- Speaker #0
Rencontre, rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode. Vous écoutez le déclic de Madeleine Bayon. Hello Madeleine !
- Speaker #1
Hello !
- Speaker #0
Ça va ?
- Speaker #1
Ça va et toi Manon ?
- Speaker #0
Oui, super ! Je suis ravie de te rencontrer à distance, parce que pour donner un peu de contexte, c'est la première fois qu'on enregistre un épisode du Déclic à distance. Madeleine et moi on se trouve, j'ai regardé du coup à 1500 km environ, parce que tu me parles de Madrid aujourd'hui. Pour te présenter, Madeleine, tu as 26 ans, tu es née et donc tu as grandi au Portugal, tu as fait tes débuts dans le sport à haut niveau, avec la gymnastique acrobatique. Un sport que tu as pratiqué en équipe de France et tu étais voltigeuse. Peut-être que tu nous expliqueras un peu plus tard ce que c'était exactement. Ce sport, tu le découvres, il me semble, à l'âge de 6 ans. Puis après une pause, tu décides de t'y remettre de manière plus sérieuse à 10 ans. Et un an plus tard, tu découvres le goût de la compétition à l'échelle internationale. Tu arrêtes la gymnastique à 17 ans, après les championnats du monde. Et tu nous expliqueras pourquoi aussi dans cet épisode. Après tes études alors que tu es partie vivre à Madrid, tu te retrouves un peu fatiguée ou plutôt pas assez dynamisée par ton quotidien. C'est ce que j'ai lu et entendu de tes précédentes interviews et notamment avec ton activité professionnelle en télétravail. Alors tu cherches à te lancer dans un nouveau sport et le plongeon extrême se révèle à toi un peu comme une évidence. Là aussi j'ai besoin que tu m'expliques. Alors quelques années plus tard, tu es la première et la seule française à avoir disputé une célèbre compétition au niveau international en high diving. C'est comme ça que ça se dit.
- Speaker #1
Oui, c'est ça.
- Speaker #0
Donc c'est une discipline de plongeon à 20 mètres pour faire bref. Alors avant que tu nous parles de ce sport, j'ai envie qu'on revienne un petit peu en arrière. Pourquoi d'abord est-ce que tu avais choisi d'arrêter, toi, la gymnastique acrobatique ?
- Speaker #1
En gros, la gymnastique acrobatique, on appelle ça aussi de l'acro-sport, c'est malheureusement pas olympique. Donc déjà, je n'avais pas cet objectif de faire les JO. Et donc les compétitions les plus, disons, haut niveau dans mon sport, c'était championnat du monde, championnat d'Europe. que j'avais fait maintes fois. Et en fait, ce n'était pas vraiment possible d'en faire son métier, à part être coach de gymnastique. Donc j'avais toujours su que je ferais ça jusqu'à ce que les études universitaires arrivent et ensuite j'arrêterais. Et aussi, étant donné que j'étais voltigeuse, c'est-à-dire qu'on me portait et qu'on me lançait dans les airs, j'avais quand même des contraintes de poids qui, au bout d'un moment, quand on grandit, etc., ça commençait à être très difficile de ne pas prendre de poids. Donc voilà, c'était un peu ces deux aspects-là.
- Speaker #0
C'est quelque chose que tu avais quand même anticipé ?
- Speaker #1
Complètement, c'était prévu. Ma dernière compétition, ça a été le championnat du monde à Levallois en France. Donc c'est vrai que c'était une jolie fin de carrière de faire ces championnats du monde à la maison. Et donc j'avais anticipé. Après, dans ma tête, je voulais faire le Cirque du Soleil parce que tout ce qui était acrobatie, enfin le sport en lui-même, j'adorais. Mais voilà, je voulais arrêter la compétition et explorer des voies un peu plus professionnalisantes.
- Speaker #0
Est-ce que ça a été pour autant une période difficile pour toi-même si tu l'avais anticipé, cet arrêt de la gymnastique ?
