Speaker #1Je suis arrivée avec aucune attente. Je suis repartie en me disant qu'on avait beaucoup à apprendre des Népalais. Ils n'ont rien, ils vous donnent tout. Je m'appelle Hélène, j'ai 41 ans depuis peu. Je suis native du Nord. J'ai beaucoup voyagé, mais sur le tard, parce que j'avais des parents qui étaient artisans boulangers, donc on ne pouvait pas beaucoup voyager. Et puis, fort de rencontre, j'ai commencé à voyager vraiment avec mon premier voyage au Burkina Faso, au Mali. Et ensuite, sans s'enchaîner, plusieurs voyages. J'aime le sport, j'aime la vie, j'aime la nature, j'aime les apéros avec les copains, une bonne bière avec une tranche de saucisson. Et voilà, après, je travaille à Decathlon depuis trois ans maintenant, à Decathlon Bourg. Et comme ça, je peux aussi bien conseiller les clients sur leur rando et sur leur trek, si je ne voyage pas moi-même. je voyage avec eux. Donc on est en novembre 2017, je viens de finir une saison en accrobranche et une pote qui monte son agence me dit, tiens, si tu venais tester un voyage que je vais proposer éventuellement à mes futurs clients au Népal. Donc on part, on est neuf touristes, ils sont trois hommes et on est six femmes et on part en novembre 2017. pour trois semaines. Une semaine de trek dans les balcons d'Anapurna et deux autres semaines de découverte du pays, de rafting et de découverte de la jungle népalaise. Qui nous accompagne, on va avoir un guide qui va nous accompagner tout au long du séjour qui s'appelle Sagar, qui par chance parle français. C'est un petit bonhomme, un petit Népalais qui a une trentaine d'années. Pendant le trek, on aura un assistant guide qui s'appelle Raja, mais qui fera aussi notre porteur. Et on a trois porteurs, Souba, Stopé et Migma. Migma, c'est une femme. Et nous, on est composé de moi-même, donc Hélène, il y a Claire, qui est ma conjointe. Anaïs, qui est accompagnée de son grand-père, qui s'appelle Michel, mais qu'on appellera tous Pépé, parce que voilà, c'est Pépé-Michel. Pépé-Michel, avec qui on fêtera son anniversaire sur les balcons d'Anapurna, et qui fêtera cette année-là ses 81 ans, donc une victoire pour lui. Ensuite, on a Rémi, Mélanie, Mélanie que je connaissais déjà, Alice également. Et nous avons un couple avec Charlotte et Mathieu. Alors, à notre arrivée au Népal, on arrive à la capitale, Katmandou. Katmandou, un brouhaha pas possible, des odeurs particulières, un accueil particulier aussi. On nous met un petit collier d'œillets d'Inde autour du cou. Des vaches en plein milieu de la rue. La vache est sacrée, donc surtout on n'y touche pas, on la contourne, on se fait discret. On est vraiment en ville, les odeurs de la ville, la pollution. on voit pas la montagne, là on touche vraiment de près les gens et la pauvreté mais aussi le bonheur et le partage parce que ils ont rien mais ils donnent tout. Donc on est parti, départ de Kathmandu, pour direction Pokhara, on a eu beaucoup de trajets en bus et les aléas des trajets en bus et la folie des bus népalais. Pour arriver à Pokhara, Pokhara qui est une ville complètement différente de Kathmandu, on va apparenter ça un peu comme à Chamonix, vous avez autour les montagnes, il y a un lac en plein milieu, donc vraiment plus de zénitude et moins de brouhaha et de folie. Tout en étant dans un même pays, on a vraiment deux clichés complètement différents. Alors le premier jour, je quitte Pokhara avec le groupe. C'est là que commence mon trek. Et je ne sais pas à quoi m'attendre. Je me rends compte que... Le trek va être composé de beaucoup de marches, parce que dès le premier jour on attaque les marches, et une marche, deux marches, trois marches, quatre marches, et tout au long du parcours, je me rendrai compte par la suite que les marches sera mon lot quotidien. Je ne m'attends pas à faire beaucoup de dénivelé, et pourtant je peux vous dire qu'à la fin de la journée, les 200 mètres de dénivelé positif et les 15 km de marche les sent bien dans les jambes. Je découvre un côté