Speaker #1Je m'appelle Claude Caz, j'ai 41 ans, je suis bitérois, je suis aventurier, explorateur et sportif, et j'organise des expéditions humanitaires et des défis sportifs. Comment je me suis préparé ? J'ai beaucoup marché, j'ai couru aussi mais beaucoup plus marché, où je tirais quasiment tous les jours pendant un an, soit des pneus, soit une luge très solide, où j'avais renforcé les patins par de l'inox pour que je puisse l'utiliser autant sur le boudron que sur du sentier, où je tirais des charges de 5 à 50 kg sur des distances de 5 à 20 km. Je me disais qu'il était absolument indispensable pour moi, et impensable surtout, que je ne puisse pas finir cette expédition et donc arriver au bout à cause du physique. J'ai eu la chance quand même d'avoir pas mal voyagé avant de faire tout ce que j'ai fait, et donc pour le Nil, autant dans la marine nationale, dans les pays où je suis allé en escale, qu'à la légion étrangère où j'étais dans le pays où je faisais mon travail, entre guillemets. Les seules choses auxquelles on doit s'attendre et qui peuvent être les plus dangereux, c'est 1. le risque animal, 2. le risque humain. J'étais un peu mitigé entre l'excitation de l'aventure et... Le stress, alors ça c'était toujours uniquement du moment où je suis monté dans l'avion en France pour arriver jusqu'au Burundi qui est le pays où il y a la source du Nil. Pourquoi ? Parce qu'on peut rencontrer de part les douanes ou ce genre de choses, des restrictions ou des interdictions. J'étais plus stressé pour ça que par l'expédition en elle-même. Ce qui me booste en fait, c'est comme tout ce que je fais en général, c'est que je fais tout à 100% et je ne sais pas faire les choses à moitié. Et heureusement d'un côté que je suis dans cet état d'esprit, parce que ça m'a quand même sauvé la vie plus d'une fois. J'allais employer le mot conquérant, mais conquérant je pense que c'est pas le mot parce que j'étais pas là-bas pour conquérir un pays ou quoi, j'étais plutôt là-bas pour, faut pas l'oublier, pour amener des médicaments à des ONG locales qui n'en avaient pas l'accès et les aider aussi financièrement dans leurs propres actions. Je suis parti chez moi, donc j'avais mon fameux sac à roulettes. Toute la logistique que ça implique de pouvoir rester autonome, que ça soit par un panneau solaire qui se déplie, avec une batterie qui peut stocker de l'énergie, essayer de trouver tout ce qu'il faut pour pouvoir faire un feu. Donc j'avais tout ce matériel qui était dedans et je suis parti chez moi. Un peu l'esprit triste d'un côté, puisque je laissais mes enfants et ma compagne. Meeum Je l'avoue, très envieux de l'aventure qui m'attendait. J'ai pris mon premier train où je me suis dirigé vers la gare de Béziers, puis je me suis dirigé vers la gare de Lyon sur Paris. Mais très très excité, plus le temps est passé, plus j'étais excité, pour ne pas dire beaucoup d'adrénaline. Puis c'est le lendemain, je dois me réveiller très tôt. Je n'ai quasiment pas dormi de la nuit comme un enfant, je pense qu'il va à la rentrée scolaire. Et là j'arrive à l'aéroport, mon ami me dépose, on se dit au revoir. Je ne suis pas triste et lui non plus justement parce qu'on se connaît très bien et qu'il sait que je suis capable de faire des choses. Et c'est vrai que le réconfort d'avoir un ami qui vous accompagne jusqu'à ce moment-là, c'est quand même très agréable. Ça pousse entre guillemets à se dire que c'est beau ce qu'on fait, c'est porteur de beaux messages, mais ça donne toujours envie de continuer et de faire ce que je fais. Et puis je prends l'avion. Il y a eu une escale bien évidemment entre Burundi et Paris, qui était à Nairobi, et une autre escale après sur le Rwanda, après j'arrive à l'aéroport du Burundi, c'était à Bujumbura exactement, et arrivé à l'aéroport j'ai mon contact, mon contact me dit qu'on a un petit problème pour le visa, qui normalement devrait être pris comme dans beaucoup de pays en Afrique, sur place, on pouvait le prendre à l'aéroport. Sauf