Speaker #1Et je pense que la vraie question à ce moment-là, ça a été de me dire, quand il y a eu tous ces événements, est-ce que je suis capable de me retrouver tout seul et de faire quelque chose tout seul ? Je m'appelle Jean, je suis... Dans la communication depuis 14 ans et j'ai décidé il y a maintenant un peu plus d'un an de partir faire la traversée de l'Europe à vélo sans aucun objet connecté. En fait pour revenir au tout départ du projet j'ai ressenti le besoin Mi-2018, suite à plusieurs épreuves, de vraiment me mettre au vert. En juin 2018, j'ai perdu mon filleul. Ça a été le début de pas mal de choses qui se sont enchaînées. Ensuite, ça s'est terminé avec ma copine avec qui j'étais depuis plus de 12 ans. Et après trois mois plus tard, je perdais mon papa. Et il y a des moments comme ça où dans la vie, on sent que c'est la fin de quelque chose et il faut créer quelque chose de nouveau. Et voilà, ça faisait 12 ans que j'étais dans la même entreprise, dans la communication. J'avais vraiment besoin d'un nouveau souffle et de me laisser porter par un nouveau projet. Et donc, assez vite, j'ai imaginé finalement de pouvoir avoir un espèce de moment à moi. Je ne savais pas trop la durée, je ne savais pas trop ce que j'en ferais. Et j'étais simplement tombé sur un article sur Facebook, comme quoi il y avait ce chemin de Compostelle qui était... possible depuis la Norvège jusqu'à Compostelle du coup. Je me suis un petit peu intéressé au projet. Compostelle, ça me plaisait pour la démarche de se retrouver seul. J'aimais bien l'idée, par contre, je n'avais aucune envie de le faire à pied. Je pense que je ne suis pas assez patient pour ça. Et du coup, j'ai décidé de le faire à vélo. Tout s'est passé assez vite. Je suis revenu, je pense que c'était mon entretien annuel de fin d'année. Et j'ai décidé de dire à mon patron que je ne terminerai pas l'année qui allait arriver. Je lui ai dit que je partais six mois plus tard pour faire ce voyage à vélo. Et comme j'avais un boulot avec pas mal de responsabilités, finalement, je n'ai jamais pris le temps de préparer mon voyage. Donc, j'ai laissé passer le temps. J'avais un peu d'historique avec les voyages à vélo. J'avais traversé dix ans plus tôt l'Inde et l'Australie avec un copain. Donc, je me faisais un petit peu confiance là-dessus. Par contre, mon vrai doute, c'était sur ma capacité à me retrouver tout seul. Sans Objet Connecté, parce qu'en étant dans la com, j'étais tout le temps avec un voire deux téléphones et mes écrans dans tous les sens. Et de toute façon, l'indépendance qu'on connaît aujourd'hui aux Objets Connectés, j'avais envie de me tester, d'aller me chercher un peu. Presque aussi de me faire mal, parce que je pense qu'avec tout ce qui s'était passé, et notamment ma rupture, j'étais un peu sur un déficit de confiance. Et j'avais envie de me faire un truc sur lequel je puisse m'appuyer pendant un moment. Et voilà, quelque chose qui me permette de retrouver cette confiance. Et donc j'étais un peu... bourrin dans la démarche au moins au départ sur l'idée de me retrouver tout seul d'ailleurs je n'ai pas tenu très très longtemps tout seul donc je suis parti six mois après donc le boulot je pense que je l'ai arrêté 15 jours avant de commencer mon voyage à vélo donc je suis parti pour la norvège avec un vélo que j'avais récupéré qui avait déjà fait pas mal de bornes un bon vélo bon après je savais que je traversais l'europe donc je me faisais pas trop de soucis sur le fait de de pouvoir faire réparer mon vélo C'est assez drôle, mais en fait je suis assez nul en mécanique et en vélo. Voilà, moi j'ai pas cette touche-là, par contre je me fais un peu confiance sur le fait de trouver des moyens toujours pour réparer le vélo, pour m'en sortir. Voilà, je suis parti avec mon vélo, pas mal d'affaires et ma sacoche remplie de livres. Je voulais aussi lire, j'ai pris plein de trucs sur le développement personnel. Voilà, j'avais tout un programme en tête, l'idée de me retrouver et tout ça. Donc je suis parti d'Amsterdam en avion pour rejoindre la Norvège. Les premiers jours, en fait, ça a été l'enfer. Je me suis retrouvé là-bas, du coup, sans carte, sans rien, pas préparé. Et avec cette route que je venais chercher de Compostelle, qui n'était pas du tout indiquée, et je ne parlais pas du tout norvégien, je mangeais sous des abribus, il pleuvait des cordes. La vie était très chère, j'avais prévu un budget en me basant sur ce que j'avais pu dépenser en Inde et en