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ADN D'ATHLÈTE, l'esprit sport

L’aventure : le jour où on a traversé les Alpes en ski de rando - Projet ALP avec Simon Wuilmart et Guillaume Maret

L’aventure : le jour où on a traversé les Alpes en ski de rando - Projet ALP avec Simon Wuilmart et Guillaume Maret

30min |20/12/2023|

2541

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L’aventure : le jour où on a traversé les Alpes en ski de rando - Projet ALP avec Simon Wuilmart et Guillaume Maret

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30min |20/12/2023|

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Description

Après plusieurs années d’amitié, de sport et d’expériences partagés, Guillaume et Simon se lancent dans une aventure extraordinaire : la traversée de l’arc Alpin en ski de randonnée, soit 1000 kilomètres, 80 000 mètres de dénivelé, 34 massifs et 4 pays parcourus en 100 jours. Ce projet, baptisé ALP, a été pensé dans une démarche sportive, humaine et responsable.

En plus du challenge physique et mental, Simon et Guillaume sont aussi partis en quête de rencontres d’expériences et de témoignages pour revenir avec de quoi créer un film reflétant au mieux l’impact du réchauffement climatique sur l’arc Alpin.

⛰️

Si vous avez été transporté par cet épisode, vous pouvez prolonger ce voyage dans les montagnes en visionnant le film de nos aventuriers : Le monde d’en haut.

💡☝️✨ L'aventure est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un récit sportif immersif qui va à la rencontre de personnes inspirantes toujours prêtes à partager leurs émotions. Ce format vous est proposé par Céciliane et Manon, journalistes, sportives et passionnées d'histoires de vie.

😎 Pour ne rien manquer des conseils, des témoignages et des aventures, abonnez-vous à la chaîne Conseil Sport !

🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Un voyage, une course, un défi, vivez des aventures sportives comme si vous y étiez.

  • Speaker #1

    Ça nous lie à vie clairement parce qu'on a vécu des très belles choses et des moments très compliqués.

  • Speaker #0

    Dans cette aventure, rencontrez Simon et Guillaume. Ces deux sportifs, passionnés et amis, ont imaginé ensemble un projet un peu fou. Ils veulent traverser les Alpes en ski de randonnée. 1000 km, 80 000 mètres de dénivelé positif, 34 massifs, 4 pays parcourus, 100 jours. Départ Salzbourg, arrivée Menton. Ce projet, ils l'ont pensé ensemble dans une démarche sportive, humaine et responsable. Au-delà du challenge physique et mental qui s'apprête à relever, ils partent aussi en quête de rencontres et d'expériences. Ils souhaitent revenir avec des témoignages pour construire un film reflétant au mieux l'impact du réchauffement climatique sur l'arc alpin. Guillaume et Simon, c'est à vous.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Guillaume, je suis né en Provence, j'habite à Marseille, j'ai 29 ans. Je suis ingénieur de formation et de pratique également dans la vie de tous les jours.

  • Speaker #2

    Moi c'est Simon, je suis belge, j'ai migré à Marseille il y a quelques années où j'ai rencontré Guillaume. Je pratique l'architecture et aussi beaucoup évidemment de sport de montagne. L'histoire est née avec Guillaume, on est tous les deux inscrits au club alpin français de Marseille. On faisait pas mal de sorties de ski de rando, un peu d'alpi l'été, etc. Et puis il y avait vraiment cette envie de passer plus de temps en montagne, principalement dans les Alpes qui est clairement notre terrain de jeu. Et donc il y a eu un jour cette idée un peu folle de se dire, bon, pourquoi pas traverser les Alpes. Du coup j'en ai parlé à Guillaume lors d'une soirée, il était je pense 2h du matin quand je lui ai évoqué l'idée. Guillaume évidemment je le connaissais donc je savais que ça pouvait être un bon partenaire pour faire cette traversée. Et directement il a répondu présent à l'appel et dès le lendemain on a commencé à s'appeler, à en discuter. Le projet a vraiment démarré à ce moment là, ça commence à devenir assez sérieux.

  • Speaker #1

    Le projet c'est de traverser l'intégralité de l'arc alpin à ski d'andonnaie. Donc l'Arc-Alpin en partant d'Autriche, de la ville de Salzbourg, pour rejoindre la Méditerranée, Menton. C'est d'ailleurs le nom de notre projet, puisque notre projet s'appelle Austria, tout littoral passe, donc de l'Autriche jusqu'au chemin du littoral. Et voilà, on avait cette volonté de tout faire par des moyens décarbonés, donc à la seule force de nos jambes, et en ayant... Une dimension écologique dans ce projet, donc en se déplaçant en train pour rejoindre Salzbourg, ensuite en skiant à la force de nos jambes à travers les Alpes, en faisant des transferts en vallée, soit en train, soit en transport en commun ou soit en autostop. Et ensuite, une fois qu'on a atteint la ville de Menton, au bord de la Méditerranée, on est rentrés à vélo avec nos skis accrochés sur les cadres pour pouvoir atteindre Marseille finalement. On est pratiquants de la montagne, donc la montagne c'est un environnement qui est magnifique mais qui est très fragile. Et avec le dérèglement climatique de nos jours, on voit qu'il y a un impact direct sur la montagne et sur la pratique, les conditions, la sécurité. Donc le but c'était dans un premier temps de se faire plaisir, mais aussi de pouvoir montrer que cet environnement fragile il est merveilleux et qu'il est important de le protéger pour pouvoir continuer à le pratiquer, que ce soit à travers le sport ou juste... la beauté du paysage etc ou la préservation des glaciers on voulait juste montrer que c'est important je pense qu'il y a aussi un peu une quête mystique de partir pendant 3 mois totalement au milieu des montagnes en plein hiver et au printemps dans un environnement qui est quand même assez hostile mais qui est très mystérieux et voilà il y avait cette envie de vivre ces moments hyper intenses et pour un peu s'échapper du monde, de nos civilisations qui va à toute allure, sur laquelle on n'a pas le temps de se poser jamais. Et là, à partir de douze semaines comme ça, c'est vraiment un gros travail dans la tête d'introspection. Et c'est ça qu'on vient chercher en fait. En se mettant dans des situations parfois très difficiles, on vient chercher le calme dans la tête. Et c'est grâce à ces expériences-là qu'on arrive un peu à se recentrer sur des choses simples. C'est des sensations qu'on vient aussi rechercher parce qu'au bout d'un moment tu es quand même un petit peu accro à tout ça, à vivre des choses incroyables. C'est la construction qui est très mal. Et du coup, d'où tu l'as pris ? Je l'ai pris à l'église.

  • Speaker #2

    C'est un peu du poids tout ça. La préparation était plus organisationnelle que physique parce qu'on était un petit peu échauffé. On a l'habitude de pratiquer assez fréquemment du sport, que ce soit du vélo, course à pied, alpinisme, guinrandeau, etc. Tout ce qui touche un peu à l'endurance de fond. Donc c'est vrai que physiquement, on n'a pas eu de programme d'entraînement particulier. Par contre, c'était tout ce qui gravitait autour, tout ce qui est sécurité, tout ce qui est cartographie.

  • Speaker #1

    La plus grande crainte, c'était, je pense, être dans des situations difficiles d'un point de vue conditions météo. Simon et moi, au final, on a une expérience de montagne qui est assez modeste. Ça fait 3-4 ans qu'on pratique de manière intense, mais voilà, en comparaison à un guide haute montagne qui a plus de 20 ou 30 ans d'expérience et qui sait sortir de toutes les situations. Pour nous, c'était ça le plus gros défi, c'était vraiment être capable de réagir à chacune des situations qui allaient s'offrir à nous et savoir gérer le risque tout en gardant ses moyens. Le jour du départ, c'était le 23 janvier 2023 à Salzbourg, à Grézé-Dansplatz. Là, ça y est, on a les sacs sur le dos. On sait que la première journée de ski, ce n'est pas vraiment une journée de ski, c'est plus une journée de transition pour aller récupérer les premières montagnes. Puis là, en fait, on est juste content. On a l'état d'esprit qui est très léger, très libre. Et voilà, c'est des sensations de voyage qui reviennent où tu as l'impression que tu peux conquérir tout et n'importe quoi. Et c'est vraiment ce sentiment de liberté super puissant qui fait vibrer et qui donne envie d'y aller à fond. En direction du Wolfspitz. Donc on part d'Autriche, on commence à traverser une partie de l'Allemagne. Et il a pas mal neigé, voilà, c'est le début de saison. Pour nous à ski, on a très peu skié. On a un sac à dos qui est lourd, auquel il faut s'habituer. On n'a pas l'habitude de skier dans ces conditions, on est dans des montagnes qu'on ne connaît absolument pas. Et du coup, on se fait vite surprendre par le froid. Au départ il doit faire dans les moins de 10, moins de 15 degrés, c'est quand même assez froid pour le début de l'hiver, il fait nuit tôt, bien plus tôt qu'en France. Et en fait très vite la première journée on se retrouve à batailler dans de la neige profonde, la première descente on fait partir une première plaque et on arrive le soir à la frontale. Donc on se dit que c'est quand même une journée assez costaud et chargée, on passe plus de 10h, 11h sur les skis dans des conditions pas très fun. Et le deuxième jour, c'est rebelote en fait. On a des conditions très changeantes, il fait déjà très chaud. Toute la neige, elle commence à s'effriter un peu dans tous les sens. Et on prend une mauvaise descente, on fait des erreurs d'itinéraire. Et on se retrouve dans des situations déjà très délicates. Et Simon et moi, on se dit, là, il va falloir vite se remettre dans le truc. Se remettre en question sur notre choix d'itinéraire. Parce que ça démarre fort, trop fort en fait. On a trois mois à faire. Et à ce rythme-là, ça va être compliqué.

  • Speaker #2

    Dans les premiers jours, t'es aussi dans une espèce d'état transitoire, que ce soit physiquement, psychologiquement ou même géographiquement. En fait, il n'y a encore rien qui est installé. Et puis même au niveau des montagnes, t'es dans des moyens de montagne. Tu dois rejoindre des itinéraires qui sont plus fréquentés, plus connus.

  • Speaker #1

    Pour trouver notre routine équilibre, il nous faudra bien deux semaines. Puis même en termes de communication avec Simon, pour comment on se relaie pour faire la trace, qu'est-ce qu'on va manger, comment on gère notre alimentation, etc. Donc ça prend un petit peu de temps à se comprendre nous-mêmes, à comprendre l'environnement dans lequel on va évoluer et qui devient en fait notre maison pour les prochains mois.

  • Speaker #2

    On arrivait au refuge, chacun avait en gros ses petites missions. Il y en a un, il savait qu'il allait chercher le bois, l'autre, pendant ce temps-là, il commençait le feu. Il y avait vraiment ce truc qui se mettait en place. Une fois que c'était installé, c'est... Des habitudes qu'on a gardées un peu jusqu'à la fin. On est parti depuis une dizaine de jours. Et là on est au cœur de l'Autriche et en fait on se prend une grosse grosse tempête mais qui va durer plusieurs jours. Aïe aïe aïe, vas-y on se casse de là ! Ouais ! T'as dit quoi ? On descend,

  • Speaker #1

    on se met la tête dans la gueule !

  • Speaker #2

    Le vent, le froid, on n'est pas forcément totalement habitués. On décide de doubler certaines étapes, parce qu'on sait qu'il faut qu'on arrive à un certain point à un moment donné, si on ne veut pas se faire coincer par la tempête. Donc les journées sont aussi longues, le poids du sac, on doit encore un peu s'y habituer. Donc il y a tout ça mis ensemble. On a aussi à des moments, lors d'une journée principalement, un blizzard assez important. Le vent nous fait presque reculer. La progression est lente. C'est tellement froid que le nez gèle. En fait, on a des gelures au nez. C'était lors d'un jour totalement blanc. En fait, tu vois rien autour de toi. Jusqu'à en avoir des vertiges. Parce que t'as plus aucun repère. Tu vois ni devant, ni à côté. Il n'y a plus de montagne. signe tout blanc autour de toi. La seule chose que tu vois, c'est le bout de tes skis. J'essayais vraiment de me concentrer là-dessus parce que sinon, j'avais des vertiges et qui provoquaient des nausées. Là, j'en parle aussi à Guillaume, il ressent la même chose, donc ça me rassure. Moi, en même temps, je me dis voilà, on est quand même dans un environnement assez compliqué. Lorsque tu as l'autre personne qui est devant toi, qui fait la trace, ça te donne un point de repère. Donc ça, ça te permet d'avancer. Mais si c'est toi devant, tu ne vois plus rien, tu ne sais même pas où tu vas. Guillaume me donnait une direction. J'allais dans une autre et toutes les deux minutes ont rectifié notre direction parce qu'on était totalement perdu. Et toutes les max 10 minutes ont changé la personne devant pour pouvoir te mettre derrière et te reposer parce que mentalement là-haut ça devenait très compliqué. Quoi ?

  • Speaker #1

    Ouais franchement ça va.

  • Speaker #2

    Cet épisode il dure une semaine environ. L'épisode de Blizzard dès le début donc aussi ça met dans le bain. Et puis les vertiges pendant deux, peut-être, voire trois jours, tu les as, tu vois le gars devant toi, Guillaume, il marche devant toi, et puis d'un coup, il tombe, et tu ne comprends pas pourquoi il tombe. En fait, il n'a pas vu la pente, il a été déséquilibré, parce que tu ne vois rien autour de toi, et tu es complètement perdu, vraiment. On parle, mais c'est de la communication utile. Alors, chaque mot est pesé, c'est... Ok, je prends la trace, c'est par là, on ne perd pas de temps à dire des choses qui ne sont pas utiles à ce moment-là. Se dire comment tu vas, moi j'ai un peu le vertige, il faut communiquer là-dessus pour être sûr que ton partenaire aille bien, que tu vas vers ton objectif et que tout se passe bien. On s'en sort bien, on atteint toujours le refuge. On a bien fait de se précipiter parce que derrière nous, il y a eu quand même dans le coin pas mal d'avalanches et notamment plusieurs décès. Donc c'est vrai qu'à ce moment-là, on était dans un environnement à risque, mais on a toujours communiqué ou... pris le temps de faire les choix qui nous semblaient les plus judicieux. Et voilà, ça a payé. Le mental se détache un peu du physique. Après, le froid te rappelle. Il y avait un blizzard incessant. Donc tu commences à avoir ces gelures sur le nez, avoir froid aux doigts, même sous tes gants. Tu peux ressentir un peu de fatigue, parce que c'est quand même un environnement qui est assez fatiguant physiquement et mentalement. Après tout ça c'est un peu un à côté, tu peux pas t'arrêter de toute façon. Le mental il prend le dessus et tu trouves une énergie au fond de toi qui t'emmène jusqu'à ton endroit de repos, donc le refuge du soir. Ça fait du bien là, c'est très chaud.

