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ADN D'ATHLÈTE, l'esprit sport

Le déclic d’Anne Dubndidu (coach et professeur de yoga)

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28min |19/06/2024|

2645

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28min |19/06/2024|

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Description

“Le sport m’a rendu féministe”. Anne Dubndidu est créatrice de contenus, mais avant tout, une sportive passionnée. Pourtant, entre elle et le sport, rien n’était vraiment gagné. Difficile à croire quand on sait qu’aujourd’hui, elle enchaine les kilomètres, les dossards, les courses, les compétitions… Si le sport a été un véritable déclic dans la vie d’Anne, il a aussi fait d’elle une femme engagée, notamment pour la cause féministe. 

Dans cet épisode, Anne se livre sur son parcours de sportive, de vie, mais nous parle aussi de ses convictions et ses combats


📲💻 Retrouvez Anne Dubnbdidu sur Instagram, Youtube et son blog !


💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.


🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Qui sait… Vous tomberez peut-être, vous aussi, sur un déclic.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    rencontre rupture joie échec transformation bonheur tout commence par un déclic bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode vous écoutez le déclic de anne du bnb du salut anne salut comment tu vas ça va et toi super je suis ravi de te rencontrer d'enregistrer ce podcast avec toi Pour commencer, je vais te présenter à nos auditeurs et nos auditrices. Anne, tu es une sportive passionnée, surtout de sport d'endurance. Courses à pied, trail, vélo, triathlon, rando, mais il y a aussi le yoga qui occupe une place importante dans ta vie. Au-delà de cette passion, tu as fait du sport ton métier, puisque tu es coach sportive et également créatrice de contenu autour du sport, justement. C'est en effet l'un de tes sujets principaux, mais pas que, et on y reviendra. Tout a commencé avec un blog que tu as créé en 2009 et qui parlait de lifestyle et de mode, je crois, à la base. Mais j'ai aussi lu sur celui-ci que tu parlais d'un déclic avec le sport et ça m'a fait beaucoup rire parce que c'est le nom de ce podcast. Et un déclic, c'est le mot que tu utilises pour parler de 2011 lorsque tu as commencé la course à pied. Tu avais alors 20 ans et tu t'apprêtais à partir à Los Angeles. Et ce qui t'a motivé à l'époque, c'est ton copain lui-même très sportif. Tu parles de début difficile en running et tu dis te rendre compte à ce moment-là que tu n'es pas vraiment en forme. Et c'est assez dingue quand on te voit aujourd'hui. depuis tu enchaînes les kilomètres, les dossards, les courses, les compétitions et j'en passe et ce quotidien tu le partages donc sur les réseaux sociaux et essentiellement sur Instagram où il y a plus de 168 000 personnes qui te suivent désormais et aussi sur Youtube j'ai pas le chiffre de Youtube mais beaucoup j'imagine tu es également l'autrice de 4 livres qui parlent de sport, de nutrition et de féminisme ton message et ton objectif à travers tes contenus c'est avant tout d'accompagner les sportifs et essentiellement les sportives à s'épanouir grâce au sport en le rendant accessible à toutes. Je souhaite que ceux et particulièrement celles que tu inspires se sentent confiantes et fortes, notamment grâce au sport, mais pas uniquement physiquement quand on dit forte. On reviendra sur ton engagement d'ailleurs aussi pour les femmes dans le sport dans cet épisode. Mais avant, je voudrais qu'on revienne sur ta rencontre à toi avec le sport. C'était si fort que ça pour toi ? Un vrai déclic ?

  • Speaker #1

    Bah écoute, c'est drôle parce que ça n'a pas été le déclic la première fois que je suis partie courir. en fait avant de partir à Los Angeles En fait, si. En fait, je suis en train de me rendre compte que c'est là où ça a été le déclic. C'est juste avant de partir à Los Angeles, mon copain est parti courir et il me dit mais viens avec moi juste une fois. Et c'est vrai qu'à ce moment-là, je voulais passer beaucoup de temps avec lui puisqu'on n'allait pas se voir sur quasiment plusieurs mois. Et je suis partie courir avec lui et c'est là où je me suis pris une claque sur ma condition physique. Pour moi, j'étais restée à l'époque du collège où je pouvais courir à... à peu près 20 minutes autour d'un stade. Et ça a été la catastrophe. Je ne pouvais pas courir 5 minutes sans m'arrêter. Et en fait, je trouvais toutes les excuses. Oh, j'ai un point de côté. Oh, attends, il faut que je refasse mon lacet. Et en rentrant, je me dis, mais ce n'est pas possible qu'à mon âge, je ne puisse pas, donc 20 ans, courir. Ça n'a pas été le déclic tout de suite. En fait, je pensais à cogiter vachement dans ma tête. Et je me suis dit, à Los Angeles, il va falloir que je fasse quelque chose. et c'est là où... Où je me suis dit, hop, ça va changer, je vais m'y mettre. Et je me souviens que la première fois que j'ai atteint les 30 minutes, j'avais envoyé un message à mon copain en disant, ouais, ça y est, j'arrive à courir 30 minutes non-stop. Et il y a eu le changement d'heure. Et là, j'étais bloquée parce qu'il faisait nuit à 17h. Et c'est là où j'ai découvert que dans mon building où je faisais mon stage, il y avait une salle de sport. Et donc, j'ai transféré mes 30 minutes sur tapis. Ok. C'était super dur parce que j'avais appris à courir en extérieur et c'est là où je me suis aperçue de ma vitesse, du nombre de kilomètres que je faisais. Et en décembre à Noël, mon copain est venu me voir et je lui ai dit « Viens, il faut absolument qu'on aille courir ensemble pour que je te montre que je sais courir. » Et il a été mes... Je crois que je l'ai vraiment impressionné parce que je pense que lui non plus ne croyait pas en moi pour pouvoir le faire. et d'ailleurs je pense que personne dans ma famille n'y a cru et moi la première j'y croyais pas parce que j'étais toujours tu sais la p... pas sportive. Un peu maladroite.

  • Speaker #0

    T'es pas aise avec ton corps en fait ?

  • Speaker #1

    Ouais, et pareil, quand j'étais ado, on m'avait envoyé faire de la randonnée, des trucs, et j'en garde des souvenirs catastrophiques en fait. C'était pas du plaisir pour moi. Et après, ce qui est bien, c'est qu'une fois que t'as débuté, j'ai l'impression que ça s'ancre en toi. J'étais juste fière de moi de le faire et j'ai l'impression d'avoir commencé à exister avec la course à pêche. Avant, j'étais fausses Pas superficielle, mais j'ai l'impression que je ne me connaissais pas et que je n'avais pas de choses intéressantes à mon sujet. Le sport, ça m'a donné la confiance que je n'avais pas. Et je me suis dit, si tu arrives à courir toute seule 10 minutes, c'était que 10 minutes, 20 minutes, mais tu peux prendre le bus pour... Je sais pas trop où. Enfin, tu vois, c'est... Il y a plein de trucs comme ça que, en fait, ça m'a donné des... Littéralement... Ouais, j'étais pas indépendante avant. Enfin, tu vois, c'est tout ce truc-là. Ouais,

  • Speaker #0

    tu t'es trouvée, quoi. Ouais,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et ouais, voilà.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te considérais sportive à ce moment-là ? Est-ce qu'il y a eu un peu de temps pour te dire « Mais en fait, je suis quelqu'un de sportif » .

  • Speaker #1

    Non. En fait, le premier article que j'ai écrit, c'est « Ex pas sportive » . et même en l'écrivant, mais je ne suis pas vraiment en sportif. C'est pas un syndrome de l'imposteur, mais je me suis jamais considérée à proprement sportive, parce que pour moi, les sportifs, c'était vraiment des gens déjà qui étaient sculptés physiquement, qui étaient très musclés. Et dis-toi que même en faisant de la course à pied, j'étais quand même essoufflée quand je prenais les escaliers ou courir après mon bus le matin. Tu vois, j'étais quand même dans un état pas possible. Et sportif, j'identifiais vachement mon petit ami qui faisait du handball, qui s'entraînait tous les soirs, sous deux heures, qui faisait de la musculation. enfin, un niveau assez élevé et je me disais non mais moi avec mes 30 minutes par-ci par-là je peux pas être sportive encore aujourd'hui j'ai même du mal sur certains titres, je prépare le Halfman donc c'est un Ironman et des fois j'ai du mal à dire que je suis triathlète alors que pourtant je le pratique ce sport et même que je coach les gens des fois je me dis est-ce que vraiment ?

  • Speaker #0

    Ouais c'est ça Je te rejoins à 100% parce que même moi, je fais beaucoup de sport et j'ai beaucoup de mal à dire que je suis sportive. Et je pense que c'est très féminin aussi. Et du coup, je me demande à partir de quelle étape on peut se dire sportive. À partir du moment où est-ce que c'est une question de régularité, est-ce que c'est une question d'état d'esprit, de mental ? Je ne sais pas, selon toi, qu'est-ce qui fait une sportive ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est quand le sport est rentré dans ta personnalité, dans le sens où tu ne peux plus t'imaginer. une semaine, deux semaines sans faire du sport sans parler d'addiction au sport mais par exemple tu pars en vacances, tu fais pas de sport pendant une semaine ça te dérange pas mais c'est comme si t'avais un peu manqué quand tu rentres de vacances, comme si c'était devenu ton meilleur ami tu vois ?

  • Speaker #0

    et je me dis, ça doit être d'autant plus difficile de l'affirmer quand tu t'exposes sur les réseaux sociaux parce que je pense que dire je suis une femme sportive sur les réseaux sociaux, tu te prends un moment, tu l'as vécu

  • Speaker #1

    Bah écoute, alors bon, à l'époque, il y avait plus Twitter qu'Instagram. Et en fait, j'ai vraiment attendu 4-5 mois que ça soit vraiment ancré et que je fasse... Je crois qu'à l'époque, je faisais 7 kilomètres. Tu vois ? Et je me suis dit, bon, je fais 7 kilomètres, je pense que je peux commencer à en parler sur mon blog. Donc j'ai d'abord fait cet article qui a été... Je crois que ça a été une bombe à l'époque dans ma communauté. parce que j'ai reçu énormément de retours et j'y pensais pas en fait que ça pouvait être aussi positif j'ai eu très peu de retours négatifs je pense aussi parce qu'il ya beaucoup de femmes en fait j'avais pas d'hommes et c'est pas je veux pas faire une généralité mais c'est quand même beaucoup les hommes qui viennent te demander ah ouais tu es vraiment sportive mais est ce que tu sais faire ça est ce que tu sais est ce que tu connais ça l'entraînement enfin et pour le coup j'ai pas eu tu vois de retour négatif mais je me suis vachement protégé en attendant de me dire Anne, est-ce que tu peux arrêter la course à pied du jour au lendemain ? Et en fait, quand j'ai commencé à en parler, pour moi, la course à pied, c'était ancré et je me voyais plus exister sans. Et quand j'ai commencé la course à pied, je ne m'imaginais pas que même professionnellement, ça allait autant me modeler différemment, en fait.

  • Speaker #0

    Quand est-ce que tu t'es dit que ça allait être ? ton métier autour de ça ? Alors,

  • Speaker #1

    mon année de licence, c'était celle où, effectivement, que j'ai passé aux Etats-Unis. Et en fait, quand je suis re-rentrée en France, donc il fallait que je retourne à l'université, donc j'étais à Sciences Po. Et j'étais plus du tout la même personne. Et je pensais, avant, pour moi, le sport, c'était vraiment pour des personnes bêtes. Ouais, c'est ça. J'étais... Et je dis ça alors que j'étais en couple avec quelqu'un de très sportif. Mais pour moi, il y avait ce besoin d'intelligence, de profondeur qui était lié, je pense, à... à Sciences Po. C'est ça, Sciences Po, c'est très...

  • Speaker #0

    Intellectuel.

  • Speaker #1

    Intellectuel. Et en fait, pour moi, le sport, c'était quelque chose pas de superficiel, mais surtout quelque chose de pas profond qui n'apporte rien. Pour moi, c'était vraiment... C'était une perte de temps. Alors qu'en fait, quand je suis revenue en 4e année, pour moi, le sport, c'était devenu vital. Et pour le coup, c'est là où je suis repartie en dernière année, donc Master 2. Et c'est là où j'ai pu beaucoup plus intégrer le sport à mes études. Parce que là, le deuxième mémoire. Parce qu'on en refait à notre mémoire. Ça a été vraiment beaucoup plus sur le marketing sportif et comment les femmes sont intégrées justement à la féminisation du sport. C'était vraiment plus comme moi. Et c'est là où je me suis dit, c'est hors de question. Je ne peux pas travailler dans les sciences politiques et le marketing comme je l'imaginais avant.

  • Speaker #0

    Oui, tu as pris conscience de ça. Et justement, ces questions autour de la situation des femmes, notamment dans le sport, tu as pris vraiment conscience de ça en faisant du sport, en intégrant ce milieu-là ? Ou c'est des sujets déjà auxquels tu étais sensible avant ?

  • Speaker #1

    Alors non, je pense que c'est le sport qui m'a rendue féministe. et c'est vraiment le sport Pour le côté physique, parce que je me suis aperçue que globalement, même actuellement, les femmes sont celles qui pratiquent le moins le sport, qui sont le plus tenues, éloignées de la pratique sportive. D'une part à cause effectivement des changements hormonaux quand on est adolescente, mais aussi parce que la pratique est extrêmement masculine, façonnée par les hommes pour les hommes, tous les équipements sportifs, les compétitions. C'est pas aux Etats-Unis, donc quand j'ai commencé le sport, que je me suis pris ma première claque. Parce que pour moi, j'ai vu le sport vraiment comme un moyen de se réapproprier son corps, de se sentir mieux dans son corps. Mais moi, mon corps, il était dans la norme à l'époque. J'ai jamais eu ce décalage-là sur le regard que j'avais sur mon corps. Quoique j'avais vachement de complexes à l'époque, malgré ça. Mais aux Etats-Unis, il y avait tellement une culture du sport. Tout le monde fait du sport, quel que soit leur corps. J'ai pas eu cette claque que je me suis prise quand je suis rentrée en France. Je me suis inscrite à mon premier 10 km, où là, j'ai commencé à être, on peut le dire, emmerdée par des hommes. À Los Angeles, je ne me suis jamais fait embêter quand je courais, et je courais en brassière. C'est la première fois où j'ai commencé à acheter des leggings, alors que même à Los Angeles, l'hiver, il fait un peu froid, tu peux acheter un legging. Mais je n'ai jamais ressenti le besoin. Là, ce n'était pas parce que j'avais froid, c'était vraiment pour me cacher. Et même des fois, je commençais à stresser avant de sortir courir en me disant, mais est-ce que je vais me faire emmerder ? Et c'est là où j'ai pris conscience que... Je pouvais pas évoluer dans l'espace public comme je le souhaitais. Et c'est là effectivement que j'ai commencé à m'intéresser sur les problèmes des femmes et surtout sur le féminisme. Et c'est paradoxal que ce soit le sport qui me fasse rentrer dans le féminisme. Par une petite porte ! Et c'est là aussi où je me suis dit que le sport pouvait être un levier pour donner de la force aux femmes et surtout de la confiance en elles. Parce que moi je ne me sais plus du tout marcher sur les pieds. Quand quelqu'un me doublait dans une queue, avant je me taisais, alors maintenant plus du tout. Un homme qui me suivait ou qui venait m'emmerder dans la rue, je ne pouvais plus laisser passer. Et ça m'a transformée et je me suis dit, en fait le sport c'est un super pouvoir et j'aimerais le faire connaître aux femmes parce qu'on passe à côté de quelque chose à cause d'une barrière qui est des fois juste le corps. En disant, je ne suis pas à l'aise dans mon corps, je ne me vois pas faire du sport. Ou le temps, la charge mentale, plein de barrières auxquelles des fois on n'a pas conscience parce que justement on n'est pas éduqués au féminisme. Et je me suis dit, moi j'aimerais faire tomber ces barrières et éduquer les femmes pour qu'ensuite elles puissent s'approprier la pratique sportive.