Australie avant, ce qui était une grosse connerie. Tout est cher, il pleut, il fait froid, et moi je m'étais dit, je pars faire mon voyage estival, lire des livres, me retrouver. Et en fait au début ça a été une vraie épreuve physique et mentale. Je n'ai pas profité je pense de la Norvège comme j'aurais pu en profiter, mais voilà, ça a été un bon test. Il y a eu un autre petit défi que je n'avais pas mentionné avant, c'est que j'étais blessé avant de partir. Pendant quasiment un an, je pouvais plus faire de sport à cause d'un genou qui m'embêtait. Au moment où tout s'est passé, le corps, c'est assez marrant comment il peut réagir, mais au moment où j'ai eu tous mes coups durs, mon genou s'est retrouvé incapable de faire quoi que ce soit. Je pouvais plus faire de sport, j'ai fait un peu d'elliptique pour préparer mon voyage à vélo. Finalement, le corps sait se faire respecter quand même et parler. Du coup, mon genou, en plus de toute la Norvège qui était difficile, L'œuf en dé... Le dénivelé et tout ça, je me suis retrouvé au bout de deux jours sans pouvoir pédaler. Et je m'étais donné, je m'étais fait sur un petit tableau Excel en partant dans l'avion un nombre de kilomètres que je devais faire par jour et effectivement j'y arrivais pas. Au début je me suis dit j'ai fait tout ça, j'ai tout abandonné, j'ai quitté mon travail et en fait je veux pas le faire, je veux pas réussir à le faire, c'était impossible. Et j'ai appelé un peu comme Matt dans le podcast précédent, je m'étais fait un peu ma petite équipe de... médecins, kinés, ceux qui m'avaient suivi pendant l'année, j'avais pris leur numéro, j'avais juste pris un petit téléphone un petit nokia comme avant, on faisait les petits textos pendant trois heures et en fait j'ai pu appeler du coup mon pote médecin qui m'a simplement dit de faire une pause, qui m'a dit aussi un truc assez important ce qui m'a tenu pendant tout le long du voyage c'est qu'il y avait personne qui m'attendait à l'arrivée et je m'étais mis pas mal de pression sur le sur le fait de faire mes kilomètres tous les jours et tout ça, quand c'est le début du voyage on a envie de de tout faire bien, on a envie de savoir qu'on est capable de le faire. Et à ce moment-là, je ne me sentais pas capable. Donc lui, il m'a dit de prendre mon temps. Et donc, tout doucement, j'ai réussi à finalement faire 20 kilomètres, après 30 kilomètres, après 40 kilomètres. Et donc, tout doucement, à retomber dans ce que je devais faire tous les jours. Et c'est pareil sur le budget. Finalement, j'ai réussi à m'adapter un petit peu en termes de budget à la Norvège. Du coup, j'ai mangé des trucs pas très bonnes. J'ai vu qu'il y avait Lidl aussi, ça m'a sauvé Je mangeais un truc qui s'appelait du caviar, mais c'était pas du tout du caviar, en fait c'était une espèce de mayonnaise qu'on devait pas manger toute seule normalement, moi je la mettais sur du pain. Et quand j'ai raconté ça après à des Norvégiens chez qui j'ai dormi, ils se sont pas mal moqués de moi. Donc j'ai terminé la Norvège difficilement, à la fin je commençais presque à être sec. C'est pareil, j'ai passé pas mal de nuit trempé. Ma tente était tout juste à la bonne taille, donc j'avais mon sac de couchage qui touchait le bout de la tente. Bref, c'était un petit enfer. Quand les choses ne vont pas bien, en général, c'est assez concentré. Et du coup, pour moi, ça représente la Norvège. D'ailleurs, dès que j'ai passé la frontière, c'est marrant, c'est un grand pont énorme, hyper haut, qui passe entre deux fjords, entre la Norvège et la Suède. Il y a un petit truc magique à ce moment-là qui s'est passé. Le soir même en Suède, je dormais dans le jardin de quelqu'un. Ce qui n'était pas arrivé du tout en Norvège où je me débrouillais pour dormir où je pouvais dans la nature et dans des campings des fois hors de prix. Et en fait, arriver en Suède tout de suite, ça a été plus facile. J'ai pu retrouver une route de vélo qui passait entre les petites îles de Suède. C'était vraiment super beau. Voilà, la Suède, ça a été un peu plus facile. Très vite, je me suis retrouvé du coup à devoir traverser en bateau. C'est marrant parce qu'en voyage à vélo comme ça, dès qu'on prend un autre moyen de transport que le vélo et qu'on avance sur des kilomètres un peu tout seul, il y a un côté un peu magique qu'on oublie des fois quand on fait de la voiture ou de l'avion tout le temps et tout ça. Et c'est vrai que le vélo nous permet de remettre un peu quand même les pieds sur