- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans Conseil de sportif et de sportive. Je m'appelle Céciliane et mon objectif est de vous emmener à la rencontre de passionnés de sport. Des gens comme vous et moi, ordinaires, qui ont choisi de vivre un moment sportif extraordinaire. Une course, un défi, un voyage, bref, ils et elles nous partagent et nous entraînent dans leurs aventures.
- Speaker #1
C'est quelque chose qu'il faut vivre, soit avec des copains, soit en famille, soit avec son épouse. Je recommande à tout le monde de se plonger au moins une fois dans ce milieu de l'aventure. Je m'appelle Jean-Noël, j'ai 40 ans, je suis enseignant d'éducation physique et sportive, passionné par le sport et par toutes les choses de la vie qui peuvent nous épanouir. Je suis marié à Nathalie, qui est également une grande sportive, et ensemble nous avons trois enfants, Benjamin, Baptiste et Caroline. Nous habitons en Ardèche, à proximité du Rhône. Et nous avons la chance de bénéficier d'un territoire qui nous offre plein de possibilités pour s'exprimer dans la nature, kayak, trail, VTT et toutes sortes d'explorations qui n'ont que notre imagination comme limite.
- Speaker #0
Aujourd'hui, c'est Jean-Noël, alias Gino, qui nous raconte la course Sud-Rai d'Aventure. 400 kilomètres dans les Hautes-Alpes, trois jours de course d'orientation multisport où la limite n'est que celle que la nature lui impose. Avec ses trois coéquipiers, Gino nous prend sur son sac à dos et nous fait vivre ses 75 balises en roller, en trek, en kayak et plein d'autres sports. Alors, accrochez-vous, Jean-Noël, c'est à toi !
- Speaker #1
Nous avons choisi cette course parce qu'il y a très peu de courses sur le circuit et que c'était une nouvelle course qui arrivait. Et j'ai la chance de connaître Patrice qui était le directeur de course. Et je sais que c'est quelqu'un qui est très exigeant sur la qualité et qui propose à la fois un tracé et des activités qui seront variées et qui seront surtout au niveau du challenge qu'on s'attend sur ce type de course. Donc dans les raids, on est toujours une équipe de 4 et notre équipe est composée de Aloïs qui est un champion de France de course d'orientation, qui est très méticuleux et rigoureux dans sa préparation, qui est un coéquipier qui est extrêmement fiable. de Guilhem. Et Guigui, mon frère. Donc Guilhem et Guigui avec qui on a déjà fait le durée de long. On a déjà participé à une Coupe du Monde en Écosse. Et donc Guilhem, c'est un bout en train toujours plein d'énergie. Et Guillaume, c'est mon frère. Donc on a déjà partagé beaucoup, beaucoup de choses. Pareil, c'est trois coéquipiers qui sont extrêmement fiables. Et avec qui je sais que je passerai des bons moments. L'équipe s'est un peu réorganisée parce que normalement on devait partir avec mon épouse. Qui s'est blessée au dos. courant d'année précédent le raid. Et du coup, on a dû remanier l'équipe et demander à Loïs d'intégrer notre team.
- Speaker #2
Tu ne passes pas une barrière horaire. Alors, la barrière horaire, globalement, on va prendre le cas du kayak mercredi à 15h. Vous avez deux minutes de pénalité par minute de retard.
- Speaker #1
Donc, le départ, c'est lundi soir à 20h. On vient d'avoir le briefing et on en est à la distribution de cartes. Avant de prendre le départ, on a le temps de tracer notre itinéraire avec un fluo, mais c'est un temps qui est contraint. Et là, au moment de tracer, Guilhem arrive avec les pizzas en disant « Pardon, pardon, excusez-moi, livraison de pizzas ! » On avait anticipé de commander et d'acheter des pizzas pour avoir des pizzas chaudes pendant le moment où on traçait et pour pouvoir partir avec... des pizzas fraîches dans notre sac. Là déjà, on sait qu'on part et qu'on aura un moment, on va retrouver cette petite part de pizza oubliée au fond de notre sac, et ça, ça va faire plaisir. Dans l'équipe, les rôles sont assez distribués. De manière un petit peu caricaturale, dans le raid, il y a... un orienteur, un ambianceur qui cherche à éviter qu'il y ait des moments de lassitude. Il y a souvent un ou deux tracteurs, c'est-à-dire des gens qui sont très forts physiquement et qui, à l'aide de dispositifs de traction comme un élastique à pied ou comme une laisse de chien qu'on fixe sur le tube de sel et qu'on relie au vélo de derrière par la potence avec un petit élastique pour amortir les chocs. Et donc, voilà, deux tracteurs qui peuvent avancer fort. Et l'orienteur a la responsabilité de faire les choix à la fois d'itinéraire, mais des choix qui correspondent à l'équipe, à l'état de fatigue de l'équipe, si on a besoin de sommeil, si on a besoin de se ravitailler en eau, si on a besoin de se ravitailler en nourriture, et prendre en compte toutes ces données pour essayer d'être le plus efficace possible dans sa profession. Le départ se fait de Venn dans les Hautes-Alpes, le 05, à côté d'un plan d'eau. Et donc il y a une rivière qui alimente ce plan d'eau et le départ en roller se fait le long de cette rivière. Donc déjà on a la garantie de ne pas avoir de grosses montées ou de grosses descentes. Le goudron n'est pas hyper bon, mais donc on choisit de se mettre en formation. On avait travaillé ça à l'entraînement avec Aloïs qui est un spécialiste de ski de fond et qui a un super rythme devant. Ensuite, Guigui, qui est le plus néophyte en roller, il sait bien en faire, mais c'est le moins à l'aise de nous quatre. Je me mets derrière Guigui pour lui assurer de la stabilité. Et comme c'est moi qui ai le plus de puissance pour essayer de transmettre un peu d'énergie. Et Guilhem derrière moi pour fermer la marche, parce que c'est vrai que c'est plus rassurant quand on n'a personne derrière ça. Et donc, on part bien aligné. On avait notre petite stratégie de se dire qu'il ne faut qu'on laisse aucune prise au vent. et là en passant on entend On entend quelqu'un du public qui dit « Oh là là, regardez, ceux-là, ils doivent pas être très forts parce qu'ils sont obligés