  • Speaker #1

    Mais pas ça hier. Ça manque que ça hier.

  • Speaker #2

    C'est très très chaud. Dans l'après on n'a pas eu que du beau, on a été évidemment surpris par quelques tempêtes quand tu passes trois mois dans les montagnes évidemment tu connais toutes les conditions n'empêche que oui on a été surpris de temps en temps par des mauvaises conditions on va pas dire qu'on était plus à l'aise mais en tout cas on savait comment réagir on était un peu préparé on était plus attentif et on perdait moins de temps peut-être aussi sur Des manips où on avait pris le coup, on avait un peu plus... d'habitude

  • Speaker #1

    Après les difficultés des premières semaines on arrive en Suisse et très rapidement il y a un anticyclone qui se met en place sur toute l'Europe. Là la sécheresse elle est vraiment frappante, elle est vraiment marquée et là nos habitudes de ski changent totalement quoi on se retrouve vraiment à... à porter les skis sur le dos, à pouvoir passer un peu partout l'école où on veut parce que d'un point de vue sécurité, c'est beaucoup plus safe, c'est beaucoup plus facile. Le temps est beaucoup plus clément et c'est vrai qu'on progresse bien. Ça nous met bien en confiance et on avance, c'est intéressant. Et c'est vrai qu'après ces quelques semaines, forcément, il y a encore des changements météo où on se tape un peu plusieurs saisons en une journée. où il y a toujours des tempêtes et des isothermes assez importants, donc il faut toujours faire attention, on reste toujours focus. Sur la haute route de Chamonix jusqu'à Zermatt, on était le 21 mars, ça faisait déjà deux mois qu'on faisait du ski, tous les jours. Donc on avait commencé à être vraiment bien à l'aise dans notre ski, dans notre progression et notre façon d'appréhender et de sentir la montagne. Et en fait, à un moment, on descendait un glacier. Moi, j'avais ma fixe qui était mal enclenchée. Et dans un virage où il y avait vraiment de la glace vive, j'ai tapé un peu fort, j'ai déchaussé et j'ai commencé à partir. Je commençais à glisser sur une bonne cinquantaine, voire 80 mètres, sans pouvoir m'arrêter parce que c'est une patinoire inclinée et c'est très compliqué de s'arrêter.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce qui vient de se passer là, Guillaume ?

  • Speaker #1

    Écoute, petite descente sur le glacier. Je suis passé sur un tout bien béton. J'ai déchaussé direct. Et là, je suis parti. J'ai fait une glissade de 50 mètres

  • Speaker #2

    Et le ski a déchauffé, l'iche a pété, le ski a glissé Dans les crevasses Dans les crevasses, donc là on se fait une mission, on va aller le rechercher

  • Speaker #1

    On va aller chercher le ski, parce que sinon c'est la merde hein Ouais Mais rien de cassé, heureusement je me suis arrêté naturellement dans une pente un peu piscinaise Allez, ben on va voir ça Mais il va aller mieux parce que... On est descendu dans ce glacier, ça nous a pris une bonne heure. Et en fait, après cet épisode avec Simon, on a discuté, on s'est dit là ça fait déjà deux mois qu'on est en montagne. Ok, on est en Suisse, on est sur un itinéraire de Chamonix-Lazermatt qu'on connaît, qu'on avait fait l'année d'avant. Et en fait, on était en confiance, on était en surconfiance parce qu'on se dit là, les montagnes qui sont autour de nous, on les connaît. L'itinéraire, on l'a déjà fréquenté. Et puis, il ne nous reste qu'un mois en montagne. Donc un mois, c'est quoi ? On est bientôt en France, on va bientôt arriver. mais en fait avec le recul un mois montagne c'est énorme c'est un mois tous les jours Et à partir de ce moment là en fait on est resté concentré encore jusqu'à la fin Là on s'était un peu déconnecté, on s'est senti un peu trop en confiance Et il y a eu cet événement qui nous a remis tout de suite dans le truc Ok tant qu'on n'est pas à la mer c'est pas fini Mais vraiment tant qu'on n'est pas les pieds dans la mer ce n'est pas terminé quoi Faut vraiment rester concentré jusqu'à la fin L'enfer du grand paradis commence

  • Speaker #2

    Mais l'oxymore, là il fait chaud, peut-être qu'après il fera très très froid

  • Speaker #1

    On repart à l'assaut du massif du Grand Paradis. Là, on est accompagnés de mon petit frère Antoine et de deux autres copains. Donc on est un groupe de cinq. Les copains viennent nous rejoindre sur des étapes, comme prévu. Mais les conditions qui s'annoncent sont vraiment très très mauvaises. Et en effet, ça ne loupe absolument pas. Donc là, on est très très concentrés. Il faut toujours s'adapter, il faut toujours revoir nos plans. Mais malgré ça, en fait, on est cinq, on a un bon groupe et on arrive à rigoler et à passer du bon temps, alors que personne ne voudrait être dans ces conditions-là, tellement elles sont épouvantables. Mais voilà, on arrive à en rire et à progresser. Et je pense que grâce à ça, on a pu vraiment se dépasser et physiquement et mentalement. Dans ce type de traversée, en fait, je pense que c'est beaucoup plus de mental que de physique. Certes, il faut une base physique, il faut de l'entraînement, etc. Mais sur la programmation de nos étapes, c'est vraiment le mental qui fait la différence. C'est vraiment la capacité de concentration. Et c'est ça le plus dur en fait, c'est qu'on ne peut jamais lâcher l'esprit quelques minutes, parce que sinon ça peut être une correctionnelle quasi immédiate. Sur ce type d'aventure-là, c'était vraiment encore plus la partie cérébrale plutôt que le mental. C'était tout le temps en train de cogiter. D'un point de vue mental, donc ok avoir du mental c'est y aller même si ton corps ne suit plus, là c'était vraiment très très cérébral des remises en question permanentes, alors que des fois sur un effort qui peut être très long et donc mental, t'as pas besoin de réfléchir, c'est juste avancer. Et là c'était plus la réflexion de la stratégie quoi, la stratégie de progression en montagne.

  • Speaker #2

    Bonsoir !

  • Speaker #1

    Super !

  • Speaker #2

    On est monté de... ... C'était pas trop en condition,

  • Speaker #1

    donc pas évident. On arrive dans les Alpes du Sud. Là où on a l'habitude de skier, depuis Marseille en fait, c'est le plus proche. Donc là on sent que la fin, elle commence vraiment à arriver. Il y a encore des copains qui en profitent pour nous rejoindre, pour revenir skier avec nous. Et puis un jour, c'était le 14 avril, parce que c'était l'anniversaire de Théo, détour d'un sommet, le Monténibre, on aperçoit finalement une ligne continue, et c'était la mer en fait, donc on avait enfin la mer en vision, après quasi trois mois de ski. Sommet du Monténibre, pas si terrible, bonne condition. C'est la mer ! Finalement !

  • Speaker #0

    C'est le début de la fin pour vous !

  • Speaker #1

    Ouais ! Mer en vue ! Donc là vraiment la fin elle était visible, elle était tangible. Et là c'était clairement un sentiment assez fort quoi. Parce que ça faisait des mois, des semaines qu'autour de nous on avait que du relief tout le temps. Et là voir finalement une ligne continue et plate, ça annonçait vraiment le début de la fin pour nous. Et donc les jours qui ont suivi restaient environ une bonne semaine, voire 10 jours de ski parce que... Il y avait encore un petit peu de route jusqu'à Menton, donc là on traversait le Mercantour, qui est un massif super sauvage où il y avait des animaux, c'était le printemps, donc vraiment les bouctins, les marmottes qui étaient de sortie. Et voilà, là on avait les rivières qui commençaient à gronder parce que c'était aussi la fonte des neiges. Les conditions étaient belles et du coup nous on progressait avec Simon, on s'était exprès réservé ces dernières semaines juste tous les deux, donc on ne voulait plus prendre de copains. ou de proches pour vraiment se laisser imprégner de cette fin d'aventure. C'est là où moi, pendant toute cette semaine, j'ai commencé à faire un peu le deuil de cette aventure. C'est là où je me suis senti vraiment arrivé. Parce qu'à ce moment-là, je savais qu'on allait atteindre la mer pour de bon. Là, c'était concret, c'était là. C'était beaucoup d'émotions tous les jours, où je faisais un peu le bilan du voyage dans ma tête. J'étais pressé d'arriver et en même temps, je me disais, ces moments, ils sont beaux, ils sont incroyables. On a vécu plein de choses et il faut en profiter à fond. C'était beaucoup d'émotions durant ces quelques jours avant d'arriver. Mais en fait, faire le deuil de ce voyage, c'est un peu se rendre compte de tout ce qu'on a traversé. Parce que c'était tellement intense tous les jours pendant trois mois que tu n'as pas le temps de réaliser et de faire le bilan au jour le jour de ce que tu as vécu. Parce que tout s'enchaîne tout le temps. Tu ne prends pas le temps de te poser et de te dire « Ok, qu'est-ce que j'ai bien fait ? Qu'est-ce que j'ai mal fait ? Comment j'aurais pu m'améliorer ? » ou même... à quel point c'était beau de voir tel paysage, à quel point j'ai apprécié descendre cette face et comment j'ai pu avoir du mal à monter tel col ou tel sommet. C'est ça en fait ce que j'appelle deuil, c'est plutôt se rémémorer un peu tout ça et faire le bilan en fait. C'est absolument pas penser à la suite, c'est plutôt repenser à tout ça tout en se laissant imprégner de cet environnement qui était le Marc-en-Tour, qui était vraiment très très sauvage et mystique pour la fin. C'était vraiment un paysage incroyable Qui laissait... Vraiment la place pour toutes ces pensées. C'est des odeurs et des choses qu'on avait oubliées pendant plusieurs mois, le thym, le romarin. La chaleur, on avait totalement oublié toutes ces sensations-là. Et ça nous fait bizarre, mais en même temps on est heureux, on est euphorique. On court, on sent les choses, on dit « ah, trop bien ! » Et puis lorsque finalement on descend, on arrive jusqu'à Menton, on court encore. À la descente, vraiment on court parce qu'on sait qu'il y a tout le monde qui nous attend. Ils nous ont préparé une super arrivée sur la plage. Et là, le cœur, il est à fond. On se jette dans la mer. c'était vraiment notre quête depuis le départ là on se dit elle est bonne l'eau allez vous lavez allez allez on va dégâter après

  • Speaker #2

    Et puis ça c'était un peu une arrivée anticipée puisqu'il y en aura quand même derrière deux jours de vélo pour rejoindre Marseille, qui fait vraiment partie du projet, puisqu'encore une fois on essaye là d'avoir ce côté environnemental qu'on a tenu tout le long de la traversée, à savoir... Alors que nous, notre but c'est de partir de Marseille et de rentrer à Marseille.

  • Speaker #1

    Et voilà ! On pénètre finalement dans la ville, c'est le bruit, c'est la pollution, les gens qui sont pressés. C'est vrai que ça fait mal au poumon, ça fait mal aux oreilles de voir ça, après tous ces mois passés dans un environnement qui est vraiment pur. Il y a un vrai choc par rapport à ça. Il faut plusieurs mois pour se réadapter vraiment d'une aventure comme ça, se remettre un peu dans une routine conventionnelle, donc travailler, se retrouver derrière un bureau, etc. Alors qu'on a passé beaucoup de temps dehors, c'est difficile au début. On se demande ce qu'on fait là, et on se demande aussi pourquoi on a fait ça, c'était quoi le but derrière. Ça va dans les deux sens au final. Et il faut plusieurs mois pour pouvoir vraiment se remettre dans un bain.

  • Speaker #2

    Je ne sais même pas si on se réadapte totalement. Une telle aventure, car encore aujourd'hui, ça fait déjà plusieurs mois qu'on est rentrés, le bruit, le tumulte de la ville, des grandes villes comme ça, me font encore de l'effet. Je me dis souvent, quand même j'étais bien là-haut, c'était calme, etc. Je ne suis pas encore tout à fait réadapté, ou en tout cas je sens qu'il y a quelque chose de changé par rapport à l'avant-projet.

  • Speaker #1

    On avait une dimension dans ce projet, c'était d'interviewer les acteurs de la montagne. Ce qu'on a fait, on a des belles interviews d'un guide de haute montagne et de gardien de refuge où on a pu discuter avec eux sur l'impact de ce changement climatique soit sur leur pratique ou sur leur manière de travailler et surtout comprendre comment ils mettaient en place des solutions à leur échelle pour pouvoir préserver ce monde. Donc nous, ça nous a ouvert les yeux sur certaines choses qui n'étaient pas forcément connues de Simon et moi. Après, sur notre pratique, nous, on a déjà, depuis le départ, cette démarche écologique et écoresponsable où on essaie de faire attention à notre impact. Et sur ça, on reste droit et fixe. Ce qu'on voulait montrer, c'était plutôt l'environnement dans lequel on a évolué pendant trois mois. Il est incroyable, il est fragile, donc il faut faire en sorte de le préserver sans pour autant donner quelques conclusions à quelqu'un. mais juste regarder comme c'est beau ça serait dommage qu'on puisse plus on bénéficiait.

  • Speaker #2

    Il y a quand même une morale à ce projet, c'est que ni Guillaume ni moi sommes nés en montagne. Lui, il est de Provence, moi je suis du plat pays. Et donc, pour faire ce projet, on s'est quand même formés, on a appris, on a passé beaucoup de temps à se préparer. Et finalement, en prenant, comme on disait, jour après jour, objectif après objectif, On a réussi dans la globalité à réussir ce projet, donc à traverser les Alpes en hiver. Le plus beau retour pour moi qu'on ait là-dessus, c'est que certaines personnes viennent vers nous en nous disant « ce que vous avez fait, ça me motive à faire mon truc » . Donc ça c'est vraiment un très beau cadeau dans le sens où on peut rendre les choses accessibles. Ce n'est pas le but, mais on prouve que si on a la détermination et l'envie de faire quelque chose... Finalement, on peut clairement y arriver.

  • Speaker #1

    Avec Simon, maintenant, je pense qu'on se connaît quand même très très bien. On n'a plus trop besoin de communiquer pour comprendre un peu les émotions et la pensée de l'un ou l'autre. Ça nous lie à vie, clairement, parce qu'on a vécu des très belles choses et des moments très compliqués. Et de manière générale, en montagne, voilà, ton partenaire de cordée... Il est lié à toi, il est lié à toi physiquement et il est lié à toi spirituellement et ça s'est confirmé durant ces trois mois.