terre et de se dire qu'en fait faire des kilomètres, il y a un côté un peu magique quand on le fait de manière portée. Dans les pays du nord C'est pas mal de raconter ces histoires-là, que la nature appartient à tous. Et donc j'en ai un peu profité, parce que c'est vrai que financièrement, le fait de pouvoir dormir où on veut, c'est toujours cool. Et du coup j'ai eu quelques surprises, et en Suède, une fois j'ai dormi dans une forêt, j'essayais toujours de me cacher un petit peu quand je dormais comme ça en nature. Et cette fois-là, je sais pas, il y avait une route juste à côté, j'ai voulu aller vraiment me cacher. Et donc voilà, je me suis couché. Sachant que les nuits peuvent paraître assez bizarres, parce que dans les pays du Nord, en été, il fait jour toute la nuit. Et je me suis retrouvé cette nuit-là, du coup, en plein milieu de ma forêt, seul de chez seul, et réveillé par une heure du match, je pense, par un animal, assez énorme, je pense, en tout cas. Et j'ai été terrorisé. Le truc, il est tombé sur moi pendant que je dormais. et Bon déjà je panique et du coup je me suis retrouvé avec la main sur le zip de la tente à me dire soit j'ouvre, donc du coup je laisse la possibilité à cet animal inconnu de rentrer dans ma tente, soit je me dis que je raconterai cette histoire sans savoir l'animal que c'était. Et voilà ça m'est arrivé plusieurs fois d'entendre des bruits la nuit et de ça, mais là cette fois-là le truc qui m'est tombé dessus et c'était vraiment lourd, en tout cas ça m'a réveillé, moi bon réveillé il faut le faire quand même, je peux dormir partout. Même quand il y a du bruit et tout ça, et là c'est vrai que ça a été un moment de peur, un peu d'excitation, parce que je me suis dit oui, vraiment là, du coup je suis connecté à la nature et tout ça, mais pas dans la façon dont je voulais forcément le vivre. Et donc voilà, cette nuit-là, ça a été un moment assez drôle, je ne saurais jamais du coup l'animal que ça a été, mais ça m'a fait quand même bien flipper, et c'était finalement assez drôle maintenant avec du recul, parce que cet animal il est... Il est reparti et le matin, c'est vrai que j'ai regardé, j'ai essayé de chercher un peu les traces de pas et tout ça. Je ne saurais jamais du coup quel était cet animal. Voilà, ensuite je me suis retrouvé au Danemark. Et au Danemark, j'ai commencé à retrouver des gens, à pouvoir rééchanger un petit peu. Des fois, j'allais chercher des campings aussi, je ne dormais pas que dans la nature. Pour essayer aussi de pouvoir rééchanger avec des personnes. Le Danemark, pour moi, ça a été un peu le début de ça. Il y a beaucoup de shelters en Danemark. C'est-à-dire qu'ils créent des endroits aussi pour que les voyageurs puissent se poser. C'est un concept génial. Il y a de quoi dormir sous des huttes en bois, se faire son barbecue et tout ça. Là, j'ai pu rééchanger avec des personnes. Ça a été aussi quelque chose d'assez sympa. Vraiment, la nature dans les pays du Nord, ça a été magnifique. Je me rappelle, je crois que c'est deux jours après mon arrivée. Au Danemark, sur une plage, il y a la pisciclable, la pisciclable numéro 1, que finalement j'ai décidé de suivre le long de la mer, qui fait 8 km sur le sable, entre les falaises et la mer. C'est que pour les vélos du coup, et c'est des choses que j'ai trouvées que là-bas. Au Danemark, vraiment, tout était fait pour le vélo. Dans les pays du Nord, globalement, il y a une telle culture vélo que finalement, ça en devient hyper facile. Et moi, sans GPS, dans les pays du Nord, c'était hyper easy. On va voir par la suite de mon voyage que plus on descend, moins c'est facile de faire du vélo et pour autant plus les conditions météorologiques sont faciles. J'ai rencontré aussi la première rencontre un peu magique de ce voyage, ça a été un anglais. Comme quoi rien n'arrive par hasard, c'est un anglais qui était parti faire un voyage à vélo, qui longeait la côte, depuis la côte française jusqu'au Danemark. Et il était parti faire ce voyage pour distraire sa meilleure amie qui était en phase terminale d'un cancer. Elle avait toujours rêvé de faire ce projet-là en vélo. Et lui, sur un coup de tête... Il est parti faire ce voyage. Du coup, il était surconnecté à WhatsApp et tout ça. C'est marrant parce qu'il avait un certain âge. C'était pas forcément le mec le plus connecté que j'aurais imaginé à la base. Et il racontait tout, il faisait des photos de tout et tout ça. Il m'a pris en photo parce qu'il m'a rencontré, il