- Speaker #0
Conseil de sportif et de sportive, ce podcast vous accompagne dans la pratique sportive et répond aux questions que vous vous posez ou que vous ne vous posez pas encore sur la santé, le bien-être, la nutrition et le sport. Je suis Céciliane, journaliste et coach sportif, je serai toujours entourée d'experts et d'expertes pour aborder tous ces sujets. Maigrir, c'est la troisième raison des français et des françaises pour débuter une activité physique. Bonne ? ou mauvaise idée ? C'est avec Edwige Nguyen, diététicienne, qu'on répond à la question.
- Speaker #1
Bonjour Edwige.
- Speaker #2
Bonjour Céciliane.
- Speaker #1
On se retrouve dans le studio.
- Speaker #2
Je suis ravie, merci.
- Speaker #1
C'est bien installé ?
- Speaker #2
Très bien.
- Speaker #1
Aujourd'hui, on va parler du sport pour maigrir, parce que c'est souvent l'activité qui est prônée quand on est dans une démarche de... de perte de poids. Et justement, quand on souhaite perdre du poids, on parle souvent de balance calorique, on devrait dépenser plus qu'on apporte. Est-ce que c'est si simple ?
- Speaker #2
Alors, simple... Je précise,
- Speaker #0
Edwige sourit. Je pense que la réponse est longue.
- Speaker #2
Je vais tenter de la faire le plus courte possible. Mais en effet, la réponse ne peut pas être simple. Et à mon sens, ne doit pas être simple. Parce que ça serait mettre une problématique complexe et un sujet quand même dont on parle depuis de nombreuses années, bouger plus, manger moins, pour agir sur l'équilibre de cette balance énergétique. Ça serait la pointer du doigt de façon très réductrice. Même si physiologiquement, si on reprend la base, le corps c'est de l'énergie, c'est de la calorie qui est ingérée et dépensée. Donc on ingère des aliments qui nous apportent... de la calorie et quand on fournit de l'activité physique, on dépense de la calorie. Donc ça, c'est vraiment de la thermodynamique pure et dure de ce que c'est qu'un corps. La différence est que intégrer la logique que l'activité physique est le seul élément à faire rentrer en compte dans cette balance de déficit énergétique calorique dans le but de perdre du poids, c'est à mon sens dangereux et une... porte d'entrée vers d'autres troubles en lien avec l'alimentation et la régulation de son poids. Donc non, c'est pas simple du tout.
- Speaker #1
Quels sont les autres facteurs qui peuvent influencer la perte de poids ? En plus du sport ?
- Speaker #2
L'activité, alors je me permets de reprendre ton terme, c'est-à-dire que moi je vais plutôt parler d'activité physique plutôt que de sport et du coup l'activité physique est un facteur qui va avoir une action sur le métabolisme. Dans le but de le réduire ou de l'augmenter, ça dépend comment il est fourni. Et après, il y a effectivement d'autres facteurs environnementaux, génétiques, psychologiques, qui vont interagir aussi dans cette globalité de comment la balance énergétique va se réguler. Mais pas uniquement que le sport. L'activité physique a différents rôles dont il me paraît important aujourd'hui de préciser qu'ils sont beaucoup plus larges. que de le réduire à uniquement la perte de poids.
- Speaker #1
Je suis d'accord. Moi, c'est l'activité physique, le sport, c'est avant tout du plaisir. C'est souvent la chose qu'on conseille pour se lancer dans une démarche de perte de poids. Donc, faire du sport ou augmenter sa dépense calorique sans changer son alimentation, est-ce que ça peut vraiment contribuer à une perte de poids ?
- Speaker #2
Encore une fois, ça demande de la nuance, mais ça va y participer parce que ça va vous mettre en mouvement. Parce que ça va créer cette dépense dont je te parlais tout à l'heure sur le fait que l'énergie va être sollicitée et donc extériorisée. En fait, je le vois un peu comme un métronome. C'est à partir du moment où il est lancé, pour trouver l'équilibre, il ne s'arrête jamais. Donc l'idée, c'est un peu ça. C'est de créer cet équilibre, cette stabilité comme un funambule sur un fil. qui va pencher à droite, pencher à gauche, de ce métronome qui va équilibrer et qui va avoir cet impact sur la variabilité de ton poids, de ton équilibre corporel, etc.
- Speaker #1
L'activité physique agit sur tellement de choses. La tête, le moral, les fonctions vitales, etc. Tous ces bénéfices vont contribuer à un mieux-être dans son corps et éventuellement, si la perte de poids participe au mieux-être, pour cette personne-là, ça peut aider. Maintenant, ce n'est pas l'unique facteur pour perdre du poids. Mais tu vois, quand on va chez le médecin et il constate, alors ça dépend quel âge on a, moi on ne me l'a pas encore dit, il constate une hypertension ou du cholestérol, j'avoue l'avoir davantage entendu plutôt chez mes parents ou mes grands-parents. Quand on entend ce genre de choses, diabète, cholestérol, hypertension, Le médecin généraliste conseille de faire du sport. Alors, peut-être que là, il a raison, mais on aurait tendance à faire ce raccourci.