- Speaker #1
Honnêtement, je pense que ça a été une des périodes les plus difficiles de ma vie. Je pense que j'ai mis deux ans à m'en remettre complètement. Parce qu'en fait, comme tu disais, j'ai commencé la gymnastique à six ans. Donc c'était vraiment ma personnalité en fait. Et donc quand j'ai arrêté, il y a une partie de moi qui est morte honnêtement. Et donc j'ai dû complètement me reconstruire. Sans le sport de la gymnastique, il y avait aussi beaucoup de croyances en gymnastique qui n'étaient pas forcément valables dans la vraie vie. Ça m'a mis beaucoup de temps à retrouver des choses que j'aimais autant de la gymnastique, à savoir où mettre mon énergie. Je m'entraînais 5 heures par jour pendant des années. Tout d'un coup, on se retrouve à avoir 5 heures de libre par jour, plus des week-ends. Ça faisait plus que 10 ans que je n'avais pas eu de week-end. sans entraînement. Donc c'est vrai que c'est une nouvelle vie. Donc voilà, ça a été très très dur, mais je pense très formateur, parce que ça m'a vraiment aidée à du coup me reconstruire encore plus forte et savoir qui je suis aujourd'hui.
- Speaker #0
Est-ce que tu sais ce qui t'a aidée justement à cette reconstruction ?
- Speaker #1
Oula, je pense plein de choses. Déjà le temps. Honnêtement, il faut du temps, et j'ai eu beaucoup de chance d'être très très bien entourée, que ce soit famille ou amis. Mes parents... ont anticipé que ça serait dur et donc m'ont donné assez d'espace, ont été assez patients. Par exemple, après ma terminale, ils m'ont proposé eux-mêmes de faire une année sabbatique pour me poser, pour réfléchir, alors que je pense que normalement, c'est un peu le contraire. Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de parents qui proposent ça à leurs enfants. Et donc voilà, j'ai pris un peu de temps pour réfléchir à qui j'étais et ce que je voulais faire dans la vie. Et aussi un accompagnement psychologique très important aussi.
- Speaker #0
Et après cette étape, quand est-ce qu'est arrivé le plongeon extrême dans ta vie ? parce que déjà c'était tout de suite le plongeur extrême, parce que ça a commencé par être le plongeur extrême, Plongeons, comment t'as rencontré ce sport ?
- Speaker #1
Alors, ça a été 6 ans après. Donc en fait, moi j'ai fait 4 ans d'études à Londres, dont un an à Hong Kong. Et c'est vrai que je faisais très peu de sport. Je trouvais pas forcément de sport qui m'amusait. Londres est pas forcément une ville très propice pour le sport. Alors j'avais déjà essayé un petit peu de faire du plongeon à Londres. J'ai fait ça pendant trois mois et c'était 45 minutes de cours par semaine. Donc bon, c'était pas assez pour avancer. Mais je pense que le plongeon m'attirait parce que j'aimais beaucoup ce côté acrobatique. Et le fait que ça soit un atterrissage dans l'eau, c'était assez doux par rapport au sol de la gymnastique. Mais ça n'a pas trop marché en Angleterre. J'ai fait un an de rugby à Hong Kong que j'ai adoré. Et c'était un peu la première fois où je retrouvais un peu le goût de faire du sport.