  • Speaker #0

    Et justement, j'allais te demander comment est-ce qu'on peut agir concrètement ? Tu disais prendre confiance en soi, ça aide à dépasser ça. Mais est-ce qu'il y a d'autres choses qu'on peut mettre en place pour dépasser ça justement ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question, tu vois. Il n'y a jamais de bonne ou de mauvaise raison quand on débute de sport. Mais malheureusement, beaucoup de femmes se lancent dans le sport pour perdre du poids et remodeler leur corps avec des objectifs physiques ou même des objectifs de beauté qui sont malheureusement inatteignables. Parce que les réseaux sociaux font que moi, par exemple, je suis coach et je ne pense pas que des personnes lambda puissent atteindre mon physique dans le sens où elles n'ont pas autant de temps à consulter. C'est mon métier, et des fois, il faut être réaliste sur ça. Et je le répète à chaque fois que je partage quelque chose en disant « Mais moi, j'ai le temps, j'ai l'emploi du temps pour le faire. » Et malheureusement, beaucoup de femmes se lancent finalement dans cette quête, tu vois, qui est sans fin. En fait, on n'aura jamais le physique parfait parce que ça demande un entretien qu'on ne peut pas avoir. Et quand on débute comme ça, on continue des fois pour d'autres raisons. On vient attraper pendant la pratique sportive en disant « Ah, ça me fait du bien mentalement, je me suis déconnectée en fait aujourd'hui. » où mon corps, peu importe à quoi il ressemble, en fait, il est super fort, il est puissant, il me porte sur 30 minutes de course à pied. Est-ce que j'ai vraiment besoin de perdre ces cuisses-là ? Le problème, c'est qu'il y a un certain temps qui doit s'écouler entre j'aime pas mon corps, je galère, je transpire de partout, je suis essoufflée, à cette barrière qui tombe et qui devient du plaisir. Et c'est vrai que malheureusement, et c'est triste de dire ça, mais quand on se lance dans le sport, ça va pas être facile. En fait, il faut tout de suite se le dire et il faut se mettre plutôt dans un état d'esprit hyper bienveillant et patient en disant c'est ok. C'est ok de faire que 5 minutes de marche au lieu des 20 minutes de course à pied. C'est juste de s'accrocher, d'y aller régulièrement, de se donner rendez-vous. Moi, je dis toujours aux personnes que je coache ou même aux femmes que j'accompagne, c'est prenez rendez-vous avec vous. Quand vous prenez un rendez-vous chez le dentiste, pour vous c'est super important, vous allez dégager du temps pour ce rendez-vous chez le dentiste. Et bien pour le sport, il faut que ça soit pareil. Si on a prévu le lundi d'aller courir de 7h30 à 7h50, juste 20 minutes, on y va et on s'y tient. Et ça peut être que deux fois dans la semaine au début, mais juste se dire que c'est un rendez-vous pour nous et on le fait juste pour nous. Mais vraiment, quels que soient les objectifs, mais juste se dire qu'au lieu de se mettre la pression sur des objectifs, où on verra les résultats que dans plusieurs semaines, voire plusieurs mois, se dire, eh ben, pour ma séance, je vais y aller doucement, je vais m'écouter, et surtout, j'essaie de faire abstraction du regard des autres. Parce que je crois qu'il y a aussi cette peur du regard des autres quand on fait du sport. Alors, je vous assure que personne ne vous regarde. On est tellement plus préoccupés par ce qu'on fait soi-même que personne ne se juge. Et donc, on s'en fiche de se lancer et juste de faire changer la petite voix dans notre tête qui est souvent très très négative, qui va souvent vouloir nous dire reste sur le canabère, reste chez toi, de juste lutter et de changer son discours intérieur et d'avoir une voix qui nous encourage, qui est vraiment notre meilleure amie. Tu vois, quand je dis que le sport c'est notre meilleure amie, c'est qu'au bout d'un moment, le sport va t'aider à forger cette voix qui sera beaucoup plus positive et gentille avec toi. Et justement, créez-vous cette petite voix. Ça va être votre propre petit coach, on va dire. Et qui va vous dire, vas-y doucement, c'est pas grave. Et vraiment être bienveillant. Parce que je crois que c'est ce qui manque beaucoup dans le sport, c'est de la bienveillance. Parce qu'on voit beaucoup de personnes, ouais, no pain, no gain. Si t'as pas de courbature, c'est que t'as pas assez souffert. Alors que pas du tout, le sport, ça peut être aussi quelque chose de très doux et de très gentil.

  • Speaker #0

    En même temps, ça peut être quelque chose de très doux, très gentil. Mais tu disais aussi, le sport, c'est parfois difficile. Mais c'est vrai que c'est peut-être des choses que tout le monde ne montre pas. à toi, ciao ! À cœur, je pense de le montrer aussi sur tes réseaux que là, tu es en pleine prépa, ton dernier risque que tu as mis hier, c'est horrible. C'est ça aussi le sport. Pourquoi c'est important pour toi de dire que toi-même, si tu fais tant d'heures de sport par semaine, toi aussi tu galères en fait ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'en fait, le sport, ce qui est bien, c'est qu'on est notre propre juge et c'est nous qui choisissons l'intensité qu'on y met. Donc c'est pour ça que pour les personnes qui débutent, j'essaie de leur dire d'être gentille avec soi-même, d'être bienveillante et d'être doux. Ils vont faire face à beaucoup d'autres difficultés au niveau du cardio, difficultés au niveau musculaire, difficultés au niveau du squelette, et qui vont être vraiment très intérieures avec eux. Et ça peut être vraiment juste ces difficultés-là, quand on débute, c'est normal. Donc, je n'ai pas envie de tout de suite leur dire, mais le sport, ça peut être aussi de la grosse souffrance. Alors que, paradoxalement, plaisir et souffrir peuvent cohabiter dans une même séance. Et c'est ça que j'adore dans le sport, c'est que tu peux à la fois souffrir, Mais vous savez, pas dans le sens souffrir négativement. Et c'est ça qui est paradoxal.

  • Speaker #0

    C'est de te dépasser peut-être ?

  • Speaker #1

    On se dépasse, mais il y a quand même de la... C'est de la douleur maîtrisée. Oui,

  • Speaker #0

    volontaire.

  • Speaker #1

    Voilà, volontaire. Quand je vais faire mon fractionné, je sais que je vais sortir de ma zone de confort. C'est pas quelque chose d'agréable. On va se le dire. Mais ce qui est bien, c'est que c'est moi qui choisis de le faire. C'est vraiment moi qui me mets face à la difficulté. Et c'est moi qui vais me dire... je vais sauter l'obstacle. Et ça, c'est super important de se dire qu'on a le choix, c'est pas quelque chose qu'on s'impose, c'est pas quelqu'un qui nous l'impose de l'extérieur et qu'à tout moment, on peut débrancher et dire stop et rentrer chez soi. C'est pour ça qu'on est seul juge de la séance. Quel que soit son niveau, on peut se mettre dans une zone rouge et c'est agréable.

  • Speaker #0

    Mais ça, en fait, je me dis que ça marche aussi pour autre chose que le sport. C'est toujours inconfortable, ça fait toujours un peu mal de sortir de sa zone de confort. Et des fois, je me dis, en fait, sortir de sa zone de confort, c'est souvent pour des choses, c'est ça qui nous rend heureux finalement, même si sur le coup, c'est dur.

  • Speaker #1

    Ouais, je suis bien d'accord avec toi. Tu vois, quand je repense à mon année à Los Angeles, pour moi, c'est l'une des plus belles années de ma vie. Oui, vraiment. Et je veux dire, je pleurais à l'aéroport avant de prendre mon avion. Tu vois, j'étais hyper angoissée. J'avais, tu sais, ce nœud juste dans les poumons où tu as une anxiété. Et je pense que beaucoup de personnes s'imaginent que sortir de sa zone de confort, c'est se mettre en danger. Mais se mettre en danger, des fois, c'est ce qui va être le plus gratifiant parce qu'on va pouvoir vivre des choses qu'on n'aurait peut-être pas vécues en restant dans sa zone de confort. Et je crois que malheureusement, on est dans une époque où... Ça fait du bien de rester dans sa bulle. Et c'est pour ça que je rassure les gens en disant que vous pouvez aussi rester dans vos zones de confort quand vous faites du sport. En fait, les deux sont OK. C'est juste à vous de choisir.

  • Speaker #0

    Et tu arrives toujours à sortir de ces zones de confort parce que je me dis que ton corps quand même s'adapte au niveau sportif. Il faut que tu pousses vraiment de plus en plus loin pour sortir de ces zones de confort jusqu'où tu penses être prête à aller.

  • Speaker #1

    Alors, tu vois, je trouve que... À un moment donné, effectivement, j'étais dans cette optique du toujours plus loin, toujours plus fort. Et c'est vrai que dans le sport, tu as quand même une sorte de marge de progression qui est plus de volume, plus de vitesse, où c'est toujours plus. Et malheureusement, c'est vrai que le corps, contrairement, c'est un objet fini qui a ses capacités auxquelles on ne peut pas aller plus loin. Par exemple, en yoga, moi, mes hanches, elles ne s'ouvrent pas et elles ne s'ouvriront, je pense, jamais. Tu vois ? Mais je fais avec. mais par contre Je pense qu'il y a d'autres moyens de sortir de sa zone de confort qui ne sont pas forcément dans le côté brutal du sport, de la vitesse ou de la performance ou du volume. Ça peut être plus sur la technique. sur améliorer un geste, améliorer une foulée, améliorer un ressenti. Moi je le vois en triathlon sur la pratique de la natation, que aligner des longueurs c'est super, mais comment je veux les aligner ces longueurs ? Est-ce que je veux faire le geste le plus parfait possible, ou le geste le plus moche et qui va me coûter énormément en termes énergétiques ? Le sport c'est tellement multidimensionnel que... Quelle que soit la porte qu'on va ouvrir, on peut sortir de sa zone de confort sans forcément aller dans la douleur, sans forcément aller dans la vitesse.

  • Speaker #0

    Toi, tu dirais que tu es attachée à la performance. C'est important pour toi les stats, tout ça ?

  • Speaker #1

    À un moment donné, je pense que j'étais un peu rentrée dans le cercle vicieux des statistiques. Parce que c'est vrai que c'est motivant. Mais j'en suis ressortie. Heureusement parce que c'est quand même assez toxique comme pratique. et surtout quand je disais que le corps est quelque chose de fini, c'est que tu peux pas pousser, pousser, pousser ton corps au bout d'un moment en fait il va céder et d'ailleurs moi mon corps il a cédé j'ai eu une fracture de fatigue en 2017 et je crois que c'est à ce moment là où j'ai vachement repensé en fait ma pratique et j'en suis revenue grâce à cette fracture de fatigue et c'est pour ça que j'ai aussi envie de dire que même dans le négatif on peut sortir du positif et des leçons très importantes dans le sport et je pense qu'il faut sortir en fait des statistiques pour ne plus Merci. se dire que je suis obligée de courir à telle vitesse, je suis obligée de faire tant de kilomètres par semaine, sinon mon corps, je vais grossir, je vais ralentir, je vais perdre mes progrès. En fait, le corps, il a besoin de se reposer. Le corps, il peut fonctionner de manière cyclique, donc il a besoin pour s'adapter, pour progresser, il a besoin de se reposer. Donc en fait, c'est pas un escalier qui monte toujours, c'est plutôt un paysage montagneux.

  • Speaker #0

    Voilà. Tu parlais de ce côté cyclique et je me dis, d'autant plus quand on est une femme sportive, c'est peut-être quelque chose qu'on oublie, notamment dans le milieu de la performance, mais c'est un vrai impact d'être à l'écoute de son corps et toute la santé féminine, tout ça, c'est des choses dont tu parles aussi, c'est important pour toi, je crois.

  • Speaker #1

    Oui, justement, alors moi, tu vois, ça fait maintenant trois ans que je sais que je souffre d'endométriose et c'est vrai qu'au début, je pense que le sport m'a rendue plus à l'écoute de mon corps, d'une part. À cause de la peur de la blessure. Mais d'autre part, parce que tout ce qui est nutrition, sommeil, c'est là où tu vois qu'il y a un énorme impact sur ta pratique sportive. Et tu te dis, non mais si je ne mange pas assez bien. Et ça, c'est quelque chose qui est extrêmement féminin, de vouloir se restreindre, de compter les calories. Sauf qu'en sport, en fait, tu brûles les calories, mais aussi, tu as ton muscle qu'il faut entretenir. Si tu es trop fatigué, la science ne va pas exactement se passer comme tu le souhaites. Et en fait, t'es obligé d'être aussi attentive à ton alimentation, attentive à ton sommeil et aussi attentive en fait à ton cycle parce que tout est lié. Si tu manges pas assez, ben tu vas être fatigué donc peut-être que ton cycle menstruel va être encore plus te coûter et moi personnellement sur mon cycle menstruel, ben dès que je vois que je manque de sommeil, que je m'alimente pas suffisamment... je subis encore plus les symptômes, les variations hormonales. Et il faut se dire que c'est vrai que les hommes, ils n'ont pas le cycle menstruel en plus, mais que si on est vraiment à l'écoute de son corps, qu'on se dit « Ah, j'ai vraiment envie de chocolat » , mange-le en fait le chocolat. C'est pas si ton corps t'envoie ce signal-là, c'est pas par gourmandise. Des fois, c'est qu'il en a vraiment besoin. Besoin pour ses baisses, ses variations hormonales, mais aussi parce qu'il a besoin de plus de calories justement quand tu vas avoir tes règles. ou juste après, et c'est pas que lié au sport.

  • Speaker #0

    Tu l'as dit au début, le sport, ça a été mon médicament pour entrer dans le domaine de Kéos. T'as aussi dit pendant l'interview que ça t'avait permis de trouver ta voie. J'ai l'impression que ça a été vraiment une révélation pour toi. Comment est-ce qu'on pourrait inviter d'autres personnes à peut-être, je sais pas, s'essayer, et se dire que, tu vois, les personnes qui se disent, comme tu disais, le sport c'est pas pour moi, qu'en fait il y a peut-être quelque chose comme ça, un parcours, pas forcément comme le tien, mais similaire,

  • Speaker #1

    qui... Déjà, moi, forcément, c'était la course à pied. J'ai eu la chance de trouver direct la chaussure à mon pied. Et il y a beaucoup de personnes qui se lancent dans un sport, notamment la course à pied, parce que c'est vrai que c'est pas cher et que c'est accessible. On sort de chez soi, on peut pratiquer. Mais il faut trouver un sport qui nous fasse plaisir, un sport qui nous fasse du bien, pas que physiquement, mais aussi mentalement. Parce que si on traîne les pieds pour y aller, si ça devient une corvée, c'est sûr que c'est difficile de s'y attacher. et On peut trouver un peu, moi, ce que j'appelle des petites béquilles, c'est-à-dire pratiquer en groupe. Donc souvent, quand on est en groupe et qu'on se motive ensemble, ça nous permet d'y aller. Mais vraiment, je trouve qu'il faut prendre du plaisir et choisir quelque chose qui nous plaît et pas se dire parce que j'ai une amie qui fait de la course à pied, la course à pied, ça va me convenir. Des fois, ça peut vraiment être autre chose et ça peut prendre du temps de le trouver et c'est OK. Mais il faut juste continuer à essayer.

  • Speaker #0

    Tu disais, ça fait du bien mentalement et en plus tu l'as aussi prouvé Dans ton témoignage, tu pensais au départ que le sport, c'était tout dans les muscles, rien dans la tête. Et ça a pu faire du bien aussi sur ce point. Enfin, toi, tu l'as quand même dit, là, le sport, ça m'a rendu féministe. Mentalement, ça apporte intellectuellement. J'ai l'impression que ça peut aussi énormément apporter, finalement.

  • Speaker #1

    Je crois qu'on sous-estime vraiment le côté intellectuel du sport. Tu vois, maintenant, je regarde du football américain et je rentre vraiment dans les stratégies sportives du football américain. et je me dis mais attends... Il faut vraiment avoir un énorme cerveau pour faire du football américain. Le sport, ça te trouve vraiment sur des horizons auxquels tu n'aurais pas pensé. Et aussi, ça nous permet de nous enlever certaines, peut-être des œillères qu'on pouvait avoir, que ce soit sur la perception de son corps, mais aussi la perception de l'environnement. Tu vois, moi, ma pratique sportive, elle est extrêmement liée à la météo, à l'environnement, à l'état des chemins. Et en fait, tu te rapproches aussi de l'environnement. Parce que tu te dis, attends, si la planète se réchauffe et qu'il fait 40 degrés tous les étés là où je vis, je ne vais plus jamais pouvoir pratiquer mon sport pendant six mois de l'année, c'est énorme. Et tout ce qui est autour finalement du féminisme, c'est le corps, la place de la femme, comment elle est considérée, sa pratique, son accès au sport. C'est là où tu te rends compte que si le sport c'est un peu politique aussi.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    totalement. Et ça touche à tout. Et c'est pour ça qu'il ne faut pas se dire que le sport c'est que du physique, c'est aussi beaucoup, même plus limite. ce qui se passe dans notre tête.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que tu es une sportive engagée ?

  • Speaker #1

    Oui, tout sportif est forcément engagé. Malheureusement, tout sportif n'a pas sa voix. Beaucoup de sportifs qui sont un peu liés aux fédérations ne peuvent pas dire ce qu'ils pensent. Après, heureusement, il y a des sportifs qui prennent la parole et qui s'engagent. Ta pratique te met face à ces choses-là et tu ne peux pas dire, non mais c'est bon, c'est que du physique. Il y a forcément un peu de politique dedans.

  • Speaker #0

    En fait, je me dis que finalement, le sport, c'est un vecteur de déclic. Ah oui,

  • Speaker #1

    tout à fait.

  • Speaker #0

    Toi justement, pour toi, la définition du déclic, tu peux nous en citer un que t'as eu ?

  • Speaker #1

    Je pense que tu vois, le meilleur déclic que j'ai eu, c'est quand j'ai fait mon premier 10 km et j'étais toute seule dans un sas et j'étais pour la première fois confrontée à un comportement hyper misogyne d'un homme qui était derrière moi, qui faisait des réflexions. Et c'est là où j'ai eu le déclic en me disant mais c'est pas possible en tant que femme de prendre un dossard. Déjà, il a fallu que j'ai eu du courage pour prendre ce dossard et de me retrouver à ce point-là sexualisée et juste emmerdée dans ma pratique sportive. J'ai envie d'être libre. et c'est là où je pense que tu m'enverrais des clics en me disant il faut que je sois sportive et féministe parce que l'un ne peut pas aller sans l'autre.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Anne pour ton partage, est-ce que tu peux nous dire où est-ce qu'on peut te retrouver, redonner le nom de ton compte Instagram, ta chaîne YouTube ?

  • Speaker #1

    Oui, alors vous pouvez me retrouver sur Instagram, c'est Anne Dumdidou, D-U-B-N J'ai peut-être mal dit en début de parole. Alors ça ne te inquiète pas, ça ne me vexe pas du tout, c'est juste un pseudo et c'est Dumdidou. Ah ok ! Et sur Youtube aussi, parce qu'en ce moment je prépare le... Hapsman, et ça aussi c'est quelque chose qui m'énerve, de préparer une course où il y a juste man dedans alors que c'est une woman. Donc voilà.

  • Speaker #0

    C'est un prochain combat.

