- Speaker #0
Rencontre, rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode. Vous écoutez le déclic de Dimitri Jozviki. Salut Dimitri. Salut. Comment tu vas ?
- Speaker #1
Ça va bien, merci.
- Speaker #0
Merci à toi de me recevoir chez toi, je suis ravie de te rencontrer, on n'est pas si loin en plus que tu es à Lille toi aussi. Je vais commencer par te présenter à nos auditeurs et auditrices qui ne te connaissent pas. Dimitri, tu es sprinter en e-sport, tu pratiques le para-athlétisme et plus précisément tu cours sur les épreuves de 100 mètres. L'espoir est entré dans ta vie quand tu avais environ 7 ans, c'est ce que j'ai lu, une passion que tu as tout de suite partagé avec ton frère jumeau. Assez jeune, tu te fais remarquer lors des championnats du monde et d'Europe, tu termines ta première finale paralympique en 2020 lors des Jeux Olympiques de Tokyo. 4ème place et depuis cet été les JO tu es devenu le 5ème homme au monde dans ta catégorie à passer sous la barre des 11 secondes au 100 mètres ça claque dit comme ça ça c'est ton palmarès sportif mais avant ça il y a eu bien sûr tout un cheminement et à côté de ça dans la vie aujourd'hui tu es aussi ergothérapeute tu t'investis également beaucoup que ce soit dans le cadre de ton travail ou autre dans la sensibilisation au handicap tu fais beaucoup de conférences tu nous en parleras aussi au cours de cet épisode et Avant, j'ai envie de revenir sur ta rencontre avec le sport. Comme je le disais, tu as commencé le sport en famille avec ton frère jumeau. Vous avez pratiqué ensemble le foot d'abord, je crois. C'est ça. Et après le rugby, puis tu as été contraint d'arrêter quelques années plus tard après le diagnostic de ton handicap. Alors, est-ce que tu peux nous parler un peu de cette découverte de ton handicap ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Alors, effectivement, je suis atteint d'une tétraparésie, une paralysie parcelle des quatre membres, qui fait partie de la famille des infirmités motrices cérébrales. Elle va me contraindre, cette paralysie cérébrale, dans la vie quotidienne, sur tout ce qui est motricité et dextérité au niveau des membres supérieurs. Et dans la pratique sportive, elle va me contraindre par un déficit d'amplitude articulaire, qui est lié à la spasticité, qui concrètement, en gros, est la tendance du muscle à revenir en flexion quand je lui demande une extension. Donc, je vais... être contraint dans le sprint par exemple à avoir des foulées qui sont réduites, je vais me fatiguer musculairement plus vite, je vais me crisper, je vais aussi avoir des petits soucis de coordination et tout ça pour faire 100 mètres, forcément mis bout à bout c'est un peu plus embêtant. Donc ça me permet de rentrer dans la catégorie T38 en para-athlétisme et donc ce diagnostic de la pathologie, il n'a pas été évident parce qu'en fait c'est un handicap moteur mais qui est invisible et c'est assez contre-intuitif et donc on est passé avec mes parents par un parcours de diagnostic qui a été assez long. environ 2-3 ans je dirais. Tantôt j'étais myopathe, tantôt j'avais une maladie génétique rare pour qu'on finisse par découvrir entre grosses guillemets que je n'avais qu'une tétraparésie partielle.
- Speaker #0
Et est-ce que du coup quand on t'a diagnostiqué, il n'y a pas eu un moment où tu t'es dit bon bah le sport c'est fini totalement ?
- Speaker #1
Non pas du tout, au contraire j'ai toujours fait du sport, mon père a toujours pensé que le sport était un vecteur d'entretien des capacités restantes, alors il ne l'a pas formalisé comme ça. Il a toujours pensé que c'était un facteur hyper important pour l'épanouissement personnel, pour le développement, etc. Il n'y avait pas de question si Rémi faisait du sport, moi je faisais du sport. En fait, on a toujours fait de façon adaptée quand il fallait, et puis sinon je me suis toujours fondu dans la masse pour pratiquer.
