- Speaker #0
Frédéric, je suis un ancien athlète de piste, je faisais du saut en hauteur. Maintenant, je ne fais plus ça, mes genoux ne me le permettent plus, mais je continue de courir. Et je travaille chez Decathlon. Et je suis docteur en biomécanique, et donc ma spécialité c'est justement d'étudier le corps du sportif et de la sportive. Et aujourd'hui, on est là aussi pour parler justement des sportifs et des sportives et de leurs différences au niveau physiologique.
- Speaker #1
Bienvenue dans Conseil de sportif, un podcast qui, je l'espère, vous sera utile. Il vous aide à reprendre le sport, répond à des questions que vous vous posez et une fois par mois vous partage une aventure extraordinaire. Aujourd'hui, vous l'avez compris, c'est avec Cédric que nous parlons des différences physiologiques homme-femme. Alors merci Cédric, merci d'être avec nous. La première question, quelles sont les différences de base entre l'homme et la femme ?
- Speaker #0
Alors, les différences de base... Moi, j'en mettrais deux en avant, principales, c'est les différences au niveau hormonal et des différences qui sont assez évidentes au niveau aussi morphologique. Donc si on s'intéresse à la première, on n'est pas sans savoir, je pense assez évident que les hommes ont un peu plus de testostérone et les femmes un peu plus d'oestrogène, pour ne parler que de ces deux hormones principales. Et en fait, ces hormones vont avoir une influence finalement sur notre physiologie. Par exemple, chez l'homme, la testostérone un peu plus présente va avoir une influence sur la création du muscle, sur un plus grand volume musculaire. Une femme et un homme de taille identique, un homme va avoir plus de muscles. Et à l'inverse, une femme va avoir un peu plus de masse grasse et l'oestrogène y est aussi un petit peu pour quelque chose. Mais là aussi, d'autres avantages, c'est que l'oestrogène, ça a aussi un avantage au niveau des ligaments. Ça va rendre les ligaments un peu plus souples, un peu plus élastiques. Et en les rendant plus souples, plus élastiques, les articulations vont avoir plus d'amplitude. Les femmes sont quand même en général un peu plus souples que les hommes. Et donc l'homme dans ces cas-là est plus avantagé sur tout ce qui est production de force, puissance par exemple, faire un spring, tout ce genre de choses.
- Speaker #1
C'est vraiment ce qui explique la différence de performance entre l'homme et la femme ?
- Speaker #0
C'est un des facteurs les plus importants, oui. Et donc j'ai cité juste avant, c'est la morphologie. La morphologie, c'est aussi quelque chose d'important, qui est aussi lié finalement un peu à ces deux hormones, puisque les différences morphologiques, elles apparaissent à la puberté. On ne parle pas de différence garçon-fille, ou si on en parle, c'est une fausse erreur au niveau physiologique, il n'y a pas de différence entre un petit garçon et une petite fille. ils sont aussi souples, ils sont aussi forts ils courent aussi vite les petites filles battent les garçons par contre arrivé à la puberté en effet les hormones arrivent Elle change le corps et elle modifie aussi la morphologie. Et en fait, ces différences morphologiques vont aussi jouer beaucoup dans les différences de performance. Je pourrais prendre comme exemple deux cas un peu extrêmes. On va dire le basket ou le volet où il faut sauter très haut pour amener le ballon très haut, ce genre de choses. Forcément, quand on est un homme et qu'on est en général un peu plus grand, c'est plus facile. Inversement, par contre, dans des disciplines plutôt artistiques, les femmes sont aussi avantagées parce qu'elles sont en moyenne un peu plus petites ou un peu plus fines. Et mécaniquement, il y a quelque chose qui est très intéressant, c'est que mécaniquement, pour tourner, pour tourner beaucoup, pour tourner très vite, c'est mieux d'être petit. Parce qu'il y a ce qu'on appelle l'inertie. Et en fait, plus on est grand, plus il y a de l'inertie. Et quand il y a de l'inertie, c'est plus dur de tourner.
