Speaker #0Bonjour et bienvenue sur le podcast des Bazars de la Santé, le podcast des boîtes à zen et à ressources destinées aux acteurs de santé pour parler de votre santé et de votre vulnérabilité, sans tabou et avec des bonnes ondes. Je suis Candice Delbé-Dupas, je suis chirurgien, coach, formatrice en soft skills en santé, et j'ai envie de vous faire partager sur ce podcast des ressources pratiques et efficaces pour mieux prendre soin de ceux qui aident les autres au quotidien. Belle écoute à tous ! Bonjour et bienvenue dans cet épisode 4 du podcast Les Bazars de la Santé, soutillé face au stress, notre urgence absolue. J'ai fait une petite pause de trois semaines avant de vous revoir et de reprendre l'antenne, car j'avais besoin de voir comment vous vous empariez du podcast, quelles étaient vos habitudes d'écoute et d'avoir vos retours. Après mille écoutes en six semaines, je considère que ce podcast a fait son job. Il sème des graines qu'on va laisser... infuser avant de voir les premiers bourgeons sortir. Avec vos retours, j'ai donc décidé de passer à un épisode tous les 15 jours. Le temps de vous laisser diffuser autour de vous l'épisode et pour moi, d'incarner mon modèle sans surchauffe. Je vais aussi pouvoir déléguer son montage d'ici peu et j'ai aussi le plaisir de vous annoncer qu'il a intégré MedCheck Studio qui reprend de très nombreux podcasts liés à la santé. Je suis donc... infiniment ravie de vous retrouver aujourd'hui pour parler de stress. Il y a un peu plus de trois semaines, le 25 septembre, j'ai animé avec l'Institut de soins infirmiers et aides-soignants de l'hôpital de Vichy un ciné-débat autour du film en première ligne de Petra Volpe. En une heure et demie, on vit les 7h30 d'un poste du soir d'infirmière dans un hôpital suisse, sans filtre. On y voit la réalité d'un service de chirurgie face au cancer, face au décès des patients, aux interruptions permanentes de tâches et à la sursollicitation de tout type. Une collègue est en arrêt maladie et tout le quotidien se déroule sous nos yeux. Ce film est un véritable électrochoc. Il nous rappelle que si l'on ne prend pas soin de nos professionnels de santé aujourd'hui, demain, personne ne sera là pour nous soigner. Petra Volpe conclut avec des chiffres toujours effrayants sur le nombre d'infirmières prévues pour 2030. Je refuse que l'on perde la moitié de nos effectifs paramédicaux sans rien faire. Et chez les bazars de la santé, on adore l'idée que si la prise de conscience se fait maintenant, on pourra peut-être faire mentir ces chiffres. Mais pour cela, cette prise de conscience doit être globale. Nous, acteurs de santé et de terrain, comme la population générale et les décideurs, devons comprendre ce qui se joue actuellement. Face à ces étudiants en santé ainsi qu'à leurs formateurs et leurs instructeurs, j'avais à cœur de leur partager ce que j'avais vu, moi, dans le film. J'y avais vu son humanité, l'humanité de Floria. Cette merveilleuse infirmière incarne ce qui fait toute la beauté de nos métiers. Elle s'assoit à côté des patients démons et leur chante des chansons pour les rassurer. Elle rit avec sa collègue pour faire baisser la pression. Elle pleure lorsqu'elle en a besoin. Elle trouve du sens en accompagnant une patiente pour sa dernière toilette ou en donnant des sucettes aux enfants d'une jeune patiente en soins palliatifs. J'ai voulu leur dire ça. Ce métier est beau dans cette connexion à l'être humain. L'intelligence artificielle pourra remplacer une partie des aspects techniques de nos métiers, mais jamais l'humain. Et c'est là que nous retrouvons du sens. C'est là que nous saurons faire évoluer nos métiers. Mais le virage est dur, et c'est ce qui se passe en ce moment. Alors la première urgence pour nous, pour vous, les jeunes étudiants dans ce monde difficile, c'est d'être armés face au stress. Le stress est majeur, il s'aggrave