  • Speaker #1

    C'est un prochain combat, voilà, pour les noms de courses.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup et à très bientôt.

  • Speaker #1

    Merci, salut.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin ce déclic.

Description

“Le sport m’a rendu féministe”. Anne Dubndidu est créatrice de contenus, mais avant tout, une sportive passionnée. Pourtant, entre elle et le sport, rien n’était vraiment gagné. Difficile à croire quand on sait qu’aujourd’hui, elle enchaine les kilomètres, les dossards, les courses, les compétitions… Si le sport a été un véritable déclic dans la vie d’Anne, il a aussi fait d’elle une femme engagée, notamment pour la cause féministe. 

Dans cet épisode, Anne se livre sur son parcours de sportive, de vie, mais nous parle aussi de ses convictions et ses combats


📲💻 Retrouvez Anne Dubnbdidu sur Instagram, Youtube et son blog !


💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.


🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Qui sait… Vous tomberez peut-être, vous aussi, sur un déclic.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    rencontre rupture joie échec transformation bonheur tout commence par un déclic bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode vous écoutez le déclic de anne du bnb du salut anne salut comment tu vas ça va et toi super je suis ravi de te rencontrer d'enregistrer ce podcast avec toi Pour commencer, je vais te présenter à nos auditeurs et nos auditrices. Anne, tu es une sportive passionnée, surtout de sport d'endurance. Courses à pied, trail, vélo, triathlon, rando, mais il y a aussi le yoga qui occupe une place importante dans ta vie. Au-delà de cette passion, tu as fait du sport ton métier, puisque tu es coach sportive et également créatrice de contenu autour du sport, justement. C'est en effet l'un de tes sujets principaux, mais pas que, et on y reviendra. Tout a commencé avec un blog que tu as créé en 2009 et qui parlait de lifestyle et de mode, je crois, à la base. Mais j'ai aussi lu sur celui-ci que tu parlais d'un déclic avec le sport et ça m'a fait beaucoup rire parce que c'est le nom de ce podcast. Et un déclic, c'est le mot que tu utilises pour parler de 2011 lorsque tu as commencé la course à pied. Tu avais alors 20 ans et tu t'apprêtais à partir à Los Angeles. Et ce qui t'a motivé à l'époque, c'est ton copain lui-même très sportif. Tu parles de début difficile en running et tu dis te rendre compte à ce moment-là que tu n'es pas vraiment en forme. Et c'est assez dingue quand on te voit aujourd'hui. depuis tu enchaînes les kilomètres, les dossards, les courses, les compétitions et j'en passe et ce quotidien tu le partages donc sur les réseaux sociaux et essentiellement sur Instagram où il y a plus de 168 000 personnes qui te suivent désormais et aussi sur Youtube j'ai pas le chiffre de Youtube mais beaucoup j'imagine tu es également l'autrice de 4 livres qui parlent de sport, de nutrition et de féminisme ton message et ton objectif à travers tes contenus c'est avant tout d'accompagner les sportifs et essentiellement les sportives à s'épanouir grâce au sport en le rendant accessible à toutes. Je souhaite que ceux et particulièrement celles que tu inspires se sentent confiantes et fortes, notamment grâce au sport, mais pas uniquement physiquement quand on dit forte. On reviendra sur ton engagement d'ailleurs aussi pour les femmes dans le sport dans cet épisode. Mais avant, je voudrais qu'on revienne sur ta rencontre à toi avec le sport. C'était si fort que ça pour toi ? Un vrai déclic ?

  • Speaker #1

    Bah écoute, c'est drôle parce que ça n'a pas été le déclic la première fois que je suis partie courir. en fait avant de partir à Los Angeles En fait, si. En fait, je suis en train de me rendre compte que c'est là où ça a été le déclic. C'est juste avant de partir à Los Angeles, mon copain est parti courir et il me dit mais viens avec moi juste une fois. Et c'est vrai qu'à ce moment-là, je voulais passer beaucoup de temps avec lui puisqu'on n'allait pas se voir sur quasiment plusieurs mois. Et je suis partie courir avec lui et c'est là où je me suis pris une claque sur ma condition physique. Pour moi, j'étais restée à l'époque du collège où je pouvais courir à... à peu près 20 minutes autour d'un stade. Et ça a été la catastrophe. Je ne pouvais pas courir 5 minutes sans m'arrêter. Et en fait, je trouvais toutes les excuses. Oh, j'ai un point de côté. Oh, attends, il faut que je refasse mon lacet. Et en rentrant, je me dis, mais ce n'est pas possible qu'à mon âge, je ne puisse pas, donc 20 ans, courir. Ça n'a pas été le déclic tout de suite. En fait, je pensais à cogiter vachement dans ma tête. Et je me suis dit, à Los Angeles, il va falloir que je fasse quelque chose. et c'est là où... Où je me suis dit, hop, ça va changer, je vais m'y mettre. Et je me souviens que la première fois que j'ai atteint les 30 minutes, j'avais envoyé un message à mon copain en disant, ouais, ça y est, j'arrive à courir 30 minutes non-stop. Et il y a eu le changement d'heure. Et là, j'étais bloquée parce qu'il faisait nuit à 17h. Et c'est là où j'ai découvert que dans mon building où je faisais mon stage, il y avait une salle de sport. Et donc, j'ai transféré mes 30 minutes sur tapis. Ok. C'était super dur parce que j'avais appris à courir en extérieur et c'est là où je me suis aperçue de ma vitesse, du nombre de kilomètres que je faisais. Et en décembre à Noël, mon copain est venu me voir et je lui ai dit « Viens, il faut absolument qu'on aille courir ensemble pour que je te montre que je sais courir. » Et il a été mes... Je crois que je l'ai vraiment impressionné parce que je pense que lui non plus ne croyait pas en moi pour pouvoir le faire. et d'ailleurs je pense que personne dans ma famille n'y a cru et moi la première j'y croyais pas parce que j'étais toujours tu sais la p... pas sportive. Un peu maladroite.

  • Speaker #0

    T'es pas aise avec ton corps en fait ?

  • Speaker #1

    Ouais, et pareil, quand j'étais ado, on m'avait envoyé faire de la randonnée, des trucs, et j'en garde des souvenirs catastrophiques en fait. C'était pas du plaisir pour moi. Et après, ce qui est bien, c'est qu'une fois que t'as débuté, j'ai l'impression que ça s'ancre en toi. J'étais juste fière de moi de le faire et j'ai l'impression d'avoir commencé à exister avec la course à pêche. Avant, j'étais fausses Pas superficielle, mais j'ai l'impression que je ne me connaissais pas et que je n'avais pas de choses intéressantes à mon sujet. Le sport, ça m'a donné la confiance que je n'avais pas. Et je me suis dit, si tu arrives à courir toute seule 10 minutes, c'était que 10 minutes, 20 minutes, mais tu peux prendre le bus pour... Je sais pas trop où. Enfin, tu vois, c'est... Il y a plein de trucs comme ça que, en fait, ça m'a donné des... Littéralement... Ouais, j'étais pas indépendante avant. Enfin, tu vois, c'est tout ce truc-là. Ouais,

  • Speaker #0

    tu t'es trouvée, quoi. Ouais,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et ouais, voilà.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te considérais sportive à ce moment-là ? Est-ce qu'il y a eu un peu de temps pour te dire « Mais en fait, je suis quelqu'un de sportif » .

  • Speaker #1

    Non. En fait, le premier article que j'ai écrit, c'est « Ex pas sportive » . et même en l'écrivant, mais je ne suis pas vraiment en sportif. C'est pas un syndrome de l'imposteur, mais je me suis jamais considérée à proprement sportive, parce que pour moi, les sportifs, c'était vraiment des gens déjà qui étaient sculptés physiquement, qui étaient très musclés. Et dis-toi que même en faisant de la course à pied, j'étais quand même essoufflée quand je prenais les escaliers ou courir après mon bus le matin. Tu vois, j'étais quand même dans un état pas possible. Et sportif, j'identifiais vachement mon petit ami qui faisait du handball, qui s'entraînait tous les soirs, sous deux heures, qui faisait de la musculation. enfin, un niveau assez élevé et je me disais non mais moi avec mes 30 minutes par-ci par-là je peux pas être sportive encore aujourd'hui j'ai même du mal sur certains titres, je prépare le Halfman donc c'est un Ironman et des fois j'ai du mal à dire que je suis triathlète alors que pourtant je le pratique ce sport et même que je coach les gens des fois je me dis est-ce que vraiment ?

  • Speaker #0

    Ouais c'est ça Je te rejoins à 100% parce que même moi, je fais beaucoup de sport et j'ai beaucoup de mal à dire que je suis sportive. Et je pense que c'est très féminin aussi. Et du coup, je me demande à partir de quelle étape on peut se dire sportive. À partir du moment où est-ce que c'est une question de régularité, est-ce que c'est une question d'état d'esprit, de mental ? Je ne sais pas, selon toi, qu'est-ce qui fait une sportive ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est quand le sport est rentré dans ta personnalité, dans le sens où tu ne peux plus t'imaginer. une semaine, deux semaines sans faire du sport sans parler d'addiction au sport mais par exemple tu pars en vacances, tu fais pas de sport pendant une semaine ça te dérange pas mais c'est comme si t'avais un peu manqué quand tu rentres de vacances, comme si c'était devenu ton meilleur ami tu vois ?

  • Speaker #0

    et je me dis, ça doit être d'autant plus difficile de l'affirmer quand tu t'exposes sur les réseaux sociaux parce que je pense que dire je suis une femme sportive sur les réseaux sociaux, tu te prends un moment, tu l'as vécu

  • Speaker #1

    Bah écoute, alors bon, à l'époque, il y avait plus Twitter qu'Instagram. Et en fait, j'ai vraiment attendu 4-5 mois que ça soit vraiment ancré et que je fasse... Je crois qu'à l'époque, je faisais 7 kilomètres. Tu vois ? Et je me suis dit, bon, je fais 7 kilomètres, je pense que je peux commencer à en parler sur mon blog. Donc j'ai d'abord fait cet article qui a été... Je crois que ça a été une bombe à l'époque dans ma communauté. parce que j'ai reçu énormément de retours et j'y pensais pas en fait que ça pouvait être aussi positif j'ai eu très peu de retours négatifs je pense aussi parce qu'il ya beaucoup de femmes en fait j'avais pas d'hommes et c'est pas je veux pas faire une généralité mais c'est quand même beaucoup les hommes qui viennent te demander ah ouais tu es vraiment sportive mais est ce que tu sais faire ça est ce que tu sais est ce que tu connais ça l'entraînement enfin et pour le coup j'ai pas eu tu vois de retour négatif mais je me suis vachement protégé en attendant de me dire Anne, est-ce que tu peux arrêter la course à pied du jour au lendemain ? Et en fait, quand j'ai commencé à en parler, pour moi, la course à pied, c'était ancré et je me voyais plus exister sans. Et quand j'ai commencé la course à pied, je ne m'imaginais pas que même professionnellement, ça allait autant me modeler différemment, en fait.

  • Speaker #0

    Quand est-ce que tu t'es dit que ça allait être ? ton métier autour de ça ? Alors,

  • Speaker #1

    mon année de licence, c'était celle où, effectivement, que j'ai passé aux Etats-Unis. Et en fait, quand je suis re-rentrée en France, donc il fallait que je retourne à l'université, donc j'étais à Sciences Po. Et j'étais plus du tout la même personne. Et je pensais, avant, pour moi, le sport, c'était vraiment pour des personnes bêtes. Ouais, c'est ça. J'étais... Et je dis ça alors que j'étais en couple avec quelqu'un de très sportif. Mais pour moi, il y avait ce besoin d'intelligence, de profondeur qui était lié, je pense, à... à Sciences Po. C'est ça, Sciences Po, c'est très...

  • Speaker #0

    Intellectuel.

  • Speaker #1

    Intellectuel. Et en fait, pour moi, le sport, c'était quelque chose pas de superficiel, mais surtout quelque chose de pas profond qui n'apporte rien. Pour moi, c'était vraiment... C'était une perte de temps. Alors qu'en fait, quand je suis revenue en 4e année, pour moi, le sport, c'était devenu vital. Et pour le coup, c'est là où je suis repartie en dernière année, donc Master 2. Et c'est là où j'ai pu beaucoup plus intégrer le sport à mes études. Parce que là, le deuxième mémoire. Parce qu'on en refait à notre mémoire. Ça a été vraiment beaucoup plus sur le marketing sportif et comment les femmes sont intégrées justement à la féminisation du sport. C'était vraiment plus comme moi. Et c'est là où je me suis dit, c'est hors de question. Je ne peux pas travailler dans les sciences politiques et le marketing comme je l'imaginais avant.

  • Speaker #0

    Oui, tu as pris conscience de ça. Et justement, ces questions autour de la situation des femmes, notamment dans le sport, tu as pris vraiment conscience de ça en faisant du sport, en intégrant ce milieu-là ? Ou c'est des sujets déjà auxquels tu étais sensible avant ?

  • Speaker #1

    Alors non, je pense que c'est le sport qui m'a rendue féministe. et c'est vraiment le sport Pour le côté physique, parce que je me suis aperçue que globalement, même actuellement, les femmes sont celles qui pratiquent le moins le sport, qui sont le plus tenues, éloignées de la pratique sportive. D'une part à cause effectivement des changements hormonaux quand on est adolescente, mais aussi parce que la pratique est extrêmement masculine, façonnée par les hommes pour les hommes, tous les équipements sportifs, les compétitions. C'est pas aux Etats-Unis, donc quand j'ai commencé le sport, que je me suis pris ma première claque. Parce que pour moi, j'ai vu le sport vraiment comme un moyen de se réapproprier son corps, de se sentir mieux dans son corps. Mais moi, mon corps, il était dans la norme à l'époque. J'ai jamais eu ce décalage-là sur le regard que j'avais sur mon corps. Quoique j'avais vachement de complexes à l'époque, malgré ça. Mais aux Etats-Unis, il y avait tellement une culture du sport. Tout le monde fait du sport, quel que soit leur corps. J'ai pas eu cette claque que je me suis prise quand je suis rentrée en France. Je me suis inscrite à mon premier 10 km, où là, j'ai commencé à être, on peut le dire, emmerdée par des hommes. À Los Angeles, je ne me suis jamais fait embêter quand je courais, et je courais en brassière. C'est la première fois où j'ai commencé à acheter des leggings, alors que même à Los Angeles, l'hiver, il fait un peu froid, tu peux acheter un legging. Mais je n'ai jamais ressenti le besoin. Là, ce n'était pas parce que j'avais froid, c'était vraiment pour me cacher. Et même des fois, je commençais à stresser avant de sortir courir en me disant, mais est-ce que je vais me faire emmerder ? Et c'est là où j'ai pris conscience que... Je pouvais pas évoluer dans l'espace public comme je le souhaitais. Et c'est là effectivement que j'ai commencé à m'intéresser sur les problèmes des femmes et surtout sur le féminisme. Et c'est paradoxal que ce soit le sport qui me fasse rentrer dans le féminisme. Par une petite porte ! Et c'est là aussi où je me suis dit que le sport pouvait être un levier pour donner de la force aux femmes et surtout de la confiance en elles. Parce que moi je ne me sais plus du tout marcher sur les pieds. Quand quelqu'un me doublait dans une queue, avant je me taisais, alors maintenant plus du tout. Un homme qui me suivait ou qui venait m'emmerder dans la rue, je ne pouvais plus laisser passer. Et ça m'a transformée et je me suis dit, en fait le sport c'est un super pouvoir et j'aimerais le faire connaître aux femmes parce qu'on passe à côté de quelque chose à cause d'une barrière qui est des fois juste le corps. En disant, je ne suis pas à l'aise dans mon corps, je ne me vois pas faire du sport. Ou le temps, la charge mentale, plein de barrières auxquelles des fois on n'a pas conscience parce que justement on n'est pas éduqués au féminisme. Et je me suis dit, moi j'aimerais faire tomber ces barrières et éduquer les femmes pour qu'ensuite elles puissent s'approprier la pratique sportive.