- Speaker #1
Je comprends pourquoi mon mari danse comme un pot de fleurs. Il est grand,
- Speaker #0
ça doit être bizarre. Avec un peu d'entraînement, il peut peut-être y arriver.
- Speaker #1
Alors justement, est-ce qu'un entraînement égal,
- Speaker #0
La femme peut rattraper l'homme ? C'est une très bonne question. Là-dessus, je prendrai un petit exemple historique sur les performances. Début des années 90, les chercheurs dans les sciences du sport sont intéressés aux records. Aux records du 100 mètres, du 1000 mètres, du 10 000 mètres, marathon, etc. Ils ont regardé comment les records étaient battus depuis... les années 1800 et quelques jusqu'à 1990. Ils ont regardé ça chez les hommes, ils ont regardé ça chez les femmes, ils se sont rendus compte que les différences diminuaient, et que les femmes allaient peut-être rattraper les hommes. Et donc ça sans doute parce qu'elles s'entraidaient plus, il y avait de plus en plus de femmes aussi à faire de la course à pied, et donc du coup ils se sont dit, dans 40 ans, dans toutes les disciplines, les femmes auront rattrapé les hommes. Donc c'était déjà il y a 30 ans. Là, on est clairement sur le fait qu'il reste quand même un gap. Et les dernières études... Toujours en reprenant le même principe de regarder les records, leur évolution, et en prenant un peu plus en compte aussi maintenant ce qu'on connaît sur les différences physiologiques, on se rend compte que le gap va être un peu plus difficile que ça à combler, et que l'entraînement seul ne suffira sans doute pas, et il restera toujours un gap sur ce genre de discipline entre l'homme et la femme, à moins qu'il y ait des nouvelles connaissances qui apparaissent plus récemment. mais pour l'instant On reste sur une différence d'environ 10%. C'est-à-dire que la femme a des performances environ 10% plus faibles qu'inférieures aux hommes sur les distances de course à pied du 100 mètres au marathon.
- Speaker #1
Par contre, il y a peut-être des domaines de prédilection où les femmes sont plus fortes que les hommes.
- Speaker #0
Alors, oui, c'est aussi des recherches assez récentes qui sont très intéressantes. Parce que là, j'ai parlé au gros du 100 mètres au marathon. Et il y a des disciplines vraiment d'ultra-endurance. Donc c'est des disciplines où on court plus qu'un marathon. On court deux marathons, trois marathons.
- Speaker #1
Ultra-trail. Voilà,
- Speaker #0
ultra-trail. Et ces courses-là, on voit de temps en temps des femmes qui vont surpasser les hommes, qui vont gagner au scratch, c'est-à-dire arriver devant tout le monde. Et ça arrive de temps en temps, on en voit de plus en plus souvent, c'est médiatisé, donc c'est aussi assez facile à détecter. Et donc du coup, ça s'est expliqué en partie par des avantages qu'aurait la femme au niveau de l'endurance, mais vraiment de l'ultra-endurance. Ça, c'est aussi des petites différences physiologiques.
- Speaker #1
La fatigabilité, tu m'as dit la dernière fois. Oui,
- Speaker #0
la fatigabilité qui est expliquée par différentes physiologies, on va dire. Les femmes, elles ont en moyenne un peu plus de fibres de type 1 au niveau de leurs muscles. Donc les fibres de type 1, c'est celles qui sont endurantes. Pour faire simple, on a plusieurs types de fibres dans les muscles. Les fibres qui sont plus en force, d'autres qui sont plus en endurance. Les femmes présentent un peu plus de fibres endurantes. Elles présentent aussi une meilleure capillarité sanguine, c'est-à-dire une meilleure circulation du sang au niveau de leurs muscles. Donc aussi une meilleure oxygénation de leurs muscles. Et associé à ça aussi, une meilleure utilisation des graisses.
