- Speaker #0
Bonjour, je suis Jean-François Catanzariti, je suis médecin spécialiste en médecine physique et réadaptation. Je travaille plus particulièrement dans le domaine de la scoliose, dans différentes structures. La maison de la scoliose à Villeneuve-Dasque, le centre de rééducation pour enfants, Marc Sautelet également à Villeneuve-Dasque et le CHU de Lille. Et je suis également chercheur pour la fondation Cotrell de l'Institut de France.
- Speaker #1
Donc on va parler de la scoliose de l'enfant et de l'adolescent. et d'expertes pour aborder tous ces sujets. Bonjour à toutes et à tous. Bonjour Jean-François.
- Speaker #0
Bonjour.
- Speaker #1
On va parler aujourd'hui d'un sujet qui touche 2% des adolescents en France.
- Speaker #0
Tout à fait.
- Speaker #1
On parle de la scoliose et on va surtout parler aussi de la compatibilité avec le sport parce que beaucoup d'idées reçues restent encore assez ancrées et ça va être le moment de les balayer. Alors tout d'abord Jean-François, la scoliose, qu'est-ce que c'est ?
- Speaker #0
Alors la scoliose, c'est une déformation de la colonne vertébrale. Mais dans les trois plans de l'espace, ça ressemble un peu à une vrille ou un escalier en collimation. Et en général, sur une radiographie, on va le voir sur la radiographie de face, comme si on se regardait dans la glace. Et on va avoir une déformation de face, une courbure qui va vers la droite ou vers la gauche.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a différents grades à cette scoliose ?
- Speaker #0
Oui, on va parler de scoliose mineure ou de scoliose majeure. Et ça, ça va être déterminé en fonction de l'angle de la scoliose que le médecin calcule sur la radiographie. et donc on a Pour un angle en dessous de 25-30 degrés, on va parler de scoliose mineure, c'est-à-dire avec moins de risques pour l'âge adulte. Et au-delà de 25-30 degrés, on va parler de scoliose majeure, donc avec des risques plus importants pour l'âge adulte.
- Speaker #1
Il existe différents types de scoliose ?
- Speaker #0
Alors oui, il y a différents types de scoliose, puisqu'on a une grande partie des scoliose qu'on appelle les scoliose idiopathiques de l'enfant ou de l'adolescent, qui représentent à peu près 80% des formes de scoliose. et après on a toute une série de scolioses secondaires qui sont par exemple secondaires des maladies neurologiques comme la myopathie ou des pathologies du cerveau, des malformations osseuses au niveau des vertèbres qui peuvent donner des scolioses, des traumatismes avec des fractures, malheureusement également parfois des tumeurs et donc ça va être tout l'intérêt de rencontrer un médecin spécialiste pour pouvoir faire le tri et bien sûr essayer de trouver les formes secondaires pour les traiter de manière spécifique.
- Speaker #1
D'accord et aujourd'hui on va se focaliser sur la scoliose qui est le plus répandue chez les adolescents et adolescentes, la scoliose idiopathique.
- Speaker #0
C'est ça, oui, la scoliose idiopathique.
- Speaker #1
Alors, est-ce que c'est justement, on parle de l'adolescent, ça veut dire qu'on ne peut pas l'avoir quand on est adulte ? Il y a une grande différence entre la scoliose quand on est ado et quand on est adulte ?
- Speaker #0
Alors, disons que les enjeux ne sont pas les mêmes. Bien sûr que ces scolioses, en grande partie, vont rester chez les adultes, mais les enjeux sont importants chez l'enfant et l'adolescent, et c'est pour ça qu'il faut essayer de le dépister tôt, parce que c'est là qu'on va pouvoir intervenir le plus facilement par des traitements... spécifiques comme les corsets ou des rééducations spécifiques qu'on ne pourra peut-être pas refaire systématiquement chez l'adulte.
- Speaker #1
À quoi elles sont dues ces scolioses ? Tous les adolescents ne sont pas concernés. Et comment ça s'arrive ? Est-ce qu'il y a des facteurs de risque ?
- Speaker #0
Alors les facteurs de risque sont compliqués à déterminer aujourd'hui. On sait qu'il y a un facteur familial et donc il y a une mutation génétique qui a été découverte en 2014 et depuis il y en a plusieurs. Donc on sait qu'il y a à peu près 40% au moins de formes familiales. Et donc, c'est intéressant puisqu'on va pouvoir dépister les frères et sœurs, par exemple, quand on trouve une scoliose. Après, c'est les filles qui sont beaucoup plus touchées. Une fille pour un garçon.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Donc, pareil, pour les dépistages, on va plutôt se focaliser aussi sur les populations féminines. On ne sait pas exactement pourquoi. Probablement des phénomènes hormonaux, mais ce n'est pas encore très clair. Et il y a quelque chose qui peut être très intéressant, notamment par rapport au sport, c'est que les scolioses, maintenant on sait que ça s'associe avec une... baisse de la masse osseuse, c'est-à-dire que les dos sont moins denses que la normale, ça s'appelle une ostéopénie, et ça, ça peut tout à fait être amélioré par l'activité physique.
