Speaker #0Bonjour et bienvenue sur les détours d'Olivia. Aujourd'hui, j'ai envie de parler du fait de prendre le risque de déplaire aux autres pour pouvoir poser ses limites, affirmer ses besoins. Donc cet épisode est un peu en écho aux autres épisodes. Là-dessus, c'est un thème qu'on a abordé déjà. Donc c'est un peu la suite logique des choses pour moi, ce thème. En effet, s'il y a des choses qui sont non négociables dans nos vies, et qu'on a un boulot et qu'on a plein de responsabilités, etc. À un moment, on est obligé de prioriser toutes les sollicitations qui nous viennent. Et là, effectivement, je pense au travail. Je parlais de mon niveau de fatigue l'autre fois. Et là, je me suis vraiment retrouvée face à une situation où je devais vraiment dire non. Dire non à des choses quand même relativement urgentes. Et j'ai aussi pris le risque d'affirmer mon besoin de travailler de la maison le plus possible. Je pense que le télétravail commence à être un peu intégré dans les mœurs, mais il y a quand même pas mal de tentatives de la part de l'employeur de revenir en arrière, ce qui est complètement con quand on a un ordinateur à portée de main. Et donc ce comportement un petit peu infantilisant sous prétexte de réunir les équipes, ouais bon, j'y crois pas trop. C'est une question d'équilibre pour moi. J'ai le droit à deux jours de télétravail par semaine, ce qui est pas mal, sauf que j'en veux trois. J'ai besoin de trois jours. Alors, je prends l'exemple du télétravail pour illustrer un principe, mais ça peut s'appliquer à plein de choses. Donc, on me dit, mais deux jours, c'est bien. Oui, mais trois jours, c'est encore mieux. Et je travaille mieux quand j'ai trois jours. Je respire mieux. Je vis mieux. Alors, c'est pas parce qu'on n'avait pas le droit avant et qu'on vivait dans un système complètement étriqué, où il fallait partir tôt. arriver tard, qu'on se contente de toutes petites choses aujourd'hui. Ça, ce n'est pas un argument que je reçois. Pourquoi faire un demi-pas en avant seulement, alors qu'on a la possibilité d'en faire un grand ? Alors, j'imagine qu'on pourrait penser, non mais, elle se fout du monde, elle a déjà plein de privilèges et en plus, elle demande ça. Et d'un autre côté, bah oui, je demande ça parce que j'en ai réellement besoin, ce n'est pas pour faire chier tout le monde. Donc prendre le risque de déplaire aux autres, il y a tout un art, c'est jamais évident. Donc on peut le faire sans être irrespectueux, c'est ça le truc, c'est qu'on peut très bien prendre soin de la relation tout en prenant soin de soi, c'est aussi ce dont on a parlé. Même si au fond je les emmerde, tous. Mais bon, voilà, j'essaie d'avoir un esprit ouvert en milieu professionnel, bien que je sois têtu comme une mule en vrai. Je ne pense pas que je risque grand-chose, objectivement. J'irai voir la médecine du travail si vraiment c'est un problème. Là, je parle vraiment du regard des gens. Parce que c'est ça aussi. C'est que je sais qu'il y a d'autres personnes qui disent « mais elle pète dans du velours, quoi » . Ça fait des semaines que j'essaie de placer cette expression. J'en ai enfin l'occasion. Donc voilà, il s'agit de confronter le regard de l'autre. Et donc pour revenir sur ma charge de travail, comme je disais, il y avait du boulot qui rentrait encore, encore et encore. Et à un moment là, j'ai dit « Ok, vous aurez ça plus tard, la semaine prochaine. » Parce que j'ai ça, ça, ça et ça à terminer. Qu'est-ce que ça m'a fait du bien ? Et c'est incroyable le poids qu'on enlève de ses épaules dès lors qu'on priorise un peu ses besoins dans les moments où c'est non négociable, dans