- Speaker #0
et
- Speaker #1
Et donc, six ans après mon arrêt de la gymnastique, j'ai déménagé à Madrid pour mon travail en entreprise. Et donc là, j'étais en télétravail complet, donc dix heures par jour dans ma chambre. Et je tournais un peu en rond. En plus, moi, j'ai beaucoup d'énergie. Donc, je me suis dit, là, il faut que tu trouves un sport, surtout des cours. Comme ça, à la fin de la journée, tu as un objectif et donc tu sors de ta chambre. Et donc, je me suis dit, pourquoi pas le plongeon encore une fois ? J'adore les acrobaties, donc je m'y suis mis en tant que hobby pur. il n'y avait aucune intention de... de faire des compétitions. Et en fait, dans la piscine, il y avait deux plongeurs extrêmes qui faisaient les compétitions Red Bull. Donc un Mexicain, Jonathan Paredes, et une Espagnole, Celia Fernandez. Je les voyais souvent. Donc c'est vrai que j'ai commencé à... Je ne connaissais pas du tout, je pense, le plongeon extrême avant. Et j'ai progressé très rapidement. Et au fur et à mesure, je me suis rendue compte aussi qu'en fait, moi, ma façon de m'amuser, c'était de progresser. Ce n'était pas de faire n'importe quoi dans la piscine. Et au bout de six mois, je me suis dit, mais pourquoi pas reprendre la compète, mais faire du plongeon extrême. Parce qu'il y a vraiment cet aspect mental que je trouvais beaucoup plus intéressant. Le plongeon classique, j'aurais eu un peu l'impression de faire un peu la même chose qu'en gymnastique. Et donc, j'en ai parlé à mon coach de l'époque, qui est toujours mon coach d'ailleurs, et je lui ai demandé, est-ce que tu penses que si je m'entraîne comme une tarée pendant X années, je m'en fiche, je suis très patiente, je pourrais arriver au niveau mondial ? Et il m'a dit, oui, parce que tu sais ce que c'est le haut niveau, et ça, c'est le plus important. Et donc, tu sais les sacrifices qu'il va falloir faire. donc on va devoir beaucoup travailler mais je pense que ça va le faire et à partir de là, d'un jour à l'autre j'ai commencé à m'entraîner tous les jours et je me suis jamais arrêtée
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a eu un plongeon qui t'a particulièrement marqué où tu te souviens des sensations où tu t'es dit ah ouais c'est ça mon nouveau sport
- Speaker #1
Je vais à la piscine pour faire ma séance d'essai où j'étais sûre que j'allais aimer de toute façon Et donc, je commence à faire des plongeons du rebord parce qu'on commence vraiment à zéro mètre. Et au fur et à mesure, mon coach se dit, en fait, elle s'en sort pas mal et donc me fait remonter, etc. Et ensuite, je finis ma séance en faisant un premier saut droit à 10 mètres. Et là, je me dis, c'est incroyable, j'adore cette sensation. Et j'ai retrouvé un peu les sensations que j'avais en gymnastique, d'acrobatie, mais aussi un petit peu d'enfant, de s'amuser dans le sport que je n'avais pas eu depuis 6-7 ans. Et là, je me suis dit, ah, mais c'est génial, ces sensations, et je veux avoir ça tous les jours, quoi.
- Speaker #0
Ça, c'est assez rare, parce que pour avoir déjà échangé avec des personnes, justement, qui pratiquaient beaucoup un certain sport, souvent, elles se disent un peu frustrées après de jamais réussir à retrouver cette même sensation. Toi, t'as réussi à le faire, c'est quand même quelque chose... Enfin, alors, j'imagine que c'est pas exactement la même sensation, mais ça s'en approche beaucoup. C'est une chance, quand même.
- Speaker #1
Oui, oui, oui, et en effet, moi, j'ai vécu ça pendant six ans. Je tournais en rond et je ne sais pas ce qui se passera le jour où je décide aussi d'arrêter le plongeon. Mais en effet, je pense qu'il y a toujours un peu cette frustration. Et c'est vrai que moi, dans la partie gymnastique, il y avait tout ce qui était salto, mais il y avait aussi tout ce qui était équilibre, souplesse, etc. Et moi, j'ai toujours adoré, j'ai toujours pu s'aimer la partie des saltos. Et donc là, non seulement j'ai retrouvé ce côté-là que j'adorais de mon sport, mais encore plus parce que je ne fais que des saltos. Et aussi, je pense que faire du sport en tant qu'adulte, je suis beaucoup plus consciente de ce que j'aime et de ce qui est en train de se passer, de mes sensations, que quand j'étais petite. Donc, je trouve que j'en profite encore plus. Et c'est génial de pouvoir redécouvrir et de re-s'épanouir dans une deuxième carte de haut niveau.