- Speaker #1
J'allais dire la combustion des graisses, je pense que tu m'en avais parlé. La combustion.
- Speaker #0
Et donc, on avait dit tout à l'heure qu'il y avait un peu plus de masse grasse, mais c'est aussi l'avantage qu'elles savent mieux l'utiliser que les hommes. Et donc, dans des disciplines où on va dans de très très longs, c'est important puisque c'est vraiment dans la masse grasse qu'on va puiser le maximum d'énergie.
- Speaker #1
Finalement, c'est bonus pour nous. Oui,
- Speaker #0
c'est bonus. Et là, j'ai parlé de la course à pied où de temps en temps, il y avait des femmes qui battaient sur certaines courses les hommes. Ce n'est pas encore Légion non plus, ça reste assez régulier, mais ce n'est pas toutes les courses. Par contre, quand on s'intéresse à la natation, là on voit que dans les courses de natation, notamment en eau libre ou dans des eaux froides, c'est très régulier que là, les femmes, elles égalent les hommes, voire elles gagnent de vent de plus en plus régulièrement.
- Speaker #1
Dis-moi, tu m'avais parlé également de moins de différence entre un homme et une femme qu'entre deux femmes. ou deux hommes.
- Speaker #0
Oui, exactement. Tu as tout dit. En fait, on prend souvent comme exemple les moyennes des populations où on prend les meilleures performances. Mais c'est juste, en fait, c'est des... Alors, les meilleures performances, c'est des gens extrêmes et puis les moyennes des populations, c'est des gens qui n'existent pas. L'homme moyen, la femme moyenne, ça n'existe pas. Et donc, en fait, si on s'intéresse aux individus, il y a plus de différences entre deux femmes ou entre deux hommes qu'entre ces deux moyennes. Si on regarde une femme d'un mètre cinquante, une autre d'un mètre quatre-vingt-dix, il y a beaucoup de différences. Et c'est pareil au niveau des performances. Entre ma performance et celle du recordman du marathon, je crois qu'il y a un peu plus que... Non,
- Speaker #1
il n'y a pas de différence du tout.
- Speaker #0
Il y a un peu plus qu'entre le recordman et la recordwoman. On n'a pas dit aussi que la récupération, qui était aussi un peu améliorée éventuellement. La femme a le... Un peu plus de capacité de récupération. C'est justement l'oestrogène. L'œstrogène dont on parlait tout à l'heure, il y a des études qui ont montré que ça a un effet bénéfique sur les dommages musculaires. Ce qu'on appelle les dommages musculaires, c'est ces douleurs qu'on a après les courses. Quand on fait une course, un ultra-trail, un marathon, ou quand on va courir à la montagne, le lendemain, on commence à avoir mal aux jambes, on a des courbatures. En fait, les œstrogènes ont un effet protecteur. pour les femmes, donc elles seraient moins susceptibles ou moins sujettes aux courbatures que les hommes. Elles en ont quand même, mais moins.
- Speaker #1
Écoute, je suis contente d'être une femme.
- Speaker #0
C'est bien.
- Speaker #1
Alors donc, Cédric, si tu avais une conclusion sur le sujet, en une phrase, ça serait ?
- Speaker #0
En une phrase, ça serait que il y ait des différences, en effet, entre mes femmes. Certaines sont plus fortes, d'autres sont plus souples, d'autres sont plus rapides, d'autres sont plus endurants. moins fatigable, mais au final, on a tous notre spécificité. Comme on disait aussi, il y a plus de différences entre deux hommes ou entre deux femmes. Chacun a sa spécialité, sa spécificité. Du coup, il faut juste trouver le sport dans lequel on est bien. Et se faire plaisir. Oui, se faire plaisir. Quand je dis dans le sport dans lequel on est bien, c'est dans lequel on se fait plaisir.
- Speaker #1
Ça marche. Alors, ce sera notre conclusion. Ce sera se faire plaisir. Merci Cédric.
- Speaker #0
Merci Sandrine.
- Speaker #1
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