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ADN D'ATHLÈTE, l'esprit sport

[Best-of] Le déclic de Charline Vermont (sexothérapeuthe et enseignante)

[Best-of] Le déclic de Charline Vermont (sexothérapeuthe et enseignante)

25min |17/07/2024|

2621

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Description

“Le sport m’a donné une sorte d’autonomie affective”. Vous vous êtes déjà questionné·e sur votre rapport au corps ? À l’intimité ? Et le sport dans tout ça ? Toutes ces questions, je les ai posées à Charline Vermont. Sexothérapeute, elle est aussi la fondatrice du compte Instagram Orgasme et moi derrière lequel vit une communauté de plus de 700 000 abonné·es. Rencontrer son corps, puis le découvrir, le retrouver après une blessure, prendre soin de soi et de ses relations aussi… C’est un peu de tout ça dont on parle dans cet épisode.


📲💻 Retrouvez Charline Vermont sur Instagram.


💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.


🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Qui sait… Vous tomberez peut-être, vous aussi, sur un déclic.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre, rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode où vous écoutez le déclic de Charline Verbon.

  • Speaker #1

    Salut Charline ! Hello Manon !

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Bien !

  • Speaker #0

    Moi aussi, on va le dire, on a eu un petit coup de stress.

  • Speaker #1

    Il y a eu des petits périples aussi.

  • Speaker #0

    On a réussi à enregistrer. Les éléments sont avec nous.

  • Speaker #1

    Travail d'équipe. Voilà. Donc là, on est encore plus soudés avant de commencer. C'est ça.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, je vais me permettre de te présenter à nos auditeurs et auditrices. Charline, tu es sexothérapeute et non pas sexologue, c'est important de le préciser. Formatrice, autrice et créatrice de contenu sur les réseaux sociaux. Ton sujet, en tout cas, l'un de tes sujets, c'est la sexualité que tu abordes avec une approche Santé, bienveillante et positive. T'es la fondatrice du compte Instagram Orgasme et moi, derrière lequel vit une communauté de plus de 700 000 abonnés. Et en lien avec cette commu, comme tu l'appelles, est né le hashtag MMM, qui lui représente tous ces gens qui te suivent et qui se retrouvent derrière des valeurs de liberté sexuelle, de bienveillance, d'inclusivité, de respect et de non-jugement. Tu es auteur d'un livre d'éducation sexuelle aussi, et à l'heure où on enregistre ce podcast, on se trouve d'ailleurs dans ta maison d'édition parce que tu nous prépares une prochaine surprise. Et récemment, tu as aussi mobilisé ta communauté derrière un autre hashtag, cette fois en lien avec le sport. Et c'est de ça dont on va parler aujourd'hui, l'histoire de Charline et du sport. Mais avant de discuter de ce sujet qui est essentiel pour toi, je crois, j'ai envie que tu nous parles un peu plus de toi. Est-ce que tu peux revenir en quelques mots sur ton parcours et nous dire comment tu en es arrivée à faire ce que tu fais aujourd'hui et à être qui tu fais aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Tu as deux minutes.

  • Speaker #1

    J'ai deux minutes, oh là là. Le compte est né en février 2019. Moi, je l'ai créé parce que j'avais à cœur de transmettre des choses qui me semblent la base en termes d'éducation à la sexualité. Et là où j'ai été cueillie, je pense, c'est l'essor qu'a pris cette communauté très rapidement. Je crois que je n'avais pas pris la mesure. Alors, je précise pour les auditorices, j'ai 40 balais. J'ai failli dire comme Aurèle Selme, je ne donne plus mon âge maintenant. J'ai 40 ans, j'ai trois gosses, je suis la daronne. Mais en même temps, je pense que j'ai 15 ans d'âge mental et c'est pour ça que ça fonctionne. Mais concrètement, quand j'avais ouvert le compte, j'avais pensé bêtement qu'en l'espace de 25 ans, en l'espace d'une génération, les choses avaient un peu évolué. Je ne sais pas pourquoi, je me disais que les gens se sont éduqués. Et en fait, c'est vrai que les gens viennent chercher sur mon compte tout ce qu'on ne nous a pas dit, tout ce qu'on aurait aimé savoir. Et aussi, il y a une vraie atmosphère d'entraide collective, de partage d'idées, d'enrichissement mutuel pour construire des relations affectives saines, épanouissantes. Chouette, quoi !

  • Speaker #0

    Ce n'est pas facile tous les jours non plus. C'est ce que tu me disais un peu. Tu te prends une certaine violence en fait.

  • Speaker #1

    En fait, tu sais quand le Haut Conseil à l'égalité te dit qu'il y a 57% des Françaises qui ont vécu des situations de non-consentement, derrière beaucoup d'expériences qu'on vient me déposer, il y a des choses magnifiques, hyper touchantes, hyper émouvantes que je partage. Il y a des choses avec énormément d'humour et il y a beaucoup de sourire dans ma commu. Je pense que c'est aussi, c'est peut-être ma marque de fabrique, c'est-à-dire... Des contes d'éducation sexo, il y en a pas mal. Par contre, un conte où on se fend la poire à longueur de story, c'est chez moi. Parce qu'effectivement, j'aimerais bien que le sexe, en tout cas les relations intimes, puissent être une fête. Mais par contre, oui, je lis au quotidien beaucoup de violences qui ne sont pas de la violence contre moi. On parle simplement de vécu hyper difficile. de beaucoup de personnes. Je parle des femmes, mais non, c'est plus largement de personnes sexisées, mais aussi d'hommes, etc. Enfin voilà, donc vraiment, c'est un lieu aussi où les gens viennent déposer. C'est un lieu où j'accueille et j'écoute beaucoup. Voilà.

  • Speaker #0

    Alors pour prendre un peu de recul avec tout ça, justement, j'imagine que tu as des échappatoires, dont le sport, je pense, en fait partie. Quelle est ton histoire, toi, justement, en parallèle avec le sport ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis une grande privilégiée. Je pense qu'on va commencer comme ça. Moi, j'ai eu la chance de grandir dans une famille où le sport avait une place importante. Donc on est pas mal tournés vers la montagne. Mes grands-parents avaient un chalet dans les Hautes-Alpes. Donc moi j'ai passé une partie de mon enfance au pied des montagnes, au pied des écrins, pour les gens qui connaissent un peu les Alpes. Et entre la rando, l'escalade, l'alpinisme, c'était vraiment... On était très outdoor. Et en grandissant j'ai fait de la compétition de gym, de l'athlète, etc. Ça a toujours été un truc important. Mais comme je suis quelqu'un qui marche aussi par, j'allais dire, j'ai failli dire par obsession. Tu me suis dit ça ? J'avais dit que j'en avais une dans l'intro. Par passion débordante. Tu vois, quand je fais des choses, il m'arrive d'être happée et quand j'ai ouvert le compte, j'avoue. Il faut dire que le contexte a été aussi celui du confinement pendant 18 mois, etc. D'abord, j'avais peur de mettre ma famille sur la paille parce que quand même, j'ai pas gagné d'argent pendant des mois. Et je savais pas du tout, c'était, on va dire, précaire comme situation avant que la communauté me soutienne et puis que derrière, je trouve des moyens d'avancer. Ne serait-ce que via mes enfants, je me disais mais je n'ai pas le droit en fait de faire autre chose que travailler, il faut que je donne... Toute mon énergie, il faut qu'elle aille sur le compte, que je fasse grandir cette communauté. Je me suis moi-même interdit pas mal. Il y avait à la fois la barrière auto-limitante et aussi le fait que je n'ai pas ressenti, je n'ai pas compris que j'étais en train d'aller droit dans le mur. C'est un peu ce que je dis aussi sur le compte. À force de ne pas m'équilibrer, je me suis mis à écouter. Et puis c'est hyper compliqué parce que... Dès que je pose le compte, moi j'ai mes trois enfants, mon mari, et c'est des personnes auprès de qui j'ai envie d'être présente et dont j'ai envie de m'occuper. Et du coup, arriver à prendre soin de soi alors que je travaille, honnêtement je pense qu'il n'y a pas une semaine où je suis sous les 70 heures. Il y a des semaines où je suis montée à 110 heures. Pendant le confinement par exemple, je faisais de 6 heures à 23 heures, c'était live ou en story non-stop. Je disais à tous les gens, si vous avez passé la journée et que personne ne vous a parlé ou écrit, vous m'écrivez, moi je vous réponds absolument. Je réponds à tous mes messages encore aujourd'hui. Il y en a à peu près 3500 par semaine pour donner un ordre de grandeur. Je suis une énorme gosseuse, clairement. Mais parce que ça me passionne, la grande difficulté, c'est d'arriver à prendre du temps pour soi. Je crois que le déclic, ça a été quand ? Il y a un an, en mai 2022. Écoute, je suis retournée à l'escalade, qui est un de mes sports de prédilection. Et j'ai accompagné mon dernier enfant. Et au début, j'étais l'hormoneur et je regarde. Je suis là juste pour que mon enfant kiffe. Puis ça me démangeait. Ça me démangeait. Puis moi, j'étais là avec ma prothèse de genoux. Non, le bloc, c'est hyper compliqué. Il ne faut pas que je tombe et tout. J'ai mis vachement de séances avant de m'autoriser. J'ai recommencé à grimper et laisse tomber. Addiction. C'est revenu comme en 40. Le bloc, c'est formidable. C'est le plus collectif des sports individuels. Donc, on est tous en bas des parois. Et c'est ce que je te disais en préparant ce podcast. Il y a un truc que je trouve formidable. et c'était une colombe si tu nous écoutes colombe pensait pour toi qui était sur un bloc hyper difficile et on était toute la team en bas en train de l'encourager très fort solide, carré, allez tu le sers allez tu lâches rien et en fait elle a sorti le bloc elle est redescendue, elle a fondu en larmes et elle a fait écouter merci parce qu'en fait moi j'y croyais pas pour moi et heureusement que vous y avez cru à ma place et puis on s'est dit en fait toute notre vie Ça devrait être une séance de bloc. Tu sais que toute ta vie, tu devrais avoir des gens qui croient en toi, quand toi-même, tu n'y crois plus. Des gens qui disent « Vas-y Charline, tu déchires ! Elle est trop forte ta story, mais ouais, ne doute pas ! » Et en fait, c'est vrai que ça apporte ça, outre le fait que quand tu es concentré sur un bloc, honnêtement, surtout que tu es en hauteur, même si tu n'as pas le vertige, on n'aime pas la chute. Il faut surtout les chutes incontrôlées, donc tu te concentres un max. Et voilà, sur ton corps, sur ta respiration, sur les prises et tout. Et honnêtement, tu te vides la tête de ouf parce que tu ne peux pas penser à autre chose. Et en fait, ça fait le job. Entre ça et les gens qui t'envoient de l'amour et de la force, ça m'a sauvée. Ce que je dis, c'est que le compte n'existerait plus si à ce moment-là, le sport et en particulier l'escalade n'étaient pas entrés dans ma vie.

  • Speaker #0

    Et pourtant, il me semble que tu as été blessée avec le sport. Il y a l'histoire d'une chute.

  • Speaker #1

    Oui, l'escalade. J'avais 20 ans. J'étais vraiment polytraumatisée. Je me suis quand même pris un vol de 80 mètres. Quand tu l'énonces, tu te rends compte de l'absurdité, de l'immensité. Le PGHM de Chamonix était venu chercher un corps. Moi, j'étais encore dans la paroi. Je me suis écrasée 80 mètres sous le lieu où j'ai dévissé. Et c'est hallucinant, en fait. enfin je veux dire euh Emmanuel Ausha, qui dirigeait l'équipe de secours, qui est venu me chercher quand il arrivait à ma hauteur. Et je lui parle, et il me fait... Lui-même était hyper ému. Il me dit, on m'a envoyé chercher un corps. Et là, je te parle et tout. Et moi, les premiers mots que je lui ai dit, le pauvre, c'est donne-moi tout de suite quelque chose, parce que je préfère mourir que de continuer à être consciente. C'était l'horreur en termes de douleur. Après j'ai accouché, j'ai découvert que c'était possible de faire pareil. Mais voilà, c'était la désespérance et en fait il m'a dit écoute, on va te déplacer évidemment. Par contre, il y a déjà des blessures et on ne va pas empirer le truc. Donc j'ai besoin que tu sois consciente à mes côtés le temps que je fasse un check. Je te promets, on va faire ça hyper efficace. On va faire ça ensemble, toi. plus moi, tu vois, c'est un travail d'équipe. Allez, t'es partante et tout, extraordinaire communication, bravo. Quand même, c'est ému pour Emmanuel, qui nous a quittés, qui n'est plus là, qui est décédé, quelqu'un qui a une place toute particulière dans mon cœur.

  • Speaker #0

    Suite à cet accident, est-ce que tu as l'impression d'avoir un peu vécu une deuxième rencontre avec toi-même ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ouf cette question. Ouais, en fait, je pense que tu vis... peut-être ce que les gens appellent la midlife crisis, la crise de milieu de vie. Sauf que moi, je l'ai vécue à 20 ans. C'est-à-dire, en fait, tu réalises que ça peut s'arrêter demain, que ça peut s'arrêter aujourd'hui, que tu n'as plus le time. Les gens se disent, ça y est, j'ai passé le milieu de ma vie. Moi, je l'ai vécue à 20 ans. Et c'est vrai que ça fait une espèce de gros secouce. C'est un gros coup que tu te prends sur la tête de qu'est-ce que je veux faire aujourd'hui que je ne peux pas remettre à demain. La première chose que j'ai faite, c'est de faire mon coming out. Je suis partie vivre à San Francisco un an après. Et puis voilà, là, ça a été l'occasion pour moi de poser les mots sur qui j'étais, de m'autoriser à vivre à l'étranger. J'avais vraiment envie de rencontre. Et puis je suis partie ensuite vivre en Chine, puis à Berlin. En Chine, j'ai lancé un club LGBT avec mes potes, qui était le seul club gay qui existait à l'époque. À Berlin, j'ai vécu dans une communauté utopiste. tout en à côté je continuais mes études et mes stages après j'ai signé pour un job où je faisais que d'international donc j'ai quasi pas mis les pieds en France en fait je me suis autorisée à vivre tous mes rêves en fait voilà je sais pas si ça répond à ta question si si si du coup en fait t'avais déjà eu un déclic à ce moment là aussi quoi et oui oui en termes de je veux kiffer ma vie en fait on en a qu'une et elle peut s'arrêter demain et ça fait sauter quand même pas mal de barrières limitantes hum hum J'ai ressenti une forme de crispation, peut-être. Des gens qui me disaient « mais tu ne vas pas faire ça » . J'étais en mode « mais en fait, je pense que je n'ai pas les mêmes barrières que les autres. Je n'ai pas compris en quoi ça pouvait être un problème. » Pour moi, il n'y a aucun problème à me balader déguisée en vulve et à sauter dans tous les sens, ou en caca ou en capote, à partir du moment où l'objectif est pédagogique et que ça a porté avec bienveillance, humour et consentement. Je suis persuadée que c'est avec l'éducation qu'on change le monde. Et qu'avec, perso, c'est le rire. Quand j'arrive dans une classe ou un amphi, je fais rire tout le monde. Et une fois que tu as créé une alliance pédagogique qui est fondée sur l'humour, qui est fondée sur le rire collectif qu'on partage, le fou rire qu'on partage, derrière, les messages sont plus simples.