du Népal où je ne m'y attendais pas. Quand je me suis dit, tiens, je vais partir faire les balcons de la Napurna, je me sentais partir en montagne. Je ne me suis pas trop renseignée, mais je découvre plutôt des villages, des personnalités, des gens, des jeunes qui nous accompagnent, les enfants qui jouent. Je me dis que là, à ce moment-là, mon voyage commence, mon trek commence. Et je ne suis pas au bout de mes surprises en fait, c'est que le début. Alors là, le premier soir, je suis dans un endroit plus typique. Typique, on dirait, chambre d'hôte, si on pouvait apparenter ça à quelque chose chez nous, avec une dizaine de chambres, le coin où il y a la famille et la salle commune. On a une terrasse qui donne vue sur les balcons d'Anna Purnat et sur la Machapuchare. Et on ne voit pas grand-chose en arrivant le premier soir. Reste à découvrir le lendemain matin, qu'est-ce qui nous attend vraiment. Donc, le réveil le lendemain, départ prévu vers 8h, donc on se réveille tôt. Et la première chose qu'on fait, c'est d'aller voir le lever de soleil sur les balcons d'Anapurna. Et là, en fait, tu poses la caméra et là, tu fais... J'ai un magnifique lever de soleil sur le Machu Picchu de Charest et sur les balcons d'Anapurna. Et je sais maintenant, parce que Sagar a pu nous le dire hier, que je sais que c'est ce qui va m'accompagner quasiment pendant une semaine. Donc là, je me dis... mais je vais en prendre plein les yeux. Ça va être un truc de fou furieux. Je suis bien, il ne fait pas trop froid, il ne fait pas chaud non plus. Et je me dis que là, c'est une première journée qui va vraiment annoncer de nombreuses autres bonnes journées. Je découvre aussi... Puisque ça avait été fait en coulisses sur le premier jour, je découvre aussi comment nos porteurs s'arrangent pour pouvoir porter nos sacs. Et c'est là que je me rends compte qu'ils ficellent un sac sur l'autre, ils arnachent vraiment leur pactage. Je soupçonne qu'à ce moment-là, il faut un jeu style Shifumi pour savoir qui va prendre quel sac, parce qu'il y a toujours un sac plus lourd. Et ce matin-là, Mingma a perdu au jeu du Shifumi, je pense, parce qu'elle a les deux sacs les plus lourds. Est-ce que c'est un test entre eux ? Je ne sais pas, je ne m'en mêle pas, ce n'est pas mes histoires. Mais en tout cas, moi je prends mon petit sac pour la journée. Les porteurs, eux, prennent deux sacs de touristes qui, chaque sac, fait à peu près 8 à 10 kilos. Donc pendant que moi je me promène avec 3-4 kilos sur le dos, eux, ils se promènent avec 16 kilos sur le dos. Et on n'est pas sur la même vitesse, on n'est pas sur les mêmes performances physiques. Et ce deuxième jour, c'est là qu'arrive enfin le Graal. Mon laissé-passer pour aller sur la route des balcons d'Anapurna. Puisqu'en fait, pour pouvoir faire ce trek, on a besoin d'un laissé-passer avec telle une carte d'identité que j'ai pu ramener moi en France, avec notre photo, notre nom, prénom, date de naissance. Donc voilà, sa gare nous donne le fameux Graal pour pouvoir continuer la route vers les balcons d'Anapurna. Sur le deuxième jour de trek, on part de Landruc et le but c'est de rejoindre Gandruc, deux noms qui se ressemblent. Et pourtant il y a pas mal de kilomètres qui nous séparent. On va passer par la route un peu touristique. Le paysage que je découvre c'est vraiment quelque chose d'atypique puisqu'il y a la rivière, il y a les montagnes au fond avec la neige. Mais il y a aussi beaucoup, beaucoup de rizières. En fait, on va marcher au fur et à mesure du temps et on va traverser un village, deux villages. On va redescendre parmi les rizières. Et donc, bonne nuit pour pouvoir... On a rattaqué le lendemain avec un départ aux environs d'huit heures. Le matin, réveil à Gandro, qui est le but, c'est qu'on part dans l'idée de s'arrêter déjeuner à Tandapani, qui est à 2600 mètres d'altitude. Gandro, qu'on a à 1925 mètres d'altitude. Je suis toujours émerveillée par ce lever de soleil, je suis toujours émerveillée par le paysage