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ADN D'ATHLÈTE, l'esprit sport

Histoire : la Dordogne Intégrale en paddle, une revanche sur l'endométriose

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23min |06/04/2022|

3371

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Description

Dans cet épisode hors-série, Charlotte revient sur sa participation à la Dordogne intégrale en paddle, une course de 130 km qui relie Argentat à Castelnaud-la-Chapelle, et dont le départ et l'arrivée s'étendent du lever au coucher du soleil. À ses côtés, son acolyte et confident, Manu, 60 ans. Ensemble, le duo incarne l'entraide, la bienveillance, et l'amitié plus que tout et à toute épreuve. Agrémenté de quelques airs de chansons et d'une blessure inattendue qui viendra tout bousculer, le récit de Charlotte demeure plein d'espoir et de résilience ; un hymne au sport, aux liens qu'il tisse, et à la douceur qu'il apporte dans nos vies… parce qu'après avoir ramé, vient toujours le calme sur les flots. C’est aussi l’histoire d’une revanche, voire d’un combat quotidien. Car comme 10 % des femmes en France, Charlotte est atteinte d’endométriose. Il y a quelques années, l'endométriose est un mot qui ne vous disait peut-être pas grand-chose. Aujourd'hui, on parle, et cela fait du bien.  À 34 ans, la jeune femme met tout en œuvre pour que l'endométriose ne régisse plus sa vie, mais pour qu'elle devienne une douleur qui en vaille la peine, le revers de la médaille de son péché mignon : le paddle (très) longue distance. Belle écoute !

Parler de l’endométriose, c'est reconnaître que la maladie existe, et permettre son dépistage le plus tôt possible. En parler, c'est donner du crédit à ses maux infernaux (sans pour autant prétendre les mesurer), et les conséquences qu'ils laissent dans la vie des femmes qui en sont atteintes.


Cette histoire vous a plu ? Pensez à la partager à votre entourage, sur vos réseaux et à nous laisser un commentaire, une note ou des étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée (Apple Podcast, Spotify, Deezer…). Je suivrai ça avec attention ! 

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Les Conseils de sportifs et des sportives, c’est le podcast de DECATHLON qui vous accompagne dans votre pratique sportive, qui vous aide à débuter ou à reprendre le sport. C’est aussi le podcast qui vous prouve que l’activité physique, c’est avant tout du plaisir ! Grâce aux conseils et astuces d'expert•es en la matière et aux partages d'expériences de vie de pratiquant•es, chaque épisode est une nouvelle occasion d'en apprendre un peu plus sur votre (future) passion !


Producteur : Pipo et Lola


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Conseil de sportif et de sportive. Je m'appelle Céciliane et mon objectif est de vous emmener à la rencontre de passionnés de sport. Des gens comme vous et moi, ordinaires, qui ont choisi de vivre un moment extraordinaire. Un voyage, une course, un défi, bref, ils et elles nous racontent et nous entraînent dans leurs aventures. Aujourd'hui c'est Charlotte qui nous raconte sa course en paddle, la Dordogne intégrale. 130 km en rivière. Laissez-vous embarquer par les fluctuations du courant et la détermination d'un duo de marins d'eau douce.

  • Speaker #1

    Je me suis juste dit, mais en fait, t'as fait 100 hauts-dits bornes, quoi. Et c'est... En vrai, c'est un truc de fou. C'est un truc de fou. Alors, je suis Charlotte, j'ai 34 ans, je suis architecte, et comme une femme sur dix, j'ai été diagnostiquée atteinte d'endométriose à 26 ans. J'ai toujours été sportive. Dans ma famille, on est sportif de père en fille. Mon père était en équipe de France de handball. Il nous a transmis le virus, on en a toujours fait. Pendant trois ans, j'ai dû m'arrêter parce que trop de douleurs ingérables. Et un jour, je me suis dit qu'il faut quand même s'y remettre, il faut tenter le mouvement. Peut-être que ça peut résoudre des sujets, décoller des choses. Donc je me suis remise tout d'abord au paddle parce que c'était un sport que j'aimais bien auparavant. J'ai refait un peu de yoga, un peu de danse classique, tout doucement repris la course à pied, parce qu'il faut y aller par palier, on n'y va pas en refaisant ce qu'on faisait avant d'un coup d'un seul. Le paddle se passait bien, donc j'ai décidé de poursuivre là-dedans. D'abord des petites courses, 5-10 km, et ensuite des longues distances. Donc aujourd'hui, je vais vous raconter la descente de la Dordogne qui a eu lieu le 11 septembre 2021. Donc c'est parti pour 130 km de descente en paddle. Je me suis lancée le défi de réaliser des longues distances parce que je souhaite porter un message. Tout d'abord, il y a prôner la bienveillance, l'optimisme. Quand on est atteint d'endométriose, c'est montrer qu'on peut encore faire des choses malgré cette maladie. J'ai eu pour ambition de m'inscrire à cette course avec un de mes collègues du club, qu'on va appeler Manu, pour ce podcast. Avec Manu, on a une relation... On va dire de très grande bienveillance. On se soutient, on se raconte plein de choses. Et on a de l'attention l'un pour l'autre, sans que ce soit bizarre ou quoi que ce soit. Parce qu'on aurait plutôt une relation frère-sœur ou père-fille. Je connais sa femme, je connais ses enfants. On s'invite mutuellement à dîner. On a une relation qui va au-delà du sport. On se connaît depuis 7 ans, on se suit depuis 7 ans et on s'apprécie beaucoup. Et le 10, on est partis en voiture. Donc, c'est parti pour à peu près 10 heures de route pour arriver à Argenta à 16 heures, prendre le bus qui nous emmène au départ, là où on va camper. Donc, le premier soir, il y a un dîner avec tous les concurrents. Donc, cette course, c'est une course de rame. Donc, il y a du paddle, du kayak, de la pirogue. Donc, je ne sais plus. Je pense qu'on devait être à peu près 300 à la faire. Donc, toutes disciplines confondues. Donc la veille de la course, c'est pas mal, c'est une espèce d'énorme dîner dans un gymnase, on est là tous ensemble. Il faut se dire quand même que la veille d'une course, on est stressé, on sait qu'on ne va pas bien dormir, on dort en tente, on dort avec des collègues qui ronflent. Donc la préparation, le sommeil, c'est quand même important, donc c'est parfois compliqué. Et là, le matin de la course, on s'est réveillé et catastrophe, pas prêt du tout. On n'avait pas géré le petit déjeuner. On s'est réveillés un peu tard, donc replier la tente, replier les matelas, le camion avec les sacs était parti. Donc, branle bas de combat, trouver quelqu'un qui peut ramener nos affaires à l'arrivée, parce qu'on arrive quand même 130 kilomètres plus loin, donc c'est un peu d'organisation. Là, heureusement, il y a des personnes du club qui étaient là, juste à côté, qui avaient, eux, fait des cakes de sportifs, tout ça. Donc, ils nous ont nourris, on va dire. Là, on est partis en courant avec nos planches sous le bras, avec l'aileron à la main pour se mettre à l'eau parce que tout le monde avait déserté. Tout le monde était parti prendre le départ. Et on est arrivés sur la ligne de départ au moment où le départ a été lancé, donc pile poil à l'heure. Il faut savoir que c'est une course qui démarre au lever du soleil et qui se termine avec le coucher du soleil. Donc, le départ des paddles a été donné à 6h30 cette année et l'arrivée était prévue pour maximum 21h30. On est partis, les kayaks, c'est l'ensemble premier, parce qu'ils sont de base plus rapides que les paddles, donc ça évite après les embouteillages, tout ça, sur la course. Mais donc, on est partis une quinzaine de minutes après eux. Et là, c'est juste génial, parce qu'on est quand même entre chien et loup. c'est à dire que le soleil se lève Je ne sais pas si vous connaissez la Dordogne, mais c'est en plus magnifique. Il y a des collines, les quais, c'est vraiment super chouette. En plus de ça, il y avait quand même un peu de public. On va dire qu'il y avait des courageux à 6h30 du mat, dont une fille qui m'avait fait un texto. Super, endo girl, vas-y à fond, incroyable. J'ai vu cette jeune femme sur le bord qui était là, aller, je ne sais même plus quel numéro j'avais, mais à fond. Et donc là, c'est parti pour 130 kilomètres. Donc mentalement, au début, c'est un peu stressant. En plus de ça, il y a un truc que je n'avais pas testé, c'est le tout petit aileron. Parce que comme on fait de la rivière, les ailerons classiques ne passent pas. Donc là, j'avais mis un tout petit aileron qui fait 5 cm. Donc on va dire que les 5 premiers kilomètres, ils ont été très compliqués parce que ça rend la planche beaucoup moins stable. Donc les 5 premiers, je me suis dit, oh punaise, comment je vais faire pour en faire 130 ? Et là, en fait, au cinquième kilomètre, il y a le premier rapide. Et là, c'est... C'est juste le bonheur, en fait. Ça glisse, c'est parti, on s'amuse, en fait. C'est pas comme faire 5 km sur du plat où on peut s'ennuyer un peu. Là, en plus, le paysage change. Tous les kilomètres, ça change. Il y a un rapide à peu près tous les 5 km au début. Donc on n'arrive franchement que du bonheur. Et puis il y a encore du monde à ce moment-là. Donc on croise encore des gens, on double des gens, on rigole. Comme c'est une longue distance, on est quand même peu, finalement, par rapport aux courtes distances. Et donc il y a quand même beaucoup d'entraide, beaucoup de conseils. notamment un des premiers rapides, il y a une fille qui m'a dit non surtout prends le par l'intérieur, résultat elle elle s'est plantée et moi je suis passée. Il y a quand même de la bienveillance sur ce genre de course parce qu'on est quand même là pour aller tous au bout, parce que l'objectif c'est pas de faire un podium, c'est clairement de faire les 130 bornes. Et donc finalement le premier ravito il arrive quasiment un peu trop tôt, puisqu'il arrive à 35 km. Honnêtement, première fois que j'ai regardé ma montre, parce que bon quand même on... On check les distances. Première fois, 20 kilomètres. Je me suis dit, punaise, j'ai rien vu passer. 20 bornes, 35, on arrive au Rapito. Je suis nickel. J'ai même pas mangé, j'étais au top. J'attends mon collègue Manu qui arrive 10-15 minutes après moi. Et là, il a la jambe en sang. Au 26e kilomètre, il y a pas une écluse, mais un... C'est un ouvrage en béton et il y a un passage pour les cadets sur le côté, mais les paddles, en fonction du niveau de l'eau, on peut passer au centre ou pas. Moi, je suis passée au centre. Il y a quand même un creux de plus de 2 mètres derrière, donc c'est un peu impressionnant quand on arrive dessus. Et malheureusement, mon collègue, lui, a eu peur, est tombé, s'est pris le bord en béton et donc a une ouverture d'une vingtaine de centimètres sur le tibia. Donc je le vois arriver. Il est blanc, transparent. Il a quand même du sang sur la jambe. Donc j'avais pris des pansements mais pas de désinfectant, donc on l'a rincé à l'eau de la Dordogne, je lui ai rafistolé trois pansements et puis on est reparti. Manu me dit oui ça va aller, tout va bien, avance t'es bien, parce que Manu, en fait pendant la course de la Dordogne on a tous des trackers, donc on peut voir en quelle position on est, si on est dans les délais, parce que la double complexité de la Dordogne intégrale, c'est que c'est une course de 130 km mais qu'il y a des portes temps à passer. pour pouvoir continuer, un peu comme les marathons ou les triathlons. Donc c'est vraiment une course difficile, parce qu'on a des objectifs temps doublés d'objectifs de distance. Donc Manu me dit, vas-y, fonce, t'es quatrième femme, vas-y, fonce, tu vas les rattraper. Donc je pars, en sachant que Manu me suit, donc plus ou moins, Manu normalement rame beaucoup plus vite que moi, donc normalement Manu doit pouvoir me suivre. Et là, après la phase des 50 où on se sent pas bien, on commence à avoir mal partout, je me suis beaucoup hydratée, j'ai fait une pause sur ma planche, j'ai mangé. Manu, je le voyais plus. je me suis retournée plusieurs fois ma nuit disparue donc je ramais avec un mec qui était devant moi un jeune homme pardon un jeune homme qui était devant moi avec qui on faisait un peu le rôle du lièvre il y en a toujours un qui passait devant pour tirer l'autre, quand il y en a un qui est fatigué il passait derrière c'est intéressant parce que ça impose une cadence ça permet de maintenir un rythme donc là on était toujours à 11 kmh à peu près au 70ème puisque le ravito suivant arrive au 75 je crois Je me dis qu'on va quand même attendre Manu parce que je ne le vois plus. Ce n'est pas normal, il devrait être juste derrière moi. Pour soulager un peu les douleurs, je commençais à avoir mal aux jambes. Après les bras, les épaules, les jambes, je me suis mise dans l'eau jusqu'à la taille pour refroidir un peu les jambes. Il faut savoir que j'ai un sac d'hydratation en sacoche. Sacoche d'hydratation, pas sac à dos parce que ça déstabilise. J'avais toute ma nourriture dans ma sacoche. Je me mets la taille dans l'eau. J'ai bien sûr trempé tout mon ravitaillement. La pause des 70, j'ai mangé un sandwich au fromage trempé à l'eau de la Dordogne. C'était intéressant, on va dire.

