Speaker #0Bonjour et bienvenue sur le podcast des bazars de la santé, le podcast des boîtes à zen et à ressources destinées aux acteurs de santé pour parler de votre santé et de votre vulnérabilité sans tabou et avec des bonnes ondes. Je suis Candice Delbé-Dupas, je suis chirurgien, coach, formatrice en soft skills en santé et j'ai envie de vous faire partager sur ce podcast des ressources pratiques et efficaces pour mieux prendre soin de ceux qui aident les autres au quotidien. Belle écoute à tous ! Bonjour et bienvenue dans l'épisode 5 du podcast des Bazars de la Santé. C'est le dernier épisode que je monterai moi-même avant de déléguer le montage au groupe Camus. Ça permettra de me redonner ainsi du temps pour vous retrouver plus régulièrement. Vous êtes déjà plus de 1500 à avoir écouté les premiers épisodes et je suis... tellement heureuse de toutes les graines qui se plantent grâce à vous, par le partage notamment que vous en faites. Merci infiniment pour ça. Aujourd'hui, dans les bazars de la santé, on va parler d'un truc qui change vraiment la vie quand on travaille ou qu'on gravite dans le soin. La formation en compétences psychosociales et en facteurs humains et organisationnels en santé. J'ai décidé d'en parler car j'ai participé il y a trois semaines au premier Afterworks. en visio du CEPHRAS, sous l'égide d'Alexis Bataille-Amber, dont je vous ai déjà parlé, qui est donc un collectif engagé pour la santé des soignants, pour réfléchir ensemble et prendre soin de ceux qui prennent soin. Avec François Jolin, on a exploré les facteurs humains en santé, et j'ai eu envie d'en faire un épisode, parce que ça touche pile à ce dont personne ne nous parle pendant nos études. Comment nous faisons, nous, en tant qu'humains, autant partie du système que la technique, les traitements ou les process pour la santé. Ce levier permet aussi d'améliorer le bien-être des soignants en renforçant la qualité des soins et la fiabilité de ceux-ci. Alors là, vous comprenez pourquoi j'avais envie de vous en parler aujourd'hui. Et alors, spoiler alert, tout ça, ça se travaille. Tout comme les compétences psychosociales que j'affectionne particulièrement. Mieux se connaître, mieux comprendre nos besoins émotionnels, mieux coopérer. Bref, remettre du lien, du sens et surtout beaucoup d'humains dans nos pratiques. Et maintenant que je suis moi-même formatrice en process communication modèle, je vois à quel point ce genre d'outil peut transformer notre manière de travailler autant que nos relations. Alors aujourd'hui, on ouvre ensemble ce sujet à la fois des facteurs humains et organisationnels en santé et de la formation en compétences psychosociales. Et j'ai nommé l'épisode du jour du même nom que le slogan des bazars de la santé, « Prendre soin de l'humain » . pour assurer la santé de demain. Alors de quoi parle-t-on lorsque l'on parle déjà de facteurs humains et organisationnels ? Les facteurs humains et organisationnels en santé permettent d'apprendre à regarder le travail réel, pas juste les protocoles, à comprendre comment les soignants interagissent, décident, se coordonnent et compensent dans la vraie vie, là où tout ne se passe pas toujours exactement comme prévu. Il révèle à quel point les compétences non techniques, communication, leadership, gestion du stress, conscience de la situation, sont essentielles à la sécurité des patients. François Joulin est anesthésiste réanimateur et cofondateur de Facteurs humains en santé. Voilà comment il les décrit. Les facteurs humains, c'est tout ce qui permet de rendre impossible ce qui est dangereux et de rendre très facile ce qui marche et ce qu'il faut faire. Les facteurs humains constituent une science qui est issue de l'ingénierie des systèmes complexes. Leur objectif n'est pas de corriger les erreurs, mais d'améliorer la fiabilité collective. Ils utilisent les outils issus de l'aéronautique, comme la checklist, le cockpit stérile, l'analyse post-incident, qui sont facilement transposables aux environnements de soins. Et quand on parle d'erreurs en facteurs humains, on change... complètement de paradigme par rapport à la représentation que nous on s'en est fait en santé. Ici, l'erreur