Speaker #0Alors, moi c'est Paul, j'ai 38 ans, je vis à côté de Béziers avec ma chérie Corrie, le mariage est prévu pour l'année prochaine, on parlait encore de la date tout à l'heure. Et puis, je fais des conférences sur la motivation, la résilience, le dépassement de soi, en entreprise et ailleurs. Et aujourd'hui, je suis en pleine période de remise en question, depuis bientôt un an, je bénéficie d'une trithérapie, j'ai plus rien du tout dans les poumons. Parce qu'en fait, je vis avec la mucoviscidose. Donc, je suis né avec. C'est une maladie génétique. Et je vais beaucoup mieux là depuis bientôt un an. Et donc, oui, grosse, grosse remise en question. Mon sport de prédilection, oui, c'est la randonnée. Je fais beaucoup de randonnées avec Corey. Je prévois de faire le GR5 cet été. Et puis, au quotidien, beaucoup de vélo, de course, beaucoup de course à pied, trail. Du yoga aussi, un peu de musculation, beaucoup de choses. Pourquoi on a fait le Kilimanjaro ? Parce que c'est le toit de l'Afrique. Moi j'avais déjà fait le Mont Blanc, j'étais au sommet du Mont Blanc en juin 2018, après trois tentatives. Ça veut dire trois étés, passer en montagne aussi, enchaîner les sommets, les dépluces et à m'entraîner. Donc j'avais une bonne petite expérience déjà de tout ça. Et puis je m'étais dit, après avoir fait le Mont Blanc, la suite, c'est le Kilimanjaro. Puis après, c'était une période de ma vie aussi où... J'ai eu une phase aussi où je me disais, tu sais, un motif perso là où tu... tu te dis, ouais, je suis plus fort que la mort et tout. Enfin, je peux gagner des pourcentages de capacité respiratoire. On peut tous y arriver, machin et tout. Mais en fait, à un moment donné, la maladie, la vie, tu t'en prends plein la gueule, quoi. Et c'est dur, parfois. J'ai passé deux années, là, c'était très dur. Des fois, ça tient à cette petite histoire que je raconte en conférence, comme si tu tenais une petite flamme au creux de ta main. Et que t'es au milieu d'un ouragan et que la petite flamme, il faut qu'elle continue à éclairer parce que cette petite flamme, c'est l'espoir quoi. Et cet espoir, tu le fais vivre au travers des actions que t'entreprends tous les jours. Parce que moi, ça fait dix ans que j'ai commencé dans cette histoire de défi sportif. Et ça fait dix ans qu'au travers de ces défis sportifs, en voulant courir le marathon de Paris la première fois en 2013, je me suis rendu compte qu'il faut suivre la cadence des entraînements. Il faut pouvoir relever les challenges du coach tous les jours. Et du coup, il y a plein d'obstacles à surmonter, des solutions à trouver. Et c'est pour ça aussi que j'ai voulu continuer dans cette voie du défi sportif. C'est parce que je me suis rendu compte que c'est un condensé de vie. En fait, tu apprends plein de trucs sur toi, sur la maladie. Ça te permet d'avancer, de te lever de ton canapé. Et puis d'avancer plus vite dans la vie. C'est un catalyseur, un accélérateur. Moi j'estime que je suis un spécialiste de la maladie aussi, que j'ai plein de choses à faire avant d'attendre après les chercheurs, les médicaments et compagnie. On est tous acteurs des choses et on peut tous faire plein de choses dès maintenant et sans attendre. Alors du coup on s'est engagé dans cette aventure du Kilimanjaro. était un groupe de 10-12 personnes. Parmi ces gens-là, en fait, Natalien m'avait dit, écoute, si t'as des gens que tu connais, qui veulent venir, Tu leur dis et puis on verra ce qu'on fait, tu vois, on va être cool quoi. Donc j'en ai parlé à mon pote Laurent avec qui j'ai fait le Mont Blanc, qui était chaud. Allez, tu viens. J'en ai parlé à Thibaut Barognan qui est un des cinq meilleurs en trail en France aujourd'hui, avec qui j'ai couru