- Speaker #0
Est-ce que tu avais déjà, avant la découverte de ton handicap, cette envie d'en faire au niveau pro, ou c'est venu après ?
- Speaker #1
C'est venu qu'après. Je t'avoue que quand je pratiquais avec les valides et que je n'avais pas conscience que mon handicap était assez important pour faire du parasport, parce qu'il y a eu ça aussi, j'ai commencé le sport en connaissant mon diagnostic. Pour autant, ce n'est pas comme ça que ça a démarré le parasport. Personne ne m'a jamais dit que je pouvais faire du paralympique. Mon papa l'avait déjà évoqué et moi, je pensais que je n'avais tout simplement pas ma place. Et ce n'était pas un problème d'acceptation de mon handicap ou quoi que ce soit, ni un problème de déni. Je pensais que c'était réservé à des handicaps qui étaient plus lourds. Puis en 2016, il y a eu un déclic. J'ai rencontré un coach qui est kiné du sport et avec qui, au détour d'une conversation, on évoque mon handicap. Et là, il me dit « Mais attends, je connais le médecin classificateur. » Alors, ce sont les médecins qui nous classent dans des catégories de handicap. Français, sur le domaine du parathlétisme, il était directeur de la faculté de kinésithérapie à Nancy. Puis j'ai rencontré ce monsieur qui m'a dit que j'avais ma place en paralympique. Et c'est comme ça que ça a commencé en 2016 avec mon premier titre de champion de France. Mais avant ça, personne ne m'en avait jamais parlé, je ne l'avais jamais vu à la télé. Je ne m'étais jamais senti représenté ou je ne m'étais jamais reconnu en aucun athlète qui avait la même situation que moi. Donc, fort de ça, quand j'ai eu la chance de pouvoir être médiatisé et puis de pouvoir porter le message de l'inclusion par le sport, j'en ai fait un de mes chevaux de bataille, on va dire.
- Speaker #0
Je sens que tu as un regard très optimiste sur tout ça. Justement je me demande quel regard tu as... Toi, sur ton handicap, quel rapport tu as avec ça ?
- Speaker #1
Moi, j'ai un rapport qui est plutôt sain avec mon handicap, mais parce que j'ai eu la chance d'être soutenu, d'avoir grandi sur un socle familial stable et aidant, et aimant aussi. Quand on a découvert mon handicap, en fait, mon premier diagnostic, il a été fait en C. par une professeure des écoles qui disait que j'étais un enfant feignant. Donc quand des médecins m'ont expliqué qu'en fait j'étais pas feignant mais j'étais juste malade ou que j'avais un handicap, tout du moins ça m'a soulagé. Mes parents comme le corps médical a toujours su m'expliquer, alors dans un premier temps avec des mots d'enfant, quel était mon handicap. Donc comme j'ai su l'expliquer aussi à mon tour à mes camarades de classe ou aux gens qui étaient autour de moi, je l'ai pas vraiment mal vécu. parce que je comprenais ce qui m'arrivait et pour autant je n'en faisais pas une excuse absolue de continuer de rien faire ou de ne rien faire tout court.
- Speaker #0
On a parlé de tes barrières physiques, est-ce qu'il y a aussi des barrières mentales contre lesquelles tu te bats au quotidien ?
