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ADN D'ATHLÈTE, l'esprit sport

Le déclic de Killian Touel (traceur)

Le déclic de Killian Touel (traceur)

19min |26/07/2023|

1912

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19min |26/07/2023|

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Description

"Sauter dans le vide, ce n'est pas que dans les films". Cet épisode aurait pu être enregistré depuis les toits de Paris, mais, mon invité s'est montré plus classique cette fois, sur le lieu de rendez-vous. C’est donc au jardin des Tuileries à Paris que je rencontre Killian Touel, créateur de contenus et traceur. C’est comme cela que l’on appelle les pratiquants de son sport : le parkour. Ce que j’ai voulu savoir  ? Pourquoi il a choisi ce sport et ce qu’il se passe dans sa tête quand il le pratique et trace son chemin. Mais dans cet épisode, on ne parle pas que de parkour. On aborde aussi le rapport au danger, le fait d’oser se lancer et de comment on peut prendre soin de son corps et de sa tête pour faire du parkour, mais pas que…

📲💻 Retrouvez Killian Touel sur Youtube, Instagram, TikTok ou sur LinkedIn.

💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.

🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Qui sait… Vous tomberez peut-être, vous aussi, sur un déclic.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre,

  • Speaker #1

    rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur cet épisode. Vous écoutez le déclic de Kylian Tuel. Salut Kylian, ça va ? T'es en forme ?

  • Speaker #0

    Salut Manon, ça va, ça va.

  • Speaker #1

    Petite nuit je crois.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Alors on s'est rendonné rendez-vous dans un jardin à Paris mais en fait ça aurait pu être en haut d'un toit.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Si on se retrouve à Paris c'est parce qu'aujourd'hui c'est ta ville depuis peu, une semaine, t'es encore dans les cartons c'est ce que tu me disais. Paris c'est une ville que tu aimes et que tu vas continuer de découvrir vue d'en haut. Kylian tu as 30 ans, tu viens de Besançon et j'ai lu que tu parlais de toi comme d'un mec qui saute partout.

  • Speaker #0

    Ouais c'est ça. Paris, je connais depuis un moment déjà, mais c'est vrai que là, ça y est, j'ai enfin posé mes valises, ce qui va me permettre de mettre au jour des projets un peu plus conséquents, un peu plus gros, et puis vraiment d'optimiser cette carrière que j'entreprends depuis maintenant deux ans.

  • Speaker #1

    Tu pratiques le parkour. Le parkour, c'est un sport dans lequel on fait de l'espèce urbain son terrain de jeu, son terrain de pratique. C'est un enchaînement de sauts, de franchissements d'obstacles, d'escalades, mais tu définiras plus tard mieux que moi ce sport. Tout ça, toi, tu le partages sur les réseaux sociaux. C'est ce que tu as toujours voulu, d'ailleurs, vulgariser et faire connaître ce sport, transmettre son esprit. Tu as d'ailleurs commencé à le faire il y a un moment en créant une association quand tu vivais encore à Besançon. Pour revenir à tes partages...

  • Speaker #0

    J'ai plus rien à te dire, en fait.

  • Speaker #1

    Bah ouais ! Si, si, t'inquiète pas, j'ai plein de questions. Pour revenir à tes partages et à ta communauté sur les réseaux sociaux, tu publies aussi des petits scénarios, des fictions dans lesquelles tu te mets dans la peau de personnage. C'est peut-être anodin pour toi, mais j'ai aussi vu que tu avais participé à Ninja Warrior. Bref. Est-ce que tu ne vivrais pas un peu dans un film finalement Kylian ?

  • Speaker #0

    J'adore, ton introduction elle est parfaite ! D'ailleurs je crois que sur une de mes plateformes, justement ma bio c'est les sauts de toi en toi c'est pas que dans les films. Et j'adore cette façon de le dire, c'est totalement ma philosophie. Tu vois l'être humain, on plonge en plein dans le cœur du sujet là, mais l'être humain il est accro à ce canapé sur lequel il va pouvoir mater des images dans lesquelles tout le monde saute de toi en toi avec des explosions derrière etc. Et tu vois en fait... Il peut plus le faire lui-même aujourd'hui Et en fait du coup il est obligé de le regarder dans des fictions C'est par procuration quoi,

  • Speaker #1

    on le dit par procuration

  • Speaker #0

    Ouais voilà, en gros tout le monde aime ça, tout le monde aime l'action, tout le monde aime l'aventure Mais personne n'ose Ouais Tu vois, et au final on oublie qu'un film c'est la réalité Il y a réellement un tournage avec ces choses qu'on voit dedans C'est juste que c'est fait sans risque parce qu'on contrôle tout Mais c'est savouré que lorsque le spectateur croit que c'est vrai Tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    Ouais carrément

  • Speaker #0

    Moi ce que je fais aujourd'hui C'est que j'essaye de rester un enfant dans un corps d'adulte en fait, j'essaye de garder cet âme d'enfant. Quand on est gamin, on voit quelque chose, on est dans un parc, je prends l'image du parc pour qu'on est dans un parc aujourd'hui. S'il y a une zone du parc qu'on n'a pas explorée, là c'est pas possible. Il faut qu'on y aille, on court, on y va, on s'en fout de ce qui peut nous arriver, de si on a le droit ou pas de le faire, on y va, on fonce tu vois. On marche dans la rue, on croise une barrière, qu'est-ce qu'on fait ? On met les doigts dans la barrière. En fait, il faut tout qu'on teste, il faut tout qu'on touche. Et ça, je pense pas que ça s'en aille vraiment. Je pense que c'est écrasé par le reste quand on grandit. Et voilà, moi je tente malgré tout de conserver tout ça. Moi j'essaye de rester un petit peu maître de ces émotions passées, de les garder, de les conserver, d'explorer, de jouer, de m'amuser, tout en gardant le contrôle sur mon corps en fait.

  • Speaker #1

    Ça justement tu le fais en partie avec le parcours. Comment est-ce que tu as rencontré ce sport et que tu t'es dit, bon ça ça y est, j'ai trouvé, c'est mon sport ?

  • Speaker #0

    Comme beaucoup, beaucoup, beaucoup de traceurs de ma génération, les traceurs c'est ceux qui pratiquent cette discipline-là, c'est le nom qu'on a. là J'ai toujours été un petit peu fougueux, j'ai toujours été... Tu vois, j'ai grimpé mon lit à barreaux avant même de savoir en marcher. Je tombais sur la tête, c'était pas glorieux, mais style. J'ai grimpé les meubles de chez moi, j'ai toujours été... Avec mon ami d'enfance, dès qu'on voyait un arbre, c'était le premier qui était dedans, etc. J'ai toujours eu un petit peu cette âme. Et quand j'ai commencé à voir émerger 2-3 vidéos, à l'époque, c'était Dailymotion et Youtube, mais il y avait quoi ? Quand tu t'avais par coup, il y avait 3 vidéos qui sortaient. Mais quand j'ai commencé à avoir popé ces choses-là Avoir le Fini Makassi Je me suis rendu compte que c'était ouf On pouvait continuer à faire le Zouave Mais avec de la discipline Et de mettre dessus des règles Qui rendent ça sérieux Et là c'était en mode wow Mais let's go

  • Speaker #1

    Et du coup quel regard avaient tes proches Sur ça Est-ce qu'ils se sont dit justement mais qu'est-ce qu'il fait il fait le Zouave Est-ce que t'as dû mener un petit combat Pour dire non mais en fait c'est du sport

  • Speaker #0

    Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent sur les réseaux aujourd'hui on... On ne s'est pas levé un matin, on a grimpé sur un toit et on a sauté 15 étages. Non, au début, on sautait sur des bancs. Je suis quelqu'un qui fait une grande partie de mon enfance à la campagne. On a quitté la ville quand j'avais 6 ans. Et je sautais sur des murs en pierre de 50 cm de haut. Alors oui, il y a eu une phase du début, qui était une phase d'ailleurs pendant laquelle on était les premiers. Il n'y avait pas de tuto. Il n'y avait pas de club, il n'y avait rien de tout ça. Donc on a appris vraiment avec l'expérience, en testant, sur du mobilier rural comme ça. Donc qu'est-ce que pensaient les autres ? Ben, qu'est-ce qu'ils font ces gamins ? Il leur manque une case. Donc voilà, et puis après, de banc en banc, de mur en mur, de toit de garage en toit de garage, viennent les bâtiments haussmanniens de Paris. Et voilà quoi, petit à petit, petit à petit.

  • Speaker #1

    Tu disais au début que un de tes combats c'est de casser un peu les préjugés sur ce sport Du coup j'ai un des préjugés en tête, le parcours c'est illégal, est-ce que c'est vrai ? Qu'est-ce qu'il en est par rapport à ça ? Qu'est-ce qu'on a le droit de faire ?

  • Speaker #0

    Je ne vais pas débarquer en disant non, le parcours est complètement légal Mais en fait c'est compliqué parce que quand tu dis que c'est illégal Tu penses tout de suite à vendre de la drogue, à aller voler les gens J'y vais peut-être un peu fort mais le terme illégal C'est puissant dans le sens où le parcours en fait ça veut rien dire tu vois genre le parcours déjà de base c'est quoi c'est utiliser les pleines capacités motrices de son corps pour se mouvoir dans l'espace qu'est ce qui est illégal là dedans ? Tu vois ce que je veux dire ? Chacun le fait où il veut si moi je veux faire du parcours dans ce parc là, il y a sûrement des lois enfin des lois du parc qui vont me rendre éligible à en être viré tu vois ce que je veux dire ? parce que le parc n'est pas fait pour peut-être faire du sport ici

  • Speaker #1

    Mais comme si t'allais courir dans un endroit où t'as pas le droit d'aller Oui en fait c'est ça le truc,

  • Speaker #0

    les gens peut-être savent qu'aujourd'hui faire du skate sur le trottoir c'est illégal Depuis que les skateparks existent, le skate a vocation à être pratiqué que en skatepark Oui sauter de toi en toi n'est pas légal Mais en réalité les rares moments, parce qu'ils sont rares, où j'ai affaire aux forces de l'ordre ça se passe toujours très bien, dans le respect des deux côtés avec un peu d'admiration très souvent et tout va bien tu vois On n'est pas en train de faire du commerce illicite, on n'est pas en train de rouler en scooter dans l'herbe, enfin on fait du sport en fait.

  • Speaker #1

    Quel est ton rapport avec le danger ?

  • Speaker #0

    Mon rapport avec le danger, il est assez fort parce que je suis terrorisé par la mort.

  • Speaker #1

    Ok, c'est étonnant.

  • Speaker #0

    J'ai pas peur de grand chose dans la vie, mais par contre ça, la vieillesse et la mort, c'est terrible. Il y a quelqu'un qui m'a dit quelque chose il n'y a pas longtemps, qui m'a bluffé. C'est, on est des êtres immortels dans un corps mortel. Je crois qu'il m'a dit ça. Et moi je trouve ça très fort parce qu'on a un cerveau qui est capable d'aller... Il n'y a presque pas de limite. Parce qu'il ne faut pas d'exagérer, il en a quand même. Mais on est capable d'inventer à l'infini. On est capable de se poser des questions et de spéculer à l'infini. alors qu'en réalité on est dans une enveloppe qui est très périmable et qui est très éphémère en fait du coup ouais j'ai un rapport au danger qui est assez puissant tous mes commentaires il y a énormément de tu tiens pas à la vie mais waouh mais bien sûr que si en fait tu tiens peut-être plus que toi tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    c'est juste que toi tu la vis à...

  • Speaker #0

    c'est ta manière de la vivre en fait on a qu'une vie et dans celle-ci il faut tout tenter tu vois cette phrase là j'aime beaucoup également parce que si je tiens à la vie il y a un mec qui m'a mis hier aussi il est vu, il faut vraiment... pas respecter son âme pour faire un truc pareil et tout et j'étais en mode, en fait c'est intéressant parce que tu parles d'âme et l'âme moi ça me renvoie à quelque chose justement d'unique, d'être très spirituel bien que je ne le sois pas mais l'âme c'est très personnel et aujourd'hui tout le monde est pareil, tout le monde fait la même chose donc si en fait je respecte mon âme et je fais quelque chose d'unique, j'adore le faire et je réponds souvent tu vois, si je meurs demain, ça peut arriver si je meurs demain, bah j'ai déjà gagné J'ai 30 ans, je vis de ce que j'aime, de ma passion, j'ai fait des choses que des gens ne feront jamais en 30 vies Mais tu vois, j'ai déjà un bel objectif de rempli Aujourd'hui, je trouve qu'on vit plus, on est maintenu en vie Dans le sens où tu te lèves le matin, tu vas quelque part, tu vas sur une route qui a été faite pour que tu puisses y aller plus facilement Avec une voiture que tu n'es pas dans le marché, il y a des barrières partout pour que tu ne tombes pas, si tu as un problème la police vient t'aider en fait quand tu te réveilles tu as fini le jeu tu vois ce que je veux dire ? Et moi quand je prends de l'élan au dessus d'un toit et sur un métal glissant tu vois, sur du zinc et que je commence à courir et à sauter au dessus d'un vide mortel tu vois, quand j'arrive de l'autre côté que je me retourne et que je vois de là d'où je suis parti en fait j'ai réussi une entreprise qui m'est propre, c'est moi qui me suis entraîné pour le faire personne n'était là pour m'aider j'avais pas de sécurité si je suis encore là que je respire encore à cet instant là c'est uniquement parce que je l'ai réalisé tu vois et en fait il n'y a rien qui te fait plus vivre que ça et aucun moment où tu te sens vivre autant que ça voilà du coup je me demande tu es du genre à sauter et réfléchir après Non on réfléchit énormément et tout est calculé non justement on a une volonté de contrôle incroyable ça fait 17 ans que je fais ça On connait le mobilier par cœur Mais malgré ça, on le teste quand même avant et après, plus t'as de risque de perdre quelque chose, plus quelque chose est rare, plus il a de la valeur. Moi c'est exactement pareil avec ce que je fais, ça a de la valeur parce qu'il y a un capital risque qui est élevé. Tu vois ce que je veux dire ? Je voudrais juste bien différencier la notion de danger et de risque. Rentrer tard le soir dans un quartier sensible, complètement alcoolisé, c'est dangereux. Tu vois ce que je veux dire ? Parce que tu ne contrôles pas ce qui peut t'arriver. Par contre, faire ce que je fais c'est risqué. Je le contrôle, j'ai tout fait pour que ça se passe bien, ça se passera bien. Mais si jamais ça se passait mal, ce serait terrible parce qu'en fait c'est la mort. C'est pas la blessure, c'est la mort directe. Il y a le gros qui est misé, donc c'est très risqué. Mais c'est pas dangereux.