de se tenir. » Donc on continue sur quelques kilomètres le long de cette rivière. On commence à voir les équipes devant qu'on rattrape et on bifurque à droite. Donc là, par contre, on attaque la montagne et on oublie complètement le pas de dénivelé. C'est un faux plat montant. On a une petite chicane à passer et dans le virage, j'ai mon pied qui accroche celui de Guigui. Donc on s'écarte tous et le pauvre Ibigi se retrouve les 4 fers en l'air à tomber. Et notre organisation qui était faite pour éviter ce type d'accident, ben raté. Bon, c'est sans conséquence et on reprend notre cheminement sur la route de montagne. Donc faux plat montant, le goudron est assez bon. La nuit tombe, on aperçoit les lumières devant nous et il commence à faire nuit. Et là, on s'aperçoit qu'elles sont hyper hautes dans la montagne. Et en fait, les deux derniers kilomètres, La route se redresse et là, ce n'est pas du faux plat montant, c'est de la grosse montée bien raide. Et on avait hésité avant la course à prendre nos bâtons pour faire du roller, parce qu'en roller, normalement, on est plus à l'aise quand on a les bras libres. Mais là, les bâtons dans la montée, très très bon choix. Et avec les bâtons, du coup, on arrive encore à rattraper quelques équipes. Et on arrive à la première ère de transition, où l'organisation nous a apporté un sac, dans lequel au préalable, on avait mis tout le matériel qui était nécessaire pour la section suivante. Donc là, ça fourmille de partout. Les bonnes équipes ont rattrapé les plus lentes. On se retrouve nombreux. Et il faut faire très vite pour essayer de partir sur le trek avec moins d'équipes possibles sur le sac à dos. C'est l'expression pour dire une équipe qui profite de l'orientation d'une équipe d'un niveau meilleur. Et comme nous, on est plutôt réputés sur le circuit pour nos compétences en orientation. L'idée, c'est de se dire... On n'emmène personne avec nous sur notre sac à dos. Après les 12 km de roller, la section qui nous attend est une section de trek annoncée pour 30 km et 2000 m de dénivelé positif. En sachant que tout ce que l'organisateur annonce, c'est selon le meilleur itinéraire. C'est-à-dire... si on ne fait aucune orientation et qu'on fait les meilleurs choix d'orientation. J'aime bien, en début de section, en début de raid, tenter un petit peu des coupes plutôt improbables pour apprécier la courabilité du... Du terrain. Et donc, on se lance dans les épines, dans le pain. C'est beaucoup de pain, très sec, avec une espèce de glaise séchée. Et donc, on évolue quasiment à flanc, les pieds tordus. On ne va pas très vite, mais comme notre itinéraire est hyper direct, on arrive tant bien que mal à la balise numéro 1, quasiment en troisième ou quatrième position. Mais bon, on va pointer la balise et on reprend notre chemin. et la suite. On fait le choix de passer par une crête qui est hyper esthétique. Pareil, pas de chemin. Mais du coup, en termes de cheminement, c'est beaucoup plus facile à suivre. On a le vide à gauche, le vide à droite. Et on reste sur la crête. Pas de risque d'erreur. On rattrape la team éphémère 2 qui était arrivée par un autre chemin. Et on fait un bout de route avec eux. Le rythme est bon. Il fait ni trop chaud, ni trop froid. Donc, on est sur cette crête avec la team éphémère 2. Et j'avais fait le choix encore de couper sous le roc de la Lose, passer au pied des falaises pour tomber directement sur la balise numéro 2, ce qui nous évitait un petit peu de déniveler. Mais évidemment, comme d'habitude, quand je suis en train de parler, je loupe mon point de vue. d'attaque et on se retrouve au sommet de la rugue de la Loz. Donc là, plus question de faire demi-tour, on reste avec la team éphémère en se disant, on va attaquer la balise par le haut. Au sommet, il y a une toute petite brise. Quand on sort de la forêt, on sent cette brise qui annonce le sommet. Et là, c'est magnifique. On est au sommet, on a vu à 360°, c'est la nuit, le ciel est découvert, on voit loin, on voit des lumières. Quand on se retourne, on voit des lumières partout dans la montagne, c'est juste magique cet instant de poésie, on aura envie de se poser. Mais finalement on repart. On repart et donc on fait le choix d'attaquer la balise 2 en aller-retour et de fait on croise toutes les équipes de tête. Donc il y a quand même un sacré niveau sur les équipes qui sont inscrites avec des gens qui vont très très vite et qui sont très expérimentés. On est surpris de les croiser aussi vite parce qu'ils avaient pris de l'avance sur le roller et sur le trek. Et donc, on croise une, deux, trois équipes. Donc, on en déduit qu'avec Éphémère, on est en quatrième position. Vous n'êtes pas en train d'en faire des tableaux.
- Speaker #3
Messieurs, on se fait un lien, Guillaume. Guillaume, on peut faire un lien. C'est bon, on y va. Pas trop bien.
- Speaker #1
Souvent, quand on fait une course d'orientation, il y a un petit code entre coéquipiers. C'est-à-dire que quand on trouve la balise, on s'appelle. Il y en a qui vont imiter le bruit d'un animal. Il y en a un qui va dire une phrase particulière. et on sait que c'est le code On est tous à portée de voie, donc à 5 ou 6 mètres. On ratisse la zone pour essayer de tomber sur le poste. Et en général, quand quelqu'un dit une phrase particulière, c'est qu'il a trouvé. Et là, j'ai Guilhem, qui est à 10 mètres de moi, qui se met à crier. « Jean-No, j'ai besoin du papier ! » Et évidemment, lui aussi avait la pizza qui avait bien transité. Et il avait vraiment besoin du papier. Sauf que là, ça a attiré toutes les équipes. Donc on s'est retrouvés avec toutes les équipes. autour de mon guilou qui cherchait juste un petit quoi tranquille et pendant que tout le monde plaisante sur le code à utiliser pour appeler ses coéquipiers derrière un arbre je trouve la balise donc là on se retrouve avec les 4 enfin il devait y avoir au moins 4 ou 5 équipes qu'on sait qui physiquement sont plus fortes que nous et j'ai la balise et