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À quoi sert la préparation mentale chez les sportif•ves ? Part. 1/2 cover
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ADN D'ATHLÈTE, l'esprit sport

À quoi sert la préparation mentale chez les sportif•ves ? Part. 1/2

À quoi sert la préparation mentale chez les sportif•ves ? Part. 1/2

25min |23/11/2022|

4154

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25min |23/11/2022|

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Description

La préparation mentale est une technique pour optimiser la performance qui n’est pas réservée qu’aux sportif·ves de haut niveau ! Visualisation, dialogue interne… Qu’est-ce que la préparation mentale ? Pourquoi on en parle de plus en plus ? Qu’est-ce que ça apporte en plus de la préparation physique ? 🏆✨


Avec Matthias Watine, psychologue du sport et préparateur mental d'athlètes, qui prépare notamment la grande échéance de 2024, nous balayons les fondamentaux sur le sujet en 2 épisodes. Voici le premier volet. Pour en savoir plus sur Matthias Watine : https://matthias-watine.com/

🎧⭐ Cet épisode sur la préparation mentale vous a plu ? Partagez-le à votre entourage et sur vos réseaux. Vous pouvez aussi nous laisser un commentaire sur Apple Podcast et des étoiles sur Spotify, on suivra ça avec attention.


Les Conseils de sportifs et des sportives, c’est le podcast de DECATHLON qui vous accompagne dans votre pratique sportive, qui vous aide à débuter ou à reprendre le sport. C’est aussi le podcast qui vous prouve que l’activité physique, c’est avant tout du plaisir ! Grâce aux conseils et astuces d'expert•es en la matière et aux partages d'expériences de vie de pratiquant•es, chaque épisode est une nouvelle occasion d'en apprendre un peu plus sur votre (future) passion !


Découvrez également Conseil Sport, le média dont l'objectif est de vous encourager à vous (re)mettre au sport et de vous aider à progresser dans votre pratique.


On nous le dit assez souvent : pratiquer une activité physique, c'est bon pour la santé. Ce qu'on nous dit moins c'est comment on s'y prend ? Par où on commence ? Plus que de vous voir accomplir un exploit sportif, notre plus grande fierté serait de vous faire aimer le sport, durablement. Parce que c'est ça, le secret de la motivation : trouver l'activité qui vous apporte la dose de joie qu'il vous faut dans votre quotidien.


Producteur : Pipo et Lola


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je m'appelle Mathias Soatine, psychologue clinicien, psychologue du sport et préparateur mental. Alors aujourd'hui on va parler de la préparation mentale, ce qu'elle peut représenter, quand est-ce qu'elle peut être utilisée, comment on peut s'en servir, à quel moment et qui. A qui plutôt elle peut être adressée.

  • Speaker #1

    Conseils de sportifs et de sportives, ce podcast a vocation à vous être utile, vous accompagner dans la pratique du sport et répondre aux questions que vous vous posez ou que vous ne vous posez pas encore sur la forme, la santé, le bien-être et le sport. Je suis Céciliane,

  • Speaker #0

    journaliste et coach sportif et je serai toujours entourée d'experts et d'expertes pour aborder tous ces sujets.

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes et à tous, on se retrouve pour un nouvel épisode après avoir abordé la gestion de l'échec. Je me suis dit que ce serait peut-être intéressant de préparer davantage nos échéances sportives et peut-être plus facile de préparer de façon mentale pour atteindre nos objectifs. Alors c'est pour ça qu'aujourd'hui je suis avec Mathias Wattin dans son cabinet pour parler de la préparation mentale. Et comme on sait qu'un épisode ne suffira pas pour aborder la question, et bien vous aurez cette thématique divisée en deux parties. On commence tout de suite avec les fondamentaux. Et d'abord, bonjour Mathias !

  • Speaker #0

    Bonjour !

  • Speaker #1

    Tu vas bien ?

  • Speaker #0

    Très bien et toi ?

  • Speaker #1

    T'es bien installé ?

  • Speaker #0

    Super !

  • Speaker #1

    Tu connais bien l'endroit donc normalement. Alors dis-moi tout simplement, c'est quoi la préparation mentale ?

  • Speaker #0

    Alors la préparation mentale, c'est un peu comme une grande boîte à outils dans laquelle on va pouvoir retrouver plein de tips concrets qui vont permettre aux sportifs, mais pas que, de pouvoir faire face à certaines difficultés, comme la gestion du stress, gestion des émotions, la question de la programmation, planification, et j'en passe, c'est comment arriver à faire face concrètement par rapport à une réalité de terrain, tout simplement.

  • Speaker #1

    Lors de notre premier échange, tu m'as dit « bon, je veux bien parler de la vision globale, mais j'ai aussi, moi, mes propres convictions sur la préparation mentale » . Alors tu peux aller plus loin, quelle est ta vision à toi en tant que psychologue du sport ? Pour toi, qu'est-ce que la préparation mentale ?

  • Speaker #0

    Et bien oui, exactement, la spécificité pour moi c'est que je suis aussi psychologue du sport et donc du coup cette casquette supplémentaire, c'est celle que j'utilise pour avoir moi ma posture globale. C'est-à-dire que la préparation mentale est un peu comme une branche de ce que peut être la psychologie du sport. Et donc du coup, moi, la psychologie du sport permet d'avoir cette approche plus complète, holistique, et ce qui va me permettre aussi d'avoir davantage d'informations pour essayer de comprendre aussi la difficulté pour le sportif en lui-même, et d'essayer du coup de pouvoir suggérer, proposer des alternatives qui pourront aider la personne.

  • Speaker #1

    Et moi, la préparation mentale, j'en ai entendu parler, mais il n'y a pas si longtemps que ça dans le monde du sport. Pourquoi on en parle de plus en plus justement ? Moi, j'entends beaucoup... Les français ils n'ont pas de mental lors des jeux olympiques ou lors de grands événements sportifs. Pourquoi maintenant on en parle et qu'est-ce qui a fait que peut-être dans le monde de la psychologie on a pris conscience que le mental pouvait aider dans la performance sportive ?

  • Speaker #0

    Pourtant ça existe depuis un bon moment en fait. En France c'est récent, ça c'est sûr. Il y a des précurseurs. Celui qui me vient c'était Liriner qui lui... a dit que depuis tout jeune, il faisait de la préparation mentale, il était suivi par une préparatrice mentale, Myriam Salmi, il me semble. Et donc du coup, c'est à force d'entendre aussi des sportifs de haut niveau que ça permet de démocratiser, que ça soit moins un tabou. Tout comme peut l'être aussi la psychologie, pendant des années ça a été tabou, et là on va dire depuis quelques années, ça commence à être un peu plus...

  • Speaker #1

    Parce que ça pouvait montrer une certaine faiblesse du sportif ou de la sportive ?

  • Speaker #0

    C'est souvent comme ça. En tout cas, moi, les sportifs et sportives qui viennent parfois l'abordent comme si c'était une faille, une faiblesse, une difficulté. Mais quand on voit les choses avec recul, en fait, on se rend compte qu'en fin de compte, avoir conscience de sa difficulté, c'est une force. Parce que c'est se donner la possibilité, du coup, d'agir. concrètement, si on n'a pas conscience de ce qui se passe, on n'a pas la possibilité de trouver des solutions ou de s'adapter face à la situation qui nous met en échec. Donc oui, ça c'est un point de départ qui est très très très important et donc c'est ce qui fait aussi qu'au fur et à mesure, en termes de physique, les expertises ont été de plus en plus poussées, en termes de technique, en termes d'outils qui ont été proposés aux sportifs. et à un moment donné, on s'est rendu compte qu'il manquait aussi parfois quelque chose. Et je pense que c'est à force qu'on a pris conscience, les sportifs, les entraîneurs, parce que les entraîneurs ont aussi un rôle très important à jouer, que le mental avait un rôle majeur dans la pratique sportive, qu'elle soit au niveau amateur ou professionnel, peu importe.

  • Speaker #1

    Tu viens de me spoiler ma prochaine question, qui était « Pour qui c'est destiné ? » parce que c'est vrai que tu parles beaucoup des sportifs de haut niveau et c'est eux qui en parlent. Mais en effet, tu le dis très bien, c'est destiné aussi aux amateurs. C'est tout à fait accessible, en tout cas, à n'importe quel niveau de pratique.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça. C'est pour toute personne qui en ressent le besoin, quelle que soit sa discipline, quel que soit son niveau. L'exemple qui me vient, c'est une personne qui stresse. Le stress, il n'apparaît pas uniquement quand on se retrouve aux Jeux Olympiques, en fait. C'est notre perception de l'événement qui crée justement une difficulté, un stress. Donc c'est pour monsieur et madame tout le monde, on l'évoque aussi principalement là dans la notion du sport, mais au niveau professionnel c'est la même chose. C'est justement pour ça aussi qu'il y a de plus en plus de coachs d'entreprise qui interviennent auprès des salariés pour arriver à faire face peut-être à une pression de plus en plus importante, à une demande de plus en plus importante. Donc tout le monde peut être concerné.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais que la France était un peu en retard sur le sujet, donc elle essaye de rattraper ce retard. Quel est le pays qui a été justement précurseur de la préparation mentale ?

  • Speaker #0

    Je pense que les États-Unis ont beaucoup moins de tabous par rapport à ça. Parce que faire appel à un préparateur ou une préparatrice mentale, c'est aussi affirmer la volonté de réussir. Je veux réussir, je veux être premier, je veux être numéro un, numéro une. Et c'est vrai que c'est un peu tabou aussi en France. On aime bien gagner. L'humilité, c'est très bien aussi. Il ne faut pas trop le dire aussi. Exactement.

  • Speaker #1

    Ça fait partie un peu de la culture française en effet.

  • Speaker #0

    Voilà. Et je pense que ça a eu aussi à un moment donné un rôle. Et quand on voit aux Etats-Unis, non, on affirme, on dit, peu importe ce que peuvent penser les autres, moi je veux être premier, point. Et c'est au fur et à mesure, je pense que, voilà, on a pris conscience qu'on avait le droit. de vouloir être numéro 1, on a le droit de vouloir gagner, pourquoi on devrait toujours être les éternels seconds ? Et non, et voilà, il y en a qui ont pris les devants. Et en même temps, si on prend du recul sur ce que peut être le sport de haut niveau, on se rend compte que pour que le corps fonctionne, il faut que le cerveau envoie le bon message. Donc corps et esprit sont liés.

  • Speaker #1

    Justement... La question qui me vient, c'est quand on a poussé le curseur de la préparation physique à fond, techniquement, on est bon, on est fort ou forte dans sa discipline, qu'est-ce que vient apporter en plus la préparation mentale, concrètement ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend de ce qui peut mettre en difficulté le ou la sportive. La préparation mentale, en soi, c'est une façon déjà d'être concentré sur soi. pas sur l'événement, quel qu'il soit. La concentration sur soi, se centrer sur soi, c'est aussi une façon du coup de se donner la possibilité d'augmenter sa confiance en soi. C'est forcément lié. Et cette confiance en soi, elle va permettre d'avoir une attention, une concentration particulière et qui va optimiser les chances que le mouvement, quel qu'il soit, soit réalisé comme on le souhaite. Voilà en quoi cette préparation mentale elle vient aussi apporter un plus dans la réalisation technique, tactique, peu importe.

  • Speaker #1

    Oui, dans l'intention qu'on va mettre dans son geste. On le voit dans n'importe quelle pratique. Moi, je le vois, je pratique la danse et je vois bien que si je mets une intention différente, je ne vais pas avoir le même... Le spectateur ne va pas ressentir la même chose. Donc, j'imagine que quand on a des pensées négatives ou positives, ça vient influencer la manière de faire sa discipline. Très bien et comment ça marche alors ? Quand on vient dans ton cabinet, on te pose, on met les mots sur les difficultés qu'on observe et comment ça fonctionne ? Qu'est-ce que tu mets en place ?

  • Speaker #0

    Alors là du coup je fais le pont avec ce que je disais tout au début, moi dans ma pratique c'est ma posture de psychologue qui m'aide et que j'utilise pour essayer de voir qu'est-ce qui fait que la personne est en difficulté. Parce que c'est bien beau de voir une difficulté, c'est aussi important de la comprendre. La comprendre, c'est aussi essayer d'agir à la source. Alors, ça c'est la spécificité de la psychologie du sport. Mais quand on est uniquement préparateur mental ou préparatrice mentale, on essaie d'agir directement, de voir quelles sont les sources de problématiques et quels sont les leviers qu'on peut actionner pour faire face, justement.

  • Speaker #1

    Toi, concrètement, avec ta posture de psychologue du sport et de préparateur mental, parce que tu as également les deux casquettes, comment tu agis ? On s'installe dans le canapé, on te parle de nos choses, comment tu fais ? Est-ce que tu écoutes ou est-ce que tu donnes des exercices à faire, des devoirs à la maison ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Alors, comme je t'ai dit, tu t'assoies, tu t'installes, ou tu penses être la plus à l'aise. C'est très important déjà de se sentir bien dans une posture qui nous correspond. C'est pour ça qu'il y a différentes assises. Oui,

  • Speaker #1

    je vois autour de moi, on voit des canapés, des chaises et des fauteuils un peu plus allongés.

