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ADN D'ATHLÈTE, l'esprit sport

Le déclic de Steven Le Hyaric (aventurier, ancien cycliste Élite)

Le déclic de Steven Le Hyaric (aventurier, ancien cycliste Élite)

21min |30/10/2024|

2249

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21min |30/10/2024|

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Description

“Je cherche à prouver que je suis vivant”. C’est à 5 ans que Steven Le Hyaric découvre le vélo. Il ne le sait pas encore, mais c’est le début d’une grande aventure pour lui : Steven deviendra cycliste route au niveau Élite. Pourtant, un jour, il décide de dire stop au sport de haut niveau. Il devient alors aventurier professionnel et athlète en ultra distance. Son ou plutôt ses déclics ? Il nous en parle dans cet épisode. 

📲💻 Retrouvez Steven Le Hyaric sur Instagram et Youtube !

💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.

🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Qui sait… Vous tomberez peut-être, vous aussi, sur un déclic.


Conseil Sport, c’est le podcast bien-être, santé et nutrition made by DECATHLON pour prendre soin de vous, garder la forme et bien manger. On y parle sport, connaissance de soi, épanouissement, voyage... L’objectif ? S’informer, s’évader, se trouver de nouvelles manières de s’épanouir et de performer par le sport et le mouvement.


Chaque mercredi, Céciliane et Manon, sportives passionnées et journalistes chez Decathlon, vous proposent un nouvel épisode.


Retrouvez : “La réponse” (des interviews d’experte·s du sport et de la santé sur des sujets ciblés et d’actualité), “Le déclic” (des interviews de personnalités et influenceur·ses sur un déclic sportif, un événement qui a transformé leur vie) et “L’aventure” (le récit immersif d’une aventure sportive extraordinaire).


🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Abonnez-vous à l’émission pour être notifié•e des nouveaux épisodes. Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Vous pouvez aussi nous laisser un commentaire et des étoiles sur Apple podcast ou Spotify, toute l’équipe a hâte de vous lire.


Le podcast Conseil Sport peut plaire à toutes celles et ceux qui veulent prendre soin d’eux, de leur corps, leur santé, leur bien être mental et physique, celles et ceux qui cherchent des conseils pour un lifestyle healthy, se remettre au sport, entretenir leur santé, que ce soit à travers la course à pied, le yoga, cyclisme, ou tout autre sport, ou encore mettre en place de bonnes habitudes d’alimentation, nutrition, ou enfin celles et ceux qui cherchent de l’inspiration à travers des récits d’aventures extraordinaires de personnes ordinaires, ou passer un bon moment en découvrant une nouvelle facette de leurs athlètes et créateur•ices de contenus préférés.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre, rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode. Vous écoutez le déclic de Steven Le Yarik. Salut Steven.

  • Speaker #1

    Salut.

  • Speaker #0

    Comment ça va ?

  • Speaker #1

    Ça va, franchement ça va, je me suis niqué le genou. Ah, j'ai dit le premier gros mot au bout de 15 secondes. Je me suis fait mal au genou gauche. J'ai fait une course de trail ce week-end. UTMB Nice, métropole. Je suis tombé un peu mal au bout de 20 bornes, mais ça va. Je pensais qu'il y avait une fissure. Du coup, là, j'arrive juste de la radio.

  • Speaker #0

    D'où la radio que tu avais sous le bras en arrivant.

  • Speaker #1

    J'ai rarement une radio sous le bras, mais là, j'ai enchaîné une radio plus une radio médicale. Et ça va, je suis vivant.

  • Speaker #0

    Heureusement, tu n'auras pas besoin de tes genoux pour le podcast. Le corps était un peu au repos.

  • Speaker #1

    Oui, j'étais dans le micro.

  • Speaker #0

    Donc Stéphane, tu as été cycliste route au niveau élite. Tu as commencé le vélo, je crois, à 5 ans et demi. C'est ce que j'ai entendu. Et puis ensuite, ce sport, ça a été un peu une histoire de potes, je crois, au début. Tu as vite pris goût, comme à celui de la victoire et puis des courses. Et ensuite, j'ai l'impression que les choses se sont presque enchaînées naturellement, avec du travail et de l'investissement, bien sûr. Tu as gravilisé le long et pourtant, un jour, tu as décidé de dire stop au sport à haut niveau. Et il me semble que ça s'est passé après les Jeux Olympiques. T'évoques un manque de sensation, d'envie, une baisse de morale. Tu nous en reparleras sûrement au cours de l'épisode. Aujourd'hui, tu te décris comme un aventurier professionnel, sensé s'enquêter de défis. Et t'es en effet athlète en ultra-endurance, avec notamment à ton palmarès plusieurs records du monde. J'ai pas fait la liste parce que c'était trop long. Ce que tu cherches dans tes différentes aventures, qu'elles soient à pied ou à vélo, j'ai l'impression que c'est l'hostilité Et que ce soit pendant ta carrière en haut niveau, comme aujourd'hui dans tes différentes activités sportives, j'ai aussi l'impression que tu cherches le challenge, que tu veux battre des records et aussi tes propres records. Alors je me demande, est-ce que tu cherches à prouver quelque chose ? Et si oui, quoi et à qui ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, ouais, je cherche à prouver quelque chose, ouais. Je cherche à prouver que je suis vivant, je cherche à prouver que je suis capable de faire quelque chose de ma vie. Ça, c'est la genèse, en fait. Ça c'est le Steven, je pense de 5 ans à 35 ans. Ça change depuis, mais il y a toujours ce fond de truc. Par exemple, dans un final de course, quelle que soit la course ou l'aventure, j'ai toujours un réflexe de « c'est quoi qui me raccroche ? » « Là, ça fait tellement mal, qu'est-ce que… » Mais je vais leur prouver tout ce que je vais y arriver. Parce que je suis un petit garçon au fond de moi. J'en ai chié pas mal, franchement, j'étais pas bon, j'étais laborieux, j'ai jamais eu énormément de talent, je pense. Je me suis toujours entraîné beaucoup. Je sais pas si je m'entraînais bien, mais je m'entraînais beaucoup. Quand j'étais petit, j'étais un peu hyperactif et tout, mais ouais, je veux prouver au monde que j'existe maintenant. Ouais, j'existe, quoi. J'existe, et puis je suis là, je suis en vie. Maintenant, prouver des trucs, ouais, j'aime bien. Mais c'est surtout que j'ai envie de me prouver à moi-même que je suis encore capable de faire des choses. Et surtout, j'adore découvrir. Parce que le levier extrêmement important dans tout ce que je fais, au-delà du dépassement, au-delà de se challenger, de battre des records et tout, c'est la découverte de moi, des autres, de ce monde qui nous entoure. Parce que c'est ça, au fond, qui me donne des sensations. Franchement, gagner des courses... Une fois que t'as passé la ligne, 15 secondes après, tu te dis « Oh putain, ok, bon, faut s'entraîner pour la suivante. » Alors que sur le chemin, t'as vécu une époque intense, t'es rempli, quoi. C'est ça qui compte.

  • Speaker #0

    Tu le disais au début que t'étais pas forcément doué, t'avais dû beaucoup travailler, tout ça. Est-ce que tu penses que du coup, ça veut dire qu'on est tous et toutes capables de faire des trucs de dingue, avec de l'entraînement, où il y a quand même des facteurs extérieurs sur lesquels on peut pas agir,

  • Speaker #1

    quoi ? Ouais. J'étais pas nul à chier, mais j'ai dû gagner en école de vélo, je sais pas, 150 courses ou plus que ça. Mais quand je voyais d'autres gens, là où ça se fixe, c'est entre minimes, cadets, juniors. Juniors, il y a des mecs qui arrivaient, et surtout quand je suis arrivé, le moins de 23 ans, espoir. Il y a des générations qui sont arrivées, génération Bardet, Pinault, Alaphilippe, etc. Enfin, tous ces mecs. qu'on a vu pendant 10 ans, Chris Froome, Quintana et tout, quand tu cours avec des gars comme ça, tu te dis... Je suis vraiment une merde. Tu sais que tu t'entraînes, et là tu te dis, il y a un problème. Soit ils ont une surmultipliée, soit ils ont énormément de talent, soit juste je ne suis pas fait pour ça. Et je pense que je n'étais pas énormément fait pour ça. Je pense que j'avais un mental friable, ou en tous les cas je n'avais pas les leviers mentaux qui me permettaient de faire. Il y a plein de gens qui me disent, aujourd'hui je ne serais pas du tout capable, aujourd'hui je fais 80 kilos. Oui j'ai un niveau physique... extrêmement élevé en ultra-endurance vélo dès que ça dépasse 5-7 jours où là, je pense que je suis un des meilleurs dans ma discipline sur les expéditions qui durent plus de 10 jours et ça concerne 10 courses dans le monde donc un peu d'intérêt c'est comme un gars qui je sais pas, mais qui saute d'un parachute à 30 000 mètres ça n'existe pas vraiment du coup, ouais, c'est ce que je fais un peu extrême Mais au fond, c'est juste que j'adore être dehors très longtemps et que ça me procure des émotions incroyables de découvrir mon corps, découvrir mon esprit. J'ai dépassé des limites énormes de confiance en moi, confiance en la vie, en les autres. Et ça, ça me permet de me dire, c'est pas grave, il n'y a rien qui... C'est important dans la vie parce qu'on est dans un monde de choses graves. Et voir le beau, essayer de le donner, de le montrer, de le transmettre, de le mettre dans la tête des gens, ça me donne de la force après. Je me suis entraîné un peu, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Oui, donc il y a quand même de l'entraînement. Et j'ai l'impression, en t'entendant, c'est aussi le fait de trouver quelque chose, un sport, là si on prend l'exemple du sport, qui nous passionne et qui a du sens pour nous. Ça fait peut-être plus de sens, le cyclisme sur route pour toi. C'est peut-être aussi pour ça que...

  • Speaker #1

    Moi. C'est pas le cyclisme sur route. Le cyclisme sur route, c'est un outil, mais c'est la compétition. La compétition, en fait, mais moi, tu mets sur une course à pied encore ce week-end. Dès que j'ai un dossard, je deviens complètement teubé, quoi. Je commence à stresser. Et je suis pas bon. Je suis pas bon. Si j'étais bon, j'imagine même pas le niveau de stress. Mais je supporte assez mal la pression parce que je m'en mets déjà énormément à la base. Aujourd'hui, mes aventures, c'est plus un jeu, mais des fois, il me faut trois jours pour entrer dans le jeu.

  • Speaker #0

    Par rapport à cette notion de dépassement, est-ce que toi, tu as l'impression d'avoir déjà été au bout de toi ?

  • Speaker #1

    Ah ouais, j'ai souvent été au bout de moi, mais le plus dur de ma vie dans ce sport, ça a été sans doute d'arrêter ma carrière vélo. Ah ouais,

  • Speaker #0

    quand même.

  • Speaker #1

    Le jour du championnat de France, voilà, où je me pose et en fait, 20 minutes après, j'étais dans un soulagement énorme. aujourd'hui ce qui est dur c'est que hum on a Des fois, je suis pas loin de ma finitude. Et quand j'approche d'une déshydratation extrême ou sur le lac Baïkal, où je me suis intoxiqué avec une bouteille de monoxyde de carbone qui était à moitié ouverte, je me suis dit, comme un idiot apprenti Mike Horn, je vais un petit peu laisser le gaz. Comme ça, ça me réchauffe quand même encore pendant une heure dans la nuit. Il fait moins 40 d'heures et j'ai failli crever. C'était mon ancienne... compagne Périne qui avait ouvert l'attente parce que je lui avais dit laisse moi la tête dehors mais elle me dit Steven il fait moins 30 je dis mais je préfère mourir de froid que de monoxyde de carbone et mon dernier projet dans la Takama où j'ai voulu aller loin, j'ai accepté de me dire je vais remontrer aux gens la vérité et au fond les gens s'en foutent que je montre le dérèglement climatique à crever dans un désert pour 90% c'est pas ça qu'ils viennent chercher chez moi Mais moi, j'avais besoin de montrer que c'est dangereux de rouler quand tu fais 50 degrés ou 55 degrés. Et quand tu le fais entre 15 et 20 heures par jour, c'est encore plus dangereux. Ouais, je vais loin, j'essaie d'aller de moins en moins loin. Non, je me suis calmé, j'ai fait quelques conneries, notamment sur le sommeil. J'ai eu plusieurs chutes comme ça où, quand tu dors pas pendant plus de 50 heures, tu commences à... pouvoir t'endormir à chaque seconde de ton existence sauf que t'es sur un vélo à plus de 30 km heure et si tu tombes tu peux vite t'envoler donc ça m'est arrivé 2-3 fois ça m'a calmé et puis voilà mais non je suis attention c'est

  • Speaker #0

    super j'ai l'impression qu'il y a un gros lien avec les conditions à chaque fois dans lesquelles tu fais ça il fait très chaud très froid est-ce que tu penses que pour aller au bout de soi on a besoin d'aller au bout du monde ? du tout Oui.