voilà, toutes ces équipes qui sont un peu des copains, on a l'habitude de se recroiser on est à côté d'eux et bon, la question c'est, on leur la donne ou on leur la donne pas donc je retourne vers mon guilhem qui avait fini ses affaires et je leur dis, bah j'ai trouvé la balise et les équipes à côté me disent, ah ouais, bah elle est où quoi, je dis, bah écoutez les gars je vous donne la balise mais ça se payera en bière à l'arrivée Merci. Donc, marché conclu, je leur explique comment j'ai fait pour trouver la balise, et on reprend le chemin devant eux, on croise encore deux équipes, Airtips et RaidAventure.fr, à qui, pareil, on donne la balise, et on reprend notre chemin. On est très très vite rattrapés par Ephémère, qui était avec nous quand on a pointé, on fait un petit bout de chemin avec eux dans une végétation qui est très très dense, et là on voit la team Ephémère qui se lie. qui s'engagent dans une ravine parallèle et souvent c'est des endroits qui sont humides et accidentés. Donc je dis à l'équipe, non, non, mais nous on ne les suit pas. On peut traverser par un pré et souvent les crêtes sont plus dégagées. Ça c'est le petit truc de l'orienteur. Et pas manqué, on arrive sur la balise 4, on se retourne et on voit que les lumières d'éphémère sont bien derrière. Et donc on file après sur le chemin jusqu'à tomber à Esparon où on trouve l'équipe média et on fait le plein d'eau. Oui, c'est de l'orientation postaude. Ça fait plaisir ! Je crois que ça fait pas plaisir à tout le monde ! Donc ensuite on monte maintenant longtemps longtemps sur un chemin qui est hyper beau, hyper beau avec... donc c'est plein sud, il y a très peu de végétation. Et le sol a des couleurs ocres. Donc avec l'éclairage de la nuit, ça donne des reflets, un petit peu d'or, un petit peu d'argent. C'est très sec, il y a pas mal de mouvements de terrain. Esthétiquement, c'est très joli. On monte plutôt en marchant. Comme l'épreuve est hyper longue, on ne peut pas se permettre physiquement de courir dans les montées. On court dans les descentes, on trottine sur le plat et on marche en montée. En plus, on est chargé puisqu'on a... On a pris le matériel de corde parce que dans la section est annoncé l'utilisation du matériel de via fer à table. Donc on a un bonnerier, deux mousquetons, des longes. On a nos casques sur la tête et évidemment on a de la nourriture pour une section qui était annoncée en 8 heures d'effort plus une heure d'arrêt chrono pour effectuer l'atelier corde. Les ateliers cordes se font souvent en arrêt chrono pour des raisons de sécurité. qu'on prenne le temps de bien mettre son baudrier. Bien installer tout le matériel qu'on va utiliser, les sondeurs, les vis, les viscés, être certain que quand on s'engage, le matériel est bien ajusté. et pas dans la précipitation. Donc on reprend cette montée, toujours éclairée par un ciel qui est hyper clair, et du coup avec une ambiance féérique, on est sur un autre monde, il y a un paysage qui peut même des fois se dire qu'on est sur la lune, c'est ce type là de décor qu'on arrive, et notre point d'attaque du coup. Le premier point à partir de laquelle on va chercher la balise 5, c'est justement quand on rentre dans une forêt. Et au moment où on rentre dans la forêt, le chemin disparaît, le chemin se perd en fait. Et du coup, on se retrouve à se dire, mince, il va falloir trouver la balise à l'azimuth. Et là, on a le choix d'itinéraire le plus long. Donc on est sur une montagne d'un côté d'une vallée. Il faut qu'on traverse la vallée pour... Il faut d'abord qu'on finisse d'escalader la montagne, puis qu'on traverse la vallée pour arriver... à la falaise de Céus, donc une des falaises les plus célèbres au monde, surtout par ses voies d'escalade. Il y a eu pendant longtemps la voie la plus dure qui était sur cette falaise-là. Elle est de renommée vraiment internationale. C'est une falaise qui est magnifique et dans laquelle on doit faire l'atelier corde. Mais donc ce cheminement est hyper compliqué et en fait on arrive à, en jonglant habilement entre les ravines, à monter sans buter sur une barre rocheuse et à sortir sur la crête. Et on apprendra qu'il y a beaucoup d'équipes qui se sont cassées les dents sur cette sortie de poste qui était extrêmement technique en fait. Et arrivé sur la crête, ça fait quand même déjà 6-7 heures qu'on oriente au plus haut niveau sans relâche. Et donc pour traverser la vallée, on fait un choix qui est un petit peu plus long, avec un petit peu plus de dénivelé, mais au moins on suit un chemin balisé. Et toutes les équipes au final auront fait ce choix-là. Et du coup, on reprend la course à pied. Et rapidement, on arrive au col des Guérins, au pied de la falaise de Séuse. Le chemin pour monter au pied de la falaise est hyper, hyper raide. Et on commence à se poser la question sur la position du poste 6. Est-ce qu'il est en haut ou en bas de la falaise ? Et surtout, comment on accède en haut de la falaise ? Et sur la carte, on voit marqué Via Ferrata. On a du matériel de Via Ferrata dans le sac. Je dis aux copains, on monte par la Via Ferrata. Donc on monte, on monte. On arrive au pied de la Via Ferrata. personne. Et là Guilhem me dit non c'est pas là, il n'y a personne il ne fallait pas passer par ici il fallait faire le tour de la montagne on a fait une erreur. Je dis on a du matos de Via Ferrata même s'il n'y a pas de guide, il faut prendre la Via Ferrata et en général sur les raids on a toujours un guide quand il y a des ateliers de cordes donc grosse hésitation Au final, on choisit de mettre les longes et on s'engage dans la Via Ferrata. C'était effectivement ce qui était attendu puisque au sommet de la Via Ferrata, à 300 mètres, nous attend le guide qui avait mis en place un grand rappel de 80 mètres pour accéder au pied de la falaise.
- Speaker #4
Tu tires un peu sur la corde, tu vois, il y a le stop.
- Speaker #3
C'est parti, sur la 4 !
- Speaker #1
Allez ! Merci beaucoup !
- Speaker #4
Bonne nuit !
