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ADN D'ATHLÈTE, l'esprit sport

Histoire : le défi de Matthieu, 1000 km à pied sur le GR34 pour repousser ses nouvelles limites

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33min |12/01/2022|

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33min |12/01/2022|

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Description

Aujourd'hui, je vous propose d'écouter l’histoire incroyable de Matthieu et de son GR34. Elle commence le jour où il se rompt le tendon d'Achille lors d’un match de football, son sport de cœur. Alors que la majorité des sportif·ves se remettent de cette blessure, ce n'est pas le cas pour Matthieu, pour qui l'idée de remarcher un jour devient quasiment impossible. Et pourtant… Matthieu a décidé de parcourir 1000 km à pied sur le GR34. Depuis le mont Saint-Michel jusqu’à la presqu’île de Crozon, il s’est donné 40 jours pour accomplir ce challenge. Découvrez l’histoire de résilience d’un homme à qui l’on a dit qu’il ne pourrait plus jamais marcher… L’histoire d’un homme qui repousse ses nouvelles limites à coups de travail, d’espoir et d’une bonne force de caractère. Je vous souhaite une belle écoute !


Pour suivre Matthieu :

https://www.facebook.com/vaincreaumental

https://www.instagram.com/matthieujagu/?hl=fr


Cette histoire le long du GR34 vous a plu ? Pensez à la partager à votre entourage, sur vos réseaux et à nous laisser un commentaire, une note ou des étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée (Apple Podcast, Spotify, Deezer…). Je suivrai ça avec attention ! 

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Et si vous voulez écouter plus d’aventures et d’histoires extraordinaires racontées par des sportifs et des sportives, c’est par ici que ça se passe : https://podcast.ausha.co/les-conseils-de-sportifs/playlist/tous-les-episodes-aventure-et-histoires-de-sportif-ves-du-podcast-de-decathlon 


Les Conseils de sportifs et des sportives, c’est le podcast de DECATHLON qui vous accompagne dans votre pratique sportive, qui vous aide à débuter ou à reprendre le sport. C’est aussi le podcast qui vous prouve que l’activité physique, c’est avant tout du plaisir ! Grâce aux conseils et astuces d'expert•es en la matière et aux partages d'expériences de vie de pratiquant•es, chaque épisode est une nouvelle occasion d'en apprendre un peu plus sur votre (future) passion !


Découvrez également Conseil Sport, le média dont l'objectif est de vous encourager à vous (re)mettre au sport et de vous aider à progresser dans votre pratique.


On nous le dit assez souvent : pratiquer une activité physique, c'est bon pour la santé. Ce qu'on nous dit moins c'est comment on s'y prend ? Par où on commence ? Plus que de vous voir accomplir un exploit sportif, notre plus grande fierté serait de vous faire aimer le sport, durablement. Parce que c'est ça, le secret de la motivation : trouver l'activité qui vous apporte la dose de joie qu'il vous faut dans votre quotidien.


Producteur : Pipo et Lola


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans Histoire de Sportif. Vous le savez maintenant, c'est le podcast qui vous emmène à la rencontre de sportifs. Alors sportifs du quotidien, mais aussi parfois des sportifs et des sportives qui vivent des aventures extraordinaires. C'est le cas de Mathieu que nous allons rencontrer aujourd'hui. Alors pour vous faire un résumé sans trop dévoiler bien sûr, Mathieu joue au foot, Mathieu est victime d'une rupture du tendon d'Achille. A priori une opération plutôt banale doit s'en suivre, mais à cause de complications Mathieu se retrouve maintenant à tout jamais. sans tendon d'Achille du côté droit. Évidemment, les spécialistes, les médecins, s'accordent à dire que si Mathieu réussit à remarcher à peu près, c'est qu'il aura de la chance. Il n'en fallait pas plus pour galvaniser notre Mathieu. Voici le portrait d'un homme déterminé, tenace. Son truc à lui, c'est les défis.

  • Speaker #1

    Ce que je retiens de cette histoire, de cette aventure, c'est la phrase « croire en ses rêves » . C'est une phrase qui peut être lâchée, parfois comme ça, un petit peu, mais en fait... Moi, je l'ai vécu. Bonjour, je m'appelle Mathieu Jagu, j'ai 32 ans. Je suis breton d'origine et passionné de sport. En début 2018, j'ai eu un accident pendant un match de foot. Je me suis fait une rupture du tendon d'Achille sur une action assez anodine puisque j'étais défenseur central et j'étais en train de reculer pour me replacer en défense. Et d'un coup, je suis reparti en avant pour aller chercher un ballon. Et sur le coup, mon tendon d'Achille a lâché. Je suis allé à l'hôpital pour me faire opérer. C'est une opération qui est classique, qui est pratiquée par les chirurgiens. C'est souvent des sportifs qui sont touchés par cette blessure. Et normalement, c'est une blessure, on reste 2-3 jours à l'hôpital et ensuite il y a une phase de rééducation qui est assez longue avant de pouvoir reprendre les activités sportives. Mais moi j'ai eu pas mal de complications en fait après les opérations. J'ai eu des infections qui font qu'au lieu de rester trois jours à l'hôpital, je suis resté trois mois à l'hôpital. J'ai été opéré six fois en deux mois. Et donc je suis ressorti de l'hôpital avec un tendon d'Achille en moins, donc mon tendon droit. Et la première chose du coup que j'ai demandé à mes chirurgiens quand je suis sorti de l'hôpital c'est... Quand est-ce que je vais pouvoir retourner sur les terrains de sport ? Quand est-ce que je vais pouvoir retourner faire du foot avec mes potes ? Et là, ils m'ont regardé, ils m'ont dit, « Monsieur Jagu, si déjà un jour vous arrivez à remarcher, ça serait déjà incroyable. » Et donc, c'est là que commence vraiment l'histoire de résilience que je vais raconter juste après. Quand je suis sorti de l'hôpital, j'étais donc en fauteuil roulant, j'avais perdu 15 kilos et c'est là qu'a commencé en fait vraiment déjà une première course contre la montre, puisque deux ou trois mois après, je devais me marier. Et j'avais décidé en fait, pendant toute la partie où j'étais à l'hôpital pendant trois mois, mes chirurgiens me... m'encourager à reculer ce mariage parce que comme c'était assez flou, on ne savait pas trop où ça allait aller avec les différentes opérations, il m'avait plutôt encouragé à reculer en disant que je ne pourrais pas être debout, que ça serait compliqué pour moi. et en fait moi pour moi c'était vraiment important de conserver cette date parce que c'était un objectif ça me permettait d'avoir un objectif en fait pour me battre et donc quand je suis sorti de l'hôpital en fauteuil roulant je savais qu'il me restait deux mois et demi avant de me marier et donc ça m'a vraiment motivé à me lancer dans une rééducation de manière très intense. J'ai vu progressivement les progrès arriver puisque je pouvais de plus en plus porter un peu de poids sur ma jambe et je voyais les évolutions. Et comme je suis quelqu'un de challenge, je me suis dit, à mon mariage, pour l'entrée dans l'église, je n'ai pas envie d'être avec deux béquilles, les vieilles béquilles que tout le monde voit et qui fait vraiment handicapé. Je vais faire une surprise à ma femme. Et je vais acheter une canne anglaise un peu stylée, un peu sympa. Mais ça veut dire aussi que ce genre de canne, c'est des cannes qui ne portent pas et qui n'aident pas à porter le poids de son corps. Et donc ça demandait un effort encore supplémentaire. Et ce qui est assez fou, c'est que la veille de mon mariage, je me suis entraîné dans mon salon avec ma maman à mon bras. Et je n'arrivais pas à faire plus de 2 mètres. Et c'est bizarre, mais à aucun moment je me suis dit que je n'y arriverais pas le lendemain. j'ai eu... Je me suis dit, aujourd'hui, je n'y arrive pas, mais demain, ça va le faire. Et en fait, le lendemain, pendant le mariage, le jour J, je suis arrivé dans l'église, j'ai fait les 30 mètres avec ma maman à mon bras et ma canne, avec tous mes amis, toute ma famille qui... me regardaient, qui m'ont même applaudi quand je suis rentré, c'était vraiment un truc de malade. J'ai réussi à rester quasiment debout toute la messe et à refaire la sortie du coup au bras de ma femme cette fois-ci avec cette canne. J'ai d'ailleurs mes copains de foot qui m'ont fait un petit clin d'œil à la sortie et qui ont fait une haie d'honneur avec des cannes en plastique qu'ils avaient achetées. et donc du coup je suis sorti deux rangées de mes potes de foot qui qui qui ont fait une petite chanson à la sortie avec des cannes en plastique pour montrer qu'eux aussi me soutenaient dans cette épreuve. C'était le premier objectif que j'ai réussi à accomplir en sortant de l'hôpital. Donc après ce premier objectif du mariage, j'ai vraiment continué à travailler en rééducation. Petit à petit, j'ai passé les paliers, c'est-à-dire que je suis passé de fauteuil roulant à deux béquilles, de deux béquilles à une béquille, de une béquille à pouvoir marcher en autonomie sur quelques mètres, puis progressivement quelques centaines de mètres, avec une douleur qui était toujours là, mais en tout cas avec un progrès qui se faisait sentir. et en fait... Petit à petit, j'ai eu pas mal de copains qui m'ont dit « mais tu devrais écrire un livre ou raconter cette histoire parce qu'en fait, tu es en train de faire un truc de fou » . Moi, je ne m'en rendais pas forcément compte parce que j'étais vraiment dans mon objectif de travailler en kiné tous les jours, de vouloir remarcher et de vouloir recourir. Et je n'avais pas forcément cette notion que ça pouvait servir aussi de parler de ça, de servir à certaines personnes. et donc voilà, ça c'est resté dans un coin de ma tête et un jour en En novembre 2019, j'étais à la Gare Saint-Sauveur à Lille et il y avait une projection de film d'aventurier. Et j'étais là assis dans cette salle et je me suis dit que j'aimerais bien qu'un jour il y ait quelqu'un qui regarde le film de mon histoire. Le film de Mathieu à qui on avait prédit qu'il ne remarcherait pas, mais qui a fait un défi, qui a montré que c'était possible finalement avec du travail, de l'envie et de la motivation. A partir de là, je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose à travers lequel je vais pouvoir raconter tout ce parcours de résilience que je suis en train de mener. Et comme je suis quelqu'un de très sportif, je me suis dit naturellement qu'il fallait que je fasse un défi sportif. Donc j'ai cherché un petit peu ce que je pouvais faire, ce qui était aussi adapté à mon handicap, puisque avec 100 ans d'Achille aujourd'hui je peux pas courir, je peux pas sauter donc j'ai beaucoup beaucoup de... de contraintes quand même. Et comme je l'ai dit au début du podcast, je suis breton d'origine, et donc je me suis dit, il faut que je trouve quelque chose qui va me permettre à la fois de faire mon défi sportif, mais qui va aussi me permettre de revenir en terre bretonne. Et c'est comme ça un petit peu qu'est venue l'idée de faire un parcours de marche, puisque c'est à peu près le seul sport valide que je peux pratiquer aujourd'hui. Et en plus de ça, on t'a dit en 2018 que tu n'allais plus pouvoir marcher. ça fait sens de faire un défi où tu vas marcher. Et finalement, je suis arrivé à construire ce défi, ce projet, qui était de parcourir 1000 km à pied sur le GR34 en Bretagne, entre le Mont-Saint-Michel et la presqu'île de Crozon, qui est vraiment à l'extrémité de la Bretagne. Et donc, ce défi, c'était de parcourir ces 1000 km. et comme je suis compétiteur sportif et peut-être un peu fou aussi. J'avais envie de me mettre une limite en termes de temps. Et donc, j'ai décidé d'essayer de le faire en 40 jours. Ce qui voulait dire aussi 25 km par jour en moyenne sur ce défi. A partir du moment où j'ai décidé de faire ce défi, je suis rentré dans une phase de préparation et mon objectif était de partir fin du mois d'avril pour ce défi. Pourquoi j'avais décidé de partir au mois d'avril ? C'est parce que ma femme était enceinte et devait accoucher mi-août. Et donc j'avais décidé de faire fin avril pour pouvoir faire tout mon parcours en mai et début juin, pour pouvoir être présent à côté d'elle pour les trois derniers mois de sa grossesse. Et donc à cause du confinement, je n'ai pas pu partir. Mais j'avais vraiment envie de faire ce défi. Donc du coup, on a cherché une solution avec ma femme pour que je puisse faire cette aventure parce que moi, je n'avais pas envie de partir une fois que... Notre fille est née, j'avais pas envie de partir un mois et demi loin de ma femme et de ma fille pour faire mon défi tout seul. Et donc du coup on a trouvé une super solution, vraiment la meilleure solution pour que moi je puisse faire à la fois ce défi, mais aussi pouvoir voir grandir ma petite fille. Et c'est comme ça qu'est venue l'idée de partir tous les trois pour faire cette aventure, donc ça s'est transformé en aventure familiale. Et on a décidé que ma femme et ma fille allaient me suivre sur mon parcours en camping-car. Donc nous voilà sur le départ, on est fin août au Mont-Saint-Michel. Et donc là, déjà c'est super sympa parce que j'ai, étant breton d'origine, j'ai pas mal de famille et encore des amis qui sont dans la région. Ils sont venus m'accompagner pour le départ. Il y avait une trentaine de personnes à peu près pour partir. J'avais aussi convié, puisque l'objectif de mon défi, c'était de promouvoir le sport pour tous. J'avais aussi convié une personne qui était en fauteuil roulant et une association qui aide des enfants qui ne peuvent vraiment pas marcher à pouvoir faire du sport avec des joaillettes, à venir se joindre à moi pour le départ. Et donc du coup on a fait ce départ en petits groupes, on était une vingtaine et il y avait cette personne en fauteuil roulant, cette personne en jouellette qui ont parcouru avec moi quelques kilomètres pour commencer. Et donc voilà, ça a donné vraiment le ton, ça a annoncé vraiment le défi et ça a donné aussi le sens pour lequel je voulais me battre pendant ces 1000 kilomètres. Et me voilà parti pour ce que j'espère être 1000 kilomètres en 40 jours de marche à pied. Les 4-5 premiers jours se passent vraiment bien, à un bon rythme, même un très très bon rythme. Et finalement au bout du cinquième jour, on va dire que peut-être le rythme était un petit peu trop fort pour moi. Et mon corps m'a dit stop, mais un vrai stop, ce qu'on appelle un feu rouge, un feu rouge stop, puisque je ne pouvais plus marcher, tout simplement. J'avais extrêmement mal à la jambe opposée. Donc pas la jambe où j'étais blessé, mais l'autre jambe qui devait compenser depuis 5 jours vraiment à fond. Je boitais et je n'arrivais plus à faire plus de 2 mètres. Donc là, à ce moment-là, j'ai pris conscience qu'à la fois ça allait être très compliqué et qu'à la fois j'étais peut-être parti aussi un petit peu vite. Heureusement, en préparant aussi ce défi, je savais que j'allais avoir des pépins physiques. Et donc j'avais constitué un petit staff médical. Avec mon kiné, un médecin et un ostéopathe qui sont sur l'île et avec qui j'avais contact tous les jours pendant le défi et qui m'ont aidé déjà dans cette première difficulté à me dire un petit peu quoi faire. Donc j'ai vraiment suivi leurs conseils. Pendant un jour et demi, je n'ai pas du tout marché. J'ai fait les différents soins qu'ils m'ont expliqué qu'il fallait que je fasse. Et on va dire que j'ai quand même croisé les doigts en me disant est-ce que je vais pouvoir repartir ? Parce que vraiment, quand je voyais que je boitais, je ne pouvais pas faire plus de 2 mètres, je me dis là ça va être très compliqué. À ce moment-là, j'étais encore dans la région où j'avais encore de la famille, des amis qui étaient là aussi pour me soutenir, pour m'aider. Mais ils m'ont dit après qu'ils ne pensaient pas que j'allais repartir parce que vraiment j'avais vraiment des grosses douleurs. À ce moment-là, notre fille, qui avait trois semaines, ne dormait pas non plus beaucoup. On va dire qu'elle ne dormait même pas beaucoup du tout. Et donc, j'avais cette douleur. J'avais une grande fatigue parce que la nuit, on ne dormait pas beaucoup. Et la troisième chose, c'est qu'à partir de ce cinquième jour, on a commencé à vouloir partir en camping-car. Jusque maintenant, on dormait chez nos parents qui habitaient dans le coin. Donc, ça ne servait à rien d'utiliser le camping-car. on a voulu faire la progression en douceur. Et donc là, on a commencé aussi à préparer le camping-car, à organiser, on a eu quelques problèmes techniques sur le camping-car, on s'est rendu compte que ça allait pas être si simple que prévu. Et donc là, on avait trois gros facteurs, le fait que je sois blessé, le fait que notre fille ne dorme pas, et le fait que le camping-car, voilà, c'était pas aussi évident que ce qu'on avait prévu. Et là, on est le cinquième jour, et les doutes commencent à apparaître. Je commence à dire à ma femme, bon, bah, si c'est comme ça, je vais abandonner. Et ma femme m'a dit non, non, tu t'es préparé pour, t'as envie de le faire. Il y a aussi des gens qui te suivent, nous on est là pour t'aider, on ne va pas arrêter, on est là avec toi et on va y aller. Donc nous voilà repartis après ce cinquième jour, après cette blessure que j'ai finalement résolue. Et à partir de ce moment là, je décide de changer ma tactique de course, puisque jusque maintenant je faisais 25, 26, 27 km par jour, mais d'une traite, sans pause. Et là, je me dis que physiquement, je ne vais pas pouvoir aller jusqu'au bout comme ça. Je me rends compte un petit peu de mes limites physiques. Et je décide de découper ma journée en deux. C'est-à-dire que je vais faire une première partie d'étape le matin, c'est-à-dire entre 12 et 15 kilomètres. Et je vais faire une pause au midi, où je vais pouvoir retrouver ma femme, ma fille. On va pouvoir se retrouver ensemble. Pour repartir ensuite sur une deuxième partie d'étape l'après-midi. d'une grosse dizaine de kilomètres, ce qui me permettait de faire 4 heures de marche le matin, 3 heures de marche l'après-midi. Et donc j'arrive comme ça à faire quelques journées, sans trop de problèmes, en passant par des très beaux paysages. Et là on arrive au dixième jour, et là le dixième jour c'est vraiment une journée galère, une journée des extrêmes.

