undefined cover
undefined cover
[Redif.] La réponse : bigorexie, peut-on être addict au sport ? cover
[Redif.] La réponse : bigorexie, peut-on être addict au sport ? cover
ADN D'ATHLÈTE, l'esprit sport

[Redif.] La réponse : bigorexie, peut-on être addict au sport ?

[Redif.] La réponse : bigorexie, peut-on être addict au sport ?

20min |29/11/2023|

2562

Play
undefined cover
undefined cover
[Redif.] La réponse : bigorexie, peut-on être addict au sport ? cover
[Redif.] La réponse : bigorexie, peut-on être addict au sport ? cover
ADN D'ATHLÈTE, l'esprit sport

[Redif.] La réponse : bigorexie, peut-on être addict au sport ?

[Redif.] La réponse : bigorexie, peut-on être addict au sport ?

20min |29/11/2023|

2562

Play

Description

Peut-on être addict au sport ? Est-ce que c’est grave ? Comment sait-on si on a basculé vers l’addiction ? Matthias Watine, psychologue du sport et spécialiste en addiction dans le Nord de la France, nous explique ce qu’est la bigorexie, comment la reconnaître et nous donne quelques pistes pour aller mieux.


Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre site Conseil Sport : 

https://conseilsport.decathlon.fr/quest-ce-que-la-bigorexie-ce-trouble-mentionne-par-juju-fitcats

Vous vous posez des questions sur votre santé mentale ? Parlez-en à un·e professionnel·le de santé et faites-vous accompagner par un·e psychologue.

💡☝️✨ La réponse est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Une interview d’expert·es pour prendre soin de soi, garder la forme et bien manger. Ce format vous est proposé par Céciliane, journaliste et coach sportif.

😎 Pour ne rien manquer des conseils, des témoignages et des aventures, abonnez-vous à la chaîne Conseil Sport !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Si certains et certaines aiment, adorent, adultent leur sport, d'autres ne peuvent plus s'en séparer. L'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale estime qu'environ 4% des sportifs font face à la bigorexie. Qu'est-ce que ce mot ? Pour comprendre ce phénomène, je suis avec Mathias Wattine, préparateur mental, psychologue du sport et surtout spécialiste en addiction. Musique Vous avez une question ? On a la réponse ! Vous écoutez Conseil Sport, le podcast bien-être, santé, nutrition de Décathlon. Alors je suis dans le cabinet de Mathias Ouatine. Bonjour Mathias !

  • Speaker #1

    Salut !

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Super, moi je suis contente de parler du sujet qu'on a choisi d'aborder aujourd'hui qui est la bigorexie. Et on commence tout de suite. Quand on dit bigorexie, on parle de quoi ?

  • Speaker #1

    La bigorexie, oui, c'est un besoin... incontrôlable, compulsif, de pratiquer régulièrement, de manière intensive, une ou plusieurs activités physiques.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais pas que.

  • Speaker #0

    Ah, pas que.

  • Speaker #1

    Eh oui, parce qu'on pourrait dire ça, ça peut être tout le monde. C'est cette pratique physique, et ce malgré des effets négatifs. et qu'ils soient sur le court, le moyen ou le long terme, et que ces effets négatifs aient un impact sur notre santé physique, psychologique ou sociale.

  • Speaker #0

    Ok. La bigorexie, est-ce qu'on peut dire que c'est une maladie mentale ou un trouble du comportement ? Comment on la définit ?

  • Speaker #1

    Moi, je préfère... Dans quelle case ? Je préfère, et j'aime parler plutôt d'addiction. l'addiction de manière globale parce que, comme je le viens d'écrire dans la définition, de manière compulsive, on n'arrive pas à s'en détacher de manière aussi facile. Il y a quelque chose qui nous y attache, comme il peut y avoir peut-être dans l'addiction à la cigarette, à l'alcool ou toute autre drogue. Voilà, il y a un attachement complexe dont on n'en connaît pas forcément toujours les causes.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui se passe dans notre cerveau pour qu'on crée ce lien fort avec le sport, qu'on devienne addict au sport, que ça devienne en effet quelque chose qu'on ne peut plus contrôler, qui nous dépasse ?

  • Speaker #1

    Alors c'est ce qui se passe dans l'organisme en fait, suite à la pratique sportive, en termes de sécrétion de dopamine, sérotonine, tout ce qui va être aussi endorphine, la dopamine avec l'hormone du plaisir directement, de manière simplifiée. ou le système de la récompense qui va être lui lié à la sérotonine et la notion d'endorphine qui va elle avoir un impact sur la gestion du stress. Donc qu'on le veuille ou non, peu importe notre pratique sportive, la mise en mouvement du corps, ça crée des choses très positives et quand c'est positif, souvent on en redemande.

  • Speaker #0

    C'est un petit peu comme le sucre quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors pourquoi ça survient ? Quelles peuvent être les causes d'une pratique comme ça, un peu trop intensive ?

  • Speaker #1

    Ça peut être vraiment multifactoriel. Ça, c'est très important. génial très simple trop simple qu'on puisse dire voilà c'est ça qui va pas et c'est toujours la même chose non c'est ça peut être lié à notre histoire de vie à la façon dont on vit aussi les choses au quotidien c'est vrai que par rapport à la bigorexie mais c'est aussi le cas pour les autres addictions il ya souvent un transfert d'une autre addiction vers la bigorexie c'est à dire je fumais j'ai décidé d'arrêter de fumer c'est super et je le comprends d'une certaine manière par une pratique de sport intensive, quitte à ce qu'il y ait des effets négatifs. Voilà, ça peut être ça, ça peut être aussi lié à des blessures psychiques, à des traumatismes, une façon un peu soit d'oublier, de s'anesthésier, de fuir, peu importe. C'est quelle solution on trouve en instant T pour essayer de s'apaiser.

  • Speaker #0

    L'addiction c'est mauvais pour la santé ? Est-ce que c'est néfaste ?

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est néfaste ? J'ai envie de dire que oui, à partir du moment où on parle d'addiction, c'est qu'on prend en considération qu'il y a un côté néfaste. Donc oui. Après, ce n'est pas parce qu'on fait du sport qu'on est addict et que c'est néfaste. C'est plutôt une question de conséquences, de répercussions. S'il y a à un moment donné soit autant d'aspects négatifs, que positif dans une pratique qui est de base comme le sport peut avoir essentiellement des aspects positifs. Là oui, il y a des questions à se poser.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que la barrière entre un sportif ou une sportive qui s'entraîne tous les jours parce qu'elle a un objectif à atteindre et quelqu'un qu'on pourrait appeler bigorexique, cette barrière elle est fine. Comment, à quel moment on sait que là on a basculé en fait ?

  • Speaker #1

    Alors... C'est ce que j'appelle la fonction de la pratique sportive, c'est-à-dire quel sens ça a pour nous d'être dans cette pratique qui est souvent dans un extrême. Et bien, tout simplement, un des moyens de savoir, c'est pas le seul, mais ce qui fait qu'est-ce qu'on a basculé dans de la bigorexie, c'est qu'est-ce qui se passe quand on arrête la pratique sportive ? comme toute addiction il y a un petit manque quand il y a le sevrage comment on réagit psychologiquement, physiquement face à ce sevrage et c'est là qu'on voit parce que j'imagine telle ou telle personne qui se met à faire un sport on fait le sport par envie par plaisir, pour se dépenser mais si à un moment donné on n'est pas que dans ça et que Merci. L'absence de sport crée un manque, une souffrance, une difficulté, c'est autre chose.

  • Speaker #0

    Est-ce que les sportifs et les sportives de haut niveau sont bigorexiques, ils s'entraînent quand même énormément, des fois ils n'ont peut-être même pas envie d'y aller, mais c'est nécessaire pour leur entraînement. Comment on les défend ? T'en penses quoi de ce genre de profil ?

  • Speaker #1

    C'est justement une frontière très fine. avec la spécificité des sportifs de haut niveau, parce qu'eux, ils sont très souvent dans l'obligation d'être dans ce schéma où la pratique sportive, elle est intensive, elle est régulière, etc. Et on pourrait dire que c'est les mêmes caractéristiques d'une personne qui peut être bigorexique, justement. Donc, c'est plus complexe chez les sportifs de haut niveau, mais de manière globale, Si on devait identifier, c'est qu'une personne bigorexique, elle, elle va organiser tout son quotidien par rapport à cette pratique sportive. La différence d'un sportif de haut niveau, c'est que c'est déjà le cas dès le début. Donc voilà pourquoi...

  • Speaker #0

    On ne peut pas trop...

  • Speaker #1

    C'est plus compliqué. On peut, mais on va dire que c'est plus compliqué. C'est tout ce qui se joue à ce moment-là, comment on organise notre quotidien et à quel point on est capable de tout mettre de côté. en termes soit professionnels, soit social, pour arriver à trouver cette satisfaction d'être dans la pratique sportive.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'il y a des auditeurs ou des auditrices qui se reconnaissent dans cette façon de vivre leur sport, qui pour rien au monde, ils enlèveraient leur entraînement, ou en tout cas c'est quelque chose d'extrêmement difficile qu'ils vont devoir attraper, où ils vont faire leur pratique finalement le matin. En tout cas, pour toutes ces personnes, est-ce qu'il existe un traitement ? Est-ce que c'est vraiment un traitement ?

  • Speaker #1

    Non. Il n'y a pas vraiment de traitement.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux recréer, toi, en tant que psychologue du sport, un lien davantage sain, si je puis dire, entre la personne et sa pratique du sport ?

  • Speaker #1

    C'est comme un peu la prise en charge de n'importe quelle addiction. C'est essayer de comprendre qu'est-ce qui fait qu'on arrive à être dans cette consommation ou dans cette pratique-là, conduite-là. Qu'est-ce qui nous y a amené ? C'est comprendre le pourquoi, l'origine, en fait. C'est le point de départ. Je rebondis là sur ce que tu viens de dire. En fin de compte, dans la bigorexie, c'est une pratique sportive qui est non plus sur le plaisir, mais qui est sur le besoin. J'ai besoin d'eux. J'ai besoin d'eux parce que sinon, justement, je vais pouvoir être anxieux, avoir Un comportement ou un ressenti de culpabilité, on peut se sentir irritable, on peut se dévaloriser aussi. Et c'est là où si on voit ce qui se passe, peut-être contrairement, et là je fais le pont à ce qu'on disait avant sur les sportifs de haut niveau, où le fait de ne pas s'entraîner, ce n'est pas forcément ce qui se passe. Au contraire, c'est parfois un soulagement de dire « Ah, je vais pouvoir souffler » . Vous pouvez vous récupérer. Voilà, exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des sports qui sont davantage addictifs que d'autres ?