le marathon aussi. J'en ai parlé à Maxime Sorel en fait. Maxime Sorel, c'est le parrain national de l'association 20 Clamucocidose. Maxime a fini 10e du Vendée Globe. On s'était rencontrés sur des événements comme ça. J'étais monté sur le bateau une fois, on a fait une petite régate sur son classe 40. Il était chaud patate, je ne revenais pas. Donc, quand je lui ai dit que Maxime venait, il était aux anges. Maxime est venu et sur place, ils avaient trouvé la marraine de l'association Gravire, qui est Manon Ostens, championne de kayak. Et puis, je demandais à mon frère aussi, que tu es motivé, mon grand frère. Et au final, sur la cordée, on était 12 ou 13, je ne sais plus exactement. Et puis, on a rencontré le reste de l'équipe à l'aéroport, à Paris, au moment de l'expédition. Donc on part de Masham Gate, on se met en route en marche là, après on fait notre petite photo devant le panneau. On se met en marche, on suit nos porteurs qui sont chargés sur le dos avec leur matériel à eux, plus le matériel de l'expert, ils ont 40 kilos sur le dos les mecs, ils te doublent alors que ton sac est vide, ils te doublent avec le sourire. Et tout au long de l'expédition, ils ont toujours le sourire et on se dit bonjour. Puis on marche. Là, on était partis pour cette première journée de marche qui allait nous emmener à 3000 mètres. Et donc, on progresse gentiment à travers la forêt. Des grands arbres. Des grands grands arbres. Il devait faire 30 degrés à peu près. Et puis non, c'était sympa, on a appris à se connaître en fait dans ce jour-là. On a beaucoup discuté les uns avec les autres, un coup tantôt devant dans le groupe, un coup tantôt en arrière pour aller discuter avec ceux qui étaient plus en arrière. Donc ouais, c'était cette journée de prise de contact. Et puis une journée aussi où on était encore assez bas en altitude, donc on est encore assez bas en altitude et du coup on a encore tout... notre tête et on n'est pas fatigué on est bien donc on est ouvert aux autres et à l'échange et à la discussion donc ça c'était vraiment une journée très sympathique pour moi et puis on est arrivé le soir au camp donc quand on arrive comme tous les soirs en fait le camp il est prêt les porteurs ont monté le camp avant nous en intégralité donc toutes les tentes sont installées les toilettes et compagnie. Puis là, t'as un peu de temps pour prendre soin de toi. Et puis derrière, t'as un petit brief. Tous les soirs, on avait un brief avec prise de la SAT au niveau du doigt pour voir ton taux d'oxygène au bout du doigt. Parce que plus ça monte et plus ça allait être dégradé, tout ça. Donc c'était pour s'assurer au niveau santé que c'était correct. Et puis le petit brief du soir avec des briefs de la journée, comment ça s'est passé pour vous. Tour de table, et puis préparation du lendemain, donc demain on va se lever à telle heure, on va faire ça, on va monter ça, voilà, des questions, tout ça, on mangeait nos petits pop-corns faits maison, ils faisaient les pop-corns dans la journée, on sentait la bouffe en même temps parce qu'à côté il y avait le cuisinier qui préparait le repas du soir. Et puis après on déjeunait dans la grande tente. Et puis là, le deuxième jour, on partait de 3000 mètres pour monter à 4000 mètres d'altitude, donc 1000 d plus. Avec un paysage qui changeait aussi, donc on était toujours en t-shirt, t-shirt, on était bien. Ça commençait à rafraîchir. On a pu chier un peu, mais on était très bien. Et puis, le paysage change, parce qu'en fait, déjà, ce camp à 3000 mètres, on n'était plus tout à fait dans la forêt. On était dans des grandes bruyères arborescentes qui devaient faire 2-3 mètres de haut. Donc, il y en avait tout partout. En fait, ça me rappelle