humaine n'est pas une faute morale, elle révèle souvent une défaillance de contexte et d'organisation. Les propositions pour améliorer et analyser l'erreur en facteur humain prennent donc un autre point de vue. La sécurité psychologique est le premier levier de performance collective. Pouvoir parler librement des erreurs améliore la qualité globale. D'ailleurs, il est prouvé ... que les équipes qui déclarent plus d'erreurs ont une ambiance de travail meilleure, car les équipes savent parler entre eux. La simulation en santé... en fait partie également et devient un outil stratégique pour tester les organisations et favoriser la culture de sécurité. La pensée système permet également de remplacer la culture de la faute. Comprendre comment et pourquoi les conditions de travail favorisent ou réduisent d'ailleurs les risques d'erreur. La simplification du design, des procédures et des interfaces est également une clé de fiabilité organisationnelle. Alors, dans les facteurs humains et organisationnels en santé, on y parle communication, prise de décision en situation complexe, gestion du stress, de travail en équipe, de culture juste. Celle qui ne cherche pas donc un coupable dans les moments où il y a un problème, mais qui cherche à comprendre pourquoi le système a permis l'erreur. On y apprend donc à faire la différence entre l'erreur individuelle et la faille systémique, entre le geste isolé et le contexte organisationnel. On passe ainsi d'une culture du blâme à une culture de fiabilité partagée. Le mot est merveilleux, j'en profite, je le redis, la fiabilité partagée. Où chacun devient acteur de sécurité, pas juste un exécutant de protocole. Et là, ça change vraiment tout. Alors là, vous comprenez pourquoi parler de facteurs humains et organisationnels en santé, ça a toute sa place dans ce podcast sur la vulnérabilité et la santé des acteurs de santé. Intégrer les facteurs humains dans les DU universitaires et la formation paramédicale, ça accélère la diffusion de cette culture. Et le plus beau, c'est que cette formation, ça ne sert pas qu'à éviter des erreurs ou à améliorer la qualité des soins. Elle sert aussi à prendre soin des humains qui font le soin, à renforcer leur santé mentale et leur sentiment d'efficacité, à remettre du sens dans la coopération. Parce qu'au fond, la sécurité des soins, Ça commence toujours par la sécurité des soignants. C'est évident, en le disant, ça l'est nettement moins dans les faits. Et ce qui est encore plus fou, c'est le paradoxe. Pourquoi le paradoxe ? C'est que les soignants sont parmi les humains qui théorisent le facteur humain, mais pour les autres secteurs, et qui ne s'en saisissent pas pour eux-mêmes. Par exemple, on continue à faire des gardes de 24 heures, à avoir du mal à mettre les repos de sécurité obligatoires partout. Et en plus, on n'enseigne pas les facteurs humains aux futurs humains. de la santé. Il existe pourtant en France une société savante dédiée aux facteurs humains et organisationnels en santé. Le sujet est donc documenté, théorisé, enseigné, mais globalement très peu mis en pratique dans nos propres organisations. Et alors quand on compare avec d'autres secteurs, comme l'aéronautique, l'aérospatial et même le nucléaire, on réalise qu'on a presque 50 ans de retard. Oui, oui, oui, 50 ans. Alors pourquoi ? Pourquoi on a 50 ans de retard sur... Une culture que l'on connaît, que l'on théorise. Il y a plusieurs pistes à explorer pour ça. Déjà, historiquement, on a pensé que la qualité des soins reposait d'abord sur la technique, ensuite sur le matériel, puis sur les procédures. Et puis, tout au bout de la chaîne, on s'est dit que ça reposait sur l'humain. Alors qu'en réalité, c'est l'inverse. Ce sont les humains qui font vivre la technique, les procédures et l'organisation. Les autres pistes et les autres raisons de notre retard par rapport au secteur à risque, Elles en disent aussi beaucoup sur notre culture professionnelle. Déjà, on a hérité d'une culture héroïque. On ne nous a pas donné le badge de héros, je m'entends, quand on est rentré dans nos formations en santé. Mais ça s'est construit, la santé, sur ce modèle-là. Le modèle où il faut tenir, encaisser, continuer