que je vois. Les montagnes se masquent, elles se redécouvrent selon où on se trouve dans l'avancée du trek. Je découvre qu'il est important de se lever tôt, puisque à midi, voire 13h, tu ne peux plus rien voir. Tu peux être la montagne bouchée, et donc il faut profiter du moment présent. Donc, objectif atteint, on arrive à Tandapani pour le déjeuner. Et on décide de reprendre la route pour une petite heure et pour avancer sur le programme du lendemain. Les rizières sont un peu derrière nous et je me retrouve avec beaucoup de forêts, des arbres de partout. Et Sagar et Raja qui disent « chut, chut » . Et on se dit « mais qu'est-ce qu'il dit ? Pourquoi « chut, chut » ? Taisez-vous ! » Et là, je ne sais quoi, je ne suis pas forte en primates, mais des singes au-dessus de nous, ils disent surtout ne bougez pas, ils peuvent vous attaquer. Je ne sais pas si c'est du flanc, je ne sais pas si c'est pour nous faire peur, mais je suis en pleine forêt, je suis en plein milieu de l'état sauvage. On me dit qu'il faut me taire, je me tais. Et là, au-dessus de nous, deux singes qui passaient d'arbre en arbre. Et je me dis, mais c'est fou, quoi. Je suis au Népal, je m'attends à avoir plutôt de la neige, à avoir des montagnes, et là, non. Je viens de passer les rizières, et là, je suis en pleine forêt, et je vois des singes, quoi. Et les singes, mais libres. Donc, on a cette chance, à ce moment-là, de se retrouver avec des singes au-dessus de nous. Et tu te sens encore plus petite parce que tu te dis, là, lui, c'est toi qui es chez lui. Ce n'est pas lui qui est chez toi. Et tu te fais discret. En fait, tu te dis à ce moment-là, voilà, on te dit chute. On te dit d'avancer tranquillement. On ne te dit pas de faire un geste brusque. Et bien, tu y vas, quoi. Donc, on continue notre marche après ce moment exceptionnel avec les singes. Et on continue pour arriver à Bantati. On a pris un peu d'avance pour le lendemain, pour la journée qui s'annonce assez difficile, d'après Sagar. Et on se retrouve au bord d'un petit cours d'eau. Et là, c'est la première fois que j'ai froid. Mais froid, froid. J'ai très froid. Et je me dis, il est 14h. Qu'est-ce que ça va être cette nuit ? Et cette fois-ci, on est dans un... Dans un endroit où les locaux accueillent les gens que pour le déjeuner, sur 95% du temps. Et on a un accueil qui va être particulier. On va vraiment se sentir dans la famille, comme si on était dans la chambre d'amis. On prépare à manger ensemble. La maîtresse de maison a accouché il y a peu de temps, donc il y a un petit bébé. On a Pépé qui revit, qui est super content. a cette chance et qu'il se rend compte qu'il a un honneur fou de pouvoir tenir cette petite fille dans les bras. Et c'est impressionnant aussi cet échange où la famille népalaise a une joie dans le cœur de se dire que l'ancien du groupe puisse tenir son enfant. Ce jour-là, c'est, je pense, la meilleure soirée que j'ai pu passer, la meilleure soirée de partage. On prend le temps de discuter avec Sagar, on prend le temps de discuter avec Soubas, avec Topé, avec Mingma, avec Raja. On prend vraiment le temps d'un peu plus les découvrir que les autres jours. Cette « dureté » de conditions fait que ça y est, le groupe se rapproche et le groupe se soude de plus en plus. Même si entre nous, on est déjà bien soudés depuis le début. Le soir, la nuit est déjà tombée. La nuit est déjà là, mais il n'est pas forcément tard et on décide quand même d'aller se coucher assez tôt. On arrive dans nos chambres, lit individuel, chambre double, certes, mais il fait froid, il fait froid ! Et là, avec mon sac de couchage même zéro degré, je me dis, ça va être terrible, cette nuit-là va être quand même assez dure. Effectivement, moi Hélène, habitant... la France, cette nuit fut un peu plus terrible que les autres parce que mon petit confort a été un peu touché. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'on m'annonce que cette nuit, nos porteurs ainsi que nos guides nous ont donné leur couverture et eux ont dormi sans couverture alors que moi j'ai dormi avec un sac de couchage zéro degré et une couverture qui, je ne le savais pas, était réservée à la base aux guides et aux porteurs. Quand j'apprends ça, je me dis que c'est un peu injuste, que si j'avais su ça, j'aurais fait autrement. Mais encore une fois, la bonté népalaise, ils ne vont pas te dire que « Ouais, mais moi, en fait, si tu prends la couverture, je vais avoir froid, j'en aurais pas. » Non, non, ils ne disent rien, ils te ramènent une couverture parce que tu as froid, et eux, ils s'adaptent. On a beau leur demander « Comment ça s'est passé, toi, ta nuit ? » Il n'y a pas de problème, il n'y a pas de problème, ne t'inquiète pas. Donc voilà. Et tout ce qu'ils te disent, je dis, tu vas en chier toi aujourd'hui, tu n'as pas dû dormir. Et puis ils me disaient, non mais je mange du dalbate. Dalbate, c'est ce qu'ils mangent matin, midi, soir. Dalbate power. Ils me disent, t'inquiète, si tu manges du dalbate, tu avances toute la journée. Alors moi, j'ai eu froid, je n'ai pas mangé de dalbate. J'ai quand même avancé, mais je n'avais pas 15 kilos sur le dos et j'avais dormi avec une couverture et un sac de couchage zéro degré. On n'est pas tous faits dans le même moule. Et là, on est parti pour faire Bantati à Gorepani, avec une montée à 3100 m à deux rallies. Deux rallies, un peu un col avant de redescendre vers Gorepani. On est toujours dans les mêmes esprits. Ça monte, ça descend. On voit un peu moins les rizières. On voit surtout les montagnes. On est vraiment plus dans un climat vraiment type montagne. où c'est un peu plus aride, mais je m'étonne toujours qu'à 3000 mètres d'altitude, il n'y a pas de neige. La neige, elle est beaucoup plus haut. Et aujourd'hui, c'est un jour particulier parce que c'est les 81 ans de Pépé. Donc le but, c'est d'arriver ce soir à Gorépagny pour pouvoir fêter les 81 ans de Pépé. Donc journée, malgré une nuit un peu fraîche, journée un peu légère. Ça y est, on a froid. Jusqu'à maintenant, je me disais que c'était bon, ça passait, c'était tranquille, c'était rizière, petit t-shirt, tranquille la journée. Non, j'ai froid et le reste du groupe aussi a froid. On commence à sentir où le climat est un peu plus rude pour nous. Donc sur cette journée, ça a été vraiment une petite journée de marche. Et l'objectif aujourd'hui, c'est vraiment d'arriver à Gorepani pour pouvoir avoir demain la surprise de monter à Pouignil. Et je ne sais pas encore à quelle heure je vais devoir me lever demain matin, mais je sens que ça va piquer. Je sens que ça va piquer surtout parce que ce soir, c'est la fiesta, c'est l'anniversaire de Pépé. Il faut fêter ses 81 ans coûte que coûte. Donc, Sagar est mis un peu dans la confidence. On lui dit, voilà, ce soir, c'est l'anniversaire de Pépé. Il ne veut rien dire. Est-ce que tu peux nous prévoir un petit truc, un petit gâteau avec juste une petite bougie, histoire que Pépé puisse fêter ses 81 ans au Népal ? Donc voilà, journée plutôt tranquille. Sur l'après-midi, on est plus à flâner. On se dit que si sa gare nous laisse flâner, profitons-en parce que demain, il t'explique que là-haut, tu vois, il y a une petite montagne qui s'appelle Pounil. Et demain matin, on va aller voir le lever de soleil à Pounil. Ok, tu regardes la montagne de Pounil, tu fais ok, c'est haut. Demain matin, si tu veux voir le lever de soleil qui est à 7h du matin, ok, demain, ça va être dur. Et là, ce soir, c'est l'anniversaire de Pépé, c'est 81 ans, Sagar tient sa promesse, il lui réserve une petite surprise, le repas se passe, un petit dalbate comme d'hab, et arrive le moment du gâteau, enfin du dessert quoi, dessert qu'on ne prend pas forcément chaque soir, et là, tout le monde se met à chanter, Pépé, il est un peu abasourdi en disant... C'est pour moi ça ? Oui, c'est pour toi Pépé. Et il n'y a pas que le gâteau en fait, c'est à ce moment-là, Sagar se lève et fait un discours à Pépé. Et donc on a Pépé qui est debout, et on a chaque