  • Speaker #0

    Merci Guillaume et Simon de nous avoir fait vivre à vos côtés un peu de cette aventure extraordinaire. Vous qui nous écoutez, si vous avez été transporté par cet épisode, vous pouvez prolonger ce voyage dans les montagnes en visionnant le film de nos aventuriers, Le Monde d'en Haut. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à en parler et à le partager autour de vous pour faire vivre encore et encore cette aventure. On compte aussi sur vos étoiles et commentaires depuis Spotify et Apple Podcast. Pour ne manquer aucun de nos prochains épisodes, abonnez-vous à notre chaîne. Quant à moi, je vous dis à très vite pour une nouvelle aventure ou un nouveau déclic.

Description

Après plusieurs années d’amitié, de sport et d’expériences partagés, Guillaume et Simon se lancent dans une aventure extraordinaire : la traversée de l’arc Alpin en ski de randonnée, soit 1000 kilomètres, 80 000 mètres de dénivelé, 34 massifs et 4 pays parcourus en 100 jours. Ce projet, baptisé ALP, a été pensé dans une démarche sportive, humaine et responsable.

En plus du challenge physique et mental, Simon et Guillaume sont aussi partis en quête de rencontres d’expériences et de témoignages pour revenir avec de quoi créer un film reflétant au mieux l’impact du réchauffement climatique sur l’arc Alpin.

⛰️

Si vous avez été transporté par cet épisode, vous pouvez prolonger ce voyage dans les montagnes en visionnant le film de nos aventuriers : Le monde d’en haut.

💡☝️✨ L'aventure est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un récit sportif immersif qui va à la rencontre de personnes inspirantes toujours prêtes à partager leurs émotions. Ce format vous est proposé par Céciliane et Manon, journalistes, sportives et passionnées d'histoires de vie.

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Transcription

  • Speaker #0

    Un voyage, une course, un défi, vivez des aventures sportives comme si vous y étiez.

  • Speaker #1

    Ça nous lie à vie clairement parce qu'on a vécu des très belles choses et des moments très compliqués.

  • Speaker #0

    Dans cette aventure, rencontrez Simon et Guillaume. Ces deux sportifs, passionnés et amis, ont imaginé ensemble un projet un peu fou. Ils veulent traverser les Alpes en ski de randonnée. 1000 km, 80 000 mètres de dénivelé positif, 34 massifs, 4 pays parcourus, 100 jours. Départ Salzbourg, arrivée Menton. Ce projet, ils l'ont pensé ensemble dans une démarche sportive, humaine et responsable. Au-delà du challenge physique et mental qui s'apprête à relever, ils partent aussi en quête de rencontres et d'expériences. Ils souhaitent revenir avec des témoignages pour construire un film reflétant au mieux l'impact du réchauffement climatique sur l'arc alpin. Guillaume et Simon, c'est à vous.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Guillaume, je suis né en Provence, j'habite à Marseille, j'ai 29 ans. Je suis ingénieur de formation et de pratique également dans la vie de tous les jours.

  • Speaker #2

    Moi c'est Simon, je suis belge, j'ai migré à Marseille il y a quelques années où j'ai rencontré Guillaume. Je pratique l'architecture et aussi beaucoup évidemment de sport de montagne. L'histoire est née avec Guillaume, on est tous les deux inscrits au club alpin français de Marseille. On faisait pas mal de sorties de ski de rando, un peu d'alpi l'été, etc. Et puis il y avait vraiment cette envie de passer plus de temps en montagne, principalement dans les Alpes qui est clairement notre terrain de jeu. Et donc il y a eu un jour cette idée un peu folle de se dire, bon, pourquoi pas traverser les Alpes. Du coup j'en ai parlé à Guillaume lors d'une soirée, il était je pense 2h du matin quand je lui ai évoqué l'idée. Guillaume évidemment je le connaissais donc je savais que ça pouvait être un bon partenaire pour faire cette traversée. Et directement il a répondu présent à l'appel et dès le lendemain on a commencé à s'appeler, à en discuter. Le projet a vraiment démarré à ce moment là, ça commence à devenir assez sérieux.

  • Speaker #1

    Le projet c'est de traverser l'intégralité de l'arc alpin à ski d'andonnaie. Donc l'Arc-Alpin en partant d'Autriche, de la ville de Salzbourg, pour rejoindre la Méditerranée, Menton. C'est d'ailleurs le nom de notre projet, puisque notre projet s'appelle Austria, tout littoral passe, donc de l'Autriche jusqu'au chemin du littoral. Et voilà, on avait cette volonté de tout faire par des moyens décarbonés, donc à la seule force de nos jambes, et en ayant... Une dimension écologique dans ce projet, donc en se déplaçant en train pour rejoindre Salzbourg, ensuite en skiant à la force de nos jambes à travers les Alpes, en faisant des transferts en vallée, soit en train, soit en transport en commun ou soit en autostop. Et ensuite, une fois qu'on a atteint la ville de Menton, au bord de la Méditerranée, on est rentrés à vélo avec nos skis accrochés sur les cadres pour pouvoir atteindre Marseille finalement. On est pratiquants de la montagne, donc la montagne c'est un environnement qui est magnifique mais qui est très fragile. Et avec le dérèglement climatique de nos jours, on voit qu'il y a un impact direct sur la montagne et sur la pratique, les conditions, la sécurité. Donc le but c'était dans un premier temps de se faire plaisir, mais aussi de pouvoir montrer que cet environnement fragile il est merveilleux et qu'il est important de le protéger pour pouvoir continuer à le pratiquer, que ce soit à travers le sport ou juste... la beauté du paysage etc ou la préservation des glaciers on voulait juste montrer que c'est important je pense qu'il y a aussi un peu une quête mystique de partir pendant 3 mois totalement au milieu des montagnes en plein hiver et au printemps dans un environnement qui est quand même assez hostile mais qui est très mystérieux et voilà il y avait cette envie de vivre ces moments hyper intenses et pour un peu s'échapper du monde, de nos civilisations qui va à toute allure, sur laquelle on n'a pas le temps de se poser jamais. Et là, à partir de douze semaines comme ça, c'est vraiment un gros travail dans la tête d'introspection. Et c'est ça qu'on vient chercher en fait. En se mettant dans des situations parfois très difficiles, on vient chercher le calme dans la tête. Et c'est grâce à ces expériences-là qu'on arrive un peu à se recentrer sur des choses simples. C'est des sensations qu'on vient aussi rechercher parce qu'au bout d'un moment tu es quand même un petit peu accro à tout ça, à vivre des choses incroyables. C'est la construction qui est très mal. Et du coup, d'où tu l'as pris ? Je l'ai pris à l'église.

  • Speaker #2

    C'est un peu du poids tout ça. La préparation était plus organisationnelle que physique parce qu'on était un petit peu échauffé. On a l'habitude de pratiquer assez fréquemment du sport, que ce soit du vélo, course à pied, alpinisme, guinrandeau, etc. Tout ce qui touche un peu à l'endurance de fond. Donc c'est vrai que physiquement, on n'a pas eu de programme d'entraînement particulier. Par contre, c'était tout ce qui gravitait autour, tout ce qui est sécurité, tout ce qui est cartographie.

  • Speaker #1

    La plus grande crainte, c'était, je pense, être dans des situations difficiles d'un point de vue conditions météo. Simon et moi, au final, on a une expérience de montagne qui est assez modeste. Ça fait 3-4 ans qu'on pratique de manière intense, mais voilà, en comparaison à un guide haute montagne qui a plus de 20 ou 30 ans d'expérience et qui sait sortir de toutes les situations. Pour nous, c'était ça le plus gros défi, c'était vraiment être capable de réagir à chacune des situations qui allaient s'offrir à nous et savoir gérer le risque tout en gardant ses moyens. Le jour du départ, c'était le 23 janvier 2023 à Salzbourg, à Grézé-Dansplatz. Là, ça y est, on a les sacs sur le dos. On sait que la première journée de ski, ce n'est pas vraiment une journée de ski, c'est plus une journée de transition pour aller récupérer les premières montagnes. Puis là, en fait, on est juste content. On a l'état d'esprit qui est très léger, très libre. Et voilà, c'est des sensations de voyage qui reviennent où tu as l'impression que tu peux conquérir tout et n'importe quoi. Et c'est vraiment ce sentiment de liberté super puissant qui fait vibrer et qui donne envie d'y aller à fond. En direction du Wolfspitz. Donc on part d'Autriche, on commence à traverser une partie de l'Allemagne. Et il a pas mal neigé, voilà, c'est le début de saison. Pour nous à ski, on a très peu skié. On a un sac à dos qui est lourd, auquel il faut s'habituer. On n'a pas l'habitude de skier dans ces conditions, on est dans des montagnes qu'on ne connaît absolument pas. Et du coup, on se fait vite surprendre par le froid. Au départ il doit faire dans les moins de 10, moins de 15 degrés, c'est quand même assez froid pour le début de l'hiver, il fait nuit tôt, bien plus tôt qu'en France. Et en fait très vite la première journée on se retrouve à batailler dans de la neige profonde, la première descente on fait partir une première plaque et on arrive le soir à la frontale. Donc on se dit que c'est quand même une journée assez costaud et chargée, on passe plus de 10h, 11h sur les skis dans des conditions pas très fun. Et le deuxième jour, c'est rebelote en fait. On a des conditions très changeantes, il fait déjà très chaud. Toute la neige, elle commence à s'effriter un peu dans tous les sens. Et on prend une mauvaise descente, on fait des erreurs d'itinéraire. Et on se retrouve dans des situations déjà très délicates. Et Simon et moi, on se dit, là, il va falloir vite se remettre dans le truc. Se remettre en question sur notre choix d'itinéraire. Parce que ça démarre fort, trop fort en fait. On a trois mois à faire. Et à ce rythme-là, ça va être compliqué.

  • Speaker #2

    Dans les premiers jours, t'es aussi dans une espèce d'état transitoire, que ce soit physiquement, psychologiquement ou même géographiquement. En fait, il n'y a encore rien qui est installé. Et puis même au niveau des montagnes, t'es dans des moyens de montagne. Tu dois rejoindre des itinéraires qui sont plus fréquentés, plus connus.

  • Speaker #1

    Pour trouver notre routine équilibre, il nous faudra bien deux semaines. Puis même en termes de communication avec Simon, pour comment on se relaie pour faire la trace, qu'est-ce qu'on va manger, comment on gère notre alimentation, etc. Donc ça prend un petit peu de temps à se comprendre nous-mêmes, à comprendre l'environnement dans lequel on va évoluer et qui devient en fait notre maison pour les prochains mois.

  • Speaker #2

    On arrivait au refuge, chacun avait en gros ses petites missions. Il y en a un, il savait qu'il allait chercher le bois, l'autre, pendant ce temps-là, il commençait le feu. Il y avait vraiment ce truc qui se mettait en place. Une fois que c'était installé, c'est... Des habitudes qu'on a gardées un peu jusqu'à la fin. On est parti depuis une dizaine de jours. Et là on est au cœur de l'Autriche et en fait on se prend une grosse grosse tempête mais qui va durer plusieurs jours. Aïe aïe aïe, vas-y on se casse de là ! Ouais ! T'as dit quoi ? On descend,

  • Speaker #1

    on se met la tête dans la gueule !

  • Speaker #2

    Le vent, le froid, on n'est pas forcément totalement habitués. On décide de doubler certaines étapes, parce qu'on sait qu'il faut qu'on arrive à un certain point à un moment donné, si on ne veut pas se faire coincer par la tempête. Donc les journées sont aussi longues, le poids du sac, on doit encore un peu s'y habituer. Donc il y a tout ça mis ensemble. On a aussi à des moments, lors d'une journée principalement, un blizzard assez important. Le vent nous fait presque reculer. La progression est lente. C'est tellement froid que le nez gèle. En fait, on a des gelures au nez. C'était lors d'un jour totalement blanc. En fait, tu vois rien autour de toi. Jusqu'à en avoir des vertiges. Parce que t'as plus aucun repère. Tu vois ni devant, ni à côté. Il n'y a plus de montagne. signe tout blanc autour de toi. La seule chose que tu vois, c'est le bout de tes skis. J'essayais vraiment de me concentrer là-dessus parce que sinon, j'avais des vertiges et qui provoquaient des nausées. Là, j'en parle aussi à Guillaume, il ressent la même chose, donc ça me rassure. Moi, en même temps, je me dis voilà, on est quand même dans un environnement assez compliqué. Lorsque tu as l'autre personne qui est devant toi, qui fait la trace, ça te donne un point de repère. Donc ça, ça te permet d'avancer. Mais si c'est toi devant, tu ne vois plus rien, tu ne sais même pas où tu vas. Guillaume me donnait une direction. J'allais dans une autre et toutes les deux minutes ont rectifié notre direction parce qu'on était totalement perdu. Et toutes les max 10 minutes ont changé la personne devant pour pouvoir te mettre derrière et te reposer parce que mentalement là-haut ça devenait très compliqué. Quoi ?

  • Speaker #1

    Ouais franchement ça va.

  • Speaker #2

    Cet épisode il dure une semaine environ. L'épisode de Blizzard dès le début donc aussi ça met dans le bain. Et puis les vertiges pendant deux, peut-être, voire trois jours, tu les as, tu vois le gars devant toi, Guillaume, il marche devant toi, et puis d'un coup, il tombe, et tu ne comprends pas pourquoi il tombe. En fait, il n'a pas vu la pente, il a été déséquilibré, parce que tu ne vois rien autour de toi, et tu es complètement perdu, vraiment. On parle, mais c'est de la communication utile. Alors, chaque mot est pesé, c'est... Ok, je prends la trace, c'est par là, on ne perd pas de temps à dire des choses qui ne sont pas utiles à ce moment-là. Se dire comment tu vas, moi j'ai un peu le vertige, il faut communiquer là-dessus pour être sûr que ton partenaire aille bien, que tu vas vers ton objectif et que tout se passe bien. On s'en sort bien, on atteint toujours le refuge. On a bien fait de se précipiter parce que derrière nous, il y a eu quand même dans le coin pas mal d'avalanches et notamment plusieurs décès. Donc c'est vrai qu'à ce moment-là, on était dans un environnement à risque, mais on a toujours communiqué ou... pris le temps de faire les choix qui nous semblaient les plus judicieux. Et voilà, ça a payé. Le mental se détache un peu du physique. Après, le froid te rappelle. Il y avait un blizzard incessant. Donc tu commences à avoir ces gelures sur le nez, avoir froid aux doigts, même sous tes gants. Tu peux ressentir un peu de fatigue, parce que c'est quand même un environnement qui est assez fatiguant physiquement et mentalement. Après tout ça c'est un peu un à côté, tu peux pas t'arrêter de toute façon. Le mental il prend le dessus et tu trouves une énergie au fond de toi qui t'emmène jusqu'à ton endroit de repos, donc le refuge du soir. Ça fait du bien là, c'est très chaud.