  • Speaker #1

    Oui, c'est intéressant. Et du coup ma question elle portait sur le parcours, mais aussi quand je te demandais si tu réfléchissais, dans quel sens ça se faisait dans ta tête, mais ça se portait aussi sur tous les jours. Du coup est-ce que tous les jours, au quotidien, tout ce que tu fais, tu le réfléchis vachement avant ? Ou tu arrives à garder une spontanéité et parfois réfléchir après ?

  • Speaker #0

    Dans le parcours ?

  • Speaker #1

    Justement, vu que tu le fais dans le parcours, est-ce que ça se fait pour tout le reste de ta vie ? Est-ce que tu l'appliques ?

  • Speaker #0

    Ouais, t'es obligé un peu de réfléchir dans ce que je fais parce que c'est un métier qui est nouveau, il faut tout apprendre soi-même, tu peux pas y aller sans réfléchir. Mais c'est pas vraiment comparable au parcours dans le sens où je peux plus me permettre d'échouer dans la vie de tous les jours. Donc je réfléchis pas pareil en fait.

  • Speaker #1

    On en parlait tout à l'heure en off, tu me disais que tu avais 30 ans et que ton corps avait plus

  • Speaker #0

    Et le jour où tu pourras la pratiquer Non non j'ai pas dit que mon corps avait plus, attention J'ai dit que mon corps les faisait bien Mon corps pourrait faire moins de 30 ans et mon corps pourrait faire aussi beaucoup plus Parce que j'ai cru que tu avais moins de 30 ans Non je t'ai fait cette réflexion là parce que quand tu m'as dit que je faisais moins que mon âge Je t'ai dit malheureusement mon corps le fait Et en fait ce que je veux dire par là c'est que 30 ans ça paraît peu pour beaucoup de gens mais en fait c'est La décroissance cellulaire chez les mâles, elle commence à 25 si je dis pas de conneries. Moi, même avant, je crois que c'est entre 20 et 23, un truc comme ça. Bref. Et du coup, ça se ressent. Je continue à progresser aujourd'hui. Je prends plus de muscles, je prends plus de puissance, plus de technique. Mais par contre, la récupération, c'est terrible. Si aujourd'hui, je me couche très tard le soir ou je bois un petit peu ou quelque chose comme ça, c'est impensable de faire une perf le lendemain. Alors que quand t'es jeune, tu sors tous les derniers jours de la semaine, puis tu t'entraînes tous les lendemains, il n'y a aucun problème avec ça. La blessure aujourd'hui, elle me coûte deux fois plus de temps à revenir qu'un gamin de 18 ans qui arrive et qui explose tout.

  • Speaker #1

    Là où je voulais en venir, c'était de te dire, du coup, un jour tu vas forcément arriver aux limites de ton corps. Non ! Tu ne répondras pas à cette question du coup ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu n'as pas peur de t'ennuyer le jour où tu ne pourras plus sauter ?

  • Speaker #0

    Non, non, non, non, j'ai pas peur de m'ennuyer, ça va terriblement me manquer, je vais être encore plus mélancolique que je ne le suis d'ores et déjà. C'est certain, comme je suis déjà hyper mélancolique de certaines phases de mon enfance, mais non, je vais pas m'ennuyer parce que justement, je me garde plein de choses pour ce moment-là. Je me garde le fait de pouvoir aller voyager, découvrir plein de trucs, et chaque chose dans son temps. Je pense que 40 balais, c'est un âge plus sage.

  • Speaker #1

    Moi j'allais te demander justement s'il y avait un âge dans le parcours, enfin un âge, c'est pas écrit, mais... Plus ou moins où on commençait et où on arrêtait à sauter.

  • Speaker #0

    Franchement, je ne suis pas encore légitime à parler de la vieillesse parce que je ne suis pas quelqu'un de vieux. Mais je pense que chacun appréhende sa vieillesse de manière différente, suivant les cartes qui lui restent. Je sais qu'il y a des papys qui pètent encore la forme, qui font encore plein de choses, plein de choses. Moi je ne sais pas, je ferai avec ce que j'aurai. Déjà il faut savoir que le parcours ce n'est pas forcément sauter d'un toit à un autre avec 5 mètres de dénivelé et 6 mètres de longueur. ça peut... ça peut être un rien, ça peut être s'amuser à essayer d'arriver en équilibre sur un petit morceau de trottoir etc. Il faut me voir de temps en temps, je m'amuse avec un rien tu vois. Je pense que ça on peut le faire jusqu'à 50 ans facile, il y a des preuves vivantes aujourd'hui de gens qui font encore du parcours à cet âge là et qui s'éclatent tu vois. Après j'ai envie de dire à 55 ans, allez 60 balais, pas forcément besoin de prendre quelqu'un du parcours pour lui dire est-ce que tu pourrais toujours faire ci ou ça, il n'y a pas de choses qu'on peut plus faire tu vois. Déjà je me souhaite Manon d'arriver à 40 balais J'ai perdu énormément d'amis pendant la vingtaine de diverses choses tu vois Ça aussi j'aime bien le dire aux gens qui me disent Ouais tu vas mourir etc Coco je fais du parcours sur de ton toit je suis encore là Alors que j'ai perdu des potes de cancer, de maladies diverses et variées D'accidents de voiture, de noyades tu vois ce que je veux dire Et les gugus ils avaient des modes de vie sans tu vois Regarde moi je suis là aujourd'hui donc c'est bien de contextualiser les choses et de ramener aussi les gens à cette constatation là tu vois.

  • Speaker #1

    Et du coup t'estimes que t'as un mode de vie sain ou pas ?

  • Speaker #0

    Ouais moins 5 d'autres, plus 5 d'autres je sais pas, oui je pense, en fait ouais carrément je fais...

  • Speaker #1

    Finalement oui

  • Speaker #0

    Non mais parce que quand tu me poses la question forcément t'as l'impression que c'est pas le cas donc tu te remets en cause et moi je suis toujours quelqu'un, je remets toujours en cause et j'essaie toujours de faire mieux donc là aujourd'hui j'ai envie de te dire non, faudrait que je mange mieux parce que je mange n'importe comment, faudrait que je dorme plus tu vois ... C'est vrai tu vois, mais d'un autre côté, oui j'ai un mode de vie sain, je fais Tous les jours je suis en très bonne forme, j'ai aucune maladie, je pense que j'ai un mode de vie qui est relativement sain.

  • Speaker #1

    Sportivement comment tu entretiens ton corps ? Du coup ce que j'imagine que c'est pas que faire du parcours, est-ce que tu fais du renforcement à côté ?

  • Speaker #0

    Déjà, un renforcement dès que tu peux en faire, idéalement tous les jours, au minimum deux à trois fois par semaine. À côté de ça il y a le parcours lui-même qui a valeur d'entraînement, quand je fais du parcours c'est comme si je fais du renforcement, donc ça tu le rajoutes à la salle. Et puis je dis que je mange n'importe comment mais je fais tellement d'activités physiques que bon ça va tu vois j'étais toujours toi tu entends quand je vais quelque part et que je suis à pied bah je cours tu vois parce que pourquoi pas je vais arriver plus vite j'ai fait du sport il y a quoi à perdre en fait à part un peu d'inconfort tu vois mais l'inconfort c'est aussi important tu vois il faut goûter l'inconfort c'est très très important pour la santé mentale sinon t'apprécies plus rien en fait j'essaye de me déplacer le plus possible d'être le moins sédentaire possible et puis et puis voilà

  • Speaker #1

    Et comment tu prends soin de ta tête ?

  • Speaker #0

    Wow !

  • Speaker #1

    De ton mental, parce qu'il y a une énorme partie mentale dans le parcours.

  • Speaker #0

    Terrible, ouais. Déjà, de base, le parcours, il y a une partie psychologique qui est immense, tu l'as très bien dit, et de deux, qu'aujourd'hui c'est très très dur d'être en bonne santé mentale. On a une charge psychologique qui est bien supérieure à ce pour quoi on est câblé aujourd'hui. Comment je prends soin de ma tête ? Ben je sais pas en fait. J'essaie de tenir. J'essaye de prendre soin de mon corps parce que on oublie que la tête c'est le corps. Si ton cerveau il t'en prend pas soin, c'est à dire si tu l'oxygènes pas assez, si tu bois pas assez et surtout si tu dors pas assez, t'es pas capable de réfléchir et tu fais vite un burn out. Donc je prends soin de mon corps et puis j'essaye de tenir la cadence. Mais c'est pas facile, c'est pas facile. Je pose plein de questions, j'ai peur de là où on va, je suis très stressé comme beaucoup de monde. Mais écoute on tient bon.

  • Speaker #1

    Et peut-être que du coup le parcours ça t'aide aussi, c'est un moyen d'extérioriser ?

  • Speaker #0

    Oh mais tellement, tellement, justement je suis plein de gens qui n'ont pas ça en fait. Il faut au moins avoir un truc, les jeux vidéo, l'art, une passion, c'est ça exactement, il faut rentrer, il faut se décharger, tu vois. Tu vois quand tu rentres du boulot et que tu te mets devant la télé, ben ça t'anesthésie, mais c'est tout, tu vois, tu libères rien. Donc ouais c'est très très important, et le parcours évidemment que ça m'aide à extérioriser, ça m'aide à relativiser de fou, tu vois. C'est bien aussi de te rappeler des fois que t'es dans une masse, une biomasse de 70 kilos qui peut s'éclater au sol et puis qu'au final t'es que ça, il faut que tu redescendes un petit peu. Et de savoir aussi de quoi on est capable. On a une machine, le corps humain qui est un missile. C'est un truc de malade ce qu'on est capable de faire. Donc ouais, ça permet de relativiser.

  • Speaker #1

    C'est quoi pour toi un déclic, avoir un déclic ?

  • Speaker #0

    Avoir un déclic, là tu me poses la question comme ça, je vais répondre très rapidement, je te dis c'est comprendre quelque chose et avoir une action qui vient avec. Tu vois genre tu as capté un truc et tu te contentes pas de le capter ça change quelque chose en toi. Pour moi ce serait ça.

  • Speaker #1

    Ouais, j'ai un peu la même définition pour moi quand tu as eu un déclic, tu peux pas ensuite le nier tu vois c'est un truc qui reviendra tout le temps.

  • Speaker #0

    Ouais ok. Donc toi c'est même quelque chose qui est plus fort que toi quoi. Ouais. Ouais ok. Ouais clairement.

  • Speaker #1

    Si on l'écoute. Après c'est toujours ça, il y a des déclics.

  • Speaker #0

    peut-être qu'on a mais qu'on écoute pas c'est juste qu'on prend quelque chose le déclic pour moi t'as eu un déclic c'était trop juste quand t'as dit que tu pourras rien y faire ça a changé quelque chose dans ta tête mais du coup toi t'as dû en avoir un avec le parcours je pense qu'il y a eu un jour, tu t'en es peut-être pas rendu compte ou quand t'as sauté et tu t'es dit mais c'est ça mon truc ça c'est très fantasmé les gens veulent que ce soit comme ça et j'aimerais bien aussi parce que c'est trop stylé j'ai eu un déclic, là j'ai fait un saut et non, je suis pas arrivé d'un seul coup à sauter au dessus d'un vide et puis pourquoi j'aurais fait ça sans raison et non, la vérité elle est peut-être un peu plus fade c'est que j'ai toujours été un peu comme ça et qu'au final, quand je me suis mis à faire du parkour ça m'a progressivement apporté confiance en moi ça m'a build non, j'ai pas vraiment eu de déclic là-dessus

  • Speaker #1

    Où est-ce qu'on peut te retrouver Kylian ?

  • Speaker #0

    actuellement là au parc de c'est quoi non je suis sur tik tok instagram youtube snapchat sur les plateformes de réseaux sociaux au nom de kilian toile cas y arrêtez de mettre un y vous dites ok d'accord et vous écrivez y donc non qu'à i2l ian toul sur toutes les plateformes de réseaux sociaux trop bien écoute merci beaucoup kilian

  • Speaker #1

    avec un I.