- Speaker #0
Donc, tu parlais des sensations qui changeaient en devenant adulte. C'est un peu la même chose avec la notion du risque. On a plus conscience du risque quand on grandit. Est-ce que ça t'a pas freiné, toi, dans cette... Parce que c'est quand même une discipline à risque. Oui. Comment ton rapport à ça a évolué ?
- Speaker #1
En effet, c'est une discipline à risque, mais c'est quand même un risque très, très calculé, dans le sens où je m'entraîne tous les jours, je fais vraiment des exercices pour faire en sorte, justement, que quand j'arrive à 20 mètres, mon plongement soit parfaitement contrôlé, etc. Après, dans la vie de tous les jours, entre guillemets, je suis pas du tout une casse-cou, je vais pas aller faire du ski et m'envoyer des saltos alors que j'ai jamais fait ça. Donc je pense que c'est très différent quand c'est un risque calculé, c'est-à-dire que tout l'environnement fait en sorte que le risque soit le moins risqué possible. Et donc là, je pense que j'ai gardé un petit peu le côté où je me suis toujours sentie à l'aise à faire des saltos. Je me souviens, en gymnastique, quand on apprenait les saltos avec des cordes à la longe et ensuite on devait les faire sans la longe. J'avais un petit peu peur, mais j'étais toujours assez confiante que ça allait bien se passer parce que si je me repérais très très bien dans l'espace, j'ai complètement gardé ça. Tout en ajoutant des outils aussi peut-être un peu plus psychologiques et un entraînement très très assidu pour faire en sorte que le risque soit le moins risqué possible.
- Speaker #0
La part du psychologique du coup elle est énorme dans cette discipline comme c'était le cas aussi dans la voiture j'imagine. Est-ce que c'est quelque chose que tu prépares et que tu travailles ?
- Speaker #1
C'est vrai qu'en gymnastique, j'ai eu un accompagnement par un psychologue pendant des années en équipe de France. Et donc j'ai eu beaucoup d'outils déjà en gymnastique qui s'appliquent vraiment au plongeon. Par exemple la visualisation, se visualiser à faire une figure et la faire réussie. Parce qu'en fait la figure elle est tellement rapide, c'est vraiment entre 2-3 secondes, qu'il faut essayer de l'automatiser le plus possible dans sa tête. Donc que ça soit visualiser la figure, mais aussi visualiser son succès. Plus on entraîne le cerveau à le faire, plus il y a des chances que ça arrive et que le cerveau y soit habitué. Donc ça, c'est un outil que j'utilise énormément. J'ai appris d'autres choses sur le mental, un peu plus peut-être toute seule, en faisant de l'auto-analyse. Mais notamment la confiance en soi, en fait, c'est impossible de monter à 20 mètres et de douter de soi. Alors, il y a toujours une petite part de doute, mais c'est vraiment super important. Si on arrive à prendre un peu de recul et on se rend compte de ce qui se passe dans nos têtes, à ce moment-là, on peut essayer d'un peu le contrôler et faire des choses incroyables. Il y a aussi affronter ses peurs. En fait, je me suis rendu compte qu'affronter ses peurs, ça ne veut pas dire enlever ses peurs, mais ça veut plutôt dire faire avec. Et moi, j'aurais toujours peur à 20 mètres, j'ai toujours peur. Et ce n'est pas grave, c'est normal d'ailleurs, c'est un instinct de survie. Et aussi, à ne pas faire les choses à moitié, parce qu'en fait, souvent, quand on a peur, on a tendance à faire les choses Un peu de façon prudente. Et en fait, quand on fait un nouveau plongeon, par exemple à 20 mètres, on ne peut pas du tout faire notre plongeon de façon prudente ou faire un petit peu moins que ce qu'on ferait parce qu'en fait la technique va changer et tout le plongeon va changer. De faire à fond, même quand on a peur, c'est quelque chose que j'ai vraiment appris via ce sport.