  • Speaker #0

    Ravitaille des 70 ! Enfin, toute la moitié, c'est chaud. Et là, il y a Manu. Coucou Manu ! Oh putain, j'ai bien fait d'attendre. Et un petit sandwich à l'eau de la Dordogne.

  • Speaker #1

    Donc là, j'étais dans l'eau, là je vois des filles qui passent, et moi je réfléchis à mon... Parce que malgré le fait que mon objectif était uniquement de la finir, quand on sait qu'on est quatrième, on se dit super, je vais essayer d'aller gratter un podium quand même. Enfin, on passe le rez, on se le dit. Donc là, j'attends Manu, et Manu, il met à peu près 15 minutes à arriver. Et là, il arrive, mais en soufflant. Et je me suis dit, j'ai bien fait de l'attendre parce qu'il n'a pas l'air bien.

  • Speaker #0

    Mais honnêtement, c'est un peu difficile. Il a mal partout. Le mental de Manu, il est un peu chocho. Voilà, il nous en reste 60. Allez, courage.

  • Speaker #1

    Là, effectivement, Manu me dit, j'en peux plus. Son pansement ressaigné, il en avait partout sur les chaussures. Et là, en fait, le directeur de course a arrêté Manu. Il lui a dit, je ne vous laisse pas repartir. Tant que les secouristes n'ont pas vu votre blessure et tant qu'ils ne vous ont pas vu parce qu'il n'était quand même pas en forme, il faut dire quand même que Manu, il a 60 ans. J'en parle comme s'il avait mon âge. Moi, j'en ai 34, mais lui, il en a 60. Et d'habitude, il me met la misère. En gros, je l'ai vu dans ses yeux quand le directeur de course lui a dit « Je veux que les secouristes vous voient. » J'ai vu que si je ne l'attendais pas, il s'arrêtait. Je lui ai dit, Manu, si tu repars, je t'attends. Il m'a dit « Ouais, d'accord, on fait comme ça. » Parce qu'au début, il disait « Non, vas-y, vas-y. » Mais je l'ai senti que si je ne restais pas, il s'arrêtait là. Donc le but étant d'aller tous les deux le plus loin possible sur le moment. Et en tout cas, encore aujourd'hui, ça m'a semblé le meilleur choix à faire par rapport à notre binôme et les enjeux qu'on avait placés dans cette courbe-ci les deux. Donc là, on va en pause imposée, on va dire. Les secours devaient arriver, on va dire, dans les 20 minutes. Donc les secours ont mis finalement une heure et demie à arriver parce qu'ils se sont trompés d'endroit. Donc en même temps, pendant ce temps-là, on a fait une super pause. On a rigolé avec ceux qui étaient là, les organisateurs au top. Moi, je me suis rendu compte que toute ma famille me suivait. Dans le WhatsApp famille, il y avait des commentaires. « Oh, elle tient son rythme. » « Emmanuel, il est ouf. » Enfin, c'était super drôle. j'en ai profité pour appeler mon conjoint qui a une petite fille et qui n'utilisait à les chacha allez chacha tu vas gagner fin c'était quand même par la rime dans leur parler g relais larmes aux yeux parce qu'elle m'a dit allez va plus vite c'est quand même c'est quand même des super moment donc là les secours et ce qui arrive ils enlèvent le pansement de fortune de Manu et malheureusement les secouristes comme ça n'ont pas de quoi faire des points de suture donc ils ont mis deux strips, ils ont nettoyé ils ont mis un bandage mais un bandage pas étanche à l'eau donc voilà après 1h40 on est reparti et là finalement c'est plutôt Manu qui m'a tiré moi parce que là moi je commençais à être j'ai commencé à vraiment c'est le mental qui a commencé à chauffer vraiment fort parce que tous les 5 kilomètres c'était ça va super, tous les 5 kilomètres c'était non là c'est l'enfer sur terre j'arrive plus, j'avance plus Merci. Parce qu'il faut quand même aussi savoir qu'après les 70, la Dordogne s'élargit. Donc là où on était vraiment dans un cas de rivière avec des rapides tous les 5 km, un truc un peu amusant, là ça s'élargit. Donc on passe plutôt sur le format canal. Canal, c'est exagéré, mais pour que vous imaginez la chose, on passe vraiment d'un truc avec des rapides à un truc large, où il n'y a plus de rapides. Alors ça reste très beau, on croise des châteaux, c'est magnifique. Il y a des ponts, il y a des falaises. Par contre, on a l'impression que ça colle. Moi, je n'avance plus. Clairement, là, je suis là. Pour le coup, je chante du Charles Trenet à Gogo. Donc, je remercie encore Manu de m'avoir supporté jusqu'à la fin parce que ça devait être horrible. Je chante super mal.

  • Speaker #0

    On va danser. Oui. Oui. Oui. On va danser. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui.

  • Speaker #2

    Oui. Oui. Oui.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Et donc là, on avance encore, parce que malgré ça, notre montre nous dit qu'on doit être entre 10 et 11 km heure, donc ça avance, mais clairement, ça ne se voit plus en tout cas. Là où on pouvait avoir des projections en avant, parce que sur la Dordogne, on a fait des pointes à 16 km heure dans les rapides, là vraiment, ça colle. Là vraiment, une partie difficile. Puis c'est fatigant, on en est peut-être à 8 heures de rame, il ne fait pas chaud, il ne fait pas froid. La température est parfaite, il n'y a pas trop de soleil, on supporte les manches longues. Les conditions sont idéales, mais en même temps, on s'est élevés À 4h30 du mat, on a ramé 8h, on est fatigué et il reste encore 60 km. Et donc là, on se traîne, on va dire, en tout cas pour ma part, je me traîne jusqu'au ravitaillement suivant qui est officiellement à 85 km. Sauf qu'à 85 km, ma montre me dit qu'on est en 85, il n'y a pas de ravito. Donc là, ça commence à être mentalement encore plus difficile parce qu'on le cherche. Moi, j'en peux plus, j'ai plus d'eau. Donc vraiment là on est dans une phase, moi je suis dans le dur complètement. Et là le ravitaillement arrive enfin à finalement 88. D'ailleurs je me suis engueulée avec les organisateurs parce que le kilométrage n'était pas bien donné. On m'a peut-être dit que j'avais lancé ma montre trop tôt, ce qui est possible aussi. Donc là on remplit les poches, on change d'aileron. Parce que comme ça s'élargit vraiment le petit aileron, on n'avance pas droit avec un petit aileron, on fait un peu du crabe. Donc on change d'aileron, les secours nous ont suivis, ils changent le pansement de Manu. Donc là, on nous a laissé passer, on avait 10 minutes de retard sur le temps. Le directeur de course qui savait pourquoi on avait 10 minutes de retard, parce qu'on s'est arrêté 1h40 avant, nous a laissé passer. Donc là, les 10 kilomètres, honnêtement, j'ai presque aucun souvenir, enfin les 20 kilomètres, j'ai quasiment aucun souvenir entre les 90 et les 110, à part que Manu m'a beaucoup soutenue parce que... Parce que là, c'est moi qui avais besoin d'aide. Parce que moi, mentalement, c'était très dur. Pourtant, je mangeais, je m'hydratais. J'ai quand même bu quasiment 6 litres d'eau sur la course. Mais c'est mentalement que j'ai eu des difficultés sur la fin. Je pense aussi que c'est pour ça que c'était bien d'avoir attendu Manu. Parce que ça permet une entraide mentale sur la fin de la course. Et donc là, on arrive au 110. Et là, catastrophe, parce qu'au 110, on arrive avec une vingtaine de minutes de retard sur le temps. En plus, on n'a plus d'eau, donc en plus, on est obligés de s'arrêter, parce qu'on s'est regardés, on s'est dit, mais ils vont nous laisser passer. Et là, l'organisateur, il nous a dit, non, non, c'est fini pour vous. Je ne sais même pas comment vous dire parce que je risque de replorer. Je suis en colère. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, ou en tout cas tout ce qui restait. Il y a la fatigue qui vient de s'accumuler pendant 12 heures. On est partis 12 heures avant. Après 12 heures de force, prendre un « non, vous êtes en retard, vous ne pouvez pas passer » , c'était horrible. Je suis frustrée, je suis en colère. Et là, en fait, il y a un peu tous les derniers, comme nous, tous ceux, par contre, qui sont quand même passés au 4.10, qui arrivent, et notamment des gens qui sont hyper fiers d'être arrivés jusque-là. Donc, en fait, on commence à discuter avec eux. Et là, je me dis, en fait, c'est vrai qu'il n'y a peut-être pas de quoi pleurer. En fait, c'est quand même déjà super bien d'en avoir fait 110. C'est la première. Donc, on range les planches, on rigole, on mange des tuques. Et moi, je suis quand même super triste. Je suis quand même super déçue. de m'être arrêtée à 110 en sachant qu'il en restait plus que 20 à faire sur 130. Avec le recul, maintenant je me dis que c'est super, mais sur le moment, vraiment, je n'avais pas cette pensée-là. J'étais vraiment, c'est la fin de ma vie, c'est horrible. Puis on pense à des choses horribles, je suis bonne à rien, je n'ai pas réussi à faire ce que je voulais. On a quand même des pensées qui sont un peu difficiles. Et là où cette course est super bien faite, c'est que comme c'est un petit nombre, un petit effectif, il y a quand même beaucoup d'entraide et beaucoup de bienveillance. Et c'est le rapport aux autres qui fait se remettre dans des conditions plutôt positives et bienveillantes, même envers soi-même. Et du coup, après, il y a un énorme repas, il y a des bières. Et donc, il y a tout un côté où on se félicite tous parce que là, effectivement, on est sur des distances où même avoir fait 110, c'est déjà un truc de dingue. Donc après, on reprend. Il y a un peu la fête après Dordogne et le lendemain, il faut se lever de son lit. Et là, c'est encore un autre sujet parce que là, on fait qu'un avec le matelas. Tous nos muscles ont tenu pendant 12 heures. Et finalement, très peu de courbatures, très peu de douleurs physiques. Par contre, une fatigue extrême. Moi, j'ai été fatiguée pendant trois semaines, vraiment difficile. J'ai perdu trois kilos sur la Dordogne. J'ai continué à perdre du poids après. Donc, c'est des choses qui sont à suivre parce que faire ces temps-là de sport, c'est quand même physiquement assez difficile. Et j'ai surtout fait une grosse crise d'endométriose en pleine nuit, deux, trois jours après. Vraiment, après, je suis allée aux urgences tellement la douleur était insoutenable. Et en fait, je me suis juste dit... Mais en fait, t'as fait 110 bornes, quoi. Et c'est... En vrai, c'est un truc de fou. C'est un truc de fou. C'est bien la course qui m'a déclenché une crise deux, trois jours après, parce que... J'ai arrêté mon traitement il y a deux ans à peu près. Et maintenant, à chaque fois que je fais un effort sportif un peu intense, notamment, j'ai fait 14 kilomètres il y a 15 jours, j'ai eu une crise plus ou moins forte le lendemain. Donc il y a vraiment un lien entre ce qu'on demande à son corps et comment il nous le rend, parce que ça reste un état inflammatoire, l'endométriose. Donc quand on fait des courses comme ça, avec des longues distances, on se crée de l'inflammation, on irrite l'ensemble. moi j'en ai 10 notamment sur les ligaments qui rejoignent la cuisse, ce qui m'empêchait il y a 4 ou 5 ans d'embrayer. Aujourd'hui, ça ne m'empêche plus d'aller faire 110 km de paddle, par contre, je le paye derrière. Il y a toute une manière de se préparer. J'ai fait super attention à comment je me suis alimentée. Avant la course, j'ai arrêté de boire de l'alcool. C'est quasiment quotidien, j'ai arrêté de fumer. Je ne mange plus de viande, je mange anti-inflammatoire. Il y a tout un truc qui fait que je peux me permettre aujourd'hui des efforts que je ne pouvais pas faire avant. Et du coup, quelque part, la crise, trois jours après, en pleine nuit, elle est tolérable parce qu'à côté de ça, je peux tout faire à nouveau et même bien plus qu'avant. Après, les crises que j'ai d'endométriose, on va dire que si je ne faisais pas de sport, j'aurais mal tous les jours. Et ça, j'en suis persuadée, même si aujourd'hui, il n'y a pas nécessairement d'études sur le sujet. Je pense que le mouvement et le fait de faire du sport au quotidien m'aide à avoir moins mal. Donc les petites crises, en tout cas là pour le coup, c'en était une grosse, mais je n'en avais pas eu depuis 4 ans, donc quelque part, on peut tolérer aussi, on va dire, des contreparties, parce qu'effectivement, il faut faire avec ce qu'on a. C'est vraiment ce sur quoi je souhaite insister, parce que tout le monde n'est pas fait pour faire 130 km ou 110 pour le coup, mais il faut faire en fonction de ses capacités, et moi j'espère bien que là, en avril, je finirai les 130. Donc oui, j'aurais une crise derrière, mais en même temps, j'aurais fait les 130. L'endométriose, c'est j'ai une crise, mais en même temps, je ne vais pas en mourir. C'est de la douleur. Donc, il faut faire aussi avec les limites de chacun. Moi, ma limite, elle est de pouvoir tolérer ça parce qu'à côté de ça, j'ai récupéré une bien meilleure vie.