globalement dans la population générale, mais encore plus chez les acteurs de santé. Et c'est ce qui rend malade. Il détériore notre santé mentale, mais aussi notre santé physique, et impacte également notre santé sociale, puisque de temps en temps, ça amène jusqu'à nous isoler. Alors cet épisode, il est là pour parler de stress. Je vais, comme toujours, vous secouer un peu avec les chiffres récents et surtout vous donner des pistes simples, pragmatiques et concrètes à tester, voire à mettre en œuvre chaque jour. Je vous rappelle que nous sommes des boîtes à zen et à ressources de la santé. Toutes les ressources dont on va parler ne peuvent pas convenir à chacun, mais elles méritent d'être diffusées, connues et essayées. Car pour diminuer le stress et ne pas se laisser submerger, il faut s'entraîner, comme on s'entraînerait à un sport. pour que chaque jour, notre niveau de stress puisse diminuer un peu plus. C'est ça qu'on appelle la psychoéducation. Alors quand je parle de stress, je parle de quoi ? De quel niveau de stress je parle ? Eh bien, les études sortent de plus en plus nombreuses, de plus en plus récentes. Et merci pour ça à l'association SPS, devenue récemment l'Institut pour la santé des soignants. Doctolib, qui s'est associé à SPS, a mené une étude en mars 2025 sur les soignants libéraux. Les résultats sont, comme d'habitude, sans appel. 49% présentent un niveau critique d'épuisement professionnel. 18% ont un diagnostic formel de burn-out. 19% souffrent de dépression. 60% ressentent une fatigue générale liée au stress quasi permanent. 40% déclarent subir des agressions verbales. Et parmi eux, ce sont les médecins généralistes et les chirurgiens dentistes les plus touchés par le burn-out critique en libéral. Chez nos étudiants en santé, les choses s'aggravent encore plus. Je vous donne ici quelques chiffres, mais il y en aurait des centaines à vous donner. 43% des étudiants en première année de PASSE-LASSE déclarent un stress intense plusieurs fois par jour. 61% des étudiants infirmiers disent que leur santé mentale s'est dégradée depuis le début de leur formation. 52% des étudiants de deuxième année de médecine présentent des symptômes anxieux. Et 21% déclarent avoir des idées suicidaires. Alors on peut continuer à faire comme si ces chiffres n'existaient pas. Je peux continuer à écouter une partie de la génération juste au-dessus de nous, qui nous dit « mais le stress a toujours existé, qu'on arrivait à le gérer avant, que c'est un problème générationnel » . Là, j'ai envie de répondre à ceux qui font partie de cette génération juste au-dessus et que je respecte infiniment. En chirurgie notamment, c'est mon domaine de prédilection. Je vais vous donner des exemples. Je vais leur rappeler qu'à leur époque, et c'était... Il n'y a pas si longtemps, il y a encore 30 ans de ça, ils opéraient les patients au fil de l'eau. Il n'y avait pas de programmation au bloc opératoire. Il n'y avait donc jamais de problème de manque de lit, d'infirmière manquante, de salle de bloc saturée. Il n'y avait jamais de pénurie de matériel, de médicaments. Il n'y avait pas d'agression sociétale permanente, ni cette perte de respect ou de reconnaissance de nos métiers. Et encore moins de remise en question de nos savoirs par l'intelligence artificielle. Il n'y avait pas... un an d'attente pour recevoir les patients. Et surtout, il n'y avait pas cette informatisation à outrance qui fait naître un mot à part entière, le technostress. Il n'y avait pas non plus ces process à rallonge, ces couches administratives qui alourdissent le quotidien et rajoutent du stress à chaque étape. À cette génération-là, qui n'a pas envie d'entendre que le stress est en train d'abîmer foncièrement nos santé, j'ai envie de dire Malheureusement, ce n'est pas notre métier de soignant, en tout cas pas l'acte de soigner ou de prendre soin, qui est la cause principale