  • Speaker #0

    J'ai remarqué que tu dis énormément le mot partage. Et même avant qu'on en revienne, je t'avais déjà remarqué que tu le disais. Franchement, c'est révélateur. On a parlé de rencontres avec toi-même, cette deuxième rencontre un peu. Mais il y a aussi les rencontres amoureuses dont tu parles sur ton compte. Et c'est marrant parce que quand on préparait le podcast, juste après, tu m'as dit que justement, les gens parlaient de rencontres en lien avec le sport. Pourtant, il y a un vrai sujet derrière ça.

  • Speaker #1

    Ah, alors moi, complètement. Non, mais c'est très drôle. Tu regardes toute l'histoire de mes datings. Pas toutes, mais une grande partie. J'ai rencontré une partie des personnes à la grimpe. Mon mari, je l'ai rencontré sur un covoit en allant en Fontainebleau, tu vois. Voilà, comme plusieurs de mes ex, quel que soit le genre d'ailleurs. C'est très drôle, je donne souvent rendez-vous à l'escalade. C'est le crash test, tu sais. Alors va-t-il survivre ? S'il survit, je lui offre, ou si elle survit, je lui offre la bia. C'est des moments, en fait, qui ont un côté très convivial, perso, que j'adore. Et j'adore qu'on m'emmène en date sportive. en fait c'est C'est intéressant parce que l'idée, c'est de vivre une expérience humaine, d'écaler, de découvrir l'autre. Ce que je dis, c'est marrant parce que... Je suis désolée, je passe du coq à l'âne. J'ai trois enfants, dont deux ados. Et alors, des fois, j'adore regarder leur série d'ados parce que je pense qu'il faut vraiment se mettre à la place des autres pour comprendre quel est le standard, les stéréotypes, pour mieux leur parler. Et du coup, je vois des trucs où il y a des ados qui se maquillent, qui se mettent sur leur 31, objectif d'aider un mec, évidemment. Moi, je m'arrache les cheveux, je t'avoue. Et alors, tu sais, mon truc, c'est de dire, mais en fait, mais quel sens, en fait ? Je veux dire, le vrai amour, c'est quand tu es crâne, en train de suer, tu puis des pieds, tu rottes, tu pètes. Enfin, c'est ça. En fait, on est des humains, tu vois, et cette espèce d'injonction, etc., elle tombe de facto dans le sport. C'est-à-dire, quand tu invites quelqu'un à faire du sport, je ne vais pas dire que dans une forme de moment de vérité, n'empêche que dans l'effort sportif, surtout quand il y a de l'endurance, etc. Mais en fait, ça rend très humble. Et moi, j'aime beaucoup cette espèce d'humilité dans laquelle on se place quand on partage une séance de sport avec une personne. Il y a une forme de moment de vérité et aussi d'humilité. Et c'est vrai que c'est quelque chose qui m'est cher. Et la communauté, c'est exactement ce qui s'est passé. Quand j'ai lancé le challenge, les gens se sont retrouvés. Et effectivement. Ça a donné lieu à des rencontres et amicales et parfois plus extraordinaires, donc je suis ravie.

  • Speaker #0

    C'est chouette. Est-ce que dans ton travail aussi de sexothérapeute, tu fais le lien avec la pratique d'une activité sportive et ou physique ?

  • Speaker #1

    En fait, ce qui est intéressant dans le métier, c'est qu'en fait, on doit détricoter beaucoup d'injonctions. Il y a une injonction qui fait beaucoup de mal à tout le monde, c'est le sexe est le ciment du couple. donc quand il y a moins de sexe quand Le sexe est plus compliqué, alors est-ce qu'on est vraiment encore un couple ? Donc il y a ça à détricoter et c'est un chemin de longue haleine de dire en fait ce qui fait le ciment du couple c'est l'intimité, c'est la complicité. Et elle peut se construire de mille manières différentes. Et c'est pas parce qu'on vous a biberonné à sexe égale ciment qu'en fait c'est le cas pour tout le monde. C'est le cas pour certaines personnes, surtout de relations qui sont exclusivement basées sur ça. C'est hyper ok, on a complètement le droit. Mais c'est pas vrai pour tout le monde. Et puis c'est pas vrai non plus de manière hyper constante au fil du temps. Et c'est intéressant parce que dans cette notion de complicité, d'intimité, il y a parfois une forme de peur et d'absence de créativité. Mais du coup, si on ne fait pas du sexe, qu'est-ce qu'on peut faire ensemble ? Il faut vraiment être en empathie avec ce genre de peur, parce qu'il faut remplacer et suggérer. Et effectivement, de prendre ne serait-ce qu'un hôtel une nuit, même potentiellement dans une ville à côté de chez vous, etc. pour changer de cadre et faire des choses que vous ne faites pas chez vous. Mais également, prenez ou louez des vélos, faites quelque chose, partez, prenez un train pour la montagne, allez faire une rando ensemble. Le sport, clairement, c'est quelque chose où on va venir expérimenter ensemble et créer un lien. C'est vraiment une des formes d'intimité, de complicité que je suggère le plus.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose dont tu parles beaucoup dans tes contenus aussi, le respect de son corps, du corps de l'autre. Que ce soit via les comportements physiques ou la façon d'en parler. En quoi le sport, ça peut aussi jouer un rôle sur ça, justement, dans le rapport au corps, à son corps et à celui de l'autre ?

  • Speaker #1

    Le sport, de manière générale, moi, ça m'a donné une forme d'autonomie affective que j'avais un peu perdue, je pense. C'est-à-dire, quand moi, je fais du sport, et là, mon corps, tu vois, c'est un peu transformé. En mesure de Madame Biscotto, après un an. Moi, je me trouve belle quand je grimpe et je trouve que mon corps, tel qu'il est modelé par mon sport, il est magnifique. En soi, je n'ai pas besoin de qui que ce soit pour valider ça. Et cette espèce d'autonomie par rapport au regard des autres, je me trouve belle, point. Quand je grimpe, je suis magnifique, je suis une reine, c'est sûr. Je le sais, au fond de moi, je le ressens comme ça. Et en fait, je trouve ça formidable comme outil d'empowerment.

  • Speaker #0

    Et des fois, c'est important aussi de le dire, tu disais que tu avais vu des résultats, pas des résultats, mais des changements physiques. Des fois, on fait beaucoup de sport, on n'a pas de changement physique.

  • Speaker #1

    mais malgré ça il y a quand même un truc où on se sent mieux et plus beau plus belle il faut aller au delà du de la transformation physique et puis aussi ce que j'ai envie de dire aux gens parce qu'il y a des personnes fortes qui sont venues en meetup pour grimper et c'est vrai aussi moi j'ai fait de la pole j'en ai vu faut pas s'interdire quoi que ce soit en raison de son physique on a tous commencé faible on a tous commencé avec des physiques pas forcément adaptées l'objectif c'est de prendre son pied Merci. Le kiff, c'est la santé mentale. C'est de vider sa tête et de trouver des personnes chouettes avec qui pratiquer un sport drôle, ludique. En tout cas, moi, c'est comme ça que je le vis. Donc aussi, ne vous mettez pas de barrière, s'il vous plaît. Allez-y. Je suis hyper heureuse d'avoir vu des personnes de toute morphologie grimper autour de moi. Et voilà, la transformation, elle est surtout dans la tête et c'est vraiment la plus importante.

  • Speaker #0

    Et c'est marrant parce que du coup, tout ce que tu disais là, C'est comme les valeurs liberté, bienveillance, inclusivité, respect et non-jugement de ta communauté autour de la sexualité. En fait, c'est les mêmes pour le sport ?

  • Speaker #1

    C'est les mêmes pour le sport, absolument. Ensuite, je pense qu'on a encore du travail à faire. Je ne suis pas déconnectée. Je sais que d'abord, il y a des violences également dans le sport. Je pense qu'il est important que les fédérations s'en saisissent et travaillent là-dessus. Il y a des espaces plus safe que d'autres.

  • Speaker #0

    Quel rapport tu as aussi avec la notion de performance ? Que ce soit du coup, pareil, on peut dire dans le domaine de la sexualité. ou du sport en fait ?

  • Speaker #1

    C'est compliqué pour moi. J'assume que c'est un sujet qui n'est pas simple sur lequel je suis aujourd'hui encore en évolution. Typiquement, je sais que j'ai un besoin de performer qui est hyper important. Pour le sport, c'est une vraie question qui s'est posée et j'en veux dire le corps m'a mise à rude épreuve parce que j'étais blessée. Tu vois, je grimpais dans le 7A et là, tout d'un coup, tu te retrouves à dégringoler complètement parce que moi, j'avais perdu. j'avais pas le droit d'utiliser mes doigts parce que mes ligaments avaient été partiellement, mes tendons arrachés et du coup là tu dois retravailler travailler ton rapport à la grimpe en train de te demander est-ce que c'est ok, est-ce que je kiffe de prendre mon pied avec des machins hyper simples, pas durs, pas difficiles, donc je suis pas du tout là pour la performance, juste pour kiffer. Et la réponse, c'est qu'aujourd'hui, je pense que ce travail-là, je l'ai fait et j'arrive à faire des séances où je m'éclate alors que j'ai pas passé grand-chose, entre guillemets, comme chose difficile, mais c'était pas ça le plus important. par contre je veux dire quand on a Quand même, généralement, je vais me vider au renfort avant ou après, parce que je pense que j'ai aussi besoin, en termes de dépenses énergétiques, de me sentir...

  • Speaker #0

    Et en vrai, il y a une différence entre dépenses et performances. Pour moi, performance, c'est à plus résultat quand même, tu vois.

  • Speaker #1

    Là, je n'ai pas besoin de résultat aujourd'hui. Tu vois, je fais partie de plusieurs groupes WhatsApp de grimpe à différents endroits. Enfin, tu vois, rien que le fait d'arriver et de savoir qu'il y a mes potes qui sont là et qu'on va passer un moment ensemble. Ça y est, j'ai performé. Vraiment, c'était ça l'objectif. Est-ce qu'on va passer ensemble comme moment ? En fait, on s'en fout. Et puis aussi, tu te nourris énormément du succès des autres. Quand je fais une séance où, objectivement, ce n'était pas ouf. Mais en fait, il suffit qu'il y en ait qui performent et tout. Pour moi, c'est une séance magique. Je me réjouis tellement et pour moi c'est aussi un succès collectif donc tu vois, il y a une vraie compersion aussi, c'est vraiment un autre parallèle très important je pense.

  • Speaker #0

    Et la compétition, est-ce que tu as un esprit de compétition du coup ?

  • Speaker #1

    J'ai un esprit de compétition mais vraiment, je pense que c'est vraiment le truc dont je suis le plus revenue, c'est-à-dire ce qui m'intéresse aujourd'hui c'est vraiment moi face à moi-même, moi face à mon niveau, à la paroi ou des difficultés, être meilleure que les autres. être la plus forte, etc. Je pense que c'est intéressant, cette question. J'étais très compétitive, j'avais besoin d'être première de la classe pour me sentir bien dans mes basques quand j'étais jeune et gagner mes coupes de gym et tout. Aujourd'hui, j'ai un esprit de compétition, mais de quelqu'un qui a travaillé sur soi. C'est un travail que je suis fière d'avoir fait, de relativiser tout ça. Parce que je suis beaucoup plus à l'écoute, je pense, de mes enfants. Je ne vais absolument pas pousser. J'ai un enfant qui grimpe à très bon niveau. Et c'est marrant parce que le fait d'avoir fait ce travail sur mon esprit de compétition, j'espère que ça fait de moi une maman, je vais poser des mots, moins violente. C'est-à-dire en fait, je suis beaucoup plus à l'écoute de son consentement. Qu'est-ce que mon enfant a envie de faire par rapport à ça ? Je suis contente du coup d'avoir fait toute cette évolution sur mon rapport à la compétition pourquoi pour ne pas projeter ça sur mes enfants. C'est vraiment des personnes qui sont hyper libres. Et voilà.

  • Speaker #0

    Bravo,

  • Speaker #1

    bravo pour ton travail.

  • Speaker #0

    Ce podcast, il s'appelle Déclic. C'est quoi pour toi un déclic ?

  • Speaker #1

    C'est une épiphanie. C'est un moment où tu te rends compte de certaines choses, tu ouvres les yeux. Pour moi, par exemple, j'en parlais à mes enfants ce week-end. La question, c'était « Maman, quand est-ce que tu as réalisé que tu aimais les hommes et les femmes ? » C'est intéressant en termes de... Chez les personnes queer, on appelle ça le coming in, c'est le moment où tu prends conscience de ton identité de genre, ou de ton orientation sexuelle qui n'est pas si hétéro. Et tu vois, moi je leur ai dit, moi j'avais 12 ans. Et voilà, il y a eu un déclic, d'ailleurs c'était en sport, c'était très drôle. Madame Clément posait une question que je trouve intéressante. À chaque début d'année, elle demandait, écrivez-moi sur la feuille, avec qui est-ce que vous aimeriez partir en vacances, dans la classe ? Et moi, je sais pas pourquoi, mais si, je sais maintenant pourquoi, j'ai mis le nom d'une meuf avec qui j'étais absolument pas du tout pote, pas du tout même groupe d'amis. C'était mon premier crush lesbien. Et je crois que c'était mon coming in. Donc j'ai parlé de ce déclic à mes enfants.

  • Speaker #0

    En lien avec le sport déjà, tu vois.

  • Speaker #1

    Déjà, voilà, exactement.

  • Speaker #0

    Génial. Bon, on aura encore plein de choses à te dire, mais on arrive à la fin de cet épisode. Est-ce que tu peux nous rappeler où est-ce qu'on peut te retrouver et te suivre ?

  • Speaker #1

    Oui, Instagram. Et pour l'instant, uniquement Instagram. Le compte s'appelle Orgasme et moi. C'est Orgasme underscore et E-T underscore moi. Et voilà, on est ravis d'accueillir toutes les nouvelles personnes. Venez avec votre bonne humeur et on est là.

  • Speaker #0

    Et tu peux redonner le nom de ton premier livre aussi ?

  • Speaker #1

    C'est corps, amour, sexualité, les 120 questions que vos enfants vont vous poser. C'est pour les enfants de 5 à 14 ans et les parents, les adultes de confiance, les éduques, pros de santé, toutes les personnes qui gravitent autour des enfants. Voilà, pour les accompagner au mieux dans leurs questions et leurs apprentissages.