- Speaker #1
Alors justement, est-ce qu'on peut en guérir de la scoliose et quels sont les traitements ?
- Speaker #0
Alors, en guérir, non, puisque la cause n'étant pas connue, c'est compliqué de parler de guérison. Par contre, on peut avoir tout à fait une scoliose à l'âge adulte qui a été traitée correctement chez l'enfant ou l'adolescent et qui ne posera aucun problème. C'est-à-dire pas plus que quelqu'un qui a un dos totalement rectiligne, totalement droit. Donc ça c'est très important à savoir, et c'est la grande majorité, et heureusement. Il restera quelques scolioses qu'on devra suivre à l'âge adulte, celles qui font plus de 30 degrés, parce qu'elles sont plus à risque de douleurs, d'ostéoporose, d'aggravation de la déformation, et donc on va devoir les suivre. Concernant les traitements, on va avoir des traitements dont le but est justement d'essayer d'éviter l'aggravation de la scoliose, et on a deux grands traitements aujourd'hui, c'est la rééducation, sous forme de kinésithérapie. en ville, mais également de rééducation dans des centres spécialisés avec des équipes pluridisciplinaires, qui ne vont pas considérer que la kinésithérapie, mais également l'activité physique, l'ergothérapie, etc. Et le traitement phare qui permet vraiment de bloquer l'évolution de la scoliosité, c'est le corset. Ce n'est pas toujours facile à porter, mais le corset orthopédique correcteur est quand même très intéressant. Et malheureusement, dans les cas d'échec de ces traitements, on va proposer des alternatives chirurgicales qui restent quand même normalement 1% des scolioses graves sont opérées.
- Speaker #1
D'accord. Est-ce que c'est douloureux d'avoir une scoliose ?
- Speaker #0
Alors classiquement, ce n'est pas douloureux. C'est d'ailleurs extrêmement perturbant puisqu'on a des très très grosses scolioses où les enfants ne se plaignent de rien. Par contre, la douleur qui peut toucher n'importe quel adolescent peut être un moyen de dépister. C'est-à-dire que les parents vont amener l'enfant. chez le médecin traitant parce qu'il y a une douleur et c'est à cette occasion de cette douleur qu'on va découvrir la scoliose mais la douleur n'est peut-être pas en rapport forcément avec la scoliose.
- Speaker #1
Justement quels sont les signes auxquels on doit être peut-être attentif et attentive quand on a un ado à la maison pour le faire dépister le plus vite possible ?
- Speaker #0
Alors c'est une question compliquée puisqu'en fait par définition on ne la voit pas forcément. Il faut aller la chercher, il faut la dépister et donc il faut absolument en période... Péri-puberté chez l'adolescent, mais dès l'âge de 8 ans chez les enfants, aller chez le médecin une fois par an, rendre pour un certificat médical de sport et faire dépister en demandant au médecin de regarder le dos parce que c'est un peu compliqué pour les parents. Alors, il existe une méthode de dépistage pour les parents qu'on peut retrouver sur le site de la Fondation Coterelle qui explique aux parents comment dépister soi-même son enfant.
- Speaker #1
D'accord, super. Je mettrai dans la description, vous retrouverez l'URL du site. Comme ça, vous pourrez avoir... et différentes recommandations pour pouvoir trouver, en tout cas pour pouvoir détecter les premiers signes d'une scoliose. Tu parlais tout à l'heure de l'activité physique. Est-ce que le sport et la scoliose, c'est compatible ? Parce que j'ai déjà entendu plus d'une fois, ah ben non, moi je ne fais pas de sport, j'ai une scoliose, donc je protège mon dos. Est-ce que c'est une bonne idée de réagir comme ça ?
- Speaker #0
Non, pas du tout. Et aujourd'hui, toutes les sociétés savantes qui s'occupent de la scoliose recommandent l'activité physique. Elle fait partie de la prise en charge. globale du patient scoliotique, d'ailleurs qu'il soit enfant, adolescent ou adulte, puisqu'on sait que c'est grâce à la musculature, à la proprioception, que les scolioses vont évoluer ou ne vont pas évoluer. Donc plus on va avoir une musculature autour de la colonne vertébrale forte, moins on a le risque de s'aggraver.
