- Speaker #0
Bonjour à tous et ravi de vous retrouver dans Histoire de Sportif, le podcast qui vous emmène à la rencontre de sportives et de sportifs de tous les horizons. Dans cet épisode, nous allons discuter avec Céline qui, après l'annonce d'un cancer, a radicalement changé, non pas son sport, mais sa vision du sport et sa manière de le vivre. Et le mot vivre prend évidemment ici tout son sens. On a bien sûr beaucoup de questions à lui poser. Alors sans plus attendre, on y va. On va où ? Chez Céline.
- Speaker #1
Histoire de sportif
- Speaker #0
Bonjour Céline.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Avant toute chose, est-ce que tu peux simplement nous dire qui tu es ? C'est important quand même.
- Speaker #1
Eh oui. Alors moi je m'appelle Céline, j'ai 35 ans. Je travaille actuellement dans le domaine des ressources humaines et en parallèle j'accompagne par le biais de l'association Douceur en Soi que j'ai créée des femmes en parcours de soins à travers la pratique du yoga et de la méditation.
- Speaker #0
Pour raconter ton histoire, Céline, et ta pratique du sport à travers ton histoire, nous sommes obligés de faire un retour en arrière. L'année 2018, on t'annonce que tu as un cancer du sein.
- Speaker #1
Effectivement, c'est à l'âge de 32 ans qu'on m'a diagnostiqué un cancer du sein. C'est tout simplement suite à l'autopalpation un dimanche soir que j'ai découvert une masse dans mon sein gauche qui s'est révélée quelques jours plus tard être un cancer. L'annonce est tombée exactement le 16 avril 2018. et là j'ai eu cette impression de vivre quelque chose qui n'était pas pour moi c'était vraiment étrange et c'était me dire aussi mais c'est pas possible pourquoi moi ? il doit y avoir une erreur c'est pas possible il y a quelque chose qui se passe c'est pas possible et en fin de compte c'est comme un tsunami j'ai vécu ce jour-là tout s'écroule tout s'arrête en fait
- Speaker #0
Alors après cette annonce, il y a évidemment le temps de réaction, mais les protocoles qui s'enchaînent très très vite, j'imagine, puisque toi, tu as tout eu en termes de traitement.
- Speaker #1
Voilà, c'est vrai que pendant quelques jours, je suis restée sous le choc effectivement de cette annonce. Il y a des milliards de questions qui viennent comme ça à l'esprit, parce que l'idée, c'est aussi de se dire, avec le recul maintenant, c'est l'inconnu finalement qui fait peur. Il y a plusieurs émotions. qui viennent se mêler, comme la peur, il y a la colère qui vient se mêler à tout ça. Et se dire, mais encore une fois, je n'ai pas envie de mourir si jeune. Et qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça, finalement ? Donc après, il y a un temps, effectivement, où moi, j'ai pu accueillir cette nouvelle et de me dire aussi que je dois faire confiance. Et j'ai fait confiance à l'équipe médicale qui m'a aidée. Et il y a quelque chose, une notion très importante aussi qui a été tout de suite mise en évidence pour moi, c'était de ne pas être... en résistance avec ce que j'allais vivre et ce que j'étais en train de vivre. Voilà, c'est effectivement, on va au combat, on veut gagner ce combat, mais c'était de faire plus qu'un finalement avec la maladie, d'accueillir ce que je ressentais et de poser des mots sur ce que j'étais en train de vivre. C'était important de commencer comme ça mon parcours pour être peut-être apaisée, être apaisée et mieux accepter ce qui m'arrivait. Alors effectivement, moi j'ai eu toute la panoplie qui va bien. pour ce cancer. Donc, trois semaines après l'annonce, moi, j'ai eu le droit à une tumorectomie. Donc, c'est l'ablation des tumeurs. Donc, j'ai eu la conservation de mon sein. Donc là, il y a ce rapport à soi par rapport à ce rapport aussi à son corps, finalement, qui travaille, de se dire comment je vais retrouver mon sein, comment va être ma poitrine, comment je vais m'identifier à ce nouveau sein, à cette nouvelle poitrine, finalement. parce que On ne se rend pas compte avant tout ça de se dire que finalement c'était important, on s'identifiait quand même à cette poitrine, à cette féminité. Et