  • Speaker #0

    Merci Manon avec un A.

  • Speaker #1

    Et puis à très bientôt.

  • Speaker #0

    À très bientôt. Salut.

  • Speaker #1

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin ce déclic.

Description

"Sauter dans le vide, ce n'est pas que dans les films". Cet épisode aurait pu être enregistré depuis les toits de Paris, mais, mon invité s'est montré plus classique cette fois, sur le lieu de rendez-vous. C’est donc au jardin des Tuileries à Paris que je rencontre Killian Touel, créateur de contenus et traceur. C’est comme cela que l’on appelle les pratiquants de son sport : le parkour. Ce que j’ai voulu savoir  ? Pourquoi il a choisi ce sport et ce qu’il se passe dans sa tête quand il le pratique et trace son chemin. Mais dans cet épisode, on ne parle pas que de parkour. On aborde aussi le rapport au danger, le fait d’oser se lancer et de comment on peut prendre soin de son corps et de sa tête pour faire du parkour, mais pas que…

📲💻 Retrouvez Killian Touel sur Youtube, Instagram, TikTok ou sur LinkedIn.

💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.

🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Qui sait… Vous tomberez peut-être, vous aussi, sur un déclic.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre,

  • Speaker #1

    rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur cet épisode. Vous écoutez le déclic de Kylian Tuel. Salut Kylian, ça va ? T'es en forme ?

  • Speaker #0

    Salut Manon, ça va, ça va.

  • Speaker #1

    Petite nuit je crois.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Alors on s'est rendonné rendez-vous dans un jardin à Paris mais en fait ça aurait pu être en haut d'un toit.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Si on se retrouve à Paris c'est parce qu'aujourd'hui c'est ta ville depuis peu, une semaine, t'es encore dans les cartons c'est ce que tu me disais. Paris c'est une ville que tu aimes et que tu vas continuer de découvrir vue d'en haut. Kylian tu as 30 ans, tu viens de Besançon et j'ai lu que tu parlais de toi comme d'un mec qui saute partout.

  • Speaker #0

    Ouais c'est ça. Paris, je connais depuis un moment déjà, mais c'est vrai que là, ça y est, j'ai enfin posé mes valises, ce qui va me permettre de mettre au jour des projets un peu plus conséquents, un peu plus gros, et puis vraiment d'optimiser cette carrière que j'entreprends depuis maintenant deux ans.

  • Speaker #1

    Tu pratiques le parkour. Le parkour, c'est un sport dans lequel on fait de l'espèce urbain son terrain de jeu, son terrain de pratique. C'est un enchaînement de sauts, de franchissements d'obstacles, d'escalades, mais tu définiras plus tard mieux que moi ce sport. Tout ça, toi, tu le partages sur les réseaux sociaux. C'est ce que tu as toujours voulu, d'ailleurs, vulgariser et faire connaître ce sport, transmettre son esprit. Tu as d'ailleurs commencé à le faire il y a un moment en créant une association quand tu vivais encore à Besançon. Pour revenir à tes partages...

  • Speaker #0

    J'ai plus rien à te dire, en fait.

  • Speaker #1

    Bah ouais ! Si, si, t'inquiète pas, j'ai plein de questions. Pour revenir à tes partages et à ta communauté sur les réseaux sociaux, tu publies aussi des petits scénarios, des fictions dans lesquelles tu te mets dans la peau de personnage. C'est peut-être anodin pour toi, mais j'ai aussi vu que tu avais participé à Ninja Warrior. Bref. Est-ce que tu ne vivrais pas un peu dans un film finalement Kylian ?

  • Speaker #0

    J'adore, ton introduction elle est parfaite ! D'ailleurs je crois que sur une de mes plateformes, justement ma bio c'est les sauts de toi en toi c'est pas que dans les films. Et j'adore cette façon de le dire, c'est totalement ma philosophie. Tu vois l'être humain, on plonge en plein dans le cœur du sujet là, mais l'être humain il est accro à ce canapé sur lequel il va pouvoir mater des images dans lesquelles tout le monde saute de toi en toi avec des explosions derrière etc. Et tu vois en fait... Il peut plus le faire lui-même aujourd'hui Et en fait du coup il est obligé de le regarder dans des fictions C'est par procuration quoi,

  • Speaker #1

    on le dit par procuration

  • Speaker #0

    Ouais voilà, en gros tout le monde aime ça, tout le monde aime l'action, tout le monde aime l'aventure Mais personne n'ose Ouais Tu vois, et au final on oublie qu'un film c'est la réalité Il y a réellement un tournage avec ces choses qu'on voit dedans C'est juste que c'est fait sans risque parce qu'on contrôle tout Mais c'est savouré que lorsque le spectateur croit que c'est vrai Tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    Ouais carrément

  • Speaker #0

    Moi ce que je fais aujourd'hui C'est que j'essaye de rester un enfant dans un corps d'adulte en fait, j'essaye de garder cet âme d'enfant. Quand on est gamin, on voit quelque chose, on est dans un parc, je prends l'image du parc pour qu'on est dans un parc aujourd'hui. S'il y a une zone du parc qu'on n'a pas explorée, là c'est pas possible. Il faut qu'on y aille, on court, on y va, on s'en fout de ce qui peut nous arriver, de si on a le droit ou pas de le faire, on y va, on fonce tu vois. On marche dans la rue, on croise une barrière, qu'est-ce qu'on fait ? On met les doigts dans la barrière. En fait, il faut tout qu'on teste, il faut tout qu'on touche. Et ça, je pense pas que ça s'en aille vraiment. Je pense que c'est écrasé par le reste quand on grandit. Et voilà, moi je tente malgré tout de conserver tout ça. Moi j'essaye de rester un petit peu maître de ces émotions passées, de les garder, de les conserver, d'explorer, de jouer, de m'amuser, tout en gardant le contrôle sur mon corps en fait.

  • Speaker #1

    Ça justement tu le fais en partie avec le parcours. Comment est-ce que tu as rencontré ce sport et que tu t'es dit, bon ça ça y est, j'ai trouvé, c'est mon sport ?

  • Speaker #0

    Comme beaucoup, beaucoup, beaucoup de traceurs de ma génération, les traceurs c'est ceux qui pratiquent cette discipline-là, c'est le nom qu'on a. là J'ai toujours été un petit peu fougueux, j'ai toujours été... Tu vois, j'ai grimpé mon lit à barreaux avant même de savoir en marcher. Je tombais sur la tête, c'était pas glorieux, mais style. J'ai grimpé les meubles de chez moi, j'ai toujours été... Avec mon ami d'enfance, dès qu'on voyait un arbre, c'était le premier qui était dedans, etc. J'ai toujours eu un petit peu cette âme. Et quand j'ai commencé à voir émerger 2-3 vidéos, à l'époque, c'était Dailymotion et Youtube, mais il y avait quoi ? Quand tu t'avais par coup, il y avait 3 vidéos qui sortaient. Mais quand j'ai commencé à avoir popé ces choses-là Avoir le Fini Makassi Je me suis rendu compte que c'était ouf On pouvait continuer à faire le Zouave Mais avec de la discipline Et de mettre dessus des règles Qui rendent ça sérieux Et là c'était en mode wow Mais let's go

  • Speaker #1

    Et du coup quel regard avaient tes proches Sur ça Est-ce qu'ils se sont dit justement mais qu'est-ce qu'il fait il fait le Zouave Est-ce que t'as dû mener un petit combat Pour dire non mais en fait c'est du sport

  • Speaker #0

    Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent sur les réseaux aujourd'hui on... On ne s'est pas levé un matin, on a grimpé sur un toit et on a sauté 15 étages. Non, au début, on sautait sur des bancs. Je suis quelqu'un qui fait une grande partie de mon enfance à la campagne. On a quitté la ville quand j'avais 6 ans. Et je sautais sur des murs en pierre de 50 cm de haut. Alors oui, il y a eu une phase du début, qui était une phase d'ailleurs pendant laquelle on était les premiers. Il n'y avait pas de tuto. Il n'y avait pas de club, il n'y avait rien de tout ça. Donc on a appris vraiment avec l'expérience, en testant, sur du mobilier rural comme ça. Donc qu'est-ce que pensaient les autres ? Ben, qu'est-ce qu'ils font ces gamins ? Il leur manque une case. Donc voilà, et puis après, de banc en banc, de mur en mur, de toit de garage en toit de garage, viennent les bâtiments haussmanniens de Paris. Et voilà quoi, petit à petit, petit à petit.

  • Speaker #1

    Tu disais au début que un de tes combats c'est de casser un peu les préjugés sur ce sport Du coup j'ai un des préjugés en tête, le parcours c'est illégal, est-ce que c'est vrai ? Qu'est-ce qu'il en est par rapport à ça ? Qu'est-ce qu'on a le droit de faire ?

  • Speaker #0

    Je ne vais pas débarquer en disant non, le parcours est complètement légal Mais en fait c'est compliqué parce que quand tu dis que c'est illégal Tu penses tout de suite à vendre de la drogue, à aller voler les gens J'y vais peut-être un peu fort mais le terme illégal C'est puissant dans le sens où le parcours en fait ça veut rien dire tu vois genre le parcours déjà de base c'est quoi c'est utiliser les pleines capacités motrices de son corps pour se mouvoir dans l'espace qu'est ce qui est illégal là dedans ? Tu vois ce que je veux dire ? Chacun le fait où il veut si moi je veux faire du parcours dans ce parc là, il y a sûrement des lois enfin des lois du parc qui vont me rendre éligible à en être viré tu vois ce que je veux dire ? parce que le parc n'est pas fait pour peut-être faire du sport ici

  • Speaker #1

    Mais comme si t'allais courir dans un endroit où t'as pas le droit d'aller Oui en fait c'est ça le truc,

  • Speaker #0

    les gens peut-être savent qu'aujourd'hui faire du skate sur le trottoir c'est illégal Depuis que les skateparks existent, le skate a vocation à être pratiqué que en skatepark Oui sauter de toi en toi n'est pas légal Mais en réalité les rares moments, parce qu'ils sont rares, où j'ai affaire aux forces de l'ordre ça se passe toujours très bien, dans le respect des deux côtés avec un peu d'admiration très souvent et tout va bien tu vois On n'est pas en train de faire du commerce illicite, on n'est pas en train de rouler en scooter dans l'herbe, enfin on fait du sport en fait.

  • Speaker #1

    Quel est ton rapport avec le danger ?

  • Speaker #0

    Mon rapport avec le danger, il est assez fort parce que je suis terrorisé par la mort.

  • Speaker #1

    Ok, c'est étonnant.

  • Speaker #0

    J'ai pas peur de grand chose dans la vie, mais par contre ça, la vieillesse et la mort, c'est terrible. Il y a quelqu'un qui m'a dit quelque chose il n'y a pas longtemps, qui m'a bluffé. C'est, on est des êtres immortels dans un corps mortel. Je crois qu'il m'a dit ça. Et moi je trouve ça très fort parce qu'on a un cerveau qui est capable d'aller... Il n'y a presque pas de limite. Parce qu'il ne faut pas d'exagérer, il en a quand même. Mais on est capable d'inventer à l'infini. On est capable de se poser des questions et de spéculer à l'infini. alors qu'en réalité on est dans une enveloppe qui est très périmable et qui est très éphémère en fait du coup ouais j'ai un rapport au danger qui est assez puissant tous mes commentaires il y a énormément de tu tiens pas à la vie mais waouh mais bien sûr que si en fait tu tiens peut-être plus que toi tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    c'est juste que toi tu la vis à...

  • Speaker #0

    c'est ta manière de la vivre en fait on a qu'une vie et dans celle-ci il faut tout tenter tu vois cette phrase là j'aime beaucoup également parce que si je tiens à la vie il y a un mec qui m'a mis hier aussi il est vu, il faut vraiment... pas respecter son âme pour faire un truc pareil et tout et j'étais en mode, en fait c'est intéressant parce que tu parles d'âme et l'âme moi ça me renvoie à quelque chose justement d'unique, d'être très spirituel bien que je ne le sois pas mais l'âme c'est très personnel et aujourd'hui tout le monde est pareil, tout le monde fait la même chose donc si en fait je respecte mon âme et je fais quelque chose d'unique, j'adore le faire et je réponds souvent tu vois, si je meurs demain, ça peut arriver si je meurs demain, bah j'ai déjà gagné J'ai 30 ans, je vis de ce que j'aime, de ma passion, j'ai fait des choses que des gens ne feront jamais en 30 vies Mais tu vois, j'ai déjà un bel objectif de rempli Aujourd'hui, je trouve qu'on vit plus, on est maintenu en vie Dans le sens où tu te lèves le matin, tu vas quelque part, tu vas sur une route qui a été faite pour que tu puisses y aller plus facilement Avec une voiture que tu n'es pas dans le marché, il y a des barrières partout pour que tu ne tombes pas, si tu as un problème la police vient t'aider en fait quand tu te réveilles tu as fini le jeu tu vois ce que je veux dire ? Et moi quand je prends de l'élan au dessus d'un toit et sur un métal glissant tu vois, sur du zinc et que je commence à courir et à sauter au dessus d'un vide mortel tu vois, quand j'arrive de l'autre côté que je me retourne et que je vois de là d'où je suis parti en fait j'ai réussi une entreprise qui m'est propre, c'est moi qui me suis entraîné pour le faire personne n'était là pour m'aider j'avais pas de sécurité si je suis encore là que je respire encore à cet instant là c'est uniquement parce que je l'ai réalisé tu vois et en fait il n'y a rien qui te fait plus vivre que ça et aucun moment où tu te sens vivre autant que ça voilà du coup je me demande tu es du genre à sauter et réfléchir après Non on réfléchit énormément et tout est calculé non justement on a une volonté de contrôle incroyable ça fait 17 ans que je fais ça On connait le mobilier par cœur Mais malgré ça, on le teste quand même avant et après, plus t'as de risque de perdre quelque chose, plus quelque chose est rare, plus il a de la valeur. Moi c'est exactement pareil avec ce que je fais, ça a de la valeur parce qu'il y a un capital risque qui est élevé. Tu vois ce que je veux dire ? Je voudrais juste bien différencier la notion de danger et de risque. Rentrer tard le soir dans un quartier sensible, complètement alcoolisé, c'est dangereux. Tu vois ce que je veux dire ? Parce que tu ne contrôles pas ce qui peut t'arriver. Par contre, faire ce que je fais c'est risqué. Je le contrôle, j'ai tout fait pour que ça se passe bien, ça se passera bien. Mais si jamais ça se passait mal, ce serait terrible parce qu'en fait c'est la mort. C'est pas la blessure, c'est la mort directe. Il y a le gros qui est misé, donc c'est très risqué. Mais c'est pas dangereux.