- Speaker #1
On parlait aussi des sports asymétriques, je pense, où on utilise beaucoup une seule partie du corps, comme le tennis. Est-ce que c'est bon quand on a une scoliose d'accentuer ce déséquilibre musculaire ?
- Speaker #0
Alors c'est une fausse idée, c'est une idée reçue. Pendant longtemps on a interdit aux adolescents et aux enfants de jouer au tennis quand ils avaient une scoliose. Une étude récente qui a été réalisée par une équipe italienne spécialisée dans la scoliose montre que même avec un haut niveau, il n'y a pas plus de risque de développer une scoliose quand on joue au tennis, au badminton, enfin tous les sports de raquettes. asymétriques sont donc tout à fait possibles, y compris en compétition.
- Speaker #1
C'est une bonne nouvelle pour tous les tennismans et tennismomans qui viennent de découvrir cette scoliose. Est-ce qu'il y a quand même une adaptation à mettre en place quand on est sportif et qu'on a une scoliose ? Est-ce qu'il faut avoir un entraînement adapté, prise en charge particulière ?
- Speaker #0
Oui, je pense qu'il faut, à côté de son entraînement classique, ne pas oublier son H6. Donc il va falloir faire par exemple un travail de gainage. Le rachis c'est bien la colonne vertébrale. La colonne vertébrale. Donc il va falloir faire un travail de gainage avec des techniques qui peuvent être spécifiques par rapport à la scoliose. Et ça, ça peut être enseigné par le kinésithérapeute, par un enseignant en activité physique adaptée, par un médecin spécialiste. Et donc oui, il va falloir faire attention à certaines postures et donc aussi travailler spécifiquement sa musculature.
- Speaker #1
Donc en plus du traitement... Par exemple, la fréquence pour une personne qui a une scoliose, un ado qui a une scoliose, quelle est la fréquence de suivi par un kinésithérapeute, par les ergonomes, etc. ?
- Speaker #0
Pour le suivi de l'évolution de la scoliose, c'est deux fois par an en général, en période de croissance. Ça peut être passé à une fois ensuite, où on va vérifier la colonne vertébrale, mais également la radiographie, pour pouvoir mesurer les angles et vérifier leur évolution. Et le kinésithérapeute, ça peut être entre une et deux fois par semaine, qui va pouvoir le prendre en charge. Et après, dans des structures comme la NOTE, comme la Maison de la Scoliose, on peut être accompagné également par un enseignant en activité physique adaptée, notamment pour les dents. Le prof d'APA. Voilà, un prof d'APA, tout à fait. pour pouvoir justement être accompagnés dans leur activité physique de manière plus ludique en kinésithérapie. Et ça, ça peut être une fois par semaine, une fois tous les 15 jours, puisque le prof d'APA va donner après un programme à refaire au domicile.
- Speaker #1
Donc on peut être derrière un peu autonome sur son traitement, entre guillemets ?
- Speaker #0
Tout à fait. Très bien. Alors justement, on est en train de faire une étude actuellement, qui est financée par la Fondation de France, où on va évaluer la différence entre un suivi Avec un prof d'APA en télé-APA, c'est-à-dire en visio, pour des enfants qui n'ont pas accès, soit parce qu'ils sont éloignés, soit parce qu'il y a des problèmes sociaux qui ne leur permettent pas de rentrer dans des salles de sport ou des clubs, et d'autres enfants, un autre groupe d'enfants qui va être suivi simplement avec des livrets d'exercices, comme ce qu'on fait habituellement, on dit tu ne peux pas aller faire du sport, fais du sport à la maison. Et on est en train de comparer ça, et je pense que c'est une étude qui va être intéressante, puisqu'on va pouvoir voir l'impact réel de l'activité physique sur la scolieuse elle-même.
- Speaker #1
Et l'activité physique pratiquement autonome.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a des sports à éviter quand même quand on est atteint d'une scoliose ou des sports plutôt à favoriser ?
- Speaker #0
Alors pareil, c'est toujours un peu compliqué de répondre de façon catégorique. Donc je ne vais pas dire qu'il y a des sports contre-indiqués. Il va falloir être très méfiant sur certains sports et notamment par peut-être une surveillance accrue. C'est surtout la gymnastique et la danse classique mais à très haut niveau. c'est à dire on est à plus de 10h par semaine où là on va travailler beaucoup en souplesse sur le rachis et le rachis va être donc plus à risque d'évoluer quand il y a déjà une scoliose alors c'est pas le sport qui va induire la scoliose mais par contre la
- Speaker #1
scoliose risque de s'aggraver à cause de l'hypersouplesse créée au niveau de la colonne mais avec une pratique adaptée par exemple moi qui suis entraîneur de gymnastique rythmique si on limite la mobilité du rachis en grande amplitude, donc vers l'arrière, on peut pratiquer la gymnastique. Bien sûr. C'est pas les impacts qui vont favoriser la scoliose, c'est vraiment cette histoire de mobilité en hyperextension de la colonne vertébrale.