  • Speaker #0

    Et justement, j'allais te demander comment est-ce qu'on peut agir concrètement ? Tu disais prendre confiance en soi, ça aide à dépasser ça. Mais est-ce qu'il y a d'autres choses qu'on peut mettre en place pour dépasser ça justement ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question, tu vois. Il n'y a jamais de bonne ou de mauvaise raison quand on débute de sport. Mais malheureusement, beaucoup de femmes se lancent dans le sport pour perdre du poids et remodeler leur corps avec des objectifs physiques ou même des objectifs de beauté qui sont malheureusement inatteignables. Parce que les réseaux sociaux font que moi, par exemple, je suis coach et je ne pense pas que des personnes lambda puissent atteindre mon physique dans le sens où elles n'ont pas autant de temps à consulter. C'est mon métier, et des fois, il faut être réaliste sur ça. Et je le répète à chaque fois que je partage quelque chose en disant « Mais moi, j'ai le temps, j'ai l'emploi du temps pour le faire. » Et malheureusement, beaucoup de femmes se lancent finalement dans cette quête, tu vois, qui est sans fin. En fait, on n'aura jamais le physique parfait parce que ça demande un entretien qu'on ne peut pas avoir. Et quand on débute comme ça, on continue des fois pour d'autres raisons. On vient attraper pendant la pratique sportive en disant « Ah, ça me fait du bien mentalement, je me suis déconnectée en fait aujourd'hui. » où mon corps, peu importe à quoi il ressemble, en fait, il est super fort, il est puissant, il me porte sur 30 minutes de course à pied. Est-ce que j'ai vraiment besoin de perdre ces cuisses-là ? Le problème, c'est qu'il y a un certain temps qui doit s'écouler entre j'aime pas mon corps, je galère, je transpire de partout, je suis essoufflée, à cette barrière qui tombe et qui devient du plaisir. Et c'est vrai que malheureusement, et c'est triste de dire ça, mais quand on se lance dans le sport, ça va pas être facile. En fait, il faut tout de suite se le dire et il faut se mettre plutôt dans un état d'esprit hyper bienveillant et patient en disant c'est ok. C'est ok de faire que 5 minutes de marche au lieu des 20 minutes de course à pied. C'est juste de s'accrocher, d'y aller régulièrement, de se donner rendez-vous. Moi, je dis toujours aux personnes que je coache ou même aux femmes que j'accompagne, c'est prenez rendez-vous avec vous. Quand vous prenez un rendez-vous chez le dentiste, pour vous c'est super important, vous allez dégager du temps pour ce rendez-vous chez le dentiste. Et bien pour le sport, il faut que ça soit pareil. Si on a prévu le lundi d'aller courir de 7h30 à 7h50, juste 20 minutes, on y va et on s'y tient. Et ça peut être que deux fois dans la semaine au début, mais juste se dire que c'est un rendez-vous pour nous et on le fait juste pour nous. Mais vraiment, quels que soient les objectifs, mais juste se dire qu'au lieu de se mettre la pression sur des objectifs, où on verra les résultats que dans plusieurs semaines, voire plusieurs mois, se dire, eh ben, pour ma séance, je vais y aller doucement, je vais m'écouter, et surtout, j'essaie de faire abstraction du regard des autres. Parce que je crois qu'il y a aussi cette peur du regard des autres quand on fait du sport. Alors, je vous assure que personne ne vous regarde. On est tellement plus préoccupés par ce qu'on fait soi-même que personne ne se juge. Et donc, on s'en fiche de se lancer et juste de faire changer la petite voix dans notre tête qui est souvent très très négative, qui va souvent vouloir nous dire reste sur le canabère, reste chez toi, de juste lutter et de changer son discours intérieur et d'avoir une voix qui nous encourage, qui est vraiment notre meilleure amie. Tu vois, quand je dis que le sport c'est notre meilleure amie, c'est qu'au bout d'un moment, le sport va t'aider à forger cette voix qui sera beaucoup plus positive et gentille avec toi. Et justement, créez-vous cette petite voix. Ça va être votre propre petit coach, on va dire. Et qui va vous dire, vas-y doucement, c'est pas grave. Et vraiment être bienveillant. Parce que je crois que c'est ce qui manque beaucoup dans le sport, c'est de la bienveillance. Parce qu'on voit beaucoup de personnes, ouais, no pain, no gain. Si t'as pas de courbature, c'est que t'as pas assez souffert. Alors que pas du tout, le sport, ça peut être aussi quelque chose de très doux et de très gentil.

  • Speaker #0

    En même temps, ça peut être quelque chose de très doux, très gentil. Mais tu disais aussi, le sport, c'est parfois difficile. Mais c'est vrai que c'est peut-être des choses que tout le monde ne montre pas. à toi, ciao ! À cœur, je pense de le montrer aussi sur tes réseaux que là, tu es en pleine prépa, ton dernier risque que tu as mis hier, c'est horrible. C'est ça aussi le sport. Pourquoi c'est important pour toi de dire que toi-même, si tu fais tant d'heures de sport par semaine, toi aussi tu galères en fait ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'en fait, le sport, ce qui est bien, c'est qu'on est notre propre juge et c'est nous qui choisissons l'intensité qu'on y met. Donc c'est pour ça que pour les personnes qui débutent, j'essaie de leur dire d'être gentille avec soi-même, d'être bienveillante et d'être doux. Ils vont faire face à beaucoup d'autres difficultés au niveau du cardio, difficultés au niveau musculaire, difficultés au niveau du squelette, et qui vont être vraiment très intérieures avec eux. Et ça peut être vraiment juste ces difficultés-là, quand on débute, c'est normal. Donc, je n'ai pas envie de tout de suite leur dire, mais le sport, ça peut être aussi de la grosse souffrance. Alors que, paradoxalement, plaisir et souffrir peuvent cohabiter dans une même séance. Et c'est ça que j'adore dans le sport, c'est que tu peux à la fois souffrir, Mais vous savez, pas dans le sens souffrir négativement. Et c'est ça qui est paradoxal.

  • Speaker #0

    C'est de te dépasser peut-être ?

  • Speaker #1

    On se dépasse, mais il y a quand même de la... C'est de la douleur maîtrisée. Oui,

  • Speaker #0

    volontaire.

  • Speaker #1

    Voilà, volontaire. Quand je vais faire mon fractionné, je sais que je vais sortir de ma zone de confort. C'est pas quelque chose d'agréable. On va se le dire. Mais ce qui est bien, c'est que c'est moi qui choisis de le faire. C'est vraiment moi qui me mets face à la difficulté. Et c'est moi qui vais me dire... je vais sauter l'obstacle. Et ça, c'est super important de se dire qu'on a le choix, c'est pas quelque chose qu'on s'impose, c'est pas quelqu'un qui nous l'impose de l'extérieur et qu'à tout moment, on peut débrancher et dire stop et rentrer chez soi. C'est pour ça qu'on est seul juge de la séance. Quel que soit son niveau, on peut se mettre dans une zone rouge et c'est agréable.

  • Speaker #0

    Mais ça, en fait, je me dis que ça marche aussi pour autre chose que le sport. C'est toujours inconfortable, ça fait toujours un peu mal de sortir de sa zone de confort. Et des fois, je me dis, en fait, sortir de sa zone de confort, c'est souvent pour des choses, c'est ça qui nous rend heureux finalement, même si sur le coup, c'est dur.

  • Speaker #1

    Ouais, je suis bien d'accord avec toi. Tu vois, quand je repense à mon année à Los Angeles, pour moi, c'est l'une des plus belles années de ma vie. Oui, vraiment. Et je veux dire, je pleurais à l'aéroport avant de prendre mon avion. Tu vois, j'étais hyper angoissée. J'avais, tu sais, ce nœud juste dans les poumons où tu as une anxiété. Et je pense que beaucoup de personnes s'imaginent que sortir de sa zone de confort, c'est se mettre en danger. Mais se mettre en danger, des fois, c'est ce qui va être le plus gratifiant parce qu'on va pouvoir vivre des choses qu'on n'aurait peut-être pas vécues en restant dans sa zone de confort. Et je crois que malheureusement, on est dans une époque où... Ça fait du bien de rester dans sa bulle. Et c'est pour ça que je rassure les gens en disant que vous pouvez aussi rester dans vos zones de confort quand vous faites du sport. En fait, les deux sont OK. C'est juste à vous de choisir.

  • Speaker #0

    Et tu arrives toujours à sortir de ces zones de confort parce que je me dis que ton corps quand même s'adapte au niveau sportif. Il faut que tu pousses vraiment de plus en plus loin pour sortir de ces zones de confort jusqu'où tu penses être prête à aller.

  • Speaker #1

    Alors, tu vois, je trouve que... À un moment donné, effectivement, j'étais dans cette optique du toujours plus loin, toujours plus fort. Et c'est vrai que dans le sport, tu as quand même une sorte de marge de progression qui est plus de volume, plus de vitesse, où c'est toujours plus. Et malheureusement, c'est vrai que le corps, contrairement, c'est un objet fini qui a ses capacités auxquelles on ne peut pas aller plus loin. Par exemple, en yoga, moi, mes hanches, elles ne s'ouvrent pas et elles ne s'ouvriront, je pense, jamais. Tu vois ? Mais je fais avec. mais par contre Je pense qu'il y a d'autres moyens de sortir de sa zone de confort qui ne sont pas forcément dans le côté brutal du sport, de la vitesse ou de la performance ou du volume. Ça peut être plus sur la technique. sur améliorer un geste, améliorer une foulée, améliorer un ressenti. Moi je le vois en triathlon sur la pratique de la natation, que aligner des longueurs c'est super, mais comment je veux les aligner ces longueurs ? Est-ce que je veux faire le geste le plus parfait possible, ou le geste le plus moche et qui va me coûter énormément en termes énergétiques ? Le sport c'est tellement multidimensionnel que... Quelle que soit la porte qu'on va ouvrir, on peut sortir de sa zone de confort sans forcément aller dans la douleur, sans forcément aller dans la vitesse.

  • Speaker #0

    Toi, tu dirais que tu es attachée à la performance. C'est important pour toi les stats, tout ça ?

  • Speaker #1

    À un moment donné, je pense que j'étais un peu rentrée dans le cercle vicieux des statistiques. Parce que c'est vrai que c'est motivant. Mais j'en suis ressortie. Heureusement parce que c'est quand même assez toxique comme pratique. et surtout quand je disais que le corps est quelque chose de fini, c'est que tu peux pas pousser, pousser, pousser ton corps au bout d'un moment en fait il va céder et d'ailleurs moi mon corps il a cédé j'ai eu une fracture de fatigue en 2017 et je crois que c'est à ce moment là où j'ai vachement repensé en fait ma pratique et j'en suis revenue grâce à cette fracture de fatigue et c'est pour ça que j'ai aussi envie de dire que même dans le négatif on peut sortir du positif et des leçons très importantes dans le sport et je pense qu'il faut sortir en fait des statistiques pour ne plus Merci. se dire que je suis obligée de courir à telle vitesse, je suis obligée de faire tant de kilomètres par semaine, sinon mon corps, je vais grossir, je vais ralentir, je vais perdre mes progrès. En fait, le corps, il a besoin de se reposer. Le corps, il peut fonctionner de manière cyclique, donc il a besoin pour s'adapter, pour progresser, il a besoin de se reposer. Donc en fait, c'est pas un escalier qui monte toujours, c'est plutôt un paysage montagneux.

  • Speaker #0

    Voilà. Tu parlais de ce côté cyclique et je me dis, d'autant plus quand on est une femme sportive, c'est peut-être quelque chose qu'on oublie, notamment dans le milieu de la performance, mais c'est un vrai impact d'être à l'écoute de son corps et toute la santé féminine, tout ça, c'est des choses dont tu parles aussi, c'est important pour toi, je crois.

  • Speaker #1

    Oui, justement, alors moi, tu vois, ça fait maintenant trois ans que je sais que je souffre d'endométriose et c'est vrai qu'au début, je pense que le sport m'a rendue plus à l'écoute de mon corps, d'une part. À cause de la peur de la blessure. Mais d'autre part, parce que tout ce qui est nutrition, sommeil, c'est là où tu vois qu'il y a un énorme impact sur ta pratique sportive. Et tu te dis, non mais si je ne mange pas assez bien. Et ça, c'est quelque chose qui est extrêmement féminin, de vouloir se restreindre, de compter les calories. Sauf qu'en sport, en fait, tu brûles les calories, mais aussi, tu as ton muscle qu'il faut entretenir. Si tu es trop fatigué, la science ne va pas exactement se passer comme tu le souhaites. Et en fait, t'es obligé d'être aussi attentive à ton alimentation, attentive à ton sommeil et aussi attentive en fait à ton cycle parce que tout est lié. Si tu manges pas assez, ben tu vas être fatigué donc peut-être que ton cycle menstruel va être encore plus te coûter et moi personnellement sur mon cycle menstruel, ben dès que je vois que je manque de sommeil, que je m'alimente pas suffisamment... je subis encore plus les symptômes, les variations hormonales. Et il faut se dire que c'est vrai que les hommes, ils n'ont pas le cycle menstruel en plus, mais que si on est vraiment à l'écoute de son corps, qu'on se dit « Ah, j'ai vraiment envie de chocolat » , mange-le en fait le chocolat. C'est pas si ton corps t'envoie ce signal-là, c'est pas par gourmandise. Des fois, c'est qu'il en a vraiment besoin. Besoin pour ses baisses, ses variations hormonales, mais aussi parce qu'il a besoin de plus de calories justement quand tu vas avoir tes règles. ou juste après, et c'est pas que lié au sport.

  • Speaker #0

    Tu l'as dit au début, le sport, ça a été mon médicament pour entrer dans le domaine de Kéos. T'as aussi dit pendant l'interview que ça t'avait permis de trouver ta voie. J'ai l'impression que ça a été vraiment une révélation pour toi. Comment est-ce qu'on pourrait inviter d'autres personnes à peut-être, je sais pas, s'essayer, et se dire que, tu vois, les personnes qui se disent, comme tu disais, le sport c'est pas pour moi, qu'en fait il y a peut-être quelque chose comme ça, un parcours, pas forcément comme le tien, mais similaire,

  • Speaker #1

    qui... Déjà, moi, forcément, c'était la course à pied. J'ai eu la chance de trouver direct la chaussure à mon pied. Et il y a beaucoup de personnes qui se lancent dans un sport, notamment la course à pied, parce que c'est vrai que c'est pas cher et que c'est accessible. On sort de chez soi, on peut pratiquer. Mais il faut trouver un sport qui nous fasse plaisir, un sport qui nous fasse du bien, pas que physiquement, mais aussi mentalement. Parce que si on traîne les pieds pour y aller, si ça devient une corvée, c'est sûr que c'est difficile de s'y attacher. et On peut trouver un peu, moi, ce que j'appelle des petites béquilles, c'est-à-dire pratiquer en groupe. Donc souvent, quand on est en groupe et qu'on se motive ensemble, ça nous permet d'y aller. Mais vraiment, je trouve qu'il faut prendre du plaisir et choisir quelque chose qui nous plaît et pas se dire parce que j'ai une amie qui fait de la course à pied, la course à pied, ça va me convenir. Des fois, ça peut vraiment être autre chose et ça peut prendre du temps de le trouver et c'est OK. Mais il faut juste continuer à essayer.

  • Speaker #0

    Tu disais, ça fait du bien mentalement et en plus tu l'as aussi prouvé Dans ton témoignage, tu pensais au départ que le sport, c'était tout dans les muscles, rien dans la tête. Et ça a pu faire du bien aussi sur ce point. Enfin, toi, tu l'as quand même dit, là, le sport, ça m'a rendu féministe. Mentalement, ça apporte intellectuellement. J'ai l'impression que ça peut aussi énormément apporter, finalement.

  • Speaker #1

    Je crois qu'on sous-estime vraiment le côté intellectuel du sport. Tu vois, maintenant, je regarde du football américain et je rentre vraiment dans les stratégies sportives du football américain. et je me dis mais attends... Il faut vraiment avoir un énorme cerveau pour faire du football américain. Le sport, ça te trouve vraiment sur des horizons auxquels tu n'aurais pas pensé. Et aussi, ça nous permet de nous enlever certaines, peut-être des œillères qu'on pouvait avoir, que ce soit sur la perception de son corps, mais aussi la perception de l'environnement. Tu vois, moi, ma pratique sportive, elle est extrêmement liée à la météo, à l'environnement, à l'état des chemins. Et en fait, tu te rapproches aussi de l'environnement. Parce que tu te dis, attends, si la planète se réchauffe et qu'il fait 40 degrés tous les étés là où je vis, je ne vais plus jamais pouvoir pratiquer mon sport pendant six mois de l'année, c'est énorme. Et tout ce qui est autour finalement du féminisme, c'est le corps, la place de la femme, comment elle est considérée, sa pratique, son accès au sport. C'est là où tu te rends compte que si le sport c'est un peu politique aussi.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    totalement. Et ça touche à tout. Et c'est pour ça qu'il ne faut pas se dire que le sport c'est que du physique, c'est aussi beaucoup, même plus limite. ce qui se passe dans notre tête.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que tu es une sportive engagée ?

  • Speaker #1

    Oui, tout sportif est forcément engagé. Malheureusement, tout sportif n'a pas sa voix. Beaucoup de sportifs qui sont un peu liés aux fédérations ne peuvent pas dire ce qu'ils pensent. Après, heureusement, il y a des sportifs qui prennent la parole et qui s'engagent. Ta pratique te met face à ces choses-là et tu ne peux pas dire, non mais c'est bon, c'est que du physique. Il y a forcément un peu de politique dedans.

  • Speaker #0

    En fait, je me dis que finalement, le sport, c'est un vecteur de déclic. Ah oui,

  • Speaker #1

    tout à fait.

  • Speaker #0

    Toi justement, pour toi, la définition du déclic, tu peux nous en citer un que t'as eu ?

  • Speaker #1

    Je pense que tu vois, le meilleur déclic que j'ai eu, c'est quand j'ai fait mon premier 10 km et j'étais toute seule dans un sas et j'étais pour la première fois confrontée à un comportement hyper misogyne d'un homme qui était derrière moi, qui faisait des réflexions. Et c'est là où j'ai eu le déclic en me disant mais c'est pas possible en tant que femme de prendre un dossard. Déjà, il a fallu que j'ai eu du courage pour prendre ce dossard et de me retrouver à ce point-là sexualisée et juste emmerdée dans ma pratique sportive. J'ai envie d'être libre. et c'est là où je pense que tu m'enverrais des clics en me disant il faut que je sois sportive et féministe parce que l'un ne peut pas aller sans l'autre.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Anne pour ton partage, est-ce que tu peux nous dire où est-ce qu'on peut te retrouver, redonner le nom de ton compte Instagram, ta chaîne YouTube ?

  • Speaker #1

    Oui, alors vous pouvez me retrouver sur Instagram, c'est Anne Dumdidou, D-U-B-N J'ai peut-être mal dit en début de parole. Alors ça ne te inquiète pas, ça ne me vexe pas du tout, c'est juste un pseudo et c'est Dumdidou. Ah ok ! Et sur Youtube aussi, parce qu'en ce moment je prépare le... Hapsman, et ça aussi c'est quelque chose qui m'énerve, de préparer une course où il y a juste man dedans alors que c'est une woman. Donc voilà.

  • Speaker #0

    C'est un prochain combat.

  • Speaker #1

    C'est un prochain combat, voilà, pour les noms de courses.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup et à très bientôt.

