- Speaker #0
Intérieur des cuisses, talons et parfois même tétons, certaines parties de notre corps peuvent souffrir des frottements à répétition qu'une activité physique peut favoriser. Avec Edouard Tulloux, ingénieur en recherche et développement spécialisé dans les interactions entre la peau et le textile, et Joanna Hache, ingénieure dans les produits de soins du sportif, tous deux experts chez Decathlon, nous parlons tannage, crème et sous-vêtements. Vous avez une question ? On a la réponse ! Vous écoutez Conseil Sport, le podcast bien-être, santé, nutrition de Décathlon. Bonjour Johanna, bonjour Edouard. Bonjour ! Vous allez bien ? Ça va,
- Speaker #1
très bien.
- Speaker #0
Avant de commencer ce sujet, je voulais savoir en tant que sportif et sportive, quelle est selon vous la pire irritation que vous avez subie et qui vous a pourri une course ou une promenade ? Vas-y Edouard.
- Speaker #2
Alors pour ma part c'est pendant mon premier trail long, même presque ultra trail, c'était à la Saint-Élion. Donc je fais une super préparation, physiquement j'étais plutôt bien. Et j'avais senti quelques désagréments sur des sorties un peu longues mais rien de très grave. Et puis le jour de la course en fait, donc c'est départ à minuit, j'ai mis 12h pour faire tout le trajet. et au bout de 9-10 heures ça a commencé vraiment à me brûler fortement entre les fesses et en fait j'ai eu une énorme irritation qui s'est déclenchée. J'ai eu un mac de poils et de peau.
- Speaker #0
La pire !
- Speaker #2
Pas terrible. Et ça m'a vraiment gâché la fin de la course. Et c'est vraiment un truc qui aurait pu me faire arrêter clairement alors que physiquement j'étais plutôt bien.
- Speaker #0
Ça a l'air de rien comme ça, mais ça te gâche un vrai moment.
- Speaker #2
C'est un sacré désagrément, oui.
- Speaker #0
Et toi Johanna ?
- Speaker #1
Alors pour ma part c'est moins impressionnant que pour Edouard, je ne fais pas d'ultra trail, c'était juste sur une randonnée d'une journée en vacances où j'ai mis un short, donc c'était quand même un short de sport mais assez court. Donc on grimpe, on grimpe la montagne et en fait je me rends compte en arrivant en haut que mes cuisses étaient vraiment hyper rouges, je commençais à avoir vraiment une grosse irritation et pour descendre ça a été vraiment l'enfer. J'ai même pas profité du paysage sur la descente.
- Speaker #0
Donc l'intérieur des cuisses, ok, on va aborder tout ça et on va essayer de... d'éviter tous ces désagréments. Aujourd'hui, vous êtes deux, c'est rare, mais j'ai deux profils différents. J'avais besoin de vous deux pour pouvoir parler de ces désagréments. Et j'ai une première question pour Edouard. Comment se créent les irritations dues au frottement ?
- Speaker #2
Alors déjà, il faut savoir que la peau, c'est un empilement de couches. Donc on a trois couches. On a l'hypoderme qui est tout au fond. On a le derme qui est finalement la couche intermédiaire. Et puis l'épiderme, c'est ce que nous on perçoit, ce qu'on voit. Et en fait, ces couches, elles sont truffées de récepteurs, de terminaisons nerveuses. Et lorsqu'on a une irritation par frottement, notamment, en fait, on vient du coup abraser la peau. On vient creuser dans ces couches. Et en fait, on va stimuler plus ou moins profondément ces récepteurs. Et c'est ce qui va créer cette gêne et ces picotements très souvent.
- Speaker #0
D'accord. Est-ce que toutes les irritations se créent de la même façon ?
- Speaker #2
Alors on a plusieurs types d'irritations différentes. Donc là on parlait de l'irritation par frottement, mais une autre qui revient beaucoup aussi dans la pratique sportive, c'est notamment les ampoules. Oui,
- Speaker #0
ça je connais bien.
- Speaker #2
Donc là on est sur un sujet un peu plus profond peut-être que l'irritation. En fait on vient rajouter un phénomène supplémentaire qui est plutôt de la pression appliquée sur la peau. Là où par frottement on a juste un contact répété et pendant un long moment sur la peau, là on vient rajouter cette pression supplémentaire et en fait il n'y a plus forcément de déplacement. couche extérieure, enfin d'un textile sur la peau, mais on a vraiment un contact permanent. Et en fait, on va avoir un détachement de l'épiderme, de la couche du derme en fait. Et c'est ce qui va créer cette cavité. Et souvent, quand on a des ampoules, on voit que cette cavité, elle se remplit de liquide. Et en fait, c'est déjà un mécanisme de réponse à l'inflammation en fait. Et d'ailleurs, souvent, on a bien souvent l'habitude de percer ces cloques. Et il ne faut surtout pas. C'est tentant. C'est un mauvais... Mauvais pari parce qu'en fait on risque plus de créer de l'infection etc. A moins qu'elle soit vraiment douloureuse et placée dans une zone problématique. On a plutôt tendance à conserver ces cloques qui vont en fait accélérer la guérison finalement.