  • Speaker #1

    Pas du tout. Là, j'étais au bout de moi dans le métro. Non, chacun son bout de sauvage. Je dis toujours ça parce qu'il y a des gens qui me disent mais oui, mais et moi ? Mais je dis, mais même si c'est dans la peinture que tu arrives à t'épanouir, même si c'est apprendre 12 langues, même si c'est apprendre ce que tu veux, à dessiner, à créer des trucs avec toi. Mais non, en fait, c'est pas ça. C'est que ma frontière, c'était le parc de la Courneuve quand j'avais 5 ans. Après, c'était... Le département, quoi. Je suis sorti du département. Et après, la région. J'ai fait le championnat de France des écoles de vélo. C'est la première fois que je voyageais. C'était fou, quoi. Après, j'ai traversé la France. Pendant dix ans, j'ai fait ça. Et l'Europe. J'ai gagné une course continentale. Je commençais à toucher les frontières. France, Espagne, Italie, Suisse. J'ai touché un peu partout. Et après, j'ai décidé d'aller plus loin. Parce que j'avais besoin d'absolu. Comme l'Himalaya. Pour me montrer à moi-même que... T'es capable Steven, donc non, il n'y a pas besoin. Et surtout dans le monde dans lequel on vit, où il y a des vrais enjeux qui sont à très court terme. L'autre fois j'ai essayé de quantifier, parce que j'ai dit si je donne un chiffre aux gens, il n'a pas de sens. Mais en même temps je peux le donner. Je pense que j'ai fait plus de 600 000 kilomètres en France. Oui. Je l'ai un peu. Si tu traces des lignes, la France doit faire 1000 bornes nord-sud et 750 kilomètres tout droit comme ça.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    donc tu l'appelles. Du coup, oui, j'ai envie d'aller des fois plus loin. Et puis, j'adore aller vers d'autres cultures et ça me fait prendre du recul. On a besoin d'entendre un autre langage ou une autre culture, un autre truc un peu exotique. On est des humains, du coup, ça enrichit et puis ça nous permet de relativiser.

  • Speaker #0

    Je vais revenir un peu plus tôt sur ce que tu disais, ton arrêt un peu brutal, on va dire, du cyclisme route au niveau élite. Tu disais que ça t'avait beaucoup soulagé. Du coup, j'ai l'impression que c'est un moment qui a été hyper dur pour toi et aussi peut-être une fierté d'avoir réussi à dire stop. Comment t'as rebondi après ça ? Comment t'en es arrivé après à ces sports d'ultra-endurance ?

  • Speaker #1

    Non, ce n'était pas une fierté de dire stop au sport de haut niveau. C'était une honte même pendant longtemps, pendant 2-3 ans et avec un deuil très difficile à faire, mais qui a été effectif le jour où je... où je suis devenu communicant pour des marques, des personnalités, des athlètes, jusqu'à l'équipe de France de triathlon aux Jeux Olympiques, où là, je me rends compte qu'ils n'étaient pas si différents que moi. Ils allaient beaucoup plus vite, ils étaient beaucoup plus aboutis en tant qu'athlètes, psychologiquement, physiquement, tous les paramètres du jeu. Ils avaient un jeu musclé par rapport à moi, qui n'était pas forcément un athlète abouti, je pense, par rapport à tous ces athlètes incroyables. mais Ça m'a rendu tellement, à ce moment-là, lucide que je n'étais pas fait pour le haut niveau. Parce que quand je les voyais, j'en avais la boule au ventre. Et deux mois après, je décide de faire de l'humanitaire au Népal, de quitter tout. Et pourquoi pas rentrer en monastère au Népal ? Parce que j'avais besoin de ça. Revenir à moi, en fait. Revenir à la vie. Et quitter tout ça, en fait, ça m'a permis de me dire aussi, c'est pas grave. C'est pas grave d'avoir été le haut niveau. Et de traverser ensuite l'Himalaya, ça m'a permis juste de rencontrer des gens qui sont tellement apaisés, tellement heureux, qui vivent tellement simplement et qui n'ont pas tout ça, qui n'ont pas besoin de la médaille. Nous, on a tout le temps besoin de la médaille, que ça soit sur Instagram, sur les réseaux sociaux, c'est tout. Tu as besoin d'amour. On a besoin de tellement d'amour, tellement de reconnaissance. On est dans ce monde de give me. Vas-y, donne, donne, s'il te plaît, donne, donne-moi de l'amour. et là-bas J'étais prof dans les bidonvilles de Katmandou alors qu'à l'école, j'étais pas très très bon, il faut le dire. Et les mômes, ils attendaient tout de moi et je disais, c'est toi qui va lui apprendre quelque chose. Il attend tout de toi. Donc responsabilise-toi. Donc voilà, pendant un an, j'ai mis ma vie là-dedans et ça a redonné un sens à ma vie. Parce que j'étais utile. C'est ça le truc.

  • Speaker #0

    Il y a un truc qui me questionne vachement parce que je me dis, à ce moment-là, t'as réussi à t'écouter. À sentir que c'était trop ... Pour moi, les sports d'ultra-endurance, c'est des sports où tu apprends à ne pas t'écouter. Tu vois comment tu fais la différence ? Tu sais t'écouter, tu sais qu'il y a une vraie limite.

  • Speaker #1

    Si, il faut s'écouter en ultra-endurance. Si tu as besoin de dormir et que tu ne dors pas, il y a un moment où tu vas prendre un mur. Un athlète de 100 mètres ne va pas s'écouter. Mais quand tu passes 14 jours sur le vélo en dormant 2 heures par jour, c'est un moment où tu ne t'écoutes pas. Soit tu prends une bagnole, tout le monde s'écoute un peu. Le seul truc, c'est oui, quand je me suis blessé ce week-end, il y a un moment où j'ai eu une phase de... J'ai dit à mon corps, bon mec, on fait un marché, on va jusqu'à l'arrivée de tous les deux, on va faire des radios, on va voir le médical, parce que si je vais les voir avant, ils vont m'arrêter. On finit ce truc et demain, ça sera un autre jour. On va réfléchir à ça après. Pour l'instant, tu fais ton truc. Donc là, j'ai arrêté de m'écouter et c'est les gens qui m'ont remis dedans. C'est les gens, c'est des humains encore qui m'ont reconnu, qui m'ont dit putain Steven pas toi, pour eux c'était, il peut pas abandonner, c'est super mal, mais je dis mais vous comprenez pas que moi je supporte pas avoir mal.

  • Speaker #0

    Parce que c'est un humain aussi quoi.

  • Speaker #1

    Oui, mais même je déteste avoir mal. Je supporte pas la douleur.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai que quand on voit ce que tu fais, on a du mal à le croire, ça.

  • Speaker #1

    Il y a un moment, parce que j'ai plusieurs personnalités, il y a un autre gars qui arrive, ou... Ah, il y a un autre joueur ! Quand, au bout de deux, trois jours, je me transforme et il y a un animal qui arrive. Ouais, c'est difficile à expliquer, mais... Je sais pas, j'ai des qualités qui sont tellement bizarres dans notre monde, tu vois, où on est dans un monde de... d'instantané, de rapidité, de trucs. Mais en fait, c'est pour ça que je dis, j'ai mis 38 ans à arriver là où je suis. En fait, tout m'a préparé à ça. Tu vois, la méditation au Népal, j'ai fait 20 jours de méditation silencieuse vipassana, ça m'a préparé à cet apaisement de me dire, c'est pas grave, quoi.

  • Speaker #0

    Tu parlais de tes différentes personnalités en tant que sportif. Du coup, on a parlé que du Stéphane sportif. Qui es-tu en dehors du sport ? Est-ce qu'il y a quelqu'un ?

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que c'est Steven Leïarik ? Je ne sais pas, un animal solitaire, Ausha, courageux parfois, qui ne supporte pas la douleur, l'injustice, et qui aimerait, dans un monde idéal, essayer que tout le monde soit un peu apaisé, heureux, et puis que tout le monde se barre un peu dehors, parce que quand tu te retrouves face à la nature et à toi-même, tu redeviens humain.

  • Speaker #0

    C'est une forme de liberté qui est hyper importante pour toi.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai besoin de liberté. Moi, c'est un gros problème. parce qu'on est dans un monde que ce soit en amour, en amitié tout le monde t'impose quelque chose d'une certaine manière ou dans le travail mais moi le travail c'est moi qui impose l'autre ou en tous les cas j'exige des choses et les gens exigent de moi que ce soit des médias ou des choses ou des gens mais chacun son truc sa manière de vivre, d'évoluer et puis d'être libre parce que moi c'est ça que j'ai été chercher dans le vélo ça aurait pu être autre chose justement à ce que j'allais te demander est-ce que tu penses que le sport ça peut nous aider justement ...

  • Speaker #0

    se sentir libre en fait. Bien sûr,

  • Speaker #1

    il y a juste à le faire. Tu prends des godasses, tu cours, tu cours, tout le monde va te regarder, et on se dit, mais qu'est-ce qu'elle est libre ? Et la vérité, c'est ça que je fais dans mes aventures. C'est que je me bats avec mon foutu vélo. C'est un truc d'échapper, qui est fort, qui est un truc de liberté profond et que je trouve vraiment pur.

  • Speaker #0

    Ce podcast, il s'appelle Le Déclic, et je me souviens quand je t'avais contacté la première fois, tu m'avais dit que pour toi, un déclic, c'était pas quelque chose d'unique ? Tu avais eu plein de déclics dans ta vie. Parce que souvent, je demande aux gens quel a été leur plus grand déclic. J'imagine que toi, il n'y en a pas un. Quelle serait ta définition du déclic ?

  • Speaker #1

    Un moment parmi plein d'autres qui est plus fort. Que ce soit une rencontre, que ce soit une chute, une blessure, une rupture. Qu'elle soit professionnelle, amoureuse, amicale, etc. Une brisure en soi qui est wow, bon. Allez, c'est reparti, mais même si elle est positive. Oui,

  • Speaker #0

    ce que j'allais dire,

  • Speaker #1

    c'est que c'est positif. Oui, ça peut être super positif. Moi, ça a été le Népal. C'était incroyablement positif. C'était que positif. Et d'aller là-bas et me dire, en fait, c'est ça que j'aime. J'aime bien, j'aime m'aventurer et j'aime transmettre aux gens. Et qu'ils me le renvoient. Pas de l'ego, oh putain, t'as vu, j'existe. Le truc de, Steven, tu m'aides dans mon quotidien. Les gens qui te renvoient ça, tu te dis putain je suis utile. Et c'est la première fois dans ma vie, je suis la première fois dans la vallée du Kumbu, la vallée de l'Everest. Il y a une dame qui m'envoyait des messages très régulièrement. Elle me dit tu sais, mon mari il est en phase terminale de cancer et tout ce que tu fais tous les jours ça l'inspire énormément. Et ça lui fait du bien, ça l'apaise. Et j'ai dit wow bordel. Là je suis en train de marcher dans la montagne, je ne fais pas grand chose d'extraordinaire tu vois. Et j'ai dit ça je pense que c'est ça que j'aime. Donc ça, ça a été un déclic. Après, évidemment, les méditations silencieuses là-bas, méditer beaucoup, revenir à moi, rencontrer des moines bouddhistes, des gens qui sont full apaisés toute leur vie, selon moi, ou en tous les cas, qui essaient toujours de revenir à la balle au centre, à l'apaisement et tout ça. Ça a été un déclic pour moi, parce que je me dis que c'était possible. Et après, évidemment, il y a eu les choses d'avant. Il y a eu ma rencontre avec le vélo, il y a eu mon arrêt de ma carrière sportive. Il y a eu Rio, il y en a eu plein. Je pense que j'ai eu 40 trucs parce que là, j'en ai eu un autre qui est assez con. Mais je me suis dit, mais en fait, t'en as pas marre de faire des courses pour les gagner ou pour essayer de faire des performances alors que tout le monde s'en fout en fait. Parce que c'est pas forcément pour ça qu'on t'aime, c'est pas forcément pour ça que t'es heureux aussi, t'es apaisé. Parce que quand tu gagnes une course, tu penses à la prochaine. Et j'ai dit, mais en fait... Il faut que je refasse des choses qui me font vraiment vibrer. Du coup, il y a eu un nouveau déclic cette année et avec un projet que je vais mettre six mois à préparer, alors que d'habitude, je me mets un ultra par mois. Des fois, je me mettais quatre, cinq aventures de plus de 5000 kilomètres à vélo. Mais c'était indécent. J'ai dit ça il y a deux, trois jours. En 2022, je fais 100 nuits blanches. Ce genre de truc, il faut que tu le fasses. Il faut prendre le temps, on va prendre un peu plus le temps cette année. Il faut, il le faut pour moi.

  • Speaker #0

    Merci pour ce partage de Téléclick. J'espère que ton témoignage fera peut-être aussi des clics chez les personnes qui nous écoutent. En attendant, est-ce que tu peux nous redire où est-ce qu'on peut te suivre tes différentes aventures ?