  • Speaker #1

    Mais pas ça hier. Ça manque que ça hier.

  • Speaker #2

    C'est très très chaud. Dans l'après on n'a pas eu que du beau, on a été évidemment surpris par quelques tempêtes quand tu passes trois mois dans les montagnes évidemment tu connais toutes les conditions n'empêche que oui on a été surpris de temps en temps par des mauvaises conditions on va pas dire qu'on était plus à l'aise mais en tout cas on savait comment réagir on était un peu préparé on était plus attentif et on perdait moins de temps peut-être aussi sur Des manips où on avait pris le coup, on avait un peu plus... d'habitude

  • Speaker #1

    Après les difficultés des premières semaines on arrive en Suisse et très rapidement il y a un anticyclone qui se met en place sur toute l'Europe. Là la sécheresse elle est vraiment frappante, elle est vraiment marquée et là nos habitudes de ski changent totalement quoi on se retrouve vraiment à... à porter les skis sur le dos, à pouvoir passer un peu partout l'école où on veut parce que d'un point de vue sécurité, c'est beaucoup plus safe, c'est beaucoup plus facile. Le temps est beaucoup plus clément et c'est vrai qu'on progresse bien. Ça nous met bien en confiance et on avance, c'est intéressant. Et c'est vrai qu'après ces quelques semaines, forcément, il y a encore des changements météo où on se tape un peu plusieurs saisons en une journée. où il y a toujours des tempêtes et des isothermes assez importants, donc il faut toujours faire attention, on reste toujours focus. Sur la haute route de Chamonix jusqu'à Zermatt, on était le 21 mars, ça faisait déjà deux mois qu'on faisait du ski, tous les jours. Donc on avait commencé à être vraiment bien à l'aise dans notre ski, dans notre progression et notre façon d'appréhender et de sentir la montagne. Et en fait, à un moment, on descendait un glacier. Moi, j'avais ma fixe qui était mal enclenchée. Et dans un virage où il y avait vraiment de la glace vive, j'ai tapé un peu fort, j'ai déchaussé et j'ai commencé à partir. Je commençais à glisser sur une bonne cinquantaine, voire 80 mètres, sans pouvoir m'arrêter parce que c'est une patinoire inclinée et c'est très compliqué de s'arrêter.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce qui vient de se passer là, Guillaume ?

  • Speaker #1

    Écoute, petite descente sur le glacier. Je suis passé sur un tout bien béton. J'ai déchaussé direct. Et là, je suis parti. J'ai fait une glissade de 50 mètres

  • Speaker #2

    Et le ski a déchauffé, l'iche a pété, le ski a glissé Dans les crevasses Dans les crevasses, donc là on se fait une mission, on va aller le rechercher

  • Speaker #1

    On va aller chercher le ski, parce que sinon c'est la merde hein Ouais Mais rien de cassé, heureusement je me suis arrêté naturellement dans une pente un peu piscinaise Allez, ben on va voir ça Mais il va aller mieux parce que... On est descendu dans ce glacier, ça nous a pris une bonne heure. Et en fait, après cet épisode avec Simon, on a discuté, on s'est dit là ça fait déjà deux mois qu'on est en montagne. Ok, on est en Suisse, on est sur un itinéraire de Chamonix-Lazermatt qu'on connaît, qu'on avait fait l'année d'avant. Et en fait, on était en confiance, on était en surconfiance parce qu'on se dit là, les montagnes qui sont autour de nous, on les connaît. L'itinéraire, on l'a déjà fréquenté. Et puis, il ne nous reste qu'un mois en montagne. Donc un mois, c'est quoi ? On est bientôt en France, on va bientôt arriver. mais en fait avec le recul un mois montagne c'est énorme c'est un mois tous les jours Et à partir de ce moment là en fait on est resté concentré encore jusqu'à la fin Là on s'était un peu déconnecté, on s'est senti un peu trop en confiance Et il y a eu cet événement qui nous a remis tout de suite dans le truc Ok tant qu'on n'est pas à la mer c'est pas fini Mais vraiment tant qu'on n'est pas les pieds dans la mer ce n'est pas terminé quoi Faut vraiment rester concentré jusqu'à la fin L'enfer du grand paradis commence

  • Speaker #2

    Mais l'oxymore, là il fait chaud, peut-être qu'après il fera très très froid

  • Speaker #1

    On repart à l'assaut du massif du Grand Paradis. Là, on est accompagnés de mon petit frère Antoine et de deux autres copains. Donc on est un groupe de cinq. Les copains viennent nous rejoindre sur des étapes, comme prévu. Mais les conditions qui s'annoncent sont vraiment très très mauvaises. Et en effet, ça ne loupe absolument pas. Donc là, on est très très concentrés. Il faut toujours s'adapter, il faut toujours revoir nos plans. Mais malgré ça, en fait, on est cinq, on a un bon groupe et on arrive à rigoler et à passer du bon temps, alors que personne ne voudrait être dans ces conditions-là, tellement elles sont épouvantables. Mais voilà, on arrive à en rire et à progresser. Et je pense que grâce à ça, on a pu vraiment se dépasser et physiquement et mentalement. Dans ce type de traversée, en fait, je pense que c'est beaucoup plus de mental que de physique. Certes, il faut une base physique, il faut de l'entraînement, etc. Mais sur la programmation de nos étapes, c'est vraiment le mental qui fait la différence. C'est vraiment la capacité de concentration. Et c'est ça le plus dur en fait, c'est qu'on ne peut jamais lâcher l'esprit quelques minutes, parce que sinon ça peut être une correctionnelle quasi immédiate. Sur ce type d'aventure-là, c'était vraiment encore plus la partie cérébrale plutôt que le mental. C'était tout le temps en train de cogiter. D'un point de vue mental, donc ok avoir du mental c'est y aller même si ton corps ne suit plus, là c'était vraiment très très cérébral des remises en question permanentes, alors que des fois sur un effort qui peut être très long et donc mental, t'as pas besoin de réfléchir, c'est juste avancer. Et là c'était plus la réflexion de la stratégie quoi, la stratégie de progression en montagne.

  • Speaker #2

    Bonsoir !

  • Speaker #1

    Super !

  • Speaker #2

    On est monté de... ... C'était pas trop en condition,

  • Speaker #1

    donc pas évident. On arrive dans les Alpes du Sud. Là où on a l'habitude de skier, depuis Marseille en fait, c'est le plus proche. Donc là on sent que la fin, elle commence vraiment à arriver. Il y a encore des copains qui en profitent pour nous rejoindre, pour revenir skier avec nous. Et puis un jour, c'était le 14 avril, parce que c'était l'anniversaire de Théo, détour d'un sommet, le Monténibre, on aperçoit finalement une ligne continue, et c'était la mer en fait, donc on avait enfin la mer en vision, après quasi trois mois de ski. Sommet du Monténibre, pas si terrible, bonne condition. C'est la mer ! Finalement !

  • Speaker #0

    C'est le début de la fin pour vous !

  • Speaker #1

    Ouais ! Mer en vue ! Donc là vraiment la fin elle était visible, elle était tangible. Et là c'était clairement un sentiment assez fort quoi. Parce que ça faisait des mois, des semaines qu'autour de nous on avait que du relief tout le temps. Et là voir finalement une ligne continue et plate, ça annonçait vraiment le début de la fin pour nous. Et donc les jours qui ont suivi restaient environ une bonne semaine, voire 10 jours de ski parce que... Il y avait encore un petit peu de route jusqu'à Menton, donc là on traversait le Mercantour, qui est un massif super sauvage où il y avait des animaux, c'était le printemps, donc vraiment les bouctins, les marmottes qui étaient de sortie. Et voilà, là on avait les rivières qui commençaient à gronder parce que c'était aussi la fonte des neiges. Les conditions étaient belles et du coup nous on progressait avec Simon, on s'était exprès réservé ces dernières semaines juste tous les deux, donc on ne voulait plus prendre de copains. ou de proches pour vraiment se laisser imprégner de cette fin d'aventure. C'est là où moi, pendant toute cette semaine, j'ai commencé à faire un peu le deuil de cette aventure. C'est là où je me suis senti vraiment arrivé. Parce qu'à ce moment-là, je savais qu'on allait atteindre la mer pour de bon. Là, c'était concret, c'était là. C'était beaucoup d'émotions tous les jours, où je faisais un peu le bilan du voyage dans ma tête. J'étais pressé d'arriver et en même temps, je me disais, ces moments, ils sont beaux, ils sont incroyables. On a vécu plein de choses et il faut en profiter à fond. C'était beaucoup d'émotions durant ces quelques jours avant d'arriver. Mais en fait, faire le deuil de ce voyage, c'est un peu se rendre compte de tout ce qu'on a traversé. Parce que c'était tellement intense tous les jours pendant trois mois que tu n'as pas le temps de réaliser et de faire le bilan au jour le jour de ce que tu as vécu. Parce que tout s'enchaîne tout le temps. Tu ne prends pas le temps de te poser et de te dire « Ok, qu'est-ce que j'ai bien fait ? Qu'est-ce que j'ai mal fait ? Comment j'aurais pu m'améliorer ? » ou même... à quel point c'était beau de voir tel paysage, à quel point j'ai apprécié descendre cette face et comment j'ai pu avoir du mal à monter tel col ou tel sommet. C'est ça en fait ce que j'appelle deuil, c'est plutôt se rémémorer un peu tout ça et faire le bilan en fait. C'est absolument pas penser à la suite, c'est plutôt repenser à tout ça tout en se laissant imprégner de cet environnement qui était le Marc-en-Tour, qui était vraiment très très sauvage et mystique pour la fin. C'était vraiment un paysage incroyable Qui laissait... Vraiment la place pour toutes ces pensées. C'est des odeurs et des choses qu'on avait oubliées pendant plusieurs mois, le thym, le romarin. La chaleur, on avait totalement oublié toutes ces sensations-là. Et ça nous fait bizarre, mais en même temps on est heureux, on est euphorique. On court, on sent les choses, on dit « ah, trop bien ! » Et puis lorsque finalement on descend, on arrive jusqu'à Menton, on court encore. À la descente, vraiment on court parce qu'on sait qu'il y a tout le monde qui nous attend. Ils nous ont préparé une super arrivée sur la plage. Et là, le cœur, il est à fond. On se jette dans la mer. c'était vraiment notre quête depuis le départ là on se dit elle est bonne l'eau allez vous lavez allez allez on va dégâter après

  • Speaker #2

    Et puis ça c'était un peu une arrivée anticipée puisqu'il y en aura quand même derrière deux jours de vélo pour rejoindre Marseille, qui fait vraiment partie du projet, puisqu'encore une fois on essaye là d'avoir ce côté environnemental qu'on a tenu tout le long de la traversée, à savoir... Alors que nous, notre but c'est de partir de Marseille et de rentrer à Marseille.

  • Speaker #1

    Et voilà ! On pénètre finalement dans la ville, c'est le bruit, c'est la pollution, les gens qui sont pressés. C'est vrai que ça fait mal au poumon, ça fait mal aux oreilles de voir ça, après tous ces mois passés dans un environnement qui est vraiment pur. Il y a un vrai choc par rapport à ça. Il faut plusieurs mois pour se réadapter vraiment d'une aventure comme ça, se remettre un peu dans une routine conventionnelle, donc travailler, se retrouver derrière un bureau, etc. Alors qu'on a passé beaucoup de temps dehors, c'est difficile au début. On se demande ce qu'on fait là, et on se demande aussi pourquoi on a fait ça, c'était quoi le but derrière. Ça va dans les deux sens au final. Et il faut plusieurs mois pour pouvoir vraiment se remettre dans un bain.

  • Speaker #2

    Je ne sais même pas si on se réadapte totalement. Une telle aventure, car encore aujourd'hui, ça fait déjà plusieurs mois qu'on est rentrés, le bruit, le tumulte de la ville, des grandes villes comme ça, me font encore de l'effet. Je me dis souvent, quand même j'étais bien là-haut, c'était calme, etc. Je ne suis pas encore tout à fait réadapté, ou en tout cas je sens qu'il y a quelque chose de changé par rapport à l'avant-projet.

  • Speaker #1

    On avait une dimension dans ce projet, c'était d'interviewer les acteurs de la montagne. Ce qu'on a fait, on a des belles interviews d'un guide de haute montagne et de gardien de refuge où on a pu discuter avec eux sur l'impact de ce changement climatique soit sur leur pratique ou sur leur manière de travailler et surtout comprendre comment ils mettaient en place des solutions à leur échelle pour pouvoir préserver ce monde. Donc nous, ça nous a ouvert les yeux sur certaines choses qui n'étaient pas forcément connues de Simon et moi. Après, sur notre pratique, nous, on a déjà, depuis le départ, cette démarche écologique et écoresponsable où on essaie de faire attention à notre impact. Et sur ça, on reste droit et fixe. Ce qu'on voulait montrer, c'était plutôt l'environnement dans lequel on a évolué pendant trois mois. Il est incroyable, il est fragile, donc il faut faire en sorte de le préserver sans pour autant donner quelques conclusions à quelqu'un. mais juste regarder comme c'est beau ça serait dommage qu'on puisse plus on bénéficiait.

  • Speaker #2

    Il y a quand même une morale à ce projet, c'est que ni Guillaume ni moi sommes nés en montagne. Lui, il est de Provence, moi je suis du plat pays. Et donc, pour faire ce projet, on s'est quand même formés, on a appris, on a passé beaucoup de temps à se préparer. Et finalement, en prenant, comme on disait, jour après jour, objectif après objectif, On a réussi dans la globalité à réussir ce projet, donc à traverser les Alpes en hiver. Le plus beau retour pour moi qu'on ait là-dessus, c'est que certaines personnes viennent vers nous en nous disant « ce que vous avez fait, ça me motive à faire mon truc » . Donc ça c'est vraiment un très beau cadeau dans le sens où on peut rendre les choses accessibles. Ce n'est pas le but, mais on prouve que si on a la détermination et l'envie de faire quelque chose... Finalement, on peut clairement y arriver.

  • Speaker #1

    Avec Simon, maintenant, je pense qu'on se connaît quand même très très bien. On n'a plus trop besoin de communiquer pour comprendre un peu les émotions et la pensée de l'un ou l'autre. Ça nous lie à vie, clairement, parce qu'on a vécu des très belles choses et des moments très compliqués. Et de manière générale, en montagne, voilà, ton partenaire de cordée... Il est lié à toi, il est lié à toi physiquement et il est lié à toi spirituellement et ça s'est confirmé durant ces trois mois.