  • Speaker #0

    Exactement. Et ça dépend. C'est vraiment du cas par cas. Selon ce qui peut être ressenti, c'est vrai que Principalement sur les premiers rendez-vous, j'essaie d'avoir une vision globale pour comprendre. Et donc à ce moment-là, je ne suis pas forcément dans le fait de proposer immédiatement, spontanément des types, des outils. J'essaie vraiment d'être dans la compréhension de ce qui peut faire blocage.

  • Speaker #1

    D'accord, donc d'abord l'écoute.

  • Speaker #0

    Exactement, l'écoute pour la compréhension. Moi, ce qui me permet aussi d'avoir des liens, peut-être d'aller plus profondément que ce que la personne peut imaginer. C'est d'ailleurs très souvent ce qui se passe. C'est là aussi où on s'aperçoit que parfois les blocages, en fait, ils ne sont pas liés au sport. Et c'est là où c'est très important de prendre conscience que ça se met en évidence dans le sport, mais la source, très souvent, elle ne fait pas partie du sport. Elle se met en avant dans le sport parce que c'est notre passion, c'est ce qui nous anime, c'est ce qu'on aime.

  • Speaker #1

    Parce qu'on se dépasse, qu'on est en dehors de notre zone de confort.

  • Speaker #0

    Exactement. Et c'est tout ça qui fait que ça augmente les chances que ça vienne être mis en évidence. dans la pratique sportive. Donc c'est ce tout là qui fait qu'une fois que je sens que telle ou telle piste pourrait être l'origine, pourrait être une problématique, une cause, que derrière, selon mon ressenti, selon ce que je vois, si la personne peut être réceptive ou non, proposer quelque chose qui va pouvoir être sur mesure. Je n'ai pas de trame, je n'ai pas de questionnaire. prévu à l'avance, je sais jamais ce que je vais dire. C'est du ressenti, c'est du spontané par rapport à ce que la personne elle dit en fait.

  • Speaker #1

    C'est de l'adaptation en permanence.

  • Speaker #0

    C'est de l'adaptation en permanence et en fait c'est la personne qui est en face de moi qui dicte ce qui va se passer en fonction de ce qu'elle dit. Moi je sais pas quel est sa problématique, je sais pas pourquoi ça la met tant en difficulté. Si je prends un exemple, une personne qui dit j'arrive pas à dormir avant mes compétitions. il y a des personnes, ça ne va pas vraiment déranger ou ça ne va pas vraiment avoir d'impact. Alors sur cet exemple-là, majoritairement, si on ne dort pas...

  • Speaker #1

    C'est compliqué le lendemain.

  • Speaker #0

    Exactement. Mais voilà, c'est cette vision-là. Tu demandais si j'avais des exercices que je suggérais. J'essaie d'apporter des outils concrets. C'est vraiment quelque chose qui est très important. Alors c'est le propre de la préparation mentale aussi. Des outils qui vont pouvoir être utilisés, pas forcément aussi que dans le sport. Dans la vie de tous les jours, pourquoi ? Parce que la pratique sportive, elle va peut-être correspondre 10, 15, 20% d'un quotidien. Mais si j'arrive à proposer un outil qui peut être utilisé partout, tout le temps, en fait cet entraînement, il peut être présent. tout au long de la journée. Et donc du coup, s'il est présent tout au long de la journée, on augmente les chances de l'ancrer, de le mémoriser, et donc du coup d'automatiser ce petit tips qui va nous aider dans la pratique sportive, mais pas que.

  • Speaker #1

    Et quel genre d'exercice tu pourrais donner ?

  • Speaker #0

    Le premier qui me vient, c'est aussi, je pense, celui qui revient le plus. C'est ce qui va être lié à la respiration. La respiration, très souvent... Simplement en étant assis, en discutant de tout et de rien ou de ce qui va mettre en problématique le ou la sportive, j'arrive à remarquer que la personne respire très souvent mal. Eh oui, respiration thoracique, exactement.

  • Speaker #1

    Petit update, petit rappel, on a fait le podcast, un épisode avec Noémie Masson sur la respiration, donc n'hésitez pas à aller écouter le dernier épisode sur la respiration qui peut aussi vous donner des clés. Et il y a un petit exercice à la fin justement pour vous initier à cette respiration plutôt de détente. Et je te laisse continuer sur « il y en a qui respirent mal » .

  • Speaker #0

    Ah oui, respirer mal, c'est déjà pour beaucoup, respiration uniquement avec la cage thoracique, avec le haut du corps. Donc ça crée énormément de tension. Donc de fatigue, et cette fatigue elle a une répercussion directe, qu'on le veuille ou non d'ailleurs, sur notre façon de mettre en place un mouvement. C'est des tensions, des contractions musculaires, donc c'est toutes des difficultés qui vont découler de justement cette mauvaise respiration. Mais cette mauvaise respiration elle est aussi dans le fait qu'avoir un ventre... qui se gonflent quand on inspire et qui se creusent quand on expire. Et parfois, le stress, l'environnement, le contexte de vie fait que les personnes ne se rendent même pas compte que quand elles inspirent, le ventre se creuse. Donc c'est déjà prendre conscience que... On inverse totalement la respiration. Exactement. Donc déjà, c'est prendre conscience que la respiration, elle n'est pas comme il faut. Et très souvent, ces mêmes personnes disent « Je ne comprends pas, je stresse beaucoup. » Et quand j'essaie de me calmer, j'y arrive pas, c'est de plus en plus difficile de respirer. Oui, en fait, c'est physiologique.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Alors la respiration, on l'a vu et on le redit, c'est vraiment une source de stress et de tension. Le fait de l'améliorer peut vraiment permettre de se libérer déjà d'un certain poids. Qu'est-ce qu'il y a d'autre ? Alors moi, je me souviens, quand j'étais plus jeune, on me disait... Moi, je suis gymnaste aussi. Fais ton enchaînement dans ta tête en imaginant les juges, l'espace, etc. Tu le fais plusieurs fois avant de dormir et comme ça, le lendemain, t'es plus rassuré. Bon, est-ce que ça marche ? Est-ce que c'était la bonne technique ?

  • Speaker #0

    Alors, en effet, la visualisation est un outil de la préparation mentale et c'est un très bon outil. Pourquoi ? Parce qu'en fait, le cerveau, quand il réalise une action ou quand il l'imagine, il ne fait presque pas la différence. Je pense que c'est au deux tiers ou au trois quarts, je ne sais plus précisément. Les aires cérébrales qui sont mobilisées dans la visualisation, elles sont quasiment identiques que celles utilisées quand on réalise le mouvement.

  • Speaker #1

    Magique.

  • Speaker #0

    Magique, déjà numéro un. Et magie numéro deux, ça veut dire qu'on est capable de répéter un mouvement de manière précise. Sans se fatiguer.

  • Speaker #1

    Sans user le corps.

  • Speaker #0

    Exactement. Et donc du coup ça évite parfois le surentraînement et les blessures, les complications, les gènes, etc. Donc oui, c'est un outil qui peut être très important, mais... Tout le monde n'est pas capable tout de suite d'avoir une visualisation précise.

  • Speaker #1

    C'est difficile, je suppose que ça demande un entraînement ?

  • Speaker #0

    Voir une situation c'est une chose, mais par exemple d'être capable de se déplacer comme si on avait une vision 3D, c'est aussi un exercice de visualisation, alors qu'il est beaucoup plus complexe. Mais plus on arrive à se déplacer comme si on avait cette caméra 3D, à faire des zooms, des zooms, etc. ça permet du coup de mettre en place un geste technique de manière plus précise.

  • Speaker #1

    Oui, et puis peut-être, moi je me disais, ça doit rassurer mon cerveau, il l'a déjà vu, alors du coup, c'est plus facile pour lui.

  • Speaker #0

    Quand la visualisation, elle est faite de manière positive.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai que le cerveau aurait bien tendance à me dire, et si tu as raté ça ?

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et là, tu interviens aussi sur ce sujet-là ? Oui,

  • Speaker #0

    ce sont les peurs, les appréhensions, les craintes. C'est un peu la question du discours interne qui est négatif, qui est aussi très très très très important. Tout ça est souvent lié aussi à ce que j'appelle l'autoréalisation des prophéties. La phrase qui pourrait un peu résumer ça, c'est « fais attention à ce que tu penses, ça risquerait d'arriver » . Et bien justement, si on se dit avant même que la moindre action est réalisée, et si je ratais, il ne faut pas que je rate, etc. On conditionne notre cerveau sur cet échec et vu que le cerveau est lié au corps, le corps réagit en conséquence. Si on montre à quelqu'un une image qui lui fait peur, un chat noir, un accident de voiture, je ne sais quoi, le corps va avoir des réactions, qu'on le veuille ou non, c'est pour tout le monde pareil. Et donc ces réactions peuvent créer des tensions, des contractions, de la fatigue et on repart dans le procès évoqué tout à l'heure. où il va y avoir une répercussion directe, qu'on le veuille ou non. C'est le fonctionnement humain qui est comme ça en fait.

  • Speaker #1

    D'accord, donc tu tournes autour de tous ces outils-là. On a parlé du dialogue interne, de la visualisation, de la respiration pour apprendre à gérer son stress, etc. Les exercices fluctuent en fonction des gens et des problématiques que tu as en face de toi. L'idée, c'est de rendre tes sportifs et tes sportives autonomes ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est très important. C'est vraiment... Une notion fondamentale pour moi, parce que l'objectif c'est que les personnes puissent se débrouiller elles-mêmes, déjà pour elles, parce que si elles sont dépendantes de ce que je peux dire ou de ce que je peux leur proposer, la problématique c'est qu'elles risquent de paniquer quand elles sont face à l'événement et souvent elles sont seules. Donc oui, c'est de rendre autonome les sportifs dans leur pratique, dans leur quotidien. Et c'est aussi leur montrer qu'ils sont capables. Ils sont capables. Et très souvent, ça aussi, c'est un axe qui est très important et qui est mis en avant, ou du moins que j'essaie de mettre en avant. C'est qu'en fait, sans qu'on s'en rende compte, on a beaucoup de capacités qu'on arrive à mettre en place, ou plutôt qui nous permettent de mettre en place beaucoup de choses, mais on minimise. En fait, quand on rate, c'est de notre faute. Et quand on réussit, c'est normal.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est important de se dire, j'ai réussi, j'en suis capable. Pourquoi ? Pour travailler directement ou indirectement sur la question de la confiance en soi.

  • Speaker #1

    Et combien de temps on a besoin, je ne sais pas si on peut dire thérapie, mais en tout cas cette préparation mentale pour un événement précis, la durée en moyenne ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de durée. Il n'y a pas de durée, ça serait trop beau. parce qu'on ne sait pas combien de temps la personne souhaite travailler ça peut être lié à une question de temps ça peut être lié à une question d'échéance ça peut être lié à une question de budget aussi, c'est certain c'est ce qui fait que certaines structures prennent en compte, d'autres non voilà, c'est lié à c'est multifactoriel et donc du coup on peut pas vraiment dire, on peut pas savoir combien de temps une personne va mettre pour adhérer à hum... une prise de conscience, pour mettre en place ou arriver, par exemple, si on revient sur la question de la respiration, il y a des personnes, en 10 minutes, elles sont capables de rectifier,

  • Speaker #1

    de retrouver.

  • Speaker #0

    Exactement. D'autres, ça met plusieurs semaines.

  • Speaker #1

    Oui, donc en fonction, puis aussi en fonction de leur éveil, développement personnel, etc. Est-ce qu'il y a un minimum quand même ? Parce qu'est-ce qu'en trois séances, je peux arriver et régler, entre guillemets, mes difficultés et réussir ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend de la problématique. Tout est possible. Alors quand je dis ça, on n'a pas de baguette magique. Il y a aussi, comment je pourrais dire ça, une difficulté qui apparaît souvent, c'est qu'on vient souvent toquer à la porte quand c'est la crise, quand c'est l'alerte, quand c'est la détresse. Et donc du coup, c'est bon, j'ai plus rien à perdre. C'est un peu ça. Et donc, quand c'est ça, souvent, c'est un peu trop tard. C'est pour ça que c'est quelque chose, c'est un travail de fond en fait, c'est pas un travail d'urgence. C'est un travail de fond pour se donner la possibilité que les futures échéances, elles soient abordées de manière différente. Et ça, c'est un aspect aussi très important. Donc, si on est dans l'urgence, forcément, on minimise la possibilité d'avoir des actions qui vont permettre de modifier les choses sur le long terme. C'est toujours ça qui est important, le long terme. Donc,

  • Speaker #1

    ce que tu conseilles, c'est plutôt d'anticiper. Et pas arriver, j'ai une compète la semaine prochaine, je suis en galère et je viens de voir. Ça sera beaucoup plus efficace, efficient de faire cette démarche sur le long terme et avec un peu d'anticipation par rapport à l'événement.

  • Speaker #0

    C'est très important, c'est se donner la possibilité d'avoir le temps en fait. D'avoir le temps, d'agir soi-même selon sa propre temporalité parce qu'on a tous des besoins, des façons de faire, d'être qui sont différentes. Et c'est ce qui fait que, par exemple, moi je suis certain sportif qui prépare les jeux, ils le font dès aujourd'hui pour que ça puisse s'ancrer, prendre le temps de pouvoir se tromper. Alors que quand on est dans la précipitation, c'est un peu comme si on n'avait pas le droit à l'erreur. Donc c'est une tension supplémentaire, un stress supplémentaire et donc du coup qui augmente les chances de biaiser tout ce qui est mis en place.