malgré tout. Tout ça, c'est normal, c'était normalisé. Demander du soutien, c'était lu comme un aveu de faiblesse. On a fait de la vulnérabilité humaine un tabou. Nous, médecins, si je parle de ma formation initiale, par exemple, je n'ai jamais su et on ne m'a jamais enseigné que les erreurs humaines évitables étaient la troisième cause de mortalité en santé. Alors forcément, on ne s'est jamais dit d'emblée qu'on allait investir sur l'humain, sur un tabou de vulnérabilité. Ensuite, on a souvent confondu performance technique et performance humaine. Dans nos organisations, on améliore en permanence les machines, les procédures, l'outillage, les traitements. On a intensifié et complexifié les soins et les organisations, mais pas les compétences relationnelles et humaines. Or, plus on augmente la logique de rationalisation et de productivité des systèmes déconnectés de l'humain, plus on baisse l'attractivité et la fidélisation des humains en intra du système. L'idée implicite, ça a longtemps été celle-là. Si la technique est parfaite, l'humain suivra. Sauf que non, l'humain, il fatigue. Et il fatigue bien avant la machine, d'ailleurs. Et ça, c'est comme si on le découvrait en médecine. Une des autres raisons aussi pour notre retard, c'est qu'on ne change rien tant qu'il n'y a pas de catastrophe. Dans l'aéronautique, il a fallu des catastrophes pour comprendre ça. C'est ce qui s'est passé en 1977 à Ténérife, quand deux poings rentrent en collision sur la piste, faisant 583 morts. Ce qui a conduit à des modifications profondes de communication avec les coqs. Et en santé, malheureusement, c'est pareil. En radiothérapie, par exemple, il a fallu la sur-irradiation de quasiment 400 patients en radiothérapie à Epinal pour que l'on commence enfin à reconnaître officiellement que la fiabilité d'un système ne vient pas seulement de la machine, mais de l'accompagnement, la régulation et la protection du facteur humain. Tant qu'on attend une catastrophe pour bouger, on reste dans un modèle réactif, au lieu d'être dans un modèle préventif. Et c'est exactement pour ça qu'on accuse aujourd'hui ce retard historique. dans la santé par rapport aux autres secteurs d'activité à risque. L'IRSN, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, conclut entre autres sur l'accident dit d'épinal que les aspects liés à la formation des personnels et à l'incidence du facteur humain dans les risques d'erreur devraient être pris en compte dans les services de radiothérapie et être systématiquement édités. Dans le rationnel de la médecine, même si on a l'habitude de réfléchir en amont des complications, possible de tel ou tel geste ou tel ou tel traitement, que l'on sait d'ailleurs les gérer en direct lorsqu'ils arrivent, nous avons plus tendance à compenser en permanence plutôt qu'à améliorer le risque humain. L'autre raison, c'est parce qu'on pense que prendre soin de soi est personnel. On forme les soignants à prendre soin des patients. Jusque-là, c'est logique. Mais personne ne les forme en amont à prendre soin d'eux-mêmes. On individualise bien malheureusement cette responsabilité. Gère ton stress, fais du yoga, prends sur toi, c'est normal que les choses comme ça arrivent. Alors que la vraie prévention, elle devrait être organisationnelle, collective et culturelle. Résultat, on essaie de réparer les burn-out en aval au lieu de protéger la santé mentale en amont. Et tant qu'on continue de penser... Technique d'abord humain, ensuite, on va rester en décalage complet avec ce que la NASA, l'aéronautique et même l'industrie lourde ont déjà compris depuis des décennies. Quand on investit dans l'humain, on sécurise le reste. D'ailleurs, tout le reste. Mais ça, ça prend du temps. Alors, on a 50 ans de retard, mais petit à petit, les choses vont changer. Alors, si ce sujet merveilleux des facteurs humains et organisationnels vous intéresse autant que moi, je vous mettrai dans les notes de cet épisode le lien. vers le replay du CEPHRAS avec François Joulin, médecin anesthésiste réanimateur et cofondateur de cette société savante du même nom, qui explique et illustre bien mieux que moi ce que représentent les facteurs humains et