  • Speaker #1

    Je pense que... tout ce qui va être lié à la gymnastique, où il y a un rapport au corps aussi très particulier, qui est aussi présent dans la bigoressie. L'image du corps, la façon dont le corps peut être perçu, la façon dont on va pouvoir répondre à des standards, parce que la gymnastique, il y a des standards aussi, de manière...

  • Speaker #0

    Des injonctions inconscientes qui se baladent dans...

  • Speaker #1

    Exactement, d'ailleurs parfois elles sont aussi conscientes parce qu'elles sont bien dites de manière très claire et ça peut aussi détruire pas mal de personnes surtout chez les gymnastes qui sont souvent très très jeunes donc oui la gymnastique ou des sports ou la pratique elle est beaucoup plus poussée telle que le cross training

  • Speaker #0

    Le fameux, autour de moi j'ai plein de personnes qui ont commencé le cross training Alors qu'il commence tout à fait débutant, je ne connaissais pas la pratique, c'était cool, je me suis dépassée. J'y retourne la semaine prochaine deux fois, puis je l'envoie une semaine après, j'y vais tous les jours. Et après, deux semaines après, finalement, j'y vais deux fois par jour parce que c'est trop cool. Et là, je me dis, mais c'est peut-être beaucoup. À quel moment on doit s'alerter et se dire, déjà, pourquoi le cross-training, ça s'était fait là ? Et à quel moment on doit se dire... Bon, on va calmer un petit peu le jeu.

  • Speaker #1

    C'est sur la façon plutôt dont on va gérer, percevoir et se positionner sur tous les effets indésirables que peut procurer une pratique sportive intense, trop intense. C'est-à-dire qu'à un moment donné, si je reprends le cross-training où on a des douleurs, on a des tensions musculairement, mais quand on se dit « c'est pas grave, je continue » , il faut que je continue, j'ai besoin de continuer, non mais je ne peux pas m'arrêter, non mais ce n'est pas possible, oui mais si j'arrête... Je suis capable,

  • Speaker #0

    je suis capable.

  • Speaker #1

    Par exemple, oui mais si j'arrête, tout ce que j'ai fait, ça ne va servir à rien. Ça veut dire qu'on commence à occulter des signes clairs où à un moment donné, on n'écoute plus son corps, on n'écoute plus les besoins du corps. Et ça, ça peut avoir aussi de grosses répercussions. Si on va dans des extrêmes, certains sont dans la négligence de certains besoins vitaux. par exemple ils vont aller jusqu'à modifier leur rythme de sommeil en dormant moins, par exemple, ou même leur alimentation, ce qui peut avoir un impact sur les troubles des conduites alimentaires, par exemple.

  • Speaker #0

    Oui, on perturbe complètement le rythme biologique, son rythme biologique, on oublie de s'oublier, alors qu'en plus dans ces pratiques-là de musculation ou de renforcement musculaire au poids de corps, etc., Le corps a besoin de récupérer parce qu'il travaille. Il travaille pendant la récupération. Le corps s'adapte. Alors, en tant que coach, moi, je mets une petite vigilance et je rappelle que la récupération fait partie de l'entraînement et que le corps a besoin de moments de repos, que ce soit changer d'activité ou alors tout simplement se poser une fois dans la semaine. Ne pas oublier les fondamentaux, comme tu disais, le sommeil, la gestion de son stress aussi. On a l'impression parfois que le sport nous aide à la gestion du stress, mais peut-être qu'il y a une deuxième pratique qui peut aider sans abîmer ou en tout cas user le corps autant que le sport. Et l'hydratation. Tout ça, toute cette hygiène de vie va contribuer parce que si on va à l'entraînement tous les jours et qu'on n'adapte pas son alimentation à une pratique intensive, au bout d'un moment le corps va dire stop.

  • Speaker #1

    Il dira toujours le stop. C'est toujours le corps sur le long terme qui va décider. La tête aura beau dire je continue, je continue, si on se déchire sur plusieurs centimètres. ça va être compliqué d'aller faire les 15 bornes. Donc, c'est là, comment éviter que ça engendre des conséquences beaucoup plus graves ? J'en ai cité quelques-unes tout à l'heure, mais on pourrait aller beaucoup plus loin. Il peut y avoir des troubles hormonaux, des troubles cardiaques, des troubles digestifs. Et là, on bascule dans autre chose, parce que ce sont des aspects qu'on ne contrôle plus.

  • Speaker #0

    Donc, quand la santé est en jeu, clairement, il faut aller consulter. C'est ce que tu conseillerais, toi ?

  • Speaker #1

    Alors d'aller voir en effet les professionnels qui peuvent commencer à mettre des points de vigilance, déjà le médecin traitant si on se pose la question, puis après soit psychothérapeute, psychologue, médecin du sport, psychiatre s'il le faut, pour avoir cette vigilance et se dire à un moment donné on bascule peut-être dans quelque chose où on n'a plus la sensation de contrôle. Je nomme cette sensation de contrôle parce que justement, dans la bigorexie, elle est très présente. On maîtrise tout, on contrôle tout. C'est une sensation. C'est une sensation parce que très souvent, c'est cette activité qui est mise en place pour se rassurer. C'est un peu une fuite en avant. Mais c'est qu'on a conscience, ou du moins, c'est qu'inconsciemment, il y a un mal-être, une souffrance. Et on essaie de gérer. comme on peut, par rapport à ce qu'on est amené à ressentir.

  • Speaker #0

    C'était un dernier message à donner ?

  • Speaker #1

    Sur la question aussi des dangers, c'est que là, on ne l'a pas encore évoqué, mais il y a la notion de dopage aussi, qui peut rentrer en compte, parce que le dopage, il est fait de manière parfois légale ou non, parce que oui, il y a des médicaments qui permettent d'avoir ... de ressentir moins les douleurs, moins la fatigue. Et si on en est déjà à prendre certains produits, quels qu'ils soient, pour arriver à rester dans le rythme dans lequel on veut être, c'est qu'il y a déjà, à un moment donné, le corps, on tire. On tire dessus et on le met en difficulté. Au-delà de tout ça, par rapport à ce qu'on vient de dire, il y a aussi des effets dits... positif.

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Alors oui, ça peut paraître bizarre.

  • Speaker #0

    Attends, avec tout ce que tu viens de dire, j'ai du mal à y croire.

  • Speaker #1

    Et oui, parce que les gens, malgré tout, ne sont pas forcément maso, et ils trouvent leur compte. Ils trouvent un plaisir, ils trouvent une satisfaction, une sensation d'euphorie. Je pense qu'une personne qui peut faire du sport, que ce soit de manière régulière ou non, c'est qu'elle y trouve quelque chose. Il y a du plaisir, il y a du bien-être, on l'a expliqué de manière physiologique. ce qui se passe, mais sans les sensations aussi parfois d'état second. On peut appeler ça la transcendance spatio-temporelle. C'est à un moment donné, on est déconnecté de tout, dans un état de plénitude, on se sent bien. Et il ne faut pas oublier, la pratique sportive, elle augmente les chances de se retrouver dans ces états-là. Donc, c'est quelque chose qui prend en compte. Alors, oui, j'ai fait exprès de dire qu'il y a des aspects positifs. Alors... Il faut prendre aussi un peu de distance par rapport à ça. C'est des effets positifs sur le court terme. Et oui, comme n'importe quelle autre addiction, si on fume, la personne va dire « je fume » . Voilà, c'est l'illusion que ça donne au cerveau. Oui, pendant 5, 10, 15 minutes, en effet. Peut-être que... ça détend, peut-être que ça anesthésie, ça permet de penser à autre chose il n'y a pas de soucis, sauf que la vie ça ne dure pas 5, 10, 15 minutes, et du coup il y a un après, quand l'effet du produit, si on fait le parallèle toujours avec la cigarette disparaît du coup il y a la notion de manque et donc du coup on arrive sur tous les effets négatifs cités tout à l'heure, c'est la même chose avec la pratique sportive, à un moment donné quand on court plus, on commence à redevenir dans son état normal, et du coup on ressent le besoin, donc Merci. Ces effets positifs, ils sont sur le court terme. En fait, c'est ça toute la problématique. Et on va dire que la bigorexie, c'est un peu une stratégie de coping, c'est-à-dire quelque chose qu'on met en place pour venir soulager le symptôme, c'est-à-dire la difficulté, la souffrance, la problématique. Et dans l'accompagnement, dans la prise en charge, justement, c'est important de comprendre quelle est cette souffrance, cette difficulté, cette problématique, pour non pas mettre un pansement et faire en sorte que ça tienne un jour, deux jours, mais que sur le long terme, on n'ait plus besoin de mettre de pansement.

  • Speaker #0

    Très bien. Alors c'est un sujet dont on pourrait parler pendant très longtemps, parce qu'en effet, c'est complexe. Les limites, les frontières sont fines. Je pense que tu as déjà éclairé pas mal sur le sujet. Donc je te remercie. Est-ce que tu as une dernière chose à dire ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a par rapport à cette notion de bigorexie et peut-être de santé mentale chez les sportifs. Il y a depuis 2006, il me semble, justement par rapport au ministère des Sports et de la Santé, ils ont instauré justement des bilans psychologiques obligatoires pour tous les sportifs de haut niveau une fois par an. un peu en continu pour essayer de voir si malgré les pratiques intensives, il y arrive à faire la distinction, comme on le disait tout à l'heure, entre est-ce que c'est parce que c'est induit et que c'est le fonctionnement qui est comme ça ou est-ce qu'il y a aussi une souffrance derrière et un besoin très très important des sportifs et pas basculer. Et de manière beaucoup plus globale, la bigorexie, elle a été reconnue par l'OMS en 2011.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est extrêmement récent. Voilà. Donc la sensibilisation va continuer et c'est plutôt positif que le sportif soit vu de la tête aux pieds.