  • Speaker #1

    Ouais, sur mes réseaux sociaux, principalement YouTube, Instagram, surtout Instagram, après un peu Facebook, LinkedIn. J'ai quelques films sur YouTube et là, je prépare probablement une tournée des cinémas avec deux films qui vont sortir, plus certainement une surprise. Des films inédits et puis, en fait, pour préparer ce projet, mon futur projet Bistarail, qui est d'aller à Manaslu en vélo, enfin à 8000 mètres avec un vélo, de Paris. J'ai envie de rencontrer les gens avant. Et du coup, je vais essayer de faire une dizaine de salles en France où on met deux films, on passe une soirée entre copains et on discute, on rigole et on parle d'aventure. Donc voilà, mais ouais, suivez-moi. Et puis venez sur mes épreuves. Comme ça, on se verra en vrai et c'est plus rigolo.

  • Speaker #0

    Le rendez-vous est donné.

  • Speaker #1

    Merci, merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Stéphane. Et puis à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt. Merci.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait ? Il n'est peut-être pas si loin ce déclic.

Description

“Je cherche à prouver que je suis vivant”. C’est à 5 ans que Steven Le Hyaric découvre le vélo. Il ne le sait pas encore, mais c’est le début d’une grande aventure pour lui : Steven deviendra cycliste route au niveau Élite. Pourtant, un jour, il décide de dire stop au sport de haut niveau. Il devient alors aventurier professionnel et athlète en ultra distance. Son ou plutôt ses déclics ? Il nous en parle dans cet épisode. 

📲💻 Retrouvez Steven Le Hyaric sur Instagram et Youtube !

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Retrouvez : “La réponse” (des interviews d’experte·s du sport et de la santé sur des sujets ciblés et d’actualité), “Le déclic” (des interviews de personnalités et influenceur·ses sur un déclic sportif, un événement qui a transformé leur vie) et “L’aventure” (le récit immersif d’une aventure sportive extraordinaire).


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Le podcast Conseil Sport peut plaire à toutes celles et ceux qui veulent prendre soin d’eux, de leur corps, leur santé, leur bien être mental et physique, celles et ceux qui cherchent des conseils pour un lifestyle healthy, se remettre au sport, entretenir leur santé, que ce soit à travers la course à pied, le yoga, cyclisme, ou tout autre sport, ou encore mettre en place de bonnes habitudes d’alimentation, nutrition, ou enfin celles et ceux qui cherchent de l’inspiration à travers des récits d’aventures extraordinaires de personnes ordinaires, ou passer un bon moment en découvrant une nouvelle facette de leurs athlètes et créateur•ices de contenus préférés.



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Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre, rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode. Vous écoutez le déclic de Steven Le Yarik. Salut Steven.

  • Speaker #1

    Salut.

  • Speaker #0

    Comment ça va ?

  • Speaker #1

    Ça va, franchement ça va, je me suis niqué le genou. Ah, j'ai dit le premier gros mot au bout de 15 secondes. Je me suis fait mal au genou gauche. J'ai fait une course de trail ce week-end. UTMB Nice, métropole. Je suis tombé un peu mal au bout de 20 bornes, mais ça va. Je pensais qu'il y avait une fissure. Du coup, là, j'arrive juste de la radio.

  • Speaker #0

    D'où la radio que tu avais sous le bras en arrivant.

  • Speaker #1

    J'ai rarement une radio sous le bras, mais là, j'ai enchaîné une radio plus une radio médicale. Et ça va, je suis vivant.

  • Speaker #0

    Heureusement, tu n'auras pas besoin de tes genoux pour le podcast. Le corps était un peu au repos.

  • Speaker #1

    Oui, j'étais dans le micro.

  • Speaker #0

    Donc Stéphane, tu as été cycliste route au niveau élite. Tu as commencé le vélo, je crois, à 5 ans et demi. C'est ce que j'ai entendu. Et puis ensuite, ce sport, ça a été un peu une histoire de potes, je crois, au début. Tu as vite pris goût, comme à celui de la victoire et puis des courses. Et ensuite, j'ai l'impression que les choses se sont presque enchaînées naturellement, avec du travail et de l'investissement, bien sûr. Tu as gravilisé le long et pourtant, un jour, tu as décidé de dire stop au sport à haut niveau. Et il me semble que ça s'est passé après les Jeux Olympiques. T'évoques un manque de sensation, d'envie, une baisse de morale. Tu nous en reparleras sûrement au cours de l'épisode. Aujourd'hui, tu te décris comme un aventurier professionnel, sensé s'enquêter de défis. Et t'es en effet athlète en ultra-endurance, avec notamment à ton palmarès plusieurs records du monde. J'ai pas fait la liste parce que c'était trop long. Ce que tu cherches dans tes différentes aventures, qu'elles soient à pied ou à vélo, j'ai l'impression que c'est l'hostilité Et que ce soit pendant ta carrière en haut niveau, comme aujourd'hui dans tes différentes activités sportives, j'ai aussi l'impression que tu cherches le challenge, que tu veux battre des records et aussi tes propres records. Alors je me demande, est-ce que tu cherches à prouver quelque chose ? Et si oui, quoi et à qui ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, ouais, je cherche à prouver quelque chose, ouais. Je cherche à prouver que je suis vivant, je cherche à prouver que je suis capable de faire quelque chose de ma vie. Ça, c'est la genèse, en fait. Ça c'est le Steven, je pense de 5 ans à 35 ans. Ça change depuis, mais il y a toujours ce fond de truc. Par exemple, dans un final de course, quelle que soit la course ou l'aventure, j'ai toujours un réflexe de « c'est quoi qui me raccroche ? » « Là, ça fait tellement mal, qu'est-ce que… » Mais je vais leur prouver tout ce que je vais y arriver. Parce que je suis un petit garçon au fond de moi. J'en ai chié pas mal, franchement, j'étais pas bon, j'étais laborieux, j'ai jamais eu énormément de talent, je pense. Je me suis toujours entraîné beaucoup. Je sais pas si je m'entraînais bien, mais je m'entraînais beaucoup. Quand j'étais petit, j'étais un peu hyperactif et tout, mais ouais, je veux prouver au monde que j'existe maintenant. Ouais, j'existe, quoi. J'existe, et puis je suis là, je suis en vie. Maintenant, prouver des trucs, ouais, j'aime bien. Mais c'est surtout que j'ai envie de me prouver à moi-même que je suis encore capable de faire des choses. Et surtout, j'adore découvrir. Parce que le levier extrêmement important dans tout ce que je fais, au-delà du dépassement, au-delà de se challenger, de battre des records et tout, c'est la découverte de moi, des autres, de ce monde qui nous entoure. Parce que c'est ça, au fond, qui me donne des sensations. Franchement, gagner des courses... Une fois que t'as passé la ligne, 15 secondes après, tu te dis « Oh putain, ok, bon, faut s'entraîner pour la suivante. » Alors que sur le chemin, t'as vécu une époque intense, t'es rempli, quoi. C'est ça qui compte.

  • Speaker #0

    Tu le disais au début que t'étais pas forcément doué, t'avais dû beaucoup travailler, tout ça. Est-ce que tu penses que du coup, ça veut dire qu'on est tous et toutes capables de faire des trucs de dingue, avec de l'entraînement, où il y a quand même des facteurs extérieurs sur lesquels on peut pas agir,

  • Speaker #1

    quoi ? Ouais. J'étais pas nul à chier, mais j'ai dû gagner en école de vélo, je sais pas, 150 courses ou plus que ça. Mais quand je voyais d'autres gens, là où ça se fixe, c'est entre minimes, cadets, juniors. Juniors, il y a des mecs qui arrivaient, et surtout quand je suis arrivé, le moins de 23 ans, espoir. Il y a des générations qui sont arrivées, génération Bardet, Pinault, Alaphilippe, etc. Enfin, tous ces mecs. qu'on a vu pendant 10 ans, Chris Froome, Quintana et tout, quand tu cours avec des gars comme ça, tu te dis... Je suis vraiment une merde. Tu sais que tu t'entraînes, et là tu te dis, il y a un problème. Soit ils ont une surmultipliée, soit ils ont énormément de talent, soit juste je ne suis pas fait pour ça. Et je pense que je n'étais pas énormément fait pour ça. Je pense que j'avais un mental friable, ou en tous les cas je n'avais pas les leviers mentaux qui me permettaient de faire. Il y a plein de gens qui me disent, aujourd'hui je ne serais pas du tout capable, aujourd'hui je fais 80 kilos. Oui j'ai un niveau physique... extrêmement élevé en ultra-endurance vélo dès que ça dépasse 5-7 jours où là, je pense que je suis un des meilleurs dans ma discipline sur les expéditions qui durent plus de 10 jours et ça concerne 10 courses dans le monde donc un peu d'intérêt c'est comme un gars qui je sais pas, mais qui saute d'un parachute à 30 000 mètres ça n'existe pas vraiment du coup, ouais, c'est ce que je fais un peu extrême Mais au fond, c'est juste que j'adore être dehors très longtemps et que ça me procure des émotions incroyables de découvrir mon corps, découvrir mon esprit. J'ai dépassé des limites énormes de confiance en moi, confiance en la vie, en les autres. Et ça, ça me permet de me dire, c'est pas grave, il n'y a rien qui... C'est important dans la vie parce qu'on est dans un monde de choses graves. Et voir le beau, essayer de le donner, de le montrer, de le transmettre, de le mettre dans la tête des gens, ça me donne de la force après. Je me suis entraîné un peu, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Oui, donc il y a quand même de l'entraînement. Et j'ai l'impression, en t'entendant, c'est aussi le fait de trouver quelque chose, un sport, là si on prend l'exemple du sport, qui nous passionne et qui a du sens pour nous. Ça fait peut-être plus de sens, le cyclisme sur route pour toi. C'est peut-être aussi pour ça que...

  • Speaker #1

    Moi. C'est pas le cyclisme sur route. Le cyclisme sur route, c'est un outil, mais c'est la compétition. La compétition, en fait, mais moi, tu mets sur une course à pied encore ce week-end. Dès que j'ai un dossard, je deviens complètement teubé, quoi. Je commence à stresser. Et je suis pas bon. Je suis pas bon. Si j'étais bon, j'imagine même pas le niveau de stress. Mais je supporte assez mal la pression parce que je m'en mets déjà énormément à la base. Aujourd'hui, mes aventures, c'est plus un jeu, mais des fois, il me faut trois jours pour entrer dans le jeu.

  • Speaker #0

    Par rapport à cette notion de dépassement, est-ce que toi, tu as l'impression d'avoir déjà été au bout de toi ?

  • Speaker #1

    Ah ouais, j'ai souvent été au bout de moi, mais le plus dur de ma vie dans ce sport, ça a été sans doute d'arrêter ma carrière vélo. Ah ouais,

  • Speaker #0

    quand même.

  • Speaker #1

    Le jour du championnat de France, voilà, où je me pose et en fait, 20 minutes après, j'étais dans un soulagement énorme. aujourd'hui ce qui est dur c'est que hum on a Des fois, je suis pas loin de ma finitude. Et quand j'approche d'une déshydratation extrême ou sur le lac Baïkal, où je me suis intoxiqué avec une bouteille de monoxyde de carbone qui était à moitié ouverte, je me suis dit, comme un idiot apprenti Mike Horn, je vais un petit peu laisser le gaz. Comme ça, ça me réchauffe quand même encore pendant une heure dans la nuit. Il fait moins 40 d'heures et j'ai failli crever. C'était mon ancienne... compagne Périne qui avait ouvert l'attente parce que je lui avais dit laisse moi la tête dehors mais elle me dit Steven il fait moins 30 je dis mais je préfère mourir de froid que de monoxyde de carbone et mon dernier projet dans la Takama où j'ai voulu aller loin, j'ai accepté de me dire je vais remontrer aux gens la vérité et au fond les gens s'en foutent que je montre le dérèglement climatique à crever dans un désert pour 90% c'est pas ça qu'ils viennent chercher chez moi Mais moi, j'avais besoin de montrer que c'est dangereux de rouler quand tu fais 50 degrés ou 55 degrés. Et quand tu le fais entre 15 et 20 heures par jour, c'est encore plus dangereux. Ouais, je vais loin, j'essaie d'aller de moins en moins loin. Non, je me suis calmé, j'ai fait quelques conneries, notamment sur le sommeil. J'ai eu plusieurs chutes comme ça où, quand tu dors pas pendant plus de 50 heures, tu commences à... pouvoir t'endormir à chaque seconde de ton existence sauf que t'es sur un vélo à plus de 30 km heure et si tu tombes tu peux vite t'envoler donc ça m'est arrivé 2-3 fois ça m'a calmé et puis voilà mais non je suis attention c'est

  • Speaker #0

    super j'ai l'impression qu'il y a un gros lien avec les conditions à chaque fois dans lesquelles tu fais ça il fait très chaud très froid est-ce que tu penses que pour aller au bout de soi on a besoin d'aller au bout du monde ? du tout Oui.