m'a parlé. Et j'ai été hyper touché par son histoire. Il était vraiment pris d'une mission. Il m'a partagé le fait que cette dame-là... A chaque fois qu'il lui parlait, il ne parlait pas de son cancer et tout ça, mais il parlait d'un voyage et des découvertes qu'il faisait et tout ça. Donc ce côté-là de faire voyager la personne qui était atteinte d'un cancer, j'ai trouvé ça génial. Et ce matin-là d'ailleurs, il m'a raconté ça au petit-déj, je crois que je n'ai pas bougé avant midi tellement j'avais les fristons sur les bras et tout ça. Tellement ça a été un moment fort. Et lui, il était d'une simplicité, il n'a jamais réfléchi à son effort, jamais réfléchi à... Si ce projet fallait le faire ou pas, il était marié, il avait laissé sa femme et tout. Il était parti faire ça pour sa meilleure amie qui allait décéder d'un cancer. Et là il allait rentrer, en plus tout le long du voyage il espérait que du coup il puisse finir son voyage. Et là il était sur la fin de son voyage quand je l'ai rencontré. En bref, j'en ai encore des frissons quand je le raconte à ce moment là. Voilà, donc j'ai enchaîné après avec l'Allemagne. L'Allemagne, pour moi, c'est le souvenir que j'en retiens, c'est beaucoup de moutons. Parce que les pistes cyclables qui sont le long de la mer, la mer du Nord, globalement, c'est pas une très belle mer, c'est pas des très belles plages et tout ça, c'est même souvent de la vase. Et donc, souvent, ils mettent beaucoup de zones avec des moutons. Donc moi, je passais, je me suis même, c'est vrai, retrouvé des fois à parler avec des moutons, à me marrer avec les moutons. C'est marrant parce que je notais tous les jours, j'essayais dans mon carnet, de noter les trois choses positives qui se passaient dans ma journée et j'ai vu que les moutons, en relisant, ils étaient assez présents. L'autre chose marrante avec mon carnet d'ailleurs, c'est qu'au début, je mettais souvent dans les points positifs les interactions que j'avais avec les personnes de ma famille que j'arrivais à appeler de temps en temps, les quelques contacts que j'avais réussi à garder. En faisant cet exercice de décrire tous les jours ce qui se passait, je me suis rendu compte que la bouffe, c'était quelque chose d'ultra important et que dès que je mangeais un truc qui changeait un peu ou que je me faisais un petit plaisir, ça devenait pour moi vraiment le plaisir de la journée. Donc c'est pareil, c'est des choses qu'en fait aujourd'hui, j'essaye de cultiver un petit peu et c'est assez marrant. Ce matin, ça a dépoté. Réveil à 6h30, toilette, sport, on s'habille, petit déjeuner, tente, prêt à 8h30. Un record. Le chemin est beau, mais le genou reste fébrile. Et le vent est fort, très fort. Un rayon se pète, mon vélo commence à tanguer. Je décide quand même de traverser 12 km avec un vent plein de face. Je suis épuisé. Résultat, un camping pas cher en face d'une église chapiteau et porridge à 16h. Du grand n'importe quoi. Vivement la fin. En Allemagne, j'ai eu mon premier coup dur mécanique. J'allais vers Hambourg. Journée magnifique, la journée commençait super bien. Et il y avait un petit problème. Je sentais que mes vitesses, ça bougeait un petit peu. Et que le dérailleur, du coup, il y avait quelque chose qui ne se passait pas bien. Et du coup, là, j'ai fait ce qu'il ne faut absolument pas faire. Je me suis dit que ça se réglerait tout seul si je faisais un peu le bourrin. Je l'ai fait en descente. Du coup, mon dérailleur, il est venu se mettre... complètement dans ma roue, donc ma roue s'est retrouvée voilée avec le dérailleur qui s'est déchiré donc là même si on n'est pas mécanique il me fallait de la magie et en fait la magie elle est arrivée un peu plus tard bon je me suis retrouvé, j'ai payé quand même ce petit moment débile et du coup j'ai marché pendant 2h et je me suis retrouvé à traverser l'Elbe avec un petit ferry et là ça a été assez magique parce que juste en les gens m'ont vu dans le ferry avec mes mains dégueulasses où j'avais essayé de cacher d'ailleurs le dérailleur un peu pour que ça fasse pas trop pitié, en bougeant mon vélo sur le bateau. Et en fait, en arrivant, il y avait une camionnette d'un réparateur de vélo qui était là. Et il y avait un mec, sans rien me dire, qui avait téléphoné à un de ses potes qui était réparateur de vélo. Et donc, il est venu me chercher avec la camionnette et qui m'a emmené réparer mon vélo. Ça a été un petit moment, ouais, assez magique, ce moment-là. J'ai continué finalement