- Speaker #0
Main moite, boule au ventre, hyperventilation et j'en passe, qui n'a pas déjà vécu ces sensations désagréables avant un match important, une course, une compétition ? Avec Antonin Givre, préparateur mental, on parle de l'anxiété de performance dans le sport. Qu'est-ce que c'est et comment gérer cette pression si pesante ? Vous avez une question ? On a la réponse ! Vous écoutez Conseil Sport, le podcast bien-être, santé, nutrition de Décathlon. Bonjour Antonin.
- Speaker #1
Bonjour Céciliane.
- Speaker #0
Merci de m'accorder ce temps pour parler d'anxiété, de performance. J'ai choisi de parler de ça parce que la peur de l'échec, on la retrouve dans de nombreux domaines, pas que dans le sport. Et j'imagine qu'il y a différents profils et différents stades d'anxiété, tu vas pouvoir nous en dire plus. Nous on va se focaliser évidemment sur la pratique sportive et l'anxiété dans ce domaine là. D'abord qu'appelle-t-on l'anxiété de performance ? J'avoue que c'est un nouveau terme, moi je ne connaissais pas.
- Speaker #1
Alors tout d'abord pour faire la distinction entre le stress et l'anxiété pour bien comprendre ce que c'est que l'anxiété de performance. Donc tout d'abord quand on parle de stress, il faut comprendre que c'est lorsque le sujet est directement impliqué dans l'action. Pour le sportif, c'est quand il va directement pratiquer son sport. On peut prendre l'exemple d'un tennisman qui va être stressé avant sa balle de match, un footballeur qui va être stressé au moment de tirer son pénalty. Donc il faut bien comprendre que le stress, on arrive facilement à identifier la cause du stress.
- Speaker #0
Ok, donc tu me dis anxiété, c'est pas égal au stress. Non. Ok, donc pour Manon... qui est la voix du déclic, qui m'a posé la question. Moi, je suis vachement stressée pendant ma pratique. Est-ce que c'est de l'anxiété de performance ? Non. Non. Alors, Manon ? Non.
- Speaker #1
Donc du coup, contrairement au stress, l'anxiété, ça va être un phénomène qui va se produire avant l'événement. D'accord. C'est quand le sportif va anticiper un événement qu'il n'a pas encore vécu. Donc pour l'anxiété, les causes vont être plus imprécises, ambiguës, et le sujet ne va pas être directement... impliqués dans l'action. Très souvent l'émotion qui se rattache à l'anxiété c'est l'émotion de la peur.
- Speaker #0
Ok et c'est souvent pas explicable ?
- Speaker #1
Alors si on peut identifier certaines choses qui vont provoquer cette situation anxiogène mais souvent les causes vont être plus ambiguë plus imprécise que le stress où on va arriver facilement à identifier pourquoi on est stressé et à quel moment.
- Speaker #0
Et justement comment ça se traduit et jusqu'où ça peut affecter La performance.
- Speaker #1
Alors, déjà ce qu'il faut comprendre c'est que dans l'anxiété, il y a deux formes d'anxiété. Tout d'abord il y a l'anxiété qu'on appelle trait, c'est l'anxiété de l'individu dans la vie de tous les jours. C'est un petit peu comme un trait de personnalité. Ensuite, de l'autre côté, on va avoir ce qu'on appelle l'anxiété état, où là ça va être quand le sujet va être anxieux dans une situation particulière. Donc par exemple pour le sportif, ça va être anxieux par rapport à sa compétition qui a lieu dans... plusieurs jours ou demain. Donc il faut bien comprendre ces deux formes d'anxiété. Et c'est cette forme d'anxiété état qu'on va appeler anxiété performance ou anxiété compétitive. Et ensuite, il y a deux composantes de l'anxiété. Il y a l'anxiété qu'on appelle cognitive, où là on va avoir des symptômes plutôt cognitifs. Donc le sportif va avoir la peur de l'échec, des doutes, des craintes. des pensées négatives,
- Speaker #0
des choses assez abstraites, ça se passe à l'intérieur,
- Speaker #1
ça se passe vraiment dans le cerveau, des émotions désagréables. Donc ça c'est l'émotion qu'on appelle cognitive, mais après il faut voir que l'anxiété c'est pas uniquement dans la tête, il y a aussi une deuxième composante qu'on appelle l'anxiété somatique, où là ça va vraiment se traduire par des symptômes physiologiques, où le sportif va ressentir... la fréquence cardiaque qui augmente, les mains moites, des troubles du sommeil, des troubles digestifs, un petit peu comme la boule au ventre, tous ces symptômes-là qui vont être des symptômes physiologiques perçus pendant la situation anxiogène. Et ces deux composantes de l'anxiété, elles peuvent avoir de nombreuses répercussions sur la performance en termes de concentration, d'attention, de prise de décision. Ça peut vraiment impacter de manière importante. C'est important que la compétition, mais également tout ce qui se passe avant, donc le sommeil, l'alimentation, tout ça vont également être des éléments qui vont être perturbés.