  • Speaker #1

    Oui, c'est intéressant. Et du coup ma question elle portait sur le parcours, mais aussi quand je te demandais si tu réfléchissais, dans quel sens ça se faisait dans ta tête, mais ça se portait aussi sur tous les jours. Du coup est-ce que tous les jours, au quotidien, tout ce que tu fais, tu le réfléchis vachement avant ? Ou tu arrives à garder une spontanéité et parfois réfléchir après ?

  • Speaker #0

    Dans le parcours ?

  • Speaker #1

    Justement, vu que tu le fais dans le parcours, est-ce que ça se fait pour tout le reste de ta vie ? Est-ce que tu l'appliques ?

  • Speaker #0

    Ouais, t'es obligé un peu de réfléchir dans ce que je fais parce que c'est un métier qui est nouveau, il faut tout apprendre soi-même, tu peux pas y aller sans réfléchir. Mais c'est pas vraiment comparable au parcours dans le sens où je peux plus me permettre d'échouer dans la vie de tous les jours. Donc je réfléchis pas pareil en fait.

  • Speaker #1

    On en parlait tout à l'heure en off, tu me disais que tu avais 30 ans et que ton corps avait plus

  • Speaker #0

    Et le jour où tu pourras la pratiquer Non non j'ai pas dit que mon corps avait plus, attention J'ai dit que mon corps les faisait bien Mon corps pourrait faire moins de 30 ans et mon corps pourrait faire aussi beaucoup plus Parce que j'ai cru que tu avais moins de 30 ans Non je t'ai fait cette réflexion là parce que quand tu m'as dit que je faisais moins que mon âge Je t'ai dit malheureusement mon corps le fait Et en fait ce que je veux dire par là c'est que 30 ans ça paraît peu pour beaucoup de gens mais en fait c'est La décroissance cellulaire chez les mâles, elle commence à 25 si je dis pas de conneries. Moi, même avant, je crois que c'est entre 20 et 23, un truc comme ça. Bref. Et du coup, ça se ressent. Je continue à progresser aujourd'hui. Je prends plus de muscles, je prends plus de puissance, plus de technique. Mais par contre, la récupération, c'est terrible. Si aujourd'hui, je me couche très tard le soir ou je bois un petit peu ou quelque chose comme ça, c'est impensable de faire une perf le lendemain. Alors que quand t'es jeune, tu sors tous les derniers jours de la semaine, puis tu t'entraînes tous les lendemains, il n'y a aucun problème avec ça. La blessure aujourd'hui, elle me coûte deux fois plus de temps à revenir qu'un gamin de 18 ans qui arrive et qui explose tout.

  • Speaker #1

    Là où je voulais en venir, c'était de te dire, du coup, un jour tu vas forcément arriver aux limites de ton corps. Non ! Tu ne répondras pas à cette question du coup ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu n'as pas peur de t'ennuyer le jour où tu ne pourras plus sauter ?

  • Speaker #0

    Non, non, non, non, j'ai pas peur de m'ennuyer, ça va terriblement me manquer, je vais être encore plus mélancolique que je ne le suis d'ores et déjà. C'est certain, comme je suis déjà hyper mélancolique de certaines phases de mon enfance, mais non, je vais pas m'ennuyer parce que justement, je me garde plein de choses pour ce moment-là. Je me garde le fait de pouvoir aller voyager, découvrir plein de trucs, et chaque chose dans son temps. Je pense que 40 balais, c'est un âge plus sage.

  • Speaker #1

    Moi j'allais te demander justement s'il y avait un âge dans le parcours, enfin un âge, c'est pas écrit, mais... Plus ou moins où on commençait et où on arrêtait à sauter.

  • Speaker #0

    Franchement, je ne suis pas encore légitime à parler de la vieillesse parce que je ne suis pas quelqu'un de vieux. Mais je pense que chacun appréhende sa vieillesse de manière différente, suivant les cartes qui lui restent. Je sais qu'il y a des papys qui pètent encore la forme, qui font encore plein de choses, plein de choses. Moi je ne sais pas, je ferai avec ce que j'aurai. Déjà il faut savoir que le parcours ce n'est pas forcément sauter d'un toit à un autre avec 5 mètres de dénivelé et 6 mètres de longueur. ça peut... ça peut être un rien, ça peut être s'amuser à essayer d'arriver en équilibre sur un petit morceau de trottoir etc. Il faut me voir de temps en temps, je m'amuse avec un rien tu vois. Je pense que ça on peut le faire jusqu'à 50 ans facile, il y a des preuves vivantes aujourd'hui de gens qui font encore du parcours à cet âge là et qui s'éclatent tu vois. Après j'ai envie de dire à 55 ans, allez 60 balais, pas forcément besoin de prendre quelqu'un du parcours pour lui dire est-ce que tu pourrais toujours faire ci ou ça, il n'y a pas de choses qu'on peut plus faire tu vois. Déjà je me souhaite Manon d'arriver à 40 balais J'ai perdu énormément d'amis pendant la vingtaine de diverses choses tu vois Ça aussi j'aime bien le dire aux gens qui me disent Ouais tu vas mourir etc Coco je fais du parcours sur de ton toit je suis encore là Alors que j'ai perdu des potes de cancer, de maladies diverses et variées D'accidents de voiture, de noyades tu vois ce que je veux dire Et les gugus ils avaient des modes de vie sans tu vois Regarde moi je suis là aujourd'hui donc c'est bien de contextualiser les choses et de ramener aussi les gens à cette constatation là tu vois.

  • Speaker #1

    Et du coup t'estimes que t'as un mode de vie sain ou pas ?

  • Speaker #0

    Ouais moins 5 d'autres, plus 5 d'autres je sais pas, oui je pense, en fait ouais carrément je fais...

  • Speaker #1

    Finalement oui

  • Speaker #0

    Non mais parce que quand tu me poses la question forcément t'as l'impression que c'est pas le cas donc tu te remets en cause et moi je suis toujours quelqu'un, je remets toujours en cause et j'essaie toujours de faire mieux donc là aujourd'hui j'ai envie de te dire non, faudrait que je mange mieux parce que je mange n'importe comment, faudrait que je dorme plus tu vois ... C'est vrai tu vois, mais d'un autre côté, oui j'ai un mode de vie sain, je fais Tous les jours je suis en très bonne forme, j'ai aucune maladie, je pense que j'ai un mode de vie qui est relativement sain.

  • Speaker #1

    Sportivement comment tu entretiens ton corps ? Du coup ce que j'imagine que c'est pas que faire du parcours, est-ce que tu fais du renforcement à côté ?

  • Speaker #0

    Déjà, un renforcement dès que tu peux en faire, idéalement tous les jours, au minimum deux à trois fois par semaine. À côté de ça il y a le parcours lui-même qui a valeur d'entraînement, quand je fais du parcours c'est comme si je fais du renforcement, donc ça tu le rajoutes à la salle. Et puis je dis que je mange n'importe comment mais je fais tellement d'activités physiques que bon ça va tu vois j'étais toujours toi tu entends quand je vais quelque part et que je suis à pied bah je cours tu vois parce que pourquoi pas je vais arriver plus vite j'ai fait du sport il y a quoi à perdre en fait à part un peu d'inconfort tu vois mais l'inconfort c'est aussi important tu vois il faut goûter l'inconfort c'est très très important pour la santé mentale sinon t'apprécies plus rien en fait j'essaye de me déplacer le plus possible d'être le moins sédentaire possible et puis et puis voilà

  • Speaker #1

    Et comment tu prends soin de ta tête ?

  • Speaker #0

    Wow !

  • Speaker #1

    De ton mental, parce qu'il y a une énorme partie mentale dans le parcours.

  • Speaker #0

    Terrible, ouais. Déjà, de base, le parcours, il y a une partie psychologique qui est immense, tu l'as très bien dit, et de deux, qu'aujourd'hui c'est très très dur d'être en bonne santé mentale. On a une charge psychologique qui est bien supérieure à ce pour quoi on est câblé aujourd'hui. Comment je prends soin de ma tête ? Ben je sais pas en fait. J'essaie de tenir. J'essaye de prendre soin de mon corps parce que on oublie que la tête c'est le corps. Si ton cerveau il t'en prend pas soin, c'est à dire si tu l'oxygènes pas assez, si tu bois pas assez et surtout si tu dors pas assez, t'es pas capable de réfléchir et tu fais vite un burn out. Donc je prends soin de mon corps et puis j'essaye de tenir la cadence. Mais c'est pas facile, c'est pas facile. Je pose plein de questions, j'ai peur de là où on va, je suis très stressé comme beaucoup de monde. Mais écoute on tient bon.

  • Speaker #1

    Et peut-être que du coup le parcours ça t'aide aussi, c'est un moyen d'extérioriser ?

  • Speaker #0

    Oh mais tellement, tellement, justement je suis plein de gens qui n'ont pas ça en fait. Il faut au moins avoir un truc, les jeux vidéo, l'art, une passion, c'est ça exactement, il faut rentrer, il faut se décharger, tu vois. Tu vois quand tu rentres du boulot et que tu te mets devant la télé, ben ça t'anesthésie, mais c'est tout, tu vois, tu libères rien. Donc ouais c'est très très important, et le parcours évidemment que ça m'aide à extérioriser, ça m'aide à relativiser de fou, tu vois. C'est bien aussi de te rappeler des fois que t'es dans une masse, une biomasse de 70 kilos qui peut s'éclater au sol et puis qu'au final t'es que ça, il faut que tu redescendes un petit peu. Et de savoir aussi de quoi on est capable. On a une machine, le corps humain qui est un missile. C'est un truc de malade ce qu'on est capable de faire. Donc ouais, ça permet de relativiser.

  • Speaker #1

    C'est quoi pour toi un déclic, avoir un déclic ?

  • Speaker #0

    Avoir un déclic, là tu me poses la question comme ça, je vais répondre très rapidement, je te dis c'est comprendre quelque chose et avoir une action qui vient avec. Tu vois genre tu as capté un truc et tu te contentes pas de le capter ça change quelque chose en toi. Pour moi ce serait ça.

  • Speaker #1

    Ouais, j'ai un peu la même définition pour moi quand tu as eu un déclic, tu peux pas ensuite le nier tu vois c'est un truc qui reviendra tout le temps.

  • Speaker #0

    Ouais ok. Donc toi c'est même quelque chose qui est plus fort que toi quoi. Ouais. Ouais ok. Ouais clairement.

  • Speaker #1

    Si on l'écoute. Après c'est toujours ça, il y a des déclics.

  • Speaker #0

    peut-être qu'on a mais qu'on écoute pas c'est juste qu'on prend quelque chose le déclic pour moi t'as eu un déclic c'était trop juste quand t'as dit que tu pourras rien y faire ça a changé quelque chose dans ta tête mais du coup toi t'as dû en avoir un avec le parcours je pense qu'il y a eu un jour, tu t'en es peut-être pas rendu compte ou quand t'as sauté et tu t'es dit mais c'est ça mon truc ça c'est très fantasmé les gens veulent que ce soit comme ça et j'aimerais bien aussi parce que c'est trop stylé j'ai eu un déclic, là j'ai fait un saut et non, je suis pas arrivé d'un seul coup à sauter au dessus d'un vide et puis pourquoi j'aurais fait ça sans raison et non, la vérité elle est peut-être un peu plus fade c'est que j'ai toujours été un peu comme ça et qu'au final, quand je me suis mis à faire du parkour ça m'a progressivement apporté confiance en moi ça m'a build non, j'ai pas vraiment eu de déclic là-dessus

  • Speaker #1

    Où est-ce qu'on peut te retrouver Kylian ?

  • Speaker #0

    actuellement là au parc de c'est quoi non je suis sur tik tok instagram youtube snapchat sur les plateformes de réseaux sociaux au nom de kilian toile cas y arrêtez de mettre un y vous dites ok d'accord et vous écrivez y donc non qu'à i2l ian toul sur toutes les plateformes de réseaux sociaux trop bien écoute merci beaucoup kilian

  • Speaker #1

    avec un I.

  • Speaker #0

    Merci Manon avec un A.