qu'apparemment, on me dit qu'il y a une erreur, que j'aurais dû le prendre en France et que je dois retourner en France. Et à ce moment-là, pour moi, il était impensable que je retourne en France. À ce moment-là, mon contact a fait des pieds et des mains. Et au bout de 4 heures de combat, il a eu un ministre qui lui a dit, non, non, il n'y a pas de souci. Ton ami français vient d'un autre pays. On doit l'accueillir comme il se doit et on va le laisser passer. Et voilà. Bonjour à tous les amis, c'est mon premier jour, je suis à Bujumbura et je suis un peu ému parce que là je pars justement à Kazumu, c'est un peu plus au sud par rapport à ma position. Il est 5h08 et à cette heure-ci il n'y a pas beaucoup de monde sur la route. Je vous dis à tout à l'heure pour cette marche. Allez, c'est parti, il y a déjà quelqu'un qui part derrière moi. Pour rejoindre la source du Nil, il a fallu que je parcours environ 120 à 130 km depuis la capitale. Après 120 km de marche, on parle de 3 jours, je me suis retrouvé face à une petite pyramide qui était l'emplacement spécifique de la source du Nil. où il y avait un... une personne, un guide en fait, qui était là et qui m'a expliqué un peu l'histoire de la source et qui l'avait découvert. Et c'était juste extraordinaire parce que je me trouvais enfin à la source du Nil. Et je n'ai pas pris conscience en fait tout le long de mon chemin pour aller jusqu'à cette source. J'en ai pris conscience uniquement quand je me suis retrouvé devant que le Nil dont tout le monde parle, dans les livres d'histoire, dans les livres d'école, il y avait la source sous mes pieds. C'était quelque chose qui me donnait des ailes, qui me donnait encore plus envie de continuer cette expédition. Ça y est les amis, enfin ! On est arrivé, regardez la source du Nil. C'était le début de Claude l'explorateur. Il y a déjà 7-10 jours de marche qui ont déjà été effectués. Je suis au nord-est de la Tanzanie. Je m'apprête à franchir la frontière ougandaise. Ça se passe super bien, je ne me sens pas trop fatigué. Et je me rappelle qu'il y a un des plus beaux et plus grands lacs du monde, c'est le lac Victoria. Et je me dis, il faut que j'y sois le plus rapidement possible. Du coup, je me dis, attends, est-ce que ça ne serait pas plus simple de traverser la frontière et de me diriger directement vers le lac au lieu de... d'emprunter le chemin que j'avais soi-disant prévu. Et je décide en fait de couper court. Et donc il y avait, puisque je faisais entre 35, 40, 45, 50 km par jour. Et là je me dis, il y a 30 km, ça va être vite fait quoi. Je vais pouvoir profiter de la soirée, je vais vraiment découvrir le premier lac. Pour moi c'était la première fois que j'allais sur ce lac victorien et je voulais le découvrir assez rapidement. Sauf que ça ne s'est pas du tout passé comme je le pensais. Et au bout de 10 km, je sentais que plus je me dirigeais vers le lac, plus je m'enfonçais et plus l'eau montait au niveau de mes pieds. Et je ne m'étais pas rendu compte qu'en fait, depuis un moment, je marchais dans des marécages. Il faut savoir que dans les marécages, n'importe où dans le monde, très souvent, il y a sangsues, serpents, pour ne pas dire jusqu'à anacondas. Il peut y avoir même des crocodiles. Et puis quand l'eau a commencé à monter et que ça arrivait jusqu'au haut des mollets, je me suis dit là je suis dans des marécages. Ça a été compliqué, surtout ça m'a ralenti, mais vraiment beaucoup. Tellement que je faisais du 1 km heure. Donc c'était vraiment très très lent, c'était pas du tout ce que j'avais prévu et je pensais arriver plus vite et voilà, sauf que la journée vient de passer, le soleil commence à se coucher et moi je suis au milieu d'un marécage, mais je me dis je vais quand même pas dormir dessus, bah si en fait j'ai eu peu le choix. J'ai dû poser ma tente au milieu d'un marécage sur une bosse entre guillemets de terre et j'ai posé donc la tente et mon filet parce que voilà je vous dis pas les moustiques, il y en a vraiment