  • Speaker #1

    Merci, salut.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin ce déclic.

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Description

“Le sport m’a rendu féministe”. Anne Dubndidu est créatrice de contenus, mais avant tout, une sportive passionnée. Pourtant, entre elle et le sport, rien n’était vraiment gagné. Difficile à croire quand on sait qu’aujourd’hui, elle enchaine les kilomètres, les dossards, les courses, les compétitions… Si le sport a été un véritable déclic dans la vie d’Anne, il a aussi fait d’elle une femme engagée, notamment pour la cause féministe. 

Dans cet épisode, Anne se livre sur son parcours de sportive, de vie, mais nous parle aussi de ses convictions et ses combats


📲💻 Retrouvez Anne Dubnbdidu sur Instagram, Youtube et son blog !


💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.


🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Qui sait… Vous tomberez peut-être, vous aussi, sur un déclic.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    rencontre rupture joie échec transformation bonheur tout commence par un déclic bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode vous écoutez le déclic de anne du bnb du salut anne salut comment tu vas ça va et toi super je suis ravi de te rencontrer d'enregistrer ce podcast avec toi Pour commencer, je vais te présenter à nos auditeurs et nos auditrices. Anne, tu es une sportive passionnée, surtout de sport d'endurance. Courses à pied, trail, vélo, triathlon, rando, mais il y a aussi le yoga qui occupe une place importante dans ta vie. Au-delà de cette passion, tu as fait du sport ton métier, puisque tu es coach sportive et également créatrice de contenu autour du sport, justement. C'est en effet l'un de tes sujets principaux, mais pas que, et on y reviendra. Tout a commencé avec un blog que tu as créé en 2009 et qui parlait de lifestyle et de mode, je crois, à la base. Mais j'ai aussi lu sur celui-ci que tu parlais d'un déclic avec le sport et ça m'a fait beaucoup rire parce que c'est le nom de ce podcast. Et un déclic, c'est le mot que tu utilises pour parler de 2011 lorsque tu as commencé la course à pied. Tu avais alors 20 ans et tu t'apprêtais à partir à Los Angeles. Et ce qui t'a motivé à l'époque, c'est ton copain lui-même très sportif. Tu parles de début difficile en running et tu dis te rendre compte à ce moment-là que tu n'es pas vraiment en forme. Et c'est assez dingue quand on te voit aujourd'hui. depuis tu enchaînes les kilomètres, les dossards, les courses, les compétitions et j'en passe et ce quotidien tu le partages donc sur les réseaux sociaux et essentiellement sur Instagram où il y a plus de 168 000 personnes qui te suivent désormais et aussi sur Youtube j'ai pas le chiffre de Youtube mais beaucoup j'imagine tu es également l'autrice de 4 livres qui parlent de sport, de nutrition et de féminisme ton message et ton objectif à travers tes contenus c'est avant tout d'accompagner les sportifs et essentiellement les sportives à s'épanouir grâce au sport en le rendant accessible à toutes. Je souhaite que ceux et particulièrement celles que tu inspires se sentent confiantes et fortes, notamment grâce au sport, mais pas uniquement physiquement quand on dit forte. On reviendra sur ton engagement d'ailleurs aussi pour les femmes dans le sport dans cet épisode. Mais avant, je voudrais qu'on revienne sur ta rencontre à toi avec le sport. C'était si fort que ça pour toi ? Un vrai déclic ?

  • Speaker #1

    Bah écoute, c'est drôle parce que ça n'a pas été le déclic la première fois que je suis partie courir. en fait avant de partir à Los Angeles En fait, si. En fait, je suis en train de me rendre compte que c'est là où ça a été le déclic. C'est juste avant de partir à Los Angeles, mon copain est parti courir et il me dit mais viens avec moi juste une fois. Et c'est vrai qu'à ce moment-là, je voulais passer beaucoup de temps avec lui puisqu'on n'allait pas se voir sur quasiment plusieurs mois. Et je suis partie courir avec lui et c'est là où je me suis pris une claque sur ma condition physique. Pour moi, j'étais restée à l'époque du collège où je pouvais courir à... à peu près 20 minutes autour d'un stade. Et ça a été la catastrophe. Je ne pouvais pas courir 5 minutes sans m'arrêter. Et en fait, je trouvais toutes les excuses. Oh, j'ai un point de côté. Oh, attends, il faut que je refasse mon lacet. Et en rentrant, je me dis, mais ce n'est pas possible qu'à mon âge, je ne puisse pas, donc 20 ans, courir. Ça n'a pas été le déclic tout de suite. En fait, je pensais à cogiter vachement dans ma tête. Et je me suis dit, à Los Angeles, il va falloir que je fasse quelque chose. et c'est là où... Où je me suis dit, hop, ça va changer, je vais m'y mettre. Et je me souviens que la première fois que j'ai atteint les 30 minutes, j'avais envoyé un message à mon copain en disant, ouais, ça y est, j'arrive à courir 30 minutes non-stop. Et il y a eu le changement d'heure. Et là, j'étais bloquée parce qu'il faisait nuit à 17h. Et c'est là où j'ai découvert que dans mon building où je faisais mon stage, il y avait une salle de sport. Et donc, j'ai transféré mes 30 minutes sur tapis. Ok. C'était super dur parce que j'avais appris à courir en extérieur et c'est là où je me suis aperçue de ma vitesse, du nombre de kilomètres que je faisais. Et en décembre à Noël, mon copain est venu me voir et je lui ai dit « Viens, il faut absolument qu'on aille courir ensemble pour que je te montre que je sais courir. » Et il a été mes... Je crois que je l'ai vraiment impressionné parce que je pense que lui non plus ne croyait pas en moi pour pouvoir le faire. et d'ailleurs je pense que personne dans ma famille n'y a cru et moi la première j'y croyais pas parce que j'étais toujours tu sais la p... pas sportive. Un peu maladroite.

  • Speaker #0

    T'es pas aise avec ton corps en fait ?

  • Speaker #1

    Ouais, et pareil, quand j'étais ado, on m'avait envoyé faire de la randonnée, des trucs, et j'en garde des souvenirs catastrophiques en fait. C'était pas du plaisir pour moi. Et après, ce qui est bien, c'est qu'une fois que t'as débuté, j'ai l'impression que ça s'ancre en toi. J'étais juste fière de moi de le faire et j'ai l'impression d'avoir commencé à exister avec la course à pêche. Avant, j'étais fausses Pas superficielle, mais j'ai l'impression que je ne me connaissais pas et que je n'avais pas de choses intéressantes à mon sujet. Le sport, ça m'a donné la confiance que je n'avais pas. Et je me suis dit, si tu arrives à courir toute seule 10 minutes, c'était que 10 minutes, 20 minutes, mais tu peux prendre le bus pour... Je sais pas trop où. Enfin, tu vois, c'est... Il y a plein de trucs comme ça que, en fait, ça m'a donné des... Littéralement... Ouais, j'étais pas indépendante avant. Enfin, tu vois, c'est tout ce truc-là. Ouais,

  • Speaker #0

    tu t'es trouvée, quoi. Ouais,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et ouais, voilà.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te considérais sportive à ce moment-là ? Est-ce qu'il y a eu un peu de temps pour te dire « Mais en fait, je suis quelqu'un de sportif » .

  • Speaker #1

    Non. En fait, le premier article que j'ai écrit, c'est « Ex pas sportive » . et même en l'écrivant, mais je ne suis pas vraiment en sportif. C'est pas un syndrome de l'imposteur, mais je me suis jamais considérée à proprement sportive, parce que pour moi, les sportifs, c'était vraiment des gens déjà qui étaient sculptés physiquement, qui étaient très musclés. Et dis-toi que même en faisant de la course à pied, j'étais quand même essoufflée quand je prenais les escaliers ou courir après mon bus le matin. Tu vois, j'étais quand même dans un état pas possible. Et sportif, j'identifiais vachement mon petit ami qui faisait du handball, qui s'entraînait tous les soirs, sous deux heures, qui faisait de la musculation. enfin, un niveau assez élevé et je me disais non mais moi avec mes 30 minutes par-ci par-là je peux pas être sportive encore aujourd'hui j'ai même du mal sur certains titres, je prépare le Halfman donc c'est un Ironman et des fois j'ai du mal à dire que je suis triathlète alors que pourtant je le pratique ce sport et même que je coach les gens des fois je me dis est-ce que vraiment ?

  • Speaker #0

    Ouais c'est ça Je te rejoins à 100% parce que même moi, je fais beaucoup de sport et j'ai beaucoup de mal à dire que je suis sportive. Et je pense que c'est très féminin aussi. Et du coup, je me demande à partir de quelle étape on peut se dire sportive. À partir du moment où est-ce que c'est une question de régularité, est-ce que c'est une question d'état d'esprit, de mental ? Je ne sais pas, selon toi, qu'est-ce qui fait une sportive ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est quand le sport est rentré dans ta personnalité, dans le sens où tu ne peux plus t'imaginer. une semaine, deux semaines sans faire du sport sans parler d'addiction au sport mais par exemple tu pars en vacances, tu fais pas de sport pendant une semaine ça te dérange pas mais c'est comme si t'avais un peu manqué quand tu rentres de vacances, comme si c'était devenu ton meilleur ami tu vois ?

  • Speaker #0

    et je me dis, ça doit être d'autant plus difficile de l'affirmer quand tu t'exposes sur les réseaux sociaux parce que je pense que dire je suis une femme sportive sur les réseaux sociaux, tu te prends un moment, tu l'as vécu

  • Speaker #1

    Bah écoute, alors bon, à l'époque, il y avait plus Twitter qu'Instagram. Et en fait, j'ai vraiment attendu 4-5 mois que ça soit vraiment ancré et que je fasse... Je crois qu'à l'époque, je faisais 7 kilomètres. Tu vois ? Et je me suis dit, bon, je fais 7 kilomètres, je pense que je peux commencer à en parler sur mon blog. Donc j'ai d'abord fait cet article qui a été... Je crois que ça a été une bombe à l'époque dans ma communauté. parce que j'ai reçu énormément de retours et j'y pensais pas en fait que ça pouvait être aussi positif j'ai eu très peu de retours négatifs je pense aussi parce qu'il ya beaucoup de femmes en fait j'avais pas d'hommes et c'est pas je veux pas faire une généralité mais c'est quand même beaucoup les hommes qui viennent te demander ah ouais tu es vraiment sportive mais est ce que tu sais faire ça est ce que tu sais est ce que tu connais ça l'entraînement enfin et pour le coup j'ai pas eu tu vois de retour négatif mais je me suis vachement protégé en attendant de me dire Anne, est-ce que tu peux arrêter la course à pied du jour au lendemain ? Et en fait, quand j'ai commencé à en parler, pour moi, la course à pied, c'était ancré et je me voyais plus exister sans. Et quand j'ai commencé la course à pied, je ne m'imaginais pas que même professionnellement, ça allait autant me modeler différemment, en fait.

  • Speaker #0

    Quand est-ce que tu t'es dit que ça allait être ? ton métier autour de ça ? Alors,

  • Speaker #1

    mon année de licence, c'était celle où, effectivement, que j'ai passé aux Etats-Unis. Et en fait, quand je suis re-rentrée en France, donc il fallait que je retourne à l'université, donc j'étais à Sciences Po. Et j'étais plus du tout la même personne. Et je pensais, avant, pour moi, le sport, c'était vraiment pour des personnes bêtes. Ouais, c'est ça. J'étais... Et je dis ça alors que j'étais en couple avec quelqu'un de très sportif. Mais pour moi, il y avait ce besoin d'intelligence, de profondeur qui était lié, je pense, à... à Sciences Po. C'est ça, Sciences Po, c'est très...

  • Speaker #0

    Intellectuel.

  • Speaker #1

    Intellectuel. Et en fait, pour moi, le sport, c'était quelque chose pas de superficiel, mais surtout quelque chose de pas profond qui n'apporte rien. Pour moi, c'était vraiment... C'était une perte de temps. Alors qu'en fait, quand je suis revenue en 4e année, pour moi, le sport, c'était devenu vital. Et pour le coup, c'est là où je suis repartie en dernière année, donc Master 2. Et c'est là où j'ai pu beaucoup plus intégrer le sport à mes études. Parce que là, le deuxième mémoire. Parce qu'on en refait à notre mémoire. Ça a été vraiment beaucoup plus sur le marketing sportif et comment les femmes sont intégrées justement à la féminisation du sport. C'était vraiment plus comme moi. Et c'est là où je me suis dit, c'est hors de question. Je ne peux pas travailler dans les sciences politiques et le marketing comme je l'imaginais avant.

  • Speaker #0

    Oui, tu as pris conscience de ça. Et justement, ces questions autour de la situation des femmes, notamment dans le sport, tu as pris vraiment conscience de ça en faisant du sport, en intégrant ce milieu-là ? Ou c'est des sujets déjà auxquels tu étais sensible avant ?

  • Speaker #1

    Alors non, je pense que c'est le sport qui m'a rendue féministe. et c'est vraiment le sport Pour le côté physique, parce que je me suis aperçue que globalement, même actuellement, les femmes sont celles qui pratiquent le moins le sport, qui sont le plus tenues, éloignées de la pratique sportive. D'une part à cause effectivement des changements hormonaux quand on est adolescente, mais aussi parce que la pratique est extrêmement masculine, façonnée par les hommes pour les hommes, tous les équipements sportifs, les compétitions. C'est pas aux Etats-Unis, donc quand j'ai commencé le sport, que je me suis pris ma première claque. Parce que pour moi, j'ai vu le sport vraiment comme un moyen de se réapproprier son corps, de se sentir mieux dans son corps. Mais moi, mon corps, il était dans la norme à l'époque. J'ai jamais eu ce décalage-là sur le regard que j'avais sur mon corps. Quoique j'avais vachement de complexes à l'époque, malgré ça. Mais aux Etats-Unis, il y avait tellement une culture du sport. Tout le monde fait du sport, quel que soit leur corps. J'ai pas eu cette claque que je me suis prise quand je suis rentrée en France. Je me suis inscrite à mon premier 10 km, où là, j'ai commencé à être, on peut le dire, emmerdée par des hommes. À Los Angeles, je ne me suis jamais fait embêter quand je courais, et je courais en brassière. C'est la première fois où j'ai commencé à acheter des leggings, alors que même à Los Angeles, l'hiver, il fait un peu froid, tu peux acheter un legging. Mais je n'ai jamais ressenti le besoin. Là, ce n'était pas parce que j'avais froid, c'était vraiment pour me cacher. Et même des fois, je commençais à stresser avant de sortir courir en me disant, mais est-ce que je vais me faire emmerder ? Et c'est là où j'ai pris conscience que... Je pouvais pas évoluer dans l'espace public comme je le souhaitais. Et c'est là effectivement que j'ai commencé à m'intéresser sur les problèmes des femmes et surtout sur le féminisme. Et c'est paradoxal que ce soit le sport qui me fasse rentrer dans le féminisme. Par une petite porte ! Et c'est là aussi où je me suis dit que le sport pouvait être un levier pour donner de la force aux femmes et surtout de la confiance en elles. Parce que moi je ne me sais plus du tout marcher sur les pieds. Quand quelqu'un me doublait dans une queue, avant je me taisais, alors maintenant plus du tout. Un homme qui me suivait ou qui venait m'emmerder dans la rue, je ne pouvais plus laisser passer. Et ça m'a transformée et je me suis dit, en fait le sport c'est un super pouvoir et j'aimerais le faire connaître aux femmes parce qu'on passe à côté de quelque chose à cause d'une barrière qui est des fois juste le corps. En disant, je ne suis pas à l'aise dans mon corps, je ne me vois pas faire du sport. Ou le temps, la charge mentale, plein de barrières auxquelles des fois on n'a pas conscience parce que justement on n'est pas éduqués au féminisme. Et je me suis dit, moi j'aimerais faire tomber ces barrières et éduquer les femmes pour qu'ensuite elles puissent s'approprier la pratique sportive.