- Speaker #0
Et justement, est-ce que ce sport, tu as l'impression que ça t'a vraiment appris à te connaître davantage ?
- Speaker #1
Je pense que c'est un apprentissage infini. Ce sport nous met toujours dans des conditions très difficiles. C'est-à-dire que même quand on pense qu'on a compris, qu'on est à l'aise à 20 mètres et tout, il y a toujours quelque chose de nouveau qui nous déstabilise. Et c'est aussi pour ça que j'ai choisi ce sport. C'est parce que finalement, moi, je suis aussi passionnée de développement personnel, de m'améliorer, etc. Et en fait, c'est un véhicule incroyable. C'est un véhicule qui accélère tous ces apprentissages.
- Speaker #0
Est-ce que tu te vois faire du sport sans compétition ? Parce que j'ai l'impression, en te faisant parler, que ça a une place énorme, que tu ne dissocies pas les deux. Est-ce que c'est le cas ?
- Speaker #1
Oui, alors c'est une bonne question. J'ai toujours pas la réponse. J'adore la compétition, mais pas tant parce que je suis compétitrice contre les autres. C'est plus, je suis vraiment compétitrice contre moi-même. J'adore me dépasser et c'est vrai que les compétitions, c'est une bonne façon de se mesurer, de mesurer son progrès et aussi d'avoir des objectifs en fait. Ma passion, c'est de progresser, faire ça via les compétitions, c'est pas mal. À côté, je fais beaucoup de kitesurf et pour le coup, j'arrive à faire du kitesurf sans me dire que je fais de la compète, mais je me demande si ce n'est pas parce que je n'ai pas le temps et que je fais déjà des compètes de plongeon et que si je n'avais pas ça, peut-être que je me mettrais à fond dans le kitesurf. Honnêtement, je ne sais pas. C'est une question que je me pose et je pense qu'on verra quand j'arrêterai le plongeon.
- Speaker #0
Et pour le coup, le point commun que je vois avec le kitesurf, c'est quand même les sensations fortes. Toi, j'ai l'impression que tu as quand même besoin de sport avec sensations, sinon...
- Speaker #1
Ouais, je pense que complètement. Je pense que j'adore être dans l'eau. J'ai grandi au Portugal, au bord de la mer, etc. Donc je pense qu'il y a cet aspect-là. Mais clairement, le fait de faire des sauts, c'est quand même incroyable de se dire que moi, j'ai des sensations où quasiment je vole. De faire des saltos dans tous les sens, c'est vraiment des sensations incroyables. C'est aussi extrêmement stimulant pour le cerveau parce que c'est très très complexe. Donc c'est vrai que je pense que je suis quand même assez fan de sport à sensations fortes.
- Speaker #0
Et alors, comment tu t'entraînes justement pour tout ça ? Tu me disais en off tout à l'heure que justement après, tu avais un conflit d'agenda on va dire pour t'entraîner. J'ai l'impression que ça prend beaucoup de place pour toi. Quelle est ta routine d'entraînement justement pour ces épreuves-là ?
- Speaker #1
En fait, la particularité de ce sport, c'est qu'on ne peut pas s'entraîner à 20 mètres quotidiennement. Déjà parce qu'il n'y a pas d'infrastructure. il y a 3 piscines dans le monde avec un 20 mètres aux états aux Etats-Unis, au Canada et en Chine. Et ensuite, le corps ne pourrait pas supporter un impact comme ça quotidiennement. Donc en fait, dans ma piscine, il y a un 10 mètres. Donc moi, je vais faire la moitié de mon plongeon, arriver la tête la première à 10 mètres ou à 7 mètres. Et ensuite, l'autre moitié où je me redresse. Et donc à 20 mètres, il faut mettre les deux plongeons ensemble. Donc c'est aussi pour ça que c'est assez difficile. C'est que finalement, notre plongeon de compétition, on ne le fait pas si souvent que ça. Et ensuite, mon entraînement quotidien, je dirais que c'est entre 4 et 5 heures. Donc je vais passer 3 heures à la piscine, dont une heure d'entraînement à sec, où je vais entraîner mes saltos, mes figures, etc. sur un trampoline ou sur des tapis, pour vraiment se concentrer sur la technique. Ensuite, je vais passer entre 1 et 2 heures dans la piscine à faire plongeon, après plongeon, à des différentes hauteurs. Ça peut être un petit saut droit du bord de la piscine jusqu'à 10 mètres. Et ensuite, au moins une heure et demie à la salle de sport pour faire vraiment de la préparation physique, que ça soit pour être très dynamique dans nos plongeons, mais aussi pour ne pas se blesser quand on rentre dans l'eau.