  • Speaker #2

    On n'a pas dormi la nuit, la petite on a décidé autrement.

  • Speaker #1

    Du coup première décision à 7h du mat, ça a été de dormir, on a littéralement fait une nuit blanche. Et du coup je suis parti à midi. Et donc qui dit parti à midi, dit une seule étape. Donc ça change déjà physiquement, remarquer 6h de suite avec la douleur c'était un peu compliqué. Deuxième galère, 3h de course, plus de montre, parce que ma montre j'avais pas pu charger mon électronique dans le camping-car. C'est les aléas du camping-car la nuit d'avant. Du coup, plus de monde, ça veut dire plus d'heures, ça c'est pas encore vraiment le plus important, mais c'est surtout que je pouvais pas voir qu'est-ce que j'avais fait comme chemin, qu'est-ce qu'il me restait à faire. Ça a un petit peu... J'ai une routine de nutrition. Toutes les 30 minutes, je bois et je mange, là, c'était pas possible. Et puis comme un malheur n'arrive jamais seul, téléphone au bout de 3h30, plus de batterie, 15% de batterie. Je pense que là, c'était l'étape qui me fait dire que je vais pouvoir aller au bout, parce que là, j'ai tout eu. je pourrais rien avoir de plus. Donc voilà, on va aller faire une bonne nuit, et on va espérer que demain ça sera plus calme.

  • Speaker #2

    Allez, ciao ciao !

  • Speaker #1

    Je repars donc après cette journée un petit peu compliquée, mais riche aussi en enseignements, et je continue à faire mes étapes de 25 kilomètres. Ce qui est sympa, c'est que je ne les fais pas forcément tout seul. Il y a certaines journées où je marche tout seul, mais il y a aussi d'autres journées où... Je rencontre des marcheurs sur le chemin avec qui on partage quelques kilomètres. C'est toujours intéressant de discuter avec les marcheurs, de voir pourquoi les gens y marchent. Souvent, c'est des petites étapes, mais souvent aussi, c'est des gens qui parcourent le GR34 en plusieurs fois et qui se disent « tiens, on va prendre 5-6 ans pour faire ce GR » . Et donc, c'est intéressant d'échanger sur les parcours qu'ils ont déjà faits et de raconter aussi mon histoire. Ça permet de passer le temps aussi plus rapidement, de penser à autre chose et de ne pas être juste tout seul dans sa bulle avec sa musique en train de marcher. J'ai aussi des copains qui me font une surprise, des copains qui habitent à Chamonix, qui me font une surprise aussi de débarquer un jour et de venir marcher avec moi deux jours. Donc voilà, ça fait partie des petits moments dont je me rappelle et qui m'ont aussi redonné des coups de boost. parce que bien sûr c'est une... Un défi physique, un petit peu contre mon corps, entre guillemets, mais c'est aussi vraiment un défi mental, parce que c'est vraiment de l'endurance et de la durée. Et voilà, il y a plein de petites choses qui m'ont redonné des coups de boost, et notamment quand Amaury et Mélodie sont arrivés et m'ont fait la surprise de venir marcher avec moi pendant deux jours. Et là, j'arrive à mi-parcours, j'arrive à 500 kilomètres. Waouh, waouh, waouh, il faut les mériter, les 500. Kilomètres ? J'ai fait 12 bornes, plus 300 déniblés et moins 300. Là c'est sympa parce que j'ai un de mes partenaires qui fait des vidéos en drone, qui vient filmer avec moi les 500 kilomètres. On est arrivé à Karantek, c'est une petite ville qui est vraiment super sympa en bord de mer. On va sur une plage, une des plages de Carantec, et on écrit ensemble un grand 500 sur la plage. Et puis ensuite, il me filme en train de passer cette ligne virtuelle des 500 kilomètres sur une plage à Carantec. Et ça, je m'en souviens, ça laisse des images parce que c'est la moitié, c'est 500. Et à la fois, à ce moment-là, je me dis, j'ai déjà fait 500 kilomètres. Et d'un autre côté... Et je me dis, il reste encore 500 kilomètres. Et je me dis, mais pourquoi tu t'es lancé ce défi de 1000 kilomètres ? C'est vraiment énorme. 1000 kilomètres, en fait, on ne s'en rend pas bien compte parce que c'est une grosse distance. Et 1000 kilomètres, j'ai cherché à trouver un équivalent parlant. Et 1000 kilomètres, c'est 24 marathons. Et à partir du moment où j'ai eu en tête que 1000 kilomètres, c'est 24 marathons, je me suis dit, waouh, t'es en train de... Ton objectif, en fait, c'est de faire l'équivalent de 24 marathons en 40 jours. C'est vraiment un truc de fou. Et rien que pour ça, parce que je suis compétiteur, je vais aller au bout, même si je sais qu'il m'en reste encore beaucoup. Et donc, à partir de ce moment-là, mentalement aussi, il y a quelque chose qui se déclenche. C'est que j'ai passé les 500 kilomètres. Et maintenant, au lieu de dire, voilà, j'ai fait 100, 120, 140, 200, 250, je vais pouvoir compter à l'envers. Je vais pouvoir me dire... Il me reste 400 km, il me reste 350 km. Et ça, mentalement, ça change tout. Parce que le chiffre de jour à jour diminue et me rapproche de plus en plus de l'arrivée. Donc voilà, je continue, après avoir passé cette mi-parcours, je continue à marcher, et petit à petit en fait mes départs du matin, petit à petit se décalent, c'est-à-dire qu'au début je partais le matin vers 7-8h, et avec toute ma routine, etc., et petit à petit ça se décale un petit peu, parce qu'en fait on a aussi pas mal de choses à faire avec le camping-car, on a les lessives à faire, on a les vidanges, il faut remplir l'eau, il y a pas mal de logistique en fait, qui se passe autour du défi et qui font que, ben voilà, petit à petit aussi mes départs se décalent un petit peu, je commence à partir vers 9h 9h30, 10h, mais ça me dérange pas trop finalement j'arrive à trouver un bon rythme et on arrive au jour 35 au jour 35 où j'arrive sur la presqu'île de Crozon donc là je viens de faire un petit peu tout le continent on va dire, enfin je viens de faire toute la côte bretonne et j'arrive vraiment ... Vers mon objectif, il me reste 5-6 jours de marche, j'arrive à la presqu'île de Crozon. C'est d'ailleurs assez symbolique cette arrivée sur la presqu'île, puisqu'en fait il y a un pont, un grand pont assez moderne, un petit peu incurvé, qui permet de relier le chemin où j'étais vers la presqu'île de Crozon. Et donc je passe ce pont, et là je me dis ça y est, je commence vraiment à arriver au bout.

  • Speaker #2

    Bon bah je crois qu'on n'a jamais été aussi proche de Crozon ! Voilà le pont ! qui va nous emmener à Crozon. Est-ce que c'est pas magnifique ? On y est, on y est, on y est ! Allez !

  • Speaker #1

    Et là, en fait, ce qui se passe à ce moment-là, c'est qu'on a un appel de la maman de Camille qui nous dit, vous avez regardé les infos ?

  • Speaker #3

    Et là, on lui dit,

  • Speaker #1

    bah non, nous, on n'est pas du tout connectés aux infos à ce moment-là, on est vraiment en train de vivre notre aventure, on partage juste un petit peu sur le réseau notre aventure, mais non, les infos, on ne suit pas. Elle nous dit, bah attention, il y a une tempête, la tempête Alex qui arrive, qui sera sur vous dans deux jours, qui a prévu d'être très puissante avec des vents à 150 km heure, et il faut absolument que vous vous mettiez à l'abri, parce qu'avec le camping-car, ça va être compliqué. et donc là on se dit waouh il y a cette tempête qui arrive sur nous on se dit On n'a pas du tout prévu. Et donc du coup, on commence un petit peu à regarder un peu les sites de météo et à se dire comment on va faire. Parce que c'est vrai que souvent, on aimait bien se poser le soir avec le camping-car un petit peu n'importe où. Et on se rend compte que là, ça va être compliqué parce qu'avec les vents qu'il y a, on en a fait une nuit comme ça, mais le camping-car, il bouge vraiment beaucoup. Donc on commence à adapter un peu la logistique. Et en fait, moi, je me rends compte à ce moment-là que pile au moment où la tempête doit arriver sur nous, je devrais être dans une étape de sous-bois, donc avec plein d'arbres. Et à ce moment-là, je me dis, non, c'est pas possible, cette étape, je vais pas pouvoir la faire maintenant, je vais me prendre des arbres sur la tête, on va adapter. Et finalement, voilà, j'ai changé un petit peu mon parcours, au lieu de rester au nord de la Presqu'île, je suis allé au sud. C'était un choix de ne pas rester dans les sous-bois, du coup, je me suis retrouvé sur des falaises, mais avec un vent qui me poussait plus vers l'intérieur et qui ne me poussait pas vers la mer. Du coup, j'ai décidé d'ajuster ça et comme on a eu cette information deux jours avant la tempête, pendant ces deux journées, j'ai fait 31 km pour avoir un petit peu d'avance et pour pouvoir me permettre de faire une journée un petit peu plus courte quand il y aurait la tempête.

  • Speaker #2

    Bon voilà, j'arrête pour aujourd'hui. J'ai bien poussé, j'ai fait 30 bornes. Du coup, demain, je me réveille avec plus de 10 km d'avance qui va permettre de gérer la tempête peut-être et de faire une petite journée au lieu d'une grosse. On va voir ça. En tout cas, on est pas mal.

  • Speaker #1

    Ce moment-là aussi, c'est un moment important parce que j'ai un copain qui est venu de Lille pour un week-end. Donc Jean et Alice sont venus pour un week-end nous rejoindre pour marcher et ils ont quand même fait beaucoup de route et plusieurs fois j'ai dit à Jean tu sais, il y a la tempête qui arrive, il va y avoir du vent, il va y avoir de la pluie, t'es sûr que vous voulez venir ? Il fait oui, oui, moi je veux absolument marcher avec toi, etc. Du coup ils sont arrivés sur un week-end qui devait être un week-end de tempête et en fait c'est ça qui est beau aussi en Bretagne, c'est que toutes les météos annonçaient une tempête incroyable et finalement il y a eu de la tempête mais on a eu aussi beaucoup de beau temps. Et donc avec Jean on a passé le week-end à marcher sur le nouveau parcours que j'avais créé en fait pour ces deux jours et on en a pris plein la vue, c'est-à-dire que c'est des sentiers que je n'aurais pas dû faire dans mon parcours. Ça fait partie du top 3 de mes parcours. Comme quoi une tempête peut finalement aussi, en s'adaptant, permettre de faire des choses magnifiques. On a marché tous les deux. On avait l'impression de temps en temps d'être dans les Calanques à Marseille. On a vraiment eu l'impression de voyager pendant un week-end. Il y avait des falaises, il y avait des pins. Ça changeait tout le temps. Le paysage changeait vraiment beaucoup et on a vraiment eu beaucoup de chance. Et donc j'ai pu partager ce week-end avec Jean et Alice, ma femme et ma petite fille. Et grâce à cette tempête, finalement, on a fait un parcours pas mal. Ils sont repartis et le lendemain, du coup, j'ai repris mon parcours classique. Et donc je suis allé dans le sous-bois que je devais parcourir pendant la tempête. Et là, j'ai constaté les dégâts de la tempête.

  • Speaker #2

    La tempête, Alex,

  • Speaker #1

    c'est pas une blague. Il y a eu du grabuge ici. Des arbres qui sont quand même assez énormes, partout par terre. Ça n'a pas rigolé. Ça n'a pas rigolé par ici. Et je me suis dit que j'avais bien fait de détourner un petit peu mon parcours pendant deux jours pour pouvoir ensuite continuer.

  • Speaker #0

    Et yeah !

  • Speaker #1

    Même si c'est encore loin, on aperçoit la presqu'île de Crozon ici. Avec la pointe ici qui est mon objectif final, pointe de pénir. On en a encore un peu loin, mais ça se rapproche. Et donc nous voilà le dernier jour, le 40e jour de course. Il me reste 25 km à parcourir. Je suis dans les temps, je suis super content. Là, je sais clairement que je vais aller au bout. Et j'ai mes parents qui me rejoignent. Il y a la maman de Camille. mon frère, ma sœur, qui me rejoignent aussi pour faire cette dernière étape avec moi. Et donc voilà, on part de la pointe des Espagnols à Crozon pour rejoindre du coup l'arrivée à la pointe de Pénir. Et ces 25 kilomètres se passent vraiment super bien. J'ai aucun problème physique à ce moment-là, ça déroule. Et on arrive sur le dernier kilomètre, le millième. Pour ce millième kilomètre, en fait, j'avais invité... Toutes les personnes qui le souhaitent parcourir avec moi ce dernier kilomètre. Et je ne savais pas du tout s'il y a des gens qui allaient venir, combien de personnes allaient venir. Et finalement, on se retrouve à une cinquantaine. Une cinquantaine de personnes à parcourir ce millième kilomètre. Beaucoup de personnes locales, de la ville locale, que je ne connais pas, avec qui je n'ai jamais parlé, qui sont là pour parcourir avec moi ce dernier kilomètre. Et ce qui se passe, c'est que j'avais donné une heure pour... Une heure de rendez-vous pour commencer ce dernier kilomètre. Et toute la journée, on a eu du beau temps. Et une demi-heure avant l'heure de départ pour le millième kilomètre, il a commencé à pleuvoir comme jamais. Et du coup, en fait, on a fait ce millième kilomètre sous la pluie, avec le vent de face. Il faisait froid parce que là, on arrive, on est le 7 octobre. Donc on est parti fin août. Je suis parti fin août, il faisait super beau. Là, on arrive le 7 octobre. Il fait 10 degrés de moins, il pleut, on a le vent de face. Et pour autant, les 50 personnes qui sont venues, dont plus de la moitié que je ne connais pas, sont restées et ont parcouru le millième kilomètre avec moi, sur les petits sentiers, sur le bord de la falaise, pour aller jusqu'à la pointe. Donc c'était super sympa. J'étais vraiment content de voir aussi qu'il y a des gens que je ne connaissais pas, qui étaient venus pour marcher. J'ai essayé de passer ce dernier kilomètre, qui a été peut-être le kilomètre le plus lent. Du défi, on a dû mettre une petite demi-heure, on y allait tranquillement. J'essayais de discuter un petit peu avec tout le monde pour savoir qui ils étaient, pourquoi ils venaient. Ils me disaient aussi que ce pourquoi je marchais, c'est-à-dire à la fois mon histoire, mais aussi le sport pour tous et mon message de résilience, c'était quelque chose qui les avait touchés. Ils avaient eu l'information dans le journal local et ils avaient eu envie de me soutenir sur ce dernier kilomètre. Et puis, en fait, j'ai juste eu à les suivre sur le dernier kilomètre parce que c'était des locaux. Donc, ils m'ont monté le chemin. Et donc, vraiment, c'était très sympa. On a oublié qu'il y avait la pluie, finalement. Et en arrivant à la pointe, il y avait Monsieur le maire, le maire de Camaray-sur-Mer, du coup, qui nous attendait, qui avait prévu de m'accueillir. Et donc, on arrive au bout de cette... pointe, sous la pluie, monsieur le maire tout seul, sans parapluie, ni rien du tout, qui nous attend, et qui nous attend auprès de la borne 1000 km, parce qu'en fait si j'ai choisi aussi de faire ce parcours, c'est parce que il y a une borne en granit qui a été posée en 2018 à cet endroit là, pour indiquer en fait que c'est le millième kilomètre du GR34, à partir du Mont Saint-Michel. Et donc j'arrive là, au bout de mon défi, il y a toute cette cinquantaine de personnes qui qui m'applaudissent, je dis bonjour au maire, le maire nous fait un petit discours, moi aussi j'en profite pour prendre la parole, et puis pour dire merci déjà, remercier à toutes ces personnes qui sont venues, et puis dire à quel point je suis fier d'avoir réussi à faire ce défi. de montrer que finalement, même s'il y a deux ans, on m'avait dit que je ne remarcherais peut-être pas, montrer qu'à force de travail, à force de motivation, à force d'envie, on peut réussir à faire des choses qui paraissent impossibles. Et j'ai aussi remercié évidemment ma femme et ma petite-fille qui étaient autour de moi pendant ce défi. Sans elles, clairement, le défi déjà n'aurait pas du tout été le même. Et puis, je ne sais pas, elles m'ont donné aussi de la motivation au quotidien, elles m'ont aidé, ma femme qui m'a aussi beaucoup aidé sur la logistique. Voilà, donc c'était vraiment un défi d'équipe et je suis vraiment fier aujourd'hui de l'avoir fait. J'ai quand même réussi à parcourir 1000 kilomètres en 40 jours alors qu'on m'avait dit que je ne marcherais peut-être jamais. Moi, j'aime bien l'idée d'essayer de repousser mes limites, mes nouvelles limites d'ailleurs, maintenant, physiques, puisque ce n'est plus les mêmes. C'est important d'essayer de rebondir et de transformer quelque chose qui paraît négatif en positif. J'y croyais vraiment dur comme fer avant. Maintenant, je peux dire que je l'ai fait et que je l'ai vécu, que ce n'est pas impossible. que je retiens de cette histoire, de cette aventure, c'est la phrase croire en ses rêves. C'est une phrase qui peut être lâchée, parfois comme ça, un petit peu, mais en fait, moi, je l'ai vécue.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Mathieu pour le partage de cette folle aventure et puis aussi pour cette leçon de courage, de travail, d'enthousiasme. Et puis merci à vous d'avoir suivi ce podcast. S'il vous a plu, comme d'habitude, n'hésitez pas à le partager et à mettre des étoiles sur Apple Podcast. Et on se donne rendez-vous pour d'autres histoires de sportifs. Salut !