  • Speaker #1

    Exactement, prendre en compte la globalité de l'être.

  • Speaker #0

    Merci Mathias.

  • Speaker #1

    De rien.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager. Et si vous en voulez encore, ajoutez des étoiles sur Spotify et Apple Podcasts. Et surtout, laissez-nous un commentaire sur Apple Podcasts.

Description

Peut-on être addict au sport ? Est-ce que c’est grave ? Comment sait-on si on a basculé vers l’addiction ? Matthias Watine, psychologue du sport et spécialiste en addiction dans le Nord de la France, nous explique ce qu’est la bigorexie, comment la reconnaître et nous donne quelques pistes pour aller mieux.


Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre site Conseil Sport : 

https://conseilsport.decathlon.fr/quest-ce-que-la-bigorexie-ce-trouble-mentionne-par-juju-fitcats

Vous vous posez des questions sur votre santé mentale ? Parlez-en à un·e professionnel·le de santé et faites-vous accompagner par un·e psychologue.

💡☝️✨ La réponse est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Une interview d’expert·es pour prendre soin de soi, garder la forme et bien manger. Ce format vous est proposé par Céciliane, journaliste et coach sportif.

😎 Pour ne rien manquer des conseils, des témoignages et des aventures, abonnez-vous à la chaîne Conseil Sport !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Si certains et certaines aiment, adorent, adultent leur sport, d'autres ne peuvent plus s'en séparer. L'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale estime qu'environ 4% des sportifs font face à la bigorexie. Qu'est-ce que ce mot ? Pour comprendre ce phénomène, je suis avec Mathias Wattine, préparateur mental, psychologue du sport et surtout spécialiste en addiction. Musique Vous avez une question ? On a la réponse ! Vous écoutez Conseil Sport, le podcast bien-être, santé, nutrition de Décathlon. Alors je suis dans le cabinet de Mathias Ouatine. Bonjour Mathias !

  • Speaker #1

    Salut !

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Super, moi je suis contente de parler du sujet qu'on a choisi d'aborder aujourd'hui qui est la bigorexie. Et on commence tout de suite. Quand on dit bigorexie, on parle de quoi ?

  • Speaker #1

    La bigorexie, oui, c'est un besoin... incontrôlable, compulsif, de pratiquer régulièrement, de manière intensive, une ou plusieurs activités physiques.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais pas que.

  • Speaker #0

    Ah, pas que.

  • Speaker #1

    Eh oui, parce qu'on pourrait dire ça, ça peut être tout le monde. C'est cette pratique physique, et ce malgré des effets négatifs. et qu'ils soient sur le court, le moyen ou le long terme, et que ces effets négatifs aient un impact sur notre santé physique, psychologique ou sociale.

  • Speaker #0

    Ok. La bigorexie, est-ce qu'on peut dire que c'est une maladie mentale ou un trouble du comportement ? Comment on la définit ?

  • Speaker #1

    Moi, je préfère... Dans quelle case ? Je préfère, et j'aime parler plutôt d'addiction. l'addiction de manière globale parce que, comme je le viens d'écrire dans la définition, de manière compulsive, on n'arrive pas à s'en détacher de manière aussi facile. Il y a quelque chose qui nous y attache, comme il peut y avoir peut-être dans l'addiction à la cigarette, à l'alcool ou toute autre drogue. Voilà, il y a un attachement complexe dont on n'en connaît pas forcément toujours les causes.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui se passe dans notre cerveau pour qu'on crée ce lien fort avec le sport, qu'on devienne addict au sport, que ça devienne en effet quelque chose qu'on ne peut plus contrôler, qui nous dépasse ?

  • Speaker #1

    Alors c'est ce qui se passe dans l'organisme en fait, suite à la pratique sportive, en termes de sécrétion de dopamine, sérotonine, tout ce qui va être aussi endorphine, la dopamine avec l'hormone du plaisir directement, de manière simplifiée. ou le système de la récompense qui va être lui lié à la sérotonine et la notion d'endorphine qui va elle avoir un impact sur la gestion du stress. Donc qu'on le veuille ou non, peu importe notre pratique sportive, la mise en mouvement du corps, ça crée des choses très positives et quand c'est positif, souvent on en redemande.

  • Speaker #0

    C'est un petit peu comme le sucre quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors pourquoi ça survient ? Quelles peuvent être les causes d'une pratique comme ça, un peu trop intensive ?

  • Speaker #1

    Ça peut être vraiment multifactoriel. Ça, c'est très important. génial très simple trop simple qu'on puisse dire voilà c'est ça qui va pas et c'est toujours la même chose non c'est ça peut être lié à notre histoire de vie à la façon dont on vit aussi les choses au quotidien c'est vrai que par rapport à la bigorexie mais c'est aussi le cas pour les autres addictions il ya souvent un transfert d'une autre addiction vers la bigorexie c'est à dire je fumais j'ai décidé d'arrêter de fumer c'est super et je le comprends d'une certaine manière par une pratique de sport intensive, quitte à ce qu'il y ait des effets négatifs. Voilà, ça peut être ça, ça peut être aussi lié à des blessures psychiques, à des traumatismes, une façon un peu soit d'oublier, de s'anesthésier, de fuir, peu importe. C'est quelle solution on trouve en instant T pour essayer de s'apaiser.

  • Speaker #0

    L'addiction c'est mauvais pour la santé ? Est-ce que c'est néfaste ?

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est néfaste ? J'ai envie de dire que oui, à partir du moment où on parle d'addiction, c'est qu'on prend en considération qu'il y a un côté néfaste. Donc oui. Après, ce n'est pas parce qu'on fait du sport qu'on est addict et que c'est néfaste. C'est plutôt une question de conséquences, de répercussions. S'il y a à un moment donné soit autant d'aspects négatifs, que positif dans une pratique qui est de base comme le sport peut avoir essentiellement des aspects positifs. Là oui, il y a des questions à se poser.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que la barrière entre un sportif ou une sportive qui s'entraîne tous les jours parce qu'elle a un objectif à atteindre et quelqu'un qu'on pourrait appeler bigorexique, cette barrière elle est fine. Comment, à quel moment on sait que là on a basculé en fait ?

  • Speaker #1

    Alors... C'est ce que j'appelle la fonction de la pratique sportive, c'est-à-dire quel sens ça a pour nous d'être dans cette pratique qui est souvent dans un extrême. Et bien, tout simplement, un des moyens de savoir, c'est pas le seul, mais ce qui fait qu'est-ce qu'on a basculé dans de la bigorexie, c'est qu'est-ce qui se passe quand on arrête la pratique sportive ? comme toute addiction il y a un petit manque quand il y a le sevrage comment on réagit psychologiquement, physiquement face à ce sevrage et c'est là qu'on voit parce que j'imagine telle ou telle personne qui se met à faire un sport on fait le sport par envie par plaisir, pour se dépenser mais si à un moment donné on n'est pas que dans ça et que Merci. L'absence de sport crée un manque, une souffrance, une difficulté, c'est autre chose.

  • Speaker #0

    Est-ce que les sportifs et les sportives de haut niveau sont bigorexiques, ils s'entraînent quand même énormément, des fois ils n'ont peut-être même pas envie d'y aller, mais c'est nécessaire pour leur entraînement. Comment on les défend ? T'en penses quoi de ce genre de profil ?

  • Speaker #1

    C'est justement une frontière très fine. avec la spécificité des sportifs de haut niveau, parce qu'eux, ils sont très souvent dans l'obligation d'être dans ce schéma où la pratique sportive, elle est intensive, elle est régulière, etc. Et on pourrait dire que c'est les mêmes caractéristiques d'une personne qui peut être bigorexique, justement. Donc, c'est plus complexe chez les sportifs de haut niveau, mais de manière globale, Si on devait identifier, c'est qu'une personne bigorexique, elle, elle va organiser tout son quotidien par rapport à cette pratique sportive. La différence d'un sportif de haut niveau, c'est que c'est déjà le cas dès le début. Donc voilà pourquoi...

  • Speaker #0

    On ne peut pas trop...

  • Speaker #1

    C'est plus compliqué. On peut, mais on va dire que c'est plus compliqué. C'est tout ce qui se joue à ce moment-là, comment on organise notre quotidien et à quel point on est capable de tout mettre de côté. en termes soit professionnels, soit social, pour arriver à trouver cette satisfaction d'être dans la pratique sportive.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'il y a des auditeurs ou des auditrices qui se reconnaissent dans cette façon de vivre leur sport, qui pour rien au monde, ils enlèveraient leur entraînement, ou en tout cas c'est quelque chose d'extrêmement difficile qu'ils vont devoir attraper, où ils vont faire leur pratique finalement le matin. En tout cas, pour toutes ces personnes, est-ce qu'il existe un traitement ? Est-ce que c'est vraiment un traitement ?

  • Speaker #1

    Non. Il n'y a pas vraiment de traitement.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux recréer, toi, en tant que psychologue du sport, un lien davantage sain, si je puis dire, entre la personne et sa pratique du sport ?

  • Speaker #1

    C'est comme un peu la prise en charge de n'importe quelle addiction. C'est essayer de comprendre qu'est-ce qui fait qu'on arrive à être dans cette consommation ou dans cette pratique-là, conduite-là. Qu'est-ce qui nous y a amené ? C'est comprendre le pourquoi, l'origine, en fait. C'est le point de départ. Je rebondis là sur ce que tu viens de dire. En fin de compte, dans la bigorexie, c'est une pratique sportive qui est non plus sur le plaisir, mais qui est sur le besoin. J'ai besoin d'eux. J'ai besoin d'eux parce que sinon, justement, je vais pouvoir être anxieux, avoir Un comportement ou un ressenti de culpabilité, on peut se sentir irritable, on peut se dévaloriser aussi. Et c'est là où si on voit ce qui se passe, peut-être contrairement, et là je fais le pont à ce qu'on disait avant sur les sportifs de haut niveau, où le fait de ne pas s'entraîner, ce n'est pas forcément ce qui se passe. Au contraire, c'est parfois un soulagement de dire « Ah, je vais pouvoir souffler » . Vous pouvez vous récupérer. Voilà, exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des sports qui sont davantage addictifs que d'autres ?