- Speaker #0
Ok, c'est bon de savoir parce qu'en effet j'aurais été tentée. Bon je reste sur les pieds et je m'adresse davantage à Johanna. Est-ce qu'il existe des astuces pour moins subir les frottements au niveau des pieds ? Je pense aux coureurs, coureuses. Tracker peut-être aussi ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. En fonction de votre niveau en sport, il existe plusieurs astuces. On peut parler du tannage des pieds, on peut également mettre des bonnes chaussettes qui sont vraiment adaptées à votre morphologie. Mais également mettre de la crème. Notamment, nous, on a développé une crème anti-frottement spécialement pour ça.
- Speaker #0
Je t'arrête tout de suite parce que tannage, je ne vois pas ce qu'on peut faire avec le tannage. J'ai besoin que tu m'en dises un peu plus sur cette technique.
- Speaker #1
Alors le tannage est vraiment adapté si vous faites de la course ou de la randonnée de longue distance. Donc c'est idéal si vous faites des marathons, des ultra trails. C'est pas pour les personnes qui vont juste faire une randonnée d'une journée ou qui font de la course.
- Speaker #0
C'est plutôt ça s'adresse aux experts.
- Speaker #1
Exactement. Donc ça permet de renforcer votre peau des pieds et de la rendre plus résistante au frottement. Donc en la préparant à votre course finalement. Donc comment ça ? Donc il y a deux étapes pour ça.
- Speaker #0
Dis-nous.
- Speaker #1
Vous pouvez d'abord utiliser un produit qui contient de l'acide citrique. Ça peut être tout simplement du citron ou un produit déjà prêt à l'emploi que vous achetez en magasin, qui va servir à assécher et à durcir la peau pour la renforcer. Puis ensuite, vous allez l'assouplir en utilisant une crème très riche, très hydratante. Donc c'est vraiment ces deux étapes qui sont très importantes à faire. Et en cure de deux à trois semaines avant l'épreuve. Il ne faut surtout pas le faire en continu sur l'année.
- Speaker #0
Oui, parce que là, tu t'abîmes vraiment de la peau de tes pieds.
- Speaker #1
C'est ça, en fait c'est vraiment une préparation à une épreuve.
- Speaker #0
Ok. Est-ce que l'un d'entre vous l'a déjà testé, Edouard ?
- Speaker #2
Je ne l'ai jamais testé personnellement.
- Speaker #1
Et moi non plus, vu que je ne fais pas d'ultra-training de marathon.
- Speaker #0
Mais écoutez, j'invite nos auditeurs et nos auditrices à tester cette technique et nous en dire un peu plus. Tu nous as aussi parlé de crème anti-frottement. Comment ça marche ?
- Speaker #1
Alors chez Decathlon, on a développé une crème anti-frottement qui a été développée pour protéger toutes les zones sujettes au frottement. Donc comme l'a dit Edouard, on a plusieurs types de frottements. Ça peut être des frottements peau contre peau, des frottements textiles contre peau ou chaussures contre peau. Donc cette crème, elle est très épaisse et elle contient beaucoup de corps gras, ce qui va permettre de créer un film protecteur barrière entre les deux éléments qui frottent. Et elle est en plus résistante à la sueur, puisque la sueur est un élément qui va favoriser aussi les frottements.
- Speaker #0
Ok, d'accord. A qui elle est destinée cette crème ? Aux sportifs, non sportifs ?
- Speaker #1
Elle est destinée à tout le monde. Donc elle a été développée initialement pour les sportifs, notamment pour les trailers, puisqu'on a aussi des frottements sur les chaussures. entre la peau et les chaussures. On a des frottements avec le sac à dos, aussi à prendre en compte. Mais également pour les triathlètes, puisque la crème anti-frottement permet aussi de protéger les frottements entre la combinaison et la peau. Donc elle est, pour ça, résistante à l'eau également.