  • Speaker #0

    Super, c'est noté. Merci beaucoup, Charlie. Merci, Manon. Et à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin, ce déclic.

Description

“Le sport m’a donné une sorte d’autonomie affective”. Vous vous êtes déjà questionné·e sur votre rapport au corps ? À l’intimité ? Et le sport dans tout ça ? Toutes ces questions, je les ai posées à Charline Vermont. Sexothérapeute, elle est aussi la fondatrice du compte Instagram Orgasme et moi derrière lequel vit une communauté de plus de 700 000 abonné·es. Rencontrer son corps, puis le découvrir, le retrouver après une blessure, prendre soin de soi et de ses relations aussi… C’est un peu de tout ça dont on parle dans cet épisode.


📲💻 Retrouvez Charline Vermont sur Instagram.


💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.


🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Qui sait… Vous tomberez peut-être, vous aussi, sur un déclic.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre, rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode où vous écoutez le déclic de Charline Verbon.

  • Speaker #1

    Salut Charline ! Hello Manon !

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Bien !

  • Speaker #0

    Moi aussi, on va le dire, on a eu un petit coup de stress.

  • Speaker #1

    Il y a eu des petits périples aussi.

  • Speaker #0

    On a réussi à enregistrer. Les éléments sont avec nous.

  • Speaker #1

    Travail d'équipe. Voilà. Donc là, on est encore plus soudés avant de commencer. C'est ça.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, je vais me permettre de te présenter à nos auditeurs et auditrices. Charline, tu es sexothérapeute et non pas sexologue, c'est important de le préciser. Formatrice, autrice et créatrice de contenu sur les réseaux sociaux. Ton sujet, en tout cas, l'un de tes sujets, c'est la sexualité que tu abordes avec une approche Santé, bienveillante et positive. T'es la fondatrice du compte Instagram Orgasme et moi, derrière lequel vit une communauté de plus de 700 000 abonnés. Et en lien avec cette commu, comme tu l'appelles, est né le hashtag MMM, qui lui représente tous ces gens qui te suivent et qui se retrouvent derrière des valeurs de liberté sexuelle, de bienveillance, d'inclusivité, de respect et de non-jugement. Tu es auteur d'un livre d'éducation sexuelle aussi, et à l'heure où on enregistre ce podcast, on se trouve d'ailleurs dans ta maison d'édition parce que tu nous prépares une prochaine surprise. Et récemment, tu as aussi mobilisé ta communauté derrière un autre hashtag, cette fois en lien avec le sport. Et c'est de ça dont on va parler aujourd'hui, l'histoire de Charline et du sport. Mais avant de discuter de ce sujet qui est essentiel pour toi, je crois, j'ai envie que tu nous parles un peu plus de toi. Est-ce que tu peux revenir en quelques mots sur ton parcours et nous dire comment tu en es arrivée à faire ce que tu fais aujourd'hui et à être qui tu fais aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Tu as deux minutes.

  • Speaker #1

    J'ai deux minutes, oh là là. Le compte est né en février 2019. Moi, je l'ai créé parce que j'avais à cœur de transmettre des choses qui me semblent la base en termes d'éducation à la sexualité. Et là où j'ai été cueillie, je pense, c'est l'essor qu'a pris cette communauté très rapidement. Je crois que je n'avais pas pris la mesure. Alors, je précise pour les auditorices, j'ai 40 balais. J'ai failli dire comme Aurèle Selme, je ne donne plus mon âge maintenant. J'ai 40 ans, j'ai trois gosses, je suis la daronne. Mais en même temps, je pense que j'ai 15 ans d'âge mental et c'est pour ça que ça fonctionne. Mais concrètement, quand j'avais ouvert le compte, j'avais pensé bêtement qu'en l'espace de 25 ans, en l'espace d'une génération, les choses avaient un peu évolué. Je ne sais pas pourquoi, je me disais que les gens se sont éduqués. Et en fait, c'est vrai que les gens viennent chercher sur mon compte tout ce qu'on ne nous a pas dit, tout ce qu'on aurait aimé savoir. Et aussi, il y a une vraie atmosphère d'entraide collective, de partage d'idées, d'enrichissement mutuel pour construire des relations affectives saines, épanouissantes. Chouette, quoi !

  • Speaker #0

    Ce n'est pas facile tous les jours non plus. C'est ce que tu me disais un peu. Tu te prends une certaine violence en fait.

  • Speaker #1

    En fait, tu sais quand le Haut Conseil à l'égalité te dit qu'il y a 57% des Françaises qui ont vécu des situations de non-consentement, derrière beaucoup d'expériences qu'on vient me déposer, il y a des choses magnifiques, hyper touchantes, hyper émouvantes que je partage. Il y a des choses avec énormément d'humour et il y a beaucoup de sourire dans ma commu. Je pense que c'est aussi, c'est peut-être ma marque de fabrique, c'est-à-dire... Des contes d'éducation sexo, il y en a pas mal. Par contre, un conte où on se fend la poire à longueur de story, c'est chez moi. Parce qu'effectivement, j'aimerais bien que le sexe, en tout cas les relations intimes, puissent être une fête. Mais par contre, oui, je lis au quotidien beaucoup de violences qui ne sont pas de la violence contre moi. On parle simplement de vécu hyper difficile. de beaucoup de personnes. Je parle des femmes, mais non, c'est plus largement de personnes sexisées, mais aussi d'hommes, etc. Enfin voilà, donc vraiment, c'est un lieu aussi où les gens viennent déposer. C'est un lieu où j'accueille et j'écoute beaucoup. Voilà.

  • Speaker #0

    Alors pour prendre un peu de recul avec tout ça, justement, j'imagine que tu as des échappatoires, dont le sport, je pense, en fait partie. Quelle est ton histoire, toi, justement, en parallèle avec le sport ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis une grande privilégiée. Je pense qu'on va commencer comme ça. Moi, j'ai eu la chance de grandir dans une famille où le sport avait une place importante. Donc on est pas mal tournés vers la montagne. Mes grands-parents avaient un chalet dans les Hautes-Alpes. Donc moi j'ai passé une partie de mon enfance au pied des montagnes, au pied des écrins, pour les gens qui connaissent un peu les Alpes. Et entre la rando, l'escalade, l'alpinisme, c'était vraiment... On était très outdoor. Et en grandissant j'ai fait de la compétition de gym, de l'athlète, etc. Ça a toujours été un truc important. Mais comme je suis quelqu'un qui marche aussi par, j'allais dire, j'ai failli dire par obsession. Tu me suis dit ça ? J'avais dit que j'en avais une dans l'intro. Par passion débordante. Tu vois, quand je fais des choses, il m'arrive d'être happée et quand j'ai ouvert le compte, j'avoue. Il faut dire que le contexte a été aussi celui du confinement pendant 18 mois, etc. D'abord, j'avais peur de mettre ma famille sur la paille parce que quand même, j'ai pas gagné d'argent pendant des mois. Et je savais pas du tout, c'était, on va dire, précaire comme situation avant que la communauté me soutienne et puis que derrière, je trouve des moyens d'avancer. Ne serait-ce que via mes enfants, je me disais mais je n'ai pas le droit en fait de faire autre chose que travailler, il faut que je donne... Toute mon énergie, il faut qu'elle aille sur le compte, que je fasse grandir cette communauté. Je me suis moi-même interdit pas mal. Il y avait à la fois la barrière auto-limitante et aussi le fait que je n'ai pas ressenti, je n'ai pas compris que j'étais en train d'aller droit dans le mur. C'est un peu ce que je dis aussi sur le compte. À force de ne pas m'équilibrer, je me suis mis à écouter. Et puis c'est hyper compliqué parce que... Dès que je pose le compte, moi j'ai mes trois enfants, mon mari, et c'est des personnes auprès de qui j'ai envie d'être présente et dont j'ai envie de m'occuper. Et du coup, arriver à prendre soin de soi alors que je travaille, honnêtement je pense qu'il n'y a pas une semaine où je suis sous les 70 heures. Il y a des semaines où je suis montée à 110 heures. Pendant le confinement par exemple, je faisais de 6 heures à 23 heures, c'était live ou en story non-stop. Je disais à tous les gens, si vous avez passé la journée et que personne ne vous a parlé ou écrit, vous m'écrivez, moi je vous réponds absolument. Je réponds à tous mes messages encore aujourd'hui. Il y en a à peu près 3500 par semaine pour donner un ordre de grandeur. Je suis une énorme gosseuse, clairement. Mais parce que ça me passionne, la grande difficulté, c'est d'arriver à prendre du temps pour soi. Je crois que le déclic, ça a été quand ? Il y a un an, en mai 2022. Écoute, je suis retournée à l'escalade, qui est un de mes sports de prédilection. Et j'ai accompagné mon dernier enfant. Et au début, j'étais l'hormoneur et je regarde. Je suis là juste pour que mon enfant kiffe. Puis ça me démangeait. Ça me démangeait. Puis moi, j'étais là avec ma prothèse de genoux. Non, le bloc, c'est hyper compliqué. Il ne faut pas que je tombe et tout. J'ai mis vachement de séances avant de m'autoriser. J'ai recommencé à grimper et laisse tomber. Addiction. C'est revenu comme en 40. Le bloc, c'est formidable. C'est le plus collectif des sports individuels. Donc, on est tous en bas des parois. Et c'est ce que je te disais en préparant ce podcast. Il y a un truc que je trouve formidable. et c'était une colombe si tu nous écoutes colombe pensait pour toi qui était sur un bloc hyper difficile et on était toute la team en bas en train de l'encourager très fort solide, carré, allez tu le sers allez tu lâches rien et en fait elle a sorti le bloc elle est redescendue, elle a fondu en larmes et elle a fait écouter merci parce qu'en fait moi j'y croyais pas pour moi et heureusement que vous y avez cru à ma place et puis on s'est dit en fait toute notre vie Ça devrait être une séance de bloc. Tu sais que toute ta vie, tu devrais avoir des gens qui croient en toi, quand toi-même, tu n'y crois plus. Des gens qui disent « Vas-y Charline, tu déchires ! Elle est trop forte ta story, mais ouais, ne doute pas ! » Et en fait, c'est vrai que ça apporte ça, outre le fait que quand tu es concentré sur un bloc, honnêtement, surtout que tu es en hauteur, même si tu n'as pas le vertige, on n'aime pas la chute. Il faut surtout les chutes incontrôlées, donc tu te concentres un max. Et voilà, sur ton corps, sur ta respiration, sur les prises et tout. Et honnêtement, tu te vides la tête de ouf parce que tu ne peux pas penser à autre chose. Et en fait, ça fait le job. Entre ça et les gens qui t'envoient de l'amour et de la force, ça m'a sauvée. Ce que je dis, c'est que le compte n'existerait plus si à ce moment-là, le sport et en particulier l'escalade n'étaient pas entrés dans ma vie.

  • Speaker #0

    Et pourtant, il me semble que tu as été blessée avec le sport. Il y a l'histoire d'une chute.

  • Speaker #1

    Oui, l'escalade. J'avais 20 ans. J'étais vraiment polytraumatisée. Je me suis quand même pris un vol de 80 mètres. Quand tu l'énonces, tu te rends compte de l'absurdité, de l'immensité. Le PGHM de Chamonix était venu chercher un corps. Moi, j'étais encore dans la paroi. Je me suis écrasée 80 mètres sous le lieu où j'ai dévissé. Et c'est hallucinant, en fait. enfin je veux dire euh Emmanuel Ausha, qui dirigeait l'équipe de secours, qui est venu me chercher quand il arrivait à ma hauteur. Et je lui parle, et il me fait... Lui-même était hyper ému. Il me dit, on m'a envoyé chercher un corps. Et là, je te parle et tout. Et moi, les premiers mots que je lui ai dit, le pauvre, c'est donne-moi tout de suite quelque chose, parce que je préfère mourir que de continuer à être consciente. C'était l'horreur en termes de douleur. Après j'ai accouché, j'ai découvert que c'était possible de faire pareil. Mais voilà, c'était la désespérance et en fait il m'a dit écoute, on va te déplacer évidemment. Par contre, il y a déjà des blessures et on ne va pas empirer le truc. Donc j'ai besoin que tu sois consciente à mes côtés le temps que je fasse un check. Je te promets, on va faire ça hyper efficace. On va faire ça ensemble, toi. plus moi, tu vois, c'est un travail d'équipe. Allez, t'es partante et tout, extraordinaire communication, bravo. Quand même, c'est ému pour Emmanuel, qui nous a quittés, qui n'est plus là, qui est décédé, quelqu'un qui a une place toute particulière dans mon cœur.

  • Speaker #0

    Suite à cet accident, est-ce que tu as l'impression d'avoir un peu vécu une deuxième rencontre avec toi-même ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ouf cette question. Ouais, en fait, je pense que tu vis... peut-être ce que les gens appellent la midlife crisis, la crise de milieu de vie. Sauf que moi, je l'ai vécue à 20 ans. C'est-à-dire, en fait, tu réalises que ça peut s'arrêter demain, que ça peut s'arrêter aujourd'hui, que tu n'as plus le time. Les gens se disent, ça y est, j'ai passé le milieu de ma vie. Moi, je l'ai vécue à 20 ans. Et c'est vrai que ça fait une espèce de gros secouce. C'est un gros coup que tu te prends sur la tête de qu'est-ce que je veux faire aujourd'hui que je ne peux pas remettre à demain. La première chose que j'ai faite, c'est de faire mon coming out. Je suis partie vivre à San Francisco un an après. Et puis voilà, là, ça a été l'occasion pour moi de poser les mots sur qui j'étais, de m'autoriser à vivre à l'étranger. J'avais vraiment envie de rencontre. Et puis je suis partie ensuite vivre en Chine, puis à Berlin. En Chine, j'ai lancé un club LGBT avec mes potes, qui était le seul club gay qui existait à l'époque. À Berlin, j'ai vécu dans une communauté utopiste. tout en à côté je continuais mes études et mes stages après j'ai signé pour un job où je faisais que d'international donc j'ai quasi pas mis les pieds en France en fait je me suis autorisée à vivre tous mes rêves en fait voilà je sais pas si ça répond à ta question si si si du coup en fait t'avais déjà eu un déclic à ce moment là aussi quoi et oui oui en termes de je veux kiffer ma vie en fait on en a qu'une et elle peut s'arrêter demain et ça fait sauter quand même pas mal de barrières limitantes hum hum J'ai ressenti une forme de crispation, peut-être. Des gens qui me disaient « mais tu ne vas pas faire ça » . J'étais en mode « mais en fait, je pense que je n'ai pas les mêmes barrières que les autres. Je n'ai pas compris en quoi ça pouvait être un problème. » Pour moi, il n'y a aucun problème à me balader déguisée en vulve et à sauter dans tous les sens, ou en caca ou en capote, à partir du moment où l'objectif est pédagogique et que ça a porté avec bienveillance, humour et consentement. Je suis persuadée que c'est avec l'éducation qu'on change le monde. Et qu'avec, perso, c'est le rire. Quand j'arrive dans une classe ou un amphi, je fais rire tout le monde. Et une fois que tu as créé une alliance pédagogique qui est fondée sur l'humour, qui est fondée sur le rire collectif qu'on partage, le fou rire qu'on partage, derrière, les messages sont plus simples.