- Speaker #1
Oui, il y a forcément des barrières mentales. On est tous et toutes capables de se faire du mal physiquement pour atteindre un objectif, qu'il soit sportif ou non. Par contre, là où ça va devenir compliqué, ce qui fait la différence entre le haut niveau, le très haut niveau et le très très haut niveau, c'est la capacité mentale. à supporter déjà la charge d'entraînement, tout ce qui implique cette vie monacale de sportif de haut niveau, tout ce qui implique les victoires, les défaites, tous les à côté en fait, parce qu'on a souvent tendance à se concentrer sur le côté brillant, sur les 11 secondes qu'on voit à la télé de ma course, mais en réalité c'est toute une vie de sacrifice. Quand je quitte l'entraînement, je ne dépointe pas. Quand je suis chez moi, je suis encore athlète. Quand je mange dans mon assiette, je suis encore athlète. Quand je vais me coucher tôt, je suis encore athlète. Et je suis athlète dans tout ce que j'impose à mon entourage, parce que C'est mon entourage qui fait vraiment les sacrifices parce que je fais un sport individuel dans lequel je suis évalué réellement tous les 4 ans sur 11 secondes. Il n'y a rien de plus égoïste au monde, alors que j'espère ne pas l'être dans la vie quotidienne. Mais en tout cas, tout ça, psychologiquement, il faut le supporter. Cette charge mentale, bien évidemment, il y a des très hauts, mais il y a des très bas. Et le juste milieu, il est difficile à trouver, voire même il n'y en a pas. Aujourd'hui, j'ai pu l'accompagner en préparation mentale. J'ai pris énormément de recul aussi par rapport à ce que je faisais, l'importance de ce que je faisais, le sens que j'y mettais aussi, parce qu'autant on peut être animé par l'envie de gagner des médailles et être nourri que par ça, ça sert aussi à apporter des valeurs et notamment de pouvoir, par l'intermédiaire de médias, promouvoir le parasport, promouvoir la santé physique, la santé mentale, l'accès aux études pour les personnes en situation de handicap, l'accès au travail pour les personnes en situation de handicap. Finalement, quand on tire le fil, il y a plein de messages à faire passer à travers du parasport. Et si le parasport permet de mettre le mot « performance » à côté du mot « handicap » , il n'y a pas de raison que je sois un para-athlète performant et que je ne puisse pas être un étudiant performant, un employé performant, un papa performant, une maman performante. En fait, mon handicap ne me définit pas.
- Speaker #0
Je voulais justement revenir sur cette phrase qui a pas mal tourné dans la presse où tu disais « quoi qu'il arrive, je mettrais le mot « performance » à cause du mot « handicap » là où c'est souvent associé à « déficience » . C'est quelque chose que tu constates souvent, ça ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Le fait qu'on soit résumé à nos déficiences, on le constate tous et toutes dans notre quotidien. Pourquoi quand on demande à une personne d'imaginer une personne associée à un handicap, souvent, elle va imaginer une personne en fauteuil qui ne peut pas bouger, qui ne peut rien faire, alors qu'en fait... Déjà, ça ne concerne que 3 à 5% des personnes en situation de handicap, les personnes en fauteuil, et 80% des handicaps sont invisibles. Donc c'est stigmatisant non seulement pour les personnes en fauteuil, et ça l'est tout autant pour nous, atteindre le handicap invisible, parce que du coup on est un peu oubliés. Pour autant, dans la société, quand tu vas aux toilettes, le logo c'est un fauteuil, quand tu vas sur une place de parking, le logo c'est un fauteuil, quand tu vas à la caisse, de temps en temps c'est une femme enceinte, mais souvent c'est un fauteuil. Et donc il y a énormément d'images comme ça à casser dans la société. Parce qu'on est souvent défini par nos déficiences avant même d'être défini par les personnes qu'on est. Cette personne peut être gentille, méchante, travailleuse, feignante, agréable, pas agréable, ça ne définit rien la personne. Tout comme les lunettes que porte une personne déficiente visuelle, que vous portez tous et toutes au quotidien d'ailleurs, qui sont les témoins d'une déficience visuelle, ne vous définissent pas. Pour autant vous portez une nette technique sur le bout de votre nez toute la journée et personne ne vous définit en fonction de ça. Alors pourquoi on ferait pareil avec un fauteuil roulant qui est aussi en soi une nette technique ? La seule chose qu'elle compense, c'est la marche. C'est pour ça que je mets un point d'honneur à bien décloisonner aussi la notion de handicap. En fait, le handicap, il est avant tout situationnel et induit par l'environnement, avant même d'être induit par une déficience. Exemple tout bête, un papa ou une maman avec une poussette en bas des marges d'escalier dans le métro, elle a la même situation de handicap qu'une personne en fauteuil devant ses mêmes marches, qui est « je ne peux pas monter les marches » . C'est pour ça que c'est important pour moi de décloisonner un petit peu tout ça, de déculpabiliser les gens aussi par rapport à cette image, parce que c'est la société qui la renvoie. Mais une fois qu'on a pris conscience de ça, c'est à nous aussi d'agir pour que demain, le handicap d'une personne ne soit plus sa caractéristique majeure.