  • Speaker #1

    D'accord. Bon écoute, on a déjà vu une bonne partie là de la préparation mentale. On va se laisser tranquillement ingérer toutes les informations que tu viens de nous donner là. Et puis, on va se retrouver la semaine prochaine pour aller un peu plus loin dans cette préparation mentale dans la vie d'un sportif ou d'une sportive, comment elle s'inscrit. Merci Mathias.

  • Speaker #0

    Merci à vous. Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci pour votre écoute. On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires sur Apple Podcasts et des étoiles sur Spotify. et Apple Podcasts. À bientôt !

Description

La préparation mentale est une technique pour optimiser la performance qui n’est pas réservée qu’aux sportif·ves de haut niveau ! Visualisation, dialogue interne… Qu’est-ce que la préparation mentale ? Pourquoi on en parle de plus en plus ? Qu’est-ce que ça apporte en plus de la préparation physique ? 🏆✨


Avec Matthias Watine, psychologue du sport et préparateur mental d'athlètes, qui prépare notamment la grande échéance de 2024, nous balayons les fondamentaux sur le sujet en 2 épisodes. Voici le premier volet. Pour en savoir plus sur Matthias Watine : https://matthias-watine.com/

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On nous le dit assez souvent : pratiquer une activité physique, c'est bon pour la santé. Ce qu'on nous dit moins c'est comment on s'y prend ? Par où on commence ? Plus que de vous voir accomplir un exploit sportif, notre plus grande fierté serait de vous faire aimer le sport, durablement. Parce que c'est ça, le secret de la motivation : trouver l'activité qui vous apporte la dose de joie qu'il vous faut dans votre quotidien.


Producteur : Pipo et Lola


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  • Speaker #0

    Je m'appelle Mathias Soatine, psychologue clinicien, psychologue du sport et préparateur mental. Alors aujourd'hui on va parler de la préparation mentale, ce qu'elle peut représenter, quand est-ce qu'elle peut être utilisée, comment on peut s'en servir, à quel moment et qui. A qui plutôt elle peut être adressée.

  • Speaker #1

    Conseils de sportifs et de sportives, ce podcast a vocation à vous être utile, vous accompagner dans la pratique du sport et répondre aux questions que vous vous posez ou que vous ne vous posez pas encore sur la forme, la santé, le bien-être et le sport. Je suis Céciliane,

  • Speaker #0

    journaliste et coach sportif et je serai toujours entourée d'experts et d'expertes pour aborder tous ces sujets.

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes et à tous, on se retrouve pour un nouvel épisode après avoir abordé la gestion de l'échec. Je me suis dit que ce serait peut-être intéressant de préparer davantage nos échéances sportives et peut-être plus facile de préparer de façon mentale pour atteindre nos objectifs. Alors c'est pour ça qu'aujourd'hui je suis avec Mathias Wattin dans son cabinet pour parler de la préparation mentale. Et comme on sait qu'un épisode ne suffira pas pour aborder la question, et bien vous aurez cette thématique divisée en deux parties. On commence tout de suite avec les fondamentaux. Et d'abord, bonjour Mathias !

  • Speaker #0

    Bonjour !

  • Speaker #1

    Tu vas bien ?

  • Speaker #0

    Très bien et toi ?

  • Speaker #1

    T'es bien installé ?

  • Speaker #0

    Super !

  • Speaker #1

    Tu connais bien l'endroit donc normalement. Alors dis-moi tout simplement, c'est quoi la préparation mentale ?

  • Speaker #0

    Alors la préparation mentale, c'est un peu comme une grande boîte à outils dans laquelle on va pouvoir retrouver plein de tips concrets qui vont permettre aux sportifs, mais pas que, de pouvoir faire face à certaines difficultés, comme la gestion du stress, gestion des émotions, la question de la programmation, planification, et j'en passe, c'est comment arriver à faire face concrètement par rapport à une réalité de terrain, tout simplement.

  • Speaker #1

    Lors de notre premier échange, tu m'as dit « bon, je veux bien parler de la vision globale, mais j'ai aussi, moi, mes propres convictions sur la préparation mentale » . Alors tu peux aller plus loin, quelle est ta vision à toi en tant que psychologue du sport ? Pour toi, qu'est-ce que la préparation mentale ?

  • Speaker #0

    Et bien oui, exactement, la spécificité pour moi c'est que je suis aussi psychologue du sport et donc du coup cette casquette supplémentaire, c'est celle que j'utilise pour avoir moi ma posture globale. C'est-à-dire que la préparation mentale est un peu comme une branche de ce que peut être la psychologie du sport. Et donc du coup, moi, la psychologie du sport permet d'avoir cette approche plus complète, holistique, et ce qui va me permettre aussi d'avoir davantage d'informations pour essayer de comprendre aussi la difficulté pour le sportif en lui-même, et d'essayer du coup de pouvoir suggérer, proposer des alternatives qui pourront aider la personne.

  • Speaker #1

    Et moi, la préparation mentale, j'en ai entendu parler, mais il n'y a pas si longtemps que ça dans le monde du sport. Pourquoi on en parle de plus en plus justement ? Moi, j'entends beaucoup... Les français ils n'ont pas de mental lors des jeux olympiques ou lors de grands événements sportifs. Pourquoi maintenant on en parle et qu'est-ce qui a fait que peut-être dans le monde de la psychologie on a pris conscience que le mental pouvait aider dans la performance sportive ?

  • Speaker #0

    Pourtant ça existe depuis un bon moment en fait. En France c'est récent, ça c'est sûr. Il y a des précurseurs. Celui qui me vient c'était Liriner qui lui... a dit que depuis tout jeune, il faisait de la préparation mentale, il était suivi par une préparatrice mentale, Myriam Salmi, il me semble. Et donc du coup, c'est à force d'entendre aussi des sportifs de haut niveau que ça permet de démocratiser, que ça soit moins un tabou. Tout comme peut l'être aussi la psychologie, pendant des années ça a été tabou, et là on va dire depuis quelques années, ça commence à être un peu plus...

  • Speaker #1

    Parce que ça pouvait montrer une certaine faiblesse du sportif ou de la sportive ?

  • Speaker #0

    C'est souvent comme ça. En tout cas, moi, les sportifs et sportives qui viennent parfois l'abordent comme si c'était une faille, une faiblesse, une difficulté. Mais quand on voit les choses avec recul, en fait, on se rend compte qu'en fin de compte, avoir conscience de sa difficulté, c'est une force. Parce que c'est se donner la possibilité, du coup, d'agir. concrètement, si on n'a pas conscience de ce qui se passe, on n'a pas la possibilité de trouver des solutions ou de s'adapter face à la situation qui nous met en échec. Donc oui, ça c'est un point de départ qui est très très très important et donc c'est ce qui fait aussi qu'au fur et à mesure, en termes de physique, les expertises ont été de plus en plus poussées, en termes de technique, en termes d'outils qui ont été proposés aux sportifs. et à un moment donné, on s'est rendu compte qu'il manquait aussi parfois quelque chose. Et je pense que c'est à force qu'on a pris conscience, les sportifs, les entraîneurs, parce que les entraîneurs ont aussi un rôle très important à jouer, que le mental avait un rôle majeur dans la pratique sportive, qu'elle soit au niveau amateur ou professionnel, peu importe.

  • Speaker #1

    Tu viens de me spoiler ma prochaine question, qui était « Pour qui c'est destiné ? » parce que c'est vrai que tu parles beaucoup des sportifs de haut niveau et c'est eux qui en parlent. Mais en effet, tu le dis très bien, c'est destiné aussi aux amateurs. C'est tout à fait accessible, en tout cas, à n'importe quel niveau de pratique.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça. C'est pour toute personne qui en ressent le besoin, quelle que soit sa discipline, quel que soit son niveau. L'exemple qui me vient, c'est une personne qui stresse. Le stress, il n'apparaît pas uniquement quand on se retrouve aux Jeux Olympiques, en fait. C'est notre perception de l'événement qui crée justement une difficulté, un stress. Donc c'est pour monsieur et madame tout le monde, on l'évoque aussi principalement là dans la notion du sport, mais au niveau professionnel c'est la même chose. C'est justement pour ça aussi qu'il y a de plus en plus de coachs d'entreprise qui interviennent auprès des salariés pour arriver à faire face peut-être à une pression de plus en plus importante, à une demande de plus en plus importante. Donc tout le monde peut être concerné.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais que la France était un peu en retard sur le sujet, donc elle essaye de rattraper ce retard. Quel est le pays qui a été justement précurseur de la préparation mentale ?

  • Speaker #0

    Je pense que les États-Unis ont beaucoup moins de tabous par rapport à ça. Parce que faire appel à un préparateur ou une préparatrice mentale, c'est aussi affirmer la volonté de réussir. Je veux réussir, je veux être premier, je veux être numéro un, numéro une. Et c'est vrai que c'est un peu tabou aussi en France. On aime bien gagner. L'humilité, c'est très bien aussi. Il ne faut pas trop le dire aussi. Exactement.

  • Speaker #1

    Ça fait partie un peu de la culture française en effet.

  • Speaker #0

    Voilà. Et je pense que ça a eu aussi à un moment donné un rôle. Et quand on voit aux Etats-Unis, non, on affirme, on dit, peu importe ce que peuvent penser les autres, moi je veux être premier, point. Et c'est au fur et à mesure, je pense que, voilà, on a pris conscience qu'on avait le droit. de vouloir être numéro 1, on a le droit de vouloir gagner, pourquoi on devrait toujours être les éternels seconds ? Et non, et voilà, il y en a qui ont pris les devants. Et en même temps, si on prend du recul sur ce que peut être le sport de haut niveau, on se rend compte que pour que le corps fonctionne, il faut que le cerveau envoie le bon message. Donc corps et esprit sont liés.

  • Speaker #1

    Justement... La question qui me vient, c'est quand on a poussé le curseur de la préparation physique à fond, techniquement, on est bon, on est fort ou forte dans sa discipline, qu'est-ce que vient apporter en plus la préparation mentale, concrètement ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend de ce qui peut mettre en difficulté le ou la sportive. La préparation mentale, en soi, c'est une façon déjà d'être concentré sur soi. pas sur l'événement, quel qu'il soit. La concentration sur soi, se centrer sur soi, c'est aussi une façon du coup de se donner la possibilité d'augmenter sa confiance en soi. C'est forcément lié. Et cette confiance en soi, elle va permettre d'avoir une attention, une concentration particulière et qui va optimiser les chances que le mouvement, quel qu'il soit, soit réalisé comme on le souhaite. Voilà en quoi cette préparation mentale elle vient aussi apporter un plus dans la réalisation technique, tactique, peu importe.

  • Speaker #1

    Oui, dans l'intention qu'on va mettre dans son geste. On le voit dans n'importe quelle pratique. Moi, je le vois, je pratique la danse et je vois bien que si je mets une intention différente, je ne vais pas avoir le même... Le spectateur ne va pas ressentir la même chose. Donc, j'imagine que quand on a des pensées négatives ou positives, ça vient influencer la manière de faire sa discipline. Très bien et comment ça marche alors ? Quand on vient dans ton cabinet, on te pose, on met les mots sur les difficultés qu'on observe et comment ça fonctionne ? Qu'est-ce que tu mets en place ?

  • Speaker #0

    Alors là du coup je fais le pont avec ce que je disais tout au début, moi dans ma pratique c'est ma posture de psychologue qui m'aide et que j'utilise pour essayer de voir qu'est-ce qui fait que la personne est en difficulté. Parce que c'est bien beau de voir une difficulté, c'est aussi important de la comprendre. La comprendre, c'est aussi essayer d'agir à la source. Alors, ça c'est la spécificité de la psychologie du sport. Mais quand on est uniquement préparateur mental ou préparatrice mentale, on essaie d'agir directement, de voir quelles sont les sources de problématiques et quels sont les leviers qu'on peut actionner pour faire face, justement.

  • Speaker #1

    Toi, concrètement, avec ta posture de psychologue du sport et de préparateur mental, parce que tu as également les deux casquettes, comment tu agis ? On s'installe dans le canapé, on te parle de nos choses, comment tu fais ? Est-ce que tu écoutes ou est-ce que tu donnes des exercices à faire, des devoirs à la maison ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Alors, comme je t'ai dit, tu t'assoies, tu t'installes, ou tu penses être la plus à l'aise. C'est très important déjà de se sentir bien dans une posture qui nous correspond. C'est pour ça qu'il y a différentes assises. Oui,

  • Speaker #1

    je vois autour de moi, on voit des canapés, des chaises et des fauteuils un peu plus allongés.

  • Speaker #0

    Exactement. Et ça dépend. C'est vraiment du cas par cas. Selon ce qui peut être ressenti, c'est vrai que Principalement sur les premiers rendez-vous, j'essaie d'avoir une vision globale pour comprendre. Et donc à ce moment-là, je ne suis pas forcément dans le fait de proposer immédiatement, spontanément des types, des outils. J'essaie vraiment d'être dans la compréhension de ce qui peut faire blocage.

  • Speaker #1

    D'accord, donc d'abord l'écoute.