un peu mon nouveau chez moi depuis 4 ans, le climat méditerranéen un peu. Donc, beaucoup de bruyères et puis un peu cette ambiance film d'horreur où en fait, tu vois, tu as des grands lichens. Très très long, qui pendent de tous ces arbres, de tous ces bruyères, et très chargé en lichen en fait, genre tu pouvais faire des moustaches avec le lichen, et tu vois, genre un peu avec la pénombre, la lune, le nuage qui passe devant, il ne manque plus que le nougarou, tu vois. Ça faisait un peu ça quoi, donc... On était dans ce genre de paysage, et puis petit à petit, la vegetation, elle devient de plus en plus rase, avec un peu un univers de presque garigue un peu. Tu vois, des petits buissons comme ça. Et puis le soir, arrivé à 4000, on était dans la caisse déjà quasiment. Je commençais déjà à avoir un petit mal de tête. Déjà un petit mal de tête, déjà un petit peu plus de fatigue. Et puis après on commençait à être bien dans la voiture aussi. C'est à cet endroit-là aussi qu'on a fait un brief. On était monté avec un... Tu sais en fait quand tu n'es pas bien, quand tu fais un accident de... Un problème respiratoire, un mal aigu des montagnes, quand t'es en montagne, au bout d'un moment, si t'es vraiment pas bien, ils te mettent dans un caisson, le caisson hyperbar. On avait une démonstration du caisson hyperbar, donc un truc qui gonfle et tout, avec un hublot, ils te mettent dedans, c'est vraiment quand t'es pas bien, donc tu commences à prendre la mesure de ce que tu vas accomplir, et que quand même, il y a des risques, et voilà, on était cette fois en montagne. Donc le troisième jour arrive, le troisième jour en fait, ça commençait à devenir important. Dans ces douze personnes de l'ascension, on était, je ne saurais pas dire, moi j'avais fait le Mont Blanc, on était peut-être un ou deux de plus qui avaient fait plus de 4810 mètres d'altitude. Donc déjà là, ce troisième jour, on partait de 4000 mètres, on monte à 4600 mètres, à cet endroit qui s'appelle l'Ava Tower. Et ensuite on redescend, dormir à 4000 mètres. Comme disait notre guide, monter haut, dormir bas. On s'acclimate dans la journée, on va se reposer un petit peu plus bas derrière. Premier passage à 4600 mètres d'altitude, ça allait piquer sévère. On savait qu'il y avait une grosse journée sur ce jour-là, sachant que les deux jours d'après c'était un peu plus cool, on était plus vers 4000 mètres. Donc il fallait passer là, il fallait que ça passe. Et voilà, quand c'est comme ça, moi j'ai tendance à... je me tais, je fais mon truc et tu fais juste un pas devant l'autre et puis tu vois quoi. Donc on était arrivé à 4600 mètres et là ouais c'était vraiment très dur à... Il faisait chaud, le sac était malgré tout ce que j'avais donné au porteur, c'était bien assez lourd. J'ai bien galéré, c'est vraiment très très dur pour moi ce jour-là. J'ai bien chialé, j'étais bien ému, j'avais la bonne boule au fond de la gorge là, qui fait que si tu réfléchis trop, tu t'arrêtes. tu respires plus quoi, tellement t'as la boule d'émotion là j'étais focus sur, il y avait Béa qui marchait juste devant moi avec son sac rouge et j'en suis ému encore à dire pensez, il y avait une petite pastèque, je sais même plus pourquoi elle avait une pastèque sur son sac elle avait promis à sa fille une petite pastèque en peluche et elle était dans son dos dans son sac, là puis la pastèque elle souriait et ça me faisait du bien de regarder une pastèque qui sourit tu vois non mais tu sais Dites-le. Des fois, ça ne tient à rien. C'était plus ou moins interdit. J'avais trouvé des fleurs que j'avais cueillies. Je les avais mises sur mon sac derrière. En me disant que la pastèque, ça me faisait du bien de la regarder. Et que s'il y avait