  • Speaker #0

    J'ai remarqué que tu dis énormément le mot partage. Et même avant qu'on en revienne, je t'avais déjà remarqué que tu le disais. Franchement, c'est révélateur. On a parlé de rencontres avec toi-même, cette deuxième rencontre un peu. Mais il y a aussi les rencontres amoureuses dont tu parles sur ton compte. Et c'est marrant parce que quand on préparait le podcast, juste après, tu m'as dit que justement, les gens parlaient de rencontres en lien avec le sport. Pourtant, il y a un vrai sujet derrière ça.

  • Speaker #1

    Ah, alors moi, complètement. Non, mais c'est très drôle. Tu regardes toute l'histoire de mes datings. Pas toutes, mais une grande partie. J'ai rencontré une partie des personnes à la grimpe. Mon mari, je l'ai rencontré sur un covoit en allant en Fontainebleau, tu vois. Voilà, comme plusieurs de mes ex, quel que soit le genre d'ailleurs. C'est très drôle, je donne souvent rendez-vous à l'escalade. C'est le crash test, tu sais. Alors va-t-il survivre ? S'il survit, je lui offre, ou si elle survit, je lui offre la bia. C'est des moments, en fait, qui ont un côté très convivial, perso, que j'adore. Et j'adore qu'on m'emmène en date sportive. en fait c'est C'est intéressant parce que l'idée, c'est de vivre une expérience humaine, d'écaler, de découvrir l'autre. Ce que je dis, c'est marrant parce que... Je suis désolée, je passe du coq à l'âne. J'ai trois enfants, dont deux ados. Et alors, des fois, j'adore regarder leur série d'ados parce que je pense qu'il faut vraiment se mettre à la place des autres pour comprendre quel est le standard, les stéréotypes, pour mieux leur parler. Et du coup, je vois des trucs où il y a des ados qui se maquillent, qui se mettent sur leur 31, objectif d'aider un mec, évidemment. Moi, je m'arrache les cheveux, je t'avoue. Et alors, tu sais, mon truc, c'est de dire, mais en fait, mais quel sens, en fait ? Je veux dire, le vrai amour, c'est quand tu es crâne, en train de suer, tu puis des pieds, tu rottes, tu pètes. Enfin, c'est ça. En fait, on est des humains, tu vois, et cette espèce d'injonction, etc., elle tombe de facto dans le sport. C'est-à-dire, quand tu invites quelqu'un à faire du sport, je ne vais pas dire que dans une forme de moment de vérité, n'empêche que dans l'effort sportif, surtout quand il y a de l'endurance, etc. Mais en fait, ça rend très humble. Et moi, j'aime beaucoup cette espèce d'humilité dans laquelle on se place quand on partage une séance de sport avec une personne. Il y a une forme de moment de vérité et aussi d'humilité. Et c'est vrai que c'est quelque chose qui m'est cher. Et la communauté, c'est exactement ce qui s'est passé. Quand j'ai lancé le challenge, les gens se sont retrouvés. Et effectivement. Ça a donné lieu à des rencontres et amicales et parfois plus extraordinaires, donc je suis ravie.

  • Speaker #0

    C'est chouette. Est-ce que dans ton travail aussi de sexothérapeute, tu fais le lien avec la pratique d'une activité sportive et ou physique ?

  • Speaker #1

    En fait, ce qui est intéressant dans le métier, c'est qu'en fait, on doit détricoter beaucoup d'injonctions. Il y a une injonction qui fait beaucoup de mal à tout le monde, c'est le sexe est le ciment du couple. donc quand il y a moins de sexe quand Le sexe est plus compliqué, alors est-ce qu'on est vraiment encore un couple ? Donc il y a ça à détricoter et c'est un chemin de longue haleine de dire en fait ce qui fait le ciment du couple c'est l'intimité, c'est la complicité. Et elle peut se construire de mille manières différentes. Et c'est pas parce qu'on vous a biberonné à sexe égale ciment qu'en fait c'est le cas pour tout le monde. C'est le cas pour certaines personnes, surtout de relations qui sont exclusivement basées sur ça. C'est hyper ok, on a complètement le droit. Mais c'est pas vrai pour tout le monde. Et puis c'est pas vrai non plus de manière hyper constante au fil du temps. Et c'est intéressant parce que dans cette notion de complicité, d'intimité, il y a parfois une forme de peur et d'absence de créativité. Mais du coup, si on ne fait pas du sexe, qu'est-ce qu'on peut faire ensemble ? Il faut vraiment être en empathie avec ce genre de peur, parce qu'il faut remplacer et suggérer. Et effectivement, de prendre ne serait-ce qu'un hôtel une nuit, même potentiellement dans une ville à côté de chez vous, etc. pour changer de cadre et faire des choses que vous ne faites pas chez vous. Mais également, prenez ou louez des vélos, faites quelque chose, partez, prenez un train pour la montagne, allez faire une rando ensemble. Le sport, clairement, c'est quelque chose où on va venir expérimenter ensemble et créer un lien. C'est vraiment une des formes d'intimité, de complicité que je suggère le plus.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose dont tu parles beaucoup dans tes contenus aussi, le respect de son corps, du corps de l'autre. Que ce soit via les comportements physiques ou la façon d'en parler. En quoi le sport, ça peut aussi jouer un rôle sur ça, justement, dans le rapport au corps, à son corps et à celui de l'autre ?

  • Speaker #1

    Le sport, de manière générale, moi, ça m'a donné une forme d'autonomie affective que j'avais un peu perdue, je pense. C'est-à-dire, quand moi, je fais du sport, et là, mon corps, tu vois, c'est un peu transformé. En mesure de Madame Biscotto, après un an. Moi, je me trouve belle quand je grimpe et je trouve que mon corps, tel qu'il est modelé par mon sport, il est magnifique. En soi, je n'ai pas besoin de qui que ce soit pour valider ça. Et cette espèce d'autonomie par rapport au regard des autres, je me trouve belle, point. Quand je grimpe, je suis magnifique, je suis une reine, c'est sûr. Je le sais, au fond de moi, je le ressens comme ça. Et en fait, je trouve ça formidable comme outil d'empowerment.

  • Speaker #0

    Et des fois, c'est important aussi de le dire, tu disais que tu avais vu des résultats, pas des résultats, mais des changements physiques. Des fois, on fait beaucoup de sport, on n'a pas de changement physique.

  • Speaker #1

    mais malgré ça il y a quand même un truc où on se sent mieux et plus beau plus belle il faut aller au delà du de la transformation physique et puis aussi ce que j'ai envie de dire aux gens parce qu'il y a des personnes fortes qui sont venues en meetup pour grimper et c'est vrai aussi moi j'ai fait de la pole j'en ai vu faut pas s'interdire quoi que ce soit en raison de son physique on a tous commencé faible on a tous commencé avec des physiques pas forcément adaptées l'objectif c'est de prendre son pied Merci. Le kiff, c'est la santé mentale. C'est de vider sa tête et de trouver des personnes chouettes avec qui pratiquer un sport drôle, ludique. En tout cas, moi, c'est comme ça que je le vis. Donc aussi, ne vous mettez pas de barrière, s'il vous plaît. Allez-y. Je suis hyper heureuse d'avoir vu des personnes de toute morphologie grimper autour de moi. Et voilà, la transformation, elle est surtout dans la tête et c'est vraiment la plus importante.

  • Speaker #0

    Et c'est marrant parce que du coup, tout ce que tu disais là, C'est comme les valeurs liberté, bienveillance, inclusivité, respect et non-jugement de ta communauté autour de la sexualité. En fait, c'est les mêmes pour le sport ?

  • Speaker #1

    C'est les mêmes pour le sport, absolument. Ensuite, je pense qu'on a encore du travail à faire. Je ne suis pas déconnectée. Je sais que d'abord, il y a des violences également dans le sport. Je pense qu'il est important que les fédérations s'en saisissent et travaillent là-dessus. Il y a des espaces plus safe que d'autres.

  • Speaker #0

    Quel rapport tu as aussi avec la notion de performance ? Que ce soit du coup, pareil, on peut dire dans le domaine de la sexualité. ou du sport en fait ?

  • Speaker #1

    C'est compliqué pour moi. J'assume que c'est un sujet qui n'est pas simple sur lequel je suis aujourd'hui encore en évolution. Typiquement, je sais que j'ai un besoin de performer qui est hyper important. Pour le sport, c'est une vraie question qui s'est posée et j'en veux dire le corps m'a mise à rude épreuve parce que j'étais blessée. Tu vois, je grimpais dans le 7A et là, tout d'un coup, tu te retrouves à dégringoler complètement parce que moi, j'avais perdu. j'avais pas le droit d'utiliser mes doigts parce que mes ligaments avaient été partiellement, mes tendons arrachés et du coup là tu dois retravailler travailler ton rapport à la grimpe en train de te demander est-ce que c'est ok, est-ce que je kiffe de prendre mon pied avec des machins hyper simples, pas durs, pas difficiles, donc je suis pas du tout là pour la performance, juste pour kiffer. Et la réponse, c'est qu'aujourd'hui, je pense que ce travail-là, je l'ai fait et j'arrive à faire des séances où je m'éclate alors que j'ai pas passé grand-chose, entre guillemets, comme chose difficile, mais c'était pas ça le plus important. par contre je veux dire quand on a Quand même, généralement, je vais me vider au renfort avant ou après, parce que je pense que j'ai aussi besoin, en termes de dépenses énergétiques, de me sentir...

  • Speaker #0

    Et en vrai, il y a une différence entre dépenses et performances. Pour moi, performance, c'est à plus résultat quand même, tu vois.

  • Speaker #1

    Là, je n'ai pas besoin de résultat aujourd'hui. Tu vois, je fais partie de plusieurs groupes WhatsApp de grimpe à différents endroits. Enfin, tu vois, rien que le fait d'arriver et de savoir qu'il y a mes potes qui sont là et qu'on va passer un moment ensemble. Ça y est, j'ai performé. Vraiment, c'était ça l'objectif. Est-ce qu'on va passer ensemble comme moment ? En fait, on s'en fout. Et puis aussi, tu te nourris énormément du succès des autres. Quand je fais une séance où, objectivement, ce n'était pas ouf. Mais en fait, il suffit qu'il y en ait qui performent et tout. Pour moi, c'est une séance magique. Je me réjouis tellement et pour moi c'est aussi un succès collectif donc tu vois, il y a une vraie compersion aussi, c'est vraiment un autre parallèle très important je pense.

  • Speaker #0

    Et la compétition, est-ce que tu as un esprit de compétition du coup ?

  • Speaker #1

    J'ai un esprit de compétition mais vraiment, je pense que c'est vraiment le truc dont je suis le plus revenue, c'est-à-dire ce qui m'intéresse aujourd'hui c'est vraiment moi face à moi-même, moi face à mon niveau, à la paroi ou des difficultés, être meilleure que les autres. être la plus forte, etc. Je pense que c'est intéressant, cette question. J'étais très compétitive, j'avais besoin d'être première de la classe pour me sentir bien dans mes basques quand j'étais jeune et gagner mes coupes de gym et tout. Aujourd'hui, j'ai un esprit de compétition, mais de quelqu'un qui a travaillé sur soi. C'est un travail que je suis fière d'avoir fait, de relativiser tout ça. Parce que je suis beaucoup plus à l'écoute, je pense, de mes enfants. Je ne vais absolument pas pousser. J'ai un enfant qui grimpe à très bon niveau. Et c'est marrant parce que le fait d'avoir fait ce travail sur mon esprit de compétition, j'espère que ça fait de moi une maman, je vais poser des mots, moins violente. C'est-à-dire en fait, je suis beaucoup plus à l'écoute de son consentement. Qu'est-ce que mon enfant a envie de faire par rapport à ça ? Je suis contente du coup d'avoir fait toute cette évolution sur mon rapport à la compétition pourquoi pour ne pas projeter ça sur mes enfants. C'est vraiment des personnes qui sont hyper libres. Et voilà.

  • Speaker #0

    Bravo,

  • Speaker #1

    bravo pour ton travail.

  • Speaker #0

    Ce podcast, il s'appelle Déclic. C'est quoi pour toi un déclic ?

  • Speaker #1

    C'est une épiphanie. C'est un moment où tu te rends compte de certaines choses, tu ouvres les yeux. Pour moi, par exemple, j'en parlais à mes enfants ce week-end. La question, c'était « Maman, quand est-ce que tu as réalisé que tu aimais les hommes et les femmes ? » C'est intéressant en termes de... Chez les personnes queer, on appelle ça le coming in, c'est le moment où tu prends conscience de ton identité de genre, ou de ton orientation sexuelle qui n'est pas si hétéro. Et tu vois, moi je leur ai dit, moi j'avais 12 ans. Et voilà, il y a eu un déclic, d'ailleurs c'était en sport, c'était très drôle. Madame Clément posait une question que je trouve intéressante. À chaque début d'année, elle demandait, écrivez-moi sur la feuille, avec qui est-ce que vous aimeriez partir en vacances, dans la classe ? Et moi, je sais pas pourquoi, mais si, je sais maintenant pourquoi, j'ai mis le nom d'une meuf avec qui j'étais absolument pas du tout pote, pas du tout même groupe d'amis. C'était mon premier crush lesbien. Et je crois que c'était mon coming in. Donc j'ai parlé de ce déclic à mes enfants.

  • Speaker #0

    En lien avec le sport déjà, tu vois.

  • Speaker #1

    Déjà, voilà, exactement.

  • Speaker #0

    Génial. Bon, on aura encore plein de choses à te dire, mais on arrive à la fin de cet épisode. Est-ce que tu peux nous rappeler où est-ce qu'on peut te retrouver et te suivre ?

  • Speaker #1

    Oui, Instagram. Et pour l'instant, uniquement Instagram. Le compte s'appelle Orgasme et moi. C'est Orgasme underscore et E-T underscore moi. Et voilà, on est ravis d'accueillir toutes les nouvelles personnes. Venez avec votre bonne humeur et on est là.

  • Speaker #0

    Et tu peux redonner le nom de ton premier livre aussi ?

  • Speaker #1

    C'est corps, amour, sexualité, les 120 questions que vos enfants vont vous poser. C'est pour les enfants de 5 à 14 ans et les parents, les adultes de confiance, les éduques, pros de santé, toutes les personnes qui gravitent autour des enfants. Voilà, pour les accompagner au mieux dans leurs questions et leurs apprentissages.