- Speaker #0
Mais ça, en vrai, je me dis que c'est assez commun à plusieurs sports. Tu vois, par exemple, je fais pas mal de courses. Quand tu prépares un marathon, c'est pareil, c'est plusieurs mois d'entraînement. Tu fais des kilomètres plus que le jour où tu vas le faire le jour J. Et finalement, ça fait partie du sport aussi. Mais bon là je me dis c'est quand même, tu vois sur un marathon t'as quand même 42 km pour faire ta performance, c'est assez relativement long, sur un plongeon t'as un saut quoi,
- Speaker #1
le ratio est complètement différent. C'est assez dur et parfois moi je suis plutôt frustrée de ne pas avoir réussi à montrer tout ce que je peux faire, par exemple ce qui arrive beaucoup, surtout vu que j'ai pas encore beaucoup d'expérience, c'est que je vais faire un super plongeon à l'entraînement de la compétition et à l'échauffement. Et ensuite, en compétition, mon plongeon est moins bien. Et je me dis, j'aurais pu montrer mon plongeon d'échauffement. Mais voilà, mais comme je te dis, c'est aussi la partie mentale d'être là pour ces trois secondes. C'est très dur aussi.
- Speaker #0
Et puis du coup, je me dis, parmi tout ce que t'apporte ce sport, ce que tu disais tout à l'heure, ça t'apprend aussi à gérer la frustration, le sentiment de frustration, j'imagine, du coup.
- Speaker #1
Complètement. Moi, la façon dont je gère la frustration, c'est que... J'essaie de me dire que je suis très patiente et je me dis toujours l'important c'est que dans la big picture, que j'aille dans la bonne direction etc. Et je pense que cette vision je l'ai vraiment acquise après avoir arrêté la gymnastique. En fait d'arriver à voir toute ma carrière de gymnastique avec du recul, je me suis rendu compte qu'en fait c'était tellement plus important. l'expérience globale et générale d'une carrière plutôt que d'une victoire ou d'une compétition, qu'en fait, c'est tellement plus que ça. Évidemment, parfois, je suis frustrée, mais ma frustration, en général, ne dure pas très longtemps. Et souvent, c'est de la frustration parce que j'aimerais plus progresser, j'aimerais faire plus. Donc, c'est quasiment du positif, tu vois. J'essaie de ne pas être frustrée sur les résultats parce que je trouve que ce n'est pas du tout constructif. Donc, voilà.
- Speaker #0
Est-ce que tu te considères comme une sportive de haut niveau ? Aujourd'hui, qu'est-ce qui fait de toi une sportive de haut niveau ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, je me considère complètement comme une sportive de haut niveau parce que déjà, je fais des compétitions au plus haut niveau mondial. Je suis une des seules femmes parmi 25 à faire ce sport au plus haut niveau et je suis entre 12 et 13e mondial. Et deuxièmement, de part aussi mon volume d'entraînement. C'est du haut niveau, mon volume d'entraînement, mais aussi en fait tout mon environnement d'entraînement. C'est-à-dire que je vais à la piscine, je vais à la salle de sport, mais j'ai aussi un un accompagnement psychologique, je fais attention à ma nutrition, à mon hygiène de vie, je vais chez le kiné. Donc je pense que quand on a aussi tout un écosystème comme ça, c'est vraiment être au plus haut niveau parce que c'est se donner les moyens d'être au plus haut niveau dans tous ces aspects-là qui touchent à la performance.