c'est vraiment aussi là que je me suis sentie vraiment vivante en fait, en frôlant la mort. C'est vraiment une sacrée dose d'adrénaline que j'ai pu retrouver après dans le sport. Mais voilà, c'est comme ça que ça a commencé, par une intervention. Très vite, les chimiothérapies ont commencé. Donc là j'ai retrouvé cette peur finalement, il y a cette peur qui m'a re-envahie, et c'était de se dire mais comment je vais être finalement après une séance de chimio, parce qu'on a l'idée de ce qu'on fait, de ce qu'on entend, de ce qu'on nous dit, de ce qu'on voit aussi à la télé finalement, donc voilà c'était cette appréhension de me dire mais on s'imagine le pire et de comment on va être, et ça a été aussi la peur de perdre mes cheveux. Après avoir eu peur de perdre un sein, j'ai eu peur de perdre mes cheveux. Ça a vraiment été très important pour moi dans tout ce parcours de soins, alors qu'au final, ce n'est pas si important que ça. Ce qui était important, c'est de guérir, de s'en sortir. C'est vrai que j'ai pris tout de suite le dessus sur la vie, sur la maladie. J'ai très vite rasé au bout de la deuxième chimio de séance. J'ai pris mon courage à deux mains. j'ai rasé du coup euh un petit peu ma tête. Et je me suis aperçue que j'avais le plus beau crâne du monde. Donc voilà, c'était une évidence. Voilà, c'était pour moi là de passer cette étape de raser ma tête. Donc c'était aussi de me dire je reprends le contrôle. Je décide là de... parce que j'ai pas forcément décidé d'avoir ce cancer. Mais voilà, je décide effectivement de ne plus avoir de cheveux. Et effectivement, le fait de reprendre le contrôle, c'est aussi cette... pratique sportive, c'était de dire je vais continuer et je vais accentuer cette pratique pour garder ce contrôle d'être en vie finalement et en fait tout simplement j'ai mis en place une routine un rituel bien-être qui a été, dans un premier temps c'était de changer mon alimentation c'était de consommer moins de sucre j'avais lu quelques articles par rapport à tout ça et du coup je m'étais dit on va mettre tous les champs de son côté et après ça a été une pratique plus intensive du sport
- Speaker #0
Avant qu'on parle de sport, il y a quand même une question existentielle, c'est comment vas-tu maintenant ? Est-ce que tu vas bien ? Est-ce que tout va bien ?
- Speaker #1
Tout va bien, on croise les doigts, tout va bien. Après, l'après-cancer, c'est une autre étape parce qu'on a cette épée d'amoclès au-dessus de nous. Je vais bien, ce qui est difficile, c'est de se dire qu'on est la même, mais non, on n'est plus vraiment la même. Voilà, on est notre vie d'avant, mais on n'est plus vraiment celle qu'on était avant. Donc c'est ça, c'est de retrouver sa place dans sa famille, dans ses amis. Mais je vais bien.
- Speaker #0
Alors Céline, tu nous disais que tout compte fait, ça change. Évidemment, une épreuve comme ça, ça change. Il y a la Céline d'avant, la Céline d'après. À travers ta pratique du sport, il y a quand même énormément de choses qui ont changé avec cette... « aventure » .
- Speaker #1
Effectivement, je ne fais plus le sport, la pratique, je ne le fais plus comme avant. Déjà, je me suis dit pendant ce parcours de soins que le sport allait m'aider, le sport allait devenir tout simplement mon allié. Et c'est vrai que la veille de l'opération, je suis partie faire une marche assez dynamique, histoire de tout bien évacuer le stress, etc. Et je me suis dit, mais Céline, il faut que tu mettes en place quelque chose par rapport après à l'opération et tout. Et du coup, dans ma petite tête, voilà, il faut mieux trotter un rituel pour l'après-opération, mais c'est aussi pour me libérer l'esprit et aussi de cette charge mentale. Et du coup, voilà, après l'opération notamment, je me suis mis beaucoup à la marche. La marche rapide, la méditation aussi, ça m'a vraiment aidée ici à me libérer.
- Speaker #0
Précisons quand même que tu as toujours été pratiquante de sport, tu as toujours fait du sport, sauf que tu ne le faisais pas de la même manière, c'est-à-dire qu'avant tu le faisais un peu mécaniquement on va dire.