  • Speaker #0

    Super, c'est noté. Merci beaucoup, Charlie. Merci, Manon. Et à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin, ce déclic.

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Description

“Le sport m’a donné une sorte d’autonomie affective”. Vous vous êtes déjà questionné·e sur votre rapport au corps ? À l’intimité ? Et le sport dans tout ça ? Toutes ces questions, je les ai posées à Charline Vermont. Sexothérapeute, elle est aussi la fondatrice du compte Instagram Orgasme et moi derrière lequel vit une communauté de plus de 700 000 abonné·es. Rencontrer son corps, puis le découvrir, le retrouver après une blessure, prendre soin de soi et de ses relations aussi… C’est un peu de tout ça dont on parle dans cet épisode.


📲💻 Retrouvez Charline Vermont sur Instagram.


💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.


🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Qui sait… Vous tomberez peut-être, vous aussi, sur un déclic.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre, rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode où vous écoutez le déclic de Charline Verbon.

  • Speaker #1

    Salut Charline ! Hello Manon !

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Bien !

  • Speaker #0

    Moi aussi, on va le dire, on a eu un petit coup de stress.

  • Speaker #1

    Il y a eu des petits périples aussi.

  • Speaker #0

    On a réussi à enregistrer. Les éléments sont avec nous.

  • Speaker #1

    Travail d'équipe. Voilà. Donc là, on est encore plus soudés avant de commencer. C'est ça.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, je vais me permettre de te présenter à nos auditeurs et auditrices. Charline, tu es sexothérapeute et non pas sexologue, c'est important de le préciser. Formatrice, autrice et créatrice de contenu sur les réseaux sociaux. Ton sujet, en tout cas, l'un de tes sujets, c'est la sexualité que tu abordes avec une approche Santé, bienveillante et positive. T'es la fondatrice du compte Instagram Orgasme et moi, derrière lequel vit une communauté de plus de 700 000 abonnés. Et en lien avec cette commu, comme tu l'appelles, est né le hashtag MMM, qui lui représente tous ces gens qui te suivent et qui se retrouvent derrière des valeurs de liberté sexuelle, de bienveillance, d'inclusivité, de respect et de non-jugement. Tu es auteur d'un livre d'éducation sexuelle aussi, et à l'heure où on enregistre ce podcast, on se trouve d'ailleurs dans ta maison d'édition parce que tu nous prépares une prochaine surprise. Et récemment, tu as aussi mobilisé ta communauté derrière un autre hashtag, cette fois en lien avec le sport. Et c'est de ça dont on va parler aujourd'hui, l'histoire de Charline et du sport. Mais avant de discuter de ce sujet qui est essentiel pour toi, je crois, j'ai envie que tu nous parles un peu plus de toi. Est-ce que tu peux revenir en quelques mots sur ton parcours et nous dire comment tu en es arrivée à faire ce que tu fais aujourd'hui et à être qui tu fais aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Tu as deux minutes.

  • Speaker #1

    J'ai deux minutes, oh là là. Le compte est né en février 2019. Moi, je l'ai créé parce que j'avais à cœur de transmettre des choses qui me semblent la base en termes d'éducation à la sexualité. Et là où j'ai été cueillie, je pense, c'est l'essor qu'a pris cette communauté très rapidement. Je crois que je n'avais pas pris la mesure. Alors, je précise pour les auditorices, j'ai 40 balais. J'ai failli dire comme Aurèle Selme, je ne donne plus mon âge maintenant. J'ai 40 ans, j'ai trois gosses, je suis la daronne. Mais en même temps, je pense que j'ai 15 ans d'âge mental et c'est pour ça que ça fonctionne. Mais concrètement, quand j'avais ouvert le compte, j'avais pensé bêtement qu'en l'espace de 25 ans, en l'espace d'une génération, les choses avaient un peu évolué. Je ne sais pas pourquoi, je me disais que les gens se sont éduqués. Et en fait, c'est vrai que les gens viennent chercher sur mon compte tout ce qu'on ne nous a pas dit, tout ce qu'on aurait aimé savoir. Et aussi, il y a une vraie atmosphère d'entraide collective, de partage d'idées, d'enrichissement mutuel pour construire des relations affectives saines, épanouissantes. Chouette, quoi !

  • Speaker #0

    Ce n'est pas facile tous les jours non plus. C'est ce que tu me disais un peu. Tu te prends une certaine violence en fait.

  • Speaker #1

    En fait, tu sais quand le Haut Conseil à l'égalité te dit qu'il y a 57% des Françaises qui ont vécu des situations de non-consentement, derrière beaucoup d'expériences qu'on vient me déposer, il y a des choses magnifiques, hyper touchantes, hyper émouvantes que je partage. Il y a des choses avec énormément d'humour et il y a beaucoup de sourire dans ma commu. Je pense que c'est aussi, c'est peut-être ma marque de fabrique, c'est-à-dire... Des contes d'éducation sexo, il y en a pas mal. Par contre, un conte où on se fend la poire à longueur de story, c'est chez moi. Parce qu'effectivement, j'aimerais bien que le sexe, en tout cas les relations intimes, puissent être une fête. Mais par contre, oui, je lis au quotidien beaucoup de violences qui ne sont pas de la violence contre moi. On parle simplement de vécu hyper difficile. de beaucoup de personnes. Je parle des femmes, mais non, c'est plus largement de personnes sexisées, mais aussi d'hommes, etc. Enfin voilà, donc vraiment, c'est un lieu aussi où les gens viennent déposer. C'est un lieu où j'accueille et j'écoute beaucoup. Voilà.

  • Speaker #0

    Alors pour prendre un peu de recul avec tout ça, justement, j'imagine que tu as des échappatoires, dont le sport, je pense, en fait partie. Quelle est ton histoire, toi, justement, en parallèle avec le sport ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis une grande privilégiée. Je pense qu'on va commencer comme ça. Moi, j'ai eu la chance de grandir dans une famille où le sport avait une place importante. Donc on est pas mal tournés vers la montagne. Mes grands-parents avaient un chalet dans les Hautes-Alpes. Donc moi j'ai passé une partie de mon enfance au pied des montagnes, au pied des écrins, pour les gens qui connaissent un peu les Alpes. Et entre la rando, l'escalade, l'alpinisme, c'était vraiment... On était très outdoor. Et en grandissant j'ai fait de la compétition de gym, de l'athlète, etc. Ça a toujours été un truc important. Mais comme je suis quelqu'un qui marche aussi par, j'allais dire, j'ai failli dire par obsession. Tu me suis dit ça ? J'avais dit que j'en avais une dans l'intro. Par passion débordante. Tu vois, quand je fais des choses, il m'arrive d'être happée et quand j'ai ouvert le compte, j'avoue. Il faut dire que le contexte a été aussi celui du confinement pendant 18 mois, etc. D'abord, j'avais peur de mettre ma famille sur la paille parce que quand même, j'ai pas gagné d'argent pendant des mois. Et je savais pas du tout, c'était, on va dire, précaire comme situation avant que la communauté me soutienne et puis que derrière, je trouve des moyens d'avancer. Ne serait-ce que via mes enfants, je me disais mais je n'ai pas le droit en fait de faire autre chose que travailler, il faut que je donne... Toute mon énergie, il faut qu'elle aille sur le compte, que je fasse grandir cette communauté. Je me suis moi-même interdit pas mal. Il y avait à la fois la barrière auto-limitante et aussi le fait que je n'ai pas ressenti, je n'ai pas compris que j'étais en train d'aller droit dans le mur. C'est un peu ce que je dis aussi sur le compte. À force de ne pas m'équilibrer, je me suis mis à écouter. Et puis c'est hyper compliqué parce que... Dès que je pose le compte, moi j'ai mes trois enfants, mon mari, et c'est des personnes auprès de qui j'ai envie d'être présente et dont j'ai envie de m'occuper. Et du coup, arriver à prendre soin de soi alors que je travaille, honnêtement je pense qu'il n'y a pas une semaine où je suis sous les 70 heures. Il y a des semaines où je suis montée à 110 heures. Pendant le confinement par exemple, je faisais de 6 heures à 23 heures, c'était live ou en story non-stop. Je disais à tous les gens, si vous avez passé la journée et que personne ne vous a parlé ou écrit, vous m'écrivez, moi je vous réponds absolument. Je réponds à tous mes messages encore aujourd'hui. Il y en a à peu près 3500 par semaine pour donner un ordre de grandeur. Je suis une énorme gosseuse, clairement. Mais parce que ça me passionne, la grande difficulté, c'est d'arriver à prendre du temps pour soi. Je crois que le déclic, ça a été quand ? Il y a un an, en mai 2022. Écoute, je suis retournée à l'escalade, qui est un de mes sports de prédilection. Et j'ai accompagné mon dernier enfant. Et au début, j'étais l'hormoneur et je regarde. Je suis là juste pour que mon enfant kiffe. Puis ça me démangeait. Ça me démangeait. Puis moi, j'étais là avec ma prothèse de genoux. Non, le bloc, c'est hyper compliqué. Il ne faut pas que je tombe et tout. J'ai mis vachement de séances avant de m'autoriser. J'ai recommencé à grimper et laisse tomber. Addiction. C'est revenu comme en 40. Le bloc, c'est formidable. C'est le plus collectif des sports individuels. Donc, on est tous en bas des parois. Et c'est ce que je te disais en préparant ce podcast. Il y a un truc que je trouve formidable. et c'était une colombe si tu nous écoutes colombe pensait pour toi qui était sur un bloc hyper difficile et on était toute la team en bas en train de l'encourager très fort solide, carré, allez tu le sers allez tu lâches rien et en fait elle a sorti le bloc elle est redescendue, elle a fondu en larmes et elle a fait écouter merci parce qu'en fait moi j'y croyais pas pour moi et heureusement que vous y avez cru à ma place et puis on s'est dit en fait toute notre vie Ça devrait être une séance de bloc. Tu sais que toute ta vie, tu devrais avoir des gens qui croient en toi, quand toi-même, tu n'y crois plus. Des gens qui disent « Vas-y Charline, tu déchires ! Elle est trop forte ta story, mais ouais, ne doute pas ! » Et en fait, c'est vrai que ça apporte ça, outre le fait que quand tu es concentré sur un bloc, honnêtement, surtout que tu es en hauteur, même si tu n'as pas le vertige, on n'aime pas la chute. Il faut surtout les chutes incontrôlées, donc tu te concentres un max. Et voilà, sur ton corps, sur ta respiration, sur les prises et tout. Et honnêtement, tu te vides la tête de ouf parce que tu ne peux pas penser à autre chose. Et en fait, ça fait le job. Entre ça et les gens qui t'envoient de l'amour et de la force, ça m'a sauvée. Ce que je dis, c'est que le compte n'existerait plus si à ce moment-là, le sport et en particulier l'escalade n'étaient pas entrés dans ma vie.

  • Speaker #0

    Et pourtant, il me semble que tu as été blessée avec le sport. Il y a l'histoire d'une chute.

  • Speaker #1

    Oui, l'escalade. J'avais 20 ans. J'étais vraiment polytraumatisée. Je me suis quand même pris un vol de 80 mètres. Quand tu l'énonces, tu te rends compte de l'absurdité, de l'immensité. Le PGHM de Chamonix était venu chercher un corps. Moi, j'étais encore dans la paroi. Je me suis écrasée 80 mètres sous le lieu où j'ai dévissé. Et c'est hallucinant, en fait. enfin je veux dire euh Emmanuel Ausha, qui dirigeait l'équipe de secours, qui est venu me chercher quand il arrivait à ma hauteur. Et je lui parle, et il me fait... Lui-même était hyper ému. Il me dit, on m'a envoyé chercher un corps. Et là, je te parle et tout. Et moi, les premiers mots que je lui ai dit, le pauvre, c'est donne-moi tout de suite quelque chose, parce que je préfère mourir que de continuer à être consciente. C'était l'horreur en termes de douleur. Après j'ai accouché, j'ai découvert que c'était possible de faire pareil. Mais voilà, c'était la désespérance et en fait il m'a dit écoute, on va te déplacer évidemment. Par contre, il y a déjà des blessures et on ne va pas empirer le truc. Donc j'ai besoin que tu sois consciente à mes côtés le temps que je fasse un check. Je te promets, on va faire ça hyper efficace. On va faire ça ensemble, toi. plus moi, tu vois, c'est un travail d'équipe. Allez, t'es partante et tout, extraordinaire communication, bravo. Quand même, c'est ému pour Emmanuel, qui nous a quittés, qui n'est plus là, qui est décédé, quelqu'un qui a une place toute particulière dans mon cœur.

  • Speaker #0

    Suite à cet accident, est-ce que tu as l'impression d'avoir un peu vécu une deuxième rencontre avec toi-même ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ouf cette question. Ouais, en fait, je pense que tu vis... peut-être ce que les gens appellent la midlife crisis, la crise de milieu de vie. Sauf que moi, je l'ai vécue à 20 ans. C'est-à-dire, en fait, tu réalises que ça peut s'arrêter demain, que ça peut s'arrêter aujourd'hui, que tu n'as plus le time. Les gens se disent, ça y est, j'ai passé le milieu de ma vie. Moi, je l'ai vécue à 20 ans. Et c'est vrai que ça fait une espèce de gros secouce. C'est un gros coup que tu te prends sur la tête de qu'est-ce que je veux faire aujourd'hui que je ne peux pas remettre à demain. La première chose que j'ai faite, c'est de faire mon coming out. Je suis partie vivre à San Francisco un an après. Et puis voilà, là, ça a été l'occasion pour moi de poser les mots sur qui j'étais, de m'autoriser à vivre à l'étranger. J'avais vraiment envie de rencontre. Et puis je suis partie ensuite vivre en Chine, puis à Berlin. En Chine, j'ai lancé un club LGBT avec mes potes, qui était le seul club gay qui existait à l'époque. À Berlin, j'ai vécu dans une communauté utopiste. tout en à côté je continuais mes études et mes stages après j'ai signé pour un job où je faisais que d'international donc j'ai quasi pas mis les pieds en France en fait je me suis autorisée à vivre tous mes rêves en fait voilà je sais pas si ça répond à ta question si si si du coup en fait t'avais déjà eu un déclic à ce moment là aussi quoi et oui oui en termes de je veux kiffer ma vie en fait on en a qu'une et elle peut s'arrêter demain et ça fait sauter quand même pas mal de barrières limitantes hum hum J'ai ressenti une forme de crispation, peut-être. Des gens qui me disaient « mais tu ne vas pas faire ça » . J'étais en mode « mais en fait, je pense que je n'ai pas les mêmes barrières que les autres. Je n'ai pas compris en quoi ça pouvait être un problème. » Pour moi, il n'y a aucun problème à me balader déguisée en vulve et à sauter dans tous les sens, ou en caca ou en capote, à partir du moment où l'objectif est pédagogique et que ça a porté avec bienveillance, humour et consentement. Je suis persuadée que c'est avec l'éducation qu'on change le monde. Et qu'avec, perso, c'est le rire. Quand j'arrive dans une classe ou un amphi, je fais rire tout le monde. Et une fois que tu as créé une alliance pédagogique qui est fondée sur l'humour, qui est fondée sur le rire collectif qu'on partage, le fou rire qu'on partage, derrière, les messages sont plus simples.