à la toque là-bas. A ce moment là je me dis bon tant pis ça va se passer, j'avais les pieds bien évidemment trempés, les chaussettes, les chaussures, le pantalon, enfin voilà. Comme c'est un endroit, l'Ouganda qui est très humide et très chaud en même temps, je me dis la nuit va être un peu moins chaude que la journée mais va me permettre d'avoir mes vêtements secs le lendemain. Sauf que j'ai pas pu dormir de la nuit puisque j'étais entouré en fait de grenouilles qui ont couaqué toute la nuit. Et du coup, j'étais vraiment fatigué de la journée parce que, il faut savoir que j'ai essayé pendant cette expédition, au maximum que j'ai pu, de manger en autonomie. C'est-à-dire que j'ai essayé de chasser et de pêcher par mes propres moyens. Donc j'avais une canne à pêche et je savais faire quelques pièges. Du coup, je m'étais dit, bon, quand tu le peux, fais-le, si c'est vraiment en nécessité. Et effectivement, j'étais en dernier, donc j'avais de la nourriture de secours, sauf que je l'avais déjà un peu usé. Et là, j'étais vraiment à la fin de ma nourriture de secours. Donc, si je ne trouvais pas vite de la nourriture, j'allais être en carence d'alimentation. Et à ce moment-là, sur mon chemin du lendemain, je trouve un serpent mort par terre. Il est un peu plus de 9h. Vous savez que je défends la cause animale. Si l'on rencontre sur le chemin un animal mort, qui est comestible et que l'on peut manger, je vous montre ce que je viens de voir. Ce n'est pas moi qui l'ai tué. Voilà, vous le voyez, c'est un serpent. Je pense que ça va être un bon repas. J'avais jamais mangé de toute ma vie de serpent, et le soir arrivé, pareil, sur notre mode de terre, j'ai coupé la tête plus large que prévu, parce que j'avais pas envie d'avoir les fameuses glandes veineuses sous la dent, et avoir un problème à ce niveau-là. J'ai dépecé comme j'ai pu, et voilà, c'était de la vraie survie, où j'avais jamais fait ça de toute ma vie, même en tant qu'ancien légionnaire. C'était mon premier serpent, c'était une très belle expérience puisque je l'ai tellement cramé que j'ai plus senti le goût de la viande carbonisée plutôt que le goût du serpent parce que j'avais peur que ça soit avarié ou qu'il y ait des infections ou ce genre de choses. À ce moment-là, je ne pense pas à l'exploit sportif. D'ailleurs, je pense qu'à aucun moment, mis à part à la fin, au niveau de l'Égypte, à aucun moment j'ai pensé à l'exploit sportif, c'est-à-dire de tous les kilomètres que je parcourais tous les jours. Jamais je me disais aujourd'hui tu as fait 50 km, aujourd'hui tu as fait 40, je me disais pas ça en fait. Je vivais vraiment la chose au quotidien, j'adaptais bien évidemment mes arrêts en fonction des contraintes que j'avais puisque je tirais quand même un sac qui faisait une quarantaine de kilos, il ne faut pas l'oublier, avec tout le matériel logistique que j'avais. On se fixe des petits objectifs et se donner aussi des récompenses. De se le dire c'est très bien pour le moral, pour on va dire soulager le cerveau. C'est bien aussi comme des fois un peu de chocolat ou peut-être un bonbon, même si je n'aime pas trop ça, juste pour au niveau du cerveau qu'il se sente à l'aise et qu'il se sente en sécurité. On continue de pagailler, là on a la chance, on a le vent en fait qui est avec nous. Et du coup ça nous fait quand même avancer beaucoup plus vite. J'ai fait quand même un truc qui n'était pas prévu. J'ai traversé le lac Victoria en pirogue. Donc trois jours de nuit à dormir, à manger et à faire ses besoins comme on le pouvait. Et ça a été une expérience extraordinaire puisque j'ai gagné du temps. Et c'est la première fois que je faisais de la pirogue. Et donc après ça, je me suis retrouvé de l'autre côté. Ce qui m'a fait gagner au moins une dizaine de jours sur mon planning. Ce qui était énorme parce que ce n'était pas du tout prévu. Même si c'était quand même assez physique de faire de la pirogue. On en faisait au moins 9 à 10 heures par jour. pour pouvoir arriver à