  • Speaker #1

    Et puis à très bientôt.

  • Speaker #0

    À très bientôt. Salut.

  • Speaker #1

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin ce déclic.

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"Sauter dans le vide, ce n'est pas que dans les films". Cet épisode aurait pu être enregistré depuis les toits de Paris, mais, mon invité s'est montré plus classique cette fois, sur le lieu de rendez-vous. C’est donc au jardin des Tuileries à Paris que je rencontre Killian Touel, créateur de contenus et traceur. C’est comme cela que l’on appelle les pratiquants de son sport : le parkour. Ce que j’ai voulu savoir  ? Pourquoi il a choisi ce sport et ce qu’il se passe dans sa tête quand il le pratique et trace son chemin. Mais dans cet épisode, on ne parle pas que de parkour. On aborde aussi le rapport au danger, le fait d’oser se lancer et de comment on peut prendre soin de son corps et de sa tête pour faire du parkour, mais pas que…

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💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.

🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Qui sait… Vous tomberez peut-être, vous aussi, sur un déclic.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Rencontre,

  • Speaker #1

    rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur cet épisode. Vous écoutez le déclic de Kylian Tuel. Salut Kylian, ça va ? T'es en forme ?

  • Speaker #0

    Salut Manon, ça va, ça va.

  • Speaker #1

    Petite nuit je crois.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Alors on s'est rendonné rendez-vous dans un jardin à Paris mais en fait ça aurait pu être en haut d'un toit.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Si on se retrouve à Paris c'est parce qu'aujourd'hui c'est ta ville depuis peu, une semaine, t'es encore dans les cartons c'est ce que tu me disais. Paris c'est une ville que tu aimes et que tu vas continuer de découvrir vue d'en haut. Kylian tu as 30 ans, tu viens de Besançon et j'ai lu que tu parlais de toi comme d'un mec qui saute partout.

  • Speaker #0

    Ouais c'est ça. Paris, je connais depuis un moment déjà, mais c'est vrai que là, ça y est, j'ai enfin posé mes valises, ce qui va me permettre de mettre au jour des projets un peu plus conséquents, un peu plus gros, et puis vraiment d'optimiser cette carrière que j'entreprends depuis maintenant deux ans.

  • Speaker #1

    Tu pratiques le parkour. Le parkour, c'est un sport dans lequel on fait de l'espèce urbain son terrain de jeu, son terrain de pratique. C'est un enchaînement de sauts, de franchissements d'obstacles, d'escalades, mais tu définiras plus tard mieux que moi ce sport. Tout ça, toi, tu le partages sur les réseaux sociaux. C'est ce que tu as toujours voulu, d'ailleurs, vulgariser et faire connaître ce sport, transmettre son esprit. Tu as d'ailleurs commencé à le faire il y a un moment en créant une association quand tu vivais encore à Besançon. Pour revenir à tes partages...

  • Speaker #0

    J'ai plus rien à te dire, en fait.

  • Speaker #1

    Bah ouais ! Si, si, t'inquiète pas, j'ai plein de questions. Pour revenir à tes partages et à ta communauté sur les réseaux sociaux, tu publies aussi des petits scénarios, des fictions dans lesquelles tu te mets dans la peau de personnage. C'est peut-être anodin pour toi, mais j'ai aussi vu que tu avais participé à Ninja Warrior. Bref. Est-ce que tu ne vivrais pas un peu dans un film finalement Kylian ?

  • Speaker #0

    J'adore, ton introduction elle est parfaite ! D'ailleurs je crois que sur une de mes plateformes, justement ma bio c'est les sauts de toi en toi c'est pas que dans les films. Et j'adore cette façon de le dire, c'est totalement ma philosophie. Tu vois l'être humain, on plonge en plein dans le cœur du sujet là, mais l'être humain il est accro à ce canapé sur lequel il va pouvoir mater des images dans lesquelles tout le monde saute de toi en toi avec des explosions derrière etc. Et tu vois en fait... Il peut plus le faire lui-même aujourd'hui Et en fait du coup il est obligé de le regarder dans des fictions C'est par procuration quoi,

  • Speaker #1

    on le dit par procuration

  • Speaker #0

    Ouais voilà, en gros tout le monde aime ça, tout le monde aime l'action, tout le monde aime l'aventure Mais personne n'ose Ouais Tu vois, et au final on oublie qu'un film c'est la réalité Il y a réellement un tournage avec ces choses qu'on voit dedans C'est juste que c'est fait sans risque parce qu'on contrôle tout Mais c'est savouré que lorsque le spectateur croit que c'est vrai Tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    Ouais carrément

  • Speaker #0

    Moi ce que je fais aujourd'hui C'est que j'essaye de rester un enfant dans un corps d'adulte en fait, j'essaye de garder cet âme d'enfant. Quand on est gamin, on voit quelque chose, on est dans un parc, je prends l'image du parc pour qu'on est dans un parc aujourd'hui. S'il y a une zone du parc qu'on n'a pas explorée, là c'est pas possible. Il faut qu'on y aille, on court, on y va, on s'en fout de ce qui peut nous arriver, de si on a le droit ou pas de le faire, on y va, on fonce tu vois. On marche dans la rue, on croise une barrière, qu'est-ce qu'on fait ? On met les doigts dans la barrière. En fait, il faut tout qu'on teste, il faut tout qu'on touche. Et ça, je pense pas que ça s'en aille vraiment. Je pense que c'est écrasé par le reste quand on grandit. Et voilà, moi je tente malgré tout de conserver tout ça. Moi j'essaye de rester un petit peu maître de ces émotions passées, de les garder, de les conserver, d'explorer, de jouer, de m'amuser, tout en gardant le contrôle sur mon corps en fait.

  • Speaker #1

    Ça justement tu le fais en partie avec le parcours. Comment est-ce que tu as rencontré ce sport et que tu t'es dit, bon ça ça y est, j'ai trouvé, c'est mon sport ?

  • Speaker #0

    Comme beaucoup, beaucoup, beaucoup de traceurs de ma génération, les traceurs c'est ceux qui pratiquent cette discipline-là, c'est le nom qu'on a. là J'ai toujours été un petit peu fougueux, j'ai toujours été... Tu vois, j'ai grimpé mon lit à barreaux avant même de savoir en marcher. Je tombais sur la tête, c'était pas glorieux, mais style. J'ai grimpé les meubles de chez moi, j'ai toujours été... Avec mon ami d'enfance, dès qu'on voyait un arbre, c'était le premier qui était dedans, etc. J'ai toujours eu un petit peu cette âme. Et quand j'ai commencé à voir émerger 2-3 vidéos, à l'époque, c'était Dailymotion et Youtube, mais il y avait quoi ? Quand tu t'avais par coup, il y avait 3 vidéos qui sortaient. Mais quand j'ai commencé à avoir popé ces choses-là Avoir le Fini Makassi Je me suis rendu compte que c'était ouf On pouvait continuer à faire le Zouave Mais avec de la discipline Et de mettre dessus des règles Qui rendent ça sérieux Et là c'était en mode wow Mais let's go

  • Speaker #1

    Et du coup quel regard avaient tes proches Sur ça Est-ce qu'ils se sont dit justement mais qu'est-ce qu'il fait il fait le Zouave Est-ce que t'as dû mener un petit combat Pour dire non mais en fait c'est du sport

  • Speaker #0

    Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent sur les réseaux aujourd'hui on... On ne s'est pas levé un matin, on a grimpé sur un toit et on a sauté 15 étages. Non, au début, on sautait sur des bancs. Je suis quelqu'un qui fait une grande partie de mon enfance à la campagne. On a quitté la ville quand j'avais 6 ans. Et je sautais sur des murs en pierre de 50 cm de haut. Alors oui, il y a eu une phase du début, qui était une phase d'ailleurs pendant laquelle on était les premiers. Il n'y avait pas de tuto. Il n'y avait pas de club, il n'y avait rien de tout ça. Donc on a appris vraiment avec l'expérience, en testant, sur du mobilier rural comme ça. Donc qu'est-ce que pensaient les autres ? Ben, qu'est-ce qu'ils font ces gamins ? Il leur manque une case. Donc voilà, et puis après, de banc en banc, de mur en mur, de toit de garage en toit de garage, viennent les bâtiments haussmanniens de Paris. Et voilà quoi, petit à petit, petit à petit.

  • Speaker #1

    Tu disais au début que un de tes combats c'est de casser un peu les préjugés sur ce sport Du coup j'ai un des préjugés en tête, le parcours c'est illégal, est-ce que c'est vrai ? Qu'est-ce qu'il en est par rapport à ça ? Qu'est-ce qu'on a le droit de faire ?

  • Speaker #0

    Je ne vais pas débarquer en disant non, le parcours est complètement légal Mais en fait c'est compliqué parce que quand tu dis que c'est illégal Tu penses tout de suite à vendre de la drogue, à aller voler les gens J'y vais peut-être un peu fort mais le terme illégal C'est puissant dans le sens où le parcours en fait ça veut rien dire tu vois genre le parcours déjà de base c'est quoi c'est utiliser les pleines capacités motrices de son corps pour se mouvoir dans l'espace qu'est ce qui est illégal là dedans ? Tu vois ce que je veux dire ? Chacun le fait où il veut si moi je veux faire du parcours dans ce parc là, il y a sûrement des lois enfin des lois du parc qui vont me rendre éligible à en être viré tu vois ce que je veux dire ? parce que le parc n'est pas fait pour peut-être faire du sport ici

  • Speaker #1

    Mais comme si t'allais courir dans un endroit où t'as pas le droit d'aller Oui en fait c'est ça le truc,

  • Speaker #0

    les gens peut-être savent qu'aujourd'hui faire du skate sur le trottoir c'est illégal Depuis que les skateparks existent, le skate a vocation à être pratiqué que en skatepark Oui sauter de toi en toi n'est pas légal Mais en réalité les rares moments, parce qu'ils sont rares, où j'ai affaire aux forces de l'ordre ça se passe toujours très bien, dans le respect des deux côtés avec un peu d'admiration très souvent et tout va bien tu vois On n'est pas en train de faire du commerce illicite, on n'est pas en train de rouler en scooter dans l'herbe, enfin on fait du sport en fait.

  • Speaker #1

    Quel est ton rapport avec le danger ?

  • Speaker #0

    Mon rapport avec le danger, il est assez fort parce que je suis terrorisé par la mort.

  • Speaker #1

    Ok, c'est étonnant.

  • Speaker #0

    J'ai pas peur de grand chose dans la vie, mais par contre ça, la vieillesse et la mort, c'est terrible. Il y a quelqu'un qui m'a dit quelque chose il n'y a pas longtemps, qui m'a bluffé. C'est, on est des êtres immortels dans un corps mortel. Je crois qu'il m'a dit ça. Et moi je trouve ça très fort parce qu'on a un cerveau qui est capable d'aller... Il n'y a presque pas de limite. Parce qu'il ne faut pas d'exagérer, il en a quand même. Mais on est capable d'inventer à l'infini. On est capable de se poser des questions et de spéculer à l'infini. alors qu'en réalité on est dans une enveloppe qui est très périmable et qui est très éphémère en fait du coup ouais j'ai un rapport au danger qui est assez puissant tous mes commentaires il y a énormément de tu tiens pas à la vie mais waouh mais bien sûr que si en fait tu tiens peut-être plus que toi tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    c'est juste que toi tu la vis à...

  • Speaker #0

    c'est ta manière de la vivre en fait on a qu'une vie et dans celle-ci il faut tout tenter tu vois cette phrase là j'aime beaucoup également parce que si je tiens à la vie il y a un mec qui m'a mis hier aussi il est vu, il faut vraiment... pas respecter son âme pour faire un truc pareil et tout et j'étais en mode, en fait c'est intéressant parce que tu parles d'âme et l'âme moi ça me renvoie à quelque chose justement d'unique, d'être très spirituel bien que je ne le sois pas mais l'âme c'est très personnel et aujourd'hui tout le monde est pareil, tout le monde fait la même chose donc si en fait je respecte mon âme et je fais quelque chose d'unique, j'adore le faire et je réponds souvent tu vois, si je meurs demain, ça peut arriver si je meurs demain, bah j'ai déjà gagné J'ai 30 ans, je vis de ce que j'aime, de ma passion, j'ai fait des choses que des gens ne feront jamais en 30 vies Mais tu vois, j'ai déjà un bel objectif de rempli Aujourd'hui, je trouve qu'on vit plus, on est maintenu en vie Dans le sens où tu te lèves le matin, tu vas quelque part, tu vas sur une route qui a été faite pour que tu puisses y aller plus facilement Avec une voiture que tu n'es pas dans le marché, il y a des barrières partout pour que tu ne tombes pas, si tu as un problème la police vient t'aider en fait quand tu te réveilles tu as fini le jeu tu vois ce que je veux dire ? Et moi quand je prends de l'élan au dessus d'un toit et sur un métal glissant tu vois, sur du zinc et que je commence à courir et à sauter au dessus d'un vide mortel tu vois, quand j'arrive de l'autre côté que je me retourne et que je vois de là d'où je suis parti en fait j'ai réussi une entreprise qui m'est propre, c'est moi qui me suis entraîné pour le faire personne n'était là pour m'aider j'avais pas de sécurité si je suis encore là que je respire encore à cet instant là c'est uniquement parce que je l'ai réalisé tu vois et en fait il n'y a rien qui te fait plus vivre que ça et aucun moment où tu te sens vivre autant que ça voilà du coup je me demande tu es du genre à sauter et réfléchir après Non on réfléchit énormément et tout est calculé non justement on a une volonté de contrôle incroyable ça fait 17 ans que je fais ça On connait le mobilier par cœur Mais malgré ça, on le teste quand même avant et après, plus t'as de risque de perdre quelque chose, plus quelque chose est rare, plus il a de la valeur. Moi c'est exactement pareil avec ce que je fais, ça a de la valeur parce qu'il y a un capital risque qui est élevé. Tu vois ce que je veux dire ? Je voudrais juste bien différencier la notion de danger et de risque. Rentrer tard le soir dans un quartier sensible, complètement alcoolisé, c'est dangereux. Tu vois ce que je veux dire ? Parce que tu ne contrôles pas ce qui peut t'arriver. Par contre, faire ce que je fais c'est risqué. Je le contrôle, j'ai tout fait pour que ça se passe bien, ça se passera bien. Mais si jamais ça se passait mal, ce serait terrible parce qu'en fait c'est la mort. C'est pas la blessure, c'est la mort directe. Il y a le gros qui est misé, donc c'est très risqué. Mais c'est pas dangereux.