- Speaker #1
Voilà, effectivement, avant je faisais le sport parce qu'il fallait faire le sport. Aujourd'hui, ma pratique sportive, ce n'est plus ça, c'est effectivement, je fais le sport pour me vider la tête. Mais je fais le sport aussi pour être en conscience de mes sensations, être consciente aussi de mon corps. Et l'idée aujourd'hui aussi, ce n'est pas tant d'être dans une performance qui m'intéresse, c'est tout le chemin que je vais mettre pour, par exemple, je ne sais pas, moi, courir 20 minutes ou faire une marche assez dynamique. C'est-à-dire, mais qu'est-ce qui se passe pendant tout ce temps, pendant toute cette pratique, même quand je pratique le yoga ? C'est de se dire, mais qu'est-ce qui se passe en soi ? C'est ça qui est beau, c'est ça qui est génial en fait, dans la pratique du sport.
- Speaker #0
Et alors pour qu'on se rende bien compte, j'imagine Céline qui sort de chez elle, qui va courir. Qu'est-ce qui se passe dans ta tête au moment où tu cours ? Tu penses à mettre un pied devant l'autre ou tu penses à toute autre chose ?
- Speaker #1
Je ne pense pas forcément à quelque chose. Je me dis surtout que j'ai de la chance d'être là et de pouvoir faire ce que je m'apprête à faire en fait. C'est ça, l'importance d'être en vie.
- Speaker #0
Je reviens un tout petit peu en arrière sur ta pratique du sport, sur ce déclencheur qui a fait que maintenant tu vois la pratique du sport différemment. À propos de ton entourage, parce qu'on sait que pendant la maladie, l'entourage peut changer. Est-ce qu'on t'a compris tout de suite ? Est-ce qu'on a compris ta démarche ?
- Speaker #1
Je ne m'étais jamais posé la question, mais je pense que ça a été tellement évident pour moi que ça a été évident pour mon entourage. Je pense notamment à mon mari qui m'a soutenu tout au long du parcours et encore maintenant. parce que j'ai encore de chouettes promesses projet et du coup écoute moi j'ai envie de te dire que ça s'est naturellement mis en place en fait tout ça et donc c'était que c'est juste pour moi aujourd'hui de le faire et alors lui justement qui est très proche de toi et qui est sportif aussi je pense est-ce que ça a changé sa pratique du sport à lui ?
- Speaker #0
est-ce que c'est communicatif ? est-ce que c'est contagieux ?
- Speaker #1
alors effectivement c'est contagieux parce que Des fois, quand je lui parle de méditation ou de choses comme ça, il me dit « Mais moi, tu sais que je médite quand je cours ? » « Hum, tu médites quand tu cours ? » Je lui demande du coup de m'en dire plus. C'est vrai que de par lui, son expérience en tant qu'aidant, on voit les choses différemment dans la pratique du sport, même s'il me dit « Oui, je médite » . Mais est-ce qu'il médite comme moi ? Je médite quand je cours ? Je ne sais pas.
- Speaker #0
En tout cas, tu lui as transmis.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Il y a d'autres changements qui ont eu lieu dans ta vie par rapport à ton travail, par exemple ? Tu as changé d'activité ou partiellement ? Ça a changé quoi ?
- Speaker #1
Alors effectivement, j'ai changé partiellement mon activité. C'est-à-dire que là, pour l'instant, je suis sur un poste à mi-temps dans le domaine des ressources humaines. Et l'autre mi-temps, je le consacre effectivement dans l'accompagnement des femmes en parcours de soins. Donc comme je l'ai pu le dire tout à l'heure. Par la pratique du yoga et de la méditation, tout simplement, moi, ça a été une évidence pour moi d'ici, vraiment de transmettre et de partager tout ça, de ce que moi j'avais vécu pendant mes traitements. Et voilà, c'était une évidence pour moi aujourd'hui de partager ça et de pouvoir aider en fait ces femmes à remédier, que ce soit aux effets néfastes des traitements, mais aussi pour améliorer leur qualité de vie, tout simplement, pendant les traitements.