l'autre côté. Trois jours, c'est le troisième jour. Trois jours, deux nuits passées sur ce bateau. On arrive enfin. On aura parcouru environ quelque chose comme 160 ou 170 kilomètres. Je suis crevé. Je pense que je vais au moins passer une nuit là avec eux. Il se passe au moins trois semaines. Là j'arrive sur Khartoum, sur le Soudan parce que j'ai pas pu franchir le Sud Soudan. Après avoir franchi la frontière sud-soudanaise, j'ai rencontré des terroristes qui étaient armés et qui tiraient un peu sur tout le monde. Et comme j'étais le seul étranger, j'étais une cible potentielle pour être un otage, du coup on a dû faire demi-tour. J'ai dû jumper et me retrouver sur Khartoum, au Soudan même. et à ce moment là quand j'arrive sur Khartoum Je me sens différemment de tous les autres moments où je suis le Nil. Puisque, il ne faut pas l'oublier, j'ai suivi le Nil quasiment tout le temps, à part au moment où j'ai dû le déjumper, mais tout le long, je l'ai suivi. Et là, je me sens comme si je me rapprochais un peu d'un objectif et un peu plus apaisé. Donc j'étais vraiment bien au niveau mental, au niveau de mon esprit. Je commence à marcher toute la journée. où j'ai vu sur le chemin l'ambassade qui m'a confirmé que tout allait bien, que je pouvais continuer. J'ai croisé une autre personne, un Soudanais, qui m'a dit la même chose. Sauf que, pour faire court, je me suis fait agresser le soir même, dans mon campement, où on en voulait à ma vie pour de l'argent. Du coup, j'ai cédé en fait tout ce que je pouvais céder. Et heureusement pour moi, j'ai pu m'en sortir et continuer mon périple. Mais j'ai dû, à cause de cette expérience-là, j'ai vraiment abordé les choses différemment. Avant, c'était plus en mode... Aventure aventurier, là j'étais plus dans l'exploration puisqu'on sait qu'en tant qu'explorateur il faut vraiment regarder tous les détails de la sécurité et là j'étais à fond dans la sécurité. Ce qui m'a fait rester quand même environ deux à trois semaines sur le soudan sans bouger avant de me déplacer pour être sûr que mon déplacement ne soit pas suivi par ces mêmes personnes qui m'avaient agressé et donc d'être en sécurité. puisque je n'avais pas parlé à ma famille pour pas les inquiéter. Je m'étais dit que j'allais aussi leur en parler après, quand je me sentirais aussi plus à l'aise avec ça. Et à ce moment-là, j'ai vécu la deuxième chose la plus forte de toute mon expédition, c'est la générosité et la solidarité d'un peuple qui ne me connaissait pas et qui m'a accueilli chez eux comme si j'étais un membre de leur famille. Donc dans ce même pays, dans le Soudan, si je devrais résumer, j'ai vécu la pire et la meilleure, jusqu'à mon arrivée en Égypte. Donc je franchis la frontière soudanaise et égyptienne où ça se passe très bien. J'ai un général qui garde la frontière et où je lui montre tout mon matériel, qui comprend ce que je suis en train de faire, qui me dit il n'y a pas de souci. Si vous avez un problème, je vous laisse mes coordonnées. Du coup, j'étais quand même assez serein parce que le général, c'est quand même pas n'importe qui. Et je franchis la frontière. Je suis sur Aswan qui est tout au sud de l'Égypte. ça se passe super bien tous les jours défilent je rencontre des policiers partout puisqu'il faut savoir qu'il ya des tchèque ponts tous les 5 10 km sur les voies nationales en egypte ça m'a très bien allé en fait qui est de la police tous les 5 à 10 km pour justement vérifier la sécurité de tous les étrangers et des locaux jusqu'à arriver à peu près à une vingtaine de kilomètres du caire donc j'avais franchi plus de 850 km à pied en remontant donc de assouan jusqu'au caire Encore une fois, un peuple qui a le cœur sur la main. Là, je me fais un nouveau contrôle, un checkpoint banal. Là, j'ai un autre général, celui-ci qui gère la sécurité du Caire, puisque c'est la capitale, et qui me dit « est-ce que vous pouvez ouvrir votre sac ? » Et là, j'ai un peu l'impression, puisqu'on m'amène dans une pièce, il y a un peu une