  • Speaker #0

    Et justement, j'allais te demander comment est-ce qu'on peut agir concrètement ? Tu disais prendre confiance en soi, ça aide à dépasser ça. Mais est-ce qu'il y a d'autres choses qu'on peut mettre en place pour dépasser ça justement ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question, tu vois. Il n'y a jamais de bonne ou de mauvaise raison quand on débute de sport. Mais malheureusement, beaucoup de femmes se lancent dans le sport pour perdre du poids et remodeler leur corps avec des objectifs physiques ou même des objectifs de beauté qui sont malheureusement inatteignables. Parce que les réseaux sociaux font que moi, par exemple, je suis coach et je ne pense pas que des personnes lambda puissent atteindre mon physique dans le sens où elles n'ont pas autant de temps à consulter. C'est mon métier, et des fois, il faut être réaliste sur ça. Et je le répète à chaque fois que je partage quelque chose en disant « Mais moi, j'ai le temps, j'ai l'emploi du temps pour le faire. » Et malheureusement, beaucoup de femmes se lancent finalement dans cette quête, tu vois, qui est sans fin. En fait, on n'aura jamais le physique parfait parce que ça demande un entretien qu'on ne peut pas avoir. Et quand on débute comme ça, on continue des fois pour d'autres raisons. On vient attraper pendant la pratique sportive en disant « Ah, ça me fait du bien mentalement, je me suis déconnectée en fait aujourd'hui. » où mon corps, peu importe à quoi il ressemble, en fait, il est super fort, il est puissant, il me porte sur 30 minutes de course à pied. Est-ce que j'ai vraiment besoin de perdre ces cuisses-là ? Le problème, c'est qu'il y a un certain temps qui doit s'écouler entre j'aime pas mon corps, je galère, je transpire de partout, je suis essoufflée, à cette barrière qui tombe et qui devient du plaisir. Et c'est vrai que malheureusement, et c'est triste de dire ça, mais quand on se lance dans le sport, ça va pas être facile. En fait, il faut tout de suite se le dire et il faut se mettre plutôt dans un état d'esprit hyper bienveillant et patient en disant c'est ok. C'est ok de faire que 5 minutes de marche au lieu des 20 minutes de course à pied. C'est juste de s'accrocher, d'y aller régulièrement, de se donner rendez-vous. Moi, je dis toujours aux personnes que je coache ou même aux femmes que j'accompagne, c'est prenez rendez-vous avec vous. Quand vous prenez un rendez-vous chez le dentiste, pour vous c'est super important, vous allez dégager du temps pour ce rendez-vous chez le dentiste. Et bien pour le sport, il faut que ça soit pareil. Si on a prévu le lundi d'aller courir de 7h30 à 7h50, juste 20 minutes, on y va et on s'y tient. Et ça peut être que deux fois dans la semaine au début, mais juste se dire que c'est un rendez-vous pour nous et on le fait juste pour nous. Mais vraiment, quels que soient les objectifs, mais juste se dire qu'au lieu de se mettre la pression sur des objectifs, où on verra les résultats que dans plusieurs semaines, voire plusieurs mois, se dire, eh ben, pour ma séance, je vais y aller doucement, je vais m'écouter, et surtout, j'essaie de faire abstraction du regard des autres. Parce que je crois qu'il y a aussi cette peur du regard des autres quand on fait du sport. Alors, je vous assure que personne ne vous regarde. On est tellement plus préoccupés par ce qu'on fait soi-même que personne ne se juge. Et donc, on s'en fiche de se lancer et juste de faire changer la petite voix dans notre tête qui est souvent très très négative, qui va souvent vouloir nous dire reste sur le canabère, reste chez toi, de juste lutter et de changer son discours intérieur et d'avoir une voix qui nous encourage, qui est vraiment notre meilleure amie. Tu vois, quand je dis que le sport c'est notre meilleure amie, c'est qu'au bout d'un moment, le sport va t'aider à forger cette voix qui sera beaucoup plus positive et gentille avec toi. Et justement, créez-vous cette petite voix. Ça va être votre propre petit coach, on va dire. Et qui va vous dire, vas-y doucement, c'est pas grave. Et vraiment être bienveillant. Parce que je crois que c'est ce qui manque beaucoup dans le sport, c'est de la bienveillance. Parce qu'on voit beaucoup de personnes, ouais, no pain, no gain. Si t'as pas de courbature, c'est que t'as pas assez souffert. Alors que pas du tout, le sport, ça peut être aussi quelque chose de très doux et de très gentil.

  • Speaker #0

    En même temps, ça peut être quelque chose de très doux, très gentil. Mais tu disais aussi, le sport, c'est parfois difficile. Mais c'est vrai que c'est peut-être des choses que tout le monde ne montre pas. à toi, ciao ! À cœur, je pense de le montrer aussi sur tes réseaux que là, tu es en pleine prépa, ton dernier risque que tu as mis hier, c'est horrible. C'est ça aussi le sport. Pourquoi c'est important pour toi de dire que toi-même, si tu fais tant d'heures de sport par semaine, toi aussi tu galères en fait ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'en fait, le sport, ce qui est bien, c'est qu'on est notre propre juge et c'est nous qui choisissons l'intensité qu'on y met. Donc c'est pour ça que pour les personnes qui débutent, j'essaie de leur dire d'être gentille avec soi-même, d'être bienveillante et d'être doux. Ils vont faire face à beaucoup d'autres difficultés au niveau du cardio, difficultés au niveau musculaire, difficultés au niveau du squelette, et qui vont être vraiment très intérieures avec eux. Et ça peut être vraiment juste ces difficultés-là, quand on débute, c'est normal. Donc, je n'ai pas envie de tout de suite leur dire, mais le sport, ça peut être aussi de la grosse souffrance. Alors que, paradoxalement, plaisir et souffrir peuvent cohabiter dans une même séance. Et c'est ça que j'adore dans le sport, c'est que tu peux à la fois souffrir, Mais vous savez, pas dans le sens souffrir négativement. Et c'est ça qui est paradoxal.

  • Speaker #0

    C'est de te dépasser peut-être ?

  • Speaker #1

    On se dépasse, mais il y a quand même de la... C'est de la douleur maîtrisée. Oui,

  • Speaker #0

    volontaire.

  • Speaker #1

    Voilà, volontaire. Quand je vais faire mon fractionné, je sais que je vais sortir de ma zone de confort. C'est pas quelque chose d'agréable. On va se le dire. Mais ce qui est bien, c'est que c'est moi qui choisis de le faire. C'est vraiment moi qui me mets face à la difficulté. Et c'est moi qui vais me dire... je vais sauter l'obstacle. Et ça, c'est super important de se dire qu'on a le choix, c'est pas quelque chose qu'on s'impose, c'est pas quelqu'un qui nous l'impose de l'extérieur et qu'à tout moment, on peut débrancher et dire stop et rentrer chez soi. C'est pour ça qu'on est seul juge de la séance. Quel que soit son niveau, on peut se mettre dans une zone rouge et c'est agréable.

  • Speaker #0

    Mais ça, en fait, je me dis que ça marche aussi pour autre chose que le sport. C'est toujours inconfortable, ça fait toujours un peu mal de sortir de sa zone de confort. Et des fois, je me dis, en fait, sortir de sa zone de confort, c'est souvent pour des choses, c'est ça qui nous rend heureux finalement, même si sur le coup, c'est dur.

  • Speaker #1

    Ouais, je suis bien d'accord avec toi. Tu vois, quand je repense à mon année à Los Angeles, pour moi, c'est l'une des plus belles années de ma vie. Oui, vraiment. Et je veux dire, je pleurais à l'aéroport avant de prendre mon avion. Tu vois, j'étais hyper angoissée. J'avais, tu sais, ce nœud juste dans les poumons où tu as une anxiété. Et je pense que beaucoup de personnes s'imaginent que sortir de sa zone de confort, c'est se mettre en danger. Mais se mettre en danger, des fois, c'est ce qui va être le plus gratifiant parce qu'on va pouvoir vivre des choses qu'on n'aurait peut-être pas vécues en restant dans sa zone de confort. Et je crois que malheureusement, on est dans une époque où... Ça fait du bien de rester dans sa bulle. Et c'est pour ça que je rassure les gens en disant que vous pouvez aussi rester dans vos zones de confort quand vous faites du sport. En fait, les deux sont OK. C'est juste à vous de choisir.

  • Speaker #0

    Et tu arrives toujours à sortir de ces zones de confort parce que je me dis que ton corps quand même s'adapte au niveau sportif. Il faut que tu pousses vraiment de plus en plus loin pour sortir de ces zones de confort jusqu'où tu penses être prête à aller.

  • Speaker #1

    Alors, tu vois, je trouve que... À un moment donné, effectivement, j'étais dans cette optique du toujours plus loin, toujours plus fort. Et c'est vrai que dans le sport, tu as quand même une sorte de marge de progression qui est plus de volume, plus de vitesse, où c'est toujours plus. Et malheureusement, c'est vrai que le corps, contrairement, c'est un objet fini qui a ses capacités auxquelles on ne peut pas aller plus loin. Par exemple, en yoga, moi, mes hanches, elles ne s'ouvrent pas et elles ne s'ouvriront, je pense, jamais. Tu vois ? Mais je fais avec. mais par contre Je pense qu'il y a d'autres moyens de sortir de sa zone de confort qui ne sont pas forcément dans le côté brutal du sport, de la vitesse ou de la performance ou du volume. Ça peut être plus sur la technique. sur améliorer un geste, améliorer une foulée, améliorer un ressenti. Moi je le vois en triathlon sur la pratique de la natation, que aligner des longueurs c'est super, mais comment je veux les aligner ces longueurs ? Est-ce que je veux faire le geste le plus parfait possible, ou le geste le plus moche et qui va me coûter énormément en termes énergétiques ? Le sport c'est tellement multidimensionnel que... Quelle que soit la porte qu'on va ouvrir, on peut sortir de sa zone de confort sans forcément aller dans la douleur, sans forcément aller dans la vitesse.

  • Speaker #0

    Toi, tu dirais que tu es attachée à la performance. C'est important pour toi les stats, tout ça ?

  • Speaker #1

    À un moment donné, je pense que j'étais un peu rentrée dans le cercle vicieux des statistiques. Parce que c'est vrai que c'est motivant. Mais j'en suis ressortie. Heureusement parce que c'est quand même assez toxique comme pratique. et surtout quand je disais que le corps est quelque chose de fini, c'est que tu peux pas pousser, pousser, pousser ton corps au bout d'un moment en fait il va céder et d'ailleurs moi mon corps il a cédé j'ai eu une fracture de fatigue en 2017 et je crois que c'est à ce moment là où j'ai vachement repensé en fait ma pratique et j'en suis revenue grâce à cette fracture de fatigue et c'est pour ça que j'ai aussi envie de dire que même dans le négatif on peut sortir du positif et des leçons très importantes dans le sport et je pense qu'il faut sortir en fait des statistiques pour ne plus Merci. se dire que je suis obligée de courir à telle vitesse, je suis obligée de faire tant de kilomètres par semaine, sinon mon corps, je vais grossir, je vais ralentir, je vais perdre mes progrès. En fait, le corps, il a besoin de se reposer. Le corps, il peut fonctionner de manière cyclique, donc il a besoin pour s'adapter, pour progresser, il a besoin de se reposer. Donc en fait, c'est pas un escalier qui monte toujours, c'est plutôt un paysage montagneux.

  • Speaker #0

    Voilà. Tu parlais de ce côté cyclique et je me dis, d'autant plus quand on est une femme sportive, c'est peut-être quelque chose qu'on oublie, notamment dans le milieu de la performance, mais c'est un vrai impact d'être à l'écoute de son corps et toute la santé féminine, tout ça, c'est des choses dont tu parles aussi, c'est important pour toi, je crois.

  • Speaker #1

    Oui, justement, alors moi, tu vois, ça fait maintenant trois ans que je sais que je souffre d'endométriose et c'est vrai qu'au début, je pense que le sport m'a rendue plus à l'écoute de mon corps, d'une part. À cause de la peur de la blessure. Mais d'autre part, parce que tout ce qui est nutrition, sommeil, c'est là où tu vois qu'il y a un énorme impact sur ta pratique sportive. Et tu te dis, non mais si je ne mange pas assez bien. Et ça, c'est quelque chose qui est extrêmement féminin, de vouloir se restreindre, de compter les calories. Sauf qu'en sport, en fait, tu brûles les calories, mais aussi, tu as ton muscle qu'il faut entretenir. Si tu es trop fatigué, la science ne va pas exactement se passer comme tu le souhaites. Et en fait, t'es obligé d'être aussi attentive à ton alimentation, attentive à ton sommeil et aussi attentive en fait à ton cycle parce que tout est lié. Si tu manges pas assez, ben tu vas être fatigué donc peut-être que ton cycle menstruel va être encore plus te coûter et moi personnellement sur mon cycle menstruel, ben dès que je vois que je manque de sommeil, que je m'alimente pas suffisamment... je subis encore plus les symptômes, les variations hormonales. Et il faut se dire que c'est vrai que les hommes, ils n'ont pas le cycle menstruel en plus, mais que si on est vraiment à l'écoute de son corps, qu'on se dit « Ah, j'ai vraiment envie de chocolat » , mange-le en fait le chocolat. C'est pas si ton corps t'envoie ce signal-là, c'est pas par gourmandise. Des fois, c'est qu'il en a vraiment besoin. Besoin pour ses baisses, ses variations hormonales, mais aussi parce qu'il a besoin de plus de calories justement quand tu vas avoir tes règles. ou juste après, et c'est pas que lié au sport.

  • Speaker #0

    Tu l'as dit au début, le sport, ça a été mon médicament pour entrer dans le domaine de Kéos. T'as aussi dit pendant l'interview que ça t'avait permis de trouver ta voie. J'ai l'impression que ça a été vraiment une révélation pour toi. Comment est-ce qu'on pourrait inviter d'autres personnes à peut-être, je sais pas, s'essayer, et se dire que, tu vois, les personnes qui se disent, comme tu disais, le sport c'est pas pour moi, qu'en fait il y a peut-être quelque chose comme ça, un parcours, pas forcément comme le tien, mais similaire,

  • Speaker #1

    qui... Déjà, moi, forcément, c'était la course à pied. J'ai eu la chance de trouver direct la chaussure à mon pied. Et il y a beaucoup de personnes qui se lancent dans un sport, notamment la course à pied, parce que c'est vrai que c'est pas cher et que c'est accessible. On sort de chez soi, on peut pratiquer. Mais il faut trouver un sport qui nous fasse plaisir, un sport qui nous fasse du bien, pas que physiquement, mais aussi mentalement. Parce que si on traîne les pieds pour y aller, si ça devient une corvée, c'est sûr que c'est difficile de s'y attacher. et On peut trouver un peu, moi, ce que j'appelle des petites béquilles, c'est-à-dire pratiquer en groupe. Donc souvent, quand on est en groupe et qu'on se motive ensemble, ça nous permet d'y aller. Mais vraiment, je trouve qu'il faut prendre du plaisir et choisir quelque chose qui nous plaît et pas se dire parce que j'ai une amie qui fait de la course à pied, la course à pied, ça va me convenir. Des fois, ça peut vraiment être autre chose et ça peut prendre du temps de le trouver et c'est OK. Mais il faut juste continuer à essayer.

  • Speaker #0

    Tu disais, ça fait du bien mentalement et en plus tu l'as aussi prouvé Dans ton témoignage, tu pensais au départ que le sport, c'était tout dans les muscles, rien dans la tête. Et ça a pu faire du bien aussi sur ce point. Enfin, toi, tu l'as quand même dit, là, le sport, ça m'a rendu féministe. Mentalement, ça apporte intellectuellement. J'ai l'impression que ça peut aussi énormément apporter, finalement.

  • Speaker #1

    Je crois qu'on sous-estime vraiment le côté intellectuel du sport. Tu vois, maintenant, je regarde du football américain et je rentre vraiment dans les stratégies sportives du football américain. et je me dis mais attends... Il faut vraiment avoir un énorme cerveau pour faire du football américain. Le sport, ça te trouve vraiment sur des horizons auxquels tu n'aurais pas pensé. Et aussi, ça nous permet de nous enlever certaines, peut-être des œillères qu'on pouvait avoir, que ce soit sur la perception de son corps, mais aussi la perception de l'environnement. Tu vois, moi, ma pratique sportive, elle est extrêmement liée à la météo, à l'environnement, à l'état des chemins. Et en fait, tu te rapproches aussi de l'environnement. Parce que tu te dis, attends, si la planète se réchauffe et qu'il fait 40 degrés tous les étés là où je vis, je ne vais plus jamais pouvoir pratiquer mon sport pendant six mois de l'année, c'est énorme. Et tout ce qui est autour finalement du féminisme, c'est le corps, la place de la femme, comment elle est considérée, sa pratique, son accès au sport. C'est là où tu te rends compte que si le sport c'est un peu politique aussi.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    totalement. Et ça touche à tout. Et c'est pour ça qu'il ne faut pas se dire que le sport c'est que du physique, c'est aussi beaucoup, même plus limite. ce qui se passe dans notre tête.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que tu es une sportive engagée ?

  • Speaker #1

    Oui, tout sportif est forcément engagé. Malheureusement, tout sportif n'a pas sa voix. Beaucoup de sportifs qui sont un peu liés aux fédérations ne peuvent pas dire ce qu'ils pensent. Après, heureusement, il y a des sportifs qui prennent la parole et qui s'engagent. Ta pratique te met face à ces choses-là et tu ne peux pas dire, non mais c'est bon, c'est que du physique. Il y a forcément un peu de politique dedans.

  • Speaker #0

    En fait, je me dis que finalement, le sport, c'est un vecteur de déclic. Ah oui,

  • Speaker #1

    tout à fait.

  • Speaker #0

    Toi justement, pour toi, la définition du déclic, tu peux nous en citer un que t'as eu ?

  • Speaker #1

    Je pense que tu vois, le meilleur déclic que j'ai eu, c'est quand j'ai fait mon premier 10 km et j'étais toute seule dans un sas et j'étais pour la première fois confrontée à un comportement hyper misogyne d'un homme qui était derrière moi, qui faisait des réflexions. Et c'est là où j'ai eu le déclic en me disant mais c'est pas possible en tant que femme de prendre un dossard. Déjà, il a fallu que j'ai eu du courage pour prendre ce dossard et de me retrouver à ce point-là sexualisée et juste emmerdée dans ma pratique sportive. J'ai envie d'être libre. et c'est là où je pense que tu m'enverrais des clics en me disant il faut que je sois sportive et féministe parce que l'un ne peut pas aller sans l'autre.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Anne pour ton partage, est-ce que tu peux nous dire où est-ce qu'on peut te retrouver, redonner le nom de ton compte Instagram, ta chaîne YouTube ?

  • Speaker #1

    Oui, alors vous pouvez me retrouver sur Instagram, c'est Anne Dumdidou, D-U-B-N J'ai peut-être mal dit en début de parole. Alors ça ne te inquiète pas, ça ne me vexe pas du tout, c'est juste un pseudo et c'est Dumdidou. Ah ok ! Et sur Youtube aussi, parce qu'en ce moment je prépare le... Hapsman, et ça aussi c'est quelque chose qui m'énerve, de préparer une course où il y a juste man dedans alors que c'est une woman. Donc voilà.

  • Speaker #0

    C'est un prochain combat.

  • Speaker #1

    C'est un prochain combat, voilà, pour les noms de courses.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup et à très bientôt.