- Speaker #1
Donc là, on arrive au sommet de cette falaise. C'est la nuit. On sait qu'il n'y a que deux équipes qui sont passées devant nous. On note l'arrêt chrono et on se dit qu'il faut descendre le plus vite possible. Comme ça, pendant l'arrêt chrono, on peut en profiter pour prendre un premier petit sommeil. La descente se fait sans encombre. On est entre le ciel et la terre. C'est la nuit. Le rocher réverbère la chaleur qu'il a emmagasinée dans la journée. C'est une sensation qui est assez agréable. Je retrouve des sensations que j'ai pu avoir en escalade. On arrive au pied du rappel avec soulagement pour Guilhem. Et on sent des grandes dalles de rochers chauds. Et donc, on n'a même pas besoin de sortir le duvet. Et on s'installe sur ces dalles avec toutes les couches qu'on peut mettre pour essayer de ne pas avoir froid. Et il y a déjà là les fémurdeux qui sont arrivés cinq minutes avant nous, qui sont en train de dormir. Donc, on échange rapidement avec les bénévoles qui sont sur place. Quelques petites blagues et puis on s'installe et on y va pour 35 minutes de sommeil. Au réveil, il doit être 6h du matin et l'aurore commence à poindre au loin. Le temps de s'équiper et on attaque une longue traversée le long de la falaise de Céuse qui est orientée plein est, donc qui prend les premiers rayons du soleil. Et là, c'est hyper agréable de se faire caresser la peau par le soleil au réveil. On arrive à la b balise 7, et à partir de la balise 7, on rentre dans une forêt, et là, c'est grande, grande, grande, grande, grande descente. Donc on descend prudemment, et on se fait très très vite rattraper par les copains de raidaventure.fr, avec qui on a déjà couru et partagé pas mal d'aventures. Donc on échange 2-3 blagues, et eux, on choisit de mettre plein gaz pour foncer sur l'air de transition. Sur cette transition-là, il faut... On récupère nos... On a des grandes caisses de 1m20 par 90cm de haut, dans le Kien, dans laquelle... tiennent nos vélos démontés. Comme ça, pendant le transport, pas de risque qu'ils soient abîmés. Donc cette transition prend un petit peu de temps parce qu'il va falloir monter les vélos. Donc on repart sur le vélo. Un vélo très roulant, très rapide. Il n'y a pas trop de dénivelé, on est en balcon au-dessus de la vallée, mais plutôt en bas de vallée. Et du coup, on a de l'air, c'est hyper agréable. Et puis on descend dans la vallée, donc retour un petit peu à la civilisation, dans le village de Talar. On passe devant un bricomarché, et là, ça ravive la question du choix d'itinéraire. En fait, il y a un moment dans la course où on a l'occasion de pouvoir traverser une portion d'environ 400 mètres de nage, et qui nous évite entre 15 et... et 20 km de vélo. Et la proposition, c'était de mettre toutes nos affaires dans un sac étanche pour pouvoir traverser en nageant. Donc, dans le sac, nos affaires flottent. Nos vélos avec leurs pneus gonflés normalement flottent. Et de nager et de gagner ce temps de transition. Et donc, l'idée, c'était de s'arrêter dans le magasin de bricolage, d'acheter des grands sacs poubelles pour mettre nos affaires dedans, les sceller avec un nœud et traverser la nage. Et donc, grosse, grosse, grosse question. Est-ce qu'on le fait ? Est-ce qu'on le fait pas ? Bon, finalement, on choisit de passer notre chemin et de jouer sans risque aux Grandes Dames de Patrice, qui après m'aura déshérité du titre d'Orienteur Perféré, du Directeur de Course. Bref.
- Speaker #2
C'est génial. On en bave, mais on en prend plein les yeux, donc on arrive à oublier les fonds que c'est gai. C'est le raid.
- Speaker #1
On arrive à Talar, et à chaque fois qu'on arrive à un peu de civilisation, eh ben, il faut en profiter. On croise une boulangerie, et là je crois que la boulangère, elle n'en a pas cru ses yeux, parce qu'elle a vu défiler tout le matin des gens qui arrivaient avec des vélos, des tenues complètement improbables, et qui lui ont dévalisé de sandwichs, de pain au chocolat, ou chocolatines, selon où vous habitez, je ne veux froisser personne, bref, de viennoiseries en tout genre, et donc là on... On sort de la boulangerie, refait des étoiles dans les yeux. On a juste un sandwich jambon-fromage, mais celui-là, il a un goût qui est vraiment sublime.
- Speaker #2
Moi, j'ai faim. On m'a toujours dit, sur un vélo, t'as le droit de manger. Ce que tu veux, tu vas le faire.
- Speaker #1
On monte au château de Talard. On s'était un peu déconcentrés. On savait que la balise était dans le château. On croise un passant, on lui dit, comment on fait pour aller au château ? Ah bah, vous tournez à gauche, vous montez tout droit, vous êtes au château. Au niveau de l'orientation, on ne peut pas faire plus simple. Merci aux locaux. Et on repart attaquer une montée infernale, à pousser les vélos. Et là, il commence à être 11h30 midi. Et là, il commence à faire vraiment très chaud.
- Speaker #3
La chaleur, c'est 90% mental. Bon, il faut pousser un peu.
- Speaker #1
Ces petites gouttes de sueur qui commencent à perler annoncent un moment un peu difficile pour nous. C'est-à-dire qu'on a une longue traversée avec des descentes remontées. Ce n'est pas des gros dénivelés. Ce n'est pas des chemins trop durs. Mais par contre, ça commence à être long. Ça fait presque 20 heures qu'on est en course. Et le soleil commence à taper. C'est un peu notre coin faible. Et donc, long, long, long, on enfile un peu les kilomètres. On arrive dans un hameau. Et on va pour faire le plein d'eau à la fontaine. Et là, on tombe sur Florian Beluise. C'est un copain du club qui a fait le déplacement. Il était en vacances à quelques kilomètres. Et il nous attend à la fontaine. Et il est là. Allez les copains, allez ! Merci. Trop surpris, complètement improbable de croiser Florian ici. Il est avec son vélo de route. Il m'a dit, ouais, je suis en vacances à côté. J'ai vu que vous étiez pas loin. Je savais que vous alliez prendre de l'eau ici. Je vous attendais ici. Donc, évidemment, on échange des blagues, des nouvelles. Et surtout, il nous fait un petit point météo. On nous dit, les gars, je sais pas ce que vous avez prévu, mais là, le temps se gâte. Fin d'après-midi, c'est gros orage annoncé. OK, bon, alors là, on vient de faire 2-3 heures où on avait hyper chaud. et là on nous annonce orage et là on nous annonce tempête quoi donc on dit ben pas le choix faut essayer d'aller le plus vite possible pour en faire un maximum pas sous la pluie et on enchaîne on enchaîne grosse descente et puis effectivement dans la descente on fait le choix de passer par le goudron pour qui n'était pas interdit qui nous permet d'aller vraiment hyper hyper hyper hyper vite et effectivement on voit les nuages qui s'amoncèlent qui s'amoncèlent et dans le fond de vallée pour ne pas manquer ça commence à craquer et la méga orage La balise 14, sous la grêle. Alors là, on a le bruit de la grêle qui vient taper contre nos casques. Plac, plac, plac, plac, plac. On s'arrête pour mettre nos K.O.M. Alors, ils nous protègent de rien du tout, des grêlons. Et à la 14, par chance, il y a un arbre qui nous protège. Donc, on se colle contre l'arbre en se disant, il faut attendre que ça passe. Et là... Il y a une voiture garée à côté qui ouvre sa portière. Donc quelqu'un qui sort sous un orage de grêle, comme ça, ça claque dans tous les sens. Et qui s'approche de nous et qui vient se mettre à côté de nous. Qui dit,
- Speaker #3
je suis la bénévole du poste.