Description

Aujourd'hui, je vous propose d'écouter l’histoire incroyable de Matthieu et de son GR34. Elle commence le jour où il se rompt le tendon d'Achille lors d’un match de football, son sport de cœur. Alors que la majorité des sportif·ves se remettent de cette blessure, ce n'est pas le cas pour Matthieu, pour qui l'idée de remarcher un jour devient quasiment impossible. Et pourtant… Matthieu a décidé de parcourir 1000 km à pied sur le GR34. Depuis le mont Saint-Michel jusqu’à la presqu’île de Crozon, il s’est donné 40 jours pour accomplir ce challenge. Découvrez l’histoire de résilience d’un homme à qui l’on a dit qu’il ne pourrait plus jamais marcher… L’histoire d’un homme qui repousse ses nouvelles limites à coups de travail, d’espoir et d’une bonne force de caractère. Je vous souhaite une belle écoute !


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On nous le dit assez souvent : pratiquer une activité physique, c'est bon pour la santé. Ce qu'on nous dit moins c'est comment on s'y prend ? Par où on commence ? Plus que de vous voir accomplir un exploit sportif, notre plus grande fierté serait de vous faire aimer le sport, durablement. Parce que c'est ça, le secret de la motivation : trouver l'activité qui vous apporte la dose de joie qu'il vous faut dans votre quotidien.


Producteur : Pipo et Lola


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans Histoire de Sportif. Vous le savez maintenant, c'est le podcast qui vous emmène à la rencontre de sportifs. Alors sportifs du quotidien, mais aussi parfois des sportifs et des sportives qui vivent des aventures extraordinaires. C'est le cas de Mathieu que nous allons rencontrer aujourd'hui. Alors pour vous faire un résumé sans trop dévoiler bien sûr, Mathieu joue au foot, Mathieu est victime d'une rupture du tendon d'Achille. A priori une opération plutôt banale doit s'en suivre, mais à cause de complications Mathieu se retrouve maintenant à tout jamais. sans tendon d'Achille du côté droit. Évidemment, les spécialistes, les médecins, s'accordent à dire que si Mathieu réussit à remarcher à peu près, c'est qu'il aura de la chance. Il n'en fallait pas plus pour galvaniser notre Mathieu. Voici le portrait d'un homme déterminé, tenace. Son truc à lui, c'est les défis.

  • Speaker #1

    Ce que je retiens de cette histoire, de cette aventure, c'est la phrase « croire en ses rêves » . C'est une phrase qui peut être lâchée, parfois comme ça, un petit peu, mais en fait... Moi, je l'ai vécu. Bonjour, je m'appelle Mathieu Jagu, j'ai 32 ans. Je suis breton d'origine et passionné de sport. En début 2018, j'ai eu un accident pendant un match de foot. Je me suis fait une rupture du tendon d'Achille sur une action assez anodine puisque j'étais défenseur central et j'étais en train de reculer pour me replacer en défense. Et d'un coup, je suis reparti en avant pour aller chercher un ballon. Et sur le coup, mon tendon d'Achille a lâché. Je suis allé à l'hôpital pour me faire opérer. C'est une opération qui est classique, qui est pratiquée par les chirurgiens. C'est souvent des sportifs qui sont touchés par cette blessure. Et normalement, c'est une blessure, on reste 2-3 jours à l'hôpital et ensuite il y a une phase de rééducation qui est assez longue avant de pouvoir reprendre les activités sportives. Mais moi j'ai eu pas mal de complications en fait après les opérations. J'ai eu des infections qui font qu'au lieu de rester trois jours à l'hôpital, je suis resté trois mois à l'hôpital. J'ai été opéré six fois en deux mois. Et donc je suis ressorti de l'hôpital avec un tendon d'Achille en moins, donc mon tendon droit. Et la première chose du coup que j'ai demandé à mes chirurgiens quand je suis sorti de l'hôpital c'est... Quand est-ce que je vais pouvoir retourner sur les terrains de sport ? Quand est-ce que je vais pouvoir retourner faire du foot avec mes potes ? Et là, ils m'ont regardé, ils m'ont dit, « Monsieur Jagu, si déjà un jour vous arrivez à remarcher, ça serait déjà incroyable. » Et donc, c'est là que commence vraiment l'histoire de résilience que je vais raconter juste après. Quand je suis sorti de l'hôpital, j'étais donc en fauteuil roulant, j'avais perdu 15 kilos et c'est là qu'a commencé en fait vraiment déjà une première course contre la montre, puisque deux ou trois mois après, je devais me marier. Et j'avais décidé en fait, pendant toute la partie où j'étais à l'hôpital pendant trois mois, mes chirurgiens me... m'encourager à reculer ce mariage parce que comme c'était assez flou, on ne savait pas trop où ça allait aller avec les différentes opérations, il m'avait plutôt encouragé à reculer en disant que je ne pourrais pas être debout, que ça serait compliqué pour moi. et en fait moi pour moi c'était vraiment important de conserver cette date parce que c'était un objectif ça me permettait d'avoir un objectif en fait pour me battre et donc quand je suis sorti de l'hôpital en fauteuil roulant je savais qu'il me restait deux mois et demi avant de me marier et donc ça m'a vraiment motivé à me lancer dans une rééducation de manière très intense. J'ai vu progressivement les progrès arriver puisque je pouvais de plus en plus porter un peu de poids sur ma jambe et je voyais les évolutions. Et comme je suis quelqu'un de challenge, je me suis dit, à mon mariage, pour l'entrée dans l'église, je n'ai pas envie d'être avec deux béquilles, les vieilles béquilles que tout le monde voit et qui fait vraiment handicapé. Je vais faire une surprise à ma femme. Et je vais acheter une canne anglaise un peu stylée, un peu sympa. Mais ça veut dire aussi que ce genre de canne, c'est des cannes qui ne portent pas et qui n'aident pas à porter le poids de son corps. Et donc ça demandait un effort encore supplémentaire. Et ce qui est assez fou, c'est que la veille de mon mariage, je me suis entraîné dans mon salon avec ma maman à mon bras. Et je n'arrivais pas à faire plus de 2 mètres. Et c'est bizarre, mais à aucun moment je me suis dit que je n'y arriverais pas le lendemain. j'ai eu... Je me suis dit, aujourd'hui, je n'y arrive pas, mais demain, ça va le faire. Et en fait, le lendemain, pendant le mariage, le jour J, je suis arrivé dans l'église, j'ai fait les 30 mètres avec ma maman à mon bras et ma canne, avec tous mes amis, toute ma famille qui... me regardaient, qui m'ont même applaudi quand je suis rentré, c'était vraiment un truc de malade. J'ai réussi à rester quasiment debout toute la messe et à refaire la sortie du coup au bras de ma femme cette fois-ci avec cette canne. J'ai d'ailleurs mes copains de foot qui m'ont fait un petit clin d'œil à la sortie et qui ont fait une haie d'honneur avec des cannes en plastique qu'ils avaient achetées. et donc du coup je suis sorti deux rangées de mes potes de foot qui qui qui ont fait une petite chanson à la sortie avec des cannes en plastique pour montrer qu'eux aussi me soutenaient dans cette épreuve. C'était le premier objectif que j'ai réussi à accomplir en sortant de l'hôpital. Donc après ce premier objectif du mariage, j'ai vraiment continué à travailler en rééducation. Petit à petit, j'ai passé les paliers, c'est-à-dire que je suis passé de fauteuil roulant à deux béquilles, de deux béquilles à une béquille, de une béquille à pouvoir marcher en autonomie sur quelques mètres, puis progressivement quelques centaines de mètres, avec une douleur qui était toujours là, mais en tout cas avec un progrès qui se faisait sentir. et en fait... Petit à petit, j'ai eu pas mal de copains qui m'ont dit « mais tu devrais écrire un livre ou raconter cette histoire parce qu'en fait, tu es en train de faire un truc de fou » . Moi, je ne m'en rendais pas forcément compte parce que j'étais vraiment dans mon objectif de travailler en kiné tous les jours, de vouloir remarcher et de vouloir recourir. Et je n'avais pas forcément cette notion que ça pouvait servir aussi de parler de ça, de servir à certaines personnes. et donc voilà, ça c'est resté dans un coin de ma tête et un jour en En novembre 2019, j'étais à la Gare Saint-Sauveur à Lille et il y avait une projection de film d'aventurier. Et j'étais là assis dans cette salle et je me suis dit que j'aimerais bien qu'un jour il y ait quelqu'un qui regarde le film de mon histoire. Le film de Mathieu à qui on avait prédit qu'il ne remarcherait pas, mais qui a fait un défi, qui a montré que c'était possible finalement avec du travail, de l'envie et de la motivation. A partir de là, je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose à travers lequel je vais pouvoir raconter tout ce parcours de résilience que je suis en train de mener. Et comme je suis quelqu'un de très sportif, je me suis dit naturellement qu'il fallait que je fasse un défi sportif. Donc j'ai cherché un petit peu ce que je pouvais faire, ce qui était aussi adapté à mon handicap, puisque avec 100 ans d'Achille aujourd'hui je peux pas courir, je peux pas sauter donc j'ai beaucoup beaucoup de... de contraintes quand même. Et comme je l'ai dit au début du podcast, je suis breton d'origine, et donc je me suis dit, il faut que je trouve quelque chose qui va me permettre à la fois de faire mon défi sportif, mais qui va aussi me permettre de revenir en terre bretonne. Et c'est comme ça un petit peu qu'est venue l'idée de faire un parcours de marche, puisque c'est à peu près le seul sport valide que je peux pratiquer aujourd'hui. Et en plus de ça, on t'a dit en 2018 que tu n'allais plus pouvoir marcher. ça fait sens de faire un défi où tu vas marcher. Et finalement, je suis arrivé à construire ce défi, ce projet, qui était de parcourir 1000 km à pied sur le GR34 en Bretagne, entre le Mont-Saint-Michel et la presqu'île de Crozon, qui est vraiment à l'extrémité de la Bretagne. Et donc, ce défi, c'était de parcourir ces 1000 km. et comme je suis compétiteur sportif et peut-être un peu fou aussi. J'avais envie de me mettre une limite en termes de temps. Et donc, j'ai décidé d'essayer de le faire en 40 jours. Ce qui voulait dire aussi 25 km par jour en moyenne sur ce défi. A partir du moment où j'ai décidé de faire ce défi, je suis rentré dans une phase de préparation et mon objectif était de partir fin du mois d'avril pour ce défi. Pourquoi j'avais décidé de partir au mois d'avril ? C'est parce que ma femme était enceinte et devait accoucher mi-août. Et donc j'avais décidé de faire fin avril pour pouvoir faire tout mon parcours en mai et début juin, pour pouvoir être présent à côté d'elle pour les trois derniers mois de sa grossesse. Et donc à cause du confinement, je n'ai pas pu partir. Mais j'avais vraiment envie de faire ce défi. Donc du coup, on a cherché une solution avec ma femme pour que je puisse faire cette aventure parce que moi, je n'avais pas envie de partir une fois que... Notre fille est née, j'avais pas envie de partir un mois et demi loin de ma femme et de ma fille pour faire mon défi tout seul. Et donc du coup on a trouvé une super solution, vraiment la meilleure solution pour que moi je puisse faire à la fois ce défi, mais aussi pouvoir voir grandir ma petite fille. Et c'est comme ça qu'est venue l'idée de partir tous les trois pour faire cette aventure, donc ça s'est transformé en aventure familiale. Et on a décidé que ma femme et ma fille allaient me suivre sur mon parcours en camping-car. Donc nous voilà sur le départ, on est fin août au Mont-Saint-Michel. Et donc là, déjà c'est super sympa parce que j'ai, étant breton d'origine, j'ai pas mal de famille et encore des amis qui sont dans la région. Ils sont venus m'accompagner pour le départ. Il y avait une trentaine de personnes à peu près pour partir. J'avais aussi convié, puisque l'objectif de mon défi, c'était de promouvoir le sport pour tous. J'avais aussi convié une personne qui était en fauteuil roulant et une association qui aide des enfants qui ne peuvent vraiment pas marcher à pouvoir faire du sport avec des joaillettes, à venir se joindre à moi pour le départ. Et donc du coup on a fait ce départ en petits groupes, on était une vingtaine et il y avait cette personne en fauteuil roulant, cette personne en jouellette qui ont parcouru avec moi quelques kilomètres pour commencer. Et donc voilà, ça a donné vraiment le ton, ça a annoncé vraiment le défi et ça a donné aussi le sens pour lequel je voulais me battre pendant ces 1000 kilomètres. Et me voilà parti pour ce que j'espère être 1000 kilomètres en 40 jours de marche à pied. Les 4-5 premiers jours se passent vraiment bien, à un bon rythme, même un très très bon rythme. Et finalement au bout du cinquième jour, on va dire que peut-être le rythme était un petit peu trop fort pour moi. Et mon corps m'a dit stop, mais un vrai stop, ce qu'on appelle un feu rouge, un feu rouge stop, puisque je ne pouvais plus marcher, tout simplement. J'avais extrêmement mal à la jambe opposée. Donc pas la jambe où j'étais blessé, mais l'autre jambe qui devait compenser depuis 5 jours vraiment à fond. Je boitais et je n'arrivais plus à faire plus de 2 mètres. Donc là, à ce moment-là, j'ai pris conscience qu'à la fois ça allait être très compliqué et qu'à la fois j'étais peut-être parti aussi un petit peu vite. Heureusement, en préparant aussi ce défi, je savais que j'allais avoir des pépins physiques. Et donc j'avais constitué un petit staff médical. Avec mon kiné, un médecin et un ostéopathe qui sont sur l'île et avec qui j'avais contact tous les jours pendant le défi et qui m'ont aidé déjà dans cette première difficulté à me dire un petit peu quoi faire. Donc j'ai vraiment suivi leurs conseils. Pendant un jour et demi, je n'ai pas du tout marché. J'ai fait les différents soins qu'ils m'ont expliqué qu'il fallait que je fasse. Et on va dire que j'ai quand même croisé les doigts en me disant est-ce que je vais pouvoir repartir ? Parce que vraiment, quand je voyais que je boitais, je ne pouvais pas faire plus de 2 mètres, je me dis là ça va être très compliqué. À ce moment-là, j'étais encore dans la région où j'avais encore de la famille, des amis qui étaient là aussi pour me soutenir, pour m'aider. Mais ils m'ont dit après qu'ils ne pensaient pas que j'allais repartir parce que vraiment j'avais vraiment des grosses douleurs. À ce moment-là, notre fille, qui avait trois semaines, ne dormait pas non plus beaucoup. On va dire qu'elle ne dormait même pas beaucoup du tout. Et donc, j'avais cette douleur. J'avais une grande fatigue parce que la nuit, on ne dormait pas beaucoup. Et la troisième chose, c'est qu'à partir de ce cinquième jour, on a commencé à vouloir partir en camping-car. Jusque maintenant, on dormait chez nos parents qui habitaient dans le coin. Donc, ça ne servait à rien d'utiliser le camping-car. on a voulu faire la progression en douceur. Et donc là, on a commencé aussi à préparer le camping-car, à organiser, on a eu quelques problèmes techniques sur le camping-car, on s'est rendu compte que ça allait pas être si simple que prévu. Et donc là, on avait trois gros facteurs, le fait que je sois blessé, le fait que notre fille ne dorme pas, et le fait que le camping-car, voilà, c'était pas aussi évident que ce qu'on avait prévu. Et là, on est le cinquième jour, et les doutes commencent à apparaître. Je commence à dire à ma femme, bon, bah, si c'est comme ça, je vais abandonner. Et ma femme m'a dit non, non, tu t'es préparé pour, t'as envie de le faire. Il y a aussi des gens qui te suivent, nous on est là pour t'aider, on ne va pas arrêter, on est là avec toi et on va y aller. Donc nous voilà repartis après ce cinquième jour, après cette blessure que j'ai finalement résolue. Et à partir de ce moment là, je décide de changer ma tactique de course, puisque jusque maintenant je faisais 25, 26, 27 km par jour, mais d'une traite, sans pause. Et là, je me dis que physiquement, je ne vais pas pouvoir aller jusqu'au bout comme ça. Je me rends compte un petit peu de mes limites physiques. Et je décide de découper ma journée en deux. C'est-à-dire que je vais faire une première partie d'étape le matin, c'est-à-dire entre 12 et 15 kilomètres. Et je vais faire une pause au midi, où je vais pouvoir retrouver ma femme, ma fille. On va pouvoir se retrouver ensemble. Pour repartir ensuite sur une deuxième partie d'étape l'après-midi. d'une grosse dizaine de kilomètres, ce qui me permettait de faire 4 heures de marche le matin, 3 heures de marche l'après-midi. Et donc j'arrive comme ça à faire quelques journées, sans trop de problèmes, en passant par des très beaux paysages. Et là on arrive au dixième jour, et là le dixième jour c'est vraiment une journée galère, une journée des extrêmes.

