seras moins performant. C'est pas pour ça qu'il faut pas être impliqué, pas être dynamique, pas être engagé. Mais savoir dire où sont tes stops aussi. Ouais. Et savoir dire non. Et puis, en effet, toujours poser des questions. Moi, je sais que je continue à poser des questions, à m'interroger et à me dire, bah ouais, je sais pas. Je pense que c'est beaucoup plus facile quand t'as fait ton trou dans l'entreprise ou que t'as prouvé que. C'est plus facile. de lever la main et de dire franchement, je n'ai pas compris.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est sûr que le premier jour, ce n'est pas très vendeur. Mais en même temps, c'est un peu ce que ta DRH disait, c'est que mettre aussi le ton d'être plutôt quelqu'un qui est dans la recherche, d'aller chercher l'information vers les bonnes personnes.

  • Speaker #0

    La curiosité en entreprise, moi, je trouve que c'est un truc que je valorise beaucoup. Des gens qui vont, même par eux-mêmes, tu vois, d'essayer de creuser. même quelqu'un qui va pas oser poser une question et qui va se dire j'ai quand même un peu cherché mais je suis pas sûre d'avoir compris je trouve ça génial donc ouais la curiosité ça reste quand même quelque chose soyez curieux quoi tout à l'heure tu nous as parlé de certaines ressources que t'aimais bien est-ce qu'il y a d'autres ressources là t'as parlé des couilles sur la table,

  • Speaker #1

    de Blizz, de la mastressance est-ce qu'il y a un bouquin un média que tu as envie de partager avec nous ?

  • Speaker #0

    il y avait un bouquin c'était merci mais non merci que j'ai lu au moment de mon burnout de Alix.

  • Speaker #1

    De Céline Alix.

  • Speaker #0

    De Céline Alix, exactement. Ça a beaucoup résonné en moi, ce bouquin.

  • Speaker #1

    Je rigole parce que c'est probablement la raison pour laquelle ce podcast existe.

  • Speaker #0

    C'est vrai ?

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est vraiment un bouquin que j'ai trouvé extraordinaire et qui, petit teasing, explique comment des femmes qui ont réussi à atteindre des postes à responsabilité témoignent sur des choses. qui se passe en entreprise, que ce soit le côté très politique, des événements comme une réunion qui commence à 9h au lieu de 9h30, qui ne permet pas à toute personne d'emmener ses enfants à l'école, pose problème. Ce genre de choses qui sont vraiment des réalités de terrain, de vécu de femmes, qui finalement abandonnent les organisations au profit de créer leur propre écosystème, parce que ces organisations ne leur permettent pas d'être elles-mêmes. Et effectivement, tu vois, c'est drôle que tu cites ça, parce qu'effectivement...

  • Speaker #0

    Ce livre, il m'a fait vachement de bien. Le livre « Foutez-vous la paix » aussi, il m'a fait vraiment de bien aussi. C'est surtout ça que je dirais. Puis après, en fait, les meilleures ressources, c'est parler avec les gens de tout ça, en fait. Et tu vois, c'est là où je pense qu'en effet, le mentoring, aller discuter avec des jeunes, etc. Je pense que je vais avoir envie de faire ça. C'est les meilleures ressources.

  • Speaker #1

    Génial. Écoute... est-ce qu'il y a un endroit où on peut te suivre ?

  • Speaker #0

    Je ne suis pas quelqu'un de très actif mais j'ai pris une résolution sur LinkedIn j'avais envie d'être de plus en plus active donc je dirais LinkedIn parce que pour parler de sujet de transition énergétique parce que c'est quand même mon métier et que ça me tient à cœur et que j'adore ça je dirais que c'est le mieux Parfait

  • Speaker #1

    Écoute, merci beaucoup Marion c'était une conversation hyper riche hyper intéressante merci beaucoup Merci à toi et puis j'ai envie de te dire à très bientôt

  • Speaker #0

    À très bientôt

Chapters

  • Introduction et présentation de Marion

    00:08

  • Parcours professionnel et désillusion initiale

    00:54

  • Choix de carrière et transition vers une petite structure

    02:00

  • Expérience en Amérique Latine et apprentissages

    03:14

  • Retour en France et équilibre travail-famille

    04:50

  • Gestion du burn-out et leçons apprises

    19:45

  • Conseils pour les femmes et organisations

    40:43

  • Conclusion et remerciements

    47:25

Description

Marion est à 32 ans directrice d’activité dans le monde de la transition énergétique. Elle est tout simplement le rôle model que je n’ai pas trouvé quand je suis rentrée dans le monde professionnel.

 

Marion est comme elle le dit si bien, une bonne élève qui est rentré dans un grand groupe dès sa sortie d’école dans son job de rêve. Mais ce job est vite devenu le job de la désillusion du monde du travail.

Marion détonne avec son pragmatisme et son enthousiasme à tout épreuve dans une équipe avec un état d’esprit … décourageant.

Après plusieurs mois à se contorsionner, elle finit par s’en aller, loin, avec son compagnon sous le bras dans une bien plus petite structure.

Et ce choix sera le début d’une belle aventure dans le monde de la transition énergétique dans lequel les femmes occupent moins de 25 % des effectifs.

 

Avec Marion, on a parlé d’ambition, de burn-out, de parentalité et de tant de choses qui ont raisonné que cet épisode se doit d’être placé dans toutes les oreilles des jeunes professionnelles en quête d’inspiration.

 

Merci infiniment Marion pour ton partage qui raisonnera très fort pour nombre d’entre vous.

 

Place à ce nouvel épisode des alignées


✨ Si veux en savoir plus sur Les alignées, file découvrir le site internet www.lesalignees.com ou sur mon LinkedIn dans lequel tu découvriras comment nous oeuvrons pour transformer le monde professionnel pour plus d'alignement des salarié·es et la mixité femme/homme.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Marion est à 32 ans, directrice d'activité dans le monde de la transition énergétique. Elle est tout simplement le rôle modèle que je n'ai pas trouvé quand je suis rentrée dans le monde professionnel. Marion est, comme elle le dit si bien, une bonne élève, qui est rentrée dans un grand groupe dès sa sortie d'école dans son job de rêve. Et ce job est vite devenu le job de la désillusion du monde du travail. Marion détonne avec son pragmatisme et son enthousiasme à toute épreuve dans une équipe avec un état d'esprit décourageant. Après plusieurs mois à se contorsionner, elle finit par s'en aller, loin, avec son compagnon sous le bras dans une bien plus petite structure. Et ce choix sera le début d'une belle aventure dans le monde de la transition énergétique, dans lequel les femmes occupent moins de 25% des effectifs. Avec Marion, on a parlé d'ambition, de burn-out, de parentalité et de tant de choses qui ont résonné que cet épisode se doit d'être placé dans toutes les oreilles des jeunes professionnels en quête d'inspiration. Merci infiniment Marion ! pour ton partage qui résonnera très fort pour nombre d'entre vous. Place à ce nouvel épisode des Alignés.

  • Speaker #1

    Bonjour Marion. Bonjour Charline.

  • Speaker #2

    Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Ça va, merci.

  • Speaker #2

    Je suis ravie d'être là avec toi, en haut d'une tour. Je pense que c'est la première fois que je fais un interview aussi haut. Là, je ne sais pas à quel étage on est.

  • Speaker #1

    On n'est pas si haut, on est au sixième. Avant, on était plus haut, mais tu vois, c'est déjà très lumineux quand même.

  • Speaker #2

    Oui, c'est très lumineux et quand on regarde dehors, on voit la défense. Donc on est très loin de certains interviews que j'ai pu faire avec des entrepreneuses. Et justement, c'est pour ça que j'ai choisi de faire appel à toi aujourd'hui, pour que tu nous donnes un autre regard, que tu puisses nous parler de ton parcours. Et en fait, dans les alignés, je ne présente pas mes invités. Je leur pose déjà la question. Marion, back route, qui es-tu ?