- Speaker #0
Et justement, comment tu trouves l'équilibre, toi, entre cette vie sportive, ta vie perso et cette vie pro ? Parce que t'as un métier aussi à côté.
- Speaker #1
Oui, exactement. J'ai un métier en plus à temps plein. Donc ça fait 4 ans que je travaille en entreprise. Alors je dois dire que pendant les deux premières années, c'était très dur parce que c'était mon premier travail. Et donc comme la plupart d'entre nous, je me donnais à fond et je ne connaissais pas du tout mes limites. Donc après la première année, en jonglant les deux, j'ai failli faire un burn-out. Donc ça arrivait très vite. Donc ça déjà, ça m'a permis de me recentrer un petit peu et de valoriser un peu plus tout ce qui était repos, sommet, etc. Et ensuite, quand j'ai commencé à faire des compétitions l'année dernière, ça a rajouté un niveau de difficulté parce que du coup, j'avais plus de jours de vacances, parce que tous mes jours de vacances partaient aux compétitions. Un peu les petits trucs qui m'ont fait garder mon équilibre, c'est que les week-ends, je ne m'entraîne pas. Donc vraiment, je me dédie à mes proches, à mes amis, à vraiment complètement déconnecter. Et ça, je pense que c'est assez important d'avoir un moment comme ça où j'ai une vie entre guillemets plus normale, pas de sportive. Aussi, savoir dire non. moi j'ai jamais eu Aucun problème à dire non à des dîners, à des choses où je ne pouvais pas y aller. En tout cas, pour protéger ma santé mentale, il fallait dire non. Je suis ultra organisée, mais ça, c'est parce que depuis que j'ai 10 ans, je fais du sport de niveau et des études à fond. Donc, je pense que c'est vraiment dans mon ADN. Honnêtement, je ne le cache pas, ça a été extrêmement, extrêmement dur, surtout au début, en plus, où je n'avais même pas de compétition, donc je ne me sentais pas très légitime. Pendant deux ans, je m'entraînais comme une folle, mais je ne faisais pas de compète. Donc je me disais, les gens doivent se dire que je suis complètement folle. Je me suis toujours dit que c'était important sur le court terme de faire les deux pour voir un petit peu où est-ce que cette carrière de plongeon m'emmènerait. Là où maintenant, je me suis quand même assez bien prouvé sur mes saisons, etc. Donc là, je pense que bientôt, je vais faire un choix et prioriser mon sport plutôt que le monde de l'entreprise. pour vraiment faire ça à fond.
- Speaker #0
Ça allait être ma prochaine question, comment t'envisageais justement l'avenir ? Donc laisser plus de place au sport.
- Speaker #1
J'ai toujours eu un discours où je disais que c'était en effet possible d'allier les deux, il fallait être organisé, il fallait tout un set de conseils pour allier les deux. Après je pense que sur le long terme, ça devient très très usant et c'est quelque chose qu'on peut faire à fond pendant quelques années. Moi j'ai pas d'enfant, j'habite dans une ville à Madrid. où je n'ai pas de temps de trajet, j'ai beaucoup de télétravail, etc. Donc il y a aussi beaucoup d'aspects de mon environnement qui ont permis ça. Là, je pense que je vais devoir faire un choix, encore une fois, pour préserver ma santé mentale, ce qui est d'autant plus important dans mon sport. Et donc je pense que je vais sans doute quitter mon travail dans les prochains mois pour vraiment me dédier à mon sport. Aujourd'hui, je ne gagne pas du tout assez d'argent pour pouvoir me dédier à mon sport. Mais voilà, le but, ça serait justement de quitter mon travail pour essayer de chercher des sponsors, me mettre à fond sur les réseaux sociaux, créer du contenu, etc. Et voir un petit peu si je peux gagner ma vie pendant quelques années via mon sport.
- Speaker #0
Tout ça, on te le souhaite alors.
- Speaker #1
Oui, merci.