- Speaker #2
Alors, en fait, le lien qui me vient à l'esprit spontanément quand tu m'évoques ça, ce n'est même pas une histoire de raison ou pas raison, c'est que factuellement, la dépense énergétique calorique va participer, quand il y a des troubles métaboliques, souvent à restaurer, à améliorer certaines fonctions. par exemple Effectivement, quand tu parlais d'hypertension, renforcer la capacité respiratoire et la force du cœur par des activités d'endurance, ça va avoir une fonction bénéfique pour l'organisme. Dans les sujets de diabète, la régulation de la glycémie, du taux de sucre dans le sang, va être impactée par le fait d'avoir une activité physique ou pas. Quand tu es plus sédentaire et que tu as beaucoup de sucre dans ton sang, tu ne consommes pas cette énergie. En favorisant une activité physique, tu vas prioritairement aller la chercher, la consommer et participer à l'amélioration de ton statut.
- Speaker #1
Là,
- Speaker #2
on est vraiment sur les fonctions vitales et organiques qui sont intéressantes.
- Speaker #1
Ces pathologies-là, l'hypertension, le cholestérol, ne sont pas forcément associées. A du surpoids ?
- Speaker #2
En fait, ce qu'il faut savoir, c'est que des fois, c'est concomitant. C'est un peu comme la poule et l'œuf ou la poule. C'est que le surpoids ou l'obésité peut entraîner ce qu'on appelle des comorbidités. Donc, le développement de pathologies qui mettent en souffrance certaines organes, comme l'hypertension, le diabète, l'hypercholestéramie, etc. Et inversement, quand on a ces pathologies-là, souvent c'est que il y a Souvent, je précise parce que ce n'est pas toujours le cas, on va avoir de l'hypercholestéramie et ne pas être en surpoids, mais souvent, il y a un facteur surcharge pondérale qui rentre en jeu à côté. Donc, la régulation énergétique qu'on pourrait travailler via l'activité physique adaptée va permettre d'avoir un impact normalement positif sur ces pathologies et donc indirectement sur le surpoids. poids, s'il y en a.
- Speaker #1
Donc faire une activité physique avec ces pathologies-là, c'est intéressant. Est-ce qu'il faut aussi changer son alimentation ?
- Speaker #2
Encore une fois, l'idée, c'est d'avoir quel est l'objectif. Si c'est pour contribuer à une perte de poids, associer le changement d'alimentation et l'activité physique, encore une fois, sur le court terme, factuellement, métaboliquement parlant, je ne pense pas me tromper en disant que oui, il peut y avoir il peut y avoir un impact en fonction de quel poids on part et de quel type d'activité physique on parle. Après, ça a été démontré que l'activité physique n'a pas pour vocation de faire perdre du poids. C'est-à-dire que ça va augmenter aussi la masse musculaire, c'est une autre masse qui entre en jeu. Quand on se pèse sur un pèse-personne, on voit un chiffre qui reprend différents types de masse, la masse musculaire, la masse hydrique, la masse graisseuse, les os, etc. Donc, quand on fait plus d'activité physique, parfois on augmente cette masse musculaire et donc on peut même prendre de la masse sur ce pèse-personne.
- Speaker #1
On change sa composition.
- Speaker #2
On change sa composition, ce qui peut prêter à confusion pour la personne justement qui est dans cet objectif de perte de poids. donc ça prouve encore que augmenter ou favoriser Absolument, ce côté très rigide et obstinant à vouloir faire de l'activité physique dans le but de contrôler son poids, il est un peu dérangeant. Après, il peut participer à cette réduction si le poids initial doit être réduit et que l'alimentation à côté est encadrée et qu'on est dans des dynamiques très précises à des profils de sportifs pour des compétitions ou des situations d'entraînement. voilà pour performer, sans changer son alimentation. Pour moi, on a plutôt un profil à stabiliser sa composition corporelle, voire parfois à augmenter même sa masse globale sur un pèse-personne lambda. Je précise parce qu'en fait, il y a aussi des pèse-personnes qu'on appelle les impédances maîtres qui sont en capacité de pouvoir mesurer chaque groupe différencié et qui sont du coup avec une sensibilité et une précision plus affûtées. Donc on a presque tendance à prendre un petit peu plus de masse. J'ai encore rarement vu, en dehors de choses pathologiques, des pertes de poids grâce à l'activité physique, sans changer son alimentation. Encore une fois, tout dépend du poids.
- Speaker #1
De là où on part. J'imagine que peut-être quelqu'un de très sédentaire, qui du jour au lendemain se met à bouger, il va observer un changement.