- Speaker #0
Les symptômes qu'on peut retrouver la veille d'une compétition, que ce soit cognitif ou physiologique, vont impacter le lendemain la performance, en tout cas le lendemain, en tout cas le... Le futur ?
- Speaker #1
Oui, les symptômes, qu'ils soient pendant la compétition ou avant, vont avoir un impact déjà sur la préparation de la compétition. On sait très bien que le bien-être du sportif pendant et avant une compétition, c'est quelque chose de très important. Donc si déjà avant sa compétition, il n'est pas dans de bonnes conditions pour être performant, ça va être très compliqué le jour de la compétition.
- Speaker #0
Toi qui es préparateur mental, tu viens de nous donner les symptômes cognitifs et les symptômes... somatique, physiologique, est-ce que tu as des astuces quand même à donner à nos sportifs quand ils ressentent ça ?
- Speaker #1
Déjà le plus important pour le sportif, s'il a besoin de travailler sur son anxiété, c'est d'aller consulter un préparateur mental adapté à ce qui lui correspond ou un psychologue du sport. Mais après ça va vraiment dépendre des individus. Il va y avoir des outils qui vont fonctionner sur certains sportifs et d'autres non. Mais on peut penser aux techniques de relaxation, aux techniques que... de respiration.
- Speaker #0
Dialogue interne aussi ?
- Speaker #1
Ouais, le discours interne pour tout ce qui est cognitif, travailler sur les émotions, l'émotion de la peur, le contrôle de la peur. Et il y a également tout ce qui est routine de performance pour préparer justement le temps avant la compétition.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Pour prendre un exemple très concret, Raphaël Nadal, dans son livre Rafa, il explique qu'il est un sportif et une personne très anxieuse dans la vie de tous les jours. Oui, c'est un trait. C'est un trait et plus la compétition, ça va augmenter son anxiété. Donc lui, tout au long de sa carrière, il a construit des routines de performance avant la compétition, pendant la compétition, pour contrer et essayer de rester dans le moment présent pendant qu'il est en train de pratiquer.
- Speaker #0
C'est ça ces fameux rituels ?
- Speaker #1
C'est ça, ces routines de performance, avant de servir, routines de performance, c'est des routines qui commencent bien avant la compétition.
- Speaker #0
Donc ça, la routine, c'est quelque chose qui cadre, qui rassure le sportif et la sportive ?
- Speaker #1
C'est ça. En fait, ça va permettre au sportif de savoir ce qu'il a à faire, quand il en a besoin, et ça va lui permettre de vraiment rester dans le moment présent et éviter les ruminations sur le passé ou de penser à l'avenir ou au prochain point qu'il a à jouer.
- Speaker #0
Ok. À quoi c'est dû cette peur, cette angoisse ? À quoi c'est dû ?
- Speaker #1
C'est très variable en fonction des individus. Il n'y a pas vraiment de... profil type, mais ce qui est sûr c'est qu'une personne qui a un trait d'anxiété assez important dans la vie de tous les jours a de fortes chances d'avoir une anxiété état pendant ou une anxiété compétitive importante lorsqu'il va pratiquer une compétition
- Speaker #0
Est-ce que ça peut être lié à la confiance ou pas ?
- Speaker #1
Oui, ça peut être lié à la confiance la peur de l'échec, mais aussi on a des... aussi aux interprétations qu'on fait de comment on interprète l'échec, comment on interprète...
- Speaker #0
Comment on bandit derrière un échec Oui.
- Speaker #1
Et très souvent, ce qu'on retrouve quand même, c'est que les personnes anxieuses ou qui ont une anxiété compétitive importante, ce sont des personnes qui ont des difficultés à rester dans le moment présent et qui vont beaucoup se projeter ou ruminer sur des choses qu'ils ont déjà faites.