  • Speaker #0

    Exactement, l'écoute pour la compréhension. Moi, ce qui me permet aussi d'avoir des liens, peut-être d'aller plus profondément que ce que la personne peut imaginer. C'est d'ailleurs très souvent ce qui se passe. C'est là aussi où on s'aperçoit que parfois les blocages, en fait, ils ne sont pas liés au sport. Et c'est là où c'est très important de prendre conscience que ça se met en évidence dans le sport, mais la source, très souvent, elle ne fait pas partie du sport. Elle se met en avant dans le sport parce que c'est notre passion, c'est ce qui nous anime, c'est ce qu'on aime.

  • Speaker #1

    Parce qu'on se dépasse, qu'on est en dehors de notre zone de confort.

  • Speaker #0

    Exactement. Et c'est tout ça qui fait que ça augmente les chances que ça vienne être mis en évidence. dans la pratique sportive. Donc c'est ce tout là qui fait qu'une fois que je sens que telle ou telle piste pourrait être l'origine, pourrait être une problématique, une cause, que derrière, selon mon ressenti, selon ce que je vois, si la personne peut être réceptive ou non, proposer quelque chose qui va pouvoir être sur mesure. Je n'ai pas de trame, je n'ai pas de questionnaire. prévu à l'avance, je sais jamais ce que je vais dire. C'est du ressenti, c'est du spontané par rapport à ce que la personne elle dit en fait.

  • Speaker #1

    C'est de l'adaptation en permanence.

  • Speaker #0

    C'est de l'adaptation en permanence et en fait c'est la personne qui est en face de moi qui dicte ce qui va se passer en fonction de ce qu'elle dit. Moi je sais pas quel est sa problématique, je sais pas pourquoi ça la met tant en difficulté. Si je prends un exemple, une personne qui dit j'arrive pas à dormir avant mes compétitions. il y a des personnes, ça ne va pas vraiment déranger ou ça ne va pas vraiment avoir d'impact. Alors sur cet exemple-là, majoritairement, si on ne dort pas...

  • Speaker #1

    C'est compliqué le lendemain.

  • Speaker #0

    Exactement. Mais voilà, c'est cette vision-là. Tu demandais si j'avais des exercices que je suggérais. J'essaie d'apporter des outils concrets. C'est vraiment quelque chose qui est très important. Alors c'est le propre de la préparation mentale aussi. Des outils qui vont pouvoir être utilisés, pas forcément aussi que dans le sport. Dans la vie de tous les jours, pourquoi ? Parce que la pratique sportive, elle va peut-être correspondre 10, 15, 20% d'un quotidien. Mais si j'arrive à proposer un outil qui peut être utilisé partout, tout le temps, en fait cet entraînement, il peut être présent. tout au long de la journée. Et donc du coup, s'il est présent tout au long de la journée, on augmente les chances de l'ancrer, de le mémoriser, et donc du coup d'automatiser ce petit tips qui va nous aider dans la pratique sportive, mais pas que.

  • Speaker #1

    Et quel genre d'exercice tu pourrais donner ?

  • Speaker #0

    Le premier qui me vient, c'est aussi, je pense, celui qui revient le plus. C'est ce qui va être lié à la respiration. La respiration, très souvent... Simplement en étant assis, en discutant de tout et de rien ou de ce qui va mettre en problématique le ou la sportive, j'arrive à remarquer que la personne respire très souvent mal. Eh oui, respiration thoracique, exactement.

  • Speaker #1

    Petit update, petit rappel, on a fait le podcast, un épisode avec Noémie Masson sur la respiration, donc n'hésitez pas à aller écouter le dernier épisode sur la respiration qui peut aussi vous donner des clés. Et il y a un petit exercice à la fin justement pour vous initier à cette respiration plutôt de détente. Et je te laisse continuer sur « il y en a qui respirent mal » .

  • Speaker #0

    Ah oui, respirer mal, c'est déjà pour beaucoup, respiration uniquement avec la cage thoracique, avec le haut du corps. Donc ça crée énormément de tension. Donc de fatigue, et cette fatigue elle a une répercussion directe, qu'on le veuille ou non d'ailleurs, sur notre façon de mettre en place un mouvement. C'est des tensions, des contractions musculaires, donc c'est toutes des difficultés qui vont découler de justement cette mauvaise respiration. Mais cette mauvaise respiration elle est aussi dans le fait qu'avoir un ventre... qui se gonflent quand on inspire et qui se creusent quand on expire. Et parfois, le stress, l'environnement, le contexte de vie fait que les personnes ne se rendent même pas compte que quand elles inspirent, le ventre se creuse. Donc c'est déjà prendre conscience que... On inverse totalement la respiration. Exactement. Donc déjà, c'est prendre conscience que la respiration, elle n'est pas comme il faut. Et très souvent, ces mêmes personnes disent « Je ne comprends pas, je stresse beaucoup. » Et quand j'essaie de me calmer, j'y arrive pas, c'est de plus en plus difficile de respirer. Oui, en fait, c'est physiologique.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Alors la respiration, on l'a vu et on le redit, c'est vraiment une source de stress et de tension. Le fait de l'améliorer peut vraiment permettre de se libérer déjà d'un certain poids. Qu'est-ce qu'il y a d'autre ? Alors moi, je me souviens, quand j'étais plus jeune, on me disait... Moi, je suis gymnaste aussi. Fais ton enchaînement dans ta tête en imaginant les juges, l'espace, etc. Tu le fais plusieurs fois avant de dormir et comme ça, le lendemain, t'es plus rassuré. Bon, est-ce que ça marche ? Est-ce que c'était la bonne technique ?

  • Speaker #0

    Alors, en effet, la visualisation est un outil de la préparation mentale et c'est un très bon outil. Pourquoi ? Parce qu'en fait, le cerveau, quand il réalise une action ou quand il l'imagine, il ne fait presque pas la différence. Je pense que c'est au deux tiers ou au trois quarts, je ne sais plus précisément. Les aires cérébrales qui sont mobilisées dans la visualisation, elles sont quasiment identiques que celles utilisées quand on réalise le mouvement.

  • Speaker #1

    Magique.

  • Speaker #0

    Magique, déjà numéro un. Et magie numéro deux, ça veut dire qu'on est capable de répéter un mouvement de manière précise. Sans se fatiguer.

  • Speaker #1

    Sans user le corps.

  • Speaker #0

    Exactement. Et donc du coup ça évite parfois le surentraînement et les blessures, les complications, les gènes, etc. Donc oui, c'est un outil qui peut être très important, mais... Tout le monde n'est pas capable tout de suite d'avoir une visualisation précise.

  • Speaker #1

    C'est difficile, je suppose que ça demande un entraînement ?

  • Speaker #0

    Voir une situation c'est une chose, mais par exemple d'être capable de se déplacer comme si on avait une vision 3D, c'est aussi un exercice de visualisation, alors qu'il est beaucoup plus complexe. Mais plus on arrive à se déplacer comme si on avait cette caméra 3D, à faire des zooms, des zooms, etc. ça permet du coup de mettre en place un geste technique de manière plus précise.

  • Speaker #1

    Oui, et puis peut-être, moi je me disais, ça doit rassurer mon cerveau, il l'a déjà vu, alors du coup, c'est plus facile pour lui.

  • Speaker #0

    Quand la visualisation, elle est faite de manière positive.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai que le cerveau aurait bien tendance à me dire, et si tu as raté ça ?

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et là, tu interviens aussi sur ce sujet-là ? Oui,

  • Speaker #0

    ce sont les peurs, les appréhensions, les craintes. C'est un peu la question du discours interne qui est négatif, qui est aussi très très très très important. Tout ça est souvent lié aussi à ce que j'appelle l'autoréalisation des prophéties. La phrase qui pourrait un peu résumer ça, c'est « fais attention à ce que tu penses, ça risquerait d'arriver » . Et bien justement, si on se dit avant même que la moindre action est réalisée, et si je ratais, il ne faut pas que je rate, etc. On conditionne notre cerveau sur cet échec et vu que le cerveau est lié au corps, le corps réagit en conséquence. Si on montre à quelqu'un une image qui lui fait peur, un chat noir, un accident de voiture, je ne sais quoi, le corps va avoir des réactions, qu'on le veuille ou non, c'est pour tout le monde pareil. Et donc ces réactions peuvent créer des tensions, des contractions, de la fatigue et on repart dans le procès évoqué tout à l'heure. où il va y avoir une répercussion directe, qu'on le veuille ou non. C'est le fonctionnement humain qui est comme ça en fait.

  • Speaker #1

    D'accord, donc tu tournes autour de tous ces outils-là. On a parlé du dialogue interne, de la visualisation, de la respiration pour apprendre à gérer son stress, etc. Les exercices fluctuent en fonction des gens et des problématiques que tu as en face de toi. L'idée, c'est de rendre tes sportifs et tes sportives autonomes ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est très important. C'est vraiment... Une notion fondamentale pour moi, parce que l'objectif c'est que les personnes puissent se débrouiller elles-mêmes, déjà pour elles, parce que si elles sont dépendantes de ce que je peux dire ou de ce que je peux leur proposer, la problématique c'est qu'elles risquent de paniquer quand elles sont face à l'événement et souvent elles sont seules. Donc oui, c'est de rendre autonome les sportifs dans leur pratique, dans leur quotidien. Et c'est aussi leur montrer qu'ils sont capables. Ils sont capables. Et très souvent, ça aussi, c'est un axe qui est très important et qui est mis en avant, ou du moins que j'essaie de mettre en avant. C'est qu'en fait, sans qu'on s'en rende compte, on a beaucoup de capacités qu'on arrive à mettre en place, ou plutôt qui nous permettent de mettre en place beaucoup de choses, mais on minimise. En fait, quand on rate, c'est de notre faute. Et quand on réussit, c'est normal.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est important de se dire, j'ai réussi, j'en suis capable. Pourquoi ? Pour travailler directement ou indirectement sur la question de la confiance en soi.

  • Speaker #1

    Et combien de temps on a besoin, je ne sais pas si on peut dire thérapie, mais en tout cas cette préparation mentale pour un événement précis, la durée en moyenne ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de durée. Il n'y a pas de durée, ça serait trop beau. parce qu'on ne sait pas combien de temps la personne souhaite travailler ça peut être lié à une question de temps ça peut être lié à une question d'échéance ça peut être lié à une question de budget aussi, c'est certain c'est ce qui fait que certaines structures prennent en compte, d'autres non voilà, c'est lié à c'est multifactoriel et donc du coup on peut pas vraiment dire, on peut pas savoir combien de temps une personne va mettre pour adhérer à hum... une prise de conscience, pour mettre en place ou arriver, par exemple, si on revient sur la question de la respiration, il y a des personnes, en 10 minutes, elles sont capables de rectifier,

  • Speaker #1

    de retrouver.

  • Speaker #0

    Exactement. D'autres, ça met plusieurs semaines.

  • Speaker #1

    Oui, donc en fonction, puis aussi en fonction de leur éveil, développement personnel, etc. Est-ce qu'il y a un minimum quand même ? Parce qu'est-ce qu'en trois séances, je peux arriver et régler, entre guillemets, mes difficultés et réussir ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend de la problématique. Tout est possible. Alors quand je dis ça, on n'a pas de baguette magique. Il y a aussi, comment je pourrais dire ça, une difficulté qui apparaît souvent, c'est qu'on vient souvent toquer à la porte quand c'est la crise, quand c'est l'alerte, quand c'est la détresse. Et donc du coup, c'est bon, j'ai plus rien à perdre. C'est un peu ça. Et donc, quand c'est ça, souvent, c'est un peu trop tard. C'est pour ça que c'est quelque chose, c'est un travail de fond en fait, c'est pas un travail d'urgence. C'est un travail de fond pour se donner la possibilité que les futures échéances, elles soient abordées de manière différente. Et ça, c'est un aspect aussi très important. Donc, si on est dans l'urgence, forcément, on minimise la possibilité d'avoir des actions qui vont permettre de modifier les choses sur le long terme. C'est toujours ça qui est important, le long terme. Donc,

  • Speaker #1

    ce que tu conseilles, c'est plutôt d'anticiper. Et pas arriver, j'ai une compète la semaine prochaine, je suis en galère et je viens de voir. Ça sera beaucoup plus efficace, efficient de faire cette démarche sur le long terme et avec un peu d'anticipation par rapport à l'événement.

  • Speaker #0

    C'est très important, c'est se donner la possibilité d'avoir le temps en fait. D'avoir le temps, d'agir soi-même selon sa propre temporalité parce qu'on a tous des besoins, des façons de faire, d'être qui sont différentes. Et c'est ce qui fait que, par exemple, moi je suis certain sportif qui prépare les jeux, ils le font dès aujourd'hui pour que ça puisse s'ancrer, prendre le temps de pouvoir se tromper. Alors que quand on est dans la précipitation, c'est un peu comme si on n'avait pas le droit à l'erreur. Donc c'est une tension supplémentaire, un stress supplémentaire et donc du coup qui augmente les chances de biaiser tout ce qui est mis en place.

  • Speaker #1

    D'accord. Bon écoute, on a déjà vu une bonne partie là de la préparation mentale. On va se laisser tranquillement ingérer toutes les informations que tu viens de nous donner là. Et puis, on va se retrouver la semaine prochaine pour aller un peu plus loin dans cette préparation mentale dans la vie d'un sportif ou d'une sportive, comment elle s'inscrit. Merci Mathias.

  • Speaker #0

    Merci à vous. Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci pour votre écoute. On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires sur Apple Podcasts et des étoiles sur Spotify. et Apple Podcasts. À bientôt !