- Speaker #1
Et la pauvre, elle était encore moins équipée que nous. Et elle vient se mettre à côté de nous. Et on lui dit, mais qu'est-ce que tu fais ? Ben, j'attends avec vous. Je lui dis, non, mais je vais te mettre vite à l'abri de la voiture. Non, non, je reste avec vous, vous inquiétez pas. Après, j'irai me mettre au chaud. Et donc, on a passé toute la verse de grêle à plaisanter avec la bénévole qui est venue partager notre instant de... Pas de douleur, quoi, mais notre instant bloqué sous l'arbre avec nous, sous la grêle. La grêle s'estompe un petit peu et ça passe un petit peu en bruine. Et on décide de repartir. Et là, on a une longue, longue montée. Il faut savoir que souvent, quand on est à la fin de journée, la luminosité descend et le corps le ressent. Et c'est là qu'on commence à avoir un petit coup de fatigue. On fait le choix de monter par une grande piste et longue et monotone. Et là, on commence à avoir les yeux qui commencent à clignoter. Ça va toi ? Ouais, je fatigue un peu. Puis en même temps, on ne peut pas se permettre de s'arrêter sous la pluie pour faire une micro-sieste. Tout est trempé. la température a chuté donc pas question de s'arrêter dans la montée donc on endure le soleil et c'est là que je sors de ma poche les petits bonbons à la caféine magique et donc là c'est la découverte Guilhem connaissait pas, j'avais testé ça moi sur un autre raid et du coup distribution de bonbons à la caféine, on met ça sous la langue et ça se transforme en pranchon de gomme on mastique ça et ça nous tient éveillés et on se retrouve donc sur une ligne de crête Merci. avec une vue plongeante sur le lac de Serre-Ponçant, absolument magnifique. On a des tas de nuages qui sont au loin, qui sont dispersés. On a le soleil couchant qui perce par endroits. On se dit quand même, les éléments sont là, tout est mixé. On peut avoir hyper chaud, on peut avoir hyper froid, on ne sait pas ce qui va nous arriver. Voilà, ces petits moments vraiment sympas. Et donc on attaque la descente, il y a une longue descente, descente très technique, et avec la radais qu'on a pris avant, ça s'est gorgé un petit peu de boue, c'est tout mouillé, c'est tout glissant, et derrière nous on entend des freins qui commencent à quiner. C'est pas possible, qui c'est qui est derrière nous ? Et rapidement, c'est Ephémérin qui nous rattrape, et qui nous double à Mac 12, d'où ils viennent ? Ils devaient être devant nous ! Et en fin de compte, ils ont dû s'arrêter plusieurs fois parce qu'ils avaient un... coéquipier qui avait des problèmes gastriques et du coup compliqué pour lui d'avancer, il avait besoin de se reposer il avait besoin de recharger les batteries et c'est comme ça qu'on les a croisés plusieurs fois on fait un petit bout de route avec eux pour contourner et du coup c'est agréable d'orienter à 4 et puis ça permet de raconter un petit peu nos histoires de course et on arrive rapidement à l'aire de transition numéro 3 où nous attend le kayak, alors le kayak c'est un peu le gros morceau du ride c'est annoncé 60 km Il n'y a pas de courant, on n'est que sur du plat, donc c'est que à la force de la rame. Et en plus, Patrice a tracé pour nous faire visiter les moindres recoins du lac. Donc quand on arrive sur la transition, on sort le matériel de kayak. Nous, on a choisi de s'équiper en néoprène pour ne pas avoir froid. Et on fait bien parce que la nuit tombe et les températures également. Et au moment où on va embarquer, le bénévole qui relaie l'information du directeur de course nous annonce que... La balise la plus excentrée du lac est annulée, ce qui diminue la portion de 20 km. Là, c'est le soulagement, parce qu'on sait qu'on gagne quelques heures de course, et du coup, la position au kayak, quand même, est assez difficile à tenir sur la durée, et c'est vrai que c'est assez éprouvant. Donc on part avec... Cette idée-là de se dire, en fait, ça va, le kayak ne va pas être si long que ça. Et donc, on longe la côte, on longe la côte. Et là, Guilhem commence à me dire, « Giorno, tu gites mal ! » Donc, la gite sur le kayak, c'est quand le kayak penche à gauche ou à droite. j'ai dit non non C'est toi qui gîtes mal. Et bon, c'est pas notre premier raid ensemble. On a déjà fait 24 heures de kayak ensemble sur un raid en Écosse. On se connaît un peu, quoi. Je dis, non, mais Guilou, c'est toi. Non, c'est toi. Non, c'est toi. Non, c'est toi. Bref. Au bout d'un moment, on dit, non, mais là, il y a un problème. Aloïs commence à dire, non, non, non, mais là, les gars, il fait froid et tout. C'est la nuit. Guilou dit, je m'endors. Et là, on arrive. Là, mon petit doigt me dit, attention, là on est pas loin de... De la crise, là, on arrive à un moment critique, à la fois par la fatigue, à la fois par les sensations de froid ressenti, la lassitude, parce que mine de rien, on a fait plus de la moitié du kayak, donc ça doit faire déjà 5 heures qu'on pagaie, et la balise est hyper loin, il n'y a rien à faire en orientation, c'est monotone, la nuit est noire, et bon, là, ça va plus, plus rien ne va, donc on se dit, bon, on se pose sur la plage. On descend sur la plage et là, on s'aperçoit qu'il y a du vent. On sent du vent, on a été mouillé par les embruns. Donc, on se met rapidement à grelotter. On s'aperçoit que notre kayak, en fait, était percé et qu'il se remplissait d'eau. Donc, normalement, on a des grands kayaks insubmersibles. C'est un gros bout de plastique creux, étanche. Et il y a des trous au milieu qui fait que s'il se remplit, ça se vide par les trous. Mais en fait, la quantité d'air contenue dans le kayak le maintient à flot. Et nous ? La ligne de flottaison était beaucoup plus basse que sur le bateau de Guillaume et Aloïs. Et en fait, il se remplissait d'eau. Donc, on retourne le kayak, on ouvre la vis de purge et ça commence à couler, couler, couler. Et nous, on se retrouve planté dans le vent, mouillé, avec la fatigue. Et là, on se dit, ça va être compliqué. Qu'est-ce qu'on fait ? On est dans la nuit. perdu, on est loin de tout sur une plage il y a une petite paillote au loin on sort les duvets, on sort les couvertures de survie, on va dormir le temps que le kayak se vide et qu'on se réchauffe Donc on s'avance vers la