  • Speaker #2

    On n'a pas dormi la nuit, la petite on a décidé autrement.

  • Speaker #1

    Du coup première décision à 7h du mat, ça a été de dormir, on a littéralement fait une nuit blanche. Et du coup je suis parti à midi. Et donc qui dit parti à midi, dit une seule étape. Donc ça change déjà physiquement, remarquer 6h de suite avec la douleur c'était un peu compliqué. Deuxième galère, 3h de course, plus de montre, parce que ma montre j'avais pas pu charger mon électronique dans le camping-car. C'est les aléas du camping-car la nuit d'avant. Du coup, plus de monde, ça veut dire plus d'heures, ça c'est pas encore vraiment le plus important, mais c'est surtout que je pouvais pas voir qu'est-ce que j'avais fait comme chemin, qu'est-ce qu'il me restait à faire. Ça a un petit peu... J'ai une routine de nutrition. Toutes les 30 minutes, je bois et je mange, là, c'était pas possible. Et puis comme un malheur n'arrive jamais seul, téléphone au bout de 3h30, plus de batterie, 15% de batterie. Je pense que là, c'était l'étape qui me fait dire que je vais pouvoir aller au bout, parce que là, j'ai tout eu. je pourrais rien avoir de plus. Donc voilà, on va aller faire une bonne nuit, et on va espérer que demain ça sera plus calme.

  • Speaker #2

    Allez, ciao ciao !

  • Speaker #1

    Je repars donc après cette journée un petit peu compliquée, mais riche aussi en enseignements, et je continue à faire mes étapes de 25 kilomètres. Ce qui est sympa, c'est que je ne les fais pas forcément tout seul. Il y a certaines journées où je marche tout seul, mais il y a aussi d'autres journées où... Je rencontre des marcheurs sur le chemin avec qui on partage quelques kilomètres. C'est toujours intéressant de discuter avec les marcheurs, de voir pourquoi les gens y marchent. Souvent, c'est des petites étapes, mais souvent aussi, c'est des gens qui parcourent le GR34 en plusieurs fois et qui se disent « tiens, on va prendre 5-6 ans pour faire ce GR » . Et donc, c'est intéressant d'échanger sur les parcours qu'ils ont déjà faits et de raconter aussi mon histoire. Ça permet de passer le temps aussi plus rapidement, de penser à autre chose et de ne pas être juste tout seul dans sa bulle avec sa musique en train de marcher. J'ai aussi des copains qui me font une surprise, des copains qui habitent à Chamonix, qui me font une surprise aussi de débarquer un jour et de venir marcher avec moi deux jours. Donc voilà, ça fait partie des petits moments dont je me rappelle et qui m'ont aussi redonné des coups de boost. parce que bien sûr c'est une... Un défi physique, un petit peu contre mon corps, entre guillemets, mais c'est aussi vraiment un défi mental, parce que c'est vraiment de l'endurance et de la durée. Et voilà, il y a plein de petites choses qui m'ont redonné des coups de boost, et notamment quand Amaury et Mélodie sont arrivés et m'ont fait la surprise de venir marcher avec moi pendant deux jours. Et là, j'arrive à mi-parcours, j'arrive à 500 kilomètres. Waouh, waouh, waouh, il faut les mériter, les 500. Kilomètres ? J'ai fait 12 bornes, plus 300 déniblés et moins 300. Là c'est sympa parce que j'ai un de mes partenaires qui fait des vidéos en drone, qui vient filmer avec moi les 500 kilomètres. On est arrivé à Karantek, c'est une petite ville qui est vraiment super sympa en bord de mer. On va sur une plage, une des plages de Carantec, et on écrit ensemble un grand 500 sur la plage. Et puis ensuite, il me filme en train de passer cette ligne virtuelle des 500 kilomètres sur une plage à Carantec. Et ça, je m'en souviens, ça laisse des images parce que c'est la moitié, c'est 500. Et à la fois, à ce moment-là, je me dis, j'ai déjà fait 500 kilomètres. Et d'un autre côté... Et je me dis, il reste encore 500 kilomètres. Et je me dis, mais pourquoi tu t'es lancé ce défi de 1000 kilomètres ? C'est vraiment énorme. 1000 kilomètres, en fait, on ne s'en rend pas bien compte parce que c'est une grosse distance. Et 1000 kilomètres, j'ai cherché à trouver un équivalent parlant. Et 1000 kilomètres, c'est 24 marathons. Et à partir du moment où j'ai eu en tête que 1000 kilomètres, c'est 24 marathons, je me suis dit, waouh, t'es en train de... Ton objectif, en fait, c'est de faire l'équivalent de 24 marathons en 40 jours. C'est vraiment un truc de fou. Et rien que pour ça, parce que je suis compétiteur, je vais aller au bout, même si je sais qu'il m'en reste encore beaucoup. Et donc, à partir de ce moment-là, mentalement aussi, il y a quelque chose qui se déclenche. C'est que j'ai passé les 500 kilomètres. Et maintenant, au lieu de dire, voilà, j'ai fait 100, 120, 140, 200, 250, je vais pouvoir compter à l'envers. Je vais pouvoir me dire... Il me reste 400 km, il me reste 350 km. Et ça, mentalement, ça change tout. Parce que le chiffre de jour à jour diminue et me rapproche de plus en plus de l'arrivée. Donc voilà, je continue, après avoir passé cette mi-parcours, je continue à marcher, et petit à petit en fait mes départs du matin, petit à petit se décalent, c'est-à-dire qu'au début je partais le matin vers 7-8h, et avec toute ma routine, etc., et petit à petit ça se décale un petit peu, parce qu'en fait on a aussi pas mal de choses à faire avec le camping-car, on a les lessives à faire, on a les vidanges, il faut remplir l'eau, il y a pas mal de logistique en fait, qui se passe autour du défi et qui font que, ben voilà, petit à petit aussi mes départs se décalent un petit peu, je commence à partir vers 9h 9h30, 10h, mais ça me dérange pas trop finalement j'arrive à trouver un bon rythme et on arrive au jour 35 au jour 35 où j'arrive sur la presqu'île de Crozon donc là je viens de faire un petit peu tout le continent on va dire, enfin je viens de faire toute la côte bretonne et j'arrive vraiment ... Vers mon objectif, il me reste 5-6 jours de marche, j'arrive à la presqu'île de Crozon. C'est d'ailleurs assez symbolique cette arrivée sur la presqu'île, puisqu'en fait il y a un pont, un grand pont assez moderne, un petit peu incurvé, qui permet de relier le chemin où j'étais vers la presqu'île de Crozon. Et donc je passe ce pont, et là je me dis ça y est, je commence vraiment à arriver au bout.

  • Speaker #2

    Bon bah je crois qu'on n'a jamais été aussi proche de Crozon ! Voilà le pont ! qui va nous emmener à Crozon. Est-ce que c'est pas magnifique ? On y est, on y est, on y est ! Allez !

  • Speaker #1

    Et là, en fait, ce qui se passe à ce moment-là, c'est qu'on a un appel de la maman de Camille qui nous dit, vous avez regardé les infos ?

  • Speaker #3

    Et là, on lui dit,

  • Speaker #1

    bah non, nous, on n'est pas du tout connectés aux infos à ce moment-là, on est vraiment en train de vivre notre aventure, on partage juste un petit peu sur le réseau notre aventure, mais non, les infos, on ne suit pas. Elle nous dit, bah attention, il y a une tempête, la tempête Alex qui arrive, qui sera sur vous dans deux jours, qui a prévu d'être très puissante avec des vents à 150 km heure, et il faut absolument que vous vous mettiez à l'abri, parce qu'avec le camping-car, ça va être compliqué. et donc là on se dit waouh il y a cette tempête qui arrive sur nous on se dit On n'a pas du tout prévu. Et donc du coup, on commence un petit peu à regarder un peu les sites de météo et à se dire comment on va faire. Parce que c'est vrai que souvent, on aimait bien se poser le soir avec le camping-car un petit peu n'importe où. Et on se rend compte que là, ça va être compliqué parce qu'avec les vents qu'il y a, on en a fait une nuit comme ça, mais le camping-car, il bouge vraiment beaucoup. Donc on commence à adapter un peu la logistique. Et en fait, moi, je me rends compte à ce moment-là que pile au moment où la tempête doit arriver sur nous, je devrais être dans une étape de sous-bois, donc avec plein d'arbres. Et à ce moment-là, je me dis, non, c'est pas possible, cette étape, je vais pas pouvoir la faire maintenant, je vais me prendre des arbres sur la tête, on va adapter. Et finalement, voilà, j'ai changé un petit peu mon parcours, au lieu de rester au nord de la Presqu'île, je suis allé au sud. C'était un choix de ne pas rester dans les sous-bois, du coup, je me suis retrouvé sur des falaises, mais avec un vent qui me poussait plus vers l'intérieur et qui ne me poussait pas vers la mer. Du coup, j'ai décidé d'ajuster ça et comme on a eu cette information deux jours avant la tempête, pendant ces deux journées, j'ai fait 31 km pour avoir un petit peu d'avance et pour pouvoir me permettre de faire une journée un petit peu plus courte quand il y aurait la tempête.

  • Speaker #2

    Bon voilà, j'arrête pour aujourd'hui. J'ai bien poussé, j'ai fait 30 bornes. Du coup, demain, je me réveille avec plus de 10 km d'avance qui va permettre de gérer la tempête peut-être et de faire une petite journée au lieu d'une grosse. On va voir ça. En tout cas, on est pas mal.

  • Speaker #1

    Ce moment-là aussi, c'est un moment important parce que j'ai un copain qui est venu de Lille pour un week-end. Donc Jean et Alice sont venus pour un week-end nous rejoindre pour marcher et ils ont quand même fait beaucoup de route et plusieurs fois j'ai dit à Jean tu sais, il y a la tempête qui arrive, il va y avoir du vent, il va y avoir de la pluie, t'es sûr que vous voulez venir ? Il fait oui, oui, moi je veux absolument marcher avec toi, etc. Du coup ils sont arrivés sur un week-end qui devait être un week-end de tempête et en fait c'est ça qui est beau aussi en Bretagne, c'est que toutes les météos annonçaient une tempête incroyable et finalement il y a eu de la tempête mais on a eu aussi beaucoup de beau temps. Et donc avec Jean on a passé le week-end à marcher sur le nouveau parcours que j'avais créé en fait pour ces deux jours et on en a pris plein la vue, c'est-à-dire que c'est des sentiers que je n'aurais pas dû faire dans mon parcours. Ça fait partie du top 3 de mes parcours. Comme quoi une tempête peut finalement aussi, en s'adaptant, permettre de faire des choses magnifiques. On a marché tous les deux. On avait l'impression de temps en temps d'être dans les Calanques à Marseille. On a vraiment eu l'impression de voyager pendant un week-end. Il y avait des falaises, il y avait des pins. Ça changeait tout le temps. Le paysage changeait vraiment beaucoup et on a vraiment eu beaucoup de chance. Et donc j'ai pu partager ce week-end avec Jean et Alice, ma femme et ma petite fille. Et grâce à cette tempête, finalement, on a fait un parcours pas mal. Ils sont repartis et le lendemain, du coup, j'ai repris mon parcours classique. Et donc je suis allé dans le sous-bois que je devais parcourir pendant la tempête. Et là, j'ai constaté les dégâts de la tempête.

  • Speaker #2

    La tempête, Alex,

  • Speaker #1

    c'est pas une blague. Il y a eu du grabuge ici. Des arbres qui sont quand même assez énormes, partout par terre. Ça n'a pas rigolé. Ça n'a pas rigolé par ici. Et je me suis dit que j'avais bien fait de détourner un petit peu mon parcours pendant deux jours pour pouvoir ensuite continuer.

  • Speaker #0

    Et yeah !

  • Speaker #1

    Même si c'est encore loin, on aperçoit la presqu'île de Crozon ici. Avec la pointe ici qui est mon objectif final, pointe de pénir. On en a encore un peu loin, mais ça se rapproche. Et donc nous voilà le dernier jour, le 40e jour de course. Il me reste 25 km à parcourir. Je suis dans les temps, je suis super content. Là, je sais clairement que je vais aller au bout. Et j'ai mes parents qui me rejoignent. Il y a la maman de Camille. mon frère, ma sœur, qui me rejoignent aussi pour faire cette dernière étape avec moi. Et donc voilà, on part de la pointe des Espagnols à Crozon pour rejoindre du coup l'arrivée à la pointe de Pénir. Et ces 25 kilomètres se passent vraiment super bien. J'ai aucun problème physique à ce moment-là, ça déroule. Et on arrive sur le dernier kilomètre, le millième. Pour ce millième kilomètre, en fait, j'avais invité... Toutes les personnes qui le souhaitent parcourir avec moi ce dernier kilomètre. Et je ne savais pas du tout s'il y a des gens qui allaient venir, combien de personnes allaient venir. Et finalement, on se retrouve à une cinquantaine. Une cinquantaine de personnes à parcourir ce millième kilomètre. Beaucoup de personnes locales, de la ville locale, que je ne connais pas, avec qui je n'ai jamais parlé, qui sont là pour parcourir avec moi ce dernier kilomètre. Et ce qui se passe, c'est que j'avais donné une heure pour... Une heure de rendez-vous pour commencer ce dernier kilomètre. Et toute la journée, on a eu du beau temps. Et une demi-heure avant l'heure de départ pour le millième kilomètre, il a commencé à pleuvoir comme jamais. Et du coup, en fait, on a fait ce millième kilomètre sous la pluie, avec le vent de face. Il faisait froid parce que là, on arrive, on est le 7 octobre. Donc on est parti fin août. Je suis parti fin août, il faisait super beau. Là, on arrive le 7 octobre. Il fait 10 degrés de moins, il pleut, on a le vent de face. Et pour autant, les 50 personnes qui sont venues, dont plus de la moitié que je ne connais pas, sont restées et ont parcouru le millième kilomètre avec moi, sur les petits sentiers, sur le bord de la falaise, pour aller jusqu'à la pointe. Donc c'était super sympa. J'étais vraiment content de voir aussi qu'il y a des gens que je ne connaissais pas, qui étaient venus pour marcher. J'ai essayé de passer ce dernier kilomètre, qui a été peut-être le kilomètre le plus lent. Du défi, on a dû mettre une petite demi-heure, on y allait tranquillement. J'essayais de discuter un petit peu avec tout le monde pour savoir qui ils étaient, pourquoi ils venaient. Ils me disaient aussi que ce pourquoi je marchais, c'est-à-dire à la fois mon histoire, mais aussi le sport pour tous et mon message de résilience, c'était quelque chose qui les avait touchés. Ils avaient eu l'information dans le journal local et ils avaient eu envie de me soutenir sur ce dernier kilomètre. Et puis, en fait, j'ai juste eu à les suivre sur le dernier kilomètre parce que c'était des locaux. Donc, ils m'ont monté le chemin. Et donc, vraiment, c'était très sympa. On a oublié qu'il y avait la pluie, finalement. Et en arrivant à la pointe, il y avait Monsieur le maire, le maire de Camaray-sur-Mer, du coup, qui nous attendait, qui avait prévu de m'accueillir. Et donc, on arrive au bout de cette... pointe, sous la pluie, monsieur le maire tout seul, sans parapluie, ni rien du tout, qui nous attend, et qui nous attend auprès de la borne 1000 km, parce qu'en fait si j'ai choisi aussi de faire ce parcours, c'est parce que il y a une borne en granit qui a été posée en 2018 à cet endroit là, pour indiquer en fait que c'est le millième kilomètre du GR34, à partir du Mont Saint-Michel. Et donc j'arrive là, au bout de mon défi, il y a toute cette cinquantaine de personnes qui qui m'applaudissent, je dis bonjour au maire, le maire nous fait un petit discours, moi aussi j'en profite pour prendre la parole, et puis pour dire merci déjà, remercier à toutes ces personnes qui sont venues, et puis dire à quel point je suis fier d'avoir réussi à faire ce défi. de montrer que finalement, même s'il y a deux ans, on m'avait dit que je ne remarcherais peut-être pas, montrer qu'à force de travail, à force de motivation, à force d'envie, on peut réussir à faire des choses qui paraissent impossibles. Et j'ai aussi remercié évidemment ma femme et ma petite-fille qui étaient autour de moi pendant ce défi. Sans elles, clairement, le défi déjà n'aurait pas du tout été le même. Et puis, je ne sais pas, elles m'ont donné aussi de la motivation au quotidien, elles m'ont aidé, ma femme qui m'a aussi beaucoup aidé sur la logistique. Voilà, donc c'était vraiment un défi d'équipe et je suis vraiment fier aujourd'hui de l'avoir fait. J'ai quand même réussi à parcourir 1000 kilomètres en 40 jours alors qu'on m'avait dit que je ne marcherais peut-être jamais. Moi, j'aime bien l'idée d'essayer de repousser mes limites, mes nouvelles limites d'ailleurs, maintenant, physiques, puisque ce n'est plus les mêmes. C'est important d'essayer de rebondir et de transformer quelque chose qui paraît négatif en positif. J'y croyais vraiment dur comme fer avant. Maintenant, je peux dire que je l'ai fait et que je l'ai vécu, que ce n'est pas impossible. que je retiens de cette histoire, de cette aventure, c'est la phrase croire en ses rêves. C'est une phrase qui peut être lâchée, parfois comme ça, un petit peu, mais en fait, moi, je l'ai vécue.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Mathieu pour le partage de cette folle aventure et puis aussi pour cette leçon de courage, de travail, d'enthousiasme. Et puis merci à vous d'avoir suivi ce podcast. S'il vous a plu, comme d'habitude, n'hésitez pas à le partager et à mettre des étoiles sur Apple Podcast. Et on se donne rendez-vous pour d'autres histoires de sportifs. Salut !