  • Speaker #1

    Vaste question. Je m'appelle Marion, j'ai 32 ans, je suis maman... d'un petit garçon formidable qui s'appelle Léon, qui a deux ans et demi. Je suis mariée et je suis directrice de l'activité photovoltaïque au sol dans une entreprise qui est productrice d'énergie et qui est un acteur de la transition énergétique. Et je pense que je pourrais compléter en disant que je suis une femme féministe, engagée et passionnée par les sujets de transition énergétique. Et là, on va dire que c'est à peu près complet.

  • Speaker #2

    Et là, quand on commence à entendre ça, on se dit... Je commence à comprendre pourquoi elle lui tend le micro. Parce qu'effectivement, dans ce podcast, l'objectif, c'est que des femmes parlent à des femmes de leur vie et de leurs grands moments d'alignement qui leur ont permis justement d'avoir une vie avec l'impact qu'elles ont choisi, avec leurs propres valeurs. Et du coup, pour ce faire, j'ai un process qui est très clair, dans lequel on rembobine un peu. La machine, on rembobine l'histoire. La première question pour toi, en fait, c'est une question qui semble simple, mais qui en réalité est assez complexe. C'est plutôt de se dire, quel est le tout premier moment qui pour toi a été ton premier grand moment d'alignement dans lequel tu as ressenti ce besoin d'aligner ta tête, ton cœur et ton corps ?

  • Speaker #1

    Je pense à deux, mais le premier qui, chronologiquement parlant, est arrivé, c'est un de mes premiers jobs dans une grande entreprise française. Dans le monde de l'environnement, j'avais l'impression d'être à ma place, puisque c'est tout ce que j'avais toujours voulu après mes études, c'était de rentrer dans une grosse boîte, mais dans un domaine qui m'intéresse. En l'occurrence, là, c'était lié à l'environnement. Je me suis retrouvée dans une direction commerciale avec 90%, voire peut-être même 95% d'hommes, peut-être 80% plus de 50 ans. et moi j'avais à l'époque 24 ans plein je pense d'idéaux d'énergie à revendre et voilà et vraiment envie de faire bouger les choses je me suis pris une claque dans ce service parce que j'ai vite compris que ça allait pas fonctionner comme je l'imaginais en fait bah eux là tu vois ce service là on travaille pas avec eux parce qu'on les aime pas ah d'accord mais en fait on a besoin d'eux le market et la com, non bon d'accord il y avait des gens au bout de 8 mois j'avais toujours pas compris ce qu'ils faisaient là et quel était leur métier et puis surtout il y a eu cette phrase à un moment donné, comme je pense que j'étais impliquée j'avais envie de faire plein de choses, je proposais des trucs et à un moment on m'a dit bon Marion ça suffit va falloir que tu fasses avec les vieux cons que nous on est et là je me suis dit bah je n'ai pas envie de faire avec les vieux cons que vous êtes. Et là, je me suis dit, ce n'est pas pour moi. Je suis peut-être là, sur le papier, où j'avais envie. J'ai un parcours un peu classique de Bac plus 5, d'une fille qui était assez scolaire, etc., qui arrivait dans une grosse boîte, après des process de recrutement, etc. Et un peu désillusion, je me suis dit, mais non, en fait, je n'ai pas du tout envie qu'un me considère comme ça. parce que clairement, je pense que j'avais beaucoup de handicaps. J'étais jeune, j'étais une femme. En plus, je n'étais pas ingénieure dans un truc où il y avait quand même beaucoup d'ingés. Peut-être qu'à leurs yeux, en tout cas, je cumulais, clairement. Et là, je me suis dit, non. J'ai quitté ce groupe, en partie aussi pour ça. Et après, je suis partie à l'étranger, avec une autre boîte et sur un autre boulot. Mais c'est la première fois. Et en fait, ça arrivait assez tôt dans ma... jeune carrière, je pense que j'étais diplômée depuis un an, un an et demi et je ne pensais pas vivre ça à ce moment-là et je me suis dit non en fait on va aussi maintenant peut-être choisir les boîtes, pas sur la liste du 440 mais peut-être juste sur les valeurs qu'il y a derrière et peut-être sur du management, un feeling en recrutement sur d'autres choses. C'était le premier vrai grand alignement.

  • Speaker #2

    Et tu vois je me permets de rebondir parce que je pense que cette désillusion dont tu parles ... C'est aussi la raison pour laquelle il y a aussi beaucoup de personnes qui se sentent désalignées. Et ce que j'entends, en fait, c'est que toi, vu que c'est arrivé assez tôt dans ta carrière, tu as eu la capacité à dire, mais en fait, non, je ne vais pas changer celle que je suis. Et l'image même qui me vient, c'est plutôt cette flamme-là. Je ne vais pas l'éteindre. Pour vous ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas venu non plus du jour au lendemain. Tu te remets quand même en question. Tu te dis, bon, j'ai sûrement dû être à la droite. Je n'ai pas beaucoup d'expérience. J'ai sûrement... Mais au bout d'un moment, c'est tellement gros. Je suis désolée, mais en fait, lui, le monsieur, franchement, il est là, mais je ne sais pas quoi il sert. Je ne sais pas ce qu'il fait. Ça fait huit mois, avoir organisé des petits déjeuners et des déjeuners en faisant venir tous les commerciaux de France et de Navarre, franchement. Et en fait, il y a eu la désillusion peut-être de la boîte, de l'équipe et puis la désillusion peut-être du monde du travail. Oui. Ah ouais. Donc, il y a autant de planqués comme ça ou de gens. D'accord. très bien, bon, ok, ça aussi, ça va faire partie des choses dont j'ai pas envie. Je me suis dirigée après vers des boîtes plus petites aussi, du coup, parce que ça m'a un peu vaccinée. Mais oui, c'est arrivé tôt. Je pensais pas que ça arriverait aussi tôt. Après, l'impact que ça a sur le moment, c'est que du coup, t'as plus envie. Par exemple, moi, ils m'ont épuisée, quoi. Je me suis dit bon, bah, en fait, si c'est ça, je vais chercher ailleurs, quoi. Au début, j'aurais pensé... ... Je pensais que j'allais me dire, je vais me battre, je vais leur montrer. Et en fait, t'as 24 piges, t'es une femme, t'es rien. T'es au début, t'es quand même, en termes de hiérarchie, t'es tout en bas. Donc, il y a quand même cette... Je voyais les choses en face en me disant, bon, il ne faudra pas faire grand-chose. En tout cas, t'as un peu essayé. Tu t'es prise cette phrase dans la tronche. OK, du coup, ce n'est pas pour moi. Stop.

  • Speaker #2

    Et tu vois, je trouve ça aussi hyper intéressant que tu aies retenu cette phrase. Déjà, ça fait complètement écho pour moi qui aussi ai retenu une certaine phrase un jour qui m'a fait partir d'une très grosse entreprise. Donc ça, tu vois, on parlait tout à l'heure de la capacité de certaines conversations, de podcasts à résonner pour d'autres. En tout cas, déjà, sache que je pense que ça va résonner pour beaucoup de monde. Et du coup, j'ai envie de dire OK, tu as 24 ans. Du coup, effectivement, la claque est quand même là. Tu te dis bon, je ne vais pas rester là. Je vais aller chercher ailleurs et je vais aller sélectionner d'autres boîtes. et j'ai entendu que tu me disais on est parti enfin je suis partie à l'étranger et j'ai envie de savoir comment ça s'est passé pour toi du coup parce que là tu passais de cette bande de je cite vieux con à je pars à l'étranger une plus petite boîte alors je suis partie en Amérique latine en Colombie j'avais déjà eu une expérience en Amérique latine pendant mes études je suis partie un an en Argentine j'avais envie l'Amérique