  • Speaker #1

    Oui, c'est intéressant. Et du coup ma question elle portait sur le parcours, mais aussi quand je te demandais si tu réfléchissais, dans quel sens ça se faisait dans ta tête, mais ça se portait aussi sur tous les jours. Du coup est-ce que tous les jours, au quotidien, tout ce que tu fais, tu le réfléchis vachement avant ? Ou tu arrives à garder une spontanéité et parfois réfléchir après ?

  • Speaker #0

    Dans le parcours ?

  • Speaker #1

    Justement, vu que tu le fais dans le parcours, est-ce que ça se fait pour tout le reste de ta vie ? Est-ce que tu l'appliques ?

  • Speaker #0

    Ouais, t'es obligé un peu de réfléchir dans ce que je fais parce que c'est un métier qui est nouveau, il faut tout apprendre soi-même, tu peux pas y aller sans réfléchir. Mais c'est pas vraiment comparable au parcours dans le sens où je peux plus me permettre d'échouer dans la vie de tous les jours. Donc je réfléchis pas pareil en fait.

  • Speaker #1

    On en parlait tout à l'heure en off, tu me disais que tu avais 30 ans et que ton corps avait plus

  • Speaker #0

    Et le jour où tu pourras la pratiquer Non non j'ai pas dit que mon corps avait plus, attention J'ai dit que mon corps les faisait bien Mon corps pourrait faire moins de 30 ans et mon corps pourrait faire aussi beaucoup plus Parce que j'ai cru que tu avais moins de 30 ans Non je t'ai fait cette réflexion là parce que quand tu m'as dit que je faisais moins que mon âge Je t'ai dit malheureusement mon corps le fait Et en fait ce que je veux dire par là c'est que 30 ans ça paraît peu pour beaucoup de gens mais en fait c'est La décroissance cellulaire chez les mâles, elle commence à 25 si je dis pas de conneries. Moi, même avant, je crois que c'est entre 20 et 23, un truc comme ça. Bref. Et du coup, ça se ressent. Je continue à progresser aujourd'hui. Je prends plus de muscles, je prends plus de puissance, plus de technique. Mais par contre, la récupération, c'est terrible. Si aujourd'hui, je me couche très tard le soir ou je bois un petit peu ou quelque chose comme ça, c'est impensable de faire une perf le lendemain. Alors que quand t'es jeune, tu sors tous les derniers jours de la semaine, puis tu t'entraînes tous les lendemains, il n'y a aucun problème avec ça. La blessure aujourd'hui, elle me coûte deux fois plus de temps à revenir qu'un gamin de 18 ans qui arrive et qui explose tout.

  • Speaker #1

    Là où je voulais en venir, c'était de te dire, du coup, un jour tu vas forcément arriver aux limites de ton corps. Non ! Tu ne répondras pas à cette question du coup ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu n'as pas peur de t'ennuyer le jour où tu ne pourras plus sauter ?

  • Speaker #0

    Non, non, non, non, j'ai pas peur de m'ennuyer, ça va terriblement me manquer, je vais être encore plus mélancolique que je ne le suis d'ores et déjà. C'est certain, comme je suis déjà hyper mélancolique de certaines phases de mon enfance, mais non, je vais pas m'ennuyer parce que justement, je me garde plein de choses pour ce moment-là. Je me garde le fait de pouvoir aller voyager, découvrir plein de trucs, et chaque chose dans son temps. Je pense que 40 balais, c'est un âge plus sage.

  • Speaker #1

    Moi j'allais te demander justement s'il y avait un âge dans le parcours, enfin un âge, c'est pas écrit, mais... Plus ou moins où on commençait et où on arrêtait à sauter.

  • Speaker #0

    Franchement, je ne suis pas encore légitime à parler de la vieillesse parce que je ne suis pas quelqu'un de vieux. Mais je pense que chacun appréhende sa vieillesse de manière différente, suivant les cartes qui lui restent. Je sais qu'il y a des papys qui pètent encore la forme, qui font encore plein de choses, plein de choses. Moi je ne sais pas, je ferai avec ce que j'aurai. Déjà il faut savoir que le parcours ce n'est pas forcément sauter d'un toit à un autre avec 5 mètres de dénivelé et 6 mètres de longueur. ça peut... ça peut être un rien, ça peut être s'amuser à essayer d'arriver en équilibre sur un petit morceau de trottoir etc. Il faut me voir de temps en temps, je m'amuse avec un rien tu vois. Je pense que ça on peut le faire jusqu'à 50 ans facile, il y a des preuves vivantes aujourd'hui de gens qui font encore du parcours à cet âge là et qui s'éclatent tu vois. Après j'ai envie de dire à 55 ans, allez 60 balais, pas forcément besoin de prendre quelqu'un du parcours pour lui dire est-ce que tu pourrais toujours faire ci ou ça, il n'y a pas de choses qu'on peut plus faire tu vois. Déjà je me souhaite Manon d'arriver à 40 balais J'ai perdu énormément d'amis pendant la vingtaine de diverses choses tu vois Ça aussi j'aime bien le dire aux gens qui me disent Ouais tu vas mourir etc Coco je fais du parcours sur de ton toit je suis encore là Alors que j'ai perdu des potes de cancer, de maladies diverses et variées D'accidents de voiture, de noyades tu vois ce que je veux dire Et les gugus ils avaient des modes de vie sans tu vois Regarde moi je suis là aujourd'hui donc c'est bien de contextualiser les choses et de ramener aussi les gens à cette constatation là tu vois.

  • Speaker #1

    Et du coup t'estimes que t'as un mode de vie sain ou pas ?

  • Speaker #0

    Ouais moins 5 d'autres, plus 5 d'autres je sais pas, oui je pense, en fait ouais carrément je fais...

  • Speaker #1

    Finalement oui

  • Speaker #0

    Non mais parce que quand tu me poses la question forcément t'as l'impression que c'est pas le cas donc tu te remets en cause et moi je suis toujours quelqu'un, je remets toujours en cause et j'essaie toujours de faire mieux donc là aujourd'hui j'ai envie de te dire non, faudrait que je mange mieux parce que je mange n'importe comment, faudrait que je dorme plus tu vois ... C'est vrai tu vois, mais d'un autre côté, oui j'ai un mode de vie sain, je fais Tous les jours je suis en très bonne forme, j'ai aucune maladie, je pense que j'ai un mode de vie qui est relativement sain.

  • Speaker #1

    Sportivement comment tu entretiens ton corps ? Du coup ce que j'imagine que c'est pas que faire du parcours, est-ce que tu fais du renforcement à côté ?

  • Speaker #0

    Déjà, un renforcement dès que tu peux en faire, idéalement tous les jours, au minimum deux à trois fois par semaine. À côté de ça il y a le parcours lui-même qui a valeur d'entraînement, quand je fais du parcours c'est comme si je fais du renforcement, donc ça tu le rajoutes à la salle. Et puis je dis que je mange n'importe comment mais je fais tellement d'activités physiques que bon ça va tu vois j'étais toujours toi tu entends quand je vais quelque part et que je suis à pied bah je cours tu vois parce que pourquoi pas je vais arriver plus vite j'ai fait du sport il y a quoi à perdre en fait à part un peu d'inconfort tu vois mais l'inconfort c'est aussi important tu vois il faut goûter l'inconfort c'est très très important pour la santé mentale sinon t'apprécies plus rien en fait j'essaye de me déplacer le plus possible d'être le moins sédentaire possible et puis et puis voilà

  • Speaker #1

    Et comment tu prends soin de ta tête ?

  • Speaker #0

    Wow !

  • Speaker #1

    De ton mental, parce qu'il y a une énorme partie mentale dans le parcours.

  • Speaker #0

    Terrible, ouais. Déjà, de base, le parcours, il y a une partie psychologique qui est immense, tu l'as très bien dit, et de deux, qu'aujourd'hui c'est très très dur d'être en bonne santé mentale. On a une charge psychologique qui est bien supérieure à ce pour quoi on est câblé aujourd'hui. Comment je prends soin de ma tête ? Ben je sais pas en fait. J'essaie de tenir. J'essaye de prendre soin de mon corps parce que on oublie que la tête c'est le corps. Si ton cerveau il t'en prend pas soin, c'est à dire si tu l'oxygènes pas assez, si tu bois pas assez et surtout si tu dors pas assez, t'es pas capable de réfléchir et tu fais vite un burn out. Donc je prends soin de mon corps et puis j'essaye de tenir la cadence. Mais c'est pas facile, c'est pas facile. Je pose plein de questions, j'ai peur de là où on va, je suis très stressé comme beaucoup de monde. Mais écoute on tient bon.

  • Speaker #1

    Et peut-être que du coup le parcours ça t'aide aussi, c'est un moyen d'extérioriser ?

  • Speaker #0

    Oh mais tellement, tellement, justement je suis plein de gens qui n'ont pas ça en fait. Il faut au moins avoir un truc, les jeux vidéo, l'art, une passion, c'est ça exactement, il faut rentrer, il faut se décharger, tu vois. Tu vois quand tu rentres du boulot et que tu te mets devant la télé, ben ça t'anesthésie, mais c'est tout, tu vois, tu libères rien. Donc ouais c'est très très important, et le parcours évidemment que ça m'aide à extérioriser, ça m'aide à relativiser de fou, tu vois. C'est bien aussi de te rappeler des fois que t'es dans une masse, une biomasse de 70 kilos qui peut s'éclater au sol et puis qu'au final t'es que ça, il faut que tu redescendes un petit peu. Et de savoir aussi de quoi on est capable. On a une machine, le corps humain qui est un missile. C'est un truc de malade ce qu'on est capable de faire. Donc ouais, ça permet de relativiser.

  • Speaker #1

    C'est quoi pour toi un déclic, avoir un déclic ?

  • Speaker #0

    Avoir un déclic, là tu me poses la question comme ça, je vais répondre très rapidement, je te dis c'est comprendre quelque chose et avoir une action qui vient avec. Tu vois genre tu as capté un truc et tu te contentes pas de le capter ça change quelque chose en toi. Pour moi ce serait ça.

  • Speaker #1

    Ouais, j'ai un peu la même définition pour moi quand tu as eu un déclic, tu peux pas ensuite le nier tu vois c'est un truc qui reviendra tout le temps.

  • Speaker #0

    Ouais ok. Donc toi c'est même quelque chose qui est plus fort que toi quoi. Ouais. Ouais ok. Ouais clairement.

  • Speaker #1

    Si on l'écoute. Après c'est toujours ça, il y a des déclics.

  • Speaker #0

    peut-être qu'on a mais qu'on écoute pas c'est juste qu'on prend quelque chose le déclic pour moi t'as eu un déclic c'était trop juste quand t'as dit que tu pourras rien y faire ça a changé quelque chose dans ta tête mais du coup toi t'as dû en avoir un avec le parcours je pense qu'il y a eu un jour, tu t'en es peut-être pas rendu compte ou quand t'as sauté et tu t'es dit mais c'est ça mon truc ça c'est très fantasmé les gens veulent que ce soit comme ça et j'aimerais bien aussi parce que c'est trop stylé j'ai eu un déclic, là j'ai fait un saut et non, je suis pas arrivé d'un seul coup à sauter au dessus d'un vide et puis pourquoi j'aurais fait ça sans raison et non, la vérité elle est peut-être un peu plus fade c'est que j'ai toujours été un peu comme ça et qu'au final, quand je me suis mis à faire du parkour ça m'a progressivement apporté confiance en moi ça m'a build non, j'ai pas vraiment eu de déclic là-dessus

  • Speaker #1

    Où est-ce qu'on peut te retrouver Kylian ?

  • Speaker #0

    actuellement là au parc de c'est quoi non je suis sur tik tok instagram youtube snapchat sur les plateformes de réseaux sociaux au nom de kilian toile cas y arrêtez de mettre un y vous dites ok d'accord et vous écrivez y donc non qu'à i2l ian toul sur toutes les plateformes de réseaux sociaux trop bien écoute merci beaucoup kilian

  • Speaker #1

    avec un I.

  • Speaker #0

    Merci Manon avec un A.

  • Speaker #1

    Et puis à très bientôt.

  • Speaker #0

    À très bientôt. Salut.