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Description

La préparation mentale est une technique pour optimiser la performance qui n’est pas réservée qu’aux sportif·ves de haut niveau ! Visualisation, dialogue interne… Qu’est-ce que la préparation mentale ? Pourquoi on en parle de plus en plus ? Qu’est-ce que ça apporte en plus de la préparation physique ? 🏆✨


Avec Matthias Watine, psychologue du sport et préparateur mental d'athlètes, qui prépare notamment la grande échéance de 2024, nous balayons les fondamentaux sur le sujet en 2 épisodes. Voici le premier volet. Pour en savoir plus sur Matthias Watine : https://matthias-watine.com/

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Les Conseils de sportifs et des sportives, c’est le podcast de DECATHLON qui vous accompagne dans votre pratique sportive, qui vous aide à débuter ou à reprendre le sport. C’est aussi le podcast qui vous prouve que l’activité physique, c’est avant tout du plaisir ! Grâce aux conseils et astuces d'expert•es en la matière et aux partages d'expériences de vie de pratiquant•es, chaque épisode est une nouvelle occasion d'en apprendre un peu plus sur votre (future) passion !


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On nous le dit assez souvent : pratiquer une activité physique, c'est bon pour la santé. Ce qu'on nous dit moins c'est comment on s'y prend ? Par où on commence ? Plus que de vous voir accomplir un exploit sportif, notre plus grande fierté serait de vous faire aimer le sport, durablement. Parce que c'est ça, le secret de la motivation : trouver l'activité qui vous apporte la dose de joie qu'il vous faut dans votre quotidien.


Producteur : Pipo et Lola


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je m'appelle Mathias Soatine, psychologue clinicien, psychologue du sport et préparateur mental. Alors aujourd'hui on va parler de la préparation mentale, ce qu'elle peut représenter, quand est-ce qu'elle peut être utilisée, comment on peut s'en servir, à quel moment et qui. A qui plutôt elle peut être adressée.

  • Speaker #1

    Conseils de sportifs et de sportives, ce podcast a vocation à vous être utile, vous accompagner dans la pratique du sport et répondre aux questions que vous vous posez ou que vous ne vous posez pas encore sur la forme, la santé, le bien-être et le sport. Je suis Céciliane,

  • Speaker #0

    journaliste et coach sportif et je serai toujours entourée d'experts et d'expertes pour aborder tous ces sujets.

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes et à tous, on se retrouve pour un nouvel épisode après avoir abordé la gestion de l'échec. Je me suis dit que ce serait peut-être intéressant de préparer davantage nos échéances sportives et peut-être plus facile de préparer de façon mentale pour atteindre nos objectifs. Alors c'est pour ça qu'aujourd'hui je suis avec Mathias Wattin dans son cabinet pour parler de la préparation mentale. Et comme on sait qu'un épisode ne suffira pas pour aborder la question, et bien vous aurez cette thématique divisée en deux parties. On commence tout de suite avec les fondamentaux. Et d'abord, bonjour Mathias !

  • Speaker #0

    Bonjour !

  • Speaker #1

    Tu vas bien ?

  • Speaker #0

    Très bien et toi ?

  • Speaker #1

    T'es bien installé ?

  • Speaker #0

    Super !

  • Speaker #1

    Tu connais bien l'endroit donc normalement. Alors dis-moi tout simplement, c'est quoi la préparation mentale ?

  • Speaker #0

    Alors la préparation mentale, c'est un peu comme une grande boîte à outils dans laquelle on va pouvoir retrouver plein de tips concrets qui vont permettre aux sportifs, mais pas que, de pouvoir faire face à certaines difficultés, comme la gestion du stress, gestion des émotions, la question de la programmation, planification, et j'en passe, c'est comment arriver à faire face concrètement par rapport à une réalité de terrain, tout simplement.

  • Speaker #1

    Lors de notre premier échange, tu m'as dit « bon, je veux bien parler de la vision globale, mais j'ai aussi, moi, mes propres convictions sur la préparation mentale » . Alors tu peux aller plus loin, quelle est ta vision à toi en tant que psychologue du sport ? Pour toi, qu'est-ce que la préparation mentale ?

  • Speaker #0

    Et bien oui, exactement, la spécificité pour moi c'est que je suis aussi psychologue du sport et donc du coup cette casquette supplémentaire, c'est celle que j'utilise pour avoir moi ma posture globale. C'est-à-dire que la préparation mentale est un peu comme une branche de ce que peut être la psychologie du sport. Et donc du coup, moi, la psychologie du sport permet d'avoir cette approche plus complète, holistique, et ce qui va me permettre aussi d'avoir davantage d'informations pour essayer de comprendre aussi la difficulté pour le sportif en lui-même, et d'essayer du coup de pouvoir suggérer, proposer des alternatives qui pourront aider la personne.

  • Speaker #1

    Et moi, la préparation mentale, j'en ai entendu parler, mais il n'y a pas si longtemps que ça dans le monde du sport. Pourquoi on en parle de plus en plus justement ? Moi, j'entends beaucoup... Les français ils n'ont pas de mental lors des jeux olympiques ou lors de grands événements sportifs. Pourquoi maintenant on en parle et qu'est-ce qui a fait que peut-être dans le monde de la psychologie on a pris conscience que le mental pouvait aider dans la performance sportive ?

  • Speaker #0

    Pourtant ça existe depuis un bon moment en fait. En France c'est récent, ça c'est sûr. Il y a des précurseurs. Celui qui me vient c'était Liriner qui lui... a dit que depuis tout jeune, il faisait de la préparation mentale, il était suivi par une préparatrice mentale, Myriam Salmi, il me semble. Et donc du coup, c'est à force d'entendre aussi des sportifs de haut niveau que ça permet de démocratiser, que ça soit moins un tabou. Tout comme peut l'être aussi la psychologie, pendant des années ça a été tabou, et là on va dire depuis quelques années, ça commence à être un peu plus...

  • Speaker #1

    Parce que ça pouvait montrer une certaine faiblesse du sportif ou de la sportive ?

  • Speaker #0

    C'est souvent comme ça. En tout cas, moi, les sportifs et sportives qui viennent parfois l'abordent comme si c'était une faille, une faiblesse, une difficulté. Mais quand on voit les choses avec recul, en fait, on se rend compte qu'en fin de compte, avoir conscience de sa difficulté, c'est une force. Parce que c'est se donner la possibilité, du coup, d'agir. concrètement, si on n'a pas conscience de ce qui se passe, on n'a pas la possibilité de trouver des solutions ou de s'adapter face à la situation qui nous met en échec. Donc oui, ça c'est un point de départ qui est très très très important et donc c'est ce qui fait aussi qu'au fur et à mesure, en termes de physique, les expertises ont été de plus en plus poussées, en termes de technique, en termes d'outils qui ont été proposés aux sportifs. et à un moment donné, on s'est rendu compte qu'il manquait aussi parfois quelque chose. Et je pense que c'est à force qu'on a pris conscience, les sportifs, les entraîneurs, parce que les entraîneurs ont aussi un rôle très important à jouer, que le mental avait un rôle majeur dans la pratique sportive, qu'elle soit au niveau amateur ou professionnel, peu importe.

  • Speaker #1

    Tu viens de me spoiler ma prochaine question, qui était « Pour qui c'est destiné ? » parce que c'est vrai que tu parles beaucoup des sportifs de haut niveau et c'est eux qui en parlent. Mais en effet, tu le dis très bien, c'est destiné aussi aux amateurs. C'est tout à fait accessible, en tout cas, à n'importe quel niveau de pratique.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça. C'est pour toute personne qui en ressent le besoin, quelle que soit sa discipline, quel que soit son niveau. L'exemple qui me vient, c'est une personne qui stresse. Le stress, il n'apparaît pas uniquement quand on se retrouve aux Jeux Olympiques, en fait. C'est notre perception de l'événement qui crée justement une difficulté, un stress. Donc c'est pour monsieur et madame tout le monde, on l'évoque aussi principalement là dans la notion du sport, mais au niveau professionnel c'est la même chose. C'est justement pour ça aussi qu'il y a de plus en plus de coachs d'entreprise qui interviennent auprès des salariés pour arriver à faire face peut-être à une pression de plus en plus importante, à une demande de plus en plus importante. Donc tout le monde peut être concerné.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais que la France était un peu en retard sur le sujet, donc elle essaye de rattraper ce retard. Quel est le pays qui a été justement précurseur de la préparation mentale ?

  • Speaker #0

    Je pense que les États-Unis ont beaucoup moins de tabous par rapport à ça. Parce que faire appel à un préparateur ou une préparatrice mentale, c'est aussi affirmer la volonté de réussir. Je veux réussir, je veux être premier, je veux être numéro un, numéro une. Et c'est vrai que c'est un peu tabou aussi en France. On aime bien gagner. L'humilité, c'est très bien aussi. Il ne faut pas trop le dire aussi. Exactement.

  • Speaker #1

    Ça fait partie un peu de la culture française en effet.

  • Speaker #0

    Voilà. Et je pense que ça a eu aussi à un moment donné un rôle. Et quand on voit aux Etats-Unis, non, on affirme, on dit, peu importe ce que peuvent penser les autres, moi je veux être premier, point. Et c'est au fur et à mesure, je pense que, voilà, on a pris conscience qu'on avait le droit. de vouloir être numéro 1, on a le droit de vouloir gagner, pourquoi on devrait toujours être les éternels seconds ? Et non, et voilà, il y en a qui ont pris les devants. Et en même temps, si on prend du recul sur ce que peut être le sport de haut niveau, on se rend compte que pour que le corps fonctionne, il faut que le cerveau envoie le bon message. Donc corps et esprit sont liés.

  • Speaker #1

    Justement... La question qui me vient, c'est quand on a poussé le curseur de la préparation physique à fond, techniquement, on est bon, on est fort ou forte dans sa discipline, qu'est-ce que vient apporter en plus la préparation mentale, concrètement ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend de ce qui peut mettre en difficulté le ou la sportive. La préparation mentale, en soi, c'est une façon déjà d'être concentré sur soi. pas sur l'événement, quel qu'il soit. La concentration sur soi, se centrer sur soi, c'est aussi une façon du coup de se donner la possibilité d'augmenter sa confiance en soi. C'est forcément lié. Et cette confiance en soi, elle va permettre d'avoir une attention, une concentration particulière et qui va optimiser les chances que le mouvement, quel qu'il soit, soit réalisé comme on le souhaite. Voilà en quoi cette préparation mentale elle vient aussi apporter un plus dans la réalisation technique, tactique, peu importe.

  • Speaker #1

    Oui, dans l'intention qu'on va mettre dans son geste. On le voit dans n'importe quelle pratique. Moi, je le vois, je pratique la danse et je vois bien que si je mets une intention différente, je ne vais pas avoir le même... Le spectateur ne va pas ressentir la même chose. Donc, j'imagine que quand on a des pensées négatives ou positives, ça vient influencer la manière de faire sa discipline. Très bien et comment ça marche alors ? Quand on vient dans ton cabinet, on te pose, on met les mots sur les difficultés qu'on observe et comment ça fonctionne ? Qu'est-ce que tu mets en place ?

  • Speaker #0

    Alors là du coup je fais le pont avec ce que je disais tout au début, moi dans ma pratique c'est ma posture de psychologue qui m'aide et que j'utilise pour essayer de voir qu'est-ce qui fait que la personne est en difficulté. Parce que c'est bien beau de voir une difficulté, c'est aussi important de la comprendre. La comprendre, c'est aussi essayer d'agir à la source. Alors, ça c'est la spécificité de la psychologie du sport. Mais quand on est uniquement préparateur mental ou préparatrice mentale, on essaie d'agir directement, de voir quelles sont les sources de problématiques et quels sont les leviers qu'on peut actionner pour faire face, justement.

  • Speaker #1

    Toi, concrètement, avec ta posture de psychologue du sport et de préparateur mental, parce que tu as également les deux casquettes, comment tu agis ? On s'installe dans le canapé, on te parle de nos choses, comment tu fais ? Est-ce que tu écoutes ou est-ce que tu donnes des exercices à faire, des devoirs à la maison ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Alors, comme je t'ai dit, tu t'assoies, tu t'installes, ou tu penses être la plus à l'aise. C'est très important déjà de se sentir bien dans une posture qui nous correspond. C'est pour ça qu'il y a différentes assises. Oui,

  • Speaker #1

    je vois autour de moi, on voit des canapés, des chaises et des fauteuils un peu plus allongés.

  • Speaker #0

    Exactement. Et ça dépend. C'est vraiment du cas par cas. Selon ce qui peut être ressenti, c'est vrai que Principalement sur les premiers rendez-vous, j'essaie d'avoir une vision globale pour comprendre. Et donc à ce moment-là, je ne suis pas forcément dans le fait de proposer immédiatement, spontanément des types, des outils. J'essaie vraiment d'être dans la compréhension de ce qui peut faire blocage.

  • Speaker #1

    D'accord, donc d'abord l'écoute.