  • Speaker #1

    latine c'est un continent que j'aime vraiment que j'aime beaucoup j'avais envie de repartir dans cette zone l'espagnol c'est une langue que j'aime beaucoup Il y a eu cette opportunité de partir pour une boîte dans laquelle je suis toujours huit ans plus tard, qui était beaucoup plus petite et sur des sujets de transition énergétique, d'efficacité énergétique, de photovoltaïque. Et donc, quand je suis arrivée, on était peut-être 15, 20 à peine. J'ai pris mon conjoint sous le bras aussi, qui ne connaissait pas ni l'espagnol ni l'Amérique latine. Et on est parti, on est resté trois ans. Ça a été une expérience incroyable. Dans un pays incroyable, j'ai appris plus, plus, plus. J'ai eu un manager super qui a cru en moi, qui m'a donné très vite des responsabilités. Et oui, ça a été vraiment une expérience hyper enrichissante. J'ai l'impression que souvent, l'étranger, quand je parle avec les gens qui ont une expérience à l'étranger, et souvent des jeunes, comme moi, je suis partie dans le cadre d'un VIE, c'est une formation accélérée. Parce que... Tu apprends sur le plan culturel, ce n'est pas du tout le même management sur place. Là, moi, mon chef était français, mais je voyais comment ça se passait quand même en Colombie. Tu apprends vraiment d'autres choses. Et du coup, tu te nourris différemment. La Colombie, pour revenir sur des sujets de relations entre les hommes et les femmes, c'est pas culturellement parlant, c'est pas du tout la même chose qu'en France. Et du coup, c'est très intéressant. Franchement, avoir une expérience, pour ceux qui en ont envie ou si ça les attire, moi je pense que c'est un des moments de ma carrière où j'ai le plus appris. Je me suis débrouillée, je me suis retrouvée dans des situations ubuesques à parler. Même quand on était une petite équipe et qu'on était à l'étranger, je me souviens que je me chargeais du marketing et de la com, de la boîte sur place. J'y connaissais rien, je discutais avec des espèces de journalistes pour parler de trucs avec un espagnol parfois avec des mots approximatifs. Et puis, culturellement parlant, quand t'approches Noël en Colombie, c'est la teuf partout. Il y a les Ausha. Donc, tu te retrouves dans un open space où il y a de la musique. Tu fais un call avec la France et les gens te disent « Mais t'es au bureau ? » Ouais, je te promets, je suis au bureau.

  • Speaker #2

    Et par rapport aux hommes et aux femmes, du coup, parce qu'effectivement, t'avais eu tes vieux cons qui t'avaient expliqué que tu devais être dans ta case. Là, du coup, tu te retrouvais avec d'autres codes. pour juste qu'on se projette, parce que pour les personnes qui ne connaissent pas spécialement la Colombie, à quoi tu as été confrontée et qu'est-ce que tu en as appris ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'en Colombie, c'est marrant parce que on pourrait, enfin moi, les gens ont l'image d'une société peut-être un peu machiste. Ça peut être le cas et en même temps moi j'ai été plutôt confrontée à des femmes de pouvoir qui vraiment c'était elles qui tenaient la baraque. en Colombie, c'était ça qui était assez rigolo. Je n'ai pas eu du tout, dans le monde professionnel, j'ai pas eu l'impression d'être sous-estimée à aucun moment. Il y avait un assez bon équilibre. Il y avait plus d'hommes que de femmes, parce que de toute façon, moi, je suis dans une filière et dans un monde quand même d'ingénierie. Donc, il y a toujours plus d'hommes pour le moment. Mais je n'ai jamais ressenti aucun jugement là-dessus. Dans la vie perso, c'est différent parce qu'il n'y a pas forcément d'égalité homme-femme en Colombie, mais dans la vie pro, je ne l'ai pas ressenti. J'ai ressenti plutôt des hommes qui devaient accumuler ce qu'ils appellent chez eux des matripuntos pour avoir le droit de sortir. Si tu viens au pot de départ ce soir, oui, j'ai accumulé assez de matripuntos.

  • Speaker #2

    Ah ouais,

  • Speaker #1

    d'accord. Il y a un espèce d'empowerment de la femme qui tient un peu la baraque. Alors, il y a aussi du sexisme, je ne dis pas, mais... C'est assez rigolo pour ça, la Colombie. Et non, il y avait un équilibre. Pour le coup, professionnellement parlant, je n'ai jamais senti de mise à l'écart ou de discuter du fait que j'étais une femme ou quoi que ce soit. Jamais. Et ça m'est arrivé, tu vois, parce que depuis la Colombie, je travaillais aussi sur les Antilles et la Guyane. Et pour le coup, là, quand j'allais aux Antilles, on me faisait comprendre qu'on voulait voir le chef. Ah ! Je me suis dit, c'est moi, le chef. Oui,

  • Speaker #2

    mais tu étais la stagiaire, non ?

  • Speaker #1

    C'est ça. devant en plus mon N-1 pour le coup. Déjà souvent on s'adressait à mon N-1 qui avait un homme, en pensant que c'est lui le chef. Ça m'est arrivé tout le temps.

  • Speaker #2

    Je peux imaginer.

  • Speaker #1

    Et ça par contre c'était très souvent.

  • Speaker #2

    Alors du coup comment on se sent quand on passe de cette grosse boîte avec les vieux cons à finalement une boîte qui te fait confiance avec qui du coup tu deviens la chef, notamment pour les personnes qui nous écoutent qui sont plutôt dans leur open space avec leurs vieux cons qui te donnent un peu de perspective de voilà, comment on se sent.

  • Speaker #1

    C'est un nouveau monde, vraiment, parce que déjà, rien que la taille de boîte, c'est vraiment, il y a une différence. Là, pour le coup, tu ne cherches pas à les planquer. Tu dis, je voudrais bien deux, trois personnes de plus, parce qu'en fait, on a beaucoup de boulot. Et puis, ouais, en fait, ce que tu dis, c'est la confiance. La confiance et le fait aussi qu'on donne sa place aux jeunes, peu importe qu'on soit une femme ou un homme. Et puis, comment on le sent ? J'ai envie de te dire, ça fait huit ans que je suis dans la même boîte. Donc, je pense qu'on peut juste dire ça. Je trouve que le peu d'expérience que j'ai dans les grosses boîtes est de ce que j'entends de certains. nos amis et moi qui sommes dans des grosses boîtes, il y a quand même ce sujet de l'âge aussi. Tu ne peux pas passer la strade du dessus, le niveau du dessus, le niveau, je ne sais pas, partenaire, seigneur ou que sais-je. De toute façon, il faut un certain nombre d'années. Là aussi, moi, dans cette plus petite boîte, vraiment, ton âge, on s'en fout. Si tu fais le taf, si tu es impliqué, passionné, franchement, vas-y. Moi, j'ai été impressionnée des responsabilités qu'on m'a vite données. Après, j'adorais mon taf. Franchement, j'aime toujours mon taf, d'ailleurs. Moi, mon manager, qui a été mon manager pendant cinq ans, m'a dit que le talent n'attend pas les années. Et on n'est pas honte de le dire.

  • Speaker #2

    Carrément.

  • Speaker #1

    Elle peut paraître bateau, mais si on se l'applique vraiment dans la boîte, vraiment, ce n'est pas une question d'âge. Alors, tu as toujours encore, dans le monde du business, ce qu'on appelle la caution grisonnante. Tu te dis, il faut quand même que tu viennes, parce que c'est la caution grisonnante de machin, parce que moi, je suis plus jeune et on ne va pas me prendre au sérieux. Ça peut arriver, mais ça, c'est génial. Et ça, moi, j'ai vu la différence d'être dans une boîte à taille un peu plus humaine où on te confie des tâches. OK, tu sais bien le faire, vas-y, prends la tâche d'après et la tâche du dessus, d'ailleurs.

  • Speaker #2

    Et tu vois, ça, vraiment, c'est quelque chose que je retiens, que tu es la même personne. Avec la même envie, la même ambition. Et en fait, l'écosystème dans lequel tu évolues est en différent. En fait, du coup, finalement, je vois un peu comme une fleur qui éclot. C'est toutes tes capacités qui sont décuplées parce qu'il y a cette confiance, parce qu'il y a cette culture d'entreprise qui va aller permettre aux jeunes talents de se développer. Et tu vois, c'est vrai que dans les grosses boîtes, on parle beaucoup de people development. On invente plein de choses pour faire évoluer la culture de la boîte. Et en fait... quand les boîtes ont vraiment déjà ça en elles, ça permet à certains talents de vraiment se développer. Et c'est ça qui est intéressant de voir dans ton histoire.