  • Speaker #1

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin ce déclic.

Description

"Sauter dans le vide, ce n'est pas que dans les films". Cet épisode aurait pu être enregistré depuis les toits de Paris, mais, mon invité s'est montré plus classique cette fois, sur le lieu de rendez-vous. C’est donc au jardin des Tuileries à Paris que je rencontre Killian Touel, créateur de contenus et traceur. C’est comme cela que l’on appelle les pratiquants de son sport : le parkour. Ce que j’ai voulu savoir  ? Pourquoi il a choisi ce sport et ce qu’il se passe dans sa tête quand il le pratique et trace son chemin. Mais dans cet épisode, on ne parle pas que de parkour. On aborde aussi le rapport au danger, le fait d’oser se lancer et de comment on peut prendre soin de son corps et de sa tête pour faire du parkour, mais pas que…

📲💻 Retrouvez Killian Touel sur Youtube, Instagram, TikTok ou sur LinkedIn.

💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.

🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Qui sait… Vous tomberez peut-être, vous aussi, sur un déclic.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre,

  • Speaker #1

    rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur cet épisode. Vous écoutez le déclic de Kylian Tuel. Salut Kylian, ça va ? T'es en forme ?

  • Speaker #0

    Salut Manon, ça va, ça va.

  • Speaker #1

    Petite nuit je crois.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Alors on s'est rendonné rendez-vous dans un jardin à Paris mais en fait ça aurait pu être en haut d'un toit.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Si on se retrouve à Paris c'est parce qu'aujourd'hui c'est ta ville depuis peu, une semaine, t'es encore dans les cartons c'est ce que tu me disais. Paris c'est une ville que tu aimes et que tu vas continuer de découvrir vue d'en haut. Kylian tu as 30 ans, tu viens de Besançon et j'ai lu que tu parlais de toi comme d'un mec qui saute partout.

  • Speaker #0

    Ouais c'est ça. Paris, je connais depuis un moment déjà, mais c'est vrai que là, ça y est, j'ai enfin posé mes valises, ce qui va me permettre de mettre au jour des projets un peu plus conséquents, un peu plus gros, et puis vraiment d'optimiser cette carrière que j'entreprends depuis maintenant deux ans.

  • Speaker #1

    Tu pratiques le parkour. Le parkour, c'est un sport dans lequel on fait de l'espèce urbain son terrain de jeu, son terrain de pratique. C'est un enchaînement de sauts, de franchissements d'obstacles, d'escalades, mais tu définiras plus tard mieux que moi ce sport. Tout ça, toi, tu le partages sur les réseaux sociaux. C'est ce que tu as toujours voulu, d'ailleurs, vulgariser et faire connaître ce sport, transmettre son esprit. Tu as d'ailleurs commencé à le faire il y a un moment en créant une association quand tu vivais encore à Besançon. Pour revenir à tes partages...

  • Speaker #0

    J'ai plus rien à te dire, en fait.

  • Speaker #1

    Bah ouais ! Si, si, t'inquiète pas, j'ai plein de questions. Pour revenir à tes partages et à ta communauté sur les réseaux sociaux, tu publies aussi des petits scénarios, des fictions dans lesquelles tu te mets dans la peau de personnage. C'est peut-être anodin pour toi, mais j'ai aussi vu que tu avais participé à Ninja Warrior. Bref. Est-ce que tu ne vivrais pas un peu dans un film finalement Kylian ?

  • Speaker #0

    J'adore, ton introduction elle est parfaite ! D'ailleurs je crois que sur une de mes plateformes, justement ma bio c'est les sauts de toi en toi c'est pas que dans les films. Et j'adore cette façon de le dire, c'est totalement ma philosophie. Tu vois l'être humain, on plonge en plein dans le cœur du sujet là, mais l'être humain il est accro à ce canapé sur lequel il va pouvoir mater des images dans lesquelles tout le monde saute de toi en toi avec des explosions derrière etc. Et tu vois en fait... Il peut plus le faire lui-même aujourd'hui Et en fait du coup il est obligé de le regarder dans des fictions C'est par procuration quoi,

  • Speaker #1

    on le dit par procuration

  • Speaker #0

    Ouais voilà, en gros tout le monde aime ça, tout le monde aime l'action, tout le monde aime l'aventure Mais personne n'ose Ouais Tu vois, et au final on oublie qu'un film c'est la réalité Il y a réellement un tournage avec ces choses qu'on voit dedans C'est juste que c'est fait sans risque parce qu'on contrôle tout Mais c'est savouré que lorsque le spectateur croit que c'est vrai Tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    Ouais carrément

  • Speaker #0

    Moi ce que je fais aujourd'hui C'est que j'essaye de rester un enfant dans un corps d'adulte en fait, j'essaye de garder cet âme d'enfant. Quand on est gamin, on voit quelque chose, on est dans un parc, je prends l'image du parc pour qu'on est dans un parc aujourd'hui. S'il y a une zone du parc qu'on n'a pas explorée, là c'est pas possible. Il faut qu'on y aille, on court, on y va, on s'en fout de ce qui peut nous arriver, de si on a le droit ou pas de le faire, on y va, on fonce tu vois. On marche dans la rue, on croise une barrière, qu'est-ce qu'on fait ? On met les doigts dans la barrière. En fait, il faut tout qu'on teste, il faut tout qu'on touche. Et ça, je pense pas que ça s'en aille vraiment. Je pense que c'est écrasé par le reste quand on grandit. Et voilà, moi je tente malgré tout de conserver tout ça. Moi j'essaye de rester un petit peu maître de ces émotions passées, de les garder, de les conserver, d'explorer, de jouer, de m'amuser, tout en gardant le contrôle sur mon corps en fait.

  • Speaker #1

    Ça justement tu le fais en partie avec le parcours. Comment est-ce que tu as rencontré ce sport et que tu t'es dit, bon ça ça y est, j'ai trouvé, c'est mon sport ?

  • Speaker #0

    Comme beaucoup, beaucoup, beaucoup de traceurs de ma génération, les traceurs c'est ceux qui pratiquent cette discipline-là, c'est le nom qu'on a. là J'ai toujours été un petit peu fougueux, j'ai toujours été... Tu vois, j'ai grimpé mon lit à barreaux avant même de savoir en marcher. Je tombais sur la tête, c'était pas glorieux, mais style. J'ai grimpé les meubles de chez moi, j'ai toujours été... Avec mon ami d'enfance, dès qu'on voyait un arbre, c'était le premier qui était dedans, etc. J'ai toujours eu un petit peu cette âme. Et quand j'ai commencé à voir émerger 2-3 vidéos, à l'époque, c'était Dailymotion et Youtube, mais il y avait quoi ? Quand tu t'avais par coup, il y avait 3 vidéos qui sortaient. Mais quand j'ai commencé à avoir popé ces choses-là Avoir le Fini Makassi Je me suis rendu compte que c'était ouf On pouvait continuer à faire le Zouave Mais avec de la discipline Et de mettre dessus des règles Qui rendent ça sérieux Et là c'était en mode wow Mais let's go

  • Speaker #1

    Et du coup quel regard avaient tes proches Sur ça Est-ce qu'ils se sont dit justement mais qu'est-ce qu'il fait il fait le Zouave Est-ce que t'as dû mener un petit combat Pour dire non mais en fait c'est du sport

  • Speaker #0

    Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent sur les réseaux aujourd'hui on... On ne s'est pas levé un matin, on a grimpé sur un toit et on a sauté 15 étages. Non, au début, on sautait sur des bancs. Je suis quelqu'un qui fait une grande partie de mon enfance à la campagne. On a quitté la ville quand j'avais 6 ans. Et je sautais sur des murs en pierre de 50 cm de haut. Alors oui, il y a eu une phase du début, qui était une phase d'ailleurs pendant laquelle on était les premiers. Il n'y avait pas de tuto. Il n'y avait pas de club, il n'y avait rien de tout ça. Donc on a appris vraiment avec l'expérience, en testant, sur du mobilier rural comme ça. Donc qu'est-ce que pensaient les autres ? Ben, qu'est-ce qu'ils font ces gamins ? Il leur manque une case. Donc voilà, et puis après, de banc en banc, de mur en mur, de toit de garage en toit de garage, viennent les bâtiments haussmanniens de Paris. Et voilà quoi, petit à petit, petit à petit.

  • Speaker #1

    Tu disais au début que un de tes combats c'est de casser un peu les préjugés sur ce sport Du coup j'ai un des préjugés en tête, le parcours c'est illégal, est-ce que c'est vrai ? Qu'est-ce qu'il en est par rapport à ça ? Qu'est-ce qu'on a le droit de faire ?

  • Speaker #0

    Je ne vais pas débarquer en disant non, le parcours est complètement légal Mais en fait c'est compliqué parce que quand tu dis que c'est illégal Tu penses tout de suite à vendre de la drogue, à aller voler les gens J'y vais peut-être un peu fort mais le terme illégal C'est puissant dans le sens où le parcours en fait ça veut rien dire tu vois genre le parcours déjà de base c'est quoi c'est utiliser les pleines capacités motrices de son corps pour se mouvoir dans l'espace qu'est ce qui est illégal là dedans ? Tu vois ce que je veux dire ? Chacun le fait où il veut si moi je veux faire du parcours dans ce parc là, il y a sûrement des lois enfin des lois du parc qui vont me rendre éligible à en être viré tu vois ce que je veux dire ? parce que le parc n'est pas fait pour peut-être faire du sport ici

  • Speaker #1

    Mais comme si t'allais courir dans un endroit où t'as pas le droit d'aller Oui en fait c'est ça le truc,

  • Speaker #0

    les gens peut-être savent qu'aujourd'hui faire du skate sur le trottoir c'est illégal Depuis que les skateparks existent, le skate a vocation à être pratiqué que en skatepark Oui sauter de toi en toi n'est pas légal Mais en réalité les rares moments, parce qu'ils sont rares, où j'ai affaire aux forces de l'ordre ça se passe toujours très bien, dans le respect des deux côtés avec un peu d'admiration très souvent et tout va bien tu vois On n'est pas en train de faire du commerce illicite, on n'est pas en train de rouler en scooter dans l'herbe, enfin on fait du sport en fait.

  • Speaker #1

    Quel est ton rapport avec le danger ?

  • Speaker #0

    Mon rapport avec le danger, il est assez fort parce que je suis terrorisé par la mort.

  • Speaker #1

    Ok, c'est étonnant.

  • Speaker #0

    J'ai pas peur de grand chose dans la vie, mais par contre ça, la vieillesse et la mort, c'est terrible. Il y a quelqu'un qui m'a dit quelque chose il n'y a pas longtemps, qui m'a bluffé. C'est, on est des êtres immortels dans un corps mortel. Je crois qu'il m'a dit ça. Et moi je trouve ça très fort parce qu'on a un cerveau qui est capable d'aller... Il n'y a presque pas de limite. Parce qu'il ne faut pas d'exagérer, il en a quand même. Mais on est capable d'inventer à l'infini. On est capable de se poser des questions et de spéculer à l'infini. alors qu'en réalité on est dans une enveloppe qui est très périmable et qui est très éphémère en fait du coup ouais j'ai un rapport au danger qui est assez puissant tous mes commentaires il y a énormément de tu tiens pas à la vie mais waouh mais bien sûr que si en fait tu tiens peut-être plus que toi tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    c'est juste que toi tu la vis à...

  • Speaker #0

    c'est ta manière de la vivre en fait on a qu'une vie et dans celle-ci il faut tout tenter tu vois cette phrase là j'aime beaucoup également parce que si je tiens à la vie il y a un mec qui m'a mis hier aussi il est vu, il faut vraiment... pas respecter son âme pour faire un truc pareil et tout et j'étais en mode, en fait c'est intéressant parce que tu parles d'âme et l'âme moi ça me renvoie à quelque chose justement d'unique, d'être très spirituel bien que je ne le sois pas mais l'âme c'est très personnel et aujourd'hui tout le monde est pareil, tout le monde fait la même chose donc si en fait je respecte mon âme et je fais quelque chose d'unique, j'adore le faire et je réponds souvent tu vois, si je meurs demain, ça peut arriver si je meurs demain, bah j'ai déjà gagné J'ai 30 ans, je vis de ce que j'aime, de ma passion, j'ai fait des choses que des gens ne feront jamais en 30 vies Mais tu vois, j'ai déjà un bel objectif de rempli Aujourd'hui, je trouve qu'on vit plus, on est maintenu en vie Dans le sens où tu te lèves le matin, tu vas quelque part, tu vas sur une route qui a été faite pour que tu puisses y aller plus facilement Avec une voiture que tu n'es pas dans le marché, il y a des barrières partout pour que tu ne tombes pas, si tu as un problème la police vient t'aider en fait quand tu te réveilles tu as fini le jeu tu vois ce que je veux dire ? Et moi quand je prends de l'élan au dessus d'un toit et sur un métal glissant tu vois, sur du zinc et que je commence à courir et à sauter au dessus d'un vide mortel tu vois, quand j'arrive de l'autre côté que je me retourne et que je vois de là d'où je suis parti en fait j'ai réussi une entreprise qui m'est propre, c'est moi qui me suis entraîné pour le faire personne n'était là pour m'aider j'avais pas de sécurité si je suis encore là que je respire encore à cet instant là c'est uniquement parce que je l'ai réalisé tu vois et en fait il n'y a rien qui te fait plus vivre que ça et aucun moment où tu te sens vivre autant que ça voilà du coup je me demande tu es du genre à sauter et réfléchir après Non on réfléchit énormément et tout est calculé non justement on a une volonté de contrôle incroyable ça fait 17 ans que je fais ça On connait le mobilier par cœur Mais malgré ça, on le teste quand même avant et après, plus t'as de risque de perdre quelque chose, plus quelque chose est rare, plus il a de la valeur. Moi c'est exactement pareil avec ce que je fais, ça a de la valeur parce qu'il y a un capital risque qui est élevé. Tu vois ce que je veux dire ? Je voudrais juste bien différencier la notion de danger et de risque. Rentrer tard le soir dans un quartier sensible, complètement alcoolisé, c'est dangereux. Tu vois ce que je veux dire ? Parce que tu ne contrôles pas ce qui peut t'arriver. Par contre, faire ce que je fais c'est risqué. Je le contrôle, j'ai tout fait pour que ça se passe bien, ça se passera bien. Mais si jamais ça se passait mal, ce serait terrible parce qu'en fait c'est la mort. C'est pas la blessure, c'est la mort directe. Il y a le gros qui est misé, donc c'est très risqué. Mais c'est pas dangereux.