de notre stress. Le premier stress, c'est le système lui-même. Il vient de ce système malade qui exerce une pression d'enfer sur chacun de nous et qui, au final, nous rend malades à notre tour. Et c'est ce que j'ai dit à mes petits étudiants et étudiantes infirmières il y a trois semaines. Je n'ai pas les cordons de la bourse. Je n'ai pas les cordons politiques pour changer ce système malade. Mais ce dont je suis intimement convaincue, c'est qu'il faut vous donner et nous donner les armes, entre guillemets, pour gérer ce stress au quotidien. Et c'est une urgence absolue. Parce que les conséquences de ce stress, c'est quoi ? Eh bien, ce sont des épisodes d'épuisement professionnel massif, répétés, responsables d'arrêts maladie et d'arrêts maladie longue durée. C'est aussi une aggravation des symptômes somatiques, avec notamment une exacerbation des troubles musculosquelétiques par la charge mentale et le stress. Et puis, il y a les intentions de reconversion majeure. Certaines études vont jusqu'à 71% d'intentions de reconversion chez les soignants de première ligne. Sur les reconversions effectives, les statistiques publiques de l'adresse montrent que près d'une infirmière hospitalière sur deux a quitté l'hôpital après 10 ans d'exercice. Il n'y a jamais eu autant d'applications et d'entreprises dédiées à la reconversion des infirmières et des médecins. C'est un signe fort, ça, quand même. Infirmières reconversion, maîtres reconversion, Charlotte K. Je vous mettrai les liens dans les notes de l'épisode. Pas parce que j'ai envie que vous vous reconvertissiez, très loin de moi cette idée, mais parce que j'ai eu une petite dose d'espoir. En effet, en échangeant lundi avec Julien Bernard d'Archimède Carrière Médicale, Il m'a expliqué que 80% des personnes qui passent par ces accompagnements ne changent finalement pas de métier, mais changent de lieu et de modèle d'exercice pour un environnement plus adapté à eux, à leurs besoins, à leur fonctionnement. Et ça, ça me convainc profondément que se former aux compétences psychosociales, notamment à la connaissance de soi, à l'intelligence émotionnelle et la communication, c'est essentiel. Parce que mieux on connaît son fonctionnement, ce dont on a besoin, plus on trouve des postes adaptés à nos fonctionnements et à nos compétences techniques. Et ça, c'est ma première petite lueur d'espoir du jour dans cet épisode. Je vais maintenant vous partager les trois ressources du jour à propos du stress. La première ressource sera des outils rapides, pragmatiques et gratuits de gestion du stress en quelques minutes. En deuxième ressource, ce sera un partage d'expérience autour de l'interruption de tâches qui augmente le stress au quotidien. Et en troisième ressource, ce sera une proposition des facteurs humains en santé sur le briefing et débriefing de journée. Alors, pour les techniques rapides et validées de gestion du stress, je vous mettrai d'ailleurs pour chacune de ces techniques des liens pour aller les exploiter, je vais commencer par la cohérence cardiaque. Le principe est simple, c'est faire 6 respirations complètes par minute pendant 5 minutes 3 fois par jour. Le bon rythme, c'est donc d'inspirer pendant 5 secondes et d'expirer pendant 5 secondes, ce qui fait 6 cycles respiratoires par minute. Ce rythme, qui n'est pas un rythme naturel, régule le système nerveux autonome, baisse le cortisol, améliore le sommeil et la récupération. Il y a beaucoup de guides en ligne et d'applications gratuites. Je vous en propose plusieurs ici, Respire Relax, Petit Bambou dans sa version cohérence cardiaque. Et sinon, il y a beaucoup de guides respiratoires sur le site que j'ai trouvé le mieux fait sur la cohérence cardiaque qui est coherenceinfo.com. Je vous mettrai bien sûr tous les liens. Très honnêtement, la pratique de la cohérence cardiaque pendant mon deuxième épisode de Burnout a fait partie