  • Speaker #0

    Merci Charlotte de nous avoir fait naviguer le long de la Dordogne et d'avoir partagé tes joies. étaient obstacles durant cette aventure incroyable. Merci à vous d'avoir suivi ce récit. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à mettre des étoiles sur Apple Podcasts. On se donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau récit de sport. En attendant, je vous laisse avec Sandrine pour d'autres conseils de sportifs. À bientôt !

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Dans cet épisode hors-série, Charlotte revient sur sa participation à la Dordogne intégrale en paddle, une course de 130 km qui relie Argentat à Castelnaud-la-Chapelle, et dont le départ et l'arrivée s'étendent du lever au coucher du soleil. À ses côtés, son acolyte et confident, Manu, 60 ans. Ensemble, le duo incarne l'entraide, la bienveillance, et l'amitié plus que tout et à toute épreuve. Agrémenté de quelques airs de chansons et d'une blessure inattendue qui viendra tout bousculer, le récit de Charlotte demeure plein d'espoir et de résilience ; un hymne au sport, aux liens qu'il tisse, et à la douceur qu'il apporte dans nos vies… parce qu'après avoir ramé, vient toujours le calme sur les flots. C’est aussi l’histoire d’une revanche, voire d’un combat quotidien. Car comme 10 % des femmes en France, Charlotte est atteinte d’endométriose. Il y a quelques années, l'endométriose est un mot qui ne vous disait peut-être pas grand-chose. Aujourd'hui, on parle, et cela fait du bien.  À 34 ans, la jeune femme met tout en œuvre pour que l'endométriose ne régisse plus sa vie, mais pour qu'elle devienne une douleur qui en vaille la peine, le revers de la médaille de son péché mignon : le paddle (très) longue distance. Belle écoute !

Parler de l’endométriose, c'est reconnaître que la maladie existe, et permettre son dépistage le plus tôt possible. En parler, c'est donner du crédit à ses maux infernaux (sans pour autant prétendre les mesurer), et les conséquences qu'ils laissent dans la vie des femmes qui en sont atteintes.


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Producteur : Pipo et Lola


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Conseil de sportif et de sportive. Je m'appelle Céciliane et mon objectif est de vous emmener à la rencontre de passionnés de sport. Des gens comme vous et moi, ordinaires, qui ont choisi de vivre un moment extraordinaire. Un voyage, une course, un défi, bref, ils et elles nous racontent et nous entraînent dans leurs aventures. Aujourd'hui c'est Charlotte qui nous raconte sa course en paddle, la Dordogne intégrale. 130 km en rivière. Laissez-vous embarquer par les fluctuations du courant et la détermination d'un duo de marins d'eau douce.

  • Speaker #1

    Je me suis juste dit, mais en fait, t'as fait 100 hauts-dits bornes, quoi. Et c'est... En vrai, c'est un truc de fou. C'est un truc de fou. Alors, je suis Charlotte, j'ai 34 ans, je suis architecte, et comme une femme sur dix, j'ai été diagnostiquée atteinte d'endométriose à 26 ans. J'ai toujours été sportive. Dans ma famille, on est sportif de père en fille. Mon père était en équipe de France de handball. Il nous a transmis le virus, on en a toujours fait. Pendant trois ans, j'ai dû m'arrêter parce que trop de douleurs ingérables. Et un jour, je me suis dit qu'il faut quand même s'y remettre, il faut tenter le mouvement. Peut-être que ça peut résoudre des sujets, décoller des choses. Donc je me suis remise tout d'abord au paddle parce que c'était un sport que j'aimais bien auparavant. J'ai refait un peu de yoga, un peu de danse classique, tout doucement repris la course à pied, parce qu'il faut y aller par palier, on n'y va pas en refaisant ce qu'on faisait avant d'un coup d'un seul. Le paddle se passait bien, donc j'ai décidé de poursuivre là-dedans. D'abord des petites courses, 5-10 km, et ensuite des longues distances. Donc aujourd'hui, je vais vous raconter la descente de la Dordogne qui a eu lieu le 11 septembre 2021. Donc c'est parti pour 130 km de descente en paddle. Je me suis lancée le défi de réaliser des longues distances parce que je souhaite porter un message. Tout d'abord, il y a prôner la bienveillance, l'optimisme. Quand on est atteint d'endométriose, c'est montrer qu'on peut encore faire des choses malgré cette maladie. J'ai eu pour ambition de m'inscrire à cette course avec un de mes collègues du club, qu'on va appeler Manu, pour ce podcast. Avec Manu, on a une relation... On va dire de très grande bienveillance. On se soutient, on se raconte plein de choses. Et on a de l'attention l'un pour l'autre, sans que ce soit bizarre ou quoi que ce soit. Parce qu'on aurait plutôt une relation frère-sœur ou père-fille. Je connais sa femme, je connais ses enfants. On s'invite mutuellement à dîner. On a une relation qui va au-delà du sport. On se connaît depuis 7 ans, on se suit depuis 7 ans et on s'apprécie beaucoup. Et le 10, on est partis en voiture. Donc, c'est parti pour à peu près 10 heures de route pour arriver à Argenta à 16 heures, prendre le bus qui nous emmène au départ, là où on va camper. Donc, le premier soir, il y a un dîner avec tous les concurrents. Donc, cette course, c'est une course de rame. Donc, il y a du paddle, du kayak, de la pirogue. Donc, je ne sais plus. Je pense qu'on devait être à peu près 300 à la faire. Donc, toutes disciplines confondues. Donc la veille de la course, c'est pas mal, c'est une espèce d'énorme dîner dans un gymnase, on est là tous ensemble. Il faut se dire quand même que la veille d'une course, on est stressé, on sait qu'on ne va pas bien dormir, on dort en tente, on dort avec des collègues qui ronflent. Donc la préparation, le sommeil, c'est quand même important, donc c'est parfois compliqué. Et là, le matin de la course, on s'est réveillé et catastrophe, pas prêt du tout. On n'avait pas géré le petit déjeuner. On s'est réveillés un peu tard, donc replier la tente, replier les matelas, le camion avec les sacs était parti. Donc, branle bas de combat, trouver quelqu'un qui peut ramener nos affaires à l'arrivée, parce qu'on arrive quand même 130 kilomètres plus loin, donc c'est un peu d'organisation. Là, heureusement, il y a des personnes du club qui étaient là, juste à côté, qui avaient, eux, fait des cakes de sportifs, tout ça. Donc, ils nous ont nourris, on va dire. Là, on est partis en courant avec nos planches sous le bras, avec l'aileron à la main pour se mettre à l'eau parce que tout le monde avait déserté. Tout le monde était parti prendre le départ. Et on est arrivés sur la ligne de départ au moment où le départ a été lancé, donc pile poil à l'heure. Il faut savoir que c'est une course qui démarre au lever du soleil et qui se termine avec le coucher du soleil. Donc, le départ des paddles a été donné à 6h30 cette année et l'arrivée était prévue pour maximum 21h30. On est partis, les kayaks, c'est l'ensemble premier, parce qu'ils sont de base plus rapides que les paddles, donc ça évite après les embouteillages, tout ça, sur la course. Mais donc, on est partis une quinzaine de minutes après eux. Et là, c'est juste génial, parce qu'on est quand même entre chien et loup. c'est à dire que le soleil se lève Je ne sais pas si vous connaissez la Dordogne, mais c'est en plus magnifique. Il y a des collines, les quais, c'est vraiment super chouette. En plus de ça, il y avait quand même un peu de public. On va dire qu'il y avait des courageux à 6h30 du mat, dont une fille qui m'avait fait un texto. Super, endo girl, vas-y à fond, incroyable. J'ai vu cette jeune femme sur le bord qui était là, aller, je ne sais même plus quel numéro j'avais, mais à fond. Et donc là, c'est parti pour 130 kilomètres. Donc mentalement, au début, c'est un peu stressant. En plus de ça, il y a un truc que je n'avais pas testé, c'est le tout petit aileron. Parce que comme on fait de la rivière, les ailerons classiques ne passent pas. Donc là, j'avais mis un tout petit aileron qui fait 5 cm. Donc on va dire que les 5 premiers kilomètres, ils ont été très compliqués parce que ça rend la planche beaucoup moins stable. Donc les 5 premiers, je me suis dit, oh punaise, comment je vais faire pour en faire 130 ? Et là, en fait, au cinquième kilomètre, il y a le premier rapide. Et là, c'est... C'est juste le bonheur, en fait. Ça glisse, c'est parti, on s'amuse, en fait. C'est pas comme faire 5 km sur du plat où on peut s'ennuyer un peu. Là, en plus, le paysage change. Tous les kilomètres, ça change. Il y a un rapide à peu près tous les 5 km au début. Donc on n'arrive franchement que du bonheur. Et puis il y a encore du monde à ce moment-là. Donc on croise encore des gens, on double des gens, on rigole. Comme c'est une longue distance, on est quand même peu, finalement, par rapport aux courtes distances. Et donc il y a quand même beaucoup d'entraide, beaucoup de conseils. notamment un des premiers rapides, il y a une fille qui m'a dit non surtout prends le par l'intérieur, résultat elle elle s'est plantée et moi je suis passée. Il y a quand même de la bienveillance sur ce genre de course parce qu'on est quand même là pour aller tous au bout, parce que l'objectif c'est pas de faire un podium, c'est clairement de faire les 130 bornes. Et donc finalement le premier ravito il arrive quasiment un peu trop tôt, puisqu'il arrive à 35 km. Honnêtement, première fois que j'ai regardé ma montre, parce que bon quand même on... On check les distances. Première fois, 20 kilomètres. Je me suis dit, punaise, j'ai rien vu passer. 20 bornes, 35, on arrive au Rapito. Je suis nickel. J'ai même pas mangé, j'étais au top. J'attends mon collègue Manu qui arrive 10-15 minutes après moi. Et là, il a la jambe en sang. Au 26e kilomètre, il y a pas une écluse, mais un... C'est un ouvrage en béton et il y a un passage pour les cadets sur le côté, mais les paddles, en fonction du niveau de l'eau, on peut passer au centre ou pas. Moi, je suis passée au centre. Il y a quand même un creux de plus de 2 mètres derrière, donc c'est un peu impressionnant quand on arrive dessus. Et malheureusement, mon collègue, lui, a eu peur, est tombé, s'est pris le bord en béton et donc a une ouverture d'une vingtaine de centimètres sur le tibia. Donc je le vois arriver. Il est blanc, transparent. Il a quand même du sang sur la jambe. Donc j'avais pris des pansements mais pas de désinfectant, donc on l'a rincé à l'eau de la Dordogne, je lui ai rafistolé trois pansements et puis on est reparti. Manu me dit oui ça va aller, tout va bien, avance t'es bien, parce que Manu, en fait pendant la course de la Dordogne on a tous des trackers, donc on peut voir en quelle position on est, si on est dans les délais, parce que la double complexité de la Dordogne intégrale, c'est que c'est une course de 130 km mais qu'il y a des portes temps à passer. pour pouvoir continuer, un peu comme les marathons ou les triathlons. Donc c'est vraiment une course difficile, parce qu'on a des objectifs temps doublés d'objectifs de distance. Donc Manu me dit, vas-y, fonce, t'es quatrième femme, vas-y, fonce, tu vas les rattraper. Donc je pars, en sachant que Manu me suit, donc plus ou moins, Manu normalement rame beaucoup plus vite que moi, donc normalement Manu doit pouvoir me suivre. Et là, après la phase des 50 où on se sent pas bien, on commence à avoir mal partout, je me suis beaucoup hydratée, j'ai fait une pause sur ma planche, j'ai mangé. Manu, je le voyais plus. je me suis retournée plusieurs fois ma nuit disparue donc je ramais avec un mec qui était devant moi un jeune homme pardon un jeune homme qui était devant moi avec qui on faisait un peu le rôle du lièvre il y en a toujours un qui passait devant pour tirer l'autre, quand il y en a un qui est fatigué il passait derrière c'est intéressant parce que ça impose une cadence ça permet de maintenir un rythme donc là on était toujours à 11 kmh à peu près au 70ème puisque le ravito suivant arrive au 75 je crois Je me dis qu'on va quand même attendre Manu parce que je ne le vois plus. Ce n'est pas normal, il devrait être juste derrière moi. Pour soulager un peu les douleurs, je commençais à avoir mal aux jambes. Après les bras, les épaules, les jambes, je me suis mise dans l'eau jusqu'à la taille pour refroidir un peu les jambes. Il faut savoir que j'ai un sac d'hydratation en sacoche. Sacoche d'hydratation, pas sac à dos parce que ça déstabilise. J'avais toute ma nourriture dans ma sacoche. Je me mets la taille dans l'eau. J'ai bien sûr trempé tout mon ravitaillement. La pause des 70, j'ai mangé un sandwich au fromage trempé à l'eau de la Dordogne. C'était intéressant, on va dire.

  • Speaker #0

    Ravitaille des 70 ! Enfin, toute la moitié, c'est chaud. Et là, il y a Manu. Coucou Manu ! Oh putain, j'ai bien fait d'attendre. Et un petit sandwich à l'eau de la Dordogne.