- Speaker #0
Mais alors, à quel moment tu t'es dit, parce qu'avant tu pratiquais du sport, et à un moment donné tu t'es dit, le sport va m'aider, ça va être mon allié. Mais de là à avoir son sport comme allié et transmettre pour aider les autres, il y a quand même un pas. À quel moment ça t'est venu ? C'était quoi le déclencheur de ça ?
- Speaker #1
Je pense que ça a été lors d'un cours de yoga. Il y a quelque chose qu'on dit souvent, des fois on a des intuitions, on a des évidences. Et moi c'est là, c'était pendant un cours de yoga tout simplement. Il y a une évidence qui est venue à moi de me dire, Céline, tu dois transmettre, tu dois partager ce que tu es en train de vivre pendant un cours de yoga.
- Speaker #0
Et alors, tu as décidé de t'impliquer pour aider les autres. Ça se passe comment pratiquement ? On s'inscrit, on devient prof, on doit passer des diplômes. Comment ça se passe ?
- Speaker #1
C'était toute ma interrogation, effectivement, de me dire comment je vais faire pour transmettre ça et pouvoir aider les femmes. Du coup, j'ai commencé par me renseigner sur les différents diplômes qui existaient, sur ce qui était accessible aussi pour moi. Du coup, je me suis lancée dans un diplôme universitaire de yoga adapté à l'université. Donc, j'ai fait mon... dossier, l'aide de motivation, etc. Et je me suis dit, oh, Jadine, tu ne vas jamais être prise de toute manière, etc. Ce qu'on peut se dire avec nos croyances limitantes. Et finalement, mon dossier a été accepté. Donc, pendant un an, j'ai fait ce diplôme. Et pendant ce diplôme, j'ai eu l'élan de créer aussi mon association Douceur en Soi. Et donc, depuis début d'année maintenant. J'accompagne les femmes effectivement au parcours de soins.
- Speaker #0
Et tu pratiques quel yoga ? Parce qu'on sait que des yogas il y en a 100 000, 200 000, enfin je ne sais pas combien il y en a mais il y en a beaucoup. C'est lequel ton yoga ?
- Speaker #1
Ah c'est mon yoga. Moi je ne fais pas forcément de... Alors c'est vrai que comme tu l'indiques, il existe énormément de sortes de yoga. Pour moi il n'en existe qu'un, c'est celui qui nous ramène à cette conscience du corps, à cette connaissance de soi. Que ce soit un yoga lent, dynamique, on peut être dans une posture pendant une heure, c'est ok avec ça. Moi je pratique le yoga qui me semble juste de pratiquer à l'instant présent, tout simplement. Après effectivement je vais adapter mes postures en fonction des tensions ou des émotions que je ressens, forcément. Mais quand j'ai besoin de faire un yoga dynamique, je fais un yoga dynamique. Quand j'ai besoin de faire du lent, je fais du lent. Juste être à l'écoute de son corps, c'est ça qui est important.
- Speaker #0
Et pourquoi le yoga ? Pourquoi pas le jogging, le badminton, le tennis de table, la pétanque ?
- Speaker #1
C'est une très bonne question Olivier. J'ai fait pendant 5 ans du Qigong et du Tai Chi Chuan, donc j'étais déjà dans cet aspect un peu énergétique à cette connexion de son corps. J'avais commencé le yoga en 2014-2015 et je m'ennuyais sur le tapis. Je me disais que ce n'était pas fait pour moi cette histoire. qu'est-ce que je fais là, etc. Et finalement, avec le cancer, le yoga est revenu sur mon chemin. Et donc là, je me suis dit, mais Céline, il y a un signe. Et effectivement, le cancer m'a permis d'être vraiment en intériorisation avec ce que je vivais et le yoga m'a permis ça.
- Speaker #0
Alors si j'ai bien compris, tu donnes des cours de yoga pour adoucir la vie des femmes qui ont un cancer du sein. Est-ce que ça veut dire qu'il faut forcément avoir eu un cancer du sein pour assister aux cours de yoga de Céline ?