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Aujourd'hui, je vous propose d'écouter l’histoire incroyable de Matthieu et de son GR34. Elle commence le jour où il se rompt le tendon d'Achille lors d’un match de football, son sport de cœur. Alors que la majorité des sportif·ves se remettent de cette blessure, ce n'est pas le cas pour Matthieu, pour qui l'idée de remarcher un jour devient quasiment impossible. Et pourtant… Matthieu a décidé de parcourir 1000 km à pied sur le GR34. Depuis le mont Saint-Michel jusqu’à la presqu’île de Crozon, il s’est donné 40 jours pour accomplir ce challenge. Découvrez l’histoire de résilience d’un homme à qui l’on a dit qu’il ne pourrait plus jamais marcher… L’histoire d’un homme qui repousse ses nouvelles limites à coups de travail, d’espoir et d’une bonne force de caractère. Je vous souhaite une belle écoute !


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Les Conseils de sportifs et des sportives, c’est le podcast de DECATHLON qui vous accompagne dans votre pratique sportive, qui vous aide à débuter ou à reprendre le sport. C’est aussi le podcast qui vous prouve que l’activité physique, c’est avant tout du plaisir ! Grâce aux conseils et astuces d'expert•es en la matière et aux partages d'expériences de vie de pratiquant•es, chaque épisode est une nouvelle occasion d'en apprendre un peu plus sur votre (future) passion !


Découvrez également Conseil Sport, le média dont l'objectif est de vous encourager à vous (re)mettre au sport et de vous aider à progresser dans votre pratique.


On nous le dit assez souvent : pratiquer une activité physique, c'est bon pour la santé. Ce qu'on nous dit moins c'est comment on s'y prend ? Par où on commence ? Plus que de vous voir accomplir un exploit sportif, notre plus grande fierté serait de vous faire aimer le sport, durablement. Parce que c'est ça, le secret de la motivation : trouver l'activité qui vous apporte la dose de joie qu'il vous faut dans votre quotidien.


Producteur : Pipo et Lola


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans Histoire de Sportif. Vous le savez maintenant, c'est le podcast qui vous emmène à la rencontre de sportifs. Alors sportifs du quotidien, mais aussi parfois des sportifs et des sportives qui vivent des aventures extraordinaires. C'est le cas de Mathieu que nous allons rencontrer aujourd'hui. Alors pour vous faire un résumé sans trop dévoiler bien sûr, Mathieu joue au foot, Mathieu est victime d'une rupture du tendon d'Achille. A priori une opération plutôt banale doit s'en suivre, mais à cause de complications Mathieu se retrouve maintenant à tout jamais. sans tendon d'Achille du côté droit. Évidemment, les spécialistes, les médecins, s'accordent à dire que si Mathieu réussit à remarcher à peu près, c'est qu'il aura de la chance. Il n'en fallait pas plus pour galvaniser notre Mathieu. Voici le portrait d'un homme déterminé, tenace. Son truc à lui, c'est les défis.

  • Speaker #1

    Ce que je retiens de cette histoire, de cette aventure, c'est la phrase « croire en ses rêves » . C'est une phrase qui peut être lâchée, parfois comme ça, un petit peu, mais en fait... Moi, je l'ai vécu. Bonjour, je m'appelle Mathieu Jagu, j'ai 32 ans. Je suis breton d'origine et passionné de sport. En début 2018, j'ai eu un accident pendant un match de foot. Je me suis fait une rupture du tendon d'Achille sur une action assez anodine puisque j'étais défenseur central et j'étais en train de reculer pour me replacer en défense. Et d'un coup, je suis reparti en avant pour aller chercher un ballon. Et sur le coup, mon tendon d'Achille a lâché. Je suis allé à l'hôpital pour me faire opérer. C'est une opération qui est classique, qui est pratiquée par les chirurgiens. C'est souvent des sportifs qui sont touchés par cette blessure. Et normalement, c'est une blessure, on reste 2-3 jours à l'hôpital et ensuite il y a une phase de rééducation qui est assez longue avant de pouvoir reprendre les activités sportives. Mais moi j'ai eu pas mal de complications en fait après les opérations. J'ai eu des infections qui font qu'au lieu de rester trois jours à l'hôpital, je suis resté trois mois à l'hôpital. J'ai été opéré six fois en deux mois. Et donc je suis ressorti de l'hôpital avec un tendon d'Achille en moins, donc mon tendon droit. Et la première chose du coup que j'ai demandé à mes chirurgiens quand je suis sorti de l'hôpital c'est... Quand est-ce que je vais pouvoir retourner sur les terrains de sport ? Quand est-ce que je vais pouvoir retourner faire du foot avec mes potes ? Et là, ils m'ont regardé, ils m'ont dit, « Monsieur Jagu, si déjà un jour vous arrivez à remarcher, ça serait déjà incroyable. » Et donc, c'est là que commence vraiment l'histoire de résilience que je vais raconter juste après. Quand je suis sorti de l'hôpital, j'étais donc en fauteuil roulant, j'avais perdu 15 kilos et c'est là qu'a commencé en fait vraiment déjà une première course contre la montre, puisque deux ou trois mois après, je devais me marier. Et j'avais décidé en fait, pendant toute la partie où j'étais à l'hôpital pendant trois mois, mes chirurgiens me... m'encourager à reculer ce mariage parce que comme c'était assez flou, on ne savait pas trop où ça allait aller avec les différentes opérations, il m'avait plutôt encouragé à reculer en disant que je ne pourrais pas être debout, que ça serait compliqué pour moi. et en fait moi pour moi c'était vraiment important de conserver cette date parce que c'était un objectif ça me permettait d'avoir un objectif en fait pour me battre et donc quand je suis sorti de l'hôpital en fauteuil roulant je savais qu'il me restait deux mois et demi avant de me marier et donc ça m'a vraiment motivé à me lancer dans une rééducation de manière très intense. J'ai vu progressivement les progrès arriver puisque je pouvais de plus en plus porter un peu de poids sur ma jambe et je voyais les évolutions. Et comme je suis quelqu'un de challenge, je me suis dit, à mon mariage, pour l'entrée dans l'église, je n'ai pas envie d'être avec deux béquilles, les vieilles béquilles que tout le monde voit et qui fait vraiment handicapé. Je vais faire une surprise à ma femme. Et je vais acheter une canne anglaise un peu stylée, un peu sympa. Mais ça veut dire aussi que ce genre de canne, c'est des cannes qui ne portent pas et qui n'aident pas à porter le poids de son corps. Et donc ça demandait un effort encore supplémentaire. Et ce qui est assez fou, c'est que la veille de mon mariage, je me suis entraîné dans mon salon avec ma maman à mon bras. Et je n'arrivais pas à faire plus de 2 mètres. Et c'est bizarre, mais à aucun moment je me suis dit que je n'y arriverais pas le lendemain. j'ai eu... Je me suis dit, aujourd'hui, je n'y arrive pas, mais demain, ça va le faire. Et en fait, le lendemain, pendant le mariage, le jour J, je suis arrivé dans l'église, j'ai fait les 30 mètres avec ma maman à mon bras et ma canne, avec tous mes amis, toute ma famille qui... me regardaient, qui m'ont même applaudi quand je suis rentré, c'était vraiment un truc de malade. J'ai réussi à rester quasiment debout toute la messe et à refaire la sortie du coup au bras de ma femme cette fois-ci avec cette canne. J'ai d'ailleurs mes copains de foot qui m'ont fait un petit clin d'œil à la sortie et qui ont fait une haie d'honneur avec des cannes en plastique qu'ils avaient achetées. et donc du coup je suis sorti deux rangées de mes potes de foot qui qui qui ont fait une petite chanson à la sortie avec des cannes en plastique pour montrer qu'eux aussi me soutenaient dans cette épreuve. C'était le premier objectif que j'ai réussi à accomplir en sortant de l'hôpital. Donc après ce premier objectif du mariage, j'ai vraiment continué à travailler en rééducation. Petit à petit, j'ai passé les paliers, c'est-à-dire que je suis passé de fauteuil roulant à deux béquilles, de deux béquilles à une béquille, de une béquille à pouvoir marcher en autonomie sur quelques mètres, puis progressivement quelques centaines de mètres, avec une douleur qui était toujours là, mais en tout cas avec un progrès qui se faisait sentir. et en fait... Petit à petit, j'ai eu pas mal de copains qui m'ont dit « mais tu devrais écrire un livre ou raconter cette histoire parce qu'en fait, tu es en train de faire un truc de fou » . Moi, je ne m'en rendais pas forcément compte parce que j'étais vraiment dans mon objectif de travailler en kiné tous les jours, de vouloir remarcher et de vouloir recourir. Et je n'avais pas forcément cette notion que ça pouvait servir aussi de parler de ça, de servir à certaines personnes. et donc voilà, ça c'est resté dans un coin de ma tête et un jour en En novembre 2019, j'étais à la Gare Saint-Sauveur à Lille et il y avait une projection de film d'aventurier. Et j'étais là assis dans cette salle et je me suis dit que j'aimerais bien qu'un jour il y ait quelqu'un qui regarde le film de mon histoire. Le film de Mathieu à qui on avait prédit qu'il ne remarcherait pas, mais qui a fait un défi, qui a montré que c'était possible finalement avec du travail, de l'envie et de la motivation. A partir de là, je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose à travers lequel je vais pouvoir raconter tout ce parcours de résilience que je suis en train de mener. Et comme je suis quelqu'un de très sportif, je me suis dit naturellement qu'il fallait que je fasse un défi sportif. Donc j'ai cherché un petit peu ce que je pouvais faire, ce qui était aussi adapté à mon handicap, puisque avec 100 ans d'Achille aujourd'hui je peux pas courir, je peux pas sauter donc j'ai beaucoup beaucoup de... de contraintes quand même. Et comme je l'ai dit au début du podcast, je suis breton d'origine, et donc je me suis dit, il faut que je trouve quelque chose qui va me permettre à la fois de faire mon défi sportif, mais qui va aussi me permettre de revenir en terre bretonne. Et c'est comme ça un petit peu qu'est venue l'idée de faire un parcours de marche, puisque c'est à peu près le seul sport valide que je peux pratiquer aujourd'hui. Et en plus de ça, on t'a dit en 2018 que tu n'allais plus pouvoir marcher. ça fait sens de faire un défi où tu vas marcher. Et finalement, je suis arrivé à construire ce défi, ce projet, qui était de parcourir 1000 km à pied sur le GR34 en Bretagne, entre le Mont-Saint-Michel et la presqu'île de Crozon, qui est vraiment à l'extrémité de la Bretagne. Et donc, ce défi, c'était de parcourir ces 1000 km. et comme je suis compétiteur sportif et peut-être un peu fou aussi. J'avais envie de me mettre une limite en termes de temps. Et donc, j'ai décidé d'essayer de le faire en 40 jours. Ce qui voulait dire aussi 25 km par jour en moyenne sur ce défi. A partir du moment où j'ai décidé de faire ce défi, je suis rentré dans une phase de préparation et mon objectif était de partir fin du mois d'avril pour ce défi. Pourquoi j'avais décidé de partir au mois d'avril ? C'est parce que ma femme était enceinte et devait accoucher mi-août. Et donc j'avais décidé de faire fin avril pour pouvoir faire tout mon parcours en mai et début juin, pour pouvoir être présent à côté d'elle pour les trois derniers mois de sa grossesse. Et donc à cause du confinement, je n'ai pas pu partir. Mais j'avais vraiment envie de faire ce défi. Donc du coup, on a cherché une solution avec ma femme pour que je puisse faire cette aventure parce que moi, je n'avais pas envie de partir une fois que... Notre fille est née, j'avais pas envie de partir un mois et demi loin de ma femme et de ma fille pour faire mon défi tout seul. Et donc du coup on a trouvé une super solution, vraiment la meilleure solution pour que moi je puisse faire à la fois ce défi, mais aussi pouvoir voir grandir ma petite fille. Et c'est comme ça qu'est venue l'idée de partir tous les trois pour faire cette aventure, donc ça s'est transformé en aventure familiale. Et on a décidé que ma femme et ma fille allaient me suivre sur mon parcours en camping-car. Donc nous voilà sur le départ, on est fin août au Mont-Saint-Michel. Et donc là, déjà c'est super sympa parce que j'ai, étant breton d'origine, j'ai pas mal de famille et encore des amis qui sont dans la région. Ils sont venus m'accompagner pour le départ. Il y avait une trentaine de personnes à peu près pour partir. J'avais aussi convié, puisque l'objectif de mon défi, c'était de promouvoir le sport pour tous. J'avais aussi convié une personne qui était en fauteuil roulant et une association qui aide des enfants qui ne peuvent vraiment pas marcher à pouvoir faire du sport avec des joaillettes, à venir se joindre à moi pour le départ. Et donc du coup on a fait ce départ en petits groupes, on était une vingtaine et il y avait cette personne en fauteuil roulant, cette personne en jouellette qui ont parcouru avec moi quelques kilomètres pour commencer. Et donc voilà, ça a donné vraiment le ton, ça a annoncé vraiment le défi et ça a donné aussi le sens pour lequel je voulais me battre pendant ces 1000 kilomètres. Et me voilà parti pour ce que j'espère être 1000 kilomètres en 40 jours de marche à pied. Les 4-5 premiers jours se passent vraiment bien, à un bon rythme, même un très très bon rythme. Et finalement au bout du cinquième jour, on va dire que peut-être le rythme était un petit peu trop fort pour moi. Et mon corps m'a dit stop, mais un vrai stop, ce qu'on appelle un feu rouge, un feu rouge stop, puisque je ne pouvais plus marcher, tout simplement. J'avais extrêmement mal à la jambe opposée. Donc pas la jambe où j'étais blessé, mais l'autre jambe qui devait compenser depuis 5 jours vraiment à fond. Je boitais et je n'arrivais plus à faire plus de 2 mètres. Donc là, à ce moment-là, j'ai pris conscience qu'à la fois ça allait être très compliqué et qu'à la fois j'étais peut-être parti aussi un petit peu vite. Heureusement, en préparant aussi ce défi, je savais que j'allais avoir des pépins physiques. Et donc j'avais constitué un petit staff médical. Avec mon kiné, un médecin et un ostéopathe qui sont sur l'île et avec qui j'avais contact tous les jours pendant le défi et qui m'ont aidé déjà dans cette première difficulté à me dire un petit peu quoi faire. Donc j'ai vraiment suivi leurs conseils. Pendant un jour et demi, je n'ai pas du tout marché. J'ai fait les différents soins qu'ils m'ont expliqué qu'il fallait que je fasse. Et on va dire que j'ai quand même croisé les doigts en me disant est-ce que je vais pouvoir repartir ? Parce que vraiment, quand je voyais que je boitais, je ne pouvais pas faire plus de 2 mètres, je me dis là ça va être très compliqué. À ce moment-là, j'étais encore dans la région où j'avais encore de la famille, des amis qui étaient là aussi pour me soutenir, pour m'aider. Mais ils m'ont dit après qu'ils ne pensaient pas que j'allais repartir parce que vraiment j'avais vraiment des grosses douleurs. À ce moment-là, notre fille, qui avait trois semaines, ne dormait pas non plus beaucoup. On va dire qu'elle ne dormait même pas beaucoup du tout. Et donc, j'avais cette douleur. J'avais une grande fatigue parce que la nuit, on ne dormait pas beaucoup. Et la troisième chose, c'est qu'à partir de ce cinquième jour, on a commencé à vouloir partir en camping-car. Jusque maintenant, on dormait chez nos parents qui habitaient dans le coin. Donc, ça ne servait à rien d'utiliser le camping-car. on a voulu faire la progression en douceur. Et donc là, on a commencé aussi à préparer le camping-car, à organiser, on a eu quelques problèmes techniques sur le camping-car, on s'est rendu compte que ça allait pas être si simple que prévu. Et donc là, on avait trois gros facteurs, le fait que je sois blessé, le fait que notre fille ne dorme pas, et le fait que le camping-car, voilà, c'était pas aussi évident que ce qu'on avait prévu. Et là, on est le cinquième jour, et les doutes commencent à apparaître. Je commence à dire à ma femme, bon, bah, si c'est comme ça, je vais abandonner. Et ma femme m'a dit non, non, tu t'es préparé pour, t'as envie de le faire. Il y a aussi des gens qui te suivent, nous on est là pour t'aider, on ne va pas arrêter, on est là avec toi et on va y aller. Donc nous voilà repartis après ce cinquième jour, après cette blessure que j'ai finalement résolue. Et à partir de ce moment là, je décide de changer ma tactique de course, puisque jusque maintenant je faisais 25, 26, 27 km par jour, mais d'une traite, sans pause. Et là, je me dis que physiquement, je ne vais pas pouvoir aller jusqu'au bout comme ça. Je me rends compte un petit peu de mes limites physiques. Et je décide de découper ma journée en deux. C'est-à-dire que je vais faire une première partie d'étape le matin, c'est-à-dire entre 12 et 15 kilomètres. Et je vais faire une pause au midi, où je vais pouvoir retrouver ma femme, ma fille. On va pouvoir se retrouver ensemble. Pour repartir ensuite sur une deuxième partie d'étape l'après-midi. d'une grosse dizaine de kilomètres, ce qui me permettait de faire 4 heures de marche le matin, 3 heures de marche l'après-midi. Et donc j'arrive comme ça à faire quelques journées, sans trop de problèmes, en passant par des très beaux paysages. Et là on arrive au dixième jour, et là le dixième jour c'est vraiment une journée galère, une journée des extrêmes.