  • Speaker #0

    Merci Guillaume et Simon de nous avoir fait vivre à vos côtés un peu de cette aventure extraordinaire. Vous qui nous écoutez, si vous avez été transporté par cet épisode, vous pouvez prolonger ce voyage dans les montagnes en visionnant le film de nos aventuriers, Le Monde d'en Haut. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à en parler et à le partager autour de vous pour faire vivre encore et encore cette aventure. On compte aussi sur vos étoiles et commentaires depuis Spotify et Apple Podcast. Pour ne manquer aucun de nos prochains épisodes, abonnez-vous à notre chaîne. Quant à moi, je vous dis à très vite pour une nouvelle aventure ou un nouveau déclic.

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Description

Après plusieurs années d’amitié, de sport et d’expériences partagés, Guillaume et Simon se lancent dans une aventure extraordinaire : la traversée de l’arc Alpin en ski de randonnée, soit 1000 kilomètres, 80 000 mètres de dénivelé, 34 massifs et 4 pays parcourus en 100 jours. Ce projet, baptisé ALP, a été pensé dans une démarche sportive, humaine et responsable.

En plus du challenge physique et mental, Simon et Guillaume sont aussi partis en quête de rencontres d’expériences et de témoignages pour revenir avec de quoi créer un film reflétant au mieux l’impact du réchauffement climatique sur l’arc Alpin.

⛰️

Si vous avez été transporté par cet épisode, vous pouvez prolonger ce voyage dans les montagnes en visionnant le film de nos aventuriers : Le monde d’en haut.

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😎 Pour ne rien manquer des conseils, des témoignages et des aventures, abonnez-vous à la chaîne Conseil Sport !

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Un voyage, une course, un défi, vivez des aventures sportives comme si vous y étiez.

  • Speaker #1

    Ça nous lie à vie clairement parce qu'on a vécu des très belles choses et des moments très compliqués.

  • Speaker #0

    Dans cette aventure, rencontrez Simon et Guillaume. Ces deux sportifs, passionnés et amis, ont imaginé ensemble un projet un peu fou. Ils veulent traverser les Alpes en ski de randonnée. 1000 km, 80 000 mètres de dénivelé positif, 34 massifs, 4 pays parcourus, 100 jours. Départ Salzbourg, arrivée Menton. Ce projet, ils l'ont pensé ensemble dans une démarche sportive, humaine et responsable. Au-delà du challenge physique et mental qui s'apprête à relever, ils partent aussi en quête de rencontres et d'expériences. Ils souhaitent revenir avec des témoignages pour construire un film reflétant au mieux l'impact du réchauffement climatique sur l'arc alpin. Guillaume et Simon, c'est à vous.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Guillaume, je suis né en Provence, j'habite à Marseille, j'ai 29 ans. Je suis ingénieur de formation et de pratique également dans la vie de tous les jours.

  • Speaker #2

    Moi c'est Simon, je suis belge, j'ai migré à Marseille il y a quelques années où j'ai rencontré Guillaume. Je pratique l'architecture et aussi beaucoup évidemment de sport de montagne. L'histoire est née avec Guillaume, on est tous les deux inscrits au club alpin français de Marseille. On faisait pas mal de sorties de ski de rando, un peu d'alpi l'été, etc. Et puis il y avait vraiment cette envie de passer plus de temps en montagne, principalement dans les Alpes qui est clairement notre terrain de jeu. Et donc il y a eu un jour cette idée un peu folle de se dire, bon, pourquoi pas traverser les Alpes. Du coup j'en ai parlé à Guillaume lors d'une soirée, il était je pense 2h du matin quand je lui ai évoqué l'idée. Guillaume évidemment je le connaissais donc je savais que ça pouvait être un bon partenaire pour faire cette traversée. Et directement il a répondu présent à l'appel et dès le lendemain on a commencé à s'appeler, à en discuter. Le projet a vraiment démarré à ce moment là, ça commence à devenir assez sérieux.

  • Speaker #1

    Le projet c'est de traverser l'intégralité de l'arc alpin à ski d'andonnaie. Donc l'Arc-Alpin en partant d'Autriche, de la ville de Salzbourg, pour rejoindre la Méditerranée, Menton. C'est d'ailleurs le nom de notre projet, puisque notre projet s'appelle Austria, tout littoral passe, donc de l'Autriche jusqu'au chemin du littoral. Et voilà, on avait cette volonté de tout faire par des moyens décarbonés, donc à la seule force de nos jambes, et en ayant... Une dimension écologique dans ce projet, donc en se déplaçant en train pour rejoindre Salzbourg, ensuite en skiant à la force de nos jambes à travers les Alpes, en faisant des transferts en vallée, soit en train, soit en transport en commun ou soit en autostop. Et ensuite, une fois qu'on a atteint la ville de Menton, au bord de la Méditerranée, on est rentrés à vélo avec nos skis accrochés sur les cadres pour pouvoir atteindre Marseille finalement. On est pratiquants de la montagne, donc la montagne c'est un environnement qui est magnifique mais qui est très fragile. Et avec le dérèglement climatique de nos jours, on voit qu'il y a un impact direct sur la montagne et sur la pratique, les conditions, la sécurité. Donc le but c'était dans un premier temps de se faire plaisir, mais aussi de pouvoir montrer que cet environnement fragile il est merveilleux et qu'il est important de le protéger pour pouvoir continuer à le pratiquer, que ce soit à travers le sport ou juste... la beauté du paysage etc ou la préservation des glaciers on voulait juste montrer que c'est important je pense qu'il y a aussi un peu une quête mystique de partir pendant 3 mois totalement au milieu des montagnes en plein hiver et au printemps dans un environnement qui est quand même assez hostile mais qui est très mystérieux et voilà il y avait cette envie de vivre ces moments hyper intenses et pour un peu s'échapper du monde, de nos civilisations qui va à toute allure, sur laquelle on n'a pas le temps de se poser jamais. Et là, à partir de douze semaines comme ça, c'est vraiment un gros travail dans la tête d'introspection. Et c'est ça qu'on vient chercher en fait. En se mettant dans des situations parfois très difficiles, on vient chercher le calme dans la tête. Et c'est grâce à ces expériences-là qu'on arrive un peu à se recentrer sur des choses simples. C'est des sensations qu'on vient aussi rechercher parce qu'au bout d'un moment tu es quand même un petit peu accro à tout ça, à vivre des choses incroyables. C'est la construction qui est très mal. Et du coup, d'où tu l'as pris ? Je l'ai pris à l'église.

  • Speaker #2

    C'est un peu du poids tout ça. La préparation était plus organisationnelle que physique parce qu'on était un petit peu échauffé. On a l'habitude de pratiquer assez fréquemment du sport, que ce soit du vélo, course à pied, alpinisme, guinrandeau, etc. Tout ce qui touche un peu à l'endurance de fond. Donc c'est vrai que physiquement, on n'a pas eu de programme d'entraînement particulier. Par contre, c'était tout ce qui gravitait autour, tout ce qui est sécurité, tout ce qui est cartographie.

  • Speaker #1

    La plus grande crainte, c'était, je pense, être dans des situations difficiles d'un point de vue conditions météo. Simon et moi, au final, on a une expérience de montagne qui est assez modeste. Ça fait 3-4 ans qu'on pratique de manière intense, mais voilà, en comparaison à un guide haute montagne qui a plus de 20 ou 30 ans d'expérience et qui sait sortir de toutes les situations. Pour nous, c'était ça le plus gros défi, c'était vraiment être capable de réagir à chacune des situations qui allaient s'offrir à nous et savoir gérer le risque tout en gardant ses moyens. Le jour du départ, c'était le 23 janvier 2023 à Salzbourg, à Grézé-Dansplatz. Là, ça y est, on a les sacs sur le dos. On sait que la première journée de ski, ce n'est pas vraiment une journée de ski, c'est plus une journée de transition pour aller récupérer les premières montagnes. Puis là, en fait, on est juste content. On a l'état d'esprit qui est très léger, très libre. Et voilà, c'est des sensations de voyage qui reviennent où tu as l'impression que tu peux conquérir tout et n'importe quoi. Et c'est vraiment ce sentiment de liberté super puissant qui fait vibrer et qui donne envie d'y aller à fond. En direction du Wolfspitz. Donc on part d'Autriche, on commence à traverser une partie de l'Allemagne. Et il a pas mal neigé, voilà, c'est le début de saison. Pour nous à ski, on a très peu skié. On a un sac à dos qui est lourd, auquel il faut s'habituer. On n'a pas l'habitude de skier dans ces conditions, on est dans des montagnes qu'on ne connaît absolument pas. Et du coup, on se fait vite surprendre par le froid. Au départ il doit faire dans les moins de 10, moins de 15 degrés, c'est quand même assez froid pour le début de l'hiver, il fait nuit tôt, bien plus tôt qu'en France. Et en fait très vite la première journée on se retrouve à batailler dans de la neige profonde, la première descente on fait partir une première plaque et on arrive le soir à la frontale. Donc on se dit que c'est quand même une journée assez costaud et chargée, on passe plus de 10h, 11h sur les skis dans des conditions pas très fun. Et le deuxième jour, c'est rebelote en fait. On a des conditions très changeantes, il fait déjà très chaud. Toute la neige, elle commence à s'effriter un peu dans tous les sens. Et on prend une mauvaise descente, on fait des erreurs d'itinéraire. Et on se retrouve dans des situations déjà très délicates. Et Simon et moi, on se dit, là, il va falloir vite se remettre dans le truc. Se remettre en question sur notre choix d'itinéraire. Parce que ça démarre fort, trop fort en fait. On a trois mois à faire. Et à ce rythme-là, ça va être compliqué.

  • Speaker #2

    Dans les premiers jours, t'es aussi dans une espèce d'état transitoire, que ce soit physiquement, psychologiquement ou même géographiquement. En fait, il n'y a encore rien qui est installé. Et puis même au niveau des montagnes, t'es dans des moyens de montagne. Tu dois rejoindre des itinéraires qui sont plus fréquentés, plus connus.

  • Speaker #1

    Pour trouver notre routine équilibre, il nous faudra bien deux semaines. Puis même en termes de communication avec Simon, pour comment on se relaie pour faire la trace, qu'est-ce qu'on va manger, comment on gère notre alimentation, etc. Donc ça prend un petit peu de temps à se comprendre nous-mêmes, à comprendre l'environnement dans lequel on va évoluer et qui devient en fait notre maison pour les prochains mois.

  • Speaker #2

    On arrivait au refuge, chacun avait en gros ses petites missions. Il y en a un, il savait qu'il allait chercher le bois, l'autre, pendant ce temps-là, il commençait le feu. Il y avait vraiment ce truc qui se mettait en place. Une fois que c'était installé, c'est... Des habitudes qu'on a gardées un peu jusqu'à la fin. On est parti depuis une dizaine de jours. Et là on est au cœur de l'Autriche et en fait on se prend une grosse grosse tempête mais qui va durer plusieurs jours. Aïe aïe aïe, vas-y on se casse de là ! Ouais ! T'as dit quoi ? On descend,

  • Speaker #1

    on se met la tête dans la gueule !

  • Speaker #2

    Le vent, le froid, on n'est pas forcément totalement habitués. On décide de doubler certaines étapes, parce qu'on sait qu'il faut qu'on arrive à un certain point à un moment donné, si on ne veut pas se faire coincer par la tempête. Donc les journées sont aussi longues, le poids du sac, on doit encore un peu s'y habituer. Donc il y a tout ça mis ensemble. On a aussi à des moments, lors d'une journée principalement, un blizzard assez important. Le vent nous fait presque reculer. La progression est lente. C'est tellement froid que le nez gèle. En fait, on a des gelures au nez. C'était lors d'un jour totalement blanc. En fait, tu vois rien autour de toi. Jusqu'à en avoir des vertiges. Parce que t'as plus aucun repère. Tu vois ni devant, ni à côté. Il n'y a plus de montagne. signe tout blanc autour de toi. La seule chose que tu vois, c'est le bout de tes skis. J'essayais vraiment de me concentrer là-dessus parce que sinon, j'avais des vertiges et qui provoquaient des nausées. Là, j'en parle aussi à Guillaume, il ressent la même chose, donc ça me rassure. Moi, en même temps, je me dis voilà, on est quand même dans un environnement assez compliqué. Lorsque tu as l'autre personne qui est devant toi, qui fait la trace, ça te donne un point de repère. Donc ça, ça te permet d'avancer. Mais si c'est toi devant, tu ne vois plus rien, tu ne sais même pas où tu vas. Guillaume me donnait une direction. J'allais dans une autre et toutes les deux minutes ont rectifié notre direction parce qu'on était totalement perdu. Et toutes les max 10 minutes ont changé la personne devant pour pouvoir te mettre derrière et te reposer parce que mentalement là-haut ça devenait très compliqué. Quoi ?

  • Speaker #1

    Ouais franchement ça va.

  • Speaker #2

    Cet épisode il dure une semaine environ. L'épisode de Blizzard dès le début donc aussi ça met dans le bain. Et puis les vertiges pendant deux, peut-être, voire trois jours, tu les as, tu vois le gars devant toi, Guillaume, il marche devant toi, et puis d'un coup, il tombe, et tu ne comprends pas pourquoi il tombe. En fait, il n'a pas vu la pente, il a été déséquilibré, parce que tu ne vois rien autour de toi, et tu es complètement perdu, vraiment. On parle, mais c'est de la communication utile. Alors, chaque mot est pesé, c'est... Ok, je prends la trace, c'est par là, on ne perd pas de temps à dire des choses qui ne sont pas utiles à ce moment-là. Se dire comment tu vas, moi j'ai un peu le vertige, il faut communiquer là-dessus pour être sûr que ton partenaire aille bien, que tu vas vers ton objectif et que tout se passe bien. On s'en sort bien, on atteint toujours le refuge. On a bien fait de se précipiter parce que derrière nous, il y a eu quand même dans le coin pas mal d'avalanches et notamment plusieurs décès. Donc c'est vrai qu'à ce moment-là, on était dans un environnement à risque, mais on a toujours communiqué ou... pris le temps de faire les choix qui nous semblaient les plus judicieux. Et voilà, ça a payé. Le mental se détache un peu du physique. Après, le froid te rappelle. Il y avait un blizzard incessant. Donc tu commences à avoir ces gelures sur le nez, avoir froid aux doigts, même sous tes gants. Tu peux ressentir un peu de fatigue, parce que c'est quand même un environnement qui est assez fatiguant physiquement et mentalement. Après tout ça c'est un peu un à côté, tu peux pas t'arrêter de toute façon. Le mental il prend le dessus et tu trouves une énergie au fond de toi qui t'emmène jusqu'à ton endroit de repos, donc le refuge du soir. Ça fait du bien là, c'est très chaud.

  • Speaker #1

    Mais pas ça hier. Ça manque que ça hier.