l'Allemagne jusqu'aux Pays-Bas. les Pays-Bas j'ai pu découvrir un truc qui était super qui sont les campings de fermes. C'est les fermes qui aménagent un petit endroit aussi pour pouvoir dormir. Ça, ça a été super cool, j'ai fait des super rencontres, j'ai bien mangé aussi. Ça a été canon sur les Pays-Bas. Des fois, c'est des petits endroits très simples. Le premier que j'ai fait, il y avait quelques coques sur un côté. C'était un mec qui était fan de vélo, qui avait réaménagé un petit endroit. Il avait mis un petit côté de sa grange avec quelques bancs. des Lonely Planet qui étaient restés là et d'ailleurs je me retrouvais tellement bien dans cet endroit finalement très simple le côté ferme, il y a ce côté aussi connexion à la nature que j'allais chercher et je me suis retrouvé tellement bien que je me suis offert aux Pays-Bas dans ce camping de ferme ma première pause, ma journée où je ne roulais pas, qui est quand même quelque chose d'important et que j'ai fait plus souvent après c'est un concept que j'ai trouvé qu'aux Pays-Bas je sais que ça se développe un peu en France les campings de ferme Vraiment un endroit où on vient chercher le calme et c'est pas du tout... Le terme camping on devrait même pas l'utiliser, ça ressemble pas au gros camping qu'on retrouve chez nous. On est vraiment dans un coin du jardin avec le fermier. C'est très simple, souvent il y a 2-3 produits bio à dispo. Là je me souviens que j'avais eu des oeufs, c'est la première fois dans mon voyage où j'ai mangé des oeufs que je pouvais pas les conserver. C'est des petits moments assez cool, assez calmes finalement pendant le voyage et ça c'est super. Au Pays-Bas, ce qui m'arrange, j'ai une petite anecdote parce que j'attendais pas mal les Pays-Bas pour le côté plat des Pays-Bas. Et en fait, quand c'est plat, ça veut dire qu'on est très très ouvert face au vent. Et j'ai une anecdote assez sympa sur ça. J'ai un matin où vraiment on avait le vent en pleine tête. Et je me retrouve à faire un peu une course au ralenti avec un vieux monsieur, qui avait quelques sacoches derrière et ça, je voyais qu'il voyage à vélo. On se dit bonjour une première fois. Une deuxième fois je dépasse, et après ça devient gênant parce qu'on se dépasse souvent, et on se dit plus trop bonjour, mais il y a une petite compète qui s'installe. Et en fait, arrivé un peu plus loin, je me suis posé avec lui, je sors la cafetière et tout ça, je lui offre un petit café, et en discutant je me rends compte que ce monsieur est en train de faire ce voyage parce qu'il a vaincu le cancer de la prostate, et c'est le cancer duquel mon père était décédé. Et ça m'a fait vraiment un effet fou. J'avais l'impression que c'était un peu surnaturel et surréaliste. Je savais que j'allais m'exposer à des moments comme ça, je ne savais pas que ça arriverait comme ça aussi fort. Et en fait, lui, il faisait ce voyage-là parce qu'il avait survécu à son cancer de la prostate. Il était parti tout seul. Et c'est marrant, c'est que lui, il n'avait pas de but. Il roulait juste jusqu'à ce qu'il en ait marre et qu'il puisse rentrer. Mais il célébrait un peu sa victoire sur le cancer. Et oui, moi, j'ai été hyper touché par ce moment-là. D'ailleurs je l'ai réécrit et ça m'a souvent suivi Je suis souvent tombé sur des personnes avec qui il y avait des histoires un peu communes. Mais là, c'était vraiment criant. Et en plus, il y avait eu cette petite course avant qui était hyper drôle. C'est lui qui m'a dit qu'il mangeait des graines de courge pour essayer de lutter contre le cancer de la prostate. C'est pareil, c'est quelque chose qui m'a suivi. J'ai essayé de chercher des graines de courge tout le long de mon voyage après. Alors que ce n'est pas très bon quand même. Et c'est cher en plus. C'était une anecdote sympa au PUA. Les Pays-Bas c'était aussi un plaisir sans GPS, parce que c'est ce que j'expliquais, autant les pays du Nord sont très bien équipés en pistes cyclables et tout ça, autant les Pays-Bas pour ça c'est le paradis, c'est-à-dire qu'il y a même des alternatives. Je notais tous les matins des petits numéros, il y a un peu des checkpoints, c'est vraiment simple. Moi c'était pas simple tous les jours sans GPS, c'est vrai que c'était une complication. C'est aussi pour ça que j'avais choisi de suivre la mer tout le long pour avoir un repère visuel et de me dire tant que je suis la mer et que j'ai la mer à ma droite, globalement, je suis dans la bonne direction. Du coup, je suis arrivé en Belgique. La