des trois outils d'intervention non médicamenteuse les plus efficaces pour baisser le stress quotidien, en plus bien évidemment de ma psychothérapie et des antidépresseurs. La seconde technique que je vous partage ici, c'est la technique du STOP. STOP étant un acronyme de quatre lettres. S, c'est pour Stop, je m'arrête pendant dix secondes. T, c'est pour Take a breath, et vous... Je ne m'en voudrais pas de mon accent anglais extrêmement pourri, on va le dire. Ou alors, ça peut être T pour temps de respiration. Je prends une grande respiration. O, j'observe. J'observe ce qui se passe dans mon corps, dans mes émotions, dans mes pensées. Je prends du recul sur ce qui est en train de se dérouler. Et P comme proceed. Je reprends ce que j'étais en train de faire avec plus de clarté. C'est une pause hyper courte, mais c'est redoutablement efficace pour calmer le stress. Troisième technique, la respiration main sur le ventre. Dès que vous sentez monter du stress, mettez une main sur le thorax, une main sur le ventre. Vous inspirez profondément par le nez, gonflez le ventre. Expirez lentement par la bouche pendant 2 à 3 minutes. Très rapidement, vous allez avoir une bascule vers la détente. Je vais être très honnête, ça m'arrive de le faire dans l'ascenseur par exemple avant de monter au bloc opératoire. Autre outil, la méditation de pleine conscience. Les études ne laissent maintenant plus de doute, on sait. que la méditation de pleine conscience réduit efficacement le stress. Il existe de nombreuses applis de méditation guidée. Moi, pour ma part, j'utilise Calm, qui propose chaque jour une séance guidée différente de 10 à 14 minutes avec une citation inspirante. Je la pratique après mon flot de pensée. C'est la dernière technique que je vais vous partager juste après. Le flot de pensée, je l'ai découvert grâce au podcast et au coaching Change ma vie de Clotilde Dussoulier, dont je vous ai déjà parlé. Le principe, c'est pendant 5 minutes, plutôt en début de journée, chronomètre en main, j'écris tout ce qui me passe par la tête. C'est surtout pas une to-do list, mais je pose sur le papier toutes les pensées, parasites ou non, qui encombrent mon mental. Pourquoi ? Parce que, je vous le rappelle ou je vous l'apprends, un cerveau humain génère entre 50 000 et 70 000 pensées par jour, dont 80% sont négatives et 80 à 90% d'entre elles sont les mêmes que la veille. Alors Clotilde Dussoulier le dit très bien, nous ne sommes pas nos pensées. Donc cet exercice, ça aide à prendre de la distance sur nos pensées, désengorger la charge mentale et retrouver de la clarté et baisser le stress et l'anxiété. C'est gratuit, ça demande une feuille, un stylo et cinq minutes et c'est particulièrement efficace. Voilà pour les cinq outils que je vous ai donnés en première ressource de façon pratique, efficace, gratuite. Et rapide, 5 minutes pour baisser le stress. La deuxième ressource que j'ai envie de partager avec vous, c'est sur l'interruption de tâche. Cette ressource, elle m'est venue lors du débat du film de Petra Volpe en première ligne, parce qu'avec les étudiants, en regardant ce film, chaque décroché de téléphone ajoutait pour ma part une dose de stress supplémentaire. Je le vivais dans mes tripes, il n'y a pas d'autre mot avec Floria. Sur le site de l'ANAP, l'Agence Nationale d'Appui à la Performance des Établissements de Santé et Médicaux Sociaux. C'est un peu long. retenez ANAP, je vous mettrai aussi le lien bien évidemment pour y aller, vous trouverez plein d'initiatives innovantes pour le partage de bonnes pratiques et il y a notamment des partages sur l'interruption de tâches. Voilà l'exemple inspirant que je vous partage ici. L'hôpital d'instruction des armées de Persil ont mis en place des brassards ne pas déranger. Ils le portent sur des temps donnés dans la journée, et c'est un dispositif qui offre donc une bulle de concentration