- Speaker #0
Oui, donc là, on peut largement conseiller, par exemple, la méditation.
- Speaker #1
Aussi, oui.
- Speaker #0
Qui est un gros travail, en tout cas, qui fait partie des outils pour s'ancrer dans le moment présent.
- Speaker #1
Donc la méditation, ça peut également servir pour la concentration, etc. Mais pour l'anxiété, ça a également... La gestion des émotions, l'anxiété, la concentration.
- Speaker #0
Je repense à mes sensations avant de faire une course ou une compétition. Moi, souvent, c'est vraiment les mains moites qui me gênent le plus et le cœur qui accélère. Je ne sais jamais dire si tu es pressé de le faire ou si c'est tout simplement une anxiété qui s'exprime. Pour tout ce qui est mains moites, gorge sèche et des choses assez concrètes qui se passent sur notre corps, est-ce que tu as quelque chose à faire juste avant ?
- Speaker #1
Oui, il y a des outils. L'un des outils le plus simple à s'approprier, c'est les techniques de respiration. Donc on peut penser à la respiration ventrale, en pratiquant une expiration plus longue que l'inspiration pour activer le système nerveux parasympathique.
- Speaker #0
Parasympathique,
- Speaker #1
c'est quoi ? Dans le cerveau, il y a deux systèmes nerveux, parasympathique et sympathique. Et pour ralentir tous les mécanismes du corps, il faut activer ce système nerveux parasympathique.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Et en faisant de la respiration ventrale, en ayant une expiration plus longue que l'inspiration, physiologiquement, on va naturellement activer le système nerveux parasympathique.
- Speaker #0
Ok, on dupe le cerveau, on lui dit que tout va bien. C'est ça. Ok, c'est magique. J'imagine qu'il n'y a pas que ça.
- Speaker #1
Il y a de l'entraînement, il faut bien pratiquer. Oui,
- Speaker #0
ça c'est important que tu le dises. Je pense que la gestion de son anxiété... On peut s'entraîner comme on peut s'entraîner à améliorer son endurance ou sa force.
- Speaker #1
C'est ça. Moi, je fais toujours le parallèle entre la préparation mentale et la préparation physique. C'est vraiment en pratiquant et en s'entraînant quotidiennement qu'on va avoir des résultats, comme quand on va à la salle de musculation. on ne va pas avoir un corps bodybuildé en allant à la salle une fois par semaine pendant deux mois.
- Speaker #0
Ok, on retient. Et j'imagine que tout ça, ça peut aussi t'aider dans la vie quotidienne pour, je ne sais pas, gérer ton anxiété avant un entretien d'embauche ou avant un examen. Tout ça, ça peut être réutilisé.
- Speaker #1
Oui, à chaque fois que je vois des sportifs, je vois des sportifs et également des particuliers qui passent des concours, des examens, mais je dis Toujours au sportif, les outils que je lui apporte, il va pouvoir les mettre en pratique, soit à l'école, soit au travail, pour s'entraîner. Ça lui permettra également de s'approprier l'outil et d'être plus performant après sur le terrain.
- Speaker #0
Donc on peut s'entraîner dans n'importe quelle situation à gérer son anxiété.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Super. Et quand on a plutôt un trait d'anxiété, on peut le travailler tout le temps.
- Speaker #1
Oui, oui, oui.
- Speaker #0
Il y a des choses à faire en particulier quand justement c'est un trait d'anxiété ? La respiration, c'est quelque chose qu'on peut faire juste avant, mais quand c'est quelque chose qui est quotidien, est-ce qu'il y a quelque chose à faire en plus ?
- Speaker #1
Quand c'est quotidien, il faut peut-être trouver des stratégies plus profondes. On pense aux techniques de relaxation ou la méditation de pleine conscience, qui est vraiment un travail de fond et qui demande beaucoup de travail pour que ça soit efficace. Mais après, il faut peut-être essayer aussi de comprendre d'où vient l'anxiété, pourquoi. mon travail ça va plutôt être d'orienter peut-être la personne vers un psychologue ou quelqu'un qui va avoir comme objectif de vraiment comprendre pourquoi la personne est anxieuse. Ça peut remonter peut-être de l'enfance, des choses comme ça.
- Speaker #0
Ok, très bien. Écoute, merci beaucoup Antonin. Je pense qu'on a fait le tour sur le sujet et je sais désormais comment gérer mes mains moites.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
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