  • Speaker #1

    Il faut développer les talents et il faut développer les talents aussi féminins. On a un problème quand même, dans la filière ou dans le monde des énergies, c'est quand même une filière plutôt d'ingénieurs. Donc statistiquement parlant, si tu regardes les stats des écoles d'ingé, forcément, il y a plus d'hommes que de femmes. Et c'est toujours le cas actuellement. Il faut qu'on remplisse ce vivier de femmes et pour pouvoir... potentiellement avoir un vivier ensuite de cadres et de dirigeants qui puissent que ce soit des hommes ou des femmes et monter. Moi dans ma carrière ce qui m'a quand même manqué jusqu'ici c'est des rôles modèles, de pouvoir m'identifier quand même dans ces boîtes et dans cette filière qui est quand même très masculine à des femmes et à des femmes qui ont un équilibre aussi parce que j'en ai vu des femmes et qui bon alors c'était peut-être mon interprétation mais j'avais l'impression qu'elles devaient en faire deux fois plus pour peut-être prouver qu'elles étaient à la hauteur de tout le monde mais Des femmes qui ont des enfants ou pas, mais en tout cas qui sont équilibrées et qui ont des postes à responsabilité. Moi, je trouve que les rôles modèles, c'est hyper important. Depuis qu'on est tout petit, on s'identifie, c'est humain. T'es enfant, tu t'identifies à tes parents, t'es obligé de faire pareil, mais ça t'inspire. Je trouve que dans mon industrie, aujourd'hui, il manque encore... Alors, il y a un vivier de plus en plus grand, c'est très bien, mais il faut les accompagner et il faut leur donner... Moi, j'ai eu la chance, j'ai fait du... co-développement, j'ai fait du coaching, on m'a accompagnée pour pouvoir me dire que c'était possible. Parce qu'en fait, si tu vois pas tes rôles modèles, si tu vois pas si t'as personne, peu de monde à t'identifier, c'est difficile de te projeter toi aussi là-dessus.

  • Speaker #2

    Je suis complètement d'accord avec toi.

  • Speaker #1

    Donc il faut aussi donner les clés. Et moi je trouve qu'il faut donner les clés à toutes les personnes qui le méritent, mais bah... les femmes, en fait, on n'en voit pas beaucoup des femmes à responsabilité à des postes sur des boîtes d'ingénieurs. Tous les colloques que je fais sur le photovoltaïque, etc., ouais, alors il y a de plus en plus de femmes qui y assistent. À chaque fois, je compte à la fin de la journée combien de femmes ont pris la parole sur la scène. Là, on est toujours très mauvais dans les statistiques.

  • Speaker #2

    Et par rapport à ces personnes aussi qui sont là, elles n'ont pas forcément le même statut que toi, à savoir les responsabilités qui vont avec. Après, du coup, Par rapport à cette question de rôle modèle, là, nous, on te lâchait en Colombie avec ton conjoint et on se dit, ça roulait super bien pour toi. Qu'est-ce qui s'est passé ? Parce que du coup, là, on se retrouve à la défense. Peut-être que tu me parles de parentalité. Il s'est passé peut-être des petites choses entre-temps.

  • Speaker #1

    Il y a eu peut-être... Avant la parentalité, il y a eu l'envie de rentrer aussi. Tu parles d'alignement. Il y a eu un alignement peut-être perso aussi qui est de se dire, c'est cool, je me suis bien éclatée, ça fait trois ans. Les copains et la famille sont quand même loin. Et ça, c'est des choses qui me nourrissent. On va peut-être rentrer. Mon manager aussi m'a dit, je rentre en France. Pareil, du coup.

  • Speaker #2

    En même avion.

  • Speaker #1

    Je veux bien, moi aussi. Et puis, mon conjoint aussi avait professionnellement un peu fait le tour. C'était le temps pour nous de rentrer. Les proches manquaient quand même. On est rentrés, on s'est mariés. Et puis, il y a eu un grand moment aussi. Moi, je suis toujours très impliquée. Quand je fais, je fais, je fais à fond. Et puis, un jour... post-Covid, je me réveille et je n'arrive pas à me lever de mon lit. Je me dis, j'ai le Covid. Non, madame, vous n'avez pas le Covid, en fait, madame, vous êtes fatiguée, vous êtes surmenée. En fait, ça s'appelle du surmenage, du burn-out, de... Voilà. Parce que le travail a toujours pris une place très importante pour moi et puis, je pense, je te parlais, tu sais, des femmes qui, inconsciemment peut-être, pensent qu'elles doivent en faire plus pour prouver qu'elles ont leur place. Moi, je pense qu'inconsciemment, personne ne m'a dit ça j'ai jamais entendu ça dans mon entreprise mais je pense qu'inconsciemment j'ai toujours voulu, j'ai cette personnalité tu me dis qu'il faut faire 100 j'irais bien faire 110 ou 120 quand même mais en plus pour montrer que je suis capable parce que sinon on va penser que je ne suis pas capable et du coup j'ai un peu trop fait j'ai pas dit non, j'ai jamais dit que c'était trop et je me suis épuisée donc là je me suis fait arrêter un mois, un mois et demi j'ai pris du recul en disant, ouais, le boulot, c'est important, mais peut-être que là, elle est un peu trop loin. J'ai eu la chance d'avoir mon manager qui, à mon retour, m'a dit, OK, on se pose. et on voit ce qu'on a loupé, toi et moi. Qu'est-ce qu'on a loupé ? Qu'est-ce que l'entreprise a loupé ? Comment, dans l'organisation, on a merdé pour qu'on en arrive là ? Et je me suis fait accompagner, en fait, sur, OK, ça, ça dégage de ton scope, ou ça, on va mettre quelqu'un, ou ça... C'est la belle histoire du « burnout » , parce que c'est jamais cool d'aller jusque-là, d'être surmenée, mais il y a quand même un chemin où tu peux avoir un manager qui te dit, OK, putain, pardon, j'ai pas vu. Moi... aussi j'ai pas dit non et j'ai pas dit stop et j'ai pas dit c'était trop et à partir de ce jour là j'ai appris à dire non j'ai appris à dire non alors vous voulez faire ça très bien par contre en fait on va prendre la palette et si vous voulez que je fasse ça on va enlever ça ça on va le mettre au frigo tant qu'on fasse ça parce

  • Speaker #2

    qu'on peut pas tout faire et aussi il y a quelque chose que t'as dit à plusieurs reprises c'est parce que je dois faire plus pour montrer que je suis capable Est-ce que ce burn-out, ça a aidé à réfléchir à tout ça ? Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Parce que ça,

  • Speaker #2

    c'est quelque chose qui, je pense, va résonner pas mal. On appelle ça le syndrome de l'imposteur, mais en fait, c'est plutôt de l'impostrice, on va se le dire. Tu en as fait quoi, après ce burn-out de ça, de cette envie de prouver tout le temps que tu étais capable d'y voir toujours plus ?

  • Speaker #1

    J'ai pris du recul. Déjà, j'ai arrêté de penser que c'est parce qu'on est dans une industrie... d'ingénieur qui fait un diplôme d'ingénieur. Que moi, ça, ça a toujours été un gros complexe. En me disant, moi, je ne suis pas ingénieur. Les gars, vous me parlez, quand vous commencez à parler de schéma électrique, moi, j'ai arrêté la physique en seconde, franchement, la physique, l'électricité, tout ça. Et de me dire que du coup, je n'avais pas forcément ma place à des postes de responsabilité dans cette boîte parce que je n'avais pas le bagage technique. Ça, en fait, c'est une connerie.

  • Speaker #2

    Alors qu'en plus, tu étais vraiment sur la partie développement, sales, etc. On ne te demandait pas d'aller...