- Speaker #0
En tout cas,
- Speaker #1
voilà, moi, j'ai pas peur du... Pardon, je suis... Typiquement, tu me demandais tout à l'heure aussi ce que j'ai appris sur moi. je pense que moi j'ai Pas peur de prendre des risques parce que si j'ai pas du tout peur d'échouer, pour moi l'échec c'est pas quelque chose de fatal. Donc par exemple le jour où je quitte mon travail, je sais que ça va être très dur, je vais avoir très peur, etc. Il y aurait beaucoup d'interrogations, mais j'ai appris à vraiment être à l'aise avec encore une fois la peur, le risque, etc. Et typiquement prendre des décisions comme ça, je pense que grâce à ce sport, ça m'a équipée pour ce genre de décision.
- Speaker #0
On arrive à la fin de l'épisode, je vais te poser la question de ce podcast qui s'appelle le déclic. Toi, si tu devais nous parler de ton plus grand déclic, qu'est-ce que tu nous dirais ? Tu en as parlé d'un un peu tout à l'heure quand tu découvrais le plongeon. Est-ce que c'est ça ou est-ce que tu en as un autre qui t'a marqué davantage ? Qui n'a peut-être d'ailleurs pas de lien avec le sport.
- Speaker #1
Ouais, non, non, complètement. Je pense que mon plus gros déclic, ça a été justement peut-être deux ans après mon arrêt de carrière. Quand j'ai arrêté, ce qui était très dur, c'est que je me suis dit que mon plus grand succès, mon pic de ma vie, mon pic de ma carrière, c'était ma carrière de gymnastique. Et que j'étais forte en gym et donc voilà, maintenant que j'avais arrêté, je ne serai plus jamais forte en rien. Il y a un moment où j'ai compris que ce n'était pas uniquement mes capacités physiques qui avaient fait que j'étais forte en gym, mais en fait, c'était des capacités mentales. qui m'avait permis d'atteindre ce niveau, et qu'en fait, ces capacités, je pouvais les réutiliser dans n'importe quoi dans la vie, donc la résilience, le fait de travailler dur, de jamais rien lâcher, la confiance en soi, etc. Quand j'ai compris ça, je me suis dit un peu que je pourrais faire ce que je voudrais dans ma vie, et que je le ferais bien, et que, entre guillemets, je réussirais. Et donc ça, ça a été vraiment un déclic de me dire que je pouvais vraiment me servir de tout ce que j'avais appris en gymnastique. et l'appliquer à d'autres choses, que ce soit le monde du business, de sport, enfin n'importe quoi, même mes relations. Et là, ça m'a vraiment soulagée et ça m'a ouvert plein de portes. Et je me suis dit, le meilleur est devant toi et pas derrière toi. Et ça, ça a vraiment été un des clics.
- Speaker #0
Ça, c'est un très joli message pour clôturer cette épisode. Est-ce que tu peux juste avant nous dire où est-ce qu'on peut te suivre justement sur tes actualités, etc. ?
- Speaker #1
Ouais, bien sûr. Donc là, je poste beaucoup sur Instagram et TikTok. Et donc, mon nom, c'est Madou Bayon. Et aussi, sur LinkedIn, je poste quelques actualités. Là, c'est plutôt tourné. J'essaie de faire un peu justement des parallèles entre mon sport et le monde de l'entreprise. Et voilà.
- Speaker #0
Et après, sur les réseaux, moi, je te suis et c'est assez marrant, tes contenus. En plus, tu mets toujours une petite note d'humour. Donc, c'est assez chouette.
- Speaker #1
Ouais, j'essaie d'être moi-même et de partager quand même. les backstage de mon sport, les difficultés, mais aussi les moments chouettes. Merci Manon, ça me fait plaisir que tu me dises ça.
- Speaker #0
Merci à toi et merci pour tout ce partage. Et puis je te dis à très bientôt.
- Speaker #1
Merci Manon, à bientôt.
- Speaker #0
Salut Madeleine. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin ce déclic.