  • Speaker #1

    Pas du tout. Là, j'étais au bout de moi dans le métro. Non, chacun son bout de sauvage. Je dis toujours ça parce qu'il y a des gens qui me disent mais oui, mais et moi ? Mais je dis, mais même si c'est dans la peinture que tu arrives à t'épanouir, même si c'est apprendre 12 langues, même si c'est apprendre ce que tu veux, à dessiner, à créer des trucs avec toi. Mais non, en fait, c'est pas ça. C'est que ma frontière, c'était le parc de la Courneuve quand j'avais 5 ans. Après, c'était... Le département, quoi. Je suis sorti du département. Et après, la région. J'ai fait le championnat de France des écoles de vélo. C'est la première fois que je voyageais. C'était fou, quoi. Après, j'ai traversé la France. Pendant dix ans, j'ai fait ça. Et l'Europe. J'ai gagné une course continentale. Je commençais à toucher les frontières. France, Espagne, Italie, Suisse. J'ai touché un peu partout. Et après, j'ai décidé d'aller plus loin. Parce que j'avais besoin d'absolu. Comme l'Himalaya. Pour me montrer à moi-même que... T'es capable Steven, donc non, il n'y a pas besoin. Et surtout dans le monde dans lequel on vit, où il y a des vrais enjeux qui sont à très court terme. L'autre fois j'ai essayé de quantifier, parce que j'ai dit si je donne un chiffre aux gens, il n'a pas de sens. Mais en même temps je peux le donner. Je pense que j'ai fait plus de 600 000 kilomètres en France. Oui. Je l'ai un peu. Si tu traces des lignes, la France doit faire 1000 bornes nord-sud et 750 kilomètres tout droit comme ça.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    donc tu l'appelles. Du coup, oui, j'ai envie d'aller des fois plus loin. Et puis, j'adore aller vers d'autres cultures et ça me fait prendre du recul. On a besoin d'entendre un autre langage ou une autre culture, un autre truc un peu exotique. On est des humains, du coup, ça enrichit et puis ça nous permet de relativiser.

  • Speaker #0

    Je vais revenir un peu plus tôt sur ce que tu disais, ton arrêt un peu brutal, on va dire, du cyclisme route au niveau élite. Tu disais que ça t'avait beaucoup soulagé. Du coup, j'ai l'impression que c'est un moment qui a été hyper dur pour toi et aussi peut-être une fierté d'avoir réussi à dire stop. Comment t'as rebondi après ça ? Comment t'en es arrivé après à ces sports d'ultra-endurance ?

  • Speaker #1

    Non, ce n'était pas une fierté de dire stop au sport de haut niveau. C'était une honte même pendant longtemps, pendant 2-3 ans et avec un deuil très difficile à faire, mais qui a été effectif le jour où je... où je suis devenu communicant pour des marques, des personnalités, des athlètes, jusqu'à l'équipe de France de triathlon aux Jeux Olympiques, où là, je me rends compte qu'ils n'étaient pas si différents que moi. Ils allaient beaucoup plus vite, ils étaient beaucoup plus aboutis en tant qu'athlètes, psychologiquement, physiquement, tous les paramètres du jeu. Ils avaient un jeu musclé par rapport à moi, qui n'était pas forcément un athlète abouti, je pense, par rapport à tous ces athlètes incroyables. mais Ça m'a rendu tellement, à ce moment-là, lucide que je n'étais pas fait pour le haut niveau. Parce que quand je les voyais, j'en avais la boule au ventre. Et deux mois après, je décide de faire de l'humanitaire au Népal, de quitter tout. Et pourquoi pas rentrer en monastère au Népal ? Parce que j'avais besoin de ça. Revenir à moi, en fait. Revenir à la vie. Et quitter tout ça, en fait, ça m'a permis de me dire aussi, c'est pas grave. C'est pas grave d'avoir été le haut niveau. Et de traverser ensuite l'Himalaya, ça m'a permis juste de rencontrer des gens qui sont tellement apaisés, tellement heureux, qui vivent tellement simplement et qui n'ont pas tout ça, qui n'ont pas besoin de la médaille. Nous, on a tout le temps besoin de la médaille, que ça soit sur Instagram, sur les réseaux sociaux, c'est tout. Tu as besoin d'amour. On a besoin de tellement d'amour, tellement de reconnaissance. On est dans ce monde de give me. Vas-y, donne, donne, s'il te plaît, donne, donne-moi de l'amour. et là-bas J'étais prof dans les bidonvilles de Katmandou alors qu'à l'école, j'étais pas très très bon, il faut le dire. Et les mômes, ils attendaient tout de moi et je disais, c'est toi qui va lui apprendre quelque chose. Il attend tout de toi. Donc responsabilise-toi. Donc voilà, pendant un an, j'ai mis ma vie là-dedans et ça a redonné un sens à ma vie. Parce que j'étais utile. C'est ça le truc.

  • Speaker #0

    Il y a un truc qui me questionne vachement parce que je me dis, à ce moment-là, t'as réussi à t'écouter. À sentir que c'était trop ... Pour moi, les sports d'ultra-endurance, c'est des sports où tu apprends à ne pas t'écouter. Tu vois comment tu fais la différence ? Tu sais t'écouter, tu sais qu'il y a une vraie limite.

  • Speaker #1

    Si, il faut s'écouter en ultra-endurance. Si tu as besoin de dormir et que tu ne dors pas, il y a un moment où tu vas prendre un mur. Un athlète de 100 mètres ne va pas s'écouter. Mais quand tu passes 14 jours sur le vélo en dormant 2 heures par jour, c'est un moment où tu ne t'écoutes pas. Soit tu prends une bagnole, tout le monde s'écoute un peu. Le seul truc, c'est oui, quand je me suis blessé ce week-end, il y a un moment où j'ai eu une phase de... J'ai dit à mon corps, bon mec, on fait un marché, on va jusqu'à l'arrivée de tous les deux, on va faire des radios, on va voir le médical, parce que si je vais les voir avant, ils vont m'arrêter. On finit ce truc et demain, ça sera un autre jour. On va réfléchir à ça après. Pour l'instant, tu fais ton truc. Donc là, j'ai arrêté de m'écouter et c'est les gens qui m'ont remis dedans. C'est les gens, c'est des humains encore qui m'ont reconnu, qui m'ont dit putain Steven pas toi, pour eux c'était, il peut pas abandonner, c'est super mal, mais je dis mais vous comprenez pas que moi je supporte pas avoir mal.

  • Speaker #0

    Parce que c'est un humain aussi quoi.

  • Speaker #1

    Oui, mais même je déteste avoir mal. Je supporte pas la douleur.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai que quand on voit ce que tu fais, on a du mal à le croire, ça.

  • Speaker #1

    Il y a un moment, parce que j'ai plusieurs personnalités, il y a un autre gars qui arrive, ou... Ah, il y a un autre joueur ! Quand, au bout de deux, trois jours, je me transforme et il y a un animal qui arrive. Ouais, c'est difficile à expliquer, mais... Je sais pas, j'ai des qualités qui sont tellement bizarres dans notre monde, tu vois, où on est dans un monde de... d'instantané, de rapidité, de trucs. Mais en fait, c'est pour ça que je dis, j'ai mis 38 ans à arriver là où je suis. En fait, tout m'a préparé à ça. Tu vois, la méditation au Népal, j'ai fait 20 jours de méditation silencieuse vipassana, ça m'a préparé à cet apaisement de me dire, c'est pas grave, quoi.

  • Speaker #0

    Tu parlais de tes différentes personnalités en tant que sportif. Du coup, on a parlé que du Stéphane sportif. Qui es-tu en dehors du sport ? Est-ce qu'il y a quelqu'un ?

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que c'est Steven Leïarik ? Je ne sais pas, un animal solitaire, Ausha, courageux parfois, qui ne supporte pas la douleur, l'injustice, et qui aimerait, dans un monde idéal, essayer que tout le monde soit un peu apaisé, heureux, et puis que tout le monde se barre un peu dehors, parce que quand tu te retrouves face à la nature et à toi-même, tu redeviens humain.

  • Speaker #0

    C'est une forme de liberté qui est hyper importante pour toi.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai besoin de liberté. Moi, c'est un gros problème. parce qu'on est dans un monde que ce soit en amour, en amitié tout le monde t'impose quelque chose d'une certaine manière ou dans le travail mais moi le travail c'est moi qui impose l'autre ou en tous les cas j'exige des choses et les gens exigent de moi que ce soit des médias ou des choses ou des gens mais chacun son truc sa manière de vivre, d'évoluer et puis d'être libre parce que moi c'est ça que j'ai été chercher dans le vélo ça aurait pu être autre chose justement à ce que j'allais te demander est-ce que tu penses que le sport ça peut nous aider justement ...

  • Speaker #0

    se sentir libre en fait. Bien sûr,

  • Speaker #1

    il y a juste à le faire. Tu prends des godasses, tu cours, tu cours, tout le monde va te regarder, et on se dit, mais qu'est-ce qu'elle est libre ? Et la vérité, c'est ça que je fais dans mes aventures. C'est que je me bats avec mon foutu vélo. C'est un truc d'échapper, qui est fort, qui est un truc de liberté profond et que je trouve vraiment pur.

  • Speaker #0

    Ce podcast, il s'appelle Le Déclic, et je me souviens quand je t'avais contacté la première fois, tu m'avais dit que pour toi, un déclic, c'était pas quelque chose d'unique ? Tu avais eu plein de déclics dans ta vie. Parce que souvent, je demande aux gens quel a été leur plus grand déclic. J'imagine que toi, il n'y en a pas un. Quelle serait ta définition du déclic ?

  • Speaker #1

    Un moment parmi plein d'autres qui est plus fort. Que ce soit une rencontre, que ce soit une chute, une blessure, une rupture. Qu'elle soit professionnelle, amoureuse, amicale, etc. Une brisure en soi qui est wow, bon. Allez, c'est reparti, mais même si elle est positive. Oui,

  • Speaker #0

    ce que j'allais dire,

  • Speaker #1

    c'est que c'est positif. Oui, ça peut être super positif. Moi, ça a été le Népal. C'était incroyablement positif. C'était que positif. Et d'aller là-bas et me dire, en fait, c'est ça que j'aime. J'aime bien, j'aime m'aventurer et j'aime transmettre aux gens. Et qu'ils me le renvoient. Pas de l'ego, oh putain, t'as vu, j'existe. Le truc de, Steven, tu m'aides dans mon quotidien. Les gens qui te renvoient ça, tu te dis putain je suis utile. Et c'est la première fois dans ma vie, je suis la première fois dans la vallée du Kumbu, la vallée de l'Everest. Il y a une dame qui m'envoyait des messages très régulièrement. Elle me dit tu sais, mon mari il est en phase terminale de cancer et tout ce que tu fais tous les jours ça l'inspire énormément. Et ça lui fait du bien, ça l'apaise. Et j'ai dit wow bordel. Là je suis en train de marcher dans la montagne, je ne fais pas grand chose d'extraordinaire tu vois. Et j'ai dit ça je pense que c'est ça que j'aime. Donc ça, ça a été un déclic. Après, évidemment, les méditations silencieuses là-bas, méditer beaucoup, revenir à moi, rencontrer des moines bouddhistes, des gens qui sont full apaisés toute leur vie, selon moi, ou en tous les cas, qui essaient toujours de revenir à la balle au centre, à l'apaisement et tout ça. Ça a été un déclic pour moi, parce que je me dis que c'était possible. Et après, évidemment, il y a eu les choses d'avant. Il y a eu ma rencontre avec le vélo, il y a eu mon arrêt de ma carrière sportive. Il y a eu Rio, il y en a eu plein. Je pense que j'ai eu 40 trucs parce que là, j'en ai eu un autre qui est assez con. Mais je me suis dit, mais en fait, t'en as pas marre de faire des courses pour les gagner ou pour essayer de faire des performances alors que tout le monde s'en fout en fait. Parce que c'est pas forcément pour ça qu'on t'aime, c'est pas forcément pour ça que t'es heureux aussi, t'es apaisé. Parce que quand tu gagnes une course, tu penses à la prochaine. Et j'ai dit, mais en fait... Il faut que je refasse des choses qui me font vraiment vibrer. Du coup, il y a eu un nouveau déclic cette année et avec un projet que je vais mettre six mois à préparer, alors que d'habitude, je me mets un ultra par mois. Des fois, je me mettais quatre, cinq aventures de plus de 5000 kilomètres à vélo. Mais c'était indécent. J'ai dit ça il y a deux, trois jours. En 2022, je fais 100 nuits blanches. Ce genre de truc, il faut que tu le fasses. Il faut prendre le temps, on va prendre un peu plus le temps cette année. Il faut, il le faut pour moi.

  • Speaker #0

    Merci pour ce partage de Téléclick. J'espère que ton témoignage fera peut-être aussi des clics chez les personnes qui nous écoutent. En attendant, est-ce que tu peux nous redire où est-ce qu'on peut te suivre tes différentes aventures ?

  • Speaker #1

    Ouais, sur mes réseaux sociaux, principalement YouTube, Instagram, surtout Instagram, après un peu Facebook, LinkedIn. J'ai quelques films sur YouTube et là, je prépare probablement une tournée des cinémas avec deux films qui vont sortir, plus certainement une surprise. Des films inédits et puis, en fait, pour préparer ce projet, mon futur projet Bistarail, qui est d'aller à Manaslu en vélo, enfin à 8000 mètres avec un vélo, de Paris. J'ai envie de rencontrer les gens avant. Et du coup, je vais essayer de faire une dizaine de salles en France où on met deux films, on passe une soirée entre copains et on discute, on rigole et on parle d'aventure. Donc voilà, mais ouais, suivez-moi. Et puis venez sur mes épreuves. Comme ça, on se verra en vrai et c'est plus rigolo.