  • Speaker #1

    Donc là, j'étais dans l'eau, là je vois des filles qui passent, et moi je réfléchis à mon... Parce que malgré le fait que mon objectif était uniquement de la finir, quand on sait qu'on est quatrième, on se dit super, je vais essayer d'aller gratter un podium quand même. Enfin, on passe le rez, on se le dit. Donc là, j'attends Manu, et Manu, il met à peu près 15 minutes à arriver. Et là, il arrive, mais en soufflant. Et je me suis dit, j'ai bien fait de l'attendre parce qu'il n'a pas l'air bien.

  • Speaker #0

    Mais honnêtement, c'est un peu difficile. Il a mal partout. Le mental de Manu, il est un peu chocho. Voilà, il nous en reste 60. Allez, courage.

  • Speaker #1

    Là, effectivement, Manu me dit, j'en peux plus. Son pansement ressaigné, il en avait partout sur les chaussures. Et là, en fait, le directeur de course a arrêté Manu. Il lui a dit, je ne vous laisse pas repartir. Tant que les secouristes n'ont pas vu votre blessure et tant qu'ils ne vous ont pas vu parce qu'il n'était quand même pas en forme, il faut dire quand même que Manu, il a 60 ans. J'en parle comme s'il avait mon âge. Moi, j'en ai 34, mais lui, il en a 60. Et d'habitude, il me met la misère. En gros, je l'ai vu dans ses yeux quand le directeur de course lui a dit « Je veux que les secouristes vous voient. » J'ai vu que si je ne l'attendais pas, il s'arrêtait. Je lui ai dit, Manu, si tu repars, je t'attends. Il m'a dit « Ouais, d'accord, on fait comme ça. » Parce qu'au début, il disait « Non, vas-y, vas-y. » Mais je l'ai senti que si je ne restais pas, il s'arrêtait là. Donc le but étant d'aller tous les deux le plus loin possible sur le moment. Et en tout cas, encore aujourd'hui, ça m'a semblé le meilleur choix à faire par rapport à notre binôme et les enjeux qu'on avait placés dans cette courbe-ci les deux. Donc là, on va en pause imposée, on va dire. Les secours devaient arriver, on va dire, dans les 20 minutes. Donc les secours ont mis finalement une heure et demie à arriver parce qu'ils se sont trompés d'endroit. Donc en même temps, pendant ce temps-là, on a fait une super pause. On a rigolé avec ceux qui étaient là, les organisateurs au top. Moi, je me suis rendu compte que toute ma famille me suivait. Dans le WhatsApp famille, il y avait des commentaires. « Oh, elle tient son rythme. » « Emmanuel, il est ouf. » Enfin, c'était super drôle. j'en ai profité pour appeler mon conjoint qui a une petite fille et qui n'utilisait à les chacha allez chacha tu vas gagner fin c'était quand même par la rime dans leur parler g relais larmes aux yeux parce qu'elle m'a dit allez va plus vite c'est quand même c'est quand même des super moment donc là les secours et ce qui arrive ils enlèvent le pansement de fortune de Manu et malheureusement les secouristes comme ça n'ont pas de quoi faire des points de suture donc ils ont mis deux strips, ils ont nettoyé ils ont mis un bandage mais un bandage pas étanche à l'eau donc voilà après 1h40 on est reparti et là finalement c'est plutôt Manu qui m'a tiré moi parce que là moi je commençais à être j'ai commencé à vraiment c'est le mental qui a commencé à chauffer vraiment fort parce que tous les 5 kilomètres c'était ça va super, tous les 5 kilomètres c'était non là c'est l'enfer sur terre j'arrive plus, j'avance plus Merci. Parce qu'il faut quand même aussi savoir qu'après les 70, la Dordogne s'élargit. Donc là où on était vraiment dans un cas de rivière avec des rapides tous les 5 km, un truc un peu amusant, là ça s'élargit. Donc on passe plutôt sur le format canal. Canal, c'est exagéré, mais pour que vous imaginez la chose, on passe vraiment d'un truc avec des rapides à un truc large, où il n'y a plus de rapides. Alors ça reste très beau, on croise des châteaux, c'est magnifique. Il y a des ponts, il y a des falaises. Par contre, on a l'impression que ça colle. Moi, je n'avance plus. Clairement, là, je suis là. Pour le coup, je chante du Charles Trenet à Gogo. Donc, je remercie encore Manu de m'avoir supporté jusqu'à la fin parce que ça devait être horrible. Je chante super mal.

  • Speaker #0

    On va danser. Oui. Oui. Oui. On va danser. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui.

  • Speaker #2

    Oui. Oui. Oui.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Et donc là, on avance encore, parce que malgré ça, notre montre nous dit qu'on doit être entre 10 et 11 km heure, donc ça avance, mais clairement, ça ne se voit plus en tout cas. Là où on pouvait avoir des projections en avant, parce que sur la Dordogne, on a fait des pointes à 16 km heure dans les rapides, là vraiment, ça colle. Là vraiment, une partie difficile. Puis c'est fatigant, on en est peut-être à 8 heures de rame, il ne fait pas chaud, il ne fait pas froid. La température est parfaite, il n'y a pas trop de soleil, on supporte les manches longues. Les conditions sont idéales, mais en même temps, on s'est élevés À 4h30 du mat, on a ramé 8h, on est fatigué et il reste encore 60 km. Et donc là, on se traîne, on va dire, en tout cas pour ma part, je me traîne jusqu'au ravitaillement suivant qui est officiellement à 85 km. Sauf qu'à 85 km, ma montre me dit qu'on est en 85, il n'y a pas de ravito. Donc là, ça commence à être mentalement encore plus difficile parce qu'on le cherche. Moi, j'en peux plus, j'ai plus d'eau. Donc vraiment là on est dans une phase, moi je suis dans le dur complètement. Et là le ravitaillement arrive enfin à finalement 88. D'ailleurs je me suis engueulée avec les organisateurs parce que le kilométrage n'était pas bien donné. On m'a peut-être dit que j'avais lancé ma montre trop tôt, ce qui est possible aussi. Donc là on remplit les poches, on change d'aileron. Parce que comme ça s'élargit vraiment le petit aileron, on n'avance pas droit avec un petit aileron, on fait un peu du crabe. Donc on change d'aileron, les secours nous ont suivis, ils changent le pansement de Manu. Donc là, on nous a laissé passer, on avait 10 minutes de retard sur le temps. Le directeur de course qui savait pourquoi on avait 10 minutes de retard, parce qu'on s'est arrêté 1h40 avant, nous a laissé passer. Donc là, les 10 kilomètres, honnêtement, j'ai presque aucun souvenir, enfin les 20 kilomètres, j'ai quasiment aucun souvenir entre les 90 et les 110, à part que Manu m'a beaucoup soutenue parce que... Parce que là, c'est moi qui avais besoin d'aide. Parce que moi, mentalement, c'était très dur. Pourtant, je mangeais, je m'hydratais. J'ai quand même bu quasiment 6 litres d'eau sur la course. Mais c'est mentalement que j'ai eu des difficultés sur la fin. Je pense aussi que c'est pour ça que c'était bien d'avoir attendu Manu. Parce que ça permet une entraide mentale sur la fin de la course. Et donc là, on arrive au 110. Et là, catastrophe, parce qu'au 110, on arrive avec une vingtaine de minutes de retard sur le temps. En plus, on n'a plus d'eau, donc en plus, on est obligés de s'arrêter, parce qu'on s'est regardés, on s'est dit, mais ils vont nous laisser passer. Et là, l'organisateur, il nous a dit, non, non, c'est fini pour vous. Je ne sais même pas comment vous dire parce que je risque de replorer. Je suis en colère. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, ou en tout cas tout ce qui restait. Il y a la fatigue qui vient de s'accumuler pendant 12 heures. On est partis 12 heures avant. Après 12 heures de force, prendre un « non, vous êtes en retard, vous ne pouvez pas passer » , c'était horrible. Je suis frustrée, je suis en colère. Et là, en fait, il y a un peu tous les derniers, comme nous, tous ceux, par contre, qui sont quand même passés au 4.10, qui arrivent, et notamment des gens qui sont hyper fiers d'être arrivés jusque-là. Donc, en fait, on commence à discuter avec eux. Et là, je me dis, en fait, c'est vrai qu'il n'y a peut-être pas de quoi pleurer. En fait, c'est quand même déjà super bien d'en avoir fait 110. C'est la première. Donc, on range les planches, on rigole, on mange des tuques. Et moi, je suis quand même super triste. Je suis quand même super déçue. de m'être arrêtée à 110 en sachant qu'il en restait plus que 20 à faire sur 130. Avec le recul, maintenant je me dis que c'est super, mais sur le moment, vraiment, je n'avais pas cette pensée-là. J'étais vraiment, c'est la fin de ma vie, c'est horrible. Puis on pense à des choses horribles, je suis bonne à rien, je n'ai pas réussi à faire ce que je voulais. On a quand même des pensées qui sont un peu difficiles. Et là où cette course est super bien faite, c'est que comme c'est un petit nombre, un petit effectif, il y a quand même beaucoup d'entraide et beaucoup de bienveillance. Et c'est le rapport aux autres qui fait se remettre dans des conditions plutôt positives et bienveillantes, même envers soi-même. Et du coup, après, il y a un énorme repas, il y a des bières. Et donc, il y a tout un côté où on se félicite tous parce que là, effectivement, on est sur des distances où même avoir fait 110, c'est déjà un truc de dingue. Donc après, on reprend. Il y a un peu la fête après Dordogne et le lendemain, il faut se lever de son lit. Et là, c'est encore un autre sujet parce que là, on fait qu'un avec le matelas. Tous nos muscles ont tenu pendant 12 heures. Et finalement, très peu de courbatures, très peu de douleurs physiques. Par contre, une fatigue extrême. Moi, j'ai été fatiguée pendant trois semaines, vraiment difficile. J'ai perdu trois kilos sur la Dordogne. J'ai continué à perdre du poids après. Donc, c'est des choses qui sont à suivre parce que faire ces temps-là de sport, c'est quand même physiquement assez difficile. Et j'ai surtout fait une grosse crise d'endométriose en pleine nuit, deux, trois jours après. Vraiment, après, je suis allée aux urgences tellement la douleur était insoutenable. Et en fait, je me suis juste dit... Mais en fait, t'as fait 110 bornes, quoi. Et c'est... En vrai, c'est un truc de fou. C'est un truc de fou. C'est bien la course qui m'a déclenché une crise deux, trois jours après, parce que... J'ai arrêté mon traitement il y a deux ans à peu près. Et maintenant, à chaque fois que je fais un effort sportif un peu intense, notamment, j'ai fait 14 kilomètres il y a 15 jours, j'ai eu une crise plus ou moins forte le lendemain. Donc il y a vraiment un lien entre ce qu'on demande à son corps et comment il nous le rend, parce que ça reste un état inflammatoire, l'endométriose. Donc quand on fait des courses comme ça, avec des longues distances, on se crée de l'inflammation, on irrite l'ensemble. moi j'en ai 10 notamment sur les ligaments qui rejoignent la cuisse, ce qui m'empêchait il y a 4 ou 5 ans d'embrayer. Aujourd'hui, ça ne m'empêche plus d'aller faire 110 km de paddle, par contre, je le paye derrière. Il y a toute une manière de se préparer. J'ai fait super attention à comment je me suis alimentée. Avant la course, j'ai arrêté de boire de l'alcool. C'est quasiment quotidien, j'ai arrêté de fumer. Je ne mange plus de viande, je mange anti-inflammatoire. Il y a tout un truc qui fait que je peux me permettre aujourd'hui des efforts que je ne pouvais pas faire avant. Et du coup, quelque part, la crise, trois jours après, en pleine nuit, elle est tolérable parce qu'à côté de ça, je peux tout faire à nouveau et même bien plus qu'avant. Après, les crises que j'ai d'endométriose, on va dire que si je ne faisais pas de sport, j'aurais mal tous les jours. Et ça, j'en suis persuadée, même si aujourd'hui, il n'y a pas nécessairement d'études sur le sujet. Je pense que le mouvement et le fait de faire du sport au quotidien m'aide à avoir moins mal. Donc les petites crises, en tout cas là pour le coup, c'en était une grosse, mais je n'en avais pas eu depuis 4 ans, donc quelque part, on peut tolérer aussi, on va dire, des contreparties, parce qu'effectivement, il faut faire avec ce qu'on a. C'est vraiment ce sur quoi je souhaite insister, parce que tout le monde n'est pas fait pour faire 130 km ou 110 pour le coup, mais il faut faire en fonction de ses capacités, et moi j'espère bien que là, en avril, je finirai les 130. Donc oui, j'aurais une crise derrière, mais en même temps, j'aurais fait les 130. L'endométriose, c'est j'ai une crise, mais en même temps, je ne vais pas en mourir. C'est de la douleur. Donc, il faut faire aussi avec les limites de chacun. Moi, ma limite, elle est de pouvoir tolérer ça parce qu'à côté de ça, j'ai récupéré une bien meilleure vie.