pendant les tâches critiques. Le résultat, le travail est plus sécurisé, il y a une meilleure qualité de vie au travail, un meilleur bien-être soignant, et tout ça à faible coût. Bien sûr, il faut adapter ces dispositifs au contexte, par exemple pour la réanimation, le bloc opératoire, et puis il faut communiquer clairement sur ce qu'implique le port du brassard, et former les équipes. et les patients à cette reconnaissance mutuelle. Ça paraît un petit geste, mais ça a vraiment fait déjà preuve de son efficacité. Et puis, c'est un grand pas pour diminuer le stress collectif. Je vous mettrai, bien sûr, aussi le lien vers la nappe et ce dispositif pour voir comment ils l'ont mis en place. La dernière ressource que j'ai envie de vous partager ici sur la gestion du stress, c'est pour moi la place de la parole planifiée. Je vais donc vous partager ce que j'ai évoqué avec les étudiants lors du visionnage du film. Dans le film de Petra Volpe, il y a une étudiante en santé qui est là, et globalement, elle ne passe pas non plus un bon poste. Et je leur expliquais à quel point le système étant malade, ce n'est pas nous qui étions malades, et bien de l'intérieur, il arrivait qu'on n'ait même plus le temps ou l'énergie d'accueillir comme ils le méritaient nos étudiants. Je pense aussi à nos internes, par exemple, parce qu'on n'a pas le temps déjà pour nous-mêmes, donc on ne trouve pas forcément le temps pour eux. Et ça crée du stress supplémentaire, à la fois pour eux, mais aussi pour nous, parce qu'à ce moment-là, on n'est pas le soignant ou l'encadrant qu'on aimerait être. Et là, les étudiants, ils ont beaucoup réagi. Il n'y a pas d'espace pour nous, pour parler, pour dire ce qui s'est passé, bien ou mal d'ailleurs, dans la journée. Voilà la ressource concrète que j'ai envie de vous partager. Donner de la place à la parole dans la journée et la cadrer, même dans nos quotidiens surchargés. C'est essentiel et c'est du temps pris pour mieux travailler ensemble, donc il faut le prendre. J'ai découvert cette technique du briefing-débriefing grâce au podcast Facteur Humain en Santé et son association et je l'ai mis en place. L'idée, c'est de faire un briefing le matin et un débriefing le soir. comme dans les environnements à stress collectif intense, l'aviation, le nucléaire. Exemple pratique, 5 minutes le matin, quand j'arrive dans ma salle de bloc opératoire, c'est « comment vous allez vraiment ? » Ce n'est pas un « ça va, lancez à la volée » où de toute façon, tout le monde répondra « ça va » de façon machinale. C'est un vrai « comment allez-vous ? » Y a-t-il quelque chose de votre vie personnelle qui pourrait impacter votre journée et donc notre journée collectivement ? Je ne sais pas, moi, votre enfant est malade ? Vous avez appris une mauvaise nouvelle hier, je ne sais quoi. On peut aussi partager des éléments pratiques de la journée. Moi, je peux dire, les cinq premiers malades, pas de problème. Le sixième, par contre, il risque d'être un peu compliqué. Ça pourrait peut-être, moi, me générer un peu de stress supplémentaire. Donc, je le partage à l'équipe. Ce petit moment, ça permet de prévenir un stress supplémentaire. Ça permet de poser ce qui doit être posé sur le plan humain. Et ça permet de préparer l'équipe pour mieux travailler ensemble. Le soir, le débriefing, c'est pareil, ça ne peut prendre que cinq minutes. C'est l'occasion de déposer et parler de ce qui s'est passé, bien ou mal, des moments difficiles ou perturbants. Quand on sait, dès le début de la journée, que si jamais il se passe quelque chose qui va nous perturber, on aura la place, le lieu, l'endroit, le moment pour en parler, déjà ça apaise le stress. Et même cinq minutes, ça n'a pas de prix. Alors les étudiants, ils étaient surpris. On ne pourra jamais faire ça, ce ne sera jamais possible. Je leur ai répondu. Mais et si vous étiez force de proposition ? Si vous