  • Speaker #0

    Le rendez-vous est donné.

  • Speaker #1

    Merci, merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Stéphane. Et puis à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt. Merci.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait ? Il n'est peut-être pas si loin ce déclic.

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Description

“Je cherche à prouver que je suis vivant”. C’est à 5 ans que Steven Le Hyaric découvre le vélo. Il ne le sait pas encore, mais c’est le début d’une grande aventure pour lui : Steven deviendra cycliste route au niveau Élite. Pourtant, un jour, il décide de dire stop au sport de haut niveau. Il devient alors aventurier professionnel et athlète en ultra distance. Son ou plutôt ses déclics ? Il nous en parle dans cet épisode. 

📲💻 Retrouvez Steven Le Hyaric sur Instagram et Youtube !

💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.

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Conseil Sport, c’est le podcast bien-être, santé et nutrition made by DECATHLON pour prendre soin de vous, garder la forme et bien manger. On y parle sport, connaissance de soi, épanouissement, voyage... L’objectif ? S’informer, s’évader, se trouver de nouvelles manières de s’épanouir et de performer par le sport et le mouvement.


Chaque mercredi, Céciliane et Manon, sportives passionnées et journalistes chez Decathlon, vous proposent un nouvel épisode.


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Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre, rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode. Vous écoutez le déclic de Steven Le Yarik. Salut Steven.

  • Speaker #1

    Salut.

  • Speaker #0

    Comment ça va ?

  • Speaker #1

    Ça va, franchement ça va, je me suis niqué le genou. Ah, j'ai dit le premier gros mot au bout de 15 secondes. Je me suis fait mal au genou gauche. J'ai fait une course de trail ce week-end. UTMB Nice, métropole. Je suis tombé un peu mal au bout de 20 bornes, mais ça va. Je pensais qu'il y avait une fissure. Du coup, là, j'arrive juste de la radio.

  • Speaker #0

    D'où la radio que tu avais sous le bras en arrivant.

  • Speaker #1

    J'ai rarement une radio sous le bras, mais là, j'ai enchaîné une radio plus une radio médicale. Et ça va, je suis vivant.

  • Speaker #0

    Heureusement, tu n'auras pas besoin de tes genoux pour le podcast. Le corps était un peu au repos.

  • Speaker #1

    Oui, j'étais dans le micro.

  • Speaker #0

    Donc Stéphane, tu as été cycliste route au niveau élite. Tu as commencé le vélo, je crois, à 5 ans et demi. C'est ce que j'ai entendu. Et puis ensuite, ce sport, ça a été un peu une histoire de potes, je crois, au début. Tu as vite pris goût, comme à celui de la victoire et puis des courses. Et ensuite, j'ai l'impression que les choses se sont presque enchaînées naturellement, avec du travail et de l'investissement, bien sûr. Tu as gravilisé le long et pourtant, un jour, tu as décidé de dire stop au sport à haut niveau. Et il me semble que ça s'est passé après les Jeux Olympiques. T'évoques un manque de sensation, d'envie, une baisse de morale. Tu nous en reparleras sûrement au cours de l'épisode. Aujourd'hui, tu te décris comme un aventurier professionnel, sensé s'enquêter de défis. Et t'es en effet athlète en ultra-endurance, avec notamment à ton palmarès plusieurs records du monde. J'ai pas fait la liste parce que c'était trop long. Ce que tu cherches dans tes différentes aventures, qu'elles soient à pied ou à vélo, j'ai l'impression que c'est l'hostilité Et que ce soit pendant ta carrière en haut niveau, comme aujourd'hui dans tes différentes activités sportives, j'ai aussi l'impression que tu cherches le challenge, que tu veux battre des records et aussi tes propres records. Alors je me demande, est-ce que tu cherches à prouver quelque chose ? Et si oui, quoi et à qui ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, ouais, je cherche à prouver quelque chose, ouais. Je cherche à prouver que je suis vivant, je cherche à prouver que je suis capable de faire quelque chose de ma vie. Ça, c'est la genèse, en fait. Ça c'est le Steven, je pense de 5 ans à 35 ans. Ça change depuis, mais il y a toujours ce fond de truc. Par exemple, dans un final de course, quelle que soit la course ou l'aventure, j'ai toujours un réflexe de « c'est quoi qui me raccroche ? » « Là, ça fait tellement mal, qu'est-ce que… » Mais je vais leur prouver tout ce que je vais y arriver. Parce que je suis un petit garçon au fond de moi. J'en ai chié pas mal, franchement, j'étais pas bon, j'étais laborieux, j'ai jamais eu énormément de talent, je pense. Je me suis toujours entraîné beaucoup. Je sais pas si je m'entraînais bien, mais je m'entraînais beaucoup. Quand j'étais petit, j'étais un peu hyperactif et tout, mais ouais, je veux prouver au monde que j'existe maintenant. Ouais, j'existe, quoi. J'existe, et puis je suis là, je suis en vie. Maintenant, prouver des trucs, ouais, j'aime bien. Mais c'est surtout que j'ai envie de me prouver à moi-même que je suis encore capable de faire des choses. Et surtout, j'adore découvrir. Parce que le levier extrêmement important dans tout ce que je fais, au-delà du dépassement, au-delà de se challenger, de battre des records et tout, c'est la découverte de moi, des autres, de ce monde qui nous entoure. Parce que c'est ça, au fond, qui me donne des sensations. Franchement, gagner des courses... Une fois que t'as passé la ligne, 15 secondes après, tu te dis « Oh putain, ok, bon, faut s'entraîner pour la suivante. » Alors que sur le chemin, t'as vécu une époque intense, t'es rempli, quoi. C'est ça qui compte.

  • Speaker #0

    Tu le disais au début que t'étais pas forcément doué, t'avais dû beaucoup travailler, tout ça. Est-ce que tu penses que du coup, ça veut dire qu'on est tous et toutes capables de faire des trucs de dingue, avec de l'entraînement, où il y a quand même des facteurs extérieurs sur lesquels on peut pas agir,

  • Speaker #1

    quoi ? Ouais. J'étais pas nul à chier, mais j'ai dû gagner en école de vélo, je sais pas, 150 courses ou plus que ça. Mais quand je voyais d'autres gens, là où ça se fixe, c'est entre minimes, cadets, juniors. Juniors, il y a des mecs qui arrivaient, et surtout quand je suis arrivé, le moins de 23 ans, espoir. Il y a des générations qui sont arrivées, génération Bardet, Pinault, Alaphilippe, etc. Enfin, tous ces mecs. qu'on a vu pendant 10 ans, Chris Froome, Quintana et tout, quand tu cours avec des gars comme ça, tu te dis... Je suis vraiment une merde. Tu sais que tu t'entraînes, et là tu te dis, il y a un problème. Soit ils ont une surmultipliée, soit ils ont énormément de talent, soit juste je ne suis pas fait pour ça. Et je pense que je n'étais pas énormément fait pour ça. Je pense que j'avais un mental friable, ou en tous les cas je n'avais pas les leviers mentaux qui me permettaient de faire. Il y a plein de gens qui me disent, aujourd'hui je ne serais pas du tout capable, aujourd'hui je fais 80 kilos. Oui j'ai un niveau physique... extrêmement élevé en ultra-endurance vélo dès que ça dépasse 5-7 jours où là, je pense que je suis un des meilleurs dans ma discipline sur les expéditions qui durent plus de 10 jours et ça concerne 10 courses dans le monde donc un peu d'intérêt c'est comme un gars qui je sais pas, mais qui saute d'un parachute à 30 000 mètres ça n'existe pas vraiment du coup, ouais, c'est ce que je fais un peu extrême Mais au fond, c'est juste que j'adore être dehors très longtemps et que ça me procure des émotions incroyables de découvrir mon corps, découvrir mon esprit. J'ai dépassé des limites énormes de confiance en moi, confiance en la vie, en les autres. Et ça, ça me permet de me dire, c'est pas grave, il n'y a rien qui... C'est important dans la vie parce qu'on est dans un monde de choses graves. Et voir le beau, essayer de le donner, de le montrer, de le transmettre, de le mettre dans la tête des gens, ça me donne de la force après. Je me suis entraîné un peu, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Oui, donc il y a quand même de l'entraînement. Et j'ai l'impression, en t'entendant, c'est aussi le fait de trouver quelque chose, un sport, là si on prend l'exemple du sport, qui nous passionne et qui a du sens pour nous. Ça fait peut-être plus de sens, le cyclisme sur route pour toi. C'est peut-être aussi pour ça que...

  • Speaker #1

    Moi. C'est pas le cyclisme sur route. Le cyclisme sur route, c'est un outil, mais c'est la compétition. La compétition, en fait, mais moi, tu mets sur une course à pied encore ce week-end. Dès que j'ai un dossard, je deviens complètement teubé, quoi. Je commence à stresser. Et je suis pas bon. Je suis pas bon. Si j'étais bon, j'imagine même pas le niveau de stress. Mais je supporte assez mal la pression parce que je m'en mets déjà énormément à la base. Aujourd'hui, mes aventures, c'est plus un jeu, mais des fois, il me faut trois jours pour entrer dans le jeu.

  • Speaker #0

    Par rapport à cette notion de dépassement, est-ce que toi, tu as l'impression d'avoir déjà été au bout de toi ?

  • Speaker #1

    Ah ouais, j'ai souvent été au bout de moi, mais le plus dur de ma vie dans ce sport, ça a été sans doute d'arrêter ma carrière vélo. Ah ouais,

  • Speaker #0

    quand même.

  • Speaker #1

    Le jour du championnat de France, voilà, où je me pose et en fait, 20 minutes après, j'étais dans un soulagement énorme. aujourd'hui ce qui est dur c'est que hum on a Des fois, je suis pas loin de ma finitude. Et quand j'approche d'une déshydratation extrême ou sur le lac Baïkal, où je me suis intoxiqué avec une bouteille de monoxyde de carbone qui était à moitié ouverte, je me suis dit, comme un idiot apprenti Mike Horn, je vais un petit peu laisser le gaz. Comme ça, ça me réchauffe quand même encore pendant une heure dans la nuit. Il fait moins 40 d'heures et j'ai failli crever. C'était mon ancienne... compagne Périne qui avait ouvert l'attente parce que je lui avais dit laisse moi la tête dehors mais elle me dit Steven il fait moins 30 je dis mais je préfère mourir de froid que de monoxyde de carbone et mon dernier projet dans la Takama où j'ai voulu aller loin, j'ai accepté de me dire je vais remontrer aux gens la vérité et au fond les gens s'en foutent que je montre le dérèglement climatique à crever dans un désert pour 90% c'est pas ça qu'ils viennent chercher chez moi Mais moi, j'avais besoin de montrer que c'est dangereux de rouler quand tu fais 50 degrés ou 55 degrés. Et quand tu le fais entre 15 et 20 heures par jour, c'est encore plus dangereux. Ouais, je vais loin, j'essaie d'aller de moins en moins loin. Non, je me suis calmé, j'ai fait quelques conneries, notamment sur le sommeil. J'ai eu plusieurs chutes comme ça où, quand tu dors pas pendant plus de 50 heures, tu commences à... pouvoir t'endormir à chaque seconde de ton existence sauf que t'es sur un vélo à plus de 30 km heure et si tu tombes tu peux vite t'envoler donc ça m'est arrivé 2-3 fois ça m'a calmé et puis voilà mais non je suis attention c'est

  • Speaker #0

    super j'ai l'impression qu'il y a un gros lien avec les conditions à chaque fois dans lesquelles tu fais ça il fait très chaud très froid est-ce que tu penses que pour aller au bout de soi on a besoin d'aller au bout du monde ? du tout Oui.

  • Speaker #1

    Pas du tout. Là, j'étais au bout de moi dans le métro. Non, chacun son bout de sauvage. Je dis toujours ça parce qu'il y a des gens qui me disent mais oui, mais et moi ? Mais je dis, mais même si c'est dans la peinture que tu arrives à t'épanouir, même si c'est apprendre 12 langues, même si c'est apprendre ce que tu veux, à dessiner, à créer des trucs avec toi. Mais non, en fait, c'est pas ça. C'est que ma frontière, c'était le parc de la Courneuve quand j'avais 5 ans. Après, c'était... Le département, quoi. Je suis sorti du département. Et après, la région. J'ai fait le championnat de France des écoles de vélo. C'est la première fois que je voyageais. C'était fou, quoi. Après, j'ai traversé la France. Pendant dix ans, j'ai fait ça. Et l'Europe. J'ai gagné une course continentale. Je commençais à toucher les frontières. France, Espagne, Italie, Suisse. J'ai touché un peu partout. Et après, j'ai décidé d'aller plus loin. Parce que j'avais besoin d'absolu. Comme l'Himalaya. Pour me montrer à moi-même que... T'es capable Steven, donc non, il n'y a pas besoin. Et surtout dans le monde dans lequel on vit, où il y a des vrais enjeux qui sont à très court terme. L'autre fois j'ai essayé de quantifier, parce que j'ai dit si je donne un chiffre aux gens, il n'a pas de sens. Mais en même temps je peux le donner. Je pense que j'ai fait plus de 600 000 kilomètres en France. Oui. Je l'ai un peu. Si tu traces des lignes, la France doit faire 1000 bornes nord-sud et 750 kilomètres tout droit comme ça.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    donc tu l'appelles. Du coup, oui, j'ai envie d'aller des fois plus loin. Et puis, j'adore aller vers d'autres cultures et ça me fait prendre du recul. On a besoin d'entendre un autre langage ou une autre culture, un autre truc un peu exotique. On est des humains, du coup, ça enrichit et puis ça nous permet de relativiser.