  • Speaker #1

    J'étais quand même sur la partie opérationnelle, on commençait à me parler de pieux, d'études de structure. Première de la classe, toujours première, oh là là, donnez-moi un bouquin que je regarde et que j'étudie.

  • Speaker #2

    Je vais faire une petite thèse en parallèle.

  • Speaker #1

    Non mais c'est ça, tu vois. Et en fait, il faut qu'on libère le truc, qu'on se dise, oui, tu ne peux pas tout savoir. Oui, pose des questions et n'aie pas peur. Et ce n'est pas grave et tu vas apprendre. Et ça, maintenant, je pose des questions. Maintenant, je n'ai plus peur de dire... Je ne comprends pas ce que tu dis. Et même à mes équipes, à moi. Heureusement, j'ai plutôt assez grosse équipe. Et il y a des gens qui sont beaucoup plus experts que moi, évidemment, sur des sujets. Attends, tu me fais un schéma parce que je ne comprends rien à ce que tu racontes.

  • Speaker #2

    Simplifie.

  • Speaker #1

    Et en fait, ce n'est pas pour ça que ça ne m'empêche pas de prendre des décisions et de trancher. En fait, pour moi, quand tu n'étais pas expert sur le sujet, tu ne pouvais pas trancher. Alors, je connais quand même le métier, je connais des choses. Je n'ai pas certaines compétences techniques comme peuvent avoir mes équipes. Mais une fois que tu m'expliques les enjeux, je suis capable de dire, OK, on va faire comme ça. Et ça, je pensais que ce n'était pas possible, en fait. Je pensais que ce sujet de légitimité aussi, que tu dises syndrome de l'imposteur, j'ai pris du recul dessus en me disant... J'ai pris du recul parce que j'ai eu autour de moi, j'ai eu des exemples de gens, hommes ou femmes pour le coup, qui n'avaient pas forcément les compétences, mais qui étaient capables de trancher parce qu'ils avaient compris le sujet dans sa globalité. Et au bout d'un moment, j'ai dit, ok, c'est pas une question de diplôme, en fait, ou de savoir faire des calculs savants, d'études de structure ou quoi que ce soit. En fait, le sujet, Marion, il n'est pas du tout là. Donc, j'ai pris du recul, j'ai posé mes limites. Ça, j'ai appris à poser mes limites, à dire stop quand il faut dire stop. Et puis, hasard ou non du calendrier, c'est pendant que j'étais en arrêt que je suis tombée enceinte.

  • Speaker #2

    Et ouais. Alors que c'était peut-être prévu depuis un petit moment.

  • Speaker #1

    C'était prévu depuis quelques mois. Et là, l'arrêt de s'arrêter, c'est bizarrement, à ce moment-là, ça a fonctionné.

  • Speaker #2

    Ah ouais ? C'est drôle quand même.

  • Speaker #1

    Je peux te dire que c'est très drôle. Alors psychologiquement, quand tu dis je vais reprendre le boulot, mais en plus je vais leur dire, après un mois d'arrêt, je vais leur dire que je suis enceinte, il faut mouliner là-haut.

  • Speaker #2

    Eh bien ouais, j'aimerais bien être dans ta tête.

  • Speaker #1

    Il y a un petit côté quand même. de culpabilité. Le chemin de, déjà, à moi, accepter quand on m'a dit « Vous êtes surmenée » , je dis « Mais non ! »

  • Speaker #2

    Non, franchement, ça va, c'est juste que j'avais du mal ce jour-là, j'étais fatiguée.

  • Speaker #1

    Ça, il faut accepter de dire « Ok, en fait, tu vas pas bien. » Déjà, ça a été... Je me suis fait accompagner par une psy. J'avais repris depuis une semaine ou deux et je veux faire un bilan avec la psy. Je dis « Bah alors, j'ai repris, je suis enceinte et on a signé une offre d'achat pour un appartement. » Elle m'a dit « Ok, on va bien se parler du coup, là. » Très bien. donc là ça fait quand même beaucoup elle se dit ouais ouais ça fait beaucoup et en même temps c'était le package complet c'est de dire ok bah en fait j'ai pris du recul je me suis arrêtée je vais mettre mes limites et je suis ok du coup pour accueillir un enfant dans ce cadre là quoi en fait je vais je vais borner le truc après ça met du temps il faut le processer mais j'ai pris le truc en me disant en fait ouais ça veut dire que c'était ce moment là après tu réfléchis quand même tu dis bon alors va quand même je me réabsente j'organise le fait que je vais m'absenter en plus j'avais pris une décision qui était de se dire cet enfant je vais m'en occuper pour ses premiers mois et je vais faire un congé assez long moi la personne que dans mon Moi qui suis la personne dont mon entourage pense que je suis un peu workholique, j'avais dit, mon fils, il arrivera en janvier, je vais partir en congé fin novembre et je reviendrai en septembre. Je me souviens, on m'a dit, oui, bien sûr,

  • Speaker #2

    tout à fait.

  • Speaker #1

    La bonne blague. Et c'est ce que j'ai fait. Parce que j'avais, c'était un truc perso, j'étais mon premier enfant, je veux prendre le temps et je veux prendre le temps de comprendre que je suis maman. Et du coup, je l'ai fait. J'avais dit à mon entreprise que j'allais faire ça. Ça n'a pas posé de problème. Ça n'a tellement pas posé de problème qu'enceinte de six mois, on m'a proposé une promotion. Là, j'étais un peu bouche bée, je t'avoue. J'avais envie de leur dire, vous m'avez bien regardée ou pas ?

  • Speaker #2

    C'est-à-dire, je sors d'un burn-out, je suis enceinte de six mois, et là ?

  • Speaker #1

    Vous me proposez un nouveau poste de prendre la direction du développement. Franchement, j'avais l'impression que vous étiez un peu bolsy, les gars, quand même.

  • Speaker #2

    Carrément.

  • Speaker #1

    Du coup. Et ce qui était assez ouf, c'est que, je leur ai dit, mais vous savez que... Je n'ai pas sens savoir que je suis enceinte. En plus, j'ai dit que je vais faire un congé mat un peu long. Elle m'a dit oui, mais en fait, cette question ne s'est pas posée quand ton nom a été évoqué.

  • Speaker #2

    Ok.

  • Speaker #1

    Tu vois,

  • Speaker #2

    pour faire un petit arrêt sur image pour les personnes qui écoutent, parce qu'effectivement, le sujet de comment tu te positionnes quand tu as de l'ambition en tant que femme, que tu as envie d'avoir une place dans une organisation et aussi d'être maman et de faire ça. dans tes règles, en fait, avec, tu vois, « my babies, my rules » , comme on peut dire, je trouve ça génial, en fait, que tu partages ça, notamment le sujet du rôle modèle. Parce que pour avoir eu aussi des enfants, je sais que c'est quand même un stress d'annoncer une grossesse. Énorme. C'est un stress de vivre cette grossesse au sein d'une organisation, de montrer que l'ambition est toujours là, qu'on est toujours présente. Donc, ça rajoute au stress. Donc, toi, tu fais ça en plus d'une sortie de burn-out. Et ton organisation te dit, OK, en fait, on te fait confiance et on te laisse être la maman que tu as envie. Et à ton retour, tu prends les responsabilités.

  • Speaker #1

    Ouais, et je me suis dit, ouais, c'est bolsy. Et je me suis dit, mais en fait, pourquoi ils l'ont fait, quoi ? Et je me dis aujourd'hui, parce que, un, je pense que j'ai toujours été très loyale envers cette entreprise. Et j'ai un vrai sentiment d'appartenance à cette entreprise. C'est une boîte qui m'a fait grandir. Et j'ai appris beaucoup de choses. Je pense qu'en fait, on se donne mutuellement. Parce que j'ai beaucoup donné à cette entreprise. Je pense que cette entreprise me le rend bien aussi. C'est un bon deal entre nous, en fait.

  • Speaker #2

    C'est intéressant.