  • Speaker #2

    On n'a pas dormi la nuit, la petite on a décidé autrement.

  • Speaker #1

    Du coup première décision à 7h du mat, ça a été de dormir, on a littéralement fait une nuit blanche. Et du coup je suis parti à midi. Et donc qui dit parti à midi, dit une seule étape. Donc ça change déjà physiquement, remarquer 6h de suite avec la douleur c'était un peu compliqué. Deuxième galère, 3h de course, plus de montre, parce que ma montre j'avais pas pu charger mon électronique dans le camping-car. C'est les aléas du camping-car la nuit d'avant. Du coup, plus de monde, ça veut dire plus d'heures, ça c'est pas encore vraiment le plus important, mais c'est surtout que je pouvais pas voir qu'est-ce que j'avais fait comme chemin, qu'est-ce qu'il me restait à faire. Ça a un petit peu... J'ai une routine de nutrition. Toutes les 30 minutes, je bois et je mange, là, c'était pas possible. Et puis comme un malheur n'arrive jamais seul, téléphone au bout de 3h30, plus de batterie, 15% de batterie. Je pense que là, c'était l'étape qui me fait dire que je vais pouvoir aller au bout, parce que là, j'ai tout eu. je pourrais rien avoir de plus. Donc voilà, on va aller faire une bonne nuit, et on va espérer que demain ça sera plus calme.

  • Speaker #2

    Allez, ciao ciao !

  • Speaker #1

    Je repars donc après cette journée un petit peu compliquée, mais riche aussi en enseignements, et je continue à faire mes étapes de 25 kilomètres. Ce qui est sympa, c'est que je ne les fais pas forcément tout seul. Il y a certaines journées où je marche tout seul, mais il y a aussi d'autres journées où... Je rencontre des marcheurs sur le chemin avec qui on partage quelques kilomètres. C'est toujours intéressant de discuter avec les marcheurs, de voir pourquoi les gens y marchent. Souvent, c'est des petites étapes, mais souvent aussi, c'est des gens qui parcourent le GR34 en plusieurs fois et qui se disent « tiens, on va prendre 5-6 ans pour faire ce GR » . Et donc, c'est intéressant d'échanger sur les parcours qu'ils ont déjà faits et de raconter aussi mon histoire. Ça permet de passer le temps aussi plus rapidement, de penser à autre chose et de ne pas être juste tout seul dans sa bulle avec sa musique en train de marcher. J'ai aussi des copains qui me font une surprise, des copains qui habitent à Chamonix, qui me font une surprise aussi de débarquer un jour et de venir marcher avec moi deux jours. Donc voilà, ça fait partie des petits moments dont je me rappelle et qui m'ont aussi redonné des coups de boost. parce que bien sûr c'est une... Un défi physique, un petit peu contre mon corps, entre guillemets, mais c'est aussi vraiment un défi mental, parce que c'est vraiment de l'endurance et de la durée. Et voilà, il y a plein de petites choses qui m'ont redonné des coups de boost, et notamment quand Amaury et Mélodie sont arrivés et m'ont fait la surprise de venir marcher avec moi pendant deux jours. Et là, j'arrive à mi-parcours, j'arrive à 500 kilomètres. Waouh, waouh, waouh, il faut les mériter, les 500. Kilomètres ? J'ai fait 12 bornes, plus 300 déniblés et moins 300. Là c'est sympa parce que j'ai un de mes partenaires qui fait des vidéos en drone, qui vient filmer avec moi les 500 kilomètres. On est arrivé à Karantek, c'est une petite ville qui est vraiment super sympa en bord de mer. On va sur une plage, une des plages de Carantec, et on écrit ensemble un grand 500 sur la plage. Et puis ensuite, il me filme en train de passer cette ligne virtuelle des 500 kilomètres sur une plage à Carantec. Et ça, je m'en souviens, ça laisse des images parce que c'est la moitié, c'est 500. Et à la fois, à ce moment-là, je me dis, j'ai déjà fait 500 kilomètres. Et d'un autre côté... Et je me dis, il reste encore 500 kilomètres. Et je me dis, mais pourquoi tu t'es lancé ce défi de 1000 kilomètres ? C'est vraiment énorme. 1000 kilomètres, en fait, on ne s'en rend pas bien compte parce que c'est une grosse distance. Et 1000 kilomètres, j'ai cherché à trouver un équivalent parlant. Et 1000 kilomètres, c'est 24 marathons. Et à partir du moment où j'ai eu en tête que 1000 kilomètres, c'est 24 marathons, je me suis dit, waouh, t'es en train de... Ton objectif, en fait, c'est de faire l'équivalent de 24 marathons en 40 jours. C'est vraiment un truc de fou. Et rien que pour ça, parce que je suis compétiteur, je vais aller au bout, même si je sais qu'il m'en reste encore beaucoup. Et donc, à partir de ce moment-là, mentalement aussi, il y a quelque chose qui se déclenche. C'est que j'ai passé les 500 kilomètres. Et maintenant, au lieu de dire, voilà, j'ai fait 100, 120, 140, 200, 250, je vais pouvoir compter à l'envers. Je vais pouvoir me dire... Il me reste 400 km, il me reste 350 km. Et ça, mentalement, ça change tout. Parce que le chiffre de jour à jour diminue et me rapproche de plus en plus de l'arrivée. Donc voilà, je continue, après avoir passé cette mi-parcours, je continue à marcher, et petit à petit en fait mes départs du matin, petit à petit se décalent, c'est-à-dire qu'au début je partais le matin vers 7-8h, et avec toute ma routine, etc., et petit à petit ça se décale un petit peu, parce qu'en fait on a aussi pas mal de choses à faire avec le camping-car, on a les lessives à faire, on a les vidanges, il faut remplir l'eau, il y a pas mal de logistique en fait, qui se passe autour du défi et qui font que, ben voilà, petit à petit aussi mes départs se décalent un petit peu, je commence à partir vers 9h 9h30, 10h, mais ça me dérange pas trop finalement j'arrive à trouver un bon rythme et on arrive au jour 35 au jour 35 où j'arrive sur la presqu'île de Crozon donc là je viens de faire un petit peu tout le continent on va dire, enfin je viens de faire toute la côte bretonne et j'arrive vraiment ... Vers mon objectif, il me reste 5-6 jours de marche, j'arrive à la presqu'île de Crozon. C'est d'ailleurs assez symbolique cette arrivée sur la presqu'île, puisqu'en fait il y a un pont, un grand pont assez moderne, un petit peu incurvé, qui permet de relier le chemin où j'étais vers la presqu'île de Crozon. Et donc je passe ce pont, et là je me dis ça y est, je commence vraiment à arriver au bout.

  • Speaker #2

    Bon bah je crois qu'on n'a jamais été aussi proche de Crozon ! Voilà le pont ! qui va nous emmener à Crozon. Est-ce que c'est pas magnifique ? On y est, on y est, on y est ! Allez !

  • Speaker #1

    Et là, en fait, ce qui se passe à ce moment-là, c'est qu'on a un appel de la maman de Camille qui nous dit, vous avez regardé les infos ?

  • Speaker #3

    Et là, on lui dit,

  • Speaker #1

    bah non, nous, on n'est pas du tout connectés aux infos à ce moment-là, on est vraiment en train de vivre notre aventure, on partage juste un petit peu sur le réseau notre aventure, mais non, les infos, on ne suit pas. Elle nous dit, bah attention, il y a une tempête, la tempête Alex qui arrive, qui sera sur vous dans deux jours, qui a prévu d'être très puissante avec des vents à 150 km heure, et il faut absolument que vous vous mettiez à l'abri, parce qu'avec le camping-car, ça va être compliqué. et donc là on se dit waouh il y a cette tempête qui arrive sur nous on se dit On n'a pas du tout prévu. Et donc du coup, on commence un petit peu à regarder un peu les sites de météo et à se dire comment on va faire. Parce que c'est vrai que souvent, on aimait bien se poser le soir avec le camping-car un petit peu n'importe où. Et on se rend compte que là, ça va être compliqué parce qu'avec les vents qu'il y a, on en a fait une nuit comme ça, mais le camping-car, il bouge vraiment beaucoup. Donc on commence à adapter un peu la logistique. Et en fait, moi, je me rends compte à ce moment-là que pile au moment où la tempête doit arriver sur nous, je devrais être dans une étape de sous-bois, donc avec plein d'arbres. Et à ce moment-là, je me dis, non, c'est pas possible, cette étape, je vais pas pouvoir la faire maintenant, je vais me prendre des arbres sur la tête, on va adapter. Et finalement, voilà, j'ai changé un petit peu mon parcours, au lieu de rester au nord de la Presqu'île, je suis allé au sud. C'était un choix de ne pas rester dans les sous-bois, du coup, je me suis retrouvé sur des falaises, mais avec un vent qui me poussait plus vers l'intérieur et qui ne me poussait pas vers la mer. Du coup, j'ai décidé d'ajuster ça et comme on a eu cette information deux jours avant la tempête, pendant ces deux journées, j'ai fait 31 km pour avoir un petit peu d'avance et pour pouvoir me permettre de faire une journée un petit peu plus courte quand il y aurait la tempête.

  • Speaker #2

    Bon voilà, j'arrête pour aujourd'hui. J'ai bien poussé, j'ai fait 30 bornes. Du coup, demain, je me réveille avec plus de 10 km d'avance qui va permettre de gérer la tempête peut-être et de faire une petite journée au lieu d'une grosse. On va voir ça. En tout cas, on est pas mal.

  • Speaker #1

    Ce moment-là aussi, c'est un moment important parce que j'ai un copain qui est venu de Lille pour un week-end. Donc Jean et Alice sont venus pour un week-end nous rejoindre pour marcher et ils ont quand même fait beaucoup de route et plusieurs fois j'ai dit à Jean tu sais, il y a la tempête qui arrive, il va y avoir du vent, il va y avoir de la pluie, t'es sûr que vous voulez venir ? Il fait oui, oui, moi je veux absolument marcher avec toi, etc. Du coup ils sont arrivés sur un week-end qui devait être un week-end de tempête et en fait c'est ça qui est beau aussi en Bretagne, c'est que toutes les météos annonçaient une tempête incroyable et finalement il y a eu de la tempête mais on a eu aussi beaucoup de beau temps. Et donc avec Jean on a passé le week-end à marcher sur le nouveau parcours que j'avais créé en fait pour ces deux jours et on en a pris plein la vue, c'est-à-dire que c'est des sentiers que je n'aurais pas dû faire dans mon parcours. Ça fait partie du top 3 de mes parcours. Comme quoi une tempête peut finalement aussi, en s'adaptant, permettre de faire des choses magnifiques. On a marché tous les deux. On avait l'impression de temps en temps d'être dans les Calanques à Marseille. On a vraiment eu l'impression de voyager pendant un week-end. Il y avait des falaises, il y avait des pins. Ça changeait tout le temps. Le paysage changeait vraiment beaucoup et on a vraiment eu beaucoup de chance. Et donc j'ai pu partager ce week-end avec Jean et Alice, ma femme et ma petite fille. Et grâce à cette tempête, finalement, on a fait un parcours pas mal. Ils sont repartis et le lendemain, du coup, j'ai repris mon parcours classique. Et donc je suis allé dans le sous-bois que je devais parcourir pendant la tempête. Et là, j'ai constaté les dégâts de la tempête.

  • Speaker #2

    La tempête, Alex,

  • Speaker #1

    c'est pas une blague. Il y a eu du grabuge ici. Des arbres qui sont quand même assez énormes, partout par terre. Ça n'a pas rigolé. Ça n'a pas rigolé par ici. Et je me suis dit que j'avais bien fait de détourner un petit peu mon parcours pendant deux jours pour pouvoir ensuite continuer.

  • Speaker #0

    Et yeah !

  • Speaker #1

    Même si c'est encore loin, on aperçoit la presqu'île de Crozon ici. Avec la pointe ici qui est mon objectif final, pointe de pénir. On en a encore un peu loin, mais ça se rapproche. Et donc nous voilà le dernier jour, le 40e jour de course. Il me reste 25 km à parcourir. Je suis dans les temps, je suis super content. Là, je sais clairement que je vais aller au bout. Et j'ai mes parents qui me rejoignent. Il y a la maman de Camille. mon frère, ma sœur, qui me rejoignent aussi pour faire cette dernière étape avec moi. Et donc voilà, on part de la pointe des Espagnols à Crozon pour rejoindre du coup l'arrivée à la pointe de Pénir. Et ces 25 kilomètres se passent vraiment super bien. J'ai aucun problème physique à ce moment-là, ça déroule. Et on arrive sur le dernier kilomètre, le millième. Pour ce millième kilomètre, en fait, j'avais invité... Toutes les personnes qui le souhaitent parcourir avec moi ce dernier kilomètre. Et je ne savais pas du tout s'il y a des gens qui allaient venir, combien de personnes allaient venir. Et finalement, on se retrouve à une cinquantaine. Une cinquantaine de personnes à parcourir ce millième kilomètre. Beaucoup de personnes locales, de la ville locale, que je ne connais pas, avec qui je n'ai jamais parlé, qui sont là pour parcourir avec moi ce dernier kilomètre. Et ce qui se passe, c'est que j'avais donné une heure pour... Une heure de rendez-vous pour commencer ce dernier kilomètre. Et toute la journée, on a eu du beau temps. Et une demi-heure avant l'heure de départ pour le millième kilomètre, il a commencé à pleuvoir comme jamais. Et du coup, en fait, on a fait ce millième kilomètre sous la pluie, avec le vent de face. Il faisait froid parce que là, on arrive, on est le 7 octobre. Donc on est parti fin août. Je suis parti fin août, il faisait super beau. Là, on arrive le 7 octobre. Il fait 10 degrés de moins, il pleut, on a le vent de face. Et pour autant, les 50 personnes qui sont venues, dont plus de la moitié que je ne connais pas, sont restées et ont parcouru le millième kilomètre avec moi, sur les petits sentiers, sur le bord de la falaise, pour aller jusqu'à la pointe. Donc c'était super sympa. J'étais vraiment content de voir aussi qu'il y a des gens que je ne connaissais pas, qui étaient venus pour marcher. J'ai essayé de passer ce dernier kilomètre, qui a été peut-être le kilomètre le plus lent. Du défi, on a dû mettre une petite demi-heure, on y allait tranquillement. J'essayais de discuter un petit peu avec tout le monde pour savoir qui ils étaient, pourquoi ils venaient. Ils me disaient aussi que ce pourquoi je marchais, c'est-à-dire à la fois mon histoire, mais aussi le sport pour tous et mon message de résilience, c'était quelque chose qui les avait touchés. Ils avaient eu l'information dans le journal local et ils avaient eu envie de me soutenir sur ce dernier kilomètre. Et puis, en fait, j'ai juste eu à les suivre sur le dernier kilomètre parce que c'était des locaux. Donc, ils m'ont monté le chemin. Et donc, vraiment, c'était très sympa. On a oublié qu'il y avait la pluie, finalement. Et en arrivant à la pointe, il y avait Monsieur le maire, le maire de Camaray-sur-Mer, du coup, qui nous attendait, qui avait prévu de m'accueillir. Et donc, on arrive au bout de cette... pointe, sous la pluie, monsieur le maire tout seul, sans parapluie, ni rien du tout, qui nous attend, et qui nous attend auprès de la borne 1000 km, parce qu'en fait si j'ai choisi aussi de faire ce parcours, c'est parce que il y a une borne en granit qui a été posée en 2018 à cet endroit là, pour indiquer en fait que c'est le millième kilomètre du GR34, à partir du Mont Saint-Michel. Et donc j'arrive là, au bout de mon défi, il y a toute cette cinquantaine de personnes qui qui m'applaudissent, je dis bonjour au maire, le maire nous fait un petit discours, moi aussi j'en profite pour prendre la parole, et puis pour dire merci déjà, remercier à toutes ces personnes qui sont venues, et puis dire à quel point je suis fier d'avoir réussi à faire ce défi. de montrer que finalement, même s'il y a deux ans, on m'avait dit que je ne remarcherais peut-être pas, montrer qu'à force de travail, à force de motivation, à force d'envie, on peut réussir à faire des choses qui paraissent impossibles. Et j'ai aussi remercié évidemment ma femme et ma petite-fille qui étaient autour de moi pendant ce défi. Sans elles, clairement, le défi déjà n'aurait pas du tout été le même. Et puis, je ne sais pas, elles m'ont donné aussi de la motivation au quotidien, elles m'ont aidé, ma femme qui m'a aussi beaucoup aidé sur la logistique. Voilà, donc c'était vraiment un défi d'équipe et je suis vraiment fier aujourd'hui de l'avoir fait. J'ai quand même réussi à parcourir 1000 kilomètres en 40 jours alors qu'on m'avait dit que je ne marcherais peut-être jamais. Moi, j'aime bien l'idée d'essayer de repousser mes limites, mes nouvelles limites d'ailleurs, maintenant, physiques, puisque ce n'est plus les mêmes. C'est important d'essayer de rebondir et de transformer quelque chose qui paraît négatif en positif. J'y croyais vraiment dur comme fer avant. Maintenant, je peux dire que je l'ai fait et que je l'ai vécu, que ce n'est pas impossible. que je retiens de cette histoire, de cette aventure, c'est la phrase croire en ses rêves. C'est une phrase qui peut être lâchée, parfois comme ça, un petit peu, mais en fait, moi, je l'ai vécue.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Mathieu pour le partage de cette folle aventure et puis aussi pour cette leçon de courage, de travail, d'enthousiasme. Et puis merci à vous d'avoir suivi ce podcast. S'il vous a plu, comme d'habitude, n'hésitez pas à le partager et à mettre des étoiles sur Apple Podcast. Et on se donne rendez-vous pour d'autres histoires de sportifs. Salut !