  • Speaker #0

    Je vais revenir un peu plus tôt sur ce que tu disais, ton arrêt un peu brutal, on va dire, du cyclisme route au niveau élite. Tu disais que ça t'avait beaucoup soulagé. Du coup, j'ai l'impression que c'est un moment qui a été hyper dur pour toi et aussi peut-être une fierté d'avoir réussi à dire stop. Comment t'as rebondi après ça ? Comment t'en es arrivé après à ces sports d'ultra-endurance ?

  • Speaker #1

    Non, ce n'était pas une fierté de dire stop au sport de haut niveau. C'était une honte même pendant longtemps, pendant 2-3 ans et avec un deuil très difficile à faire, mais qui a été effectif le jour où je... où je suis devenu communicant pour des marques, des personnalités, des athlètes, jusqu'à l'équipe de France de triathlon aux Jeux Olympiques, où là, je me rends compte qu'ils n'étaient pas si différents que moi. Ils allaient beaucoup plus vite, ils étaient beaucoup plus aboutis en tant qu'athlètes, psychologiquement, physiquement, tous les paramètres du jeu. Ils avaient un jeu musclé par rapport à moi, qui n'était pas forcément un athlète abouti, je pense, par rapport à tous ces athlètes incroyables. mais Ça m'a rendu tellement, à ce moment-là, lucide que je n'étais pas fait pour le haut niveau. Parce que quand je les voyais, j'en avais la boule au ventre. Et deux mois après, je décide de faire de l'humanitaire au Népal, de quitter tout. Et pourquoi pas rentrer en monastère au Népal ? Parce que j'avais besoin de ça. Revenir à moi, en fait. Revenir à la vie. Et quitter tout ça, en fait, ça m'a permis de me dire aussi, c'est pas grave. C'est pas grave d'avoir été le haut niveau. Et de traverser ensuite l'Himalaya, ça m'a permis juste de rencontrer des gens qui sont tellement apaisés, tellement heureux, qui vivent tellement simplement et qui n'ont pas tout ça, qui n'ont pas besoin de la médaille. Nous, on a tout le temps besoin de la médaille, que ça soit sur Instagram, sur les réseaux sociaux, c'est tout. Tu as besoin d'amour. On a besoin de tellement d'amour, tellement de reconnaissance. On est dans ce monde de give me. Vas-y, donne, donne, s'il te plaît, donne, donne-moi de l'amour. et là-bas J'étais prof dans les bidonvilles de Katmandou alors qu'à l'école, j'étais pas très très bon, il faut le dire. Et les mômes, ils attendaient tout de moi et je disais, c'est toi qui va lui apprendre quelque chose. Il attend tout de toi. Donc responsabilise-toi. Donc voilà, pendant un an, j'ai mis ma vie là-dedans et ça a redonné un sens à ma vie. Parce que j'étais utile. C'est ça le truc.

  • Speaker #0

    Il y a un truc qui me questionne vachement parce que je me dis, à ce moment-là, t'as réussi à t'écouter. À sentir que c'était trop ... Pour moi, les sports d'ultra-endurance, c'est des sports où tu apprends à ne pas t'écouter. Tu vois comment tu fais la différence ? Tu sais t'écouter, tu sais qu'il y a une vraie limite.

  • Speaker #1

    Si, il faut s'écouter en ultra-endurance. Si tu as besoin de dormir et que tu ne dors pas, il y a un moment où tu vas prendre un mur. Un athlète de 100 mètres ne va pas s'écouter. Mais quand tu passes 14 jours sur le vélo en dormant 2 heures par jour, c'est un moment où tu ne t'écoutes pas. Soit tu prends une bagnole, tout le monde s'écoute un peu. Le seul truc, c'est oui, quand je me suis blessé ce week-end, il y a un moment où j'ai eu une phase de... J'ai dit à mon corps, bon mec, on fait un marché, on va jusqu'à l'arrivée de tous les deux, on va faire des radios, on va voir le médical, parce que si je vais les voir avant, ils vont m'arrêter. On finit ce truc et demain, ça sera un autre jour. On va réfléchir à ça après. Pour l'instant, tu fais ton truc. Donc là, j'ai arrêté de m'écouter et c'est les gens qui m'ont remis dedans. C'est les gens, c'est des humains encore qui m'ont reconnu, qui m'ont dit putain Steven pas toi, pour eux c'était, il peut pas abandonner, c'est super mal, mais je dis mais vous comprenez pas que moi je supporte pas avoir mal.

  • Speaker #0

    Parce que c'est un humain aussi quoi.

  • Speaker #1

    Oui, mais même je déteste avoir mal. Je supporte pas la douleur.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai que quand on voit ce que tu fais, on a du mal à le croire, ça.

  • Speaker #1

    Il y a un moment, parce que j'ai plusieurs personnalités, il y a un autre gars qui arrive, ou... Ah, il y a un autre joueur ! Quand, au bout de deux, trois jours, je me transforme et il y a un animal qui arrive. Ouais, c'est difficile à expliquer, mais... Je sais pas, j'ai des qualités qui sont tellement bizarres dans notre monde, tu vois, où on est dans un monde de... d'instantané, de rapidité, de trucs. Mais en fait, c'est pour ça que je dis, j'ai mis 38 ans à arriver là où je suis. En fait, tout m'a préparé à ça. Tu vois, la méditation au Népal, j'ai fait 20 jours de méditation silencieuse vipassana, ça m'a préparé à cet apaisement de me dire, c'est pas grave, quoi.

  • Speaker #0

    Tu parlais de tes différentes personnalités en tant que sportif. Du coup, on a parlé que du Stéphane sportif. Qui es-tu en dehors du sport ? Est-ce qu'il y a quelqu'un ?

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que c'est Steven Leïarik ? Je ne sais pas, un animal solitaire, Ausha, courageux parfois, qui ne supporte pas la douleur, l'injustice, et qui aimerait, dans un monde idéal, essayer que tout le monde soit un peu apaisé, heureux, et puis que tout le monde se barre un peu dehors, parce que quand tu te retrouves face à la nature et à toi-même, tu redeviens humain.

  • Speaker #0

    C'est une forme de liberté qui est hyper importante pour toi.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai besoin de liberté. Moi, c'est un gros problème. parce qu'on est dans un monde que ce soit en amour, en amitié tout le monde t'impose quelque chose d'une certaine manière ou dans le travail mais moi le travail c'est moi qui impose l'autre ou en tous les cas j'exige des choses et les gens exigent de moi que ce soit des médias ou des choses ou des gens mais chacun son truc sa manière de vivre, d'évoluer et puis d'être libre parce que moi c'est ça que j'ai été chercher dans le vélo ça aurait pu être autre chose justement à ce que j'allais te demander est-ce que tu penses que le sport ça peut nous aider justement ...

  • Speaker #0

    se sentir libre en fait. Bien sûr,

  • Speaker #1

    il y a juste à le faire. Tu prends des godasses, tu cours, tu cours, tout le monde va te regarder, et on se dit, mais qu'est-ce qu'elle est libre ? Et la vérité, c'est ça que je fais dans mes aventures. C'est que je me bats avec mon foutu vélo. C'est un truc d'échapper, qui est fort, qui est un truc de liberté profond et que je trouve vraiment pur.

  • Speaker #0

    Ce podcast, il s'appelle Le Déclic, et je me souviens quand je t'avais contacté la première fois, tu m'avais dit que pour toi, un déclic, c'était pas quelque chose d'unique ? Tu avais eu plein de déclics dans ta vie. Parce que souvent, je demande aux gens quel a été leur plus grand déclic. J'imagine que toi, il n'y en a pas un. Quelle serait ta définition du déclic ?

  • Speaker #1

    Un moment parmi plein d'autres qui est plus fort. Que ce soit une rencontre, que ce soit une chute, une blessure, une rupture. Qu'elle soit professionnelle, amoureuse, amicale, etc. Une brisure en soi qui est wow, bon. Allez, c'est reparti, mais même si elle est positive. Oui,

  • Speaker #0

    ce que j'allais dire,

  • Speaker #1

    c'est que c'est positif. Oui, ça peut être super positif. Moi, ça a été le Népal. C'était incroyablement positif. C'était que positif. Et d'aller là-bas et me dire, en fait, c'est ça que j'aime. J'aime bien, j'aime m'aventurer et j'aime transmettre aux gens. Et qu'ils me le renvoient. Pas de l'ego, oh putain, t'as vu, j'existe. Le truc de, Steven, tu m'aides dans mon quotidien. Les gens qui te renvoient ça, tu te dis putain je suis utile. Et c'est la première fois dans ma vie, je suis la première fois dans la vallée du Kumbu, la vallée de l'Everest. Il y a une dame qui m'envoyait des messages très régulièrement. Elle me dit tu sais, mon mari il est en phase terminale de cancer et tout ce que tu fais tous les jours ça l'inspire énormément. Et ça lui fait du bien, ça l'apaise. Et j'ai dit wow bordel. Là je suis en train de marcher dans la montagne, je ne fais pas grand chose d'extraordinaire tu vois. Et j'ai dit ça je pense que c'est ça que j'aime. Donc ça, ça a été un déclic. Après, évidemment, les méditations silencieuses là-bas, méditer beaucoup, revenir à moi, rencontrer des moines bouddhistes, des gens qui sont full apaisés toute leur vie, selon moi, ou en tous les cas, qui essaient toujours de revenir à la balle au centre, à l'apaisement et tout ça. Ça a été un déclic pour moi, parce que je me dis que c'était possible. Et après, évidemment, il y a eu les choses d'avant. Il y a eu ma rencontre avec le vélo, il y a eu mon arrêt de ma carrière sportive. Il y a eu Rio, il y en a eu plein. Je pense que j'ai eu 40 trucs parce que là, j'en ai eu un autre qui est assez con. Mais je me suis dit, mais en fait, t'en as pas marre de faire des courses pour les gagner ou pour essayer de faire des performances alors que tout le monde s'en fout en fait. Parce que c'est pas forcément pour ça qu'on t'aime, c'est pas forcément pour ça que t'es heureux aussi, t'es apaisé. Parce que quand tu gagnes une course, tu penses à la prochaine. Et j'ai dit, mais en fait... Il faut que je refasse des choses qui me font vraiment vibrer. Du coup, il y a eu un nouveau déclic cette année et avec un projet que je vais mettre six mois à préparer, alors que d'habitude, je me mets un ultra par mois. Des fois, je me mettais quatre, cinq aventures de plus de 5000 kilomètres à vélo. Mais c'était indécent. J'ai dit ça il y a deux, trois jours. En 2022, je fais 100 nuits blanches. Ce genre de truc, il faut que tu le fasses. Il faut prendre le temps, on va prendre un peu plus le temps cette année. Il faut, il le faut pour moi.

  • Speaker #0

    Merci pour ce partage de Téléclick. J'espère que ton témoignage fera peut-être aussi des clics chez les personnes qui nous écoutent. En attendant, est-ce que tu peux nous redire où est-ce qu'on peut te suivre tes différentes aventures ?

  • Speaker #1

    Ouais, sur mes réseaux sociaux, principalement YouTube, Instagram, surtout Instagram, après un peu Facebook, LinkedIn. J'ai quelques films sur YouTube et là, je prépare probablement une tournée des cinémas avec deux films qui vont sortir, plus certainement une surprise. Des films inédits et puis, en fait, pour préparer ce projet, mon futur projet Bistarail, qui est d'aller à Manaslu en vélo, enfin à 8000 mètres avec un vélo, de Paris. J'ai envie de rencontrer les gens avant. Et du coup, je vais essayer de faire une dizaine de salles en France où on met deux films, on passe une soirée entre copains et on discute, on rigole et on parle d'aventure. Donc voilà, mais ouais, suivez-moi. Et puis venez sur mes épreuves. Comme ça, on se verra en vrai et c'est plus rigolo.

  • Speaker #0

    Le rendez-vous est donné.

  • Speaker #1

    Merci, merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Stéphane. Et puis à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt. Merci.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait ? Il n'est peut-être pas si loin ce déclic.

Description

“Je cherche à prouver que je suis vivant”. C’est à 5 ans que Steven Le Hyaric découvre le vélo. Il ne le sait pas encore, mais c’est le début d’une grande aventure pour lui : Steven deviendra cycliste route au niveau Élite. Pourtant, un jour, il décide de dire stop au sport de haut niveau. Il devient alors aventurier professionnel et athlète en ultra distance. Son ou plutôt ses déclics ? Il nous en parle dans cet épisode. 