- Speaker #1
Alors dans un premier temps, là aujourd'hui, parce qu'il y a aussi cette... On peut avoir un bac plus 5 ou un bac plus 10 dans n'importe quel domaine. Pour ma part, je cherche toujours cette légitimité de faire les choses. Pour l'instant, je me sens légitime aujourd'hui d'accompagner les femmes à atteindre un cancer. alors pas pas forcément cancer du sein, parce que l'idée, c'était pas tant de dire, il y a une dame qui frappe à ma porte ou me sollicite et me dit, moi, j'ai un cancer de l'utérus, est-ce que je peux venir ? Je ne me voyais pas dire à la personne, ah ben non, tu n'as pas tiré le bon cancer. Ce n'est pas possible de faire ça, ce n'était pas imaginable. Et donc, moi, non, je fais le choix aujourd'hui d'accompagner les femmes à atteindre un cancer, en général, il n'y a pas de spécificité de cancer.
- Speaker #0
Concrètement, ça se passe comment ? Un cours, ça se donne où ? C'est à l'hôpital ? C'est dans une salle ? C'est comment ?
- Speaker #1
Alors, comment ça se passe ? Alors, j'ai commencé l'accompagnement à l'hôpital. C'est comme ça que j'ai commencé mon activité. Là, pour l'instant, avec les mesures sanitaires, les cours ont été suspendus. Je continue les cours en visio, par contre, dans les ERC. Donc, c'est des espaces ressources cancer. Mais aussi, par le biais de l'association Montbonnet Rose, une... Une maison a été créée pour accueillir les femmes atteintes d'un cancer. J'ai fait partie du groupe Projet. J'ai intervient dans les ERC et dans la maison Montbonnet Rose qui se situe à Marc-en-Barrel.
- Speaker #0
Et à ton avis, avec le recul, même si tu n'en as pas tant que ça, c'est quand même tout récent, qu'est-ce qui t'a fait le plus de bien ? Qu'est-ce qui t'a le plus soutenu, aidé ? C'est de faire du sport ou de partager ton sport ?
- Speaker #1
Les deux. pour vraiment avoir ici un équilibre, parce qu'effectivement pouvoir me retrouver, pouvoir évacuer, c'est important, transmettre et parce qu'on apprend sur soi quand on pratique du sport, quand on fait du yoga, mais on apprend aussi sur soi quand on a le retour des patientes, quand on voit ce qu'ils se fassent dans leur regard, quand ils posent des mots sur la fin des séances et waouh ! Moi c'est mon équilibre, c'est comme ça.
- Speaker #0
C'est quoi d'ailleurs ton plus beau souvenir ? de transmission, de partage ?
- Speaker #1
Alors il y en a un qui me donnera toujours des frissons. Là rien que d'y penser ça remue beaucoup. Mais en fait, pendant mon parcours de soins, j'ai fait quelques défilés pour la lutte contre le cancer du sein. Et dont j'ai rencontré une jeune femme qui avait parti de l'aventure avec moi et aujourd'hui qui vient à mes cours de yoga. Et une fois, à la fin d'un cours de yoga, elle est venue me voir. Et donc déjà très émue de venir, je voyais dans ses yeux. Et là, elle commence à se mettre à pleurer et elle me disait tout simplement que c'était beau ce que je faisais, c'était beau ce que j'étais devenue. Et je me suis dit, waouh, ça c'est le plus beau cadeau qu'on pouvait me faire, je pense, pour me dire que j'étais peut-être sur le bon chemin.
- Speaker #0
On se remet tranquillement de nos émotions, merci en tout cas Céline de partager ça avec nous. On parlait tout à l'heure de protocole, c'est un bien grand mot, mais derrière se cachent des opérations et la chimiothérapie. La chimiothérapie, on sait que c'est fatigant, c'est épuisant. Comment on fait pour trouver l'énergie de faire du sport quand on suit un protocole de chimio ? Et puis surtout, est-ce qu'il y a des choses parfois qu'on ne peut pas faire ?