Description

Aujourd'hui, je vous propose d'écouter l’histoire incroyable de Matthieu et de son GR34. Elle commence le jour où il se rompt le tendon d'Achille lors d’un match de football, son sport de cœur. Alors que la majorité des sportif·ves se remettent de cette blessure, ce n'est pas le cas pour Matthieu, pour qui l'idée de remarcher un jour devient quasiment impossible. Et pourtant… Matthieu a décidé de parcourir 1000 km à pied sur le GR34. Depuis le mont Saint-Michel jusqu’à la presqu’île de Crozon, il s’est donné 40 jours pour accomplir ce challenge. Découvrez l’histoire de résilience d’un homme à qui l’on a dit qu’il ne pourrait plus jamais marcher… L’histoire d’un homme qui repousse ses nouvelles limites à coups de travail, d’espoir et d’une bonne force de caractère. Je vous souhaite une belle écoute !


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On nous le dit assez souvent : pratiquer une activité physique, c'est bon pour la santé. Ce qu'on nous dit moins c'est comment on s'y prend ? Par où on commence ? Plus que de vous voir accomplir un exploit sportif, notre plus grande fierté serait de vous faire aimer le sport, durablement. Parce que c'est ça, le secret de la motivation : trouver l'activité qui vous apporte la dose de joie qu'il vous faut dans votre quotidien.


Producteur : Pipo et Lola


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans Histoire de Sportif. Vous le savez maintenant, c'est le podcast qui vous emmène à la rencontre de sportifs. Alors sportifs du quotidien, mais aussi parfois des sportifs et des sportives qui vivent des aventures extraordinaires. C'est le cas de Mathieu que nous allons rencontrer aujourd'hui. Alors pour vous faire un résumé sans trop dévoiler bien sûr, Mathieu joue au foot, Mathieu est victime d'une rupture du tendon d'Achille. A priori une opération plutôt banale doit s'en suivre, mais à cause de complications Mathieu se retrouve maintenant à tout jamais. sans tendon d'Achille du côté droit. Évidemment, les spécialistes, les médecins, s'accordent à dire que si Mathieu réussit à remarcher à peu près, c'est qu'il aura de la chance. Il n'en fallait pas plus pour galvaniser notre Mathieu. Voici le portrait d'un homme déterminé, tenace. Son truc à lui, c'est les défis.

  • Speaker #1

    Ce que je retiens de cette histoire, de cette aventure, c'est la phrase « croire en ses rêves » . C'est une phrase qui peut être lâchée, parfois comme ça, un petit peu, mais en fait... Moi, je l'ai vécu. Bonjour, je m'appelle Mathieu Jagu, j'ai 32 ans. Je suis breton d'origine et passionné de sport. En début 2018, j'ai eu un accident pendant un match de foot. Je me suis fait une rupture du tendon d'Achille sur une action assez anodine puisque j'étais défenseur central et j'étais en train de reculer pour me replacer en défense. Et d'un coup, je suis reparti en avant pour aller chercher un ballon. Et sur le coup, mon tendon d'Achille a lâché. Je suis allé à l'hôpital pour me faire opérer. C'est une opération qui est classique, qui est pratiquée par les chirurgiens. C'est souvent des sportifs qui sont touchés par cette blessure. Et normalement, c'est une blessure, on reste 2-3 jours à l'hôpital et ensuite il y a une phase de rééducation qui est assez longue avant de pouvoir reprendre les activités sportives. Mais moi j'ai eu pas mal de complications en fait après les opérations. J'ai eu des infections qui font qu'au lieu de rester trois jours à l'hôpital, je suis resté trois mois à l'hôpital. J'ai été opéré six fois en deux mois. Et donc je suis ressorti de l'hôpital avec un tendon d'Achille en moins, donc mon tendon droit. Et la première chose du coup que j'ai demandé à mes chirurgiens quand je suis sorti de l'hôpital c'est... Quand est-ce que je vais pouvoir retourner sur les terrains de sport ? Quand est-ce que je vais pouvoir retourner faire du foot avec mes potes ? Et là, ils m'ont regardé, ils m'ont dit, « Monsieur Jagu, si déjà un jour vous arrivez à remarcher, ça serait déjà incroyable. » Et donc, c'est là que commence vraiment l'histoire de résilience que je vais raconter juste après. Quand je suis sorti de l'hôpital, j'étais donc en fauteuil roulant, j'avais perdu 15 kilos et c'est là qu'a commencé en fait vraiment déjà une première course contre la montre, puisque deux ou trois mois après, je devais me marier. Et j'avais décidé en fait, pendant toute la partie où j'étais à l'hôpital pendant trois mois, mes chirurgiens me... m'encourager à reculer ce mariage parce que comme c'était assez flou, on ne savait pas trop où ça allait aller avec les différentes opérations, il m'avait plutôt encouragé à reculer en disant que je ne pourrais pas être debout, que ça serait compliqué pour moi. et en fait moi pour moi c'était vraiment important de conserver cette date parce que c'était un objectif ça me permettait d'avoir un objectif en fait pour me battre et donc quand je suis sorti de l'hôpital en fauteuil roulant je savais qu'il me restait deux mois et demi avant de me marier et donc ça m'a vraiment motivé à me lancer dans une rééducation de manière très intense. J'ai vu progressivement les progrès arriver puisque je pouvais de plus en plus porter un peu de poids sur ma jambe et je voyais les évolutions. Et comme je suis quelqu'un de challenge, je me suis dit, à mon mariage, pour l'entrée dans l'église, je n'ai pas envie d'être avec deux béquilles, les vieilles béquilles que tout le monde voit et qui fait vraiment handicapé. Je vais faire une surprise à ma femme. Et je vais acheter une canne anglaise un peu stylée, un peu sympa. Mais ça veut dire aussi que ce genre de canne, c'est des cannes qui ne portent pas et qui n'aident pas à porter le poids de son corps. Et donc ça demandait un effort encore supplémentaire. Et ce qui est assez fou, c'est que la veille de mon mariage, je me suis entraîné dans mon salon avec ma maman à mon bras. Et je n'arrivais pas à faire plus de 2 mètres. Et c'est bizarre, mais à aucun moment je me suis dit que je n'y arriverais pas le lendemain. j'ai eu... Je me suis dit, aujourd'hui, je n'y arrive pas, mais demain, ça va le faire. Et en fait, le lendemain, pendant le mariage, le jour J, je suis arrivé dans l'église, j'ai fait les 30 mètres avec ma maman à mon bras et ma canne, avec tous mes amis, toute ma famille qui... me regardaient, qui m'ont même applaudi quand je suis rentré, c'était vraiment un truc de malade. J'ai réussi à rester quasiment debout toute la messe et à refaire la sortie du coup au bras de ma femme cette fois-ci avec cette canne. J'ai d'ailleurs mes copains de foot qui m'ont fait un petit clin d'œil à la sortie et qui ont fait une haie d'honneur avec des cannes en plastique qu'ils avaient achetées. et donc du coup je suis sorti deux rangées de mes potes de foot qui qui qui ont fait une petite chanson à la sortie avec des cannes en plastique pour montrer qu'eux aussi me soutenaient dans cette épreuve. C'était le premier objectif que j'ai réussi à accomplir en sortant de l'hôpital. Donc après ce premier objectif du mariage, j'ai vraiment continué à travailler en rééducation. Petit à petit, j'ai passé les paliers, c'est-à-dire que je suis passé de fauteuil roulant à deux béquilles, de deux béquilles à une béquille, de une béquille à pouvoir marcher en autonomie sur quelques mètres, puis progressivement quelques centaines de mètres, avec une douleur qui était toujours là, mais en tout cas avec un progrès qui se faisait sentir. et en fait... Petit à petit, j'ai eu pas mal de copains qui m'ont dit « mais tu devrais écrire un livre ou raconter cette histoire parce qu'en fait, tu es en train de faire un truc de fou » . Moi, je ne m'en rendais pas forcément compte parce que j'étais vraiment dans mon objectif de travailler en kiné tous les jours, de vouloir remarcher et de vouloir recourir. Et je n'avais pas forcément cette notion que ça pouvait servir aussi de parler de ça, de servir à certaines personnes. et donc voilà, ça c'est resté dans un coin de ma tête et un jour en En novembre 2019, j'étais à la Gare Saint-Sauveur à Lille et il y avait une projection de film d'aventurier. Et j'étais là assis dans cette salle et je me suis dit que j'aimerais bien qu'un jour il y ait quelqu'un qui regarde le film de mon histoire. Le film de Mathieu à qui on avait prédit qu'il ne remarcherait pas, mais qui a fait un défi, qui a montré que c'était possible finalement avec du travail, de l'envie et de la motivation. A partir de là, je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose à travers lequel je vais pouvoir raconter tout ce parcours de résilience que je suis en train de mener. Et comme je suis quelqu'un de très sportif, je me suis dit naturellement qu'il fallait que je fasse un défi sportif. Donc j'ai cherché un petit peu ce que je pouvais faire, ce qui était aussi adapté à mon handicap, puisque avec 100 ans d'Achille aujourd'hui je peux pas courir, je peux pas sauter donc j'ai beaucoup beaucoup de... de contraintes quand même. Et comme je l'ai dit au début du podcast, je suis breton d'origine, et donc je me suis dit, il faut que je trouve quelque chose qui va me permettre à la fois de faire mon défi sportif, mais qui va aussi me permettre de revenir en terre bretonne. Et c'est comme ça un petit peu qu'est venue l'idée de faire un parcours de marche, puisque c'est à peu près le seul sport valide que je peux pratiquer aujourd'hui. Et en plus de ça, on t'a dit en 2018 que tu n'allais plus pouvoir marcher. ça fait sens de faire un défi où tu vas marcher. Et finalement, je suis arrivé à construire ce défi, ce projet, qui était de parcourir 1000 km à pied sur le GR34 en Bretagne, entre le Mont-Saint-Michel et la presqu'île de Crozon, qui est vraiment à l'extrémité de la Bretagne. Et donc, ce défi, c'était de parcourir ces 1000 km. et comme je suis compétiteur sportif et peut-être un peu fou aussi. J'avais envie de me mettre une limite en termes de temps. Et donc, j'ai décidé d'essayer de le faire en 40 jours. Ce qui voulait dire aussi 25 km par jour en moyenne sur ce défi. A partir du moment où j'ai décidé de faire ce défi, je suis rentré dans une phase de préparation et mon objectif était de partir fin du mois d'avril pour ce défi. Pourquoi j'avais décidé de partir au mois d'avril ? C'est parce que ma femme était enceinte et devait accoucher mi-août. Et donc j'avais décidé de faire fin avril pour pouvoir faire tout mon parcours en mai et début juin, pour pouvoir être présent à côté d'elle pour les trois derniers mois de sa grossesse. Et donc à cause du confinement, je n'ai pas pu partir. Mais j'avais vraiment envie de faire ce défi. Donc du coup, on a cherché une solution avec ma femme pour que je puisse faire cette aventure parce que moi, je n'avais pas envie de partir une fois que... Notre fille est née, j'avais pas envie de partir un mois et demi loin de ma femme et de ma fille pour faire mon défi tout seul. Et donc du coup on a trouvé une super solution, vraiment la meilleure solution pour que moi je puisse faire à la fois ce défi, mais aussi pouvoir voir grandir ma petite fille. Et c'est comme ça qu'est venue l'idée de partir tous les trois pour faire cette aventure, donc ça s'est transformé en aventure familiale. Et on a décidé que ma femme et ma fille allaient me suivre sur mon parcours en camping-car. Donc nous voilà sur le départ, on est fin août au Mont-Saint-Michel. Et donc là, déjà c'est super sympa parce que j'ai, étant breton d'origine, j'ai pas mal de famille et encore des amis qui sont dans la région. Ils sont venus m'accompagner pour le départ. Il y avait une trentaine de personnes à peu près pour partir. J'avais aussi convié, puisque l'objectif de mon défi, c'était de promouvoir le sport pour tous. J'avais aussi convié une personne qui était en fauteuil roulant et une association qui aide des enfants qui ne peuvent vraiment pas marcher à pouvoir faire du sport avec des joaillettes, à venir se joindre à moi pour le départ. Et donc du coup on a fait ce départ en petits groupes, on était une vingtaine et il y avait cette personne en fauteuil roulant, cette personne en jouellette qui ont parcouru avec moi quelques kilomètres pour commencer. Et donc voilà, ça a donné vraiment le ton, ça a annoncé vraiment le défi et ça a donné aussi le sens pour lequel je voulais me battre pendant ces 1000 kilomètres. Et me voilà parti pour ce que j'espère être 1000 kilomètres en 40 jours de marche à pied. Les 4-5 premiers jours se passent vraiment bien, à un bon rythme, même un très très bon rythme. Et finalement au bout du cinquième jour, on va dire que peut-être le rythme était un petit peu trop fort pour moi. Et mon corps m'a dit stop, mais un vrai stop, ce qu'on appelle un feu rouge, un feu rouge stop, puisque je ne pouvais plus marcher, tout simplement. J'avais extrêmement mal à la jambe opposée. Donc pas la jambe où j'étais blessé, mais l'autre jambe qui devait compenser depuis 5 jours vraiment à fond. Je boitais et je n'arrivais plus à faire plus de 2 mètres. Donc là, à ce moment-là, j'ai pris conscience qu'à la fois ça allait être très compliqué et qu'à la fois j'étais peut-être parti aussi un petit peu vite. Heureusement, en préparant aussi ce défi, je savais que j'allais avoir des pépins physiques. Et donc j'avais constitué un petit staff médical. Avec mon kiné, un médecin et un ostéopathe qui sont sur l'île et avec qui j'avais contact tous les jours pendant le défi et qui m'ont aidé déjà dans cette première difficulté à me dire un petit peu quoi faire. Donc j'ai vraiment suivi leurs conseils. Pendant un jour et demi, je n'ai pas du tout marché. J'ai fait les différents soins qu'ils m'ont expliqué qu'il fallait que je fasse. Et on va dire que j'ai quand même croisé les doigts en me disant est-ce que je vais pouvoir repartir ? Parce que vraiment, quand je voyais que je boitais, je ne pouvais pas faire plus de 2 mètres, je me dis là ça va être très compliqué. À ce moment-là, j'étais encore dans la région où j'avais encore de la famille, des amis qui étaient là aussi pour me soutenir, pour m'aider. Mais ils m'ont dit après qu'ils ne pensaient pas que j'allais repartir parce que vraiment j'avais vraiment des grosses douleurs. À ce moment-là, notre fille, qui avait trois semaines, ne dormait pas non plus beaucoup. On va dire qu'elle ne dormait même pas beaucoup du tout. Et donc, j'avais cette douleur. J'avais une grande fatigue parce que la nuit, on ne dormait pas beaucoup. Et la troisième chose, c'est qu'à partir de ce cinquième jour, on a commencé à vouloir partir en camping-car. Jusque maintenant, on dormait chez nos parents qui habitaient dans le coin. Donc, ça ne servait à rien d'utiliser le camping-car. on a voulu faire la progression en douceur. Et donc là, on a commencé aussi à préparer le camping-car, à organiser, on a eu quelques problèmes techniques sur le camping-car, on s'est rendu compte que ça allait pas être si simple que prévu. Et donc là, on avait trois gros facteurs, le fait que je sois blessé, le fait que notre fille ne dorme pas, et le fait que le camping-car, voilà, c'était pas aussi évident que ce qu'on avait prévu. Et là, on est le cinquième jour, et les doutes commencent à apparaître. Je commence à dire à ma femme, bon, bah, si c'est comme ça, je vais abandonner. Et ma femme m'a dit non, non, tu t'es préparé pour, t'as envie de le faire. Il y a aussi des gens qui te suivent, nous on est là pour t'aider, on ne va pas arrêter, on est là avec toi et on va y aller. Donc nous voilà repartis après ce cinquième jour, après cette blessure que j'ai finalement résolue. Et à partir de ce moment là, je décide de changer ma tactique de course, puisque jusque maintenant je faisais 25, 26, 27 km par jour, mais d'une traite, sans pause. Et là, je me dis que physiquement, je ne vais pas pouvoir aller jusqu'au bout comme ça. Je me rends compte un petit peu de mes limites physiques. Et je décide de découper ma journée en deux. C'est-à-dire que je vais faire une première partie d'étape le matin, c'est-à-dire entre 12 et 15 kilomètres. Et je vais faire une pause au midi, où je vais pouvoir retrouver ma femme, ma fille. On va pouvoir se retrouver ensemble. Pour repartir ensuite sur une deuxième partie d'étape l'après-midi. d'une grosse dizaine de kilomètres, ce qui me permettait de faire 4 heures de marche le matin, 3 heures de marche l'après-midi. Et donc j'arrive comme ça à faire quelques journées, sans trop de problèmes, en passant par des très beaux paysages. Et là on arrive au dixième jour, et là le dixième jour c'est vraiment une journée galère, une journée des extrêmes.

  • Speaker #2

    On n'a pas dormi la nuit, la petite on a décidé autrement.