  • Speaker #1

    Oui, c'est intéressant. Et du coup ma question elle portait sur le parcours, mais aussi quand je te demandais si tu réfléchissais, dans quel sens ça se faisait dans ta tête, mais ça se portait aussi sur tous les jours. Du coup est-ce que tous les jours, au quotidien, tout ce que tu fais, tu le réfléchis vachement avant ? Ou tu arrives à garder une spontanéité et parfois réfléchir après ?

  • Speaker #0

    Dans le parcours ?

  • Speaker #1

    Justement, vu que tu le fais dans le parcours, est-ce que ça se fait pour tout le reste de ta vie ? Est-ce que tu l'appliques ?

  • Speaker #0

    Ouais, t'es obligé un peu de réfléchir dans ce que je fais parce que c'est un métier qui est nouveau, il faut tout apprendre soi-même, tu peux pas y aller sans réfléchir. Mais c'est pas vraiment comparable au parcours dans le sens où je peux plus me permettre d'échouer dans la vie de tous les jours. Donc je réfléchis pas pareil en fait.

  • Speaker #1

    On en parlait tout à l'heure en off, tu me disais que tu avais 30 ans et que ton corps avait plus

  • Speaker #0

    Et le jour où tu pourras la pratiquer Non non j'ai pas dit que mon corps avait plus, attention J'ai dit que mon corps les faisait bien Mon corps pourrait faire moins de 30 ans et mon corps pourrait faire aussi beaucoup plus Parce que j'ai cru que tu avais moins de 30 ans Non je t'ai fait cette réflexion là parce que quand tu m'as dit que je faisais moins que mon âge Je t'ai dit malheureusement mon corps le fait Et en fait ce que je veux dire par là c'est que 30 ans ça paraît peu pour beaucoup de gens mais en fait c'est La décroissance cellulaire chez les mâles, elle commence à 25 si je dis pas de conneries. Moi, même avant, je crois que c'est entre 20 et 23, un truc comme ça. Bref. Et du coup, ça se ressent. Je continue à progresser aujourd'hui. Je prends plus de muscles, je prends plus de puissance, plus de technique. Mais par contre, la récupération, c'est terrible. Si aujourd'hui, je me couche très tard le soir ou je bois un petit peu ou quelque chose comme ça, c'est impensable de faire une perf le lendemain. Alors que quand t'es jeune, tu sors tous les derniers jours de la semaine, puis tu t'entraînes tous les lendemains, il n'y a aucun problème avec ça. La blessure aujourd'hui, elle me coûte deux fois plus de temps à revenir qu'un gamin de 18 ans qui arrive et qui explose tout.

  • Speaker #1

    Là où je voulais en venir, c'était de te dire, du coup, un jour tu vas forcément arriver aux limites de ton corps. Non ! Tu ne répondras pas à cette question du coup ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu n'as pas peur de t'ennuyer le jour où tu ne pourras plus sauter ?

  • Speaker #0

    Non, non, non, non, j'ai pas peur de m'ennuyer, ça va terriblement me manquer, je vais être encore plus mélancolique que je ne le suis d'ores et déjà. C'est certain, comme je suis déjà hyper mélancolique de certaines phases de mon enfance, mais non, je vais pas m'ennuyer parce que justement, je me garde plein de choses pour ce moment-là. Je me garde le fait de pouvoir aller voyager, découvrir plein de trucs, et chaque chose dans son temps. Je pense que 40 balais, c'est un âge plus sage.

  • Speaker #1

    Moi j'allais te demander justement s'il y avait un âge dans le parcours, enfin un âge, c'est pas écrit, mais... Plus ou moins où on commençait et où on arrêtait à sauter.

  • Speaker #0

    Franchement, je ne suis pas encore légitime à parler de la vieillesse parce que je ne suis pas quelqu'un de vieux. Mais je pense que chacun appréhende sa vieillesse de manière différente, suivant les cartes qui lui restent. Je sais qu'il y a des papys qui pètent encore la forme, qui font encore plein de choses, plein de choses. Moi je ne sais pas, je ferai avec ce que j'aurai. Déjà il faut savoir que le parcours ce n'est pas forcément sauter d'un toit à un autre avec 5 mètres de dénivelé et 6 mètres de longueur. ça peut... ça peut être un rien, ça peut être s'amuser à essayer d'arriver en équilibre sur un petit morceau de trottoir etc. Il faut me voir de temps en temps, je m'amuse avec un rien tu vois. Je pense que ça on peut le faire jusqu'à 50 ans facile, il y a des preuves vivantes aujourd'hui de gens qui font encore du parcours à cet âge là et qui s'éclatent tu vois. Après j'ai envie de dire à 55 ans, allez 60 balais, pas forcément besoin de prendre quelqu'un du parcours pour lui dire est-ce que tu pourrais toujours faire ci ou ça, il n'y a pas de choses qu'on peut plus faire tu vois. Déjà je me souhaite Manon d'arriver à 40 balais J'ai perdu énormément d'amis pendant la vingtaine de diverses choses tu vois Ça aussi j'aime bien le dire aux gens qui me disent Ouais tu vas mourir etc Coco je fais du parcours sur de ton toit je suis encore là Alors que j'ai perdu des potes de cancer, de maladies diverses et variées D'accidents de voiture, de noyades tu vois ce que je veux dire Et les gugus ils avaient des modes de vie sans tu vois Regarde moi je suis là aujourd'hui donc c'est bien de contextualiser les choses et de ramener aussi les gens à cette constatation là tu vois.

  • Speaker #1

    Et du coup t'estimes que t'as un mode de vie sain ou pas ?

  • Speaker #0

    Ouais moins 5 d'autres, plus 5 d'autres je sais pas, oui je pense, en fait ouais carrément je fais...

  • Speaker #1

    Finalement oui

  • Speaker #0

    Non mais parce que quand tu me poses la question forcément t'as l'impression que c'est pas le cas donc tu te remets en cause et moi je suis toujours quelqu'un, je remets toujours en cause et j'essaie toujours de faire mieux donc là aujourd'hui j'ai envie de te dire non, faudrait que je mange mieux parce que je mange n'importe comment, faudrait que je dorme plus tu vois ... C'est vrai tu vois, mais d'un autre côté, oui j'ai un mode de vie sain, je fais Tous les jours je suis en très bonne forme, j'ai aucune maladie, je pense que j'ai un mode de vie qui est relativement sain.

  • Speaker #1

    Sportivement comment tu entretiens ton corps ? Du coup ce que j'imagine que c'est pas que faire du parcours, est-ce que tu fais du renforcement à côté ?

  • Speaker #0

    Déjà, un renforcement dès que tu peux en faire, idéalement tous les jours, au minimum deux à trois fois par semaine. À côté de ça il y a le parcours lui-même qui a valeur d'entraînement, quand je fais du parcours c'est comme si je fais du renforcement, donc ça tu le rajoutes à la salle. Et puis je dis que je mange n'importe comment mais je fais tellement d'activités physiques que bon ça va tu vois j'étais toujours toi tu entends quand je vais quelque part et que je suis à pied bah je cours tu vois parce que pourquoi pas je vais arriver plus vite j'ai fait du sport il y a quoi à perdre en fait à part un peu d'inconfort tu vois mais l'inconfort c'est aussi important tu vois il faut goûter l'inconfort c'est très très important pour la santé mentale sinon t'apprécies plus rien en fait j'essaye de me déplacer le plus possible d'être le moins sédentaire possible et puis et puis voilà

  • Speaker #1

    Et comment tu prends soin de ta tête ?

  • Speaker #0

    Wow !

  • Speaker #1

    De ton mental, parce qu'il y a une énorme partie mentale dans le parcours.

  • Speaker #0

    Terrible, ouais. Déjà, de base, le parcours, il y a une partie psychologique qui est immense, tu l'as très bien dit, et de deux, qu'aujourd'hui c'est très très dur d'être en bonne santé mentale. On a une charge psychologique qui est bien supérieure à ce pour quoi on est câblé aujourd'hui. Comment je prends soin de ma tête ? Ben je sais pas en fait. J'essaie de tenir. J'essaye de prendre soin de mon corps parce que on oublie que la tête c'est le corps. Si ton cerveau il t'en prend pas soin, c'est à dire si tu l'oxygènes pas assez, si tu bois pas assez et surtout si tu dors pas assez, t'es pas capable de réfléchir et tu fais vite un burn out. Donc je prends soin de mon corps et puis j'essaye de tenir la cadence. Mais c'est pas facile, c'est pas facile. Je pose plein de questions, j'ai peur de là où on va, je suis très stressé comme beaucoup de monde. Mais écoute on tient bon.

  • Speaker #1

    Et peut-être que du coup le parcours ça t'aide aussi, c'est un moyen d'extérioriser ?

  • Speaker #0

    Oh mais tellement, tellement, justement je suis plein de gens qui n'ont pas ça en fait. Il faut au moins avoir un truc, les jeux vidéo, l'art, une passion, c'est ça exactement, il faut rentrer, il faut se décharger, tu vois. Tu vois quand tu rentres du boulot et que tu te mets devant la télé, ben ça t'anesthésie, mais c'est tout, tu vois, tu libères rien. Donc ouais c'est très très important, et le parcours évidemment que ça m'aide à extérioriser, ça m'aide à relativiser de fou, tu vois. C'est bien aussi de te rappeler des fois que t'es dans une masse, une biomasse de 70 kilos qui peut s'éclater au sol et puis qu'au final t'es que ça, il faut que tu redescendes un petit peu. Et de savoir aussi de quoi on est capable. On a une machine, le corps humain qui est un missile. C'est un truc de malade ce qu'on est capable de faire. Donc ouais, ça permet de relativiser.

  • Speaker #1

    C'est quoi pour toi un déclic, avoir un déclic ?

  • Speaker #0

    Avoir un déclic, là tu me poses la question comme ça, je vais répondre très rapidement, je te dis c'est comprendre quelque chose et avoir une action qui vient avec. Tu vois genre tu as capté un truc et tu te contentes pas de le capter ça change quelque chose en toi. Pour moi ce serait ça.

  • Speaker #1

    Ouais, j'ai un peu la même définition pour moi quand tu as eu un déclic, tu peux pas ensuite le nier tu vois c'est un truc qui reviendra tout le temps.

  • Speaker #0

    Ouais ok. Donc toi c'est même quelque chose qui est plus fort que toi quoi. Ouais. Ouais ok. Ouais clairement.

  • Speaker #1

    Si on l'écoute. Après c'est toujours ça, il y a des déclics.

  • Speaker #0

    peut-être qu'on a mais qu'on écoute pas c'est juste qu'on prend quelque chose le déclic pour moi t'as eu un déclic c'était trop juste quand t'as dit que tu pourras rien y faire ça a changé quelque chose dans ta tête mais du coup toi t'as dû en avoir un avec le parcours je pense qu'il y a eu un jour, tu t'en es peut-être pas rendu compte ou quand t'as sauté et tu t'es dit mais c'est ça mon truc ça c'est très fantasmé les gens veulent que ce soit comme ça et j'aimerais bien aussi parce que c'est trop stylé j'ai eu un déclic, là j'ai fait un saut et non, je suis pas arrivé d'un seul coup à sauter au dessus d'un vide et puis pourquoi j'aurais fait ça sans raison et non, la vérité elle est peut-être un peu plus fade c'est que j'ai toujours été un peu comme ça et qu'au final, quand je me suis mis à faire du parkour ça m'a progressivement apporté confiance en moi ça m'a build non, j'ai pas vraiment eu de déclic là-dessus

  • Speaker #1

    Où est-ce qu'on peut te retrouver Kylian ?

  • Speaker #0

    actuellement là au parc de c'est quoi non je suis sur tik tok instagram youtube snapchat sur les plateformes de réseaux sociaux au nom de kilian toile cas y arrêtez de mettre un y vous dites ok d'accord et vous écrivez y donc non qu'à i2l ian toul sur toutes les plateformes de réseaux sociaux trop bien écoute merci beaucoup kilian

  • Speaker #1

    avec un I.

  • Speaker #0

    Merci Manon avec un A.

  • Speaker #1

    Et puis à très bientôt.

  • Speaker #0

    À très bientôt. Salut.

  • Speaker #1

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin ce déclic.

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