  • Speaker #2

    C'est très très chaud. Dans l'après on n'a pas eu que du beau, on a été évidemment surpris par quelques tempêtes quand tu passes trois mois dans les montagnes évidemment tu connais toutes les conditions n'empêche que oui on a été surpris de temps en temps par des mauvaises conditions on va pas dire qu'on était plus à l'aise mais en tout cas on savait comment réagir on était un peu préparé on était plus attentif et on perdait moins de temps peut-être aussi sur Des manips où on avait pris le coup, on avait un peu plus... d'habitude

  • Speaker #1

    Après les difficultés des premières semaines on arrive en Suisse et très rapidement il y a un anticyclone qui se met en place sur toute l'Europe. Là la sécheresse elle est vraiment frappante, elle est vraiment marquée et là nos habitudes de ski changent totalement quoi on se retrouve vraiment à... à porter les skis sur le dos, à pouvoir passer un peu partout l'école où on veut parce que d'un point de vue sécurité, c'est beaucoup plus safe, c'est beaucoup plus facile. Le temps est beaucoup plus clément et c'est vrai qu'on progresse bien. Ça nous met bien en confiance et on avance, c'est intéressant. Et c'est vrai qu'après ces quelques semaines, forcément, il y a encore des changements météo où on se tape un peu plusieurs saisons en une journée. où il y a toujours des tempêtes et des isothermes assez importants, donc il faut toujours faire attention, on reste toujours focus. Sur la haute route de Chamonix jusqu'à Zermatt, on était le 21 mars, ça faisait déjà deux mois qu'on faisait du ski, tous les jours. Donc on avait commencé à être vraiment bien à l'aise dans notre ski, dans notre progression et notre façon d'appréhender et de sentir la montagne. Et en fait, à un moment, on descendait un glacier. Moi, j'avais ma fixe qui était mal enclenchée. Et dans un virage où il y avait vraiment de la glace vive, j'ai tapé un peu fort, j'ai déchaussé et j'ai commencé à partir. Je commençais à glisser sur une bonne cinquantaine, voire 80 mètres, sans pouvoir m'arrêter parce que c'est une patinoire inclinée et c'est très compliqué de s'arrêter.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce qui vient de se passer là, Guillaume ?

  • Speaker #1

    Écoute, petite descente sur le glacier. Je suis passé sur un tout bien béton. J'ai déchaussé direct. Et là, je suis parti. J'ai fait une glissade de 50 mètres

  • Speaker #2

    Et le ski a déchauffé, l'iche a pété, le ski a glissé Dans les crevasses Dans les crevasses, donc là on se fait une mission, on va aller le rechercher

  • Speaker #1

    On va aller chercher le ski, parce que sinon c'est la merde hein Ouais Mais rien de cassé, heureusement je me suis arrêté naturellement dans une pente un peu piscinaise Allez, ben on va voir ça Mais il va aller mieux parce que... On est descendu dans ce glacier, ça nous a pris une bonne heure. Et en fait, après cet épisode avec Simon, on a discuté, on s'est dit là ça fait déjà deux mois qu'on est en montagne. Ok, on est en Suisse, on est sur un itinéraire de Chamonix-Lazermatt qu'on connaît, qu'on avait fait l'année d'avant. Et en fait, on était en confiance, on était en surconfiance parce qu'on se dit là, les montagnes qui sont autour de nous, on les connaît. L'itinéraire, on l'a déjà fréquenté. Et puis, il ne nous reste qu'un mois en montagne. Donc un mois, c'est quoi ? On est bientôt en France, on va bientôt arriver. mais en fait avec le recul un mois montagne c'est énorme c'est un mois tous les jours Et à partir de ce moment là en fait on est resté concentré encore jusqu'à la fin Là on s'était un peu déconnecté, on s'est senti un peu trop en confiance Et il y a eu cet événement qui nous a remis tout de suite dans le truc Ok tant qu'on n'est pas à la mer c'est pas fini Mais vraiment tant qu'on n'est pas les pieds dans la mer ce n'est pas terminé quoi Faut vraiment rester concentré jusqu'à la fin L'enfer du grand paradis commence

  • Speaker #2

    Mais l'oxymore, là il fait chaud, peut-être qu'après il fera très très froid

  • Speaker #1

    On repart à l'assaut du massif du Grand Paradis. Là, on est accompagnés de mon petit frère Antoine et de deux autres copains. Donc on est un groupe de cinq. Les copains viennent nous rejoindre sur des étapes, comme prévu. Mais les conditions qui s'annoncent sont vraiment très très mauvaises. Et en effet, ça ne loupe absolument pas. Donc là, on est très très concentrés. Il faut toujours s'adapter, il faut toujours revoir nos plans. Mais malgré ça, en fait, on est cinq, on a un bon groupe et on arrive à rigoler et à passer du bon temps, alors que personne ne voudrait être dans ces conditions-là, tellement elles sont épouvantables. Mais voilà, on arrive à en rire et à progresser. Et je pense que grâce à ça, on a pu vraiment se dépasser et physiquement et mentalement. Dans ce type de traversée, en fait, je pense que c'est beaucoup plus de mental que de physique. Certes, il faut une base physique, il faut de l'entraînement, etc. Mais sur la programmation de nos étapes, c'est vraiment le mental qui fait la différence. C'est vraiment la capacité de concentration. Et c'est ça le plus dur en fait, c'est qu'on ne peut jamais lâcher l'esprit quelques minutes, parce que sinon ça peut être une correctionnelle quasi immédiate. Sur ce type d'aventure-là, c'était vraiment encore plus la partie cérébrale plutôt que le mental. C'était tout le temps en train de cogiter. D'un point de vue mental, donc ok avoir du mental c'est y aller même si ton corps ne suit plus, là c'était vraiment très très cérébral des remises en question permanentes, alors que des fois sur un effort qui peut être très long et donc mental, t'as pas besoin de réfléchir, c'est juste avancer. Et là c'était plus la réflexion de la stratégie quoi, la stratégie de progression en montagne.

  • Speaker #2

    Bonsoir !

  • Speaker #1

    Super !

  • Speaker #2

    On est monté de... ... C'était pas trop en condition,

  • Speaker #1

    donc pas évident. On arrive dans les Alpes du Sud. Là où on a l'habitude de skier, depuis Marseille en fait, c'est le plus proche. Donc là on sent que la fin, elle commence vraiment à arriver. Il y a encore des copains qui en profitent pour nous rejoindre, pour revenir skier avec nous. Et puis un jour, c'était le 14 avril, parce que c'était l'anniversaire de Théo, détour d'un sommet, le Monténibre, on aperçoit finalement une ligne continue, et c'était la mer en fait, donc on avait enfin la mer en vision, après quasi trois mois de ski. Sommet du Monténibre, pas si terrible, bonne condition. C'est la mer ! Finalement !

  • Speaker #0

    C'est le début de la fin pour vous !

  • Speaker #1

    Ouais ! Mer en vue ! Donc là vraiment la fin elle était visible, elle était tangible. Et là c'était clairement un sentiment assez fort quoi. Parce que ça faisait des mois, des semaines qu'autour de nous on avait que du relief tout le temps. Et là voir finalement une ligne continue et plate, ça annonçait vraiment le début de la fin pour nous. Et donc les jours qui ont suivi restaient environ une bonne semaine, voire 10 jours de ski parce que... Il y avait encore un petit peu de route jusqu'à Menton, donc là on traversait le Mercantour, qui est un massif super sauvage où il y avait des animaux, c'était le printemps, donc vraiment les bouctins, les marmottes qui étaient de sortie. Et voilà, là on avait les rivières qui commençaient à gronder parce que c'était aussi la fonte des neiges. Les conditions étaient belles et du coup nous on progressait avec Simon, on s'était exprès réservé ces dernières semaines juste tous les deux, donc on ne voulait plus prendre de copains. ou de proches pour vraiment se laisser imprégner de cette fin d'aventure. C'est là où moi, pendant toute cette semaine, j'ai commencé à faire un peu le deuil de cette aventure. C'est là où je me suis senti vraiment arrivé. Parce qu'à ce moment-là, je savais qu'on allait atteindre la mer pour de bon. Là, c'était concret, c'était là. C'était beaucoup d'émotions tous les jours, où je faisais un peu le bilan du voyage dans ma tête. J'étais pressé d'arriver et en même temps, je me disais, ces moments, ils sont beaux, ils sont incroyables. On a vécu plein de choses et il faut en profiter à fond. C'était beaucoup d'émotions durant ces quelques jours avant d'arriver. Mais en fait, faire le deuil de ce voyage, c'est un peu se rendre compte de tout ce qu'on a traversé. Parce que c'était tellement intense tous les jours pendant trois mois que tu n'as pas le temps de réaliser et de faire le bilan au jour le jour de ce que tu as vécu. Parce que tout s'enchaîne tout le temps. Tu ne prends pas le temps de te poser et de te dire « Ok, qu'est-ce que j'ai bien fait ? Qu'est-ce que j'ai mal fait ? Comment j'aurais pu m'améliorer ? » ou même... à quel point c'était beau de voir tel paysage, à quel point j'ai apprécié descendre cette face et comment j'ai pu avoir du mal à monter tel col ou tel sommet. C'est ça en fait ce que j'appelle deuil, c'est plutôt se rémémorer un peu tout ça et faire le bilan en fait. C'est absolument pas penser à la suite, c'est plutôt repenser à tout ça tout en se laissant imprégner de cet environnement qui était le Marc-en-Tour, qui était vraiment très très sauvage et mystique pour la fin. C'était vraiment un paysage incroyable Qui laissait... Vraiment la place pour toutes ces pensées. C'est des odeurs et des choses qu'on avait oubliées pendant plusieurs mois, le thym, le romarin. La chaleur, on avait totalement oublié toutes ces sensations-là. Et ça nous fait bizarre, mais en même temps on est heureux, on est euphorique. On court, on sent les choses, on dit « ah, trop bien ! » Et puis lorsque finalement on descend, on arrive jusqu'à Menton, on court encore. À la descente, vraiment on court parce qu'on sait qu'il y a tout le monde qui nous attend. Ils nous ont préparé une super arrivée sur la plage. Et là, le cœur, il est à fond. On se jette dans la mer. c'était vraiment notre quête depuis le départ là on se dit elle est bonne l'eau allez vous lavez allez allez on va dégâter après

  • Speaker #2

    Et puis ça c'était un peu une arrivée anticipée puisqu'il y en aura quand même derrière deux jours de vélo pour rejoindre Marseille, qui fait vraiment partie du projet, puisqu'encore une fois on essaye là d'avoir ce côté environnemental qu'on a tenu tout le long de la traversée, à savoir... Alors que nous, notre but c'est de partir de Marseille et de rentrer à Marseille.

  • Speaker #1

    Et voilà ! On pénètre finalement dans la ville, c'est le bruit, c'est la pollution, les gens qui sont pressés. C'est vrai que ça fait mal au poumon, ça fait mal aux oreilles de voir ça, après tous ces mois passés dans un environnement qui est vraiment pur. Il y a un vrai choc par rapport à ça. Il faut plusieurs mois pour se réadapter vraiment d'une aventure comme ça, se remettre un peu dans une routine conventionnelle, donc travailler, se retrouver derrière un bureau, etc. Alors qu'on a passé beaucoup de temps dehors, c'est difficile au début. On se demande ce qu'on fait là, et on se demande aussi pourquoi on a fait ça, c'était quoi le but derrière. Ça va dans les deux sens au final. Et il faut plusieurs mois pour pouvoir vraiment se remettre dans un bain.

  • Speaker #2

    Je ne sais même pas si on se réadapte totalement. Une telle aventure, car encore aujourd'hui, ça fait déjà plusieurs mois qu'on est rentrés, le bruit, le tumulte de la ville, des grandes villes comme ça, me font encore de l'effet. Je me dis souvent, quand même j'étais bien là-haut, c'était calme, etc. Je ne suis pas encore tout à fait réadapté, ou en tout cas je sens qu'il y a quelque chose de changé par rapport à l'avant-projet.

  • Speaker #1

    On avait une dimension dans ce projet, c'était d'interviewer les acteurs de la montagne. Ce qu'on a fait, on a des belles interviews d'un guide de haute montagne et de gardien de refuge où on a pu discuter avec eux sur l'impact de ce changement climatique soit sur leur pratique ou sur leur manière de travailler et surtout comprendre comment ils mettaient en place des solutions à leur échelle pour pouvoir préserver ce monde. Donc nous, ça nous a ouvert les yeux sur certaines choses qui n'étaient pas forcément connues de Simon et moi. Après, sur notre pratique, nous, on a déjà, depuis le départ, cette démarche écologique et écoresponsable où on essaie de faire attention à notre impact. Et sur ça, on reste droit et fixe. Ce qu'on voulait montrer, c'était plutôt l'environnement dans lequel on a évolué pendant trois mois. Il est incroyable, il est fragile, donc il faut faire en sorte de le préserver sans pour autant donner quelques conclusions à quelqu'un. mais juste regarder comme c'est beau ça serait dommage qu'on puisse plus on bénéficiait.

  • Speaker #2

    Il y a quand même une morale à ce projet, c'est que ni Guillaume ni moi sommes nés en montagne. Lui, il est de Provence, moi je suis du plat pays. Et donc, pour faire ce projet, on s'est quand même formés, on a appris, on a passé beaucoup de temps à se préparer. Et finalement, en prenant, comme on disait, jour après jour, objectif après objectif, On a réussi dans la globalité à réussir ce projet, donc à traverser les Alpes en hiver. Le plus beau retour pour moi qu'on ait là-dessus, c'est que certaines personnes viennent vers nous en nous disant « ce que vous avez fait, ça me motive à faire mon truc » . Donc ça c'est vraiment un très beau cadeau dans le sens où on peut rendre les choses accessibles. Ce n'est pas le but, mais on prouve que si on a la détermination et l'envie de faire quelque chose... Finalement, on peut clairement y arriver.

  • Speaker #1

    Avec Simon, maintenant, je pense qu'on se connaît quand même très très bien. On n'a plus trop besoin de communiquer pour comprendre un peu les émotions et la pensée de l'un ou l'autre. Ça nous lie à vie, clairement, parce qu'on a vécu des très belles choses et des moments très compliqués. Et de manière générale, en montagne, voilà, ton partenaire de cordée... Il est lié à toi, il est lié à toi physiquement et il est lié à toi spirituellement et ça s'est confirmé durant ces trois mois.

  • Speaker #0

    Merci Guillaume et Simon de nous avoir fait vivre à vos côtés un peu de cette aventure extraordinaire. Vous qui nous écoutez, si vous avez été transporté par cet épisode, vous pouvez prolonger ce voyage dans les montagnes en visionnant le film de nos aventuriers, Le Monde d'en Haut. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à en parler et à le partager autour de vous pour faire vivre encore et encore cette aventure. On compte aussi sur vos étoiles et commentaires depuis Spotify et Apple Podcast. Pour ne manquer aucun de nos prochains épisodes, abonnez-vous à notre chaîne. Quant à moi, je vous dis à très vite pour une nouvelle aventure ou un nouveau déclic.