  • Speaker #1

    Et du coup, je pense que tout ça, c'est OK. Après, lâcher ton équipe autant de temps. Moi, j'avais très peur pour mes équipes. Et du coup, la charge que je laissais en partant. Mais ça s'est fait. Et je me souviens d'un truc super. On a eu, en ce moment-là, j'étais enceinte et ça avait été annoncé que j'allais prendre cette direction du développement. Il y a eu un séminaire qui s'est calé entre deux. Je viens d'une stagiaire ou une alternante, je ne sais plus, qui me disait, ouais, j'ai su. Putain, mais moi, du coup, ça me donne trop envie de bosser dans cette boîte.

  • Speaker #2

    C'est là,

  • Speaker #1

    je me suis dit, évidemment, c'est là où ce genre d'actes et de trucs un peu modèles, évidemment, que ça te donne envie quand tu es une meuf et que tu vois que c'est possible et que non, tout le monde ne se fait pas mettre à la porte quand on annonce qu'il est enceinte ou au placard ou je ne sais pas quoi. C'est cool en fait. Et ouais, ça a été un grand moment dont je suis très fière. Je suis très fière de l'entreprise qui m'a proposé ça. Je suis très fière des managers qui ont voulu ça. Et franchement, c'était une super nouvelle. Et puis, on m'a attendue finalement. Et c'était bien.

  • Speaker #2

    Et toi qui étais workaholic, tu adores le travail pour les personnes qui ne sont pas très fans de ce mot, qui se donnent à fond. Tu as eu ton petit garçon et rester six mois plus plus avec lui 100% du temps sans toucher un PC. Comment ça s'est passé pour toi ?

  • Speaker #0

    Je t'avoue que je n'ai pas trop posé au PC parce qu'il fallait que je pense à endormir mon fils. Clairement, le boulot à côté de rester H24 avec un bébé de 6 ou 8 mois, c'est les vacances. On ne va pas se mentir. J'ai été vraiment mise à l'épreuve avec l'arrivée de mon fils parce que j'ai un profil, encore une fois, très scolaire, très dans l'organisation. Moi, mon fils, je veux dire, très bien, il ne dort pas, mais donnez-moi le planning dès quelle heure il va se réveiller pour que je m'organise. En fait, du coup, je ne comprends pas. Comment ça, il n'a pas de rythme et je ne peux pas savoir à quelle heure il va avoir envie de téter, de machin. Moi, complètement pas ma zone de confort. La maternité avec un nourrisson où il faut lâcher prise. Le lâcher prise, c'est un délire. Ouais, ce n'était pas simple. Je suis hyper fière de l'avoir fait. Je suis hyper fière du lien que ça a pu avoir avec. avec mon fils aussi difficile. Ça n'a plus été. Je peux dire qu'il est né en janvier et que je devais reprendre en septembre. Fin juillet, j'étais en mode genre « Oui, j'ai quand même prête de reprendre. » Il y a eu un switch, si tu veux. Début juillet, j'étais en mode genre « Ils ne vont jamais me revoir. Jamais, je laisse mon fils. » Et fin juillet, j'étais en mode genre « Franchement, reprenez-moi. »

  • Speaker #1

    Très vite. Je vous appelle pour organiser ma venue.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, je pense que j'étais arrivée et je souhaiterais à tout le monde Alors, ce mois, il a peut-être été à sept mois. Il y en a, ça peut être deux mois. Mais je ne souhaite pas à tout le monde d'avoir la chance d'arriver au bout, de dire « Ok, c'est bon. » Moi, c'était sept mois. Ça y est, j'ai compris. Je suis maman. Ça y est, je l'ai, les gars. Je ne m'entends plus juste dire, quand je dis « mon fils » , je ne m'écoute plus le dire en disant « waouh, c'est bizarre » . Ça y est, je l'ai. Je peux faire autre chose maintenant. Enfin, je peux faire aussi autre chose. Je peux être maman et autre chose. Donc, je suis contente d'avoir eu l'opportunité d'aller jusqu'à ce moment-là et de me dire « je veux reprendre le taf » . parce que je pense à certaines qui peut-être certaines c'est dix mois, peut-être certaines c'est deux mois mais celles qui n'ont pas l'opportunité d'arriver à cette phase-là et qui du coup reprennent un peu à contre-cœur je t'ai refaite de reprendre et donc ça, ça a été et il y a eu un grand moment aussi de ma reprise je crois que c'est deux ou trois jours avant ma reprise, ma DRH m'appelle et elle me dit ça va, comment tu te sens ? nous on est hyper content de te retrouver et tout Je lui dis, c'est hyper organisé, de toute façon, c'est la première semaine de reprise, c'est mon mari qui va tout faire. Elle me dit, ah non, ah non, non, non. En fait, là, c'est conseil de DRH, mais aussi de maman à maman, tu cales ton rythme le premier jour. C'est-à-dire que si le premier jour, tu dois te barrer à 17h30 pour aller chercher ton fils qui est chez la nounou, tu te barres à 17h. Sinon, tu vas te faire bouffer. Et j'étais vraiment genre, ah bon ? Ah bah, mais moi, je sais pas, c'était la reprise,

  • Speaker #1

    je voulais reprendre. Moi, je reprenais comme si de rien n'était.

  • Speaker #0

    Vas-y, je suis à... un de mes meilleurs conseils professionnels de toute ma vie. Et donc, j'ai fait ce qu'elle m'a dit. On a fait le planning avec mon mari de qui va le matin, le soir, dès le début. Et en fait, les gens s'adaptent. Je me souviens très bien quand on a commencé à chercher les nounous et qu'on a commencé à regarder les horaires quand les noms étaient encore petits. Et on s'est dit, mais 8h30, 18h30. Mais attends, moi, à 8h30, j'étais au travail, à 18h30... globalement, j'étais encore souvent au travail.

  • Speaker #1

    Et pour un petit moment, encore. Du coup,

  • Speaker #0

    comment je vais faire ? J'en ai pas dormi pendant trois jours. Et mon mari m'a dit, en fait, c'est un truc très simple. Tu vas moins travailler.

  • Speaker #1

    Ah, il est pragmatique,

  • Speaker #0

    ton mari ! Donc ça, d'accord. Ok. Mais du coup, comment je vais faire, en fait ? Et en fait, tu fais. C'est-à-dire que tu fais différemment. Tu délègues. Et tu vois, j'avais déjà eu un premier, après mon burn-out, de dire je dis non ou je mets les limites. Bah tu remets des limites en fait. Parce que de toute manière, t'as un truc vachement plus important. J'aborde adorément taf. Quand même un truc plus important que mon taf, c'est quand même mon fils quoi.

  • Speaker #1

    Alors oui, et j'ai envie de me faire un peu l'avocat du diable. Parce que là, si je me trompe pas, du coup t'as pris des responsabilités.

  • Speaker #0

    Il y a peu de temps,

  • Speaker #1

    oui. T'es dans un monde d'hommes. Oui. Où clairement, il n'y en a pas beaucoup. qui vont chercher leur fils ou leur fille à 17h30 ou à 18h. Peut-être que je me trompe, que dans cette boîte, c'est extraordinaire. Non,

  • Speaker #0

    c'est pas parfait.