- Speaker #1
Alors c'est vrai que quand on commence les traitements, on nous dit que la pratique sportive va nous aider notamment à... à réduire la fatigue. C'est vrai que moi j'ai eu la chance d'être accompagnée par un coach en sport adapté au centre Oscar Lambret, où j'ai été suivie deux fois par semaine. J'y allais le lundi et le jeudi. Il y avait une séance où c'était plus du renforcement musculaire, c'était sous forme d'ateliers collectifs, individuels. On avait une salle adaptée avec plusieurs machines. Et une autre séance où c'était plus des séances, c'était des ateliers où on était en binôme avec une autre patiente, ça permettait aussi de créer des liens. Et j'ai aussi fait l'initiation à la boxe, j'allais le vendredi matin, donc là tout seul avec le coach, et là ça faisait un bien fou de pouvoir se défouler. Alors attention, j'allais à mon rythme, mais encore une fois c'était de se dire on se sent vivante, on reprenait aussi le dessus et le contrôle. Donc voilà, je faisais ça dans un premier temps après les chimios, donc c'était pas vraiment... C'est forcément évident parce qu'effectivement les chimios fatiguent beaucoup. Je faisais énormément de marches aussi, donc là plus avec les ERC où je faisais de la marche nordique. Donc là c'était aussi pour retrouver du cardio, aussi travailler l'amplitude de mon bras avec les bâtons pour travailler aussi tout ce qui était muscles pectoraux. Et après, petit à petit, au fur et à mesure de mon parcours, est venue la pratique intensive du yoga, du pilates. Il y a toujours eu la marche. Et petit à petit, il y a aussi le jogging qui est arrivé. Donc, je faisais vraiment des courtes séances. Parce qu'au niveau du cœur, il faut savoir que la chimiothérapie a des effets néfastes aussi sur le cœur. Donc, il faut vraiment faire attention. et c'est pour ça que... C'était important de se reconnecter aussi à soi et vraiment d'avoir cette deuxième écoute active de ce qui se passe en nous, ce qui se passe en soi. Il faut le faire parce que du coup, ça diminue effectivement la fatigue. J'ai oublié de le dire, mais ça diminue aussi les douleurs articulaires et musculaires qu'on peut avoir pendant les chimiothérapies. Mais encore maintenant, avec l'hormonothérapie, souvent les personnes me disent, « Mais moi, le matin quand je me lève, moi aussi le matin quand je me lève, c'est dur. » Mais voilà, c'est juste la pratique. Et qu'est-ce qu'on se sent bien après avoir été marcher ou en faisant ? quelques postures de yoga et c'est juste ça, c'est génial.
- Speaker #0
Mais tu n'as jamais été frustrée de ne pas pouvoir faire des choses, c'est-à-dire que tu as quand même toujours tout fait mais à ton rythme.
- Speaker #1
Voilà, c'est ça qui est important et c'est pour ça aussi que je dis pratiquer du sport avec un objectif de performance. Là, je pense que c'est là qu'arrive la frustration de se dire putain, je n'ai pas couru assez vite, je n'ai pas fait autant de kilomètres que j'aurais dû faire. Non, tu pratiques. Moi, pour ma part, je ne me pratique pas pour ça. Je pratique pour tout ce qui se passe pendant la pratique, ça qui est bien.
- Speaker #0
Alors petite anecdote qui tout compte fait n'est pas si anecdotique que cela, à l'hôpital où tu as suivi tes traitements, l'hôpital Oscar Lambret dans le nord de la France, tu as aussi participé à l'élaboration d'une brassière avec la marque Decathlon, une brassière pour les femmes qui ont eu un cancer du sein. Est-ce que tu peux nous expliquer ?
- Speaker #1
Effectivement, c'est lors d'une séance de sport à Oscar Lambret que l'équipe Decathlon est venue nous présenter le projet. de fabriquer une brassière de sport adaptée aux personnes ayant eu un cancer du sein, donc ayant eu une tumorectomie ou une mastectomie. Et donc c'est naturellement, encore une fois, ça a été une évidence pour moi de faire partie de ce projet. Donc j'ai pu dire mes besoins, ce que je recherchais moi dans une brassière de sport. Donc voilà, on a eu plusieurs échanges, que ce soit téléphonique ou que ce soit aussi par des questionnaires. Et ensuite, on avait du coup les prototypes et on devait faire des retours du coup à chaque pratique, en fait, comment on se sentait. Enfin voilà, j'ai fait ça pendant une bonne petite année.
- Speaker #0
Ça doit faire du bien aussi d'avoir des projets comme celui-là, comme devenir prof de yoga. Ça relance dans la vie quand même.