étiez moteur du changement ? Demain, c'est vous qui allez décider des règles. Alors oui, c'est compliqué. Oui, il y a des questions de gestion de conflits, de génération, d'organisation. Mais de toute façon, ce que nous faisons actuellement aggrave le système. Alors soyons force de proposition, ensemble pour faire mieux. Testez ce briefing-debriefing en début et fin de poste. Franchement, ça libère énormément de tensions, ça sécurise la qualité du travail et ça crée un moment précieux de soutien et d'écoute pour tous. Pour conclure, j'ai envie d'adresser un message à tous les décideurs, aux doyens de faculté, aux établissements de formation, aux établissements de soins, aux établissements médico-sociaux. La prise de conscience, elle doit se faire dès le démarrage. Il doit y avoir une obligation à former et armer nos futurs acteurs de santé ou les nouveaux entrants pour qu'ils sachent prendre soin d'eux et surtout gérer le stress. Et bien sûr, cette dimension doit... aussi trouver sa place dans les formations médicales et paramédicales continues. Je repense à une anecdote. Un collègue que j'ai croisé après mon retour de 6 mois d'arrêt maladie pour burn-out, auquel j'ai ajouté 3 mois de plus pour une fracture du scaphoïde droit. À ce moment-là, dans notre hôpital de 200 praticiens hospitaliers, nous étions plus de 15 en arrêt maladie longue durée. Et là, mon collègue me dit « J'ai bien réfléchi, avec tout ce qui se passe, tout ce qui vous arrive, j'ai changé ma prévoyance. » Cette phrase m'a fait sourire, bien sûr. Mais si seulement on pouvait prendre la toute petite marche supplémentaire. Plutôt que d'adapter sa prévoyance, enclencher un vrai changement. Comprendre que nos métiers sont des risques pour notre santé. Changer sa prévoyance, c'est bien. Mais prendre soin de notre stress invisible, de nos comportements induits par le stress, de nos automatismes de survie. C'est ça, la petite marche supplémentaire. Celle que j'ai hâte que nous gravissions ensemble, chaque jour. pour nous-mêmes et pour nos patients. Et puis je repense à cette phrase dite par un membre du comité de direction de la CPM de l'Allier que j'ai rencontré dans une réunion récente. « Ce que vous faites, docteur, ça ne devrait pas exister. Vous palliez tout ce qui manque pour les acteurs de santé, alors que c'est le rôle des politiques publiques. » Ça m'a touchée. Mais je sais ce que nous faisons vraiment. Nous semons des graines. Ces graines permettent d'avancer plus vite que l'État. qui est trop freinée, trop bloquée. Et surtout, elles permettent d'obtenir des résultats tangibles, ici et maintenant, parce que c'est maintenant qu'on a besoin que les choses changent. Les bazars de la santé, comme SPS et comme tant d'autres associations engagées que j'ai la chance de rencontrer grâce à ce projet, ont leur utilité sociale et publique. Et j'espère de tout cœur que ce podcast en aura aussi une d'utilité publique. Alors voilà, je vous le dis. Je vous les donne, prenez ces clés, testez-les, trouvez ce qui fonctionne pour vous. Mais surtout, ne restons pas englués dans un système qui ne s'adapte plus seul, pour que demain, la santé puisse continuer à être aussi belle et aussi précieuse que celle que nous avons déjà connue en France. J'ai hâte que vous me fassiez des retours pour me dire que votre stress a baissé, que vous avez trouvé vos mini-armes à vous pour continuer votre très belle vocation. Et si ce podcast vous plaît, surtout mettez-lui une note 5 étoiles. Partagez les épisodes à vos proches, vos amis, vos acteurs de santé autour de vous. C'est comme ça que les petites graines qui sont dans la terre se mettent à bourgeonner, commencent à grandir. Soyez les boutures d'un système de santé en meilleure santé, les boutures d'humains de la santé en meilleure santé, pour que ensemble nous continuions à prendre soin de chacun de nous. Allez, je vous dis à très vite.