- Speaker #0
On a parlé de ton handicap, j'ai aussi envie qu'on parle de ton sport, le sprint. Pourquoi tu as choisi cette discipline-là ? Qu'est-ce qui te plaît tant que ça dans le sprint ?
- Speaker #1
J'avais commencé par le rugby avec Rémi. Effectivement, on a dû arrêter du fait de mon handicap. et on avait des qualités de vitesse à l'époque, on était liés. Et puis à ce moment-là, on est en 2010, Christophe Lemaitre gagne un triplé au championnat d'Europe. On se reconnaît en fait dans son parcours et on a envie de s'y mettre. Le sprint devient notre discipline. Pourquoi le sprint en particulier ? C'est la qualité de vitesse qu'on avait en premier lieu, mais aussi parce que j'aime bien cette notion de faire un sport qui est mesuré et mesurable. C'est-à-dire que demain, si je fais 10,99, même si je perds la course et que je bats mon record, je suis quand même meilleur que la veille. Alors qu'au foot, même si vous avez fait un très bon match, vous avez marqué deux buts, si vous perdez 3-2, vous perdez 3-2. Donc c'est hyper intéressant dans la notion de progression, dans la notion de remise en question. parce que quand tu te loupes, tu n'en veux qu'à toi-même. Par contre, quand tu réussis, tu es très fier de toi. Et j'aime bien cette idée de pouvoir mesurer l'effort, de pouvoir mesurer le progrès aussi et de pouvoir se battre soi-même. Finalement, le 100 mètres, c'est un peu... À chaque fois, essayer de dépasser un petit peu sa condition, essayer de dépasser un petit peu nos limites. Et c'est un peu ce qu'on fait au quotidien. En tout cas, moi, ce que je fais au quotidien, de par ma situation de handicap ou non, d'ailleurs.
- Speaker #0
Mais il n'y a pas un côté un peu frustrant ? Ce que tu disais tout à l'heure, souvent ça nécessite des années d'entraînement pour quelques secondes, le ratio est quand même assez faible. Ce n'est pas frustrant ?
- Speaker #1
Pas tellement. En fait, ça fait partie du jeu. C'est-à-dire que si demain, ça ne me plaît pas, je me mets au 1500 mètres et je vais faire quelques tours de terrain et au moins, je prendrai du plaisir plus longtemps sur la piste. Moi, ce que j'aime bien avec le 100 mètres, c'est ce côté très animal, très instinctif, très... coq de basse-cour que je ne suis pas du tout dans la vie de tous les jours, mais j'aime bien cette idée de pouvoir purger sa catharsis comme ça sur 11 secondes. Alors oui, c'est violent de le faire tous les 4 ans pendant 11 secondes et de remettre en question autant d'années de préparation sur une seule course, mais c'est aussi ce qui fait le spectacle du 100 mètres. C'est aussi pour ça que c'est la discipline reine des Jeux Olympiques et Paralympiques. C'est aussi pour ça que dès que je dis à quelqu'un que je suis sprinter sur 100 mètres, la réaction c'est « Ah ouais, waouh ! » C'est parce que il y a toute une symbolique aussi. dans l'inconscient collectif et au niveau culturel des sprinters sur 100 mètres je trouve que cette partie qui est effectivement de prime abord et frustrante fait aussi la beauté de ce sport là c'est tout justement l'enjeu on parlait tout à l'heure du côté mental soit tu prends le côté je suis un coq de basse cour donc j'aime bien aussi ce côté très entertainment du 100 mètres ça dure pas longtemps, t'entends un coup de pistolet tu pars, tu vois une ligne, tu t'arrêtes euh
- Speaker #0
C'est un spectacle en fait. C'est un spectacle.