- Speaker #0
Exactement, et moi, je demande souvent quand ces enfants font cette activité, et je sais très bien qu'ils sont attachés à cette activité, de pratiquer du pilates, la gym pilates à côté, justement pour contrecarrer. Un petit peu ces effets d'hypersouplesse du rachis par une bonne musculature.
- Speaker #1
Réveiller les muscles profonds pour les protéger du dos, tout simplement. Tu as parlé tout à l'heure de corset. Quand on a un corset, est-ce qu'on peut pratiquer avec son corset ?
- Speaker #0
Bien sûr, et c'est même conseillé, parce que le corset va quand même être source d'atrophie de la musculature, puisque les muscles vont moins bouger, puisqu'ils vont être enfermés dans le corset. Donc il est très important d'avoir des activités physiques supplémentaires. Et bien sûr, ces activités physiques vont se faire sans corset.
- Speaker #1
Donc on l'enlève. Quand on a un corset en traitement, on peut l'enlever le temps de la séance de sport.
- Speaker #0
Au contraire.
- Speaker #1
Pour justement mobiliser, réveiller les muscles qui sont un petit peu endormis avec cette petite cage.
- Speaker #0
Et la proprioception qui est très importante, qui est le schéma corporel en fait, pour donner une idée plus globale.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a des sports que tu plébiscites ?
- Speaker #0
Alors je ne les plébiscite pas, mais je les conseille quand les gens n'ont pas d'idée. il y a des enfants qui disent je ne sais pas quoi faire ou les parents je ne sais pas quoi faire donc on a trois sports qu'on propose systématiquement quand les enfants ne sont pas sportifs l'escalade parce que c'est une activité globale qui fait travailler à la fois la force, la souplesse la proprioception, le schéma corporel la gymnastique pilates pour les raisons qu'on a dit tout à l'heure et également la natation synchronisée parce que c'est très intéressant puisqu'on va travailler la verticalité dans l'eau dans un milieu micro-gravitaires, on va pouvoir donner plein d'informations et donc redevenir entre guillemets symétriques.
- Speaker #1
Ça c'est super intéressant, on parle souvent de la natation, enfin pas la natation artistique mais la natation sportive, pour les maux de dos, mais la natation synchronisée c'est tout à fait original. Et pour ceux qui ont cette appétence artistique, ça peut être intéressant de se dire que je peux pratiquer avec...
- Speaker #0
Et puis pour finir les ados aiment bien parce que c'est en équipe. c'est plus un sport individuel c'est en équipe, c'est beau on travaille toute l'année pour pouvoir faire sa compétition à la fin mais tous ensemble, en synchronisé c'est vraiment très intéressant
- Speaker #1
Est-ce que tu as un dernier message pour réveiller sur ce sujet, sur la scoliose ?
- Speaker #0
Oui, j'invite déjà toutes les personnes, même s'ils n'ont pas de scoliose dans leur famille, à faire dépister leur enfant. C'est vraiment important de manière systématique et jusqu'à la fin de croissance, c'est-à-dire tous les ans. Ils peuvent également venir nous voir puisque chaque année, nous organisons avec la Maison de la scoliose, le Centre Marc Sautelet, la Fondation Cotterail, les scolimpiades. avec le message L'activité physique est importante pour les personnes qui souffrent de scoliose, mais également on propose des dépistages gratuits pour les gens qui ne savent pas si leur enfant a ou pas une scoliose.
- Speaker #1
Alors ça se situe où et à quel moment de l'année ?
- Speaker #0
Alors ça se situe à Villeneuve d'Ascq, mais il y en a également sur Amiens, sur Berck. Cette année il y a eu Strasbourg et on espère qu'il y aura de plus en plus de villes qui vont le faire. Pour ça, il suffit d'aller sur le site de la Fondation Coterelle qui donnera toutes les informations, puisque ça se passe en octobre. Et en général, un mois avant qu'on a les informations sur le site.
- Speaker #1
Très bien. Donc, je mettrai toutes ces informations dans la description pour que vous puissiez retrouver le site de la Fondation Coterelle. C'est bien ça ?
- Speaker #0
C'est ça, tout à fait.
- Speaker #1
Super. Merci Jean-François.
- Speaker #0
De rien. À bientôt.
- Speaker #1
À bientôt. Merci pour votre écoute. On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires sur Apple Podcasts et des étoiles sur Spotify et Apple Podcasts. À bientôt. Musique