guide, enfin le guide et chaque porteur qui arrive et qui porte une écharpe autour du cou de Pépé. On sent une émotion qui monte quoi, parce que... Parce qu'on se rend compte que ce sacrifice que les porteurs ont pu faire financier, parce qu'ils ont dû payer cette écharpe, si pour nous cette écharpe elle vaut 1 euro là-bas au Népal, pour eux c'est un truc énorme. Et là, Pépé c'est un moment où il ne sait plus trop où il est en fait, il se dit mais c'est quand même fou cette chance et Pépé nous fait un discours de remerciement, d'accompagnement. Voilà, le pépé, c'est le pépé d'Anaïs, mais pendant ces jours, c'est devenu le pépé de tout le monde. C'est vraiment venu quelqu'un avec qui on a envie, on a vraiment envie de partager des moments avec lui. On a envie de revoir après, derrière.
Speaker #1C'est un moment riche en émotions et je pense que c'est le moment fort de cette journée, en tout cas de ce séjour depuis le début. J'en ai pris plein la gueule effectivement sur le début, mais là je me dis que les Népalais ont un cœur énorme. Ils n'ont rien, mais ils donnent tout en fait. Je me couche ce soir-là, donc pleine d'émotions, et quand même avec cette petite idée de me dire « Bon, demain matin, réveil, 4h45, c'est bien beau, tu as fait la fête ce soir pour Pépé, tu as fait la fête pour pouvoir fêter ses 81 ans, mais demain matin, il faut que tu montes à Pounyl, on est à 2860 mètres d'altitude là, et Pounyl, c'est 3100. L'objectif, c'est d'être là pour lever du soleil, donc il ne faut pas tarder. Faut pas traîner, faut pas se dire allez j'y vais tranquille, le but c'est vraiment de pouvoir avoir une vue sur non pas 360 degrés mais on en a une vue sur 260 degrés environ sur les montagnes. Mais avant ça faut gravir des marches, des marches encore et encore. Donc là on est parti pour trois quarts d'heure, une heure de petite montée direction Pounyles. Objectif atteint, on arrive avant le lever de soleil. On est loin d'être seul parce que Pounil, ça reste un endroit où c'est convoité par beaucoup de touristes, par beaucoup de personnes qui font le trek des Annapurna. C'est quand même le point au top pour pouvoir avoir une vue sur toute la chaîne des Annapurna. Les montagnes sont toutes noires, tu as le soleil juste derrière qui commence à apparaître. Et là, tu te dis, mais qu'est-ce que je vais découvrir ? Au fur et à mesure, tu découvres, au fur et à mesure, et au fur et à mesure, et au fur et à mesure. vraiment la chaîne des Annapurna. Et là, c'est un moment quand même fou, un moment de joie, un moment de bonheur, un moment qu'on partage tous ensemble. Malheureusement, sans Pépé, parce que Pépé, hier, il a un peu forcé. Et donc, ce matin, il n'est pas avec nous. Il fait partie des Sages, et donc il s'est dit, je ne fais pas cette partie-là ce matin. Je vais rater peut-être ça, mais pour pouvoir apprécier mieux le reste du trek dans la journée. Donc, en tout cas, je me sens toute... toute petite, mais vraiment petite, face à l'immensité de la nature et à l'immensité des montagnes. Et je me dis que j'ai de la chance d'être là, en fait. J'ai vraiment, vraiment de la chance d'être là. Donc voilà, magnifique lever de soleil à Pouignil, mais voilà, Pouignil, ça reste qu'une petite étape pour notre journée, et une fois le lever de soleil passé, on en a pris plein la tête, et bien il faut redescendre quand même à Gorépanie, prendre le petit-déj, charger les sacs, et là, sa gare nous annonce qu'on est parti pour 1700 mètres de dénivelé négatif. Et qui dit redescendre, ça veut dire... C'est-à-dire qu'on commence à rejoindre tout doucement la fin du trek. Donc il y a cet effort de descente qui, pour les genoux, reste quand même assez hard. Et ça annonce aussi le début de la fin, en fait. Ce jour-là, je suis un peu plus à l'écart du groupe. Je suis un peu plus avec Claire, qui a besoin de soutien à ce moment-là. Je me rends compte aussi que ce jour-là, les porteurs et sa gare sont quand même inquiets en disant « est-ce que ça va