lumière qui reste sur moi, comme dans les films de science-fiction ou les romans policiers. d'être interrogé comme un espion. Et je n'en avais pas conscience à ce moment-là, mais c'est exactement ce qui était en train de se passer. J'avais du matos qui, pour eux, était militaire, comme un téléphone satellite, comme un GPS qui était assez spécifique et très performant, qui me permettait justement d'être très précis. Et pour eux, ce n'était pas anodin justement d'avoir ce type de matériel. Ce n'était sûrement pas en fait un civil qui devait avoir ces instruments-là. Donc du coup, Après les interrogations qui ont duré quand même pas mal de temps, il décide de m'accompagner jusqu'à mon prochain logement. Puisque par rapport à ce qui s'était passé au Soudan, j'avais décidé que je ne passais plus les nuits dehors, mais que je passais mes nuits plutôt dans des logements, quitte à ce que ce soit des logements pas très très chers, mais voilà, au moins j'étais en sécurité le soir. Et il décide donc de m'accompagner. Et à ce moment-là, quand on arrive en bas de l'immeuble, je vois... Des dizaines et des dizaines de policiers en civil en tenue des militaires et je me dis il doit se passer quelque chose, il y a un événement et tout. Et en fait je ne me rendais pas compte que pour eux j'étais, en tout cas c'est ce qu'ils m'avaient dit, quelqu'un d'important et c'était lié à ma sécurité. Et quand ils m'accompagnent, je leur dis au revoir sur le palier, sauf que je vois qu'ils continuent à m'accompagner jusqu'à l'intérieur de l'hôtel et qu'ils restent toute la nuit devant ma porte en fait, de ma chambre d'hôtel. C'était limite, je ne pouvais pas aller aux toilettes sans leur demander leur accord. J'ai trouvé un peu extrême cette façon de sécuriser quelqu'un, sauf que dans la réalité, ils ne savaient pas si j'étais un espion ou pas, en tout cas c'est ce qui a été dit par la suite. Ne sachant pas si j'étais un civil, entre guillemets quelqu'un de bienveillant ou quelqu'un de malveillant, ils m'ont tenu en détention dans l'hôtel où j'étais pendant 15 jours. Et ce qui a donné après court à une multitude d'actions de ma part où... J'ai essayé par mes propres moyens les dix premiers jours de régler l'histoire, mais je n'ai pas réussi. Du coup, j'ai fait appel aux réseaux sociaux. Et puis là, c'est grâce aux réseaux sociaux qu'il y a eu des milliers de partages de vraiment, j'ai envie de dire une grosse communauté qui suivait ce que je faisais, mais qui était entre guillemets un peu endormie et qui là s'est réveillée. Et ce qui a permis de pouvoir avoir accès aux sénateurs de l'Hérault, aux ministres des Affaires étrangères. Et sur un coup de téléphone, en fait, j'ai été entre guillemets relâché, où je pensais que j'étais en liberté, mais suspense jusqu'à la place de l'avion, j'ai été escorté à l'intérieur de l'avion. Les deux, trois premiers jours, je pense que j'avais encore conscience, puisque c'était les raisons pour lesquelles je disais tout le temps à tout le monde, que ce soit à la sécurité intérieure égyptienne, avec qui j'ai conversé, le général que j'avais eu au téléphone. ou le ministre du tourisme que j'avais rencontré, je leur disais toujours la même chose, je suis là pour cette raison-là. Et je fais ça depuis tout le temps. Je leur ai montré toutes les preuves inimaginables que j'avais sur moi et sur les GPS. Heureusement qu'il y avait des traceurs, c'était super important. Mais passer ce délai-là, quand on est au bout de soi-même et qu'on se dit qu'on a donné toutes les informations que l'on peut donner puisque c'était juste une vérité et une réalité. A ce moment là je ne pense plus à l'expédition puisque pour moi je l'avais aussi fini puisque j'avais déjà délivré les derniers médicaments. Je pense uniquement là à Claude Caz, est-ce qu'il va pouvoir ressortir de là avec toutes les histoires qu'on a tous entendues, des gens qui sont restés retenus en otage pendant des mois et des années. Est-ce que Claude Caz qui a une compagne et