  • Speaker #1

    Merci, salut.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin ce déclic.

Description

“Le sport m’a rendu féministe”. Anne Dubndidu est créatrice de contenus, mais avant tout, une sportive passionnée. Pourtant, entre elle et le sport, rien n’était vraiment gagné. Difficile à croire quand on sait qu’aujourd’hui, elle enchaine les kilomètres, les dossards, les courses, les compétitions… Si le sport a été un véritable déclic dans la vie d’Anne, il a aussi fait d’elle une femme engagée, notamment pour la cause féministe. 

Dans cet épisode, Anne se livre sur son parcours de sportive, de vie, mais nous parle aussi de ses convictions et ses combats


📲💻 Retrouvez Anne Dubnbdidu sur Instagram, Youtube et son blog !


💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.


🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Qui sait… Vous tomberez peut-être, vous aussi, sur un déclic.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    rencontre rupture joie échec transformation bonheur tout commence par un déclic bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode vous écoutez le déclic de anne du bnb du salut anne salut comment tu vas ça va et toi super je suis ravi de te rencontrer d'enregistrer ce podcast avec toi Pour commencer, je vais te présenter à nos auditeurs et nos auditrices. Anne, tu es une sportive passionnée, surtout de sport d'endurance. Courses à pied, trail, vélo, triathlon, rando, mais il y a aussi le yoga qui occupe une place importante dans ta vie. Au-delà de cette passion, tu as fait du sport ton métier, puisque tu es coach sportive et également créatrice de contenu autour du sport, justement. C'est en effet l'un de tes sujets principaux, mais pas que, et on y reviendra. Tout a commencé avec un blog que tu as créé en 2009 et qui parlait de lifestyle et de mode, je crois, à la base. Mais j'ai aussi lu sur celui-ci que tu parlais d'un déclic avec le sport et ça m'a fait beaucoup rire parce que c'est le nom de ce podcast. Et un déclic, c'est le mot que tu utilises pour parler de 2011 lorsque tu as commencé la course à pied. Tu avais alors 20 ans et tu t'apprêtais à partir à Los Angeles. Et ce qui t'a motivé à l'époque, c'est ton copain lui-même très sportif. Tu parles de début difficile en running et tu dis te rendre compte à ce moment-là que tu n'es pas vraiment en forme. Et c'est assez dingue quand on te voit aujourd'hui. depuis tu enchaînes les kilomètres, les dossards, les courses, les compétitions et j'en passe et ce quotidien tu le partages donc sur les réseaux sociaux et essentiellement sur Instagram où il y a plus de 168 000 personnes qui te suivent désormais et aussi sur Youtube j'ai pas le chiffre de Youtube mais beaucoup j'imagine tu es également l'autrice de 4 livres qui parlent de sport, de nutrition et de féminisme ton message et ton objectif à travers tes contenus c'est avant tout d'accompagner les sportifs et essentiellement les sportives à s'épanouir grâce au sport en le rendant accessible à toutes. Je souhaite que ceux et particulièrement celles que tu inspires se sentent confiantes et fortes, notamment grâce au sport, mais pas uniquement physiquement quand on dit forte. On reviendra sur ton engagement d'ailleurs aussi pour les femmes dans le sport dans cet épisode. Mais avant, je voudrais qu'on revienne sur ta rencontre à toi avec le sport. C'était si fort que ça pour toi ? Un vrai déclic ?

  • Speaker #1

    Bah écoute, c'est drôle parce que ça n'a pas été le déclic la première fois que je suis partie courir. en fait avant de partir à Los Angeles En fait, si. En fait, je suis en train de me rendre compte que c'est là où ça a été le déclic. C'est juste avant de partir à Los Angeles, mon copain est parti courir et il me dit mais viens avec moi juste une fois. Et c'est vrai qu'à ce moment-là, je voulais passer beaucoup de temps avec lui puisqu'on n'allait pas se voir sur quasiment plusieurs mois. Et je suis partie courir avec lui et c'est là où je me suis pris une claque sur ma condition physique. Pour moi, j'étais restée à l'époque du collège où je pouvais courir à... à peu près 20 minutes autour d'un stade. Et ça a été la catastrophe. Je ne pouvais pas courir 5 minutes sans m'arrêter. Et en fait, je trouvais toutes les excuses. Oh, j'ai un point de côté. Oh, attends, il faut que je refasse mon lacet. Et en rentrant, je me dis, mais ce n'est pas possible qu'à mon âge, je ne puisse pas, donc 20 ans, courir. Ça n'a pas été le déclic tout de suite. En fait, je pensais à cogiter vachement dans ma tête. Et je me suis dit, à Los Angeles, il va falloir que je fasse quelque chose. et c'est là où... Où je me suis dit, hop, ça va changer, je vais m'y mettre. Et je me souviens que la première fois que j'ai atteint les 30 minutes, j'avais envoyé un message à mon copain en disant, ouais, ça y est, j'arrive à courir 30 minutes non-stop. Et il y a eu le changement d'heure. Et là, j'étais bloquée parce qu'il faisait nuit à 17h. Et c'est là où j'ai découvert que dans mon building où je faisais mon stage, il y avait une salle de sport. Et donc, j'ai transféré mes 30 minutes sur tapis. Ok. C'était super dur parce que j'avais appris à courir en extérieur et c'est là où je me suis aperçue de ma vitesse, du nombre de kilomètres que je faisais. Et en décembre à Noël, mon copain est venu me voir et je lui ai dit « Viens, il faut absolument qu'on aille courir ensemble pour que je te montre que je sais courir. » Et il a été mes... Je crois que je l'ai vraiment impressionné parce que je pense que lui non plus ne croyait pas en moi pour pouvoir le faire. et d'ailleurs je pense que personne dans ma famille n'y a cru et moi la première j'y croyais pas parce que j'étais toujours tu sais la p... pas sportive. Un peu maladroite.

  • Speaker #0

    T'es pas aise avec ton corps en fait ?

  • Speaker #1

    Ouais, et pareil, quand j'étais ado, on m'avait envoyé faire de la randonnée, des trucs, et j'en garde des souvenirs catastrophiques en fait. C'était pas du plaisir pour moi. Et après, ce qui est bien, c'est qu'une fois que t'as débuté, j'ai l'impression que ça s'ancre en toi. J'étais juste fière de moi de le faire et j'ai l'impression d'avoir commencé à exister avec la course à pêche. Avant, j'étais fausses Pas superficielle, mais j'ai l'impression que je ne me connaissais pas et que je n'avais pas de choses intéressantes à mon sujet. Le sport, ça m'a donné la confiance que je n'avais pas. Et je me suis dit, si tu arrives à courir toute seule 10 minutes, c'était que 10 minutes, 20 minutes, mais tu peux prendre le bus pour... Je sais pas trop où. Enfin, tu vois, c'est... Il y a plein de trucs comme ça que, en fait, ça m'a donné des... Littéralement... Ouais, j'étais pas indépendante avant. Enfin, tu vois, c'est tout ce truc-là. Ouais,

  • Speaker #0

    tu t'es trouvée, quoi. Ouais,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et ouais, voilà.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te considérais sportive à ce moment-là ? Est-ce qu'il y a eu un peu de temps pour te dire « Mais en fait, je suis quelqu'un de sportif » .

  • Speaker #1

    Non. En fait, le premier article que j'ai écrit, c'est « Ex pas sportive » . et même en l'écrivant, mais je ne suis pas vraiment en sportif. C'est pas un syndrome de l'imposteur, mais je me suis jamais considérée à proprement sportive, parce que pour moi, les sportifs, c'était vraiment des gens déjà qui étaient sculptés physiquement, qui étaient très musclés. Et dis-toi que même en faisant de la course à pied, j'étais quand même essoufflée quand je prenais les escaliers ou courir après mon bus le matin. Tu vois, j'étais quand même dans un état pas possible. Et sportif, j'identifiais vachement mon petit ami qui faisait du handball, qui s'entraînait tous les soirs, sous deux heures, qui faisait de la musculation. enfin, un niveau assez élevé et je me disais non mais moi avec mes 30 minutes par-ci par-là je peux pas être sportive encore aujourd'hui j'ai même du mal sur certains titres, je prépare le Halfman donc c'est un Ironman et des fois j'ai du mal à dire que je suis triathlète alors que pourtant je le pratique ce sport et même que je coach les gens des fois je me dis est-ce que vraiment ?

  • Speaker #0

    Ouais c'est ça Je te rejoins à 100% parce que même moi, je fais beaucoup de sport et j'ai beaucoup de mal à dire que je suis sportive. Et je pense que c'est très féminin aussi. Et du coup, je me demande à partir de quelle étape on peut se dire sportive. À partir du moment où est-ce que c'est une question de régularité, est-ce que c'est une question d'état d'esprit, de mental ? Je ne sais pas, selon toi, qu'est-ce qui fait une sportive ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est quand le sport est rentré dans ta personnalité, dans le sens où tu ne peux plus t'imaginer. une semaine, deux semaines sans faire du sport sans parler d'addiction au sport mais par exemple tu pars en vacances, tu fais pas de sport pendant une semaine ça te dérange pas mais c'est comme si t'avais un peu manqué quand tu rentres de vacances, comme si c'était devenu ton meilleur ami tu vois ?

  • Speaker #0

    et je me dis, ça doit être d'autant plus difficile de l'affirmer quand tu t'exposes sur les réseaux sociaux parce que je pense que dire je suis une femme sportive sur les réseaux sociaux, tu te prends un moment, tu l'as vécu

  • Speaker #1

    Bah écoute, alors bon, à l'époque, il y avait plus Twitter qu'Instagram. Et en fait, j'ai vraiment attendu 4-5 mois que ça soit vraiment ancré et que je fasse... Je crois qu'à l'époque, je faisais 7 kilomètres. Tu vois ? Et je me suis dit, bon, je fais 7 kilomètres, je pense que je peux commencer à en parler sur mon blog. Donc j'ai d'abord fait cet article qui a été... Je crois que ça a été une bombe à l'époque dans ma communauté. parce que j'ai reçu énormément de retours et j'y pensais pas en fait que ça pouvait être aussi positif j'ai eu très peu de retours négatifs je pense aussi parce qu'il ya beaucoup de femmes en fait j'avais pas d'hommes et c'est pas je veux pas faire une généralité mais c'est quand même beaucoup les hommes qui viennent te demander ah ouais tu es vraiment sportive mais est ce que tu sais faire ça est ce que tu sais est ce que tu connais ça l'entraînement enfin et pour le coup j'ai pas eu tu vois de retour négatif mais je me suis vachement protégé en attendant de me dire Anne, est-ce que tu peux arrêter la course à pied du jour au lendemain ? Et en fait, quand j'ai commencé à en parler, pour moi, la course à pied, c'était ancré et je me voyais plus exister sans. Et quand j'ai commencé la course à pied, je ne m'imaginais pas que même professionnellement, ça allait autant me modeler différemment, en fait.

  • Speaker #0

    Quand est-ce que tu t'es dit que ça allait être ? ton métier autour de ça ? Alors,

  • Speaker #1

    mon année de licence, c'était celle où, effectivement, que j'ai passé aux Etats-Unis. Et en fait, quand je suis re-rentrée en France, donc il fallait que je retourne à l'université, donc j'étais à Sciences Po. Et j'étais plus du tout la même personne. Et je pensais, avant, pour moi, le sport, c'était vraiment pour des personnes bêtes. Ouais, c'est ça. J'étais... Et je dis ça alors que j'étais en couple avec quelqu'un de très sportif. Mais pour moi, il y avait ce besoin d'intelligence, de profondeur qui était lié, je pense, à... à Sciences Po. C'est ça, Sciences Po, c'est très...

  • Speaker #0

    Intellectuel.

  • Speaker #1

    Intellectuel. Et en fait, pour moi, le sport, c'était quelque chose pas de superficiel, mais surtout quelque chose de pas profond qui n'apporte rien. Pour moi, c'était vraiment... C'était une perte de temps. Alors qu'en fait, quand je suis revenue en 4e année, pour moi, le sport, c'était devenu vital. Et pour le coup, c'est là où je suis repartie en dernière année, donc Master 2. Et c'est là où j'ai pu beaucoup plus intégrer le sport à mes études. Parce que là, le deuxième mémoire. Parce qu'on en refait à notre mémoire. Ça a été vraiment beaucoup plus sur le marketing sportif et comment les femmes sont intégrées justement à la féminisation du sport. C'était vraiment plus comme moi. Et c'est là où je me suis dit, c'est hors de question. Je ne peux pas travailler dans les sciences politiques et le marketing comme je l'imaginais avant.

  • Speaker #0

    Oui, tu as pris conscience de ça. Et justement, ces questions autour de la situation des femmes, notamment dans le sport, tu as pris vraiment conscience de ça en faisant du sport, en intégrant ce milieu-là ? Ou c'est des sujets déjà auxquels tu étais sensible avant ?

  • Speaker #1

    Alors non, je pense que c'est le sport qui m'a rendue féministe. et c'est vraiment le sport Pour le côté physique, parce que je me suis aperçue que globalement, même actuellement, les femmes sont celles qui pratiquent le moins le sport, qui sont le plus tenues, éloignées de la pratique sportive. D'une part à cause effectivement des changements hormonaux quand on est adolescente, mais aussi parce que la pratique est extrêmement masculine, façonnée par les hommes pour les hommes, tous les équipements sportifs, les compétitions. C'est pas aux Etats-Unis, donc quand j'ai commencé le sport, que je me suis pris ma première claque. Parce que pour moi, j'ai vu le sport vraiment comme un moyen de se réapproprier son corps, de se sentir mieux dans son corps. Mais moi, mon corps, il était dans la norme à l'époque. J'ai jamais eu ce décalage-là sur le regard que j'avais sur mon corps. Quoique j'avais vachement de complexes à l'époque, malgré ça. Mais aux Etats-Unis, il y avait tellement une culture du sport. Tout le monde fait du sport, quel que soit leur corps. J'ai pas eu cette claque que je me suis prise quand je suis rentrée en France. Je me suis inscrite à mon premier 10 km, où là, j'ai commencé à être, on peut le dire, emmerdée par des hommes. À Los Angeles, je ne me suis jamais fait embêter quand je courais, et je courais en brassière. C'est la première fois où j'ai commencé à acheter des leggings, alors que même à Los Angeles, l'hiver, il fait un peu froid, tu peux acheter un legging. Mais je n'ai jamais ressenti le besoin. Là, ce n'était pas parce que j'avais froid, c'était vraiment pour me cacher. Et même des fois, je commençais à stresser avant de sortir courir en me disant, mais est-ce que je vais me faire emmerder ? Et c'est là où j'ai pris conscience que... Je pouvais pas évoluer dans l'espace public comme je le souhaitais. Et c'est là effectivement que j'ai commencé à m'intéresser sur les problèmes des femmes et surtout sur le féminisme. Et c'est paradoxal que ce soit le sport qui me fasse rentrer dans le féminisme. Par une petite porte ! Et c'est là aussi où je me suis dit que le sport pouvait être un levier pour donner de la force aux femmes et surtout de la confiance en elles. Parce que moi je ne me sais plus du tout marcher sur les pieds. Quand quelqu'un me doublait dans une queue, avant je me taisais, alors maintenant plus du tout. Un homme qui me suivait ou qui venait m'emmerder dans la rue, je ne pouvais plus laisser passer. Et ça m'a transformée et je me suis dit, en fait le sport c'est un super pouvoir et j'aimerais le faire connaître aux femmes parce qu'on passe à côté de quelque chose à cause d'une barrière qui est des fois juste le corps. En disant, je ne suis pas à l'aise dans mon corps, je ne me vois pas faire du sport. Ou le temps, la charge mentale, plein de barrières auxquelles des fois on n'a pas conscience parce que justement on n'est pas éduqués au féminisme. Et je me suis dit, moi j'aimerais faire tomber ces barrières et éduquer les femmes pour qu'ensuite elles puissent s'approprier la pratique sportive.