- Speaker #1
Et puis n'importe qui qui ne connaît pas le sport. Tu vois, par exemple, le rugby, moi, c'est un sport que j'adore. Mais il y a énormément de gens qui sont freinés par le rugby parce qu'ils adorent les valeurs, etc. Mais ils ne comprennent pas les règles. Il y a tellement de règles, c'est compliqué. Là, pas compliqué. C'est le premier arrivé au bout, il a gagné. Et du coup, n'importe qui qui se pose devant le 100 mètres, même un enfant qui n'est pas capable de parler, il peut comprendre le but. Et je pense que c'est ça aussi qui plaît aux gens. c'est ça aussi qui fait que c'est un sport qui est aimé et connu de tous. Parce qu'il y a le côté dépassement de soi, le côté l'homme le plus rapide du monde, mais il y a aussi et surtout le côté c'est facile à comprendre. Les personnes, de façon générale, elles aiment les courses. Les courses de chevaux, les courses de chiens, les courses d'êtres humains. Elles aiment bien ce truc de qui va gagner, qui court le plus vite. Donc il y a tout cet inconscient collectif qui participent aussi à l'amour que j'ai pour ce sport-là.
- Speaker #0
Je me dis que tu dois aussi prendre du plaisir dans toute cette partie préparation, entraînement qui dure des années. Je me doute qu'il y a des semaines où c'est plus une contrainte que d'autres, mais ça c'est pour tous les sportifs, tous les sports. Mais je me dis que tu dois quand même t'épanouir là-dedans aussi au quotidien, sinon tu ne le ferais pas que pour la compétition.
- Speaker #1
tout à fait effectivement moi je suis compétiteur j'adore gagner des médailles, je me nourris de ça il n'y a pas de soucis tout le chemin effectivement qui mène à cette performance là, à ce niveau de performance il est aussi important pour moi C'est aussi un chemin de développement personnel parce que dans tous les sports, mais en athlétisme qui est un sport très ingrat, la remise en question est quotidienne. Et surtout, comme c'est un sport qui est chronométré, tu ne peux pas te reposer sur tes acquis parce que progresser, c'est battre son record. Donc, tu es obligé toujours de faire mieux et la prochaine étape, c'est toujours de battre ton record. Et donc, c'est super important de trouver du sens aussi à ce qu'on fait parce que moi, mon taf sur la dernière année de préparation, c'était de gagner un centième de seconde par mois. pour arriver à environ aux alentours de 11.00, 10.90 au jeu pour espérer une médaille. Je ne me trompais pas, elle s'est gagnée en 10.99. Donc ça, c'était mon métier pendant plus d'un an, un an et demi, je dirais, entre le moment où j'étais capable de le faire et le moment où je l'ai réalisé. Et en fait, se lever tous les dimanches matin, quand il fait 8 degrés pour aller faire des côtes et tu sais que tu vas vomir, enfin, il faut... Vraiment, il faut aimer ce que tu fais. Et puis, il faut aussi donner du sens.
- Speaker #0
La discipline aussi. Oui,
- Speaker #1
après, c'est une notion de discipline, mais il faut y donner du sens. Et je t'avoue, des fois, même la discipline, tu te dis, je resterai bien dans mon lieu. Mais après, quand tu le fais, parce que tu défends des valeurs, parce que ça permet aussi de promouvoir le parasport, parce que ça permet à d'autres gens de dépasser leurs conditions, ça motive aussi, ça met du sens à chaque centième de seconde que tu gagnes. Donc, je dirais que c'est plutôt un ensemble. Ce n'est pas que lié au dépassement de soi. Ce n'est pas que lié au plaisir de courir vite. c'est lié à tout un ensemble de choses qui font que le parcours à la fin, il est intéressant, en tout cas c'est la façon dont j'ai envie de mener mon parcours à moi.