aller ? » Enfin, toujours dans l'intention, tout ça. Donc voilà, on est monté dans les grandes émotions avec l'anniversaire de Pépé, la vue de Pounyles et on est en train de descendre en se disant bon ben c'est bientôt la fin et ça va pas être la partie la plus sympa mais il faut y aller et on a beau avoir le trek qui dure 7 jours, on a encore le reste du voyage et d'autres découvertes après le trek. On attaque, ça y est, le dernier soir de trek. On arrive et demain, ça annonce la fin du trek puisqu'on rejoint Pokhara. Ce n'est pas un soir comme tous les autres. On a eu un soir festif la veille. Ce soir, c'est plus un peu chacun prend soin de soi et chacun se retrouve avec soi-même, je pense, ou avec son petit groupe pour pouvoir profiter de ce dernier moment-là. On a quand même réussi à se retrouver tous ensemble avec les porteurs pour pouvoir aussi faire un au revoir aux porteurs qu'on allait quitter le lendemain. Et ça garde lui, on le gardait avec nous encore à quelques temps. On se couche un peu chacun, chacun peut, en tout cas pour ma part, un peu morose de la faim, un peu craintive de ce qui va se passer demain. Est-ce que Claire va réussir à rallier jusqu'au bout ? Est-ce que d'autres vont craquer et un peu boule au ventre avant de me coucher ? On est sur le dernier jour du trek. Dernier jour du trek, mais pas dernier jour de voyage. C'est ce qu'il faut se dire. Sa gare nous annonce, ça va pas être marrant. Là, on va encore descendre, et on va encore faire du bitume, et on va prendre un mini-bus après pour nous amener en fait directement à Pokhara. Ah oui, j'ai oublié de dire, cette journée-là, on se rend compte que on perd un porteur, puisque en fait Soubas, qui, grande nouvelle, le soir, la veille au soir, a appris que lui, il repartait pour une semaine de trek en tant que porteur, donc il faisait Ce qu'on venait de faire, mais en sens inverse, puisqu'il rejoignait un groupe. Donc bonheur pour lui. Par contre, c'est les porteurs et les guides qui sont un peu plus dégoûtés, parce qu'ils en perdent un, donc ils portent plus de sacs. Donc voilà, on perd Soubas ce matin et il repart, lui, pour d'autres aventures. Et nous, on continue notre chemin direction Pokhara. Le trek est fini, on se retrouve à l'hôtel de Pokhara et on peut passer un moment de calme à Pokhara avant de rejoindre Kathmandu. Sagar nous accompagne jusqu'à l'hôtel et fait le transfert avec nous. Et on a un nouveau guide qui nous amène à Pachupatinat. Donc on dit, vous allez voir, c'est sympa. On dit, tu vas voir, c'est classé à l'UNESCO, Pachupatinat, c'est le crématorium un peu du Népal. Donc, OK. Et on se retrouve sur le jour, mais le fameux jour de commémoration des morts de l'année. En fait, une fois dans l'année, à Pachupatinat, les Népalais se retrouvent pour pouvoir célébrer les morts de l'année. Il y a du monde, il y a du monde partout. Il y a des offrandes de partout, du riz, des œillets d'Inde, des gens qui vont à droite, à gauche. Et là, à Pachupatinat, on retrouve Sagar. On a quitté Sagar, c'était notre guide de trek, et là on retrouve Sagar avec sa fille, qui saute dans tous les sens et tout ça. Et on lui dit « Mais qu'est-ce que tu fais là, Sagar ? » Et il nous explique, il nous amène rencontrer sa femme, il nous emmène voir sa famille, et il nous explique qu'il y a eu des morts dans son village cette année, et qu'ils sont là, ils se sont tous retrouvés aujourd'hui pour pouvoir commémorer leurs morts sur cette journée. Et là, tu te rends compte que Sagar, il a dormi dehors sur une natte cette nuit pour pouvoir fêter ses morts ce matin même, en fait, à Pache-Patinat. Sagar est fier de nous faire découvrir sa fille, il est fier de pouvoir nous montrer sa femme, de nous faire les présentations. J'oublie un peu Pachou Patinat et ses images un peu dures que je puisse voir. Je suis contente de pouvoir retrouver Sagar et pouvoir lui dire au revoir avant vraiment de repartir demain en France et de rentrer chez moi dans ma vie de tous les jours.