des enfants va pouvoir les revoir ? C'est vraiment le sentiment que j'ai eu à ce moment là et je me suis dit non je vais tout faire pour. Je finissais l'expédition, pour moi je l'avais bouclé, je l'avais réussi. J'allais enfin retrouver après l'épisode de l'Egypte, mon pays, ma ville et ma famille. Et j'avais décidé d'appeler le maire de ma ville en lui disant est-ce qu'il est possible que l'on fasse... Parce que voilà, tout Béziers était au courant de ce qui s'était passé en Egypte. Et je lui avais demandé est-ce qu'on peut faire une surprise à ma compagne et à mes enfants. Et il a tout de suite dit oui et en fait il a préparé une fête surprise. où il avait invité ma compagne et mes enfants. Vous allez représenter votre compagnon et le temps qui rentre, et puis tout ça. Et puis en fait, ça s'est super bien passé, bien évidemment que l'émotion était au rendez-vous. Mais j'ai dû avoir quand même un temps d'adaptation, et je pense que tous les explorateurs et tous les aventuriers le savent. Il y a toujours un vrai temps d'adaptation, surtout quand il s'est passé des choses très graves. Il y a vraiment une chose importante à savoir sur l'émotion, c'est que très souvent, Comme ce qui peut arriver dans le quotidien, un accident, un décès, il y a le poste, donc tout ce qui peut arriver après. Je n'avais pas pris conscience de ça et effectivement pendant les 10 jours qu'on suivit mon retour, je ne suis pas sorti chez moi. Je n'avais pas forcément envie de voir du monde et j'avais vraiment envie de me retrouver un peu moi avec ma famille dans ce cocon là, pour me ressentir entre guillemets bien et voilà, passer ces 10 jours là, voilà c'est... La chose est redevenue à la normale et j'ai repris mes entraînements et la suite des événements. Ça a été une expérience folle, intense. Bien évidemment que j'en retiens plus la raison pour laquelle je suis parti. Et surtout, pour moi, le défi a été relevé, puisque j'étais parti pour distribuer des médicaments, et ça a été le cas, pour les aider financièrement dans leurs actions, à toutes ces ONG qui étaient dans le besoin. Après le défi personnel, certes il me restait à peine une centaine de kilomètres à faire pour finir et arriver à l'embouchure du Nil, mais j'étais quand même très satisfait de moi. dans le fond. J'ai pas eu un seul moment dans toute l'expédition où je me suis dit il faut que tu arrêtes c'est trop dangereux. Pourtant j'ai rencontré des animaux à l'extrême dangereux, j'ai rencontré des gens malveillants, j'ai été très seul pendant un long moment. La solitude fait partie des choses sur lesquelles on doit combattre en fait au quotidien. J'étais même malade à aller jusqu'à l'hôpital, j'ai eu une infection alimentaire mais j'ai jamais douté. Pour une seule et bonne raison, c'est que je savais pourquoi je le faisais en fait. Je savais que ce que je faisais c'était plus grand que moi et plus important que moi et que ça allait apporter vraiment quelque chose de positif à certaines personnes qui en avaient vraiment besoin. Si je devais refaire cette expédition, je la referais sur la même route mais je la ferais différemment dans le sens où maintenant que j'ai un peu d'expérience, je mettrais plus de pourcentage en fait sur la sécurité. Beaucoup plus de prévention aussi, en termes de formation, ce genre de choses. Parce que c'est vrai que quand on a envie de partir à l'aventure, on se dit je suis assez formé, même moi en tant qu'ancien légionnaire ou en tant qu'ancien technicien sur plateforme, où je partais seul au milieu de la mer. Je pensais être prêt à 100% et je ne vais pas dire que c'était faux, mais il me manquait encore quand même certaines compétences. Aujourd'hui je sais ce que c'est, je suis en train de rectifier le tir et ce qui permet de pouvoir avoir cette expérience et de refaire la même chose mais avec beaucoup plus d'assurance. Comme je dirais à mes enfants en fait, si on n'a pas des rêves, les objectifs ne seront pas aussi grands que ce que l'on est capable de faire.