- Speaker #0
On a beaucoup parlé de ta vie de sportif, on n'a pas encore parlé de ta autre activité professionnelle, ton métier d'ergothérapeute. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu ce que tu fais et quel lien peut-être tu fais aussi avec ta vie de sportif justement ?
- Speaker #1
Alors moi je suis ergothérapeute, c'est ma première passion. Alors pour ceux qui ne connaissent pas l'ergothérapie, c'est une médecine de rééducation, de réadaptation axée sur l'activité humaine et sur l'autonomie. L'idée, c'est de prendre une personne en perte d'autonomie. Ça peut être une personne âgée, une personne à 60 ans, handicap moteur. Ça peut être les enfants, ça peut être en psychiatrie, ça peut être un peu partout. Et l'idée, c'est de relier cette personne à son environnement, aux activités qu'elle pratique, avec ses capacités, pour qu'elle puisse devenir la plus autonome possible. Donc dans l'idée de lui apprendre à faire autrement ou faire comme avant, quand c'est possible, de façon à ce que la personne puisse être la plus épanouie possible et avoir la meilleure qualité de vie possible. concrètement l'ergothérapie c'est ça. Ensuite moi j'ai eu la chance de le faire dans le cadre d'une convention d'insertion professionnelle qui est une convention signée entre le ministère des sports, ma fédération et mon employeur qui permet en fait de libérer du temps sur mon temps de travail pour pouvoir aller à l'entraînement, partir en stage, en compétition etc. Sinon par ailleurs je travaille en entreprise et on a une mission qui est très très spécifique quasiment taillée sur mesure pour le mode de vie que j'ai actuellement donc tant mieux pour moi. c'est qu'on a une mission de veille thérapeutique. Alors nous, on est axé sur les nouvelles technologies et le numérique dans le but que n'importe qui, en situation de handicap ou non, puisse avoir accès à son PC, à une console de jeux vidéo, à son poste de travail, à la parole parfois, pour celles et ceux qui ne peuvent pas, ils peuvent communiquer avec des tablettes. Et nous, l'idée, c'est de veiller à tout ce qui se fait dans ce domaine-là, dans toutes les nouvelles technologies, etc. On parle beaucoup d'intelligence artificielle aujourd'hui. On prête aussi du matériel. Et bien évidemment, on les accompagne aussi sur la mise en place du matériel quand c'est compliqué. On fait de la formation, forcément aussi. Et c'est à peu près tout.
- Speaker #0
Tu as la rivière passionnée et engagée dans ton travail. Ça a l'air de prendre beaucoup de place pour toi. Est-ce que tu serais prêt à renoncer à cet aspect-là de ta carrière pour te consacrer uniquement au sport ? C'est important pour toi d'avoir l'équilibre entre plusieurs activités ?
- Speaker #1
Alors, il y a forcément un moment donné où je vais devoir revenir à mes premiers amours et qui est l'ergothérapie à 100% parce que ma carrière de sportif de haut niveau, elle, elle ne va pas durer jusqu'à 62 ans. Pour autant, il va falloir que je continue de vivre à côté. J'ai des sponsors, etc. Mais aujourd'hui, ça ne me permet pas de vivre pleinement de ma passion qui est celle du sport. Donc, je suis obligé de concilier les deux. Donc, aujourd'hui, j'ai la chance de pouvoir faire les deux. C'est très dépendant de mon niveau. Cette CIP dont j'ai parlé, elle est possible que parce que je suis sur liste ministérielle. Demain, si je ne participe pas à la finale des championnats du monde, par exemple, je n'atteindrai pas cette liste. Et chaque année, les critères d'accès à la liste se compliquent. Et donc, à un moment donné, je vais devoir reprendre l'ergotherapie. C'est pour ça aussi que, par ailleurs, j'ai développé une autre activité, qui est celle de conférencier, pour justement sensibiliser les personnes à toutes les thématiques qu'on a évoquées ensemble, notamment sur l'inclusion des personnes