organisationnels en santé. Vous aurez aussi les liens vers le podcast dédié aux facteurs humains et organisationnels en santé qui est nommé « Les enfants du facteur » . Je vais maintenant parler d'un autre sujet qui me passionne et qui complète complètement les facteurs humains, c'est celui de la formation en compétences psychosociales. Moi, j'ai toujours été fascinée par le cerveau, par la relation humaine, par ce qu'il se passe entre nous. Je crois que j'ai toujours eu cette sensibilité-là, capter des signaux faibles, ressentir les tensions, traduire ce que les gens n'arrivent pas toujours à dire. Et très honnêtement, je ne m'étais pas vraiment rendue compte de cette plus-value que je dégageais. Jusqu'à mes 40 ans, que je sorte un peu la tête de l'eau de ce deuxième burn-out et que j'entende et comprenne vraiment cette phrase que mes patients m'ont toujours dit d'ailleurs. « Ah, docteur, si tout le monde était comme vous ! » Et un jour, en prenant conscience de ça, j'ai rêvé que je pouvais enseigner ces compétences psychosociales. Alors à l'époque, c'était un rêve inaccessible, puisque j'avais prévu globalement d'être chirurgien de l'hôpital public jusqu'à ma mort. Et puis lorsque ma vie 2.0 s'est mise en route en 2023 avec le début du concept des bazars de la santé, puis au milieu de tous les projets que je voulais mener, j'ai réalisé ce rêve. L'idée, ce n'était plus de faire la théorie descendante avec des cahiers, des stylos et des ordinateurs sur des tables, comme j'ai toujours appris dans mes formations médicales, mais de vivre et de faire vivre de l'expérientiel et du jeu aux apprenants pour mieux comprendre et appréhender. L'art de mieux communiquer, de mieux se connecter, de mieux se comprendre. Parce qu'on oublie bien trop souvent, ou peut-être que vous ne le savez pas d'ailleurs, la communication, elle est pour 90% du temps non-verbale. Alors le jour où on l'expérimente en formation... les choses deviennent vraiment beaucoup plus évidentes. Et là, on se dit, c'est pour ça qu'on ne s'est pas compris dans la dernière réunion. C'est pareil quand on réalise que nous ne percevons pas le monde tous de la même manière. Après, cette même réunion où on ne s'est pas compris, et surtout, on pense qu'on a tous vécu la même scène. En fait, en réalité, chacun a retenu quelque chose de différent de cette réunion, selon sa fenêtre, entre guillemets, de personnalité, sa zone de confort, ou le langage qui lui parle le plus. Et quand on comprend ça, vraiment, on le comprend, on augmente beaucoup sa tolérance. On commence à ajuster sa communication. Moi, je suis devenue formatrice en process communication modèle en début 2024. Et je vais vous parler un peu de ce que c'est. C'est un modèle qui vient de la NASA. Dans les années 70, on s'est rendu compte que le plus grand risque dans l'espace, quand on mettait des astronautes et des êtres humains dans l'espace, Ce n'était pas la technique, ce n'était pas la machine, c'était l'humain. Quand il a fallu passer des missions Apollo à la navette spatiale, on est passé de trois astronautes dans une capsule à sept personnes vivant ensemble pendant des semaines, voire des mois. Alors là, il y a une question qui est devenue centrale. Comment on peut prédire le comportement des astronautes lorsqu'ils passent sous stress pour que justement ça se passe bien ? Parce que même quand on est ultra formé, ultra qualifiés. Ce qui fait dérailler un système le plus performant, soit-il, c'est la dynamique humaine, des problèmes de communication, la pression, la fatigue émotionnelle, les tensions interpersonnelles, et j'en passe. Et la réponse, elle est incroyable, mais cette séquence de stress, quand on est sous tension, elle est prédictible. On peut savoir d'avance comment une personne, avec sa personnalité propre, réagit sous stress, et même ce dont elle a besoin pour retrouver ses pleines ressources. C'est le psychologue T.B. Keller qui a mis ça en lumière dans les années 70 avec la NASA, et c'est de là qu'est née la Process Communication Model, ou PCM quand vous le voyez en abrégé, qui est donc un modèle qui permet de comprendre ce qui se passe en nous, et ce qui se passe entre nous. comment ajuster