paillote, Aloïs nous dit « Oh les gars, j'ai trouvé le coin rêvé ! » Il y a des banquettes en mousse abritées sous des toiles. Et ce qu'on avait oublié, c'est qu'il avait plu ici aussi dans l'après-midi. Donc quand on pose notre main sur la banquette, elle est gorgée d'eau. Et là, c'est la désillusion la plus complète. On s'était dit qu'on allait pouvoir s'allonger sur des matelas abrités du vent. En fait, non, c'est tout trempé. Et du coup, on se met entre le bar et le mur. pour essayer d'être un petit peu abrité du vent et on s'allonge là on met nos couvertures de survie et là Guillaume il me regarde il me dit, Jeannot, j'ai oublié mon duvet donc on est 4, on a que 3 duvets Et je lui dis, écoute, moi, je ne crains pas trop le froid. Je lui donne mon duvet. Je lui dis, tiens, mets-toi dans le duvet. Moi, je vais m'enrouler dans ma couverture de survie. Et je vais me glisser entre vous. Et vous allez, avec votre chaleur corporelle, me tenir chaud. Et là, il me regarde d'un air en me disant, mais on savait que tu étais fou. Mais là, c'est n'importe quoi ce que tu dis. De toute façon, on n'a pas le choix. On fait ça. Et donc, je m'allonge. À peine je suis allongé, la couverture de survie, elle réverbère la chaleur. et je suis vraiment au chaud entre mes deux coéquipiers et là je suis carrément bien, j'arrête de trembler et boum je m'endors Donc au bout d'une heure, on se réveille. On dit, ben, allez, on repart. À peine on se relève, déjà, le vent nous ressaisit. Le corps s'est tout refroidi, donc plus de production de chaleur. Et là, boum, on est tous en train de grelotter, grelotter, grelotter, grelotter. On se dit, non, mais là, il faut qu'on embarque vite, vite, vite. Il faut vite, vite, vite se remettre à pagailler. Et c'est reparti. Le corps est un peu plus reposé, l'esprit aussi. On savait que notre bateau prenait l'eau. Donc, du coup, on était moins stressés par le fait que, ben... Non, c'était pas de notre faute si le bateau j'étais à gauche ou à droite. On trouve sans encombre la balise 21. Et là, chemin retour. Donc c'était un grand aller-retour derrière Sabine-le-Lac. Et retour pour aller à l'aire de transition. Transition assez rapide. Donc on range tout le matériel qui est mouillé. Donc là, on part au petit matin sur une course d'orientation. Avec un format IOF. Donc IOF, c'est un format de carte. Donc IOF, c'est pour International Orienting Federation. Donc la Fédération Internationale... d'orientation, c'est un code qui est international. Vous prenez une carte comme ça, vous allez sur n'importe quel pied dans la Terre, vous dites je fais de la CO, et vous aurez la même légende. Et donc c'est des cartes qui sont ultra précises, à une échelle très très précise, et ça c'est la spécialité d'Aloïs. Et du coup là je lui laisse la carte et on part sur cette CO. Donc cette section CO se fait en boucle, et on revient rapidement à l'ère de transition, donc sans trop d'encombre, grâce à notre prestation de notre super orienteur. Aloïs. Et on part sur une section de Sumrun. Donc le Sumrun, c'est un enchaînement de courses à pied et de natation. Les balises sont sur des îles. On est obligé de nager. Donc on attaque et il y a un journaliste du coin qui commence à trottiner avec nous en disant « Mais qu'est-ce que vous faites ? Là, on m'a dit qu'il y avait une épreuve, je suis venu voir. » Et on commence à lui raconter. Et là, il nous dit « Mais tout ça, c'est possible ça ? » Et donc il nous suit. Donc on traverse les différentes parties de nage sous les flashs du photographe qui nous voyait en nager et sûr de voir les stars du raid. Et effectivement, les bénévoles nous disent, vous êtes la seule équipe qu'on a vu aussi bien nager. En même temps, il n'y avait que trois équipes qui étaient passées. Elles étaient passées de nuit, elles n'avaient pas pris de combinaison. Et du coup, elles étaient toutes tremblotantes. Alors que nous, on avait fait le choix de prendre des néoprènes avec nos gros sacs. Et puis, on avait des plaquettes. Donc, des plaquettes, c'est des palmeaux pour les mains. On avait des gros pool boys entre les jambes qui nous faisaient flotter. Donc, c'est vrai qu'on avait des conditions qui étaient excellentes pour nager. Ce qui nous a permis de rattraper sur la chapelle Saint-Michel les copains de Naturex bloqués sur l'île parce qu'en fait un de leurs coéquipiers était en hypothermie et du coup incapable de reprendre la nage et du coup coincé sur l'île, condamné à attendre qu'il se réchauffe pour pouvoir retraverser en toute sécurité. Donc on arrive sur le trek et il nous attend une énorme ascension vers les aiguilles de Chabrière, donc là on prend presque 500 mètres de dénivelé tout de suite pour aller de tout en bas au bord du lac à tout en haut aux aiguilles de Chabrière. Et donc cette section de trait, elle est marquée par une portion en orientation dans des lapias. Donc les lapias, c'est comme un plateau de calcaire. Et en fait, ça fait plein d'espèces de lames verticales et on peut marcher dessus. Sauf que du coup, le terrain est très accidenté et la balise est posée au milieu de ces lames verticales qui s'érigent. Les plus fines font quelques centimètres, mais les plus larges peuvent faire plusieurs mètres. Et ça fait des grandes failles, des grandes failles. Et donc, il faut se repérer là-dedans. Donc, quand on arrive au col, on prend le temps d'estimer à peu près la position des trois balises qu'on doit trouver, qui sont très resserrées. Et on voit qu'il y a des équipes qui sont en train de jardiner. Et on se dit, bon, là, c'est technique. On a de la chance, on est deux jours. Il faut qu'on soit bien concentré. Et là, on trouve la 36 du premier coup, la 37 du deuxième coup, la 38 du deuxième coup. On a passé... le moins de temps possible qu'on pouvait dans cette section alors que il y a des équipes qui vont passer des heures et des heures et là trop content on reprend le chemin dans dans ce trek donc on accède encore à une zone où il y a c'est pas des lapias mais il y a beaucoup d'enrochements calcaires et on trouve sans encombre les trois balises suivantes qui nous amènent au sommet du paria et donc là vu à 360 degrés on a le soleil qui éclaire de partout on voit hyper loin C'est