les moments où notre santé mentale... Il risque de basculer un petit peu dans le rouge. Il faut voir aussi ce qu'on est prêt à négocier, ce qu'on est prêt à donner ou non. Beaucoup de choses me prennent de l'énergie parce que je me prends la tête d'une manière générale. Je suis une âme suffisamment torturée, donc je n'ai pas besoin de me rajouter tout ça. Il y a des jours où c'est plus difficile à faire que d'autres. Effectivement, quand au fond de soi, on a besoin d'être aimé, on a besoin parfois de cette reconnaissance. Si on ne l'a pas suffisamment au fond de nous, si on n'a pas... suffisamment cette sécurité au fond de soi qui dit ok tu es quelqu'un de bien qui mérite d'être aimé même si on n'est pas d'accord avec toi si on n'a pas ça en fonction de la manière dont on a grandi si on n'a pas été validé durant notre enfance par nos parents etc c'est très difficile de poser ses limites en tant qu'adulte et pour certains d'entre nous il aura fallu se plier en quatre pour avoir l'amour d'un tel ou d'une telle Donc si on met ça dans le contexte actuel, c'est jusqu'où est-ce que je dois aller pour enfin pouvoir être validée par mes pères ? Et surtout, comment est-ce que je casse ce cycle épuisant ? Je pense que c'est un entraînement jusqu'au jour où on n'en peut plus. Moi, c'est vraiment l'arrivée de ma fille qui fait que je suis tellement crevée, je suis tellement fatiguée que c'est simple, je ne peux plus. Je n'ai plus aucun bénéfice à essayer de faire plaisir aux autres, au détriment de mes valeurs et de ma santé. Surtout que ce genre de choses, on ressent physiquement après. Ça fout des maux de tête, des maux de ventre. On tombe malade plus souvent, comme par hasard, à force de se consumer de l'intérieur, plutôt que d'aller exprimer ses besoins, et de s'élever, quoi. De sortir tout ça à l'extérieur de soi. Et ça fait peur. Mais à force de pratiquer, on se rend compte que ça ne nous tue pas, en fait. Donc la fameuse résilience, elle se trouve là. Je vais traverser des expériences difficiles, parce que ce n'est jamais facile, mais après, je vois que je suis toujours là, donc je peux recommencer. Et je me rends compte, avec le temps que l'autre en fasse, il s'en fout un peu de ta gueule, en fait. C'est-à-dire qu'il a son propre monde à gérer. Dès lors qu'on arrive enfin à renoncer à sa toute puissance, dès lors qu'on arrive enfin à comprendre qu'on ne maîtrise pas tout et qu'on ne maîtrise pas non plus ce que les gens ressentent, c'est là que la liberté commence. On est responsable de certaines choses, on est responsable de la manière dont on présente et dit les choses, mais le reste nous échappe. Quel bonheur de pouvoir enfin souffler là-dessus. Donc que l'on pose ses limites ou non, ça ne changera pas le monde autour de nous. Donc il y aura peut-être deux ou trois potins derrière ton dos, mais au fond, les gens s'en foutent, ils ont leurs propres problèmes et leur propre existence à regarder. Ce qui est intéressant comme question à se poser, c'est qu'est-ce qui pourrait se passer si je me laissais un peu moins happée par le regard des autres ? On n'y peut rien de ce que les autres pensent, on n'y peut rien. et c'est vrai que se préoccuper de ça à l'excès ne changera absolument rien, si ce n'est se pourrir l'existence. Donc une fois ça pris en compte, qu'est-ce qu'on peut en faire ? Quel est le pire qui puisse nous arriver ? Et qu'est-ce qui pourrait nous attendre aussi, si on arrivait un jour, doucement mais sûrement, à transcender ces peurs-là ? Je pense que beaucoup d'entre nous verront qu'il n'y a pas vraiment de grizzly qui nous attend pour nous manger. À bientôt, ciao !