sa communication pour ne pas basculer dans le stress. En clair, ce modèle va un peu plus loin que les autres techniques d'appréhension des personnalités. Parce qu'il permet donc de mieux se connaître, notamment comment on évolue au décours de nos vies, dans nos comportements. Il est donc dynamique. Mieux comprendre ses besoins propres, mieux coopérer en communiquant mieux et surtout sortir du stress avant qu'il ne nous épuise. C'est quand même merveilleux. Moi, quand j'ai découvert ce modèle en 2020, la phrase naturelle et spontanée qui m'est venue, comme le disent d'ailleurs beaucoup de mes apprenants que j'ai en formation, c'est comment ça se fait qu'on ne soit pas tous formés dans le monde de la santé ou dans le monde tout court d'ailleurs, à ce modèle ou en tout cas à un modèle de compréhension de nos fonctionnements. Alors, comment ça se passe une formation en PCM ? Déjà, on commence par répondre à un questionnaire en livre, qu'on appelle son inventaire de personnalité, le même auquel Thomas Pesquet a répondu en pré-parcours d'astronaute. J'adore d'ailleurs expliquer ça à mes apprenants. Ensuite, la formation dure deux jours pour un module découverte ou trois jours pour un module 1. Et il permet de comprendre que chaque être humain a une structure propre de personnalité et qui lui permet de voir et de comprendre le monde de façon très personnelle. et chacun découvre que nous avons des besoins psychologiques propres comme la solitude, l'action, l'humour, la reconnaissance pour le travail, l'expression des opinions, l'expression des émotions et qu'il est essentiel de nourrir ces besoins très particuliers et propres à chacun pour ne pas être invité au stress dans nos vies. L'idée ensuite, c'est de donner les clés à chaque participant de pouvoir mieux communiquer. avec tous les types de personnalités qui peuvent exister, notamment ceux qui sont les plus éloignés de soi, pour mieux comprendre et travailler ensemble ou vivre ensemble le caïtien. Alors, j'adore dire déjà que vous faites un cadeau quand vous venez en formation ProcessCom, tout simplement parce que vous allez déjà mieux vous comprendre. Et puis, j'adore animer ces formations PCM parce que je vois toujours les éclairs de compréhension pour eux-mêmes déjà, dans leurs yeux. et puis se dire « Ouais, mais je comprends mieux mon conjoint, mon enfant, mes amis, mes collègues. » C'est merveilleux. Et puis, il se passe ces moments de partage, de fonctionnement de leur propre cerveau entre eux, dans le groupe. Et puis, on voit le sentiment de tolérance et de connexion qui se crée entre les apprenants. Je vous mettrai en lien de cet épisode le site de l'organisme de formation Formenco Santé que je dirige, qui est donc partenaire des Bazars de la Santé et qui montre notamment un film de l'Institut Calaire qui détient le modèle pour vous illustrer PCM. Comme j'avais envie d'aller encore un peu plus loin, parce que vraiment j'adore ça, les compétences psychosociales, j'ai complété ma formation pour devenir aussi facilitatrice en co-développement. Le co-développement en compétence psychosociale, c'est une technique d'intelligence collective, c'est des pairs, ça fonctionne d'ailleurs aussi sans être entre pairs, mais c'est comme ça qu'au départ a été développé l'outil, qui apprennent entre eux. Grâce à une démarche structurée et pas du tout de façon réunionnite, et Dieu sait que dans la santé on le connaît bien, la réunionnite qui nous vampirise l'énergie dans nos organisations où parfois personne ne s'écoute voire ne se comprend. Alors c'est comme si vous aviez globalement 8 à 12 entretiens en un seul moment où chaque participant va apporter un éclairage différent au service d'une problématique ou d'un projet. pour la personne qui va passer le... le jour de la séance. C'est vraiment très structuré dans le temps, donc c'est efficace pour ceux qui ont des temps très impartis, comme c'est souvent le cas dans le monde de la santé. Et surtout, c'est bienveillant. Quand on est facilitatrice comme moi, on a cette casquette, surtout pas de donner des réponses ou des conseils, mais pour tenir le processus, la structure, protéger l'espace, pour que chacun se sente libre de