  • Speaker #0

    Merci Charlotte de nous avoir fait naviguer le long de la Dordogne et d'avoir partagé tes joies. étaient obstacles durant cette aventure incroyable. Merci à vous d'avoir suivi ce récit. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à mettre des étoiles sur Apple Podcasts. On se donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau récit de sport. En attendant, je vous laisse avec Sandrine pour d'autres conseils de sportifs. À bientôt !

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Description

Dans cet épisode hors-série, Charlotte revient sur sa participation à la Dordogne intégrale en paddle, une course de 130 km qui relie Argentat à Castelnaud-la-Chapelle, et dont le départ et l'arrivée s'étendent du lever au coucher du soleil. À ses côtés, son acolyte et confident, Manu, 60 ans. Ensemble, le duo incarne l'entraide, la bienveillance, et l'amitié plus que tout et à toute épreuve. Agrémenté de quelques airs de chansons et d'une blessure inattendue qui viendra tout bousculer, le récit de Charlotte demeure plein d'espoir et de résilience ; un hymne au sport, aux liens qu'il tisse, et à la douceur qu'il apporte dans nos vies… parce qu'après avoir ramé, vient toujours le calme sur les flots. C’est aussi l’histoire d’une revanche, voire d’un combat quotidien. Car comme 10 % des femmes en France, Charlotte est atteinte d’endométriose. Il y a quelques années, l'endométriose est un mot qui ne vous disait peut-être pas grand-chose. Aujourd'hui, on parle, et cela fait du bien.  À 34 ans, la jeune femme met tout en œuvre pour que l'endométriose ne régisse plus sa vie, mais pour qu'elle devienne une douleur qui en vaille la peine, le revers de la médaille de son péché mignon : le paddle (très) longue distance. Belle écoute !

Parler de l’endométriose, c'est reconnaître que la maladie existe, et permettre son dépistage le plus tôt possible. En parler, c'est donner du crédit à ses maux infernaux (sans pour autant prétendre les mesurer), et les conséquences qu'ils laissent dans la vie des femmes qui en sont atteintes.


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Producteur : Pipo et Lola


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Conseil de sportif et de sportive. Je m'appelle Céciliane et mon objectif est de vous emmener à la rencontre de passionnés de sport. Des gens comme vous et moi, ordinaires, qui ont choisi de vivre un moment extraordinaire. Un voyage, une course, un défi, bref, ils et elles nous racontent et nous entraînent dans leurs aventures. Aujourd'hui c'est Charlotte qui nous raconte sa course en paddle, la Dordogne intégrale. 130 km en rivière. Laissez-vous embarquer par les fluctuations du courant et la détermination d'un duo de marins d'eau douce.

  • Speaker #1

    Je me suis juste dit, mais en fait, t'as fait 100 hauts-dits bornes, quoi. Et c'est... En vrai, c'est un truc de fou. C'est un truc de fou. Alors, je suis Charlotte, j'ai 34 ans, je suis architecte, et comme une femme sur dix, j'ai été diagnostiquée atteinte d'endométriose à 26 ans. J'ai toujours été sportive. Dans ma famille, on est sportif de père en fille. Mon père était en équipe de France de handball. Il nous a transmis le virus, on en a toujours fait. Pendant trois ans, j'ai dû m'arrêter parce que trop de douleurs ingérables. Et un jour, je me suis dit qu'il faut quand même s'y remettre, il faut tenter le mouvement. Peut-être que ça peut résoudre des sujets, décoller des choses. Donc je me suis remise tout d'abord au paddle parce que c'était un sport que j'aimais bien auparavant. J'ai refait un peu de yoga, un peu de danse classique, tout doucement repris la course à pied, parce qu'il faut y aller par palier, on n'y va pas en refaisant ce qu'on faisait avant d'un coup d'un seul. Le paddle se passait bien, donc j'ai décidé de poursuivre là-dedans. D'abord des petites courses, 5-10 km, et ensuite des longues distances. Donc aujourd'hui, je vais vous raconter la descente de la Dordogne qui a eu lieu le 11 septembre 2021. Donc c'est parti pour 130 km de descente en paddle. Je me suis lancée le défi de réaliser des longues distances parce que je souhaite porter un message. Tout d'abord, il y a prôner la bienveillance, l'optimisme. Quand on est atteint d'endométriose, c'est montrer qu'on peut encore faire des choses malgré cette maladie. J'ai eu pour ambition de m'inscrire à cette course avec un de mes collègues du club, qu'on va appeler Manu, pour ce podcast. Avec Manu, on a une relation... On va dire de très grande bienveillance. On se soutient, on se raconte plein de choses. Et on a de l'attention l'un pour l'autre, sans que ce soit bizarre ou quoi que ce soit. Parce qu'on aurait plutôt une relation frère-sœur ou père-fille. Je connais sa femme, je connais ses enfants. On s'invite mutuellement à dîner. On a une relation qui va au-delà du sport. On se connaît depuis 7 ans, on se suit depuis 7 ans et on s'apprécie beaucoup. Et le 10, on est partis en voiture. Donc, c'est parti pour à peu près 10 heures de route pour arriver à Argenta à 16 heures, prendre le bus qui nous emmène au départ, là où on va camper. Donc, le premier soir, il y a un dîner avec tous les concurrents. Donc, cette course, c'est une course de rame. Donc, il y a du paddle, du kayak, de la pirogue. Donc, je ne sais plus. Je pense qu'on devait être à peu près 300 à la faire. Donc, toutes disciplines confondues. Donc la veille de la course, c'est pas mal, c'est une espèce d'énorme dîner dans un gymnase, on est là tous ensemble. Il faut se dire quand même que la veille d'une course, on est stressé, on sait qu'on ne va pas bien dormir, on dort en tente, on dort avec des collègues qui ronflent. Donc la préparation, le sommeil, c'est quand même important, donc c'est parfois compliqué. Et là, le matin de la course, on s'est réveillé et catastrophe, pas prêt du tout. On n'avait pas géré le petit déjeuner. On s'est réveillés un peu tard, donc replier la tente, replier les matelas, le camion avec les sacs était parti. Donc, branle bas de combat, trouver quelqu'un qui peut ramener nos affaires à l'arrivée, parce qu'on arrive quand même 130 kilomètres plus loin, donc c'est un peu d'organisation. Là, heureusement, il y a des personnes du club qui étaient là, juste à côté, qui avaient, eux, fait des cakes de sportifs, tout ça. Donc, ils nous ont nourris, on va dire. Là, on est partis en courant avec nos planches sous le bras, avec l'aileron à la main pour se mettre à l'eau parce que tout le monde avait déserté. Tout le monde était parti prendre le départ. Et on est arrivés sur la ligne de départ au moment où le départ a été lancé, donc pile poil à l'heure. Il faut savoir que c'est une course qui démarre au lever du soleil et qui se termine avec le coucher du soleil. Donc, le départ des paddles a été donné à 6h30 cette année et l'arrivée était prévue pour maximum 21h30. On est partis, les kayaks, c'est l'ensemble premier, parce qu'ils sont de base plus rapides que les paddles, donc ça évite après les embouteillages, tout ça, sur la course. Mais donc, on est partis une quinzaine de minutes après eux. Et là, c'est juste génial, parce qu'on est quand même entre chien et loup. c'est à dire que le soleil se lève Je ne sais pas si vous connaissez la Dordogne, mais c'est en plus magnifique. Il y a des collines, les quais, c'est vraiment super chouette. En plus de ça, il y avait quand même un peu de public. On va dire qu'il y avait des courageux à 6h30 du mat, dont une fille qui m'avait fait un texto. Super, endo girl, vas-y à fond, incroyable. J'ai vu cette jeune femme sur le bord qui était là, aller, je ne sais même plus quel numéro j'avais, mais à fond. Et donc là, c'est parti pour 130 kilomètres. Donc mentalement, au début, c'est un peu stressant. En plus de ça, il y a un truc que je n'avais pas testé, c'est le tout petit aileron. Parce que comme on fait de la rivière, les ailerons classiques ne passent pas. Donc là, j'avais mis un tout petit aileron qui fait 5 cm. Donc on va dire que les 5 premiers kilomètres, ils ont été très compliqués parce que ça rend la planche beaucoup moins stable. Donc les 5 premiers, je me suis dit, oh punaise, comment je vais faire pour en faire 130 ? Et là, en fait, au cinquième kilomètre, il y a le premier rapide. Et là, c'est... C'est juste le bonheur, en fait. Ça glisse, c'est parti, on s'amuse, en fait. C'est pas comme faire 5 km sur du plat où on peut s'ennuyer un peu. Là, en plus, le paysage change. Tous les kilomètres, ça change. Il y a un rapide à peu près tous les 5 km au début. Donc on n'arrive franchement que du bonheur. Et puis il y a encore du monde à ce moment-là. Donc on croise encore des gens, on double des gens, on rigole. Comme c'est une longue distance, on est quand même peu, finalement, par rapport aux courtes distances. Et donc il y a quand même beaucoup d'entraide, beaucoup de conseils. notamment un des premiers rapides, il y a une fille qui m'a dit non surtout prends le par l'intérieur, résultat elle elle s'est plantée et moi je suis passée. Il y a quand même de la bienveillance sur ce genre de course parce qu'on est quand même là pour aller tous au bout, parce que l'objectif c'est pas de faire un podium, c'est clairement de faire les 130 bornes. Et donc finalement le premier ravito il arrive quasiment un peu trop tôt, puisqu'il arrive à 35 km. Honnêtement, première fois que j'ai regardé ma montre, parce que bon quand même on... On check les distances. Première fois, 20 kilomètres. Je me suis dit, punaise, j'ai rien vu passer. 20 bornes, 35, on arrive au Rapito. Je suis nickel. J'ai même pas mangé, j'étais au top. J'attends mon collègue Manu qui arrive 10-15 minutes après moi. Et là, il a la jambe en sang. Au 26e kilomètre, il y a pas une écluse, mais un... C'est un ouvrage en béton et il y a un passage pour les cadets sur le côté, mais les paddles, en fonction du niveau de l'eau, on peut passer au centre ou pas. Moi, je suis passée au centre. Il y a quand même un creux de plus de 2 mètres derrière, donc c'est un peu impressionnant quand on arrive dessus. Et malheureusement, mon collègue, lui, a eu peur, est tombé, s'est pris le bord en béton et donc a une ouverture d'une vingtaine de centimètres sur le tibia. Donc je le vois arriver. Il est blanc, transparent. Il a quand même du sang sur la jambe. Donc j'avais pris des pansements mais pas de désinfectant, donc on l'a rincé à l'eau de la Dordogne, je lui ai rafistolé trois pansements et puis on est reparti. Manu me dit oui ça va aller, tout va bien, avance t'es bien, parce que Manu, en fait pendant la course de la Dordogne on a tous des trackers, donc on peut voir en quelle position on est, si on est dans les délais, parce que la double complexité de la Dordogne intégrale, c'est que c'est une course de 130 km mais qu'il y a des portes temps à passer. pour pouvoir continuer, un peu comme les marathons ou les triathlons. Donc c'est vraiment une course difficile, parce qu'on a des objectifs temps doublés d'objectifs de distance. Donc Manu me dit, vas-y, fonce, t'es quatrième femme, vas-y, fonce, tu vas les rattraper. Donc je pars, en sachant que Manu me suit, donc plus ou moins, Manu normalement rame beaucoup plus vite que moi, donc normalement Manu doit pouvoir me suivre. Et là, après la phase des 50 où on se sent pas bien, on commence à avoir mal partout, je me suis beaucoup hydratée, j'ai fait une pause sur ma planche, j'ai mangé. Manu, je le voyais plus. je me suis retournée plusieurs fois ma nuit disparue donc je ramais avec un mec qui était devant moi un jeune homme pardon un jeune homme qui était devant moi avec qui on faisait un peu le rôle du lièvre il y en a toujours un qui passait devant pour tirer l'autre, quand il y en a un qui est fatigué il passait derrière c'est intéressant parce que ça impose une cadence ça permet de maintenir un rythme donc là on était toujours à 11 kmh à peu près au 70ème puisque le ravito suivant arrive au 75 je crois Je me dis qu'on va quand même attendre Manu parce que je ne le vois plus. Ce n'est pas normal, il devrait être juste derrière moi. Pour soulager un peu les douleurs, je commençais à avoir mal aux jambes. Après les bras, les épaules, les jambes, je me suis mise dans l'eau jusqu'à la taille pour refroidir un peu les jambes. Il faut savoir que j'ai un sac d'hydratation en sacoche. Sacoche d'hydratation, pas sac à dos parce que ça déstabilise. J'avais toute ma nourriture dans ma sacoche. Je me mets la taille dans l'eau. J'ai bien sûr trempé tout mon ravitaillement. La pause des 70, j'ai mangé un sandwich au fromage trempé à l'eau de la Dordogne. C'était intéressant, on va dire.

  • Speaker #0

    Ravitaille des 70 ! Enfin, toute la moitié, c'est chaud. Et là, il y a Manu. Coucou Manu ! Oh putain, j'ai bien fait d'attendre. Et un petit sandwich à l'eau de la Dordogne.

  • Speaker #1

    Donc là, j'étais dans l'eau, là je vois des filles qui passent, et moi je réfléchis à mon... Parce que malgré le fait que mon objectif était uniquement de la finir, quand on sait qu'on est quatrième, on se dit super, je vais essayer d'aller gratter un podium quand même. Enfin, on passe le rez, on se le dit. Donc là, j'attends Manu, et Manu, il met à peu près 15 minutes à arriver. Et là, il arrive, mais en soufflant. Et je me suis dit, j'ai bien fait de l'attendre parce qu'il n'a pas l'air bien.