  • Speaker #1

    Mais du coup, comment tu fais pour être celle qui a décidé de dire « Non, mais en fait, je vais être aussi maman, avoir mes responsabilités. » Est-ce que c'est facile ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas facile. Encore une fois, ce n'est pas facile. Tu vois, quand on m'a proposé ce nouveau poste, une des premières choses que je me suis dite, c'est « Est-ce que je ne vais pas faire flamber l'équilibre familial entre mon mari, mon fils et moi ? » Parce que nouveau poste, responsabilité encore au-dessus, on va en attendre encore peut-être plus de mois, plus d'équipes à manager. Est-ce que c'est la marge du dessus ? En fait, au vu du contexte familial, elle est OK. Et en fait, j'en ai discuté avec des gens. On m'a dit, mais en fait, je ne vois pas où il est le sujet. En fait, tu as des compétences, tu es maman, tu mets tes barrières, tu mets tes limites. La première fois que j'ai dû, quand je suis rentrée de congé maternité, je me souviens très bien, il y avait une réunion en fin de journée qui commençait à s'éterniser et moi, je devais partir. Une réunion, on était peut-être huit ou neuf. J'étais la seule meuf. Et j'ai dû me lever de la réunion pour dire, je suis désolée, il faut que je parte, je vais chercher mon fils. Ce jour-là, j'étais énervée. Je me suis dit, putain, déjà, coïncidence de fou, je suis la seule fille, je suis la seule femme de ce truc, c'est moi qui dois me lever pour aller chercher... Mon fils, bon, après, hasard du calendrier, ça aurait pu être le soir où c'était mon mari, mais ce jour-là, il se trouve que c'était moi. J'étais énervée parce qu'en fait, je n'avais pas envie d'aller chercher mon fils, j'avais envie de continuer cette réunion, de savoir quelles étaient les conclusions. Je me suis dit, ah ouais, donc ça va être ça maintenant. Le sujet, c'est qu'il y a des trucs que je vais devoir zapper parce que je suis devenue maman. Et en fait, j'ai appris à vivre avec ça et à mettre des barrières. Et après, mon rêve, c'est qu'on n'attende pas d'être parent. pour le faire. J'adorerais que des personnes ici puissent se sentir légitimes à partir à 17h30, mais pas parce qu'ils sont parents. J'essaye de le dire au effort dans l'open space, quand lundi je me bats à 17h30, dire bonsoir, et malgré la position hiérarchique que je peux avoir. Tout le monde a le droit d'avoir une vie à côté, et si le taf il est fait, on s'en fout. Mais du coup, après, le fait est... Alors tout le monde dit, oui, tu vas travailler différemment, plus efficacement. Oui, sûrement. je suis désolée, je travaille moins la vérité c'est qu'avant mon fils et maintenant je travaille moins il n'y a pas de débat et ça c'est ok maintenant et les résultats ? je pense qu'ils sont les mêmes sinon on ne m'aurait pas proposé une promotion juillet dernier je pense qu'on considère que je fais toujours du bon boulot donc comme quoi c'est pas une question de temps passé au bureau on pourra toujours faire plus on en dira toujours Moi, je pourrais travailler le samedi, le dimanche, je pourrais toujours améliorer des trucs. Tant pis, on fait des choix, en fait. Moi, aujourd'hui, je choisis mes combats aussi. Ouais, c'est pas parfait, il faudrait qu'on fasse un process pour ça, il faudrait qu'on crée ce PowerPoint, il faudrait qu'on fasse plus. Ouais, mais les journées font que 24 heures. Et puis, j'ai beau être super fière de ce que je fais et de participer à la transition énergétique, à faire un job qui a de l'impact avec des équipes que j'adore. mais à un moment donné, ça se stoppe. On ne va pas coucher là non plus. Donc, oui, accepter qu'on travaille moins, ça, je l'ai accepté. Je ne pensais pas en être capable.

  • Speaker #1

    Finalement, pour reboucler la boucle avec le début de notre discussion sur « je n'ai pas de rôle modèle » , finalement, du coup, c'est toi qui deviens le rôle modèle. C'est ça qui est intéressant.

  • Speaker #0

    Oui, peut-être. J'aimerais qu'il y en ait plein d'autres. C'est peut-être aussi un petit peu... J'ai toujours eu de l'ambition, j'ai toujours voulu manager, avoir une équipe, faire des choses qui avaient du sens. C'est un peu aussi, aujourd'hui, peut-être, il y a un petit côté militant, féministe, de prendre ces promotions à chaque fois pour peut-être être rôle modèle et pour dire si je peux montrer à d'autres femmes que oui, c'est possible, peut-être oui. Alors, ce n'est pas ce qui me drive non plus. Moi, j'aimerais en avoir plus aussi. J'aimerais avoir plus de rôle modèle. J'aimerais pouvoir m'identifier à d'autres personnes, notamment celles... Il y a des jours où c'est dur. Il y a des jours où tu te dis... putain mais en fait elles font comment les filles les meufs qui ont des enfants tu fais comment entre ton couple tes enfants, ton taf tes responsabilités, ton envie de faire ou même l'associatif franchement expliquez-moi les meufs expliquez-moi comment on fait mais ils aimeraient pouvoir en discuter un peu plus et il en manque encore il y a encore du boulot

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Encore du taf.

  • Speaker #1

    Et du coup, c'est intéressant parce que tu parles d'ambition. Et du coup, là, quand je t'entends, je me dis, ouais, donc en fait, elle est arrivée à un super poste à responsabilité. Elle est maman, elle arrive quand même à dire non et puis à créer son propre système dans lequel elle a de l'impact. Donc là, clairement, je me dis, t'es arrivée. Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Je pense que tu vois, j'aimerais... Ce qui me manque aujourd'hui, c'est peut-être la première chose que je fais aujourd'hui avec toi, c'est peut-être de transmettre. Je suis très intéressée de faire du mentoring, des choses comme ça, que je n'ai pas encore pris le temps de faire ça. Je pense qu'aujourd'hui, c'est plus ça qui pourrait être la suite, ou discuter. C'est toujours très intéressant de pouvoir transmettre. Aujourd'hui, il n'y a pas longtemps, on m'a proposé d'intervenir là où j'ai fait mes études, à Dauphine. Ça, c'est des choses où montrer aussi, mais même à plus petite échelle. Je viens de Picardie, dans un lycée qui était, à une époque, je ne sais pas si c'est toujours le cas, classé en ZEP. Quand j'ai fait un dossier pour Dauphine... On m'a dit, mais c'est quoi, tu postules, là ?

  • Speaker #1

    C'est très élevé. Ouais,

  • Speaker #0

    et un peu transmettre ce sujet-là, dire, en fait, c'est possible. Et il suffit aussi de rencontrer les bonnes personnes aussi qui peuvent vous dire que c'est possible, en fait. Essayer d'oublier ce que tu vois ou tu vois peut-être pas beaucoup de représentations féminines. Essayer d'enlever le bruit des gens qui te disent que c'est pas possible ou des choses comme ça. Et écouter aussi, essayer de prendre attache avec des ressources, des médias, des gens qui t'ont envie et qui t'inspirent. C'est aussi ça, écouter des podcasts. On parlait tout à l'heure du podcast de Bliss sur la maternité. Il y en a d'autres, il y a la matrescence, il y a d'autres sujets. Il y a un podcast que j'adore qui s'appelle Les couilles sur la table sur des sujets de féminisme. Et en fait, écouter des femmes parler ou des trajectoires de femmes où il n'y a pas assez de rôles modèles mais du coup, je vais les chercher ailleurs. Ça fait du bien. Mais ouais, je pense que la suite, ce serait peut-être d'essayer de transmettre et d'essayer de pouvoir accompagner des plus jeunes. Ça y est, je suis des plus jeunes que moi. Je ne suis pas vieille, mais... Non,

  • Speaker #1

    mais bon, on ne va pas se cacher. Il y a quand même des plus jeunes que nous maintenant.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. Voilà, c'est peut-être ça la suite.