  • Speaker #1

    Je pense que... tout ce qui va être lié à la gymnastique, où il y a un rapport au corps aussi très particulier, qui est aussi présent dans la bigoressie. L'image du corps, la façon dont le corps peut être perçu, la façon dont on va pouvoir répondre à des standards, parce que la gymnastique, il y a des standards aussi, de manière...

  • Speaker #0

    Des injonctions inconscientes qui se baladent dans...

  • Speaker #1

    Exactement, d'ailleurs parfois elles sont aussi conscientes parce qu'elles sont bien dites de manière très claire et ça peut aussi détruire pas mal de personnes surtout chez les gymnastes qui sont souvent très très jeunes donc oui la gymnastique ou des sports ou la pratique elle est beaucoup plus poussée telle que le cross training

  • Speaker #0

    Le fameux, autour de moi j'ai plein de personnes qui ont commencé le cross training Alors qu'il commence tout à fait débutant, je ne connaissais pas la pratique, c'était cool, je me suis dépassée. J'y retourne la semaine prochaine deux fois, puis je l'envoie une semaine après, j'y vais tous les jours. Et après, deux semaines après, finalement, j'y vais deux fois par jour parce que c'est trop cool. Et là, je me dis, mais c'est peut-être beaucoup. À quel moment on doit s'alerter et se dire, déjà, pourquoi le cross-training, ça s'était fait là ? Et à quel moment on doit se dire... Bon, on va calmer un petit peu le jeu.

  • Speaker #1

    C'est sur la façon plutôt dont on va gérer, percevoir et se positionner sur tous les effets indésirables que peut procurer une pratique sportive intense, trop intense. C'est-à-dire qu'à un moment donné, si je reprends le cross-training où on a des douleurs, on a des tensions musculairement, mais quand on se dit « c'est pas grave, je continue » , il faut que je continue, j'ai besoin de continuer, non mais je ne peux pas m'arrêter, non mais ce n'est pas possible, oui mais si j'arrête... Je suis capable,

  • Speaker #0

    je suis capable.

  • Speaker #1

    Par exemple, oui mais si j'arrête, tout ce que j'ai fait, ça ne va servir à rien. Ça veut dire qu'on commence à occulter des signes clairs où à un moment donné, on n'écoute plus son corps, on n'écoute plus les besoins du corps. Et ça, ça peut avoir aussi de grosses répercussions. Si on va dans des extrêmes, certains sont dans la négligence de certains besoins vitaux. par exemple ils vont aller jusqu'à modifier leur rythme de sommeil en dormant moins, par exemple, ou même leur alimentation, ce qui peut avoir un impact sur les troubles des conduites alimentaires, par exemple.

  • Speaker #0

    Oui, on perturbe complètement le rythme biologique, son rythme biologique, on oublie de s'oublier, alors qu'en plus dans ces pratiques-là de musculation ou de renforcement musculaire au poids de corps, etc., Le corps a besoin de récupérer parce qu'il travaille. Il travaille pendant la récupération. Le corps s'adapte. Alors, en tant que coach, moi, je mets une petite vigilance et je rappelle que la récupération fait partie de l'entraînement et que le corps a besoin de moments de repos, que ce soit changer d'activité ou alors tout simplement se poser une fois dans la semaine. Ne pas oublier les fondamentaux, comme tu disais, le sommeil, la gestion de son stress aussi. On a l'impression parfois que le sport nous aide à la gestion du stress, mais peut-être qu'il y a une deuxième pratique qui peut aider sans abîmer ou en tout cas user le corps autant que le sport. Et l'hydratation. Tout ça, toute cette hygiène de vie va contribuer parce que si on va à l'entraînement tous les jours et qu'on n'adapte pas son alimentation à une pratique intensive, au bout d'un moment le corps va dire stop.

  • Speaker #1

    Il dira toujours le stop. C'est toujours le corps sur le long terme qui va décider. La tête aura beau dire je continue, je continue, si on se déchire sur plusieurs centimètres. ça va être compliqué d'aller faire les 15 bornes. Donc, c'est là, comment éviter que ça engendre des conséquences beaucoup plus graves ? J'en ai cité quelques-unes tout à l'heure, mais on pourrait aller beaucoup plus loin. Il peut y avoir des troubles hormonaux, des troubles cardiaques, des troubles digestifs. Et là, on bascule dans autre chose, parce que ce sont des aspects qu'on ne contrôle plus.

  • Speaker #0

    Donc, quand la santé est en jeu, clairement, il faut aller consulter. C'est ce que tu conseillerais, toi ?

  • Speaker #1

    Alors d'aller voir en effet les professionnels qui peuvent commencer à mettre des points de vigilance, déjà le médecin traitant si on se pose la question, puis après soit psychothérapeute, psychologue, médecin du sport, psychiatre s'il le faut, pour avoir cette vigilance et se dire à un moment donné on bascule peut-être dans quelque chose où on n'a plus la sensation de contrôle. Je nomme cette sensation de contrôle parce que justement, dans la bigorexie, elle est très présente. On maîtrise tout, on contrôle tout. C'est une sensation. C'est une sensation parce que très souvent, c'est cette activité qui est mise en place pour se rassurer. C'est un peu une fuite en avant. Mais c'est qu'on a conscience, ou du moins, c'est qu'inconsciemment, il y a un mal-être, une souffrance. Et on essaie de gérer. comme on peut, par rapport à ce qu'on est amené à ressentir.

  • Speaker #0

    C'était un dernier message à donner ?

  • Speaker #1

    Sur la question aussi des dangers, c'est que là, on ne l'a pas encore évoqué, mais il y a la notion de dopage aussi, qui peut rentrer en compte, parce que le dopage, il est fait de manière parfois légale ou non, parce que oui, il y a des médicaments qui permettent d'avoir ... de ressentir moins les douleurs, moins la fatigue. Et si on en est déjà à prendre certains produits, quels qu'ils soient, pour arriver à rester dans le rythme dans lequel on veut être, c'est qu'il y a déjà, à un moment donné, le corps, on tire. On tire dessus et on le met en difficulté. Au-delà de tout ça, par rapport à ce qu'on vient de dire, il y a aussi des effets dits... positif.

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Alors oui, ça peut paraître bizarre.

  • Speaker #0

    Attends, avec tout ce que tu viens de dire, j'ai du mal à y croire.

  • Speaker #1

    Et oui, parce que les gens, malgré tout, ne sont pas forcément maso, et ils trouvent leur compte. Ils trouvent un plaisir, ils trouvent une satisfaction, une sensation d'euphorie. Je pense qu'une personne qui peut faire du sport, que ce soit de manière régulière ou non, c'est qu'elle y trouve quelque chose. Il y a du plaisir, il y a du bien-être, on l'a expliqué de manière physiologique. ce qui se passe, mais sans les sensations aussi parfois d'état second. On peut appeler ça la transcendance spatio-temporelle. C'est à un moment donné, on est déconnecté de tout, dans un état de plénitude, on se sent bien. Et il ne faut pas oublier, la pratique sportive, elle augmente les chances de se retrouver dans ces états-là. Donc, c'est quelque chose qui prend en compte. Alors, oui, j'ai fait exprès de dire qu'il y a des aspects positifs. Alors... Il faut prendre aussi un peu de distance par rapport à ça. C'est des effets positifs sur le court terme. Et oui, comme n'importe quelle autre addiction, si on fume, la personne va dire « je fume » . Voilà, c'est l'illusion que ça donne au cerveau. Oui, pendant 5, 10, 15 minutes, en effet. Peut-être que... ça détend, peut-être que ça anesthésie, ça permet de penser à autre chose il n'y a pas de soucis, sauf que la vie ça ne dure pas 5, 10, 15 minutes, et du coup il y a un après, quand l'effet du produit, si on fait le parallèle toujours avec la cigarette disparaît du coup il y a la notion de manque et donc du coup on arrive sur tous les effets négatifs cités tout à l'heure, c'est la même chose avec la pratique sportive, à un moment donné quand on court plus, on commence à redevenir dans son état normal, et du coup on ressent le besoin, donc Merci. Ces effets positifs, ils sont sur le court terme. En fait, c'est ça toute la problématique. Et on va dire que la bigorexie, c'est un peu une stratégie de coping, c'est-à-dire quelque chose qu'on met en place pour venir soulager le symptôme, c'est-à-dire la difficulté, la souffrance, la problématique. Et dans l'accompagnement, dans la prise en charge, justement, c'est important de comprendre quelle est cette souffrance, cette difficulté, cette problématique, pour non pas mettre un pansement et faire en sorte que ça tienne un jour, deux jours, mais que sur le long terme, on n'ait plus besoin de mettre de pansement.

  • Speaker #0

    Très bien. Alors c'est un sujet dont on pourrait parler pendant très longtemps, parce qu'en effet, c'est complexe. Les limites, les frontières sont fines. Je pense que tu as déjà éclairé pas mal sur le sujet. Donc je te remercie. Est-ce que tu as une dernière chose à dire ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a par rapport à cette notion de bigorexie et peut-être de santé mentale chez les sportifs. Il y a depuis 2006, il me semble, justement par rapport au ministère des Sports et de la Santé, ils ont instauré justement des bilans psychologiques obligatoires pour tous les sportifs de haut niveau une fois par an. un peu en continu pour essayer de voir si malgré les pratiques intensives, il y arrive à faire la distinction, comme on le disait tout à l'heure, entre est-ce que c'est parce que c'est induit et que c'est le fonctionnement qui est comme ça ou est-ce qu'il y a aussi une souffrance derrière et un besoin très très important des sportifs et pas basculer. Et de manière beaucoup plus globale, la bigorexie, elle a été reconnue par l'OMS en 2011.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est extrêmement récent. Voilà. Donc la sensibilisation va continuer et c'est plutôt positif que le sportif soit vu de la tête aux pieds.