  • Speaker #0

    Mais honnêtement, c'est un peu difficile. Il a mal partout. Le mental de Manu, il est un peu chocho. Voilà, il nous en reste 60. Allez, courage.

  • Speaker #1

    Là, effectivement, Manu me dit, j'en peux plus. Son pansement ressaigné, il en avait partout sur les chaussures. Et là, en fait, le directeur de course a arrêté Manu. Il lui a dit, je ne vous laisse pas repartir. Tant que les secouristes n'ont pas vu votre blessure et tant qu'ils ne vous ont pas vu parce qu'il n'était quand même pas en forme, il faut dire quand même que Manu, il a 60 ans. J'en parle comme s'il avait mon âge. Moi, j'en ai 34, mais lui, il en a 60. Et d'habitude, il me met la misère. En gros, je l'ai vu dans ses yeux quand le directeur de course lui a dit « Je veux que les secouristes vous voient. » J'ai vu que si je ne l'attendais pas, il s'arrêtait. Je lui ai dit, Manu, si tu repars, je t'attends. Il m'a dit « Ouais, d'accord, on fait comme ça. » Parce qu'au début, il disait « Non, vas-y, vas-y. » Mais je l'ai senti que si je ne restais pas, il s'arrêtait là. Donc le but étant d'aller tous les deux le plus loin possible sur le moment. Et en tout cas, encore aujourd'hui, ça m'a semblé le meilleur choix à faire par rapport à notre binôme et les enjeux qu'on avait placés dans cette courbe-ci les deux. Donc là, on va en pause imposée, on va dire. Les secours devaient arriver, on va dire, dans les 20 minutes. Donc les secours ont mis finalement une heure et demie à arriver parce qu'ils se sont trompés d'endroit. Donc en même temps, pendant ce temps-là, on a fait une super pause. On a rigolé avec ceux qui étaient là, les organisateurs au top. Moi, je me suis rendu compte que toute ma famille me suivait. Dans le WhatsApp famille, il y avait des commentaires. « Oh, elle tient son rythme. » « Emmanuel, il est ouf. » Enfin, c'était super drôle. j'en ai profité pour appeler mon conjoint qui a une petite fille et qui n'utilisait à les chacha allez chacha tu vas gagner fin c'était quand même par la rime dans leur parler g relais larmes aux yeux parce qu'elle m'a dit allez va plus vite c'est quand même c'est quand même des super moment donc là les secours et ce qui arrive ils enlèvent le pansement de fortune de Manu et malheureusement les secouristes comme ça n'ont pas de quoi faire des points de suture donc ils ont mis deux strips, ils ont nettoyé ils ont mis un bandage mais un bandage pas étanche à l'eau donc voilà après 1h40 on est reparti et là finalement c'est plutôt Manu qui m'a tiré moi parce que là moi je commençais à être j'ai commencé à vraiment c'est le mental qui a commencé à chauffer vraiment fort parce que tous les 5 kilomètres c'était ça va super, tous les 5 kilomètres c'était non là c'est l'enfer sur terre j'arrive plus, j'avance plus Merci. Parce qu'il faut quand même aussi savoir qu'après les 70, la Dordogne s'élargit. Donc là où on était vraiment dans un cas de rivière avec des rapides tous les 5 km, un truc un peu amusant, là ça s'élargit. Donc on passe plutôt sur le format canal. Canal, c'est exagéré, mais pour que vous imaginez la chose, on passe vraiment d'un truc avec des rapides à un truc large, où il n'y a plus de rapides. Alors ça reste très beau, on croise des châteaux, c'est magnifique. Il y a des ponts, il y a des falaises. Par contre, on a l'impression que ça colle. Moi, je n'avance plus. Clairement, là, je suis là. Pour le coup, je chante du Charles Trenet à Gogo. Donc, je remercie encore Manu de m'avoir supporté jusqu'à la fin parce que ça devait être horrible. Je chante super mal.

  • Speaker #0

    On va danser. Oui. Oui. Oui. On va danser. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui.

  • Speaker #2

    Oui. Oui. Oui.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Et donc là, on avance encore, parce que malgré ça, notre montre nous dit qu'on doit être entre 10 et 11 km heure, donc ça avance, mais clairement, ça ne se voit plus en tout cas. Là où on pouvait avoir des projections en avant, parce que sur la Dordogne, on a fait des pointes à 16 km heure dans les rapides, là vraiment, ça colle. Là vraiment, une partie difficile. Puis c'est fatigant, on en est peut-être à 8 heures de rame, il ne fait pas chaud, il ne fait pas froid. La température est parfaite, il n'y a pas trop de soleil, on supporte les manches longues. Les conditions sont idéales, mais en même temps, on s'est élevés À 4h30 du mat, on a ramé 8h, on est fatigué et il reste encore 60 km. Et donc là, on se traîne, on va dire, en tout cas pour ma part, je me traîne jusqu'au ravitaillement suivant qui est officiellement à 85 km. Sauf qu'à 85 km, ma montre me dit qu'on est en 85, il n'y a pas de ravito. Donc là, ça commence à être mentalement encore plus difficile parce qu'on le cherche. Moi, j'en peux plus, j'ai plus d'eau. Donc vraiment là on est dans une phase, moi je suis dans le dur complètement. Et là le ravitaillement arrive enfin à finalement 88. D'ailleurs je me suis engueulée avec les organisateurs parce que le kilométrage n'était pas bien donné. On m'a peut-être dit que j'avais lancé ma montre trop tôt, ce qui est possible aussi. Donc là on remplit les poches, on change d'aileron. Parce que comme ça s'élargit vraiment le petit aileron, on n'avance pas droit avec un petit aileron, on fait un peu du crabe. Donc on change d'aileron, les secours nous ont suivis, ils changent le pansement de Manu. Donc là, on nous a laissé passer, on avait 10 minutes de retard sur le temps. Le directeur de course qui savait pourquoi on avait 10 minutes de retard, parce qu'on s'est arrêté 1h40 avant, nous a laissé passer. Donc là, les 10 kilomètres, honnêtement, j'ai presque aucun souvenir, enfin les 20 kilomètres, j'ai quasiment aucun souvenir entre les 90 et les 110, à part que Manu m'a beaucoup soutenue parce que... Parce que là, c'est moi qui avais besoin d'aide. Parce que moi, mentalement, c'était très dur. Pourtant, je mangeais, je m'hydratais. J'ai quand même bu quasiment 6 litres d'eau sur la course. Mais c'est mentalement que j'ai eu des difficultés sur la fin. Je pense aussi que c'est pour ça que c'était bien d'avoir attendu Manu. Parce que ça permet une entraide mentale sur la fin de la course. Et donc là, on arrive au 110. Et là, catastrophe, parce qu'au 110, on arrive avec une vingtaine de minutes de retard sur le temps. En plus, on n'a plus d'eau, donc en plus, on est obligés de s'arrêter, parce qu'on s'est regardés, on s'est dit, mais ils vont nous laisser passer. Et là, l'organisateur, il nous a dit, non, non, c'est fini pour vous. Je ne sais même pas comment vous dire parce que je risque de replorer. Je suis en colère. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, ou en tout cas tout ce qui restait. Il y a la fatigue qui vient de s'accumuler pendant 12 heures. On est partis 12 heures avant. Après 12 heures de force, prendre un « non, vous êtes en retard, vous ne pouvez pas passer » , c'était horrible. Je suis frustrée, je suis en colère. Et là, en fait, il y a un peu tous les derniers, comme nous, tous ceux, par contre, qui sont quand même passés au 4.10, qui arrivent, et notamment des gens qui sont hyper fiers d'être arrivés jusque-là. Donc, en fait, on commence à discuter avec eux. Et là, je me dis, en fait, c'est vrai qu'il n'y a peut-être pas de quoi pleurer. En fait, c'est quand même déjà super bien d'en avoir fait 110. C'est la première. Donc, on range les planches, on rigole, on mange des tuques. Et moi, je suis quand même super triste. Je suis quand même super déçue. de m'être arrêtée à 110 en sachant qu'il en restait plus que 20 à faire sur 130. Avec le recul, maintenant je me dis que c'est super, mais sur le moment, vraiment, je n'avais pas cette pensée-là. J'étais vraiment, c'est la fin de ma vie, c'est horrible. Puis on pense à des choses horribles, je suis bonne à rien, je n'ai pas réussi à faire ce que je voulais. On a quand même des pensées qui sont un peu difficiles. Et là où cette course est super bien faite, c'est que comme c'est un petit nombre, un petit effectif, il y a quand même beaucoup d'entraide et beaucoup de bienveillance. Et c'est le rapport aux autres qui fait se remettre dans des conditions plutôt positives et bienveillantes, même envers soi-même. Et du coup, après, il y a un énorme repas, il y a des bières. Et donc, il y a tout un côté où on se félicite tous parce que là, effectivement, on est sur des distances où même avoir fait 110, c'est déjà un truc de dingue. Donc après, on reprend. Il y a un peu la fête après Dordogne et le lendemain, il faut se lever de son lit. Et là, c'est encore un autre sujet parce que là, on fait qu'un avec le matelas. Tous nos muscles ont tenu pendant 12 heures. Et finalement, très peu de courbatures, très peu de douleurs physiques. Par contre, une fatigue extrême. Moi, j'ai été fatiguée pendant trois semaines, vraiment difficile. J'ai perdu trois kilos sur la Dordogne. J'ai continué à perdre du poids après. Donc, c'est des choses qui sont à suivre parce que faire ces temps-là de sport, c'est quand même physiquement assez difficile. Et j'ai surtout fait une grosse crise d'endométriose en pleine nuit, deux, trois jours après. Vraiment, après, je suis allée aux urgences tellement la douleur était insoutenable. Et en fait, je me suis juste dit... Mais en fait, t'as fait 110 bornes, quoi. Et c'est... En vrai, c'est un truc de fou. C'est un truc de fou. C'est bien la course qui m'a déclenché une crise deux, trois jours après, parce que... J'ai arrêté mon traitement il y a deux ans à peu près. Et maintenant, à chaque fois que je fais un effort sportif un peu intense, notamment, j'ai fait 14 kilomètres il y a 15 jours, j'ai eu une crise plus ou moins forte le lendemain. Donc il y a vraiment un lien entre ce qu'on demande à son corps et comment il nous le rend, parce que ça reste un état inflammatoire, l'endométriose. Donc quand on fait des courses comme ça, avec des longues distances, on se crée de l'inflammation, on irrite l'ensemble. moi j'en ai 10 notamment sur les ligaments qui rejoignent la cuisse, ce qui m'empêchait il y a 4 ou 5 ans d'embrayer. Aujourd'hui, ça ne m'empêche plus d'aller faire 110 km de paddle, par contre, je le paye derrière. Il y a toute une manière de se préparer. J'ai fait super attention à comment je me suis alimentée. Avant la course, j'ai arrêté de boire de l'alcool. C'est quasiment quotidien, j'ai arrêté de fumer. Je ne mange plus de viande, je mange anti-inflammatoire. Il y a tout un truc qui fait que je peux me permettre aujourd'hui des efforts que je ne pouvais pas faire avant. Et du coup, quelque part, la crise, trois jours après, en pleine nuit, elle est tolérable parce qu'à côté de ça, je peux tout faire à nouveau et même bien plus qu'avant. Après, les crises que j'ai d'endométriose, on va dire que si je ne faisais pas de sport, j'aurais mal tous les jours. Et ça, j'en suis persuadée, même si aujourd'hui, il n'y a pas nécessairement d'études sur le sujet. Je pense que le mouvement et le fait de faire du sport au quotidien m'aide à avoir moins mal. Donc les petites crises, en tout cas là pour le coup, c'en était une grosse, mais je n'en avais pas eu depuis 4 ans, donc quelque part, on peut tolérer aussi, on va dire, des contreparties, parce qu'effectivement, il faut faire avec ce qu'on a. C'est vraiment ce sur quoi je souhaite insister, parce que tout le monde n'est pas fait pour faire 130 km ou 110 pour le coup, mais il faut faire en fonction de ses capacités, et moi j'espère bien que là, en avril, je finirai les 130. Donc oui, j'aurais une crise derrière, mais en même temps, j'aurais fait les 130. L'endométriose, c'est j'ai une crise, mais en même temps, je ne vais pas en mourir. C'est de la douleur. Donc, il faut faire aussi avec les limites de chacun. Moi, ma limite, elle est de pouvoir tolérer ça parce qu'à côté de ça, j'ai récupéré une bien meilleure vie.

  • Speaker #0

    Merci Charlotte de nous avoir fait naviguer le long de la Dordogne et d'avoir partagé tes joies. étaient obstacles durant cette aventure incroyable. Merci à vous d'avoir suivi ce récit. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à mettre des étoiles sur Apple Podcasts. On se donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau récit de sport. En attendant, je vous laisse avec Sandrine pour d'autres conseils de sportifs. À bientôt !