Description

Après plusieurs années d’amitié, de sport et d’expériences partagés, Guillaume et Simon se lancent dans une aventure extraordinaire : la traversée de l’arc Alpin en ski de randonnée, soit 1000 kilomètres, 80 000 mètres de dénivelé, 34 massifs et 4 pays parcourus en 100 jours. Ce projet, baptisé ALP, a été pensé dans une démarche sportive, humaine et responsable.

En plus du challenge physique et mental, Simon et Guillaume sont aussi partis en quête de rencontres d’expériences et de témoignages pour revenir avec de quoi créer un film reflétant au mieux l’impact du réchauffement climatique sur l’arc Alpin.

⛰️

Si vous avez été transporté par cet épisode, vous pouvez prolonger ce voyage dans les montagnes en visionnant le film de nos aventuriers : Le monde d’en haut.

💡☝️✨ L'aventure est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un récit sportif immersif qui va à la rencontre de personnes inspirantes toujours prêtes à partager leurs émotions. Ce format vous est proposé par Céciliane et Manon, journalistes, sportives et passionnées d'histoires de vie.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Un voyage, une course, un défi, vivez des aventures sportives comme si vous y étiez.

  • Speaker #1

    Ça nous lie à vie clairement parce qu'on a vécu des très belles choses et des moments très compliqués.

  • Speaker #0

    Dans cette aventure, rencontrez Simon et Guillaume. Ces deux sportifs, passionnés et amis, ont imaginé ensemble un projet un peu fou. Ils veulent traverser les Alpes en ski de randonnée. 1000 km, 80 000 mètres de dénivelé positif, 34 massifs, 4 pays parcourus, 100 jours. Départ Salzbourg, arrivée Menton. Ce projet, ils l'ont pensé ensemble dans une démarche sportive, humaine et responsable. Au-delà du challenge physique et mental qui s'apprête à relever, ils partent aussi en quête de rencontres et d'expériences. Ils souhaitent revenir avec des témoignages pour construire un film reflétant au mieux l'impact du réchauffement climatique sur l'arc alpin. Guillaume et Simon, c'est à vous.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Guillaume, je suis né en Provence, j'habite à Marseille, j'ai 29 ans. Je suis ingénieur de formation et de pratique également dans la vie de tous les jours.

  • Speaker #2

    Moi c'est Simon, je suis belge, j'ai migré à Marseille il y a quelques années où j'ai rencontré Guillaume. Je pratique l'architecture et aussi beaucoup évidemment de sport de montagne. L'histoire est née avec Guillaume, on est tous les deux inscrits au club alpin français de Marseille. On faisait pas mal de sorties de ski de rando, un peu d'alpi l'été, etc. Et puis il y avait vraiment cette envie de passer plus de temps en montagne, principalement dans les Alpes qui est clairement notre terrain de jeu. Et donc il y a eu un jour cette idée un peu folle de se dire, bon, pourquoi pas traverser les Alpes. Du coup j'en ai parlé à Guillaume lors d'une soirée, il était je pense 2h du matin quand je lui ai évoqué l'idée. Guillaume évidemment je le connaissais donc je savais que ça pouvait être un bon partenaire pour faire cette traversée. Et directement il a répondu présent à l'appel et dès le lendemain on a commencé à s'appeler, à en discuter. Le projet a vraiment démarré à ce moment là, ça commence à devenir assez sérieux.

  • Speaker #1

    Le projet c'est de traverser l'intégralité de l'arc alpin à ski d'andonnaie. Donc l'Arc-Alpin en partant d'Autriche, de la ville de Salzbourg, pour rejoindre la Méditerranée, Menton. C'est d'ailleurs le nom de notre projet, puisque notre projet s'appelle Austria, tout littoral passe, donc de l'Autriche jusqu'au chemin du littoral. Et voilà, on avait cette volonté de tout faire par des moyens décarbonés, donc à la seule force de nos jambes, et en ayant... Une dimension écologique dans ce projet, donc en se déplaçant en train pour rejoindre Salzbourg, ensuite en skiant à la force de nos jambes à travers les Alpes, en faisant des transferts en vallée, soit en train, soit en transport en commun ou soit en autostop. Et ensuite, une fois qu'on a atteint la ville de Menton, au bord de la Méditerranée, on est rentrés à vélo avec nos skis accrochés sur les cadres pour pouvoir atteindre Marseille finalement. On est pratiquants de la montagne, donc la montagne c'est un environnement qui est magnifique mais qui est très fragile. Et avec le dérèglement climatique de nos jours, on voit qu'il y a un impact direct sur la montagne et sur la pratique, les conditions, la sécurité. Donc le but c'était dans un premier temps de se faire plaisir, mais aussi de pouvoir montrer que cet environnement fragile il est merveilleux et qu'il est important de le protéger pour pouvoir continuer à le pratiquer, que ce soit à travers le sport ou juste... la beauté du paysage etc ou la préservation des glaciers on voulait juste montrer que c'est important je pense qu'il y a aussi un peu une quête mystique de partir pendant 3 mois totalement au milieu des montagnes en plein hiver et au printemps dans un environnement qui est quand même assez hostile mais qui est très mystérieux et voilà il y avait cette envie de vivre ces moments hyper intenses et pour un peu s'échapper du monde, de nos civilisations qui va à toute allure, sur laquelle on n'a pas le temps de se poser jamais. Et là, à partir de douze semaines comme ça, c'est vraiment un gros travail dans la tête d'introspection. Et c'est ça qu'on vient chercher en fait. En se mettant dans des situations parfois très difficiles, on vient chercher le calme dans la tête. Et c'est grâce à ces expériences-là qu'on arrive un peu à se recentrer sur des choses simples. C'est des sensations qu'on vient aussi rechercher parce qu'au bout d'un moment tu es quand même un petit peu accro à tout ça, à vivre des choses incroyables. C'est la construction qui est très mal. Et du coup, d'où tu l'as pris ? Je l'ai pris à l'église.

  • Speaker #2

    C'est un peu du poids tout ça. La préparation était plus organisationnelle que physique parce qu'on était un petit peu échauffé. On a l'habitude de pratiquer assez fréquemment du sport, que ce soit du vélo, course à pied, alpinisme, guinrandeau, etc. Tout ce qui touche un peu à l'endurance de fond. Donc c'est vrai que physiquement, on n'a pas eu de programme d'entraînement particulier. Par contre, c'était tout ce qui gravitait autour, tout ce qui est sécurité, tout ce qui est cartographie.

  • Speaker #1

    La plus grande crainte, c'était, je pense, être dans des situations difficiles d'un point de vue conditions météo. Simon et moi, au final, on a une expérience de montagne qui est assez modeste. Ça fait 3-4 ans qu'on pratique de manière intense, mais voilà, en comparaison à un guide haute montagne qui a plus de 20 ou 30 ans d'expérience et qui sait sortir de toutes les situations. Pour nous, c'était ça le plus gros défi, c'était vraiment être capable de réagir à chacune des situations qui allaient s'offrir à nous et savoir gérer le risque tout en gardant ses moyens. Le jour du départ, c'était le 23 janvier 2023 à Salzbourg, à Grézé-Dansplatz. Là, ça y est, on a les sacs sur le dos. On sait que la première journée de ski, ce n'est pas vraiment une journée de ski, c'est plus une journée de transition pour aller récupérer les premières montagnes. Puis là, en fait, on est juste content. On a l'état d'esprit qui est très léger, très libre. Et voilà, c'est des sensations de voyage qui reviennent où tu as l'impression que tu peux conquérir tout et n'importe quoi. Et c'est vraiment ce sentiment de liberté super puissant qui fait vibrer et qui donne envie d'y aller à fond. En direction du Wolfspitz. Donc on part d'Autriche, on commence à traverser une partie de l'Allemagne. Et il a pas mal neigé, voilà, c'est le début de saison. Pour nous à ski, on a très peu skié. On a un sac à dos qui est lourd, auquel il faut s'habituer. On n'a pas l'habitude de skier dans ces conditions, on est dans des montagnes qu'on ne connaît absolument pas. Et du coup, on se fait vite surprendre par le froid. Au départ il doit faire dans les moins de 10, moins de 15 degrés, c'est quand même assez froid pour le début de l'hiver, il fait nuit tôt, bien plus tôt qu'en France. Et en fait très vite la première journée on se retrouve à batailler dans de la neige profonde, la première descente on fait partir une première plaque et on arrive le soir à la frontale. Donc on se dit que c'est quand même une journée assez costaud et chargée, on passe plus de 10h, 11h sur les skis dans des conditions pas très fun. Et le deuxième jour, c'est rebelote en fait. On a des conditions très changeantes, il fait déjà très chaud. Toute la neige, elle commence à s'effriter un peu dans tous les sens. Et on prend une mauvaise descente, on fait des erreurs d'itinéraire. Et on se retrouve dans des situations déjà très délicates. Et Simon et moi, on se dit, là, il va falloir vite se remettre dans le truc. Se remettre en question sur notre choix d'itinéraire. Parce que ça démarre fort, trop fort en fait. On a trois mois à faire. Et à ce rythme-là, ça va être compliqué.

  • Speaker #2

    Dans les premiers jours, t'es aussi dans une espèce d'état transitoire, que ce soit physiquement, psychologiquement ou même géographiquement. En fait, il n'y a encore rien qui est installé. Et puis même au niveau des montagnes, t'es dans des moyens de montagne. Tu dois rejoindre des itinéraires qui sont plus fréquentés, plus connus.

  • Speaker #1

    Pour trouver notre routine équilibre, il nous faudra bien deux semaines. Puis même en termes de communication avec Simon, pour comment on se relaie pour faire la trace, qu'est-ce qu'on va manger, comment on gère notre alimentation, etc. Donc ça prend un petit peu de temps à se comprendre nous-mêmes, à comprendre l'environnement dans lequel on va évoluer et qui devient en fait notre maison pour les prochains mois.

  • Speaker #2

    On arrivait au refuge, chacun avait en gros ses petites missions. Il y en a un, il savait qu'il allait chercher le bois, l'autre, pendant ce temps-là, il commençait le feu. Il y avait vraiment ce truc qui se mettait en place. Une fois que c'était installé, c'est... Des habitudes qu'on a gardées un peu jusqu'à la fin. On est parti depuis une dizaine de jours. Et là on est au cœur de l'Autriche et en fait on se prend une grosse grosse tempête mais qui va durer plusieurs jours. Aïe aïe aïe, vas-y on se casse de là ! Ouais ! T'as dit quoi ? On descend,

  • Speaker #1

    on se met la tête dans la gueule !

  • Speaker #2

    Le vent, le froid, on n'est pas forcément totalement habitués. On décide de doubler certaines étapes, parce qu'on sait qu'il faut qu'on arrive à un certain point à un moment donné, si on ne veut pas se faire coincer par la tempête. Donc les journées sont aussi longues, le poids du sac, on doit encore un peu s'y habituer. Donc il y a tout ça mis ensemble. On a aussi à des moments, lors d'une journée principalement, un blizzard assez important. Le vent nous fait presque reculer. La progression est lente. C'est tellement froid que le nez gèle. En fait, on a des gelures au nez. C'était lors d'un jour totalement blanc. En fait, tu vois rien autour de toi. Jusqu'à en avoir des vertiges. Parce que t'as plus aucun repère. Tu vois ni devant, ni à côté. Il n'y a plus de montagne. signe tout blanc autour de toi. La seule chose que tu vois, c'est le bout de tes skis. J'essayais vraiment de me concentrer là-dessus parce que sinon, j'avais des vertiges et qui provoquaient des nausées. Là, j'en parle aussi à Guillaume, il ressent la même chose, donc ça me rassure. Moi, en même temps, je me dis voilà, on est quand même dans un environnement assez compliqué. Lorsque tu as l'autre personne qui est devant toi, qui fait la trace, ça te donne un point de repère. Donc ça, ça te permet d'avancer. Mais si c'est toi devant, tu ne vois plus rien, tu ne sais même pas où tu vas. Guillaume me donnait une direction. J'allais dans une autre et toutes les deux minutes ont rectifié notre direction parce qu'on était totalement perdu. Et toutes les max 10 minutes ont changé la personne devant pour pouvoir te mettre derrière et te reposer parce que mentalement là-haut ça devenait très compliqué. Quoi ?

  • Speaker #1

    Ouais franchement ça va.

  • Speaker #2

    Cet épisode il dure une semaine environ. L'épisode de Blizzard dès le début donc aussi ça met dans le bain. Et puis les vertiges pendant deux, peut-être, voire trois jours, tu les as, tu vois le gars devant toi, Guillaume, il marche devant toi, et puis d'un coup, il tombe, et tu ne comprends pas pourquoi il tombe. En fait, il n'a pas vu la pente, il a été déséquilibré, parce que tu ne vois rien autour de toi, et tu es complètement perdu, vraiment. On parle, mais c'est de la communication utile. Alors, chaque mot est pesé, c'est... Ok, je prends la trace, c'est par là, on ne perd pas de temps à dire des choses qui ne sont pas utiles à ce moment-là. Se dire comment tu vas, moi j'ai un peu le vertige, il faut communiquer là-dessus pour être sûr que ton partenaire aille bien, que tu vas vers ton objectif et que tout se passe bien. On s'en sort bien, on atteint toujours le refuge. On a bien fait de se précipiter parce que derrière nous, il y a eu quand même dans le coin pas mal d'avalanches et notamment plusieurs décès. Donc c'est vrai qu'à ce moment-là, on était dans un environnement à risque, mais on a toujours communiqué ou... pris le temps de faire les choix qui nous semblaient les plus judicieux. Et voilà, ça a payé. Le mental se détache un peu du physique. Après, le froid te rappelle. Il y avait un blizzard incessant. Donc tu commences à avoir ces gelures sur le nez, avoir froid aux doigts, même sous tes gants. Tu peux ressentir un peu de fatigue, parce que c'est quand même un environnement qui est assez fatiguant physiquement et mentalement. Après tout ça c'est un peu un à côté, tu peux pas t'arrêter de toute façon. Le mental il prend le dessus et tu trouves une énergie au fond de toi qui t'emmène jusqu'à ton endroit de repos, donc le refuge du soir. Ça fait du bien là, c'est très chaud.

  • Speaker #1

    Mais pas ça hier. Ça manque que ça hier.