📲💻 Retrouvez Steven Le Hyaric sur Instagram et Youtube !

💡⚡✨ Le déclic est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Un échange avec des invité·es où l’on parle voyages, rencontres, ruptures, joies, échec… En bref, de transformations. Des parcours de vie inspirants qui ont tous commencé par un déclic. Ce format vous est proposé par Manon, journaliste et sportive passionnée.

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Conseil Sport, c’est le podcast bien-être, santé et nutrition made by DECATHLON pour prendre soin de vous, garder la forme et bien manger. On y parle sport, connaissance de soi, épanouissement, voyage... L’objectif ? S’informer, s’évader, se trouver de nouvelles manières de s’épanouir et de performer par le sport et le mouvement.


Chaque mercredi, Céciliane et Manon, sportives passionnées et journalistes chez Decathlon, vous proposent un nouvel épisode.


Retrouvez : “La réponse” (des interviews d’experte·s du sport et de la santé sur des sujets ciblés et d’actualité), “Le déclic” (des interviews de personnalités et influenceur·ses sur un déclic sportif, un événement qui a transformé leur vie) et “L’aventure” (le récit immersif d’une aventure sportive extraordinaire).


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Le podcast Conseil Sport peut plaire à toutes celles et ceux qui veulent prendre soin d’eux, de leur corps, leur santé, leur bien être mental et physique, celles et ceux qui cherchent des conseils pour un lifestyle healthy, se remettre au sport, entretenir leur santé, que ce soit à travers la course à pied, le yoga, cyclisme, ou tout autre sport, ou encore mettre en place de bonnes habitudes d’alimentation, nutrition, ou enfin celles et ceux qui cherchent de l’inspiration à travers des récits d’aventures extraordinaires de personnes ordinaires, ou passer un bon moment en découvrant une nouvelle facette de leurs athlètes et créateur•ices de contenus préférés.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre, rupture, joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode. Vous écoutez le déclic de Steven Le Yarik. Salut Steven.

  • Speaker #1

    Salut.

  • Speaker #0

    Comment ça va ?

  • Speaker #1

    Ça va, franchement ça va, je me suis niqué le genou. Ah, j'ai dit le premier gros mot au bout de 15 secondes. Je me suis fait mal au genou gauche. J'ai fait une course de trail ce week-end. UTMB Nice, métropole. Je suis tombé un peu mal au bout de 20 bornes, mais ça va. Je pensais qu'il y avait une fissure. Du coup, là, j'arrive juste de la radio.

  • Speaker #0

    D'où la radio que tu avais sous le bras en arrivant.

  • Speaker #1

    J'ai rarement une radio sous le bras, mais là, j'ai enchaîné une radio plus une radio médicale. Et ça va, je suis vivant.

  • Speaker #0

    Heureusement, tu n'auras pas besoin de tes genoux pour le podcast. Le corps était un peu au repos.

  • Speaker #1

    Oui, j'étais dans le micro.

  • Speaker #0

    Donc Stéphane, tu as été cycliste route au niveau élite. Tu as commencé le vélo, je crois, à 5 ans et demi. C'est ce que j'ai entendu. Et puis ensuite, ce sport, ça a été un peu une histoire de potes, je crois, au début. Tu as vite pris goût, comme à celui de la victoire et puis des courses. Et ensuite, j'ai l'impression que les choses se sont presque enchaînées naturellement, avec du travail et de l'investissement, bien sûr. Tu as gravilisé le long et pourtant, un jour, tu as décidé de dire stop au sport à haut niveau. Et il me semble que ça s'est passé après les Jeux Olympiques. T'évoques un manque de sensation, d'envie, une baisse de morale. Tu nous en reparleras sûrement au cours de l'épisode. Aujourd'hui, tu te décris comme un aventurier professionnel, sensé s'enquêter de défis. Et t'es en effet athlète en ultra-endurance, avec notamment à ton palmarès plusieurs records du monde. J'ai pas fait la liste parce que c'était trop long. Ce que tu cherches dans tes différentes aventures, qu'elles soient à pied ou à vélo, j'ai l'impression que c'est l'hostilité Et que ce soit pendant ta carrière en haut niveau, comme aujourd'hui dans tes différentes activités sportives, j'ai aussi l'impression que tu cherches le challenge, que tu veux battre des records et aussi tes propres records. Alors je me demande, est-ce que tu cherches à prouver quelque chose ? Et si oui, quoi et à qui ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, ouais, je cherche à prouver quelque chose, ouais. Je cherche à prouver que je suis vivant, je cherche à prouver que je suis capable de faire quelque chose de ma vie. Ça, c'est la genèse, en fait. Ça c'est le Steven, je pense de 5 ans à 35 ans. Ça change depuis, mais il y a toujours ce fond de truc. Par exemple, dans un final de course, quelle que soit la course ou l'aventure, j'ai toujours un réflexe de « c'est quoi qui me raccroche ? » « Là, ça fait tellement mal, qu'est-ce que… » Mais je vais leur prouver tout ce que je vais y arriver. Parce que je suis un petit garçon au fond de moi. J'en ai chié pas mal, franchement, j'étais pas bon, j'étais laborieux, j'ai jamais eu énormément de talent, je pense. Je me suis toujours entraîné beaucoup. Je sais pas si je m'entraînais bien, mais je m'entraînais beaucoup. Quand j'étais petit, j'étais un peu hyperactif et tout, mais ouais, je veux prouver au monde que j'existe maintenant. Ouais, j'existe, quoi. J'existe, et puis je suis là, je suis en vie. Maintenant, prouver des trucs, ouais, j'aime bien. Mais c'est surtout que j'ai envie de me prouver à moi-même que je suis encore capable de faire des choses. Et surtout, j'adore découvrir. Parce que le levier extrêmement important dans tout ce que je fais, au-delà du dépassement, au-delà de se challenger, de battre des records et tout, c'est la découverte de moi, des autres, de ce monde qui nous entoure. Parce que c'est ça, au fond, qui me donne des sensations. Franchement, gagner des courses... Une fois que t'as passé la ligne, 15 secondes après, tu te dis « Oh putain, ok, bon, faut s'entraîner pour la suivante. » Alors que sur le chemin, t'as vécu une époque intense, t'es rempli, quoi. C'est ça qui compte.

  • Speaker #0

    Tu le disais au début que t'étais pas forcément doué, t'avais dû beaucoup travailler, tout ça. Est-ce que tu penses que du coup, ça veut dire qu'on est tous et toutes capables de faire des trucs de dingue, avec de l'entraînement, où il y a quand même des facteurs extérieurs sur lesquels on peut pas agir,

  • Speaker #1

    quoi ? Ouais. J'étais pas nul à chier, mais j'ai dû gagner en école de vélo, je sais pas, 150 courses ou plus que ça. Mais quand je voyais d'autres gens, là où ça se fixe, c'est entre minimes, cadets, juniors. Juniors, il y a des mecs qui arrivaient, et surtout quand je suis arrivé, le moins de 23 ans, espoir. Il y a des générations qui sont arrivées, génération Bardet, Pinault, Alaphilippe, etc. Enfin, tous ces mecs. qu'on a vu pendant 10 ans, Chris Froome, Quintana et tout, quand tu cours avec des gars comme ça, tu te dis... Je suis vraiment une merde. Tu sais que tu t'entraînes, et là tu te dis, il y a un problème. Soit ils ont une surmultipliée, soit ils ont énormément de talent, soit juste je ne suis pas fait pour ça. Et je pense que je n'étais pas énormément fait pour ça. Je pense que j'avais un mental friable, ou en tous les cas je n'avais pas les leviers mentaux qui me permettaient de faire. Il y a plein de gens qui me disent, aujourd'hui je ne serais pas du tout capable, aujourd'hui je fais 80 kilos. Oui j'ai un niveau physique... extrêmement élevé en ultra-endurance vélo dès que ça dépasse 5-7 jours où là, je pense que je suis un des meilleurs dans ma discipline sur les expéditions qui durent plus de 10 jours et ça concerne 10 courses dans le monde donc un peu d'intérêt c'est comme un gars qui je sais pas, mais qui saute d'un parachute à 30 000 mètres ça n'existe pas vraiment du coup, ouais, c'est ce que je fais un peu extrême Mais au fond, c'est juste que j'adore être dehors très longtemps et que ça me procure des émotions incroyables de découvrir mon corps, découvrir mon esprit. J'ai dépassé des limites énormes de confiance en moi, confiance en la vie, en les autres. Et ça, ça me permet de me dire, c'est pas grave, il n'y a rien qui... C'est important dans la vie parce qu'on est dans un monde de choses graves. Et voir le beau, essayer de le donner, de le montrer, de le transmettre, de le mettre dans la tête des gens, ça me donne de la force après. Je me suis entraîné un peu, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Oui, donc il y a quand même de l'entraînement. Et j'ai l'impression, en t'entendant, c'est aussi le fait de trouver quelque chose, un sport, là si on prend l'exemple du sport, qui nous passionne et qui a du sens pour nous. Ça fait peut-être plus de sens, le cyclisme sur route pour toi. C'est peut-être aussi pour ça que...

  • Speaker #1

    Moi. C'est pas le cyclisme sur route. Le cyclisme sur route, c'est un outil, mais c'est la compétition. La compétition, en fait, mais moi, tu mets sur une course à pied encore ce week-end. Dès que j'ai un dossard, je deviens complètement teubé, quoi. Je commence à stresser. Et je suis pas bon. Je suis pas bon. Si j'étais bon, j'imagine même pas le niveau de stress. Mais je supporte assez mal la pression parce que je m'en mets déjà énormément à la base. Aujourd'hui, mes aventures, c'est plus un jeu, mais des fois, il me faut trois jours pour entrer dans le jeu.

  • Speaker #0

    Par rapport à cette notion de dépassement, est-ce que toi, tu as l'impression d'avoir déjà été au bout de toi ?

  • Speaker #1

    Ah ouais, j'ai souvent été au bout de moi, mais le plus dur de ma vie dans ce sport, ça a été sans doute d'arrêter ma carrière vélo. Ah ouais,

  • Speaker #0

    quand même.

  • Speaker #1

    Le jour du championnat de France, voilà, où je me pose et en fait, 20 minutes après, j'étais dans un soulagement énorme. aujourd'hui ce qui est dur c'est que hum on a Des fois, je suis pas loin de ma finitude. Et quand j'approche d'une déshydratation extrême ou sur le lac Baïkal, où je me suis intoxiqué avec une bouteille de monoxyde de carbone qui était à moitié ouverte, je me suis dit, comme un idiot apprenti Mike Horn, je vais un petit peu laisser le gaz. Comme ça, ça me réchauffe quand même encore pendant une heure dans la nuit. Il fait moins 40 d'heures et j'ai failli crever. C'était mon ancienne... compagne Périne qui avait ouvert l'attente parce que je lui avais dit laisse moi la tête dehors mais elle me dit Steven il fait moins 30 je dis mais je préfère mourir de froid que de monoxyde de carbone et mon dernier projet dans la Takama où j'ai voulu aller loin, j'ai accepté de me dire je vais remontrer aux gens la vérité et au fond les gens s'en foutent que je montre le dérèglement climatique à crever dans un désert pour 90% c'est pas ça qu'ils viennent chercher chez moi Mais moi, j'avais besoin de montrer que c'est dangereux de rouler quand tu fais 50 degrés ou 55 degrés. Et quand tu le fais entre 15 et 20 heures par jour, c'est encore plus dangereux. Ouais, je vais loin, j'essaie d'aller de moins en moins loin. Non, je me suis calmé, j'ai fait quelques conneries, notamment sur le sommeil. J'ai eu plusieurs chutes comme ça où, quand tu dors pas pendant plus de 50 heures, tu commences à... pouvoir t'endormir à chaque seconde de ton existence sauf que t'es sur un vélo à plus de 30 km heure et si tu tombes tu peux vite t'envoler donc ça m'est arrivé 2-3 fois ça m'a calmé et puis voilà mais non je suis attention c'est

  • Speaker #0

    super j'ai l'impression qu'il y a un gros lien avec les conditions à chaque fois dans lesquelles tu fais ça il fait très chaud très froid est-ce que tu penses que pour aller au bout de soi on a besoin d'aller au bout du monde ? du tout Oui.