  • Speaker #0

    J'ai remarqué que tu dis énormément le mot partage. Et même avant qu'on en revienne, je t'avais déjà remarqué que tu le disais. Franchement, c'est révélateur. On a parlé de rencontres avec toi-même, cette deuxième rencontre un peu. Mais il y a aussi les rencontres amoureuses dont tu parles sur ton compte. Et c'est marrant parce que quand on préparait le podcast, juste après, tu m'as dit que justement, les gens parlaient de rencontres en lien avec le sport. Pourtant, il y a un vrai sujet derrière ça.

  • Speaker #1

    Ah, alors moi, complètement. Non, mais c'est très drôle. Tu regardes toute l'histoire de mes datings. Pas toutes, mais une grande partie. J'ai rencontré une partie des personnes à la grimpe. Mon mari, je l'ai rencontré sur un covoit en allant en Fontainebleau, tu vois. Voilà, comme plusieurs de mes ex, quel que soit le genre d'ailleurs. C'est très drôle, je donne souvent rendez-vous à l'escalade. C'est le crash test, tu sais. Alors va-t-il survivre ? S'il survit, je lui offre, ou si elle survit, je lui offre la bia. C'est des moments, en fait, qui ont un côté très convivial, perso, que j'adore. Et j'adore qu'on m'emmène en date sportive. en fait c'est C'est intéressant parce que l'idée, c'est de vivre une expérience humaine, d'écaler, de découvrir l'autre. Ce que je dis, c'est marrant parce que... Je suis désolée, je passe du coq à l'âne. J'ai trois enfants, dont deux ados. Et alors, des fois, j'adore regarder leur série d'ados parce que je pense qu'il faut vraiment se mettre à la place des autres pour comprendre quel est le standard, les stéréotypes, pour mieux leur parler. Et du coup, je vois des trucs où il y a des ados qui se maquillent, qui se mettent sur leur 31, objectif d'aider un mec, évidemment. Moi, je m'arrache les cheveux, je t'avoue. Et alors, tu sais, mon truc, c'est de dire, mais en fait, mais quel sens, en fait ? Je veux dire, le vrai amour, c'est quand tu es crâne, en train de suer, tu puis des pieds, tu rottes, tu pètes. Enfin, c'est ça. En fait, on est des humains, tu vois, et cette espèce d'injonction, etc., elle tombe de facto dans le sport. C'est-à-dire, quand tu invites quelqu'un à faire du sport, je ne vais pas dire que dans une forme de moment de vérité, n'empêche que dans l'effort sportif, surtout quand il y a de l'endurance, etc. Mais en fait, ça rend très humble. Et moi, j'aime beaucoup cette espèce d'humilité dans laquelle on se place quand on partage une séance de sport avec une personne. Il y a une forme de moment de vérité et aussi d'humilité. Et c'est vrai que c'est quelque chose qui m'est cher. Et la communauté, c'est exactement ce qui s'est passé. Quand j'ai lancé le challenge, les gens se sont retrouvés. Et effectivement. Ça a donné lieu à des rencontres et amicales et parfois plus extraordinaires, donc je suis ravie.

  • Speaker #0

    C'est chouette. Est-ce que dans ton travail aussi de sexothérapeute, tu fais le lien avec la pratique d'une activité sportive et ou physique ?

  • Speaker #1

    En fait, ce qui est intéressant dans le métier, c'est qu'en fait, on doit détricoter beaucoup d'injonctions. Il y a une injonction qui fait beaucoup de mal à tout le monde, c'est le sexe est le ciment du couple. donc quand il y a moins de sexe quand Le sexe est plus compliqué, alors est-ce qu'on est vraiment encore un couple ? Donc il y a ça à détricoter et c'est un chemin de longue haleine de dire en fait ce qui fait le ciment du couple c'est l'intimité, c'est la complicité. Et elle peut se construire de mille manières différentes. Et c'est pas parce qu'on vous a biberonné à sexe égale ciment qu'en fait c'est le cas pour tout le monde. C'est le cas pour certaines personnes, surtout de relations qui sont exclusivement basées sur ça. C'est hyper ok, on a complètement le droit. Mais c'est pas vrai pour tout le monde. Et puis c'est pas vrai non plus de manière hyper constante au fil du temps. Et c'est intéressant parce que dans cette notion de complicité, d'intimité, il y a parfois une forme de peur et d'absence de créativité. Mais du coup, si on ne fait pas du sexe, qu'est-ce qu'on peut faire ensemble ? Il faut vraiment être en empathie avec ce genre de peur, parce qu'il faut remplacer et suggérer. Et effectivement, de prendre ne serait-ce qu'un hôtel une nuit, même potentiellement dans une ville à côté de chez vous, etc. pour changer de cadre et faire des choses que vous ne faites pas chez vous. Mais également, prenez ou louez des vélos, faites quelque chose, partez, prenez un train pour la montagne, allez faire une rando ensemble. Le sport, clairement, c'est quelque chose où on va venir expérimenter ensemble et créer un lien. C'est vraiment une des formes d'intimité, de complicité que je suggère le plus.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose dont tu parles beaucoup dans tes contenus aussi, le respect de son corps, du corps de l'autre. Que ce soit via les comportements physiques ou la façon d'en parler. En quoi le sport, ça peut aussi jouer un rôle sur ça, justement, dans le rapport au corps, à son corps et à celui de l'autre ?

  • Speaker #1

    Le sport, de manière générale, moi, ça m'a donné une forme d'autonomie affective que j'avais un peu perdue, je pense. C'est-à-dire, quand moi, je fais du sport, et là, mon corps, tu vois, c'est un peu transformé. En mesure de Madame Biscotto, après un an. Moi, je me trouve belle quand je grimpe et je trouve que mon corps, tel qu'il est modelé par mon sport, il est magnifique. En soi, je n'ai pas besoin de qui que ce soit pour valider ça. Et cette espèce d'autonomie par rapport au regard des autres, je me trouve belle, point. Quand je grimpe, je suis magnifique, je suis une reine, c'est sûr. Je le sais, au fond de moi, je le ressens comme ça. Et en fait, je trouve ça formidable comme outil d'empowerment.

  • Speaker #0

    Et des fois, c'est important aussi de le dire, tu disais que tu avais vu des résultats, pas des résultats, mais des changements physiques. Des fois, on fait beaucoup de sport, on n'a pas de changement physique.

  • Speaker #1

    mais malgré ça il y a quand même un truc où on se sent mieux et plus beau plus belle il faut aller au delà du de la transformation physique et puis aussi ce que j'ai envie de dire aux gens parce qu'il y a des personnes fortes qui sont venues en meetup pour grimper et c'est vrai aussi moi j'ai fait de la pole j'en ai vu faut pas s'interdire quoi que ce soit en raison de son physique on a tous commencé faible on a tous commencé avec des physiques pas forcément adaptées l'objectif c'est de prendre son pied Merci. Le kiff, c'est la santé mentale. C'est de vider sa tête et de trouver des personnes chouettes avec qui pratiquer un sport drôle, ludique. En tout cas, moi, c'est comme ça que je le vis. Donc aussi, ne vous mettez pas de barrière, s'il vous plaît. Allez-y. Je suis hyper heureuse d'avoir vu des personnes de toute morphologie grimper autour de moi. Et voilà, la transformation, elle est surtout dans la tête et c'est vraiment la plus importante.

  • Speaker #0

    Et c'est marrant parce que du coup, tout ce que tu disais là, C'est comme les valeurs liberté, bienveillance, inclusivité, respect et non-jugement de ta communauté autour de la sexualité. En fait, c'est les mêmes pour le sport ?

  • Speaker #1

    C'est les mêmes pour le sport, absolument. Ensuite, je pense qu'on a encore du travail à faire. Je ne suis pas déconnectée. Je sais que d'abord, il y a des violences également dans le sport. Je pense qu'il est important que les fédérations s'en saisissent et travaillent là-dessus. Il y a des espaces plus safe que d'autres.

  • Speaker #0

    Quel rapport tu as aussi avec la notion de performance ? Que ce soit du coup, pareil, on peut dire dans le domaine de la sexualité. ou du sport en fait ?

  • Speaker #1

    C'est compliqué pour moi. J'assume que c'est un sujet qui n'est pas simple sur lequel je suis aujourd'hui encore en évolution. Typiquement, je sais que j'ai un besoin de performer qui est hyper important. Pour le sport, c'est une vraie question qui s'est posée et j'en veux dire le corps m'a mise à rude épreuve parce que j'étais blessée. Tu vois, je grimpais dans le 7A et là, tout d'un coup, tu te retrouves à dégringoler complètement parce que moi, j'avais perdu. j'avais pas le droit d'utiliser mes doigts parce que mes ligaments avaient été partiellement, mes tendons arrachés et du coup là tu dois retravailler travailler ton rapport à la grimpe en train de te demander est-ce que c'est ok, est-ce que je kiffe de prendre mon pied avec des machins hyper simples, pas durs, pas difficiles, donc je suis pas du tout là pour la performance, juste pour kiffer. Et la réponse, c'est qu'aujourd'hui, je pense que ce travail-là, je l'ai fait et j'arrive à faire des séances où je m'éclate alors que j'ai pas passé grand-chose, entre guillemets, comme chose difficile, mais c'était pas ça le plus important. par contre je veux dire quand on a Quand même, généralement, je vais me vider au renfort avant ou après, parce que je pense que j'ai aussi besoin, en termes de dépenses énergétiques, de me sentir...

  • Speaker #0

    Et en vrai, il y a une différence entre dépenses et performances. Pour moi, performance, c'est à plus résultat quand même, tu vois.

  • Speaker #1

    Là, je n'ai pas besoin de résultat aujourd'hui. Tu vois, je fais partie de plusieurs groupes WhatsApp de grimpe à différents endroits. Enfin, tu vois, rien que le fait d'arriver et de savoir qu'il y a mes potes qui sont là et qu'on va passer un moment ensemble. Ça y est, j'ai performé. Vraiment, c'était ça l'objectif. Est-ce qu'on va passer ensemble comme moment ? En fait, on s'en fout. Et puis aussi, tu te nourris énormément du succès des autres. Quand je fais une séance où, objectivement, ce n'était pas ouf. Mais en fait, il suffit qu'il y en ait qui performent et tout. Pour moi, c'est une séance magique. Je me réjouis tellement et pour moi c'est aussi un succès collectif donc tu vois, il y a une vraie compersion aussi, c'est vraiment un autre parallèle très important je pense.

  • Speaker #0

    Et la compétition, est-ce que tu as un esprit de compétition du coup ?

  • Speaker #1

    J'ai un esprit de compétition mais vraiment, je pense que c'est vraiment le truc dont je suis le plus revenue, c'est-à-dire ce qui m'intéresse aujourd'hui c'est vraiment moi face à moi-même, moi face à mon niveau, à la paroi ou des difficultés, être meilleure que les autres. être la plus forte, etc. Je pense que c'est intéressant, cette question. J'étais très compétitive, j'avais besoin d'être première de la classe pour me sentir bien dans mes basques quand j'étais jeune et gagner mes coupes de gym et tout. Aujourd'hui, j'ai un esprit de compétition, mais de quelqu'un qui a travaillé sur soi. C'est un travail que je suis fière d'avoir fait, de relativiser tout ça. Parce que je suis beaucoup plus à l'écoute, je pense, de mes enfants. Je ne vais absolument pas pousser. J'ai un enfant qui grimpe à très bon niveau. Et c'est marrant parce que le fait d'avoir fait ce travail sur mon esprit de compétition, j'espère que ça fait de moi une maman, je vais poser des mots, moins violente. C'est-à-dire en fait, je suis beaucoup plus à l'écoute de son consentement. Qu'est-ce que mon enfant a envie de faire par rapport à ça ? Je suis contente du coup d'avoir fait toute cette évolution sur mon rapport à la compétition pourquoi pour ne pas projeter ça sur mes enfants. C'est vraiment des personnes qui sont hyper libres. Et voilà.

  • Speaker #0

    Bravo,

  • Speaker #1

    bravo pour ton travail.

  • Speaker #0

    Ce podcast, il s'appelle Déclic. C'est quoi pour toi un déclic ?

  • Speaker #1

    C'est une épiphanie. C'est un moment où tu te rends compte de certaines choses, tu ouvres les yeux. Pour moi, par exemple, j'en parlais à mes enfants ce week-end. La question, c'était « Maman, quand est-ce que tu as réalisé que tu aimais les hommes et les femmes ? » C'est intéressant en termes de... Chez les personnes queer, on appelle ça le coming in, c'est le moment où tu prends conscience de ton identité de genre, ou de ton orientation sexuelle qui n'est pas si hétéro. Et tu vois, moi je leur ai dit, moi j'avais 12 ans. Et voilà, il y a eu un déclic, d'ailleurs c'était en sport, c'était très drôle. Madame Clément posait une question que je trouve intéressante. À chaque début d'année, elle demandait, écrivez-moi sur la feuille, avec qui est-ce que vous aimeriez partir en vacances, dans la classe ? Et moi, je sais pas pourquoi, mais si, je sais maintenant pourquoi, j'ai mis le nom d'une meuf avec qui j'étais absolument pas du tout pote, pas du tout même groupe d'amis. C'était mon premier crush lesbien. Et je crois que c'était mon coming in. Donc j'ai parlé de ce déclic à mes enfants.

  • Speaker #0

    En lien avec le sport déjà, tu vois.

  • Speaker #1

    Déjà, voilà, exactement.

  • Speaker #0

    Génial. Bon, on aura encore plein de choses à te dire, mais on arrive à la fin de cet épisode. Est-ce que tu peux nous rappeler où est-ce qu'on peut te retrouver et te suivre ?

  • Speaker #1

    Oui, Instagram. Et pour l'instant, uniquement Instagram. Le compte s'appelle Orgasme et moi. C'est Orgasme underscore et E-T underscore moi. Et voilà, on est ravis d'accueillir toutes les nouvelles personnes. Venez avec votre bonne humeur et on est là.

  • Speaker #0

    Et tu peux redonner le nom de ton premier livre aussi ?

  • Speaker #1

    C'est corps, amour, sexualité, les 120 questions que vos enfants vont vous poser. C'est pour les enfants de 5 à 14 ans et les parents, les adultes de confiance, les éduques, pros de santé, toutes les personnes qui gravitent autour des enfants. Voilà, pour les accompagner au mieux dans leurs questions et leurs apprentissages.