quelqu'un qui m'achetait derrière moi, ça faisait du bien aussi de regarder des fleurs accrochées sur mon sac. Je marchais comme ça. On se taisait un peu. Autant il y avait les filles fous à l'avant du groupe. Laura, Maxime, Manon, les grands grands sportifs là, ils étaient à l'aise. On discutait, on faisait des blagues, on faisait des rétours avec les guides. On a pas mal rigolé, mais à un moment donné, je m'étais, je ne pouvais plus. Je ne pouvais plus parler et marcher en même temps. Donc tu es dans ton truc et tu galères un peu en silence. Et tu te raccroches à ça, une pastèque, des cailloux clairs, des fleurs. J'ai bien pleuré en arrivant au sommet, je n'arrivais plus. Je faisais vraiment un pas devant l'autre et j'étais très lent dans mon rythme. J'étais à bout de souffle, j'étais fatigué au niveau du diaphragme dans le sens où ma respiration était courte. On sentait vraiment les effets de l'altitude. Et donc le souffle court, fatigue, plus de force dans les jambes et mal de tête, mal de tête assez fort. Et arrivé au sommet à 4600, gros moment d'émotion, j'ai bien pleuré, je me suis fondré dans mes potes. Ouais, très très dur, on s'est posé pour manger, mais j'avais pas faim, comme d'autres aussi, je me suis forcé à manger, j'avais la nausée, on était plusieurs à se regarder, on était un peu à gare là, et il faisait assez froid en fait, on avait dû s'habiller un peu, parce qu'en fait quand t'es pas bien comme ça tu prends envie de froid, et dans ta tête ça tourne quoi, ça tourne, tu te dis putain, 4006, je suis déjà en galère, qu'est-ce que ça va donner après quoi, donc... C'est ça qui fait pleurer aussi. Merde. Tu te dis, j'ai pas envie de finir dans le caisson. Je suis pas venu là pour ça. Et puis quand même, je suis venu pour le Kili. Je me rappelle, sur la fin de cette montée, j'ai pleuré et je me suis dit, t'as tes lunettes de soleil, t'es caché là derrière. Et c'est bien confortable. Et en fait, tu viens pour ça. Tu viens pour... partager des émotions avec les gens. T'en as plein le cul de voir des gens qui disent pas bonjour dans la rue. On vient de passer deux ans de Covid, cachés, planqués derrière nos masques, t'as pas vu un sourire depuis deux ans. Donc tu viens pour voir des humains. Et à un moment donné, on était à table et j'ai enlevé mes lunettes. Tu pleures. Je suis cool, je pleure devant Cédric, le dessin animé Cédric, ça me fait pleurer. Je pleure devant des dessins animés. C'est cool, Spirit. Et donc je suis assez free par rapport à ça. Mais voilà, en plus de ça, au repas du midi, j'ai enlevé mes lunettes parce que je me suis dit, ne cache pas quoi, c'est ce que tu as envie de partager et tu pleures, c'est normal, tu es humain. Et tu as envie de voir ça aussi sur les joues des autres. Donc j'avais vécu toutes ces émotions dans la journée et j'avais dit au guide, j'avais dit à Nathalia, j'ai trouvé aujourd'hui ce que j'étais venu chercher dans l'expédition, ces émotions-là. Et aujourd'hui, je ne peux pas me cacher que c'était très dur. Je ne sais pas ce que ça va donner sur la suite. Je n'ai pas envie de finir dans le caisson, je n'ai pas envie de me mettre mal. Ça me fait peur, c'est sûr que le sommet, ça me fait peur. J'ai trouvé ce que j'étais venu chercher et aujourd'hui, moi, le sommet, c'est pas une obligation. Je lui ai dit, j'ai pas besoin du sommet. On montera jusqu'où on montera. Voilà, j'aurais fait mon job et c'est cool. Je me sentais aussi libéré par rapport à ça. Je me suis libéré moi-même, en fait. Ça faisait du bien aussi. Donc là les deux jours qu'on suivit, après ce passage à 4600, le quatrième jour et le cinquième jour, c'était assez cool pour moi. Et puis on commençait à bien tourner autour du Kili en fait, parce