  • Speaker #1

    Pas du tout. Là, j'étais au bout de moi dans le métro. Non, chacun son bout de sauvage. Je dis toujours ça parce qu'il y a des gens qui me disent mais oui, mais et moi ? Mais je dis, mais même si c'est dans la peinture que tu arrives à t'épanouir, même si c'est apprendre 12 langues, même si c'est apprendre ce que tu veux, à dessiner, à créer des trucs avec toi. Mais non, en fait, c'est pas ça. C'est que ma frontière, c'était le parc de la Courneuve quand j'avais 5 ans. Après, c'était... Le département, quoi. Je suis sorti du département. Et après, la région. J'ai fait le championnat de France des écoles de vélo. C'est la première fois que je voyageais. C'était fou, quoi. Après, j'ai traversé la France. Pendant dix ans, j'ai fait ça. Et l'Europe. J'ai gagné une course continentale. Je commençais à toucher les frontières. France, Espagne, Italie, Suisse. J'ai touché un peu partout. Et après, j'ai décidé d'aller plus loin. Parce que j'avais besoin d'absolu. Comme l'Himalaya. Pour me montrer à moi-même que... T'es capable Steven, donc non, il n'y a pas besoin. Et surtout dans le monde dans lequel on vit, où il y a des vrais enjeux qui sont à très court terme. L'autre fois j'ai essayé de quantifier, parce que j'ai dit si je donne un chiffre aux gens, il n'a pas de sens. Mais en même temps je peux le donner. Je pense que j'ai fait plus de 600 000 kilomètres en France. Oui. Je l'ai un peu. Si tu traces des lignes, la France doit faire 1000 bornes nord-sud et 750 kilomètres tout droit comme ça.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    donc tu l'appelles. Du coup, oui, j'ai envie d'aller des fois plus loin. Et puis, j'adore aller vers d'autres cultures et ça me fait prendre du recul. On a besoin d'entendre un autre langage ou une autre culture, un autre truc un peu exotique. On est des humains, du coup, ça enrichit et puis ça nous permet de relativiser.

  • Speaker #0

    Je vais revenir un peu plus tôt sur ce que tu disais, ton arrêt un peu brutal, on va dire, du cyclisme route au niveau élite. Tu disais que ça t'avait beaucoup soulagé. Du coup, j'ai l'impression que c'est un moment qui a été hyper dur pour toi et aussi peut-être une fierté d'avoir réussi à dire stop. Comment t'as rebondi après ça ? Comment t'en es arrivé après à ces sports d'ultra-endurance ?

  • Speaker #1

    Non, ce n'était pas une fierté de dire stop au sport de haut niveau. C'était une honte même pendant longtemps, pendant 2-3 ans et avec un deuil très difficile à faire, mais qui a été effectif le jour où je... où je suis devenu communicant pour des marques, des personnalités, des athlètes, jusqu'à l'équipe de France de triathlon aux Jeux Olympiques, où là, je me rends compte qu'ils n'étaient pas si différents que moi. Ils allaient beaucoup plus vite, ils étaient beaucoup plus aboutis en tant qu'athlètes, psychologiquement, physiquement, tous les paramètres du jeu. Ils avaient un jeu musclé par rapport à moi, qui n'était pas forcément un athlète abouti, je pense, par rapport à tous ces athlètes incroyables. mais Ça m'a rendu tellement, à ce moment-là, lucide que je n'étais pas fait pour le haut niveau. Parce que quand je les voyais, j'en avais la boule au ventre. Et deux mois après, je décide de faire de l'humanitaire au Népal, de quitter tout. Et pourquoi pas rentrer en monastère au Népal ? Parce que j'avais besoin de ça. Revenir à moi, en fait. Revenir à la vie. Et quitter tout ça, en fait, ça m'a permis de me dire aussi, c'est pas grave. C'est pas grave d'avoir été le haut niveau. Et de traverser ensuite l'Himalaya, ça m'a permis juste de rencontrer des gens qui sont tellement apaisés, tellement heureux, qui vivent tellement simplement et qui n'ont pas tout ça, qui n'ont pas besoin de la médaille. Nous, on a tout le temps besoin de la médaille, que ça soit sur Instagram, sur les réseaux sociaux, c'est tout. Tu as besoin d'amour. On a besoin de tellement d'amour, tellement de reconnaissance. On est dans ce monde de give me. Vas-y, donne, donne, s'il te plaît, donne, donne-moi de l'amour. et là-bas J'étais prof dans les bidonvilles de Katmandou alors qu'à l'école, j'étais pas très très bon, il faut le dire. Et les mômes, ils attendaient tout de moi et je disais, c'est toi qui va lui apprendre quelque chose. Il attend tout de toi. Donc responsabilise-toi. Donc voilà, pendant un an, j'ai mis ma vie là-dedans et ça a redonné un sens à ma vie. Parce que j'étais utile. C'est ça le truc.

  • Speaker #0

    Il y a un truc qui me questionne vachement parce que je me dis, à ce moment-là, t'as réussi à t'écouter. À sentir que c'était trop ... Pour moi, les sports d'ultra-endurance, c'est des sports où tu apprends à ne pas t'écouter. Tu vois comment tu fais la différence ? Tu sais t'écouter, tu sais qu'il y a une vraie limite.

  • Speaker #1

    Si, il faut s'écouter en ultra-endurance. Si tu as besoin de dormir et que tu ne dors pas, il y a un moment où tu vas prendre un mur. Un athlète de 100 mètres ne va pas s'écouter. Mais quand tu passes 14 jours sur le vélo en dormant 2 heures par jour, c'est un moment où tu ne t'écoutes pas. Soit tu prends une bagnole, tout le monde s'écoute un peu. Le seul truc, c'est oui, quand je me suis blessé ce week-end, il y a un moment où j'ai eu une phase de... J'ai dit à mon corps, bon mec, on fait un marché, on va jusqu'à l'arrivée de tous les deux, on va faire des radios, on va voir le médical, parce que si je vais les voir avant, ils vont m'arrêter. On finit ce truc et demain, ça sera un autre jour. On va réfléchir à ça après. Pour l'instant, tu fais ton truc. Donc là, j'ai arrêté de m'écouter et c'est les gens qui m'ont remis dedans. C'est les gens, c'est des humains encore qui m'ont reconnu, qui m'ont dit putain Steven pas toi, pour eux c'était, il peut pas abandonner, c'est super mal, mais je dis mais vous comprenez pas que moi je supporte pas avoir mal.

  • Speaker #0

    Parce que c'est un humain aussi quoi.

  • Speaker #1

    Oui, mais même je déteste avoir mal. Je supporte pas la douleur.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai que quand on voit ce que tu fais, on a du mal à le croire, ça.

  • Speaker #1

    Il y a un moment, parce que j'ai plusieurs personnalités, il y a un autre gars qui arrive, ou... Ah, il y a un autre joueur ! Quand, au bout de deux, trois jours, je me transforme et il y a un animal qui arrive. Ouais, c'est difficile à expliquer, mais... Je sais pas, j'ai des qualités qui sont tellement bizarres dans notre monde, tu vois, où on est dans un monde de... d'instantané, de rapidité, de trucs. Mais en fait, c'est pour ça que je dis, j'ai mis 38 ans à arriver là où je suis. En fait, tout m'a préparé à ça. Tu vois, la méditation au Népal, j'ai fait 20 jours de méditation silencieuse vipassana, ça m'a préparé à cet apaisement de me dire, c'est pas grave, quoi.

  • Speaker #0

    Tu parlais de tes différentes personnalités en tant que sportif. Du coup, on a parlé que du Stéphane sportif. Qui es-tu en dehors du sport ? Est-ce qu'il y a quelqu'un ?

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que c'est Steven Leïarik ? Je ne sais pas, un animal solitaire, Ausha, courageux parfois, qui ne supporte pas la douleur, l'injustice, et qui aimerait, dans un monde idéal, essayer que tout le monde soit un peu apaisé, heureux, et puis que tout le monde se barre un peu dehors, parce que quand tu te retrouves face à la nature et à toi-même, tu redeviens humain.

  • Speaker #0

    C'est une forme de liberté qui est hyper importante pour toi.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai besoin de liberté. Moi, c'est un gros problème. parce qu'on est dans un monde que ce soit en amour, en amitié tout le monde t'impose quelque chose d'une certaine manière ou dans le travail mais moi le travail c'est moi qui impose l'autre ou en tous les cas j'exige des choses et les gens exigent de moi que ce soit des médias ou des choses ou des gens mais chacun son truc sa manière de vivre, d'évoluer et puis d'être libre parce que moi c'est ça que j'ai été chercher dans le vélo ça aurait pu être autre chose justement à ce que j'allais te demander est-ce que tu penses que le sport ça peut nous aider justement ...

  • Speaker #0

    se sentir libre en fait. Bien sûr,

  • Speaker #1

    il y a juste à le faire. Tu prends des godasses, tu cours, tu cours, tout le monde va te regarder, et on se dit, mais qu'est-ce qu'elle est libre ? Et la vérité, c'est ça que je fais dans mes aventures. C'est que je me bats avec mon foutu vélo. C'est un truc d'échapper, qui est fort, qui est un truc de liberté profond et que je trouve vraiment pur.

  • Speaker #0

    Ce podcast, il s'appelle Le Déclic, et je me souviens quand je t'avais contacté la première fois, tu m'avais dit que pour toi, un déclic, c'était pas quelque chose d'unique ? Tu avais eu plein de déclics dans ta vie. Parce que souvent, je demande aux gens quel a été leur plus grand déclic. J'imagine que toi, il n'y en a pas un. Quelle serait ta définition du déclic ?

  • Speaker #1

    Un moment parmi plein d'autres qui est plus fort. Que ce soit une rencontre, que ce soit une chute, une blessure, une rupture. Qu'elle soit professionnelle, amoureuse, amicale, etc. Une brisure en soi qui est wow, bon. Allez, c'est reparti, mais même si elle est positive. Oui,

  • Speaker #0

    ce que j'allais dire,

  • Speaker #1

    c'est que c'est positif. Oui, ça peut être super positif. Moi, ça a été le Népal. C'était incroyablement positif. C'était que positif. Et d'aller là-bas et me dire, en fait, c'est ça que j'aime. J'aime bien, j'aime m'aventurer et j'aime transmettre aux gens. Et qu'ils me le renvoient. Pas de l'ego, oh putain, t'as vu, j'existe. Le truc de, Steven, tu m'aides dans mon quotidien. Les gens qui te renvoient ça, tu te dis putain je suis utile. Et c'est la première fois dans ma vie, je suis la première fois dans la vallée du Kumbu, la vallée de l'Everest. Il y a une dame qui m'envoyait des messages très régulièrement. Elle me dit tu sais, mon mari il est en phase terminale de cancer et tout ce que tu fais tous les jours ça l'inspire énormément. Et ça lui fait du bien, ça l'apaise. Et j'ai dit wow bordel. Là je suis en train de marcher dans la montagne, je ne fais pas grand chose d'extraordinaire tu vois. Et j'ai dit ça je pense que c'est ça que j'aime. Donc ça, ça a été un déclic. Après, évidemment, les méditations silencieuses là-bas, méditer beaucoup, revenir à moi, rencontrer des moines bouddhistes, des gens qui sont full apaisés toute leur vie, selon moi, ou en tous les cas, qui essaient toujours de revenir à la balle au centre, à l'apaisement et tout ça. Ça a été un déclic pour moi, parce que je me dis que c'était possible. Et après, évidemment, il y a eu les choses d'avant. Il y a eu ma rencontre avec le vélo, il y a eu mon arrêt de ma carrière sportive. Il y a eu Rio, il y en a eu plein. Je pense que j'ai eu 40 trucs parce que là, j'en ai eu un autre qui est assez con. Mais je me suis dit, mais en fait, t'en as pas marre de faire des courses pour les gagner ou pour essayer de faire des performances alors que tout le monde s'en fout en fait. Parce que c'est pas forcément pour ça qu'on t'aime, c'est pas forcément pour ça que t'es heureux aussi, t'es apaisé. Parce que quand tu gagnes une course, tu penses à la prochaine. Et j'ai dit, mais en fait... Il faut que je refasse des choses qui me font vraiment vibrer. Du coup, il y a eu un nouveau déclic cette année et avec un projet que je vais mettre six mois à préparer, alors que d'habitude, je me mets un ultra par mois. Des fois, je me mettais quatre, cinq aventures de plus de 5000 kilomètres à vélo. Mais c'était indécent. J'ai dit ça il y a deux, trois jours. En 2022, je fais 100 nuits blanches. Ce genre de truc, il faut que tu le fasses. Il faut prendre le temps, on va prendre un peu plus le temps cette année. Il faut, il le faut pour moi.

  • Speaker #0

    Merci pour ce partage de Téléclick. J'espère que ton témoignage fera peut-être aussi des clics chez les personnes qui nous écoutent. En attendant, est-ce que tu peux nous redire où est-ce qu'on peut te suivre tes différentes aventures ?

  • Speaker #1

    Ouais, sur mes réseaux sociaux, principalement YouTube, Instagram, surtout Instagram, après un peu Facebook, LinkedIn. J'ai quelques films sur YouTube et là, je prépare probablement une tournée des cinémas avec deux films qui vont sortir, plus certainement une surprise. Des films inédits et puis, en fait, pour préparer ce projet, mon futur projet Bistarail, qui est d'aller à Manaslu en vélo, enfin à 8000 mètres avec un vélo, de Paris. J'ai envie de rencontrer les gens avant. Et du coup, je vais essayer de faire une dizaine de salles en France où on met deux films, on passe une soirée entre copains et on discute, on rigole et on parle d'aventure. Donc voilà, mais ouais, suivez-moi. Et puis venez sur mes épreuves. Comme ça, on se verra en vrai et c'est plus rigolo.

  • Speaker #0

    Le rendez-vous est donné.

  • Speaker #1

    Merci, merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Stéphane. Et puis à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt. Merci.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait ? Il n'est peut-être pas si loin ce déclic.

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