  • Speaker #1

    Exactement, prendre en compte la globalité de l'être.

  • Speaker #0

    Merci Mathias.

  • Speaker #1

    De rien.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager. Et si vous en voulez encore, ajoutez des étoiles sur Spotify et Apple Podcasts. Et surtout, laissez-nous un commentaire sur Apple Podcasts.

Share

Embed

You may also like

Description

Peut-on être addict au sport ? Est-ce que c’est grave ? Comment sait-on si on a basculé vers l’addiction ? Matthias Watine, psychologue du sport et spécialiste en addiction dans le Nord de la France, nous explique ce qu’est la bigorexie, comment la reconnaître et nous donne quelques pistes pour aller mieux.


Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre site Conseil Sport : 

https://conseilsport.decathlon.fr/quest-ce-que-la-bigorexie-ce-trouble-mentionne-par-juju-fitcats

Vous vous posez des questions sur votre santé mentale ? Parlez-en à un·e professionnel·le de santé et faites-vous accompagner par un·e psychologue.

💡☝️✨ La réponse est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Une interview d’expert·es pour prendre soin de soi, garder la forme et bien manger. Ce format vous est proposé par Céciliane, journaliste et coach sportif.

😎 Pour ne rien manquer des conseils, des témoignages et des aventures, abonnez-vous à la chaîne Conseil Sport !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Si certains et certaines aiment, adorent, adultent leur sport, d'autres ne peuvent plus s'en séparer. L'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale estime qu'environ 4% des sportifs font face à la bigorexie. Qu'est-ce que ce mot ? Pour comprendre ce phénomène, je suis avec Mathias Wattine, préparateur mental, psychologue du sport et surtout spécialiste en addiction. Musique Vous avez une question ? On a la réponse ! Vous écoutez Conseil Sport, le podcast bien-être, santé, nutrition de Décathlon. Alors je suis dans le cabinet de Mathias Ouatine. Bonjour Mathias !

  • Speaker #1

    Salut !

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Super, moi je suis contente de parler du sujet qu'on a choisi d'aborder aujourd'hui qui est la bigorexie. Et on commence tout de suite. Quand on dit bigorexie, on parle de quoi ?

  • Speaker #1

    La bigorexie, oui, c'est un besoin... incontrôlable, compulsif, de pratiquer régulièrement, de manière intensive, une ou plusieurs activités physiques.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais pas que.

  • Speaker #0

    Ah, pas que.

  • Speaker #1

    Eh oui, parce qu'on pourrait dire ça, ça peut être tout le monde. C'est cette pratique physique, et ce malgré des effets négatifs. et qu'ils soient sur le court, le moyen ou le long terme, et que ces effets négatifs aient un impact sur notre santé physique, psychologique ou sociale.

  • Speaker #0

    Ok. La bigorexie, est-ce qu'on peut dire que c'est une maladie mentale ou un trouble du comportement ? Comment on la définit ?

  • Speaker #1

    Moi, je préfère... Dans quelle case ? Je préfère, et j'aime parler plutôt d'addiction. l'addiction de manière globale parce que, comme je le viens d'écrire dans la définition, de manière compulsive, on n'arrive pas à s'en détacher de manière aussi facile. Il y a quelque chose qui nous y attache, comme il peut y avoir peut-être dans l'addiction à la cigarette, à l'alcool ou toute autre drogue. Voilà, il y a un attachement complexe dont on n'en connaît pas forcément toujours les causes.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui se passe dans notre cerveau pour qu'on crée ce lien fort avec le sport, qu'on devienne addict au sport, que ça devienne en effet quelque chose qu'on ne peut plus contrôler, qui nous dépasse ?

  • Speaker #1

    Alors c'est ce qui se passe dans l'organisme en fait, suite à la pratique sportive, en termes de sécrétion de dopamine, sérotonine, tout ce qui va être aussi endorphine, la dopamine avec l'hormone du plaisir directement, de manière simplifiée. ou le système de la récompense qui va être lui lié à la sérotonine et la notion d'endorphine qui va elle avoir un impact sur la gestion du stress. Donc qu'on le veuille ou non, peu importe notre pratique sportive, la mise en mouvement du corps, ça crée des choses très positives et quand c'est positif, souvent on en redemande.

  • Speaker #0

    C'est un petit peu comme le sucre quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors pourquoi ça survient ? Quelles peuvent être les causes d'une pratique comme ça, un peu trop intensive ?

  • Speaker #1

    Ça peut être vraiment multifactoriel. Ça, c'est très important. génial très simple trop simple qu'on puisse dire voilà c'est ça qui va pas et c'est toujours la même chose non c'est ça peut être lié à notre histoire de vie à la façon dont on vit aussi les choses au quotidien c'est vrai que par rapport à la bigorexie mais c'est aussi le cas pour les autres addictions il ya souvent un transfert d'une autre addiction vers la bigorexie c'est à dire je fumais j'ai décidé d'arrêter de fumer c'est super et je le comprends d'une certaine manière par une pratique de sport intensive, quitte à ce qu'il y ait des effets négatifs. Voilà, ça peut être ça, ça peut être aussi lié à des blessures psychiques, à des traumatismes, une façon un peu soit d'oublier, de s'anesthésier, de fuir, peu importe. C'est quelle solution on trouve en instant T pour essayer de s'apaiser.

  • Speaker #0

    L'addiction c'est mauvais pour la santé ? Est-ce que c'est néfaste ?

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est néfaste ? J'ai envie de dire que oui, à partir du moment où on parle d'addiction, c'est qu'on prend en considération qu'il y a un côté néfaste. Donc oui. Après, ce n'est pas parce qu'on fait du sport qu'on est addict et que c'est néfaste. C'est plutôt une question de conséquences, de répercussions. S'il y a à un moment donné soit autant d'aspects négatifs, que positif dans une pratique qui est de base comme le sport peut avoir essentiellement des aspects positifs. Là oui, il y a des questions à se poser.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que la barrière entre un sportif ou une sportive qui s'entraîne tous les jours parce qu'elle a un objectif à atteindre et quelqu'un qu'on pourrait appeler bigorexique, cette barrière elle est fine. Comment, à quel moment on sait que là on a basculé en fait ?

  • Speaker #1

    Alors... C'est ce que j'appelle la fonction de la pratique sportive, c'est-à-dire quel sens ça a pour nous d'être dans cette pratique qui est souvent dans un extrême. Et bien, tout simplement, un des moyens de savoir, c'est pas le seul, mais ce qui fait qu'est-ce qu'on a basculé dans de la bigorexie, c'est qu'est-ce qui se passe quand on arrête la pratique sportive ? comme toute addiction il y a un petit manque quand il y a le sevrage comment on réagit psychologiquement, physiquement face à ce sevrage et c'est là qu'on voit parce que j'imagine telle ou telle personne qui se met à faire un sport on fait le sport par envie par plaisir, pour se dépenser mais si à un moment donné on n'est pas que dans ça et que Merci. L'absence de sport crée un manque, une souffrance, une difficulté, c'est autre chose.

  • Speaker #0

    Est-ce que les sportifs et les sportives de haut niveau sont bigorexiques, ils s'entraînent quand même énormément, des fois ils n'ont peut-être même pas envie d'y aller, mais c'est nécessaire pour leur entraînement. Comment on les défend ? T'en penses quoi de ce genre de profil ?

  • Speaker #1

    C'est justement une frontière très fine. avec la spécificité des sportifs de haut niveau, parce qu'eux, ils sont très souvent dans l'obligation d'être dans ce schéma où la pratique sportive, elle est intensive, elle est régulière, etc. Et on pourrait dire que c'est les mêmes caractéristiques d'une personne qui peut être bigorexique, justement. Donc, c'est plus complexe chez les sportifs de haut niveau, mais de manière globale, Si on devait identifier, c'est qu'une personne bigorexique, elle, elle va organiser tout son quotidien par rapport à cette pratique sportive. La différence d'un sportif de haut niveau, c'est que c'est déjà le cas dès le début. Donc voilà pourquoi...

  • Speaker #0

    On ne peut pas trop...

  • Speaker #1

    C'est plus compliqué. On peut, mais on va dire que c'est plus compliqué. C'est tout ce qui se joue à ce moment-là, comment on organise notre quotidien et à quel point on est capable de tout mettre de côté. en termes soit professionnels, soit social, pour arriver à trouver cette satisfaction d'être dans la pratique sportive.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'il y a des auditeurs ou des auditrices qui se reconnaissent dans cette façon de vivre leur sport, qui pour rien au monde, ils enlèveraient leur entraînement, ou en tout cas c'est quelque chose d'extrêmement difficile qu'ils vont devoir attraper, où ils vont faire leur pratique finalement le matin. En tout cas, pour toutes ces personnes, est-ce qu'il existe un traitement ? Est-ce que c'est vraiment un traitement ?

  • Speaker #1

    Non. Il n'y a pas vraiment de traitement.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux recréer, toi, en tant que psychologue du sport, un lien davantage sain, si je puis dire, entre la personne et sa pratique du sport ?

  • Speaker #1

    C'est comme un peu la prise en charge de n'importe quelle addiction. C'est essayer de comprendre qu'est-ce qui fait qu'on arrive à être dans cette consommation ou dans cette pratique-là, conduite-là. Qu'est-ce qui nous y a amené ? C'est comprendre le pourquoi, l'origine, en fait. C'est le point de départ. Je rebondis là sur ce que tu viens de dire. En fin de compte, dans la bigorexie, c'est une pratique sportive qui est non plus sur le plaisir, mais qui est sur le besoin. J'ai besoin d'eux. J'ai besoin d'eux parce que sinon, justement, je vais pouvoir être anxieux, avoir Un comportement ou un ressenti de culpabilité, on peut se sentir irritable, on peut se dévaloriser aussi. Et c'est là où si on voit ce qui se passe, peut-être contrairement, et là je fais le pont à ce qu'on disait avant sur les sportifs de haut niveau, où le fait de ne pas s'entraîner, ce n'est pas forcément ce qui se passe. Au contraire, c'est parfois un soulagement de dire « Ah, je vais pouvoir souffler » . Vous pouvez vous récupérer. Voilà, exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des sports qui sont davantage addictifs que d'autres ?