  • Speaker #0

    Exactement, l'écoute pour la compréhension. Moi, ce qui me permet aussi d'avoir des liens, peut-être d'aller plus profondément que ce que la personne peut imaginer. C'est d'ailleurs très souvent ce qui se passe. C'est là aussi où on s'aperçoit que parfois les blocages, en fait, ils ne sont pas liés au sport. Et c'est là où c'est très important de prendre conscience que ça se met en évidence dans le sport, mais la source, très souvent, elle ne fait pas partie du sport. Elle se met en avant dans le sport parce que c'est notre passion, c'est ce qui nous anime, c'est ce qu'on aime.

  • Speaker #1

    Parce qu'on se dépasse, qu'on est en dehors de notre zone de confort.

  • Speaker #0

    Exactement. Et c'est tout ça qui fait que ça augmente les chances que ça vienne être mis en évidence. dans la pratique sportive. Donc c'est ce tout là qui fait qu'une fois que je sens que telle ou telle piste pourrait être l'origine, pourrait être une problématique, une cause, que derrière, selon mon ressenti, selon ce que je vois, si la personne peut être réceptive ou non, proposer quelque chose qui va pouvoir être sur mesure. Je n'ai pas de trame, je n'ai pas de questionnaire. prévu à l'avance, je sais jamais ce que je vais dire. C'est du ressenti, c'est du spontané par rapport à ce que la personne elle dit en fait.

  • Speaker #1

    C'est de l'adaptation en permanence.

  • Speaker #0

    C'est de l'adaptation en permanence et en fait c'est la personne qui est en face de moi qui dicte ce qui va se passer en fonction de ce qu'elle dit. Moi je sais pas quel est sa problématique, je sais pas pourquoi ça la met tant en difficulté. Si je prends un exemple, une personne qui dit j'arrive pas à dormir avant mes compétitions. il y a des personnes, ça ne va pas vraiment déranger ou ça ne va pas vraiment avoir d'impact. Alors sur cet exemple-là, majoritairement, si on ne dort pas...

  • Speaker #1

    C'est compliqué le lendemain.

  • Speaker #0

    Exactement. Mais voilà, c'est cette vision-là. Tu demandais si j'avais des exercices que je suggérais. J'essaie d'apporter des outils concrets. C'est vraiment quelque chose qui est très important. Alors c'est le propre de la préparation mentale aussi. Des outils qui vont pouvoir être utilisés, pas forcément aussi que dans le sport. Dans la vie de tous les jours, pourquoi ? Parce que la pratique sportive, elle va peut-être correspondre 10, 15, 20% d'un quotidien. Mais si j'arrive à proposer un outil qui peut être utilisé partout, tout le temps, en fait cet entraînement, il peut être présent. tout au long de la journée. Et donc du coup, s'il est présent tout au long de la journée, on augmente les chances de l'ancrer, de le mémoriser, et donc du coup d'automatiser ce petit tips qui va nous aider dans la pratique sportive, mais pas que.

  • Speaker #1

    Et quel genre d'exercice tu pourrais donner ?

  • Speaker #0

    Le premier qui me vient, c'est aussi, je pense, celui qui revient le plus. C'est ce qui va être lié à la respiration. La respiration, très souvent... Simplement en étant assis, en discutant de tout et de rien ou de ce qui va mettre en problématique le ou la sportive, j'arrive à remarquer que la personne respire très souvent mal. Eh oui, respiration thoracique, exactement.

  • Speaker #1

    Petit update, petit rappel, on a fait le podcast, un épisode avec Noémie Masson sur la respiration, donc n'hésitez pas à aller écouter le dernier épisode sur la respiration qui peut aussi vous donner des clés. Et il y a un petit exercice à la fin justement pour vous initier à cette respiration plutôt de détente. Et je te laisse continuer sur « il y en a qui respirent mal » .

  • Speaker #0

    Ah oui, respirer mal, c'est déjà pour beaucoup, respiration uniquement avec la cage thoracique, avec le haut du corps. Donc ça crée énormément de tension. Donc de fatigue, et cette fatigue elle a une répercussion directe, qu'on le veuille ou non d'ailleurs, sur notre façon de mettre en place un mouvement. C'est des tensions, des contractions musculaires, donc c'est toutes des difficultés qui vont découler de justement cette mauvaise respiration. Mais cette mauvaise respiration elle est aussi dans le fait qu'avoir un ventre... qui se gonflent quand on inspire et qui se creusent quand on expire. Et parfois, le stress, l'environnement, le contexte de vie fait que les personnes ne se rendent même pas compte que quand elles inspirent, le ventre se creuse. Donc c'est déjà prendre conscience que... On inverse totalement la respiration. Exactement. Donc déjà, c'est prendre conscience que la respiration, elle n'est pas comme il faut. Et très souvent, ces mêmes personnes disent « Je ne comprends pas, je stresse beaucoup. » Et quand j'essaie de me calmer, j'y arrive pas, c'est de plus en plus difficile de respirer. Oui, en fait, c'est physiologique.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Alors la respiration, on l'a vu et on le redit, c'est vraiment une source de stress et de tension. Le fait de l'améliorer peut vraiment permettre de se libérer déjà d'un certain poids. Qu'est-ce qu'il y a d'autre ? Alors moi, je me souviens, quand j'étais plus jeune, on me disait... Moi, je suis gymnaste aussi. Fais ton enchaînement dans ta tête en imaginant les juges, l'espace, etc. Tu le fais plusieurs fois avant de dormir et comme ça, le lendemain, t'es plus rassuré. Bon, est-ce que ça marche ? Est-ce que c'était la bonne technique ?

  • Speaker #0

    Alors, en effet, la visualisation est un outil de la préparation mentale et c'est un très bon outil. Pourquoi ? Parce qu'en fait, le cerveau, quand il réalise une action ou quand il l'imagine, il ne fait presque pas la différence. Je pense que c'est au deux tiers ou au trois quarts, je ne sais plus précisément. Les aires cérébrales qui sont mobilisées dans la visualisation, elles sont quasiment identiques que celles utilisées quand on réalise le mouvement.

  • Speaker #1

    Magique.

  • Speaker #0

    Magique, déjà numéro un. Et magie numéro deux, ça veut dire qu'on est capable de répéter un mouvement de manière précise. Sans se fatiguer.

  • Speaker #1

    Sans user le corps.

  • Speaker #0

    Exactement. Et donc du coup ça évite parfois le surentraînement et les blessures, les complications, les gènes, etc. Donc oui, c'est un outil qui peut être très important, mais... Tout le monde n'est pas capable tout de suite d'avoir une visualisation précise.

  • Speaker #1

    C'est difficile, je suppose que ça demande un entraînement ?

  • Speaker #0

    Voir une situation c'est une chose, mais par exemple d'être capable de se déplacer comme si on avait une vision 3D, c'est aussi un exercice de visualisation, alors qu'il est beaucoup plus complexe. Mais plus on arrive à se déplacer comme si on avait cette caméra 3D, à faire des zooms, des zooms, etc. ça permet du coup de mettre en place un geste technique de manière plus précise.

  • Speaker #1

    Oui, et puis peut-être, moi je me disais, ça doit rassurer mon cerveau, il l'a déjà vu, alors du coup, c'est plus facile pour lui.

  • Speaker #0

    Quand la visualisation, elle est faite de manière positive.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai que le cerveau aurait bien tendance à me dire, et si tu as raté ça ?

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et là, tu interviens aussi sur ce sujet-là ? Oui,

  • Speaker #0

    ce sont les peurs, les appréhensions, les craintes. C'est un peu la question du discours interne qui est négatif, qui est aussi très très très très important. Tout ça est souvent lié aussi à ce que j'appelle l'autoréalisation des prophéties. La phrase qui pourrait un peu résumer ça, c'est « fais attention à ce que tu penses, ça risquerait d'arriver » . Et bien justement, si on se dit avant même que la moindre action est réalisée, et si je ratais, il ne faut pas que je rate, etc. On conditionne notre cerveau sur cet échec et vu que le cerveau est lié au corps, le corps réagit en conséquence. Si on montre à quelqu'un une image qui lui fait peur, un chat noir, un accident de voiture, je ne sais quoi, le corps va avoir des réactions, qu'on le veuille ou non, c'est pour tout le monde pareil. Et donc ces réactions peuvent créer des tensions, des contractions, de la fatigue et on repart dans le procès évoqué tout à l'heure. où il va y avoir une répercussion directe, qu'on le veuille ou non. C'est le fonctionnement humain qui est comme ça en fait.

  • Speaker #1

    D'accord, donc tu tournes autour de tous ces outils-là. On a parlé du dialogue interne, de la visualisation, de la respiration pour apprendre à gérer son stress, etc. Les exercices fluctuent en fonction des gens et des problématiques que tu as en face de toi. L'idée, c'est de rendre tes sportifs et tes sportives autonomes ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est très important. C'est vraiment... Une notion fondamentale pour moi, parce que l'objectif c'est que les personnes puissent se débrouiller elles-mêmes, déjà pour elles, parce que si elles sont dépendantes de ce que je peux dire ou de ce que je peux leur proposer, la problématique c'est qu'elles risquent de paniquer quand elles sont face à l'événement et souvent elles sont seules. Donc oui, c'est de rendre autonome les sportifs dans leur pratique, dans leur quotidien. Et c'est aussi leur montrer qu'ils sont capables. Ils sont capables. Et très souvent, ça aussi, c'est un axe qui est très important et qui est mis en avant, ou du moins que j'essaie de mettre en avant. C'est qu'en fait, sans qu'on s'en rende compte, on a beaucoup de capacités qu'on arrive à mettre en place, ou plutôt qui nous permettent de mettre en place beaucoup de choses, mais on minimise. En fait, quand on rate, c'est de notre faute. Et quand on réussit, c'est normal.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est important de se dire, j'ai réussi, j'en suis capable. Pourquoi ? Pour travailler directement ou indirectement sur la question de la confiance en soi.

  • Speaker #1

    Et combien de temps on a besoin, je ne sais pas si on peut dire thérapie, mais en tout cas cette préparation mentale pour un événement précis, la durée en moyenne ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de durée. Il n'y a pas de durée, ça serait trop beau. parce qu'on ne sait pas combien de temps la personne souhaite travailler ça peut être lié à une question de temps ça peut être lié à une question d'échéance ça peut être lié à une question de budget aussi, c'est certain c'est ce qui fait que certaines structures prennent en compte, d'autres non voilà, c'est lié à c'est multifactoriel et donc du coup on peut pas vraiment dire, on peut pas savoir combien de temps une personne va mettre pour adhérer à hum... une prise de conscience, pour mettre en place ou arriver, par exemple, si on revient sur la question de la respiration, il y a des personnes, en 10 minutes, elles sont capables de rectifier,

  • Speaker #1

    de retrouver.

  • Speaker #0

    Exactement. D'autres, ça met plusieurs semaines.

  • Speaker #1

    Oui, donc en fonction, puis aussi en fonction de leur éveil, développement personnel, etc. Est-ce qu'il y a un minimum quand même ? Parce qu'est-ce qu'en trois séances, je peux arriver et régler, entre guillemets, mes difficultés et réussir ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend de la problématique. Tout est possible. Alors quand je dis ça, on n'a pas de baguette magique. Il y a aussi, comment je pourrais dire ça, une difficulté qui apparaît souvent, c'est qu'on vient souvent toquer à la porte quand c'est la crise, quand c'est l'alerte, quand c'est la détresse. Et donc du coup, c'est bon, j'ai plus rien à perdre. C'est un peu ça. Et donc, quand c'est ça, souvent, c'est un peu trop tard. C'est pour ça que c'est quelque chose, c'est un travail de fond en fait, c'est pas un travail d'urgence. C'est un travail de fond pour se donner la possibilité que les futures échéances, elles soient abordées de manière différente. Et ça, c'est un aspect aussi très important. Donc, si on est dans l'urgence, forcément, on minimise la possibilité d'avoir des actions qui vont permettre de modifier les choses sur le long terme. C'est toujours ça qui est important, le long terme. Donc,

  • Speaker #1

    ce que tu conseilles, c'est plutôt d'anticiper. Et pas arriver, j'ai une compète la semaine prochaine, je suis en galère et je viens de voir. Ça sera beaucoup plus efficace, efficient de faire cette démarche sur le long terme et avec un peu d'anticipation par rapport à l'événement.

  • Speaker #0

    C'est très important, c'est se donner la possibilité d'avoir le temps en fait. D'avoir le temps, d'agir soi-même selon sa propre temporalité parce qu'on a tous des besoins, des façons de faire, d'être qui sont différentes. Et c'est ce qui fait que, par exemple, moi je suis certain sportif qui prépare les jeux, ils le font dès aujourd'hui pour que ça puisse s'ancrer, prendre le temps de pouvoir se tromper. Alors que quand on est dans la précipitation, c'est un peu comme si on n'avait pas le droit à l'erreur. Donc c'est une tension supplémentaire, un stress supplémentaire et donc du coup qui augmente les chances de biaiser tout ce qui est mis en place.

  • Speaker #1

    D'accord. Bon écoute, on a déjà vu une bonne partie là de la préparation mentale. On va se laisser tranquillement ingérer toutes les informations que tu viens de nous donner là. Et puis, on va se retrouver la semaine prochaine pour aller un peu plus loin dans cette préparation mentale dans la vie d'un sportif ou d'une sportive, comment elle s'inscrit. Merci Mathias.

  • Speaker #0

    Merci à vous. Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci pour votre écoute. On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires sur Apple Podcasts et des étoiles sur Spotify. et Apple Podcasts. À bientôt !