- Speaker #0
Oui, et donc même au quotidien, genre je me balade, et l'intérieur des cuisses avec une jupe, enfin en tout cas, quand je porte des jupes, je le sens davantage. Je peux aussi utiliser une crème anti-frottement pour éviter cette sensation désagréable d'irritation. Oui,
- Speaker #1
tout à fait. Donc, elle est vraiment adaptée aussi pour les non-sportifs qui subissent des frottements au quotidien. Donc, ça peut être aussi l'été quand on porte des shorts ou des robes. Donc, moi, c'est exactement mon cas, notamment quand je pars en vacances à la mer. Parce qu'avec le sable, avec le sel, ça va amplifier en plus cette sensation de frottement. Et il suffit de quelques heures pour voir apparaître des plaques rouges entre les cuisses. Et ça fait vraiment très, très mal pour celles et ceux qui ont déjà eu ce type de problème.
- Speaker #0
Oui, et puis oui. Tu finis par ne plus bouger, c'est dommage. On aime visiter quand même. Oui. Est-ce qu'elle est résistante à l'eau ? Justement, tu parles de la mer, etc. Je me dis, c'est résistant ? Oui, tout à fait. Tu as parlé des triathlètes, donc j'imagine.
- Speaker #1
Tout à fait. En fait, elle a été développée pour résister à l'eau pour des triathlètes qui font quand même une sacrée performance dans les eaux vives, que ce soit la mer ou que ce soit les eaux de lac. Donc, évidemment, elle est résistante pour les personnes aussi qui veulent aller se baigner.
- Speaker #0
Et même pour le surf. Pour le surf.
- Speaker #1
pour tout type de sport, tout type de frottement. Et elle existe aussi en stick pour les personnes qui veulent la réappliquer sans se salir les mains.
- Speaker #0
Ah, bien vu ! Est-ce que tu as d'autres astuces, Johanna, pour préserver l'intérieur des cuisses ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Donc là, j'ai parlé de barrière avec la crème. On peut également utiliser une barrière mécanique avec un textile adapté. Donc par exemple, en utilisant un short spécifique anti-frottement. on va avoir vraiment un cycliste en dessous du short qui va pouvoir protéger les cuisses et permettre d'éviter les frottements.
- Speaker #0
C'est une astuce en effet. Je sais qu'il y a plein de personnes qui avaient peut-être déjà trouvé cette astuce, mais en tout cas, on la repartage ici. Je reviens sur Edouard. Je voulais aussi parler d'un sujet qui concerne davantage les personnes un peu dans ton profil, par rapport à l'anecdote que tu as évoquée tout à l'heure. Des personnes qui font des courses un peu plus longues et qui ne portent pas de brassière. Donc je pense principalement aux hommes. qui peuvent souffrir d'irritation au téton dû au frottement du t-shirt. J'en ai vu des tétons qui saignent en fin de marathon, etc. Donc j'aimerais que tu nous expliques, est-ce que tu sais comment on pourrait éviter ça et quelles seraient les matières à privilégier ?
- Speaker #2
Alors en effet, l'irritation au téton, c'est un des problèmes majeurs du port de textile pendant une activité intense qui plus est assez longue. Déjà, on n'est pas tous égaux par rapport à ça. On ne voit pas 100% des gens avec des irritations aux tétons, etc. En fait, il y a une énorme influence interindividuelle. Tout le monde n'a pas la même sensibilité, on n'a pas tous la même morphologie, donc on ne va pas forcément tous être affectés de la même façon. Par ailleurs, si on sait qu'on est infecté, à ce moment-là, on peut mettre en place un protocole assez simple en mettant de la crème, comme a pu le suggérer Johanna.
- Speaker #0
Crème ou stix sur les tétons, ça peut marcher ?
- Speaker #2
Ça peut fonctionner. Il y a même des gens qui mettent carrément des sparadraps et des pansements sur leur téton.
- Speaker #0
C'est au moment de l'enlever que ça devient plus douloureux.
- Speaker #2
Avant que ce soit hérité, bien évidemment. Et c'est des choses qui marchent. Maintenant, il faut avoir détecté qu'on est sensible quand même. À savoir d'où ça vient par rapport à l'interaction peau-textile, c'est assez compliqué. On a toutes ces variables individuelles, on en a parlé. En ce qui concerne le textile, c'est beaucoup plus fin. on a Très peu de marge de manœuvre en termes de conception. À partir du moment où on a enlevé les assemblages, où il n'y a plus de couture présente à cet endroit-là, c'est vraiment l'effet du textile. Et il y a énormément de facteurs qui peuvent influencer. On pense en premier lieu déjà à prendre des textiles qui favorisent l'évacuation de l'humidité. Pourquoi ? Parce qu'on en a déjà parlé, mais l'humidité c'est un élément favorisant finalement l'apparition de l'irritation, au même titre que la température. Donc si on court en environnement chaud avec en plus un textile qui retient l'eau, on va se mettre en risque plus par rapport à l'apparition d'irritation. Donc voilà, plutôt favoriser des textiles légers, respirants, qui favorisent cette évacuation.