  • Speaker #1

    Je pense que... tout ce qui va être lié à la gymnastique, où il y a un rapport au corps aussi très particulier, qui est aussi présent dans la bigoressie. L'image du corps, la façon dont le corps peut être perçu, la façon dont on va pouvoir répondre à des standards, parce que la gymnastique, il y a des standards aussi, de manière...

  • Speaker #0

    Des injonctions inconscientes qui se baladent dans...

  • Speaker #1

    Exactement, d'ailleurs parfois elles sont aussi conscientes parce qu'elles sont bien dites de manière très claire et ça peut aussi détruire pas mal de personnes surtout chez les gymnastes qui sont souvent très très jeunes donc oui la gymnastique ou des sports ou la pratique elle est beaucoup plus poussée telle que le cross training

  • Speaker #0

    Le fameux, autour de moi j'ai plein de personnes qui ont commencé le cross training Alors qu'il commence tout à fait débutant, je ne connaissais pas la pratique, c'était cool, je me suis dépassée. J'y retourne la semaine prochaine deux fois, puis je l'envoie une semaine après, j'y vais tous les jours. Et après, deux semaines après, finalement, j'y vais deux fois par jour parce que c'est trop cool. Et là, je me dis, mais c'est peut-être beaucoup. À quel moment on doit s'alerter et se dire, déjà, pourquoi le cross-training, ça s'était fait là ? Et à quel moment on doit se dire... Bon, on va calmer un petit peu le jeu.

  • Speaker #1

    C'est sur la façon plutôt dont on va gérer, percevoir et se positionner sur tous les effets indésirables que peut procurer une pratique sportive intense, trop intense. C'est-à-dire qu'à un moment donné, si je reprends le cross-training où on a des douleurs, on a des tensions musculairement, mais quand on se dit « c'est pas grave, je continue » , il faut que je continue, j'ai besoin de continuer, non mais je ne peux pas m'arrêter, non mais ce n'est pas possible, oui mais si j'arrête... Je suis capable,

  • Speaker #0

    je suis capable.

  • Speaker #1

    Par exemple, oui mais si j'arrête, tout ce que j'ai fait, ça ne va servir à rien. Ça veut dire qu'on commence à occulter des signes clairs où à un moment donné, on n'écoute plus son corps, on n'écoute plus les besoins du corps. Et ça, ça peut avoir aussi de grosses répercussions. Si on va dans des extrêmes, certains sont dans la négligence de certains besoins vitaux. par exemple ils vont aller jusqu'à modifier leur rythme de sommeil en dormant moins, par exemple, ou même leur alimentation, ce qui peut avoir un impact sur les troubles des conduites alimentaires, par exemple.

  • Speaker #0

    Oui, on perturbe complètement le rythme biologique, son rythme biologique, on oublie de s'oublier, alors qu'en plus dans ces pratiques-là de musculation ou de renforcement musculaire au poids de corps, etc., Le corps a besoin de récupérer parce qu'il travaille. Il travaille pendant la récupération. Le corps s'adapte. Alors, en tant que coach, moi, je mets une petite vigilance et je rappelle que la récupération fait partie de l'entraînement et que le corps a besoin de moments de repos, que ce soit changer d'activité ou alors tout simplement se poser une fois dans la semaine. Ne pas oublier les fondamentaux, comme tu disais, le sommeil, la gestion de son stress aussi. On a l'impression parfois que le sport nous aide à la gestion du stress, mais peut-être qu'il y a une deuxième pratique qui peut aider sans abîmer ou en tout cas user le corps autant que le sport. Et l'hydratation. Tout ça, toute cette hygiène de vie va contribuer parce que si on va à l'entraînement tous les jours et qu'on n'adapte pas son alimentation à une pratique intensive, au bout d'un moment le corps va dire stop.

  • Speaker #1

    Il dira toujours le stop. C'est toujours le corps sur le long terme qui va décider. La tête aura beau dire je continue, je continue, si on se déchire sur plusieurs centimètres. ça va être compliqué d'aller faire les 15 bornes. Donc, c'est là, comment éviter que ça engendre des conséquences beaucoup plus graves ? J'en ai cité quelques-unes tout à l'heure, mais on pourrait aller beaucoup plus loin. Il peut y avoir des troubles hormonaux, des troubles cardiaques, des troubles digestifs. Et là, on bascule dans autre chose, parce que ce sont des aspects qu'on ne contrôle plus.

  • Speaker #0

    Donc, quand la santé est en jeu, clairement, il faut aller consulter. C'est ce que tu conseillerais, toi ?

  • Speaker #1

    Alors d'aller voir en effet les professionnels qui peuvent commencer à mettre des points de vigilance, déjà le médecin traitant si on se pose la question, puis après soit psychothérapeute, psychologue, médecin du sport, psychiatre s'il le faut, pour avoir cette vigilance et se dire à un moment donné on bascule peut-être dans quelque chose où on n'a plus la sensation de contrôle. Je nomme cette sensation de contrôle parce que justement, dans la bigorexie, elle est très présente. On maîtrise tout, on contrôle tout. C'est une sensation. C'est une sensation parce que très souvent, c'est cette activité qui est mise en place pour se rassurer. C'est un peu une fuite en avant. Mais c'est qu'on a conscience, ou du moins, c'est qu'inconsciemment, il y a un mal-être, une souffrance. Et on essaie de gérer. comme on peut, par rapport à ce qu'on est amené à ressentir.

  • Speaker #0

    C'était un dernier message à donner ?

  • Speaker #1

    Sur la question aussi des dangers, c'est que là, on ne l'a pas encore évoqué, mais il y a la notion de dopage aussi, qui peut rentrer en compte, parce que le dopage, il est fait de manière parfois légale ou non, parce que oui, il y a des médicaments qui permettent d'avoir ... de ressentir moins les douleurs, moins la fatigue. Et si on en est déjà à prendre certains produits, quels qu'ils soient, pour arriver à rester dans le rythme dans lequel on veut être, c'est qu'il y a déjà, à un moment donné, le corps, on tire. On tire dessus et on le met en difficulté. Au-delà de tout ça, par rapport à ce qu'on vient de dire, il y a aussi des effets dits... positif.

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Alors oui, ça peut paraître bizarre.

  • Speaker #0

    Attends, avec tout ce que tu viens de dire, j'ai du mal à y croire.

  • Speaker #1

    Et oui, parce que les gens, malgré tout, ne sont pas forcément maso, et ils trouvent leur compte. Ils trouvent un plaisir, ils trouvent une satisfaction, une sensation d'euphorie. Je pense qu'une personne qui peut faire du sport, que ce soit de manière régulière ou non, c'est qu'elle y trouve quelque chose. Il y a du plaisir, il y a du bien-être, on l'a expliqué de manière physiologique. ce qui se passe, mais sans les sensations aussi parfois d'état second. On peut appeler ça la transcendance spatio-temporelle. C'est à un moment donné, on est déconnecté de tout, dans un état de plénitude, on se sent bien. Et il ne faut pas oublier, la pratique sportive, elle augmente les chances de se retrouver dans ces états-là. Donc, c'est quelque chose qui prend en compte. Alors, oui, j'ai fait exprès de dire qu'il y a des aspects positifs. Alors... Il faut prendre aussi un peu de distance par rapport à ça. C'est des effets positifs sur le court terme. Et oui, comme n'importe quelle autre addiction, si on fume, la personne va dire « je fume » . Voilà, c'est l'illusion que ça donne au cerveau. Oui, pendant 5, 10, 15 minutes, en effet. Peut-être que... ça détend, peut-être que ça anesthésie, ça permet de penser à autre chose il n'y a pas de soucis, sauf que la vie ça ne dure pas 5, 10, 15 minutes, et du coup il y a un après, quand l'effet du produit, si on fait le parallèle toujours avec la cigarette disparaît du coup il y a la notion de manque et donc du coup on arrive sur tous les effets négatifs cités tout à l'heure, c'est la même chose avec la pratique sportive, à un moment donné quand on court plus, on commence à redevenir dans son état normal, et du coup on ressent le besoin, donc Merci. Ces effets positifs, ils sont sur le court terme. En fait, c'est ça toute la problématique. Et on va dire que la bigorexie, c'est un peu une stratégie de coping, c'est-à-dire quelque chose qu'on met en place pour venir soulager le symptôme, c'est-à-dire la difficulté, la souffrance, la problématique. Et dans l'accompagnement, dans la prise en charge, justement, c'est important de comprendre quelle est cette souffrance, cette difficulté, cette problématique, pour non pas mettre un pansement et faire en sorte que ça tienne un jour, deux jours, mais que sur le long terme, on n'ait plus besoin de mettre de pansement.

  • Speaker #0

    Très bien. Alors c'est un sujet dont on pourrait parler pendant très longtemps, parce qu'en effet, c'est complexe. Les limites, les frontières sont fines. Je pense que tu as déjà éclairé pas mal sur le sujet. Donc je te remercie. Est-ce que tu as une dernière chose à dire ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a par rapport à cette notion de bigorexie et peut-être de santé mentale chez les sportifs. Il y a depuis 2006, il me semble, justement par rapport au ministère des Sports et de la Santé, ils ont instauré justement des bilans psychologiques obligatoires pour tous les sportifs de haut niveau une fois par an. un peu en continu pour essayer de voir si malgré les pratiques intensives, il y arrive à faire la distinction, comme on le disait tout à l'heure, entre est-ce que c'est parce que c'est induit et que c'est le fonctionnement qui est comme ça ou est-ce qu'il y a aussi une souffrance derrière et un besoin très très important des sportifs et pas basculer. Et de manière beaucoup plus globale, la bigorexie, elle a été reconnue par l'OMS en 2011.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est extrêmement récent. Voilà. Donc la sensibilisation va continuer et c'est plutôt positif que le sportif soit vu de la tête aux pieds.

  • Speaker #1

    Exactement, prendre en compte la globalité de l'être.

  • Speaker #0

    Merci Mathias.