  • Speaker #0

    Super, c'est noté. Merci beaucoup, Charlie. Merci, Manon. Et à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin, ce déclic.

Description

“Le sport m’a donné une sorte d’autonomie affective”. Vous vous êtes déjà questionné·e sur votre rapport au corps ? À l’intimité ? Et le sport dans tout ça ? Toutes ces questions, je les ai posées à Charline Vermont. Sexothérapeute, elle est aussi la fondatrice du compte Instagram Orgasme et moi derrière lequel vit une communauté de plus de 700 000 abonné·es. Rencontrer son corps, puis le découvrir, le retrouver après une blessure, prendre soin de soi et de ses relations aussi… C’est un peu de tout ça dont on parle dans cet épisode.


📲💻 Retrouvez Charline Vermont sur Instagram.


💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.


🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Qui sait… Vous tomberez peut-être, vous aussi, sur un déclic.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre, rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode où vous écoutez le déclic de Charline Verbon.

  • Speaker #1

    Salut Charline ! Hello Manon !

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Bien !

  • Speaker #0

    Moi aussi, on va le dire, on a eu un petit coup de stress.

  • Speaker #1

    Il y a eu des petits périples aussi.

  • Speaker #0

    On a réussi à enregistrer. Les éléments sont avec nous.

  • Speaker #1

    Travail d'équipe. Voilà. Donc là, on est encore plus soudés avant de commencer. C'est ça.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, je vais me permettre de te présenter à nos auditeurs et auditrices. Charline, tu es sexothérapeute et non pas sexologue, c'est important de le préciser. Formatrice, autrice et créatrice de contenu sur les réseaux sociaux. Ton sujet, en tout cas, l'un de tes sujets, c'est la sexualité que tu abordes avec une approche Santé, bienveillante et positive. T'es la fondatrice du compte Instagram Orgasme et moi, derrière lequel vit une communauté de plus de 700 000 abonnés. Et en lien avec cette commu, comme tu l'appelles, est né le hashtag MMM, qui lui représente tous ces gens qui te suivent et qui se retrouvent derrière des valeurs de liberté sexuelle, de bienveillance, d'inclusivité, de respect et de non-jugement. Tu es auteur d'un livre d'éducation sexuelle aussi, et à l'heure où on enregistre ce podcast, on se trouve d'ailleurs dans ta maison d'édition parce que tu nous prépares une prochaine surprise. Et récemment, tu as aussi mobilisé ta communauté derrière un autre hashtag, cette fois en lien avec le sport. Et c'est de ça dont on va parler aujourd'hui, l'histoire de Charline et du sport. Mais avant de discuter de ce sujet qui est essentiel pour toi, je crois, j'ai envie que tu nous parles un peu plus de toi. Est-ce que tu peux revenir en quelques mots sur ton parcours et nous dire comment tu en es arrivée à faire ce que tu fais aujourd'hui et à être qui tu fais aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Tu as deux minutes.

  • Speaker #1

    J'ai deux minutes, oh là là. Le compte est né en février 2019. Moi, je l'ai créé parce que j'avais à cœur de transmettre des choses qui me semblent la base en termes d'éducation à la sexualité. Et là où j'ai été cueillie, je pense, c'est l'essor qu'a pris cette communauté très rapidement. Je crois que je n'avais pas pris la mesure. Alors, je précise pour les auditorices, j'ai 40 balais. J'ai failli dire comme Aurèle Selme, je ne donne plus mon âge maintenant. J'ai 40 ans, j'ai trois gosses, je suis la daronne. Mais en même temps, je pense que j'ai 15 ans d'âge mental et c'est pour ça que ça fonctionne. Mais concrètement, quand j'avais ouvert le compte, j'avais pensé bêtement qu'en l'espace de 25 ans, en l'espace d'une génération, les choses avaient un peu évolué. Je ne sais pas pourquoi, je me disais que les gens se sont éduqués. Et en fait, c'est vrai que les gens viennent chercher sur mon compte tout ce qu'on ne nous a pas dit, tout ce qu'on aurait aimé savoir. Et aussi, il y a une vraie atmosphère d'entraide collective, de partage d'idées, d'enrichissement mutuel pour construire des relations affectives saines, épanouissantes. Chouette, quoi !

  • Speaker #0

    Ce n'est pas facile tous les jours non plus. C'est ce que tu me disais un peu. Tu te prends une certaine violence en fait.

  • Speaker #1

    En fait, tu sais quand le Haut Conseil à l'égalité te dit qu'il y a 57% des Françaises qui ont vécu des situations de non-consentement, derrière beaucoup d'expériences qu'on vient me déposer, il y a des choses magnifiques, hyper touchantes, hyper émouvantes que je partage. Il y a des choses avec énormément d'humour et il y a beaucoup de sourire dans ma commu. Je pense que c'est aussi, c'est peut-être ma marque de fabrique, c'est-à-dire... Des contes d'éducation sexo, il y en a pas mal. Par contre, un conte où on se fend la poire à longueur de story, c'est chez moi. Parce qu'effectivement, j'aimerais bien que le sexe, en tout cas les relations intimes, puissent être une fête. Mais par contre, oui, je lis au quotidien beaucoup de violences qui ne sont pas de la violence contre moi. On parle simplement de vécu hyper difficile. de beaucoup de personnes. Je parle des femmes, mais non, c'est plus largement de personnes sexisées, mais aussi d'hommes, etc. Enfin voilà, donc vraiment, c'est un lieu aussi où les gens viennent déposer. C'est un lieu où j'accueille et j'écoute beaucoup. Voilà.

  • Speaker #0

    Alors pour prendre un peu de recul avec tout ça, justement, j'imagine que tu as des échappatoires, dont le sport, je pense, en fait partie. Quelle est ton histoire, toi, justement, en parallèle avec le sport ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis une grande privilégiée. Je pense qu'on va commencer comme ça. Moi, j'ai eu la chance de grandir dans une famille où le sport avait une place importante. Donc on est pas mal tournés vers la montagne. Mes grands-parents avaient un chalet dans les Hautes-Alpes. Donc moi j'ai passé une partie de mon enfance au pied des montagnes, au pied des écrins, pour les gens qui connaissent un peu les Alpes. Et entre la rando, l'escalade, l'alpinisme, c'était vraiment... On était très outdoor. Et en grandissant j'ai fait de la compétition de gym, de l'athlète, etc. Ça a toujours été un truc important. Mais comme je suis quelqu'un qui marche aussi par, j'allais dire, j'ai failli dire par obsession. Tu me suis dit ça ? J'avais dit que j'en avais une dans l'intro. Par passion débordante. Tu vois, quand je fais des choses, il m'arrive d'être happée et quand j'ai ouvert le compte, j'avoue. Il faut dire que le contexte a été aussi celui du confinement pendant 18 mois, etc. D'abord, j'avais peur de mettre ma famille sur la paille parce que quand même, j'ai pas gagné d'argent pendant des mois. Et je savais pas du tout, c'était, on va dire, précaire comme situation avant que la communauté me soutienne et puis que derrière, je trouve des moyens d'avancer. Ne serait-ce que via mes enfants, je me disais mais je n'ai pas le droit en fait de faire autre chose que travailler, il faut que je donne... Toute mon énergie, il faut qu'elle aille sur le compte, que je fasse grandir cette communauté. Je me suis moi-même interdit pas mal. Il y avait à la fois la barrière auto-limitante et aussi le fait que je n'ai pas ressenti, je n'ai pas compris que j'étais en train d'aller droit dans le mur. C'est un peu ce que je dis aussi sur le compte. À force de ne pas m'équilibrer, je me suis mis à écouter. Et puis c'est hyper compliqué parce que... Dès que je pose le compte, moi j'ai mes trois enfants, mon mari, et c'est des personnes auprès de qui j'ai envie d'être présente et dont j'ai envie de m'occuper. Et du coup, arriver à prendre soin de soi alors que je travaille, honnêtement je pense qu'il n'y a pas une semaine où je suis sous les 70 heures. Il y a des semaines où je suis montée à 110 heures. Pendant le confinement par exemple, je faisais de 6 heures à 23 heures, c'était live ou en story non-stop. Je disais à tous les gens, si vous avez passé la journée et que personne ne vous a parlé ou écrit, vous m'écrivez, moi je vous réponds absolument. Je réponds à tous mes messages encore aujourd'hui. Il y en a à peu près 3500 par semaine pour donner un ordre de grandeur. Je suis une énorme gosseuse, clairement. Mais parce que ça me passionne, la grande difficulté, c'est d'arriver à prendre du temps pour soi. Je crois que le déclic, ça a été quand ? Il y a un an, en mai 2022. Écoute, je suis retournée à l'escalade, qui est un de mes sports de prédilection. Et j'ai accompagné mon dernier enfant. Et au début, j'étais l'hormoneur et je regarde. Je suis là juste pour que mon enfant kiffe. Puis ça me démangeait. Ça me démangeait. Puis moi, j'étais là avec ma prothèse de genoux. Non, le bloc, c'est hyper compliqué. Il ne faut pas que je tombe et tout. J'ai mis vachement de séances avant de m'autoriser. J'ai recommencé à grimper et laisse tomber. Addiction. C'est revenu comme en 40. Le bloc, c'est formidable. C'est le plus collectif des sports individuels. Donc, on est tous en bas des parois. Et c'est ce que je te disais en préparant ce podcast. Il y a un truc que je trouve formidable. et c'était une colombe si tu nous écoutes colombe pensait pour toi qui était sur un bloc hyper difficile et on était toute la team en bas en train de l'encourager très fort solide, carré, allez tu le sers allez tu lâches rien et en fait elle a sorti le bloc elle est redescendue, elle a fondu en larmes et elle a fait écouter merci parce qu'en fait moi j'y croyais pas pour moi et heureusement que vous y avez cru à ma place et puis on s'est dit en fait toute notre vie Ça devrait être une séance de bloc. Tu sais que toute ta vie, tu devrais avoir des gens qui croient en toi, quand toi-même, tu n'y crois plus. Des gens qui disent « Vas-y Charline, tu déchires ! Elle est trop forte ta story, mais ouais, ne doute pas ! » Et en fait, c'est vrai que ça apporte ça, outre le fait que quand tu es concentré sur un bloc, honnêtement, surtout que tu es en hauteur, même si tu n'as pas le vertige, on n'aime pas la chute. Il faut surtout les chutes incontrôlées, donc tu te concentres un max. Et voilà, sur ton corps, sur ta respiration, sur les prises et tout. Et honnêtement, tu te vides la tête de ouf parce que tu ne peux pas penser à autre chose. Et en fait, ça fait le job. Entre ça et les gens qui t'envoient de l'amour et de la force, ça m'a sauvée. Ce que je dis, c'est que le compte n'existerait plus si à ce moment-là, le sport et en particulier l'escalade n'étaient pas entrés dans ma vie.

  • Speaker #0

    Et pourtant, il me semble que tu as été blessée avec le sport. Il y a l'histoire d'une chute.

  • Speaker #1

    Oui, l'escalade. J'avais 20 ans. J'étais vraiment polytraumatisée. Je me suis quand même pris un vol de 80 mètres. Quand tu l'énonces, tu te rends compte de l'absurdité, de l'immensité. Le PGHM de Chamonix était venu chercher un corps. Moi, j'étais encore dans la paroi. Je me suis écrasée 80 mètres sous le lieu où j'ai dévissé. Et c'est hallucinant, en fait. enfin je veux dire euh Emmanuel Ausha, qui dirigeait l'équipe de secours, qui est venu me chercher quand il arrivait à ma hauteur. Et je lui parle, et il me fait... Lui-même était hyper ému. Il me dit, on m'a envoyé chercher un corps. Et là, je te parle et tout. Et moi, les premiers mots que je lui ai dit, le pauvre, c'est donne-moi tout de suite quelque chose, parce que je préfère mourir que de continuer à être consciente. C'était l'horreur en termes de douleur. Après j'ai accouché, j'ai découvert que c'était possible de faire pareil. Mais voilà, c'était la désespérance et en fait il m'a dit écoute, on va te déplacer évidemment. Par contre, il y a déjà des blessures et on ne va pas empirer le truc. Donc j'ai besoin que tu sois consciente à mes côtés le temps que je fasse un check. Je te promets, on va faire ça hyper efficace. On va faire ça ensemble, toi. plus moi, tu vois, c'est un travail d'équipe. Allez, t'es partante et tout, extraordinaire communication, bravo. Quand même, c'est ému pour Emmanuel, qui nous a quittés, qui n'est plus là, qui est décédé, quelqu'un qui a une place toute particulière dans mon cœur.

  • Speaker #0

    Suite à cet accident, est-ce que tu as l'impression d'avoir un peu vécu une deuxième rencontre avec toi-même ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ouf cette question. Ouais, en fait, je pense que tu vis... peut-être ce que les gens appellent la midlife crisis, la crise de milieu de vie. Sauf que moi, je l'ai vécue à 20 ans. C'est-à-dire, en fait, tu réalises que ça peut s'arrêter demain, que ça peut s'arrêter aujourd'hui, que tu n'as plus le time. Les gens se disent, ça y est, j'ai passé le milieu de ma vie. Moi, je l'ai vécue à 20 ans. Et c'est vrai que ça fait une espèce de gros secouce. C'est un gros coup que tu te prends sur la tête de qu'est-ce que je veux faire aujourd'hui que je ne peux pas remettre à demain. La première chose que j'ai faite, c'est de faire mon coming out. Je suis partie vivre à San Francisco un an après. Et puis voilà, là, ça a été l'occasion pour moi de poser les mots sur qui j'étais, de m'autoriser à vivre à l'étranger. J'avais vraiment envie de rencontre. Et puis je suis partie ensuite vivre en Chine, puis à Berlin. En Chine, j'ai lancé un club LGBT avec mes potes, qui était le seul club gay qui existait à l'époque. À Berlin, j'ai vécu dans une communauté utopiste. tout en à côté je continuais mes études et mes stages après j'ai signé pour un job où je faisais que d'international donc j'ai quasi pas mis les pieds en France en fait je me suis autorisée à vivre tous mes rêves en fait voilà je sais pas si ça répond à ta question si si si du coup en fait t'avais déjà eu un déclic à ce moment là aussi quoi et oui oui en termes de je veux kiffer ma vie en fait on en a qu'une et elle peut s'arrêter demain et ça fait sauter quand même pas mal de barrières limitantes hum hum J'ai ressenti une forme de crispation, peut-être. Des gens qui me disaient « mais tu ne vas pas faire ça » . J'étais en mode « mais en fait, je pense que je n'ai pas les mêmes barrières que les autres. Je n'ai pas compris en quoi ça pouvait être un problème. » Pour moi, il n'y a aucun problème à me balader déguisée en vulve et à sauter dans tous les sens, ou en caca ou en capote, à partir du moment où l'objectif est pédagogique et que ça a porté avec bienveillance, humour et consentement. Je suis persuadée que c'est avec l'éducation qu'on change le monde. Et qu'avec, perso, c'est le rire. Quand j'arrive dans une classe ou un amphi, je fais rire tout le monde. Et une fois que tu as créé une alliance pédagogique qui est fondée sur l'humour, qui est fondée sur le rire collectif qu'on partage, le fou rire qu'on partage, derrière, les messages sont plus simples.