  • Speaker #1

    Chouette, génial. Donc ça, c'est toi. Vu que tu as quand même le recul de plusieurs organisations, de ta place de femme dans les organisations, si tu devais donner trois conseils... Que ce soit de ton choix, soit à des organisations qui sont en train de se dire « Non mais en fait, moi, je veux plein de Marion dans mon organisation. Qu'est-ce que je fais en premier ? » Ou à des femmes qui ont vraiment été super inspirées par ton parcours et les trois conseils que tu leur donnerais. Alors, on peut faire trois et trois, si tu veux, si tu es super inspirée. Mais voilà, soit pour les organisations, soit pour les personnes qui nous écoutent, qui se disent « Non mais en fait, j'ai envie d'aller sur son chemin. »

  • Speaker #0

    Pour les organisations, la première chose qui me vient, c'est en fait former vos managers. Que ce soit des hommes ou des femmes, il faut développer les talents. Pour moi, il faut, dans notre filière, par exemple, essayer de développer les talents féminins parce qu'il n'y en a pas assez. Pour développer les talents, je dis que c'est aussi une question de rencontre avec des gens qui sont bienveillants et qui vont t'amener quelque part. Et donc, faites en sorte d'avoir des bons managers, franchement, les gars, à toute une fois. Et donc, formez vos managers. Il y en a, ils sont de base très bons managers, mais accompagnez les gens qui deviennent managers pour justement... eux-mêmes accompagnent demain les talents. Il y a trop peu de bons managers en fait. Ça te brise une ascension ou même sans parler d'ascension, ça ne développe pas toutes tes compétences et toute ton envie et toute ton ambition. Donc déjà pour moi, c'est vraiment former vos managers. Ça fait tellement de gens malheureux dans l'entreprise d'avoir des mauvais managers que c'est la première chose que je pourrais dire comme conseil.

  • Speaker #1

    J'ai envie de rebondir là-dessus parce que c'est vrai que dans ton histoire, ce que je retiens, c'est que c'est plusieurs choses. C'est à des moments clés de la vie, après ton burn-out, pendant que tu es enceinte, ce manager qui t'explique comment est-ce que vous allez trouver des solutions ensemble. Et aussi cette DRH qui t'appelle pour te donner un peu des tips sur comment est-ce qu'on gère cette nouvelle vie. Et je me dis, mais en fait, ces gens-là, c'est peut-être des toutes petites choses qui leur semblaient simples, parce que ça faisait partie de leur culture, ça faisait partie de qui ils sont. Mais en fait, dans des entreprises, quand des gens vont écouter ce podcast, ils vont se dire, mais attends, je vais aller chercher sur LinkedIn. Dans quelle entreprise elle est ? Ça m'a l'air, mais qu'est-ce que c'est que cette entreprise incroyable ? Donc, je suis d'accord avec toi. Le côté formé des managers pour leur permettre de faire preuve d'humanité et d'accompagner vraiment les équipes, effectivement, ça semble, au vu de toute ton histoire, un fondamental. Ouais,

  • Speaker #0

    je dirais ça. Après, je pense que j'en ai déjà dit pour d'autres personnes, notamment des femmes. Comme c'est... Pas avoir peur. Moi, j'ai posé des questions, par exemple. C'est un truc, ça a mis des années. Je préférais aller chercher dans mon coin, sur Google, alors qu'on pourrait gagner vachement plus de temps à interroger les experts. Donc, poser des questions et pas avoir peur de le faire, c'est compliqué. Parce que, justement, je te parlais de ce sentiment de syndrome de l'imposteur. Et tu posais des questions, on se dit qu'on va toujours se mettre un peu dans une situation. Ah ben, elle sait pas. Non, c'est pas grave, en fait. ça et mettre des limites, être capable de dire, là, en fait, ça ne marche pas. Malheureusement, je trouve que ça prend du temps à le faire. Ça prend du temps aussi parce que ce n'est pas des trucs qu'on t'apprend à l'école. Ce n'est pas des trucs qu'on te dit à l'école, à la rentrée, de te dire bonjour, vous êtes l'élite de la nation. Super.

  • Speaker #1

    Complètement. Et puis, surtout, c'est ce que tu as dit, on t'apprend à être bonne élève. Je pense que ce mot-là, tu l'as dit au moins 4-5 fois.

  • Speaker #0

    Parce que je suis de base d'une personnalité un peu scolaire et bonne élève. J'aimerais bien que demain, dans les écoles, on puisse apprendre des choses un peu différentes aussi, et notamment des sujets de santé mentale. C'est pas une mauvaise idée de mettre des limites. Et alors, c'est pas pour ça que tu seras moins performant. C'est pas pour ça qu'il faut pas être impliqué, pas être dynamique, pas être engagé. Mais savoir dire où sont tes stops aussi. Ouais. Et savoir dire non. Et puis, en effet, toujours poser des questions. Moi, je sais que je continue à poser des questions, à m'interroger et à me dire, bah ouais, je sais pas. Je pense que c'est beaucoup plus facile quand t'as fait ton trou dans l'entreprise ou que t'as prouvé que. C'est plus facile. de lever la main et de dire franchement, je n'ai pas compris.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est sûr que le premier jour, ce n'est pas très vendeur. Mais en même temps, c'est un peu ce que ta DRH disait, c'est que mettre aussi le ton d'être plutôt quelqu'un qui est dans la recherche, d'aller chercher l'information vers les bonnes personnes.

  • Speaker #0

    La curiosité en entreprise, moi, je trouve que c'est un truc que je valorise beaucoup. Des gens qui vont, même par eux-mêmes, tu vois, d'essayer de creuser. même quelqu'un qui va pas oser poser une question et qui va se dire j'ai quand même un peu cherché mais je suis pas sûre d'avoir compris je trouve ça génial donc ouais la curiosité ça reste quand même quelque chose soyez curieux quoi tout à l'heure tu nous as parlé de certaines ressources que t'aimais bien est-ce qu'il y a d'autres ressources là t'as parlé des couilles sur la table,

  • Speaker #1

    de Blizz, de la mastressance est-ce qu'il y a un bouquin un média que tu as envie de partager avec nous ?

  • Speaker #0

    il y avait un bouquin c'était merci mais non merci que j'ai lu au moment de mon burnout de Alix.

  • Speaker #1

    De Céline Alix.

  • Speaker #0

    De Céline Alix, exactement. Ça a beaucoup résonné en moi, ce bouquin.

  • Speaker #1

    Je rigole parce que c'est probablement la raison pour laquelle ce podcast existe.

  • Speaker #0

    C'est vrai ?

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est vraiment un bouquin que j'ai trouvé extraordinaire et qui, petit teasing, explique comment des femmes qui ont réussi à atteindre des postes à responsabilité témoignent sur des choses. qui se passe en entreprise, que ce soit le côté très politique, des événements comme une réunion qui commence à 9h au lieu de 9h30, qui ne permet pas à toute personne d'emmener ses enfants à l'école, pose problème. Ce genre de choses qui sont vraiment des réalités de terrain, de vécu de femmes, qui finalement abandonnent les organisations au profit de créer leur propre écosystème, parce que ces organisations ne leur permettent pas d'être elles-mêmes. Et effectivement, tu vois, c'est drôle que tu cites ça, parce qu'effectivement...

  • Speaker #0

    Ce livre, il m'a fait vachement de bien. Le livre « Foutez-vous la paix » aussi, il m'a fait vraiment de bien aussi. C'est surtout ça que je dirais. Puis après, en fait, les meilleures ressources, c'est parler avec les gens de tout ça, en fait. Et tu vois, c'est là où je pense qu'en effet, le mentoring, aller discuter avec des jeunes, etc. Je pense que je vais avoir envie de faire ça. C'est les meilleures ressources.

  • Speaker #1

    Génial. Écoute... est-ce qu'il y a un endroit où on peut te suivre ?

  • Speaker #0

    Je ne suis pas quelqu'un de très actif mais j'ai pris une résolution sur LinkedIn j'avais envie d'être de plus en plus active donc je dirais LinkedIn parce que pour parler de sujet de transition énergétique parce que c'est quand même mon métier et que ça me tient à cœur et que j'adore ça je dirais que c'est le mieux Parfait

  • Speaker #1

    Écoute, merci beaucoup Marion c'était une conversation hyper riche hyper intéressante merci beaucoup Merci à toi et puis j'ai envie de te dire à très bientôt

  • Speaker #0

    À très bientôt

Chapters

  • Introduction et présentation de Marion

    00:08

  • Parcours professionnel et désillusion initiale

    00:54

  • Choix de carrière et transition vers une petite structure

    02:00

  • Expérience en Amérique Latine et apprentissages

    03:14

  • Retour en France et équilibre travail-famille

    04:50

  • Gestion du burn-out et leçons apprises

    19:45

  • Conseils pour les femmes et organisations

    40:43

  • Conclusion et remerciements

    47:25

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