- Speaker #0
Tu m'en avais parlé, on a combien de répétitions de frottements sur une course ?
- Speaker #2
Alors on va dire que sur 10 km on va faire à peu près 10 000 pas, donc on imagine qu'il y a au moins 10 000 mouvements du textile contre...
- Speaker #0
Je trouve que ça parlait beaucoup, ce chiffre-là. On se dit, forcément, autant de frottements, il y a un moment où la peau réagit. Surtout le téton qui est une partie sensible.
- Speaker #2
Tout à fait. Donc là, on est sur un 10 km. Si on fait un marathon, on multiplie par 4,2. Donc, on est à 42 000 efforts sur le téton. Ça commence à faire un paquet. Donc, ce n'est pas étonnant qu'il y ait une réaction de la peau à ce niveau-là.
- Speaker #0
Est-ce que vous êtes en train de réfléchir à des textiles qui puissent éviter ça ?
- Speaker #2
Très bonne question. Du coup, on a fait pas mal d'études avec le sport Keep Run, qui est porté sur la course à pied, avec lequel on a validé des composants qui limitaient... En tout cas, ce n'était pas des composants anti-irritation, on a toujours un facteur de risque et le risque d'une apparition. Par contre, ils limitent vraiment l'apparition. Ces deux composants-là, on les a comparés à plusieurs autres composants et on a déterminé que c'était les meilleurs sur ces contraintes-là.
- Speaker #0
Alors, quels sont les composants ?
- Speaker #2
C'est des composants qu'on va retrouver sur les t-shirts haut de gamme qui ont des noms de process anglais et bénèze, mais on ne les retrouvera pas sur les fiches produits. Mais en tout cas, les équipes de conception les utilisent et ils sont présents dans nos produits course à pied top de gamme à minima.
- Speaker #0
Moi, j'ai une dernière astuce à partager avec vous et j'avais besoin d'un avis d'expert. Donc, vous êtes tous les deux là, c'est parfait. Il paraît qu'il ne faut pas porter de sous-vêtements en dessous du cycliste quand on fait du vélo. J'ai découvert ça en débutant le VTT et je me suis dit bon bah d'accord je vais pas les mettre mais est-ce que c'est vrai et pourquoi il faut faire ça ?
- Speaker #2
Alors je vais essayer de répondre en partie à cette question, c'est que en fait ces produits là ils sont très souvent conçus pour être portés sans produit. Pour être portés nus en dessous en fait, c'est porté comme vraiment une première couche et donc l'idée c'est plutôt d'être nus dans son cuissard. Après si des irritations apparaissent forcément en étant nu, on peut tenter de mettre une autre couche. Mais avant de mettre un sous-vêtement, je proposerais peut-être même de tester plutôt du stick ou de la crème. Et puis d'essayer de faire son propre plan d'expérience pour essayer de comprendre d'où ça vient. Et de limiter justement, comme on a dit, que c'était très dépendant de la personne. Et du coup mettre sa propre...
- Speaker #0
Oui c'est vrai qu'on n'a pas toutes la même sensibilité. De la peau, je suppose, on n'est pas égaux et égales là-dessus.
- Speaker #2
Exactement. Donc voilà, trouver son propre plan d'action, finalement, pour répondre à la question, c'est ce qui marchera le mieux, je pense.
- Speaker #0
Ok, bon, je vais rester comme ça, ça me convient, moi. Est-ce que vous avez un dernier message à nous laisser sur ces irritations cutanées qui peuvent nous freiner et nous gâcher des moments sportifs, Johanna ?
- Speaker #1
Moi, je vous conseille de bien vous protéger des frottements, notamment pour cet été, et profiter au mieux de vos sorties sportives, ou non, ou vos sorties à la plage.
- Speaker #0
Et toi, Edouard ?
- Speaker #2
Moi je dirais que vous n'êtes pas seuls.
- Speaker #0
Vous n'êtes pas seuls, c'est vrai ça.
- Speaker #2
Par contre, il y a peut-être des solutions qui ne s'appliquent qu'à vous, et c'est à vous de les trouver aussi.
- Speaker #0
Super. Merci à tous les deux. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager. Et si vous en voulez encore, ajoutez des étoiles sur Spotify et Apple Podcasts, et surtout, laissez-nous un commentaire sur Apple Podcasts.