Belgique, en réalité, la côte belge, c'est quelque chose d'assez court. C'est que 70 kilomètres. Donc la Belgique, oui, la Belgique, juste avant d'arriver en Belgique, j'ai croisé un Belge aux Pays-Bas qui était en vacances et qui me dit, j'avais prévu moi de faire un arrêt en Belgique. Il me dit faut pas faire la côte belge parce que vraiment il n'y a rien à faire sur la côte belge, il n'y a rien de beau à voir. Et du coup c'est vrai j'ai tracé la Belgique, je lui ai fait confiance. Et bon ce que j'ai vu c'était vrai que c'était pas hyper beau ni hyper adapté au vélo. Après je me suis retrouvé en France à peu près un mois après le début de mon voyage. Donc là c'était le moment où j'allais retrouver un peu mes proches, mon chien aussi que j'avais quitté un mois plus tôt. C'est vrai que j'attendais ce moment, notamment au début où les conditions étaient difficiles, j'attendais ce moment avec impatience, de retrouver à Wimereux, là où mon père a enterré, lui faire le petit clin d'œil. C'est vrai que j'avais ce truc-là en tête, cette visualisation de me dire j'allais passer devant sa tombe avec le vélo, avec tout. J'avais son portrait sur le vélo. C'est un moment important pour moi. Ça a été aussi pour moi des moments de partage. C'est vrai que j'ai roulé tout seul tout le début. Et en France, j'ai pu rouler avec des amis, rouler avec ma petite sœur aussi en Normandie. À ce moment-là, je me suis rendu compte aussi que mon corps avait déjà un peu changé. Et finalement j'étais capable d'encaisser beaucoup plus de kilomètres. Je l'ai vu aussi avec mes amis sportifs qui sont venus me rejoindre. Et j'étais assez facile, je peux le dire maintenant, alors que j'avais toutes les sacoches et tout ça. Donc ça c'était vraiment un moment sympa. Tout ça, ça s'est terminé du coup dans le sud-ouest de la France. Je suis passé par la Vélodyssée, que j'avais déjà traversée quelques années plus tôt. C'est vraiment, je leur dis parce qu'en France on est en... il faut le dire aussi, on a aussi des choses super bien. Et la Vélodyssée, c'est une super partie qui part de Bretagne, de Roscoff, jusqu'à Andaille. On passe dans les pins, c'est vraiment magnifique. Et là, en plus, pour que tout marche bien, j'avais aussi mes deux meilleurs potes avec moi sur cette partie-là. C'était vraiment génial. Et j'ai pu terminer chez mon petit frère qui habitait à Andaille. Donc voilà, la partie française, c'était... La partie où finalement, moi qui étais parti pour être tout seul, j'ai eu plutôt plein de témoignages de potes, de personnes qui étaient sensibles à mon voyage. Et donc c'était vraiment une belle partie. Et ça s'est conclu par la traversée des Pyrénées, qui du coup là m'a complètement perdu parce que je ne voyais plus la mer. Et là je me retrouvais à nouveau tout seul. Et j'ai fait 20 kilomètres de... je me suis trompé sur 20 kilomètres ce jour-là. D'ailleurs, j'essaie souvent de m'en rappeler. Dès que j'ai la flemme, je me souviens que j'ai fait ce truc-là. Du coup, j'ai traversé les Pyrénées en me trompant de route. Et je suis monté, monté, monté. Vraiment, ça a été hyper difficile. Parce que de se tromper de route quand on monte, c'est horrible. On s'en veut beaucoup. Et je voyais en plus la route en bas que j'aurais dû prendre. et ça en bref
Speaker #0Et après je me suis retrouvé sur le vrai chemin de Compostelle. Donc là ça a été d'autres rencontres avec des personnes qui venaient chercher aussi des choses comme moi je venais chercher. Arriver à Compostelle ça a été un moment très fort aussi pour moi. Je me suis retrouvé à faire des petits textos, il faut m'imaginer avec mon petit téléphone. Du coup, mes petits textos, je redevenais bon, j'ai retrouvé mes skills quand j'étais en troisième avec mon petit Nokia. Et c'est le moment où je me suis retrouvé pendant quasiment cinq heures assis sur la place. Je pleurais, je rigolais, je faisais mes messages. Je remerciais tous ceux qui m'avaient un peu soutenu sur le début du voyage, qui m'avaient touché. J'ai eu pas mal de petites attentions de mes proches qui m'ont soutenu pendant le voyage. Ça a été vraiment le moment où moi je les ai remerciés. Je sentais qu'une partie du voyage était terminée à ce moment-là, même si j'avais décidé d'aller jusqu'à la pointe du Portugal pour terminer mon voyage. Après cette étape-là, moi ça a été vraiment la liberté. Et en plus, ça s'est conclu par le Portugal. C'était en septembre, Portugal. Tous les surfers, tous les jeunes qui sont là sur