  • Speaker #0

    J'ai remarqué que tu dis énormément le mot partage. Et même avant qu'on en revienne, je t'avais déjà remarqué que tu le disais. Franchement, c'est révélateur. On a parlé de rencontres avec toi-même, cette deuxième rencontre un peu. Mais il y a aussi les rencontres amoureuses dont tu parles sur ton compte. Et c'est marrant parce que quand on préparait le podcast, juste après, tu m'as dit que justement, les gens parlaient de rencontres en lien avec le sport. Pourtant, il y a un vrai sujet derrière ça.

  • Speaker #1

    Ah, alors moi, complètement. Non, mais c'est très drôle. Tu regardes toute l'histoire de mes datings. Pas toutes, mais une grande partie. J'ai rencontré une partie des personnes à la grimpe. Mon mari, je l'ai rencontré sur un covoit en allant en Fontainebleau, tu vois. Voilà, comme plusieurs de mes ex, quel que soit le genre d'ailleurs. C'est très drôle, je donne souvent rendez-vous à l'escalade. C'est le crash test, tu sais. Alors va-t-il survivre ? S'il survit, je lui offre, ou si elle survit, je lui offre la bia. C'est des moments, en fait, qui ont un côté très convivial, perso, que j'adore. Et j'adore qu'on m'emmène en date sportive. en fait c'est C'est intéressant parce que l'idée, c'est de vivre une expérience humaine, d'écaler, de découvrir l'autre. Ce que je dis, c'est marrant parce que... Je suis désolée, je passe du coq à l'âne. J'ai trois enfants, dont deux ados. Et alors, des fois, j'adore regarder leur série d'ados parce que je pense qu'il faut vraiment se mettre à la place des autres pour comprendre quel est le standard, les stéréotypes, pour mieux leur parler. Et du coup, je vois des trucs où il y a des ados qui se maquillent, qui se mettent sur leur 31, objectif d'aider un mec, évidemment. Moi, je m'arrache les cheveux, je t'avoue. Et alors, tu sais, mon truc, c'est de dire, mais en fait, mais quel sens, en fait ? Je veux dire, le vrai amour, c'est quand tu es crâne, en train de suer, tu puis des pieds, tu rottes, tu pètes. Enfin, c'est ça. En fait, on est des humains, tu vois, et cette espèce d'injonction, etc., elle tombe de facto dans le sport. C'est-à-dire, quand tu invites quelqu'un à faire du sport, je ne vais pas dire que dans une forme de moment de vérité, n'empêche que dans l'effort sportif, surtout quand il y a de l'endurance, etc. Mais en fait, ça rend très humble. Et moi, j'aime beaucoup cette espèce d'humilité dans laquelle on se place quand on partage une séance de sport avec une personne. Il y a une forme de moment de vérité et aussi d'humilité. Et c'est vrai que c'est quelque chose qui m'est cher. Et la communauté, c'est exactement ce qui s'est passé. Quand j'ai lancé le challenge, les gens se sont retrouvés. Et effectivement. Ça a donné lieu à des rencontres et amicales et parfois plus extraordinaires, donc je suis ravie.

  • Speaker #0

    C'est chouette. Est-ce que dans ton travail aussi de sexothérapeute, tu fais le lien avec la pratique d'une activité sportive et ou physique ?

  • Speaker #1

    En fait, ce qui est intéressant dans le métier, c'est qu'en fait, on doit détricoter beaucoup d'injonctions. Il y a une injonction qui fait beaucoup de mal à tout le monde, c'est le sexe est le ciment du couple. donc quand il y a moins de sexe quand Le sexe est plus compliqué, alors est-ce qu'on est vraiment encore un couple ? Donc il y a ça à détricoter et c'est un chemin de longue haleine de dire en fait ce qui fait le ciment du couple c'est l'intimité, c'est la complicité. Et elle peut se construire de mille manières différentes. Et c'est pas parce qu'on vous a biberonné à sexe égale ciment qu'en fait c'est le cas pour tout le monde. C'est le cas pour certaines personnes, surtout de relations qui sont exclusivement basées sur ça. C'est hyper ok, on a complètement le droit. Mais c'est pas vrai pour tout le monde. Et puis c'est pas vrai non plus de manière hyper constante au fil du temps. Et c'est intéressant parce que dans cette notion de complicité, d'intimité, il y a parfois une forme de peur et d'absence de créativité. Mais du coup, si on ne fait pas du sexe, qu'est-ce qu'on peut faire ensemble ? Il faut vraiment être en empathie avec ce genre de peur, parce qu'il faut remplacer et suggérer. Et effectivement, de prendre ne serait-ce qu'un hôtel une nuit, même potentiellement dans une ville à côté de chez vous, etc. pour changer de cadre et faire des choses que vous ne faites pas chez vous. Mais également, prenez ou louez des vélos, faites quelque chose, partez, prenez un train pour la montagne, allez faire une rando ensemble. Le sport, clairement, c'est quelque chose où on va venir expérimenter ensemble et créer un lien. C'est vraiment une des formes d'intimité, de complicité que je suggère le plus.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose dont tu parles beaucoup dans tes contenus aussi, le respect de son corps, du corps de l'autre. Que ce soit via les comportements physiques ou la façon d'en parler. En quoi le sport, ça peut aussi jouer un rôle sur ça, justement, dans le rapport au corps, à son corps et à celui de l'autre ?

  • Speaker #1

    Le sport, de manière générale, moi, ça m'a donné une forme d'autonomie affective que j'avais un peu perdue, je pense. C'est-à-dire, quand moi, je fais du sport, et là, mon corps, tu vois, c'est un peu transformé. En mesure de Madame Biscotto, après un an. Moi, je me trouve belle quand je grimpe et je trouve que mon corps, tel qu'il est modelé par mon sport, il est magnifique. En soi, je n'ai pas besoin de qui que ce soit pour valider ça. Et cette espèce d'autonomie par rapport au regard des autres, je me trouve belle, point. Quand je grimpe, je suis magnifique, je suis une reine, c'est sûr. Je le sais, au fond de moi, je le ressens comme ça. Et en fait, je trouve ça formidable comme outil d'empowerment.

  • Speaker #0

    Et des fois, c'est important aussi de le dire, tu disais que tu avais vu des résultats, pas des résultats, mais des changements physiques. Des fois, on fait beaucoup de sport, on n'a pas de changement physique.

  • Speaker #1

    mais malgré ça il y a quand même un truc où on se sent mieux et plus beau plus belle il faut aller au delà du de la transformation physique et puis aussi ce que j'ai envie de dire aux gens parce qu'il y a des personnes fortes qui sont venues en meetup pour grimper et c'est vrai aussi moi j'ai fait de la pole j'en ai vu faut pas s'interdire quoi que ce soit en raison de son physique on a tous commencé faible on a tous commencé avec des physiques pas forcément adaptées l'objectif c'est de prendre son pied Merci. Le kiff, c'est la santé mentale. C'est de vider sa tête et de trouver des personnes chouettes avec qui pratiquer un sport drôle, ludique. En tout cas, moi, c'est comme ça que je le vis. Donc aussi, ne vous mettez pas de barrière, s'il vous plaît. Allez-y. Je suis hyper heureuse d'avoir vu des personnes de toute morphologie grimper autour de moi. Et voilà, la transformation, elle est surtout dans la tête et c'est vraiment la plus importante.

  • Speaker #0

    Et c'est marrant parce que du coup, tout ce que tu disais là, C'est comme les valeurs liberté, bienveillance, inclusivité, respect et non-jugement de ta communauté autour de la sexualité. En fait, c'est les mêmes pour le sport ?

  • Speaker #1

    C'est les mêmes pour le sport, absolument. Ensuite, je pense qu'on a encore du travail à faire. Je ne suis pas déconnectée. Je sais que d'abord, il y a des violences également dans le sport. Je pense qu'il est important que les fédérations s'en saisissent et travaillent là-dessus. Il y a des espaces plus safe que d'autres.

  • Speaker #0

    Quel rapport tu as aussi avec la notion de performance ? Que ce soit du coup, pareil, on peut dire dans le domaine de la sexualité. ou du sport en fait ?

  • Speaker #1

    C'est compliqué pour moi. J'assume que c'est un sujet qui n'est pas simple sur lequel je suis aujourd'hui encore en évolution. Typiquement, je sais que j'ai un besoin de performer qui est hyper important. Pour le sport, c'est une vraie question qui s'est posée et j'en veux dire le corps m'a mise à rude épreuve parce que j'étais blessée. Tu vois, je grimpais dans le 7A et là, tout d'un coup, tu te retrouves à dégringoler complètement parce que moi, j'avais perdu. j'avais pas le droit d'utiliser mes doigts parce que mes ligaments avaient été partiellement, mes tendons arrachés et du coup là tu dois retravailler travailler ton rapport à la grimpe en train de te demander est-ce que c'est ok, est-ce que je kiffe de prendre mon pied avec des machins hyper simples, pas durs, pas difficiles, donc je suis pas du tout là pour la performance, juste pour kiffer. Et la réponse, c'est qu'aujourd'hui, je pense que ce travail-là, je l'ai fait et j'arrive à faire des séances où je m'éclate alors que j'ai pas passé grand-chose, entre guillemets, comme chose difficile, mais c'était pas ça le plus important. par contre je veux dire quand on a Quand même, généralement, je vais me vider au renfort avant ou après, parce que je pense que j'ai aussi besoin, en termes de dépenses énergétiques, de me sentir...

  • Speaker #0

    Et en vrai, il y a une différence entre dépenses et performances. Pour moi, performance, c'est à plus résultat quand même, tu vois.

  • Speaker #1

    Là, je n'ai pas besoin de résultat aujourd'hui. Tu vois, je fais partie de plusieurs groupes WhatsApp de grimpe à différents endroits. Enfin, tu vois, rien que le fait d'arriver et de savoir qu'il y a mes potes qui sont là et qu'on va passer un moment ensemble. Ça y est, j'ai performé. Vraiment, c'était ça l'objectif. Est-ce qu'on va passer ensemble comme moment ? En fait, on s'en fout. Et puis aussi, tu te nourris énormément du succès des autres. Quand je fais une séance où, objectivement, ce n'était pas ouf. Mais en fait, il suffit qu'il y en ait qui performent et tout. Pour moi, c'est une séance magique. Je me réjouis tellement et pour moi c'est aussi un succès collectif donc tu vois, il y a une vraie compersion aussi, c'est vraiment un autre parallèle très important je pense.

  • Speaker #0

    Et la compétition, est-ce que tu as un esprit de compétition du coup ?

  • Speaker #1

    J'ai un esprit de compétition mais vraiment, je pense que c'est vraiment le truc dont je suis le plus revenue, c'est-à-dire ce qui m'intéresse aujourd'hui c'est vraiment moi face à moi-même, moi face à mon niveau, à la paroi ou des difficultés, être meilleure que les autres. être la plus forte, etc. Je pense que c'est intéressant, cette question. J'étais très compétitive, j'avais besoin d'être première de la classe pour me sentir bien dans mes basques quand j'étais jeune et gagner mes coupes de gym et tout. Aujourd'hui, j'ai un esprit de compétition, mais de quelqu'un qui a travaillé sur soi. C'est un travail que je suis fière d'avoir fait, de relativiser tout ça. Parce que je suis beaucoup plus à l'écoute, je pense, de mes enfants. Je ne vais absolument pas pousser. J'ai un enfant qui grimpe à très bon niveau. Et c'est marrant parce que le fait d'avoir fait ce travail sur mon esprit de compétition, j'espère que ça fait de moi une maman, je vais poser des mots, moins violente. C'est-à-dire en fait, je suis beaucoup plus à l'écoute de son consentement. Qu'est-ce que mon enfant a envie de faire par rapport à ça ? Je suis contente du coup d'avoir fait toute cette évolution sur mon rapport à la compétition pourquoi pour ne pas projeter ça sur mes enfants. C'est vraiment des personnes qui sont hyper libres. Et voilà.

  • Speaker #0

    Bravo,

  • Speaker #1

    bravo pour ton travail.

  • Speaker #0

    Ce podcast, il s'appelle Déclic. C'est quoi pour toi un déclic ?

  • Speaker #1

    C'est une épiphanie. C'est un moment où tu te rends compte de certaines choses, tu ouvres les yeux. Pour moi, par exemple, j'en parlais à mes enfants ce week-end. La question, c'était « Maman, quand est-ce que tu as réalisé que tu aimais les hommes et les femmes ? » C'est intéressant en termes de... Chez les personnes queer, on appelle ça le coming in, c'est le moment où tu prends conscience de ton identité de genre, ou de ton orientation sexuelle qui n'est pas si hétéro. Et tu vois, moi je leur ai dit, moi j'avais 12 ans. Et voilà, il y a eu un déclic, d'ailleurs c'était en sport, c'était très drôle. Madame Clément posait une question que je trouve intéressante. À chaque début d'année, elle demandait, écrivez-moi sur la feuille, avec qui est-ce que vous aimeriez partir en vacances, dans la classe ? Et moi, je sais pas pourquoi, mais si, je sais maintenant pourquoi, j'ai mis le nom d'une meuf avec qui j'étais absolument pas du tout pote, pas du tout même groupe d'amis. C'était mon premier crush lesbien. Et je crois que c'était mon coming in. Donc j'ai parlé de ce déclic à mes enfants.

  • Speaker #0

    En lien avec le sport déjà, tu vois.

  • Speaker #1

    Déjà, voilà, exactement.

  • Speaker #0

    Génial. Bon, on aura encore plein de choses à te dire, mais on arrive à la fin de cet épisode. Est-ce que tu peux nous rappeler où est-ce qu'on peut te retrouver et te suivre ?

  • Speaker #1

    Oui, Instagram. Et pour l'instant, uniquement Instagram. Le compte s'appelle Orgasme et moi. C'est Orgasme underscore et E-T underscore moi. Et voilà, on est ravis d'accueillir toutes les nouvelles personnes. Venez avec votre bonne humeur et on est là.

  • Speaker #0

    Et tu peux redonner le nom de ton premier livre aussi ?

  • Speaker #1

    C'est corps, amour, sexualité, les 120 questions que vos enfants vont vous poser. C'est pour les enfants de 5 à 14 ans et les parents, les adultes de confiance, les éduques, pros de santé, toutes les personnes qui gravitent autour des enfants. Voilà, pour les accompagner au mieux dans leurs questions et leurs apprentissages.

  • Speaker #0

    Super, c'est noté. Merci beaucoup, Charlie. Merci, Manon. Et à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin, ce déclic.

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