  • Speaker #1

    Du coup première décision à 7h du mat, ça a été de dormir, on a littéralement fait une nuit blanche. Et du coup je suis parti à midi. Et donc qui dit parti à midi, dit une seule étape. Donc ça change déjà physiquement, remarquer 6h de suite avec la douleur c'était un peu compliqué. Deuxième galère, 3h de course, plus de montre, parce que ma montre j'avais pas pu charger mon électronique dans le camping-car. C'est les aléas du camping-car la nuit d'avant. Du coup, plus de monde, ça veut dire plus d'heures, ça c'est pas encore vraiment le plus important, mais c'est surtout que je pouvais pas voir qu'est-ce que j'avais fait comme chemin, qu'est-ce qu'il me restait à faire. Ça a un petit peu... J'ai une routine de nutrition. Toutes les 30 minutes, je bois et je mange, là, c'était pas possible. Et puis comme un malheur n'arrive jamais seul, téléphone au bout de 3h30, plus de batterie, 15% de batterie. Je pense que là, c'était l'étape qui me fait dire que je vais pouvoir aller au bout, parce que là, j'ai tout eu. je pourrais rien avoir de plus. Donc voilà, on va aller faire une bonne nuit, et on va espérer que demain ça sera plus calme.

  • Speaker #2

    Allez, ciao ciao !

  • Speaker #1

    Je repars donc après cette journée un petit peu compliquée, mais riche aussi en enseignements, et je continue à faire mes étapes de 25 kilomètres. Ce qui est sympa, c'est que je ne les fais pas forcément tout seul. Il y a certaines journées où je marche tout seul, mais il y a aussi d'autres journées où... Je rencontre des marcheurs sur le chemin avec qui on partage quelques kilomètres. C'est toujours intéressant de discuter avec les marcheurs, de voir pourquoi les gens y marchent. Souvent, c'est des petites étapes, mais souvent aussi, c'est des gens qui parcourent le GR34 en plusieurs fois et qui se disent « tiens, on va prendre 5-6 ans pour faire ce GR » . Et donc, c'est intéressant d'échanger sur les parcours qu'ils ont déjà faits et de raconter aussi mon histoire. Ça permet de passer le temps aussi plus rapidement, de penser à autre chose et de ne pas être juste tout seul dans sa bulle avec sa musique en train de marcher. J'ai aussi des copains qui me font une surprise, des copains qui habitent à Chamonix, qui me font une surprise aussi de débarquer un jour et de venir marcher avec moi deux jours. Donc voilà, ça fait partie des petits moments dont je me rappelle et qui m'ont aussi redonné des coups de boost. parce que bien sûr c'est une... Un défi physique, un petit peu contre mon corps, entre guillemets, mais c'est aussi vraiment un défi mental, parce que c'est vraiment de l'endurance et de la durée. Et voilà, il y a plein de petites choses qui m'ont redonné des coups de boost, et notamment quand Amaury et Mélodie sont arrivés et m'ont fait la surprise de venir marcher avec moi pendant deux jours. Et là, j'arrive à mi-parcours, j'arrive à 500 kilomètres. Waouh, waouh, waouh, il faut les mériter, les 500. Kilomètres ? J'ai fait 12 bornes, plus 300 déniblés et moins 300. Là c'est sympa parce que j'ai un de mes partenaires qui fait des vidéos en drone, qui vient filmer avec moi les 500 kilomètres. On est arrivé à Karantek, c'est une petite ville qui est vraiment super sympa en bord de mer. On va sur une plage, une des plages de Carantec, et on écrit ensemble un grand 500 sur la plage. Et puis ensuite, il me filme en train de passer cette ligne virtuelle des 500 kilomètres sur une plage à Carantec. Et ça, je m'en souviens, ça laisse des images parce que c'est la moitié, c'est 500. Et à la fois, à ce moment-là, je me dis, j'ai déjà fait 500 kilomètres. Et d'un autre côté... Et je me dis, il reste encore 500 kilomètres. Et je me dis, mais pourquoi tu t'es lancé ce défi de 1000 kilomètres ? C'est vraiment énorme. 1000 kilomètres, en fait, on ne s'en rend pas bien compte parce que c'est une grosse distance. Et 1000 kilomètres, j'ai cherché à trouver un équivalent parlant. Et 1000 kilomètres, c'est 24 marathons. Et à partir du moment où j'ai eu en tête que 1000 kilomètres, c'est 24 marathons, je me suis dit, waouh, t'es en train de... Ton objectif, en fait, c'est de faire l'équivalent de 24 marathons en 40 jours. C'est vraiment un truc de fou. Et rien que pour ça, parce que je suis compétiteur, je vais aller au bout, même si je sais qu'il m'en reste encore beaucoup. Et donc, à partir de ce moment-là, mentalement aussi, il y a quelque chose qui se déclenche. C'est que j'ai passé les 500 kilomètres. Et maintenant, au lieu de dire, voilà, j'ai fait 100, 120, 140, 200, 250, je vais pouvoir compter à l'envers. Je vais pouvoir me dire... Il me reste 400 km, il me reste 350 km. Et ça, mentalement, ça change tout. Parce que le chiffre de jour à jour diminue et me rapproche de plus en plus de l'arrivée. Donc voilà, je continue, après avoir passé cette mi-parcours, je continue à marcher, et petit à petit en fait mes départs du matin, petit à petit se décalent, c'est-à-dire qu'au début je partais le matin vers 7-8h, et avec toute ma routine, etc., et petit à petit ça se décale un petit peu, parce qu'en fait on a aussi pas mal de choses à faire avec le camping-car, on a les lessives à faire, on a les vidanges, il faut remplir l'eau, il y a pas mal de logistique en fait, qui se passe autour du défi et qui font que, ben voilà, petit à petit aussi mes départs se décalent un petit peu, je commence à partir vers 9h 9h30, 10h, mais ça me dérange pas trop finalement j'arrive à trouver un bon rythme et on arrive au jour 35 au jour 35 où j'arrive sur la presqu'île de Crozon donc là je viens de faire un petit peu tout le continent on va dire, enfin je viens de faire toute la côte bretonne et j'arrive vraiment ... Vers mon objectif, il me reste 5-6 jours de marche, j'arrive à la presqu'île de Crozon. C'est d'ailleurs assez symbolique cette arrivée sur la presqu'île, puisqu'en fait il y a un pont, un grand pont assez moderne, un petit peu incurvé, qui permet de relier le chemin où j'étais vers la presqu'île de Crozon. Et donc je passe ce pont, et là je me dis ça y est, je commence vraiment à arriver au bout.

  • Speaker #2

    Bon bah je crois qu'on n'a jamais été aussi proche de Crozon ! Voilà le pont ! qui va nous emmener à Crozon. Est-ce que c'est pas magnifique ? On y est, on y est, on y est ! Allez !

  • Speaker #1

    Et là, en fait, ce qui se passe à ce moment-là, c'est qu'on a un appel de la maman de Camille qui nous dit, vous avez regardé les infos ?

  • Speaker #3

    Et là, on lui dit,

  • Speaker #1

    bah non, nous, on n'est pas du tout connectés aux infos à ce moment-là, on est vraiment en train de vivre notre aventure, on partage juste un petit peu sur le réseau notre aventure, mais non, les infos, on ne suit pas. Elle nous dit, bah attention, il y a une tempête, la tempête Alex qui arrive, qui sera sur vous dans deux jours, qui a prévu d'être très puissante avec des vents à 150 km heure, et il faut absolument que vous vous mettiez à l'abri, parce qu'avec le camping-car, ça va être compliqué. et donc là on se dit waouh il y a cette tempête qui arrive sur nous on se dit On n'a pas du tout prévu. Et donc du coup, on commence un petit peu à regarder un peu les sites de météo et à se dire comment on va faire. Parce que c'est vrai que souvent, on aimait bien se poser le soir avec le camping-car un petit peu n'importe où. Et on se rend compte que là, ça va être compliqué parce qu'avec les vents qu'il y a, on en a fait une nuit comme ça, mais le camping-car, il bouge vraiment beaucoup. Donc on commence à adapter un peu la logistique. Et en fait, moi, je me rends compte à ce moment-là que pile au moment où la tempête doit arriver sur nous, je devrais être dans une étape de sous-bois, donc avec plein d'arbres. Et à ce moment-là, je me dis, non, c'est pas possible, cette étape, je vais pas pouvoir la faire maintenant, je vais me prendre des arbres sur la tête, on va adapter. Et finalement, voilà, j'ai changé un petit peu mon parcours, au lieu de rester au nord de la Presqu'île, je suis allé au sud. C'était un choix de ne pas rester dans les sous-bois, du coup, je me suis retrouvé sur des falaises, mais avec un vent qui me poussait plus vers l'intérieur et qui ne me poussait pas vers la mer. Du coup, j'ai décidé d'ajuster ça et comme on a eu cette information deux jours avant la tempête, pendant ces deux journées, j'ai fait 31 km pour avoir un petit peu d'avance et pour pouvoir me permettre de faire une journée un petit peu plus courte quand il y aurait la tempête.

  • Speaker #2

    Bon voilà, j'arrête pour aujourd'hui. J'ai bien poussé, j'ai fait 30 bornes. Du coup, demain, je me réveille avec plus de 10 km d'avance qui va permettre de gérer la tempête peut-être et de faire une petite journée au lieu d'une grosse. On va voir ça. En tout cas, on est pas mal.

  • Speaker #1

    Ce moment-là aussi, c'est un moment important parce que j'ai un copain qui est venu de Lille pour un week-end. Donc Jean et Alice sont venus pour un week-end nous rejoindre pour marcher et ils ont quand même fait beaucoup de route et plusieurs fois j'ai dit à Jean tu sais, il y a la tempête qui arrive, il va y avoir du vent, il va y avoir de la pluie, t'es sûr que vous voulez venir ? Il fait oui, oui, moi je veux absolument marcher avec toi, etc. Du coup ils sont arrivés sur un week-end qui devait être un week-end de tempête et en fait c'est ça qui est beau aussi en Bretagne, c'est que toutes les météos annonçaient une tempête incroyable et finalement il y a eu de la tempête mais on a eu aussi beaucoup de beau temps. Et donc avec Jean on a passé le week-end à marcher sur le nouveau parcours que j'avais créé en fait pour ces deux jours et on en a pris plein la vue, c'est-à-dire que c'est des sentiers que je n'aurais pas dû faire dans mon parcours. Ça fait partie du top 3 de mes parcours. Comme quoi une tempête peut finalement aussi, en s'adaptant, permettre de faire des choses magnifiques. On a marché tous les deux. On avait l'impression de temps en temps d'être dans les Calanques à Marseille. On a vraiment eu l'impression de voyager pendant un week-end. Il y avait des falaises, il y avait des pins. Ça changeait tout le temps. Le paysage changeait vraiment beaucoup et on a vraiment eu beaucoup de chance. Et donc j'ai pu partager ce week-end avec Jean et Alice, ma femme et ma petite fille. Et grâce à cette tempête, finalement, on a fait un parcours pas mal. Ils sont repartis et le lendemain, du coup, j'ai repris mon parcours classique. Et donc je suis allé dans le sous-bois que je devais parcourir pendant la tempête. Et là, j'ai constaté les dégâts de la tempête.

  • Speaker #2

    La tempête, Alex,

  • Speaker #1

    c'est pas une blague. Il y a eu du grabuge ici. Des arbres qui sont quand même assez énormes, partout par terre. Ça n'a pas rigolé. Ça n'a pas rigolé par ici. Et je me suis dit que j'avais bien fait de détourner un petit peu mon parcours pendant deux jours pour pouvoir ensuite continuer.

  • Speaker #0

    Et yeah !

  • Speaker #1

    Même si c'est encore loin, on aperçoit la presqu'île de Crozon ici. Avec la pointe ici qui est mon objectif final, pointe de pénir. On en a encore un peu loin, mais ça se rapproche. Et donc nous voilà le dernier jour, le 40e jour de course. Il me reste 25 km à parcourir. Je suis dans les temps, je suis super content. Là, je sais clairement que je vais aller au bout. Et j'ai mes parents qui me rejoignent. Il y a la maman de Camille. mon frère, ma sœur, qui me rejoignent aussi pour faire cette dernière étape avec moi. Et donc voilà, on part de la pointe des Espagnols à Crozon pour rejoindre du coup l'arrivée à la pointe de Pénir. Et ces 25 kilomètres se passent vraiment super bien. J'ai aucun problème physique à ce moment-là, ça déroule. Et on arrive sur le dernier kilomètre, le millième. Pour ce millième kilomètre, en fait, j'avais invité... Toutes les personnes qui le souhaitent parcourir avec moi ce dernier kilomètre. Et je ne savais pas du tout s'il y a des gens qui allaient venir, combien de personnes allaient venir. Et finalement, on se retrouve à une cinquantaine. Une cinquantaine de personnes à parcourir ce millième kilomètre. Beaucoup de personnes locales, de la ville locale, que je ne connais pas, avec qui je n'ai jamais parlé, qui sont là pour parcourir avec moi ce dernier kilomètre. Et ce qui se passe, c'est que j'avais donné une heure pour... Une heure de rendez-vous pour commencer ce dernier kilomètre. Et toute la journée, on a eu du beau temps. Et une demi-heure avant l'heure de départ pour le millième kilomètre, il a commencé à pleuvoir comme jamais. Et du coup, en fait, on a fait ce millième kilomètre sous la pluie, avec le vent de face. Il faisait froid parce que là, on arrive, on est le 7 octobre. Donc on est parti fin août. Je suis parti fin août, il faisait super beau. Là, on arrive le 7 octobre. Il fait 10 degrés de moins, il pleut, on a le vent de face. Et pour autant, les 50 personnes qui sont venues, dont plus de la moitié que je ne connais pas, sont restées et ont parcouru le millième kilomètre avec moi, sur les petits sentiers, sur le bord de la falaise, pour aller jusqu'à la pointe. Donc c'était super sympa. J'étais vraiment content de voir aussi qu'il y a des gens que je ne connaissais pas, qui étaient venus pour marcher. J'ai essayé de passer ce dernier kilomètre, qui a été peut-être le kilomètre le plus lent. Du défi, on a dû mettre une petite demi-heure, on y allait tranquillement. J'essayais de discuter un petit peu avec tout le monde pour savoir qui ils étaient, pourquoi ils venaient. Ils me disaient aussi que ce pourquoi je marchais, c'est-à-dire à la fois mon histoire, mais aussi le sport pour tous et mon message de résilience, c'était quelque chose qui les avait touchés. Ils avaient eu l'information dans le journal local et ils avaient eu envie de me soutenir sur ce dernier kilomètre. Et puis, en fait, j'ai juste eu à les suivre sur le dernier kilomètre parce que c'était des locaux. Donc, ils m'ont monté le chemin. Et donc, vraiment, c'était très sympa. On a oublié qu'il y avait la pluie, finalement. Et en arrivant à la pointe, il y avait Monsieur le maire, le maire de Camaray-sur-Mer, du coup, qui nous attendait, qui avait prévu de m'accueillir. Et donc, on arrive au bout de cette... pointe, sous la pluie, monsieur le maire tout seul, sans parapluie, ni rien du tout, qui nous attend, et qui nous attend auprès de la borne 1000 km, parce qu'en fait si j'ai choisi aussi de faire ce parcours, c'est parce que il y a une borne en granit qui a été posée en 2018 à cet endroit là, pour indiquer en fait que c'est le millième kilomètre du GR34, à partir du Mont Saint-Michel. Et donc j'arrive là, au bout de mon défi, il y a toute cette cinquantaine de personnes qui qui m'applaudissent, je dis bonjour au maire, le maire nous fait un petit discours, moi aussi j'en profite pour prendre la parole, et puis pour dire merci déjà, remercier à toutes ces personnes qui sont venues, et puis dire à quel point je suis fier d'avoir réussi à faire ce défi. de montrer que finalement, même s'il y a deux ans, on m'avait dit que je ne remarcherais peut-être pas, montrer qu'à force de travail, à force de motivation, à force d'envie, on peut réussir à faire des choses qui paraissent impossibles. Et j'ai aussi remercié évidemment ma femme et ma petite-fille qui étaient autour de moi pendant ce défi. Sans elles, clairement, le défi déjà n'aurait pas du tout été le même. Et puis, je ne sais pas, elles m'ont donné aussi de la motivation au quotidien, elles m'ont aidé, ma femme qui m'a aussi beaucoup aidé sur la logistique. Voilà, donc c'était vraiment un défi d'équipe et je suis vraiment fier aujourd'hui de l'avoir fait. J'ai quand même réussi à parcourir 1000 kilomètres en 40 jours alors qu'on m'avait dit que je ne marcherais peut-être jamais. Moi, j'aime bien l'idée d'essayer de repousser mes limites, mes nouvelles limites d'ailleurs, maintenant, physiques, puisque ce n'est plus les mêmes. C'est important d'essayer de rebondir et de transformer quelque chose qui paraît négatif en positif. J'y croyais vraiment dur comme fer avant. Maintenant, je peux dire que je l'ai fait et que je l'ai vécu, que ce n'est pas impossible. que je retiens de cette histoire, de cette aventure, c'est la phrase croire en ses rêves. C'est une phrase qui peut être lâchée, parfois comme ça, un petit peu, mais en fait, moi, je l'ai vécue.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Mathieu pour le partage de cette folle aventure et puis aussi pour cette leçon de courage, de travail, d'enthousiasme. Et puis merci à vous d'avoir suivi ce podcast. S'il vous a plu, comme d'habitude, n'hésitez pas à le partager et à mettre des étoiles sur Apple Podcast. Et on se donne rendez-vous pour d'autres histoires de sportifs. Salut !

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