  • Speaker #0

    Et justement, j'allais te demander comment est-ce qu'on peut agir concrètement ? Tu disais prendre confiance en soi, ça aide à dépasser ça. Mais est-ce qu'il y a d'autres choses qu'on peut mettre en place pour dépasser ça justement ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question, tu vois. Il n'y a jamais de bonne ou de mauvaise raison quand on débute de sport. Mais malheureusement, beaucoup de femmes se lancent dans le sport pour perdre du poids et remodeler leur corps avec des objectifs physiques ou même des objectifs de beauté qui sont malheureusement inatteignables. Parce que les réseaux sociaux font que moi, par exemple, je suis coach et je ne pense pas que des personnes lambda puissent atteindre mon physique dans le sens où elles n'ont pas autant de temps à consulter. C'est mon métier, et des fois, il faut être réaliste sur ça. Et je le répète à chaque fois que je partage quelque chose en disant « Mais moi, j'ai le temps, j'ai l'emploi du temps pour le faire. » Et malheureusement, beaucoup de femmes se lancent finalement dans cette quête, tu vois, qui est sans fin. En fait, on n'aura jamais le physique parfait parce que ça demande un entretien qu'on ne peut pas avoir. Et quand on débute comme ça, on continue des fois pour d'autres raisons. On vient attraper pendant la pratique sportive en disant « Ah, ça me fait du bien mentalement, je me suis déconnectée en fait aujourd'hui. » où mon corps, peu importe à quoi il ressemble, en fait, il est super fort, il est puissant, il me porte sur 30 minutes de course à pied. Est-ce que j'ai vraiment besoin de perdre ces cuisses-là ? Le problème, c'est qu'il y a un certain temps qui doit s'écouler entre j'aime pas mon corps, je galère, je transpire de partout, je suis essoufflée, à cette barrière qui tombe et qui devient du plaisir. Et c'est vrai que malheureusement, et c'est triste de dire ça, mais quand on se lance dans le sport, ça va pas être facile. En fait, il faut tout de suite se le dire et il faut se mettre plutôt dans un état d'esprit hyper bienveillant et patient en disant c'est ok. C'est ok de faire que 5 minutes de marche au lieu des 20 minutes de course à pied. C'est juste de s'accrocher, d'y aller régulièrement, de se donner rendez-vous. Moi, je dis toujours aux personnes que je coache ou même aux femmes que j'accompagne, c'est prenez rendez-vous avec vous. Quand vous prenez un rendez-vous chez le dentiste, pour vous c'est super important, vous allez dégager du temps pour ce rendez-vous chez le dentiste. Et bien pour le sport, il faut que ça soit pareil. Si on a prévu le lundi d'aller courir de 7h30 à 7h50, juste 20 minutes, on y va et on s'y tient. Et ça peut être que deux fois dans la semaine au début, mais juste se dire que c'est un rendez-vous pour nous et on le fait juste pour nous. Mais vraiment, quels que soient les objectifs, mais juste se dire qu'au lieu de se mettre la pression sur des objectifs, où on verra les résultats que dans plusieurs semaines, voire plusieurs mois, se dire, eh ben, pour ma séance, je vais y aller doucement, je vais m'écouter, et surtout, j'essaie de faire abstraction du regard des autres. Parce que je crois qu'il y a aussi cette peur du regard des autres quand on fait du sport. Alors, je vous assure que personne ne vous regarde. On est tellement plus préoccupés par ce qu'on fait soi-même que personne ne se juge. Et donc, on s'en fiche de se lancer et juste de faire changer la petite voix dans notre tête qui est souvent très très négative, qui va souvent vouloir nous dire reste sur le canabère, reste chez toi, de juste lutter et de changer son discours intérieur et d'avoir une voix qui nous encourage, qui est vraiment notre meilleure amie. Tu vois, quand je dis que le sport c'est notre meilleure amie, c'est qu'au bout d'un moment, le sport va t'aider à forger cette voix qui sera beaucoup plus positive et gentille avec toi. Et justement, créez-vous cette petite voix. Ça va être votre propre petit coach, on va dire. Et qui va vous dire, vas-y doucement, c'est pas grave. Et vraiment être bienveillant. Parce que je crois que c'est ce qui manque beaucoup dans le sport, c'est de la bienveillance. Parce qu'on voit beaucoup de personnes, ouais, no pain, no gain. Si t'as pas de courbature, c'est que t'as pas assez souffert. Alors que pas du tout, le sport, ça peut être aussi quelque chose de très doux et de très gentil.

  • Speaker #0

    En même temps, ça peut être quelque chose de très doux, très gentil. Mais tu disais aussi, le sport, c'est parfois difficile. Mais c'est vrai que c'est peut-être des choses que tout le monde ne montre pas. à toi, ciao ! À cœur, je pense de le montrer aussi sur tes réseaux que là, tu es en pleine prépa, ton dernier risque que tu as mis hier, c'est horrible. C'est ça aussi le sport. Pourquoi c'est important pour toi de dire que toi-même, si tu fais tant d'heures de sport par semaine, toi aussi tu galères en fait ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'en fait, le sport, ce qui est bien, c'est qu'on est notre propre juge et c'est nous qui choisissons l'intensité qu'on y met. Donc c'est pour ça que pour les personnes qui débutent, j'essaie de leur dire d'être gentille avec soi-même, d'être bienveillante et d'être doux. Ils vont faire face à beaucoup d'autres difficultés au niveau du cardio, difficultés au niveau musculaire, difficultés au niveau du squelette, et qui vont être vraiment très intérieures avec eux. Et ça peut être vraiment juste ces difficultés-là, quand on débute, c'est normal. Donc, je n'ai pas envie de tout de suite leur dire, mais le sport, ça peut être aussi de la grosse souffrance. Alors que, paradoxalement, plaisir et souffrir peuvent cohabiter dans une même séance. Et c'est ça que j'adore dans le sport, c'est que tu peux à la fois souffrir, Mais vous savez, pas dans le sens souffrir négativement. Et c'est ça qui est paradoxal.

  • Speaker #0

    C'est de te dépasser peut-être ?

  • Speaker #1

    On se dépasse, mais il y a quand même de la... C'est de la douleur maîtrisée. Oui,

  • Speaker #0

    volontaire.

  • Speaker #1

    Voilà, volontaire. Quand je vais faire mon fractionné, je sais que je vais sortir de ma zone de confort. C'est pas quelque chose d'agréable. On va se le dire. Mais ce qui est bien, c'est que c'est moi qui choisis de le faire. C'est vraiment moi qui me mets face à la difficulté. Et c'est moi qui vais me dire... je vais sauter l'obstacle. Et ça, c'est super important de se dire qu'on a le choix, c'est pas quelque chose qu'on s'impose, c'est pas quelqu'un qui nous l'impose de l'extérieur et qu'à tout moment, on peut débrancher et dire stop et rentrer chez soi. C'est pour ça qu'on est seul juge de la séance. Quel que soit son niveau, on peut se mettre dans une zone rouge et c'est agréable.

  • Speaker #0

    Mais ça, en fait, je me dis que ça marche aussi pour autre chose que le sport. C'est toujours inconfortable, ça fait toujours un peu mal de sortir de sa zone de confort. Et des fois, je me dis, en fait, sortir de sa zone de confort, c'est souvent pour des choses, c'est ça qui nous rend heureux finalement, même si sur le coup, c'est dur.

  • Speaker #1

    Ouais, je suis bien d'accord avec toi. Tu vois, quand je repense à mon année à Los Angeles, pour moi, c'est l'une des plus belles années de ma vie. Oui, vraiment. Et je veux dire, je pleurais à l'aéroport avant de prendre mon avion. Tu vois, j'étais hyper angoissée. J'avais, tu sais, ce nœud juste dans les poumons où tu as une anxiété. Et je pense que beaucoup de personnes s'imaginent que sortir de sa zone de confort, c'est se mettre en danger. Mais se mettre en danger, des fois, c'est ce qui va être le plus gratifiant parce qu'on va pouvoir vivre des choses qu'on n'aurait peut-être pas vécues en restant dans sa zone de confort. Et je crois que malheureusement, on est dans une époque où... Ça fait du bien de rester dans sa bulle. Et c'est pour ça que je rassure les gens en disant que vous pouvez aussi rester dans vos zones de confort quand vous faites du sport. En fait, les deux sont OK. C'est juste à vous de choisir.

  • Speaker #0

    Et tu arrives toujours à sortir de ces zones de confort parce que je me dis que ton corps quand même s'adapte au niveau sportif. Il faut que tu pousses vraiment de plus en plus loin pour sortir de ces zones de confort jusqu'où tu penses être prête à aller.

  • Speaker #1

    Alors, tu vois, je trouve que... À un moment donné, effectivement, j'étais dans cette optique du toujours plus loin, toujours plus fort. Et c'est vrai que dans le sport, tu as quand même une sorte de marge de progression qui est plus de volume, plus de vitesse, où c'est toujours plus. Et malheureusement, c'est vrai que le corps, contrairement, c'est un objet fini qui a ses capacités auxquelles on ne peut pas aller plus loin. Par exemple, en yoga, moi, mes hanches, elles ne s'ouvrent pas et elles ne s'ouvriront, je pense, jamais. Tu vois ? Mais je fais avec. mais par contre Je pense qu'il y a d'autres moyens de sortir de sa zone de confort qui ne sont pas forcément dans le côté brutal du sport, de la vitesse ou de la performance ou du volume. Ça peut être plus sur la technique. sur améliorer un geste, améliorer une foulée, améliorer un ressenti. Moi je le vois en triathlon sur la pratique de la natation, que aligner des longueurs c'est super, mais comment je veux les aligner ces longueurs ? Est-ce que je veux faire le geste le plus parfait possible, ou le geste le plus moche et qui va me coûter énormément en termes énergétiques ? Le sport c'est tellement multidimensionnel que... Quelle que soit la porte qu'on va ouvrir, on peut sortir de sa zone de confort sans forcément aller dans la douleur, sans forcément aller dans la vitesse.

  • Speaker #0

    Toi, tu dirais que tu es attachée à la performance. C'est important pour toi les stats, tout ça ?

  • Speaker #1

    À un moment donné, je pense que j'étais un peu rentrée dans le cercle vicieux des statistiques. Parce que c'est vrai que c'est motivant. Mais j'en suis ressortie. Heureusement parce que c'est quand même assez toxique comme pratique. et surtout quand je disais que le corps est quelque chose de fini, c'est que tu peux pas pousser, pousser, pousser ton corps au bout d'un moment en fait il va céder et d'ailleurs moi mon corps il a cédé j'ai eu une fracture de fatigue en 2017 et je crois que c'est à ce moment là où j'ai vachement repensé en fait ma pratique et j'en suis revenue grâce à cette fracture de fatigue et c'est pour ça que j'ai aussi envie de dire que même dans le négatif on peut sortir du positif et des leçons très importantes dans le sport et je pense qu'il faut sortir en fait des statistiques pour ne plus Merci. se dire que je suis obligée de courir à telle vitesse, je suis obligée de faire tant de kilomètres par semaine, sinon mon corps, je vais grossir, je vais ralentir, je vais perdre mes progrès. En fait, le corps, il a besoin de se reposer. Le corps, il peut fonctionner de manière cyclique, donc il a besoin pour s'adapter, pour progresser, il a besoin de se reposer. Donc en fait, c'est pas un escalier qui monte toujours, c'est plutôt un paysage montagneux.

  • Speaker #0

    Voilà. Tu parlais de ce côté cyclique et je me dis, d'autant plus quand on est une femme sportive, c'est peut-être quelque chose qu'on oublie, notamment dans le milieu de la performance, mais c'est un vrai impact d'être à l'écoute de son corps et toute la santé féminine, tout ça, c'est des choses dont tu parles aussi, c'est important pour toi, je crois.

  • Speaker #1

    Oui, justement, alors moi, tu vois, ça fait maintenant trois ans que je sais que je souffre d'endométriose et c'est vrai qu'au début, je pense que le sport m'a rendue plus à l'écoute de mon corps, d'une part. À cause de la peur de la blessure. Mais d'autre part, parce que tout ce qui est nutrition, sommeil, c'est là où tu vois qu'il y a un énorme impact sur ta pratique sportive. Et tu te dis, non mais si je ne mange pas assez bien. Et ça, c'est quelque chose qui est extrêmement féminin, de vouloir se restreindre, de compter les calories. Sauf qu'en sport, en fait, tu brûles les calories, mais aussi, tu as ton muscle qu'il faut entretenir. Si tu es trop fatigué, la science ne va pas exactement se passer comme tu le souhaites. Et en fait, t'es obligé d'être aussi attentive à ton alimentation, attentive à ton sommeil et aussi attentive en fait à ton cycle parce que tout est lié. Si tu manges pas assez, ben tu vas être fatigué donc peut-être que ton cycle menstruel va être encore plus te coûter et moi personnellement sur mon cycle menstruel, ben dès que je vois que je manque de sommeil, que je m'alimente pas suffisamment... je subis encore plus les symptômes, les variations hormonales. Et il faut se dire que c'est vrai que les hommes, ils n'ont pas le cycle menstruel en plus, mais que si on est vraiment à l'écoute de son corps, qu'on se dit « Ah, j'ai vraiment envie de chocolat » , mange-le en fait le chocolat. C'est pas si ton corps t'envoie ce signal-là, c'est pas par gourmandise. Des fois, c'est qu'il en a vraiment besoin. Besoin pour ses baisses, ses variations hormonales, mais aussi parce qu'il a besoin de plus de calories justement quand tu vas avoir tes règles. ou juste après, et c'est pas que lié au sport.

  • Speaker #0

    Tu l'as dit au début, le sport, ça a été mon médicament pour entrer dans le domaine de Kéos. T'as aussi dit pendant l'interview que ça t'avait permis de trouver ta voie. J'ai l'impression que ça a été vraiment une révélation pour toi. Comment est-ce qu'on pourrait inviter d'autres personnes à peut-être, je sais pas, s'essayer, et se dire que, tu vois, les personnes qui se disent, comme tu disais, le sport c'est pas pour moi, qu'en fait il y a peut-être quelque chose comme ça, un parcours, pas forcément comme le tien, mais similaire,

  • Speaker #1

    qui... Déjà, moi, forcément, c'était la course à pied. J'ai eu la chance de trouver direct la chaussure à mon pied. Et il y a beaucoup de personnes qui se lancent dans un sport, notamment la course à pied, parce que c'est vrai que c'est pas cher et que c'est accessible. On sort de chez soi, on peut pratiquer. Mais il faut trouver un sport qui nous fasse plaisir, un sport qui nous fasse du bien, pas que physiquement, mais aussi mentalement. Parce que si on traîne les pieds pour y aller, si ça devient une corvée, c'est sûr que c'est difficile de s'y attacher. et On peut trouver un peu, moi, ce que j'appelle des petites béquilles, c'est-à-dire pratiquer en groupe. Donc souvent, quand on est en groupe et qu'on se motive ensemble, ça nous permet d'y aller. Mais vraiment, je trouve qu'il faut prendre du plaisir et choisir quelque chose qui nous plaît et pas se dire parce que j'ai une amie qui fait de la course à pied, la course à pied, ça va me convenir. Des fois, ça peut vraiment être autre chose et ça peut prendre du temps de le trouver et c'est OK. Mais il faut juste continuer à essayer.

  • Speaker #0

    Tu disais, ça fait du bien mentalement et en plus tu l'as aussi prouvé Dans ton témoignage, tu pensais au départ que le sport, c'était tout dans les muscles, rien dans la tête. Et ça a pu faire du bien aussi sur ce point. Enfin, toi, tu l'as quand même dit, là, le sport, ça m'a rendu féministe. Mentalement, ça apporte intellectuellement. J'ai l'impression que ça peut aussi énormément apporter, finalement.

  • Speaker #1

    Je crois qu'on sous-estime vraiment le côté intellectuel du sport. Tu vois, maintenant, je regarde du football américain et je rentre vraiment dans les stratégies sportives du football américain. et je me dis mais attends... Il faut vraiment avoir un énorme cerveau pour faire du football américain. Le sport, ça te trouve vraiment sur des horizons auxquels tu n'aurais pas pensé. Et aussi, ça nous permet de nous enlever certaines, peut-être des œillères qu'on pouvait avoir, que ce soit sur la perception de son corps, mais aussi la perception de l'environnement. Tu vois, moi, ma pratique sportive, elle est extrêmement liée à la météo, à l'environnement, à l'état des chemins. Et en fait, tu te rapproches aussi de l'environnement. Parce que tu te dis, attends, si la planète se réchauffe et qu'il fait 40 degrés tous les étés là où je vis, je ne vais plus jamais pouvoir pratiquer mon sport pendant six mois de l'année, c'est énorme. Et tout ce qui est autour finalement du féminisme, c'est le corps, la place de la femme, comment elle est considérée, sa pratique, son accès au sport. C'est là où tu te rends compte que si le sport c'est un peu politique aussi.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    totalement. Et ça touche à tout. Et c'est pour ça qu'il ne faut pas se dire que le sport c'est que du physique, c'est aussi beaucoup, même plus limite. ce qui se passe dans notre tête.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que tu es une sportive engagée ?

  • Speaker #1

    Oui, tout sportif est forcément engagé. Malheureusement, tout sportif n'a pas sa voix. Beaucoup de sportifs qui sont un peu liés aux fédérations ne peuvent pas dire ce qu'ils pensent. Après, heureusement, il y a des sportifs qui prennent la parole et qui s'engagent. Ta pratique te met face à ces choses-là et tu ne peux pas dire, non mais c'est bon, c'est que du physique. Il y a forcément un peu de politique dedans.

  • Speaker #0

    En fait, je me dis que finalement, le sport, c'est un vecteur de déclic. Ah oui,

  • Speaker #1

    tout à fait.

  • Speaker #0

    Toi justement, pour toi, la définition du déclic, tu peux nous en citer un que t'as eu ?

  • Speaker #1

    Je pense que tu vois, le meilleur déclic que j'ai eu, c'est quand j'ai fait mon premier 10 km et j'étais toute seule dans un sas et j'étais pour la première fois confrontée à un comportement hyper misogyne d'un homme qui était derrière moi, qui faisait des réflexions. Et c'est là où j'ai eu le déclic en me disant mais c'est pas possible en tant que femme de prendre un dossard. Déjà, il a fallu que j'ai eu du courage pour prendre ce dossard et de me retrouver à ce point-là sexualisée et juste emmerdée dans ma pratique sportive. J'ai envie d'être libre. et c'est là où je pense que tu m'enverrais des clics en me disant il faut que je sois sportive et féministe parce que l'un ne peut pas aller sans l'autre.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Anne pour ton partage, est-ce que tu peux nous dire où est-ce qu'on peut te retrouver, redonner le nom de ton compte Instagram, ta chaîne YouTube ?

  • Speaker #1

    Oui, alors vous pouvez me retrouver sur Instagram, c'est Anne Dumdidou, D-U-B-N J'ai peut-être mal dit en début de parole. Alors ça ne te inquiète pas, ça ne me vexe pas du tout, c'est juste un pseudo et c'est Dumdidou. Ah ok ! Et sur Youtube aussi, parce qu'en ce moment je prépare le... Hapsman, et ça aussi c'est quelque chose qui m'énerve, de préparer une course où il y a juste man dedans alors que c'est une woman. Donc voilà.

  • Speaker #0

    C'est un prochain combat.

  • Speaker #1

    C'est un prochain combat, voilà, pour les noms de courses.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup et à très bientôt.

  • Speaker #1

    Merci, salut.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin ce déclic.

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