partager ce qu'il a besoin de partager, et surtout faire résonner ce qui se joue un peu plus. en profondeur que la surface. Ce qui est génial, c'est dans ces exercices de co-développement, c'est que tout le monde en ressort grandit. Il y a celui qui apporte la problématique, le projet ou la préoccupation du moment, mais il y a tous ceux qui contribuent à avancer dans cette problématique parce que ça fait toujours résonance et ça fait grandir l'ensemble du groupe. Et puis, ce qui me passionne là, c'est que la compétence, elle n'est plus du tout verticale, elle est collective. L'intelligence, elle est plus performative, elle est relationnelle. Et chacun s'en grandit grâce au groupe. On a développé l'écoute active, la résolution de problèmes et surtout la créativité dans le groupe. Et puis, comme la ludopédagogie, je l'ai découvert avec toutes ces formations, j'ai terminé de compléter mon accompagnement en devenant animatrice de la fresque de la performance collective. Comment ça se passe, le format fresque ? C'est en 3h30, avec des cartes et des ateliers, on vit en immersif. Des moments qui permettent de ressentir et pas seulement comprendre ce que sont les compétences psychosociales. Donc on fait un atelier sur l'écoute active, la vraie, quand on est 100% présent à l'autre et pas en train d'écouter ses pensées ou d'imaginer la liste de consultation qui nous attend ou toute notre poste de consultation ou la tournée à venir par exemple. On expérimente aussi la différence de perception quand on réalise vraiment qu'on ne vit pas tous dans la même réalité. Et aussi l'assertivité. Le fait d'être capable et en mesure de poser des limites claires, sans agressivité ni retrait. C'est juste génial, parce que ça transforme vraiment. On retient beaucoup plus sous le format fresque comme ça et en ludopédagogie. Ce que c'est les compétences psychosociales et pas juste écrire dans un cahier. Oui, l'écoute active. Non, on le vit. On le vit de l'intérieur. Alors avec Formenco Santé, qui est donc certifié Calliope depuis cette année, avec toutes mes casquettes, j'ai créé un accompagnement complet des équipes. pour les faire monter ensemble en compétences psychosociales avec un parcours d'accompagnement sur 6-8 mois pour faire réellement une transformation au sein des équipes. L'idée, c'est de commencer la première matinée avec une fraise de la performance collective qui permet déjà de comprendre un peu qu'on va se former différemment. Ensuite, la deuxième demi-journée, souvent l'après-midi, on met en place un groupe de co-développement qui permet d'ancrer les pratiques dans le temps, de faire grandir en maturité relationnelle. et puis d'outiller les managers aussi à l'intelligence collective. Ensuite, on fait deux jours de process communication modèle pour que chaque membre du groupe, de l'équipe, puisse apprendre à se connaître, comprendre ses besoins, mieux communiquer, devenir plus tolérant aussi dans la façon dont l'autre voit le monde. Ensuite, pendant les six-huit mois, j'accompagne en co-développement, une fois par mois, l'ensemble du groupe. Et puis, à six-huit mois, lorsque tout le monde est passé, on fait une clôture en intelligence collective avec aussi... une redite de process communication modèle pour voir l'ensemble du recul que le groupe a pris sur ses compétences psychosociales, mesurer ce qui a évolué. faire une photo du fonctionnement global de l'équipe à distance. Je suis vraiment intimement convaincue que c'est comme ça qu'on va transformer nos organisations de soins. On ne va pas continuer à faire des plans d'action qui continuent à s'empiler, des injonctions au bien-être, des systèmes qui sont particulièrement dysfonctionnels. L'idée, c'est vraiment de leur apprendre à fonctionner autrement et ensemble. J'adore parce que dans les compétences psychosociales, souvent on parle d'agilité. Et l'agilité, ce n'est pas de vous apprendre à marcher sur un fil quand on dit être plus agile. C'est vraiment avancer ensemble, savoir bouger les croyances qui sont quand même fortement ancrées dans notre système, particulièrement caduque, et transformer notre façon de travailler, plus du tout horizontale et hiérarchique, mais complètement