  • Speaker #2

    C'est très très chaud. Dans l'après on n'a pas eu que du beau, on a été évidemment surpris par quelques tempêtes quand tu passes trois mois dans les montagnes évidemment tu connais toutes les conditions n'empêche que oui on a été surpris de temps en temps par des mauvaises conditions on va pas dire qu'on était plus à l'aise mais en tout cas on savait comment réagir on était un peu préparé on était plus attentif et on perdait moins de temps peut-être aussi sur Des manips où on avait pris le coup, on avait un peu plus... d'habitude

  • Speaker #1

    Après les difficultés des premières semaines on arrive en Suisse et très rapidement il y a un anticyclone qui se met en place sur toute l'Europe. Là la sécheresse elle est vraiment frappante, elle est vraiment marquée et là nos habitudes de ski changent totalement quoi on se retrouve vraiment à... à porter les skis sur le dos, à pouvoir passer un peu partout l'école où on veut parce que d'un point de vue sécurité, c'est beaucoup plus safe, c'est beaucoup plus facile. Le temps est beaucoup plus clément et c'est vrai qu'on progresse bien. Ça nous met bien en confiance et on avance, c'est intéressant. Et c'est vrai qu'après ces quelques semaines, forcément, il y a encore des changements météo où on se tape un peu plusieurs saisons en une journée. où il y a toujours des tempêtes et des isothermes assez importants, donc il faut toujours faire attention, on reste toujours focus. Sur la haute route de Chamonix jusqu'à Zermatt, on était le 21 mars, ça faisait déjà deux mois qu'on faisait du ski, tous les jours. Donc on avait commencé à être vraiment bien à l'aise dans notre ski, dans notre progression et notre façon d'appréhender et de sentir la montagne. Et en fait, à un moment, on descendait un glacier. Moi, j'avais ma fixe qui était mal enclenchée. Et dans un virage où il y avait vraiment de la glace vive, j'ai tapé un peu fort, j'ai déchaussé et j'ai commencé à partir. Je commençais à glisser sur une bonne cinquantaine, voire 80 mètres, sans pouvoir m'arrêter parce que c'est une patinoire inclinée et c'est très compliqué de s'arrêter.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce qui vient de se passer là, Guillaume ?

  • Speaker #1

    Écoute, petite descente sur le glacier. Je suis passé sur un tout bien béton. J'ai déchaussé direct. Et là, je suis parti. J'ai fait une glissade de 50 mètres

  • Speaker #2

    Et le ski a déchauffé, l'iche a pété, le ski a glissé Dans les crevasses Dans les crevasses, donc là on se fait une mission, on va aller le rechercher

  • Speaker #1

    On va aller chercher le ski, parce que sinon c'est la merde hein Ouais Mais rien de cassé, heureusement je me suis arrêté naturellement dans une pente un peu piscinaise Allez, ben on va voir ça Mais il va aller mieux parce que... On est descendu dans ce glacier, ça nous a pris une bonne heure. Et en fait, après cet épisode avec Simon, on a discuté, on s'est dit là ça fait déjà deux mois qu'on est en montagne. Ok, on est en Suisse, on est sur un itinéraire de Chamonix-Lazermatt qu'on connaît, qu'on avait fait l'année d'avant. Et en fait, on était en confiance, on était en surconfiance parce qu'on se dit là, les montagnes qui sont autour de nous, on les connaît. L'itinéraire, on l'a déjà fréquenté. Et puis, il ne nous reste qu'un mois en montagne. Donc un mois, c'est quoi ? On est bientôt en France, on va bientôt arriver. mais en fait avec le recul un mois montagne c'est énorme c'est un mois tous les jours Et à partir de ce moment là en fait on est resté concentré encore jusqu'à la fin Là on s'était un peu déconnecté, on s'est senti un peu trop en confiance Et il y a eu cet événement qui nous a remis tout de suite dans le truc Ok tant qu'on n'est pas à la mer c'est pas fini Mais vraiment tant qu'on n'est pas les pieds dans la mer ce n'est pas terminé quoi Faut vraiment rester concentré jusqu'à la fin L'enfer du grand paradis commence

  • Speaker #2

    Mais l'oxymore, là il fait chaud, peut-être qu'après il fera très très froid

  • Speaker #1

    On repart à l'assaut du massif du Grand Paradis. Là, on est accompagnés de mon petit frère Antoine et de deux autres copains. Donc on est un groupe de cinq. Les copains viennent nous rejoindre sur des étapes, comme prévu. Mais les conditions qui s'annoncent sont vraiment très très mauvaises. Et en effet, ça ne loupe absolument pas. Donc là, on est très très concentrés. Il faut toujours s'adapter, il faut toujours revoir nos plans. Mais malgré ça, en fait, on est cinq, on a un bon groupe et on arrive à rigoler et à passer du bon temps, alors que personne ne voudrait être dans ces conditions-là, tellement elles sont épouvantables. Mais voilà, on arrive à en rire et à progresser. Et je pense que grâce à ça, on a pu vraiment se dépasser et physiquement et mentalement. Dans ce type de traversée, en fait, je pense que c'est beaucoup plus de mental que de physique. Certes, il faut une base physique, il faut de l'entraînement, etc. Mais sur la programmation de nos étapes, c'est vraiment le mental qui fait la différence. C'est vraiment la capacité de concentration. Et c'est ça le plus dur en fait, c'est qu'on ne peut jamais lâcher l'esprit quelques minutes, parce que sinon ça peut être une correctionnelle quasi immédiate. Sur ce type d'aventure-là, c'était vraiment encore plus la partie cérébrale plutôt que le mental. C'était tout le temps en train de cogiter. D'un point de vue mental, donc ok avoir du mental c'est y aller même si ton corps ne suit plus, là c'était vraiment très très cérébral des remises en question permanentes, alors que des fois sur un effort qui peut être très long et donc mental, t'as pas besoin de réfléchir, c'est juste avancer. Et là c'était plus la réflexion de la stratégie quoi, la stratégie de progression en montagne.

  • Speaker #2

    Bonsoir !

  • Speaker #1

    Super !

  • Speaker #2

    On est monté de... ... C'était pas trop en condition,

  • Speaker #1

    donc pas évident. On arrive dans les Alpes du Sud. Là où on a l'habitude de skier, depuis Marseille en fait, c'est le plus proche. Donc là on sent que la fin, elle commence vraiment à arriver. Il y a encore des copains qui en profitent pour nous rejoindre, pour revenir skier avec nous. Et puis un jour, c'était le 14 avril, parce que c'était l'anniversaire de Théo, détour d'un sommet, le Monténibre, on aperçoit finalement une ligne continue, et c'était la mer en fait, donc on avait enfin la mer en vision, après quasi trois mois de ski. Sommet du Monténibre, pas si terrible, bonne condition. C'est la mer ! Finalement !

  • Speaker #0

    C'est le début de la fin pour vous !

  • Speaker #1

    Ouais ! Mer en vue ! Donc là vraiment la fin elle était visible, elle était tangible. Et là c'était clairement un sentiment assez fort quoi. Parce que ça faisait des mois, des semaines qu'autour de nous on avait que du relief tout le temps. Et là voir finalement une ligne continue et plate, ça annonçait vraiment le début de la fin pour nous. Et donc les jours qui ont suivi restaient environ une bonne semaine, voire 10 jours de ski parce que... Il y avait encore un petit peu de route jusqu'à Menton, donc là on traversait le Mercantour, qui est un massif super sauvage où il y avait des animaux, c'était le printemps, donc vraiment les bouctins, les marmottes qui étaient de sortie. Et voilà, là on avait les rivières qui commençaient à gronder parce que c'était aussi la fonte des neiges. Les conditions étaient belles et du coup nous on progressait avec Simon, on s'était exprès réservé ces dernières semaines juste tous les deux, donc on ne voulait plus prendre de copains. ou de proches pour vraiment se laisser imprégner de cette fin d'aventure. C'est là où moi, pendant toute cette semaine, j'ai commencé à faire un peu le deuil de cette aventure. C'est là où je me suis senti vraiment arrivé. Parce qu'à ce moment-là, je savais qu'on allait atteindre la mer pour de bon. Là, c'était concret, c'était là. C'était beaucoup d'émotions tous les jours, où je faisais un peu le bilan du voyage dans ma tête. J'étais pressé d'arriver et en même temps, je me disais, ces moments, ils sont beaux, ils sont incroyables. On a vécu plein de choses et il faut en profiter à fond. C'était beaucoup d'émotions durant ces quelques jours avant d'arriver. Mais en fait, faire le deuil de ce voyage, c'est un peu se rendre compte de tout ce qu'on a traversé. Parce que c'était tellement intense tous les jours pendant trois mois que tu n'as pas le temps de réaliser et de faire le bilan au jour le jour de ce que tu as vécu. Parce que tout s'enchaîne tout le temps. Tu ne prends pas le temps de te poser et de te dire « Ok, qu'est-ce que j'ai bien fait ? Qu'est-ce que j'ai mal fait ? Comment j'aurais pu m'améliorer ? » ou même... à quel point c'était beau de voir tel paysage, à quel point j'ai apprécié descendre cette face et comment j'ai pu avoir du mal à monter tel col ou tel sommet. C'est ça en fait ce que j'appelle deuil, c'est plutôt se rémémorer un peu tout ça et faire le bilan en fait. C'est absolument pas penser à la suite, c'est plutôt repenser à tout ça tout en se laissant imprégner de cet environnement qui était le Marc-en-Tour, qui était vraiment très très sauvage et mystique pour la fin. C'était vraiment un paysage incroyable Qui laissait... Vraiment la place pour toutes ces pensées. C'est des odeurs et des choses qu'on avait oubliées pendant plusieurs mois, le thym, le romarin. La chaleur, on avait totalement oublié toutes ces sensations-là. Et ça nous fait bizarre, mais en même temps on est heureux, on est euphorique. On court, on sent les choses, on dit « ah, trop bien ! » Et puis lorsque finalement on descend, on arrive jusqu'à Menton, on court encore. À la descente, vraiment on court parce qu'on sait qu'il y a tout le monde qui nous attend. Ils nous ont préparé une super arrivée sur la plage. Et là, le cœur, il est à fond. On se jette dans la mer. c'était vraiment notre quête depuis le départ là on se dit elle est bonne l'eau allez vous lavez allez allez on va dégâter après

  • Speaker #2

    Et puis ça c'était un peu une arrivée anticipée puisqu'il y en aura quand même derrière deux jours de vélo pour rejoindre Marseille, qui fait vraiment partie du projet, puisqu'encore une fois on essaye là d'avoir ce côté environnemental qu'on a tenu tout le long de la traversée, à savoir... Alors que nous, notre but c'est de partir de Marseille et de rentrer à Marseille.

  • Speaker #1

    Et voilà ! On pénètre finalement dans la ville, c'est le bruit, c'est la pollution, les gens qui sont pressés. C'est vrai que ça fait mal au poumon, ça fait mal aux oreilles de voir ça, après tous ces mois passés dans un environnement qui est vraiment pur. Il y a un vrai choc par rapport à ça. Il faut plusieurs mois pour se réadapter vraiment d'une aventure comme ça, se remettre un peu dans une routine conventionnelle, donc travailler, se retrouver derrière un bureau, etc. Alors qu'on a passé beaucoup de temps dehors, c'est difficile au début. On se demande ce qu'on fait là, et on se demande aussi pourquoi on a fait ça, c'était quoi le but derrière. Ça va dans les deux sens au final. Et il faut plusieurs mois pour pouvoir vraiment se remettre dans un bain.

  • Speaker #2

    Je ne sais même pas si on se réadapte totalement. Une telle aventure, car encore aujourd'hui, ça fait déjà plusieurs mois qu'on est rentrés, le bruit, le tumulte de la ville, des grandes villes comme ça, me font encore de l'effet. Je me dis souvent, quand même j'étais bien là-haut, c'était calme, etc. Je ne suis pas encore tout à fait réadapté, ou en tout cas je sens qu'il y a quelque chose de changé par rapport à l'avant-projet.

  • Speaker #1

    On avait une dimension dans ce projet, c'était d'interviewer les acteurs de la montagne. Ce qu'on a fait, on a des belles interviews d'un guide de haute montagne et de gardien de refuge où on a pu discuter avec eux sur l'impact de ce changement climatique soit sur leur pratique ou sur leur manière de travailler et surtout comprendre comment ils mettaient en place des solutions à leur échelle pour pouvoir préserver ce monde. Donc nous, ça nous a ouvert les yeux sur certaines choses qui n'étaient pas forcément connues de Simon et moi. Après, sur notre pratique, nous, on a déjà, depuis le départ, cette démarche écologique et écoresponsable où on essaie de faire attention à notre impact. Et sur ça, on reste droit et fixe. Ce qu'on voulait montrer, c'était plutôt l'environnement dans lequel on a évolué pendant trois mois. Il est incroyable, il est fragile, donc il faut faire en sorte de le préserver sans pour autant donner quelques conclusions à quelqu'un. mais juste regarder comme c'est beau ça serait dommage qu'on puisse plus on bénéficiait.

  • Speaker #2

    Il y a quand même une morale à ce projet, c'est que ni Guillaume ni moi sommes nés en montagne. Lui, il est de Provence, moi je suis du plat pays. Et donc, pour faire ce projet, on s'est quand même formés, on a appris, on a passé beaucoup de temps à se préparer. Et finalement, en prenant, comme on disait, jour après jour, objectif après objectif, On a réussi dans la globalité à réussir ce projet, donc à traverser les Alpes en hiver. Le plus beau retour pour moi qu'on ait là-dessus, c'est que certaines personnes viennent vers nous en nous disant « ce que vous avez fait, ça me motive à faire mon truc » . Donc ça c'est vraiment un très beau cadeau dans le sens où on peut rendre les choses accessibles. Ce n'est pas le but, mais on prouve que si on a la détermination et l'envie de faire quelque chose... Finalement, on peut clairement y arriver.

  • Speaker #1

    Avec Simon, maintenant, je pense qu'on se connaît quand même très très bien. On n'a plus trop besoin de communiquer pour comprendre un peu les émotions et la pensée de l'un ou l'autre. Ça nous lie à vie, clairement, parce qu'on a vécu des très belles choses et des moments très compliqués. Et de manière générale, en montagne, voilà, ton partenaire de cordée... Il est lié à toi, il est lié à toi physiquement et il est lié à toi spirituellement et ça s'est confirmé durant ces trois mois.

  • Speaker #0

    Merci Guillaume et Simon de nous avoir fait vivre à vos côtés un peu de cette aventure extraordinaire. Vous qui nous écoutez, si vous avez été transporté par cet épisode, vous pouvez prolonger ce voyage dans les montagnes en visionnant le film de nos aventuriers, Le Monde d'en Haut. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à en parler et à le partager autour de vous pour faire vivre encore et encore cette aventure. On compte aussi sur vos étoiles et commentaires depuis Spotify et Apple Podcast. Pour ne manquer aucun de nos prochains épisodes, abonnez-vous à notre chaîne. Quant à moi, je vous dis à très vite pour une nouvelle aventure ou un nouveau déclic.

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