la côte, il y avait un côté beaucoup plus léger et j'étais devenu, j'aime pas dire ça, mais presque une machine pour faire du vélo, il n'y avait plus aucun effort. C'était simple, je me levais le matin, j'avais une routine toute faite, je faisais ma méditation, je faisais du sport, ce qui est un peu bizarre, mais je faisais quand même mon sport le matin avant de partir rouler. Il y avait mon petit-déj, souvent du coup dans des spots où j'avais la vue sur la mer avec les surfers. Vraiment le Portugal ça a été trop cool et en plus le niveau vent, le Portugal c'est un moment où j'ai eu le vent dans le dos tout le long. Il y a quelque chose d'assez logique dans ce voyage avec toutes les difficultés du début et cette histoire de réapprendre à me faire confiance et à la fin finalement tous les éléments qui sont faciles et puis en plus du coup il y a le côté quand même pas cher donc je pouvais manger des trucs différentes et j'ai pu tester vraiment les spécialités du pays. Là où c'est vrai que dans les pays précédents, avec mon budget de 25 euros par jour, j'ai mangé beaucoup de maïs, de thon et de flocons d'avoine. Globalement, sinon... Je me souviens d'ailleurs, en Norvège, il y a eu un moment où on m'a dit « Il faut absolument que tu testes le saumon norvégien. » Sauf qu'en fait, je me suis retrouvé à manger quasiment rien pendant trois jours après. Tellement c'était cher. J'avais payé, je crois, 40 euros mon plat. C'était bon, mais ça valait pas le coup par rapport au budget. Mon budget final, c'est vrai qu'à la fin, au Portugal, c'était quand même beaucoup plus facile, abordable. D'ailleurs, en termes de coût de vie, il y a un truc que j'ai pu comparer tout le long, c'est de me faire réparer mes rayons. Entre la Norvège et le Portugal, ce qui est exactement la même chose, c'est entre, on passe de 50 à 10 euros pour la même prestation. Donc ça, c'était assez rigolo. Donc voilà, tout ça pour dire qu'à la fin, tout était beaucoup plus facile au Portugal. Sur la fin du Portugal, il y a ma petite sœur qui est venue me rejoindre, Juliette, qui avait du temps, elle m'a prévenu je crois trois jours avant. C'est très difficile de se retrouver quand on n'a pas de smartphone et tout ça. Du coup j'avais décrit un endroit dans Lisbonne et on s'est retrouvés du coup. Et c'est vrai qu'elle avait un peu peur que moi sur la fin de mon voyage, c'est vrai que j'enchaînais les kilomètres. les choses se passaient très bien, je l'ai expliqué, et elle avait un peu peur de ne pas arriver à suivre. Et en fait, j'ai réappliqué ce que moi j'avais vécu sur la partie norvégienne, où c'était très difficile, où finalement, en commençant doucement, et en enchaînant d'abord 20 kilomètres, 30 kilomètres, c'est vrai que c'est un point sur lequel je voudrais insister, mais c'est... On y arrive finalement assez facilement, à force d'enchaîner les jours. C'est vrai que le premier jour peut paraître insurmontable, et quand on se dit qu'on va faire 50 km alors qu'on a du mal des fois à faire 5 km pour aller en centre-ville en vélo, ça peut paraître insurmontable, mais finalement, déjà, il suffit d'y aller doucement. Il n'y a pas besoin d'un matos de dingue pour faire ça. Ma soeur, elle avait vraiment récupéré... ... Un vélo dans un magasin sur Lisbonne, qui n'était pas un vélo de compète, et ça s'est très bien passé, ça a été vraiment l'histoire d'appréhender un peu le truc, et de se dire qu'il n'y avait, encore une fois, personne qui nous attend à la fin et qu'il n'y a pas de course. Et le vélo voyage c'est ça, vraiment, c'est de s'écouter, d'écouter son corps, et de ne pas y aller trop fort, et du coup on s'est adapté, et finalement à la fin... Juliette, sur l'arrivée finale, on faisait ensemble quasiment plus de kilomètres que ce que je faisais moi tout seul. Donc vraiment, ça se fait tout seul. C'est marrant parce que le vélo, on passe d'un effort au début, parce qu'il y a quand même la phase où il y a un petit effort, à un côté presque automatique et facile sur le vélo. Je ne sais pas si ça dépendra des personnes, mais souvent, c'est au bout de 2-3 jours, il y a un petit déclic. où l'effort il est plus là et d'ailleurs on arrête de faire un peu attention à son corps et on commence à lever la tête, on commence à regarder autour de soi d'ailleurs c'est marrant parce que pendant le voyage je suis devenu un fan des oiseaux moi j'adorais regarder les oiseaux qui venaient se caler au niveau j'ai même essayé d'apprendre en danois les noms