incroyable, on a le vide à gauche, on a la vue sur le lac de Serre-Ponçon au loin. Là, on en prend vraiment plein, plein, plein, plein, plein les yeux. Et quand on arrive au sommet, on se dit, maintenant, il faut redescendre. Et en fait, il n'y a aucun chemin qui redescende. Et Aloïs, il se penche sur la carte, il me dit, mais Jean-Noël, si on part plein ouest, il y a des barres rocheuses, si on veut rejoindre le col de Chorges. On avait prévu de prendre cet itinéraire-là au plus haut. Mais en fait, arrivé sur place, les courbes de niveau, on voit très bien que c'est des falaises. et c'est parti, on est parti dans la pente énorme pente, consigne de sécurité, on se décale parce que évidemment chaque pas fait partir des petites pierres et du coup avec la vitesse celui qui est 10 mètres en contrebas risque de se faire assommer même si on a les casques donc on s'écarte et on descend comme ça, on dévale la pente hyper raide. On arrive dans les alpages qu'on franchit assez rapidement et pour aller de la dernière balise de la descente jusqu'à la Via Ferrata Là il y a un choix qui se fait, soit c'est un détour par un chemin, mais du coup qui coûte un peu l'énergie, soit il faut descendre pareil dans la forêt et hyper hyper raide. Et donc on fait le choix de descendre hyper hyper raide, et là c'était hyper glissant, puisque le sol était gorgé d'eau, et finalement ce qui devait nous prendre peu de temps, on a dû descendre hyper prudemment en s'accrochant aux arbres avec les pieds qui glissent, et on arrive au moment où on arrive en bas... au poste de contrôle avec le guide qui vérifie notre matériel avant de partir sur la Via Ferrata, boum, la pluie qui tombe. Donc nous, on se regarde dégoûtés, on est tous mouillés. Et là, on voit Guilhem avec un énorme sourire. On dit, mais qu'est-ce qui se passe ? Du coup, je suis trop content, on ne va pas faire la Via Ferrata. Parce qu'en fait, il souffre un petit peu du vertige et c'est vrai que ça consomme de l'énergie de se retrouver pendu, suspendu au vide à 60-70 mètres de vide quand on est... pas très à l'aise et du coup c'est autant d'énergie de gagner pour celui qui n'est pas à l'aise et donc notre guilou trop trop content et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, le guide avait monté une tente avec un matelas et donc du coup on était neutralisé le temps de la via ferrata pour pas qu'on gagne du temps de ne pas la faire On a neutralisé une heure. Les autres avaient fait environ 40 minutes pour faire la Via Ferrata. Et nous, on est restés une heure. Et du coup, on est restés, par contre, au chaud, dans la tente montée par le guide qui nous a dit « Ouais, allez-y, installez-vous » . Donc là, c'était vraiment royal de retrouver ce confort. C'est juste une tente posée sur un parking. Mais nous, on était là, dans un hôtel 5 étoiles, au chaud, sur un matelas. La grande classe, quoi. Bisous. On suit le fond de vallée pour arriver à Ansel. C'est une magnifique petite station de ski avec des montagnes de chaque côté. Ce qui nous attend à Ansel, c'est pas une épreuve de ski. Non, non. C'est du roller. L'organisation nous a transporté nos rollers et on a une boucle à faire autour d'Ansel. Nous, normalement, c'est plutôt notre point fort, le roller. On chausse les rollers et on se dit... On a encore bien réveillé, donc on profite du fait que la pluie est un peu cessée pour le faire maintenant le roller. Si jamais il se remet à pleuvoir, ça va être compliqué de faire du roller sous la pluie. Donc on choisit de partir directement dans le chemin. Là, ça descend, ça descend, ça descend. Et là, on commence à prendre de la vitesse. Patrice nous avait dit, pas de soucis sur le roller, allez-y. Donc moi, j'y vais franco, franco. Et là, je vois un panneau, feu rouge dans 50 mètres. Je me dis mais qu'est-ce que c'est que cette histoire là, je suis lancé à plus de 45 km heure, feu rouge, c'est quoi ce truc quoi, donc j'essaye de freiner de plein de différentes manières, et heureusement c'était le milieu de la nuit, et le feu rouge en fait était désactivé, c'était juste un passage piéton, mais énorme coup de stress quoi quand je suis lancé et que j'ai vu ça, du coup après il y avait un long replat, donc effectivement c'était sans danger, mais voilà, petite poussée d'adrénaline. On revient très rapidement. sur une route et on valide deux points de contrôle dans le village. Très très sympathique de visiter ce village. En plus, nous on est de nuit, donc du coup on a l'impression d'avoir le village pour nous. Et on revient à l'ère de transition. Et là, le temps n'est quand même pas super bien. On sait qu'on a une course d'orientation qui nous attend. Et on se dit que la section ne va pas être facile. Donc on fait le choix de s'arrêter au chaud, à l'ère de transition, et de dormir une heure. Avant de partir sur la course d'orientation, on choisit de monter nos vélos, ce qui nous permet de nous réveiller bien comme il faut et de nous rééquiper. Donc on se lève, on plie nos duvets et on se dirige vers nos caisses vélos, un peu la tête pas bien réveillée. Et on commence à déballer nos vélos et puis on sent une personne qui s'approche de nous. Là, je lève les yeux. C'est ma femme ? Alors là, je n'en crois pas mes yeux. Mais qu'est-ce qui se passe ? Mais qu'est-ce que vous faites là ? Ce n'était pas prévu. Mais les enfants, ils sont où ? Donc là, trop, trop content. Un gros moment de bonheur. On avait nos trois femmes qui avaient pris la voiture et qui avaient fait six heures de route. En fait, elles nous suivaient sur l'ordinateur. Et en fait, elles n'arrivaient pas à dormir tellement elles étaient excitées de nous imaginer en course. Et du coup, elles ont fait le choix de faire cinq heures de route. et de nous voir et de venir nous supporter. Donc là, c'était vraiment un moment de bonheur, d'émotion riche. Ça fait trop plaisir de voir ça. C'est une surprise.
- Speaker #3
Bonjour ! Bonjour ! Bonjour !
- Speaker #1
Bonjour ! Bonjour ! Bonjour !
- Speaker #3
On dormait pas alors on s'est dit... Mais ils ont... Bah ils sont virés. Ah mais on a des enfants, on avait pas d'enfants. On avait des enfants quand même. Vous avez fait la route à trois ? Oui. On est plutôt venus à partir alors que...