qu'en fait le premier jour on a bien monté, puis après on faisait une espèce de transversale qui nous faisait un peu courir sur les courbes de niveau autour des 4000 mètres pour ensuite rejoindre le camp de base et puis attaquer la montée finale. Et donc ça c'était le quatrième jour. et puis cinquième jour on a eu Départ à 4000 mètres, arrivée au camp de base à 4600 mètres, arrivée dans le brouillard, il n'y a plus juste après, on commençait vraiment à être dans un climat montagne-montagne, un climat qui est très changeant aussi et c'est assez impressionnant. Tu peux avoir du 30 degrés, 25-30 degrés, du grand soleil et ça cogne. Et puis dans l'attente, tu es obligé de tout aérer, tu es torse poil, parce que sinon tu as un petit peu mal à la tête tout le temps. Si t'es un peu danosé, t'es pas trop bien, donc t'es obligé de tout aérer, puis d'un coup là, je sais pas, en 20 minutes, ça se couvre. Tous les soirs, on avait notre petit nuage qui venait nous couvrir. Avec des orages, ça tenait. Et tout d'un coup, là, tu te retrouves, il fait 0 degré, il neige, il y a du grésil. C'est la tempête, quoi. C'est très impressionnant comme ça change vite. Et donc, 4600 mètres camp de base. Donc là, arrivé à 12h-13h, on avait un temps, là, jusqu'à 17h30-18h de sieste. Donc, en fait, je n'ai pas été le seul à être dans cette situation, mais moi, à cet endroit-là, au camp de base, à 4,6, je n'ai pas du tout dormi. Impossible de... Alors, fermez l'œil, oui, mais j'allais pour m'endormir, puis tu te relâches, tu te détends, tu expires, et tout d'un coup, comme ça, je n'arrivais pas à respirer, je n'avais pas assez d'oxygène. Donc en fait j'allais pour m'endormir, à chaque fois je me réveillais comme ça, j'étouffais quoi. Et voilà, ça a duré tout l'après, pas moyen de dormir, malgré les boules caisses et compagnie. Donc le brief à 18h et re-sieste, re-sieste nuit de 18h à 23h30. Pareil, pas moyen de dormir, toujours avec ce sentiment de manque d'air. Et réveil à 23h30, et là, pareil, de 18h à 23h30, donc pas dormi. Puis moi, je cogitais un peu, je me dis « putain, mais je dis Laurent » . Alors Laurent, je me suis arrangé pour être avec lui dans la tente pendant tout le trek, parce qu'il me connaît, on a fait les Monts Blancs, on a fait les marathons, je sais que c'est un grand blagueur, un grand déconneur, il ne faut pas arrêter de blaguer avec Maxime, Manon, Nathalie, je suis super content. qu'ils se soient rencontrés tous là et lui voilà il est très cool failli se connaît par coeur c'est un solide et il prend soin de moi aussi tu vois et c'est très appréciable et jeudi laurent tanger peur que j'arrive déjà pas respirer à 4 me si je sais mais j'arrive déjà même pas à dormir comment je vais faire pour monter et jeudi moi j'ai pas envie de crever quoi je suis cool fin ça faisait plusieurs années que je travaillais sur moi et que je me disais, ben voilà... J'ai plus besoin vraiment de faire des défis sportifs pour me sentir vivre et vivant, pour me prouver des choses non plus, j'ai plus besoin de ça pour me faire mousser aux yeux de la société ou je sais pas quoi, tu vois. Donc j'avais pas besoin du sommet, quoi. Je me suis dit, moi, si je passe demain la journée ici à vous attendre à faire bronzette au soleil et à contempler la nature, ça m'ira très bien aussi, tu vois, je prendrai tout autant de plaisir que de monter au sommet. Et puis ce sera beaucoup moins dangereux pour moi, tu vois. Je voulais pas crever, quoi. J'en étais vraiment de là, donc on s'est... Presque endormi, sans s'endormir, mais on s'est presque fait un câlin dans la tente. C'était assez surréaliste. C'est pas un mec qui est lui, Laurent, qui partage beaucoup ses émotions non plus. Donc, après cette