Description

Dans cet épisode hors-série, Charlotte revient sur sa participation à la Dordogne intégrale en paddle, une course de 130 km qui relie Argentat à Castelnaud-la-Chapelle, et dont le départ et l'arrivée s'étendent du lever au coucher du soleil. À ses côtés, son acolyte et confident, Manu, 60 ans. Ensemble, le duo incarne l'entraide, la bienveillance, et l'amitié plus que tout et à toute épreuve. Agrémenté de quelques airs de chansons et d'une blessure inattendue qui viendra tout bousculer, le récit de Charlotte demeure plein d'espoir et de résilience ; un hymne au sport, aux liens qu'il tisse, et à la douceur qu'il apporte dans nos vies… parce qu'après avoir ramé, vient toujours le calme sur les flots. C’est aussi l’histoire d’une revanche, voire d’un combat quotidien. Car comme 10 % des femmes en France, Charlotte est atteinte d’endométriose. Il y a quelques années, l'endométriose est un mot qui ne vous disait peut-être pas grand-chose. Aujourd'hui, on parle, et cela fait du bien.  À 34 ans, la jeune femme met tout en œuvre pour que l'endométriose ne régisse plus sa vie, mais pour qu'elle devienne une douleur qui en vaille la peine, le revers de la médaille de son péché mignon : le paddle (très) longue distance. Belle écoute !

Parler de l’endométriose, c'est reconnaître que la maladie existe, et permettre son dépistage le plus tôt possible. En parler, c'est donner du crédit à ses maux infernaux (sans pour autant prétendre les mesurer), et les conséquences qu'ils laissent dans la vie des femmes qui en sont atteintes.


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Les Conseils de sportifs et des sportives, c’est le podcast de DECATHLON qui vous accompagne dans votre pratique sportive, qui vous aide à débuter ou à reprendre le sport. C’est aussi le podcast qui vous prouve que l’activité physique, c’est avant tout du plaisir ! Grâce aux conseils et astuces d'expert•es en la matière et aux partages d'expériences de vie de pratiquant•es, chaque épisode est une nouvelle occasion d'en apprendre un peu plus sur votre (future) passion !


Producteur : Pipo et Lola


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Conseil de sportif et de sportive. Je m'appelle Céciliane et mon objectif est de vous emmener à la rencontre de passionnés de sport. Des gens comme vous et moi, ordinaires, qui ont choisi de vivre un moment extraordinaire. Un voyage, une course, un défi, bref, ils et elles nous racontent et nous entraînent dans leurs aventures. Aujourd'hui c'est Charlotte qui nous raconte sa course en paddle, la Dordogne intégrale. 130 km en rivière. Laissez-vous embarquer par les fluctuations du courant et la détermination d'un duo de marins d'eau douce.

  • Speaker #1

    Je me suis juste dit, mais en fait, t'as fait 100 hauts-dits bornes, quoi. Et c'est... En vrai, c'est un truc de fou. C'est un truc de fou. Alors, je suis Charlotte, j'ai 34 ans, je suis architecte, et comme une femme sur dix, j'ai été diagnostiquée atteinte d'endométriose à 26 ans. J'ai toujours été sportive. Dans ma famille, on est sportif de père en fille. Mon père était en équipe de France de handball. Il nous a transmis le virus, on en a toujours fait. Pendant trois ans, j'ai dû m'arrêter parce que trop de douleurs ingérables. Et un jour, je me suis dit qu'il faut quand même s'y remettre, il faut tenter le mouvement. Peut-être que ça peut résoudre des sujets, décoller des choses. Donc je me suis remise tout d'abord au paddle parce que c'était un sport que j'aimais bien auparavant. J'ai refait un peu de yoga, un peu de danse classique, tout doucement repris la course à pied, parce qu'il faut y aller par palier, on n'y va pas en refaisant ce qu'on faisait avant d'un coup d'un seul. Le paddle se passait bien, donc j'ai décidé de poursuivre là-dedans. D'abord des petites courses, 5-10 km, et ensuite des longues distances. Donc aujourd'hui, je vais vous raconter la descente de la Dordogne qui a eu lieu le 11 septembre 2021. Donc c'est parti pour 130 km de descente en paddle. Je me suis lancée le défi de réaliser des longues distances parce que je souhaite porter un message. Tout d'abord, il y a prôner la bienveillance, l'optimisme. Quand on est atteint d'endométriose, c'est montrer qu'on peut encore faire des choses malgré cette maladie. J'ai eu pour ambition de m'inscrire à cette course avec un de mes collègues du club, qu'on va appeler Manu, pour ce podcast. Avec Manu, on a une relation... On va dire de très grande bienveillance. On se soutient, on se raconte plein de choses. Et on a de l'attention l'un pour l'autre, sans que ce soit bizarre ou quoi que ce soit. Parce qu'on aurait plutôt une relation frère-sœur ou père-fille. Je connais sa femme, je connais ses enfants. On s'invite mutuellement à dîner. On a une relation qui va au-delà du sport. On se connaît depuis 7 ans, on se suit depuis 7 ans et on s'apprécie beaucoup. Et le 10, on est partis en voiture. Donc, c'est parti pour à peu près 10 heures de route pour arriver à Argenta à 16 heures, prendre le bus qui nous emmène au départ, là où on va camper. Donc, le premier soir, il y a un dîner avec tous les concurrents. Donc, cette course, c'est une course de rame. Donc, il y a du paddle, du kayak, de la pirogue. Donc, je ne sais plus. Je pense qu'on devait être à peu près 300 à la faire. Donc, toutes disciplines confondues. Donc la veille de la course, c'est pas mal, c'est une espèce d'énorme dîner dans un gymnase, on est là tous ensemble. Il faut se dire quand même que la veille d'une course, on est stressé, on sait qu'on ne va pas bien dormir, on dort en tente, on dort avec des collègues qui ronflent. Donc la préparation, le sommeil, c'est quand même important, donc c'est parfois compliqué. Et là, le matin de la course, on s'est réveillé et catastrophe, pas prêt du tout. On n'avait pas géré le petit déjeuner. On s'est réveillés un peu tard, donc replier la tente, replier les matelas, le camion avec les sacs était parti. Donc, branle bas de combat, trouver quelqu'un qui peut ramener nos affaires à l'arrivée, parce qu'on arrive quand même 130 kilomètres plus loin, donc c'est un peu d'organisation. Là, heureusement, il y a des personnes du club qui étaient là, juste à côté, qui avaient, eux, fait des cakes de sportifs, tout ça. Donc, ils nous ont nourris, on va dire. Là, on est partis en courant avec nos planches sous le bras, avec l'aileron à la main pour se mettre à l'eau parce que tout le monde avait déserté. Tout le monde était parti prendre le départ. Et on est arrivés sur la ligne de départ au moment où le départ a été lancé, donc pile poil à l'heure. Il faut savoir que c'est une course qui démarre au lever du soleil et qui se termine avec le coucher du soleil. Donc, le départ des paddles a été donné à 6h30 cette année et l'arrivée était prévue pour maximum 21h30. On est partis, les kayaks, c'est l'ensemble premier, parce qu'ils sont de base plus rapides que les paddles, donc ça évite après les embouteillages, tout ça, sur la course. Mais donc, on est partis une quinzaine de minutes après eux. Et là, c'est juste génial, parce qu'on est quand même entre chien et loup. c'est à dire que le soleil se lève Je ne sais pas si vous connaissez la Dordogne, mais c'est en plus magnifique. Il y a des collines, les quais, c'est vraiment super chouette. En plus de ça, il y avait quand même un peu de public. On va dire qu'il y avait des courageux à 6h30 du mat, dont une fille qui m'avait fait un texto. Super, endo girl, vas-y à fond, incroyable. J'ai vu cette jeune femme sur le bord qui était là, aller, je ne sais même plus quel numéro j'avais, mais à fond. Et donc là, c'est parti pour 130 kilomètres. Donc mentalement, au début, c'est un peu stressant. En plus de ça, il y a un truc que je n'avais pas testé, c'est le tout petit aileron. Parce que comme on fait de la rivière, les ailerons classiques ne passent pas. Donc là, j'avais mis un tout petit aileron qui fait 5 cm. Donc on va dire que les 5 premiers kilomètres, ils ont été très compliqués parce que ça rend la planche beaucoup moins stable. Donc les 5 premiers, je me suis dit, oh punaise, comment je vais faire pour en faire 130 ? Et là, en fait, au cinquième kilomètre, il y a le premier rapide. Et là, c'est... C'est juste le bonheur, en fait. Ça glisse, c'est parti, on s'amuse, en fait. C'est pas comme faire 5 km sur du plat où on peut s'ennuyer un peu. Là, en plus, le paysage change. Tous les kilomètres, ça change. Il y a un rapide à peu près tous les 5 km au début. Donc on n'arrive franchement que du bonheur. Et puis il y a encore du monde à ce moment-là. Donc on croise encore des gens, on double des gens, on rigole. Comme c'est une longue distance, on est quand même peu, finalement, par rapport aux courtes distances. Et donc il y a quand même beaucoup d'entraide, beaucoup de conseils. notamment un des premiers rapides, il y a une fille qui m'a dit non surtout prends le par l'intérieur, résultat elle elle s'est plantée et moi je suis passée. Il y a quand même de la bienveillance sur ce genre de course parce qu'on est quand même là pour aller tous au bout, parce que l'objectif c'est pas de faire un podium, c'est clairement de faire les 130 bornes. Et donc finalement le premier ravito il arrive quasiment un peu trop tôt, puisqu'il arrive à 35 km. Honnêtement, première fois que j'ai regardé ma montre, parce que bon quand même on... On check les distances. Première fois, 20 kilomètres. Je me suis dit, punaise, j'ai rien vu passer. 20 bornes, 35, on arrive au Rapito. Je suis nickel. J'ai même pas mangé, j'étais au top. J'attends mon collègue Manu qui arrive 10-15 minutes après moi. Et là, il a la jambe en sang. Au 26e kilomètre, il y a pas une écluse, mais un... C'est un ouvrage en béton et il y a un passage pour les cadets sur le côté, mais les paddles, en fonction du niveau de l'eau, on peut passer au centre ou pas. Moi, je suis passée au centre. Il y a quand même un creux de plus de 2 mètres derrière, donc c'est un peu impressionnant quand on arrive dessus. Et malheureusement, mon collègue, lui, a eu peur, est tombé, s'est pris le bord en béton et donc a une ouverture d'une vingtaine de centimètres sur le tibia. Donc je le vois arriver. Il est blanc, transparent. Il a quand même du sang sur la jambe. Donc j'avais pris des pansements mais pas de désinfectant, donc on l'a rincé à l'eau de la Dordogne, je lui ai rafistolé trois pansements et puis on est reparti. Manu me dit oui ça va aller, tout va bien, avance t'es bien, parce que Manu, en fait pendant la course de la Dordogne on a tous des trackers, donc on peut voir en quelle position on est, si on est dans les délais, parce que la double complexité de la Dordogne intégrale, c'est que c'est une course de 130 km mais qu'il y a des portes temps à passer. pour pouvoir continuer, un peu comme les marathons ou les triathlons. Donc c'est vraiment une course difficile, parce qu'on a des objectifs temps doublés d'objectifs de distance. Donc Manu me dit, vas-y, fonce, t'es quatrième femme, vas-y, fonce, tu vas les rattraper. Donc je pars, en sachant que Manu me suit, donc plus ou moins, Manu normalement rame beaucoup plus vite que moi, donc normalement Manu doit pouvoir me suivre. Et là, après la phase des 50 où on se sent pas bien, on commence à avoir mal partout, je me suis beaucoup hydratée, j'ai fait une pause sur ma planche, j'ai mangé. Manu, je le voyais plus. je me suis retournée plusieurs fois ma nuit disparue donc je ramais avec un mec qui était devant moi un jeune homme pardon un jeune homme qui était devant moi avec qui on faisait un peu le rôle du lièvre il y en a toujours un qui passait devant pour tirer l'autre, quand il y en a un qui est fatigué il passait derrière c'est intéressant parce que ça impose une cadence ça permet de maintenir un rythme donc là on était toujours à 11 kmh à peu près au 70ème puisque le ravito suivant arrive au 75 je crois Je me dis qu'on va quand même attendre Manu parce que je ne le vois plus. Ce n'est pas normal, il devrait être juste derrière moi. Pour soulager un peu les douleurs, je commençais à avoir mal aux jambes. Après les bras, les épaules, les jambes, je me suis mise dans l'eau jusqu'à la taille pour refroidir un peu les jambes. Il faut savoir que j'ai un sac d'hydratation en sacoche. Sacoche d'hydratation, pas sac à dos parce que ça déstabilise. J'avais toute ma nourriture dans ma sacoche. Je me mets la taille dans l'eau. J'ai bien sûr trempé tout mon ravitaillement. La pause des 70, j'ai mangé un sandwich au fromage trempé à l'eau de la Dordogne. C'était intéressant, on va dire.

  • Speaker #0

    Ravitaille des 70 ! Enfin, toute la moitié, c'est chaud. Et là, il y a Manu. Coucou Manu ! Oh putain, j'ai bien fait d'attendre. Et un petit sandwich à l'eau de la Dordogne.