- Speaker #1
Ça relance dans la vie et je dirais même que ça donne du sens à sa vie et d'être acteur de sa vie. de ne pas forcément faire les... Les choses que la société nous demande de faire, finalement, de travailler, d'avoir des enfants, d'avoir une maison. Moi, aujourd'hui, je suis contente d'avoir fait deux défilés pour le cancer du sein. Moi, je suis contente aujourd'hui d'enregistrer avec vous. Je suis contente d'avoir fait des séances de photos pour le cancer du sein. Je suis contente, effectivement, d'être prof de yoga. Je suis contente de faire toutes ces choses-là, des choses qui ne sont pas, je dirais, pas normales, mais qu'on n'a pas l'habitude de faire. C'est les cadeaux de la vie.
- Speaker #0
Est-ce que tu crois que maintenant, tu pourrais tout compte fait vivre sans sport ?
- Speaker #1
Non. Ah non, clairement non. Non, non, non, non, je ne peux pas. Non, non.
- Speaker #0
Avant, tu le faisais simplement parce que c'était bien de faire du sport. Et maintenant, c'est un moyen d'exister aussi.
- Speaker #1
C'est un moyen d'exister. C'est un moyen aussi de, comment dire, de s'aligner avec soi. Là, avant le podcast, j'ai eu besoin moi de faire ma pratique. de quelques postures pour me recentrer, pour m'aligner, pour être vraiment pleinement présente avec vous.
- Speaker #0
C'est quoi l'avenir sportif de Céline maintenant ?
- Speaker #1
Ce n'est pas vraiment l'avenir sportif. Alors oui, j'aimerais faire un marathon avec mon mari. Ça serait un grand souhait de ma part. Mais après, il y a prendre en compte mon état. Mon corps, je ne suis pas non plus... Mais ce n'est pas tant ça, c'est aujourd'hui de monter d'autres projets et de pouvoir encore aider à ma manière toutes ces personnes qui sont en parcours de soins. Et aujourd'hui, à mon sens... Il manque des structures, il manque d'accompagnement, que ce soit sportif, psychologique, il manque tout ça. Et aujourd'hui, effectivement, j'ai fait partie du groupe projet pour ouvrir une maison pour accompagner ces femmes, pour les accueillir, pour leur donner le choix de plusieurs activités, pour qu'elles se sentent bien, pour égayer un peu ce parcours de soins, mais de créer peut-être un programme de réhabilitation, ce serait un chouette projet de faire ça avec Decathlon.
- Speaker #0
Quel est le message que tu aimerais laisser, mais pas seulement aux femmes qui ont un cancer d'ailleurs, à tout le monde, aux femmes, aux hommes ?
- Speaker #1
J'aurais envie de dire qu'il faut vivre la vie comme une expérience, qu'il faut se dire qu'on apprendra, même si c'est des expériences négatives. On apprendra toujours sur nous, sur les autres. C'est ça qui est important.
- Speaker #0
Si tu pouvais laisser un message à Céline en avril 2018 ? Tu lui dirais quoi ?
- Speaker #1
Très bonne question. Je lui dirais que rien n'arrive par hasard et que l'expérience du cancer va tout simplement la faire grandir. Même si au début c'est difficile de se dire que c'est bien ce qui nous arrive, parce que moi c'est souvent ce que je dis, je dis souvent que le cancer m'a permis de monter dans le train de ma vie. Avant j'avais l'impression de... De courir, de regarder ce train passer et de me dire mais pourquoi je ne monte pas dedans ? Et le cancer m'a permis aujourd'hui de monter dans ce train et c'est ce que je lui dirais.
- Speaker #0
Alors ce n'est pas forcément évident de reprendre la parole derrière ça, donc je me contenterai de dire merci Céline.
- Speaker #1
Je t'en prie. Écoute, je pense que ce que j'ai dit est venu avec le cœur. Encore une fois, ça a été juste pour moi de le dire à cet instant-là.
- Speaker #0
Et merci à vous d'avoir suivi ce podcast. Et s'il vous a plu, n'hésitez pas à le partager. N'hésitez pas non plus à mettre des étoiles sur Apple Podcast. Il y a beaucoup d'autres histoires de sportifs sur cette chaîne et sur l'autre chaîne Conseils de sportifs. Plein de bons conseils pour vous mettre au sport ou améliorer votre pratique du sport. On se dit à bientôt pour d'autres histoires de sportifs. Salut !