verticale. L'idée, c'est de devenir des organisations vivantes, en plus d'être performantes. Alors, si je vous raconte tout ça aujourd'hui... c'est déjà pour vous parler de formation et d'outils, car ça me permet de continuer à planter des graines. Parce que du coup, je vous donne l'info déjà de savoir qu'elles existent ces formations, qu'elles sont disponibles dans vos catalogues de formation, notamment dans les établissements de santé ou dans les opco-santé, en compétence transversale pour les libéraux. D'ailleurs, rappelez-vous, je vous en ai parlé dans l'épisode 1 du podcast, la certification périodique des professionnels soumis à ordre, d'avoir réalisé les actions nécessaires dès 2029, c'est demain. Le point 2, qui est réaliser des actions en faveur de l'amélioration de la qualité des soins. Et le point 3, en faveur de l'amélioration de la communication, pourra complètement intégrer ces formations en facteurs humains et organisationnels en santé ou en compétences psychosociales. Mais quand même cet épisode, et ça je pense que vous l'avez compris, ça me permet de vous rappeler cette chose. essentiel. Soigner et prendre en compte l'humain qui soigne, c'est pas du tout un luxe. Et ça, j'espère que nos décideurs l'ont bien compris. C'est une condition de sécurité, de sens et de longévité dans nos métiers. Alors, si vraiment on est un gestionnaire, je vais vous dire, tout simplement, ça va améliorer à la fois l'attractivité et la fidélisation de vos équipes. Stephen Palanchuk, qui est un interniste canadien, ... dont je vous ai aussi déjà parlé, qui anime le podcast Soigner jusqu'à se briser, m'a posé cette question il y a quelques jours dans l'un de ses épisodes. Qu'est-ce que je ferais si j'avais une baguette magique pour changer notre système de santé ? Eh bien, je mettrais 20% de formation aux facteurs humains et organisationnels en santé et aux compétences psychosociales dans le cursus de formation initiale des acteurs de santé et des modules réguliers en formation continue. On ne pourra jamais améliorer durablement la qualité des soins si on continue de négliger la qualité des relations qui les rendent possibles. La santé du système commence par la santé des professionnels. Pas après, pas à côté, mais maintenant, au cœur. Alors oui, 20% c'est énorme, mais vu la rapidité d'amélioration des compétences techniques, avec l'avènement de l'intelligence artificielle notamment, je crois que c'est vraiment sur l'humain, et maintenant, qu'il faut... engranger le virage de la formation humaine. Et si on a 50 ans de retard, c'est pas parce qu'on est des incapables, bien sûr. C'est parce qu'on a oublié, et qu'on n'a pas voulu le voir, que nous sommes des êtres humains avant d'être des exécutants. Et qu'un système qui se prive de son humanité finit par s'épuiser lui-même. C'est là qu'on en est maintenant. Mais la bonne nouvelle, c'est que ce retard-là, on peut et on va le rattraper. Et en plus, ils ne demandent pas de nouvelles machines, ils ne demandent pas des milliards d'investissements. Ils demandent juste de réapprendre à faire ce que les humains savent faire depuis toujours, se relier, coopérer, se comprendre et prendre soin les uns des autres. Et moi, c'est exactement ce que j'ai envie d'aider à remettre au centre. Parce que je sais, je l'ai vu, je l'ai vécu, je l'ai animé. Quand une équipe réapprend à fonctionner comme un collectif vivant, eh bien l'épuisement recule. Le plaisir, le sens revient. La sécurité des soins s'en trouve du coup naturellement renforcée. La prévention la plus puissante, c'est jamais celle qu'on fait après coup. C'est celle qui se tisse, qui prend du temps certes, mais qui se tisse dans la relation, dans la culture et dans le quotidien. Si on veut vraiment transformer notre système de santé, alors oui, c'est en passant par l'humain qu'on y arrivera. Vous comprenez mieux pourquoi j'avais... envie d'utiliser le slogan des bazars de la santé comme titre de cet épisode. Prenons soin de l'humain pour assurer la santé de demain. Je vous souhaite donc un très bon début de semaine à tous, puisque je vais publier cet épisode pour une fois un dimanche soir. Et je vous dis surtout à très bientôt !