nuit à ne pas dormir, réveil à 23h30, on décolle. Je me suis habillé, je suis sorti de la tente parce que Laurent est sorti de la tente. Et puis finalement, Béa, Michel et tous les autres qui étaient un peu tangents aussi, ils étaient là aussi. On était tous là, je ne savais pas trop ce que je foutais là, mais j'y suis allé. Et c'est le groupe qui a fait que j'y suis allé. Je ne saurais pas dire quelle énergie est passée là-dedans, mais elle était là et puis j'étais sorti de ma tente. Et puis je n'avais pas dormi, donc il fallait être réveillé, autant y aller aussi. En fait, c'était peut-être ça aussi qui se passait dans ma tête à ce moment-là. Et puis on est parti, on a commencé à marcher, il y avait neigé, peut-être 1, 2, 3 centimètres de neige, ce qui était une chose assez rare sur le Kili, apparemment, c'était assez exceptionnel. Donc on a passé les 4 800, donc là c'était bon, on a passé les 5 000, on avait battu le record du Mont-Blanc, on a fait péter le Mont-Blanc, et puis... Et puis derrière, j'ai eu encore beaucoup d'émotions, les émotions ça s'entend pas au micro, mais... Et puis après c'était que du plus, donc on est arrivé vers les... Il faisait assez froid, on a commencé à mettre les chaufferettes dans les gants, moi j'étais habillé comme de fou. Et là t'as le guide, il me faisait marcher devant, c'était moi qui faisais le tempo, et il commençait à sortir une barre de ma poche, il sort la barre, il l'ouvre. Je ne veux pas que j'enlève mes gants, il me la met dans le bec. Je dis attends, ça va, je vais arriver à manger. J'ai pris la barre quand même. Ils sont extraordinaires les mecs Tu portes ton sac Tu te mets la barre dans la bouche, t'es un bébé. Il était 3h du mat, il faisait assez froid. Et un peu un brouillard un peu givrant aussi, qui fait que la veste d'Alpil commence à être craquante, à être un peu gelée. Donc on commençait un peu à avoir froid aussi sur ce moment-là. Puis la nuit elle est longue, et puis la montée est interminable. En fait, de temps en temps, même si t'as beau être focus sur ton truc, et regarder tes orteils, tu regardes de temps en temps un coup en haut, puis tu vois que les frontales... Tu te dis, bon ben là ça va s'arrêter, puis en fait tu regardes une demi-heure, une heure plus tard, ben elles sont toujours là-haut, puis une heure plus tard elles sont toujours là-haut les frontales, donc en fait c'est toujours pas le sommet quoi, ou ce qui s'en approche, parce qu'en fait ce jour-là on devait arriver à un endroit qui s'appelle Stella Point, où en fait là à Stella Point c'est comme si on avait fait 90% du boulot quoi, ou même 95 en fait, parce qu'après la pente elle s'adoucit énormément. Et je ne sais plus combien il reste de D+, pour arriver au sommet, mais c'est genre 200, 300, enfin je dis peut-être des grosses bêtises, mais en gros c'est les vacances après. Du moins, dans mes croyances. Et donc, à 3h du mat', les mecs se sont mis à chanter. Ils se sont mis à chanter, on avait les 8 guides plus le biost, et les guides, il y avait Andrew, il y avait Baraka, il y avait Emmanuel... Alors ces mecs-là, je n'en ai pas parlé depuis tout à l'heure, mais pas plus ou moins de tour de cou, des baskets au pied, à trous, pas de gants. C'est extraordinaire les conditions, comme des sherpas qui montent en thon à la limite. Et ça fait un bien fou, ça fait un bien fou. T'as froid, t'es en plein milieu de la nuit, t'as hâte que le soleil se lève, mais encore c'est pas maintenant, c'est au moins dans 2-3 heures, donc il y a de temps de se passer énormément de choses d'ici là. Tout ça réchauffe, ça fait énormément de bien. Ils ont chanté, je ne sais pas, je dirais au minimum une demi-heure, au max une heure. Et c'était décisif,