des... j'avais trouvé un prospectus dans une office de tourisme avec les noms des oiseaux en danois déjà que je les connais pas en France mais du coup j'essayais d'apprendre ça mais c'est vrai que les oiseaux c'était des moments sympas Et ouais y'a ce côté là où... Le petit déclic, c'est quand on commence à lever la tête, on est un peu facile. C'est pareil, au début j'étais parti avec de la musique, où je voulais absolument me remplir la tête et essayer dans l'effort, j'avais des musiques de motivation avec tous ceux qu'on connaît de Rocky et tout ça. Et assez vite, je me suis retrouvé à arrêter d'écouter de la musique. Pareil, j'avais un MP3 et tout ça, j'ai l'impression que je suis parti dans les années 90. Et assez vite, je me suis retrouvé à juste rouler. Profiter, presque me servir du vélo comme un moment de méditation et de calme. Ça, je le garde pas mal aujourd'hui quand je cours, quand je fais du vélo. J'ai plus forcément mon casque sur les oreilles. Ça permet aussi d'être plus connecté quand on roule. C'est vrai que les vélos, ça fait pas trop de bruit aussi quand on se fait doubler, quand on entend un animal, quand on devient un peu plus sensible. C'est vrai que ça devient l'étape suivante. C'est quand on n'a plus besoin de se distraire dans l'effort et tout ça, quand ça devient un peu facile. Et que la nature, on se réapproprie un peu la nature. Il y a ce côté-là qui est cool. C'est vrai que la fin du voyage, elle est assez bizarre. Parce que c'est vrai que je partais avec l'idée de trouver quelque chose. Je ne savais pas quoi. Et en fait, quand on arrête, il n'y a rien. On ne nous donne pas quelque chose. En fait, ce que j'allais chercher, je pense que c'est les quatre mois qui se sont passés. Et à la fin, il y a un petit sentiment presque un peu bizarre parce que c'est vrai qu'on ne nous remet pas... Il n'y a personne déjà qui est là, je le redis. Il n'y a personne qui nous attend et on ne nous donne pas quelque chose. Je venais chercher de la confiance et je pense que ce n'est pas à la fin que je l'ai récupéré. Il y a plutôt un sentiment bizarre de « oui, je l'ai fait » . Un petit ancrage en soi qui dit un petit capital confiance qu'on vient récupérer, mais ce n'est pas juste à la fin du voyage. Du coup, si je dois faire un peu la conclusion de ce voyage, je pense que oui, finalement, ce que j'ai été chercher, c'est cette capacité à me retrouver seul et en fait à y arriver et à me dire que c'était possible. Je pense que quand j'ai imaginé ce voyage, c'est vrai que quand je raconte le début, Il y a un côté un peu kamikaze à se lancer dans ce voyage sans préparer, peut-être parce que j'avais envie de me tester, je me suis mis beaucoup de contraintes en ne pas tendant des objets connectés, en me coupant de pas mal de monde, en voyageant d'une manière particulière, et je pense que ça a été pour moi, je pense que je m'étais mis des contraintes pour voir si j'en étais capable. Et donc c'est plutôt ça à la fin qui reste, c'est que je me dis... Tous ces moments difficiles, seuls, j'ai réussi à les passer. C'est vrai qu'avant de partir, je suis l'aîné de 7 enfants. J'ai managé des équipes pendant quasiment 10 ans. Je suis président d'un club de foot. J'ai passé mon temps à être entouré de personnes. Et c'est vrai que j'étais aussi en couple pendant très longtemps, ce qui fait que je ne me retrouvais jamais seul. Et je pense que la vraie question à ce moment-là, ça a été de me dire, quand il y a eu tous ces événements, Est-ce que je suis capable de me retrouver tout seul et de faire quelque chose tout seul ? C'était ça la question. Avec un peu de recul, je me dis bah ouais en fait j'ai traversé l'Europe tout seul, en vélo, sans GPS. Et ça du coup c'est vrai que rien que le dire c'est cool, c'est pas mal quand même d'avoir fait ça. Alors aujourd'hui je vais bien, je pense qu'avec le contexte du Covid et toute la crise qui me vient de passer, je ne pouvais pas le savoir avant mais je pense que j'ai eu énormément de chance de voyager pendant 7 mois. Et donc je pense que j'ai traversé la crise un peu plus facilement. Finalement j'ai récupéré mon travail d'avant, toujours dans la communication. Mais je pense que je l'appréhende avec beaucoup plus de recul et beaucoup moins de stress qu'avant. J'ai fait une partie de mon deuil avec mon papa. Je pense que je vais beaucoup mieux aujourd'hui. Mais je suis beaucoup plus apaisé et c'est vrai que je peux le dire aujourd'hui, je pense que j'ai plus de confiance en moi.