  • Speaker #1

    De rien.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager. Et si vous en voulez encore, ajoutez des étoiles sur Spotify et Apple Podcasts. Et surtout, laissez-nous un commentaire sur Apple Podcasts.

Description

Peut-on être addict au sport ? Est-ce que c’est grave ? Comment sait-on si on a basculé vers l’addiction ? Matthias Watine, psychologue du sport et spécialiste en addiction dans le Nord de la France, nous explique ce qu’est la bigorexie, comment la reconnaître et nous donne quelques pistes pour aller mieux.


Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre site Conseil Sport : 

https://conseilsport.decathlon.fr/quest-ce-que-la-bigorexie-ce-trouble-mentionne-par-juju-fitcats

Vous vous posez des questions sur votre santé mentale ? Parlez-en à un·e professionnel·le de santé et faites-vous accompagner par un·e psychologue.

💡☝️✨ La réponse est une série du podcast Conseil Sport de DECATHLON. Une interview d’expert·es pour prendre soin de soi, garder la forme et bien manger. Ce format vous est proposé par Céciliane, journaliste et coach sportif.

😎 Pour ne rien manquer des conseils, des témoignages et des aventures, abonnez-vous à la chaîne Conseil Sport !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Si certains et certaines aiment, adorent, adultent leur sport, d'autres ne peuvent plus s'en séparer. L'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale estime qu'environ 4% des sportifs font face à la bigorexie. Qu'est-ce que ce mot ? Pour comprendre ce phénomène, je suis avec Mathias Wattine, préparateur mental, psychologue du sport et surtout spécialiste en addiction. Musique Vous avez une question ? On a la réponse ! Vous écoutez Conseil Sport, le podcast bien-être, santé, nutrition de Décathlon. Alors je suis dans le cabinet de Mathias Ouatine. Bonjour Mathias !

  • Speaker #1

    Salut !

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Super, moi je suis contente de parler du sujet qu'on a choisi d'aborder aujourd'hui qui est la bigorexie. Et on commence tout de suite. Quand on dit bigorexie, on parle de quoi ?

  • Speaker #1

    La bigorexie, oui, c'est un besoin... incontrôlable, compulsif, de pratiquer régulièrement, de manière intensive, une ou plusieurs activités physiques.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais pas que.

  • Speaker #0

    Ah, pas que.

  • Speaker #1

    Eh oui, parce qu'on pourrait dire ça, ça peut être tout le monde. C'est cette pratique physique, et ce malgré des effets négatifs. et qu'ils soient sur le court, le moyen ou le long terme, et que ces effets négatifs aient un impact sur notre santé physique, psychologique ou sociale.

  • Speaker #0

    Ok. La bigorexie, est-ce qu'on peut dire que c'est une maladie mentale ou un trouble du comportement ? Comment on la définit ?

  • Speaker #1

    Moi, je préfère... Dans quelle case ? Je préfère, et j'aime parler plutôt d'addiction. l'addiction de manière globale parce que, comme je le viens d'écrire dans la définition, de manière compulsive, on n'arrive pas à s'en détacher de manière aussi facile. Il y a quelque chose qui nous y attache, comme il peut y avoir peut-être dans l'addiction à la cigarette, à l'alcool ou toute autre drogue. Voilà, il y a un attachement complexe dont on n'en connaît pas forcément toujours les causes.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui se passe dans notre cerveau pour qu'on crée ce lien fort avec le sport, qu'on devienne addict au sport, que ça devienne en effet quelque chose qu'on ne peut plus contrôler, qui nous dépasse ?

  • Speaker #1

    Alors c'est ce qui se passe dans l'organisme en fait, suite à la pratique sportive, en termes de sécrétion de dopamine, sérotonine, tout ce qui va être aussi endorphine, la dopamine avec l'hormone du plaisir directement, de manière simplifiée. ou le système de la récompense qui va être lui lié à la sérotonine et la notion d'endorphine qui va elle avoir un impact sur la gestion du stress. Donc qu'on le veuille ou non, peu importe notre pratique sportive, la mise en mouvement du corps, ça crée des choses très positives et quand c'est positif, souvent on en redemande.

  • Speaker #0

    C'est un petit peu comme le sucre quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors pourquoi ça survient ? Quelles peuvent être les causes d'une pratique comme ça, un peu trop intensive ?

  • Speaker #1

    Ça peut être vraiment multifactoriel. Ça, c'est très important. génial très simple trop simple qu'on puisse dire voilà c'est ça qui va pas et c'est toujours la même chose non c'est ça peut être lié à notre histoire de vie à la façon dont on vit aussi les choses au quotidien c'est vrai que par rapport à la bigorexie mais c'est aussi le cas pour les autres addictions il ya souvent un transfert d'une autre addiction vers la bigorexie c'est à dire je fumais j'ai décidé d'arrêter de fumer c'est super et je le comprends d'une certaine manière par une pratique de sport intensive, quitte à ce qu'il y ait des effets négatifs. Voilà, ça peut être ça, ça peut être aussi lié à des blessures psychiques, à des traumatismes, une façon un peu soit d'oublier, de s'anesthésier, de fuir, peu importe. C'est quelle solution on trouve en instant T pour essayer de s'apaiser.

  • Speaker #0

    L'addiction c'est mauvais pour la santé ? Est-ce que c'est néfaste ?

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est néfaste ? J'ai envie de dire que oui, à partir du moment où on parle d'addiction, c'est qu'on prend en considération qu'il y a un côté néfaste. Donc oui. Après, ce n'est pas parce qu'on fait du sport qu'on est addict et que c'est néfaste. C'est plutôt une question de conséquences, de répercussions. S'il y a à un moment donné soit autant d'aspects négatifs, que positif dans une pratique qui est de base comme le sport peut avoir essentiellement des aspects positifs. Là oui, il y a des questions à se poser.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que la barrière entre un sportif ou une sportive qui s'entraîne tous les jours parce qu'elle a un objectif à atteindre et quelqu'un qu'on pourrait appeler bigorexique, cette barrière elle est fine. Comment, à quel moment on sait que là on a basculé en fait ?

  • Speaker #1

    Alors... C'est ce que j'appelle la fonction de la pratique sportive, c'est-à-dire quel sens ça a pour nous d'être dans cette pratique qui est souvent dans un extrême. Et bien, tout simplement, un des moyens de savoir, c'est pas le seul, mais ce qui fait qu'est-ce qu'on a basculé dans de la bigorexie, c'est qu'est-ce qui se passe quand on arrête la pratique sportive ? comme toute addiction il y a un petit manque quand il y a le sevrage comment on réagit psychologiquement, physiquement face à ce sevrage et c'est là qu'on voit parce que j'imagine telle ou telle personne qui se met à faire un sport on fait le sport par envie par plaisir, pour se dépenser mais si à un moment donné on n'est pas que dans ça et que Merci. L'absence de sport crée un manque, une souffrance, une difficulté, c'est autre chose.

  • Speaker #0

    Est-ce que les sportifs et les sportives de haut niveau sont bigorexiques, ils s'entraînent quand même énormément, des fois ils n'ont peut-être même pas envie d'y aller, mais c'est nécessaire pour leur entraînement. Comment on les défend ? T'en penses quoi de ce genre de profil ?

  • Speaker #1

    C'est justement une frontière très fine. avec la spécificité des sportifs de haut niveau, parce qu'eux, ils sont très souvent dans l'obligation d'être dans ce schéma où la pratique sportive, elle est intensive, elle est régulière, etc. Et on pourrait dire que c'est les mêmes caractéristiques d'une personne qui peut être bigorexique, justement. Donc, c'est plus complexe chez les sportifs de haut niveau, mais de manière globale, Si on devait identifier, c'est qu'une personne bigorexique, elle, elle va organiser tout son quotidien par rapport à cette pratique sportive. La différence d'un sportif de haut niveau, c'est que c'est déjà le cas dès le début. Donc voilà pourquoi...

  • Speaker #0

    On ne peut pas trop...

  • Speaker #1

    C'est plus compliqué. On peut, mais on va dire que c'est plus compliqué. C'est tout ce qui se joue à ce moment-là, comment on organise notre quotidien et à quel point on est capable de tout mettre de côté. en termes soit professionnels, soit social, pour arriver à trouver cette satisfaction d'être dans la pratique sportive.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'il y a des auditeurs ou des auditrices qui se reconnaissent dans cette façon de vivre leur sport, qui pour rien au monde, ils enlèveraient leur entraînement, ou en tout cas c'est quelque chose d'extrêmement difficile qu'ils vont devoir attraper, où ils vont faire leur pratique finalement le matin. En tout cas, pour toutes ces personnes, est-ce qu'il existe un traitement ? Est-ce que c'est vraiment un traitement ?

  • Speaker #1

    Non. Il n'y a pas vraiment de traitement.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux recréer, toi, en tant que psychologue du sport, un lien davantage sain, si je puis dire, entre la personne et sa pratique du sport ?

  • Speaker #1

    C'est comme un peu la prise en charge de n'importe quelle addiction. C'est essayer de comprendre qu'est-ce qui fait qu'on arrive à être dans cette consommation ou dans cette pratique-là, conduite-là. Qu'est-ce qui nous y a amené ? C'est comprendre le pourquoi, l'origine, en fait. C'est le point de départ. Je rebondis là sur ce que tu viens de dire. En fin de compte, dans la bigorexie, c'est une pratique sportive qui est non plus sur le plaisir, mais qui est sur le besoin. J'ai besoin d'eux. J'ai besoin d'eux parce que sinon, justement, je vais pouvoir être anxieux, avoir Un comportement ou un ressenti de culpabilité, on peut se sentir irritable, on peut se dévaloriser aussi. Et c'est là où si on voit ce qui se passe, peut-être contrairement, et là je fais le pont à ce qu'on disait avant sur les sportifs de haut niveau, où le fait de ne pas s'entraîner, ce n'est pas forcément ce qui se passe. Au contraire, c'est parfois un soulagement de dire « Ah, je vais pouvoir souffler » . Vous pouvez vous récupérer. Voilà, exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des sports qui sont davantage addictifs que d'autres ?