- Speaker #1
Le VTT qui nous attend, c'est un VTT de 57 km et au milieu on a une spéléo. Donc il y a notre caisse avec le matériel de spéléo qui est amené par l'organisation. Et donc c'est assez rare en Raid d'avoir de la spéléo. Donc on met nos baudriers, nos longes de Via Ferrata, nos combis, nos casques, nos lampes frontales et c'est parti. On arrive, on suit la rubanise, on voit l'entrée de la grotte. Ok, on y va. Et là, c'était pas de la spéléo d'initiation. C'était la vraie spéléo. Alors, on avait des longes, on a passé un lac, on a passé un boyau où il fallait ramper en montant. Alors, évidemment, il n'y avait pas de recherche d'itinéraire parce qu'on a bien vu la rubalise. Et on ne s'est pas approché de la rivalise. Bon, il n'y avait pas de risque, mais voilà. On s'est dit, voilà, on ne prend aucun risque. Même s'il n'y a pas de risque, on ne prend aucun risque. Et on a passé presque 25 minutes à se tortiller sous terre et à se régaler. Enfin, moi, je me suis vraiment régalé. C'est un super souvenir. Et on est ressortis de la grotte avec la banane. Par contre, on était bien à l'intérieur avec nos néoprènes. Ils faisaient 15-20 degrés. Et là, on ressort à, je ne sais pas, il devait faire 55 degrés au moins. Bon. Pas vraiment 55, mais enfin, il faisait chaud quand même. Et du coup, nous, on remontait en vélo et il y a une longue portion de goudron. Le goudron, ça réverbait la chaleur. Et là, dur de faire la montée. On fait la montée, on arrive à la joue du loup. Et là, alors, tenez-vous bien parce que vous avez le droit à Flo Beluz qui est venu nous voir. Après, on a eu nos femmes. Et là, il y avait toute ma belle famille qui était venue. Donc là, on est arrivé accueillis en héros. On a l'impression d'être des stars internationales.
- Speaker #3
Et ils sont là, nos Ligerettes ! Bravo ! Transition pour repartir sur le VTT assez rapidement.
- Speaker #1
Et on repart sur le VTT à la tombée de la nuit. et on sait que c'est notre dernière section, le classement est quasiment joué, il y a une équipe qui n'est pas loin devant, et donc on s'engage, on s'engage, et c'est moi qui est dans la carte, c'est la nuit, on cumule quand même la fatigue de toute la course, et là je m'aperçois que j'ai fait une erreur, je dis mince les gars, on est en train de monter sur le mauvais chemin, et donc on monte, et Aloïs il me dit, mais non regarde, en fait c'est bon, il y a un chemin qui rejoint, je n'avais pas vu en fait, mais en prenant le mauvais chemin, j'ai fait le meilleur choix, parce qu'il y avait un chemin qui coupait. et qui permettait de rejoindre le chemin que je pensais prendre initialement, mais qui était beaucoup plus technique et beaucoup plus long. Et du coup, je me suis dit, si je n'avais rien dit, ça ne serait pas vu, mais du coup, rassuré, c'est quand même bien d'être deux orienteurs dans une équipe, ça permet de se rassurer. On bascule de l'autre côté du col, et donc il nous reste une longue, longue, longue descente, presque 40 km de descente. Et la descente en VTT, pour ceux qui ne l'ont pas expérimenté de nuit, quand on est fatigué, à part le kayak, il n'y a presque rien de pire pour s'endormir. Et j'avais devant moi Guilhem qui commençait à zigzaguer à gauche, à droite, à gauche, à droite. Je disais, Guilhem, tu es sûr que ça va ? Et en fait, le fait de voir s'endormir, moi, ça m'a mis dans un état de vigilance en disant, mais là, on n'est pas loin d'un accident. Donc, moi, ça m'a complètement réveillé. Et par contre, lui, il s'endormait, il s'endormait. je dis non mais là il faut qu'on s'arrête D'autant plus qu'on est arrivé sur une portion où le chemin était à flanc de falaise. Donc on traversait des espèces d'ocres violettes, mais des ravines quasiment à pic. Et donc on était en balcon là-dessus. Le moindre écart pourrait être fatal. Du coup, je dis, Guilhem, on s'arrête, on s'arrête. Finalement, on a fait le choix de pousser le vélo sur cette portion hyper dangereuse. Et puis, très vite, on a vu les lumières de Venn. et là du coup l'excitation de l'arrivée qui nous...
- Speaker #5
qui nous a tenus et là on termine la lumière arrive allez allez allez allez allez wouhouhou franchi la ligne d'arrivée le
- Speaker #6
grand sourire la bouteille de crément qu'on fait exploser oh la la la la la la ouais vraiment
- Speaker #1
Super content et en même temps une petite pointe de tristesse à se dire qu'on vient de vivre 4 jours dans notre bulle complètement déconnecté du monde, à apprécier chaque moment de sport, de ce que la nature nous offre, les paysages. C'est l'arrivée, c'est l'aboutissement mais c'est aussi un peu la fin, c'est un peu la mort de cette petite aventure. Une petite pointe de tristesse.
- Speaker #4
C'est une super aventure. Bon parcours technique engagé. C'est la partie des plus beaux raids qu'on a fait jusqu'à présent.
- Speaker #1
Merci Sud Raid. C'est dur, mais c'est bon. Au final, on est classé 3ème scratch toutes catégories confondues. Première équipe homme. Avec un peu de fierté, on monte sur le podium après toutes ces aventures. L'essentiel, c'est de se dire que pendant 4 jours, on a partagé ces aventures. C'est vrai que... Au fil des courses qu'on fait, c'est vrai qu'on va toujours un petit peu plus loin, mais on se rappelle toujours nos débuts où on s'est inscrit sur notre première aide. Et en fait, c'est exactement les mêmes émotions qu'on a vécues. Alors au début, c'était phénoménal de faire du vélo sur des chemins. Et puis petit à petit, on partage toutes ces émotions depuis le début qu'on a commencé le sport. Et c'est vrai qu'on se dit qu'on pourrait faire la même chose avec nos enfants. Il y a des formats famille qui existent. C'est quelque chose qu'il faut vivre, soit avec des copains, soit en famille, soit avec son épouse. Je recommande à tout le monde de se plonger au moins une fois dans ce milieu de l'aventure.
- Speaker #0
Merci Jean-Noël pour le partage de cette course folle qu'est la Sud Raid Aventure, ainsi que cette bonne humeur communicative. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à le partager et à mettre des étoiles sur Apple Podcasts. On se donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau récit de sport. En attendant, je vous laisse avec Sandrine pour d'autres conseils sportifs. A bientôt !