  • Speaker #1

    Donc là, j'étais dans l'eau, là je vois des filles qui passent, et moi je réfléchis à mon... Parce que malgré le fait que mon objectif était uniquement de la finir, quand on sait qu'on est quatrième, on se dit super, je vais essayer d'aller gratter un podium quand même. Enfin, on passe le rez, on se le dit. Donc là, j'attends Manu, et Manu, il met à peu près 15 minutes à arriver. Et là, il arrive, mais en soufflant. Et je me suis dit, j'ai bien fait de l'attendre parce qu'il n'a pas l'air bien.

  • Speaker #0

    Mais honnêtement, c'est un peu difficile. Il a mal partout. Le mental de Manu, il est un peu chocho. Voilà, il nous en reste 60. Allez, courage.

  • Speaker #1

    Là, effectivement, Manu me dit, j'en peux plus. Son pansement ressaigné, il en avait partout sur les chaussures. Et là, en fait, le directeur de course a arrêté Manu. Il lui a dit, je ne vous laisse pas repartir. Tant que les secouristes n'ont pas vu votre blessure et tant qu'ils ne vous ont pas vu parce qu'il n'était quand même pas en forme, il faut dire quand même que Manu, il a 60 ans. J'en parle comme s'il avait mon âge. Moi, j'en ai 34, mais lui, il en a 60. Et d'habitude, il me met la misère. En gros, je l'ai vu dans ses yeux quand le directeur de course lui a dit « Je veux que les secouristes vous voient. » J'ai vu que si je ne l'attendais pas, il s'arrêtait. Je lui ai dit, Manu, si tu repars, je t'attends. Il m'a dit « Ouais, d'accord, on fait comme ça. » Parce qu'au début, il disait « Non, vas-y, vas-y. » Mais je l'ai senti que si je ne restais pas, il s'arrêtait là. Donc le but étant d'aller tous les deux le plus loin possible sur le moment. Et en tout cas, encore aujourd'hui, ça m'a semblé le meilleur choix à faire par rapport à notre binôme et les enjeux qu'on avait placés dans cette courbe-ci les deux. Donc là, on va en pause imposée, on va dire. Les secours devaient arriver, on va dire, dans les 20 minutes. Donc les secours ont mis finalement une heure et demie à arriver parce qu'ils se sont trompés d'endroit. Donc en même temps, pendant ce temps-là, on a fait une super pause. On a rigolé avec ceux qui étaient là, les organisateurs au top. Moi, je me suis rendu compte que toute ma famille me suivait. Dans le WhatsApp famille, il y avait des commentaires. « Oh, elle tient son rythme. » « Emmanuel, il est ouf. » Enfin, c'était super drôle. j'en ai profité pour appeler mon conjoint qui a une petite fille et qui n'utilisait à les chacha allez chacha tu vas gagner fin c'était quand même par la rime dans leur parler g relais larmes aux yeux parce qu'elle m'a dit allez va plus vite c'est quand même c'est quand même des super moment donc là les secours et ce qui arrive ils enlèvent le pansement de fortune de Manu et malheureusement les secouristes comme ça n'ont pas de quoi faire des points de suture donc ils ont mis deux strips, ils ont nettoyé ils ont mis un bandage mais un bandage pas étanche à l'eau donc voilà après 1h40 on est reparti et là finalement c'est plutôt Manu qui m'a tiré moi parce que là moi je commençais à être j'ai commencé à vraiment c'est le mental qui a commencé à chauffer vraiment fort parce que tous les 5 kilomètres c'était ça va super, tous les 5 kilomètres c'était non là c'est l'enfer sur terre j'arrive plus, j'avance plus Merci. Parce qu'il faut quand même aussi savoir qu'après les 70, la Dordogne s'élargit. Donc là où on était vraiment dans un cas de rivière avec des rapides tous les 5 km, un truc un peu amusant, là ça s'élargit. Donc on passe plutôt sur le format canal. Canal, c'est exagéré, mais pour que vous imaginez la chose, on passe vraiment d'un truc avec des rapides à un truc large, où il n'y a plus de rapides. Alors ça reste très beau, on croise des châteaux, c'est magnifique. Il y a des ponts, il y a des falaises. Par contre, on a l'impression que ça colle. Moi, je n'avance plus. Clairement, là, je suis là. Pour le coup, je chante du Charles Trenet à Gogo. Donc, je remercie encore Manu de m'avoir supporté jusqu'à la fin parce que ça devait être horrible. Je chante super mal.

  • Speaker #0

    On va danser. Oui. Oui. Oui. On va danser. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. Oui.

  • Speaker #2

    Oui. Oui. Oui.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Et donc là, on avance encore, parce que malgré ça, notre montre nous dit qu'on doit être entre 10 et 11 km heure, donc ça avance, mais clairement, ça ne se voit plus en tout cas. Là où on pouvait avoir des projections en avant, parce que sur la Dordogne, on a fait des pointes à 16 km heure dans les rapides, là vraiment, ça colle. Là vraiment, une partie difficile. Puis c'est fatigant, on en est peut-être à 8 heures de rame, il ne fait pas chaud, il ne fait pas froid. La température est parfaite, il n'y a pas trop de soleil, on supporte les manches longues. Les conditions sont idéales, mais en même temps, on s'est élevés À 4h30 du mat, on a ramé 8h, on est fatigué et il reste encore 60 km. Et donc là, on se traîne, on va dire, en tout cas pour ma part, je me traîne jusqu'au ravitaillement suivant qui est officiellement à 85 km. Sauf qu'à 85 km, ma montre me dit qu'on est en 85, il n'y a pas de ravito. Donc là, ça commence à être mentalement encore plus difficile parce qu'on le cherche. Moi, j'en peux plus, j'ai plus d'eau. Donc vraiment là on est dans une phase, moi je suis dans le dur complètement. Et là le ravitaillement arrive enfin à finalement 88. D'ailleurs je me suis engueulée avec les organisateurs parce que le kilométrage n'était pas bien donné. On m'a peut-être dit que j'avais lancé ma montre trop tôt, ce qui est possible aussi. Donc là on remplit les poches, on change d'aileron. Parce que comme ça s'élargit vraiment le petit aileron, on n'avance pas droit avec un petit aileron, on fait un peu du crabe. Donc on change d'aileron, les secours nous ont suivis, ils changent le pansement de Manu. Donc là, on nous a laissé passer, on avait 10 minutes de retard sur le temps. Le directeur de course qui savait pourquoi on avait 10 minutes de retard, parce qu'on s'est arrêté 1h40 avant, nous a laissé passer. Donc là, les 10 kilomètres, honnêtement, j'ai presque aucun souvenir, enfin les 20 kilomètres, j'ai quasiment aucun souvenir entre les 90 et les 110, à part que Manu m'a beaucoup soutenue parce que... Parce que là, c'est moi qui avais besoin d'aide. Parce que moi, mentalement, c'était très dur. Pourtant, je mangeais, je m'hydratais. J'ai quand même bu quasiment 6 litres d'eau sur la course. Mais c'est mentalement que j'ai eu des difficultés sur la fin. Je pense aussi que c'est pour ça que c'était bien d'avoir attendu Manu. Parce que ça permet une entraide mentale sur la fin de la course. Et donc là, on arrive au 110. Et là, catastrophe, parce qu'au 110, on arrive avec une vingtaine de minutes de retard sur le temps. En plus, on n'a plus d'eau, donc en plus, on est obligés de s'arrêter, parce qu'on s'est regardés, on s'est dit, mais ils vont nous laisser passer. Et là, l'organisateur, il nous a dit, non, non, c'est fini pour vous. Je ne sais même pas comment vous dire parce que je risque de replorer. Je suis en colère. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, ou en tout cas tout ce qui restait. Il y a la fatigue qui vient de s'accumuler pendant 12 heures. On est partis 12 heures avant. Après 12 heures de force, prendre un « non, vous êtes en retard, vous ne pouvez pas passer » , c'était horrible. Je suis frustrée, je suis en colère. Et là, en fait, il y a un peu tous les derniers, comme nous, tous ceux, par contre, qui sont quand même passés au 4.10, qui arrivent, et notamment des gens qui sont hyper fiers d'être arrivés jusque-là. Donc, en fait, on commence à discuter avec eux. Et là, je me dis, en fait, c'est vrai qu'il n'y a peut-être pas de quoi pleurer. En fait, c'est quand même déjà super bien d'en avoir fait 110. C'est la première. Donc, on range les planches, on rigole, on mange des tuques. Et moi, je suis quand même super triste. Je suis quand même super déçue. de m'être arrêtée à 110 en sachant qu'il en restait plus que 20 à faire sur 130. Avec le recul, maintenant je me dis que c'est super, mais sur le moment, vraiment, je n'avais pas cette pensée-là. J'étais vraiment, c'est la fin de ma vie, c'est horrible. Puis on pense à des choses horribles, je suis bonne à rien, je n'ai pas réussi à faire ce que je voulais. On a quand même des pensées qui sont un peu difficiles. Et là où cette course est super bien faite, c'est que comme c'est un petit nombre, un petit effectif, il y a quand même beaucoup d'entraide et beaucoup de bienveillance. Et c'est le rapport aux autres qui fait se remettre dans des conditions plutôt positives et bienveillantes, même envers soi-même. Et du coup, après, il y a un énorme repas, il y a des bières. Et donc, il y a tout un côté où on se félicite tous parce que là, effectivement, on est sur des distances où même avoir fait 110, c'est déjà un truc de dingue. Donc après, on reprend. Il y a un peu la fête après Dordogne et le lendemain, il faut se lever de son lit. Et là, c'est encore un autre sujet parce que là, on fait qu'un avec le matelas. Tous nos muscles ont tenu pendant 12 heures. Et finalement, très peu de courbatures, très peu de douleurs physiques. Par contre, une fatigue extrême. Moi, j'ai été fatiguée pendant trois semaines, vraiment difficile. J'ai perdu trois kilos sur la Dordogne. J'ai continué à perdre du poids après. Donc, c'est des choses qui sont à suivre parce que faire ces temps-là de sport, c'est quand même physiquement assez difficile. Et j'ai surtout fait une grosse crise d'endométriose en pleine nuit, deux, trois jours après. Vraiment, après, je suis allée aux urgences tellement la douleur était insoutenable. Et en fait, je me suis juste dit... Mais en fait, t'as fait 110 bornes, quoi. Et c'est... En vrai, c'est un truc de fou. C'est un truc de fou. C'est bien la course qui m'a déclenché une crise deux, trois jours après, parce que... J'ai arrêté mon traitement il y a deux ans à peu près. Et maintenant, à chaque fois que je fais un effort sportif un peu intense, notamment, j'ai fait 14 kilomètres il y a 15 jours, j'ai eu une crise plus ou moins forte le lendemain. Donc il y a vraiment un lien entre ce qu'on demande à son corps et comment il nous le rend, parce que ça reste un état inflammatoire, l'endométriose. Donc quand on fait des courses comme ça, avec des longues distances, on se crée de l'inflammation, on irrite l'ensemble. moi j'en ai 10 notamment sur les ligaments qui rejoignent la cuisse, ce qui m'empêchait il y a 4 ou 5 ans d'embrayer. Aujourd'hui, ça ne m'empêche plus d'aller faire 110 km de paddle, par contre, je le paye derrière. Il y a toute une manière de se préparer. J'ai fait super attention à comment je me suis alimentée. Avant la course, j'ai arrêté de boire de l'alcool. C'est quasiment quotidien, j'ai arrêté de fumer. Je ne mange plus de viande, je mange anti-inflammatoire. Il y a tout un truc qui fait que je peux me permettre aujourd'hui des efforts que je ne pouvais pas faire avant. Et du coup, quelque part, la crise, trois jours après, en pleine nuit, elle est tolérable parce qu'à côté de ça, je peux tout faire à nouveau et même bien plus qu'avant. Après, les crises que j'ai d'endométriose, on va dire que si je ne faisais pas de sport, j'aurais mal tous les jours. Et ça, j'en suis persuadée, même si aujourd'hui, il n'y a pas nécessairement d'études sur le sujet. Je pense que le mouvement et le fait de faire du sport au quotidien m'aide à avoir moins mal. Donc les petites crises, en tout cas là pour le coup, c'en était une grosse, mais je n'en avais pas eu depuis 4 ans, donc quelque part, on peut tolérer aussi, on va dire, des contreparties, parce qu'effectivement, il faut faire avec ce qu'on a. C'est vraiment ce sur quoi je souhaite insister, parce que tout le monde n'est pas fait pour faire 130 km ou 110 pour le coup, mais il faut faire en fonction de ses capacités, et moi j'espère bien que là, en avril, je finirai les 130. Donc oui, j'aurais une crise derrière, mais en même temps, j'aurais fait les 130. L'endométriose, c'est j'ai une crise, mais en même temps, je ne vais pas en mourir. C'est de la douleur. Donc, il faut faire aussi avec les limites de chacun. Moi, ma limite, elle est de pouvoir tolérer ça parce qu'à côté de ça, j'ai récupéré une bien meilleure vie.

  • Speaker #0

    Merci Charlotte de nous avoir fait naviguer le long de la Dordogne et d'avoir partagé tes joies. étaient obstacles durant cette aventure incroyable. Merci à vous d'avoir suivi ce récit. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à mettre des étoiles sur Apple Podcasts. On se donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau récit de sport. En attendant, je vous laisse avec Sandrine pour d'autres conseils de sportifs. À bientôt !

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