  • Speaker #1

    Je pense que... tout ce qui va être lié à la gymnastique, où il y a un rapport au corps aussi très particulier, qui est aussi présent dans la bigoressie. L'image du corps, la façon dont le corps peut être perçu, la façon dont on va pouvoir répondre à des standards, parce que la gymnastique, il y a des standards aussi, de manière...

  • Speaker #0

    Des injonctions inconscientes qui se baladent dans...

  • Speaker #1

    Exactement, d'ailleurs parfois elles sont aussi conscientes parce qu'elles sont bien dites de manière très claire et ça peut aussi détruire pas mal de personnes surtout chez les gymnastes qui sont souvent très très jeunes donc oui la gymnastique ou des sports ou la pratique elle est beaucoup plus poussée telle que le cross training

  • Speaker #0

    Le fameux, autour de moi j'ai plein de personnes qui ont commencé le cross training Alors qu'il commence tout à fait débutant, je ne connaissais pas la pratique, c'était cool, je me suis dépassée. J'y retourne la semaine prochaine deux fois, puis je l'envoie une semaine après, j'y vais tous les jours. Et après, deux semaines après, finalement, j'y vais deux fois par jour parce que c'est trop cool. Et là, je me dis, mais c'est peut-être beaucoup. À quel moment on doit s'alerter et se dire, déjà, pourquoi le cross-training, ça s'était fait là ? Et à quel moment on doit se dire... Bon, on va calmer un petit peu le jeu.

  • Speaker #1

    C'est sur la façon plutôt dont on va gérer, percevoir et se positionner sur tous les effets indésirables que peut procurer une pratique sportive intense, trop intense. C'est-à-dire qu'à un moment donné, si je reprends le cross-training où on a des douleurs, on a des tensions musculairement, mais quand on se dit « c'est pas grave, je continue » , il faut que je continue, j'ai besoin de continuer, non mais je ne peux pas m'arrêter, non mais ce n'est pas possible, oui mais si j'arrête... Je suis capable,

  • Speaker #0

    je suis capable.

  • Speaker #1

    Par exemple, oui mais si j'arrête, tout ce que j'ai fait, ça ne va servir à rien. Ça veut dire qu'on commence à occulter des signes clairs où à un moment donné, on n'écoute plus son corps, on n'écoute plus les besoins du corps. Et ça, ça peut avoir aussi de grosses répercussions. Si on va dans des extrêmes, certains sont dans la négligence de certains besoins vitaux. par exemple ils vont aller jusqu'à modifier leur rythme de sommeil en dormant moins, par exemple, ou même leur alimentation, ce qui peut avoir un impact sur les troubles des conduites alimentaires, par exemple.

  • Speaker #0

    Oui, on perturbe complètement le rythme biologique, son rythme biologique, on oublie de s'oublier, alors qu'en plus dans ces pratiques-là de musculation ou de renforcement musculaire au poids de corps, etc., Le corps a besoin de récupérer parce qu'il travaille. Il travaille pendant la récupération. Le corps s'adapte. Alors, en tant que coach, moi, je mets une petite vigilance et je rappelle que la récupération fait partie de l'entraînement et que le corps a besoin de moments de repos, que ce soit changer d'activité ou alors tout simplement se poser une fois dans la semaine. Ne pas oublier les fondamentaux, comme tu disais, le sommeil, la gestion de son stress aussi. On a l'impression parfois que le sport nous aide à la gestion du stress, mais peut-être qu'il y a une deuxième pratique qui peut aider sans abîmer ou en tout cas user le corps autant que le sport. Et l'hydratation. Tout ça, toute cette hygiène de vie va contribuer parce que si on va à l'entraînement tous les jours et qu'on n'adapte pas son alimentation à une pratique intensive, au bout d'un moment le corps va dire stop.

  • Speaker #1

    Il dira toujours le stop. C'est toujours le corps sur le long terme qui va décider. La tête aura beau dire je continue, je continue, si on se déchire sur plusieurs centimètres. ça va être compliqué d'aller faire les 15 bornes. Donc, c'est là, comment éviter que ça engendre des conséquences beaucoup plus graves ? J'en ai cité quelques-unes tout à l'heure, mais on pourrait aller beaucoup plus loin. Il peut y avoir des troubles hormonaux, des troubles cardiaques, des troubles digestifs. Et là, on bascule dans autre chose, parce que ce sont des aspects qu'on ne contrôle plus.

  • Speaker #0

    Donc, quand la santé est en jeu, clairement, il faut aller consulter. C'est ce que tu conseillerais, toi ?

  • Speaker #1

    Alors d'aller voir en effet les professionnels qui peuvent commencer à mettre des points de vigilance, déjà le médecin traitant si on se pose la question, puis après soit psychothérapeute, psychologue, médecin du sport, psychiatre s'il le faut, pour avoir cette vigilance et se dire à un moment donné on bascule peut-être dans quelque chose où on n'a plus la sensation de contrôle. Je nomme cette sensation de contrôle parce que justement, dans la bigorexie, elle est très présente. On maîtrise tout, on contrôle tout. C'est une sensation. C'est une sensation parce que très souvent, c'est cette activité qui est mise en place pour se rassurer. C'est un peu une fuite en avant. Mais c'est qu'on a conscience, ou du moins, c'est qu'inconsciemment, il y a un mal-être, une souffrance. Et on essaie de gérer. comme on peut, par rapport à ce qu'on est amené à ressentir.

  • Speaker #0

    C'était un dernier message à donner ?

  • Speaker #1

    Sur la question aussi des dangers, c'est que là, on ne l'a pas encore évoqué, mais il y a la notion de dopage aussi, qui peut rentrer en compte, parce que le dopage, il est fait de manière parfois légale ou non, parce que oui, il y a des médicaments qui permettent d'avoir ... de ressentir moins les douleurs, moins la fatigue. Et si on en est déjà à prendre certains produits, quels qu'ils soient, pour arriver à rester dans le rythme dans lequel on veut être, c'est qu'il y a déjà, à un moment donné, le corps, on tire. On tire dessus et on le met en difficulté. Au-delà de tout ça, par rapport à ce qu'on vient de dire, il y a aussi des effets dits... positif.

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Alors oui, ça peut paraître bizarre.

  • Speaker #0

    Attends, avec tout ce que tu viens de dire, j'ai du mal à y croire.

  • Speaker #1

    Et oui, parce que les gens, malgré tout, ne sont pas forcément maso, et ils trouvent leur compte. Ils trouvent un plaisir, ils trouvent une satisfaction, une sensation d'euphorie. Je pense qu'une personne qui peut faire du sport, que ce soit de manière régulière ou non, c'est qu'elle y trouve quelque chose. Il y a du plaisir, il y a du bien-être, on l'a expliqué de manière physiologique. ce qui se passe, mais sans les sensations aussi parfois d'état second. On peut appeler ça la transcendance spatio-temporelle. C'est à un moment donné, on est déconnecté de tout, dans un état de plénitude, on se sent bien. Et il ne faut pas oublier, la pratique sportive, elle augmente les chances de se retrouver dans ces états-là. Donc, c'est quelque chose qui prend en compte. Alors, oui, j'ai fait exprès de dire qu'il y a des aspects positifs. Alors... Il faut prendre aussi un peu de distance par rapport à ça. C'est des effets positifs sur le court terme. Et oui, comme n'importe quelle autre addiction, si on fume, la personne va dire « je fume » . Voilà, c'est l'illusion que ça donne au cerveau. Oui, pendant 5, 10, 15 minutes, en effet. Peut-être que... ça détend, peut-être que ça anesthésie, ça permet de penser à autre chose il n'y a pas de soucis, sauf que la vie ça ne dure pas 5, 10, 15 minutes, et du coup il y a un après, quand l'effet du produit, si on fait le parallèle toujours avec la cigarette disparaît du coup il y a la notion de manque et donc du coup on arrive sur tous les effets négatifs cités tout à l'heure, c'est la même chose avec la pratique sportive, à un moment donné quand on court plus, on commence à redevenir dans son état normal, et du coup on ressent le besoin, donc Merci. Ces effets positifs, ils sont sur le court terme. En fait, c'est ça toute la problématique. Et on va dire que la bigorexie, c'est un peu une stratégie de coping, c'est-à-dire quelque chose qu'on met en place pour venir soulager le symptôme, c'est-à-dire la difficulté, la souffrance, la problématique. Et dans l'accompagnement, dans la prise en charge, justement, c'est important de comprendre quelle est cette souffrance, cette difficulté, cette problématique, pour non pas mettre un pansement et faire en sorte que ça tienne un jour, deux jours, mais que sur le long terme, on n'ait plus besoin de mettre de pansement.

  • Speaker #0

    Très bien. Alors c'est un sujet dont on pourrait parler pendant très longtemps, parce qu'en effet, c'est complexe. Les limites, les frontières sont fines. Je pense que tu as déjà éclairé pas mal sur le sujet. Donc je te remercie. Est-ce que tu as une dernière chose à dire ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a par rapport à cette notion de bigorexie et peut-être de santé mentale chez les sportifs. Il y a depuis 2006, il me semble, justement par rapport au ministère des Sports et de la Santé, ils ont instauré justement des bilans psychologiques obligatoires pour tous les sportifs de haut niveau une fois par an. un peu en continu pour essayer de voir si malgré les pratiques intensives, il y arrive à faire la distinction, comme on le disait tout à l'heure, entre est-ce que c'est parce que c'est induit et que c'est le fonctionnement qui est comme ça ou est-ce qu'il y a aussi une souffrance derrière et un besoin très très important des sportifs et pas basculer. Et de manière beaucoup plus globale, la bigorexie, elle a été reconnue par l'OMS en 2011.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est extrêmement récent. Voilà. Donc la sensibilisation va continuer et c'est plutôt positif que le sportif soit vu de la tête aux pieds.

  • Speaker #1

    Exactement, prendre en compte la globalité de l'être.

  • Speaker #0

    Merci Mathias.

  • Speaker #1

    De rien.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager. Et si vous en voulez encore, ajoutez des étoiles sur Spotify et Apple Podcasts. Et surtout, laissez-nous un commentaire sur Apple Podcasts.

Share

Embed

You may also like