- Speaker #2
Il va observer un changement. Encore une fois, il faut... à mon avis, est resté curieux d'où vient le changement. Parce que tu peux avoir une modification corporelle. On voit beaucoup ça dans les sports féminins d'activité physique, de cardio, de fitness, etc. Où le muscle s'affûte, se tonifie, la régulation de la force est différente, la composition se modifie, mais la masse corporelle, quand tu montes sur ton pèse-personne, ne bouge pas. Et ça, c'est aussi important de le préciser parce qu'on a tendance à faire ces raccourcis extrêmement simples, de se dire « bouger plus pour perdre du poids » , et bien des fois, bouger plus, ça nous fait modifier notre silhouette, ça nous fait parfois même prendre du poids, mais pas forcément pour, dans l'objectif d'en perdre, c'est pas forcément le résultat qu'on espérait, qu'on attendait. Là,
- Speaker #1
on remet un petit… peut-être un petit peu en question notre objectif de base.
- Speaker #2
C'est-à-dire qu'après, on entraîne aussi beaucoup de frustration, d'incompréhension sur c'est quoi un mécanisme physiologique. On n'a plus les bons référentiels en termes de métabolisme. Aussi, moi, je vois en tant que professionnelle de santé, une porte d'entrée entre vouloir absolument utiliser l'activité physique dans le but de perdre du poids et une porte d'entrée incroyable vers des troubles après de comportement alimentaire, de contrôle, de maîtrise. sur faire plus, toujours plus, manger moins, toujours moins, dans le but de créer ce déficit qui, à un moment, physiologiquement, ne répondra plus.
- Speaker #1
Que conseillerais-tu aux personnes qui se sentent concernées par ce sujet de perte de poids ?
- Speaker #2
Je leur conseillerais, dans un premier temps, quelque chose qui me paraît essentiel, c'est de s'adresser à la bonne personne, le bon professionnel de santé, parce que leur demande sera toujours légitime. Il y a souvent une origine et je pense que la place de la parole et l'objectif peuvent toujours être discutés avec quelqu'un qui sera en capacité d'accompagner ce souhait. Je pense évidemment aux diététiciens nutritionnistes, parfois même ceux qui sont encore plus spécialisés pour le sport. C'est toujours intéressant si c'est vraiment une dynamique autour de l'activité physique. Après, de façon plus large, pour un public qui n'est pas forcément dans de la... la recherche de performance et dans des situations...
- Speaker #1
Moi, je pense aux personnes qui se mettraient au sport dans l'objectif unique, qui découvrent la pratique sportive.
- Speaker #2
Voilà, donc quelqu'un qui serait plutôt ouvert dans cette optique-là à intégrer l'activité physique dans une relation de bien-être, en fait, une relation équilibrante dans sa vie. Quand je dis bien-être, c'est corporel, alimentaire, psychique, gestion du stress, etc. C'est vraiment de considérer l'idée que, comme ce métronome ou ce funambule, c'est la mise en mouvement qui prédomine et qu'il faut viser. Et se dire que l'intégrer dans le cadre d'une alimentation équilibrée et équilibrante, c'est aussi le porter dans un projet de vie. Pour toutes les fonctions qu'on a évoquées tout à l'heure aussi, parce que la vie c'est aussi du mouvement, ce n'est pas statique, ce n'est pas qu'une machine, et qu'en fonction de comment on évolue, comment les organes vieillissent, comment on est capable de résister à certains événements, l'introduction et la stématisation de cette activité physique dans ce concept-là va être très aidante, et facilitée, respectueuse dans le quotidien, et du coup conservée.
- Speaker #1
Et même peut-être qu'on y trouvera du plaisir dans cette pratique.
- Speaker #2
Et on y trouvera peut-être même du plaisir, et je pense que c'est l'ingrédient essentiel pour faire que ça...
- Speaker #1
Et qu'on en oubliera même qu'on l'a commencé pour une perte de poids.
- Speaker #2
Et c'est souvent bien là où les mécanismes se lèvent de façon assez intuitive, et grâce au plaisir, le fait de se sentir bien, qu'on poursuive l'activité, du coup sur le moyen et long terme, on a des résultats efficaces. et respectueux, efficace dans la tête, dans le corps aussi, et respectueux aussi de cette vision équilibrante du mouvement qui est apportée par cette activité physique introduite. Alors peut-être initialement pour des raisons au départ peut-être un peu rigides, mais après quand on est bien encadré, on arrive à l'intégrer de façon très fonctionnelle, très intuitive et avec beaucoup d'autodiscipline. Donc je pense que la notion de plaisir, elle est vraiment très importante. L'élément magique, mais on ne va pas le dire trop fort.
- Speaker #1
C'est sur cet élément magique qu'on se laisse. Merci beaucoup.
- Speaker #2
Merci à toi.
- Speaker #0
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