en situation de handicap, sur la notion de résilience, parce que j'ai un parcours sportif qui est jalonné de blessures et de grosses épreuves dont je suis revenu. L'idée, c'est de partager la façon dont je suis revenu de ces épreuves et comment les gens peuvent l'appliquer à leur quotidien ou bien même dans le monde de l'entreprise, par exemple. Et donc, l'idée, c'est aussi de mettre en avant les valeurs du sport de haut niveau au regard des entreprises et des activités qu'elles font. Et on pourra, j'espère, construire la société de demain, la société plus inclusive. J'ai bon espoir pour les générations futures. J'espère qu'un enfant qui a vu les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, qui sera un... Un futur ingénieur, un futur chercheur, un futur professeur, un futur recruteur peut-être, qu'importe le métier qu'il fera. J'espère qu'il aura en tête ce qu'il a pu voir pendant les Jeux paralympiques, qu'il aura déconstruit la notion de handicap. C'est utopiste, on dit comme ça, mais j'espère que les Jeux paralympiques et que le sport permettent de décloisonner un petit peu tout ça, d'enlever les tabous autour de la question. On a passé le temps de mettre les gens de côté parce qu'ils sont de telle ou telle origine, de tel ou tel milieu social, handicapés, pas handicapés. Je pense qu'on est capable aujourd'hui de vivre ensemble. Et on est largement capable de prouver aussi que ça ne dit rien de nous, tout simplement.
- Speaker #0
Ce podcast, il s'appelle Le Déclic. Et j'ai l'impression que toi, ta mission, c'est un peu d'engendrer des déclics dans la vie des gens, pour que le regard change. Et si justement, toi, tu devais nous parler de ton déclic, ton plus gros déclic, peut-être en lien avec le sport, mais pas forcément. Tu dirais que c'est quoi, si on a eu un en particulier ?
- Speaker #1
Mon plus gros déclic, c'est cette rencontre avec ce coach qui m'a dit « Écoute, Nîmes, tu peux être athlète par olympique. » Pourquoi c'est un déclic ? Parce qu'en fait, j'avais aucun problème d'acceptation de mon handicap. Je le vivais très bien. Je suis à l'époque étudiant en ergothérapie, donc censé être professionnel de l'activité humaine. Le sport en fait partie et je suis ignorant de ce milieu du parasport. Et ça a été un véritable déclic pour moi de savoir que j'y avais ma place. Et aujourd'hui, ça me permet de courir dans les plus beaux stades du monde, de faire passer des messages. Et voilà, ça a été un véritable déclic parce qu'aujourd'hui, ma vie tourne autour de ça. J'en suis très fier et très heureux et je suis très épanoui dans cette vie-là. Je suis content d'avoir pu rencontrer ce coach, Julien, que je salue s'il nous écoute et qui a changé ma vie, tout simplement.
- Speaker #0
Je pense qu'on peut terminer sur ça. Est-ce qu'avant tout, tu peux nous redire aussi où est-ce qu'on peut te suivre ou est-ce qu'on peut te contacter pour les personnes qui s'intéressent ?
- Speaker #1
Vous pouvez me contacter professionnellement parlant sur LinkedIn, si jamais vous avez besoin, ou par mail sur dimjos.com. Et sur les réseaux sociaux, c'est dimjos, D-I-M-J-O-Z, parce que Dimitri Josviki, c'est dur à orthographie. donc je vous simplifie la tâche c'est les trois premières lettres de mon prénom les trois premières de mon nom de famille tout collé donc sur Instagram TikTok j'essaye de m'y remettre je vais essayer de partager la vie d'un sportif de haut niveau j'ai essayé avant les Jeux mais ça m'a pris trop de temps là j'ai un peu plus de temps je vais essayer vous pouvez me suivre sur tous les différents réseaux et bah écoute merci beaucoup merci pour ton partage c'était très inspirant avec grand plaisir à bientôt à bientôt si
- Speaker #0
cet épisode vous a plu n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous Qui sait ? Il n'est peut-être pas si loin, ce déclic.