Description

La préparation mentale est une technique pour optimiser la performance qui n’est pas réservée qu’aux sportif·ves de haut niveau ! Visualisation, dialogue interne… Qu’est-ce que la préparation mentale ? Pourquoi on en parle de plus en plus ? Qu’est-ce que ça apporte en plus de la préparation physique ? 🏆✨


Avec Matthias Watine, psychologue du sport et préparateur mental d'athlètes, qui prépare notamment la grande échéance de 2024, nous balayons les fondamentaux sur le sujet en 2 épisodes. Voici le premier volet. Pour en savoir plus sur Matthias Watine : https://matthias-watine.com/

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Les Conseils de sportifs et des sportives, c’est le podcast de DECATHLON qui vous accompagne dans votre pratique sportive, qui vous aide à débuter ou à reprendre le sport. C’est aussi le podcast qui vous prouve que l’activité physique, c’est avant tout du plaisir ! Grâce aux conseils et astuces d'expert•es en la matière et aux partages d'expériences de vie de pratiquant•es, chaque épisode est une nouvelle occasion d'en apprendre un peu plus sur votre (future) passion !


Découvrez également Conseil Sport, le média dont l'objectif est de vous encourager à vous (re)mettre au sport et de vous aider à progresser dans votre pratique.


On nous le dit assez souvent : pratiquer une activité physique, c'est bon pour la santé. Ce qu'on nous dit moins c'est comment on s'y prend ? Par où on commence ? Plus que de vous voir accomplir un exploit sportif, notre plus grande fierté serait de vous faire aimer le sport, durablement. Parce que c'est ça, le secret de la motivation : trouver l'activité qui vous apporte la dose de joie qu'il vous faut dans votre quotidien.


Producteur : Pipo et Lola


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je m'appelle Mathias Soatine, psychologue clinicien, psychologue du sport et préparateur mental. Alors aujourd'hui on va parler de la préparation mentale, ce qu'elle peut représenter, quand est-ce qu'elle peut être utilisée, comment on peut s'en servir, à quel moment et qui. A qui plutôt elle peut être adressée.

  • Speaker #1

    Conseils de sportifs et de sportives, ce podcast a vocation à vous être utile, vous accompagner dans la pratique du sport et répondre aux questions que vous vous posez ou que vous ne vous posez pas encore sur la forme, la santé, le bien-être et le sport. Je suis Céciliane,

  • Speaker #0

    journaliste et coach sportif et je serai toujours entourée d'experts et d'expertes pour aborder tous ces sujets.

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes et à tous, on se retrouve pour un nouvel épisode après avoir abordé la gestion de l'échec. Je me suis dit que ce serait peut-être intéressant de préparer davantage nos échéances sportives et peut-être plus facile de préparer de façon mentale pour atteindre nos objectifs. Alors c'est pour ça qu'aujourd'hui je suis avec Mathias Wattin dans son cabinet pour parler de la préparation mentale. Et comme on sait qu'un épisode ne suffira pas pour aborder la question, et bien vous aurez cette thématique divisée en deux parties. On commence tout de suite avec les fondamentaux. Et d'abord, bonjour Mathias !

  • Speaker #0

    Bonjour !

  • Speaker #1

    Tu vas bien ?

  • Speaker #0

    Très bien et toi ?

  • Speaker #1

    T'es bien installé ?

  • Speaker #0

    Super !

  • Speaker #1

    Tu connais bien l'endroit donc normalement. Alors dis-moi tout simplement, c'est quoi la préparation mentale ?

  • Speaker #0

    Alors la préparation mentale, c'est un peu comme une grande boîte à outils dans laquelle on va pouvoir retrouver plein de tips concrets qui vont permettre aux sportifs, mais pas que, de pouvoir faire face à certaines difficultés, comme la gestion du stress, gestion des émotions, la question de la programmation, planification, et j'en passe, c'est comment arriver à faire face concrètement par rapport à une réalité de terrain, tout simplement.

  • Speaker #1

    Lors de notre premier échange, tu m'as dit « bon, je veux bien parler de la vision globale, mais j'ai aussi, moi, mes propres convictions sur la préparation mentale » . Alors tu peux aller plus loin, quelle est ta vision à toi en tant que psychologue du sport ? Pour toi, qu'est-ce que la préparation mentale ?

  • Speaker #0

    Et bien oui, exactement, la spécificité pour moi c'est que je suis aussi psychologue du sport et donc du coup cette casquette supplémentaire, c'est celle que j'utilise pour avoir moi ma posture globale. C'est-à-dire que la préparation mentale est un peu comme une branche de ce que peut être la psychologie du sport. Et donc du coup, moi, la psychologie du sport permet d'avoir cette approche plus complète, holistique, et ce qui va me permettre aussi d'avoir davantage d'informations pour essayer de comprendre aussi la difficulté pour le sportif en lui-même, et d'essayer du coup de pouvoir suggérer, proposer des alternatives qui pourront aider la personne.

  • Speaker #1

    Et moi, la préparation mentale, j'en ai entendu parler, mais il n'y a pas si longtemps que ça dans le monde du sport. Pourquoi on en parle de plus en plus justement ? Moi, j'entends beaucoup... Les français ils n'ont pas de mental lors des jeux olympiques ou lors de grands événements sportifs. Pourquoi maintenant on en parle et qu'est-ce qui a fait que peut-être dans le monde de la psychologie on a pris conscience que le mental pouvait aider dans la performance sportive ?

  • Speaker #0

    Pourtant ça existe depuis un bon moment en fait. En France c'est récent, ça c'est sûr. Il y a des précurseurs. Celui qui me vient c'était Liriner qui lui... a dit que depuis tout jeune, il faisait de la préparation mentale, il était suivi par une préparatrice mentale, Myriam Salmi, il me semble. Et donc du coup, c'est à force d'entendre aussi des sportifs de haut niveau que ça permet de démocratiser, que ça soit moins un tabou. Tout comme peut l'être aussi la psychologie, pendant des années ça a été tabou, et là on va dire depuis quelques années, ça commence à être un peu plus...

  • Speaker #1

    Parce que ça pouvait montrer une certaine faiblesse du sportif ou de la sportive ?

  • Speaker #0

    C'est souvent comme ça. En tout cas, moi, les sportifs et sportives qui viennent parfois l'abordent comme si c'était une faille, une faiblesse, une difficulté. Mais quand on voit les choses avec recul, en fait, on se rend compte qu'en fin de compte, avoir conscience de sa difficulté, c'est une force. Parce que c'est se donner la possibilité, du coup, d'agir. concrètement, si on n'a pas conscience de ce qui se passe, on n'a pas la possibilité de trouver des solutions ou de s'adapter face à la situation qui nous met en échec. Donc oui, ça c'est un point de départ qui est très très très important et donc c'est ce qui fait aussi qu'au fur et à mesure, en termes de physique, les expertises ont été de plus en plus poussées, en termes de technique, en termes d'outils qui ont été proposés aux sportifs. et à un moment donné, on s'est rendu compte qu'il manquait aussi parfois quelque chose. Et je pense que c'est à force qu'on a pris conscience, les sportifs, les entraîneurs, parce que les entraîneurs ont aussi un rôle très important à jouer, que le mental avait un rôle majeur dans la pratique sportive, qu'elle soit au niveau amateur ou professionnel, peu importe.

  • Speaker #1

    Tu viens de me spoiler ma prochaine question, qui était « Pour qui c'est destiné ? » parce que c'est vrai que tu parles beaucoup des sportifs de haut niveau et c'est eux qui en parlent. Mais en effet, tu le dis très bien, c'est destiné aussi aux amateurs. C'est tout à fait accessible, en tout cas, à n'importe quel niveau de pratique.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça. C'est pour toute personne qui en ressent le besoin, quelle que soit sa discipline, quel que soit son niveau. L'exemple qui me vient, c'est une personne qui stresse. Le stress, il n'apparaît pas uniquement quand on se retrouve aux Jeux Olympiques, en fait. C'est notre perception de l'événement qui crée justement une difficulté, un stress. Donc c'est pour monsieur et madame tout le monde, on l'évoque aussi principalement là dans la notion du sport, mais au niveau professionnel c'est la même chose. C'est justement pour ça aussi qu'il y a de plus en plus de coachs d'entreprise qui interviennent auprès des salariés pour arriver à faire face peut-être à une pression de plus en plus importante, à une demande de plus en plus importante. Donc tout le monde peut être concerné.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais que la France était un peu en retard sur le sujet, donc elle essaye de rattraper ce retard. Quel est le pays qui a été justement précurseur de la préparation mentale ?

  • Speaker #0

    Je pense que les États-Unis ont beaucoup moins de tabous par rapport à ça. Parce que faire appel à un préparateur ou une préparatrice mentale, c'est aussi affirmer la volonté de réussir. Je veux réussir, je veux être premier, je veux être numéro un, numéro une. Et c'est vrai que c'est un peu tabou aussi en France. On aime bien gagner. L'humilité, c'est très bien aussi. Il ne faut pas trop le dire aussi. Exactement.

  • Speaker #1

    Ça fait partie un peu de la culture française en effet.

  • Speaker #0

    Voilà. Et je pense que ça a eu aussi à un moment donné un rôle. Et quand on voit aux Etats-Unis, non, on affirme, on dit, peu importe ce que peuvent penser les autres, moi je veux être premier, point. Et c'est au fur et à mesure, je pense que, voilà, on a pris conscience qu'on avait le droit. de vouloir être numéro 1, on a le droit de vouloir gagner, pourquoi on devrait toujours être les éternels seconds ? Et non, et voilà, il y en a qui ont pris les devants. Et en même temps, si on prend du recul sur ce que peut être le sport de haut niveau, on se rend compte que pour que le corps fonctionne, il faut que le cerveau envoie le bon message. Donc corps et esprit sont liés.

  • Speaker #1

    Justement... La question qui me vient, c'est quand on a poussé le curseur de la préparation physique à fond, techniquement, on est bon, on est fort ou forte dans sa discipline, qu'est-ce que vient apporter en plus la préparation mentale, concrètement ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend de ce qui peut mettre en difficulté le ou la sportive. La préparation mentale, en soi, c'est une façon déjà d'être concentré sur soi. pas sur l'événement, quel qu'il soit. La concentration sur soi, se centrer sur soi, c'est aussi une façon du coup de se donner la possibilité d'augmenter sa confiance en soi. C'est forcément lié. Et cette confiance en soi, elle va permettre d'avoir une attention, une concentration particulière et qui va optimiser les chances que le mouvement, quel qu'il soit, soit réalisé comme on le souhaite. Voilà en quoi cette préparation mentale elle vient aussi apporter un plus dans la réalisation technique, tactique, peu importe.

  • Speaker #1

    Oui, dans l'intention qu'on va mettre dans son geste. On le voit dans n'importe quelle pratique. Moi, je le vois, je pratique la danse et je vois bien que si je mets une intention différente, je ne vais pas avoir le même... Le spectateur ne va pas ressentir la même chose. Donc, j'imagine que quand on a des pensées négatives ou positives, ça vient influencer la manière de faire sa discipline. Très bien et comment ça marche alors ? Quand on vient dans ton cabinet, on te pose, on met les mots sur les difficultés qu'on observe et comment ça fonctionne ? Qu'est-ce que tu mets en place ?

  • Speaker #0

    Alors là du coup je fais le pont avec ce que je disais tout au début, moi dans ma pratique c'est ma posture de psychologue qui m'aide et que j'utilise pour essayer de voir qu'est-ce qui fait que la personne est en difficulté. Parce que c'est bien beau de voir une difficulté, c'est aussi important de la comprendre. La comprendre, c'est aussi essayer d'agir à la source. Alors, ça c'est la spécificité de la psychologie du sport. Mais quand on est uniquement préparateur mental ou préparatrice mentale, on essaie d'agir directement, de voir quelles sont les sources de problématiques et quels sont les leviers qu'on peut actionner pour faire face, justement.

  • Speaker #1

    Toi, concrètement, avec ta posture de psychologue du sport et de préparateur mental, parce que tu as également les deux casquettes, comment tu agis ? On s'installe dans le canapé, on te parle de nos choses, comment tu fais ? Est-ce que tu écoutes ou est-ce que tu donnes des exercices à faire, des devoirs à la maison ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Alors, comme je t'ai dit, tu t'assoies, tu t'installes, ou tu penses être la plus à l'aise. C'est très important déjà de se sentir bien dans une posture qui nous correspond. C'est pour ça qu'il y a différentes assises. Oui,

  • Speaker #1

    je vois autour de moi, on voit des canapés, des chaises et des fauteuils un peu plus allongés.

  • Speaker #0

    Exactement. Et ça dépend. C'est vraiment du cas par cas. Selon ce qui peut être ressenti, c'est vrai que Principalement sur les premiers rendez-vous, j'essaie d'avoir une vision globale pour comprendre. Et donc à ce moment-là, je ne suis pas forcément dans le fait de proposer immédiatement, spontanément des types, des outils. J'essaie vraiment d'être dans la compréhension de ce qui peut faire blocage.

  • Speaker #1

    D'accord, donc d'abord l'écoute.

  • Speaker #0

    Exactement, l'écoute pour la compréhension. Moi, ce qui me permet aussi d'avoir des liens, peut-être d'aller plus profondément que ce que la personne peut imaginer. C'est d'ailleurs très souvent ce qui se passe. C'est là aussi où on s'aperçoit que parfois les blocages, en fait, ils ne sont pas liés au sport. Et c'est là où c'est très important de prendre conscience que ça se met en évidence dans le sport, mais la source, très souvent, elle ne fait pas partie du sport. Elle se met en avant dans le sport parce que c'est notre passion, c'est ce qui nous anime, c'est ce qu'on aime.

  • Speaker #1

    Parce qu'on se dépasse, qu'on est en dehors de notre zone de confort.

  • Speaker #0

    Exactement. Et c'est tout ça qui fait que ça augmente les chances que ça vienne être mis en évidence. dans la pratique sportive. Donc c'est ce tout là qui fait qu'une fois que je sens que telle ou telle piste pourrait être l'origine, pourrait être une problématique, une cause, que derrière, selon mon ressenti, selon ce que je vois, si la personne peut être réceptive ou non, proposer quelque chose qui va pouvoir être sur mesure. Je n'ai pas de trame, je n'ai pas de questionnaire. prévu à l'avance, je sais jamais ce que je vais dire. C'est du ressenti, c'est du spontané par rapport à ce que la personne elle dit en fait.

  • Speaker #1

    C'est de l'adaptation en permanence.

  • Speaker #0

    C'est de l'adaptation en permanence et en fait c'est la personne qui est en face de moi qui dicte ce qui va se passer en fonction de ce qu'elle dit. Moi je sais pas quel est sa problématique, je sais pas pourquoi ça la met tant en difficulté. Si je prends un exemple, une personne qui dit j'arrive pas à dormir avant mes compétitions. il y a des personnes, ça ne va pas vraiment déranger ou ça ne va pas vraiment avoir d'impact. Alors sur cet exemple-là, majoritairement, si on ne dort pas...

  • Speaker #1

    C'est compliqué le lendemain.

  • Speaker #0

    Exactement. Mais voilà, c'est cette vision-là. Tu demandais si j'avais des exercices que je suggérais. J'essaie d'apporter des outils concrets. C'est vraiment quelque chose qui est très important. Alors c'est le propre de la préparation mentale aussi. Des outils qui vont pouvoir être utilisés, pas forcément aussi que dans le sport. Dans la vie de tous les jours, pourquoi ? Parce que la pratique sportive, elle va peut-être correspondre 10, 15, 20% d'un quotidien. Mais si j'arrive à proposer un outil qui peut être utilisé partout, tout le temps, en fait cet entraînement, il peut être présent. tout au long de la journée. Et donc du coup, s'il est présent tout au long de la journée, on augmente les chances de l'ancrer, de le mémoriser, et donc du coup d'automatiser ce petit tips qui va nous aider dans la pratique sportive, mais pas que.

  • Speaker #1

    Et quel genre d'exercice tu pourrais donner ?

  • Speaker #0

    Le premier qui me vient, c'est aussi, je pense, celui qui revient le plus. C'est ce qui va être lié à la respiration. La respiration, très souvent... Simplement en étant assis, en discutant de tout et de rien ou de ce qui va mettre en problématique le ou la sportive, j'arrive à remarquer que la personne respire très souvent mal. Eh oui, respiration thoracique, exactement.

  • Speaker #1

    Petit update, petit rappel, on a fait le podcast, un épisode avec Noémie Masson sur la respiration, donc n'hésitez pas à aller écouter le dernier épisode sur la respiration qui peut aussi vous donner des clés. Et il y a un petit exercice à la fin justement pour vous initier à cette respiration plutôt de détente. Et je te laisse continuer sur « il y en a qui respirent mal » .

  • Speaker #0

    Ah oui, respirer mal, c'est déjà pour beaucoup, respiration uniquement avec la cage thoracique, avec le haut du corps. Donc ça crée énormément de tension. Donc de fatigue, et cette fatigue elle a une répercussion directe, qu'on le veuille ou non d'ailleurs, sur notre façon de mettre en place un mouvement. C'est des tensions, des contractions musculaires, donc c'est toutes des difficultés qui vont découler de justement cette mauvaise respiration. Mais cette mauvaise respiration elle est aussi dans le fait qu'avoir un ventre... qui se gonflent quand on inspire et qui se creusent quand on expire. Et parfois, le stress, l'environnement, le contexte de vie fait que les personnes ne se rendent même pas compte que quand elles inspirent, le ventre se creuse. Donc c'est déjà prendre conscience que... On inverse totalement la respiration. Exactement. Donc déjà, c'est prendre conscience que la respiration, elle n'est pas comme il faut. Et très souvent, ces mêmes personnes disent « Je ne comprends pas, je stresse beaucoup. » Et quand j'essaie de me calmer, j'y arrive pas, c'est de plus en plus difficile de respirer. Oui, en fait, c'est physiologique.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Alors la respiration, on l'a vu et on le redit, c'est vraiment une source de stress et de tension. Le fait de l'améliorer peut vraiment permettre de se libérer déjà d'un certain poids. Qu'est-ce qu'il y a d'autre ? Alors moi, je me souviens, quand j'étais plus jeune, on me disait... Moi, je suis gymnaste aussi. Fais ton enchaînement dans ta tête en imaginant les juges, l'espace, etc. Tu le fais plusieurs fois avant de dormir et comme ça, le lendemain, t'es plus rassuré. Bon, est-ce que ça marche ? Est-ce que c'était la bonne technique ?

  • Speaker #0

    Alors, en effet, la visualisation est un outil de la préparation mentale et c'est un très bon outil. Pourquoi ? Parce qu'en fait, le cerveau, quand il réalise une action ou quand il l'imagine, il ne fait presque pas la différence. Je pense que c'est au deux tiers ou au trois quarts, je ne sais plus précisément. Les aires cérébrales qui sont mobilisées dans la visualisation, elles sont quasiment identiques que celles utilisées quand on réalise le mouvement.

  • Speaker #1

    Magique.

  • Speaker #0

    Magique, déjà numéro un. Et magie numéro deux, ça veut dire qu'on est capable de répéter un mouvement de manière précise. Sans se fatiguer.

  • Speaker #1

    Sans user le corps.

  • Speaker #0

    Exactement. Et donc du coup ça évite parfois le surentraînement et les blessures, les complications, les gènes, etc. Donc oui, c'est un outil qui peut être très important, mais... Tout le monde n'est pas capable tout de suite d'avoir une visualisation précise.

  • Speaker #1

    C'est difficile, je suppose que ça demande un entraînement ?

  • Speaker #0

    Voir une situation c'est une chose, mais par exemple d'être capable de se déplacer comme si on avait une vision 3D, c'est aussi un exercice de visualisation, alors qu'il est beaucoup plus complexe. Mais plus on arrive à se déplacer comme si on avait cette caméra 3D, à faire des zooms, des zooms, etc. ça permet du coup de mettre en place un geste technique de manière plus précise.

  • Speaker #1

    Oui, et puis peut-être, moi je me disais, ça doit rassurer mon cerveau, il l'a déjà vu, alors du coup, c'est plus facile pour lui.

  • Speaker #0

    Quand la visualisation, elle est faite de manière positive.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai que le cerveau aurait bien tendance à me dire, et si tu as raté ça ?

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et là, tu interviens aussi sur ce sujet-là ? Oui,

  • Speaker #0

    ce sont les peurs, les appréhensions, les craintes. C'est un peu la question du discours interne qui est négatif, qui est aussi très très très très important. Tout ça est souvent lié aussi à ce que j'appelle l'autoréalisation des prophéties. La phrase qui pourrait un peu résumer ça, c'est « fais attention à ce que tu penses, ça risquerait d'arriver » . Et bien justement, si on se dit avant même que la moindre action est réalisée, et si je ratais, il ne faut pas que je rate, etc. On conditionne notre cerveau sur cet échec et vu que le cerveau est lié au corps, le corps réagit en conséquence. Si on montre à quelqu'un une image qui lui fait peur, un chat noir, un accident de voiture, je ne sais quoi, le corps va avoir des réactions, qu'on le veuille ou non, c'est pour tout le monde pareil. Et donc ces réactions peuvent créer des tensions, des contractions, de la fatigue et on repart dans le procès évoqué tout à l'heure. où il va y avoir une répercussion directe, qu'on le veuille ou non. C'est le fonctionnement humain qui est comme ça en fait.

  • Speaker #1

    D'accord, donc tu tournes autour de tous ces outils-là. On a parlé du dialogue interne, de la visualisation, de la respiration pour apprendre à gérer son stress, etc. Les exercices fluctuent en fonction des gens et des problématiques que tu as en face de toi. L'idée, c'est de rendre tes sportifs et tes sportives autonomes ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est très important. C'est vraiment... Une notion fondamentale pour moi, parce que l'objectif c'est que les personnes puissent se débrouiller elles-mêmes, déjà pour elles, parce que si elles sont dépendantes de ce que je peux dire ou de ce que je peux leur proposer, la problématique c'est qu'elles risquent de paniquer quand elles sont face à l'événement et souvent elles sont seules. Donc oui, c'est de rendre autonome les sportifs dans leur pratique, dans leur quotidien. Et c'est aussi leur montrer qu'ils sont capables. Ils sont capables. Et très souvent, ça aussi, c'est un axe qui est très important et qui est mis en avant, ou du moins que j'essaie de mettre en avant. C'est qu'en fait, sans qu'on s'en rende compte, on a beaucoup de capacités qu'on arrive à mettre en place, ou plutôt qui nous permettent de mettre en place beaucoup de choses, mais on minimise. En fait, quand on rate, c'est de notre faute. Et quand on réussit, c'est normal.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est important de se dire, j'ai réussi, j'en suis capable. Pourquoi ? Pour travailler directement ou indirectement sur la question de la confiance en soi.

  • Speaker #1

    Et combien de temps on a besoin, je ne sais pas si on peut dire thérapie, mais en tout cas cette préparation mentale pour un événement précis, la durée en moyenne ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de durée. Il n'y a pas de durée, ça serait trop beau. parce qu'on ne sait pas combien de temps la personne souhaite travailler ça peut être lié à une question de temps ça peut être lié à une question d'échéance ça peut être lié à une question de budget aussi, c'est certain c'est ce qui fait que certaines structures prennent en compte, d'autres non voilà, c'est lié à c'est multifactoriel et donc du coup on peut pas vraiment dire, on peut pas savoir combien de temps une personne va mettre pour adhérer à hum... une prise de conscience, pour mettre en place ou arriver, par exemple, si on revient sur la question de la respiration, il y a des personnes, en 10 minutes, elles sont capables de rectifier,

  • Speaker #1

    de retrouver.

  • Speaker #0

    Exactement. D'autres, ça met plusieurs semaines.

  • Speaker #1

    Oui, donc en fonction, puis aussi en fonction de leur éveil, développement personnel, etc. Est-ce qu'il y a un minimum quand même ? Parce qu'est-ce qu'en trois séances, je peux arriver et régler, entre guillemets, mes difficultés et réussir ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend de la problématique. Tout est possible. Alors quand je dis ça, on n'a pas de baguette magique. Il y a aussi, comment je pourrais dire ça, une difficulté qui apparaît souvent, c'est qu'on vient souvent toquer à la porte quand c'est la crise, quand c'est l'alerte, quand c'est la détresse. Et donc du coup, c'est bon, j'ai plus rien à perdre. C'est un peu ça. Et donc, quand c'est ça, souvent, c'est un peu trop tard. C'est pour ça que c'est quelque chose, c'est un travail de fond en fait, c'est pas un travail d'urgence. C'est un travail de fond pour se donner la possibilité que les futures échéances, elles soient abordées de manière différente. Et ça, c'est un aspect aussi très important. Donc, si on est dans l'urgence, forcément, on minimise la possibilité d'avoir des actions qui vont permettre de modifier les choses sur le long terme. C'est toujours ça qui est important, le long terme. Donc,

  • Speaker #1

    ce que tu conseilles, c'est plutôt d'anticiper. Et pas arriver, j'ai une compète la semaine prochaine, je suis en galère et je viens de voir. Ça sera beaucoup plus efficace, efficient de faire cette démarche sur le long terme et avec un peu d'anticipation par rapport à l'événement.

  • Speaker #0

    C'est très important, c'est se donner la possibilité d'avoir le temps en fait. D'avoir le temps, d'agir soi-même selon sa propre temporalité parce qu'on a tous des besoins, des façons de faire, d'être qui sont différentes. Et c'est ce qui fait que, par exemple, moi je suis certain sportif qui prépare les jeux, ils le font dès aujourd'hui pour que ça puisse s'ancrer, prendre le temps de pouvoir se tromper. Alors que quand on est dans la précipitation, c'est un peu comme si on n'avait pas le droit à l'erreur. Donc c'est une tension supplémentaire, un stress supplémentaire et donc du coup qui augmente les chances de biaiser tout ce qui est mis en place.

  • Speaker #1

    D'accord. Bon écoute, on a déjà vu une bonne partie là de la préparation mentale. On va se laisser tranquillement ingérer toutes les informations que tu viens de nous donner là. Et puis, on va se retrouver la semaine prochaine pour aller un peu plus loin dans cette préparation mentale dans la vie d'un sportif ou d'une sportive, comment elle s'inscrit. Merci Mathias.

  • Speaker #0

    Merci à vous. Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci pour votre écoute. On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires sur Apple Podcasts et des étoiles sur Spotify. et Apple Podcasts. À bientôt !

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